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THE WORLD BANK GROUP Analyse des différents modèles possibles pour la réalisation et la gestion des infrastructures fibres optiques financées par des investissements publics et recommandations pour le backbone national malien Etude pour le Ministère des Postes et des Nouvelles Technologies Michel Rogy 5/25/2011 MISSION D’ASSISTANCE TECHNIQUE POUR LA RÉFORME DU SECTEUR (P123096) 68733 Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized

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THE WORLD BANK GROUP

Analyse des différents modèles possibles pour la réalisation et la gestion des infrastructures fibres

optiques financées par des investissements publics et recommandations pour le backbone

national malien Etude pour le Ministère des Postes et des Nouvelles Technologies

Michel Rogy

5/25/2011

MISSION D’ASSISTANCE TECHNIQUE POUR LA RÉFORME DU SECTEUR (P123096)

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Table des matières 1 Introduction .......................................................................................................................................... 5

2 Les modèles génériques pour la réalisation et la gestion des infrastructures fibres optiques

financées par les pouvoirs publics ................................................................................................................ 9

2.1 Les modèles où le risque du projet est exclusivement (ou quasi exclusivement) porté par

les pouvoirs publics ............................................................................................................................... 11

2.1.1 Les modèles centrés sur l’opérateur historique public : Exemple du backbone national

en TANZANIE ..................................................................................................................................... 12

2.1.2 Les modèles de type société nationale du haut débit : Exemple du backbone national

au KENYA ........................................................................................................................................... 18

2.1.3 Les modèles de type opérateur d’opérateurs : Exemple du backbone national au

RWANDA ............................................................................................................................................ 21

2.2 Les modèles où le risque est partagé entre pouvoirs publics et acteurs du secteur privé

dans le cadre d’un partenariat public privé (« PPP ») ........................................................................ 25

2.2.1 Les modèles de type consortium/partage d’infrastructure : Exemple du backbone

national au BURUNDI ........................................................................................................................ 26

2.2.2 Les modèles de type concurrence pour la subvention: cas de la France ...................... 34

2.2.3 Les modèles basés sur les incitations données au secteur privé : cas du Brésil .......... 40

3 Recommandations pour le cas spécifique du backbone national malien .......................................... 43

3.1 Quels sont les objectifs susceptibles d’intervenir dans le choix du modèle de gestion le plus

approprié dans le contexte spécifique du Mali?..................................................................................... 46

3.1.1 La cohérence avec les objectifs-clefs de la politique sectorielle .................................... 46

3.1.2 L’impact sur la valorisation de la 3ème licence .............................................................. 47

3.1.3 L’impact sur l’intensité de la régulation .......................................................................... 48

3.1.4 La propension du secteur privé à utiliser effectivement l’infrastructure fibres

optiques ............................................................................................................................................. 48

3.1.5 Les coûts de transaction de mise en place du modèle .................................................... 48

3.2 Analyse comparative des modèles de gestion génériques dans le contexte spécifique du Mali ...

.................................................................................................................................................... 50

3.3 Synthèse et recommandations ................................................................................................... 54

4 Bibliographie ....................................................................................................................................... 56

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5 Annexe 1: cadre réglementaire pour le financement public des réseaux de télécommunications à

haut et très haut débit en France ............................................................................................................... 57

5.1 Le cadre réglementaire français ............................................................................................... 57

5.2 Le cadre réglementaire européen ............................................................................................ 58

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Table des illustrations Figure 1: Les backbone régionaux fibres optiques prioritaires sur le continent africain ................ 6 Figure 2: Méthodologie de conception d’une politique de réseau backbone fibres optiques ......... 8 Figure 3: Principaux Réseaux backbone fibres optiques dans en Afrique sub-saharienne à fin

2009............................................................................................................................................... 10

Figure 4: Informations clefs sur les secteurs télécoms des pays comparés .................................. 10 Figure 5: Les modèles reposant exclusivement ou quasi exclusivement sur la puissance publique

....................................................................................................................................................... 11 Figure 6: Principales caractéristiques des modèles centrés sur l’opérateur historique public – cas

de la TANZANIE .......................................................................................................................... 12

Figure 7: Vue générale du tracé du backbone national tanzanien ................................................ 13 Figure 8: Grille tarifaire NICTBB ................................................................................................ 15 Figure 9: Avantages et inconvénients des modèles centrés sur l’opérateur historique public ...... 17

Figure 10: Principales caractéristiques des modèles société nationale du haut débit – cas du

KENYA......................................................................................................................................... 18 Figure 11: Vue générale du tracé du backbone national kenyan .................................................. 19

Figure 12: Avantages et inconvénients des modèles de type société nationale du haut débit ...... 20 Figure 13: Principales caractéristiques des modèles de type opérateur d’opérateurs – cas du

RWANDA..................................................................................................................................... 21 Figure 14: Vue générale du tracé du backbone national rwandais ............................................... 23 Figure 15: Avantages et inconvénients des modèles de type opérateur d’opérateurs ................... 24

Figure 16: Les modèles s’appuyant sur un partenariat public privé (PPP) ................................... 26 Figure 17: Principales caractéristiques des modèles de type consortium/partage d’infrastructure –

cas du BURUNDI ......................................................................................................................... 27 Figure 18: Vue générale du tracé du backbone national burundais .............................................. 29

Figure 19: Avantages et inconvénients des modèles de type consortium/partage d’infrastructure

....................................................................................................................................................... 33 Figure 20: Principales caractéristiques des modèles de type concurrence pour la subvention ..... 34

Figure 21: Avantages et inconvénients des modèles de concurrence pour la subvention – cas de

la FRANCE ................................................................................................................................... 40

Figure 22: Principales caractéristiques des modèles basés sur les incitations données au secteur

privé .............................................................................................................................................. 41 Figure 23: Avantages et inconvénients des modèles basés sur les incitations données au secteur

privé – cas du BRESIL ................................................................................................................. 42 Figure 24: Ensemble des modèles possibles pour l’exploitation et la commercialisation des

infrastructures fibres optiques financées par des investissements publics.................................... 43 Figure 25: 3 modèles de gestion envisageables dans le contexte spécifique du backbone national

malien ............................................................................................................................................ 45

Figure 26: Effets positifs et négatifs sur la valorisation d’une 3ème

licence au Mali .................... 47 Figure 27: Analyse comparative des modèles de gestion génériques dans le contexte spécifique

du Mali .......................................................................................................................................... 50 Figure 28: Synthèse de l’analyse comparative des modèles de gestion génériques dans le

contexte spécifique du Mali .......................................................................................................... 55

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1 Introduction

Le Sommet « Connecter l'Afrique », qui s'est déroulé à Kigali (Rwanda) les 29 et 30 octobre 2007, a défini les cinq objectifs de la politique continentale pour le secteur des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC)1:

i. L’interconnexion de toutes les capitales africaines et principales villes et le renforcement de la connectivité avec le reste du monde en 2012 ;

ii. La connexion des villages africains à la large bande et aux services TIC vers 2015 ainsi que la mise en place d’initiatives pour l’accès partagé comme les télécentres et les téléphones des villages;

iii. L’adoption de mesures régulatrices pour la promotion d’un accès abordable et large à une gamme complète de services TIC large bande ;

iv. Le renforcement des capacités pour soutenir le développement d’une masse critique de compétences qu’exige l’économie du savoir;

v. L’adoption d’une e-stratégie nationale qui comprend un cadre de cyber-sécurité, le lancement d’au moins d’un service phare dans les domaines de l’administration, l’éducation, le commerce, et la santé électroniques qui utilise des technologies accessibles dans chacun des pays africains.

Suite au Sommet de Kigali, le Ministère de la Communication et des Nouvelles Technologies du Mali a engagé une démarche proactive de discussion avec les opérateurs et les bailleurs de fonds pour réaliser d’ici fin 2012 un réseau en fibre optique national et vers les 7 frontières du pays (backbone national), contribuant ainsi à la réalisation du premier objectif de la politique continentale pour le secteur des TIC. Le Mali se positionne ainsi comme une plateforme de transit entre pays de la sous-région, afin de réaliser une connectivité sans couture à travers son territoire entre les pays limitrophes et pour l’accès à la capacité des câbles sous-marins (notamment SAT3 et ACE). La pertinence d’un tel positionnement est confirmée par la récente étude sur le Programme de Développement des Infrastructures en Afrique (PIDA) commanditée par le NEPAD, l’Union Africaine et la BAfD.

1 Ce Sommet avait pour principal objectif de mobiliser les ressources humaines, financières et techniques nécessaires pour

remédier aux insuffisances criantes de l'infrastructure des technologies de l'information et de la communication (TIC) sur le

continent, en vue de faciliter l'établissement de connexions et la création d'applications et de services à des conditions

abordables afin de stimuler la croissance économique, l'emploi et le développement sur l'ensemble du continent. Ainsi, ce

Sommet a contribuer à accélérer la mise en œuvre des objectifs fixés en matière de connectivité par le Sommet mondial sur

la société de l'information (SMSI) et, à son tour, facilitera la réalisation, à l'horizon 2015, des Objectifs du Millénaire pour le

développement énoncés par les Nations Unies pour l'Afrique.

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Figure 1: Les backbone régionaux fibres optiques prioritaires sur le continent africain

Source : PIDA (2011), Aperçu de la Phase 1, p. 22

Le backbone national malien est en bonne voie de réalisation à travers une combinaison de tronçons de réseau financés soit par des investissements privés, soit par des investissements publics.

Les investissements privés :

o ORANGE/MALI: fibres optiques existantes depuis Bamako vers les frontières du Sénégal et de la Côte d’Ivoire (donnant accès aux câbles sous-marins SAT3, et bientôt ACE2) et vers le Burkina Faso ; fibre optique existante depuis Bamako vers Mopti ; fibre optique en construction depuis Bamako vers Tombouctou.

o SOTELMA/MALITEL : fibres optiques existantes depuis Bamako vers les frontières du Sénégal et de la Côte d’Ivoire (donnant accès aux câbles sous-marins SAT3, et bientôt ACE); fibre optique en cours de construction pour relier Maroc, Mauritanie, Mali et Burkina Faso3.

o Des investisseurs privés réfléchissent à la réalisation d’une fibre optique entre le Mali et le Burkina Faso (donnant accès aux câbles sous-marins (câbles sous-marins Tétouan (Maroc) - Estepona (Espagne), Sea-Me-We 3, Atlas Offshore).

Les investissements réalisés par les opérateurs maliens ont pour objectif principal, depuis Bamako, de donner accès à la capacité internationale des câbles sous-marins (à travers la Mauritanie, le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou le Maroc) et de relier les participations dans la sous-région de leur maison mère (Orange, Maroc Télécom). Il est à noter que les tronçons vers les frontières avec le Sénégal et la Côte d’Ivoire ont été développés de manière autonome par

2 Orange Mali est partie prenante au Consortium ACE.

3 Câble fibre optique terrestre reliant Maroc Télécom à ses filiales en Afrique sub-saharienne et à la capacité internationale

sous-marine au Maroc et en Mauritanie.

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ORANGE et SOTELMA/MALITEL, et suivent des tracés physiques différents en reliant les villes situées sur leur trajet.

Les investissements publics :

o Le Gouvernement malien estime que, notamment dans le Nord et dans l’Est, les seules forces du marché ne permettent pas d’étendre le réseau backbone national (car le réseau dessert des zones considérées a priori comme économiquement peu rentables) et qu’il est donc nécessaire de prendre l’initiative de la construction de ces tronçons manquants avec un financement public.

o Dans le cadre d’un prêt concessionnel mis en place récemment avec le Gouvernement chinois, la société chinoise Huawei déploie ainsi un réseau fibre optique dans le Nord-Est du pays, avec des connexions transfrontalières vers l’Algérie et le Niger.

o Le Gouvernement poursuit par ailleurs sa recherche de financement pour d’autres tronçons manquants, notamment dans le centre du pays ainsi vers la frontière avec la République de Guinée.

La réflexion sur le mode de gestion de cette infrastructure construite par un financement public n’ayant pas été finalisée, l’objectif de la présent étude est de mener une analyse comparative et critique des différents modèles possibles pour la construction, l’exploitation et la commercialisation des infrastructures fibres optiques financées par les pouvoirs publics et de formuler des recommandations pour le cas spécifique du backbone national malien afin d’éclairer les choix du Gouvernement malien. Ces recommandations seront présentées et discutées dans le cadre d’un atelier tenu le 7er juin 2011 à Bamako avec l’ensemble des acteurs maliens concernés. Cette étude se concentre donc sur les dernières étapes de la méthodologie classique de conception d’une politique de réseau backbone fibres optiques, celles qui ont pour objectif de définir les conditions d’un engagement optimal des pouvoirs publics dans le développement d’un réseau backbone fibres optiques. Elle présente tout d’abord les modèles génériques pour la réalisation et la gestion des infrastructures fibres optiques dans des zones économiquement peu rentables (Chapitre 2), puis formule des recommandations pour le cas spécifique du backbone national malien qui ont vocation à être discutées avec les acteurs du marché (Chapitre 3), afin de permettre de dégager les mécanismes pertinents pour le développement du réseau fibre optique au Mali.

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Figure 2: Méthodologie de conception d’une politique de réseau backbone fibres optiques

Source : d’après Williams (2010)

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2 Les modèles génériques pour la réalisation et la gestion des infrastructures fibres optiques financées par les pouvoirs publics

Dans la plupart des pays, la réflexion sur le modèle générique le plus approprié a porté sur le périmètre complet d’un projet d’infrastructure fibres optiques, à savoir construction, exploitation et commercialisation. Les motivations pour la mise en place d’un financement par les pouvoirs publics sont variées : volonté de disposer de l’infrastructure dans des zones a priori considérées comme économiquement non rentables, souhait d’aller plus vite que les seules forces du marché pour éviter l’apparition d’un fossé numérique, objectif de faire jouer les économies d’échelle sur les infrastructures pour dégager des capacités d’investissement par les acteurs privés au niveau des services/applications et des réseaux d’accès… Deux grandes familles de modèles de réalisation et de gestion des infrastructures fibres optiques se dégagent cependant:

les modèles où le risque du projet est exclusivement (ou quasi exclusivement4) porté par les pouvoirs publics, et

ceux où le risque est partagé entre pouvoirs publics et acteurs du secteur privé dans le cadre d’un partenariat public privé (« PPP »).

Même si les expériences en matière de backbone national sur le continent africain sont encore trop peu nombreuses et également trop récentes pour permettre de dégager « une » meilleure pratique de la gestion des infrastructures fibres optiques, elles permettent de mettre en évidence des avantages et des inconvénients qui peuvent utilement nourrir la réflexion pour le Gouvernement malien et les acteurs du marché. Aux fins de cette étude, 4 pays de l’Est de l’Afrique (Burundi, Kenya, Rwanda, Tanzanie) particulièrement représentatifs en raison de projets directement inspirés par l’arrivée de nouveaux câbles sous-marins, ont été étudiés5:

Des pays où le modèle repose soit exclusivement ou quasi exclusivement sur la puissance publique (Kenya, Tanzanie, Rwanda), soit sur un partenariat public privé (Burundi) ;

Des pays correspondant à un stade de développement du backbone national soit plus avancé (Kenya, Tanzanie), soit moins avancé (Rwanda, Burundi), que le Mali ;

Des pays soit côtiers (Kenya, Tanzanie), soit enclavés (Rwanda, Burundi) comme le Mali.

4 Il est possible que les pouvoirs publics décident d’externaliser l’exploitation de l’infrastructure fibres optiques dans le cadre

d’un contrat de management auprès d’un acteur du secteur privé ayant les compétences requises. Ce type de contrat de

management est typiquement signé pour une durée de 3 à 5 ans. Dans ce cas, le risque du projet reste fondamentalement

porté par les pouvoirs publics.

5 Ainsi que, lorsque cela s’avérait pertinent pour illustrer les modèles de gestion possible, des expériences sur d’autres

continents.

