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Rapport n°. REGION AFRIQUE DEPARTEMENT DU DEVELOPPEMENT HUMAIN Banque Mondiale Amélioration de l’enseignement supérieur en Afrique subsaharienne Etat de la question, défis, opportunités et pratiques positives Peter Materu Juin 2007 Développement humain de la Région Afrique Document de la Banque Mondiale 1

Amélioration de l'enseignement supérieur en Afrique subsaharienne

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  • Rapport n.

    REGION AFRIQUE

    DEPARTEMENT DU DEVELOPPEMENT HUMAIN

    Banque Mondiale

    Amlioration de lenseignement suprieur

    en Afrique subsaharienne

    Etat de la question, dfis, opportunits et pratiques positives

    Peter Materu

    Juin 2007

    Dveloppement humain de la Rgion Afrique Document de la Banque Mondiale

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  • Banque Internationale pour la Reconstruction et le Dveloppement / BANQUE MONDIALE 1818 H Street, N.W. Washington, D. C. 20433, U.S.A. www.worldbank.org

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    http://www.worldbank.org/

  • Table des matires

    Avant-propos4 Remerciements 5 Liste des sigles... 6 SOMMAIRE.................................................................................................................................................. 8 Rsultats cls et conclusions... 11 Options pour le renforcement des moyens 16 Rle possible des partenaires au dveloppement . 17 INTRODUCTION ............................................................................................................ . .. . 19

    Dfinitions .............................................................................................................................................. 20 PLAIDOYER POUR UN ENSEIGNEMENT SUPERIEUR DE QUALITE.................................23

    Pourquoi un enseignement suprieur de qualit est-il si important en Afrique ?..............................24 Pourquoi les systmes dassurance qualit dans lES sont ncessaires ?............................................24 Quelle a t la rponse de lAfrique face aux dfis de la qualit ? ..30

    LETAT DE LASSURANCE QUALITE EN AFRIQUE .................................................................... .. 31 Bref historique..................................................................................................................................... 31 Agences dAQ nationales : Mandats et processus ...............................................................................35 Mandats...................................................................................................................................................37 Processus dAQ.......................................................................................................................................39 Assurance qualit au sein des tablisssements dES ...........................................................................47 Le rle des associations professionnelles en matire dassurance qualit .........................................52 Assurance qualit dans le contexte rgional ........................................................................................54

    INCIDENCES FINANCIERES ET FINANCEMENTS ..............................................................................59 Financement de lassurance qualit .....................................................................................................63 Problmes des ressources humaines .....................................................................................................66 Contraintes et cots de financement.....................................................................................................69 Ncessit dune communication efficace ..............................................................................................70 Lgitimit du processus .........................................................................................................................70 Autonomie pour les agences dassurance qualit ...............................................................................71 LAQ pour les formations distance et lapprentissage en ligne.......................................................71 Tension entre les tablissements publics et privs ...............................................................................72 Responsabiliser les tablissements pour la qualit .............................................................................73 Responsabilit et rapport avec les besoins du march du travail.......................................................74

    PRATIQUES NOVATRICES ET PROMETTEUSES.................................................................................75 Le audits de qualit pilotes et les contrles dagrment......................................................................75 Les comits et les sections institutionnels dassurance qualit ...........................................................75 Lencadrement institutionnel pour les tablissements denseignement suprieur ...........................76 Lencouragement des contrles acadmiques indpendamment de lagrment ...76 Le soutien financier pour lamlioration de la qualit ...................................................................... 77

    CONCLUSIONS ET OPTIONS POUR LE RENFORCEMENT DES MOYENS .....................................78 Les options recommandes pour les agences nationales et les EES 78 Rle possible pour la Banque mondiale et les autres partenaires de dveloppement .................... 82 Ecarts des savoirs ...................................................................................................................................83

    ANNEXE 1 : Bref aperu de la mise en uvre de lassurance qualit dans lenseignement suprieur en Afrique.86

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  • Avant-propos Lamlioration de la qualit de lenseignement suprieur en Afrique fait lobjet dun intrt croissant. Ce phnomne se produit au moment dune reconnaissance accrue du rle important que les enseignements du troisime cycle peuvent jouer en matire de croissance. Il rpond de faon naturelle lopinion selon laquelle la qualit de lducation se voit compromise par laccroissement des effectifs durant ces dernires annes, par linadquation entre la formation suprieure et les besoins en matire demploi tel quindiqu par les employeurs et par la concurrence accrue sur le march de lenseignement suprieur de nombreux tablissements privs et trangers entrs en scne. Il existe peu de littrature sur les efforts fournis par les pays africains pour contrler et amliorer la qualit de lenseignement suprieur, sur les pralables la mise en uvre de ces initiatives, leffet cr par ceux-ci et sur les outils de renforcement des moyens.

    Le prsent rapport rend compte de ltat et de la pratique de lamlioration de lassurance qualit (AQ) en Afrique subsaharienne. Il porte sur la garantie de qualit dans les tablissements dES dcernant des diplmes universitaires, mais donne galement, le cas chant, des informations sur les autres types dtablissements de troisime cycle en matire dinformation possible. Lun des rsultats principal est que les processus structurs nationaux dassurance qualit de lenseignement suprieur africain sont trs rcents et que bon nombre de pays font face des contraintes majeures de moyens. Un tiers seulement desdits pays sont dots de mcanismes nationaux dassurance qualit tablis et structurs, souvent aussi rcemment quau cours de la toute dernire dcennie. Les activits diffrent dans leur ampleur et leur rigueur, partant de lautorisation de cration des tablissements par le ministre en charge de lenseignement suprieur, jusqu un programme complet couvrant le systme sur lhabilitation et lvaluation des tablissements. Au sein des tablissements de lenseignement suprieur, lautovaluation et les contrles acadmiques sont adopts progressivement afin de complter les mthodes classiques dassurance qualit (par exemple, lemploi dexaminateurs extrieurs). Cependant, la connaissance et lexprience des autovaluations sont limites. Les principaux dfis aux systmes dassurance qualit en Afrique rsident dans les cots et les besoins en ressources humaines. Pour faire fonctionner un organisme national type dassurance qualit, il faut un budget minimum de 450 000 dollars amricains et un personnel bien form et expriment. En outre, le cot direct de lhabilitation se situe 5 200 en moyenne par tablissement et 3 700 dollars EU par programme dtude. Les cots dun systme complet dassurance qualit sont trop levs par rapport aux moyens dont disposent la plupart des pays subsahariens. Dans les pays o lenseignement suprieur est rpandu, le rapport recommande lhabilitation par tablissement qui serait moins coteuse que lhabilitation par programme. Dans bon nombre dautres pays, o les systmes dES sont petits et peu dvelopps, une autovaluation moins formelle pour chaque tablissement pourrait savrer ncessaire jusqu ce que leurs moyens soient renforcs afin de soutenir un organisme national plus officiel dassurance qualit terme. Au moment ou les pays africains esprent trouver dans leur enseignement suprieur un levier sensible la croissance conomique et la comptitivit, des amliorations dans la qualit des programmes dtudes et des tablissements seront dune importance capitale. Nous souhaitons que la parution du prsent rapport suscite un dbat dynamique sur la nature des questions et des propositions de solution associes. Si par hasard ce document encourage les dcideurs et les partenaires techniques et financiers considrer lassurance qualit comme une composante importante des stratgies visant amliorer lenseignement suprieur, il aura atteint son objectif principal de mettre en exergue une question qui a t nglige depuis longtemps.

    Le Directeur du dveloppement humain de la rgion Afrique, Banque mondiale

    Yaw Ansu

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  • REMERCIEMENTS Le prsent rapport fait une synthse des rsultats dune tude sur lassurance qualit dans lenseignement suprieur en Afrique subsaharienne. Les travaux de recherche ont t effectus entre les mois de novembre 2005 et de dcembre 2006 par la revue de documents et de sites Internet, les interviews et six tudes de cas dtailles de pays couvrant le Cameroun, le Ghana, lIle Maurice, le Nigeria, lAfrique du Sud et la Tanzanie. Rdig par Peter Maturu, le rapport incorpore des documents fournis par Fred Hayward (Conseiller Principal) et les chercheurs dtudes de cas, savoir. Dan Ncayiyana (Afrique du Sud), Munzali Jibril (Nigeria), Paschal Mihyo (Tanzanie) et Yaw Saffu (Ghana). Jane Njuru a jou avec brio son rle dattach de recherche. Au sein de la Banque mondiale, Halail Dundar, Michael Crawford et Richard Hopper ont jou le rle de relecteurs du document. Des commentaires pertinents ont t galement fournis par William Saint, Jamil Salmi, Gary Theisen, Mourad Ezzine et Xiaonan Gao. Dautres acteurs de lenseignement suprieur en Afrique ont fourni des lments dinformation pratiques pour les tudes de cas des pays. Nous les remercions infiniment. Ce rapport a bnfici de financement du Fonds fiduciaire norvgien pour lducation et de la Banque mondiale.

