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Analyse des actes illocutionnaires Conformément à ses doutes quant à la distinction constatif/performatif, Austin admet que toute énonciation d’une phrase grammaticale complète dans des conditions normales correspond de ce fait même à l’accomplissement d’un acte illocutionnaire. Cet acte peut  prendre des valeurs différentes selon le type d’acte accompli et Austin distingue cinq grandes classes d’actes illocutionnaires !es verdictifs ou actes "uridiques #acquitter, condamner, décréter$% & !es exercitifs #dégrader, commander, ordonner, pardonner, léguer$% & !es promissifs #promettre, faire v'u de, garantir, parier, "urer de$% & !es comportatifs #s’e(cuser, remercier, déplorer, critiquer$% & !es expositifs #affirmer, nier, postuler, remarquer$%. !a mort d’Austin l’a empêché de poursuivre ses travau( et le développement de la théorie des actes de langage a été poursuivi par la suite par )ohn *earle. *earle commence par a"outer à la théorie des actes de langage un principe fort, le + principe d’e(primailité -, selon lequel tout ce que l’on veut dire peut être dit pour toute signification , et pour tout locuteur !, chaque fois que ! veut signifier #à l’intention de transmettre, désire communiquer$% , alors il est possile qu’e(iste une e(pression , telle que soit l’e(pression e(acte ou la formulation e(acte de . Ce principe implique une vision de la théorie des actes de langage selon laquelle les deu( notions centrales sont l’intention et la convention le locuteur qui s’adresse à son interlocuteur a l’intention de lui communiquer un certain contenu, et le lui communique gr0ce à la signification conventionnellement associée au( e(pressions linguistiques qu’il énonce pour ce faire. !a centralité des notions d’intention et de convention ne constitue pas réellement une rupture par rapport à la théorie austinienne des actes de langage plut1t, *earle se contente d’indiquer e(plicitement des notions qui étaient restées davantage implicites che2 Austin. !’ innovation principale de *earle consiste à distinguer deu( parties dans un énoncé le marqueur de contenu propositionnel et le marqueur de force illocutionnaire. *i l’on revient à l’e(emple #3%, on voit qu’il est facile d’y distinguer, comme dans la plupart des performatifs e(plicites, le marqueur de contenu  propositionnel + "e t’emmènerai au cinéma demain -, et le marqueur de force illocutionnaire + "e te promets -. *i cette distinction est plus facile à appliquer au(  performatifs e(plicites comme #3%, le principe d’e(primailité suppose néanmoins que les  performatifs implicites, comme #4%, sont équivalents au( performatifs e(plicites et que, dans cette mesure, la distinction entre marqueur de force illocutionnaire et marqueur de contenu  propositionnel peut s’y appliqu er. *earle a également donné sa version des règles s’appliquant au( différents types d’actes de langage et sa propre ta(inomie de ces différents types d’actes de langage. Cette ta(inomie s’appuie sur un certain nomre de critères le ut de l’acte illocutionnaire & la direction d’a"ustement entre les mots et le monde 5 soit les mots + s’a"ustent - au monde, comme dans une assertion, soit le monde + s’a"uste - au( mots, comme dans une promesse & les différences dans le contenu propositionnel qui sont déterminées par des mécanismes liés à la force illocutionnaire une  pro messe, p. e(., déterminera le contenu propositionnel de l6énoncé de telle manière que ce contenu portera sur le futur, 7

Analyse Des Actes Illocutionnaires

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Analyse des actes illocutionnaires

Conformément à ses doutes quant à la distinction constatif/performatif, Austin admet que

toute énonciation d’une phrase grammaticale complète dans des conditions normales

correspond de ce fait même à l’accomplissement d’un acte illocutionnaire. Cet acte peut

 prendre des valeurs différentes selon le type d’acte accompli et Austin distingue cinq grandesclasses d’actes illocutionnaires

• !es verdictifs ou actes "uridiques #acquitter, condamner, décréter$% &

• !es exercitifs #dégrader, commander, ordonner, pardonner, léguer$% &

• !es promissifs #promettre, faire v'u de, garantir, parier, "urer de$% &

• !es comportatifs #s’e(cuser, remercier, déplorer, critiquer$% &

• !es expositifs #affirmer, nier, postuler, remarquer$%.