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Figure 3: Principaux Réseaux backbone fibres optiques dans en Afrique sub-saharienne à fin 2009

NB les pays caractérisés par une couleur verte font l’objet d’une étude de cas

Source : données Paul Hamilton(2009), estimations Banque Mondiale

Figure 4: Informations clefs sur les secteurs télécoms des pays comparés

Mali Kenya Tanzanie Rwanda Burundi Superficie (km

2) 1 240 000 582 650 945 087 26 338 27 830

Population Déc. 2009 (millions)

13,7 35,9 40,5 9,8 8,1

Foyers Déc. 2009 (millions)

3,2 8,1 7,8 2,3 1,9

Nombre opérateurs mobiles

2 4 5 3 6

Part de marché des opérateurs mobiles

ORANGE (68,6%) ; SOTELMA/MALITEL (31,4%)

SAFARICOM (75,8%) ; AIRTEL (13,1%) ; ESSAR (6,5%) ; ORANGE (4,6%)

VODACOM (36,2%) ; AIRTEL (32%) ; TIGO (23,1%) ; ZANTEL (8,2%) ; TTCL (0,5%)

MTN (74,8%) ; TIGO (16,1%) ;RWANDATEL (9%)

U-COM (78,4%) ; ONATEL (11,5%) ; ECONET (11,4%) ; AFRICELL (6,4%) ; HITS (0,0%); LACELL (0,0%)

Pénétration mobile (en % de la population)

50,3% 63,4% 47,8% 34,8% 18,4%

Pénétration Internet Haut Débit (en % des foyers)

0,3% 1,4% 0,4% 0,1% 0,1%

Source : données TeleGeography (décembre 2010)

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2.1 Les modèles où le risque du projet est exclusivement (ou quasi exclusivement6) porté par les pouvoirs publics

Pour la réalisation et la gestion de l’infrastructure fibres optiques, le Gouvernement peut recourir soit à un opérateur public existant (en règle générale, l’opérateur historique), soit à un nouvel opérateur public créé spécifiquement à cet effet. Dans ce dernier cas, le Gouvernement doit déterminer le périmètre de l’activité du nouvel opérateur : soit uniquement les marchés de gros (« wholesale »), soit les marchés de gros (« wholesale ») et aussi les marchés de détail (« retail »). Trois modèles génériques peuvent ainsi être identifiés:

les modèles centrés sur l’opérateur historique public7 (exemple de la Tanzanie),

les modèles d’opérateur d’opérateurs (exemple du Rwanda),

les modèles de type société nationale du haut débit (exemple du Kenya).

Figure 5: Les modèles reposant exclusivement ou quasi exclusivement sur la puissance publique

Source : Banque Mondiale, ICT Sector Unit

6 Il est possible que les pouvoirs publics décident d’externaliser l’exploitation de l’infrastructure fibres optiques dans le cadre

d’un contrat de management auprès d’un acteur du secteur privé ayant les compétences requises. Ce type de contrat de

management est typiquement signé pour une durée de 3 à 5 ans. Dans ce cas, le risque du projet reste fondamentalement

porté par les pouvoirs publics.

7 C’est-à-dire l’opérateur historique qui n’a pas encore privatisé.

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2.1.1 Les modèles centrés sur l’opérateur historique public : Exemple du backbone national en TANZANIE

Dans ces modèles, c’est l’opérateur historique public qui exploite le backbone national et commercialise sur les marchés de détail (particuliers, entreprises, administrations) ainsi que sur les marchés de gros (autres opérateurs et fournisseurs d’accès à Internet).

Figure 6: Principales caractéristiques des modèles centrés sur l’opérateur historique public – cas de la TANZANIE

Public only : modèles centrés sur l’opérateur historique public

Exemple : TANZANIE (réseau backbone national NICTBB) Longueur : 10674 km ; Coût de construction: 17575 US$ / km Ensemble du territoire national

Infrastructure passive Équipements actifs

QUI EST PROPRIÉTAIRE ? Gouvernement Opérateur historique public

QUI CONSTRUIT ? Gouvernement Opérateur historique public

QUI EXPLOITE ET COMMERCIALISE ?

Le Gouvernement a financé en totalité la construction de l’infrastructure passive (tranchées, fibres). L’opérateur historique lui verse une redevance fixe.

L’Opérateur historique public a installé les équipements actifs permettant d’allumer les fibres et de fournir des services de capacité ou d’acheminement du trafic.

Source : Banque Mondiale, ICT Sector Unit

a) Objectifs poursuivi par les pouvoirs publics avec le backbone national:

Les objectifs du Gouvernement tanzaniens ont été formulés de la manière suivante : « la Tanzanie doit se doter d’un réseau backbone TIC accessible de manière universelle et de solutions TIC qui améliorent le développement socio-économique durable et la réduction accélérée de la pauvreté au plan national ; elle doit devenir un hub régional pour les réseaux backbone TIC et participer pleinement à la société de l’information mondiale (TCRA, 2003)8.

b) Approche retenue par les pouvoirs publics pour la gouvernance du backbone national:

Etant donné l’ampleur des investissements nécessaires pour la construction du backbone national de 10674 km (coût estimatif de 193 millions de US$9, dont 170 financés à travers un prêt concessionnel chinois), et compte tenu du fait que ces investissements sont essentiellement des coûts fixes indépendants de la capacité de transmission du réseau10, le Gouvernement tanzanien a cherché à

8 http://www.tcra.go.tz/policy/Nationa%20ICT%20Policy%20of%202003.pdf.

9 Soit 723 US$ / km / an sur la base d’une durée de vie économique de l’infrastructure passive (tranchées et fibres) de 25 ans.

10 Environ 80% des coûts de construction sont du génie civil.

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favoriser la construction d’une infrastructure unique utilisée par l’ensemble des opérateurs sur le territoire national (raccordant les capitales des régions et des districts administratifs) et vers les nouveaux câbles sous-marins (notamment EASSy). Le projet de backbone national dénommé National Information Communication and Technology Broadband Backbone (NICTBB) a démarré concrètement en février 2009:

La première tranche (7000 km sur un total de 10674 km) a été mise en service en mai 2010 : connexion de la capitale Dar es Salaam avec le nord et l’est de la Tanzanie ainsi que liens transfrontières avec le Burundi, le Rwanda, le Kenya, l’Ouganda et le Malawi. Elle dessert 14 régions administratives, avec environ 21 points de présence (POP) :

o « Northern Ring I&II» (tronçon noir dans l’illustration ci-dessous) : Dar Es Salaam, Morogoro, Iringa, Dodoma et Singida ; Babati, Arusha, Moshi and Tanga.

o « Western Link I&II » : (tronçons oranges dans l’illustration ci-dessous) : Shinyanga, Mwanza, Geita, Biharamulo, Rusumo et Kabanga.

La deuxième tranche (tronçons roses dans l’illustration ci-dessous) est en cours de réalisation (3674 km sur un total de 10674 km) et devrait être terminée au 1er trimestre 2012.

Figure 7: Vue générale du tracé du backbone national tanzanien

Source : Banque Mondiale, ICT Sector Unit

Pour ce qui concerne la réalisation et la gestion, le Gouvernement tanzanien a indiqué que :

la partie passive (tranchées, fibres non activées) du backbone national sera la propriété de l’Etat ;

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l’opérateur historique Tanzania Telecommunications Company (TTCL)11 devra investir dans les équipements actifs permettant d’allumer les fibres optiques et exploiter – moyennant une redevance fixe payable au Gouvernement - le backbone national en vue de commercialiser à destination des opérateurs des services de capacité ou d’acheminement du trafic.

En encourageant les opérateurs à mutualiser leur trafic sur un backbone national unique, le Gouvernement escompte (i) diminuer le coût de transport national (en faisant jouer les économies d’échelle au lieu d’avoir une duplication des infrastructures) pour tous les opérateurs, (ii) donner à chaque opérateur plus de capacité d’investissement sur le réseau de desserte et sur le développement de services et (iii) permettre aux services de devenir accessibles sur la totalité du territoire (y compris les zones économiquement moins rentables). Le Gouvernement a également incité l’opérateur historique Tanzania Telecommunications Company (TTCL) à coopérer d’une part avec les sociétés nationales de transport (Tanzania Zambia Railway Authority, Tanzania Railways Corporation) et d’énergie (Songas) possédant des fibres optiques12, et, d’autre part, avec les opérateurs mobiles (Tigo, Zantel, Zain). Ce repositionnement de TTCL au cœur du projet de backbone national a également comme objectif pour le Gouvernement d’augmenter la valeur de l’opérateur historique public en vue de sa privatisation, et de le repositionner dans un secteur hyperconcurrentiel où sa part de marché sur le mobile est extrêmement faible. Cette approche n’a pas été initialement bien accueillie par les opérateurs mobiles qui cherchaient à mettre en œuvre leur propres projets d’investissements en fibres optiques13, nécessitant une intervention au plus haut niveau de l’État14 pour les convaincre de s’associer au projet. Les services initialement proposés sont des services de capacité point-à-point (nationaux ou transfrontières) de type STM-1, STM-4, STM-16 ou STM64. La grille tarifaire dépend du débit, du type de sécurisation (protégé ou non protégé) et de la durée de location (1an ou 3 ans). Les tarifs proposés sont 80 à 90% inférieurs au prix des liaisons louées 2 Mbit/s de TTCL :

Sur la base d’un STM-1 loué pour une durée de 3 ans, le coût mensuel au Mbit/s (y compris les frais de raccordement amortis sur 3 ans) est compris entre 91 US$ par Mbit/s par mois (non protégé) et 163 US$ par Mbit/s par mois (protégé).

Sur la base d’un STM-4 loué pour une durée de 3 ans, le coût mensuel du Mbit/s (y compris les frais de raccordement amortis sur 3 ans) est compris entre 54 US$ par Mbit/s par mois (non protégé) et 96 US$ par Mbit/s par mois (protégé).

11 Le Gouvernement tanzanien possède 65% du capital de TTCL. Depuis 2005, le Gouvernement en tant qu’actionnaire

principal de TTCL est responsable du management de TTCL. Les 35% sont à Airtel (après rachat de Zain, qui les avait

obtenus suite au rachat de Celltel).

12 Sur les 10674 km du backbone national, 2860 km (soit 27%) sont apportés par ces sociétés : TANESCO (2,050 km), TRL

(600 km), TAZARA (120 km) et SONGAS (120 km).

13 Il n’y a pas de monopole sur la construction et l’exploitation de fibres optiques en Tanzanie. Plusieurs opérateurs privés ont

demandé et obtenu la permission de construire des tronçons en fibres optiques. En pratique toutefois, il semblerait que les

droits de passage le long des routes n’aient pas été octroyés aux opérateurs pour entraver le déploiement d’infrastructures

alternatives.

14 See Issue no 460 26th June 2009 Balancing Act

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Sur la base d’un STM-16 loué pour une durée de 3 ans, le coût mensuel du Mbit/s (y compris les frais de raccordement amortis sur 3 ans) est compris entre 33 US$ par Mbit/s par mois (non protégé) et 57 US$ par Mbit/s par mois (protégé).

Figure 8: Grille tarifaire NICTBB

Redevance de location annuelle en US$ (contrat d’1 an)

Non protégé Protégé

Service Prix (US$) Prix (US$)

STM - 1 180,000.00 324,000.00

STM - 4 432,000.00 777,600.00

STM - 16 1,036,800.00 1,866,240.00

STM - 64 2,488,320.00 4,478,976.00

Redevance de location totale en US$ (contrat de 3 ans) (équivalent redevance de location annuelle)

Non protégé Protégé

Service Price (US$) Price (US$)

STM - 1 486,000.00 (162,000.00) 874,800.00 (291,600.00)

STM - 4 1,166,400.00 (388,800.00) 2,099,520.00 (689,840.00)

STM - 16 2,799,360.00 (933,120.00) 5,038,848.00 (1,679,616.00)

STM - 64 6,718,464.00 (2,239,488.00) 12,093,235.00 (4,031,078.00)

Frais de raccordement (Par Service)

Service Non protégé (US$) Protégé (US$)

STM – 1 22,500.00 33,750.00

STM – 4 33,750.00 50,625.00

STM - 16 50,625.00 75,938.00

STM - 64 75,938.00 113,906.00 Source : NICTBB

Depuis la mise en service de la première tranche du backbone national en juillet 2010, quatre opérateurs mobiles et de données (TTCL, Airtel, Zantel, SimbaNet) utilisent les services NICTBB15. Les opérateurs mobiles se plaignent surtout du fait que le portefeuille de services ne propose que des services de capacité et pas de fibres noires ou de lambda.

15 Les discussions sur la structure et sur le niveau des tarifs ont conduit à mettre en place une tarification indépendante de la

distance. Les fournisseurs d’accès à Internet ont également fait valoir la nécessité de proposer des capacités plus faibles que

le STM-1 tarifé à 180.000 US$ par an (soit 97 US$ / Mbit / mois) – cf. http://allafrica.com/stories/201005270311.html

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c) Avantages et inconvénients du modèle de gestion du backbone national:

Les principaux avantages et inconvénients de ces modèles centrés sur l’opérateur historique public sont résumés ci-dessous :

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Figure 9: Avantages et inconvénients des modèles centrés sur l’opérateur historique public

Public only : modèles centrés sur l’opérateur historique public (exemple TANZANIE)

AVANTAGES INCONVÉNIENTS

Permet de faire jouer les économies d’échelle dans l’utilisation du backbone national et de dégager des capacités d’investissements des opérateurs privés pour la desserte et le développement des services.

Le secteur privé n’étant pas fortement associé au projet, risque de faible adhésion au projet de backbone national (le réseau n’est pas utilisé). Ceci peut alors conduire à des interventions des pouvoirs publics préjudiciables pour la dynamique d’investissement du secteur privé (par exemple limiter ou contraindre la construction d’infrastructures fibres optiques alternatives par les opérateurs) afin garantir les économies d’échelle sur le backbone national.

Permet d’étendre le réseau backbone dans des zones non desservies car a priori considérées comme économiquement non rentables.

Le choix d’un constructeur unique sans appel d’offre et en l’absence d’intervention du secteur privé dans le processus est susceptible de générer un coût au km supérieur aux meilleures pratiques sur le continent

Permet d’augmenter la valorisation de l’opérateur historique public en vue de sa privatisation et/ou de le repositionner sur un marché concurrentiel où il est marginalisé

Comme l’opérateur historique est verticalement intégré avec une branche aval active sur le marché de détail, risque de comportement discriminatoire vis-à-vis des autres opérateurs et fournisseurs de services. Remède possible mais difficile à implémenter:

régulation performante des marchés de gros.

Gouvernance relativement simple en raison du nombre limité d’intervenants (Gouvernement, opérateur historique)

Difficulté à garantir la performance de l’opérateur historique Remède possible mais difficile à implémenter:

régulation incitative à l’efficacité (avec sanctions efficaces) pour l’exploitation

Permet de s’affranchir de la volatilité de l’actionnariat des opérateurs privés

Ne permet pas de créer un effet de levier avec le financement du secteur privé Remède possible : ne pas commercialiser

uniquement des services de capacité ou d’acheminement du trafic, mais aussi des Droits d’Usage Irrévocables

16 (IRU) ou de la

fibre noire

Source : Banque Mondiale, ICT Sector Unit

16 Contrat de mise à disposition de la fibre initialement utilisé dans les câbles sous-marins transatlantiques et généralisé aux

câbles terrestres. Le bénéficiaire d'un IRU (Indefeasible Right of Use) reçoit du propriétaire des biens la propriété d'un droit

irrévocable d'usage sur ces biens et le droit de les exploiter et de les gérer comme s'il en était lui même propriétaire. Le droit

de les vendre demeure lui entre les mains du propriétaire des câbles. Réglé en une seule fois à la livraison pour 10 ou 15 ans,

l'IRU est un investissement incorporel pour le bénéficiaire et présente l'avantage de pouvoir être amorti comptablement.

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2.1.2 Les modèles de type société nationale du haut débit : Exemple du backbone national au KENYA

Dans ces modèles, le nouvel opérateur public qui exploite le backbone national commercialise les services sur les marchés de détail (particuliers, entreprises, administrations) ainsi que sur les marchés de gros (autres opérateurs et fournisseurs d’accès à Internet).

