[Alchimie] Hadrianus A Mynsicht - L'Âge d'Or ressuscité

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    LAGE DOR RESSUSCITA U R E U M S E C U L U M R E D I V I V U M

    H A D R I A N U S A M Y N S I C H T

    MUSAEUM HERMETICUM

    1622

    omme je songeais aux miracles du Trs-Haut, aux mystres cachs de la Nature et lamour vif et ardent que nous devons notre prochain, alors je me souvins desmoissons de froment que La donna

    Rachel pour son union avec le patriarche Jacob, quandRuben, fils de La, trouva Dudam dans le champ. Jtaisplong dans de trs profondes rflexions quimentranrent jusquau temps o Mose avait rendupotable le veau dor fondu par Aaron, en le rduisant encendres, en laspergeant deau et en loffrant boire auxfils dIsral. Jadmirais avec quelle ingniosit lHommede Dieu avait opr cette destruction. Mais comme macomprhension tait correcte, je reconnus enfin la vrit etmes yeux souvrirent, tels ceux des disciples dEmmasqui reconnurent leur matre la fraction du pain. Mon

    cur tait en feu, mais me rservant de reprendre macontemplation parla suite je me livrai au repos et melaissai envahir par le sommeil.

    C

    Et voici que mapparut en songe le roi Salomon, dans

    toute sa puissance, dans toute sa richesse et dans toute sagloire, suivi de son gynce tout entier. Il y avait soixantereines et quatre-vingt concubines, et les vierges taientinnombrables. Parmi elles se trouvait sa colombe, la plusbelle, la plus chre son cur. Conformment au ritecatholique, elles formrent une procession splendide etsolennelle au centre de laquelle tait mise en valeur et lhonneur celle dont le nom tait comme un baumerpandu, clipsant par son parfum tous les aromates. Sonesprit de feu tait la cl pour ouvrir le temple, entrer dansle Saint des Saints et saisir les cornes de lautel.

    La procession acheve, Salomon me montra alors le centreunique dans le Triangle du Centre et mouvritlintelligence. Alors je remarquai derrire moi une femmenue qui dcouvrait sa poitrine blesse do coulaient deleau et du sang. Les contours de ses hanches taient

    semblables deux lunules uvres de main de matre,son nombril une coupe arrondie, son ventre une gerbede froment borde de ross, ses seins deux faonsjumeaux, son cou une tour divoire, ses yeux aux viviers

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    dHbron la porte de Bath-Rabbim, son nez la tour duLiban tourne vers Damas. Sa tte tait comparable auCarmel et sa chevelure ondulait telle une pourpre royale.Mais ses habits, abjects, gisaient ses pieds, ils taientpuants, ftides, empoisonns.

    Elle prit la parole : Jai t ma robe ; comment laremettrai-je ? Je me suis lav les pieds ; comment lessalirai-je nouveau ? Les veilleurs qui parcourent la villemont trouve, mont blesse et mont arrach mon voile .

    A ces mots la crainte me jeta terre sans connaissance.Mais Salomon mordonna de me relever et me dit : Necrains point, cest la nature que tu vois dcouvert et lesplus secrets des secrets que lon puisse trouver sous le cielet sur la terre. Elle est exquise comme Tirsa, doue comme Jrusalem, redoutable comme les lances des armes, etcependant cest la vierge pure et chaste do Adam a ttir. Lentre de sa tente est scelle. Elle habite dans lejardin et dort, au champ dHbron, dans la double grottedAbraham ; elle a son palais dans les gouffrestransparents des profondeurs de la Mer Rouge. Lair laengendre et le feu la leve, cest pourquoi elle est lareine de la terre, ses seins sont gonfls de lait et de miel,ses lvres distillent le miel, le miel et le lait sont sous salangue et lodeur de ses vtements est pour les Sagessemblable aux parfums du Liban ; mais pour lignorant,cest une abomination .

    Salomon poursuivit : Eveille-toi, contemple mongynce et cherches-en un qui lgale . Aussitt, lesfemmes se dvtirent avec pudeur. Mais profondmenttroubl, jtais incapable de rpondre, et, pour ne rienvoir, javais ferm les yeux.

