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© S.A. IPM 2010. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. La Tribune de Bruxelles| du 19 au 25 janvier 2010 8 le portrait cv express l 1981. Alexandre Vizorek naît le 21 septembre à Bruxelles. l 1998-2005. Université Libre de Bruxelles : Solvay Business School, puis journalisme. l 2005-2008. Cours Florent à Paris. l 2008. Mai. Premières scènes ouvertes à Paris. l 2009. Mai. Festival du rire de Rochefort 2009. Juin. “Kings of Comedy Show, Vol. 1” au Teatro, à Boitsfort. Septembre. “Coach” à la Kings of Comedy Academy. Septembre. “Kings of Comedy Show (Las Vegas Version)” au Théâtre Varia, à Ixelles. 7 novembre. Lauréat du Prix François Silvant (Suisse). 13 novembre. Lauréat du Grand Tremplin de l’humour des Tanzmatten, catégorie Grand Saut (Alsace). l 2010. One-man show “Alex Vizorek est une œuvre d’art” au Petit Chapeau Rond Rouge, à Etterbeek. Dès janvier. “Radio Delà”, avec Kody, sur Fou Rire FM. EN PRATIQUE “Alex Vizorek est une œuvre d’art” Du 29 janvier au 2 février 2010 au Petit Chapeau Rond Rouge, rue Père Eudore Devroye, 12 1040 Etterbeek. www.lepetitchapeau rondrouge.be Rés. : 0498 51 35 63. Alex Vizorek, entre délire, belgitude et décalage M Encore peu connu en Belgique, l’humoriste Alex Vizorek cartonne pourtant en dehors de nos frontières. Rencontre avec ce Bruxellois au parcours atypique, qui compte bien conquérir le cœur des Belges et venir gonfler la liste des comiques que la France nous envie. L a Solvay Business School, l’école de gestion de l’Université libre de Bruxelles, est réputée pour for- mer de futurs grands responsables et décideurs. Et pourtant, certains diplô- més décident sciemment de prendre un tout autre chemin. C’est le cas d’Alexandre Vizorek qui, une fois son diplôme en poche, a décidé de tenter sa chance à Paris pour laisser libre cours à sa fibre comique. Après trois ans de formation au célèbre Cours Florent, le tour des scènes ouvertes parisiennes – où les jeunes humoristes en devenir ont droit à leurs trois minutes de gloire – et deux prix prestigieux en France et en Suisse, il débarque main- tenant sur ses terres natales avec la ferme intention de marquer les esprits avec son humour ciselé, subtil mé- lange de jeux de mots et de comique de situation. Féru de belgitude, il tentera de répondre aux questions existentiel- les que chacun de nous se pose forcé- ment à un moment donné de sa vie, telles que “Y a-t-il de meilleurs cymba- listes que d’autres ?” ou “Quelle est la véritable histoire de Manneken Pis ?” Oui, oui, des questions existentielles, qu’on a dit ! De l’élégance et du faire-savoir Dans un one-man-show qui fait la part belle à l’art et à la culture, ce Maître Cappello des temps modernes, bercé à la littérature et à la musique classique, s’écarte des autoroutes de l’humour tra- ditionnel et emprunte des chemins de traverse sur lesquels on croise Margue- rite Duras, Carlos, Jean Renoir, Msits- lav Rostropovitch, Salvador Dalí, Yasu- nari Kawabata, Rainer Maria Rilke, no- tre famille royale ou Lara Fabian. Kawaba… qui ? Certes, certains noms pourraient faire peur ou laisser croire à une “masturbation” intellectuelle plus qu’à un véritable moment de pur dé- lire. Mais n’ayez crainte, sous des airs faussement intello, Alex Vizorek n’a pas la grosse tête et ne tente pas de jouer au professeur. Au contraire, il prouve que tous les thèmes, même les plus “sérieux”, peuvent être tournés en dérision. Car comme il le souligne, il ne prend pas grand-chose au sérieux”. De plus, il “voulait partir sur un thème peu traité, parce que choisir de parler des relations homme-femme, c’est comme tremper sa plume dans un encrier où beaucoup de gens sont déjà passés. Non, je voulais autre chose, et je me suis rendu compte que l’art serait un très bon fil con- ducteur. Mon but est donc d’être drôle et de surprendre le public sans qu’il n’ait rien vu venir, en abordant plein de trucs déca- lés. Mon spectacle est vraiment comme la cuisine moléculaire, j’y mets plein d’ingré- dients et les gens prennent ce qu’ils veulent, il y en a pour tous les goûts.” Paris, un passage obligé Partant du constat qu’il n’existe que très peu de structures et de tremplins pour les jeunes humoristes en Belgi- que, Alex Vizorek, à l’instar de bon nombre de ses compatriotes aujourd’hui reconnus, a décidé de pas- ser par Paris pour se faire un nom. Car là-bas, contrairement à ici, il existe de nombreuses scènes ouvertes permet- tant aux jeunes artistes de se produire en public. Ils ne sont pas payés, mais en contrepartie, ils reçoivent l’avis du public, ce qui est un luxe quand on sait que c’est cet avis qui leur permet de peaufiner l’écriture. Et de l’écriture, il en est question, car être humoriste est un métier à part en- tière, il ne suffit pas d’être juste comique, il y a tout un travail d’orfèvrerie et de préci- sion derrière”, comme le précise Alex. Mais au-delà de l’aspect pratique de la chose et contrairement au public belge qui se montre extrêmement frileux avec ses propres talents, les Français s’arrachent l’humour belge et son décalage. C’est comme si notre belgitude (humour entre humilité et provocation) nous permettait d’être moins politiquement corrects et cau- tionnait le fait de dire des crasses.” Toujours est-il qu’Alex Vizorek avoue avoir énormément appris à Paris et sou- haite s’y faire connaître prochainement avec son spectacle, car il est convaincu que si ça marche là-bas, ça marchera forcément ici, comme ce fut le cas pour ses prédécesseurs. En attendant, c’est sur les planches bruxelloises qu’il ro- dera son spectacle, qui s’annonce d’ores et déjà très surprenant. Un événement à ne pas rater. STEPHANIE BOURGEOIS Un faux air de Hugh Grant pour ce grand bosseur qu’est Alex Vizorek. Son diplôme de Solvay en poche, il a préféré partir à Paris, avec de l’humour à revendre... (Ph. Mathieu Buyse) Le Café Montmartre (à Ixelles) : “Pendant mes études à l’ULB, on avait une équipe de fléchettes, enfin de darts, parce que fléchettes ça fait un peu foire, et ce café était notre repaire. Le vendredi soir, on prenait l’apéro, histoire d’être bien dans le match, et puis on affrontait une équipe de fous furieux venus d’un peu partout de Bruxelles. La semaine suivante, c’est nous qui allions en déplacement. Et ça donnait à chaque fois des soirées de fous. Je ne dis pas qu’on montait sur les tables pour déclamer Rimbaud, mais il y avait des fulgurances intéressantes qui en ressortaient. Ce que j’aime dans ce café, c’est son éclectisme, il y a des étudiants, des éboueurs qui terminent leur journée et qui viennent boire leur première bière, des hommes d’affaires qui arrivent vers 18h30 après leur journée de boulot, et personne ne juge personne, c’est vraiment sympa.” Son Bruxelles, c’est Montmartre !