Figure 10: Principales caractéristiques des modèles société nationale du haut débit – cas du KENYA

Public only : modèles de type société nationale du haut débit

Exemple : KENYA (réseau backbone national NOFBI) Longueur : 5000 km ; Coût de construction (amorti sur 25 ans): 10000 US$ / km Seulement zones économiquement peu rentables

Infrastructure passive Équipements actifs

QUI EST PROPRIÉTAIRE ? Gouvernement Gouvernement

QUI CONSTRUIT ? Gouvernement Gouvernement

QUI EXPLOITE ET COMMERCIALISE ?

Gouvernement à travers une Société nationale du haut débit titulaire d’une licence

Cette société peut externaliser la prestation d’exploitation et de commercialisation auprès d’un partenaire technique

Source : Banque Mondiale, ICT Sector Unit

a) Objectifs poursuivi par les pouvoirs publics avec le backbone national:

Le développement des réseaux backbone au Kenya a connu une croissance accélérée avec l’arrivée des nouveaux câbles sous-marins (Seacom, TEAMS and Eassy). Il n’y a pas de monopole sur la construction et l’exploitation de fibres optiques, avec le secteur public (Gouvernement, opérateur public, compagnie d’électricité publique) intervenant de manière distincte du secteur privé. L’objectif du Gouvernement kenyan avec le backbone national NOFBI (« National Optic Fibre Backbone Infrastructure ») est ainsi de développer l’infrastructure fibres optiques dans les zones considérées a priori comme économiquement non rentables le plus rapidement possible.

b) Approche retenue par les pouvoirs publics pour la gestion du backbone national:

Le backbone national a été construit à partir de début 2008 par les constructeurs chinois Huawei (en charge du tronçon desservant Nairobi et la région Centre) et ZTE (en charge du tronçon desservant la Région Ouest) ainsi que par le constructeur français SAGEM (en charge du tronçon desservant les Régions de la Côte et du Nord Est). Le réseau NOFBI a une longueur de 5000 km pour une capacité totale de 1,2 Tb/s ; son coût de construction est de 50 millions de US$17.

17 Soit 400 US$ / km / an sur la base d’une durée de vie économique de l’infrastructure passive (tranchées et fibres) de 25 ans.

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Le Gouvernement kenyan possède le backbone national qu’il a logé dans une société nationale du haut débit et a ensuite engagé la recherche d’un opérateur pour assurer l’exploitation et la commercialisation du backbone national sur les marchés de gros et de détail dans le cadre d’un contrat d’exploitation et de commercialisation (« O&M and Commercialisation Contract »). Le contrat, d’une durée de 3 ans, a été attribué à Telecom Kenya. Aux termes de ce contrat, l’opérateur exploitant NOFBI doit commercialiser, dans des conditions d’accès ouvert au réseau, des services de fibres noires aux autres opérateurs. Il peut aussi commercialiser, sur certains tronçons, des services de capacités sur le marché de détail. Son offre de référence (services, prix, SLA) n’est pas dans le domaine public. A ce jour, Safaricom, Telecom Kenya et Kenya Data Networks (KDN)18 utilisent les services et seraient globalement satisfaits de la qualité de service. Les tarifs ont été fixés dans le contrat d’exploitation et de commercialisation, sans toutefois d’intervention directe du régulateur.

Figure 11: Vue générale du tracé du backbone national kenyan

Source : Africa Telecom Transmission Map 2009, cartographie Paul Hamilton(©Hamilton Research Ltd, 2009)

c) Avantages et inconvénients du modèle de gestion du backbone national:

Les principaux avantages et inconvénients de ces modèles de type société nationale du haut débit sont résumés ci-dessous :

18 KDN a signé en mars 2011 un contrat de 5 ans avec Airtel Kenya pour lui fournir de la capacité sur son backbone fibre

optique.

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Figure 12: Avantages et inconvénients des modèles de type société nationale du haut débit

Public only : modèles de type société nationale du haut débit (exemple KENYA)

AVANTAGES INCONVÉNIENTS

Permet d’étendre le réseau backbone dans des zones non desservies car a priori considérées comme économiquement non rentables.

Fait reposer la totalité de la gestion du projet sur les pouvoirs publics : difficulté à mettre en place et à animer une équipe projet pour suivre étude de faisabilité, appel d’offres fournisseurs (même si le découpage en trois lots a permis d’obtenir des coûts de construction conforme aux meilleures pratiques sur le continent), recettes des infrastructures fibres optiques,… Faible Pertinence économique de mettre en place une nouvelle structure. Remède possible mais difficile à implémenter:

recours à un prestataire technique pour l’exploitation et la commercialisation

Permet de solliciter les compétences et l’expertise du secteur privé par l’externalisation de la prestation d’exploitation et de commercialisation auprès d’un prestataire technique différent de l’opérateur historique dans le cadre d’un contrat de management.

Difficultés à justifier auprès de l’opérateur historique qui pourrait s’estimer légitime à être l’exploitant de ce backbone national

Nécessité d’avoir une forte supervision du prestataire pour s’assurer du respect des dispositions de sa licence et de sa convention

Le prestataire technique a un intérêt commercial à exploiter le réseau de manière efficace car il est libre de commercialiser la capacité du réseau backbone (dans le respect des dispositions de sa licence et de sa convention).

Le prestataire technique est peu susceptible de privilégier les activités de détail car elles sont économiquement peu rentables Remèdes possibles : dispositions dans la

convention, utilisation des ressources du fonds d’accès/service universel

Le prestataire technique peut chercher à limiter la concurrence sur le marché de détail (par les opérateurs actifs sur le reste du territoire) Remèdes possibles mais difficiles à

implémenter : régulation performante des marchés de gros, portefeuille de service de gros complet et attractif pour les opérateurs (fourreaux, fibres noires, capacité de transmission, etc.)

Investissements entièrement financés par le Gouvernement Remèdes utilisation des ressources du fonds

d’accès/service universel (mais implique un arbitrage entre réseaux d’accès et réseaux backbone pour l’allocation des ressources)

Source : Banque Mondiale, ICT Sector Unit

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2.1.3 Les modèles de type opérateur d’opérateurs : Exemple du backbone national au RWANDA

Dans ces modèles, le nouvel opérateur public n’est actif que sur les marchés de gros (« wholesale »), en proposant aux autres opérateurs et fournisseurs d’accès à Internet des services d’accès aux fourreaux, de fibres noires ou de capacité / bande passante.

Figure 13: Principales caractéristiques des modèles de type opérateur d’opérateurs – cas du RWANDA

Public only : modèles de type opérateur d’opérateurs

Exemple : RWANDA (réseau backbone national) Longueur : 2300 km ; Coût de construction: 13043 US$ / km Ensemble du territoire national

Infrastructure passive Équipements actifs

QUI EST PROPRIÉTAIRE ? Gouvernement Gouvernement

QUI CONSTRUIT ? Gouvernement Gouvernement

QUI EXPLOITE ET COMMERCIALISE ?

Gouvernement à travers un opérateur de type wholesale (appelé « Broadband Services Company ») titulaire d’une licence

Cet opérateur peut externaliser la prestation d’exploitation/commercialisation auprès d’un partenaire technique

Source : Banque Mondiale, ICT Sector Unit

a) Objectifs poursuivi par les pouvoirs publics avec le backbone national:

Jusqu’en 2008, la connectivité internationale du Rwanda (pays enclavé) reposait sur des liens satellitaires. Les prix pour les communications téléphoniques internationales et pour l’accès à Internet étaient élevés, et la pénétration de ces services faible. Conscient de l’arrivée prochaine de nouveaux câbles sous-marins au Kenya (Seacom, TEAMS, EASSy), le Gouvernement rwandais a décidé d’investir dans un backbone national reliant la capitale Kigali à l’ensemble du territoire ainsi qu’aux 5 frontières. Le backbone national est donc une des composantes clefs d’une politique globale des TICs19 ayant pour objectifs de:

Connecter le Rwanda avec le monde par des liens transfrontières20 ;

Garantir que l’ensemble du territoire a accès au même ensemble de services TIC à des prix abordables, y compris l’Internet large bande ;

19 Rwanda ICT Policy Mission : ―To achieve a middle income status for Rwanda by 2020 and transform its society and

economy into an information-rich, knowledge-based society and economy by modernizing its key sectors using information

and communication technologies‖

(http://www.eaigf.or.ke/files/eaigf2010/RWANDA_ACCESS_AND_AFFORDABILITY_OF_BROADBAND_EAIGF.pdf)

20 La connexion transfrontière a un double objectif : (i) atteindre à travers le Kenya ou la Tanzanie la capacité internationale

sous-marine et (ii) positionner le Rwanda comme une plate-forme de transit avec les autres pays (RDC, Burundi, Ouganda).

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Garantir que le Gouvernement est connecté par Intranet gouvernemental avec la majorité de ses établissements sur le territoire ;

Promouvoir l’utilisation des TIC pour accélérer le développement économique et social du Rwanda.

Ayant un projet couvrant aussi bien les zones économiquement rentables que les zones a priori considérées comme économiquement peu rentables, le Gouvernement Rwandais a cherché dans un premier temps à stopper le déploiement de fibres optiques par les opérateurs (MTN, LAPGreen, KDN/Altech). Une approche plus incitative pour l’investissement du secteur privé a été ensuite privilégiée. Le démarrage du projet a donc été décalé à octobre 2009 pour prendre en compte dans le design du backbone les besoins des opérateurs privés en termes d’extension de leur infrastructure (par exemple, en posant des fourreaux excédentaires permettant aux opérateurs d’y tirer leur propre fibre optique).

b) Approche retenue par les pouvoirs publics pour la gestion du backbone national:

Le Gouvernement rwandais, représenté par l’Autorité Rwandaise pour la Technologie de l’Information et de la Communication (Rwanda Information Communication Technology Authority - RICTA), a octroyé en octobre 2008 à Korea Telecom la construction d’un réseau métropolitain de 120 km sur Kigali raccordant 90 sites (complété par un réseau Wimax Haut Débit permettant de raccorder 10000 clients) et celle d’un réseau backbone fibres optiques de 2300 kilomètres reliant Kigali aux 5 frontières et aux 30 capitales de district et comportant 26 nœuds. Le projet confié à Korea Telecom pour un montant de 30 millions de US$21 comprend :

L’infrastructure passive. Quatre fourreaux ont été déployés sur les artères principales, trois sur les artères secondaires et deux sur les artères rurales. Un seul câble fibre optique a été tiré (72 paires sur les artères principales, 48 sur les secondaires et 24 sur les rurales) avec une configuration en anneaux pour sécuriser le réseau ;

Les équipements actifs ;

La formation des équipes de la RICTA .

Début janvier 2011, le déploiement de l’infrastructure passive du backbone national avec des liens transfrontières vers l’Ouganda et la Tanzanie était achevé. Les équipements actifs étaient en cours d’installation avec comme un objectif de recette technique du réseau avant la fin juin 2011.

21 Soit 522 US$ / km / an sur la base d’une durée de vie économique de l’infrastructure passive (tranchées et fibres) de 25 ans.

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Figure 14: Vue générale du tracé du backbone national rwandais

Source: ICT Sector Investment Opportunities, May 2010, Presented by: Patrick Nyirishema, Head of IT, RDB

Le Gouvernement rwandais a la propriété du backbone national et a constitué un opérateur de type wholesale (appelé « Broadband Services Company ») pour l’exploiter22 dans le cadre d’une licence de Fournisseur d’Accès à Internet (« ISP license »), en s’appuyant sur un accord d’exploitation et de maintenance en cours de négociation avec Korea Telecom. A terme, l’objectif du Gouvernement du Rwanda est soit de trouver un partenaire stratégique, soit d’introduire cet opérateur en bourse. L’opérateur est donc un pur opérateur d’opérateurs. Son offre de référence (services, prix, SLA) n’est pas encore connue. Au moins un opérateur privé aurait déjà eu accès à un fourreau sous forme d’IRU sur une période de 15 ans, mais le Gouvernement est en phase de réflexion sur le portefeuille pertinent d’offres de gros. En effet, compte tenu du nombre limité de fourreaux, leur commercialisation sous forme d’IRU pourrait se révéler inadaptée en cas de nombre significatif d’opérateurs et de fournisseurs de services par rapport à une solution plus classique de location de fourreaux. De plus, dès lors que les SLA sont conformes aux bonnes pratiques, si le différentiel de prix entre fibre noire et fourreau représente effectivement le différentiel de coût (faible CAPEX supplémentaire), l’offre de fibre noire pourrait présenter de nombreux avantages pour un opérateur ou un fournisseur d’accès à Internet car il aurait alors uniquement à déployer ses équipements actifs.

22 Le réseau métropolitain sur Kigali (complété par un réseau Wimax Haut Débit) pourrait également être exploité par cette

Broadband Services Company.

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c) Avantages et inconvénients du modèle de gestion du backbone national:

Les principaux avantages et inconvénients de ces modèles de type opérateur d’opérateurs sont résumés ci-dessous :

Figure 15: Avantages et inconvénients des modèles de type opérateur d’opérateurs

Public only : modèles de type opérateur d’opérateurs (exemple RWANDA)

AVANTAGES INCONVÉNIENTS

Séparation claire entre le réseau backbone et les autres opérateurs et fournisseurs d’accès à Internet : ceci limite significativement les risques de subventions croisées et de discriminations entre clients du réseau.

Potentiellement moins attractif pour un investisseur si le Gouvernement décide soit de trouver un partenaire stratégique, soit d’introduire cet opérateur en bourse, car le périmètre d’activités est réduit aux marchés de gros.

Permet d’étendre le réseau backbone dans des zones non desservies car a priori considérées comme économiquement non rentables.

Ne garantit pas que les autres opérateurs et fournisseurs d’accès à Internet soient actifs sur les marchés de détail sur l’ensemble du territoire Remèdes possibles mais difficiles à

implémenter : stratégie d’accès/service universel opérationnelle, portefeuille de service de gros complet et attractif pour les opérateurs (fourreaux, fibres noires, capacité de transmission, etc.)

Impact positif sur la dynamique concurrentielle sur l’ensemble du territoire, en particulier sur la concurrence en services

Ne permet pas de traiter la problématique des réseaux d’accès, qui doit donc être prise en charge par les autres opérateurs et fournisseurs d’accès à Internet

L’opérateur est seul offreur sur une partie plus ou moins significative du territoire, et n’est donc pas forcément incité à exploiter le réseau de manière efficace Remèdes possibles mais difficiles à

implémenter : des obligations dans la licence ou la convention ainsi qu’une régulation incitative doivent être mises en place de manière à garantir une exploitation efficace en termes de coûts et de qualité de service

Source: Banque Mondiale, ICT Sector Unit

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2.2 Les modèles où le risque est partagé entre pouvoirs publics et acteurs du secteur privé dans le cadre d’un partenariat public privé (« PPP »)

Un Partenariat Public Privé (« PPP ») est une entreprise commune entre secteur public et secteur privé reposant sur les expertises respectives. Il repose sur un contrat de partenariat aux termes duquel les ressources, les risques et les bénéfices d’une entité publique et d’une entité privée sont combinés pour garantir une meilleure efficacité et donner un accès plus aisé au capital afin de réaliser un projet donné. Pour la construction, l’exploitation du réseau et la commercialisation, le Gouvernement peut recourir:

soit à un nouvel opérateur actif uniquement sur les marchés de gros (« wholesale »). Ce nouvel opérateur peut être :

o soit constitué par les opérateurs existants associés dans un modèle de type consortium/partage d’infrastructure (« shared infrastructure/consortium models ») ;

o soit constitué par un nouvel opérateur (généralement une entité ad hoc créée à cet effet par un ou plusieurs opérateurs existants) ayant été le moins disant sur un appel d’offre lancé par les pouvoirs publics dans le cadre d’un modèle de type concurrence pour la subvention (« competitive subsidy models »).

soit aux opérateurs existants dans le cadre d’un modèle basé sur les incitations données au secteur privé (« incentive-based private sector models ») à l’instar de ce qui a déjà été expérimenté dans le cas des réseaux d’accès avec les stratégies de service/accès universel. Dans ce cas, les opérateurs sont généralement actifs tant sur les marchés de gros (« wholesale ») que sur les marchés de détail (« retail »).

