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BURKINA FASO Unité-Progrès-Justice MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET DE L'INNOVATION UNIVERSITE POLYTECHNIQUE DE BOBO-DIOULASSO INSTITUT DU DEVELOPPEMENT RURAL Mémoire de fin de cycle En vue de l'obtention du Diplôme d'Ingénieur du Développement Rural Thème: k Analyse des systèmes de production de l'igname dans la commune rurale de Midebdo/province du Noumbiel/région du sud-ouest, Burkina Faso. Présenté par DOLI Sami Jacques Maître de stage: Dr Hyacinthe KAMBIRE Directeur de Mémoire: M. Bégué DAO N° : ./ Agronomie Mars 2016

Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

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Page 1: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

BURKINA FASO Unité-Progrès-Justice

MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS SUPERIEU~ DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET DE L'INNOVATION

UNIVERSITE POLYTECHNIQUE DE BOBO-DIOULASSO

INSTITUT DU DEVELOPPEMENT RURAL

Mémoire de fin de cycle En vue de l'obtention du

Diplôme d'Ingénieur du Développement Rural

Thème: k

~ Analyse des systèmes de production de l'igname dans la

commune rurale de Midebdo/province du Noumbiel/région du

sud-ouest, Burkina Faso.

Présenté par DOLI Sami Jacques

Maître de stage: Dr Hyacinthe KAMBIRE Directeur de Mémoire: M. Bégué DAO

N° : ./Agronomie Mars 2016

Page 2: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

TABLE DES MATIERES

()EDICA('I~ IV

REMERCII~MENTS V

SIGLES ET ABREVIATIONS vii

LISTE DES TABLEAUX viii

LISTE DES FIGURES viii

LISTE DES PHOTOS ix

RESUME x

ABSTRACT xi

INTRODUCTION 1

PREMIERE PARTIE: REVUE BIBLIOGRAPHIQUE 3

CHAPITRE] : GENERALITES SUR L'IGNAME 4

].1. Filière igname dans ]e monde 4

].] .1. Production de l'igname 4

].] .2. Etat de la recherche sur l'igname en Afrique de l'Ouest et au Burkina Faso 6

] .2. Filière igname au Burkina Faso 8

].3. Botanique et écologie 9

].3.]. Botanique 9

].3.2. Ecologie ]0

] .4. Mode de culture ] ]

] A.]. Sol II

] A.2. Plantation Il

] A.3. Entretien 12

lAA. Récolte 13

1.5. Stockage 13

1.6. Usages de l'igname ]3

1.7. Etat sanitaire de J'igname 14

CHAPITRE 2 : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE ]5

2.1. Situation géographique et administrative de la commune rurale de Midebdo 15

Page 3: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

2. J .1. Situation géographique 15

2. J .2. Situation administrative 16

2.2. Milieu physique ct naturel 16

2.2.1. Climat et précipitatiolls 16

2.2.2. Relief et sols 17

2.2.3. Hydrographie 17

2.2.4. Végétation et faune 17

2.2.5. Population et activités 18

DEUXIEME PARTlE: METHODOLOGlE, RESULTATS ET DISCUSSIONS 19

CHAPITRE 3 : MATERJEL ET METHODES 20

3.1. Matériel 20

3.1.1. Choix de la zone d'étude 20

3.2. Méthodologie 20

3.2.1. Choix des villages d 'étude 20

A- Village de Sinaperdouo 20

B- Village de Tiafandouo 21

C- Village de Dapladouo 21

3.2.2. Choix des producteurs 21

3.2.3. Collecte des données 22

3.2.4. Traitement et analyse des données 24

CHAPITRE 4 : RESULTATS ET DISCUSSIONS 25

4.1. Résultats 25

4.1.1. Caractéristiques socio-économiques 25

4.1.2. Nombre de personnes par exploitation et âge moyen des chefs d'exploitation 25

a. Nombre moyen de personnes par exploitation 25

b. Âge moyen des chefs d'exploitation 25

4.1.3. Assolement par village : 28

4.1.4. Systèmes de cultures 29

4.1.4.1. Association des cultures 29

Page 4: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

4.1.4.2. Rotation des cultures 30

4.1.5. Variétés et rendements 3 J

4.1.5.1. Flado (Dioscorea alala, igname à une rêcolte) 33

4.1.5.2. Pahinté (Dioscorea cayenensis. igname à deux récoltes) 34

4.1.5.3. Kponou (Dioscorea rotundala, igname précoce à deux récoltes) 35

4.1.6. Systèmes de production 36

4.1.6.1. Techniques de production 36

4.1.7. Système d'intensification de la production __ .__ 39

4.1.8. Coûts de production 39

4.1.9. Récolte et activités poste-récoltes 40

4.1.9.1. Récolte 40

4.1 .9.2. Stockage 41

4.1.9.3. Transformation et utilisation de l'igname 42

4.1.9.4. Commercialisation en frais de l'igname récoltée 43

4.2. Discussions 46

4.2.1. Analyses critiques 46

4.2.2. Contraintes au niveau des activités de production et des activités post-récoltes 47

4.2.3. Contraintes de commercialisation 48

4.2.4. Facteurs déterminant le rendement de l'igname 48

4.2.5. Importance de l'igname dans la commune de Midebdo 49

4.2.6. Conséquences de la production de l'igname sur l'environnement 50

4.2.7. Potentialités et avenir de la production de l'igname dans la commune rurale de Midebdo 50

CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES 52

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 55

ANNEXES A

ANNEXE 1 : Magasin de stockage d'igname à domicile dans le village de Sinaperdouo (vue interne et

externe.) B

ANNEXE 2 : Fiche d'enquête de caractérisation des exploitations d'igname C

ANNEXE 3 : Liste des producteurs enquêtés .1

iii

Page 5: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

DEDICACE

A mon père DOU Gnéképété Albert dont J'ardeur et l'amour pour Je travail de la

terre m'ont toujours donné le désir d'apporter ma contribution au développement du

monde rural.

A ma mère TIOYE Kiragnonè qui est mon tout, qui m'a tout donné et dont le cœur

continue à battre au rythme de mes angoisses.

A mon grand frère DOLI Bakomi qui m'a permis, grâce à son soutien multiforme, de

supporter mes études et qui ne souhaite que ma réussite.

A mes frères et sœurs pour leur amour familial.

A la grande famille DOLI et TIOYE.

A tous, je vous dédie ce Mémoire.

iv

Page 6: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

REMEnCIEMENTS

Le présent mémoire est le résultat de dix mois de recherches intensives. Il n'aurait sans

doute jamais existé sous sa forme actuelle sans l'aide et la coopération active de plusieurs

personnes. Au moment où je mets fin à ce stagc, il sera manifestement ingrat de passer sous

silence toutes ces personnes qui, d'une manière ou d'autre ont contribué à la réussite de ce

travail. Alors, nous tenons à leur exprimer ici notre profonde gratitude. Cette gratitude

s'adresse d'abord à tous les enseignants de l'IDR pour la qualité de leur formation. Ensuite,

il s'agit particulièrement de :

Monsieur KAMBIRE S. Hyacinthe, chercheur au programme GRN/SP de l'ouest,

notre maître de stage pour la proposition du thème et pour toute l'énergie dépensée

pour que ce travail se réalise. Je voudrais qu'il trouve ici ma profonde gratitude et

reconnaissance pour avoir mis à notre disposition tous les moyens matériels pour

faciliter notre travail. Je ne saurai terminer mes propos sans lui adresser mes vifs

remerciements pour sa grande disponibilité et pour ses remarques toujours

constructives.