    Tout en sapercevant de ma gne, Salomon fit mettre cettefemme nue lcart du Gynce et ajouta : Tes pensessont vaines et ton intelligence est brle par le soleil ; tammoire est obscurcie par le brouillard au point que tonjugement nest plus droit. Mais si tu prends soin de tesintrts et si tu saisis loccasion prsente, la sueur mlede sang de cette vierge nue et ses larmes claires comme laneige pourront te recrer nouveau et restaurer tonintelligence et ta mmoire, de sorte que tes yeuxpercevront les mystres les plus levs, tels que la hauteurdes choses suprieures et la profondeur des chosesinfrieures. Tu feras toi-mme lexprience des puissanceset des oprations de la nature et de ses lments ; alors tonintelligence sera dargent et ta mmoire dor. Les couleursdes pierres prcieuses apparatront devant tes yeux et duconnatras leur gnration. Tu spareras le bien du mal et

    les boucs des brebis. Ta vie sera paisible, les clochettesdArion te tireront du sommeil, et la cithare de David,mon pre, de la somnolence .

    Le discours de Salomon me plongea dans une grandeterreur, dune part cause de la majest de ses paroles, etdautre part cause de la gloire et de la splendeur duGynce royal que javais sous les yeux. Mais le Roi, meprenant par la main droite, me fit passer par un cellier vin et me conduisit dans un Palais secret dun raffinementextrme, o il me rconforta en moffrant fleurs et fruits.Les fentres taient faites de cristaux transparents et jyportai mes regards. Que vois-tu ? demanda-t-il. Jevois , rpondis-je, la premire chambre do je suis

    sorti ; gauche se trouve ton Gynce royal et droite lesvierges nues. Leurs yeux sont plus rouges que le vin etleurs dents plus blanches que le lait ; mais les vtementsqui sont leurs pieds sont plus laids, plus noirs et plus

    immondes que le ruisseau du Kidron .

    Choisis entre toutes , dit Salomon, celle qui te porte laplus grande affection ; celle-l, je la prise autant que monGynce tout entier, et plus je jouis de la douceur de monamante, moins ses habits immondes me rpugnent . [Lardition de 1678 dit : Choisis-en une pour tre tonamante . ]

    Il se retourna alors et sadressa fort aimablement lunede ses reines. Ctait celle qui rgnait sur la cour, elle avaitcent ans ; elle tait drape dune robe couleur cendre etportait sur la tte une bandelette noire, orne denombreuses pierres prcieuses dun trs grand clat,double de soie rouge et artistement brode de soie jaune.Son manteau enfin tait rehauss de couleurs varies,venues des Indes et de Turquie.

    La vieille femme me fit un discret signe de tte et jurasolennellement quelle tait bien la mre de cette viergenue, quelle lavait enfante, que sa fille, jusque l, navaitvoulu souffrir la vue ni le regard daucun homme ; bienquen tous lieux, chez les peuples les plus divers, disait-elle, sa fille ait eu affaire des hommes sur les placespubliques, nanmoins, avant ce jour, nul ne lavait vuenue et nul ne lavait touche. Car ctait l la vierge dont leprophte dit : Voici quen secret nous est donn unenfant sans pareil. Voici quune vierge met au monde unevierge, du nom dApdorosse, ce qui signifie la scelle car elle ne souffre aucun autre. Mais, poursuivait-elle, enprvision de ses noces, elle avait cach une dot sous lespieds de sa fille, de peur quen ces temps de guerre, desbrigands ne la dpouillent et ne la privent de sesimmenses richesses. En dpit de la profonde rpulsionque provoquait en moi la prsence abominable de ceshaillons immondes, il me fallait choisir entre toutes,disait-elle, sa fille trs chrie pour tre mon amante et le

    plaisir de ma vie. Elle promit de me procurer, sijacceptais, une lessive qui me permettrait de nettoyer lesvtements de sa fille ; jobtiendrais alors, len croire, lesel liquide, trsor inestimable pour le reste de ma vie. Enoutre, sa main droite serait mon plaisir quotidien, et, latte pose sur sa main gauche, je prendrais mon repos.