Ces trois modèles seront illustrés par l’expérience soit de pays d’Afrique de l’Est particulièrement représentatifs lorsqu’ils existent (Burundi), soit à défaut par des pays d’autres continents (France, Brésil).

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Figure 16: Les modèles s’appuyant sur un partenariat public privé (PPP)

Source : Banque Mondiale, ICT Sector Unit

2.2.1 Les modèles de type consortium/partage d’infrastructure : Exemple du backbone national au BURUNDI

Dans les modèles de type consortium/partage d’infrastructure, des opérateurs du secteur privé constituent un consortium aux fins de construire et d’exploiter des réseaux backbone. En apportant des ressources financières au consortium, le Gouvernement peut s’assurer que le backbone national soit construit et exploité conformément aux objectifs des pouvoirs publics, tels qu’une couverture effective des zones a priori considérées comme économiquement non rentables, ou bien des conditions d’exploitation garantissant que les tarifs de gros pratiqués par le consortium soient orientés vers les coûts et que les services soient commercialisées de façon non discriminatoire.

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Figure 17: Principales caractéristiques des modèles de type consortium/partage d’infrastructure – cas du BURUNDI

PPP : modèles de type consortium/partage d’infrastructure

Exemple : BURUNDI (réseau backbone national – Burundi Backbone) Longueur : 12300 km ; Coût de construction: 12500 US$ / km Ensemble du territoire national

Infrastructure passive Équipements actifs

QUI EST PROPRIÉTAIRE ? Consortium d’opérateurs du secteur privé (sans participation au capital du Gouvernement)

QUI CONSTRUIT ? Consortium d’opérateurs du secteur privé, dans le respect de son contrat de partenariat et de sa convention avec le Gouvernement

Dotation financière sous forme de subvention du Gouvernement liées à un certain nombre de conditions (couverture, préachat de capacité, accès ouvert)

QUI EXPLOITE ET COMMERCIALISE ?

Consortium d’opérateurs du secteur privé, dans le respect de son contrat de partenariat et de sa convention avec le Gouvernement

Source : Banque Mondiale, ICT Sector Unit

a) Objectifs poursuivi par les pouvoirs publics avec le backbone national:

Dans la continuité du Sommet « Connecter l'Afrique », qui s'est déroulé à Kigali (Rwanda) les 29 et 30 octobre 2007, le Gouvernement burundais s’est engagé à accélérer le déploiement d’une infrastructure de communications nationale de grande capacité, de bonne qualité et d’un prix abordable. L’objectif du Gouvernement est de faire appel autant que possible au secteur privé pour investir dans le développement de l’infrastructure, en mettant en place des Partenariats Publics Privés efficaces et sans revenir sur les droits des opérateurs à déployer leurs propres infrastructures fibres optiques. Le Burundi est en effet un pays de petite taille, avec 6 opérateurs actifs sur le marché. Les principaux éléments de cette stratégie sont:

i. améliorer la disponibilité et la diversification des services à travers le pays ; ii. offrir des incitations pour le développement d’une dorsale Internet ;

iii. participer à la mise en place d’infrastructures dorsales régionales (telles que le réseau dorsal de la Communauté d’Afrique de l’Est23, le réseau de câbles sous-marins de l’Afrique de l’Est (EASSy) et d’autres initiatives d’infrastructures terrestres et sous-marines) ; et

iv. mettre en place des points d’accès aux projets régionaux et étendre les réseaux aux zones à faible revenu du pays.

b) Approche retenue par les pouvoirs publics pour la gestion du backbone national:

23 La Communauté de l'Afrique de l’Est (CAE) comprend le Burundi, le Kenya, l'Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie.

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Le Gouvernement burundais a débuté en 2009 une étude de faisabilité pour la réalisation d’un réseau backbone fibres optiques de 1200 km (avec 26 nœuds), le Burundi Backbone, permettant d’accéder, en passant à travers le Rwanda via deux connexions transfrontières, à la capacité des câbles sous-marins est-africains arrivant en Tanzanie24. Des connexions transfrontières sont également envisagées avec la République Démocratique du Congo et avec la Tanzanie. Le backbone national est conçu comme un anneau en fibre optique pour assurer la redondance et le backup, complété par des liaisons microondes. Le montant total du Burundi Backbone est estimé de 15 à 20 millions de US$25.

24 Des actions sont aussi en cours pour (i) acquérir de la capacité sur les câbles à fibre optique sous-marins existants ou en

cours de réalisation, et (ii) relier le Burundi aux points d’atterrissage de ces câbles. En particulier, deux opérateurs burundais

(ONATEL et LEO) ont souscrit au câble sous-marin EASSy via WIOCC, un consortium d’opérateurs de télécommunication

africains, et y donnent accès à des conditions très favorables au backbone national.

Le câble sous-marin EASSy relie l’Afrique du Sud au Soudan, sur une distance d’environ 9000 km et avec 8 stations

d’atterrissement (Afrique du Sud, Mozambique, Madagascar, Tanzanie, Kenya, Somalie, Djibouti, Erythrée, Soudan). Il a

été construit et exploité par un consortium rassemblant 20 opérateurs de télécommunications et des bailleurs de fonds

(International Finance Corporation, European Investment Bank, African Development Bank, Agence Française de

Développement, Kreditanstalt für Wiederaufbau). Un des membres du consortium est une structure de portage (« Special

Purpose Vehicle ») appelée WIOCC, dont les actionnaires sont des opérateurs du secteur privé de plus petite taille, et qui

reçoit – sous forme de prêt - les dotations financières apportées par les bailleurs de fonds. L’accord de consortium autorise

cette structure de portage à vendre de la capacité sur le câble sous-marin EASSy dans des conditions non-discriminatoires à

des opérateurs du secteur privé non membre du consortium et dûment autorisés (car titulaire d’une licence où d’une

autorisation) à exercer leurs activités dans tous les pays de la sous-région. La structure de portage a ainsi l’obligation de

répercuter sur ces tarifs toutes les réductions de coûts provoquées par l’accroissement des volumes de trafic sur le câble

sous-marin.

25 Soit 500 US$ / km / an à sur la base d’une durée de vie économique de l’infrastructure passive (tranchées et fibres) de 25

ans.

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Figure 18: Vue générale du tracé du backbone national burundais

Source : BAD, Un plan d’action pour les infrastructures au Burundi : Accélérer l’intégration régionale (Septembre2009)

Le Gouvernement du Burundi a confié en mars 2010 à une société mixte appelée Burundi Backbone Systems (BBS) l’établissement, l’exploitation et la commercialisation du backbone haut-débit au Burundi26. Un contrat de partenariat de type Partenariat Public Privé d’une durée de 5 ans doit régir la phase de construction du réseau BBS, cette durée de 5 ans correspondant à la période nécessaire pour que le projet devienne rentable (compte tenu de la subvention). La convention de concession définit les opérations du backbone national une fois ce dernier achevé27 et est octroyée pour une durée de 20 ans.

26 D’après ses statuts, l’objet de la société a pour objet :

La construction, la gestion et la maintenance de la dorsale nationale de transmission à fibre optique ;

La gestion et la maintenance de la station virtuelle d’atterrissement du câble sous marin à fibre optique dénommé

EASSy ;

La gestion et la maintenance du point d’échange Internet national ;

La réalisation de toute activité se rapportant directement ou indirectement à la commercialisation des capacités de

transmission.

27 Conformément aux dispositions légales et réglementaires régissant le secteur de télécommunications au Burundi.

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Tous les opérateurs, fournisseurs d’accès à Internet et fournisseurs de services dûment autorisés à exercer leur activité au Burundi peuvent participer à BBS dans le cadre d’un accès ouvert au réseau. A ce jour font partie du Consortium les opérateurs fixes et mobiles 2G28 - ONATEL, LEO (anciennement U-Com, société du groupe Telecel Globe), Africell (dont les actionnaires sont V-tel et Paltel) et Econet Wireless – ainsi que le fournisseur d’accès à Internet CBI Net. HITS et LACELL, les deux nouveaux opérateurs mobiles 3G, n’ont pas souhaité, à ce stade, exprimer leur intérêt à participer à BBS. Le capital social est établi à 3,050 millions de US$ (36% Africell, 26% ONATEL, 23% LEO, 12% Econet Wireless, 3% CBI Net). Bien que BBS ait été créée en 2008, son capital n’est pas encore libéré à 100% à ce jour, notamment en raison du changement d’actionnaire pour certains opérateurs mobiles 2G. La convention de concession autorise BBS à :

Etablir, développer et exploiter l’infrastructure consistant en un réseau de dorsale nationale, un accès international virtuel (Virtual Landing Point) et au moins un point d’échange Internet national (Internet Exchange Point);

Etablir des liaisons internationales filaires avec les pays limitrophes du Burundi ;

Louer ou partager des infrastructures de télécommunications sur le territoire du Burundi et dans les pays de la sous-région ; et

Acheminer le trafic national et/ou international d’opérateurs.

Étant donné le faible volume de trafic, il est peu probable que le BBS soit financièrement viable pendant les premières années de fonctionnement : le Gouvernement du Burundi s’est donc engagé à verser une subvention à hauteur de 10.5 millions de US$ provenant d’un don octroyé par la Banque Mondiale à travers le Projet Régional d’Infrastructure de Communication (RCIP229) sur un total estimé de 15 millions de US$. Cette subvention a été déterminée sur la base d’un business plan de BBS montrant que le projet était rentable au bout de la 5ème année30. BBS utilisera ses propres fonds et des financements externes (par exemple, banques, investisseurs privés,…) pour compléter les besoins en investissement pour la réalisation de l’infrastructure. BBS bénéficiera du partage des infrastructures des actionnaires opérateurs qui disposent déjà de sites sur le territoire. A l’issue de la concession, la propriété de l’infrastructure est entièrement transférée au concédant, mais le fonds de commerce demeure la propriété de BBS. La dotation financière du Gouvernement du Burundi est associée à un certain nombre de conditions stipulées dans le contrat de partenariat, dont les principales sont :

BBS s’engage à construire l’infrastructure fibres optiques dans les zones a priori considérées comme économiquement non rentables spécifiées par le Gouvernement ;

BBS s’engage à fournir au Gouvernement un certain volume de services préfinancés par une partie de la dotation financière ;

BBS s’engage à appliquer un certain nombre de règles de type « accès ouvert »pour des nouveaux membres.

28 Les discussions pour l’octroi de licences 3G à ces opérateurs sont en cours.

29

http://siteresources.worldbank.org/EXTINFORMATIONANDCOMMUNICATIONANDTECHNOLOGIES/Resources/282

822-1165441058719/3236380-1168629660241/3329268-1170933720814/Burundi-ProjectDescription.pdf

30 Une hypothèse structurante de ce business plan était l’octroi de licences 3G aux quatres opérateurs mobiles 2G existants. Il

était également modélisé une bascule de faisceau hertzien à fibre optique pour les liaisons inter-POP des opérateurs mobiles.

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Le contrat constructeur attribuant la réalisation du réseau est en cours de négociation avec le soumissionnaire retenu à l’issue d’un appel d’offres international : la construction du réseau devrait se terminer avant le 1er juillet 2012. BBS offrira ses services uniquement aux opérateurs (y compris les fournisseurs d’accès à Internet et les fournisseurs de services dûment autorisés à exercer leurs activités au Burundi) ainsi qu’au Gouvernement du Burundi. Le catalogue des services de BBS31 n’est pas encore élaboré à ce jour, mais devra comprendre :

La fourniture d’une bande passante haut débit d’une capacité minimum de 2Mbit/s ou E1 entre les différents points de connexion ;

La fourniture de paire de fibre noire entre les différents points de connexion ;

Les services à valeur ajoutée du réseau IP tels que la fourniture de tunnels VPN ou de réseau / sous-réseau sécurisé ;

La fourniture de services d’installation et de maintenance pour les opérateurs.

Le contrat de partenariat prévoit que la vente de services fera l’objet d’un encadrement tarifaire pendant les trois premières années d’exploitation, sous forme d’un plafond défini par le régulateur ARCT en prenant en considération les éléments fournis par BBS. La convention de concession prévoit que:

Le concessionnaire doit proposer des conditions de raccordement et de fourniture de services de manière transparente et non discriminatoire, afin d’assurer une concurrence loyale. Il doit en particulier s’abstenir de toute structuration de ses offres qui aurait pour effet directement ou indirectement de discriminer un ou plusieurs clients potentiels (opérateurs, fournisseurs d’accès à Internet, fournisseurs de services ou Gouvernement du Burundi).

31 Ce catalogue devra comprendre les conditions techniques des services, les prix, le descriptif du processus de raccordement

et la qualité des services.

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Le concessionnaire ne peut adopter, maintenir ou accepter des pratiques anticoncurrentielles, en particulier :

o Participer à tout financement anticoncurrentiel de type, notamment, subventions croisées ;

o Conclure des conventions exclusives avec des tierces parties pour l’emplacement de ses installations requises pour fournir ses services ;

o Participer à toute pratique de vente anticoncurrentielle ; o … o Traiter de manière préférentielle tout client y compris les actionnaires de BBS sur la

base de critères autres que la nature, le volume, la durée des services et/ou les modalités de paiement.

Le concessionnaire dispose d’une comptabilité analytique permettant de déterminer les coûts réels, les produits et résultats de chaque réseau exploité ou service offert. Les états de synthèse doivent être soumis, annuellement et aux frais du concessionnaire, pour audit à un cabinet d’audit reconnu internationalement. Les rapports d’audit sont communiqués à l’ARCT.

c) Avantages et inconvénients du modèle de gestion du backbone national:

Les principaux avantages et inconvénients de ces modèles de type consortium/partage d’infrastructure sont résumés ci-dessous :

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Figure 19: Avantages et inconvénients des modèles de type consortium/partage d’infrastructure

PPP : modèles de type consortium/partage d’infrastructure (exemple BURUNDI)

AVANTAGES INCONVÉNIENTS

Permet d’étendre le réseau backbone dans des zones non desservies car économiquement non rentables.

Le réseau backbone est construit et exploité par des opérateurs du secteur privé déjà actifs dans le pays : cette expérience accroît la probabilité de succès du projet.

Risque de collusion entre les opérateurs du secteur privé dans le consortium, conduisant à des prix élevés pour les consommateurs et des profits élevés pour les opérateurs. Remède possible : dispositions spécifiques

imposées par le Gouvernement dans l’accord de consortium.

Les opérateurs du secteur privé finançant en partie le projet, le montant du financement public est réduit et les opérateurs sont intéressés financièrement au succès du réseau backbone. Ceci est particulièrement efficace dans un pays de petite taille et avec un nombre significatif d’opérateurs.

Le consortium ne rassemblera certainement pas l’ensemble des opérateurs du secteur privé, surtout si le marché est encore en phase de croissance avec des entrées prévisibles de nouveaux acteurs. Les opérateurs dans le consortium ont donc une incitation à augmenter les prix et traiter les nouveaux acteurs de manière discriminatoire. Remède possible : dispositions spécifiques

imposées par le Gouvernement dans l’accord de consortium pour permettre à de nouveaux opérateurs de rentrer dans le consortium; régulation performante des marchés de gros.

Instabilité de l’actionnariat des acteurs du secteur privé peut ralentir le projet Remède possible : libération du capital par les

acteurs du secteur privé dans le début du projet (avant le processus d’appel d’offres pour la réalisation de l’infrastructure).

Comme les opérateurs du secteur privé participant au consortium seront aussi les principaux clients du réseau backbone, ils ont une incitation à ce que le réseau soit effectivement construit et exploité, et ce de manière efficace.

Comme il n’y a pas d’appel d’offres concurrentiel mais la mise en place d’un consortium, il est difficile d’évaluer le niveau pertinent du financement public venant en complément du financement privé pour le réseau backbone. Remède possible : faire réaliser par le

Gouvernement une étude technico-économique du réseau backbone servant de base à la discussion avec les opérateurs du secteur privé.

