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Alphabets Alphabets LE MAGAZINE DE L’UNIVERSITÉ STENDHAL - GRENOBLE 3 - N°8 Alfons Cervera : roman, mémoire et résistance Danse contemporaine, danse d’ici et de maintenant Perspectives européennes des études littéraires francophones

Alphabets numéro 8

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Magazine de l'université Stendhal-Grenoble 3.

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AlphabetsAlphabetsLE MAGAZINE DE L’UNIVERSITÉ STENDHAL - GRENOBLE 3 - N°8

■ Alfons Cervera : roman, mémoire et résistance■ Danse contemporaine, danse d’ici et de maintenant■ Perspectives européennes des études littéraires francophones

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SommaireÉdito

Alphabets

Aller vers l’autre...

Appréhender la complexité du monde, mieux le comprendre pour amener les générations suivantes à y vivre mieux : ce sont là des défis que les disciplines humanistiques peuvent contribuer à relever et qui passent nécessairement par l’ouverture aux autres, à leur histoire, à leurs idées.

Œuvrant dans des cabinets de traduction ou dans des organisations internationales, telle la Cour pénale internationale, nos diplômés issus du master de Traduction spécialisée multilingue, concourent à l’intercompréhension mutuelle.En traduisant en français des œuvres d’auteurs étrangers ou en effectuant des travaux de recherche sur le rôle du roman dans la récupération de la mémoire historique en Espagne, nos enseignants-chercheurs nous font décou-vrir des pans entiers méconnus de l’histoire de ce pays, qui, par certains aspects, peuvent nous servir de miroir. N’est-ce pas là aussi le rôle de l’autre ? Nous renvoyer à une réflexion sur nous-mêmes ? Analysant l’impact de la colonisation sur la création culturelle des pays francophones, nos chercheurs en « études post-coloniales » s’inscrivent dans une démarche de quête éthique.Ce cheminement qui consiste à rechercher ou à créer un espace de rencontre de l’étrange ou de l’étranger est aussi celui auquel nous invite l’École de danse des universités de Grenoble par le biais de la danse contemporaine.

Alors, suivez le fil qui sous-tend ce numéro d’Alphabets, profitez-en et allez vers l’autre !

Le magazine semestriel de l’université Stendhal - Grenoble 3 - N°8 - Tirage : 6000 exemplaires - Parution : mars 2010. Dépôt légal à parution - ISSN : 1772-1873. Directrice de la publication : Lise Dumasy. Rédactrice en chef : Dominique Abry. Responsable éditoriale : Nadia Samba. Ont collaboré à ce numéro : Julie Besse, Oana Blagan, Karin Busch, Daniel Lançon, Élisabeth Lavault-Olléon, Yves Riazanoff, Georges Tyras, et les entités suivantes : ELLUG, UFR des Lettres et Arts, UFR de Langues. Graphisme et réalisation : Service communication / Aline Girodet. Fabrication : Imprimerie Coquand imprimeurs. Crédits photographiques : © Université Stendhal / Éric Chamberod, Bérangère Haëgy, Aline Girodet, Nadia Samba. © EDUG / Laurence Fragnol.

Contact : Université Stendhal - Grenoble 3 - Service communicationBP 25 - 38040 Grenoble cedex 9 - France. Tél. : 04 76 82 43 49 - Courriel : [email protected]

ActualitéLes manuscrits de Stendhal en ligne !

FormationLe master professionnel LEA - Traduction spécialisée multilingue. De l’exigence à la reconnaissance : une formation plébiscitée

Recherche Perspectives européennes des études littéraires francophones Thèses

PerspectivesAlfons Cervera : roman, mémoire et résistance

Livres

FocalesDanse contemporaine : la danse d’ici et de maintenant

Agenda

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Actualités

Les manuscrits de Stendhal en ligne !

Quelque 20 000 feuillets de manuscrits précieux de Stendhal, c’est le trésor inestimable que détient la Ville de Grenoble. Un patrimoine national que des chercheurs de l’université Stendhal, en particulier Cécile Meynard (Traverses 19-21) et Thomas Lebarbé (LIDILEM), se sont attelés à mieux connaître et à mieux faire connaître en partenariat avec la Bibliothèque municipale de Grenoble.

« Tout ce qui est bas et plat me fait penser à Grenoble. » Ce paradoxe en dit long sur les relations de Stendhal avec sa ville natale, relations faites à la fois de rancœurs te-naces et de petits bonheurs inavouables. Cette ville mal aimée est pourtant détentrice d’un véritable trésor : l’essentiel des archives laissées par l’écrivain. Certes, les manuscrits des grands romans publiés du vivant de Stendhal ont été détruits, conformément à une tradition d’époque, mais la Bibliothèque municipale de Grenoble conserve les précieux manuscrits de Lucien Leuwen, Vie de Henry Brulard, Lamiel, Le Rose et le Vert et des Journaux de l’écrivain... mais aussi des textes historiques (Vie de Napoléon, Mémoires sur Napoléon...), esthétiques (fragments de l’Histoire de la peinture en Italie) ou philoso-phiques (Filosofia nova), souvent méconnus du grand public.

Mieux connaître ce fonds immense et le faire mieux connaître, voilà à quoi se sont employés depuis les années 1990 des chercheurs littéraires, informaticiens et linguistes de l’université Stendhal en travaillant de concert avec la Bibliothèque municipale de Grenoble pour constituer une base documentaire de ces manuscrits qui soit accessible en ligne. Face au volume impressionnant de manuscrits où l’on peut trouver juxtaposés le récit de la journée passée, des notes de lecture, des réflexions personnelles, des considérations esthétiques, des pensées philosophiques... les chercheurs doivent faire preuve de patience et de rigueur, d’opiniâtreté et d’organisation.

Stendhal écrit dans tous les sens, à la verticale, en diagonale, dans les marges, sur les couvertures, et même sur la tranche de ses cahiers. Il ajoute des croquis et des petites phrases cryptées que les meilleurs spécialistes n’arrivent pas toujours à déchiffrer. L’écriture plus ou moins soignée – plus ou moins lisible aussi ! – traduit ou trahit son état d’esprit. C’est donc à une écriture vivante et complexe qu’on a affaire et l’on s’aperçoit que le texte qu’on croit connaître par le biais des éditions diffère parfois de ce que l’écrivain a écrit.

Pour saluer le travail d’ampleur réalisé, la Ville de Grenoble et l’université Stendhal ont inauguré le 26 novembre 2009 à l’ Amphidice le site www.manuscrits-de-stendhal.org.Chercheurs spécialisés, amateurs éclairés mais aussi grand public, dispose ainsi d’un accès plus facile aux pages précieuses et fragiles du fonds, par la consultation des vues numérisées de chacune d’entre elles, accompagnée de sa transcription et d’une description détaillée. La plateforme créée continuera à être alimentée par les chercheurs. À terme, des outils, issus des technologies du traitement automatique des langues, seront progressivement mis en place, notamment pour permettre des recherches complexes en littérature et en linguistique ainsi que la constitution de supports pédagogiques. ■

Pour en savoir plus, une seule adresse : www.manuscrits-de-stendhal.org

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Formation

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L’exigence d’un haut niveau en languesLes étudiants du master TSM sont formés à la traduction de documents spécialisés et à l’interprétation de liaison, quel que soit le contexte professionnel. Ils doivent utiliser deux voire trois langues étrangères de manière performante tout en ayant une parfaite maîtrise de leur langue maternelle.Conformément aux principes de la filière LEA, les deux langues étrangères principales ont le même poids dans la formation. Si l’anglais est obligatoire, la seconde langue peut être l’allemand, l’espagnol, l’italien ou le russe. La troisième langue est choisie parmi une palette de19 langues.

L’acquisition et le développement de compétences variées et spécifiquesTraduire des textes techniques, juridiques ou commerciaux dans des conditions professionnelles requiert des compé-tences multiples : les compétences langagières sont indis-pensables mais elles ne suffisent plus pour devenir traducteur professionnel aujourd’hui. Il faut savoir effectuer la préparation thématique et documentaire nécessaire, gérer des ressources terminologiques et phraséologiques, utiliser des outils spécifiques, déterminer une stratégie adaptée à la situation de traduction – qui est, elle, liée au commanditaire, au destinataire et à la fonction du texte traduit –, restituer les contenus selon le cahier des charges établi, appliquer les normes d’assurance qualité notamment en matière de révision (relecture) et

organiser la traduction en équipe de gros volumes grâce aux techniques de gestion de projet.

Pour permettre aux étudiants d’acquérir toutes ces com-pétences et de maîtriser parfaitement les dernières tech-niques, le master TSM allie pratique intensive de la traduction professionnelle, renforcement des connaissances en droit, sciences et techniques, enseignement théorique et pratique de terminologie, réflexion sur la traductologie et utilisation d’outils informatiques de pointe, notamment en traduction assistée par ordinateur (TAO) et en gestion terminologique. Répartie sur quatre semestres, la formation est exigeante, mais les enquêtes menées auprès des diplômés révèlent un indice de satisfaction élevé (4,1 sur 5).

L’objectif d’une insertion professionnelle à la cléLes deux stages obligatoires du master TSM s’effectuent dans des sociétés de traduction ou des entreprises installées principalement en Rhône-Alpes, ainsi qu’à l’étranger, comme, par exemple, à la Commission européenne ou dans les offices fédéraux suisses, avec lesquels les responsables du master TSM ont tissé des liens étroits. Traducteur, traducteur-réviseur, traducteur-terminologue, chef de projet en traduction, responsable de la terminologie : tels sont les métiers exercés par nos diplômés, en entreprise ou en cabinet de traduction, au sein d’institutions publiques ou

À l’ère de la mondialisation de l’économie, du développement intensif des échanges internationaux, de la montée en puissance d’Internet dans le monde, l’importance des langues dans leur diversité est mise en exergue et les besoins en traduction se multiplient.Dans ce contexte, le master Traduction spécialisée multilingue (TSM) forme des professionnels de haut niveau, capables de s’insérer dans tous les secteurs d’activités, en France comme à l’étranger.

Créé en 1992 sous la forme d’un Diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS), le master Traduction spécialisée multilingue est l’une des trois spécialités du master LEA (Langues étrangères appliquées) qui existe sous sa forme actuelle depuis 2004.

