Ales - Dogme de Nicee

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    LEDOGME DE NICE

    PA.U ^

    A. d'ALESPROFESSEUR DE THOLOGIE A t'iNSTITUT CATHOLIQUE DE ~PARIS

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    ., fDOGME DE NIGEEPAR

    \^^AT d'ALS \^^^ uc/PROFESSEUR DE THOI,0GIE A. l'iNSTITUT CATHOLiqUB DE PARIS

    GABRIEL BEAUCHESNE, DITEURA PRS, RUE DE RENNES, 117

    MCMXXVI

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    '' * ' P . J ^ -

    NIHIL OBSTATJ. Lebreton.

    Luteliae, die I* Mail 1926.

    IMPRIMATURCarolus Delabar.

    V. g.

    Lutctiae Parisiorum, die 7 Mail 1926.

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    Lr.

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    SANGTISSIMO DOMINOPIO XI

    PONTIFICI MAXIMOCHRISTI IN TERRIS VICARIOQVO FELICITER REGNANTEDOGMATIS NICAENi

    ANNVS SAECVLARISCELEBRATVS EST

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    AVANT-PROPOS

    Au mois d'avril 1925, Sa Saintet Pie XIconviait l'univers catholique clbrer,par un hommage solennel au Dieu faithomme, le seizime centenaire du concilede Nice.

    Cetappel

    fut entendu. Rome vit se d-rouler des ftes d'une splendeur incompa-rable. L'acte de foi, redit dans toutes leslangues du monde prs de la chaire de saintPierre, se rpercuta sous tous les cieux.Les glises dissidentes elles-mmes eurent cur de se montrer chrtiennes : Gan-terbury, Stockholm, d'autres mtropolesencore, eurent leurs clbrations officielles,souvent riches d'enseignements. On peut

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    viii AVANT-PROPOS.dide Bulletin cr par l Sacre Gongrga.-tion pour l'glise Orientale*,Les pages que nous publions taientcrites, en majeure partie, quand nous par-vint l'appel du Saint Pre. Invit entre-tenir le public de l'Institut catholique deParis, pendant le printemps 1925, de quel-que sujet apologtique, nous avions choisi,comme le plus actuel de tous, le Dogmede Nice. La parole venue de Rome nousfut un encouragement prcieux. Qu'ellenous soit une excuse pour avoir essay dedonner ces Confrences un cho tant soitpeu durable.

    1. BoUettino per la Cpmmemomzione del XVI Cntnario delConcilio di Nicea. Roma, Tipografia poliglotta Vaticana, 1925,"in4.

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    LE DOGME DE NICECHAPITRE PREMIER

    LA PRHISTOIRE DE l'hOMOOUSIOS

    I

    Dans la dfinition de la foi nicenne, lesplus hauts mystres chrtiens sont impliqus :la Trinit, l'Incarnation. Pour les pntrer, au-tant qu'il est donn la raison humaine, nousaurons renouveler l'effort qui s'imposa auxchrtiens du iv\sicle. Reprenant, avec moinsde mrite, la trace de ces penseurs, nous au-rons gravir des cimes mtaphysiques, quel-quefois ardues. D'autre part, l'acte de Nicetouche aux contingences de l'histoire, et cecinous engage dans le ddale extrmement com-pliqu des luttes ariennes. Ddale deux foiscompliqu : par la nature des choses, et par le

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    3 LE DOGME DE NICEE.intervinrent pour contrarier le travail du Saint-Esprit dans les mes et retarder l'avnementde la vrit. Nous serons amens descendresur le terrain mouvant de l'histoire religieuse,et parfois de l'histoire politique : d'autantqu'en ce iv sicle, religion et politique secompntrent intimement.Le Fils de Dieu, incarn, avait imprim dansles mes de ses, disciples le niessage divin etl'avait confirm par des uvrs divines. Pourdevenir ja.p,ais l'aUment assimilable des g-nrations chrtiennes, la donne rvle devaittre labore en formules dogmatiques. Letravail a commenc au lendemain de la Pente-cte; ilse poursuit toujours, mme aprs quela mort du deirn,ie,r As.ptre a clps la rvlationdu r^ouveau Testa,ment. Dans cette laborationsculaiie, l'uvre de Nice inarque une datecapitale, la date lu principal nouc dognia-tique tpuchant la personne de Jsus-Christ.

    Qu'est-ce que Jsus-Christ ? ternelle ques-tion, laquelle la vie du mond est suspendue.Parmi les mes qu'avaient touches la prdi-cation vanglique, deux conceptions, deuxinterprtations de l'vangile furent trs viteen prsence, et en lutte. Selon la premireconception, Jsus-Christ est un tre d'une per-fection, morale incomparable, Mdiat^iir luDieu et les

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    LA PRHISTOIRE DE L'flOMQOUSIOS. 3sauces, divines, Riiroir de toute perfeQtiondivine; mais enfin un homme, et rien d'autre.Selon la deuxime conception , Jsus-Ghrist estDieu luirmme, GrateuF du ciel et de la terre,insr l'histoire humaine, non pas par unmiracle quelconque, mais par une volont duPre cleste, qui a donn au monde son Fils"unique. L'Inarnaition du Verb,e divin, ainsioiiprise, dpa,sse toute la sphre du miracle,par l'intervention du Grateur lui-mme, im-pliqu en personne dansls^ trame de. son uYre.Entre les deux cpuceptions, il y a toute la dis-tance de la terre au ciel, du fini l'Infini.Vous reconnaissez raffirma^tion de deux es-prits qui, spus diverses formes et divers noms,se heurtent travers toute l'histoire chr-tienne. Ils se heurtaient ds avant le iv sicle,et 1 Eglise n'avait pas attendu le concile deNice pour coiuprendre qu'il y allait de tout lechristianisme.Le dogme de l'unit divine, fondement de

    l rvlation- primitive et de la rvlation morsaque, dmW^^^ intangible la base de larvlation apporte par Jsus-Christ. Maiscette rvlation de, la Bonne Nouvelle conte-nait, sur la vie intime de Dieu, le tmoignagepersonnel (le Celui qui vit et voit siu sein du.Pre. Le fond de ce tmoignage, c'est, l'tat

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    4 LE DOGME DE NICEE.thicte, comme dans la formule du Baptme tri-nitaire, le dogme de la Trinit des personnesen l'unit de nature divine. De cette nouveaut,superpose au monothisme juif, plusieursesprits prenaient scandale; et sous l'impul-sion de ce scandale, ils s'loignaient en sensopposs.Les uns, travaills par un levain de judasme,faisaient effort pour sauver l'unit divine, auxdpens de la Trinit.Les autres, plus attirs vers les mirages dela pense grecque, reprenaient, en l'amendantplus ou moins pour l'accorder l'vangile, lerve de Platon, et s'efforaient d'acclimaterdans le domaine chrtien une mtamorphosedu polythisme.Deux tentatives dcevantes.

    Ni la mystique chelle de Jacob, ni beau-coup moins la dialectique platonicienne, nedonne accs ft-ce par l'chelon suprme la nouveaut divine de l'Evangile. Poury accder, il n'y a qu'une voie : s'abandonnersans conditions cette rvlation

    quine re-

    doute aucun dmenti de la raison naturelle,mais la surpasse d'une hauteur infinie : rvla-tion d'une essence unique possde indivise,encore qu' des titres divers, par trois sujets, trois hypostases, trois personnes. Pour

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    LA PRHISTOIRE D L'HOMOOUSIOS. 5velle, ls penseurs chrtiens multiplieront leseflbrts; et pour la traduire, la langue tholo-gique crera des termes nouveaux.Le terme consacr, parla dfinition nicenne,pour traduire le dogme fondamental touchantla personne du Christ, a lui-mme son histoire,qui nous engage dans le domaine de la mta-physique pripatticienhe et de la philologie.Ni chez Platon, ni chez Aristote, on ne ren-contre, tout form, le mot pou^io, consubstan-tiel. Mais on en rencontre les lments. Lemot oaia est familier ] a philosophie grecque.Chez Aristote, il prsente deux acceptionsprincipales.D'abord l'essence concrte, nous dirionsplutt la substance, ralit individuelle,objet immdiat de l'exprience. Par exemple,telle personne humaine, Pierre, Paul ou Jac-ques. Gettft donne premire de l'exprienceest ce qu'Aristote appelle l'essence premire,TrpTY) qcia.Et puis l'essence abstraite, nature spcifiqueralisable en plusieurs individus de mmeespce, d'o l'esprit la dgage. Cette ideuniverselle, susceptible de divers autres noms :i^ea, sl^o, ide d'homme, ralise en Pierre,Paul ou Jacques, s'appelle, chez Aristote, l'es-sence seconde, surspa oori'a.Deux acceptions retenir et distinguer ;

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    8 LE DOGME DE NICEE.parfaitement le Pre, comme le Pre connatle Fils \ . Il a vu au sein du Pre les secretsque nul ne connat, et il les raconte^.L'galit s'affirme dans toute la prdicationdu royaume ^ S'il annonce le royaume descieux ou le royaume de Dieu, ce qui est toutun, ou le royaume de son Pre, il annonceaussi son royaume''; car ce royaume est uniquesous leur commune royaut. Le Fils y parleen Souverain, il en dispose et en change laconstitution^ S'il investit les siens du mandatd'enseigner et de baptiser ^ c'est au nom duPre et du Fils et de l'Esprit qui leur estcommun, trois personnes divines dispensant,au mme titre, le don excellent.

    L'unit d'tre se manifeste par l'unit d'op-ration. Dj pour saint Paul, le Christ est leDieu bni jamais '' . Il est celui qui ^ existant enforme de Dieu, s'est ananti en prenant la formed'esclave ^ Il est celui en qui habite corporelle-menttoute la plnitude de la divinit^ . Pour saint

    1. J).,xi, 27.2. /o., 1,18.3. Me., 'xxvii, 37; Me, x, 26; - Le, xxm, 38; lo.XIX, 19.4. Le, XXII, 30.5. ML, V, 21-48.6. ML, xxvm, 19.7. Rom., IX, 5.8. PMI, II, 6, 7.9. Col, I, 19; II, 9.

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    LA PRHISTOIRE DE L'IIOMOOUSIOS. 9Jean, il est le Verbe, en Dieu ds le commen-cement; le Verbe fait chair, qui habite parminous ^ . Il est le Dieu Fils unique, au sein duPre^ Il est celui qui, avec le Pre, opre tou-jours ^ 11 est celui qui peut dire : Moi et lePre, nous sommes un ^; tout ce qu'a monPre est mien ^ Insparable du Pre dansl'uvre de la sanctification des mes, il vientavec le Pre en elles; tous deux y font leurcommune demeure ^ Tous deux envoient deconcert l'Esprit qui leur est commun, le Preau nom du Fils, et le Fils de la part du Pre^Le terme propos la sanctification des fi-dles, c'est l'unit parfaite, dont le type estl'unit du Pre et du Fils ^.Gn peut dissquer le Nouveau Testament,y dnoncer, au nom d'une critique rationaliste,des interpolations tendancieuses, y multiplierles amputations arbitraires ; toutes ces blessu-res ne tariront pas la sve de vie qui, par toutl'Evangile, s'panche du Dieu un en trois per-sonnes. Rvlation d'une mme nature divinepossde par trois personnes, diversement,

    1. lo., , 1-14.2. lo., \, 18.3. /o., V, 17.4. o., X, 30. '5. /o.,xvi, 15; XVII, 10. '6. lo., XIV, 23.7. lo., XIV, 6-26; xv, 26 ; xvi, 7.8. /o., xvii, 21-26.