Source : Banque Mondiale, ICT Sector Unit, d’après Williams (2010)

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2.2.2 Les modèles de type concurrence pour la subvention: cas de la France

Dans les modèles de type concurrence pour la subvention, une licence pour la construction, l’exploitation et la commercialisation du réseau backbone est attribuée par le Gouvernement à un opérateur du secteur privé. Cet opérateur s’engage également, aux termes d’une convention signée avec le Gouvernement, à construire un réseau satisfaisant au cahier des charges établi par le Gouvernement et à l’exploiter conformément aux objectifs des pouvoirs publics, notamment en termes de tarification et de qualité de service. En règle générale, la licence et la convention de réalisation et de gestion du réseau backbone sont octroyées, par d’appel d’offres, à l’opérateur du secteur privé demandant la subvention minimale au Gouvernement. N’ayant pas identifié d’exemple pertinent dans le cas d’un réseau backbone national fibres optiques, nous illustrerons ce modèle dans le cas d’un réseau d’accès haut débit / très haut débit en zone rurale et en zone urbaine. Les modèles de concurrence pour la subvention ont en effet été largement pratiqués dans des zones économiquement non rentables en Europe pour le déploiement de réseaux d’accès fibres optiques (permettant de raccorder au réseau backbone les différents utilisateurs des services de télécommunications). En raison du cadre légal et réglementaire européen et français32, ces modèles ont toujours pour objectif de stimuler l’investissement privé en complément de l’investissement public tout en veillant à préserver les conditions d’une concurrence saine et loyale sur les marchés de détail33.

Figure 20: Principales caractéristiques des modèles de type concurrence pour la subvention

PPP : modèles de type concurrence pour la subvention

Exemples : France : DSP en zone rurale / région Limousin (réseau DORSAL) France : DSP en zone urbaine / département des Hauts-de-Seine (réseau THD92)

Infrastructure passive Équipements actifs

QUI EST PROPRIÉTAIRE ? Opérateur du secteur privé (avec éventuelle participation au capital du de la Caisse des Dépôts34)

QUI CONSTRUIT ? Opérateur du secteur privé, dans le respect de sa licence et de sa convention avec les pouvoirs publics

Dotation financière égale à la subvention la plus faible demandée par l’opérateur du secteur privé ayant remporté l’appel d’offres

QUI EXPLOITE ET COMMERCIALISE ?

Opérateur du secteur privé, dans le respect de sa licence et de sa convention avec les pouvoirs publics

Source : Banque Mondiale, ICT Sector Unit

32 Voir ANNEXE 1

33 Aussi appelés marchés « avals » des services aux consommateurs par rapport à l’ « amont » qui est la construction et

l’exploitation des réseaux, et la vente de services aux autres opérateurs et fournisseurs de services.

34 La Caisse des dépôts et consignations (CDC), parfois simplement appelée Caisse des dépôts, est une institution financière

publique de la France placée sous le contrôle direct du Parlement. Elle exerce des activités d'intérêt général pour le compte

de l'État et des collectivités territoriales, mais elle a aussi des activités concurrentielles. La Caisse des Dépôts accompagne

notamment les collectivités territoriales et les structures intercommunales dans leurs projets et réalisations structurants pour

l’aménagement des territoires : Logement, transports, ingénierie, énergies renouvelables, numérique….

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2.2.2.1 Exemple d’une Délégation de Service Public en zone rurale : cas du haut débit et du très haut débit sur le territoire de la région Limousin (réseau DORSAL)35

a) Objectifs poursuivis par les pouvoirs publics avec la délégation de service public sous forme

concessive pour l’infrastructure fibre optiques

Sur la base de l’article 1425-1 du code général des collectivités territoriales, DORSAL a décidé de confier, dans le cadre d’un contrat de concession, la réalisation et la gestion d’infrastructures de télécommunications à un délégataire de service public (DSP). Les objectifs poursuivis sont de bénéficier :

d'un financement privé des investissements à réaliser ; d'une meilleure efficacité économique; d'une plus grande compétence en recourant à une entreprise spécialisée, capable de

développer recherche et innovation et de s'adapter aux évolutions technologiques. Le projet vise à créer un acteur neutre placé sous le contrôle des acteurs publics afin d’assurer la collecte et l’accès haut et très haut débit dans la région du Limousin en garantissant une péréquation tarifaire minimum, une ouverture maximale des services offerts, une dynamique commerciale et une évolutivité permanentes. Il ne cherche pas à se substituer aux opérateurs en exploitant par exemple des services de télécoms mais à créer les conditions favorables à leur venue dans la région.36

b) Approche retenue par les pouvoirs publics pour la gestion de l’infrastructure fibres optiques

Le montant de la subvention et ses modalités de calcul Les subventions à l’établissement d’une infrastructure de télécommunication haut débit sont octroyées par le syndicat mixte DORSAL (Développement de l'Offre Régionale de Services et de l'Aménagement des télécommunications en Limousin) regroupant les grandes collectivités territoriales du Limousin à partir de fonds provenant de la Commission Européenne, de l’Etat français, de la région Limousin et des 3 départements qui la constituent. Le coût total du projet sur la durée de la concession (20 ans) est de 85 millions d'euros répartis entre financement privé (55%) et financement public (45%). Ces subventions contribuent à financer les travaux de premier établissement. Elles ont été calculées en procédant à des simulations financières en fonction des variables d’ajustements suivantes : (i) la couverture du territoire proposée ; (ii) la durée de la délégation de service public ; (iii) la durée de vie moyenne des équipements et infrastructures ; et (iv) la mutualisation d’infrastructures. Le taux de

35 Cette délégation de service public a été autorisée par la Commission Européenne (décision de la Commission N 382/04 —

France, Subvention pour la mise en place d'une infrastructure haut débit sur le territoire de la région Limousin (DORSAL)).

36 http://www.dorsal.fr/v3/index.php

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rendement interne des capitaux investis par le délégataire s’établit, hors coûts de financement, à 9,62% ce qui constitue une rémunération « raisonnable », voire faible pour le secteur d’activités concerné. Des hypothèses sur les frais d’exploitation entièrement à la charge du délégataire37 ont également été établies. Les modalités de sélection du concessionnaire Le délégataire a été choisi après la mise en place d’une procédure de mise en concurrence conformément aux dispositions de l’article L1411-1 du code général des collectivités territoriales : trois candidats ont remis une offre, deux ont été présélectionnés, et l’offre techniquement et économiquement la plus satisfaisante au regard des objectifs et des attentes de DORSAL a été retenue. Le contenu du contrat de concession Le concessionnaire sera maître d’ouvrage pour tout projet de construction du réseau des télécommunications haut débit et aura un droit exclusif de service public sur la région du Limousin sur une durée de 20 ans. A la fin de la concession de 20 ans, l’infrastructure mise en place devient la propriété de DORSAL. Le délégataire sera un « grossiste » d’infrastructure : il commercialisera uniquement la bande passante à un prix unique par Megabit/s sur tout le territoire, et de la fibre noire aux opérateurs et fournisseurs de service, mais en aucun cas du service à l’usager final. En fait, c’est la location de la fibre qui paraît la plus importante pour le développement d’une concurrence pérenne, car elle permet d’instaurer une concurrence par les infrastructures. En effet, elle permet aux opérateurs de disposer d’un réseau parallèle à celui du délégataire et de l’exploiter eux-mêmes. L’offre de bande passante permet également le développement de la concurrence par les services par les fournisseurs d'accès internet et les fournisseurs de contenu en leur proposant une offre de transport jusqu’au client final. Le délégataire doit constituer une société ad hoc. Il existe donc une séparation non seulement comptable mais également juridique entre les activités commerciales et les activités de service public du délégataire. En sa qualité de délégataire de service public, le concessionnaire est soumis à un certain nombre d’obligations comme la couverture du territoire de la région et un montant de redevance uniforme fixe. Ainsi, le concessionnaire est autorisé à percevoir, auprès des opérateurs, des redevances destinées à rémunérer les charges financières qu’il supporte. Les tarifs perçus auprès des opérateurs doivent respecter certaines règles et notamment: (i) le tarif de raccordement (hors extension de réseau) doit être indépendant du point d’interconnexion auquel le client de l’opérateur est raccordé ; et (ii) le tarif au Mbits doit être indépendant de la situation géographique du client de l’opérateur sur le territoire de la région dans un souci d’aménagement du territoire. Le Contrat de Concession prévoit :

la création d’un observatoire de l’évolution des tarifs de transport des données à haut débit. Cet observatoire aura pour but de mesurer l’évolution des prix au regard de la qualité des services

37 Il s’agit des frais de personnel, autres prestations, impôt hors impôt sur les sociétés, renouvellement du matériel,

maintenance des structures passives et actives, exploitation du réseau, charges de service d’accès.

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offerts et des structures de coûts des prestataires. Le délégataire devra veiller à ce que les tarifs qu’il a proposés à DORSAL soient alignés sur les meilleures offres disponibles sur le marché à qualité de service et structures de coûts égales.

un mécanisme annuel de vérification et de contrôle du fonctionnement des conditions financières et techniques de son exécution. Le délégataire devra ainsi produire un compte rendu technique analysant notamment la qualité du service et un compte rendu financier retraçant la totalité des opérations afférentes à l’exécution dudit contrat.

une clause de retour à meilleure fortune afin d’associer DORSAL aux résultats de son exploitation. Le délégataire devra verser à DORSAL 5% du chiffre d’affaires hors taxes qu’il aura réalisé lorsque le résultat net cumulé positif d’une année est supérieur à celui prévu dans les comptes d’exploitation prévisionnels.

La structure capitalistique du concessionnaire Axione, entreprise créée en 2003, est une filiale du Groupe ETDE (Bouygues Construction) spécialisée dans la gestion de Délégations de Services Publics (DSP). Elle a créé la filiale Axione Limousin pour construire et exploiter en Délégation de Service Public pour DORSAL. La Caisse des Dépôts est actionnaire à hauteur de 30% d’Axione Limousin.

2.2.2.2 Exemple d’une Délégation de Service Public en zone urbaine : cas du très haut débit sur le territoire du département des Hauts-de-Seine (réseau THD92) 38

a) Objectifs poursuivis par les pouvoirs publics avec la délégation de service public sous forme

concessive pour l’infrastructure fibre optiques

Plutôt que de créer une entité publique sous forme de régie, le Département a choisi de confier la réalisation du projet THD 92 à un tiers dans le cadre d’une délégation de service public (DSP) sous forme concessive en lui accordant une subvention pour couvrir les coûts y afférents. Le titulaire de la convention se rémunérera sur toute sa durée en exploitant l’infrastructure construite. Cette durée est calculée en prenant en compte la durée d’amortissement des ouvrages à construire ce qui coûte moins cher à la collectivité qu'un marché public. La délégation de service public (DSP) est la forme qui a permis de tirer le meilleur des forces du marché dans un partenariat public-privé. Tout en fixant des obligations de service public telles que la neutralité, 100 % de couverture en six ans et une péréquation locale, la DSP permet de faire porter par le privé un projet d’infrastructure publique de 420 millions d’euros, soit 1€ public pour 6 € privés investis.39

b) Approche retenue par les pouvoirs publics pour la gestion de l’infrastructure fibres optiques

38 Cette délégation de service public a été autorisée par la Commission Européenne (décision de la Commission N 331/08 —

France, Compensation de charges pour une Délégation de Service Public (DSP) pour l'établissement et l'exploitation d'un

réseau de communications électroniques à très haut débit dans le Département des Hauts-de-Seine (THD 92)). Un recours a

été déposé fin mai 2010 par France Télécom contre cette décision.

39 Interview dans Les Cahiers de l’ARCEP, n°1, janvier - février - mars 2010

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Le montant de la subvention et ses modalités de calcul Afin de compenser les surcoûts non compensés induits par les sujétions de service public qui lui sont imposées, à savoir la couverture intégrale du Département, le déploiement d'un réseau neutre et ouvert, et la péréquation tarifaire, le délégataire bénéficiera d’une subvention de €59 millions. La subvention ne compense que les coûts de la mission de service public du délégataire issus du déploiement du réseau THD 92 dans les zones non rentables qui correspondent à 40% du territoire à couvrir. Le taux de retour interne du projet est fixé à 10,63 %, ce qui est faible comparativement aux taux habituellement rencontrés dans le secteur des communications électroniques (de l’ordre de 15 à 20 %). Les modalités de sélection du concessionnaire Le délégataire a été choisi après la mise en place d’une procédure de mise en concurrence conformément aux dispositions de l’article L1411-1 du code général des collectivités territoriales : six candidatures ont été reçues, examinées et invitées à présenter une offre, trois candidats ont remis une offre, deux ont été présélectionnés, et l’offre techniquement et économiquement la plus satisfaisante au regard des objectifs et des attentes de DORSAL a été retenue. Le contenu du contrat de concession Le délégataire s’engage, d’une part, à concevoir, financer, construire et déployer un réseau universel de communications électroniques de desserte en fibre optique et, d’autre part, à l’exploiter en le mettant à disposition de ses usagers, à savoir des opérateurs de communications électroniques et éventuellement des utilisateurs de réseaux indépendants, restant ainsi un «opérateur d’opérateurs» («Carriers’ carrier») n’intervenant que sur le marché de gros (article 2). La convention a une durée de 25 ans. A l’issue de la convention, le Département des Hauts-de-Seine dispose d’un «bien de retour» tangible constitué par l’intégralité du réseau y compris les fibres tirées.

L'infrastructure à construire comportera tous les éléments d'une boucle locale optique, à savoir (a) des nœuds de raccordement optiques (NRO) permettant l’accès aux fibres et l’hébergement des équipements actifs des opérateurs ; (b) des câbles optiques partant des NRO jusqu’au pied des immeubles, ces câbles optiques pouvant être déployés sous voirie, en égouts ou dans des fourreaux mobilisables; et (c) des câbles optiques dans les colonnes montantes des immeubles (ou zones pavillonnaires) permettant l’adduction des logements/entreprises/points techniques désignés par les opérateurs.

Quant à l'exploitation du réseau, les services à fournir ne concernent que des services «de connectivité optique», c'est-à-dire de location de fibre noire. Les fibres optiques ne pourront être activées que par les seuls opérateurs clients du réseau THD 92. Ces services ont été définis de manière suffisamment large pour permettre aux candidats de proposer les solutions les plus diverses fondées sur les architectures "point à point" ou "point-multipoints", permettant l'accès FTTB (fibre to the building) ou FTTH à partir du NRO, voire en aval de celui-ci.

Le délégataire s’est engagé à créer une société ad hoc. Ainsi, les relations entre les actionnaires qui sont également des opérateurs des réseaux (NeufCegetel, Numericable) et le délégataire s’organiseront dans le même et seul cadre qui régit les relations avec les opérateurs tiers, à savoir le catalogue de services.

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De plus, afin d’éviter tout risque de confusion d’intérêts entre le délégataire et ses actionnaires, la convention stipule que (i) celui-ci ne puisse faire prévaloir les intérêts commerciaux de ses actionnaires sur ceux dont il a la charge au titre de la concession, (ii) que les marges pratiquées sur les contrats passés avec les actionnaires ne puissent excéder celles habituellement pratiquées dans des cas comparables, et (iii) que le délégataire s’engage à ne communiquer à ses actionnaires aucune information de nature à leur conférer un avantage concurrentiel sur le marché sur lequel ils interviennent au titre de leur activité commerciale propre. Le Contrat de Concession prévoit enfin:

des pouvoirs d’investigations étendus pour le Département, assortis d’un accès intégral aux comptes du délégataire allant jusqu’à faire supporter à ce dernier la charge financière des experts que le Département choisira de s’adjoindre pour ces audits et vérifications comptables, sans que ce paiement donne un quelconque pouvoir de contrôle au délégataire sur les auditeurs.

une clause de retour à meilleure fortune. Au cas où le résultat d’exploitation cumulé est supérieur de plus de 15% à celui figurant au plan d’affaires, le délégataire sera tenu de reverser au Département 25% de la somme excédentaire, dans la limite de la subvention, dont le montant aura été actualisé au taux de refinancement de la BCE. Cette clause sera mise en œuvre la neuvième, quatorzième, dix-neuvième et la vingt cinquième année suivant l’entrée en vigueur de la Convention. Il en résulterait que le résultat mécanique des quatre rendez-vous prévus par la Convention serait le remboursement intégral de la participation publique dès lors que le délégataire parvient à porter son Taux de Rendement Interne40 à 12,59 %.