Le master LEA - Traduction spécialisée multilingue De l’exigence à la reconnaissance : une formation plébiscitée

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Formation

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Existant depuis 1996, la junior entreprise ATLAS est entièrement gérée par les étudiants du master TSM. Ces derniers apprennent ainsi à démarcher des clients, établir devis et factures pour des missions de traduction ou d’interprétation, gérer la comptabilité de l’association et bien entendu réaliser les prestations. Un bilan des activités réalisées dans ce cadre est pris en compte dans l’évaluation : ATLAS contribue ainsi à renforcer la professionnalisation intégrée aux études.

www.atlas-traduction.comCourriel : [email protected]

Le master LEA - Traduction spécialisée multilingue (TSM) de l’université Stendhal a obtenu en septembre 2009 le label EMT Master européen en traduction (European Master’s in Translation) décerné par le comité d’experts européens de la Délégation générale de la traduction à Bruxelles.Ce label a été accordé à 34 formations de traducteurs pour les 27 pays de l’Union Européenne, à la suite d’une procédure de certification fondée sur un référentiel de compétences et portant sur les maquettes, le profil des enseignants, les ressources et outils de TAO utilisés, ainsi que l’insertion professionnelle des diplômés des dernières promotions.

http://ec.europa.eu/dgs/translation/programmes/emt/network/

L’Association des traducteurs en langues appliquées de Stendhal (ATLAS)

Le label européen EMT décerné au master TSM

d’organisations internationales. Un grand nombre de ces jeunes traducteurs choisissent, au bout de quelques années, de s’installer comme traducteurs indépendants et sont satisfaits de leur activité et de la qualité de vie qu’ils en retirent.Par ailleurs, les résultats des enquêtes réalisées sur l’insertion professionnelle montrent que 90 % des diplômés trouvent un emploi dans les six mois suivant la fin de leur formation. ■

Promo 2009-2010 du M2 TSM

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Formation

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Témoignages de diplômés

Nicolas Blandin, diplômé en 2005, traducteur, actuellement en poste au sein de l’entreprise Factory Mutual à Paris

Mon stage de fin d’études a immédiatement débouché sur un premier CDD, qui a ensuite été transformé en CDI. Il faut dire que le master TSM m’avait bien préparé à la traduction technique et juridique, ce qui correspondait parfaitement au domaine de l’assurance, activité de mon premier employeur. J’ai donc pu comprendre les besoins de l’entreprise et m’adapter rapidement. Par ailleurs, le master jouissait d’une bonne réputation auprès de mon employeur (une ancienne élève y était déjà embauchée), ce qui m’a également servi. Il est important de comprendre qu’un traducteur ne passe pas l’intégralité de son temps à traduire. Personnellement, je consacre environ 60 % de mon temps à la traduction, 30 % à la révision et le reste aux tâches administratives et de gestion terminologique. Les documents que je traduis sont essentiellement de nature technique (études de risques, lettres de projet, fiches tech-niques...) et juridiques (rapports de règlement de sinistre, attestations d’assurance, etc.). Il m’arrive également de traduire des communiqués de presse, des brochures commerciales et des supports pédagogiques (cours de formation en ligne).La plupart des traductions et révisions sont réalisées à l’aide d’outils de TAO et les requêtes sont gérées à l’aide d’un outil de gestion en ligne. Enfin, l’entreprise pour laquelle je travaille actuellement dispose d’un réseau de traducteurs dans le monde entier. Il m’arrive donc de me rendre aux Etats-Unis une à deux fois par an pour des réunions de travail. C’est également un luxe car le traducteur est d’habitude sédentaire, contrairement à l’interprète qui est amené à se déplacer régulièrement.

Catherine Natalizia, diplômée en 2008, traductrice- terminologue à l’Office fédéral de la formation professionnelle et de la technologie à Berne (Suisse)

Cette formation, très complète en matière de traduction et de terminologie, apporte des connaissances informatiques poussées et permet de développer une expérience profession-nelle grâce à deux stages obligatoires. Pour ma part, j’ai été embauchée dans la continuité directe de mon stage.Au sein de l’Office fédéral de la formation professionnelle et de la technologie, je travaille à la traduction de textes à caractère juridique (lois, ordonnances, décisions), économique, scientifique et technique. En ce qui concerne la terminologie, j’ai en charge la gestion de la banque de données existantes - 3500 fiches - et son enrichissement. Le développement d’une nouvelle organisation du service de traduction (prospection pour de nouveaux outils d’aide à la traduction, réorganisation de la réception et du classement des mandats, etc.) m’occupe également, ainsi que la responsabilité du service lorsque mes supérieures sont absentes.

Sandrine Kelly, diplômée en 2000, traductrice, actuellement en poste à la Cour pénale internationale La Haye (Pays-Bas)

L’un des principaux atouts de cette formation est, je crois, son caractère véritablement professionnalisant, notamment grâce aux intervenants extérieurs qui sont en prise avec le monde « réel ». Le stage obligatoire y contribue aussi et a débouché sur ma première embauche. Depuis, j’ai fait du chemin…Il existe deux services de traduction à la Cour pénale internationale (CPI). En effet, dans un souci d’impartialité, le Bureau du procureur compte en son sein un service de traduc-tion restreint qui lui est propre et dont je suis un des membres. Je traduis et révise essentiellement deux types de documents : des déclarations de témoins (victimes ou suspects) contenant des informations sur des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ou des génocides, les trois crimes pour lesquels la CPI est compétente, et des écritures (documents juridiques tels que des requêtes de l’Accusation adressées à l’une des chambres de la Cour).Les conditions d’embauche à la CPI sont identiques à celles de l’ONU : ce sont des conditions de rêve pour un traducteur. Mes collègues et ma responsable sont très compétents. Et pour la première fois depuis la fin de mes études, j’ai la possibilité d’améliorer sensiblement mes compétences dans un environnement cosmopolite. Il est par ailleurs très motivant d’assister à la naissance d’une institution dont le monde entier a rêvé depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. ■

CPI (La Haye)

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RechercheRecherche

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Perspectives européennes des études littéraires francophones

Les « études postcoloniales » sont un champ de recherche important des domaines de littérature et de sciences humaines et sociales dans de nombreuses universités du monde. En analysant les créations culturelles, elles alimentent et par là-même font évoluer la réflexion sur les cultures et les sociétés issues de la décolonisation, reconnaissant le caractère métissé – ou hybride – de ces créations, forgées à partir de multiples interactions culturelles, sociales, politiques.

Organisé du 17 au 19 mars dernier par l’équipe de recherche Traverses 19-21, à la MSH-Alpes, ce colloque international se proposait de faire le point sur les théories, les outils intel-lectuels, les différents savoirs ou systèmes discursifs utilisés par les chercheurs européens travaillant dans le domaine des études littéraires francophones.Les nations européennes, à partir de leur culture et de leur tradition propres, ont élaboré des discours théoriques et des approches pratiques qui ont contribué aux développements des études francophones. Bien plus, héritière d’une longue tradition concernant le dialogue interculturel, la recherche européenne a posé son regard sur les réalités complexes du monde francophone et n’a pas manqué d’évoluer profondément depuis trente ans.

Dans quelle mesure le développement de la pragmatique et de l’analyse du discours, le « retour à la philosophie » (Deleuze, Badiou), le renouveau de l’éthique (Lévinas, Ricoeur...), les nouvelles formes que prennent l’histoire littéraire ou la sociologie, la montée en puissance de la génétique, l’intérêt pour les questions éditoriales influencent-ils les chercheurs européens et permettent-ils un renouveau des études francophones ?La confrontation avec les postcolonial studies, le cheminement propre aux cultures européennes, les nouvelles perspectives ouvertes par la recherche contemporaine constituent un enjeu majeur en ce début de XXIe siècle. Ce colloque interrogeait la variété et la spécificité, pour autant qu’elle existe pleinement, de cette science de l’étranger francophone construite en Europe à l’heure de la globalisation, d’une « littérature-monde » encore à définir. ■

Perspectives européennes des études littéraires francophones : un colloque de synthèse critique et méthodologique en regard des études postcoloniales

Lors du colloque Perspectives européennes des études littéraires francophones qui se déroulait du 17 au 19 mars 2010

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Recherche

Jean-Loup AmselleAnthropologue et ethnologue africaniste français, Jean-Loup Amselle est Direc-teur d’études à L’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), rattaché au Centre d’études africaines (CEAF). Il est l’auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels Logiques métisses (1990), Vers un multiculturalisme français (1996) et L’Occident décroché : enquête sur les postcolonialismes (2008).

Janos RieszProfesseur émérite de l’université de Bayreuth (Allemagne) où il est spécialiste

des littératures africaines francophones. Auteur et éditeur de livres et d’essais sur les littératures africaines et les relations littéraires entre l’Europe et l’Afrique, Janos Riesz a présenté dans son dernier ouvrage Astres et Désastres - Histoire et récits de vie africains de la Colonie

à la Postcolonie (2009) un choix de ses travaux réalisés au cours des vingt dernières années.

Littératures francophones du monde : Suds et ailleurs Exposition à la BU Droit-Lettres jusqu’au 15 avril À l’occasion du colloque « Perspectives européennes des études littéraires francophones », la bibliothèque universi-taire Droit-Lettres et les bibliothèques des UFR de l’université Stendhal présentent des photographies d’écrivains francophones ainsi qu’une sélection d’ouvrages qui témoigne de la richesse des études sur les littératures et sociétés francophones issues de la décolonisation - ou non.Romans et poèmes d’auteurs maghrébins, africains, ou antillais qui écrivent en français sont aussi à découvrir dans ces bibliothèques.

Nées en Angleterre et aux États-Unis dans les années 80, les postcolonial studies analysent les créations culturelles en se demandant pourquoi et comment celles-ci sont encore marquées par les conséquences des colonisations. Si leur champ est plus restreint, les études littéraires franco-phones recouvrent aujourd’hui des enjeux similaires et non des moindres. Pour dresser un état des lieux de la création

littéraire et artistique envisagée dans cette perspective, il convient de se reposer des questions philosophiques, religieuses, sociologiques, anthropologiques… même si certains outils intellectuels qui permettent d’appréhender pleinement ces créations culturelles quelle que soit leur forme (littérature, peinture, sculpture, cinéma…) demeurent spécifiques.

