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Objectif.– Explorer l’association entre les facteurs psychosociaux au travail et le bien-e ˆtre chez les salarie ´s de 34 pays et examiner des diffe ´rences dans ces associations selon la profession. Me ´thodes.– L’e ´tude porte sur un e ´chantillon repre ´sentatif de 33 443 salarie ´s (16 512 hommes, 16 931 femmes) issu de l’enque ˆte europe ´enne sur les conditions de travail (2010). Vingt-cinq facteurs psychosociaux ont e ´te ´ construits, y compris des aspects de la demande, stresseurs de ro ˆle (clarte ´ et conflit de ro ˆle), contraintes temporelles, autonomie, utilisation/de ´veloppement des compe ´tences, sens du travail, pre ´dictibilite ´, qualite ´ du leadership, soutien social, esprit de groupe, inse ´curite ´, perspectives de promotion, conciliation travail-famille, discrimination et violences. Le bien-e ˆtre a e ´te ´ mesure ´ en cinq items par l’e ´chelle WHO-5 well-being index. Les covariables incluaient : a ˆge, nombre de travailleurs au foyer, profes- sion et secteur d’activite ´. Les associations entre les facteurs psycho- sociaux au travail et le bien-e ˆtre ont e ´te ´ examine ´es a ` l’aide de re ´gressions logistiques multiniveaux. Des mode `les ont d’abord e ´te ´ re ´alise ´s pour tester l’association de chaque facteur isole ´ment avec ajustement sur les covariables. Puis un mode `le final a e ´te ´ re ´alise ´ avec tous les facteurs, significatifs dans les premiers mode `les, simultane ´- ment et avec ajustement. Des tests d’interactions ont e ´te ´ re ´alise ´s pour examiner les diffe ´rences selon la profession. Toutes les analyses ont e ´te ´ stratifie ´es sur le genre. Re ´sultats.– Apre `s ajustement complet (mode `le final), les facteurs de risque pour le faible bien-e ˆtre chez les deux genres e ´taient : demande quantitative, e ´motions cache ´es, faible de ´veloppement de compe ´ten- ces, faible sens du travail, faible clarte ´ des ro ˆles, inse ´curite ´ de l’emploi, faible perspectives de promotion, faible soutien social, faible qualite ´ du leadership, discrimination et harce `lement moral. Les associations du faible esprit de groupe et des proble `mes de conciliation travail- famille e ´taient particulie `rement fortes. Deux termes d’interactions significatives pour chaque genre ont e ´te ´ trouve ´s : les faibles per- spectives de promotion semblaient avoir un effet plus fort sur le bien- e ˆtre chez les cadres et professions interme ´diaires chez les hommes alors que la faible influence au travail semblait avoir un effet plus fort chez les femmes cadres et ouvriers. Pour les deux genres, l’association entre inse ´curite ´ d’emploi et bien-e ˆtre e ´tait plus forte chez les cadres et professions interme ´diaires. Conclusion.– Un grand nombre de facteurs psychosociaux au travail e ´taient associe ´s avec un faible bien-e ˆtre. Tre ` s peu de diffe ´rences selon la profession ont e ´te ´ trouve ´es dans ces associations. Des e ´tudes sur des donne ´es prospectives seraient ne ´cessaires pour confirmer ces re ´sultats. Cette e ´tude peut e ˆtre utile pour guider les politiques de pre ´vention au niveau europe ´en. http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2013.09.017 Effets conjoints de l’exposition a ` l’amiante, du tabac et de l’alcool sur le risque de cancer du larynx Joint effects of asbestos exposure, smoking and alcohol drinking on laryngeal cancer risk A. Fayosse ´ a , G. Menvielle b , I. Stu ¨cker b , D. Luce a,b a Inserm U1085, Rennes, France b Inserm U1018, Villejuif, France Objectif.– L’alcool et le tabac sont les facteurs de risque majeurs de cancer du larynx, et l’exposition a ` l’amiante est maintenant une cause reconnue de ces cancers. L’objectif est d’e ´tudier les effets conjoints de l’amiante, de l’alcool ou du tabac sur la survenue de cancer du larynx. Me ´thodes.