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    o Le DpGM i)E Mlfi.mais non jias iii^litient : le Pre n'bst pasplus Dieu que le Fils, ni T Fils plus Dieu quel Saiiit-EspHt, enbdr'e qu'ils le soient, eiiqMqiie sorte, autrement. Le Pr' est Dieu,j)arce qu'il posd terneiliiant la naturediviiie, san la devoir jpersonne : sourcepremire et tiniiqli M tb\ite dit. Le Fils estDieii, pare qti'il i-elt ternUmfent dii Prcette mme nature divine, au titr de gnra-tion : Verbe divin, terme ternel d sa pensesubsistante. Le Siilt-sptit st Dieii, parcequ'il reoit trnemeiit dii Pte et du Filscette mme nature divine, titre de vouloirsubsistant : ilcfeud diyiii d ltir ihutuel ambidr.Encore enveloppe dans les langes d l'cri-ture , la doctriii triiiitire attend d'tre dve-loppe pat" i travail de l riori thlgl'que.Mais ll est l.

    Ils bnt su Vf trouver, ces v'qtis et cesmaftyrs qui, ds l'ge hrbqil du christia-nisme, oht cr des formules parfois dmir-bis pour faire cHb lapaM rvle.

    Tel, au cbmmnchht du if sicle, saintIgnace d'Antioche crivant aux Ephsiens ' :. Dans la volont du Pre et de Jsus- Gliristnotre Dieu.. . Il n'existe qu'un Mdecin, qui estchair et qui est esprit, engendr dans le

    1. Saint Ignace, Eph., inscr., 7, 2.

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    LA PRHST'OIRE DE L'IIOMOOUSIOS. 11temps et iiterir utinps, Dieu iappar diisla. chair, vraie vie dans la mort, Fils de Marieet File de Dieii, d'abord passible et puisimpasible, Jsus-Ghrist Notre-Seigneur.

    Tel, la fin du lime sicle, saiiit Irhede liyon, analysant dj; en thologien, lemystre de l'Homm-Dieu ^ : L Verbe ru-nit donc l'homme Dieu. Et, en effet, si cen'tait pas un homme qui a vaincu l'adVrsairde l'homme, rehnemi iie serait pas vaincucotnme il faut. D'autre part, si ce n'tait plasDieii qui ntis a donn le aliit, nous hserions pas sUvs tout de bon. Et si l'hommen'avait pas t uni Dieu, il n'aurait pas puavoir part l'immortalit. Il fallait que leMdiateur entr Dieu et les hommes-, tantchez lui aVec les deux parties-, pt les rcti-cilier et les uiiir, en prsentant l'homme Dieuet rvlant Dieti rhomm. Vers l mthe temps, Trtullien, dans sonApologtique^, nonce l fait de l'Incarnatioiien des term qui sont ii i^emarqube aiiti-ciption d la fOrifniile hicenn. Aprs avoirexpliqu l procession du Verbe l'aid d lcomparaison, classique ds le li^ sicle, duflambeau tjtii s'allume un autre flambeau, il

    1. Saint Irne, Haer., IIl, xvm, 7; PG., VII, 937.2. i'ERTULLiaN, .4^30^., 21.

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    12 LE DOGME DE NICEE.appelle le Verbe Esprit de Dieu, Lumire delumire .

    Ces textes, qu'il nous serait facile demultiplier, rendent loquent tmoiguage dela foi trinitaire dans l'Eglise au ii* et auiii^ sicle ; foi hrite des Aptres, appuyesur l'Ecriture. A vrai dire, des flottements seproduisaient. Nous en trouvons un exemplemmorable dans les controverses qui, peu aprsle milieu du uf sicle, mirent aux prisesAlexandrie, Rome et Antioche, c'est--direles trois plus grandes glises qui fussent sousle ciel. Prcisment, Vhomoousios tait encause. Arrtons-nous cet pisode clbre etdiversement compris.Voici d'abord Alexandrie. Sur le sige pis-copal de cette grande ville, nous trouvons unvque illustre, saint Denys, ancien discipled'Orig-ne et confesseur de la foi. Son autorits'tend toute l'Eglise d'Egypte. Or, cetteglise est travaille par une hrsie antitrini-taire, l'hrsie monarchienne de Sabellius.Denys s'est proccup d'enrayer cette propa-gande; il l'a fait, selon l'esprit de son matreOrigne, en insistant beaucoup, et jusqu'l'excs, sur la distinction des personnes divi-nes et sur la hirarchie indique par l'ordre deleurs processions : le Pre au-dessus du Fils,le Pre et le Fils au-dessus du Saint-Esprit.

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    . LA PREHISTOIRE DE L'HOMOOUSIOS. 13.Les adversaires avaient beau jeu pour pr-senter cette doctrine sons un faux jour, commesi l'vque d'Alexandrie affirmait rellementtrois dieux, et, qui plus est, trois dieux in-gaux. L'accusation fit son chemin; elle parvintaux oreilles du Pape Denys de Rome, qui crutdevoir adresser son homonyme alexandrinun avertissement svre. Denys d'Alexandriese justifia par un mmoire dont une page nousa t conserve par saint Athanase, dans l'ou-vrage qu'il a consacr la mmoire de sonillustre prdcesseur. Voici cette page^ :

    ... J'ai dj rfute le mensonge qu'on produit contremoi : on m'accuse de nier que le Verbe soit consnbstan-tiel Dieu. J'avoue n'avoir rencontr ce nom, ne l'avoirlu en aucun passage des Saintes critures ; nanmoins, lasuite de mes essais littraires, que (les adversaires) n'ontpoint cits, n'a rien que de conforme cette doctrine.

    . En effet, j'ai rapproch (de la gnration divine) la gn-ration humaine, videmment parce qu'elle se fait dansl'unit de l'espce. J'ai dit positivement que les parentsne sont pas autres que les enfants, sauf qu'ils ne sont pasles enfants eux-mmes : car il n'y aurait ni parents nienfants. Quant ma lettre, je le rpte, les circonstancesne me permettent pas de m'en procurer le texte, sinon jevous aurais envoy le passage, ou plutt une copie com-plte; je le ferai, si je puis me la procurer. Mais j'ai bonsouvenir d'avoir ajout nombre de comparaisons, prises

    d'objets de mme espce. J'ai dit que la plante, procdantde la semence ou de la racine, est autre que son principe,mais pourtant de mme nature absolument; que le fleuve,coulant de la source, prend un autre aspect et un autre

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    14 . LE D.OGMIJ m NIE,nom : car la source n'est. pas le fLeiiye, ni le fleuve lasource; ils font deux. Or, la source est comme le Pre, le

    '

    fleuve est comice l'eau de la source. Ces choses, et d'au-tres, semblables que j'ai crites, (les adversaire?) feignentne ne point les voir, ils font les aveugles; etilsontram^^sdeux mots qui ne se tiennent pas, comme des pierres,,pourm'en lapider de loin...

    Cette page prouve pour nous deux choses,.D'abord, q^ie Rojppie d.evait tr favorable l'emploi du mot homopusios da^s la thologietrinita^]^e, puisqu' Rome ou ayait pu faire D,ep.ys d'Alexapidrie un grief d'yiter ce m.9t.En second lieu, elle prouve qv^W^^^^^^^i^n'avait contre ce mot aucunj3 objection deprincipe; seulement Denys prfrait s'enabstenir, pour s'attacher la lettre des Ecri-tures. Malgr la diversit du langage, l'accordsur la doctrine tait rel. Rome eut le mriteet l'honneur d'iinposer, comipie la forniule dudogme, le mot qu'elle avait d'ores et dj faitsien^

    1. Saint Athanase crira^ jE'jJ. ac? Afros, 6; PG., XXVI,1040, B : 'ETtffxouoiypKpxaoiipoTwv y^y? tou xaTov TptxovTaTj (j.sYXi "Pty/zic %c Ti yj[i.eTpa hoXew ypjpov/si; ^TtffavTOTQ^ %oir,]i.% XYovta tov Ycov xai (j,^ fxooijcriov tw. Ha-up. La lettreaux voques d'Afrique est l'un des derniers crits d'Athanase,on la date gnralement de l'anne 369. Nannoins, le chiffre.,de 130 ans rvolus nous invite remonter plus iaut que lacontroverse entre les deux Denys. Il y aurait donc l un souve-nir de l'accord intervenu entre Alexandrie et Rome contre lesthories aventureuses d'Origne. Saint Jrme a touch cemme pisode, au temps, de son premier enthousiasme pour

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    Lk PRmSTQIRE DE yHOMOOUSIOS. 15]yiai];itene^iit, toumon^^ nos regards vers

    AntiQs(i^ : nous j constatons des tendancestout opposes,. La mtropole de Syrie avait,elle aussi, ses controverses trinitaires, ; maisl'vque Paul de Samosate n'inclins^it, nulle-ment au sens d'Origne ; et surtout, il man-quait des gra);i(es qualits du primat alexan-drin. Homme du monde, bieii. en, cour prsde Zttobie, reine de Pai(niyre, Paul se souciaitpeu de la doctrine, mais introduisait dansl'glise l'esprit d^ sicle. Ses niurs passaientpour lgres. Les influences juives, trs puis-santes la Q^r de Znobie, peut-tre gussil'influence de beaux esprits grecs, te^a que lerb,teur Longin, paraissent avoir dteint sur lapense de rvque. l professait, ce qu'ilsemble, un monpA^isme plus ou moins nuancd'Evangile, o les mystres de l'IncarnationRufin : Damnatur a Demetrio, epi-scqpo exceptis Palaeslinae etArabiae etPhoenicis atque Arabiae sacerdotibus : in damnalionemeius consentit urbs Roma. Ipsa contra hune cogit Senatum, nonproTpter dogmaium novitatem, non propter haeresim ut nunc,adversiiseumrabidi canes simulanifSed quia gloriam eloquentiaeius et scientiae ferre non poterant, et illo dicente omnes mutiputabantur. Cit par Rufin, ApoL, II, 20 ; PL., XXI, 599; D-600, A.Ces faits se rapportent au pontificat du pape Pontien (230-235)et du Pape Fabien (236-250). L'acclimatation du consubstantiel aRome, ds a,vant le milieu du iu sicle, est un. fait reconnu parles historiens.. DucHESNK, Hist. aric. de l'Eglise, t. II, p. 154 : A Rome,- en effet, le mot tait d'usage courant, officiel. 13,AmAGK,LehrbuchderI)ogmengeschicMe, t. I*,p. 163, se rfrantail texte de- saint Jrme. Batiffol, La Paix Gonstanlinienne,

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    LA PRHISTOIRE DE L'HOMOOUSIOS. 17quelque 80 Pres dont on parle, pour ce con-cile provincial d'Antioche, ne font pas quili-bre aux 300 Pres du concile cumnique.Mais enfin, il y a l quelque apparence de scan-dale, et les Pres orthodoxes du iv sicles'appliqurent le dissiper. Aprs eux, leshistoriens de l'Eglise reprirent souvent cettediscussion, et paraissent l'avoir puise.

    EssayonS'de rsumer les dbats. D'abord sepose la question de fait. Est-il bien sr que'poucto a t condamn par le concile d'An-tioche? Plusieurs le nient, et appuient leurngation sur le silence de la tradition imm-diate, qui ne sait rien de ce prtendu conflit.Effectivement, pendant les 90 annes qui sui-vent le concile de 268, aucun document eccl-siastique n'y fait allusion ; les Pres de Niesemblent n'en avoir rien su ; la premire gn-ration arienne, qui avait tout intrt s^enprvaloir, l'ignore galement. On en relvepour la premire fois la trace dans un documentde l'anne 358, le mmoire du semiarienBasile d'Ancyre, rdig pour faire face auxobjections des Ariens radicaux Ursace etValens ; ou plutt, on ne la relve pas dans cedocument, qui ne nous est point parvenu' danssa propre teneur, mais seulement dans lesanalyses contemporaines, qui nous en rvlent

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    18 LE DOGME DE NICE^tout entire de seconde main. Et elle se fondesur un tmoignage tardif et suspect, le mmoirede Basile d'Ancyre. Ce tmoin, oppos auconsubstantiel, avait tout intrt commettreun faux; bu, si le faux existait dj, l'accr-diter. L'hypothse d'un faux apparat plausible de graves auteurs : ils nient que rpourt(;ait jamais t condamn Antioche.Cette fin de non-recevoir s'autorise de rai-sons qui ne sont pas ngligeables. Nous nepouvons pas faire appel aux Actes du conciled'Antioche, qui ne nous sont point parvenus,et les rares tmoignages contemporains nefournissent aucune lumire dcisive. Il fautpourtant avouer que, la date o elle se pro-duisit, l'assertion de Basile d'Ancyre futadmise par les juges les plus qualifis, par cesintrpides vengeurs de l'orthodoxie nicenneque furent saint Hilaire et saint Athanase.Saint Hilaire et saint Athanase rdigrent, auplus tard en l'anne 359, leurs crits De Syno-dis; ils admirent l'assertion, en l'expliquantd'ailleurs de manires fort diffrentes. Leurconviction fut partage par saint Basile, parsaint piphane, qui crivirent quelques annesplus tard; elle s'est impose la traditionsubsquente, A tout prendre, il semble plussr de l'admettre, et c'est le parti que prennent

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    LA PRHISTOIRE DE L'HOMOOUSIOS. 19d'un faux audacieux, commis en de telles cir-constances et coUFOnn d'un tel succs^ paratdifficilement acceptable* Reste donc exami-ner le rcit de Basile d'Ancyre^ tel qu'il nousapparat travers les commentaires divergentsde saint Hilaire et de saint Athanase.