Les actes de ce colloque seront publiés.et des podcasts mis en ligne

Pour en savoir plus : http://w3.u-grenoble3.fr/traverses

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Des invités de renom parmi lesquels :

Des postcolonial studies aux études francophones : des territoires variés, des enjeux similaires, des outils spécifiques

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Emmanuela Minea Timotin« Les Charmes roumains manuscrits. Évolu-tion et transmission d’un savoir traditionnel aux XVIIe - XIXe siècles »Sous la direction de Philippe WalterRecherche sur l’imaginaire, 10/01/2009

Khaled Asbita« Les facteurs déterminants de la commu-nication au sein des entreprises publiques libyennes »Sous la direction de Claudine CarluerSciences de l’information et de la communi-cation, 27/01/2009

Faten Ben Lagha Tabei« Approche communicationnelle du recours aux TIC dans l’enseignement supérieur tuni-sien : le cas de l’enseignement aux ISET »Sous la direction de Bernard MiègeSciences de l’information et de la communi-cation, 27/01/2009

Paul Mendes« Le français au Cap Vert : réalité et perspec-tives de politique et planification linguistique et éducative »Sous la direction de François MangenotSciences du langage, 26/02/2009

Maha Zaraket« Rafic Hariri, un mythe conforté par les médias »Sous la direction de Bernard MiègeSciences de l’information et de la communi-cation, 10/03/2009

Ernesto Vandelli « Sartre et Pirandello »Sous la direction de Enzo NeppiÉtudes italiennes, 15/05/2009

Rana Kandeel« Intégration des TIC dans un cours de langue dans le contexte jordanien »Sous la direction de Jean-Emmanuel Le BraySciences du langage, 18/06/2009

Hongjie Zhang« Études contrastives de la pratique citation-nelle en français et en chinois »Sous la direction de Francis GrossmannSciences du langage, 19/06/2009

Mamadou Diop« La multivalence du sacré dans l’oeuvre poé-tique de Léopold Sedar Senghor : négritude, universalité et géopolitique »Sous la direction de Claude FintzRecherche sur l’imaginaire, 22/06/2009

Barbara Razola Mayor« Les interactions entre étudiants dans la classe de langue et dans les environnements pédagogiques multimédias : convergence, divergence, potentialités »Sous la direction de Christian Degache et Ana María Cestero ManceraSciences du langage, 24/06/2009

Maria Graziano « Le développement de la relation entre les compétences verbale et gestuelle dans la construction d’un texte narratif chez l’enfant (âgé de 4 à 10 ans) »Sous la direction de Jean-Marc Colletta et Stefano GensiniSciences du langage, 25/06/2009

Émilie Troille« De la perception audiovisuelle des flux oro-faciaux en parole à la perception visuelle des flux manuo-faciaux en langue française

parlée complétée. Adultes et enfants : enten-dants, aveugles ou sourds » Sous la direction de Marie-Agnès CathiardSciences du langage, 27/06/2009

Sara Aponte - Wilkins« Prudence, providence et sainteté dans les œuvres de B. Gracian et Montaigne »Sous la direction de Francis GoyetLittérature française, 30/06/2009

Dimitri Régis Balima« L’appropriation sociale des chaînes de télé-vision en Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina, Faso et Mali). Les modalités de l’adhésion des élites africaines à la culture télévisuelle »Sous la direction de Bernard MiègeSciences de l’information et de la communi-cation, 30/06/2009

Pierre Martial Abossolo« De la relativisation de la notion de fantas-tique, essai de lecture comparée des textes français et africains »Sous la direction de Florence GoyetLittérature générale et comparée, 26/09/2009

Marie Mas« Le corps à l’œuvre dans la poésie d’Élisabeth Bishop »Sous la direction de Denis BonnecaseÉtudes anglophones, 13/11/2009

Virginie Thomas « Les représentations de la femme dans les transcriptions des légendes arthuriennes au 19e et au début du 20e siècle »Sous la direction de Catherine DelmasÉtudes anglophones, 20/11/2009

Monika Siama« La mythologie chrétienne en Pologne du haut Moyen-âge. Le cas de Saint Adalbert »Sous la direction de Philippe WalterRecherche sur l’imaginaire, 24/11/2009

Omar Colombo« L’apprentissage du lexique et des suffixes évaluatifs en italien : la production écrite et la compréhension orale à partir d’images chez des étudiants francophones »Sous la direction d’Elisabetta Carpitelli Sciences du langage, 27/11/2009

Laurence Buson« Variation stylistique entre 5 et 11 ans et réseaux de socialisation scolaire : usages, représentations, acquisition et prise en compte éducative »Sous la direction de Jacqueline BilliezSciences du langage, 30/11/2009

Lucien Perticoz« Les processus techniques et les mutations de l’industrie musicale. L’auditeur au quoti-dien, une dynamique de changement »Sous la direction de Bernard MiègeSciences de l’information et de la communi-cation, 07/12/2009

Émilie Delafosse« La pratique des genres dans l’œuvre narra-tive d’Eduardo Berti »Sous la direction de Michel LafonÉtudes hispaniques et hispano-américaines, 07/12/2009

Patrick Guillaud« La créativité dans les équipes de produits culturels édités : entre émergence du nou-veau et recherche de succès »Sous la direction de Bernard MiègeSciences de l’information et de la communi-cation, 08/12/2009Aurélie Deny« Le théâtre en France et en Espagne : regards croisés sur vingt ans de diffusion éditoriale et scénique (1989-2009) »Sous la direction de Georges TyrasÉtudes ibériques, 08/12/2009

Mathieu Loiseau« Élaboration d’un modèle pour une base de textes indexée pédagogiquement pour l’enseignement des langues »Sous la direction de Georges AntoniadisIndustrie de la langue, 09/12/2009

Bertrand Chatelain« L’âne dans le Proche-Orient antique : l’asinité sémitique et biblique »Sous la direction de Philippe WalterRecherche sur l’imaginaire, 10/12/2009

Mohsen Maraoui« Élaboration d’un dictionnaire multifonction, à large couverture, de la langue arabe. Applications aux systèmes d’ALAO »Sous la direction de Georges AntoniadisIndustrie de la langue, 18/12/2009

Tatsiana Kuchyts-Chalier « S’ils étaient de retour ces étranges fami-liers… La passion/répulsion de la famille dans l’œuvre d’Arthur Adamov. Lecture psychana-lytique de Si l’été revenait »Sous la direction de Bernadette Bost Littératures française et francophone19/12/2009

Amandine Viale« Les enjeux de la programmation et de la diversité musicale au sein des radios commerciales françaises : NRJ, Fun Radio, Skyrock, Virgin Radio et RTL2 »Sous la direction de Bernard MiègeSciences de l’information et de la communi-cation, 14/01/2010

Dolly Biye B’Essono Ondo« La primauté du Pathos : analyse rhétorique des discours de De Gaulle »Sous la direction de Francis GoyetLettres et arts, 04/02/2010

Habilitations à diriger les recherches

• Abdelkrim Hizaoui, Sciences de l’information et de la communication, 13/03/2009

• Françoise Raby, Sciences du langage,19/11/2009

• Sylvie Wharton, Sciences du langage, 09/12/2009

• Serge Stolf, Etudes italiennes, 01/12/2009

• Bernard Ramadier, Lettres et arts, 04/12/2009

• Agnès Tutin, Sciences du langage, 22/01/2010

RechercheThèses

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Alfons Cervera : roman, mémoire

et résistance

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Après quarante années de dictature au cours de laquelle la moindre opposition au régime aura été réprimée sans pitié, le général Franco meurt en novembre 1975. S’ouvre alors le processus dit de la « Transition démocratique » (1975-1982), qui occulte ou néglige les exactions passées, et met franquistes reconvertis et républicains vaincus sur un pied d’égalité démocratique factice et trompeur, au prix de l’étouffement de toute mémoire, en particulier de celle des vaincus de la Guerre civile et des victimes de la répression franquiste.

De l’importance du « roman de la mémoire »dans l’Espagne démocratique

Le roman de la mémoire : vers une identité génériqueLe roman va s’installer dans le vide mémoriel laissé par les institutions, quelle qu’en soit la couleur politique, et récupérer depuis le terrain littéraire cette mémoire confisquée, en adoptant une perspective et des procédés qui confèrent aux textes une véritable identité générique. D’un point de vue thématique, ce n’est jamais la « grande histoire » qui est au centre du récit, mais ce qui fut le quotidien des représailles subies par les vaincus anonymes ; quant à la narration, elle est souvent délivrée de façon personnelle, sous forme de mémoires ou de journaux intimes fictionnels, ou bien par une instance narrative fragmentée et plurielle. La mémoire est ainsi placée au centre d’un dispositif fictionnel qui mime les processus individuels et collectifs de sa récupération et en met en scène la transmission

Les grandes figures de cette littératureSi l’on devait chercher un précurseur à cette littérature, sans doute faudrait-il citer Juan Marsé, dont Adieu la vie, adieu la mort, publié au Mexique en 1973, récupère le territoire de

l’enfance barcelonaise recréant ainsi les sombres années 40. L’œuvre de Marsé, qui se poursuit avec Un jour je reviendrai (1982), ou Boulevard du Guinardó (1984), a toujours gardé, selon son expression, « le doigt sur la détente de la mémoire ».Les années quatre-vingt sont marquées par quelques chefs-d’œuvre qui, dans un paysage romanesque qui se cherche, dénoncent les exactions du franquisme. C’est le cas de Lune de loups (Luna de lobos, 1985), de Julio Llamazares, dont l’écriture empreinte de poésie tire de l’oubli les maquisards de la province de León ; de Beatus ille (1989), d’Antonio Muñoz Molina qui tente de faire la lumière sur la mort d’un poète abattu par les franquistes ; du Pianiste, de Manuel Vázquez Montalbán (El pianista, 1985), qui met en perspective passé franquiste et Transition démocratique.Le même écrivain ouvre les années quatre-vingt-dix avec Galíndez (1990), enquête sur l’assassinat en 1956 à Saint- Domingue d’un homme politique basque, qui reçoit le Prix national du Roman et contribue à attirer plus fortement l’attention sur une littérature de la mémoire et de l’engage-ment. Rafael Chirbes, avec La belle écriture (1992), ou La longue

Perspectives

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marche (1996), évoque la transmission d’une mémoire inconnue des jeunes générations, ou la trahison d’anciens opposants au franquisme qui tirent à présent profit des cadres politiques et économiques mis en place par la démocratie. Le retour de la droite espagnole au pouvoir, au milieu des années quatre-vingt dix, s’accompagne d’une effervescence du roman de la mémoire, dont Le crayon du charpentier, de Manuel Rivas (1999) est un des plus beaux spécimens. Lien de cause à effet, même si opèrent aussi les stratégies éditoriales dues à une forte demande du public. L’affrontement idéologique sur la Transition qui se produit alors dans la société espagnole se retrouve dans de nombreux romans, où prévaut souvent le consensus, voire le renvoi dos à dos des deux camps. Alfons Cervera prend position dans ce débat à partir du milieu des années 90 ; son œuvre montre qu’il ne s’agit plus seulement désormais de tirer de l’oubli la mémoire des vaincus mais aussi de la mettre en perspective avec le passé lointain et proche pour mettre en question une démocratie fondée sur un véritable « pacte du silence ».