Monsieur DAO Bégué, enseignant à l'lDR et chef du département d'Agronomie, pour

son encadrement scientifique et sa disponibilité tout au long du stage;

Monsieur LAMIZANA Issa, directeur du C.R.E.A.F de Kamboinsé pour avoir bien

voulu nous accepter dans la structure dont il a la charge;

Monsieur BOUGOUM Haroun, ingénieur agronome pour ses soutiens multiples et

ses conseils depuis mon arrivée à l'Université Polytechnique de Bobo-Dioulasso. Je ne

saurai lui dire Merci;

Direction provinciale de l'ANPE pour son soutien financier;

Messieurs SOMA B. Moussa et TRAORE Oumar respectivement chef ZAT et

Agent technique d'agriculture de Midebdo pour leur accueil durant toute la période de

stage;

Camarades de classe pour leurs soutiens et les moments forts conVIVIaux et

d'entraides passés ensemble;

Grande famille BOUGOUM et KABORE notamment BOUGOUM Issa et son

épouse KABORE Zénabo, ainsi que leurs fils et filles pour leur accueil, leur

solidarité et leur générosité envers moi à Bobo-Dioulasso. Merci et que Dieu vous

rende au centuple de vos bienfaits;

Tous mes amis qui n'ont cessés de m'encourager;

v

Page 7: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

Tous les braves paysans de la commune de Midebdo pour leur accueil, leur bonne

collaboration et leur courage dans les travaux champêtres.

Au-delà de tout, la réalisation de cette étude est rendue possible grâce à DIEU notre

Seigneur. Nous te sommes infiniment reconnaissants pour toute ta grâce envers nous, et

t'implorons toujours afin que nous soyons utiles à l'humanité.

vi

Page 8: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

SIGLES ET ABREVIATIONS

ACT: African Tillage Conservation Network

AI: Actifs d'Igname

AV: Actifs Vivriers

BF : Burkina Faso

CIRAD : Centre de Coopération International en Recherche Agronomique pour le

Développement

CTA : Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale

EPA : Enquête Permanente Agricole

FAO: Food and Agriculture Organisation (Organisation des Nations Unies pour

l'Alimentation et l'Agriculture)

GPI : Groupement des Producteurs d'Ignames

GTZ : Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit

IDR : Institut du Développement Rural

IIRR: International Institute of Rural Reconstruction

INRAB : Institut National des Recherches Agricoles du Bénin

PCDM: Plan Communal de Développement de Midebdo

PIB : Produit Intérieur Brut

PNSAN : Politique Nationale de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle

RGPH : Recensement Général des Populations et de l'Habitat

UPB : Université Polytechnique de Bobo-Dioulasso

YMV: Yam Mosaic Virus (Virus de la Mosaïque de l'Igname)

vii

Page 9: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

LISTE DES TABLEAUX

Tableau] : La classification botaniquc dc l'igname parmi les monocotylédones est la suivante: 10

Tableau 2. Exportation d'éléments minéraux par tonne de tubercules frais d'ignames ]2

Tableau 3 : Nombre moyen de personnes par exploitation dans chaque vi liage 25

Tableau 4 : Productions moyennes et superficies moyennes d'igname par village 32

LISTE DES FIGURES

Figure] : Localisation de la commune rurale de Midebdo 15

Figure 2 : Champ de mesures des dimensions parcellaires 23

Figure 3 : Répartition des chefs d'exploitation par classes d'âge à Sinaperdouo 26

Figure 4: Répartition des chefs d'exploitation par classes d'âge à Tiafandouo 27

Figure 5 : Répartition des chefs d'exploitation par classes d'âge à Dapladouo 28

Figure 6 : Proportions relatives en superficie des différentes cultures pratiquées dans les trois villages.

............................................................................................................................................................... 29

Figure 7 : Répartition mensuelle des travaux de production d'igname à M idebdo 43

viii

Page 10: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

LISTE DES PHOTOS

Photo J : Parcelle d'igname ell association avec le mil (Photo: J. DOLl,

Tiafandouo, BF, 2015) 30

Photo 2b : semcnceaux de Flado 33

Photo 2a : tubercule et tige de Flado 33

Photo 3b : semcnceaux de Pahinté 34

Photo 3a : Tubercule de Pahinté 34

Photo 4a : tubercule de Kponou 35

Photo 4b : semenceaux de Kponou 35

Photo 5: Buttes de l'igname: Buttes nouvellement confectionnées et paillées 37

Photo 6b : après plantation 38

Photo 6a: plantation de l'igname 38

Photo 7: récolte d'igname précoce 41

Photo 8a : stockage enterré à Sinaperdouo 42

Photo 8b : stockage sous ombrage d'arbre à Tiafandouo 42

Photo 8d : stockage sous paillote à Tiafandouo (vue interne) 42

Photo 8c : stockage sous paillote à Tiafandouo (vue externe) 42

Photo 9b: ignames achetées à Tiafandouo attendant d'être ramassées 45

Photo 9a: chargement d'igname achetée à Sinaperdouo 45

ix

Page 11: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

RESUME

L'accès à une alimentation saine ct en quantité suffisante pour les populations se pose avec

acuité au Burkina Faso. C'est pourquoi cette étude a été initiée dont l'objectif global est de

contribuer à améliorer les revenus des producteurs de la zone d'étude.

L'étude a été conduite dans la commune rurale de Midebdo (Burkina Faso, région du Sud­

ouest, province du Noumbiel). Elle a consisté à caractériser les systèmes de production à base

d'igname et à identifier les différentes variétés d'igname cultivées. Pour ce faire, une enquête

diagnostique a été conduite dans trois villages de la commune choisis selon leur accessibilité,

leur fOlie implication dans la production d'igname et leur caractéristique foncière. Ensuite,

des exploitations ont été périodiquement visitées afin d'observer les différentes étapes de

production d'igname. Au total, cinquante (50) producteurs ont été enquêtés dans la commune.

Les résultats ont révélé que 94 % des producteurs d'igname sont analphabètes. Dans la

pratique, l'igname ne se cultive pas de façon successive sur une même parcelle et se place

toujours en tête de rotation. Elle est toujours associée au mil. Les pesticides et fertilisants ne

sont pas utilisés. Les variétés utilisées sont des variétés traditionnelles dont le rendement

moyen, variant selon les caractéristiques pédologiques, est estimé à 9164,48 kg/ha. Ce

système de production traditionnel de l'igname contribue à la régression de la végétation

naturelle de la commune de Midebdo par suite de l'augmentation des zones d'emprise

agricole motivée par l'insertion de l'igname dans l'économie marchande.

La question de l'amélioration des systèmes de production de l'igname est au centre des

préoccupations des producteurs. La formation d'un groupement des producteurs d'igname, le

développement des infrastructures routière et marchande, la poursuite des recherches

scientifiques sur l'igname sont entre autres les mesures qui ont été proposées dans cette étude

pour améliorer les systèmes de production et la commercialisation de l'igname.

Mots clés: systèmes de production, igname, mil, variétés, Burkina Faso.

Page 12: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

ABSTRACT

The access for a hcalthy and su1licient quantity diet for thc populations arises with acutc in

Burkina Faso. That's why this study to improve local population 's incomes. The global

objective of that study is to analyze actual farmer dynamic in yam production systems and to

generate propositions to improve these production systems.

The study has been realized in the rural commune of Midebdo (Burkina Faso, south-west

region, Noumbiel). It has consisted to characterize the production systems at yam basis and

identify the different yam variety show cultivated. For that, a diagnostic investigation has

been realized in three villages of the commune chosen for their accessibility, their large

implication in the yam production and their land characteristic. After, farms have been visited

in arder to observe the different stages of yam production. ln sum, fi fty (50) farmers have

been investigated in the commune.