!a mort d’Austin l’a empêché de poursuivre ses travau( et le développement de la théorie des

actes de langage a été poursuivi par la suite par )ohn *earle.

*earle commence par a"outer à la théorie des actes de langage un principe fort, le + principe

d’e(primailité -, selon lequel tout ce que l’on veut dire peut être dit pour toute signification

, et pour tout locuteur !, chaque fois que ! veut signifier #à l’intention de transmettre, désire

communiquer$% , alors il est possile qu’e(iste une e(pression , telle que soit

l’e(pression e(acte ou la formulation e(acte de . Ce principe implique une vision de la

théorie des actes de langage selon laquelle les deu( notions centrales sont l’intention et la

convention le locuteur qui s’adresse à son interlocuteur a l’intention de lui communiquer un

certain contenu, et le lui communique gr0ce à la signification conventionnellement associée

au( e(pressions linguistiques qu’il énonce pour ce faire. !a centralité des notions d’intention

et de convention ne constitue pas réellement une rupture par rapport à la théorie austiniennedes actes de langage plut1t, *earle se contente d’indiquer e(plicitement des notions qui

étaient restées davantage implicites che2 Austin. !’innovation principale de *earle consiste à

distinguer deu( parties dans un énoncé le marqueur de contenu propositionnel et le

marqueur de force illocutionnaire. *i l’on revient à l’e(emple #3%, on voit qu’il est facile

d’y distinguer, comme dans la plupart des performatifs e(plicites, le marqueur de contenu

 propositionnel + "e t’emmènerai au cinéma demain -, et le marqueur de force

illocutionnaire + "e te promets -. *i cette distinction est plus facile à appliquer au(

 performatifs e(plicites comme #3%, le principe d’e(primailité suppose néanmoins que les

 performatifs implicites, comme #4%, sont équivalents au( performatifs e(plicites et que, dans

cette mesure, la distinction entre marqueur de force illocutionnaire et marqueur de contenu

 propositionnel peut s’y appliquer.

*earle a également donné sa version des règles s’appliquant au( différents types d’actes de

langage et sa propre ta(inomie de ces différents types d’actes de langage. Cette ta(inomie

s’appuie sur un certain nomre de critères

• le ut de l’acte illocutionnaire &

• la direction d’a"ustement entre les mots et le monde 5 soit les mots + s’a"ustent - au

monde, comme dans une assertion, soit le monde + s’a"uste - au( mots, comme dans

une promesse &

• les différences dans le contenu propositionnel qui sont déterminées par des

mécanismes liés à la force illocutionnaire une  promesse, p. e(., déterminera lecontenu propositionnel de l6énoncé de telle manière que ce contenu portera sur le futur,

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et sur quelque chose qui est en mon pouvoir & une excuse déterminera le contenu de

sorte à ce qu6il porte sur un événement passé, et qui a été sous mon contr1le &

• la force avec laquelle le ut illocutionnaire est représenté, qui dépend du degré

d’e(plication de l’acte &

• les statuts respectifs du locuteur et de l’interlocuteur et leur influence sur la force

illocutionnaire de l’énoncé &• les relations de l’énoncé avec les intérêts du locuteur et de l’interlocuteur &

• les relations au reste du discours &

• les différences entre les actes qui passent nécessairement par le langage #prêter

serment% et ceu( qui peuvent s’accomplir avec ou sans le langage #décider% &

• la différence entre les actes institutionnels &

• l’e(istence ou non d’un vere performatif correspondant à l’acte illocutionnaire &

• le style de l’accomplissement de l’acte.