    Voici d'abord la \^ersion de saint Athanase^

    .

    Athanase croit pouvoir lire dans la consciencedes Pres d'Antioche le motif de la sentencepar eux rendue contre l'opooutoi Ce mot leuraurait t rendu odieux par les calomnies int-resses de Paul de Samosate, qui lui prtait unsens grossier^ comme l'ide d'une matiredivine partage entre le Pre et le Fils. Gemorcelage de la divinit devait paratre blas-phmatoire. Ge serait donc en calomniantl'potjcrto que Paul de Samosate aurait russi le faire condamner. Athanase raisonne apriori, car il n'a pas lu les Actes du conciled'Antioche. Mais il est conduit, et no s'en cachepaSj par le dsir de justifier les Pres ortho-doxes qui composaient cette assemble.Tout autre est la version de saint Hilaire',qui crivait quelquesmois avant saintAthanase,peut-tre ds la fin de l'anne 358, et qui sembleavoir lu de beaucoup plus prs le texte deBasile d'Ancyre. Lui aussi connat cette gros-

    1. Saint Athanase, De Synod., 42-44; P., XXVI, 768-772.

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    LA PRHISTOIRE DE L'HOMOOUSIOS., 21les textes, et parle de choses qu'Usait; sa ver-sion prsente beaucoup plus de garanties. Il ya donc apparence que, si.le mot o^oqqioc, fut con^damn Antioche, cinquante-sept ans avantle Concile de Nice, c'est parce que Paul deSamosate en avait abus pour enseigner l'h-rsie de Sabellius. Une fois purg d'un sensabusif, le mot redeviendrait apte rendre ledogme catholique ^Cet incident, qui nous a retenus bien long-temps, est vrai dire le plus saillant que pr-sente l'histoire de Vhomoousios durantles troispremiers

    sicles. Il nous reste, pour concevoirune ide d'ensemble de cette prhistoire, considrer les divers courants doctrinaux quiexistaient alors dans l'Eglise.

    II

    Pour rendre sensible tous les yeux la posi-tion du christianisme au regard de la penseantique, les Pres de l'glise ont parfois re-couru l'image du Christ crucifi entre deuxlar-rons; et rien ne nous empche de la reprendre.D'une part, le judasme, fix dans un mono-thisme intransigeant, se refusant admettre

    1. Cf. G. Bardt, Paul de Samosate, Paris-Louvain, 1924.

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    22 . LE DOGME DE NICE.les rvlations nouvelles apportes par l'van-gile sur la vie intime de Dieu : c'est le premierlarron. D'autre part, le polythisme, gardepuis des sicles dans l'adoration des forcesde la nature; ou dans l'adoration de l'homme,ou dans l'adoration des monstres et des chi-mres enfants par son imagination, quand ilne se reposait pas dans Fadoration plus prorrsaque et plus positive d'un Gsar en chair eten os : c'est le deuxime larron. Entre deux,la religion du Dieu fait homme, consubstantiel son Pre, rvl par son Esprit, rgnrantles fidles dans le baptme confr au nom de laTrinit divine : c'est l'objet de notre foi : scan-dale pour les Juifs, folie pour les Gentils, disaitdj saint PauP.Judasme et polythisme ne combattirent pastoujours le christianisme visage dcouvert :souvent ils empruntrent un masque chrtien,pour opposer l'unique religion du Fils deDieu divers amendements, et enfantrent dessectes.

    Les unes arboraient l'enseigne du mono-thisme. Ce monothisme n'tait plus, pourle paganisme romain, une nouveaut. Lesesprits dsabuss de l'ancien panthon s'orieur-taient, depuis des sicles, de ce ct. Sans

    1. I Cor., I, 23.

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    LA PRHISTOIRE DE L'HOMOOUSIOS. 23parler du stocisme, si puissant sur l'literomaine ds le dbut de l'empire, acclimatantle culte mystique de son Dieu immanent ^l'univers, diverses religions exotiques avaienttravaill dans le mme sens. Religion gyp-tienne d'Isis, religion persane de Mithra,religion orientale du Soleil invincible. Enl'anne 313, une arme romaine allait l'ennemien chantant ^ :

    Dieu, suprme, nous te prions.Dieu saint, nous te prions.Nous te recommandons toute justice.Nous te recommandons notre salut.Nous te recommandons notre empir.Par toi, noUs vivons.Par toi, nous avons victoire et bonheur.Dieu suprme et saint,Exauce nos prires.Nous tendons nos bras vers loi, exauce-nous,Dieu saint suprme.Qui avait dict cette prire? Etait-ce l'em-

    pereur chrtien Constantin, le vainqueur dupont MilviusPNon, c'tait son collgue paen,Licinius, qui venait de signer avec lui l'dit deMilan et marchait contre Maximin Daa pourlui disputer l'empire de l'Orient.Si le monothisme trouvait s'infiltrerjusque dans les milieux paens, beaucoup plus

    1. Cit par Lactance, De moflibus persecutorum; 46; PL., Vlij264. " .

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    LA'' PRHISTOIRE DE L'HOMOOUSIOS. 25mystre de la Trinit en confondant les person-nes divines. Ne les distinguant que par desimples, modalits,,dans la divine Monade, ilsmconnaissaient l'existence personnelle duVerbe divin. Ds lors, que pouvaient-ils bienpenser de l'homme Jsus ? Ils devaient enfaire un favori de la divinit, un fils adoptifde Dieu, le plus grand des saints, non le propreFils de Dieu. C'est--dire qu'ils glissaient parune pente fatale vers l'adoptianisme christolo-gique, rendez-vous des anciennes sectes mo-narchistes, avant de devenir, auV sicle, lefond de l'hrsie nestorienne.

    Passons l'extrme oppos.D'autres sectes, de tendance contraire, por-tent, plus ou. moins apparent, le cachet deleurs affinits polythistes, et ne demandent

    ^ qu' enrler le Christ dans l'innombrable lgiondes fils de dieux. La plus effronte est lagnose, autant qu'il est possible de parlerd'une gnose, car les gnostiqes sont lgion,et, parmi eux, c'est qui excutera les varia-tions les plus originales sur le thme des pre-miers initiateurs. 11 faut dire un mot decette cration, o des.noms et parfois des lam-beaux chrtiens sont plaqus sur un fond depaganisme.Le gnie de Platon, qui donna l'essor tantde mythes ) doit tre compt parmi les anctres

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    LA PRHISTOIRE DE L'HOMOOUSIOS. ' 27intermdiaires divins fit fortune ; des penseursambitieux, dcors du nom de gnostiques, lacultivrent et y introduisirent des lments deprovenancechrtienne. Ils difirent desromansmtaphysiques o, sous le nom d'onSj aiwve,ou sous d'autres noms encore, s'tage entreciel et terre toute une population de rve, sojtanges, soit abstractions plus ou moins person-nifies, dans les rangs de laquelle interviennentquelques-uns des souvenirs les plus augustesde l'Ancien et du Nouveau Testament.

    Basilide, qui enseignait en Egypte sous lesrgnes d'Hadrien et d'Antonin le Pieux, difieune thorie du monde suprasensible. Dieu, qu'ilappelle Abraxas, en occupe le sommet. Au-dessous de Dieu, une hirarchie d'entits auxnoms abstraits ; les derniers degrs sont occu-rps par des anges, artisans de 365 cieux,dont le dernier est le ntre. L'un de ces angesest le Dieu de l'Ancien Testament ; il a reu enpartage le peuple d'Isral.

    Valentin, qui fleurissait au milieu du if sicle,pour combler la distance qui spare de Dieu,Pre suprme, notre monde, imagine unedynastie d'ona, qui vont par couples : chaquecouple, comprenant un on masculin et un onfminin, projette de son sein le suivant. Ausommet, le couple Bythos et Sig, c'est--dire,l'Abme et le Silence; puis le couple Esprit et

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    28 LE DOGME DE NICEE.Vrit; puis le couple Verbe et Vie; puis lecouple Homme et glise. Ces quatre couplesprimitifs comprennent ensemble huit pns :c'est rOgdoade. Puis vient la Dcade, com-prenant cinq couples, et la Dodcade, compre-nant six couples. Ainsi l'on arrive au total detrente ons, constituant le Plrme^ socitparfaite des tres invisibles. Jsus, le Sauveur,est le produit collectif du Plrme.Arrtons-l ces dveloppements, reproduitset analyss avec une logique impitoyable parsaint rne. Ils nous montrent les divagationsextrmes d'une pense entirement trangre l'Evangile.Revenons au domaine chrtien.

    Les Pres de l'glise, qui s'attachent l'vangile, ne donnent point dans ces excentri-cits, mais ils ne sont point, pour autant,garantis contre toute contagion du sicle. Debonne heure, la tche s'est impose aux meil-leurs d'entre eux de mettre l'vangile laporte de tous et de contrebalancer la puissancede sduction trs relle exerce par la gnosepaenne. Car plusieurs de ces gnostiquestaient remarquablement dous, et leur uvrene se bornait pas aux bizarreries dont nousavons cit des chantillons. Parmi les Presqui durent se mesurer avec eux, quelques-unsfirent preuve des plus rares qualits d'esprit,-

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    ' LA PRHISTOIRE DE L'HOMOOUSIOS. 29tel saint Irne. D'autres s'aventurrent sur lafrontire de l'erreur, et quelquefois un peu audel.Le monarchisme antitrinitaire d'un Not et

    d'un Sabellius nous apparat, travers le tmoi-gnage de Tertullien et d'autres encore^ commel'hrsie des simples. La gnose, au contraire,est proprement l'hrsie des esprits cultivs ;et les Pres qui prirent contact , avec elle sedistingurent souvent par une culture sup-rieure. Tel saint Justin, un penseur qui avaitfait le tour de toutes les philosophies avantd'aborder au port de la foi chrtienne. Tel unTertullien, fin lettr, styliste puissant, polmisteredoutable. Tel un Clment d'Alexandrie, quieut l'ambition de crer une gnose chrtienne.Pour lui dj, comme pour son disciple Ori-gne, le vrai gnstique est un chrtien, unchrtien d'essence suprieure. Origne a laissle souvenir d'un des plus prodigieux tra-vailleurs que compte l'histoire de l'Eglise,et d'un esprit trs puissant, malgr ses er-reurs. ,

    Or, la tendance commune de ces grands es-prits, appliqus l'illustration du dogme chr-tien, est de raisonner leur foi, en^quoi ils n'ontpas tort. En raisonnant, ils ont pu errer. Quileur jettera la premire pierre ?