– Les donne ´es sont issues d’une e ´tude cas-te ´moins en population ge ´ne ´rale, l’e ´tude ICARE. L’analyse a e ´te ´ restreinte aux hommes, et porte sur 480 cas de cancers du larynx et 2780 te ´moins. Des informations de ´taille ´es ont e ´te ´ recueillies sur la consommation de tabac et d’alcool et sur l’historique professionnel complet des sujets. L’exposition a ` l’amiante a e ´te ´e ´value ´e a ` l’aide d’une matrice emplois- exposition de ´veloppe ´e dans le cadre du programme Matge ´ne ´ de l’InVS. L’association entre cancer du larynx et exposition a ` l’amiante ae ´te ´e ´tudie ´e dans diffe ´rentes cate ´gories de consommation d’alcool, de consommation de tabac, et en fonction de diffe ´rents profils de ´crivant la consommation conjointe de tabac et d’alcool. Le caracte `re multiplicatif ou additif de l’interaction a e ´te ´ analyse ´ par le calcul de diffe ´rents indicateurs (psi, indice d’interaction multiplicative et SI, indice de synergie). Re ´sultats.– L’association entre l’exposition a ` l’amiante et la survenue de cancer du larynx ne diffe `re pas selon les diffe ´rentes strates de consommation de tabac (p = 0,49) ou d’alcool (p = 0,79). L’exposition conjointe a ` l’amiante et au tabac est associe ´e a ` un odds-ratio (OR) de 9,8 (IC, intervalle de confiance a ` 95 % 7,0–13,6), l’exposition au tabac seul a ` un OR de 7,7 (IC = 5,5–10,7), a ` l’amiante seul a ` un OR de 1,8 (IC = 1,3–2,6). Les OR associe ´sa ` une exposition conjointe a ` l’amiante et a ` l’alcool, a ` l’alcool seul et a ` l’amiante seul sont respectivement de 4,6 (IC = 3,1–7,8), 3,2 (IC = 2,1–4,6) et 1,8 (IC = 1,2–2,9). L’effet conjoint de l’amiante et du tabac est 1,2 fois celui pre ´dit par la somme de leurs effets individuels (SI = 1,2 ; IC = 0,8–1,5), et 0,7 fois celui pre ´dit par leur produit (psi = 0,7 ; IC = 0,4–1,1). Des re ´sultats similaires sont observe ´s pour l’amiante et l’alcool, avec un effet conjoint supe ´rieur a ` celui pre ´dit par un mode `le additif (SI = 1,4 ; IC = 0,7–1,9), et infe ´rieur a ` celui pre ´dit par un mode `le multiplicatif (psi = 0,8 ; IC = 0,5–1,5). Cependant, les re ´sultats ne sont pas statistiquement significatifs et ni l’hypothe `se multiplicative ni l’hypothe `se additive ne peuvent e ˆtre rejete ´es. Conclusion.– Bien que les donne ´es ne permettent pas une discrimina- tion formelle entre le mode `le additif et le mode `le multiplicatif, nos re ´sultats sugge ` rent que les effets conjoints de l’exposition a ` l’amiante et de la consommation de tabac ou d’alcool sont plus qu’additifs mais moins que multiplicatifs. http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2013.09.018 Allergies respiratoires professionnelles et interactions ge `nes-environnement (ARPEIGE) – Se ´ve ´rite ´ et contro ˆle des asthmes en relation avec le travail Occupational respiratory allergies and gene-environment interactions – Work-related asthma severity and control H. Me ´vel a , E. Penven b , P. Wild a , V. Demange a , C. Paris b a Institut national de recherche et de se ´curite ´ (INRS), Vandoeuvre Le `s Nancy, France b Centre de Consultations de Pathologies Professionnelles (CCPP), CHU de Nancy, Nancy, France Contexte.– En France, la pre ´valence de l’asthme en population active est d’environ 4 %. L’asthme en relation avec le travail (ART) en constitue une part non ne ´gligeable mais difficilement e ´valuable en fonction des de ´finitions cliniques retenues. Ses caracte ´ristiques en termes de se ´ve ´rite ´ et de contro ˆle sont peu connues, notamment concernant l’asthme aggrave ´ par le travail (AAT), de ´fini comme un asthme pre ´existant et aggrave ´ par les expositions professionnelles. Objectifs.– Le projet allergies respiratoires professionnelles et inter- actions ge `nes-environnement (ARPEIGE) vise a ` de ´crire la distribution des diffe ´rents types d’asthme en population active, et caracte ´riser leurs phe ´notypes (se ´ve ´rite ´ et contro ˆle) et leurs conse ´quences sur la qualite ´ de vie. Me ´thode.– Une e ´tude e ´pide ´miologique prospective et multicentrique sera mene ´e en collaboration par le centre de consultations de patho- logies professionnelles (CCPP) de Nancy (centre coordonnateur), l’EA7298 (universite ´ de Lorraine), l’INRS et les CCPP investigateurs. Recueil des re ´sume ´s 667