The results have showed 94 percent of yam farmers are illiterate. ln the practice, yam does

not cultivate successively on a same parcel of land and it is always placed in rotation head. 11

is always associate with millet. Pesticids and fertilizers are not used. Varieties used are

traditional varieties whose medium yield, changing with pedological characteristics, is

estimated at 9164, 48 kg/ha. This traditional production system of yam contravenes the

natural vegetation decline in the commune of Midebdo owing to the increasing of agricultural

influence areas motivated by the yam insertion in the market economic.

The question of the improving of yam production systems remains a central concern of the

producers. The formation of a yam producers group, the development of road and market

infrastructures, the continuation of scientific researches are among others the measures whom

have been proposed in that study in order to improve the production systems and the

marketing of the yam.

Key words: production systems, yam, millet, varieties, Burkina Faso.

xi

Page 13: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

INTRODUCTION

Pays sahélien et essentiellement agricole. le Burkina Faso reste confronté au dé1l permanent

d'assurer une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable à sa population. La production

agricole repose principalement sur les céréales pluviales qui occupent annuellement plus de

88 % des surfaces emblavées (PNSAN, 2013). Cependant, la forte croissance démographique

(3,1 %/an) observée ces dernières années a considérablement réduit les gains réalisés,

obligeant le pays à importer annuellement plus de 340 000 tonnes de céréales afin de couvrir

ses besoins de consommation alimentaire.

Par ailleurs, les enquêtes sur les conditions de vie des ménages régulièrement conduites

dans le pays font apparaitre qu'une grande proportion de la population, notamment rurale, est

pauvre et souffre d'insécurité alimentaire chronique. Au regard de l'ampleur de la crise, le

pays s'est résolument engagé à lutter contre ce phénomène à travers non seulement les

engagements pris lors des grands sommets internationaux (Sommet Mondial de

l'Alimentation en 1996, Sommet du Millénaire pour le développement en 2000, Déclaration

de Maputo en 2003, etc. ), mais aussi la mise en œuvre d'un certain nombre de politiques et

stratégies visant à réduire la pauvreté et, l'insécurité alimentaire et nutritionnelle des

populations burkinabè (PNSAN, 2013). Malgré ces efforts, force est de constater que la faim

et la malnutrition restent, de nos jours, persistantes au Burkina Faso.

Face à cette situation, il est impératif de passer à de nouvelles initiatives et pratiques

agricoles adaptées aux milieux agro-écologiques et socio-économiques des producteurs. Elles

doivent viser une production soutenue des exploitations afin de réduire l'insécurité

alimentaire tant au niveau des ménages ruraux que des villes. Une des alternatives prônée par

le gouvernement burkinabé depuis la crise alimentaire de 2008 qui a secoué le pays serait la

diversification des productions. Parmi les filières de diversification des productions, la filière

racines et tubercules, dont l'igname qui fait d'ailleurs l'objet de notre étude, fait partie. En

effet, les plantes à racines et tubercules sont des cultures particulièrement importantes dans la

lutte contre la pauvreté et l'amélioration des conditions de vie des ménages ruraux. Les

populations d'Afrique qui se nourrissaient des tubercules et en particulier de l'igname, ne

connaissaient pas de famine (IGUE, 1974 cité par HOUEDJISSIN et KOUDANDE, 2010).

Malheureusement, au Burkina Faso l'igname bénéficie très peu d'attention de la part de la

recherche scientifique qui a longtemps privilégié les cultures de rente, les céréales et les

légumineuses. Son système semencier est autogéré et auto-entretenu jusque-là par les

producteurs. De plus, la question des pratiques culturales se pose avec acuité.

1

Page 14: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

C'est fort de cette analyse que cette étude diagnostique: «Analyse des systèmes de

production de l'igname dans la commune rurale de Midehdo /provincc du

NoumbiellRégion du Sud-ouest, Burkina Faso)) a été initiée.

L'objectif global de cette étude est de contribuer à améliorer les revenus des producteurs

d'ignames de la zone d'étude.

Il s'agit plus spécifiquement de :

Caractériser les systèmes de production à base d'igname;

Identifier et décrire les différents itinéraires techniques appliqués à la culture de

l'igname;

Identifier les différentes variétés d'ignames cultivées,

Caractériser la vente de l'igname fraîche.

Le présent mémoire comporte deux grandes parties:

une première partie sur la revue bibliographique sur l'igname et sur la zone d'étude;

et une seconde partie sur la méthodologie, les résultats et discussions.

2

Page 15: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

1 PREMIERE PARTIE: REVUE BIBLIOGRAPHIQUE 1

3

Page 16: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

CHAPITRE 1 : GENERALITES SUR L'IGNAME

1.1. Filière igname dans le monde

1.1.1. Production de l'igname

L'igname est une plante répandue depuis longtemps en Afrique tropicale et équatoriale où

elle était la nourriture de base avant le manioc. Elle est connue dans presque toutes les régions

chaudes et humides du monde (ERNOULT, 1996). Elle est cultivée de façon extensive

principalement dans trois régions du monde notamment rAfrique occidentale, les caraïbes et

l'Asie du Sud-est (ASIEDU, 1991).

En 1998, la FAO indique une quantité totale d'environ 36 millions de tonnes, dont 34

millions récoltés en Afrique. Le Nigeria en produit à lui seul près de 25 millions de tonnes

(environ 70 % du total). On peut citer d'autres grands producteurs tels:

la Côte d'Ivoire, avec près de 3 millions de tonnes

le Ghana, avec 2,5 millions de tonnes

le Bénin, avec 1,5 million de tonnes et

le Togo, avec près de 700 000 tonnes.

La plus grande partie de la production africaine est destinée à la consommation locale. En

termes de rentabilité pour les paysans, les ignames viennent au deuxième rang après la

pomme de terre. Si les rendements peuvent aller jusqu'à 30 tonneslha dans les plantations

commerciales, les rendements moyens se situent autour de 9 tlha. La production est en

majorité le fait de petites exploitations paysannes visant à assurer leur propre subsistance

(GTZ, 2000). Les autres producteurs non africains sont principalement les Antilles qui est la

deuxième région productrice d'ignames du monde (ASIEDU, 1991). La Nouvelle- Guinée en

Papouasie, le Brésil, le Venezuela, la Chine et les Philippines produisent également de

l'igname en quantité non négligeable.

L'igname a une dynamique et un potentiel extraordinaires. Ainsi, entre 1961 et 1996, la

production mondiale a presque triplé. L'essentiel de cet accroissement provient d'Afrique et

s'explique, pour les trois quarts, par l'augmentation des surfaces.

Pendant les 40 dernières années, la production d'igname, la superficie allouée à sa culture

ainsi que son rendement ont progressé respectivement de 350%, 250% et 40% (STESSENS,

2002). De ceHe étude on constate que les superficies augmentent plus vite que les rendements.

Ce qui explique que l'igname est une culture consommatrice des ressources naturelles. De

plus, cette progression lente de rendements est liée à son mode de production. En effet, selon

BISSA et al. (2007), le mode de production de l'igname demeure extensif et quasi artisanal.

4

Page 17: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

STESSENS (2002) ajoute Llussi que malgré ce11e progression constante de la production, il

faut constater que l'igname reste une culture intensive en main d'œuvre, difficile à mécaniser

et avec une progression hiologique lente par rapport aux cultures concurrentes.