La structure capitalistique du concessionnaire Le concessionnaire Sequalum est un groupement associant trois acteurs télécoms-réseaux (Numericable, SFR Collectivités et Eiffage). Numericable est un opérateur présent sur les marchés de détail et de gros. SFR Collectivités (ex LD Collectivités) est une entité spécifique dédiée aux Collectivités Territoriales pour accompagner la stratégie de déploiement des réseaux et des services du groupe de télécommunications SFR. Eiffage est un leader européen des concessions et du BTP. Le Contrat de Concession prévoit que la Caisse des Dépôts puisse entrer au capital de Sequalum.

2.2.2.3 Avantages et inconvénients du modèle de gestion de l’infrastructure fibres optiques

Les principaux avantages et inconvénients de ces modèles de type concurrence pour la subvention s’ils étaient appliqués au backbone national sont résumés ci-dessous :

40 On appelle Taux de Rentabilité Interne (T.R.I.) d’un projet, le taux pour lequel la valeur actuelle nette (V.A.N.) est nulle.

C’est donc le taux i pour lequel il y a équivalence entre le capital investi d’une part, et d’autre part la somme des flux de

trésorerie prévisionnelle actualisés au taux i. Le taux de rendement interne permet donc de rémunérer le capital investi et

non encore remboursé, et ce sur toute la durée de vie de l’investissement, et de rembourser le capital investi dans le projet.

Le TRI est aussi, et surtout, le coût maximum des capitaux que le projet pourrait supporter : à ce moment là les capitaux

empruntés étant d’un coût égal à la rentabilité économique du projet.

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Figure 21: Avantages et inconvénients des modèles de concurrence pour la subvention – cas de la FRANCE

PPP : modèles de type concurrence pour la subvention AVANTAGES INCONVÉNIENTS

Permet d’étendre le réseau backbone dans des zones non desservies car a priori considérées comme économiquement non rentables.

Impact négatif possible sur la dynamique concurrentielle, si un opérateur se trouve indûment favorisé par le Gouvernement. Remède possible : appel d’offre ouvert et

transparent.

Permet de solliciter les compétences, l’expertise et les capacités d’investissement du secteur privé.

Difficulté à obtenir de l’information pertinente sur la performance de l’opérateur du secteur privé et à imposer des sanctions en cas de non respect des dispositions de sa licence ou de sa convention.

L’opérateur du secteur privé a un intérêt commercial à exploiter le réseau de manière efficace car il est libre de commercialiser la capacité du réseau backbone (dans le respect des dispositions de sa licence et de sa convention).

Lorsque l’opérateur du secteur privé est verticalement intégré avec une branche aval active sur le marché de détail, risque de comportement discriminatoire vis-à-vis des autres opérateurs et fournisseurs de services. Remèdes possibles mais difficiles à

implémenter: interdiction pour l’opérateur du secteur privé d’être actif sur le marché aval (i.e. Pur opérateur de gros) ; régulation performante des marchés de gros.

Gestion relativement simple en raison du nombre limité d’intervenants (Gouvernement, opérateur du secteur privé).

Il peut être politiquement délicat d’octroyer un financement public significatif à un acteur privé dans lequel le Gouvernement n’aurait pas une participation. Remède possible : participation d’une société

patrimoniale de l’Etat.

Source : Banque Mondiale, ICT Sector Unit, d’après Williams (2010)

2.2.3 Les modèles basés sur les incitations données au secteur privé : cas du Brésil

Dans les modèles basés sur les incitations données au secteur privé, le Gouvernement « revisite » le dispositif mis en place au titre de l’accès ou du service universel aux services de télécommunications de manière à y intégrer la problématique de la construction ou de l’extension du backbone national. En effet, dans la plupart des pays, le cadre légal et réglementaire au titre de l’accès ou du service universel impose aux opérateurs du secteur privé (et dans certains cas également aux fournisseurs de service) de contribuer financièrement à un fonds d’accès ou de service universel. Ce fonds doit notamment permettre de financer l’extension des réseaux dans les zones a priori considérées comme économiquement non-rentables, comme les zones rurales. Pour certains opérateurs, des obligations au titre de l’accès ou du service universel figurent également dans leurs cahiers de charges (par exemple, sous forme d’obligation de couverture). Le Gouvernement pourrait donc donner une incitation aux opérateurs du secteur privé de construire et d’exploiter des tronçons de réseau backbone dans les zones a priori considérées comme

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économiquement non-rentables à travers des réductions des contributions au fonds d’accès ou de service universel ou à travers des aménagements de leurs obligations au titre de l’accès ou du service universel. Un tel dispositif pourrait être soit proposé à tous les opérateurs (et contractualisé avec chacun d’eux), soit octroyé aux opérateurs sélectionnés par un appel d’offres. Dans une approche de ce type, il est recommandé que le Gouvernement actualise sa stratégie d’accès universel pour combiner harmonieusement interventions au niveau du backbone national et interventions au niveau du réseau d’accès, afin de pouvoir connecter au réseau backbone les utilisateurs potentiels situés sur son trajet sans lesquels il ne peut y avoir de trafic sur le réseau backbone.

Figure 22: Principales caractéristiques des modèles basés sur les incitations données au secteur privé

PPP : modèles basés sur les incitations données au secteur privé

Exemples : BRÉSIL Raccordement de 3 439 collectivités locales n’ayant pas encore accès au haut débit

Infrastructure passive Équipements actifs

QUI EST PROPRIÉTAIRE ? Opérateur(s) du secteur privé

QUI CONSTRUIT ? Opérateur(s) du secteur privé, dans le respect de sa(leur) licence(s) et de sa(leur) convention(s) avec le Gouvernement

QUI EXPLOITE ET COMMERCIALISE ?

Opérateur(s) du secteur privé, dans le respect de sa(leur) licence(s) et de sa(leur) convention(s) avec le Gouvernement

Source : Banque Mondiale, ICT Sector Unit

Dans le cadre d’une initiative conjointe de quatre ministères fédéraux et de l’autorité de régulation sectorielle, lancée en 2008, cinq opérateurs fixes brésiliens construisent un réseau backbone national permettant de raccorder 3 439 collectivités locales n’ayant pas encore accès au haut débit. Ces opérateurs ont bénéficié d’un aménagement de leurs obligations de déploiement de 8 000 télécentres (bas débit).

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Les principaux avantages et inconvénients de ces modèles basés sur les incitations données au secteur privé sont résumés ci-dessous :

Figure 23: Avantages et inconvénients des modèles basés sur les incitations données au secteur privé – cas du BRESIL

PPP : modèles basés sur les incitations données au secteur privé AVANTAGES INCONVÉNIENTS

Permet d’étendre le réseau backbone dans des zones non desservies car économiquement non rentables.

Les opérateurs du secteur privé construisent et exploitent le réseau backbone : ils ont donc une incitation à ce que le réseau soit effectivement construit et exploité, et ce de manière efficace.

Les tronçons du réseau backbone étant construits et exploités par des opérateurs du secteur privé, il y a un risque de pratiques discriminatoires à l’encontre des opérateurs et fournisseurs de services concurrents. Remède possible : étroit contrôle des

conditions d’exploitation des tronçons de backbone.

Le Gouvernement peut définir les caractéristiques du backbone à construire et déterminer les modalités d’exploitation, notamment du point de vue des tarifs et de la qualité de service.

Il n’y a pas de mouvements financiers entre Gouvernement et opérateurs du secteur privé (car réduction du montant des contributions au fonds d’accès ou de service universel, ou bien aménagement des obligations au titre de l’accès ou du service universel.

Le Gouvernement est en mesure de sanctionner le non respect des obligations pour le réseau backbone en revenant sur le niveau de la réduction du montant des contributions au fonds d’accès ou de service universel.

Source : Banque Mondiale, ICT Sector Unit, d’après Williams (2010)

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3 Recommandations pour le cas spécifique du backbone national malien

Dans le chapitre précédent, 6 modèles génériques ont été mis en évidence pour la construction, l’exploitation et la commercialisation des infrastructures fibres optiques dans les zones économiquement peu rentables :

Un modèle centré sur l’opérateur historique public ;

Un modèle de type société nationale du haut débit ;

Un modèle de type opérateur d’opérateurs ;

Un modèle basé sur les incitations données au secteur privé ;

Un modèle de type consortium/partage d’infrastructure ;

Un modèle de type concurrence pour la subvention. Figure 24: Ensemble des modèles possibles pour l’exploitation et la commercialisation des infrastructures fibres optiques

financées par des investissements publics

Source : Banque Mondiale, ICT Sector Unit

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Le Gouvernement malien a déjà investi pour engager la construction des tronçons de backbone national dans les zones a priori considérées comme économiquement non rentables, notamment dans le Nord-Est du pays avec des connexions transfrontalières vers l’Algérie et le Niger (prêt concessionnel du Gouvernement chinois, réseau déployé par la société chinoise Huawei). Les modèles qui doivent être mis en place impérativement avant la phase de construction du backbone (i.e. modèle basé sur les incitations données au secteur privé, modèle de type concurrence pour la subvention) ne peuvent donc être considérés dans le contexte spécifique du Mali. Quatre modèles génériques restent donc envisageables a priori :

Un modèle centré sur l’opérateur historique public;

Un modèle de type société nationale du haut débit ;

Un modèle de type opérateur d’opérateurs ;

Un modèle de type consortium/partage d’infrastructure. Par ailleurs, la première phase de la privatisation de l’opérateur historique SOTELMA/MALITEL a été menée avec succès en juillet 2009. Le Gouvernement ayant cédé 51% de la SOTELMA/MALITEL à Maroc Télécom, l’opérateur historique malien n’est plus un opérateur public. Trois modèles génériques restent donc envisageables a priori dans le contexte spécifique du backbone national malien:

Un modèle de type société nationale du haut débit ;

Un modèle de type opérateur d’opérateurs ;

Un modèle de type consortium/partage d’infrastructure.

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Figure 25: 3 modèles de gestion envisageables dans le contexte spécifique du backbone national malien

Source : Banque Mondiale, ICT Sector Unit

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3.1 Quels sont les objectifs susceptibles d’intervenir dans le choix du modèle de gestion le

plus approprié dans le contexte spécifique du Mali?

Ainsi que le montrent les différentes études de cas, le choix d’un modèle de gestion pour les backbone nationaux dépend très étroitement des objectifs que se fixent les pouvoirs publics. Dans le contexte spécifique du Mali, plusieurs objectifs sont susceptibles de jouer un rôle dans la décision :

La cohérence avec les objectifs-clefs de la politique sectorielle ;

L’impact sur la valorisation de la 3ème licence ;

L’impact sur l’intensité de la régulation ;

La propension du secteur privé à utiliser effectivement l’infrastructure fibres optiques;

Les coûts de transaction de mise en place du mode de gestion de l’infrastructure fibres optiques.

3.1.1 La cohérence avec les objectifs-clefs de la politique sectorielle

Dans l’attente d’une mise à jour de la Déclaration de politique sectorielle malienne, les objectifs-clefs pour le secteur peuvent être identifiés à partir de ceux établis pour les politiques nationales au niveau sous-régional par la CEDEAO41 en 2007 et par l’UEMOA en 200642.

CEDEAO

L’acte additionnel A/SA 1/01/07 relatif à l’harmonisation des politiques et du cadre réglementaire du secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) de la CEDEAO demande aux Etats membres de s’assurer que la politique nationale des TIC poursuivent 15 objectifs détaillés dans son article 5. Plusieurs de ces objectifs sont pertinents pour le choix d’un modèle de gestion pour le backbone national :

b) Edification d’un secteur respectivement national et régional des TIC qui soit efficace, stable et concurrentiel ; c) Fourniture de services abordables, largement diffusés et de première qualité ; g) Attraction de l’investissement dans le secteur.

UEMOA

La directive N° 01/2006/CM/UEMOA relative à l’harmonisation des politiques de contrôle et de régulation du secteur des télécommunications de l’UEMOA demande aux Etats membres de veiller à ce que les missions de régulation du secteur soient exercées par les Autorités nationales de régulation en vue de la réalisation des 3 objectifs détaillés dans son article 3. Un de ces objectifs est particulièrement pertinent pour le choix d’un modèle de gestion pour le backbone national, c’est la réalisation progressive d’un marché ouvert et concurrentiel pour les réseaux et services de télécommunications

41 Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest

42 Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine

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en respectant les intérêts des Utilisateurs en termes de choix, de prix, de qualité et de rentabilité ;

en veillant à ce que la concurrence ne soit ni faussée ni entravée dans le secteur des télécommunications, sous réserve des régimes transitoires en cours ;

en encourageant les investissements rationnels dans l’infrastructure.

3.1.2 L’impact sur la valorisation de la 3ème licence

Les autorités maliennes ont débuté la réflexion sur la transition d’un régime de duopole à un régime de concurrence totale, les clauses de protection d’ORANGE et de SOTELMA/MALITEL étant arrivées à échéance. Le potentiel de valorisation d’une 3ème licence dans les douze prochains mois est en effet particulièrement intéressant. La décision d’engager le processus a été prise en conseil des Ministres le 3 juin 2011.

Figure 26: Effets positifs et négatifs sur la valorisation d’une 3ème licence au Mali

PARAMETRES Effets POSITIFS sur la valorisation Effets NÉGATIFS sur la valorisation

DÉJÀ EXISTANTS Il reste un potentiel significatif de développement du marché pour la téléphonie (pénétration de %, prix relativement élevés).

Le marché de l’accès à Internet n’a pas encore véritablement décollé.

La mise en place d’un backbone national est bien engagée.

Les deux opérateurs anticipent l’arrivée d’un nouvel opérateur (densification du réseau dans les zones déjà couvertes, augmentation progressive de la couverture).

POSSIBLES A COURT TERME AVEC UNE ACTION DES AUTORITÉS MALIENNES

La mise en œuvre effective de la stratégie d’accès universel améliorerait les perspectives de déploiement dans les zones non couvertes.

L’adoption de la loi adaptant le cadre juridique des télécommunications au phénomène de convergence mettrait en place un cadre réglementaire conforme aux meilleures pratiques internationales.

La consolidation des compétences du CRT en matière d’interconnexion donnerait au nouvel entrant l’assurance d’une intervention rapide et efficace en cas de litige sur les aspects tarifaires ou techniques de l’interconnexion.

Source : Banque Mondiale, ICT Sector Unit

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3.1.3 L’impact sur l’intensité de la régulation

Le développement maximal du marché des télécommunications – et du haut débit en particulier – dans les zones a priori considérées comme économiquement non rentables suppose la réalisation d’un cadre de concurrence saine et loyale en infrastructure (par les opérateurs) et en service (par les fournisseurs d’accès à Internet). A cet égard, une attention particulière doit être accordée par les Autorités de Régulation aux conditions techniques et tarifaires d’accès au réseau backbone ainsi qu’aux éventuelles subventions croisées entre services de gros et services de détail des opérateurs et des fournisseurs de services. La capacité des autorités de régulation à se doter rapidement des outils de la régulation du haut débit et à les mettre en œuvre de manière efficace lors du décollage du marché du large bande est donc un enjeu crucial pour le développement du secteur. La mise en place d’un Partenariat Public Privé permet généralement de minimiser l’impact sur l’intensité de la régulation, car les acteurs du secteur privé, en participant à la réalisation et la gestion de l’infrastructure fibres optiques, mettent en place entre eux une forme d’autorégulation. L’impact des modèles génériques sur l’intensité de la régulation associée constitue donc un élément important dans le choix de mode de gestion le plus approprié pour le réseau backbone.