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  • LISTE DES ACRONYMES

    Acronym

    Description

    Countries where

    acronym is used

    AAU Association of African Universities All African countries

    APQN Asia Pacific Region has established a Quality Assurance Network

    Asia-Pacific Region

    AQAA Accreditation and Quality Assurance Agency Madagascar

    CAMES Conseil Africain et Malgache pour lEnseignement Suprieur

    16 Francophone countries

    CHE Commission for Higher Education Kenya

    CHESR Council of Higher Education and Scientific Research

    Cameroon

    CHE Council on Higher Education South Africa

    CNAQ National Commission of Accreditation and Evaluation of Higher Education

    Mozambique

    CNE Comite National d'Evaluation Tunisia

    DRC Democratic Republic of Congo DRC

    ECZ Examination Council of Zambia Zambia

    EVAC Evaluation and Accreditation Corporation Sudan

    GATS General Agreement on Trade in Services All

    HE Higher Education All

    HEIs Higher Education Institutions All

    HEAC Higher Education Accreditation Council Tanzania

    HEQC Higher Education Quality Committee South Africa

    HERQA Higher Education Relevance and Quality Assurance Agency

    Ethiopia

    ICT Information and Communication Technologies All

    IDA International Development Agency All

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  • INQAAHE International Network for Quality Assurance Agencies in Higher education

    55 countries

    IUCEA Inter-University Council of East Africa Kenya, Tanzania, Uganda

    LAC Latin America & Caribbean 30 countries

    MBA Masters in Business Administration All countries

    NAB The National Accreditation Board Ghana

    NBTE National Board for Technical Education Nigeria

    NCHE The National Council for Higher Education Uganda, Namibia, Zimbabwe

    NCPHE National Commission on Private Higher Education

    Cameroon

    NEB National Equivalence Board Cameroon

    NQF National Qualifications Framework Southern Africa

    NUC National Universities Commission Nigeria

    ODEL Open and Distance e-learning All

    PRSP Poverty Reduction Strategy Paper All IDA countries

    QA Quality Assurance All

    QRAA Quality Relevance and Assurance Agency Ethiopia

    SADC Southern African Development Community Southern Africa

    SADCC Southern African Development Coordination Conference

    Southern Africa

    SADCQF SADC Qualifications Framework Southern Africa

    SAQA South Africa Qualification Framework South Africa

    SARUA Southern African Regional Universities Association

    Southern Africa

    TCCA Technical Committee on Certification and Accreditation

    Southern Africa

    TEC Tertiary Education Commission Mauritius

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  • UNISA University of South Africa South Africa

    SOMMAIRE 1. Lenseignement suprieur est dune importance capitale pour le dveloppement conomique et politique, et savre indispensable pour la comptitivit dans une socit du savoir de plus en plus mondialise. Pour ce qui est de l'Afrique, il joue un rle essentiel de renforcement des moyens et de formation professionnelle en appui tous les objectifs de dveloppement du Millnaire (ODM). Les derniers rsultats de la recherche1 montrent que lexpansion de l'enseignement suprieur peut contribuer la promotion du rattrapage rapide de la technologie et lamlioration des aptitudes d'un pays maximiser son rendement conomique. Aussi, un nouvel ventail de comptences telles l'adaptabilit, le travail d'quipe, les moyens de communication et la motivation pour l'ducation continue est-il devenu 1 Bloom, D. et al. 2006. Enseignement suprieur et dveloppement conomique en Afrique. Sries de documents de travail du dveloppement humain de la rgion Afrique No. 102, fvrier, Washington, DC : Banque Mondiale.

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  • indispensable. Ainsi, les tablissements denseignement suprieur sont contraints dajuster leurs structures de programmes, llaboration de leurs programmes d'enseignement y compris leurs mthodes denseignement et dapprentissage pour s'adapter ces nouvelles exigences. En reconnaissance ce dfi, une plus grande attention est accorde lassurance qualit comme facteur essentiel pour assurer une organisation approprie de lenseignement. Constructing Knowledge Societies : New Challenges for Tertiary Education2 Construire les Socits du Savoir: Nouveaux Dfis pour lEnseignement Suprieur de la Banque Mondiale souligne l'importance de linstauration de solides systmes dassurance qualit comme instruments ncessaires pour faire face aux dfis d'aujourd'hui. 2. L'Afrique subsaharienne (ASS), qui compte prs de 740 millions de personnes et environ 200 universits dEtat avec un nombre croissant dtablissements d'enseignement suprieur prives, et qui dtient le taux brut d'inscription universitaire le plus bas au monde (prs de 5 %), accorde maintenant une plus grande attention aux questions de qualit au niveau de lenseignement suprieur. Une croissance rapide des inscriptions au cours des annes 80 et 90 alors que les budgets taient en baisse, la prolifration de lenseignement suprieur priv et la pression due un march de travail en pleine mutation se sont combines pour susciter de nouvelles inquitudes lies la qualit. Les pays deviennent de plus en plus conscients de la ncessit de lassurance et de l'amlioration effectives de la qualit. De hauts dirigeants de divers pays, notamment de lEthiopie3, Madagascar4, Afrique du Sud 5, et du Nigria6, ont exprim leurs inquitudes quant la ncessit d'amliorer la qualit des tablissementsdenseignement suprieur, la ncessit de rassurer le public sur la qualit des prestataires privs, et limportance de veiller ce que l'enseignement offert dans les tablissements denseignement suprieur publiques et privs rponde des normes locales et internationales acceptables. Ces proccupations, y compris la ncessit de collecter les donnes sur les facteurs de qualit afin que les dcisions de principe relatives lenseignement suprieur puissent tre bases sur des faits, sont rpercutes dans d'autres rgions du monde.7 3. Plusieurs facteurs ont contribu la baisse de qualit de l'enseignement suprieur en Afrique. Au nombre de ceux-ci figurent la baisse en cots unitaires (de 6 800 en 1980 1 200

    2 Banque Mondiale 2002. Constructing Knowledge Societies :New Challenges for Tertiary Education, Washington, DC : Banque Mondiale, p xvii. 3 Sur les efforts fournis par lEthiopie pour amliorer la qualit, confer : Etude Sectorielle, Banque Mondiale, Dveloppement de lEnseignement Suprieur en Ethiopie : Poursuivre la Vision, Avril 2004, pp. 57; 61-65. 4 Le Ministre de lEducation Nationale de Madagascar, lors dune prsentation la Banque Mondiale le 22 mars 2005 a soulign que le Ministre doit porter son attention au contrle de la qualit que porter davantage son attention sur la qualit devait faire partie de leur nouvelle orientation. 5 Discours du Ministre de lEducation, Professeur Kader Asmal lors de la Southern African University Vice Chancellors Conference : Sengager dans les dfis en Enseignement Suprieur rgional pour dterminer une rponse effective de leadership. Cape Town, Afrique du Sud le 22 octobre 2003. 6 Discours liminaire de Peter Okebukola, Secrtaire Excutif, Commission Nationale des Universits au Nigeria lors du Sommet sur lducation Lagos en Juillet 2006. 7 En septembre 2005 le Premier Ministre indien a dclar que les universits indiennes taient en train de connatre un retard par rapport leurs pairs dans le monde et a fait allusion la ncessit de faire des tablissements indiens denseignement suprieur et de recherche des institutions la classe internationale . Il a fait valoir que les investissements dans les tablissements suprieurs, de recherche et dveloppement sont aussi bien importants que les investissements en capital physique et infrastructure matrielle. Confer Chronicle of Higher Education, Indias Prime Minister Sharply Criticizes Universities as Lagging Behind. 2 septembre 2005. Le Plan quinquennal du Pakistan pour lenseignement suprieur est une reconnaissance du fait que la connaissance constitue maintenant le moteur du dveloppement socio conomique et un effort pour jeter les bases ncessaires dans lesquelles lexcellence peut prosprer et le Pakistan peut se lancer sur la voie du dveloppement dune conomie de connaissance Prof. Atta-ur-Rahman, Commission dEnseignement Suprieur, Cadre au dveloppement moyen terme 2005-10, p. iii.

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  • dollars US en 2002) alors que les inscriptions connaissaient une croissance rapide; linsuffisance de professeurs qualifis dans les tablissements d'enseignement suprieur rsultant de la fuite des cerveaux, les retraites et le VIH/SIDA ; la faible efficacit interne et externe, et la mauvaise gouvernance. Ces facteurs, avec l'mergence rapide des prestataires privs en rponse la demande sociale croissante en enseignement suprieur, ont incit les tablissements universitaires et les gouvernements mettre en place plusieurs formes de mcanismes dassurance qualit dans loptique dinverser la baisse de la qualit et de rguler les nouveaux prestataires. Bien que quelques tentatives de documentation de ces dveloppements aient t faites par plusieurs personnes, aucun schma conceptuel global avec lanalyse des systmes dassurance qualit dans la rgion n'a t encore entrepris. 4. Ce rapport communique les rsultats des premires phases de conceptualisation et dvaluation de lassurance qualit (AQ) de l'enseignement suprieur en Afrique subsaharienne. Lun des objectifs viss par cette tude consiste tablir une ligne de base sur le statut de lassurance qualit de lenseignement suprieur en Afrique. Cette tude entend galement fournir aux dcideurs en matire dducation, aux intervenants (notamment les employeurs) et partenaires au dveloppement impliqus dans l'enseignement suprieur en Afrique, des informations susceptibles de les aider identifier et prioriser les besoins de perfectionnement des moyens pour lamlioration de la qualit. Dans le cadre de cette tude, la qualit se dfinit comme tant la conformit aux besoins c'est--dire, rpondant ou correspondant aux normes gnralement admises telles que dfinies par un tablissement, les organismes dassurance qualit et/ou les communauts professionnelles et acadmiques appropries. L'tude a principalement mis laccent sur lassurance qualit dans les tablissements d'enseignement suprieur confrant des grades universitaires (ci-aprs dsigns sous le vocable - EES). Mais elle comporte galement, le cas chant, des renseignements sur d'autres tablissements d'enseignement suprieur. Un traitement exhaustif de tous les tablissements n'a pas t effectu en raison de lexistence de diffrences notoires entre eux dun pays lautre, ce qui peut rendre les comparaisons difficiles. Les informations sur lassurance qualit pour ce groupe d'enseignement suprieur non universitaire sont galement moins accessibles par comparaison celles relatives aux tablissements confrant des diplmes. 5. Cette recherche a t base sur une tude dune plate-forme et dInternet dinformations publies sur lassurance qualit dans chacun des 52 pays de l'Afrique subsaharienne, complte par les interviews des informateurs cls et six tudes de cas dtaills par pays (Cameroun, Ghana, Ile Maurice, Nigeria, Afrique du Sud et Tanzanie). Les pays des tudes de cas ont t slectionns sur la base des critres suivants :

    O la preuve que le cas illustrera des questions majeures et servira dexemple de bonne pratique en matire dassurance qualit, d'amlioration de la qualit et de lhabilitation ;

    O lutilit du cas par rapport aux oprations programmes et en cours de la Banque mondiale dans la rgion;

    O lexistence dtablissements d'enseignement suprieur publics et prives dans le pays; O lexprience avec les audits et/ou lhabilitation de qualit; O la bonne volont des tablissements respectifs et/ou dun organisme national

    participer l'tude; O la preuve dactivits effectives dassurance qualit et d'amlioration au niveau

    institutionnel et/ou national.