Un double objectif : récupérer et transmettre la mémoire historiqueLes textes du nouveau millénaire creusent ce sillon, tracé par les générations des enfants et petits-enfants des républicains, dont la volonté de connaître la vérité sur les exécutions, les déportations, l’exil, les spoliations, les enlèvements et adoptions forcées d’enfants prend la forme d’une enquête où la fiction le dispute à la réalité. C’est le cas dans le sulfureux roman de Javier Cercas, Les soldats de Salamine (2001) ou l’émouvant Voix endormies (2002) de Dulce Chacón. L’enquête désormais, et plus largement la fiction, reconstituent la chaîne brisée des générations, comme le font deux textes de toute beauté, en cours de traduction en français : Mala gente que camina de Benjamín Prado (2006), et El corazón helado d’Almudena Grandes (2007). Et la liste serait longue d’auteurs – Carmen Riera, Luis Mateo Díez, Manuel Longares, Jesús Ferrero – qui empruntent un chemin qui, pour être celui de la création littéraire, n’en est pas moins dans le même temps celui de la réhabilitation historique. Car, comme le montre la Loi sur la mémoire historique de 2007, fondée une fois de plus sur la recherche du consensus, l’Espagne peine à se débarrasser des fantômes du franquisme : héritage d’un passé qui décidément ne passe pas. ■

Un cycle romanesque consacré à la mémoire des vaincusAu milieu des années 90, incité par ses proches autant que par le besoin de récupération de la mémoire qui travaille alors la société espagnole, Alfons Cervera décide de consa-crer son labeur d’écrivain à la mémoire de la guerre et de l’après-guerre civiles espagnoles. Un cycle romanesque prend naissance et se compose à ce jour de cinq ouvrages : • El color del crepúsculo (La couleur du crépuscule) - 1995• Maquis - 1997,• La noche inmóvil (La nuit immobile) - 1999,• La sombra del cielo (L’ombre du ciel) - 2002• Aquel invierno (Cet hiver-là) - 2005.

Ces romans, que la critique espagnole tient pour les plus achevés du paysage littéraire consacré à la mémoire des vaincus, conjuguent leurs effets pour reconstituer la vie du village natal de l’écrivain, Gestalgar – transposé dans l’œuvre sous le nom de Los Yesares –, à différents moments de l’époque contemporaine. Précisons que cette région, aux limites des provinces de Valencia, Teruel et Cuenca, a été la scène d’affrontements violents à l’époque du soulèvement franquiste.

Les procédures d’ancrage et le mécanisme du souvenir permettent d’embrasser une période comprise entre la guerre de Cuba (1898) et la Transition démocratique (1975-1982), mais l’accent est mis, comme l’indique le titre du second livre Maquis, sur la phase de résistance armée au franquisme, entre la Guerre civile et le début des années cinquante. Une époque marquée par la culpabilité, la peur, l’oubli.Ce que les récits s’attachent à faire revivre, ce sont les aléas grands et petits de la vie quotidienne — rencontres, amours, naissances, morts, luttes, souffrances, privations — qu’affrontent les habitants du village, dans un contexte de règlement unilatéral des comptes historiques. Le projet de l’écrivain est clair : « Je ne recherche pas la revanche mais la mémoire de faits qui jusqu’alors n’ont été racontés que dans la version unique et intéressée des vainqueurs de la guerre. » Chaque roman est un exercice de récupération de la mémoire confisquée en même temps qu’une variation formelle sur des modalités d’écriture aux frontières de l’oralité, susceptibles de prendre en compte ce que Marc Augé appelle « les formes de l’oubli ». La question que pose une entreprise de cette nature est donc celle des modalités d’écriture capables de représenter, voire de réhabiliter une réalité que masque le discours officiel, en la recouvrant des voiles épais de la propagande et du consensus. La réponse romanesque d’Alfons Cervera est faite de fragmentation, de discontinuité, de polyphonie, afin de montrer que le réel offre de multiples facettes, et que toutes les voix ont droit à la parole. Son écriture, aux confins parfois de la prose poétique, est tout simplement belle et sert à merveille des histoires qui, par delà des péripéties espagnoles, plongent au cœur des aspects essentiels de la condition humaine.

Un auteur à découvrir d’urgence, donc...

Perspectives

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L a f o s s e a u x o u r s

LA ROME VAGABONDE de Lodoli n’appartientià aucun guide touristique : c’est une ville

d’îlots de beauté et de poésie qui émergent d’undimanche pluvieux, ou d’un après-midiensoleillé, mais que seul un œil clairvoyant estcapable de saisir.On pourrait ajouter mille facettes à cet autrevisage de Rome : le cordonnier sans âge de la viaSan Martino ai Monti, le fronton de SanGiovanni dei Fiorentini que les gueules-de-louppourpres et les câpriers chevelus transformaienten jardin au printemps, la trattoria de la viaAttilio Zuccagni Orlandini où l’on mange lesmeilleurs gnocchis du monde…

Marco Lodoli est né en 1956 à Rome où il enseigne dansun lycée. Ses livres précédents, Chronique d’un siècle quis’enfuit, Le Clocher brun, Les Fainéants et Courir,mourir, sont édités chez P.O.L., et Boccacce à L’Arbrevengeur.

ISBN: 978-2-35707-002-8

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MaquisTraduit de l’espagnol par Georges Tyras

18 €

Perspectives

Rencontre avec l’écrivain Alfons Cervera

Alfons Cervera est journaliste, universitaire responsable du « Fórum de debates » à l’université de Valencia, mais surtout écrivain, de langue castillane.Auteur de six recueils publiés, Alfons Cervera est aussi un poète reconnu autant qu’un journaliste attendu – dont les chroniques de presse modèlent l’opinion – mais c’est comme romancier qu’il s’est fait un nom, avec une première série de textes publiés à partir de 1984 (1er roman intitulé Sur les vampires et autres histoires d’amour) jusqu’au milieu des années 90, puis son cycle romanesque consacré à la mémoire des vaincus dont l’ouvrage Maquis vient d’être traduit en français par Georges Tyras, professeur de langue et littérature espagnoles contemporaines à l’université Stendhal.

MaquisÀ los Yesares, dans la province de Valence, des hommes et des femmes continuent à combattre la dictature franquiste après la fin de la guerre civile. Maquis, véritable chanson de geste des humbles et des humiliés de l’histoire, est le récit de ces temps difficiles.Alfons Cervera (né en 1947) restitue avec force la mémoire des vaincus.ISBN : 978-2-35707-011-0

On annonce la parution de Maquis, un roman central dans votre œuvre, pour ce printemps 2010. Que signifie pour un écrivain de la mémoire historique espagnole être traduit en France ?C’est important pour n’importe quel écrivain d’être traduit dans une autre langue que la sienne, mais dans le cas des écrivains de la mémoire, ça l’est encore plus. Il y a eu, dans nos deux pays, une occultation de la mémoire. En France, par le biais de l’invention d’une biographie de la résistance face au nazisme qui est loin d’être avérée. En Espagne, sous la forme d’un si-lence permanent jusqu’à la fin de dictature franquiste et d’un oubli profond pendant la Transition démocratique. Pour un écri-vain, dévoiler ce type d’occultation est une tâche passionnante.

Peut-on dire que le propos de votre cycle romanesque sur la mémoire est de redonner une voix à ceux qui en ont été privés par les brutalités de l’Histoire avec sa grande hache ?

Tout à fait. Dans chacun des romans composant le cycle pren-nent la parole les êtres qui ont perdu leur voix pendant la guerre civile et tout au long de l’après-guerre, dans la situation d’in-croyable répression que créent la victoire et la dictature fran-quiste. En Espagne, pendant très longtemps, il y a eu une his-toire officielle racontée par les seuls vainqueurs ; mon intention est de redonner la parole aux vaincus de façon qu’ils puissent raconter leur version des faits. Mais il y a aussi un propos sous-jacent plus large, qui est lié à la question de l’origine de l’écri-vain : d’où vient-il ? Pour qui raconte-t-il ? Quel est son point de vue sur la réalité ? De quelles valeurs est-il porteur ?

Cela est-il en rapport avec le fait que les protagonistes de vos romans sont souvent féminins ?

J’avoue que je me méfie quelque peu des personnages masculins. Pour raconter l’histoire d’une époque obscure, difficile, marquée par la peur, j’étais réticent à l’idée de donner la parole à un personnage masculin, parce que nous, les hommes, nous sommes capables de mentir de façon effrontée. Nous sommes incapables de reconnaître notre faiblesse, nos fragilités. L’histoire de l’après-guerre est une histoire sans héros d’aucune sorte, et si c’est un homme qui la raconte, il risque d’embellir la réalité, de se faire passer pour Superman. Pas une femme.

La préoccupation d’une écriture de l’engagement suppose- t-elle un soin particulier accordé aux questions de forme ?

On m’a souvent fait remarquer que mon œuvre antérieure au cycle de la mémoire était marquée par des procédés qualifiés de formalistes : la polyphonie, la fragmentation, le perspectivisme, la recherche d’une prose épurée. Je dirais que les romans de la mémoire assimilent ces procédés expérimentalistes et les mettent au service d’un projet qui est aussi éthique qu’esthétique : ces textes élaborent une écriture qui, loin d’être un simple jeu sur la masse verbale, traduit un engagement moral individuel et collectif qui ne concerne pas le seul écrivain mais l’ensemble du monde représenté. ■

Alfons Cervera Georges Tyras

Dossier réalisé par Georges Tyras et Juan Vila

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Livres

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La Chanson de Walther (Waltharii poesis)Texte présenté, traduit et annoté par Sophie Albert, Silvère Menegaldo et Francine MoraCollection « Moyen Âge européen »2008 – 165 p. – 14 x 21,50 cmISBN 978-2-84310-128-1. ISSN 1270-9794Prix 20 €

La Chanson de Walther offre une nouvelle tra-duction du Waltharius, poème épique carolingien contant les aventures de Walther et de sa fian-cée Hildegonde. Le texte est accompagné d’une

introduction littéraire, d’une notice, d’une chronologie, d’un index nomi-num et d’une bibliographie.Édition bilingue annotée du texte intégral (selon l’édition K. Strecker, 1951).

Contes symbolistes volume 1Bernard Lazare, Le Miroir des légendes (1892) ; Marcel Schwob, Le Roi au masque d’or (1892)Édition présentée par Bertrand Vibert (avec la collaboration de Michel Viegnes et Sabrina Granger)Hors collection2009 – 491 p. – 13 x 20 cmISBN 978-2-84310-133-5Prix 33 €

On propose ici deux recueils de contes peu connus de la décennie symboliste 1890-1900,

dont le premier n’a jamais été réédité. Cet univers de contes poétiques est à redécouvrir et peut intéresser tous les amateurs et curieux de lit-térature.

Traces de SartreJean-François LouetteHors collection2009 - 389 p. – 14,50 x 21 cmISBN 978-2-84310-135-9Prix 32 €

Un ouvrage de critique et d’histoire littéraires, consacré à certains des livres les plus célèbres de Sartre (La Nausée, Le Mur, L’Être et le Néant, Les Séquestrés d’Altona, Les Mots, L’Idiot de la famille). Une approche qui tente, au plus près des textes, d’être fidèle à la double nature de l’œuvre,

littéraire et philosophique.

Désaccords parfaitsLa réception paradoxale de l’œuvre de Milan Kundera. Textes présentés par Marie-Odile Thirouin et Martine Boyer-WeinmannHors collection2009 – 361 p. – 14.50 x 21 cmISBN 978-2-84310-141-0Prix 30 €

Cet ouvrage fait l’état des lieux d’une réception critique pleine de contrastes et envisage le cas de Milan Kundera sur la scène mondiale de la littérature.