3.1.4 La propension du secteur privé à utiliser effectivement l’infrastructure fibres optiques

Les tronçons du réseau malien financés aujourd’hui par les pouvoirs publics sont situés sur des zones a priori considérées comme économiquement non rentables. En raison de l’importance des coûts fixes dans la réalisation d’une infrastructure fibres optiques, il est particulièrement avantageux – du point de vue de la minimisation des coûts unitaires de la capacité – que l’ensemble des opérateurs et fournisseurs de services recourent à cette infrastructure et l’intègrent de façon optimale à leur propre infrastructure déployée dans d’autre partie du territoire. La propension du secteur privé à utiliser le réseau backbone dépend généralement (i) de considérations de nature stratégique (contrôler le réseau, ou tout au moins les équipements actifs), et (ii) des conditions techniques et tarifaires d’accès au backbone national par comparaison soit à des technologies alternatives (upgrade de liaisons hertziennes) soit à la réalisation en propre.

3.1.5 Les coûts de transaction de mise en place du modèle

En dépit de ses avantages en termes de gains d’efficacité et de réduction des coûts, la mise en place de partenariat public privé reste un processus transactionnel complexe, car il nécessite de définir le bon équilibre des rémunérations et des risques entre secteur public et secteur privé. De plus, les opérateurs de la sous-région n’ont pas encore développé une culture forte du partage d’infrastructures.

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Par ailleurs, les changements d’actionnaires dans le secteur privé en cours de projet sont en général causes de retard dans le processus, car ils impactent fortement la capacité du secteur privé à libérer les fonds nécessaires pour la participation au Partenariat Public Privé.

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3.2 Analyse comparative des modèles de gestion génériques dans le contexte spécifique du

Mali

L’objectif de cette analyse comparative est d’éclairer comment chacun des trois modèles génériques performent sur les objectifs que pourraient se fixer les pouvoirs publics au Mali, et permettre ainsi une discussion objective sur le modèles de gestion le plus appropriés parmi ceux envisageables dans le contexte spécifique du Mali .

Figure 27: Analyse comparative des modèles de gestion génériques dans le contexte spécifique du Mali

modèle de type société nationale du haut débit

modèle de type opérateur d’opérateurs

modèle de type consortium/partage

d’infrastructure Exemple du Kenya Exemple du Rwanda Exemple du Burundi

La cohérence avec les objectifs-clefs pour le secteur établis au niveau sous-régional

Edification d’un secteur respectivement national et régional des TIC qui soit efficace, stable et concurrentiel

Très Négatif Efficacité Les opérateurs publics de télécommunications, sans régulation incitative et sans pression concurrentielle suffisante (comme ce sera le cas dans une zone économiquement peu rentable), ne recherchent pas les gains d’efficacité et ont donc tendance à pratiquer des prix insuffisamment orientés vers les coûts (qui est la norme sur un marché concurrentiel). Stabilité Même si les pouvoirs publics peuvent être considérés a priori comme un actionnaire stable, le business

Négatif Efficacité Les opérateurs publics de télécommunications, sans régulation incitative et sans pression concurrentielle suffisante (comme ce sera le cas dans une zone économiquement peu rentable), ne recherchent pas les gains d’efficacité et ont donc tendance à pratiquer des prix insuffisamment orientés vers les coûts (qui est la norme sur un marché concurrentiel). Stabilité Les pouvoirs publics peuvent être considérés a priori comme un actionnaire stable. Toutefois, les pouvoirs

Très Positif Efficacité Comme les opérateurs du secteur privé participant au consortium sont aussi les principaux clients du backbone, ils ont une incitation à ce que le réseau soit construit et exploité de manière efficace. Stabilité Même si l’actionnariat des opérateurs du secteur privé est susceptible d’évoluer, cela aura peu d’impact

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model d’une société nationale du haut débit dans le cas spécifique du Mali parait très instable : Opérateur actif

uniquement sur des zones géographiques structurellement déficitaires

Fort recours au fonds d’accès universel inéluctable pour les réseaux de dessertes, en concurrence avec les autres opérateurs

Concurrentiel Si les autres opérateurs interviennent dans les zones économiquement peu rentables : Un opérateur uniquement cantonné sur les zones économiquement peu rentables peu difficilement faire jouer les économies d’échelle et d’envergure sur le développement de services (notamment les services innovants). La dynamique concurrentielle est donc susceptible d’être faussée dans les zones d’activités de la société nationale du haut débit. Si les autres opérateurs

publics ont entamé avec succès un processus de désengagement de l’activité d’opérateur avec la privatisation de SOTELMA/MALITEL au profit des investissements du secteur privé. Il pourrait donc se poser la question de la pertinence d’un mouvement inverse pour le backbone national (surtout si l’objectif moyen terme est une privatisation ou la recherche d’un partenaire stratégique pour l’opérateur d’opérateur). Concurrentiel En combinant utilisation du backbone national, concurrence pour la subvention du fonds d’accès universel (dans le cadre de la stratégie d’accès universel établie par le Gouvernement) et investissements propres, la dynamique concurrentielle au bénéfice des consommateurs est préservée dans les zones économiquement peu rentables.

sur le niveau d’implication du secteur privé dans le backbone national (qui est un actif de l’opérateur au même titre que le reste de son infrastructure). Concurrentiel En combinant utilisation du backbone national, concurrence pour la subvention du fonds d’accès universel (dans le cadre de la stratégie d’accès universel établie par le Gouvernement) et investissements propres (notamment en équipements actifs backbone), la dynamique concurrentielle au bénéfice des consommateurs est préservée dans les zones économiquement peu rentables.

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n’interviennent pas dans les zones économiquement peu rentables : Risque d’apparition d’un monopole dans les zones économiquement peu rentables

Fourniture de services abordables, largement diffusés et de première qualité

Très Positif La base de coûts pour la diffusion des services déjà disponibles dans le reste du pays aux zones économiquement peu rentables est significativement abaissée par le recours des opérateurs à un même backbone national.

Très Positif La base de coûts pour la diffusion des services déjà disponibles dans le reste du pays aux zones économiquement peu rentables est significativement abaissée par le recours des opérateurs à un même backbone national.

Très Positif La base de coûts pour la diffusion des services déjà disponibles dans le reste du pays aux zones économiquement peu rentables est significativement abaissée par le recours des opérateurs à un même backbone national

Attraction de l’investissement dans le secteur

Positif à condition d’avoir un portefeuille de services attractifs (fourreaux, fibres noires, capacité…), les opérateurs peuvent mutualiser de fait les coûts des infrastructures passives tout en étant libres de leurs décisions d’investissements pour les équipements actifs.

Positif à condition d’avoir un portefeuille de services attractifs (fourreaux, fibres noires, capacité…), les opérateurs peuvent mutualiser de fait les coûts des infrastructures passives tout en étant libres de leurs décisions d’investissements pour les équipements actifs.

Très Positif La participation des opérateurs aux investissements dans des zones économiquement peu rentables permet de mutualiser les coûts des infrastructures passives tout en laissant les opérateurs libres de leurs décisions d’investissements pour les équipements actifs. Les opérateurs du secteur privé finançant une partie du projet, le montant du financement public est réduit.

L’impact sur la valorisation de la 3ème

Négatif Positif Très Positif

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licence (car création d’un nouvel acteur sur le marché de détail)

à condition d’avoir un portefeuille de services

attractifs (fourreaux, fibres noires,

capacité…) et une régulation incitant à

l’efficacité économique dans l’exploitation des

infrastructures

à condition d’avoir un portefeuille de services attractifs (fourreaux, fibres noires, capacité…) et une régulation incitant à l’efficacité économique dans l’exploitation des infrastructures ET une clause permettant au nouvel opérateur d’entrer dans le consortium dans des conditions économiques proches de celles des opérateurs déjà existants

L’impact sur l’intensité de la régulation

Négatif Besoin fort en régulation lié au : Risque fort de subventions croisées à traiter Risque fort de discrimination entre ses activités de détail et les autres clients du réseau (opérateurs, fournisseurs) à traiter

Très Positif Besoin faible en régulation Risque réduit de subventions croisées Risque réduit de discrimination entre clients du réseau (opérateurs, fournisseurs)

Positif Besoin modéré en régulation Risque réduit de subventions croisées Risque fort de discrimination entre actionnaires du réseau et clients du réseau (opérateurs, fournisseurs) à traiter

La propension du secteur privé à utiliser effectivement le réseau backbone

Très Négatif

En raison de l’image traditionnelle de l’opérateur public (non privatisé) dans la sous-région

Positif A condition d’impliquer les opérateurs du secteur privé dans la définition du portefeuille de service et de proposer une tarification raisonnablement orientée vers les coûts

Très Positif En raison de l’implication maximale des opérateurs du secteur privé

Les coûts de Négatif Positif Très Négatif

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transaction de mise en place du modèle

Nécessité de mettre en place un opérateur « complet » avec toutes les fonctions et compétences clefs pour être actif sur les marchés de gros et de détail

A condition d’éviter

l’absence de synchronisation entre la

construction des réseaux et la

maintenance de ces derniers : la décision sur l’exploitation doit être prise AVANT la recette

technique de la construction du réseau

La mise en place d’une structure de type PPP reste un processus complexe (d’autant plus que les opérateurs de la sous-région n’ont généralement pas la culture du partage d’infrastructure).

Source : Banque Mondiale, ICT Sector Unit

3.3 Synthèse et recommandations

L’analyse comparative indique que le modèle de type société nationale du haut débit paraît relativement peu approprié aux conditions spécifiques du backbone national malien. Si le modèle de type consortium/partage d’infrastructure présente plus d’avantages que le modèle de type opérateur d’opérateurs par rapport aux différents objectifs susceptibles d’être poursuivis au Mali, il dépend fondamentalement de la disponibilité des acteurs du secteur privé à s’engager effectivement dans une démarche de Partenariat Public Privé. Dans tous les cas, il est nécessaire d’éviter toute désynchronisation entre la réalisation des backbone nationaux et a/ leur recette technique, b/ les aspects relatifs à leur maintenance et leur exploitation, c/ le développement d’offres commerciales adaptées aux opérateurs et fournisseurs privés pour qu’ils utilisent effectivement l’infrastructure. Enfin, les investissements publics doivent veiller à ce que le coût de construction des infrastructures fibres optiques (exprimé en US$ par kilomètre) soit conforme aux meilleures pratiques de la sous-région.

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Figure 28: Synthèse de l’analyse comparative des modèles de gestion génériques dans le contexte spécifique du Mali

modèle de type société nationale du haut débit

modèle de type opérateur d’opérateurs

modèle de type consortium/partage

d’infrastructure Exemple du Kenya Exemple du Rwanda Exemple du Burundi

La cohérence avec les objectifs-clefs pour le secteur établis au niveau sous-régional

Edification d’un secteur respectivement national et régional des TIC qui soit efficace, stable et concurrentiel

Très Négatif

Négatif Très Positif

Fourniture de services abordables, largement diffusés et de première qualité

Très Positif

Très Positif

Très Positif

Attraction de l’investissement dans le secteur

Positif

Positif

Très Positif

L’impact sur la valorisation de la 3ème licence

Négatif

Positif

Très Positif

L’impact sur l’intensité de la régulation

Négatif

Très Positif

Positif

La propension du secteur privé à utiliser effectivement le réseau backbone

Très Négatif Positif Très Positif

Les coûts de transaction de mise en place du modèle

Négatif

Positif

Très Négatif

Source : Banque Mondiale, ICT Sector Unit

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4 Bibliographie

FEKETE, Rémy, BOURJOLAY, Céline, PPP in telecommunications projects : a win win, working paper, Gide Loyrette Nouel SOFRECO, Etude sur le Programme de Développement des Infrastructures en Afrique (PIDA), Rapport de la Phase I (PROVISOIRE), Mars 2011 UbuntuNet Alliance, Overview of Fibre Infrastructure Opportunities in the UbuntuNet Region, Avril 2009. WILLIAMS, Mark D. J., Broadband for Africa: Developing Backbone Communications Networks, The World Bank, Infodev, 2010. World Bank Group - Global Information and Communication Technologies Department (GICT), Policy Division (CITPO), PROMOTING TELECOMMUNICATION BACKBONE DEVELOPMENT IN AFRICA: Global Lessons & Business Strategies, June 2005 Final Report on WAPP Broadband Opportunity, June 29, 2008.

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5 Annexe 1: cadre réglementaire pour le financement public des réseaux de télécommunications à haut et très haut débit en France

5.1 Le cadre réglementaire français

La disponibilité de réseaux de communication performants est un facteur essentiel de la compétitivité des entreprises et permet de garantir l’accès du plus grand nombre aux services innovants de la société numérique. Un aménagement numérique du territoire, équilibré et solidaire, est donc un objectif de politique publique majeur. « La prise en compte de l’intérêt de l’ensemble des territoires » fait ainsi naturellement partie des objectifs fixés à l’Autorité de Régulation ARCEP par le législateur (article L. 32-1 du code des postes et des communications électroniques), à côté de l’exercice d’une concurrence au bénéfice du consommateur et du développement économique et de l’emploi. Ces différents objectifs ne sont pas contradictoires, mais au contraire complémentaires dès lors qu’ils sont bien combinés. Ainsi, le régulateur français ARCEP est juridiquement, institutionnellement et fonctionnellement armé pour répondre de façon coordonnée à ces enjeux et veille à tenir le plus grand compte de ces trois objectifs dans son action et dans ses décisions.43 Pour compléter la dynamique des acteurs économiques, le Parlement français a prévu en 2004 la possibilité pour les collectivités territoriales de devenir opérateur et d’apporter, sous certaines conditions, des subventions au secteur. Celles-ci disposent ainsi d’une compétence générale pour intervenir comme opérateurs de communications électroniques, grâce à l’article L. 1425-1 du code général des collectivités territoriales (CGCT) 44, en respectant les règles concurrentielles.

Elles injectent une subvention sur le marché de détail avec, comme objectifs, le maillage et une meilleure couverture du territoire par les opérateurs.

Ensuite, elles interviennent sur le marché de gros avec une obligation de non discrimination entre les opérateurs de détail.

Enfin, elles agissent aussi souvent comme autorité délégante, et veillent à ce titre que l’opérateur délégataire respecte l’ensemble des objectifs prévus par le contrat (qui a jusqu’à présent pris majoritairement la forme de délégations de service public – DSP-).

Les collectivités territoriales et le régulateur sont ainsi en situation de favoriser ensemble la combinaison d’une concurrence loyale entre les différents acteurs économiques et de l’aménagement du territoire. C’est la raison pour laquelle, dès 2004, l’Autorité a mis en place un Comité des réseaux d’initiative publique (CRIP), lieu de dialogue entre collectivités et opérateurs, pour permettre, par la mise en œuvre coordonnée de l’article L. 1425-1 du CGCT, la coexistence des objectifs de concurrence et d’aménagement du territoire sur le marché du haut débit. Depuis octobre 2009, le Comité a tout naturellement étendu son champ d’intervention au mobile et a pris la dénomination de groupe de liaison entre l’ARCEP, les collectivités territoriales et les opérateurs (GRACO).

43 Les Cahiers de l’ARCEP, n°1, janvier - février - mars 2010

(http://www.arcep.fr/uploads/tx_gspublication/Cahiers_ARCEP_01_hd.pdf)

44 Issu de l’article 50 de la Loi n°2004-575 du 21 juin 2004 dite Loi pour la confiance dans l’Économie Numérique.

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5.2 Le cadre réglementaire européen

En 2009, la Commission européenne a adopté ses lignes directrices45 sur l’application des règles sur les aides d'État au déploiement rapide des réseaux de télécommunications à haut débit, essentiellement au niveau des réseaux d’accès.46 Ce document, d’une part, précise la définition des aides d’état et détaille toutes les règles et conditions à respecter lorsqu’elles sont octroyées pour le déploiement d'infrastructures à haut débit, et d’autre part, précise les conditions dans lesquelles une intervention des pouvoirs publics ne constituerait pas une aide d'Etat Le principal objectif des lignes directrices est d'encourager un déploiement généralisé et rapide des réseaux à haut débit notamment sur les zones où les opérateurs privés n'ont aucun projet d'investissement tout en préservant, dans le même temps, la dynamique du marché et la concurrence dans un secteur totalement libéralisé En vertu de l'article 87, paragraphe 1, du traité instituant la Communauté européenne, une mesure ne peut être considérée comme une aide d’État que si toutes les conditions cumulatives suivantes sont réunies :

a) la mesure doit être financée au moyen de ressources d’État soit directement (par exemple, subventions, de déductions fiscales ou autres types de conditions financières préférentielles) soit indirectement (par exemple prise de participation ou apports de capitaux).

b) elle doit apporter un avantage économique aux entreprises : par exemple, en soutenant la construction, l'exploitation et la fourniture d'un accès à une infrastructure de haut débit.

c) l’avantage doit être sélectif et fausser ou menacer de fausser la concurrence : par exemple, si le soutien financier pourrait permettre au soumissionnaire retenu – même à l’issue d’un appel d’offres ouvert - de mener une activité commerciale dans des conditions qu'il n'aurait pas autrement pu trouver sur le marché sans qu’il en fasse bénéficier des opérateurs tiers à travers un accès en gros à l'infrastructure ainsi construite.

d) elle doit affecter les échanges intracommunautaires.