Sur le plan des échanges commerciaux, du fait de son volume important et de sa faihle

valeur marchande, l'igname est l'un des produits les moins échangés. Les échanges

internationaux restent, en effet, très faibles et concernent surtout les marchés ethniques

d'Europe de l'Ouest, d'Amérique du Nord et d'Océanie. Les principaux exportateurs sont le

Ghana, le Brésil, la Caraïbe, Fidji et Tonga (Mémento de l'agronome, 2002). Le produit est

destiné aux Africains, Caribéens et Latino-Américains vivants dans ces régions. En y

intégrant les sérieuses contraintes de stockage de l'igname, on comprend dès lors

l'engouement encore mitigé pour la culture de l'igname.

De plus, malgré son importance alimentaire, économique et culturelle pour des millions de

gens dans les grandes régions de production, l'igname a été pendant longtemps négligée lors

des prises de décisions concernant la recherche, la production et la commercialisation. Celles­

ci ont été axées jusqu'ici sur le manioc qui est la seule parmi les racines et tubercules à jouer

un certain rôle dans le commerce mondial. En réalité, les chiffres de production des quatre

dernières décennies mettent en évidence une tendance tout à fait opposée: si la production de

manioc en Afrique a augmenté d'un facteur de près de 3 depuis le début des années soixante,

celle des ignames a augmenté d'un facteur d'environ 4,5 (GTZ, 2000).

L'intérêt nouveau porté aux racines et tubercules s'explique par un changement de

paradigmes dans la politique de développement internationale, changement qui s'est exprimé

surtout lors de la conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement de

Rio de Janeiro, qui a eu lieu en 1992. Après une phase, qui a duré plus ou moins jusqu'au

début des années quatre-vingts, durant laquelle le travail était orienté sur des problèmes

d'ordre purement technique, les bénéficiaires et leurs besoins sont devenus le point de départ

de toute intervention dans le domaine du développement. De nos jours, avec les nouvelles

technologies sur le plan de l'agriculture, l'igname présente pourtant de nombreuses

opportunités de développement dans les pays en voie de développement. Sa productivité, sa

transformation, sa consommation et sa rentabilité offrent encore de grandes possibilités

d'amélioration.

Selon BRICAS et al. (2009) pour les principaux tubercules (manioc, igname et pomme de

terre), la hausse des rendements n'est perceptible qu'au cours des cinq dernières années

(entre 2005 et 2009) en lien avec le développement des circuits de commercialisation,

5

Page 18: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

notamment vers les zones de savane et Je Sahel pour la diversification de l'alimentation des

urbains.

1.1.2. Etat dc la recherche sur l'igname en Aft'iquc de l'Ouest ct au Burkina Faso

L'igname, de par son rôle prépondérant joué dans la sécurité alimentaire, les cérémonies

rituelles et l'amélioration du revenu des producteurs, passe pour une culture dont la promotion

s'avère nécessaire.

Dans les pays avancés dans la culture dc l'igname, les recherches sont de plus en plus

orientées sur ce tubercule. En effet, au Bénin par exemple le mode de production traditionnel

étant condamné par l'épuisement des ressources naturelles favorables (zones de jachères

longues arborées), il était donc urgent de développer avec les producteurs des alternatives

techniques adaptées aux petits producteurs permettant une production durable d'igname dans

le cadre de systèmes de production sédentarisés et déconnectés de la culture sur défriche­

brûlis. Ainsi, depuis peu, la recherche agronomique propose des systèmes utilisant des plantes

dites de services, restauratrices de la fertilité du sol par exemple, dans des rotations ou des

associations à base d'igname. Des alternatives aux systèmes de culture sur jachères de longue

durée commencent à voir le jour. Les jachères améliorées de Mucuna pruriens et les

techniques d'agroforesterie, comme l'utilisation de légumineuses arbustives pour la culture en

couloir et le tuteurage vivant (DOPPLER et FLOQUET, 1999), ont montré des résultats

encourageants. Aussi, des projets sur l'intensification durable de la production d'igname de

qualité ont vu le jour.

De ces projets, deux systèmes de culture offrant des solutions techniques durables semblent

émergés. Il s'agit de la jachère améliorée à Aeschynomene histrix, développée au Centre

Bénin par l'INRAB et le semis direct sur couverture végétale de Pueraria phaseoloides,

développé au Bénin par le CIRAD en partenariat avec l'INRAB. Dans les deux cas, la

possibilité d'un tuteurage de l'igname avec le Gliricidia sepium est envisagée.

D'autres projets ont pris l'option de développement de l'igname. L'option « développement })

revendiquée par ces projets est insuffisante pour comprendre les mécanismes d'élaboration

du rendement de l'igname. Or, si la problématique de sédentarisation de la culture est

commune à la sous-région de l'Afrique de l'Ouest, les solutions techniques à apporter sont

susceptibles de varier selon les conditions locales. Ainsi, que ce soit en cours d'élaboration ou

au moment de diffuser et d'adapter les solutions techniques identifiées, certaines questions

liées au manque de connaissance sur la plante se posent de manière récurrente. Le premier

type de questionnement scientifique concerne la compréhension du fonctionnement de la

6

Page 19: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

culture d'igname en général et de certains facteurs en particulier notamment l'influence de la

nutrition minérale sur ]'élahoration du rendement reste encorc mal connue (HOUED.JJSSJN

et KOUDANDE, 2010). De plus, le ou les rôles de la matière organique, souvent mis en

avant pour expliquer la nécessité de recourir aux jachères longues, restent aussi à préciser.

L'étude de CORNET (2005) cité par HOUEDJISSIN et KOUDANDE (2010) a permis de

souligner les limites de l'approche expérimentale, notamment concernant la fertilisation

minérale, et la nécessité de les contourner par des expérimentations plus mécanistes qui

permettront, à moyen terme, de mieux comprendre la plante et sa culture. L'intérêt est

d'apporter une vision dynamique et quantitative de l'action combinée de différents facteurs du

milieu sur le fonctionnement d'ensemble de la culture.

Outre la production, l'igname connaît depuis quelques années un regain d'intérêt tant de la

part de la recherche que des opérateurs économiques. Au Nigeria, au Bénin et au Togo, le

développement spectaculaire d'une nouvelle filière d'approvisionnement des villes en

cossettes séchées ouvre des perspectives pour valoriser ce tubercule. Cette évolution montre

que l'igname est en train de gagner le pari de l'adaptation de l'offre en produits vivriers

locaux aux nouvelles exigences des marchés urbains (Bulletin du réseau TPA, décembre

2000, numéro 18). Le diagnostic de cette nouvelle filière des cossettes, réalisé par le Cirad et

ses partenaires, a montré qu'elle présente de nombreux intérêts comparée à la filière des

tubercules frais.

Au Burkina Faso, cette nouvelle filière de cossettes d'ignames a fait l'objet d'un voyage

d'étude des producteurs burkinabé de Léo auprès de ceux béninois. Les formations ont été

l'occasion d'essayer des adaptations par rapport à ce qui avait été appris au Bénin. Dans les

techniques culturales, seul un agrandissement des buttes a été noté. Les producteurs ont mis

en avant l'avantage de cette option pour la rétention de l'eau entre les pieds d'igname. Pour la

transformation, des techniques de transformation d'ignames en cossettes ont été bien

maîtrisées par les producteurs burkinabés. Des produits à base d'igname transformée (Farines

ou semoules d'igname) fabriqués par des petites entreprises locales commencent à voire le

jour au Burkina Faso. Si la contribution de ces entreprises à la consommation d'igname en

ville est encore faible, ces initiatives prouvent que l'on peut transformer l'igname pour un

marché habitué aux produits industriels. Eu égard à l'importance de l'igname pour

l'alimentation des populations rurales et urbaines, la promotion de sa production et des

opérations d'après-récolte peut contribuer substantiellement à l'amélioration de la sécurité et à

l'autosuffisance alimentaires.