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    30 LE DOGME DE NICE.Les Pres ont appris de saint Jean ^ que le

    Verbe tait au commencement en Dieu ^ que leVerbe tait Dieu, qu'il tait ds le commence--ment en Dieu.. i, avantmme l'heure o il se fitchair et demeura parmi nous . Le Verbe divinqu'ils prchent n'est pas l'tre hybride enfantpar l'imagination de Philon. C'est d'abord laSagesse hypostatique, rvle par l'Ancien Tes-tament, o elle dit^ : Dieu m'a possde aucommencement de ses voies, avant ses uvresles plus anciennes. C'est encore et surtoutle Dieu rvl par le Nouveau Testament, quiest la Voie, la Vrit, la Vie^ Nanmoins^ lathorie des intermdiaires divins flotte devantleur esprit. Pour peu qu'ils dtournent les yeuxde la lettre de l'Evangile, ils sont exposs soit perdre de vue dans leur exposition la gn^ration ternelle du Verbe, soit la confondreplus ou moins, tantt avec la manifestationextrieure de Dieu dans l'uvre de la cration^soit avec l'incarnation personnelle du Verbe.De cette confusion facile, est n un courant depenses qui circule plus ou moins travers

    l'uvre de saint Justin et de Tatien^ de Tho-phile d'Antioche, de Tertullien et de saint Hip^polyte, de Novatien ; d'autres encore. C'est ce

    1. lo., I, 1-14.2. Prov., VIII, 22.

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    qu'on a appel la thorie de la gnration tem-porelle du Verbe : la gnration ternelle duVerbe divin y est mige en oubli, ou du moinsmasque. Oh ne peut nier qu'il n'y ait l undtriment pour la pense chrtienne et un dan-ger pour la foi.Autre aspect du mme groupe de Pres, ouplutt d'un groupe partiellement identique.

    Les. Pres ont lu, au commencement de l'-ptre aux Hbreux' que, aprs avoir, plu-sieurs reprises et en diverses manires j parlautrefois nos Pres par les Prophtes, Dieu^en ces derniers jours, nous a parl par son Fils,qu'il a tabli hritier de toutes choses, par quiil a fait mme les sicles. Ce Fils, reflet de sagloire, empreinte de sa substance, qui sou-tient toutes choses

    parla parole de sa puis-

    sance, aprs avoir opr la purification despchs, s'est assis la droite de la Majesten haut des cieux^ devenu d'autant suprieuraux autres qu'il a hrit d'un nom plus excel-lent que le leur. En effet, qui des anges Dieua-t-il dit jamais : Tu es mon Fils, aujourd'huije t'ai engendr ? Et encore : Je serai pourLui un Pre, et il sera pour moi un Fils ? Etlorsqu'il introduit de nouveau dans le mondele Premier-n, il dit : Que tous les anges

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    32 LE DOGME DE NICE.de Dieu l'adorent. En mditant cette pageet les pages de l'Ancien Testament dont ellevoque le souvenir, ils ont t frapps de cerle ministriel qui est dvolu au Fils de Dieu,par-dessus tous les anges sans doute, maisenfin comme aux anges ; et ils se sont persuad,s'inspirant de Philon, que le Verbe divin pr-ludait ce rle ministriel dans toutes lesThophanies de l'Ancien Testament, se mani-festant ds lors aux hommes et faisant, enquelque sorte, l'apprentissage de l'Incarnation*Creusant encore cette ide, ils ont cru devoirassocier, par un lien ncessaire, l'ide de Filset le rle de Serviteur, et ils ont plus ou^moinsperdu de vue Tgalit essentielle des personnesdivines.

    Les uns, avec Tertullien, saint Hippolyte,Novatien, imaginent au sein de Dieu je nesais quel partage de la substance divine, qu'ilsappellent conomie, dispensation, et qui n'estpas sans analogie avec certaines imaginationsgnostiques.

    D'autres, comme surtout le grand Origne,insistent beaucoup sur la prrogative du Pre,source unique de la divinit; ils l'appellentseul Dieu par essence aToeo, o 0so - etse font en quelque sorte scrupule de commu-niquer ce nom aux autres personnes, qui sont

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    36 LE DOGME DE NICEE.conscient du dpt qu'il garde, il pourra bienmailler sa prose pastorale des fleurs de cetterhtorique qu'il avait enseigne glorieusement,au dire de saint Jrme, fleurs qu'il sme avecun sourire. Mais n'attendez pas qu'il porte lamain sur l'enseignement traditionnel. S'il tou-che au mystre de la Trinit, c'est en termestoujours choisis, mais toujours sobres etsvres, et qu'on devine tout voisins de lacatchse baptismale. S'il doit composer, a lademande d'un de ses fidles, un manuel de ladoctrine chrtienne, ou, la demande d'unautre, un manuel de la prparation au mar-tyre, il les compose de la moelle des Ecritures,avec une richesse d'informations et une sretdans le choix, qui nous remplit d'admiration.Vienne la dfinition de Nice, elle entrerasans effort dans les cadres doctrinaux d'unsaint Irne ou d'un saint Gyprien.Tels furent sans doute les papes du iif si-cle, ces hommes de Dieu qui nous sont peineconnus par quelques brves et rares paroles,mais qui gardaient la foi de l'Eglise et au be-soin mouraient pour elle : le pape Corneille,type de bon pasteur, antithse vivante du mer-cenaire que fut l'antipape Novatien ; le papeEtienne, dont l'hritage littraire tient enquelques mots, mais caractristiques : Pointd'innovation; rien que la tradition Nihil

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    ^ LA PREHISTOIRE DE L'HOMOOUSIOS. 37innoetur, nisi quod traditum est; le papeSixte II, dcapit la vue de son peuple, peude jours avant saint Gyprien; le pape Denys,dont nous connaissons l'intervention prs del'vque d'Alexandrie, son homonyme, enfaveur de l'jxoouGto.

    L'anne 313 marqueune date capitale dansl'histoire de l'glise. Elle merge de la grandeperscution, La victoire de Constantin au pontMilvius, puis l'dit de Milan, ont chang l'orien-tation religieuse du monde. Le pape Miltiadc,puis le pape Silvestre vont, sur l'invitation deConstantin, prendre en main une question trspineuse concernant l'glise d'Afrique, celledu schisme donatiste. Le concile d'Arles, aprscelui de Rome, va prononcer dans cette ques-tion les paroles dcisives. Rome est, sanscontestation possible, le centre catholique del'Occident. L'Orient se partag entre Alexan-drie et Antioche. La question arienne va sur-On s'est demand si l'arianisme doit tre

    appel une hrsie proprement alexandrine.La rponse ne peut tre donne en un mot. Ilest sr qu'Alexandrie produisit, au iif sicle,des esprits aventureux : nous avons nommClment, Origne, saint Denys lui-mme, Tou-

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    38 . - LE D.OCtME DE NICEE.jusque dans leurs carts, ,cas ^opte^rs lurentcatholiqiijies, d'intention et delajt. On les trouveparticulirement fermes sur rternit du Verbedivin et contre Ja ,thorie de la goration tem-.pprelle : or ce sont l des points particulire-ment scabreux dans la thologie antnicenne.De fait, quand Arius veut justifier sa doctrine,ce n'est point la tradition alex:ajidrii>e qu'ilfait appel; il se tourne vers Aiitioche, il crit Eusbe de Nicomdie cette letlre fameuse quenous aurons occasion de lire, et o il l'appelleson confrre en Lucien . C'est, en effet, l'cole de Lucien d'Antioche .qu'il a reu saformation intellectuelle : Lucien, personnagenigmatique, prtre d'Antioche, mis au ban del'Eglise par trois vques suacessiyement, nan-moins mort martyr et insr au martyrologeromain, fut Je matre de cette brillante pliadeque nous .trouverons autour 4'Arius, et qu'ins-pire non rallgorisme d'Alexandrie, mais lelittralisme s.cripturaire d'Antioche. Si l'oncherche le berceau de l'hrsie, il est l. Ariusest Antiohien d'ducation; la traditiond'Alexandrie est plutt personnifie par sonvque Alexandre.

    Nanmoins, c'est d'Alexandrie que jaillitl'tincelle. Tout ce qu'il y avait, en Asie sur-tout, de matire inflammable, prit feu aussitt.

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    CHAPITRE IILES ORIGINES DE l'hRSIE ARIENNE

    Si nous prouvons quelque difficult nousorienter dans le ddale des origines ariennes,ce n'est pas prcisment faute de guides qua-lifis. (Ils ne disent pas tout, mais ils sontnombreux. Le pre mme de l'histoire eccl-siastique, Eusbe de Gsare, fut, ds la pre-mire heure, ml au mouvement arien; il s'enest occup dans ses crits pastoraux d'abord,puis dans ses crits historiques, notammentdans sa Vie de l'Empereur Constantin .Avec plus d'autorit dogmatique, saint Atha-,nase touche l'histoire arienne dans ses nom-breux ouvrages polmiques, o revit un demi^-sicle de lutte contre l'hrsie. Eusbe etAthanase furent prsents au Concile de Nice;fort diffrents d'esprit et de caractre, leursdpositions se compltent l'une l'autre et secontrlent. A la fin du iv sicle, saint pi-phane de Chypre, qui a vu le dclin de l'aria-

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    40 LE DOGME DE NICEE.runies dans son Panarion; c'est l, non plusun tmoin oculaire, mais un rapporteur, docu-ment de premire main. Il y en a beaucoupd'autres : saint Basile, saint Grgoire deNazianze, saint Grgoire de Nysse, et tous lesprincipaux Pres de l'Eglise grecque auiV sicle, ont pris contact avec les Ariens. Aucommencement du sicle suivant, l'histoire d'ailleurs mutile de Philostorge apporteun contrle d'autant moins .ngligeable qu'ilmane d'un Arien dclar. Au v sicle, lepril arien est conjur dans l'empire d'Orient;les grands voques font face des dangersplus actuels; mais les historiens recueillentles souvenirs des gnrations prcdentes.Aprs les annalistes connus, Thodoret,Socrate et Sozomne, Glase de Gyzique critune Histoire du concile de Nice qui, malgrdes lacunes, sauve de l'oubli plus d'un faitnotable.

    Voil pour les seuls auteurs grecs. Parmiles Latins, nous trouvons, au premier rang,saint Hilaire de Poitiers, l'Athanase de l'Occi-dent, qui a vu les Ariens l'uvre en Gaule eten. Phrygie, et n'a cess de leur tenir tte avecun zle clair. Saint Ambroise, saint Jrme,saint Eusbe de Verceil, saint Phbade d'Agenet beaucoup d'autres ont aussi combattu l'aria-

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    LES ORIGINES DE L'HERSlE ARIENNE. 41tous les hrsiologues latins l'ont dcrit. Dansl'uvre immense de saint Augustin, la rfuta-tion de l'arianisme, dj frapp mort, netient qu'une place restreinte; nanmoins, ausoir de sa vie, le docteur d'Hippone a rencontrdans l'vque Maximinun reprsentant notablede l'arianisme germanique, import en Afriquepar les Vandales, et qui, en Gaule, en Espagne,allait prolonger durant des sicles la rsistance l'glise romaine. Il nous le fait coimati-eavec une grande prcision. En regard de sescrits polmiques, son immortel ouvrage sur la Trinit reprsente une 'contributioncapitale la mtaphysique du dogme deNice.

    Cette revue, trs incomplte, suffit montrerque l'arianisme n'a rien d'une doctrinemythique; il a vcu en plein jour de l'histoire,et aucun effort d'imagination n'est ncessairepour en restituer l'image fidle.Pourtant ces tmoins autoriss, nombreux,sont loin de satisfaire toujours notre lgitimecuriosit. A rapprocher leurs dpositions, nousconstatons d'abord que souvent ils se copientles uns les autres ; puis, que parfois ils secontredisent, d'aprs la diversit de leurspoints de vue ou de leurs sympathies. Ils nousrendent le service de mettre notre prudence en

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    LES ORIGINES D,E L'HRSIE ARIEME. .43.ordonn diacre; .mais cerMine collusion avecMlce, vqne gyptien et auteur d'unschisme, l'avait fait excommunier. Achillas,successeur de Pierre, avait rconcili Arius etl'avait mme ordonn prtre. Sous l'voqueAlexandre^, successeur d'A.hUla^, il taitcharg de l'iglise dite Baucalis, et y expliquaitFEcriture sajnte au peuple, avec grand succs.Nanmoins,, son enseignement inquitait cer-tains auditeurs. Alexandre ravertlt; loin dedfrer ravertissement, Arius s'ancra dansses ides personnelles. Q.u'taient au juste cesides ? Nous en emprunterons l'expression lui-mme; non pas aux professions de foitudies, o il surveille sa parole, mais' aux-productions plus libres du dbut.Vers l'anne 321, Arius, dont la positiondevenait difficile Alexandrie, a cherch unrefuge aux rives du Bosphore, chez Eusbe,vque de Nicomdie, jadis son condisciple l'cole de Lucien. L, il compose la clbre Thalie , chant populaire, prose et versmls, l'usage des gens du peuple : matelots,tourneurs de meules et conducteurs d'nes.