Allergies respiratoires professionnelles et interactions gènes-environnement (ARPEIGE) – Sévérité et contrôle des asthmes en relation avec le travail

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Objectif.– Explorer l’association entre les facteurs psychosociaux autravail et le bien-etre chez les salaries de 34 pays et examiner desdifferences dans ces associations selon la profession.Methodes.– L’etude porte sur un echantillon representatif de33 443 salaries (16 512 hommes, 16 931 femmes) issu de l’enqueteeuropeenne sur les conditions de travail (2010).Vingt-cinq facteurs psychosociaux ont ete construits, y compris desaspects de la demande, stresseurs de role (clarte et conflit de role),contraintes temporelles, autonomie, utilisation/developpement descompetences, sens du travail, predictibilite, qualite du leadership,soutien social, esprit de groupe, insecurite, perspectives de promotion,conciliation travail-famille, discrimination et violences. Le bien-etre aete mesure en cinq items par l’echelle WHO-5 well-being index. Lescovariables incluaient : age, nombre de travailleurs au foyer, profes-sion et secteur d’activite. Les associations entre les facteurs psycho-sociaux au travail et le bien-etre ont ete examinees a l’aide deregressions logistiques multiniveaux. Des modeles ont d’abord eterealises pour tester l’association de chaque facteur isolement avecajustement sur les covariables. Puis un modele final a ete realise avectous les facteurs, significatifs dans les premiers modeles, simultane-ment et avec ajustement. Des tests d’interactions ont ete realisespour examiner les differences selon la profession. Toutes les analysesont ete stratifiees sur le genre.Resultats.– Apres ajustement complet (modele final), les facteurs derisque pour le faible bien-etre chez les deux genres etaient : demandequantitative, emotions cachees, faible developpement de competen-ces, faible sens du travail, faible clarte des roles, insecurite de l’emploi,faible perspectives de promotion, faible soutien social, faible qualitedu leadership, discrimination et harcelement moral. Les associationsdu faible esprit de groupe et des problemes de conciliation travail-famille etaient particulierement fortes. Deux termes d’interactionssignificatives pour chaque genre ont ete trouves : les faibles per-spectives de promotion semblaient avoir un effet plus fort sur le bien-etre chez les cadres et professions intermediaires chez les hommesalors que la faible influence au travail semblait avoir un effet plus fortchez les femmes cadres et ouvriers. Pour les deux genres, l’associationentre insecurite d’emploi et bien-etre etait plus forte chez les cadreset professions intermediaires.Conclusion.– Un grand nombre de facteurs psychosociaux au travailetaient associes avec un faible bien-etre. Tres peu de differences selonla profession ont ete trouvees dans ces associations. Des etudes surdes donnees prospectives seraient necessaires pour confirmer cesresultats. Cette etude peut etre utile pour guider les politiques deprevention au niveau europeen.