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  • Rsultats cls et conclusions Statut de lassurance qualit au niveau national 6. La qualit de lenseignement suprieur et le besoin de mcanismes efficaces dassurance qualit en dehors de ceux des tablissements eux-mmes sont en train de devenir des thmes prioritaires dans les stratgies nationales de lenseignement suprieur. Ceci est motiv par l'importance accorde lenseignement suprieur considr comme moteur de la croissance et la ralisation des ODM d'une part, et d'autre part par l'mergence de nouveaux types de prestataires dans lenseignement suprieur (en dehors des tablissements publics). Au niveau institutionnel, la demande croissante de responsabilisation par les gouvernements, les bailleurs de fonds et le public, ajout au dsir d'tre considres comme les meilleurs au plan national et international, pousse les EES prter plus d'attention leurs systmes dAssurance Qualit. 7. Les procdures structures dAQ dans lenseignement suprieur au niveau national sont un phnomne trs rcent dans la plupart des pays africains mais la situation est en train de connatre un changement rapide. Les agences existantes dAQ sont jeunes, la majorit ayant t tablie au cours des 10 dernires annes. Actuellement 16 pays disposent dagences nationales oprationnelles dAQ. L'mergence dtablissements d'enseignement suprieur privs et la ncessit de rguler leurs activits semblent avoir constitu le principal dclenchement dans la cration dagences officielles dAQ dans la plupart des pays. Cest peut-tre en raison de ce fait historique que le but principal des agences dAQ en Afrique a t la rglementation du dveloppement de ce secteur au lieu du perfectionnement de la responsabilisation et de lamlioration de la qualit. Plusieurs pays ont maintenant amend leurs lois en vue de rendre l'agrment des tablissements publics obligatoire. En date daujourdhui, il a t indiqu aux agences nationales d'Ethiopie, du Ghana, Ile Maurice, Nigeria, Afrique du Sud, Tanzanie et de l'Ouganda de veiller sur lassurance qualit dans leurs dtablissements d'enseignement suprieur publics et privs. La Tanzanie et l'Ouganda ont amend leurs lois au cours des deux dernires annes pour tendre le mandat aux universits publiques alors que le mandat de l'Ethiopie incluait tous les types dEES depuis ses dbuts en 2003. Le Mozambique et Madagascar sont en train de mettre en place leurs systmes visant la mme approche. Cette tape positive doit tre taye par un systme de stimulation efficace (qui fait actuellement dfaut) dans loptique d'encourager la conformit et partant, lamlioration de la qualit. Un lien plus solide entre les rsultats des procdures dAQ et les affectations des fonds, ainsi que les rsultats des apprentissages (qualit des diplms), savre ncessaire pour la promotion de la responsabilisation. 8. Il y a convergence de la mthodologie travers les pays. On remarque au niveau national, trois diffrents types de pratiques en matire dassurance qualit : les audits institutionnels, lagrment dtablissement, et lagrment des programmes dtudes. Toutefois, quelque soit l'approche adopte, une convergence parmi ces mthodologies est en train de devenir une ralit. La preuve des tudes de cas dun pays montre que toutes les agences dAQ suivent la mme approche fondamentale qui est semblable celle suivie par les agences dAQ dans les pays dvelopps. Cette approche requiert une autovaluation institutionnelle (ou un programme), suivie d'un contrle interne et de la transmission des rsultats l'tablissement, au gouvernement et mme aux intervenants. Ceci tend tre la norme, quil sagisse dun audit ou dun agrment. Une fois convenablement mene, cette procdure rigoureuse produit des donnes utiles susceptibles dtre utilises pour la planification stratgique et d'autres fins. Toutefois, l'exprience d'tude de cas des pays montre que la mthodologie requiert un niveau lev de ressources humaine et financire. Dans une situation o le pool des ressources

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  • humaines qualifies est dj puis, ce ne sont pas tous les pays qui sont en mesure de mettre en place une agence nationale grande chelle. En effet, cela nest pas valable pour les pays disposant de petits systmes d'enseignement suprieur. 9. La procdure est aussi importante que le rsultat. L'exprience des tablissements dans les pays d'tudes de cas montre que la procdure d'autovaluation (au niveau de ltablissement ou de groupe) a des effets positifs sur la culture de la qualit au sein dun tablissement ou dun groupe. Parce quelle est mene dans une atmosphre collgiale sans aucune pression d'un organisme externe, l'autovaluation contribue la promotion de la cohsion sociale et du travail d'quipe au sein du personnel et renforce galement la responsabilisation du personnel sur les rsultats de la procdure. Plus concrtement, l'autovaluation aide galement les tablissements identifier leurs propres forces et faiblesses, tout en suscitant une prise de conscience sur les principaux indicateurs de performance. Le processus dautovaluation est largement peru comme laspect le plus prcieux de lassurance qualit parce qu'elle aide les tablissements renforcer leurs moyens en leur sein. Cette fonction de renforcement des moyens d'autovaluation est valable dans n'importe quel contexte, mais il est particulirement important dans les pays d'Afrique subsaharienne o les moyens sont trs faibles. L'autovaluation est galement moins onreuse que l'agrment et peut tre convenablement programme dans le calendrier annuel d'un tablissement. Ainsi, qu'un pays dispose ou non dune agence nationale grande chelle dAQ, les autovaluations rgulires aux niveaux des tablissements et groupes constituent l'pine dorsale d'un systme dassurance qualit fiable. 10. Les normes appliques par les agences nationales dAQ sont principalement bases sur les donnes dentre avec peu d'attention accorde la procdure, au rendement et au rsultat. Cependant, dans la plupart des pays, aucun lien entre les rsultats de lassurance qualit et les affectations de fonds na pu tre trouv. Les normes dAQ les plus courantes dans les tudes de cas sont la mission et la vision, les programmes denseignements, les ressources documentaires, les ressources matrielles et technologiques, le nombre et les qualifications du personnel, le nombre dtudiants y compris leurs qualifications requises, et les ressources financires (relativement au nombre dtudiants). L'tude n'a trouv aucune preuve de normes de rendement telles que lindice de dbit (pourcentage d'une promotion qui reoit le diplme un moment donn) ou le volume et la qualit de la recherche. Il n'y a galement aucune preuve de lexistence dun lien quelconque entre les rsultats de lassurance qualit et les affectations de fonds aux tablissements ou groupes. 11. L'Afrique francophone accuse un retard par rapport au reste de l'Afrique en matire de dveloppement dune gestion structure dassurance qualit au niveau national et galement au sein des tablissements denseignement suprieur. Seuls lIle Maurice et le Cameroun disposent dagences nationales dAQ. Madagascar met actuellement en place une telle agence. CAMES, qui a jusqu'ici t responsable de lassurance qualit dans toute la rgion francophone, est actuellement au maximum de ses capacits. En outre, il lui manque le mandat pour appliquer les normes de qualit, la participation ses activits tant bnvole. Mais la proccupation croissante relative la ncessit de prter plus d'attention la qualit de lenseignement suprieur au niveau national merge dans l'Afrique francophone. Beaucoup d'tablissements sont en train dutiliser leurs rformes continues pour passer au systme LMD en tant quopportunit pour rsoudre les problmes de qualit. Sur la base des rsultats de cette tude, il est conseill aux pays disposant de trs petits systmes d'enseignement suprieur ( titre dexemple, le Niger, le Tchad, le Mali, etc.) dadopter une approche squentielle de dveloppement qui commence par des autovaluations par tablissement.

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  • 12. Des associations professionnelles sont activement impliques dans lassurance qualit. Cependant, dans certains pays, leurs mandats chevauchent avec ceux des agences nationales existantes dAQ. Contrairement ces dernires, les associations professionnelles financent leurs activits partir de droits d'adhsion pays par leurs membres. Dans certains pays, ces associations sont trs impliques dans la procdure d'agrment. Dans tous les pays d'tude de cas, elles sont reprsentes dans des groupes d'agrment, en plus de leur rle rgulier qui consiste confirmer les tudiants et les autoriser pratiquer comme professionnels. En dehors de l'Afrique du Sud, les normes appliques par les corps professionnels ne sont pas harmonises avec celles appliques par les agences nationales dAQ. Au Nigeria, des dbats sur l'harmonisation des normes de qualit sont en cours. En raison de mandats se chevauchant, la contribution potentielle de ces associations aux efforts nationaux dAQ reste encore entirement exploiter. 13. Bien que dans certains cas les lois en vigueur dcrivent les agences dAQ comme tant des organismes indpendants, en ralit toutes les agences existantes dAQ dpendent directement du gouvernement. Elles reposent presque entirement sur le financement public et, leurs organes directeurs y compris leurs cadres dirigeants sont nomms par le gouvernement. Cependant, certains pays ( titre dexemple, l'Egypte, le Nigeria et l'Afrique du Sud) jouissent dune autonomie significative dans leur fonctionnement. Le fait que les agences et les tablissements publics relevant de leur juridiction dpendent du financement public pose des problmes quant la lgitimit des demandes formules par ces agences qui veulent que les tablissements se conforment aux conditions d'amlioration de la qualit, moins que ceci ne soit accompagn du financement public adquat pour rsoudre les problmes identifis. 14. Les activits des systmes nationaux existants dAQ diffrent dans leur porte et rigueur, variant de la simple dlivrance des brevets aux tablissements par le ministre responsable de lenseignement suprieur (cest--dire DRC) au programme d'agrment global, lchelle du systme et au rang des tablissements ( titre dexemple, le Nigeria); et du contrle rigoureux du gouvernement des procdures semi-autonomes dAQ. Seuls CAMES, lIle Maurice, le Nigeria et l'Afrique du Sud mettent en uvre le programme d'agrment. Le reste met en pratique lhabilitation institutionnelle. Il sagit de la pratique la plus courante qui a t rserve aux tablissements privs; aucun tablissement public n'a t soumis une procdure d'agrment institutionnel complet. Le Nigeria a commenc se prparer cet effet avec une date de lancement prvue en 2007. Le niveau d'indpendance et du professionnalisme au sein des agences dAQ diffre galement assez largement. Le Comit de la qualit de lEnseignement Suprieur en Afrique du Sud, titre dexemple, dfend directement son budget au parlement alors qu'au Cameroun, l'agence est finance en tant que dpartement du ministre de lenseignement suprieur et le ministre a le dernier mot sur les dcisions d'agrment. Cette htrognit dans l'activit et la rigueur soulve des doutes quant la capacit de certains systmes d'enseignement suprieur rpondre aux dfis globaux tels la procdure de Bologne, qui a pour but dharmoniser les systmes d'enseignement suprieur dans lUnion Europenne, aboutissant un cadre commun de reconnaissance des programmes, des diplmes et des comptences. Lassurance qualit au sein des tablissements d'enseignement suprieur 15. Au sein des tablissements denseignement suprieur, l'appel des examinateurs extrieurs, l'autovaluation et les audits universitaires sont les formes les plus courantes de procdures dassurance qualit. Les tablissements acceptent facilement l'autovaluation