7

Page 20: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

1.2. Filière igname au Burkina Faso

Au Burkina 1"aso, on compte (07) sept principales plantes cl racines et tubercules (igname,

patate, taro, Ülbirama. gingembre, manioc et le souchet) cultivées et réparties de façon

hétérogène dans les (13) treize régions que compte le pays. La production varie d'une région à

une autre en Jèmction des prédispositions agro-climatiques, économiques et socioculturelles

(ZIGANI, 2009). Aussi, en plus de ces sept principales plantes à racines et tubercules il faut

noter la culture de la pomme de terre arrivée avec le développement des cultures maraîchères.

L'assolement de l'igname par région montre que sur les 13 régions du pays, seulement 7

régions cultivent de l'igname. La région du Sud-ouest prend la première place avec 40,35%

de la superficie totale d'igname. Elle est suivie de loin par la région des Cascades avec

27,70% et de la région du Centre-Ouest avec 22,53%. Au niveau provincial, la culture de

l'igname est observée dans 12 provinces au cours de la campagne 2007-2008. La plus grande

superficie couverte par la culture de l'igname est détenue par la province de la Sissili avec

679 ha soit 22,49% de la superficie totale d'igname. Viennent ensuite les provinces du

Noumbiel avec 21,80%, de la Léraba avec 18,23%, du Poni avec 15,44% et de la Comoé avec

9,47%. (EPA ,2007/2008).

De nos jours, la production nationale d'igname campagne agricole 2013-2014 est de 91 577

tonnes, en baisse de 19,2% par rapport à la campagne passée (qui était de 113 345 tonnes),

mais en hausse de 5,3% par rapport à la moyenne quinquennale (EPA, 2013/2014). Selon un

journal de la place, cette filière effectivement chaque année engendre un chiffre d'affaires de

l'ordre de 40 milliards de F CFA (LOUARI, 2012). C'est dire combien est importante cette

filière au Burkina Faso tant dans l'amélioration des conditions de vie des ménages ruraux et

des populations urbaines mais aussi et surtout dans le renforcement de la sécurité alimentaire

tant souhaitée par la population burkinabé.

Or, au Burkina Faso les recherches sur l'igname sont restées embryonnaires malgré

l'importance de ces plantes dans la vie économique, sociale et culturelle. Elles ont bénéficié

de très peu d'attention de la part de la recherche scientifique qui a longtemps privilégié les

cultures de rente, les céréales et les légumineuses. En effet, la plupart des recherches sur

l'igname ont fait l'objet de conservation des ressources génétiques d'ignames et d'études

phytopathologiques sur la mosaïque de l'igname: aspects épidémiologiques au Burkina Faso

et variabilité du virus (GOUDOU, 1995). Les autres aspects de la recherche notamment

l'analyse des systèmes de production qui doit conduire à une production durable d'ignames

dans les agro systèmes sont restés jusqu'à lors vierges.

8

Page 21: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

1.3. Botanique et écologie

1.3.1. Botanique

L'igname est une monocotylédone appartenant à la famille des Dioscoreaceae. ("est une

plante grimpante, pérenne par le système racinaire mais cultivée de façon annuelle. Les

espèces de Dioscorea cultivées en Afrique comme plantes alimentaires sont surtout (GTZ

2000) :

Dioscorea rotundata, originaire de l'Afrique de l'Ouest. Elle est la plus importante en

termes de superficies emblavées et de production. Il s'agit d'une espèce à tige épineuse

et ronde en coupe transversale et à larges feuilles en forme de cœur. Les tubercules

sont relativement petits, de forme cylindrique et peu nombreux. Leur poids varie

habituellement de 2 à 5 kg, bien que dans de bonnes conditions les tubercules de 10 kg

ne soient pas rares. Leur surface est lisse et marron, leur chair blanche et ferme. On

peut 1àcilement récolter les tubercules deux fois par saison.

Dioscorea cayenensis : c'est une plante autochtone de l'Afrique de l'Ouest. Elle est

moins appréciée en Afrique que l'espèce précédente, mais quand même largement

cultivée car elle est plus robuste dans les zones de forêt humide, donne un meilleur

rendement et peut être récoltée durant une période plus longue que D.rotundata. La

tige est cylindrique et possède des épines, particulièrement vers la base. Les feuilles,

en forme de cœur, sont larges et de couleur vert clair. Les grands tubercules ont une

chair jaunâtre. Les tubercules de cette espèce ne se conservent pas longtemps du fait

de leur courte dormance.

Il n'y a pas unanimité parmi les spécialistes quant à saVOIr si D.rotundata et D.

cayenensiss sont deux espèces différentes ou appartiennent à la même espèce. L'étude des

caractéristiques morphologiques et enzymatiques des prétendues espèces D. cayenensis et D.

rotundata a montré que ces deux formes résultaient de pression de sélection et ne

constituaient en réalité qu'une seule espèce à l'intérieur de laquelle existaient plusieurs

variantes (HAMON, 1983 cité par GOUDOU, 1995).

Dioscorea alata: c'est l'igname la plus répandue à l'échelle mondiale. Elle est

originaire de l'Asie du Sud-Est. En Afrique, sa popularité est quelque peu restreinte

par le fait qu'elle ne donne pas un bon « fufu » (igname pilée), forme sous laquelle les

ignames sont le plus souvent consommées. Cette espèce doit son nom au fait qu'elle

9

Page 22: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

possède des tiges quadrangulaires ailées. Les feuilles sont oviformes et généralement

plus claires ct plus grandes que celles de D. rolundala. Beaucoup de variétés montrent

des nuances pourpres sur les feuilles. Les tubercules sont très variables en taille (de 5 à

10 kg, et jusqu'à plus de 50 kg) et en forme, mais plus ou moins cylindriques dans la

plupart des cas. La chair est blanche ou possède des nuances pourpres, la texture en est

aqueuse.

Dans la pratique, on ne parle pas d'espèces botaniques mais de variétés qui sont dans la

plupart des cas des variétés traditionnelles. En raison du manque d'études systématiques, on

ne sait pas toujours très clairement à quelle espèce appartiennent certaines variétés. Jusqu'à

présent, les travaux sur J'amélioration des ignames ont toujours été très limités (ONWUEME,

1978 cité par GTZ, 2000).

Tableau l La classification botanique de l'igname parmI les monocotylédones est la

suivante:

Souche ordre famille genre Nombre d'espèces

LlLlFLORES Discoréales Dioscoreacées Dioscorea 603

Rajania 24

Tamus 4

Stenomeris 2

Avetra

Trichopodacées Trichopus

Broméliales

Liliales

Source: Position systématique du genre Dioscorea. Selon EMBERGER, 1960, modifié (DEGRAS. 1986).

1.3.2. Ecologie

Au plan écologique, L'igname est une plante exigeante en eau pendant les cinq premiers

mois de sa croissance. Une pluviométrie annuelle supérieure à 1 500 mm est optimale. La

disponibilité en eau est cruciale entre la quatorzième et la vingtième semaine de végétation.

L'igname est exigeante sur la qualité physique des sols qui doivent être meubles, perméables,

profonds, riches en potasse et en matière organique et de pH compris entre 5 et 7.

Pour pouvoir développer leurs tiges, les ignames exigent une température qui se situe entre

25 et 30 oc. Si les températures tombent en dessous de 20 oC, leur croissance est fortement

10

Page 23: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

freinéc. n!cs peuvent cependanttolércr dcs conditions de sécheresse pendant cnvÎron lin mois

sans baisscs de rendement majeures.

La formation des tubercules est facilitée par de courtes journées, mais l'intensité de la

lumière ne doit pas être trop faible (OTZ, 20(0).