    Mais au moment o jallais mexpliquer, Salomon setourna vers moi et me dit dun air menaant : Je suis leplus sage des hommes de la terre, mon Gynce merjouit et la majest et la gloire de mes reines lemportenten clat sur lor dOphir. Les ornements de mesconcubines obscurcissent les rayons du Soleil, et la parurede mes vierges la magnificence de la Lune. Mes vierges

    sont clestes, ma sagesse est sans limite et monintelligence insondable .

    Voici ce que je rpondis, tout en minclinant demi-mortde frayeur : Eh bien, puisque jai trouv grce tes yeux,alors que jtais dans la dtresse, donne-moi cette viergenue quentre toutes jai choisie pour mon salut. Sans douteses habits sont-ils immondes, souills et en haillons, maisce sont les siens et je les nettoierai et laimerai de tout moncur. . Quelle soit ma sur, mon pouse, puisque dunseul de ses regards, elle me ravit le cur et menflamme,au point que, malade de trop damour, il me faut mecoucher . Aussitt Salomon me la confia.

    Soudain, un vacarme se produisit dans le Gynce et je

    mveillai, sans savoir ce qui mtait arriv. Nanmoins jetenais cela pour un songe et je nourris de subtiles penses son sujet jusqu la venue du jour. Comme je me levais,mes prires dites, voici que japerus les habits de la

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    vierge nue gisants aux pieds de mon lit. Mais de la viergeelle-mme, nulle trace. Je me mis trembler, la frayeur mefit dresser les cheveux sur la tte et une sueur froide glaamon corps. Mais, le courage revenant, je cherchai merappeler mon rve et, dans la crainte du Seigneur, jepesais tout cela avec une grande attention. Mais je nerussis point comprendre.

    Comme je lai dj dit, je nosais pas regarder ces habits ; plus forte raison ne tentais-je pas de reconnatre quelquechose en eux. Je changeais alors de chambre, et, aprs untemps assez long, par pure ignorance il est vrai, je laissaices vtements la mme place, jugeant que si je venais les toucher ou les retourner, je pourrais en subir quelqueconsquence extraordinaire. Mais ces habits, par leurhorrible puanteur, mavaient empoisonn pendant monsommeil, au point que mes yeux ne pouvaient plus voir letemps de la grce et que mon cur ne pouvait plusconnatre l sagesse immense de Salomon.

    Mais aprs avoir laiss ces vtements cinq annes dans machambre sans que jai pu dcouvrir leur utilit, jenvisageais enfin de les consacrer Vulcain et dechanger dhabitation. Je remuais donc ces penses,lorsque, la nuit suivante, mapparut en songe la vieillege de cent ans. Elle se mit minvectiver avec duret : A toi, le plus ingrat des mortels, jai confi, il y amaintenant cinq ans, les vtements de ma fille ; sous euxsont cachs ses joyaux sans prix. Cependant, de tout cetemps, tu ne les as pas nettoys, tu nen nas pas t lavermine, et maintenant pour couronner le tout, tu projetsde les brler ; ne te suffit-il donc pas davoir caus la mortet la disparition de ma fille ?

    A ces mots, je menflammais de colre : Comment dois-jecomprendre tes paroles ? Essaies-tu de me faire passerpour un voleur, alors que de ces cinq annes, je nai jamais

    aperu ta fille dans ma chambre et nen ai entendu parlerle moins du monde ? Comment pourrais-je donc avoircaus sa mort ? Mais elle me coupa la parole : Cest lapure vrit. Tu as gravement pch envers Dieu. Cestpourquoi tu as pu temparer de ma fille, mais non obtenirde moi la lessive des Philosophes que je tavais promisepour laver ses habits. En effet, ds linstant o Salomon,dans sa bienveillance, tet confi ma fille, tu pris sesvtements en horreur. Saturne, son grand-pre, enflammde colre, la changea de nouveau en ce quelle avait tavant de natre ; et cest ainsi quoffensant Saturne par tonmpris, tu as fourni loccasion de livrer ma fille la mort, la corruption et lanantissement final. Cest delle

    dont parle Senior : Malheur, malheur moi ! Quonmamne une femme nue, pendant que mon corps estinvisible et que je nai pas encore conu, jusqu ce que jerenaisse nouveau ; alors je produirai les principesessentiels de toutes les racines des herbes et mon essencetriomphera .