http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2013.09.017

Effets conjoints de l’exposition al’amiante, du tabac et de l’alcool sur lerisque de cancer du larynxJoint effects of asbestos exposure, smoking and alcohol drinking onlaryngeal cancer riskA. Fayossea, G. Menvielleb, I. Stuckerb, D. Lucea,b

a Inserm U1085, Rennes, Franceb Inserm U1018, Villejuif, France

Objectif.– L’alcool et le tabac sont les facteurs de risque majeurs decancer du larynx, et l’exposition a l’amiante est maintenant une causereconnue de ces cancers. L’objectif est d’etudier les effets conjoints del’amiante, de l’alcool ou du tabac sur la survenue de cancer du larynx.Methodes.– Les donnees sont issues d’une etude cas-temoins enpopulation generale, l’etude ICARE. L’analyse a ete restreinte auxhommes, et porte sur 480 cas de cancers du larynx et 2780 temoins.Des informations detaillees ont ete recueillies sur la consommation de

tabac et d’alcool et sur l’historique professionnel complet des sujets.L’exposition a l’amiante a ete evaluee a l’aide d’une matrice emplois-exposition developpee dans le cadre du programme Matgene del’InVS. L’association entre cancer du larynx et exposition a l’amiantea ete etudiee dans differentes categories de consommation d’alcool,de consommation de tabac, et en fonction de differents profilsdecrivant la consommation conjointe de tabac et d’alcool. Le caracteremultiplicatif ou additif de l’interaction a ete analyse par le calcul dedifferents indicateurs (psi, indice d’interaction multiplicative et SI,indice de synergie).Resultats.– L’association entre l’exposition a l’amiante et la survenuede cancer du larynx ne differe pas selon les differentes strates deconsommation de tabac (p = 0,49) ou d’alcool (p = 0,79). L’expositionconjointe a l’amiante et au tabac est associee a un odds-ratio (OR) de9,8 (IC, intervalle de confiance a 95 % 7,0–13,6), l’exposition au tabacseul a un OR de 7,7 (IC = 5,5–10,7), a l’amiante seul a un OR de 1,8(IC = 1,3–2,6). Les OR associes a une exposition conjointe a l’amiante eta l’alcool, a l’alcool seul et a l’amiante seul sont respectivement de 4,6(IC = 3,1–7,8), 3,2 (IC = 2,1–4,6) et 1,8 (IC = 1,2–2,9). L’effet conjoint del’amiante et du tabac est 1,2 fois celui predit par la somme de leurseffets individuels (SI = 1,2 ; IC = 0,8–1,5), et 0,7 fois celui predit par leurproduit (psi = 0,7 ; IC = 0,4–1,1). Des resultats similaires sont observespour l’amiante et l’alcool, avec un effet conjoint superieur a celuipredit par un modele additif (SI = 1,4 ; IC = 0,7–1,9), et inferieur a celuipredit par un modele multiplicatif (psi = 0,8 ; IC = 0,5–1,5). Cependant,les resultats ne sont pas statistiquement significatifs et ni l’hypothesemultiplicative ni l’hypothese additive ne peuvent etre rejetees.Conclusion.– Bien que les donnees ne permettent pas une discrimina-tion formelle entre le modele additif et le modele multiplicatif, nosresultats suggerent que les effets conjoints de l’exposition a l’amianteet de la consommation de tabac ou d’alcool sont plus qu’additifs maismoins que multiplicatifs.

http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2013.09.018

Allergies respiratoires professionnelleset interactions genes-environnement(ARPEIGE) – Severite et controle desasthmes en relation avec le travailOccupational respiratory allergies and gene-environment interactions– Work-related asthma severity and controlH. Mevela, E. Penvenb, P. Wilda, V. Demangea,C. Parisb

a Institut national de recherche et de securite (INRS), Vandoeuvre LesNancy, Franceb Centre de Consultations de Pathologies Professionnelles (CCPP), CHUde Nancy, Nancy, France

Contexte.– En France, la prevalence de l’asthme en population activeest d’environ 4 %. L’asthme en relation avec le travail (ART) enconstitue une part non negligeable mais difficilement evaluable enfonction des definitions cliniques retenues. Ses caracteristiques entermes de severite et de controle sont peu connues, notammentconcernant l’asthme aggrave par le travail (AAT), defini comme unasthme preexistant et aggrave par les expositions professionnelles.Objectifs.– Le projet allergies respiratoires professionnelles et inter-actions genes-environnement (ARPEIGE) vise a decrire la distributiondes differents types d’asthme en population active, et caracteriserleurs phenotypes (severite et controle) et leurs consequences sur laqualite de vie.Methode.– Une etude epidemiologique prospective et multicentriquesera menee en collaboration par le centre de consultations de patho-logies professionnelles (CCPP) de Nancy (centre coordonnateur),l’EA7298 (universite de Lorraine), l’INRS et les CCPP investigateurs.