1.4. Mode de culture

L'igname se reproduit par boutures. Selon DEORAS (l 994), le fragment de tubercule est

de loin la semence la plus habituelle. Outre le fragment de tubercule utilisé comme semence,

autres matériels particuliers sont utilisés. 11 s'agit notamment des bulbilles, des plants de

semence repiqués, des boutures de tige et des vitroplants.

1.4.1. Sol

Les sols doivent être meubles, perméables, profonds, riches en potasse et en matière

organique et de pH compris entre 5 et 7. Le labour se fait en buttes d'au moins 50 cm de

hauteur, les buttes étant espacés de 1 mètre (ERNOULT, 1996). Selon BISSA et al. (2007),

les buttes peuvent avoir 20 à 45 cm de hauteur et 1.2 à 1.5m de diamètre, puis enrichies si

possible en fumure organique bien décomposée (résidus organiques, fientes de volaille, etc.).

L'utilisation des buttes de grande taille (0.8-lm de haut) favorise le développement des

tubercules mais, les gros tubercules du fait de leur teneur en eau élevée (80-85%) se

conservent difficilement.

Selon les mêmes auteurs, la culture sur billons est possible. Elle permet d'économiser

l'espace pour d'autres cultures, ou augmenter la densité de plantation. De plus, les billons

permettent à la plante de mieux profiter de l'eau de pluie retenue dans les sillons.

Sur billon, il est recommandé de semer à des écartements de l x lm (l m entre les lignes et

1m entre les plants sur la même ligne) ce qui donne une densité moyenne de 10 000 plants à

l'hectare.

1.4.2. Plantation

l ~a bouture est mise en terre au sommet de la butte, dès le début de la saison des pluies. On

plante à environ la cm de profondeur. La bouture est recouverte d'un coussinet d'herbe ou de

terre afin qu'elle ne soit pas endommagée par les pluies. Un tuteur de trois mètres de hauteur

planté auprès de chaque butte permet à la plante de grimper (ERNOULT, 1996). Selon

BISSA et al. (2007), le paillage favorise la levée parce qu'il réduit la température du sol et

11

Page 24: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

l'évaporation, en même temps qu'il limite J'érosion et J'enherhcmcnt. Lc paillage est donc

nécessaire à la survie du scmenccau ct à son développement ultéricur.

1.4.3. Entretien

Selon BISSA et al. (2007), les activités d'entretien comportent: le désherhage, le tuteurage

et l'apport de fertilisants. 1::n cc qui concerne le tuteurage, l'expérience a montré que les

feuilles des variétés précoces meurent beaucoup plus tôt si elles ne sont pas supportées par des

tuteurs, ce qui entraîne une haisse des rendements.

Selon ERNOULT (1996) lorsque la plante a un ou deux mois, on pratique le buttage. On

sarcle ensuite quand c'est nécessaire. Les ignames sont exigeantes en fertilité et en matière

organique. En culture stabilisée, un apport d'engrais est à prévoir.

Tableau 2. Exportation d'éléments minéraux par tonne de tubercules frais d'ignames.

Eléments minéraux N P20S KlOS Ca Mg

Kg exportés par tonne de tubercules frais (ordre de grandeur) 4 0,4 4,4 0,1 0,2

Source: Mémento de J'agronome, 2002.

Selon BISSA et al. (2007), l'engrais minéral seul sur sol pauvre en matière organique ne

permet pas d'accroître le rendement. S'il y a trop d'azote (urée, sulfate d'ammoniaque) dans

les engrais qu'on fournit au sol, les tubercules d'igname obtenus contiennent beaucoup d'eau

et par conséquent se conservent mal et germent tôt en stockage. Si par contre on apporte des

doses de phosphore (super simple, super triple) ou de potassium (chlorure ou sulfate de

potasse) plus élevées que celle d'azote, les tubercules récoltés se conservent mieux et leur

germination est réduite. L'igname a donc besoin d'une fertilisation équilibrée. Ces auteurs

ajoutent aussi que les engrais organiques sont donc fortement conseillés. Avec un apport

important de matière organique localisé (0,5 à 1 kg par pied, soit 10 à 15 tonneslha) de fientes

d'animaux ou de compost, on s'assure de bons rendements.

L'engrais minéral conseillé doit contenir une dose de Potasse double de celle de l'Azote. La

formulation la plus proche de cette norme sur le marché est le 12-6-20. La dose usuelle

d'application est de 10 à 20 grammes par pied, soit environ 250 kg à l'hectare. Le NPK 12­

10-20 peut aussi être utilisé à une quantité de 400 kglha. A défaut, le NPK 14 - 23 -14 peut

être apporté un mois après la plantation (SOME et al. 2009).

12

Page 25: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

1.4.4. Récolte

La récolte se fait entre le sixième et le dixième mOlS. Les tubercules d'ignames ne se

conservent pas dans le sol: ils y pourrissent facilement. Après ramassage, il faut les garder à

l'abri dans un endroit sec et bien aéré, en couches peu épaisses (ERNOULT J 996).

Selon la variété, la récolte peut avoir lieu une ou deux fois par an. Dans le second cas, on

parle de sevrage. Les variétés que l'on récolte deux fois sont généralement de type précoce et

leurs tubercules se conservent mal. Les variétés à une seule récolte sont de type tardif dont les

tubercules se conservent généralement mieux. Les variétés intermédiaires peuvent être

récoltées une ou deux fois suivant les conditions (pluviométrie, etc.).

Les deux systèmes de récolte sont économiquement viables, mais la récolte unique est cinq

fois moins profitable que la récolte avec sevrage (BISSA et al. 2007).

1.5. Stockage

Il n'y a pas de système traditionnel de stockage d'igname qui offre une protection suffisante

contre les pourritures et les ravageurs et facilite en même temps une inspection régulière

visant à détecter les dommages à temps et à prendre des mesures pour les réduire. C'est

pourquoi il s'est avéré nécessaire d'améliorer le stockage des ignames afin de limiter les pertes

et d'optimiser les rendements que l'on peut obtenir avec cette culture (BISSA et al. 2007).

Diverses propositions ont été faites pour améliorer le stockage des ignames. Parmi ces

propositions, la hutte élevée semble fournir le meilleur magasin puisqu'elle réunit presque

tous les avantages, à l'exception de la protection contre les insectes, laquelle est uniquement

possible dans le stockage souterrain. Ce dernier a cependant trop d'inconvénients, notamment

le risque de pourriture élevé et le manque de possibilité de contrôler la denrée pendant le

stockage.

La hutte doit être équipée d'étagères sur lesquelles les tubercules sont rangés jusque sur

trois couches afin de faciliter le contrôle.

1.6. Usages de l'igname

L'igname fait de nos jours l'objet de plusieurs utilisations. Elle fait partie du régime

alimentaire de nombreuses familles de l'Afrique de l'Ouest et de l'Afrique Centrale d'où son

rôle essentiel dans la vie économique et culturelle.

Selon ASIEDU (1991), outre les usages alimentaires, l'igname est utilisée pour d'autres

besoins. En effet, au Mexique par exemple les variétés d'igname D. mexicana, D. floribunda

et D. composita sont cultivées pour les besoins pharmaceutiques. Ces variétés produisent de la

13

Page 26: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

diosgénine qui est une sapogéninc utilisée cOlllme matière première pour la jabrication de

médicaments corticostéroïdes qui servent d\1111i-inflammaloires, de stimulants métaboliques

ct d'antidépresseurs.

1.7. Etat sanitaire de l'igname

La culture de l'igname est soumise à de nombreuses contraintes phytosanitaires. Les

principales maladies sont causées par des champignons et des virus. L'anthracnose représente

le principal problème cryptogamique de l'igname (principalement pour D. alata et D.

cayenensis-rotundata) en Afrique de l'Ouest et aux Antilles.