Un accès abordable et général au haut débit est d'une importance capitale puisqu'il peut accélérer la contribution de cette technologie à la croissance et à l'innovation dans tous les secteurs de l'économie, et à la cohésion sociale et territoriale. Dans la plupart des cas, les aides d'État sont donc accordées par des autorités locales ou régionales en invoquant une défaillance du marché ou un objectif de cohésion nationale tel qu’éviter la fracture numérique dans le pays.47

45 Communication de la Commission, Lignes directrices communautaires pour l'application des règles relatives aux aides

d'État dans le cadre du déploiement rapide des réseaux de communication à haut débit (2009/C 235/04)

46 En Europe, les aides d’Etat ont essentiellement porté sur les réseaux d’accès, car les réseaux backbone ont été construits par

les opérateurs privés dans le cadre d’une concurrence en infrastructure (« Infrastructure-based competition »).

47 Les technologies de l'information et de la communication (TIC) sont devenues, au cours de la dernière décennie, accessibles

et abordables pour le grand public. L'expression «fracture numérique» est généralement utilisée pour désigner le fossé qui

sépare les individus et les localités qui ont accès aux technologies de l'information de ceux qui en sont privés. Même si ce

fossé peut s'expliquer de plusieurs manières, l'absence d'infrastructure à haut débit adaptée en est la cause la plus importante.

Au niveau de la dimension régionale, le degré d'urbanisation est un facteur important de l'accès aux TIC et de leur

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Alors que pour les réseaux haut débit classiques (utilisant l’infrastructure cuivre), les interventions financières publiques concernaient principalement des zones rurales (faible densité de population, coûts d'investissement élevés) ou des zones en retard de développement économique (faible capacité de paiement des services), les conditions économiques des réseaux très haut ou ultra haut débit (utilisant l’infrastructure fibres optiques) appelés couramment « Next Generation Access » – NGA - sont réputées dissuader les investisseurs non seulement dans les zones rurales mais aussi dans certaines zones urbaines. Les autorités publiques peuvent soit investir elles-mêmes, soit apporter un soutien financier aux opérateurs privés de manière à ce que les possibilités offertes par les réseaux haut débit dans le domaine de l'emploi et d'autres volets économiques puissent être exploités aussi vite que possible dans les zones considérées. Dans les deux cas, elles sont susceptibles de constituer une aide d'État au sens de l'article 87, paragraphe 1, du traité CE, et doivent être notifiées à la Commission qui examine leur compatibilité avec le marché commun.48 L’objectif du contrôle des aides d'État dans le domaine du haut débit est de s'assurer que les mesures d'aide publique conduiront à une plus large couverture et à une plus grande pénétration du haut débit, ou à un rythme plus soutenu, que cela ne serait le cas sans aide, et de veiller à ce que les effets positifs de l'aide compensent ses effets négatifs en termes de distorsion de la concurrence. Cette compatibilité est appréciée en déterminant d’abord la nature de la concurrence en infrastructure fibres optiques dans les zones où les autorités locales ou régionales prennent des mesures qui soutiennent le déploiement des réseaux NGA (zones noires, zones blanches, zones grises), puis en mettant en balance d'une part, les effets positifs de la mesure d'aide pour atteindre un objectif d'intérêt commun – l’accès abordable et général au haut débit - et, d'autre part, ses effets potentiellement négatifs, tels qu’un effet (i) d'éviction sur les investisseurs existants ou (ii) de distorsion de la concurrence.

i. Les zones noires, lorsque plusieurs réseaux existent dans la zone ou y seront déployés dans les trois années à venir par des investisseurs privés.

Dans les zones noires, l'intervention publique n'est pas nécessaire : la Commission considérera que le soutien à un réseau NGA supplémentaire concurrent par un financement public est de nature à créer de graves distorsions de la concurrence et un risque d’éviction des investisseurs privés et est incompatible avec les règles en matière d'aides d'État. La Commission rappelle que, dans ces zones, les pouvoirs publics peuvent décider d'adopter une série de mesures autres que des aides d’états visant à accélérer le cycle d'investissement et à encourager ainsi les investisseurs à présenter leurs plans d'investissement. Étant donné que le génie civil constitue une large part des coûts de déploiement des réseaux en fibre optique (terrassement, pose de câbles, câblage à l'intérieur des bâtiments, etc.), les États membres peuvent décider, conformément au cadre réglementaire de la Communauté concernant les communications électroniques, par exemple, de faciliter le processus d'acquisition de droits de

utilisation. La pénétration d'Internet reste ainsi beaucoup plus faible dans les zones faiblement peuplées que dans le reste de

l'Union européenne.

48 Ceci est sans préjudice de l’application éventuelle des lignes directrices concernant les aides d'État à finalité régionale.

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passage, d'exiger que les opérateurs de réseaux coordonnent leurs travaux de génie civil et/ou partagent leur infrastructure. De même, les autorités publiques peuvent décider d'entreprendre certains travaux de génie civil (comme le terrassement du domaine public, la construction de fourreaux) afin de permettre et d'accélérer le déploiement de leurs propres éléments de réseau par les opérateurs concernés ; toutefois, ces travaux de génie civil ne devraient pas être propres à l'industrie ou au secteur, mais être, en principe, ouverts à tous les utilisateurs potentiels et pas seulement aux opérateurs de communications électroniques (c'est-à-dire également aux services d'électricité, de gaz, d'eau, etc.).

ii. Les zones grises, si un seul réseau est présent ou sera déployé dans les trois années à venir et si

aucun autre opérateur privé ne projette le déploiement d'un réseau dans les trois années à venir en tenant compte de toute mesure réglementaire ou législative existante qui aurait pu réduire les obstacles au déploiement de ces réseaux (accès aux fourreaux, partage d'infrastructure, etc.).

Afin d'apprécier le caractère proportionné des mesures qui lui sont notifiées dans les zones «grises» (mais aussi « blanches »), la Commission a épinglé, grâce à sa pratique décisionnelle, un certain nombre de conditions nécessaires pour limiter l'aide d'État en jeu et ses effets potentiels de distorsion de la concurrence. Une évaluation approfondie sera nécessaire en cas de défaut de l'une quelconque des conditions suivantes énumérées aux points a) à h), défaut qui entraînera le plus souvent une conclusion négative quant à la compatibilité de l'aide avec le marché commun.

a) Carte détaillée et analyse de la couverture — analyse du marché: les États Membres devraient identifier clairement les zones géographiques qui seront couvertes par la mesure d'aide en question. En réalisant en parallèle une analyse des conditions de concurrence et de la structure concurrentielle prévalant dans la zone en question et en consultant toutes les parties prenantes affectées par la mesure, les États membres, d'une part, limitent les effets de distorsion de la concurrence avec des fournisseurs existants et avec ceux qui possèdent déjà des projets d'investissement dans un avenir proche, et, d'autre part, permettent à ces investisseurs de planifier leurs activités. L'élaboration d'une carte détaillée et la consultation sérieuse des parties prenantes garantissent non seulement un niveau élevé de transparence, mais constituent aussi un outil essentiel pour définir les zones «blanches», «grises» et «noires» existantes.

b) Procédure d'appel d'offres ouvert: cette méthode permet de garantir la transparence à tous les investisseurs qui souhaitent présenter une offre pour la réalisation du projet subventionné. Dans un appel d'offres ouvert, il est indispensable de traiter tous les soumissionnaires de manière équitable et non discriminatoire. Cette procédure permet de limiter l'avantage potentiel que représente une aide d'État et, en même temps, de réduire le caractère sélectif de l'aide dans la mesure où le choix du bénéficiaire n'est pas connu à l'avance.

c) Offre économiquement la plus avantageuse: dans une procédure d'appel d'offres ouvert, on attribue en principe au soumissionnaire qui demande le moins de subventions des points de priorité supérieurs lors de l'appréciation générale de son offre, afin de diminuer le montant de l'aide à octroyer, tout en restant dans des conditions de qualité similaires. Ce faisant, l'État membre est en mesure de

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répercuter le poids de l'aide réellement nécessaire sur le marché et de réduire ainsi l'asymétrie de l'information qui avantage en général les investisseurs privés.

d) Neutralité technologique: comme les services haut débit peuvent être fournis à partir d'une infrastructure de réseau hôte utilisant une technologie filaire (xDSL, câble), sans fil (Wi-Fi, WiMAX), satellite ou mobile, les États membres ne devraient pas favoriser une technologie ou une plateforme de réseau particulière, à moins d'être en mesure de justifier objectivement leur choix. Les soumissionnaires devraient être autorisés à proposer les services haut débit requis en utilisant ou en combinant la technologie qu'ils jugent la plus appropriée

e) Utilisation de l'infrastructure existante: dans toute la mesure du possible, les États membres encouragent les soumissionnaires à avoir recours à une infrastructure existante disponible afin d'éviter tout double emploi inutile et coûteux des ressources. Dans le but d'essayer de limiter l'impact économique sur les opérateurs de réseaux existants, ces derniers devraient pouvoir mettre leur infrastructure à la disposition du projet notifié. Mais, en même temps, il ne faudrait pas que ce principe favorise les opérateurs historiques, surtout dans les cas où les tiers n'ont pas accès à cette infrastructure ou aux ressources nécessaires pour concurrencer un opérateur en place. De la même manière, dans le cas des «zones grises», s'il est démontré que la dépendance vis-à-vis de l'opérateur historique est un élément du problème, il peut être nécessaire de prévoir la possibilité d'une concurrence davantage fondée sur les infrastructures.

f) Accès en gros: imposer l'accès effectif en gros de tiers à une infrastructure haut débit subventionnée est un élément obligatoire de toute mesure d'aide publique au financement de la construction d'une nouvelle infrastructure haut débit. L'accès en gros permet, en particulier, à des opérateurs tiers de concurrencer le soumissionnaire retenu (si ce dernier est aussi présent sur le marché de détail), et de renforcer le choix et la concurrence dans les régions concernées par la mesure d'aide tout en évitant en même temps la création de monopoles régionaux de fourniture de services. Les obligations d’accès en gros pour les réseau NGA, fixées en consultation avec les Autorités de Régulation Nationales, comprendront notamment le droit d’utiliser les fourreaux, les fibres noires ou les armoires de rue afin de permettre aux opérateurs tiers d’avoir accès à l’infrastructure passive et pas seulement à l’infrastructure active. L'accès effectif en gros à une infrastructure subventionnée devrait être offert pendant une période minimum de sept ans. Si à l'issue de la période de sept ans l'opérateur de l'infrastructure en question est désigné par l'ARN, en vertu du cadre réglementaire applicable, comme disposant d'une puissance significative sur le marché spécifique concerné, l'obligation d'accès devrait être étendue en conséquence.

g) Analyse comparative des prix: afin d'assurer un accès en gros effectif et de réduire les possibilités de distorsion de la concurrence, il est essentiel d'obtenir du soumissionnaire retenu qu'il ne pratique pas des pris de gros excessifs, ou, inversement, des prix d'éviction ou des prix écrasés. Les prix de l'accès en gros devraient être basés sur le tarif officiel (réglementé) qui est appliqué dans d'autres zones comparables, plus compétitives du pays ou de la Communauté, ou, à défaut d'un tarif officiel, sur les prix déjà fixés ou approuvés par l'ARN pour les marchés et services concernés. Ainsi, lorsqu'une réglementation ex ante est déjà en place (dans une zone grise, p. ex.), les prix de gros pour l'accès à une infrastructure

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subventionnée ne devraient pas être inférieurs aux prix d'accès fixés par l'ARN pour cette même zone. L'analyse comparative représente un garde-fou important puisqu'elle permet à l'État membre de ne pas devoir fixer à l'avance des prix de gros ou de détail pour l'accès à l'infrastructure, et de s'assurer que la subvention accordée servira à reproduire les conditions qui prévalent sur d'autres marchés compétitifs du haut débit. Le dossier d'appel d'offres devrait clairement mentionner ce critère d'analyse comparative.

h) Mécanisme de récupération pour éviter la surcompensation: dans le contrat à conclure avec le soumissionnaire retenu, les États membres devraient inclure un mécanisme de remboursement afin de garantir que le soumissionnaire ne bénéficie pas d'une surcompensation si la demande de services haut débit dans la zone visée dépasse les niveaux escomptés. L'instauration d'un tel mécanisme peut réduire a posteriori et rétroactivement le montant de l'aide initialement jugée nécessaire.

iii. les zones blanches, où de tels réseaux n'existent pas actuellement et où ils ne sont pas

susceptibles d'être construits par des investisseurs privés (car non rentables) ni d'être totalement opérationnels dans un avenir proche (i.e. à un horizon de 3 ans).

Dans les zones blanches, l'intervention publique est possible : la Commission considérera le soutien au déploiement de réseaux NGA dans les zones mal desservies comme compatible avec les règles en matière d'aides d'État puisqu'il favorise la cohésion sociale, territoriale et économique, et s'attaque aux défaillances du marché.

Si les autorités publiques décident de financer directement la réalisation d’une infrastructure à haut débit, les lignes directrices précisent par ailleurs les conditions dans lesquelles cette forme d'intervention ne constituerait pas une aide d'Etat : lorsqu'elle devrait être considérée comme un investissement à conditions de marché49 ou bien comme la rémunération pour la prestation d'un "service d'intérêt économique général" ("SIEG") au sens de l'article 86, paragraphe 2, du traité CE. Selon la jurisprudence de la Cour, il suffit que quatre conditions (communément appelées: critères Altmark) soient réunies pour que le financement public de l'exécution d'un SIEG ne soit pas considéré comme une aide d’Etat:

a) le bénéficiaire d'un mécanisme de financement d'un SIEG par l'État doit être formellement investi de l'exécution d'un SIEG dont les obligations doivent être clairement définies,

b) les paramètres sur la base desquels sera calculée la compensation doivent être préalablement établis de façon objective et transparente, afin d'éviter qu'elle comporte un avantage économique susceptible de favoriser l'entreprise bénéficiaire par rapport à des entreprises concurrentes;

c) la compensation ne peut dépasser ce qui est nécessaire pour couvrir tout ou partie des coûts occasionnés par l'exécution du SIEG en tenant compte des recettes y relatives ainsi que d'un bénéfice raisonnable lié à l'exécution de ces obligations et

49 C’est le principe de l'investisseur privé en économie de marché. La conformité d'un investissement public aux conditions du

marché doit être démontrée de manière exhaustive, soit en prouvant la participation importante d'investisseurs privés, soit à

l'aide d'un plan d'entreprise efficient démontrant un retour sur investissement approprié du point de vue d’un investisseur

privé. Lorsque des investisseurs privés prennent part au projet, ils doivent absolument assumer le risque commercial lié à

l'investissement dans des conditions et selon des modalités identiques à celles s'appliquant à l'investisseur public.

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d) lorsque le choix du bénéficiaire n'est pas effectué dans le cadre d'une procédure de marché public, le niveau de la compensation nécessaire doit être déterminé sur la base d'une analyse des coûts qu'une entreprise moyenne, bien gérée, aurait encourus pour exécuter ces obligations en tenant compte des recettes y relatives ainsi que d'un bénéfice raisonnable.