    Ces paroles majestueuses qui pntraient mon cur meparurent tout fait trangres, mais je contins en hommemon humeur et protestai avec solennit que je navaisaucune trace de sa fille et qu plus forte raison, je nepouvais avoir provoqu sa mort, sa corruption et sonanantissement. Sans doute avais-je conserv ses habitscinq annes durant dans ma chambre mais lexcs de monaveuglement mavait empch de les examiner ; je navaispas pu en dcouvrir lutilit. Jtais donc innocent devantDieu comme devant les hommes.

    Le bien fond et la lgitimit de ma justification plurent

    beaucoup la vieille mre. Elle dit en me regardant : Jevois bien la puret de ta conscience que tu es innocent etque, grce cela, tu recevras une grande rcompense.Cest pourquoi avec un cur loyal, mais dans le secret, jete ferai une rvlation : ma fille, cause de lamourextraordinaire et de laffection quelle te portait, sous leshabits quelle ta abandonns, ta laiss en hritage unecorbeille blanche, recouverte dune guenille grossire,

    noire et ftide . Tout en parlant, elle me tendit un verreplein de lessive. Tu nettoieras bien cette corbeille de lapuanteur et de la crasse que les habits lui ontcommuniques. Tu nauras alors besoin daucune cl,mais la corbeille souvrira delle-mme, et tu y trouverasdeux choses : un coffret blanc, en argent, plein dediamants sertis dans ltain, et un habit somptueux ornde trs prcieux jaspes solaires. Ce trsor appartient mafille bnie ainsi que les autres richesses quavant satransmutation et son dpart, elle ta laisses en hritage.

    Maintenant, transporte avec soin ce trsor et travaille lepurifier ; puis, secrtement et trs patiemment, mets-ledans une petite chambre, chaude, cache, vaporeuse,

    humide et transparente ; garde-le bien de la rigueur dufroid, du vent, de la grle, de la foudre aux funestesclairs, bref de toute atteinte de lextrieur, et ce, jusqu lamoisson du froment. Alors tu dcouvriras et tu percevrasla gloire et la majest immense de ton hritage .

    A ces mots, je mveillai nouveau. Inquiet, jinvoquaiDieu pour quil veuille bien clairer mon esprit afin que jecherche et trouve la corbeille qui mavait t promise dansmon rve. Mes prires acheves, je me mis fouiller avecimpatience dans les habits et je la trouvai. Mais la guenillequi lenveloppait et que la nature avait paissie, tait sidure que je ne pus pas la sparer de la corbeille. Et laguenille ne se laissait ni nettoyer par la lessive ni sparer

    par le fer, le plomb ou dautres mtaux. Je la laissai doncune nouvelle fois, et jtais en proie au doute, ne sachantau monde ce que je pouvais bien faire. Je pensai quelletait empoisonne et me rappelai les paroles du Prophte : Bien que tu te laves avec de la lessive et que tu fassesgrand usage de produits de nettoiement, tes vices nentincellent que davantage mes yeux, dit le Seigneur .

    Une anne scoula encore, pendant laquelle, malgr mesrflexions et mes recherches actives, je fus incapable dtercette guenille plaque sur la corbeille, jusquau jour o,afin de chasser des penses mlancoliques, je maventuraidans un jardin. Aprs une longue promenade, jemabandonnai sur un rocher de silex et l, un profond

    sommeil me saisit. Mes yeux dormaient sans doute, maismon cur veillait.

    Alors, une nouvelle fois, la Matresse de la Cour ge decent ans mapparut et me dit : As-tu obtenu lhritageque ta laiss ma fille ? . Dune voix triste, je rpondis parla ngative : Jai bien trouv la corbeille, mais je ne puister la guenille et la lessive que tu mas donne neparvient pas lattaquer . Devant la simplicit de mesparoles, la vieille se mit rire et dit : Manges-tu lesescargots ou les crabes avec leur coquille ? Ne convient-ilpas auparavant de les amener maturit et de les faireprparer par ce cuisinier qui est laeul des plantes ? Jetai dit de purifier avec le plus grand soin cette corbeilleblanche avec la lessive que je tai donne et qui est tiredelle et non pas cette guenille qui lenveloppe et qui estcrue ; commence par la brler avec le feu des Sages etalors tu russiras . A cette fin, elle me remit quelques

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    braises recouvertes de soie blanche et elle me fournitdautres explications : ctait avec ces braises que je devaisexciter le feu philosophique, entirement prpar selonlart, et brler la guenille ; alors, sur le champ, la corbeilleblanche mapparatrait.