Langage, objets enseignés et travail enseignantOuvrage coordonné par Sandra Canelas-Trevisi, Marie-Cécile Guernier, Glaís Sales Cordeiro, Diana-Lee SimonCollection « Didaskein »2009 – 369 p. – 14 x 21,50 cmISBN 978-2-84310-144-1 – ISSN 2102-4596Prix 30 €

Cet ouvrage s’attache à décrire, à comprendre et à expliquer les pratiques d’enseignement et d’apprentissage en classe. Dans ses cinq parties, des équipes de chercheurs issues de divers hori-

zons présentent des outils théoriques et méthodologiques pour analy-ser le travail de l’enseignant, l’activité de l’élève, les objets enseignés.

Stendhal littéralLamielYves AnselCollection « Bibliothèque stendhalienneet romantique »2009 – 214 p. – 14 x 21,50 cmISBN 978-2-84310-142-7. ISSN 1294-0658Prix 22 €

Lamiel, « Chronique » dont l’intrigue couvre les dernières années de la restauration et le début de la monarchie de juillet, conte la destinée d’une héroïne qui monte de Normandie à Paris.

Amorale, Lamiel emprunte des chemins non balisés, fait scandale parce qu’elle trace sa propre route.

Le Roman de MoriaenRoman van MoriaenTexte présenté, traduit et annoté par Baukje Finet van der SchaafCollection « Moyen Âge européen »2009 – 277 p. – 14 x 21,50 cmISBN 978-2-84310-148-9 – ISSN 1270-9794Prix 27 €

Édition bilingue d’un roman arthurien en moyen néerlandais relatant l’histoire d’un jeune cheva-lier noir, Moriaen, fils d’Agloval, chevalier de la Table Ronde et d’une Maure. Il part en quête de

son père qu’il retrouve avec l’aide de Gauvain et Lancelot.

Le voyage imaginaire dans le tempsDu récit médiéval au roman postmoderne

Brenda Dunn-LardeauHors collection2009 – 385 p. – 14,50 x 21 cmISBN 978-2-84310-137-3Prix 31 €

Cet ouvrage explore la littérature des voyages imaginaires dans le temps depuis ses origines antiques en passant par les œuvres de J.de Voragine, Montesquieu, W. Irving, V. Woolf, S. de Beauvoir, C. Fuentes jusqu’à celle de R. Davies, sans compter la centaine d’auteurs

dont les romans sont recensés dans une bibliographie commentée.

La Chanson de Walther Waltharii poesis

Texte présenté, traduit et annoté par Sophie Albert, Silvère Menegaldo et Francine Mora

Monument de la littérature européenne du haut Moyen Âge, le Waltharius se distingue des autres épopées latines de cette époque par un caractère composite d’où il tire toute sa séduction mais qui le rend encore, malgré les très nombreuses études qui lui ont été consacrées, passablement énigmatique. Son héros, Walther, une magnifique bête de combat qui réussit à lui tout seul à vaincre et à tuer onze adversaires lancés contre lui dans un défilé des Vosges, est une très belle incarnation de l’héroïsme guerrier scandinave ou germanique. Mais la finesse d’un clerc érudit a su lui donner aussi des résonances nouvelles. Sentimentales, d’abord, grâce à l’amour plein de délicatesse qui l’unit à sa fiancée Hildegonde, toujours présente à ses côtés, selon un schéma narratif sans doute emprunté aux romans de l’antiquité gréco-latine. Chrétiennes voire humanistes, ensuite, à travers un regard acéré qui met à nu les faiblesses du vieil héroïsme guerrier, menacé par des vices comme l’orgueil, la colère ou la cupidité qui seront fatals aux adversaires du héros et l’amène-ront lui-même à perdre la main droite. L’astucieuse reprise de vers empruntés à des poètes latins comme Prudence et Virgile tisse tout un réseau d’allusions que le lecteur attentif se doit de décrypter. Ainsi se crée peu à peu un climat ludique où tout le monde est invité à jouer, l’auteur avec le lecteur ou avec ses héros, et le héros lui-même avec ses adversaires qu’il affronte en des joutes verbales autant que guerrières. Cette œuvre originale et forte a jadis été datée du début du xe siècle et attribuée à Ekkehard 1er, abbé de Saint-Gall dans les Alpes suisses. On incline maintenant à la faire remonter au milieu ou au début du ixe siècle et à voir en elle, malgré son atypisme, l’un des plus brillants représentants de ce qu’on a coutume d’appeler la « renaissance carolingienne ».

Edition bilingue annotée du texte intégral (selon l’édition K. Strecker, 1951).

La Chanson de Walther Waltharii poesis

ISBN 978-2-84310-128-1ISSN 1270-9794

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Édition présentée par

Bertrand Vibertavec la collaboration de

Michel Viegnes & Sabrina Granger

Le Symbolisme est tout entier placé sous le signe de la Poésie. Or celle-ci ne se limite pas à un genre littéraire, même si l’influence de Mallarmé sur la jeune génération symboliste a pu le laisser croire. De fait, la Poésie est alors une valeur fédératrice qui englobe le théâtre – que l’on songe à Maeterlinck ou au jeune Claudel –, mais aussi le domaine prestigieux du conte. Dans la dernière décennie du xixe siècle, au moment même où le Positivisme semble triompher, le conte symboliste connaît un âge d’or et voit paraître plusieurs recueils importants, qui revendiquent aussi l’héritage des « contes cruels » de Villiers de l’Isle-Adam.

Sont présentés dans ce premier volume Le Miroir des légendes de Bernard Lazare, dont on propose la première réédition depuis sa publication en 1892, ainsi que Le Roi au masque d’or de Marcel Schwob, publié la même année. En inaugurant une nouvelle collection conçue comme un recueil de recueils, ce sont les facettes multiples d’un univers largement méconnu que cette édition voudrait faire découvrir.

Édition présentée par

Bertrand Vibertavec la collaboration de

Michel Viegnes & Sabrina Granger

Prix 33 C

ISBN 978-2-84310-133-5

Traces de

SartreJean-François Louette

ISBN 978-2-84310-135-9Prix : 32 €

Dans les sables de l’époque et contre les vents du conformisme, Sartre n’a cessé d’avancer : de forcer les réduits des vieilles opinions, de poser des jalons de pensée, d’indiquer des directions à explorer plutôt qu’à suivre. Il a tracé le plus précieux que puisse offrir un grand auteur : des repères polémiques joints à des inventions de sens et de langage. Les quatorze études qui composent Traces de Sartre, situées à l’articulation de la philosophie et de la littérature, voudraient à la fois proposer des analyses précises des grands textes sartriens et montrer que l’œuvre de l’écrivain-philosophe laisse chez ses lecteurs des traces vives – l’inverse des trop profondes racines, plutôt des appuis légers pour s’arracher à l’enlisement.

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Lamiel est la dernière grande fiction de Stendhal, laissée en plan(s) par la mort de l’auteur en 1842. Lamiel, dont l’intrigue se déroule dans les dernières années de la Restauration et le début de la monarchie de Juillet, est aujourd’hui encore un roman très méconnu, et pour des raisons qui ne tiennent pas seulement à son inachèvement. C’est à une réévaluation de cette œuvre déconcertante que s’attache la présente étude.

Beaucoup moins réaliste que Le Rouge et le Noir, Lamiel, rétrospective « chronique » des temps assez peu historique, conte la destinée d’une héroïne qui monte de Normandie à Paris, sans daigner écouter les innombrables sermonneurs qui lui veulent du bien. Tôt affranchie par le singulier et lucide docteur Sansfin, amorale, avant tout respectueuse de sa sacro-sainte liberté — « Ne suis-je pas maîtresse de moi ? » est la phrase qui résume son credo existentiel et éthique —, Lamiel emprunte des chemins non balisés, fait scandale parce qu’elle trace sa propre route. De là à faire de cette rebelle une féministe avant l’heure, il n’y avait qu’un pas, souvent allègrement franchi. À tort ou à raison ? Les réponses sont dans le(s) texte(s).

Obstinément attaché à la lettre, s’interdisant soigneusement toute « textrapolation » inspirée, se gardant de toute dérive histo-rique, thématique ou symbolique, dans un langage délibérément simple, Stendhal littéral, Lamiel se veut une (re)lecture précise, rigoureuse, contrôlable, de l’ultime grand roman de Stendhal.

Illustration de couverture : Manteau de demi-saison en drap amazone gris fer. Le Progrès Illustré, n°11 (1er Mars 1891), p. 7. © Le Progrès.

ISBN 978-2-84310-142-7ISSN 1294-0658Prix 22 B

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Le Roman de Moriaen Roman van Moriaen

Texte présenté, traduit et annoté par Baukje Finet van der Schaaf

Le Roman de Moriaen conte l’histoire du fils d’Agloval, chevalier de la Table Ronde et d’une Maure. Il part à la recherche de son père qui a abandonné sa mère avant sa naissance. Grâce à sa rencontre avec Gauvain et Lancelot, il réussit à le retrouver et à restaurer les droits de sa mère par le mariage de ses parents.Le récit, inséré dans la version la plus étendue en moyen néerlan-dais de la trilogie Lancelot – Queste del Saint Graal – Mort le roi Artu, la Lancelotcompilatie, présente un grand intérêt pour les médiévistes européens car c’est un des quatre romans arthuriens en moyen néer-landais, considérés comme « originaux », leur modèle français n’étant pas attesté à ce jour.Gauvain, Lancelot et Perceval, sont présents du début à la fin du récit. Les quêtes et aventures racontées, les motifs évoqués sont caractéris-tiques de la « matière de Bretagne ». La technique narrative de l’au-teur/narrateur rappelle celle du roman arthurien en vers, mais aussi celle du roman en prose avec ses annonces et clôtures d’épisodes.Fin connaisseur de la matière arthurienne, et aussi du relationnel fami-lial intime, l’auteur du « scone bediet van Moriaen » (le beau récit de Moriaen) a parachevé le tableau familial initial du fils et grand frère, Agloval, protecteur de sa mère et de son petit frère, Perceval, à travers la peinture émouvante du cheminement du jeune fils, Moriaen, qui a repris le flambeau protecteur à l’égard de sa propre mère.

Édition bilingue du texte intégral (selon l’édition J. Te Winkel, 1878)Roman néerlandais du xiii e siècle

Le Roman de Moriaen Roman van Moriaen

ISBN 978-2-84310-148-9ISSN 1270-9794

Prix 27 C

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ISBN 978-2-84310-137-3Prix : 31 €

Cet ouvrage est une invitation à explorer la littérature des voyages imaginaires dans le temps qui permet au lecteur de repousser les limites inhérentes à la condition humaine. Ces récits, que nous appelons « récits hétérochroniques », se caractérisent par la coprésence d’époques historiques distinctes au sein de l’univers fictif ainsi que l’instauration d’une relation signifiante entre ces différentes époques.