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  • parce qu'elle leur permet avec leur personnel de prendre en charge la qualit de leur performance sans pression habituellement lie un contrle externe. L'autovaluation aide galement les tablissements identifier leurs propres forces et faiblesses, tout en suscitant leur conscience dindicateurs cls de performance. Tel que mentionn ci-dessus, c'est la procdure d'autovaluation qui est largement vue comme laspect le plus valable des procdures dassurance qualit. La fonction de renforcement des moyens de l'autovaluation est particulirement importante dans les pays de l'Afrique subsaharienne o la capacit reste trs faible. Dans certains tablissements ( titre dexemple, l'Universit de Dar es Salaam en Tanzanie), ces procdures ont exist mme avant la mise en place des agences nationales dAQ. Actuellement, l'autovaluation est en train dtre de plus en plus faite comme prparation l'agrment (par exemple, au Nigeria, en Afrique du Sud et en Tanzanie). Cependant, l'expertise dans la conduite des autovaluations/audits universitaires est limite en Afrique. Une des recommandations importantes de cette tude est le renforcement des moyens professionnels dans ces rgions. 16. Les EES publics constituent la ressource fondamentale pour les systmes dassurance qualit. Les pays disposant dagences nationales dAQ comptent fortement sur les tablissements d'enseignement suprieur pour leur personnel professionnel, le comit dvaluation par les pairs et la gouvernance. Par la nature, les mthodes dassurance qualit requirent des pairs universitaires pour pourvoir leurs quipes d'valuation en personnel. Ceci peut peser fortement sur les pays o seul un nombre restreint d'individus qualifis est disponible pour accomplir des tches ncessaires. En raison du nombre limit des cadres suprieurs universitaires dans les EES africains, les plaintes surgissent sous prtexte que la participation des cadres aux procdures nationales dAQ est lorigine de beaucoup de fardeau considrable de travail car ces responsabilits sont normalement accomplies en dehors de leurs fonctions normales. Le manque de personnel qualifi constitue lune des contraintes principales au dveloppement de pratiques gnrales et efficaces dassurance qualit dans la rgion. 17. Bien qu'il soit trop tt pour tirer une conclusion gnrale, la preuve fournie par le Nigeria laisse penser que la procdure d'agrment est en train daccrotre la responsabilisation au sein des tablissements publics et privs denseignement suprieur. Ainsi, les leaders institutionnels sont en train dtre plus attentifs l'amlioration de la qualit. Collaboration rgionale en matire dassurance qualit 18. La ncessit de collaboration rgionale en matire denseignement suprieur est en train dtre progressivement reconnue, mais des difficults persistent dans la transformation de cette identification en mcanismes d'aide mutuelle efficaces. Les rseaux rgionaux dAQ sont particulirement appropris pour lAfrique en raison des contraintes en ressources humaines. Ils peuvent apporter un appui aux pratiques naissantes dAQ l o aucune n'existe, et peuvent fournir l'aide aux petits et/ou systmes nationaux non assis dAQ. Plusieurs initiatives sous-rgionales dAQ sont actuellement ltude. Au niveau continental, l'Association des Universits Africaines (avec lappui de la Banque mondiale et d'autres partenaires au dveloppement) projette de lancer un programme de renforcement des moyens dAQ en 2007, susceptible daboutir un rseau rgional sur lassurance qualit. Mais en dpit de l'identification de limportance de la collaboration rgionale, notamment pour les petits pays, les initiatives rgionales existantes sont encore loin dtre effectives. Sans financement par leurs gouvernements nationaux et sans instrument juridique pour faire valoir leurs mandats, ces rseaux dpendent fortement pour le financement des priorits passagres

    14

  • du bailleur de fonds. Leurs activits portent en grande partie sur le partage des connaissances et le renforcement des moyens. Au mieux, la collaboration rgionale semploie rechercher l'agrment volontaire, comme cest le cas pour CAMES. Dfis et besoins de renforcement des moyens 19. La capacit technique constitue la contrainte la plus urgente dans les agences nationales dAQ. Elle se manifeste sous trois formes : (i) linsuffisance de personnel professionnel convenablement agr et crdible chez les agences pour grer les procdures dAQ avec intgrit et cohrence travers les tablissements/programmes : (ii) linsuffisance de personnel universitaire dans les EES nanti de connaissance et dexprience dans la mise en uvre des autovaluations et contrle par les pairs, notamment dans les pays qui mettent en pratique le contrle travers lensemble du systme (par exemple l'Afrique du Sud et le Nigeria); et (iii) la contrainte sur le personnel universitaire dencadrement dans les EES puisquils doivent appuyer aussi bien leurs propres systmes de qualit internes que les procdures externes dassurance qualit de leurs agences nationales. Ce problme existe tous les niveaux, mme dans des pays conomiquement plus avancs comme l'Afrique du Sud. 20. LAQ cote de largent et du temps car elle utilise des personnes hautement qualifies. Bien quefficace, lagrment de programme, travers tout le systme est onreux et implique un grand nombre de personnes et des logistiques complexes. Le cot par programme agr est peu prs de lordre de 5 000 dollars US. Pour les pays disposant de beaucoup de programmes, ces cots peuvent tre insurmontables si l'exploitation doit tre faite avec qualit. cela sajoutent les frais dexploitation dune agence nationale (estims 2 millions de dollars US par an) et les frais la charge des tablissements pour mettre en uvre des amliorations sur les programmes qui se sont avrs tre de qualit insatisfaisante. Sans financement adquat, la qualit des procdures dAQ et par consquent la crdibilit et l'intgrit de leurs rsultats reste menace. Les pays doivent faire des valuations franches de leurs moyens financiers pour entreprendre la gamme dactivits possibles dAQ et personnaliser leurs systmes selon leurs situations financires particulires, tout en prenant en compte leurs contraintes en ressources humaines. 21. Comme dans d'autres rgions, assurer la qualit de lapprentissage distance et de nouveaux modes denseignement reste un dfi. Bien que toutes les agences passes en revue soient responsables de lapprentissage distance et en ligne, aucune n'a encore mis en uvre l'agrment dans ces rgions. Dans la plupart des cas, les normes nationales n'existent pas, ou sont en cours de dveloppement. La fourniture transfrontalire des TIC na pas t convenablement prise en compte dans les systmes dassurance qualit existants. Le dveloppement des normes de qualit et de vrification de la conformit pour l'enseignement distance requiert de nouvelles comptences qui font actuellement dfaut dans la plupart des pays. Le renforcement des moyens est cet gard urgent, compte tenu des implications de lAccord gnral sur le commerce des services (AGCS). tant donn que les ressources sont limites, le rseautage y compris le partage de l'exprience aux niveaux sous-rgional et rgional acclre le taux de diffusion de ces comptences. 22. Limpact de lassurance qualit sur la qualit des diplms, les attitudes des employeurs envers les diplms, et les rsultats des recherches des tablissements d'enseignement suprieur restent peu connus; c'est--dire, savoir si l'application d'un systme rigoureux dAQ amliore rellement la qualit des diplms intgrant le march du travail et le rsultat

    15

  • des recherches des tablissements. Bien qu'aucune tude n'ait t entreprise, il y a des signes qui montrent que les employeurs sont en train de prter attention aux rsultats de l'agrment de programme et au classement des tablissements. Toutefois, linformation est difficilement obtenue sur l'impact de ces procdures sur la qualit des diplms intgrant le march du travail ainsi que sur les rsultats des recherches. Le travail de suivi ce sujet savre ncessaire car il renforcerait l'investissement accru en matire d'amlioration de la qualit. Options pour le renforcement des moyens 23. Pour faire face aux dfis susmentionns, les options suivantes sont suggres pour examen par les dcideurs, les praticiens dAQ et les partenaires au dveloppement. Une discussion plus largie est prsente au chapitre 7.

    a. Adopter une stratgie graduelle de dveloppement. En raison de la pression existante sur les systmes dES et les tablissements pour la conformit aux normes internationales, une stratgie graduelle reste l'approche la plus prudente. Pour la plupart des pays africains, la nouvelle convergence sur les pratiques rigoureuses dAQ est hors de porte, compte tenu des contraintes existantes en matire de moyens. Chaque pays doit valuer ses moyens et structurer son systme dAQ en harmonisation avec les ressources disponibles. Une autre pratique gnrale qui a bien fonctionn ailleurs consiste commencer graduellement, prendre du temps pour piloter les procdures avant la mise en uvre complte.

    b. La responsabilit pour la qualit de lenseignement suprieur repose en fin de

    compte sur les EES. Des efforts de renforcement des moyens devraient tre orients vers ltablissement dune culture de qualit dans les EES. Sans culture solide de qualit dans les tablissements d'enseignement suprieur, il y a peu de chance denregistrer un succs au niveau national.

    c. Mme en l'absence d'agrment externe, les contrles acadmiques des

    tablissements (audits universitaires) sont une manire effective d'introduire une culture de qualit au sein dun tablissement. Un pralable ncessaire reste la formation du personnel en autovaluation et contrle par les pairs. Limplication de pairs contrleurs des autres tablissements lintrieur et lextrieur du pays dans les pratiques d'autovaluation peut enrichir la procdure, mais le choix doit tre soigneusement fait pour justifier les cots levs impliqus. L'exprience des tudes de cas montre que la cration d'un groupe consacr lassurance qualit au sein dun tablissement aide assurer le suivi dvaluation des procdures dAQ, les maintenir mmorises et assurer la mise en uvre des mesures d'amlioration de la qualit recommandes.

    d. Pour les pays disposant de grands systmes d'enseignement suprieur et de

    moyens adquats, l'agrment des tablissements (au lieu dun agrment des programmes travers tout le systme) constitue une manire plus rentable pour le dmarrage dun systme national dAQ. Il est moins onreux, et le stress sur les EES et agences nationales dAQ est moins svre. L o le cot constitue une contrainte principale, l'agrment des programmes devrait tre limite aux programmes professionnels et tre mis en uvre en collaboration avec les associations professionnelles.