Alex Vizorek, entre délire, belgitude et décalage - La Tribune de Bruxelles (janvier 2010)

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Encore peu connu en Belgique, l’humoriste Alex Vizorek cartonne pourtant en dehors de nosfrontières. Rencontre avec ce Bruxellois au parcours atypique, qui compte bien conquérir lecoeur des Belges et venir gonfler la liste des comiques que la France nous envie.

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Page 1: Alex Vizorek, entre délire, belgitude et décalage - La Tribune de Bruxelles (janvier 2010)

© S.A. IPM 2010. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.

La Tribune de Bruxelles| du 19 au 25 janvier 2010 8leportrait

cv expressl1981.Alexandre Vizorek naît le 21septembre à Bruxelles.

l1998­2005.Université Libre de Bruxelles :Solvay Business School, puisjournalisme.

l2005­2008.Cours Florent à Paris.

l2008.Mai. Premières scènes ouvertesà Paris.

l2009.Mai. Festival du rire deRochefort 2009.

Juin. “Kings of Comedy Show,Vol. 1” au Teatro, à Boitsfort.

Septembre. “Coach” à la Kings ofComedy Academy.

Septembre. “Kings of ComedyShow (Las Vegas Version)” auThéâtre Varia, à Ixelles.

7 novembre. Lauréat du PrixFrançois Silvant (Suisse).

13 novembre. Lauréat du GrandTremplin de l’humour desTanzmatten, catégorie GrandSaut (Alsace).

l2010.One­man show “Alex Vizorekest une œuvre d’art” au PetitChapeau Rond Rouge,à Etterbeek.

Dès janvier. “Radio Delà”, avecKody, sur Fou Rire FM.

ENPRATIQUE“Alex Vizorek estune œuvre d’art”Du 29 janvier au2 février 2010au Petit ChapeauRond Rouge,rue Père EudoreDevroye, 121040 Etterbeek.www.lepetitchapeaurondrouge.beRés. : 0498 51 35 63.

Alex Vizorek, entre délire,belgitude et décalageM Encore peu connu en Belgique, l’humoriste Alex Vizorek cartonne pourtant en dehors de nosfrontières. Rencontre avec ce Bruxellois au parcours atypique, qui compte bien conquérir lecœur des Belges et venir gonfler la liste des comiques que la France nous envie.