    Quand elle eut fini son discours, lAquilon et lEurus selevrent et, toutes les heures, soufflrent de concert dansle jardin. Puis je mveillai, chassai le sommeil de mesyeux et remarquai que ces braises enveloppes setrouvaient mes pieds. Aussitt je men saisis et duncur joyeux, jinvoquai Dieu et mappliquai ltude jouret nuit, tout en me souvenant de lexcellente parole duPhilosophe : Le Feu et lAzoth te suffisent , et dEsdrasqui crit au livre IV : Il me tendit une coupe pleine defeu que je bus et la sagesse grandit en moi. Dieu me donnala cinquime intelligence, mon esprit prit rsidence dansma mmoire, ma bouche souvrit et rien dautre ne futajout .

    En quarante nuits, deux cent quatre livres furent achevs ;soixante-dix dentre eux, destins aux Sages, mritaientgrandement dtre lus : ils taient gravs sur du buis.

    Ainsi, conformment aux instructions de la vieille, jemavanais dans le silence et lespoir ; enfin, commeSalomon lavait promis, mon intellect se transforma enargent et ma mmoire en or. Puis, suivant lenseignementde cette vieille Matresse de la cour, je dposai etjenfermai selon les rgles et avec beaucoup dart le trsorde sa fille : les splendides diamants lunaires et les jaspessolaires qui provenaient dune mme corbeille et dunemme rgion. Alors jentendis la voix de Salomon : Monami est blanc et rouge, il est lu entre tous. Ses cheveuxsont friss, noirs comme les corbeaux, ses yeux sontsemblables aux yeux des colombes qui se tiennent auprsdes ruisseaux, ils sont baigns de lait et rayonnent de

    plnitude. Sa bouche est parfume comme un jardinembaum ; ses lvres ressemblent des ross distillant dela myrrhe, ses mains des. anneaux dor orns de jaspesboraux, son corps brille de lclat du Saphir burnen, sesjambes sont telles des colonnes de marbre au socle dor,son visage a la beaut des cdres du Liban. Sa gorge estdouce et charmante. Tel est mon ami, oui, tel est mon ami, filles de Jrusalem ; cest pourquoi tu le conserveras et tune le renverras pas avant de lavoir port dans la demeureet dans la chambre de sa mre .

    Lorsque Salomon eut parl, je restai silencieux, incapablede lui rpondre. Je dcidai de rapporter ce trsor fermafin de retrouver la paix et de ne plus avoir dennui

    cause de lui ; mais jentendis alors, venue dun autre lieu,une voix qui disait : Je vous en conjure, filles deJrusalem qui courez la campagne parmi les chvres et lesbiches, nveillez pas mon amie, ne la drangez pas avantquelle ne le souhaite. Elle est un jardin clos, une sourceferme, une fontaine scelle. En elle sont les vignes deBaalhamon, les vignes dEngeddus, un verger de noyersembaumants, une montagne de myrrhe, une collinedencens, un lit, une couche, une couronne, les fruits dupalmier, les fleurs de Saron, un saphir, un Jaspe boral, unmur, une tour et une cuirasse, un verger, une fontaine de jardin, une source deau vive, la fille des princes et lesdlices de Salomon. Elle est lobjet de tout lamour de samre, sa tte est pleine de rose et sa chevelure, pendantla nuit, sest imprgne dhumidit .

    Ce discours et cette rvlation minstruisirent au point deme faire connatre enfin le but que poursuivaient lesSages. Cest pourquoi je laissais le trsor enferm sans letoucher jusqu ce que, par la grce de Dieu, luvre de latrs noble Nature et le travail de mes mains, tout sersolve heureusement.