    16

  • e. Le partenariat avec les tablissements trangers et les agences dAQ dots dune exprience dAQ saine peut aider complter les moyens locaux court terme et apporter galement une exprience approprie d'autres rgions. Cependant, ceci doit tre pes contre les cots impliqus.

    f. Le besoin d'assistance technique pour dvelopper des normes de qualit est

    urgent, en ce qui concerne notamment les rglementations de l'apprentissage en ligne et de l'enseignement suprieur transfrontalier. Puisque l'expertise dans cette rgion est beaucoup plus limite en Afrique, l'aide extrieure est requise.

    g. La collaboration rgionale en assurance qualit est particulirement approprie

    en Afrique, compte tenu du grand nombre de petits pays qui disposent dconomies fragiles et de systmes denseignement suprieur peu dvelopps. Les formes souhaitables de collaboration rgionale incluent le contrle par les pairs des fins d'agrment, l'agence d'accrditation rgionale au lieu de celles nationales (particulirement pour les petits pays), les normes et les directives courantes pour l'ducation transfrontalire, les mcanismes de virement bancaire y compris l'identification des comptences, et le partage des expriences. Mais pour que la collaboration rgionale fonctionne merveille, l'engagement accru par les gouvernements et l'aide continue des partenaires internationaux au dveloppement sont imprativement obligatoires.

    h. Il est conseill aux gouvernements et agences nationales dexaminer les politiques

    de financement du contrle de lenseignement suprieur de sorte que la rpartition des ressources publiques aux tablissements d'enseignement suprieur soit lie des facteurs de qualit comme stratgie pour encourager les tablissements entreprendre des amliorations de la qualit. Sans un tel lien, la rponse efficace aux recommandations d'valuation de qualit par les EES publics sera limite et les systmes dAQ pourraient finalement en perdre leur crdibilit.

    i. Il est recommand de travailler plus sur le lien entre lAQ et les besoins du

    march du travail. Ceci devrait en fin de compte tre entrepris au niveau du pays, tant donn que la taille, lassortiment et le niveau de dveloppement diffre largement d'un pays l'autre.

    Rle possible des partenaires au dveloppement 24. La Banque Mondiale et les autres partenaires au dveloppement peuvent jouer un rle catalytique en se servant de leurs projets d'ducation dans les pays africains pour fournir l'assistance technique pour la formation dans les tablissements et dans les agences nationales dAQ, le dveloppement des normes de qualit pour les systmes ouvert et distance d'apprentissage, les audits des tablissements, et la comprhension de l'ducation suprieure transnationale. Le partage des connaissances sur les expriences dAQ entre les pays d'Afrique et avec d'autres rgions du monde est plus que ncessaire. Lappui peut galement prendre la forme de fonds de lancement pour tablir des fonds d'amlioration de la qualit, et le financement dorganismes rgionaux et sous-rgionaux d'enseignement suprieur ( titre dexemple AAU, CAMES, SARUA et IUCEA) afin de renforcer leurs capacits assister les pays dans leurs activits dassurance qualit, particulirement en ce qui concerne lAQ dans les petits pays.

    17

  • 25. Les engagements long terme du bailleur de fonds sont ncessaires pour fournir une stabilit de mise en uvre aux initiatives rgionales. Malgr les avantages potentiels levs, les initiatives rgionales et sous-rgionales dAQ sont les plus vulnrables puisqu'elles doivent faire concurrence pour des ressources budgtaires avec les priorits individuelles des nations. Les institutions multilatrales comme la Banque mondiale et la Banque Africaine de Dveloppement sont plus adaptes pour appuyer les initiatives rgionales en raison de leur habilet organiser et engager le dialogue avec leurs pays membres, soit individuellement ou en groupe. Pendant que lappui court terme demeure utile comme fonds de lancement pour le dmarrage, l'engagement long terme est essentiel pour fournir la stabilit pendant une priode intrimaire et permettre aux initiatives dAQ de crer un impact visible sur le terrain une condition ncessaire pour dvelopper les mcanismes de financement durable.

    Chapitre 1

    INTRODUCTION 1. La notion de qualit est difficile dfinir, surtout dans le contexte de lenseignement suprieur o les tablissements disposent dune large autonomie pour dterminer leurs visions et leurs missions. Toute dclaration au sujet de la qualit suppose une certaine mesure, aller contre la norme commune; car dans lenseignement suprieur, un tel idal nexiste pas. Divers concepts ont volu pour sadapter aux diffrents contextes, parlant de la qualit comme une mesure visant lexcellence, de la qualit comme perfection, de la qualit comme valeur montaire, de la qualit comme satisfaction du client, de la qualit comme approprie lobjectif, et enfin de la qualit comme transformation (chez un apprenant)8. Certains tablissements ont adopt lapproche de lOrganisation internationale de normalisation (ISO) dans certaines de leurs activits. En fonction de la dfinition choisie, la qualit suppose une valuation relative de la matire, les processus, le rendement ou les rsultats de lapprentissage. Indpendamment du concept adopt, les tablissements, les promoteurs et le public ont besoin de certaines mthodes pour avoir lassurance que tel tablissement a tenu ses engagements. Tel est le premier objectif de lassurance qualit. 2. Ce rapport dcrit et value lassurance qualit de lenseignement suprieur en Afrique au niveau des programmes, au niveau des tablissements et au niveau national. Il contient galement un commentaire sommaire sur les efforts dploys au niveau rgional. Il prsente une vue synthtique du statut de lassurance qualit de lenseignement suprieur en Afrique, traite des dfis et opportunits en vue dune amlioration des moyens et identifie des exemples susceptibles dmulation. Le rapport fait la synthse des rsultats dune tude mene par la Banque mondiale et vise essentiellement renforcer les moyens en personnel de cet tablissement, des organismes et des pays partenaires en vue dune plus grande sensibilisation sur limportance dun enseignement suprieur de qualit et lidentification des besoins prioritaires en matire de renforcement des moyens. Etant donn le nombre lev des pays africains, il na pas t possible danalyser en dtail les spcificits de chaque pays. Ainsi, les conclusions et les recommandations prsentes ici ne le sont qu titre illustratif et doivent tre adaptes la situation particulire de chaque pays.

    8 SAUVCA, 2002. Assurance qualit dans les universits Sud-Africaines. Actes du Forum National sur lAssurance de la Qualit de SAUVCA, avril

    18

  • 3. Une approche deux tapes t adopte pour cette tude. La premire a consist en llaboration dun schma conceptuel visant avoir une vue densemble du statut, de lampleur et du niveau dactivit de lassurance qualit dans tous les 52 pays du continent. Comme prvu, la quantit des donnes disponibles est limite. Dans la plupart des cas, linformation est obsolte dans la mesure o aucune tude exhaustive sur lassurance qualit dans lenseignement suprieur en Afrique na t mene avant cette tude. La collecte des donnes sest faite sur la base des documents publis, la consultation de sites Internet, des ministre de lducation et des organismes dinspection de la qualit, dautres sites Internet, et des interviews accords par les responsables chargs de lassurance qualit dans les pays o ltude a t mene. La seconde tape comporte une tude dtaille du processus dassurance qualit mene dans six pays (Cameroun, Ghana, Maurice, Nigeria, Afrique du Sud et Tanzanie). Ces pays ont t choisis sur la base des critres suivants:

    - Certitude que le cas pourrait illustrer les questions essentielles et servir comme exemple de bonne application de lassurance qualit, de lamlioration de la qualit, et de lagrment;

    - Utilit du cas sur les oprations permanentes et prvisionnelles de la Banque mondiale dans la rgion ;

    - Existence dtablissements denseignement suprieur publics et privs dans le pays; - Familiarit avec les audits qualit et/ou de lagrment; - Volont des tablissements et/ou des organismes nationaux respectifs de participer

    ltude

    - Preuve de leffectivit de lassurance qualit et amlioration au niveau des tablissements et/ou national.

    4. Lobjectif de ltude tait dtablir les principes de base sur le statut de lassurance qualit de lenseignement suprieur en Afrique et de mettre les informations et les analyses la disposition des responsables des politiques dducation, des personnes charges de la mise en application et des partenaires du dveloppement impliqus dans lenseignement suprieur en Afrique des informations et des analyses ncessaires pour identifier et lister les priorits des besoins en renforcement des moyens en vue dune amlioration de la qualit.

    5. Ltude se focalise essentiellement sur lassurance qualit dans les tablissements denseignement suprieur du niveau de la Licence. Mais elle comporte, le cas chant, des informations sur dautres types dtablissements denseignement suprieur. Un traitement exhaustif de toutes les tablissements denseignement suprieur na pas t fait parce quil existe dnormes diffrences entre ces divers types dun pays un autre, rendant ainsi toute comparaison difficile. Des informations propos de lassurance qualit au niveau non universitaire ne sont pas demble disponibles autant que celles concernant les tablissements donnant droit la Licence. Le rapport comporte aussi une discussion sur les initiatives dAQ au niveau sous-rgional et rgional de mme que des commentaires sur le rle jou par des associations professionnelles dans lassurance qualit dans lenseignement suprieur.