Les attaques sont fréquentes en conditions d'humidité maximum. La transmission de la

maladie est assurée par la persistance de spores sur les débris de cultures ou sur les tubercules

-semences mais aussi par le transport des spores par le vent ou les projections d'eau de pluie.

Elle provoque des nécroses sévères sur la tige et les feuilles, allant jusqu'à la nécrose totale

des éléments aériens (TORlBIO, 1980 cité par GOUDOU, 1995).

Quant aux virus, le virus de la mosaïque de l'igname (yam mosaic virus, YMY) est le plus

connu et le plus répandu des virus filamenteux infectant l'igname. La maladie se manifeste par

des symptômes de surcoloration nervaire (green veinhanding) ou encore par une mosaïque,

des cloques sur les feuilles et parfois, un nanisme de la plante (GOUDOU, 1995).

14

Page 27: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

CHAPITRE 2 : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE

2.1. Situation géographique et administrative de la commune rurale de Midebdo

2.1.1. Situation géographique

Notre étude s'est réalisée dans la conunune rurale de Midebdo. C'est une commune située

dans la province du Noumbiel, région du Sud-ouest. Elle s'étend sur une superficie de 625km2

et est encadrée par les parallèles 9°30' et 10°30' nord et les méridiens 3°00 et 3°30' ouest

(PCDM, 2015). Elle est limitée au nord par la conunune urbaine de Gaoua, au sud par la

conunune rurale de Boussoukoula, à l'ouest par les conununes rurales de Kampti et Périghan,

à l'est par la conunune de Batié et les conununes rurales de Legmoin et de Gbomglora

(confère carte). Le village de Midebdo, chef-lieu de la conunune, est situé à 32km de Batié

(chef-lieu de la province).

Province du Noumbiel

+"

Figure 1 : Localisation de la commWle rurale de Midebdo. Source: http://www.insd.bf/n/images/cartes/carte_burkina.png.

Page 28: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

2.1.2. Situation administrative

Midebdo a été érigé en départcmcnt en 1983 et relevait de la province du Poni. A partir du

24 avril ] 996, avec la création et dénomination des quinzc (] 5) nouvelles provinces. Ic

département de Midehdo est rattaché à la province du Noumbiel. Le 21 décembre 2004, avec

l'adoption de la loi portant Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT). le

département de Midebdo devient une commune rurale (PCDM, 20] 5). Midebdo est à la fois

circonscription administrative et collectivité territoriale puisque les limites de la commune de

Midebdo coïncident avec celles du département du même nom. Elle compte cinquante-deux

(52) villages administratifs.

Les populations rurales encore régies par des formes d'organisation villageoise ou

conception politique et foi religieuse animiste s'entremêlent. Elles sont soumises à l'autorité

de l'Etat moderne au niveau national, provincial et départemental. Mais à l'échelle du village.

le pouvoir politique est détenu par le chef de terre qui est le garant du bon fonctionnement de

la société sous l'angle des us et coutumes.

2.2. Milieu physique et naturel

2.2.1. Climat et précipitations

Caractérisé par deux (2) grandes saisons à savoir une saison humide et une saison sèche, la

commune de Midebdo a un climat de type sud- soudanien. La saison des pluies s'étale sur

sept (7) mois environ allant d'avril à octobre. Le mois le plus arrosé est le mois d'août.

Cependant, la répartition des pluies n'est pas toujours homogène dans l'espace. La commune

enregistre une des plus grandes pluviométries du pays avec des précipitations annuelles

oscillant entre 900 et 1100 mm (PCDM, 2015).

La tendance observée ces dernières années, selon les paysans, est à la baisse. Ce constat est

lié au changement climatique qui se manifeste dans le pays par une migration des isohyètes

600 mm et 900 mm vers le sud. Les températures moyennes fluctuent entre 24,9°C et 30,2°C

avec une amplitude thermique relativement faible de S,3°C.

La commune est balayée par deux vents dominants: l'alizé continental (harmattan) qui

souffle en saison sèche et l'alizé maritime (mousson) qui apporte la pluie en hivernage.

Les vents ne sont pas forts compte tenu de l'abondance de la végétation. Mais de plus en plus

avec la pression démographique sur les ressources naturelles, l'action des vents sera notable

face au recul de la végétation devant les fronts pionniers.

16

Page 29: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

2.2.2. Relief et sols

La commune de Midebdo présente un relief accidenté d'une altitude moyenne de 300m.

Elle s'inscrit entièrement dans le massif gréseux qui couvre la partie sud et sud-ouest du pays.

Le relief de la commune repose sur un socle géologique précambrien. 11 est fortement

imprégné par la chaîne de colline de l'Atarora et comporte trois grands éléments que sont les

collines, les plateaux cuirassés, les plaines et les vallées (PCDM, 2015).

Dans la commune rurale de Midebdo, les sols sont variés: les sols à sesquioxyde et matière

organique rapidement minéralisée, les sols à mull, les vertisols, les sols peu évolués et les sols

hydromorphes (PCDM, 2015). Parmi ces classes de sols, les sols à sesquioxyde sont les plus

répandus. Cependant un seul type de sol domine la commune, il s'agit des sols sablonneux.

Des îlots de sols peu évolués sur matériaux graviollonnaires sont également disséminés dans

toute la commune.

Dans les bas-fonds, on rencontre surtout les matériaux limono-argileux à argileux très

riches. Ces sols de bas-fond sont propices non seulement au maraîchage mais aussi à la

culture du riz, du maïs et du sorgho. Quant aux sols argilo-sablonneux à sableux présent sur le

tenitoire, ils conviennent mieux à la culture de l'igname et à celle d'autres spéculations

comme le maïs, le sorgho et le mil.

Les ressources en sol de la commune subissent une preSSIOn anthropique avec pour

conséquence la dégradation physique et chimique des sols.

2.2.3. Hydrographie

Anosée par le bassin inférieur du Mouhoun et celui de la Comoé, la commune de Midebdo

compte beaucoup de ramification de cours d'eau qui tarissent en saison sèche. Cependant, on

note la présence d'importants cours d'eau qui drainent la commune et dont les eaux perdurent

toute l'année ou presque. Il s'agit de la Kamba au sud, du Toumpo au sud-est, du Poni au

nord-est et de la mare de Bonkosséra.

L'importance du réseau hydrographique engendre la présence de nombreuses zones

inondables sur l'ensemble du territoire. Par ailleurs, elle constitue pour la commune un

véritable potentiel de mise en valeur des cultures de contre -saison ainsi que la création d'une

retenue d'eau pérenne.

2.2.4. Végétation et faune

La végétation de la commune rurale de Midebdo est caractérisée par une savane arborée

prédominante constituée d'arbres de plus de 10 mètres, d'une savane arbustive ne dépassant

17

Page 30: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

pas 7 mètres, d'une savane herbeuse el Je nombreuses forêts galeries qui sont le fait de la

présence d'un réseau important de cours d'eau.

Les principales espèces ligneuses rencontrées sont: lsoher/inea doco, Afzelia afi'icana,

Anogeusus shimpiri, Delarium senej.{a/ensis, Vilellaria paradoxa, Parkia big/ohm'a,

Tamarindus indica, Kaya senegalensis. Prosopis a.(ricana, Anona senegalensis, Burkea

ajricana, Diospyros mespili(ormis, etc. Le tapis herbacé est dominé par Andropogon gayanus,

Andropogon pseudapricus, Penniselum purpureum et Pennisetum pedicellalum, etc.