L’introduction définit cette notion d’hétérochronie, puis en retrace l’évolution depuis l’antiquité (avec les thèmes du long sommeil, de la métempsycose, de l’immortalité ou du songe), en passant par les textes fondateurs et leur développement jusqu’au xxe siècle.

Les chapitres suivants portent sur la légende des sept Dormants et ses avatars dans la littérature moderne et le folklore, Histoire véritable de Montesquieu, la littérature fantastique du xixe siècle (notamment chez Washington Irving), Orlando de Virginia Woolf, Tous les hommes sont mortels de Simone de Beauvoir, Terra Nostra de Carlos Fuentes et Les Anges rebelles de Robertson Davies.

Y a-t-il des époques historiques privilégiées dans ces voyages temporels ? Et quel serait le projet commun sous-jacent aux récits hétérochroniques ? Ne pourrait-il pas se définir comme une recherche, non pas de l’exactitude historique, mais d’une définition plus large du réel que celle des dates et des faits des manuels historiques ?

Une bibliographie commentée d’une centaine de récits hétérochroniques disponibles en français clôt cet ouvrage.

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ISBN 978-2-84310-141-0Prix : 30 €

Milan Kundera mal-aimé ?

À l’heure où le romancier subit dans son pays d’origine et dans son pays d’adoption des attaques parfois très violentes qui visent son œuvre ou encore sa personne, il faut s’interroger sur les raisons d’un tel phénomène. Si Milan Kundera a fait figure d’autorité quasi incontestée en tant qu’intellectuel et romancier jusqu’à l’effondrement de l’empire soviétique, les choses ont changé depuis cette date. Et quoique l’œuvre appartienne désormais au canon littéraire mondial, force est de constater qu’elle suscite passions et irritations.

Ce sont ces passions qui sont explorées ici par un groupe de cher-cheurs et d’écrivains, sans exclusive d’opinion, et du double point de vue de la Bohême et de la France. Il y va des enjeux essentiels d’une œuvre, lue dans son triple contexte national, centre-européen et mondial, et qui ne saurait être envisagée indépendamment de l’ambi-valence de sa réception.

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Désaccords parfaitsLa réception paradoxale de l’œuvre de Milan Kundera

Textes présentés par

Marie-Odile Thirouin &Martine Boyer-Weinmann

Désaccords parfaitsLa réception paradoxale de l’œuvre de Milan Kundera

Textes présentés par Marie-Odile Thirouin et Martine Boyer-Weinmann

Langage,objets enseignéset travail enseignant

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ISBN 978-2-84310-144-1ISSN en coursPrix 30 C

Comment appréhender l’activité de l’enseignant qui transmet  les contenus définis dans les programmes et celle des élèves qui les apprennent ? Quelles sont les caractéristiques des contenus institu-tionnels mobilisés en situation ? Quel est le rôle du langage dans le déploiement de ces contenus au travers des activités d’enseignement et d’apprentissage ?

Ce questionnement, indéniablement didactique, demeure trop ouvert et complexe pour être relié à un espace théorique institution-nellement défini. Aussi, le présent ouvrage a-t-il choisi d’intégrer des perspectives théoriques multiples, afin de créer les conditions d’une relation dialogique entre les recherches, nécessaire pour parvenir à décrire, comprendre et expliquer les pratiques en classe. Dans la première partie, après une discussion des théories de l’action ouvrant l’accès à notre domaine d’investigation, les concepts d’action, d’activité et d’agir sont mis à l’épreuve de l’analyse de donnée récoltés en situation de travail. Dans les parties II et III, les analyses portent sur des données de classes. Les appareils méthodologiques adoptés sont orientés par les recherches sur l’interaction (partie II) et par la théorie de la transposition didactique (partie III). La partie IV est centrée sur l’enseignant, plus exac-tement sur l’ajustement de ses gestes professionnels aux conduites des élèves, dans une approche comparatiste. Enfin, dans la dernière partie, c’est l’agir des apprenants qui est plus directement analysé.

Ouvrage coordonné par Sandra Canelas-Trevisi, Marie-Cécile Guernier, Glaís Sales Cordeiro et Diana-Lee Simon.

Langage, objets enseignés et travail enseignant

Ouvrage coordonné par

Sandra CANELAS-TREVISIMarie-Cécile GUERNIERGlaís Sales CORDEIRODiana-Lee SIMON

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Ouvrages des Ellug

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Livres

Poèmes du Cycle de RowleyThomas ChattertonPrésenté et traduit par Georges LamoineCollection « Paroles d’Ailleurs »2009 – 261 p. – 11,50 x 17,50 cmISBN 978-2-84310-150-2 – ISSN 1286-8485Prix 15 €

Traduction d’une vision poétique imaginaire du passé de Bristol au XVe siècle, écrite en faux anglais imité du XVe siècle, par un jeune génie mort avant d’avoir 18 ans. Plusieurs thèmes : amour et violence, piété et charité, exprimés

dans une forme poétique admirable et peu égalée.

Le Lexique des émotionsSous la direction d’Iva Novakova et d’Agnès TutinCollection « Langues Gestes Paroles »2009 – 352 p. – 14 x 21,50 cmISBN 978-2-84310-149-6 – ISSN 2105-9497Prix 30 €

Cet ouvrage traite du lexique des émotions et des sentiments dans de nombreuses langues. Seize contributions abordent ce thème, à la fois du point de vue théorique et appliqué, à travers les applications didactiques et informatiques.

L’Imaginaire de Georges LimbourIvanne RiallandCollection « Ateliers de l’imaginaire »2009 – 366 p. – 14 x 21,50 cmISBN 978-2-84310-147-2 – ISSN 1277-7749Prix 30 €

L’œuvre de Georges Limbour, surréaliste méconnu, étonne par la richesse et la cohérence de son imaginaire : mêlant vécu et fiction, poésie et peinture, elle s’offre au lecteur comme un conte unique où brillent les derniers feux du romantisme.

Roger Martin du Gard et le biographiqueTextes réunis par Hélène Baty-Delalande et Jean-François MassolHors collection2009 – 163 p. 14,5 x 21 cmISBN 978-2-84310-152-6Prix 16 €

Les textes rassemblés dans ce volume décrivent le rapport problématique de l’écrivain au biographique et en soulignent surtout les ambi-valences… Sur la question du biographique, le cas de Martin du Gard paraît ainsi exemplaire.

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ISBN 978-2-84310-149-6ISSN en coursPrix 30 C

Sous la direction

d’Iva Novakova et d’Agnès Tutin

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Les émotions et les affects sont plus que jamais dans l’air du temps : elles sont au cœur des débats en neurosciences, en philosophie, en psychologie cognitive et en traitement automatique du langage avec l’analyse des sentiments et opinions. Dans cet ouvrage, c’est exclusivement sous l’angle linguistique et à travers de nombreuses langues que la question des affects est abordée. Ce sont ici les mots des émotions joie, amour, bonheur, admi-ration, colère, peur, angoisse pour ne citer que quelques-uns, si souvent récalcitrants aux classifications rigides, qui sont caractérisés à travers leur environnement lexical et syntaxique.

Les seize contributions de ce volume jettent un éclairage inédit sur le lexique des affects, abordé dans des langues variées (français, espagnol, russe, polonais, grec) et à travers plusieurs approches linguistiques, d’ins-piration structurale ou cognitive, mais qui toutes accordent une place essentielle à la combinatoire linguistique. Si les études proposées dans cet ouvrage abordent des enjeux théoriques essentiels comme la construction du sens par la combinatoire, elles débouchent aussi sur des applications utiles pour la linguistique, comme l’enseignement structuré de la phra-séologie en Français Langue Étrangère (FLE), la classification automatique des unités lexicales en Traitement Automatique du Langage (TAL) ou un traitement plus systématique en lexicographie.

Sous la direction

d’Iva Novakova et d’Agnès Tutin

Le Lexique des émotions

Le Lexique des émotions

Poèmes duCycle de Rowley

Thomas ChattertonPrésenté et traduit par Georges Lamoine

ISBN 978-2-84310-150-2

ISSN 1286 8485

Prix 15 B

Poèmes duCycle de Rowley

Thomas Chatterton

Le Cycle de Rowley est un ensemble de poèmes en langue anglaise, composé par le jeune Thomas Chatterton (1752‑1770). Ces poèmes sont une tentative de reconstruire en imagination sa ville natale de Bristol, telle qu’il aurait voulu qu’elle fût au Moyen Âge. Le poète écrit en faux anglais du xve siècle, en mêlant des mots ou des formes archaïques à l’anglais de son temps, ou même en créant ces formes. Il fait passer ces poèmes pour l’œuvre authentique de Thomas Rowley, prêtre médiéval à Bristol. Les thèmes sont la guerre, la mort, la violence, mais aussi l’amour, la charité chrétienne. Le mode épique côtoie la pastorale, la fable. Le poète appartient à l’époque du renouveau du sentiment, mais il est aussi influencé par la mode des antiquaires, bien qu’il s’en défende. Si l’on ne peut rendre en traduction toutes les merveilleuses qualités de sa poésie, les poètes anglais du romantisme lui ont largement décerné l’hommage posthume que mérite son génie, méconnu en France.

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L’Imaginaire de Georges Limbour

Ivanne Rialland

L’Imaginaire de Georges Limbour

Ivanne Rialland

ISBN 978-2-84310-147-2ISSN 1277 7749Prix 30 B

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?Surréaliste de la première heure, ami de Bataille, Leiris, Masson et Dubuffet, conteur original et critique d’art prolifique, Georges Limbour, malgré l’admiration de ses pairs, reste méconnu. Son œuvre littéraire, pourtant, d’un style à la fois précieux et familier, déploie un imaginaire singulier dont la cohérence frappe au-delà de la dispersion des textes, due en partie à la négligence d’un homme qui a promené son dilettantisme de son port natal, Le Havre, à l’Égypte et la Pologne.Après la Seconde Guerre mondiale, ce promeneur impénitent met son goût de la marche au service de son amour de l’art, et devient le visiteur assidu des galeries parisiennes : Limbour chroniqueur est un témoin précieux des querelles qui agitent les avant-gardes artistiques après-guerre. Témoin, mais témoin engagé, Limbour défend dans sa critique d’art l’idéal surréaliste d’un art exprimant la réalité profonde de l’homme et de la nature, et son discours accompagne avec autant d’humour que de sensibilité l’œuvre de ses amis peintres.Souvent plus proche d’un Baudelaire ou d’un Nerval que d’un Breton, Limbour nous laisse ainsi une œuvre élégante et gouailleuse, parfois nostalgique, qui porte jusqu’à l’orée des années soixante-dix les derniers feux du romantisme.