    L'ide de recourir la versification pourfaire entrer la doctrine dans ls cerveaux popu-laires n'est pas d'un sot, et, vers la fin de cemme iv" sicle, saint' Augustin ne ddaignera

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    44 LE DOGME DE NICEE.comprendre aux braves gens d'Hippone surquoi l'on dispute entre catholiques et dona-tistes. Il ne faudrait pourtant pas rpondre queles matelots et les niers d'Alexandrie com-prenaient toujours ce qu'Arius avait pris lapeine de versifier leur intention ; nous proc-derons une expertise, en usant d'une tra-duction aussi littrale que possible; elle prou-vera surabondamment que les couplets de la Thalie offraient bien quelque liifficultpour des cerveaux un peu pais. Mais ceuxqui n'avaient pas perdu tout souvenir de leurcatchse baptismale, ne pouvaient manquerde s'apercevoir que la composition d'Ariusrendait un autre son, et tendait, en somme, draciner de leurs mes la foi qu'ils avaient trssimplement embrasse.

    Voici le dbut de la Thalie* :Selon la foi des lus de Dieu, comprenant Dieu, enfants

    saints, droits, possdant l'Esprit Saint de Dieu, voici ceque j'ai appris des privilgis de la Sagesse, hommesdistingus, instruits par Dieu, pourvus de toute sagesse.Sur leur trace, j'aimarch d'accord, moi !e [matre] illustre,trs prouv pour la gloire, de Dieu; l'cole de Dieu,j'ai appris la sagesse et la science...Dieu ne fut pas toujours Pre; il fut un temps o Dieutait seul, n'tant pas Pre encore ; ultrieurement, il estdevenu Pre. Le Fils n'a pas toujours t. Toutes chosesont t faites, de rien ; toutes sont cratures et uvres :ainsi le Verbe de Dieu lui-mme a-t-il t fait de rien ; il

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    LES ORIGINES DE L'HRSIE ARIENNE. 45y eut un temps o il n'existait pas; il n'existait pas avantd'tre fait; lui-mme commena par^ tre cr. Car Dieutait seul; il n'y avait pas encore de Verbe et de^Sagesse.,Puis, ayant dcid de nous produire, il fit un certain tre,et l'appela Verbe, Sagesse, Fils, voulant par lui nous pro-duire. Il y a donc deux Sagesses : l'une propre etcoexistante Dieu; par cette Sagesse, le Fils a t fait;participant cette Sagesse, il est seul appel Sagesse etVerbe. Car la Sagesse doit l'tre la Sagesse, de par lasage volont de Dieu.Pareillement, il y a en Dieu un autre Verbe distinct duFils : participant ce Verbe, le Fils, son tour, est appelpar grce Verbe et Fils...

    Dans d'autres crits d'Arius; on lisait^ :Il y a diverses puissances : l'une, est, par nature^ propre Dieu et ternelle. Le Christ n'est pas la vraie puissancede Dieu, mais une des susdites puissances, entre autres,comme la sauterelle et la chenille ; d'ailleurs, il n'est pas

    appel simplement puissance^ mais grande puissance. Ilexiste beaucoup d'autres puissances semblables au Fils :David les dsigne dans le Psaume, en disant : Seigneurdes puissances. Par nature, le Verbe est^ comme noustous, sujet au changement ; mais, par son libre arbitre,tant qu'il veut, il demeure bon : il dpend de lui dechanger comme nous, car il est, par nature, soumis auchangement. Aussi Dieu, prvoyant qu'il serait bon, luia-t-il prdestin cette gloire qu' titre d'homme, par sa .vertu, il conquit ultrieurement. Ainsi est-ce raison deses oeuvres prvues que Dieu l'a fait ce qu'il est.,.Le Verbe n'est pas non plus vrai Dieu. Si on l'appelleDieu, ce n'est pas dire qu'il soit vrai Dieu : l'tant parparticipation de grce, comme tous les autres [hommes],lui-mme n'est Dieu que de nom. Comme toutes chosessont par essence trangres Dieu et diffrentes, ainsi

    1. 76^., 5-6, 21-24.

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    46 LE DO'GfM DE MCEE.le Verbe est-il absolument tranger au Pre et diffrent'par ssric et proprit ; il appartient a l'ordre des uvreset ds cratures, tant l'une d'elles.

    Encore dans la Thalie :Le Pre est invisible au Fils mme; le Verbe ne saurait

    voir ni connatre parfaitement et exactement son Pre;s'il connat et''.roit, c'est selon la mesure de sa' science etde son regai'd, comme nous-mmes connaissons selonnotre propre force. En effet, non seulement le Fils neconnat pas exactement le Pre, impuissant qu'il est lecomprendre, mais le Fils mme ne connat pas sa propreessence. Les essences du Pre, du Fils et du Saint-Espritsont spares par nature, trangres, disjointes, sanscontact ni communication entre elles : ils diffrent entreeux d'essence et de gloire, jusqu' l'infini. Donc le Verbe,en fait de gloire et d'essence, diffre totalement soit duPre, soit du Saint-Esprit. 11 existe part ; le Fils n'a riende commun avec le Pre.

    Saiiit Athanase, qui nous a conserv , cestextes, ne trouve pas d'expression assez fortepour fltrift le blasphme. Arius, auteur de la Thalie , c'est le serpent recourant ausophisme pour sduire la premire femme.Gomment le ciel et la terre n'ont-ils pas frmen entendant l'ennemi du Christ'? Goffinent lesoleil n'a-t-il pas refus sa lumire? Dieu sedoit li-mm de faire justice ; ou plutt,justice est dj faite par la sentence du conciliscumnique, retranchant Arius de la commu-nion des fidles.

    Athanase crivait plus de vingt . ans aprs

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    LES ORIGINES DE L'HRSIE ARIENNE. 47le^ dbuts d'Arius. Mais rindignation quivibre dins ses pages esi; vive comme au pre-mier jour. Il li se dande pas si tel trait,repris par Arius, ne se rencontrait pas dj,autrement encadr, dans la littrature alexan-drine; non, Athanase, toujours prt prendreen bonne part les assertions les plus osesd'Oigne, se trouve, cette fois, en face d'unvritable blaspbiateuf et d'un suppt deSatan.

    Origne a bien pu insister imprudemmentsur la prrogative du Pre, jusqu' lui subor-donner l Fils, ion seulement par le fait desa procession, mais par une diffrence dansla participation l divinit : le Pre seulest Dieu au sens plnier, Autotheos, hoTheos, le Fils n'est Dieu qu'au sens amoindri,Theos: Atbanase ne demande qu' trouverdans cette assertion et autres semblables unsens acceptable; pour Arius, il ne songe point l'excuser, et son ressentiment est l'cho dupremier accueil fait par l'Eglise d'Alexandrie l'arianisme naissant.En regard du manifeste d'Arius, mettonsdonc les crits pastoraux de l'vque Alexan-dre. Nous en possdons trois. D'abord, unelettre encyclique l'piscopat d'Orient, toutepleine de doctrine, tmoignage -de sa vivesollicitude. Puis, une second encyclique,

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    LES ORIGINES DE L'HRSIE ARIENNE. 49rglise. Le mystre dont ils s'enveloppent apu quelque temps faire illusion; dsormais,ils sont percs jour.Mais le plus douloureux est de voir cestratres rencontrer parfois des approbationsdans les rangs de l'piscopat. Aprs avoirrfut longuement, l'Ecriture en main, les blas-phmes d'Arius et d'Achillas, l'vque signalele fait de trois vques ordonns en Syrie,se faisant leurs complices; il abandonne cesvques au jugement de leurs pairs, mais nepeut se dispenser d'opposer la doctrinenouvelle l'authentique expression de la foiapostolique. Suit un symbole de foi, quiaffirme l'ternit, la divinit du Fils parfai-tement semblable son Pre.En finissant, l'vque annonce l'excommu-nication d'Arius et d'Achillas. Il prie ses frresdans l'piscopat de ne les point accueillir, dene point ajouter foi leurs paroles menteuseset de lui faire parvenir le tmoignage critde leur union dans la foi.

    Cette lettre adresse l'piscopat d'Egypte,de Thbade, de Libye, de Pentapole, deSyrie, de Lycie, de Pamphylie, d'Asie, deGappadoce et d'autres contres encore, valutsrement son auteur des adhsions critesen grand nombre. On y prend sur le fait la

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    50 LE PQ&ME DE NICE.philosophie du sicle, mais siir la parole dePieu, et fais^pt j faillir de ryangile

    mme laformule exacte des dogmes. Mais elle ne putmettre fin aux preuves de l'glise d'Alexan-drie. IJne autre encycliqiie, omise par ThQ-doret, nous a t conserve par Socrate* etGlase d,e Gyzique. Elle mpntre que les v-nements pnt march.

    L'yque aurait voulu pouvoir garder lesilence sur ces conflits douloureux et laisserle mal s'puiser de lui-mme. Il ne le peutpas, depuis surtout qu-Eusbe, vque deNicomdie, a pris ouvertement parti pourles rebelles', et envoie dans toutes les direc-tions des lettres en leur faveur. Il dsigneradonc les apostats par leurs noms : Arius etonze autres. Aprs avqir rsum leurs doc-trines, d'aprs les dveloppements plusconsidrables de la lettre prcdente, il ajoutequ'il n'a rien pargn pour les amener rsipiscence. Reste pleurer sur la perte deceux qui ont voulu se perdre. Une fois deplus, l'vque met ses correspondants engardp contre les lettres captieuses d'Eusbede Nicomdie. Enfin, il joint sa signatureles noms des clercs d'Alexandrie et de Ma-rotis qui adhrent la prsente lettre : pour

    1. SOCRATE, H. E., 1, 6; PG., LXVII, 44-52.

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    LES ORIGINES DE L'HEHESIE ARIENNE. 51 .Ale3fadrie, 17 j^rtres et 14 diacres; pour leMarptis, 1.6 prtres et 16 diacres.La troisime lettre d'Alexandre nous a tconserve par saint Athanase. Ce n'est plusupe encyclique, mais une lettre pastorale'.Alexandre aux prtres et. diacres d'Alexandrie et du

    Marotis, moi prsent vous prsents, Frres bien aimsdans le Seigneur, s^lut.Bien que vous ayez dj souscrit les lettre^ que j'crivis Ariuset aux siens, les invitant renier l'impit et s'attacher la foi saine et catholique ; bien que tous ayezmanifest votre bqnne rsolution et Votre attachement auxdogmes de l'Eglise catholique ; nanmoins, ayant crit mes collgues dans l'piscopat du mond entier au sujetd'Arius, j'ai cru ncessaire de vous runir, vous, clercsde la ville, et de vous mander, vous, clercs du Marotis ;d'autant que, de vos rangs, Chars et Pistos, prtres ;Srapion, Parammon, Zosime et Irne, diacres, se sontjoints aux partisans d'Arius et ont voulu tre dposs aveceux; afin de porter votre connaissance le prsentcrit, et de vous donner occasion d'y adhrer et de souscrire la dposition de ceux qui adhrent Arius et Pis-tos. Car il convient que mes crits vous soient connus, etque chacun les garde en son cur, comme ses proprescrits.