Recueil des resumes

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Elle reposera sur l’inclusion de patients asthmatiques au travail, et lesuivi a un an de sujets atteints d‘ART, c’est-a-dire asthme professionnel(AP) ou aggrave (AAT). Le recrutement se fera en 3 etapes. La premierepermettra de reperer des sujets presentant un asthme actif probable.Pour cela, des medecins du travail volontaires distribueront un auto-questionnaire de reperage a tous les salaries vus en visite medicale sur15 jours. Les sujets pre-inclus se verront proposer d’autres auto-ques-tionnaires (clinique, controle de l’asthme, qualite de vie, expositionsprofessionnelles) et la tenue d’un journal de debit de pointe (DEP) sur15 jours. Un groupe d’experts classera, a l’aide de ces elements, les sujetsen 4 groupes : avec suspicion d’AP, suspicion d’AAT, asthme sansrelation avec le travail (ASRT) et sans asthme. Seuls les sujets des3 premiers groupes seront finalement inclus. Les sujets avec suspiciond’ART se verront proposer des investigations complementaires (fonc-tion ventilatoire, reactivite bronchique, tests allergologiques, mesuredu NO expire,. . .). Les experts classeront enfin les sujets en AP, AAT etASRT, permettant de comparer severite, controle, qualite de vie etexpositions professionnelles entre ces 3 groupes. Le recrutement seraouvert sur 2 ans pour recruter 200 AP, 200 AAT et 400 ASRT.Apports.– Ce travail contribuera a ameliorer le diagnostic et la prise encharge des ART. Une meilleure connaissance des facteurs d’exposi-tions professionnelles en relation avec les differents phenotypesd’asthme devrait permettre de depister plus precocement ces affec-tions, et d’ameliorer leur prevention.

http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2013.09.019

Facteurs de risque professionnels ducancer de la prostate en GuadeloupeOccupational risk factors for prostate cancer in GuadeloupeK. Morvana, L. Multignera, P. Blanchetb, D. Lucea

a Inserm U1085, Pointe-a-Pitre, Guadeloupe, Franceb Service d’urologie, CHU Guadeloupe, Pointe a Pitre, Guadeloupe,France

Objectifs.– L’objectif est d’etudier les associations entre profession,secteur d’activite et risque de cancer de la prostate en Guadeloupe, unezone d’incidence elevee, a partir des donnees de l’etude Karuprostate.Cette etude a deja permis de mettre en evidence une association avecl’exposition au chlordecone, pesticide utilise dans le passe dans laculture bananiere, qui a entraıne une pollution permanente des solset des eaux et une contamination toujours presente de la chaınealimentaire et de la population. Les facteurs de risque professionnelsn’ont ete que partiellement etudies jusqu’a present.Methodes.– L’etude Karusprostate est une etude cas-temoins enpopulation qui a inclus 707 cas incidents de cancer de la prostateet 722 temoins indemnes de cette pathologie. L’histoire profession-nelle des sujets a ete recueillie. Les odds-ratios (OR) et leurs intervallesde confiance a 95 % (IC) ont ete estimes a l’aide de modeles logisti-ques, avec ajustement sur l’age et l’existence de depistages ante-rieurs. Les autres facteurs de confusion potentiels (obesite,antecedents familiaux de cancer, exposition au chlordecone, etc.)ne modifiaient que marginalement les resultats.Resultats.– Une augmentation significative du risque de cancer de laprostate est observee chez les employes d’approvisionnement(OR = 2,7 ; IC = 1,0–7,2), les pecheurs (OR = 2,0 ; IC = 1,0–4,0), les facteurs(OR = 7,7 ; IC = 1,7–34,4), les electriciens employes plus de 20 ans(OR = 4,0 ; IC = 1,0–15,8), ainsi que dans l’administration publique(OR = 1,8 ; IC = 1,2–2,9), le commerce de detail (OR = 2,6 ; IC = 1,1–6,0)et la fabrication de produits alimentaires (OR = 2,0 ; IC = 1,1–3,9), parti-culierement la fabrication de sucre (OR = 13,2 ; IC = 1,6–108). Des OReleves, bien que non significatifs sont egalement observes pour lestravailleurs de la construction (OR = 1,2 ; IC = 0,9–1,6), les conducteursd’engins de transport (OR = 1,2 ; IC = 0,8–1,7), et les travailleurs agricoles