    Dfinitions 6. Les termes utiliss en matire dassurance qualit sont employs de manire varie et ont des sens diffrents dans diverses parties du monde. Aux Etats-Unis, par exemple, le terme agrment renvoie un processus dexamen et dvaluation de la qualit rsultant de

    19

  • la dcision de savoir sil faut certifier ou non les normes acadmiques dun tablissement. Au Royaume-Uni, agrment renvoie un Code de Pratique travers lequel un tablissement, sans pouvoir dadjudication reoit lautorisation dune universit ou dune autre institution donatrice daccorder des diplmes aux tudiants remplissant toutes les conditions requises. Afin dviter toute ambigut, les termes9 cls utiliss dans cette tude sont dfinis dans cette section. Dautres termes assimils sont dfinis dans les annexes.

    a. Qualit, dans le contexte de ce rapport, signifie aptitude lusage satisfait ou conforme aux normes gnralement acceptes comme dfinie par un tablissement, les organismes dassurance qualit et par les corporations acadmiques et professionnelles adquates. Dans lunivers diversifi de lenseignement suprieur, laptitude lusage varie considrablement selon la filire et les programmes. Un grand nombre de facteurs affecte la qualit dans les tablissements denseignement suprieur y compris leurs visions et leurs objectifs, le talent et lexpertise du personnel enseignant, les normes dadmission et dvaluation, le contexte denseignement et dapprentissage, loprationnalit de ses diplms (pertinence avec le march du travail), la qualit des bibliothques et des laboratoires, lefficacit de la gestion, la gouvernance et le leadership.

    b. Lassurance qualit est un processus dexamen planifi et systmatique dun tablissement ou programme pour voir si des normes dducation, de scolarisation et dinfrastructures acceptables y sont respectes, suivies et appliques. Un tablissement denseignement suprieur est galement considr comme fiable par la qualit de son personnel enseignant qui est le cur de ltablissement car produit ses diplms, ses produits de recherche, et offre ses services ltablissement, la communaut et la nation.

    c. Lagrment ou encore lhabilitation est un processus extrieur dauto-analyse et dexamen de la qualit utilis dans lenseignement suprieur pour passer au peigne fin un tablissement et /ou ses programmes afin de juger de leur conformit aux normes et des besoins damlioration de leur qualit. Ce processus vise savoir si un tablissement rempli ou ne respecte pas les normes tablies (fixes par un organisme extrieur comme le gouvernement, lagence nationale de qualit assurance, ou par une association professionnelle) en vue dun agrment et si elle accompli les missions et objectifs dtermins. Le processus comporte gnralement une autovaluation, le contrle par les pairs et la visite des sites Internet. Le succs rsulte en la forme de lagrment dun programme ou dun tablissement.

    d. Laudit est un processus de vrification dun tablissement ou programme pour dterminer si ses programmes, son personnel et ses infrastructures remplissent les missions et objectifs dtermins. Cest une valuation dun tablissement ou de ses programmes en relation avec ses propres missions, objectifs et normes tablies. Les auditeurs recherchent dabord les succs enregistrs par ltablissement dans laccomplissement de ses objectifs. Un audit se focalise sur la responsabilisation de ltablissement et des programmes dtude et comprend gnralement une autovaluation, le contrle par des pairs et une visite des sites Internet. Une telle valuation peut tre interne ou mene par un organisme externe. La principale diffrence entre un audit et un agrment cest que laudit se focalise sur des normes

    9 Ce glossaire est modifi et extrait dune version plus longue prpare par Fred M. Hayward pour le Conseil dhabilitation de lenseignement suprieur (CHEA) en fvrier 2001. Cf.: www.chea.org/international/inter_glossary01.html .

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    http://www.chea.org/international/inter_glossary01.html

  • externes ltablissement, habituellement national, et sur une valuation de ltablissement la lumire de ces normes. Laudit se penche sur les normes et objectifs propres ltablissement et sur ses succs les accomplir.

    e. Evaluation des programmes. Cest un processus dautovaluation et dvaluation des enseignements, des tudes, de la recherche, des services, et des rsultats bas sur un examen dtaill des programmes, de la structure et de lefficacit dun programme, de mme que la qualit et les activits de ses facults. Elle vise donner un tablissement, une valuation de ses propres programmes acadmiques base sur une autovaluation faite par lorganisme, un contrle par les collgues pairs extrieurs au programme, et un rapport sur les rsultats. Contrairement laudit, une valuation des programmes peut se limiter un seul programme donn et ne pas inclure une visite du site par les valuateurs externes. Dans ce rapport, le terme autovaluation est synonyme valuation des programmes .

    f. La dlivrance de licences est un processus doctroi dune autorisation un nouvel tablissement pour lancer ses activits ou un programme donn. Cest parfois un processus dtape au cours duquel un tablissement doit traverser un certain nombre de phases avant dobtenir une licence complte. En Tanzanie, par exemple, les demandes de cration des nouveaux tablissements doivent passer par quatre tapes doctroi de licence, chacune comportant des exigences prcises : autorisation provisoire de cration, certificat dinscription provisoire, certificat dinscription dfinitif et enfin le certificat dagrment.

    g. Etablissements denseignement suprieur (EES). Ce sont des tablissements de lenseignement suprieur habilits dlivrer des diplmes. Il sagit des universits et des autres tablissements denseignement suprieur, comme par ex. lInstitut Ghanen dAdministration Publique (GIMPA).

    7. Lquipe dtude a remarqu que dans plusieurs pays africains, le terme agrment renvoie aux universits publiques qui ont t cres par des lois du Parlement, par des ordonnances ou par dcrets. Ils sont agrs de jure (par la loi) et non pas la suite dun contrle par les pairs, dune visite du campus, et dun rapport dvaluation de ltablissement. De mme, il a t not que le terme audit, comme celui dagrment, est utilis de manire ambigu pour dcrire une srie dvaluations de certains aspects dun tablissement au lieu de ltablissement tout entier. Pour les besoins de cette tude, un tablissement est considr comme avoir t agr ou audit lorsquil a t soumis aux processus qui suivent :

    - Une auto-analyse prpare par ltablissement ou par le programme - Un processus dvaluation par les pairs, y compris une visite du campus. Lvaluation

    est base sur les normes ou sur les critres arrts par lorganisme dassurance qualit ou dans le cas dun audit par ltablissement lui-mme.

    - Un rapport rdig sur la visite du campus qui porte sur la qualit des normes acadmiques des tablissements, les processus dassurance qualit, et les recommandations aux fins damlioration.

    - Et, et pour lagrment (et non laudit), une dcision par une agence nationale habilite sur la base de lvaluation, dagrer ou de refuser lagrment, ou lui assigner un statut intermdiaire de candidat lagrment ou lessai.

    Cest essentiellement le modle dassurance qualit vers lequel semble converger la communaut internationale (y compris les pays africains qui ont servi de cas dtude).

    21

  • Comme il est argument plus loin dans ce rapport, laccomplissement de toutes ces tches ncessite des moyens considrables, qui tout simplement nexistent pas dans la plupart des pays africains. Dautres alternatives prendre en considration sont dbattues dans les sections suivantes. 8. Les principales conclusions de ce rapport peuvent constituer une base dinterventions du renforcement des moyens et/ou servir de guide aux dcideurs et aux intervenants dans lenseignement suprieur, la mise sur pied des systmes dassurance qualit. Le rapport est divis en huit chapitres, avec des suggestions pour dventuelles prochaines tapes dans le dernier chapitre. Le sujet de chacun dentre eux est mentionn ci-dessous :

    a. Le chapitre 1 prsente le rapport et dfini les termes cls quil utilise. b. Le chapitre 2 considre la qualit de lenseignement suprieur comme vritable

    socle pour le dveloppement conomique et social de lAfrique. Commenant par une revue historique de lassurance qualit en Afrique, il explique pourquoi il est ncessaire et urgent pour lAfrique daccorder aujourdhui plus dattention lassurance qualit.

    c. Le chapitre 3 prsente une situation analytique du statut des systmes dassurance qualit au niveau des tablissements et au niveau national, et dbat galement sur le rle des associations professionnelles dans lassurance qualit. Ce chapitre contient aussi une valuation succincte des efforts en cours pour encourager la collaboration rgionale sur lassurance qualit de lenseignement suprieur en Afrique, y compris des leons qui dcoulent de ces initiatives.

    d. Le chapitre 4 explore les implications financires de lapplication des systmes dassurance qualit et identifie les facteurs principaux des cots.

    e. Le chapitre 5 analyse les dfis des systmes dassurance qualit sur le continent et met laccent sur des possibilits de rforme.

    f. Le chapitre 6 cherche extraire ce que lon pourrait appeler des pratiques prometteuses, cest--dire des pratiques qui russissent rsoudre certains des dfis mentionns dans les chapitres prcdents et/ou susceptibles dmulation.

    g. Le chapitre 7 dresse un rsum des principales conclusions et des options recommandes pouvant tre prises en considration par les tablissements, les gouvernements, la Banque mondiale, et les autres partenaires de dveloppement dans leurs efforts visant amliorer l enseignement suprieur en Afrique.

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  • Chapitre 2

    PLAIDOYER POUR UN

    ENSEIGNEMENT SUPERIEUR DE QUALITE

    Pourquoi un enseignement suprieur de qualit est-il si important en Afrique ? 9. Limportance croissante de lenseignement suprieur pour la comptitivit et le dveloppement conomique. Les changements apports par la transition la nouvelle conomie du savoir ont cr une demande pour des niveaux de comptences suprieures dans la plupart des professions. Un nouveau champ de comptences comme ladaptabilit, le travail en quipe, les aptitudes de communication et la motivation pour la formation continue sont devenues vitales. Ainsi, des pays souhaitant volus vers lconomie du savoir sont appels entreprendre des rformes pour rehausser la qualit de lducation et de la formation travers des changements des contenus et des mthodes pdagogiques. Des tudes rcentes ont dmontr que pour les pays en dveloppement, lenseignement suprieur peut jouer un rle de rattrapage cl dans lacclration du taux de croissance et laugmentation des potentialits10 de production dun pays. La communaut internationale accorde galement une attention particulire cette nouvelle rflexion. Le Plan daction de la Banque mondiale pour lAfrique (2005) souligne limportance primordiale de lenseignement post-primaire dans le dveloppement des comptences pour la croissance et la comptitivit dans les pays faible et moyen revenus. Parmi ces actions cls pour 2007-2008, ce plan comporte la supervision et lvaluation de la qualit de lenseignement post-primaire, la formation, le dveloppement et lapplication des plans oprationnels dappui de lIDA lenseignement suprieur technique et aux tablissements denseignement suprieur et de recherche dans 8 pays africains au moins dici la fin de lanne 2008.11

    10. Lenseignement suprieur est indispensable pour la ralisation de lEPT et des Objectifs du Millnaire pour le dveloppement (OMD). Les tablissements denseignement suprieur enseignent une grande varit de disciplines essentielles en vue dune application effective des OMD. Il sagit des domaines cls lis la sant, lagriculture, la science et la technologie, lingnierie, les sciences sociales et la recherche. En outre, grce la recherche et les services de conseils, ils contribuent la formulation des politiques nationales et internationales. Par exemple, dans le cadre des objectifs de LEducation Pour Tous (EPT), bien que la Ligue des Universits Mondiales avait dj conclu en 1993, lors de la Confrence de ses recteurs, que les universits ne peuvent pas se dsintresser de la crise de lducation , les relations entre les tablissements denseignement suprieur et lEPT en Afrique nont pas t de premier ordre. Ceci soulve la question de savoir si la formation octroye par les tablissements denseignement suprieur correspond la nouvelle vision prne par lEPT et, en gnral, aux nouvelles demandes mergentes de lagenda mondial. Une croissance base sur la qualit et la pertinence de lenseignement suprieur pourrait contribuer au renforcement des liens entre lenseignement suprieur et les diffrents OMD et, plus gnralement, avec les besoins du march du travail. 10 Bloom, D. et al, 2005. Enseignement suprieur et dveloppement conomique en Afrique. Rgion Afrique Dveloppement Humain Sries No. 102, Washington, DC : Banque Mondiale. 11 Banque Mondiale, 2005. Faire face aux dfis du dveloppement de lAfrique: Plan daction du groupe de la Banque Mondiale. Non publi. Septembre. Rgion Afrique.