    Le fait que deux prtres et quatre diacrestaient alls rcemment grossir le parti d'Ariusmontre que les camps se tranchaient de plusen plus, et que 'vque d'Alexandrie devaitfaire face des dangers trs pressants.Et maintenant, reprenons la carrire, assez

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    52 LE DOGME DE NIC.mouvemente, d'Aritis. Le premier avertis-sement de son vque l'avait trouv rcalci-trant. Il se souvint alors de ses ancienscondisciples, dont quelques-uns occupaientles premiers siges piscopaux d'Asie, et deleur commun matre, Lucien d'Antioclie.

    L'histoire ecclsiastique offre peu de pro-blmes plus irritants que le caractre deLucien d'Antioche, ce prtre savant, qui futle matre respect du toute la premire gn-ration arienne. Dans sa premire encyclique,cite plus haut, Alexandre d'Alexandrie affirmeque Lucien vcut excommuni sous trois.voques conscutifs; il s'agit sans doute destrois premiers successeurs de Paul de Samo-sate sur le sige d'Antioche : Domnus, Timeet Cyrille. L'affirmation d'Alexandre est abso-lument isole

    ;certains auteurs la tiennent

    paur rcusable. D'autant que la. lettre quinous l'a transmise provoque la discussion surd'autres points. Elle tablit un lien entrela mmoire de Paul de Samosate et la doc-trine d'Arius. Ce lien parat entirement factice.La pense de Paul de Samosate, pour autantque nous la pouvons ressaisir, tait un ratio-nalisme lgant et superficiel qui, pouraccommoder le christianisme la mode dusicle, se dbarrassait de la Trinit. Il ne

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    LES ORIGINES DE L'HRSIE ARIENNE. 53dans le sol. antiochien; nous ne le recon-naissons gure ni dans le littralisme scriptu-raire de Lucien d'Antioche, ni dans l'arianisme,qui nous est beaucoup mieux connu. Maisenfin Alexandre d'Alexandrie affirme queLucien vcut trs longtemps sous l'anathme ;il consigne cette affirmation dans un docu-ment trs grave, qui sera rpandu, denombreux exemplaires, en des lieux o Luciena vcu et demeure trs connu, car sa mort neremonte pas dix ans. L'voque d'Alexandriedevait savoir ce qu'il disait. Par ailleurs, ilest constant que Lucien, quels qu'aient putre ses torts, se rhabilita par le martyre,qu'il endura le 7 mai 312, Les loges que luiont donns non seulement Eusbe de Csare,tmoin suspect, mais saint Jean Ghrysostomeet Pallade et Rufin, ne permettent pas dedouter qu'il soit mort dans la paix de l'Eglise.11 est inscrit au martyrologe romain, commesaint Lucien d'Antioche. Quant son ensei-gnement dogmatique, rsignons-nous l'igno-rer. Il y a bien un symbole mis sous son nom,trente ans aprs sa mort, par un synode d'An-tioche, qui cherchait une voie moyenne entrele symbole de Nice et l'arianisme; ce sym-bole ne se rattache lui par aucun lienvrifiable.

    n'est c'est le culte

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    54 , LE DOGME DE NICEE-vou l mmoire de Lucien par Arius etses amis. Ds le dbut de la .crise^ Ariusadressait son ancien condisciple Eusbe,prcdemment vque de Bryte, rcemmentpromu au sige de Nicbmdie, une lettreamre, qu'il faut lire en entier, malgr sonstyle pteux, et malgr ses mensonges, carelle renferme des informations notables surles homifies et sur les choses de i'arianisme\A 'mon trs cher Seigneur, liomine de )ieu, fidle,

    orthodoxe, Eusbe, AriUs perscut injustement par lepape Alexahdre poiir la vrit qui triomphe de touty dontvous aussi tes le dfenseur, dans le Seigneur, Salut.^ yMon pre Ammonios se i-endant Nicorhdie, j'ai criidvoir vous adresser la parole par lui, et en riime tempsvous rappeler l'affection dont vous tes naturellementanim pour vos frres en Dieu et en ^ son Christ. Car ilrios afflige grandement, nous poursuit et nit tout iibranle conti'e nous, cet vque, jusqu' iius chasser dela ville comme athes, parce que nous n'approuvons pasle thme de ses prdications : Toujojirs Dieu, toujoursFils ; avec le Pre, le. Fils ; le Fils coexiste sans gnra-tion Dieii; il est enfant ternellement, eilfant sansgnration ; ni par la pense, ni par un instant. Dieu neprcde le Fils; toujours Dieu, toujours Fils;- de Dieumme est le Fils. Eusbe de Csare, votre frre, etThodote, et Paulin, et Athanase, et Grgaire, et Atius,et tous les Orientaux, pour avoir dit que Dieu prexisteau Fils sans commencement, ont, encouru ranathme;seuls y chappent Philogone, Hellaiiicos et Macair, hr--tiqiis ignorants, qui appellent lePils soit rlictation, soitprojection, soit coinengehdr. Je ne saurais entendre detelles impits, dussent les hrtiques me menacer deL Thodoret, ^; .f I, 4; PG:^ LXXXII, 909-912.

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    LES ORIGINES ti L'MRSI ARIENNE. 55mille morts. Quelles sont doic fios pardles, iid penses,notre enseignement d'hier et d'aujourd'hui? que le Filsn'est ni engendr, ni partie d'inengendr en aucimenianire, ni tire d'ri slijet prexistant; mais que, par lvolont et le deseih (dti Pr)^ il bbttimena d'tre, avantles temps et les ges, Dieu parfait^ Fils unique, inalt-rable. Avant d'tre engendr ou cr, ou dcrt, oufond, ii n'tait |)s : car il n'tait jjs inengeridr, iinbus poursuit pbur avoir dit : Le Fils a tin commence-ment, Dieu n'a point de commencement. Voil pourquoil'on nous poursuit, pour avoir dit qu'il a t fait de rien :iioUs l'avdn^ dit, en ce shs qu'il n'est poiiit partie de Dieu,iii tir d'un sujet prexistant. Voil pourquoi l'on nouspoursuit. Vous savez le reste.

    ^ Portez-vous bien dans le Seigneur. N'oubliez pas nospreuves, vous, ntre vrai confrre eh Lucien, Kusbe.

    Eii opposant aux assertibiis de rvqii'eAlexandre d'ailleurs outrageusement tra-vestiies le^ ssertitis d'Aritis, cette lettreclair tout le fond de l nouvelle ht-sie : leFile a cbmmenc d'tre, il a t fait de rien,non engendr de la substaiic diviie; il estune crature. Arius est iih de ce exoucon-dens doht parle l'vque Alexandre, jJiir qiiile Verbe de )iu a t fait d riii : ex oukntn.

    Et nous voyons dfiler, d'une part, toutl'tat-mjor de l'arianisine : Eiibe de Nic-radi, Eub d G're, Thdddte d Lad-dice, Paulin de Tyr, Athanase d'Anazarbe,Grgoire de Bryte, Atius de Lydd;d'autrepart, (^iilqes dfnseiirs d l tradition

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    LES ORIGINES DE L'HRSIE ARIENNE. 57concerter avec l'vque Eusbe, il recueillitles chos du conflit dchan par tout l'Orient.Les laques s'en mlaient : un sophiste, nommAstrius, allait de ville en ville faire une cam-pagne de confrences. Des conciles s!assem-blaient : en Bithynie, autour d'Eusbe deNicomdie ; en Palestine, autour d'Eusbe deGsare; on y voyait Paulin de Tyr et Patro-phile de Scythopolis. De l, Arius recevait desconseils de modration : on trouvait dans sadoctrine des parties indfendables ; et quoi-que l'on tnt pour non avenue son excommu-nication et celle de ses adhrents, on l'enga-geait recourir son vque pour obtenir sarintgration.Arius se laissa persuader. Il rdigea, pourl'voque Alexandre, une lettre polie et luisoumit un symbole. Rapproch de la Tha-lie , le symbole marque un certain amende-ment : Arius dit encore que le Fils est unecrature, mais il ajoute qu'il n'est pas unecrature comme les autres. S'il parle de gn-ration, il souligne plus fortement le caractreunique de la gnration du Verbe. Mais ilcontinue de revendiquer pour le Pre le privi-lge de l'ternit, de l'immutabilit,, c'est--dire, en somme, de la divinit au sens strict.Il rdite ses dclarations antrieures contred'anciennes hrsies^ mais passe ct de la

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    58 L D'baME IJNit.vraie doctrine, et quand il i^rteiid ddiiiier rfeilsbignemnt d'Alexandre uii cho fidle, ilffiilt effrOitmnt

    ^,

    A notre bienheureux pape et vque Alexandre, lesprtres et les diacres, dans le Sigiitir, sliit. 'La foi que nous tenons de nos jirs, que vous-mrii.nous avez enseigne j est celle-ci. Nous reconnaissons unseul Dieu, seul inengendr, seul ternel, seul sans com-iniicement, seiil vi'ai, seul iihmbriel, seul ge, seul bon,seul puissant, juge, administrateur et dispensateur detoutes choses, immuable et Inaltrable, juste et bon, quiest ie Dieu de la Loi et des jProphtes et du Nouveau Tes-tament; qui a enfant, avant les tfein|is ternels, un Filsunique, par qui il a fait les sicles et toutes choses ; il l'aenfant non en apparence, mais en ralit : il l'a faitsubsister par sa propre volont, immuable et inaltrable,Jiarfite crature, de Dieu, mais riori comme l'une dscratures; progniture, mais non comme l'un des tresengendrs; nous cartons. le dogme de Valentin, quidcrit la progniture du Pre comme une projection;hoiis cartons l'expliatioii de Mahs, qui fait de la pro-gniture une partie consubstahtiell du Pre ; nous car-tons l'assertioii de Sabellius qui, divisant la Monade, parledu Fils-Pre; nous cartons celle d'Hiracs, qui parled'die toi''ch'e issue d'une torch','' ou d'une lampe parta-ge en deux ; nous ne disons point (\ix\m tre prexistanta t ultri'urement engendr ou surdifi en Filis :'ainsi vous-mme, bienheureux pape, en pleine glise etdans le conseil, avez souvent rcris ceux qui nonaientde telles choses. Mais nous disons. que par la volont deDieu, avant les temps, et les sicles, il a t cr, il areu la vie et l'tre du iPre, qui fit encore subsister aveclui sa gloire. Carie Pre, en lui Sonnaiit- l'hritage detoutes choses, ne s'est poini appauvri des biens qu'il pos-sde en lui-mme sans gnration : vu qu'il est la sourceU Cite par thanase, De SynodU, 16; P6., XXVI, 708-712*

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    LES ORIGINES D L'HRSIE ARIENNE. 59de toutes choses. Ainsi,, il y a trois hypostses. D'abord,Di.eU; cause de ioules choses3 absolument seul sans prin-cipe. Puis, le Fils, engendre hors des temps p'ar le Pre,cr, fond avant les sicles : il n'tait point avant d't,reengendr, inais engendr hors des temps avant toittes

    , choses, seul dOjpar leiPre il commena de subsister. Caril n'est point triil, iii coteriil, ni coinengendr avecle Pre; il li' point l'tre avec le Pre, comiie disantquelques-uns des. i-elationsj introduisant parla deux prin-cipes inengendrs : mais comme il est la Monade et leprincipe de foutes choses, ainsi t)ieti est-il vaiit touteschoses. Aussi st-il mme avant le Fils : aussi l'iivoiis-rioiisappris de vous, qui le prchiez en pleine glise. Donc,commeil tient de Dieu l'tre et la gloire et la vie, commetoutes choses lui ont t remises, aiiisi a-t-il Dieu pourprincipe, Diii l dohiiri, comih tant son Dieti et avantlui. Si les mots : de lui-mme , ou de son sein , ou je suis sorti du Pre et je suis venu , sont eiitendus parquelques-uiis comiri d'iih partie consbstantiell ou d'uneprojection, il s'ensuit que Did est coinpos, divisible,muable, corporel, d'aprs eux; et il ne tiendra pas euxqu'il n'prouve toiit ce qu'prouvent les corps, le Dieuincorporel.