    Peu de temps aprs, le jour de la nouvelle Lune, il y eutune terrifiante clipse de Soleil. Au commencementapparurent des couleurs vert sombre, quelque peu mlesavec dautres couleurs, puis tout devint noir et lclipsobscurcit le ciel et la terre. Les hommes taient danslanxit, mais moi, je me rjouissais en me rappelant lagrande compassion de Dieu mon gard, lui qui nous fitsavoir par le Christ lui-mme, quil en va de la nouvellenaissance comme du grain de bl qui ne porte aucun fruitsil nest mis en terre et ny pourrit. Puis ds nuagesdissimulrent lclips et le Soleil reparut dans tout sonclat. Mais durant tout ce temps, trois parties taientdemeures trs sombres.

    Et voici quun bras transpera les nuages et mon corps ce spectacle tremblait. La main tenait une lettre, quiportait quatre sceaux o il tait crit : Je suis noire, mais jesuis doue, filles de Jrusalem, comme la tente de Cdaret les tapisseries de Salomon. Ne vous tonnez pas de mevoir si noire, cest le Soleil qui ma brle . Et aussitt lefixe pntra lhumide, un arc-en-ciel se dploya tandis queme revenaient en mmoire le pacte du Trs-haut et lafidlit de mon Matre et tuteur envers moi. Et voici que,avec laide des Plantes et des toiles fixes, le Soleilvainquit enfin lclips et un jour parfaitement sereinillumina plaines et monts. Alors toute crainte et toutefrayeur svanouirent et tous ceux qui il fut donn devoir ce jour se rjouirent dans le Seigneur en disant : Lhiver est pass, la pluie a cess, les fleurs sont

    apparues sur la terre, le printemps arrive et lon entendsur terre la tourterelle. Le figuier et les vignes sortentdjeunes pousses et rpandent un doux parfum.Attrapons sans tarder renards et renardeaux qui nousgtent les vignes, si nous voulons recueillir les raisinsmrs, nous abreuver du vin que nous en tirerons et nousrassasier, en temps voulu, du lait et manger des gteauxde miel jusqu en tre ivres et repus . Mais aprs ledclin du jour et la tombe de la nuit, le ciel tout entierchangea de couleur, sept toiles aux rayons dor selevrent et la nuit suivit son cours naturel jusquau matin.Alors, la rougeur du Soleil la chassa. Et voici que les Sagesde la terre, sortant de leur sommeil, regardrent le ciel etdirent : Qui est-elle celle-l qui, pareille laurore, surgitainsi, aussi lgante que la Lune, aussi remarquable que leSoleil ? En elle, on ne peut trouver nulle tache. Lardeur etla flamme du Seigneur sont si brlantes que la masse deseaux ne saurait teindre un pareil amour ni les fleuvesltouffer. Cest pourquoi nous navons nul mpris pourelle, elle est notre sur, si humble quelle soit ; elle qui napas encore de seins, nous la reconduiront dans la demeurede sa mre, dans ce palais transparent o elle demeuraitauparavant, afin que, suant le sein maternel, elledevienne grande comme la Tour de David, rempart dresso pendent mille boucliers et toutes les armes des hros.Quand elle reviendra, les filles clbreront son bonheur,les Reines et les concubines la couvriront de louanges . Et

    moi, genoux sur le sol, je rendis Dieu les grces qui luitaient dues et je clbrai son trs saint nom.

    * * *

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    PREFACETo the Worthy and Christian Reader.

    BELOVED and pious reader, above all, ye who are Sons ofWisdom and the Doctrine, some years ago Almighty God,in answer to my daily prayers, opened my eyes by thelight of His Holy Spirit (Who was sent us through Christ

    by the Father, and from Whom we receive all wisdom),and enabled me to discover the True Centre in the Centreof the Triangle and the one true Matter of the preciousPhilosophers Stone, so that I now hold it in my hands ;but-it took me five years longer to discover how the bloodof the Red Lion and the glue of the White Eagle were to beextracted, and how these were to be mixed in their naturalproportions, enclosed, sealed, and committed to the secretfire. Nor did I even then find the arcanum withoutconstant and untiring application. I have, indeed, studiedthe writings, parables, and various figures of thephilosophers with singular industry, and laboured hard tosolve their manifold wonderful enigmas, most of which