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Revues des Ellug

Pour plus d’informations : www.u-grenoble3.fr/ellug

Cahiers d’études italiennes, Novecento… e dintorni, n° 9, 2009, 306 p.Images littéraires de la société contemporaine

Cahiers d’études italiennes, Filigrana, n° 10, 2009, 198 p.Nouvelle et roman : les dynamiques d’une interaction du Moyen Âge au Romantisme (Italie, France, Allemagne)

Chroniques allemandes, n° 12, 2008, 272 p.Indésirables – indesiderabiliLes camps de la France de Vichy et de l’Italie fasciste

Chroniques allemandes, n° 13, 2009, 592 p.Heimat. La petite patrie dans le pays de langue allemande

Chroniques slaves, n° 4, 2008, 199 p.Poésie et théâtre

Chroniques slaves, n° 5, 2009, 318 p.Le XXe siècle revisité

Études écossaises, n° 12, 2009, 232 p.La Science

Féeries, n° 6, 2009, 285 p.Le Conte, les Savoirs

Gaïa, n° 12, 2008-2009, 193 p.

Géolinguistique, n° 10, 2008, 247 p.

Géolinguistique, n° 11, 2009, 237 p.

Les Cahiers de l’ILCEA, n° 10, 2008, 247 p.Lire & Faire lire : la littérature dans la cité

Lidil, n° 38, 2008, 151 p.Langue du droit : mots, documents et raisonnements

Lidil, n° 39, 2009, 173 p.Altérité et formation des enseignants : nouvelles perspectives

Lidil, n° 40, 2009, 712 p.La Motivation pour l’apprentissage d’une langue seconde

Recherches & Travaux, n° 73, 2008, 207 p.Écriture d’invention et ateliers d’écriture : réflexions et pratiques didactiques pour aujourd’hui

Recherches & Travaux, n° 74, 2009, 191 p.Le Ton Stendhal

Recherches & Travaux, Hors-série n° 17, 2009, 142 p.Théâtre et didactique : hommage à Anick Brillant-Annequin

Recherches & Travaux, n° 75, 2009, 142 p.L’ Autoportrait fragmentaire

Tigre, n° 17, 2009, 227 p.La science-fiction dans le Río de la Plata

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Livres

Mythocratie. Storytelling et imaginaire de gaucheYves CittonÉditions Amsterdam, 2010, 210 p. - ISBN 978 2 35480 067 3 - Prix 17 €

Comment comprendre le « pouvoir doux » (soft power) que mobilisent nos sociétés mass médiatiques pour conduire nos conduites, pour nous gouverner ? Comment en infléchir les opérations pour en faire des instruments d’émancipation ?Cet ouvrage tente de répondre à ces questions en croisant trois approches : synthèse du nouvel imaginaire du pouvoir ; questionnement au sujet des ressources du storytelling ; définition de la scénarisation

Thomas-Simon Gueullette. ContesÉdition critique établie sous la direction de Jean-François Perrin, avec la collaboration de Christelle Bahier-Porte, Marie-Françoise Bosquet, Régine Daoulas, Carmen Ramirez.Éditions Honoré Champion, coll. Sources classiques (n° 94), Bibliothèque des Génies et des fées (n° 9), 3 vol., fév. 2010, 2396 p. ISBN 978 2 7453 1883 1 - Prix 370 €

Ces trois volumes présentent une édition cri-tique des recueils de contes de Thomas-Simon Gueullette. L’ensemble offre une introduction générale et une édition annotée des recueils (chacun bénéficiant d’une introduction littéraire, d’une histoire des éditions, d’une notice critique sur les sources) avec, au volume 3, un ensemble d’annexes, les résumés des contes, un index des noms de personnages, une bibliographie.

Perrault en scène. Transpositions théâtrales de contes merveilleux. 1697-1800Sous la direction de Martial PoirsonÉditions espaces 34, sept. 2009, 336 p. - ISBN 2 84705 047 7 - Prix 22 €

La présente édition vise à la fois, par sa préface et ses annexes, à faire le point sur l’ensemble des adaptations connues des dix contes drama-tiques du recueil de Perrault, depuis 1697 jusqu’à 1800, mais aussi à proposer un choix de textes considérés comme représentatifs des enjeux esthétiques et idéologiques de telles transposi-tions scéniques.

Some apsects of speech and the brainSusanne Fuchs, Hélène Loevenbruck, Daniel Pape, Pascal Perrier Éditions Peter Lang, 2009, 405 p. - ISBN 978-3-631-57630-4 – Prix 59,80 €

What happens in the brain when humans are producing speech or when they are listening to it? This is the main focus of the book, which includes a collection of 13 articles, written by researchers at some of the foremost European laboratories in the fields of linguistics, phonetics, psychology, cognitive sciences and neurosciences.

Lactance, Le chef d’œuvre de DieuDe opificio DeiÉdition avec introduction et traduction annotée par Béatrice Bakhouche et Sabine Luciani, Brepols, collection Monothéismes et Philosophie, 2009, 250 p. – ISBN 978 2 503 53082 6 – Prix 65 €

Dans le De opificio Dei, composé à l’aube du 4e siècle, au plus fort de la « Grande Persécution », le rhéteur Lactance tente de décrire l’Homme. Pourtant, il ne faudrait pas s’y tromper : ce texte atypique qui chante les louanges du corps humain n’est rien moins qu’un traité médical. L’exposé d’anatomie n’est qu’un moyen pour louer Dieu à travers sa créature et pour réaffir-mer en des temps difficiles la perfection de la providence divine

Le De opificio Dei : regards croisés sur l’anthropologie de Lactance Sous la direction de Béatrice Bakhouche et Sabine Luciani, Publications de l’Université de Saint-Etienne, 2007, 206 p. – ISBN 978 2 86272 447 8 – Prix 40 €

Les études réunies dans le présent ouvrage visent à situer le De opificio Dei de Lactance au double confluent de la tradition antique et de la tradition chrétienne, d’une part, et de l’héritage culturel et médical, d’autre part.

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Autres éditeurs

Some Aspects of Speech and

the Brain Susanne FUCHS

Hélène LŒVENBRUCK Daniel PAPE

Pascal PERRIER

Editions Peter Lang

ISBN 978-3-631-57630-4

PARUTION JANVIER 2009

What happens in the brain when humans are producing speech or when they are listening to it ? This is the main focus of the book, which includes a collection of 13 articles, written by researchers at some of the foremost European laboratories in the fields of linguistics, phonetics, psychology, cognitive sciences and neurosciences. The articles review progress achieved over the last twenty years in these areas, and present recent experimental results addressing issues of pre-lexical and semantic processing, brain activity in the perception of voicing, pitch, prosody, and pointing. A large part of the book deals with brain activation in speech and language pathologies: language-related aspects in epilepsy, Parkinsons’s disease, dyslexia and stuttering. Other contributions discuss speech acquisition modeling, syllabification and lexical access, and the specificity of speech in relation to other biological motor tasks.

Susanne FUCHS is a senior researcher at the Zentrum für Allgemeine Sprachwissenschaft (ZAS) in Berlin. She obtained her PhD at QMUC in Edinburgh, Scotland. The main interest of her work is to link phonetics/phonology and motor control in order to understand general biological principles shaping individuals’ sound production. She used a variety of techniques to study speech production and aerodynamics.

Hélène LŒVENBRUCK became a CNRS Research Associate at former ICP (new Speech and Cognition Department, Gipsa-lab) in 1998. Her research areas include the neural circuits of deixis (pointing), the acoustic, articulatory and perceptual correlates of prosody, language acquisition and the physical correlates of non-audible speech, in healthy subjects and schizophrenic patients. She is editor-in-chief of In Cognito – Cahiers Romans de Sciences Cognitives, an international quadrilingual journal of Cognitive Science.

http://www.peterlang.com/

Daniel PAPE is currently working at the Zentrum für Allgemeine Sprachwissenschaft (ZAS) in Berlin and at the Instituto de Engenharia Eletronica e Telematica de Aveiro (IEETA, Portugal). He obtained his PhD at the Humboldt University in Berlin. His current research focuses on the relationship between speech production and perception, in particular on pitch phenomena in a cross-linguistic context.

Pascal PERRIER is a Professor at the INP Grenoble and a researcher at the Speech and Cognition Department of Gipsa-lab (CNRS, Grenoble, France), where he is the head of the Acoustics, Aeroacoustics, Biomechanics and Control research group. His research interests are the analysis and the modeling of speech production, with a special focus on physical models of speech articulators and of their motor control.

Page 17: Alphabets numéro 8

Livres

Devenir langue dominante mondiale : un défi pour l’arabe Mohamed Benrabah Librairie Droz, Genève, Paris, 2009 – ISBN 978 2 600 01302 4 – Prix 30,36 €

Jamais le monde n’a changé, autant et aussi rapidement. Sa transformation précipitée est en passe d’affecter la répartition des langues à l’échelle planétaire et de modifier le rapport de force qu’elles entretiennent. La prédominance actuelle de l’anglais ne lui garantit pas une hégémonie pérenne, qu’un nouvel ordre linguis-tique mondial ne parviendrait à saper. Mohamed Benrabah apprécie l’étude commanditée dans les années 1990 par les autorités britanniques

(British Council), laquelle prévoyait pour 2050 un système linguistique planétaire où l’anglais, toujours dominant, serait néanmoins concurrencé par le chinois, l’espagnol, le hindi/ourdou et l’arabe. L’émergence en ce moment même du chinois et de l’espagnol comme langues majeures semblent confirmer ces conjectures. Qu’en est-il de l’arabe ? Cet ouvrage répond à la question.

Marie Roland et Sophie GrandchampDeux femmes sous la RévolutionDanièle RothÉdition L’Harmattan, 2009, 101 p. – ISBN 978 2 296 10654 3 – Prix 11 €

Été 1795, Paris, rue Guénégaud, quartier du Pont-Neuf. Près de dix-huit mois après la mort sur l’échafaud de Marie Roland, place de la Révo-lution, de l’autre côté de la Seine. Sophie Grand-champ lit et relit le volume des mémoires qu’elle lui vit écrire durant ses mois d’emprisonnement sous la Terreur. Elles avaient été liées, briè-vement et sur le tard, d’une amitié que Sophie donne pour une passion, sacrifiée par Marie sur l’autel de l’activité politique.

SimonÉdition critique par Catherine Mariette-ClotŒuvres complètes de George Sand, 1836-1937Honoré Champion Editeur, 2010, 972 p.ISBN 978 2 7453 1859 6 – Prix 115 €

En 1825, dans la province de la Marche, les paysans assistent passivement au retour d’exil du seigneur de Fougères et de sa fille Fiamma. Seules quelques résistances se font sentir de la part de Simon Féline et de sa mère, républicains convaincus. Simon met en scène une histoire d’amour entre une aristocrate et un homme du peuple, devenu avocat par la volonté et le travail : ce roman où politique et sentiment font bon ménage, est la première représentation du mariage heureux chez Sand.