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  • 11. Lappui dautres niveaux dducation et de comptences. Lenseignement suprieur joue un rle cl dans le soutien apport dautres niveaux dducation12. Ceci va de la production denseignants pour les tablissements secondaires et autres tablissements denseignement suprieur, la formation des gestionnaires de lducation et la conduite de la recherche visant amliorer les performances du secteur. Daprs une tude rcente, la faible qualit et labsence dune masse critique de diplms au niveau des tablissements secondaires rduit la productivit des travailleurs diplms de lenseignement suprieur et anantit lensemble des mesures incitatives pour les investissements dans lducation.13. Ltude dmontre galement que la prsence dun travailleur diplm de lES dans un service entrane une augmentation de la productivit des autres travailleurs de niveau de comptences moyennes. 12. Laugmentation du volume des investissements pour en accrotre laccs. Le dfi de lAfrique de crer des conomies du savoir est damliorer la qualit de lenseignement suprieur et daccrotre en mme temps le nombre des personnes formes des niveaux de haute qualit dans des domaines appropris. Les donnes actualises dans ce domaine ne sont pas particulirement bonnes. Des exemples nombreux dmontrent comment la croissance rapide du nombre des tudiants dans les tablissements dES a entran en mme temps une baisse considrable de la qualit de lducation. Comme lillustre lencadr 1, mme les bnficiaires de lenseignement suprieur commencent exiger la qualit.

    Encadr 1. Reconnaissance du problme de qualit de lES en Afrique lexemple thiopien

    Un des problmes majeur de lducation en Afrique ce nest pas, comme beaucoup le pensent luniversalit; il sagit plutt dun problme de qualit. LAfrique a besoin de penseurs, de spcialistes en science, de chercheurs, de vritables ducateurs qui peuvent contribuer potentiellement au dveloppement de la socit. La plupart des bailleurs de fonds dfinissent le succs de lducation en Afrique en se basant sur le nombre dtudiants qui sortent et sinscrivent dans les coles. La question quantitative est bien sr un problme qui mrite toute attention, mais elle ne doit pas constituer le seul point focal de lintervention en matire dducation en Afrique. La manire dont une ressource africaine pourrait tre mieux utilise par un tudiant africain pour le dveloppement de lAfrique devrait tre la proccupation majeure .

    Demeke Yeneayhu, Etudiant, Universit dAddis Abeba, Ethiopie, 2006

    Pourquoi les systmes dassurance qualit dans lES sont ncessaires ? 13. Chaque nation et ses diplms de lenseignement suprieur voluent dans un environnement faonn selon leurs propres besoins local et national et daprs leurs attentes et les normes internationales. Avec la mondialisation, limpact des normes internationales augmente et les demandes du public pour plus de transparence et de responsabilisation sont de plus en plus croissantes. Les ducateurs et les dcideurs sont appels mettre sur pied des normes adquates qui sinspirent et refltent leur histoire singulire, leurs besoins, et les attentes de leurs intervenants. Par ailleurs, ils auront mettre en place des mcanismes pour

    12 Hanushek, EA et Wossmann, L. 2007. Le rle de la qualit de lducation dans la croissance conomique. Banque Mondiale, Document de travail sur la politique de recherche 4122, fvrier 13 Ramcharan, R. 2004. Enseignement suprieur ou ducation de base : La composition du capital humain et dveloppement conomique. Document de personnel du FMI, Vol. 51, No.2, Washington, DC: Fonds montaire international.

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  • renforcer ces normes et suivre de prs les performances de leurs systmes denseignement suprieur afin de prendre des mesures appropries et opportunes pour sadapter aux nouvelles ralits. Les principaux facteurs qui sous-tendent lactuelle dmarche pour le renforcement de lassurance qualit dans lenseignement suprieur en Afrique sont analyss dans les paragraphes suivants.

    Demande croissante de lenseignement suprieur et augmentation des contributions du priv 14. Depuis la fin des annes 1980, le march global de lenseignement suprieur a connu un taux de croissance annuel moyen de 7 % par an. Dans le monde entier, plus de 80 millions dtudiants du suprieur poursuivent leurs tudes avec lassistance de 3,5 millions de personnes supplmentaires employes dans lenseignement et dans les tches associes. Les revenus annuels au titre des droits dinscription slevaient plus de 30 milliards de dollars amricains, provenant de plus en plus de sources prives. En Core du Sud, par exemple, 75 pour cent de loffre denseignement suprieur est financ par des fonds privs. En Australie, les droits dinscription contribuent hauteur de plus de 4 milliards de dollars amricains par an au PIB, dpassant les revenus provenant des principaux produits agricoles du pays la laine et le bl. Les Etats-Unis accueillent actuellement prs de 586 000 tudiants trangers, la plupart sacquittant des droits dinscription et de frais de scolarit. Les dpenses annuelles globales dans lenseignement suprieur slvent prs de 300 milliards de dollars amricains, soit 1 % de la production conomique mondiale14. En labsence dun systme robuste pour sassurer que les programmes offerts sont appropris aux besoins socio-conomique de la socit, un systme dES caractris par un mcanisme de promotion et de suivi de responsabilisation des tablissements devant leurs intervenants (tudiants, parents, gouvernements et autres promoteurs) simpose. Croissance rapide des effectifs dans lenseignement suprieur en Afrique et inadquation des sources de financement 15. Cette tendance globale se reflte sur le continent africain. Entre 1985 et 2002, le nombre dtudiants du suprieur a augment de 3,6 fois (passant de 800 000 prs de 3 millions), soit en moyenne denviron 15 % par an. Cette tendance a t initie par le Rwanda (55%), la Namibie (46%), lOuganda (37%), la Tanzanie (32%), la Cte dIvoire (28%), le Kenya (27%), le Tchad (27%), le Botswana (22%) et le Cameroun (22%).15 Dans la mesure o linvestissement public na pas t en mesure de suivre ce rythme effrn, linvestissement priv est intervenu et crot constamment en Afrique. Sur prs de 300 universits fonctionnant aujourdhui en Afrique subsaharienne, prs dun tiers sont finances par des fonds privs. La majorit dentre elles ont t cres en lan 2000. La participation du priv dans lenseignement suprieur a sans doute contribu de manire significative labsorption de la forte demande, et compte pour environ 20 % des effectifs dans certains pays. Toutefois, dans plusieurs circonstances, il existe une perception selon laquelle les tablissements privs sont plus orients vers la recherche du profit et lducation offerte par ces tablissements est de moindre qualit par rapport au niveau dducation offert dans les tablissements publics de lenseignement suprieur. Cette tude na pas pu apporter de preuves pour tayer cette conception, surtout parce que le personnel et ltat des infrastructures dans certaines tablissements publics denseignement suprieur suscitent des doutes sur la qualit de 14 Materu, P. 2006. Talking Notes. Confrence sur les connaissances pour le dveloppement de lAfrique, Johannesburg, Afrique du Sud, Mai. 15 ibid.

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  • lducation offerte par ces tablissements. Un systme dassurance qualit gnral pourrait servir comme base de comparaison entre la qualit offerte dans les tablissements publics et prives. Ceci pourrait en retour constituer un dfi pour les tablissements publics afin de les amener accorder plus dattention la qualit ainsi qu accrotre la confiance du public vis--vis des tablissements dES privs, attirant par consquent beaucoup dinvestisseurs privs sur le march de lenseignement suprieur.

    Exigences de plus de transparence et de responsabilisation

    16. Dans les tablissements publics denseignement suprieur, les droits dinscription des tudiants contribuent de manire significative au budget de fonctionnement. A lUniversit de Nairobi, la participation des tudiants travers les frais dinscription a contribu hauteur de 37 % son budget de fonctionnement en 2002.16 Au Ghana, les droits dinscription des tudiants ont contribu 31 % du budget de luniversit en 2005.17 Dans la toute rcente Universit de Gambie, les droits dinscription des tudiants reprsentaient environ 70 % de lensemble des dpenses en 2003/200418. Les pays comme la Tanzanie, lOuganda et le Zimbabwe sont dans la mme logique. Bien que ce rgime de participation ait souvent rencontr une certaine rsistance des tudiants, il a apport des financements ncessaires pour suppler linsuffisance des subventions gouvernementales. La rsistance au partage des cots est en partie due un manque de mcanismes adquats pour assurer la transparence dans lutilisation des ressources et le rapport de ces ressources avec la qualit des rsultats de ces tablissements. Un systme dassurance qualit efficace favorise la transparence et la responsabilisation dans la mesure o les tablissements sont appels souvrir un contrle externe conduit par des pairs, les associations professionnelles et les agences nationales dAQ, l o elles existent. Un bon classement attribu par un organisme externe est galement susceptible daugmenter le moral des tudiants et leur engagement vis--vis de leur tablissement, et de les amener ainsi contribuer plus facilement au cot de leur formation. Les mesures concernant la transparence et la responsabilisation sont galement apprcies par les gouvernements, qui doivent mieux savoir comment leurs ressources sont dpenses. Ncessit des rformes dans lenseignement suprieur pour faire face aux nouveaux dfis 17. Lassurance qualit peut jouer un rle catalytique cl dans lapplication des rformes pour revitaliser les systmes denseignement suprieurs faibles. En dpit des variations des prfrences culturelles et politiques, des diffrences dans les styles de leadership au sein des gouvernements diverses phases de dveloppement, il se dgage un consensus sur linadquation des mthodes de contrle acadmique traditionnel face aux dfis daujourdhui et des assurances plus explicites au sujet de la qualit sont plus que ncessaires.19. Lencadr 2 dmontre comment la Roumanie a rpondu aux exigences de rforme.