L a Solvay Business School, l’écolede gestion de l’Université libre deBruxelles, est réputée pour for­

mer de futurs grands responsables etdécideurs. Et pourtant, certains diplô­més décident sciemment de prendreun tout autre chemin. C’est le casd’Alexandre Vizorek qui, une fois sondiplôme en poche, a décidé de tenter sachance à Paris pour laisser libre cours àsa fibre comique. Après trois ans deformation au célèbre Cours Florent, letour des scènes ouvertes parisiennes– où les jeunes humoristes en deveniront droit à leurs trois minutes degloire – et deux prix prestigieux enFrance et en Suisse, il débarque main­tenant sur ses terres natales avec laferme intention de marquer les espritsavec son humour ciselé, subtil mé­lange de jeux de mots et de comique desituation. Féru de belgitude, il tenterade répondre aux questions existentiel­les que chacun de nous se pose forcé­ment à un moment donné de sa vie,telles que “Y a­t­il de meilleurs cymba­listes que d’autres ?” ou “Quelle est lavéritable histoire de Manneken Pis ?”Oui, oui, des questions existentielles,qu’on a dit !

De l’élégance et du faire­savoirDans un one­man­show qui fait la partbelle à l’art et à la culture, ce MaîtreCappello des temps modernes, bercé àla littérature et à la musique classique,s’écarte des autoroutes de l’humour tra­ditionnel et emprunte des chemins detraverse sur lesquels on croise Margue­rite Duras, Carlos, Jean Renoir, Msits­lav Rostropovitch, Salvador Dalí, Yasu­nari Kawabata, Rainer Maria Rilke, no­tre famille royale ou Lara Fabian.Kawaba… qui ? Certes, certains nomspourraient faire peur ou laisser croire àune “masturbation” intellectuelle plusqu’à un véritable moment de pur dé­lire. Mais n’ayez crainte, sous des airsfaussement intello, Alex Vizorek n’apas la grosse tête et ne tente pas dejouer au professeur. Au contraire, ilprouve que tous les thèmes, même lesplus “sérieux”, peuvent être tournés endérision. Car comme il le souligne, il“ne prend pas grand­chose au sérieux”.De plus, il “voulait partir sur un thème

peu traité, parce que choisir de parler desrelations homme­femme, c’est commetremper sa plume dans un encrier oùbeaucoup de gens sont déjà passés. Non, jevoulais autre chose, et je me suis renducompte que l’art serait un très bon fil con­ducteur. Mon but est donc d’être drôle etde surprendre le public sans qu’il n’ait rienvu venir, en abordant plein de trucs déca­lés. Mon spectacle est vraiment comme lacuisine moléculaire, j’y mets plein d’ingré­dients et les gens prennent ce qu’ils veulent,il y en a pour tous les goûts.”

Paris, un passage obligéPartant du constat qu’il n’existe quetrès peu de structures et de tremplinspour les jeunes humoristes en Belgi­que, Alex Vizorek, à l’instar de bonnombre de ses compatriotesaujourd’hui reconnus, a décidé de pas­ser par Paris pour se faire un nom. Carlà­bas, contrairement à ici, il existe denombreuses scènes ouvertes permet­tant aux jeunes artistes de se produireen public. Ils ne sont pas payés, maisen contrepartie, ils reçoivent l’avis dupublic, ce qui est un luxe quand on saitque c’est cet avis qui leur permet depeaufiner l’écriture. Et de l’écriture, il en est question, car“être humoriste est un métier à part en­tière, il ne suffit pas d’être juste comique, ily a tout un travail d’orfèvrerie et de préci­sion derrière”, comme le précise Alex.“Mais au­delà de l’aspect pratique de lachose et contrairement au public belge quise montre extrêmement frileux avec sespropres talents, les Français s’arrachentl’humour belge et son décalage. C’estcomme si notre belgitude (humour entrehumilité et provocation) nous permettaitd’être moins politiquement corrects et cau­tionnait le fait de dire des crasses.”Toujours est­il qu’Alex Vizorek avoueavoir énormément appris à Paris et sou­haite s’y faire connaître prochainementavec son spectacle, car il est convaincuque si ça marche là­bas, ça marcheraforcément ici, comme ce fut le cas pourses prédécesseurs. En attendant, c’estsur les planches bruxelloises qu’il ro­dera son spectacle, qui s’annonce d’oreset déjà très surprenant. Un événementà ne pas rater.

STEPHANIE BOURGEOIS

Un faux air de Hugh Grant pour ce grand bosseur qu’est AlexVizorek. Son diplôme de Solvay en poche, il a préféré partir àParis, avec de l’humour à revendre... (Ph. Mathieu Buyse)

Le Café Montmartre (à Ixelles) : “Pendant mes études à l’ULB, on avait uneéquipe de fléchettes, enfin de darts, parce que fléchettes ça fait un peu foire, etce café était notre repaire. Le vendredi soir, on prenait l’apéro, histoire d’êtrebien dans le match, et puis on affrontait une équipe de fous furieux venus d’unpeu partout de Bruxelles. La semaine suivante, c’est nous qui allions endéplacement. Et ça donnait à chaque fois des soirées de fous. Je ne dis pasqu’on montait sur les tables pour déclamer Rimbaud, mais il y avait desfulgurances intéressantes qui en ressortaient. Ce que j’aime dans ce café, c’estson éclectisme, il y a des étudiants, des éboueurs qui terminent leur journée etqui viennent boire leur première bière, des hommes d’affaires qui arrivent vers18h30 après leur journée de boulot, et personne ne juge personne, c’estvraiment sympa.”

Son Bruxelles, c’est Montmartre !