L’Album du GraalIconographie choisie et commentée par Philippe WalterCollection « Album de la Pléiade » , Gallimard, 2009, 248 p. Album conçu et réalisé à l’occasion de la Quinzaine de la Pléiade 2009, offert par les libraires pour l’achat de trois volumes dans la Pléiade

Le Livre du Graal IIIÉdition bilingue (ancien français / français mo-derne), préparée par Daniel Poirion, publiée sous la direction de Philippe Walter, avec, pour ce volume, la collaboration de Robert Deschaux, Irene Freire-Nunes, Gérard Gros, Marie- Geneviève Grossel et Mary B. Speer.Collection « La Bibliothèque de la Pléiade »,Éditions Gallimard, 2009, 1728 p. ISBN 978 2 0701 1344 6 – Prix 73 €Ce tome III contient : Lancelot - La Seconde Par-

tie de la quête de Lancelot - La Quête du saint Graal - La Mort du roi Arthur.

Healing South African WoundsGuérir les blessures de l’Afrique du SudTextes réunis par Gilles Teulié et Mélanie Joseph-Vilain. Avec la participation de Sheila Collingwood-Whittick« Les Carnets du Cerpac » n°7, Presses universitaires de la Méditerra-née, 2009, 473 p. – ISBN 978 2 84269 872 0 – Prix 32 €

Les articles rassemblés dans ce recueil (qui évoquent des questions aussi diverses que la politique, la littérature, le cinéma, la politique sociale ou l’éducation) explorent les nombreuses stratégies mises en place par les Sud-Africains pour tenter de guérir les blessures de l’apartheid.

Postcolonial Ghosts Fantômes Post-coloniauxTextes réunis par Mélanie Joseph-Vilain et Judith Misrahi-Barak. Avec la participation de Sheila Collingwood-Whittick« Les Carnets du Cerpac » n°8, Presses universitaires de la Méditerra-née, 2009, 481 p. – ISBN 978 2 84269 885 0 – Prix 32 €

Les fantômes semblent particulièrement adaptés pour définir, interroger ou remettre en question des cultures hybrides où coexistent plusieurs

identités apparemment inconciliables. Ce volume explore leurs diverses manifestations dans le monde anglophone, se demandant s’il existe une hantise proprement post-coloniale.

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Focales

Danse contemporaine : la danse d’ici et de maintenant

S’inspirant de divers arts, empruntant aux courants les plus variés, la danse contemporaine se déploie dans les corps en mouvement et va bien au-delà : formatrice, fédératrice et créatrice, elle recouvre des enjeux artistique, humain et sociétal. Yves Riazanoff en a fait sa passion et il la fait partager dans les murs de l’École de danse des universités de Grenoble (EDUG) et par-delà les frontières.

Si l’EDUG vise à former des étudiants à la pratique de la danse dans toute la diversité de ses formes, elle ambitionne aussi de leur donner des outils afin qu’ils se sentent concernés par la création chorégraphique contemporaine, envi-sagée comme « un espace de rencontre de soi-même, de l’autre, de l’Étrange, de l’Étranger… » L’objectif sous-jacent est sociétal.Pour Yves Riazanoff, on peut imaginer que l’université, destinée à produire du savoir et de la connaissance et à le diffuser auprès des étudiants, est aussi un appareil de création de pouvoir intellectuel, scientifique, décisionnel. Ceux qui détiendront un tel pouvoir dans la société doivent se préparer à l’exercer durant leurs années universitaires afin qu’il soit profitable à tous. Pour cela, il est souhaitable d’avoir une conscience éthique et une conscience de l’autre. Or, la danse, appréhendée comme projet artistique personnel et collectif, est un moyen d’apprendre aux étudiants à s’écouter et à créer, à agir et à défendre ensemble un projet.

La danse contemporaine, « c’est la danse d’ici et de maintenant », celle du monde contemporain. Et Yves Riazanoff d’ajouter : « Je le dis souvent aux étu-diants : le monde contemporain, c’est vous, ça vous concerne, ça ne concerne pas que les autres. »En danse contemporaine, l’auteur, l’artiste, le chorégraphe est face à son propre projet qui touche bien souvent à des thèmes actuels. À lui de trouver les outils et la manière de le traiter au mieux. À la fin, seul lui-même est capable de dire s’il a créé ce qu’il vou-lait créer ; ensuite le public se fait sa propre impression sur l’œuvre. Quant au danseur, il doit être le plus « plastique »

possible, avoir la capacité de s’adapter aux différents projets d’une équipe artistique ainsi qu’aux différentes équipes artistiques qu’il rencontrera au cours de sa carrière; tout comme les étudiants devront savoir construire leur parcours de vie personnel et profession-nel.

La Biennale internationale de danse universitaire D’Espagne ou de Russie, de France ou de Tunisie, la Biennale rassemble des étudiants et chorégraphes de tous horizons qui, durant une semaine, investissent scènes ou lieux de patrimoine pour réaliser des ateliers, présenter des spectacles.Terrain d’expérimentation, croisement de parcours et de cultures différents, temps de rencontres, puis chacun repart enrichi par cette expérience précieuse.

Une compagnie de danse contempo-raine universitaire : Les attrape-corpsCréée en 2002, Les attrape-corps réunissent une quinzaine d’étudiants des quatre universités grenobloises autour de projets singuliers qui leur permettent de vivre une histoire artistique fondatrice et de se produire en France et à l’étranger.Dernière création signée par Les attrape- corps à découvrir ce printemps, La danse ou l’expérience des sens utilise la technologie des capteurs et a été préparée en collaboration avec des chercheurs en neurosciences et « Bodystorm » de Minatec Ideas Labo- ratory et la participation de la choré-graphe Hee Jin Kim. La technologie se mêle à l’art, en le questionnant, en essayant de le saisir et de le comprendre. Par son biais, le danseur se transforme en un sculpteur de son : ce n’est pas banal ! ■

Yves RiazanoffDanseur pendant une quinzaine d’an-nées et à la fois professeur d’éducation physique, Yves Riazanoff est responsable pédagogique et artistique de l’EDUG. Il coordonne également la Biennale in-ternationale de danse universitaire et la compagnie Les attrape-corps, dont il est le créateur.

Pour en savoir plus : www.danse-edug.com

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Page 19: Alphabets numéro 8

Agenda

Du 26 au 29 mai De la nature à l’environnementAmphis du hall sud42e congrès de l’Association française d’études américaines (AFEA) en collabo-ration avec le CEMRA* : [email protected]

Du 2 au 4 juin Du Grand Inquisiteur à Big Brother : le pouvoir dans la littérature et les arts de la fin du XIXe siècle à nos joursMSH-Alpes et Maison des languesColloque international organisé par Traverses 19-21* : [email protected]

Vendredi 11 juin Manuscrits de StendhalJournée de clôture du séminaire à la MSH-Alpes* : [email protected]

Jeudi 27 juin Victor-Marie, comte HugoInstitut catholique de ParisJournée d’étude organisée par Traverses 19-21 * : [email protected]

Mardi 15 juin Le conte à l’épreuve de la scène contem-poraine : entre théâtre didactique et théâtre de la cruautéMC2 (Maison de la culture de Grenoble)Colloque international et interdiscipli-naire organisé par LIRE* : [email protected]

Du 29 juin au 2 juilletCEDIL 2010Colloque international des jeunes cher-cheurs en Didactique des Langues et en Linguistique. Organisé par le LIDILEM* : [email protected]

Pour connaître les dates et contenus précis des événements

rendez-vous sur notre site www.u-grenoble3.frrubrique Actualités

Événements à l’AmphidiceService culturel : 04 76 82 41 05www.u-grenoble3.fr/amphidiceEntrée libre

Avril Les cahiers de Rémi Jeudi 1er avril et vendredi 2 avril à 19h30Vendredi 2 avril à 14h30

Fragments du théâtre d’Edward BondMardi 6 avril, 19h30

Je suis ici sans savoir où je suis…Jeudi 22 avril à 19h30 et Vendredi 23 avril 19h00

Atteintes à sa vie de Martin CrimpJeudi 29 avril et vendredi 30 avril, 19h30

MaiTitre pièce de théâtrePièce présentée par les élèves latinistes du lycée Europole dans le cadre de la journée d’agrégation consacrée à Plaute et à sa comédie Rudens

Pièces de théâtre en langues étran-gèresTrois spectacles en russe, espagnol et italien présentés par des étudiants des ateliers de théâtre en langues étran-gères (LLCE et LANSAD)

JuinLa machine infernale de Jean CocteauPièce de théâtre présentée par l’asso-ciation Arts Mêlés

Autres événements

Festival Arts mêlésDu 25 mars au 1er avril 2010Concerts, exposition, théâtre : méli mélo d’arts organisé par Arts Mêlés

Colloques, séminaires et conférences

Ces événements ont lieu, pour la plupart, dans les locaux de l’université Stendhal à Saint Martin d’Hères sauf mention contraire

Vendredi 9 et samedi 10 avril Économies souterraines, anti-écono-mismes et recyclages dans la littérature française du XVIIIe siècle Université Paul-Valéry à MontpellierOrganisé par l’IRCL et LIRE* : [email protected]

Jeudi 22 et vendredi 23 avrilEnea Silvio Piccolomini (pape Pie II) homme de lettres, homme d’égliseGrande salle des colloquesColloque organisé par le GERCI * : [email protected]

Mercredi 28 avril à 17h30 Haine de la musique = peur du non-sens : trouées et censures de la vocalité poétiqueMaison des languesConférence de Jean-Pierre Bobillot dans le cadre du séminaire « La haine de la musique »* : [email protected]

Jeudi 6 et vendredi 7 maiQu’est devenu le postmoderne ? Réflexions sur les cas de l’Italie et du PortugalGrande salle des colloques Colloque organisé par le GERCI* : [email protected]

Du mardi 18 au jeudi 20 maiLire et produire des bandes dessinées à l’écoleMaison des languesColloque international organisé par le CEDILIT* : [email protected]

Mercredi 26 mai à 17h30 Pascal Quignard : tours et détours d’une haineMaison des languesConférence de Pauline Vachaud dans le cadre du séminaire « La haine de la musique »* : [email protected]

Du 27 au 29 maiÉdition et littérature en Espagne (XVIe-XVIIe siècles)Grande salle des colloquesColloque organisé par l’ILCEA* : [email protected]

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Le CLES

InscriptionsDu 22 mars au 9 avril 2010

Maison des Langues et des CulturesPour plus d’informations : www.u-grenoble3.fr

A l l e m a n d

A n g l a i s

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* Le certifi cat de Compétences en Langues de l’Enseignement Supérieur est une certifi cation nationale qui vous permet de valider vos compétences de communication en langue étrangère