    Le dsaccord tait irrductible. GependaiiiAriuSj passant outre l sentetice de oilvqiie, tait rentr dans Alexandrie.Alors intrviitt un personnage important :ce n'tait rien nioins que Femperir Constan-tin. Avec la navet d'un catchumne, ilse persuada qu'un acte de sa volont souve-raine suffirait ramener l'ordre; et, par unelettre adresse aux deux partis, il leur signifiaqu'il n'aimait point les querelles.

    Mais, avant de raconter ce coup de thtrey

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    60 LE DOGME DE NICE.il faut mentionner une dcouverte qui faillit,il y a un peu moins de trente ans, bouleverserl'histoire des origines ariennes.

    S'il faut en croire un savant d'outre-Rhin,M. Otto Seeck, la premire immixtion de lapolitique, dans le conflit arien daterait de plus ,haut, et elle serait le fait non de Constantin,mais de Licinius, empereur d'Orient, agissant l'instigation d'usbe de Nicomdie'.Le premier fondement de cet audacieux sys-tme est un mot de saint Jrme qui, dans salettre fameuse Gtsiphon, note en passantque, pour sduire le monde, le diable com-mena par sduire 4a femme de l'empereur :ce mot vise Gonstantia, sur de Constantin,marie Licinius et notoirement domine pardes influences ariennes. L-dessus, on supposeque Licinius fut gagn par sa femme la causede l'arianisme, il perscuta les catholiques, etprit, ds l'anne 321, l'initiative d'un concilecumnique, lequel devait se tenir Nice.On explique la chose ainsi. Eusbe, d'abordvque de Bryte, venait d'changer ce sigeobscur contre le sige resplendissant de Nico-mdie, la ville impriale. Il tait alli lafamille de l'empereur et avait ses entres lacour de Licinius : on en trouve la preuve dans

    1. Otto Seeck, Untersuchungen zur Geschichle des nicanisi-chen KonzUs. Zeitschrift fiXr Kirchengeschichte, 1896.'

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    !32 LE DpGME DE:NIC]p.pans une lettre thrQolpgiqiie, o il GQiabqit I'I^^trsie de Pelage, saint Jrme nonce en pas-sant uae th^e gnrale : depuis J^ paradisterrestre, le diable a constamment fait servirles femmes l'accomplisseinent des ses tn-breux desseins, particulirement en matired'hrsie.. Il confirme cette t]ise par diversexemples, notamnient l'exeinple 4^ Gonstantiaqui fut, on le sait, zle arienne. }1 n'y a pasl de quoi transformer son pqux Licinju^ enarien, et en perscuteur des cathpliques pourle compte de 'arianisme. Licinius fut un fraucpaen; et la perscution qu'il iiiaugura, dsl'anpe 314, fijt des victipies non seulementparmi les catholiques, mais encore parmi lesAriens, d'ailleurs en petit nombre. Au coursdes annes suivantes, les deux mpitis del'enipire prennent des aspects bien tranchs :l'Occident, chrtien, autour de Constantin;l'Qrient, paen, autpiir de Liciniijs. Il est tout fait faux que la perscution ait t canalise,par les soins d'Eusbe de Nicomdie, au bn-fice des T^riens. Si ls choses s'taient passesainsi, nous le sauripns : au lendemain de ladfaite de Licinius, les auteurs ecclsiastiquesn'avaient aiicune raispn de le taire. L'historienEusbe de Csare, dont on connat lesatltaches ariegnes, sait gr Lieimus de latolrance dont il fit envers les chrtiens

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    , LES ORIGINES DE L'HERESIE ARIENNE. 63au dbut de son rgne; quant aux derniresannes, o sa rigueur s'aggrava, il ne le m-nage .point. On ne voit nulle part qU'Eusbede Nicomdie se soit fait l pourvoyeur desbourreaux, ni que Constantin lui ait reprochrien de tel. Quant la convocation d'un concilecumnique faite par un empereur paen,ft-ce au bnfice de Farianisme, c'est l uneide inoue. Constantin, empereur chrtien,prit, en convoquant le concile de Nice, uneinitiative sans prcdent. Enfin, si le texte deGlase de Cyzique parat entach d'une erreurchronologique incontestable, ce n'est pas uneraison d'y introduire une autre erreur, en cor-rigeant arbitrairement un nom propre.Au reste, Otto Seeck a trouv en Allemagneun contradicteur qui nous dispense d'insister = .

    Essayons de reconstituer, d'aprs des don-nes certaines, cette premire interventionimpriale dans la question arienne.En l'anne 323, Constantin, vainqueur deLicinius dans une lutte qui avait t celle del'Occident, conquis la foi chrtienne, contrel'Orient, obstin dans son paganisme, savou-rait avec complaisance la joie d'un triompheen apparence dfinitif. Il s'applaudit d'avoirrendu la paix au monde ; pas un doute n'efleu-

    1. Df Sigismund Rogala, Die Anfaenge des arianischenSircites. 1907. ^

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    LES ORIGINES DE L'HRSIE ARIENNE. 65lui-mme, le texte e prsente rien qui dninteson origine, rien que de conforme aux inten-tions trs droites d catchumne imprial et ses excessives prtentions. Il n'a point excitla dfiance des contemporains, et, au siclesuivant, l'historien Socrate en reproduit laplus grande partie. Enfin, Osius, un Latin, apu ne pas apprcier du premier coup la portede ce conflit entre Grecs : la suite de l'histoirearienne prouve que son bon sens n'tait pastoujours l'abri d'une surprise. Il paratdifficile de rcuser une pice si autorise. Nousen dtacherons quelques lignes caractris-tiques *.

    J'apprends que telle fut l'origine de ce diffrend. Vous, ,Alexandre, demandiez vos prtres ce que chacun d'euxpensait sur un certain texte de la Loi, ou plutt sur unpoint de dtail insignifiant Vous, Arius, avez misimprudemment une rflexion qu'il et fallu ne pas conce-voir, ou, j'ayant conue, ne pas communiquer. De lentre vous la discorde, amenant le refus de communion,la scission du peuple saint entre deux, au dtriment del'harmonie d'un mme corps. Eh bien! que chacun devous, montrant une gale indulgence, accueille la jaslesuggestion de votre o-'serviteur. Qu'est-ce donc? Qu'ilet fallu commencer par ne pas poser de telles ques-tions, et par n'y point rpondre. Car de telles recherches,qui ne sont prescrites par aucune loi, mais suggres parl'oisivet, mre des vaines querelles, peuvent- bien servird'exercice l'esprit, mais doivent tre renfermes ennous-mmes, non lances la lgre dans les runions

    .1. EusBE, Fe deConstantin, 11,69; PG.,XX, 1041-4.

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    66 : . LE DOGME DE NICEE. ; .publiques OU confies inconsidrment aux oreille^ diipeuple. En effet, combienpeu sontcapables de comprendreexactement la porte de matires si graves et si difficiles,ou de l'expliquer: comme il faut? Quand mme quelqu'unsemblerait pouvoir y russir, combien peu, dans le peii-ple, l'en croiront, ou qui, en des recherches si pineuses,saura viter un glissementprilleux? 11 faut donc, en cesmatires, mettre un frein au besoin de parler,, de peurque, l'infirmit de notre nature ne suffisant pas rsoudrela difficult, ou l'intelligence trop lente des auditeurs neparvenant pas comprendre exactement la rponse, parune voie ou par l'autre, le peuple ne soit fatalement in-duit en blasphme ou en schisme.

    Ces conseils partaient d'un bon naturel,niais ne devaient pas tre agrs d'un prtrequ prtendait en reniontrer son vque, etbeaucoup moins d'un vque tabli par l'EspritSaint pour, rgii* une glise et conscient deson devoir pastoral. L'ascendant personneld'Osius ne put les faire prvaloir. Aprs l'checde son envoy, Constantin eut la sagesse dereconnatre que la question relevait du magis-tre ecclsiastique. Il s'occupa de runir lconcile de Nice.

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    CHAPITREml'empereur de NiGE

    L'anne qui clt le seizime sicle rvoladepuis le concile de Nice, voit/ tomber linrayon de gloire sur Fempereur de IN^ic'e,Constantin le Grand. A vrai dire, sa mmoireen avait besoin; car les historiens modernesde l'glise lui sont plutt durs. Constantin adonn la paix l'Eglise et provoqu la dfi-nition dogmatique du Christ consubstantiel ;l'dit de Milan et le concile de Nice suffisent immortaliser son nom. Mais les tergiversa-tions de ses dernires annes dans la questionarienne, mais le sang de son fils an Crispuset de sa seconde femme Fausta, sont destaches difficiles laver. Ajoutons qu'il a eula mauvaise fortune de tomber entre les mainsd'un biographe trop complaisant. Eusbe deCsare, pre de l'histoire ecclsiastique, estun auteur ordinairement bien inform; maisesprit plus curieux que ferme, caractre sans

    ralli franchement

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    68 LE DOGME DE NICEE. la foi de Nice, il porte sa lourde part deresponsabilit dans la raction arienne qui sedessina au lendemain du concile et dchiratoute une moiti du iv^ sicle; familier deConstantin, il n'a pas exerc sur l'empereurune bonne influence ; biographe, il aborde satche avec un parti pris de louange qui nousexaspre, et se tait soigneusement sur cequ'il nous importe le plus de savoir.La carrire de Constantin prsente unautre aspect relativement peu connu. Soiiactivit quotidienne, pour traduire dans lesfaits une foi religieuse trs sincre et orga-niser chrtiennement l'empire, a pu chapper,pour une large part, l'historiographie offi-cielle ; la trace n'en est pas moins empreintedans son uvre lgislative ; c'est l qu'il fautla chercher. Ce travail vient d'tre accomplipar unjurisconsulte et archologue franais detrs grand mrite, M. Jules Maurice, qui a vcutrente ans dans la familiarit de ConstantinoOn lui devait dj trois volumes de numis-matique et d'histoire constantinienne, cou-ronns par l'Acadmie des Inscriptions etBelles-Lettres. Son rcent volume intitul :Constantin le Grand; Vorigine de la civili-sation chrtienne^ ^ est une revendication

    1. Paris, Editions Spes, 1925, iii-8, xii-308 pages.

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    / L'EMPEREUR DE NICE. 69efficace en faveur du premier Gsar chrtien;j'allais dire une rhabilitation.On' sait comment Diocltien, devenu empe-reur, l'ge de cinquante ans, jeta le monde ,romain dans un moule nouveau en crant safameuse ttrarchie. Deux Augustes doublspar deux Csars : ses yeux, il ne fallaitrien de moins pour entretenir la vie dans lesmembres disparates de ce grand corps. Tandisque lui-mme se rservait l'Orient et se fixait Nicomdie, o il allait faire figure deJupiter, il abandonnait Rome et l'Occident l'autre Auguste, Maximilien Hercule. L'Orienteut pour Csar Galre, une forte brute ,capable de mater les soldats; l'Occident eutConstance Chlore. Le choix de ConstanceChlore fut heureux. Quand, aprs vingt ansde rgne, Diocltien dchana sur l'Eglise lagrande perscution, la Gaule et la GrandeBretagne durent au Csar d'Occident unetranquillit relative ; la perscution y fit beau-coup de ruines, mais peu ou pas de martyrs.Cependant Galre, devenu par dmission deDiocltien, seul hatre de l'Orient, gardaitentre ses mains un gage : c'tait le jeuneConstantin, fils de Constance Chlore, dou"des qualits militaires les plus brillantes etsingulirement cher aux soldats. Constance