    are simply the vain products of their imaginations. It waslong before experience taught me that all their obscureverbiage and high pretensions are mere folly and emptyphantasms (as is amply testified by our leading Sages).Then I understood that their preparations (of which weread in Geber, Albertus Magnus, and others), theirpurgations, sublimations, cementations, distillations,rectifications, circulations, putrefactions, conjunctions,solutions, coagulations, calcinations, incinerations,mortifications, revivifications, &c. , as also their tripods,athanors (furnaces), reverberatory alembics, excrements ofhorses, ashes, sand, stills, pelican-violas, retorts, fixatories,&c. , are mere plausible impostures and frauds. This mustbe apparent to any one who considers the truth of the

    matter. Nature, who, in her noble simplicity, delights inher own proper substance, knows nothing of thesefutilities. Hence Theophrastus (Sec. Mag. de Phil. Lap. )rightly says of those who seek the substance of the Stonein wine, imperfect bodies, blood, bismuth, mercury,sulphur, wine, dung, orpiment, and in plants, aschelidonia, hyssop, ivy, &c. , that they are full of lies andthieverydeceiving the credulous, milking their pursesdry, and, as to the rest, following their own foolishfancies, that are quite unable to realise the requirements ofNature. (Tell me now who v/ill help me with the mineralsof the earth, distillations of water, &c. ?) Some of themtake new wine and urine for the purpose of changing

    them into metals. To hear them talk, you might supposeall that is sold at the apothecaries to be good for metals.Thou foolish man, dost thou not perceive that none ofthese things have anything to do with them ?

    You might as well try to sever Nature, as endeavour tomake metals out of blood. Make a man out of a horse, or amilch cow out of a mouse : this would be according to thesame method of multiplication. Art cannot change oroverstep the natural order of the universe. If a womanbring forth a male child, you cannot change him into alittle girl. From this rule, which evidently obtainsthroughout-Nature, any sane person may gather where,and how, we must look for, and find, our Blessed Matter.

    But let no one imagine, or suffer any quack to delude himinto the belief, that he has all that he requires when thesubstance has been made known to him either by God, orby one of the initiated. Let him not suppose that thesolution and purification are a very simple matter. He

    could fall into no more serious mistake. He has scarcelygot beyond the most elementary stage of his task. Let meonce more tell him that I spent five entire years, afterdiscovering the true Matter of the Stone, in the searchafter the right method of manipulating it, until at length,in the sixth year, the key of power was entrusted to me bythe secret revelation of the most High God. That same keythe ancient Patriarchs, Prophets, and Sages have alwayskept secret. " For if, " says Monarcha, in a certain passage," they had described it in an universally intelligiblemanner, and placed it within the reach of every labourerand porter, it would have been a great theft, and no truemystery ; moreover, many evils would arise from such aprofanation of the arcanum, which would also bemanifestly contrary to Gods will. " For these and otherreasons (which I have stated in the Epilogue), lest I shouldseem to be hiding the talent committed to me by God, Ihave in this my " Golden Age Come Back " (as far asNature and God allow) revealed the Great Mystery of theSages, which, through the grace of God, 1 have seen withthese eyes, and handled with these hands. The just andpious reader will regard my undertaking with a kindlyeye, and not suffer seeming contradictions to misleadhim : the theory of and practice of this Art, and the lawswhich obtain in the Republic of the Chemists, forbade meto write more openly or plainly. I hope and trust that,nevertheless, all who look upon this book with the eyes of

    the mind, pore over it by day and by night, and pray toGod from the bottom of their hearts, will, together withme, enjoy the wonderful hidden fruits of philosophy. Inthis way the Brethren of the true Golden Cross, and theelect members of the philosophic communion, are andremain joined together in a great confederation.

    In conclusion, that the learned and worthy Christianreader may know my Christian name and my surname, Iwill remove. every cause of complaint by making itknown in the following manner. Let all and sundry becertified that the number of my name is 1613 : by thisnumber my whole name is written in the book of Naturewith two dead ones, and seven living ones. After that, the

    letter 5 is the fifth part of B, and 15 the fifth part of 12.With this information you must be satisfied. Written atTaunenberg, March 23rd, 1622.