Cet ensemle un peu hétéroclite de critères permet à *earle de dégager cinq classes ma"eures

d’actes de langage, classification asée principalement sur les quatre premiers critères

• les assertifs [représentatifs] #assertion, affirmation$% & les mots s6a"ustent au

monde &

• les directifs #ordre, demande, conseil$% & le monde s6a"uste au( mots &

• les promissifs #promesse, offre, invitation$% & le monde s6a"uste au( mots &

• les expressifs #félicitation, remerciement$% & pas de direction d6a"ustement &

• les déclaratifs #déclaration de guerre, nomination, aptême$% & direction d6a"ustement

doule #mots 8 monde / monde 8 mots%.

9our en finir avec l’impact de la théorie searlienne des actes de langage, les tentatives

actuelles de formalisation de la théorie des actes de langage s’appuient sur les travau( de*earle.

Critique de la pragmatique linguistique [modifier]

hypothèse performative et perfomadoxe [modifier]

*ur la ase du principe d’e(primailité, un linguiste du courant de la sémantique générative,

)ohn :. :oss, a proposé en 7;<= une hypothèse qui a rencontré une fortune certaine sous

l’appellation d’hypothèse performative. !’hypothèse performative consiste à traiter les

 performatifs implicites, comme #4%, comme équivalents au( performatifs e(plicites, comme#3%

• #3% )e te promets que "e t’emmènerai au cinéma demain.

• #4% )e t’emmènerai au cinéma demain.

9lus précisément, dans le cadre de la distinction générativiste entre structure de surface et

structure profonde, l’hypothèse performative consiste à supposer qu’un énoncé qui a #4%

comme structure de surface partage néanmoins la même structure profonde qu’un énoncé qui

a #3% comme structure de surface. n d’autres termes, tout énoncé a dans sa structure profonde

une préface performative #"e promets que, "’ordonne que, "’asserte que$%, que cette préface

 performative soit e(plicitement e(primée #qu’elle appartienne à sa structure de surface% ouqu’elle ne le soit pas. Cette hypothèse avait l’avantage, ce qui e(plique le retentissement

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qu’elle a eu, de donner une ase plus s>re à la distinction searlienne entre marqueur de force

illocutionnaire et marqueur de contenu propositionnel la préface performative, présente dans

tous les énoncés par hypothèse, correspondait au marqueur de force illocutionnaire.

Cependant l’hypothèse performative s’est heurté à une o"ection de fond, le perfomadoxe. ?l

consiste à faire remarquer que, dans la mesure o@ la structure profonde d’une phrasecorrespond à son analyse sémantique #sa forme logique% et au( conditions de vérité de la

 phrase en question, l’hypothèse performative conduit à un parado(e pour la plupart des

assertions. *elon l’hypothèse performative en effet, une phrase comme #7% a la même

structure profonde qu’une phrase comme #%, elles seraient donc identiques. n d’autres

termes, on ne pourrait plus dire que #7% est vraie si et seulement si le chat est sur le paillasson,

mais on devrait dire que #7% est vraie si et seulement si "’affirme que le chat est sur le

 paillasson. Br, il va de soi que la vérité de #7% ne dépend pas du fait que le locuteur affirme

quoi que ce soit, mais dépend ien du fait que le chat soit sur le paillasson. !’hypothèse

 performative a donc pour conséquence d’imposer pour tous les énoncés une préface

 performative qui

• soit ne doit pas être interprétée sémantiquement #pour ne pas générer de conditions de

vérité incorrectes%, mais dès lors la phrase n’est pas interprétale &

• soit doit être interprétée sémantiquement #pour que la phrase soit interprétale%, mais

dès lors la phrase se voit attriuer des conditions de vérité incorrectes.

Ces deu( conséquences étant inacceptales, l’auteur du performado(e, illiam D. !ycan, en

conclut que l’hypothèse performative doit être aandonnée.

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