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    70. LE DOGME DE NICE.pour ce fils et se sentant lui-mme mourir,manda prs de lui Constantin : Galre neput s'opposer ce dpart, mais s'tait bienpromis que le jeune homme n'atteindrait pasvivant le terme du voyage. Constantin leprvint par un dpart brusqu; franchissantinopinmentle Bosphore, il utilisa les relais dela poste impriale pour gagner l'Occident toute bride et s'assura contre les poursuitesen coupant les jarrets des chevaux qu'il laissaitderrire lui. Le 25 juillet 306, York, ilrecevait le dernier soupir de son pre. Leslgions l'acclamrent Auguste.Le 31 mars 307, il pousait Fausta, fdle duvieil empereur Maximilien Hercule. Mais ilallait se trouver aux prises avec son proprebeau-frre, Maxence, fils du mme Maximien,devenu matre ou plutt tyran de Rome. En310, Maximien s'tait donn la mort, aprsavoir essay de tuer son gendre. Constantinne pouvait ignorer que Maxence levait destroupes en Afrique et se prparait revendi-quer par les armes la domination de toutl'Occident. Avec cette rapidit de dcisionqui tait dans son caractre, au mois de sep-'tembre 312, il descendait la valle du Rhne, la tte des troupes victorieuses qu'il venaitde conduire contre les Germains, forait le

    des avant la fin

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    L'EMPEREUR DE NICE. 71paraissait sous les murs de Rome. Au coursde cette marche foudroyante vers le Sud, unvnement s'tait produit que tous les tmoi-gnages s'accordent dclarer surnaturel.Tmoignage de Lactance, qui crivait, moinsde deux ans plus tard, Nicomdie. Tmoi-gnage d'Eusbe, qui en avait recueilli le rcitdes lvres mmes de Constantin et le rdigeaitaprs vingt-cinq ans. Tmoignage de l'ArienPlilostorge. Tmoignage d'Ammien Mr-cellin, le trs neutre annaliste. Tmoignaged'un pangyriste paen, parlant la courd'Arles en 321. La version d'Eusbe est laplus explicite. Elle parle d'une croix lumineuseapparaissant dans le ciel aprs midi, vers lachute du jour, aux yeux de Constantin et detoute son arme; en mme temps, on lut dansle ciel ces mots : TOTTOINIRA. Par l, tuvaincras,

    Constantin tait parti de Gaule paen. Ilsongeait alors relever le culte du Soleil,cher la dynastie Flavienne, laquelle il serattachait par le souvenir de l'empereurClaude II (268-270). Il arriva devant Romechrtien. Sur son ordre, les soldats marqu-rent leurs boucliers du monogramme duChrist : J.; sous de tels auspices, J'arme-de Maxence fut culbute, son chef prit dans

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    72 LEDOGME DE.mCE.Constantin entrait triomphant dans Rome ; leSnat, venu sa rencontre, voulut, pour luifaire honneur, marcher devant son char, laplace o, d'ordinaire, marchaient les captifs.L'arc rig au triomphateur, par la volontdu Snat et du Peuple romain, atteste luiaussi que cette victoire libratrice fut rem-porte par inspiration divine : instinctv divi-NiTATis. Dans la mmoire ds Romains,Maxence devint comme un autre Pharaonenglouti dans les eaux, et Constantin devintun autre Mose.Au commencement de l'anne 313, Cons-

    tantin,, empereur d'Occident, et Licinius,empereur d'Orient, se rencontraient Milanet arrtaient de concert la proclamation sui-vante c'est le clbre dit de Milan' ,:Depuis longtemps dj, considrant qu'on ne doit pasrefuser la libert du culte, mais laisser la raison et

    la volont de chacun la libre dcision des choses divines,nous avions ordonn aux chrtiens de garder fidlementle culte qu'ils ont embrass. Mais plusieurs sectes diff-rentes ayant t manifestement mentionnes par surcrotdans le rescrit par o cette facult leur fut concde, peut-tre quelques-uns d'entr eux se sont-ils vus bienttcarts de cette observance.Nous tant heureusement runis Milan, moi Cons-

    1. Texte latin original dans . Lactance, De mort. persecuL,PL., VII, 267-270; traduction grecque chez sbe, ff. E.,X, 5; PG., XX, 880-885. L'introduction (Depuis longtemps.,observance) manque dans le texte latin. Nous traduisons le texte

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    L'EMPEREUR DE NICE. 73tantin Auguste et moi Licinius Auguste, et ayant examintoiit ce qui intresse le bien-tre et la scurit de tous,entre plusieurs mesures d'utilit gnrale, nous avonscru devoir d'abord arrter ce qui concerne le respect dela divinit, pour accorder aux chrtiens et tous librepouvoir de suivre la religion de leur choix, afin que ladivinit cleste pt se montrer favorable et propice nouset ' tous nos sujets. Donc une pense salutaire et ladroite raison nous ont inspir de ne refuser absolument personne la facult de suivre l'observance chrtienne,soit telle religion qui sera plus sa convenance ; afiii quela divinit suprme, qui va le libre hommage de nosmes,, puisse nous accorder en tout sa faveur coutumireet sa bienveillance. Ainsi convient-il de faire savoir Votre Dvouement qu'il nous a plu, retranchant compl-tement ce qui concerne les sectes mentionnes dans nosprcdentes lettres votre administration au sujet dunom chrtien, de laisser dsormais vraiment et simple-ment chacun de ceux qui sont anims du dsir d'observerla mme religion chrtienne, le faire sans tre inquitni molest. Ce que nous avons cru devoir signifier trspleinement votre sollicitude, afin que vous sachiez quenous avons accord aux dits chrtiens libre et absoluefacult d'observer leur religion. Comprenant pleinementcette libert que nous leur avons accorde, Votre Dvoue-ment entend bien que nous avons pareillement accordaiix autres personnes pleine et entire libert de religionet de culte, dans l'intrt de la paix commune; ainsichacun pourra exercer le culte de son choix, attendu quenous ne voulons refuser aucune personne ni aucunereligion les gards qui lui sont dus. De plus, en ce quiconcerne les chrtiens, nous avons cru devoir statuerque, si les lieux o ils avaient prcdemment coutume dese runir, lieux mme expressment dsigns dans leslettres adresses votre administration, ont t jusqu'iciacquis soit par ntre fisc soit par quelque personne quece soit, ils soient restitus aux chrtiens sans frais, sarisstipulation d'aucun prix, en toute droiture et loyaut.

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    74 - LE DOGME DE NICE. ilement ls rendre aux chrtiens sans retard; d'ailleurs,ceux qui les auraient achets ou acquis titre de dons,pourront recourir , notre' bienveillance par le moyeri duvicaire'', afin que notre clmence avise leurs intrts.Tous ces biens devront tre livrs au corps des chrtienspar vtre entremise, de suite et sans dlai. Et comme ilest notoire que les dits chrtiens possdaient non'seule-riient des lieux de runion mais encore d'a,utres hienscorporatifs, c'est--dire appartenant leurs Eglises, iionaux particuliers, nous les comprenons tous dis la dis-position ci-dessus; vous les ferez rendre sans nulle anibi-guit ni controverse aux dits chrtiens, c'est--dire aucorps et aux coiiventicules des chrtiens, observant l.rgle susdite, savoir que ceux qui les auront rstilussans compensation, comme nous l'avons dit, pourrontattendre une indemnit de notre bienveillance. En toutceci, vous devrez prter au dit .corps des chrtiens votreentremise parfaitement efficace, afin que notre ordre soitaccompli saiis retard, notre clmence voulant par ce moyenpourvoir la paix publique. Ainsi adviendra-t-il, commenous l'avons dit plus haut, que la faveur divine, prouvepar nous en de si grandes choses, continue promouvoirnos succs avec le bonheur public: Et pour que cet actede notre bienveillance puisse parvenir la connaissancede tous, vous devrez le rpandre en tous lieux par voied'affiche et le porter la connaissance de tous, afin quenul li'ignore l'acte de rotr bienveillance.

    L'dit de Milan inaugurait utie politique1 . Vicarium postulent. M^'-' Ddchesne et P; Allard traduisen t :

    Qu'ils demandent une compensation. Effectivement, c'estbien de cela qu'il s'agit Mais il ne faudrait pas croire quevicarium est un neutre. C'est le nom du vicaire imprial, quil'on recourra pour obtenir cette compensation. Cf. la traductiongrecque officielle : upoffsGwcrt t(5 -nl foirv 7tp"/t> Swovti.

    , Cod. histin.,1, tii. xxxviu, i (des empereurs Yalentinien, ValensetGratien) : De officio yicani.-Incivilibuscausis vicarios comi-tibus militum convenit anteferri; in militaribus negotiis co-

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    L'EMPEREUR DE NICE. 75rsolument chrtienne. Pour la premire fois,le pouvoir imprial ne se bornait pas ignorerles chrtiens comme tels, ainsi qu'il l'avait laitdans rintervalle des perscutions; il lesreconnaissait officiellement et les admettait aubnfice du droit commun.

    Il est naturel de se dman.der pourquoiConstantin ne fit rien de plus. Mais si l'onrflchit la difficult de soulever le fardeaude l'empire romain, la somme norme detraditions que reprsentait l'tablissementdes Csars, on estimera que l'dit de Milanconstituait dj une bien grande nouveaut.D'ailleurs, Constantin ne s'en tint pas l.M. Jules Maurice a cherch une formulepour dfinir l'uvre politique de Constantin, etaprs mre rflexion, il s'arrte celle-ci : Il y eut, partir de Constantin, une monar-chie nouvelle et chrtienne dans un empirepaen. Formule vritablement heureuse etprofonde. Par la vertu de l'esprit chrtien,infuse au cur de l'empire, une monarchienouvelle grandit, prte recueillir les dbrisd'un monde us, qui s'effondre lentement. Enmme temps qu'il pourvoit, par des donationsde biens, meubles et immeubles, l'avenir del'glise, Constantin appuie sur son autoritimpriale les fondements d'un droit nouveau,

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    76 LE DOGME )E NICEE.Si3rviteur de Dieu': ce nom/ que Constan-

    tin aime prendre dans ses lettres aux vqueset aux Eglises, exprime bien ce qu'il veut tre,comme empereur mme. Eusbe, qui Ta bienconnu, l'appelle l'vque conimun ; etConstantin, parlant des vques, s'est appel l'vque du dehors ,^. Autant de motspleins de sens. L'empereur ne prtend pasrestaurer simplement la thocratie juive;pourtant, il a conscience de prolonger, en uncertain sens, la ligne des rois d'Isral et deJuda. Il a ceint leur diadme, et se laissereprsenter sur les monuments, tenant enmain le rouleau des Evangiles.Un sicle plus tt, Tertullien avait envisagcette question : les Csars pourraient-ils trechrtiens? et l'avait rsolue ngativement.Cette rponse ngative, qui tait celle du vieilesprit romain, pse encore sur Constantin.N'est-ce pas pour cela qu'il reculera devant lebaptme jusqu' l'approche de la mort? N'est-ce pas encore pour cela, qu'en faisant le pasdcisif, il croira devoir renoncer l'exercicedu pouvoir? Eusbe nous dit expressmentqu' dater de son baptme il cessa de revtirla pourpre et ne voulut plus tre qu'un

    1. Voir Eusbe, Vie de ConsL, II, 28,29; PG., XX, 1005-8,II, 69, 1041 B, 72, 1048 A.

    2. 957; IV, 1172.

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    L'EMPEREUR DE NICE. 77nophyte. Mais durant vingt-cinq ans, titre .de catchumne, il avait prpar les voies l'Evangile, et c'est le travail qu'il nous fautconsidrer maintenant.

    Par lui, la charit pntre le droit romain;la responsabilit morale de la consciencepntre le droit public; le pouvoir imprials'incline devant le pouvoir spirituel de l'Eglise.Le vieux droit romain sacrifiait tout l'Etat.Le pouvoir discrtionnaire du chef de famille,dpourvu de contrepoids, crasait tout :femme, enfants, esclaves. Cette rigueur avaitprovoqu une dcadence, que les dispositionsles plus dures de la Loi des Douze Tables,tardivement reprises, ne purent enrayer.Auguste avait lutt inefficacement contre lastrilit des mariages et l'gosme du clibat;il avait accord au concubinage une recon-naissance lgale et laiss de grandes facilitsau divorce. Il tait rserv Constantin deprendre, au nom de rvngile, le contrepiedde ces traditions paennes. J'ai plaisir m'ap-puyer sur la science juridique de M. JulesMaurice^.Retournant compltement le Droit d'Auguste, Constantin

    prit la famille comme base Jie tout l'difice social. Lafamille, au lieu d'tre, un rouage dans l'tat, de