    Epigram to the Sons of Wisdom and the Doctrine.

    I have sought ; I have found ; I have often purified ; and Ihave joined together ; I have matured it : Then the goldentincture has followed, which is called the Centre of Nature(hence so many opinions, so many books, so manyparables). It is the Remedy, I openly declare it, for allmetals, and for all sick persons. The solution is of God.

    HERMAN DATICHIUS,

    The Authors Famulus.

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  • 8/7/2019 [Alchimie] Hadrianus A Mynsicht - L'ge d'Or ressuscit

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    EPILOGUEAnd now, my beloved Sons of Wisdom and theDoctrine, herein is the great Mystery of the Sages, inall the power and glory thereof, and the Revelationof the Spirit, concerning Whom the prince andmonarch Theophrastus has these words, in hisApocalypse of Hermes : He is the only God, andholds the whole world together ; through Him alonecan we be true, and truly vanquish the Elements,and obtain the Quintessence. No eye has seen, no earhas heard, ) neither has it entered into the heart ofany man to conceive that which is in thi- mind ofthis Spirit of Truth. In Him alone is truth, andthrough Him alone Adam and the other patriarchs,Abraham, Isaac, and Jacob, were enabled to secureconstant health, and. a long life, and to provide forthemselves great wealth. Through this Spirit theSeven Sages invented the Arts, and gained riches.With His aid Noah built the Ark, Solomon theTemple, and Moses the Tabernacle ; through Himvessels of pure gold were borne into the Temple ;through Him Solomon gained his excellentknowledge, and performed mighty deeds. Heenabled Ezra to restore the Law ; Miriam, sister ofMoses, to exercise liberality ; and the Prophets of theOld Covenant to predict the future. He is theSanctification and Healing of all things, the highestknowledge, the ultimate Mystery of Nature, that isto say, the Spirit of the Lord, Who fills the wholeuniverse, and Who brooded over the waters in the

    beginningwithout Whose secret teaching theworld cannot be understood, and Whom the wholeworld desires on account of His power, while theSaints have sought and longed ardently to see Himfrom the beginning of the world. For He dwells inthe seven Planets, raises the clouds, dispels the mist,gives light to all things, changes everything into goldand silver, imparts all health, abundance, andtreasure, heals the leper, cures dropsy and gout,

    prolongs life, comforts the sorrowful, restores healthto the sick, removes all defects, and, in short, is theMystery of all mysteries, the Arcanum of all arcana,the true healing and Medicine of all things. He givesthe desired knowledge, and is the best of allsublunar things, by which Nature is strengthened,and the heart with all the members renewed, theflower of youth kept fresh, old age driven away,diseases destroyed, and the whole earth renewed.His Nature is unsearchable, His power infinite, Hisexcellence and glory unapproachable.

    Moreover, this Spirit presides over all heavenlythings, gives health, fortune, joy, peace, love,destroys every evil after its kind, puts an end topoverty and misery, renders men incapable ofdoing, saying, or thinking any evil, and gives to the

    godly temporal felicity, but to the wicked who abuseit, eternal punishment. And thus, in the Name ofthe Holy Trinity, we will, in these few words,conclude our exposition of the Great Mystery of theMost Precious Philosophical Stone, and of theArcanum of the Sages. To the Most High andAlmighty God, the Creator of this Art, Whom it hathpleased to reveal to me, wretched, sinful man (inanswer to my prayer), this most preciousknowledge, be eternal praise, glory, honour, andthanksgiving ; and to Him be addressed a mosthumble and fervent prayer that He may so direct myheart and mind, that I may not speak of thisMystery, or make it known to the wicked, lest I befound unmindful of my Vow, a Breaker of theHeavenly Seal, a perjured Brother of the GoldenCross, and guilty of the Sin against the Holy Ghost.From this may God the Father, God the Son, andGod the Holy Ghost, the Blessed and IndivisibleTrinity, in mercy PRESERVE ME. Amen, Amen,Amen.

    HADRIANUS A MYNSICHT 6 LGE DOR RESSUSCIT