(OR = 1,4 ; IC = 0,9–2,1), en particulier ceux impliques dans la culture dela banane (OR = 2,1 ; IC = 0,7–6,7) et de la canne a sucre (OR = 1,7 ;IC = 0,9–3,2). En revanche, les exploitants agricoles presentent unrisque significativement diminue (OR = 0,5 ; IC = 0,4–0,7).Conclusion.– Bien que les facteurs de risque professionnels ne sem-blent pas jouer un role majeur dans le cancer de la prostate, plusieursprofessions ou secteurs d’activite presentant des risques eleves ontete identifies. Certains facteurs de risque suspectes ou evoques,comme les pesticides, la sedentarite, les vibrations, la pollutionatmospherique liee au trafic routier ou certains solvants pourraientexpliquer les associations observees avec certaines professions. Pourd’autres, les expositions en cause restent a identifier. Des analysesplus approfondies sont en cours.

http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2013.09.020

Evolution de l’absenteisme dans lesindustries electriques et gazieres de1995 a 2011 : resultats de la cohorte« EPIEG »

Evolution of sickness absence in the French electricity and gascompanies from 1995 to 2011: Results of the « EPIEG » cohort studyC. Godard, S. Bienaise, B. Michelin

Service general de medecine de controle (SGMC), EDF GDF Suez, LaPlaine Saint-Denis, France

Objectifs.– L’objectif de cette etude est d’analyser l’evolution dans letemps des indicateurs d’absence dans la population des salariesstatutaires de la branche des industries electriques et gazieres (IEG).Methodes.– Une cohorte « historique » comprenant 215 550 salariesentre 1995 et 2011 a ete reconstituee. Ces salaries beneficient d’unregime special de securite sociale. Les donnees individuelles sont desdonnees administratives (date de naissance, sexe, college, region dulieu de travail, structure organisationnelle d’emploi). L’absence medi-cale correspond a toute absence au travail un jour ouvre suite a uncertificat medical d’arret de travail. Les donnees d’absence sont lesdates de debut et de fin de l’arret, le type d’absence (maladie courteduree [MCD]/longue maladie [LM]/accident du travail [AT]/maladieprofessionnelle [MP]), le code diagnostic (codification en 1740 codesadaptee de la CIM10). Les jours d’arret denombres chaque annee sontcompris entre le 01/01 et le 31/12. Les analyses ont ete effectuees surdonnees agregees calculees a partir de la cohorte. Le taux d’absentesest le nombre de salaries ayant au moins 1 jour d’arret divise par lenombre de personne-annees. Le taux d’absenteisme = (nombre dejours calendaires d’arret/[365*nombre de personne-annees]*100). Destableaux d’indicateurs ont ete constitues dans chaque classe d’agesexe college et region et dans les classes constituees du croisement deces variables. Des analyses bi-variees ont utilise le test de Spearman.Des regressions lineaires ont ete effectuees pour tester l’effet annee,apres ajustement sur l’age, le sexe, le college et la region. Ces analysesont ete effectuees globalement et separement par type d’absence.Resultats.– Sur la periode d’observation la population vieillit, sefeminise et se qualifie. On observe une stabilite du taux annuel desortie de l’emploi (3,3 % des personne-annees en moyenne), de l’age ala sortie de l’emploi (53,9 ans en moyenne) et de la repartition desmotifs de sortie : retraite ou invalidite dans 90 % des cas en moyenne,rupture du contrat de travail dans 5 % des cas, deces dans 5 % des cas.Les analyses bivariees montrent que le taux d’absenteisme augmentedu fait de la croissance du taux d’absentes en LM. Les pathologiesconcernees sont principalement les tumeurs malignes, les troublesanxieux et depressifs, les scleroses en plaques, les maladies deparkinson, les pathologies vertebrales, les affections articulaires, lescardiopathies ischemiques, les affections digestives, respiratoires

Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 2013;74:663-681

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