    16 Kiamba, Crispus. 2003. Exprience des activits estudiantines parraines par les organismes du secteur priv et dautres activits gnratrices de revenus luniversit de Nairobi. Etude mene en vue de la Confrence rgionale de formation sur lamlioration de lenseignement suprieur en Afrique subsaharienne: Les choses qui marchent! Accra, Ghana: Septembre 23-25, 2003. 17 Adu, Kingsley et Franois Orivel, 2006. Stratgie de financement de lenseignement suprieur au Ghana. Rapport pour le conseil national sur lenseignement suprieur. Accra, Ghana. 18 Universit de Gambie, 2005. Le Plan Stratgique UTG (non publi) 19 El-Khawas, E. et al 1998. Assurance qualit dans lenseignement suprieur : Progrs rcents; Dfis en avant. Confrence internationale de lUNESCO sur lenseignement suprieur, Paris, France, 5-9 octobre.

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  • Encadr 2. Leons des rformes de lenseignement suprieur en Roumanie Une stratgie de rforme du secteur de lducation de 1994 introduite par le gouvernement roumain a conduit la loi sur lducation de 1995. La nouvelle loi a remplac le contrle centralis du Ministre de lducation (MDE) par un systme de supervision travers des conseils d organisations tampons . Ceci a t possible grce la dcentralisation des fonctions professionnelles et politiques du MDE au profit de quatre conseils intermdiaires semi-autonomes : le Conseil national daccrditation et dvaluation des programmes, le Conseil national des grades acadmiques et des diplmes, le Conseil de financement de lenseignement suprieur et le Conseil de recherche des universits. Lenseignement suprieur est maintenant plus apte rpondre aux besoins des conomies de march mergentes. Ceci a t accompli grce au changement du contenu des programmes, au rajustement du volume des programmes et lintroduction de plus de souplesse. De nouvelles filires comme le commerce et les conomies macroconomiques et microconomiques modernes ont t introduites, alors que dautres filires, comme la planification centrale, ont t supprimes. Lexcs de spcialisation et le surplus deffectifs enregistrs dans certaines filires techniques et dingnierie ont t ajusts et des programmes interdisciplinaires ont t mis en place. La flexibilit sest accrue avec lintroduction de programmes courts, les programmes de recyclage et la formation continue. Par ailleurs, la revitalisation des programmes acadmiques, grce au Conseil dagrment, veille aux normes de haute qualit, plus particulirement dans les nouvelles universits publiques et prives. La qualit des facults, dans les domaines forte croissance, est mise niveau travers le dveloppement des programmes de troisime cycle pour former la prochaine gnration de personnel acadmique, alors que le Conseil national de la recherche finance le dveloppement de nouveaux programmes de 3me cycle et la recherche associe. Source : Banque Mondiale 1996 Nouvelles mthodes dapproches face aux dfis 18. Les avances rcentes enregistres dans le domaine des nouvelles technologies de linformation et de la communication ont entran des changements dans les mthodes denseignement. Lutilisation des diffrentes formes denseignement en ligne et par correspondance (EOD) est en hausse. Les possibilits denseigner et dapprendre partout dans le monde, quelle que soit la localisation gographique par rapport la source de livraison, existent. Lducation en ligne volue, mme dans les tablissements traditionnels en briques et mortier . ces nouvelles mthodes rendent lenseignement suprieur sans frontires - les tudiants ont la possibilit davoir accs aux tudes suprieures hors de leurs frontires nationales et les fournisseurs de lES sont en mesure de joindre les tudiants partout dans le monde sans avoir besoin dobtenir une quelconque autorisation dune autorit locale. Il sagit dun dveloppement positif surtout pour les pays qui ne peuvent pas investir dans des btiments en dur (par ex. les petits pays ou les conomies faibles) pour satisfaire la demande sociale croissante. Toutefois, cause de labsence dun systme dAQ efficace, les consommateurs ne disposent pas dlments fiables pour choisir entre les diffrentes offres sans frontires, et le gouvernement ne dispose pas dun mcanisme pour amener ces fournisseurs tre responsables de la qualit de leurs programmes. 19. En Afrique, lattention est de plus en plus accorde au renforcement des moyens dans le domaine de lenseignement distance. La rgion abrite actuellement quatre universits distance et projette de crer au moins deux autres dans un avenir proche. Par ailleurs, loffre dducation par correspondance de la part de certaines universits traditionnelles est en hausse constante. En Tanzanie, Luniversit distance de Tanzanie (OUT) est actuellement la plus grande universit du pays, 15 ans seulement aprs sa cration. Luniversit virtuelle dAfrique (UVA), qui tait dabord parraine par la Banque Mondiale, est actuellement reconnue comme leader en matire dducation distance et en ligne (ODEL) en Afrique,

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  • avec un rseau tendu de plus de 20 pays dexpressions franaise et anglaise en Afrique. Sil est vrai quil existe un degr de familiarit avec les mcanismes dassurance qualit, en ce qui concerne les systmes denseignement distance traditionnels (par correspondance) sur le continent, les nouvelles mthodes denseignement constituent des dfis dans la mesure o il existe ni normes, ni expertise disponibles actuellement pour en rguler la qualit.

    La comptition de plus en plus croissante et lapparition de cycles de formation courts exigent une amlioration continue. 20. Lenseignement suprieur est devenu plus comptitif avec limplication du secteur priv, une demande de plus en plus croissante de responsabilisation, des financements publics limits, et le dveloppement de lenseignement suprieur sans frontire. La concurrence dans les pays dvelopps pousse certains tablissements rechercher de nouveaux marchs dans les pays en dveloppement. Certains ont mis sur pied des campus satellites, ou ont dvelopp des partenariats avec des tablissements locaux dans les pays en dveloppement pour y offrir leurs programmes de formation dans des domaines ayant des dbouchs, par exemple en gestion des entreprises et en technologies de linformation. En raison de la forte reconnaissance et de la demande sur le march de diplmes trangers, ainsi que la certitude de les obtenir dans les dlais prescrits, sans crainte de mouvements de grve des tudiants, ces diplmes de marque deviennent de plus en plus populaires, et constituent mme un dfi pour les universits locales dans certains pays. Il existe, en outre, le phnomne de plus en plus croissant de classement des universits au niveau international, o presque aucun tablissement africain figure dans les 500 premiers. Au reste, dans la mesure o les tudiants et les parents sintressent de plus en plus la qualit et au classement lors du choix des programmes dtudes universitaires (surtout quand cela implique le paiement de droits dinscription), les tablissements denseignement suprieur africains sont susceptibles de rgresser davantage sils ne prennent pas de dispositions pour accorder une plus grande attention lamlioration de la qualit. Un systme adquat dassurance qualit aux niveaux des tablissements et au niveau national permettrait de suivre attentivement et de manire continue le dveloppement de nouvelles connaissances et obligerait les tablissements actualiser leurs programmes et leurs mthodes denseignement et dapprentissage pour sassurer que leurs diplms ont les connaissances et les comptences adaptes aux besoins du march du travail actuel et futur.

    Laccroissement de la collaboration rgionale ncessite une harmonisation des qualifications et des grades

    20. Lmergence de blocs conomiques rgionaux et les opportunits cres grce linclusion de lES dans lAccord gnral sur le commerce des services (GATS) ont gnr de nouvelles initiatives rgionales et internationales visant favoriser la mobilit des tudiants et des travailleurs, tout en respectant lautorit dont dispose chaque pays rguler la qualit de son systme denseignement suprieur. Le Processus de Bologne au sein de lUnion europenne en est le parfait exemple.2019 Lharmonisation des programmes dtudes, des annes dtude et des diplmes des tablissements

    20 Le Processus de Bologne avait t lanc en 1999 pour tablir une zone commune dES au sein de lUnion europenne dici 2010. Actuellement, 45 pays y participent. Le but est de favoriser la mobilit des tudiants parmi les pays travers lharmonisation des systmes dES, daugmenter lattractivit de lES Europen et damliorer la qualit de lES pour le dveloppement de lEurope (www.coe.int/T/DG4/HigherEducation/EHEA2010/BolognaPedestrianen.asp ).

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    http://www.coe.int/T/DG4/HigherEducation/EHEA2010/BolognaPedestrianen.asp

  • denseignement suprieur est galement considre comme un moyen de renforcer lunit entre les peuples dun bloc rgional donn une cohsion susceptible de produire des effets positifs sur le commerce, la paix et la scurit.

    22. Leffet du processus de Bologne est en train dtre ressenti en Afrique. Sagissant de cette initiative, les Chefs dtats de six pays regroups au sein de la Communaut conomique et montaire de LAfrique centrale (CEMAC)20 ont dcid en 2005 dadopter le systme Licence, Master, Doctorat (LMD) afin dharmoniser et duniformiser le systme denseignement suprieur dans la sous-rgion. Plusieurs autres pays francophones ont adopt le systme LMD par la suite, lobjectif tant de procder au lancement de la Licence (lquivalent du Bachelor Degree) en 2006/2007, du Masters en 2007/2008 et du Doctorat en 2009/2010. En dpit des contraintes de moyens, la transition vers le systme LMD se prsente aujourdhui comme un facteur dunit susceptible davoir un effet positif au niveau de la collaboration rgionale entre les pays impliqus. Par ailleurs, dans la mesure o le systme LMD est similaire au systme denseignement suprieur anglo-saxon, ce changement pourrait favoriser davantage la collaboration et la mobilit entre les pays francophones et anglophones dAfrique.

    23. Dautres rgions semploient des efforts similaires. La Rgion Asie-Pacifique a mis sur pied un rseau dassurance qualit le Rseau pour la Qualit Asie-Pacifique (APQN)21 afin de promouvoir la mobilit des tudiants et des travailleurs intellectuels au sein de cette rgion