Le couvert végétal de la commune connaît une diminution de ses formations végétales à

cause de l'effet conjugué de la pression démographique et des aléas climatiques. Les facteurs

expliquant cette régression du couvert végétal sont notamment la pratique des feux de

brousse, les défrichements agricoles, l'augmentation de la demande en produits forestiers et la

prolifération des sites d'orpaillage.

2.2.5. Population et activités

La commune de Midebdo comptait 10 909 habitants répartis dans 1 618 ménages en 2006

(RGPH, 2006). La taille moyenne des ménages était de 6,7 contre 5,9 pour le pays. De 1996 à

2006, le nombre d'habitants de la commune est passé de 8 840 habitants à 10 909 habitants,

soit une croissance de 23,40% en 10 ans. Avec un taux d'accroissement intercensitaire de

1,69% (1996 à 2006), la population de Midebdo serait de 12474 habitants en 2014 et

atteindrait 13 564 habitants en 2019 (PCDM, 2015).

La commune abrite une diversité ethnique représentée par les lobi (90% de la population)

qui résident dans tous les villages de la commune; les Dioula, les Mossi et les Peulh qui sont

minoritaires (10% de la population).

Dans la commune de Midebdo, les religions musulmane, catholique et protestante

coexistent au côté d'un animisme vivace qui demeure ancré dans les moralités des gens.

Les habitants de la commune de Midebdo tirent essentiellement leurs revenus de l'agriculture,

plus précisément de la culture de l'igname. Ils cultivent egalement le mil, le riz, l'arachide, la

patate, le sorgho, le maïs. Les produits de la récolte sont écoulés principalement sur les

marchés local et régional.

18

Page 31: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

CHAPITRE 3 : MATERIEL ET METHODES

3.1. Matériel

3.1.1. Choix de la zone d'étude

La province du Noumbiel est l'une des meilleures productrices d'igname au Burkina Faso.

La superficie allouée à la culture d'igname campagne agricole 2013/2014 est de 5671 ha avec

une production totale de 32983 tonnes (EPA, 2013/2014). Dans la campagne agricole

2014/2015, la province du Noumbiel présente une superficie totale estimée à 3165 ha avec

une production totale de 15063 tonnes.

Une quantité importante d'igname quitte la commune chaque année vers les grandes villes

du pays. Ce tubercule est très bien apprécié par la population burkinabé et contribue à la

sécurité alimentaire des fàmilles qui le consomment. Cependant, l'igname fait l'objet de très

peu de recherches agronomiques dans le pays. C'est pourquoi, afin de faire de ce tubercule un

des aliments de base pour la sécurité alimentaire des burkinabé, nous avons choisi la

commune de Midebdo, de par ses nombreuses potentialités, pour cette étude diagnostique.

3.2. Méthodologie

Pour atteindre les objectifs fixés par l'étude, nous avons adopté une méthodologie

appropriée. Elle s'articule autour de la recherche bibliographique, du choix des sites d'étude,

d'une enquête sur un échantillon d'étude pour collecter les données, du traitement et l'analyse

des données.

3.2.1. Choix des villages d'étude

Plusieurs entretiens avec les responsables en charge de la production végétale de la

commune ont conduit à l'identification des villages d'étude. Les villages qui ont fait l'objet de

notre étude sont principalement les villages de Sinaperdouo, Tiafandouo et Dapladouo. Les

critères de choix ont été surtout: l'importance de la production de l'igname dans ces

différents villages, leur influence dans la commercialisation de ce tubercule et la diversité des

types de sol qu'abritent ces villages.

A- Village de Sinaperdouo

Sinaperdouo est situé à l'ouest de Midebdo à environ 8 km sur la route Midebdo - Kampti.

Il fait partie des villages les plus peuplés de la commune. Le village est en grande partie

dominé par les sols argilo- sablonneux à sableux.

20

Page 32: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

Ces sols conviennent mieux à la culture de J'igname et aussi à celle d'autres spéculations

comme le maïs, le mil et le sorgho.

Cependant, ils ont un degré de minéralisation élevé. Par conséquent, ils s'appauvrissent

rapidement.

B- Village de Tiafandouo

C'est un village situé au nord-ouest de Midebdo à environ 5 km sur la route Midebdo­

Kampti. Le village est faiblement peuplé et est parcouru par des sols limono-argileux à

argileux. On peut aussi trouver de part et d'autre des sols peu évolués sur matériaux

gravillonnaires.

En matière d'aptitudes agricoles, les sols limono- argileux à argileux sont très riches. Ils

conviennent mieux à la culture du riz, du maïs, du mil et du sorgho mais aussi à la culture de

l'igname.

Cependant, ils sont difficiles à travailler.

C- Village de Dapladouo

Situé à l'ouest à 3 km de Midebdo sur l'axe Midebdo- Kampti, Dapladouo fait pmiie des

villages les moins peuplés de la commune. La plupart des sols rencontrés sont de type limono­

argileux sur matériaux gravillonnaires.

Ils conviennent mieux à la culture du mil, du maïs, du sorgho. Il est possible aussi de

cultiver l'igname sur ces sols.

Ce sont des sols durs à travailler.

3.2.2. Choix des producteurs

Le critère retenu est celui de la représentativité de l'échantillonnage des acteurs enquêtés.

Nous nous sommes particulièrement intéressés aux chefs de ménage produisant de l'igname.

Au regard de la faible densité des habitants dans les villages d'étude, de la disponibilité des

producteurs et le souci d'avoir des données fiables pour les analyses, nous avons pu enquêter

cinquante (50) producteurs d'igname dans les trois (03) villages dont 19 à Sinaperdouo, 15 à

Tiafandouo et 16 à Dapladouo.

La liste a été élaborée avec l'aide du coordonnateur départemental en charge de la

production végétale.

21

Page 33: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

3.2.3. Collcctc dcs donnécs

Nous avons utilisé les outils suivants pour la collecte dcs données: un focus groupe et des

fiches d'enquêtes de caractérisation des exploitations (anncxc n02)

./ Focus groupc

Chaque village a fait J'objet d'un focus groupe. Le focus groupe regroupait au minimum

vingt (20) personnes de sexes différents. Ces personnes pouvaient être parmi les

échantillonnés ou non, et cela dans l'objectif d'avoir une plus grande diversité d'informations.

Il s'est déroulé autour des points suivants: les pratiques paysannes développées dans le

village en matière de production de l'igname, les différentes variétés cultivées, les stratégies

de vente des tubercules frais récoltés, les problèmes rencontrés dans la production et la

commercialisation.

Le mode opératoire était des interviews libres. Nous avons animé le focus groupe autour des

points ci-dessus cités.

Ces focus groupes nous ont, à chaque fois, permis d'avoir certaines réponses en avance et

une plus grande précision aussi bien sur les questions posées sur le terrain que des réponses

obtenues auprès des producteurs échantillonnés. En clair, le focus groupe nous a permis de

réviser nos fiches d'enquêtes pour la collecte des données proprement dite.

./ Enquêtes de terrain

Sur le terrain, nous avons mené des enquêtes à l'aide d'une fiche d'enquêtes de

caractérisation des exploitations d'ignames. L'enquête a concerné uniquement les

producteurs d'igname échantillonnés dans chaque village concerné par l'étude.

La méthode d'enquête a consisté à questionner individuellement chaque agriculteur. Les

données collectées sont de deux types: les données qualitatives (caractéristiques socio­

économiques, pratiques agricoles, les différentes variétés cultivées, les problèmes rencontrés

dans la production et la commercialisation, les marchés et l'origine des acheteurs) et les

données quantitatives (rendements agricoles, prix de commercialisation, revenu agricole, ,

densité des buttes). L'appareil photo numérique nous a permis d'avoir des images de certains

cas pratiques.

En somme, ces enquêtes nous ont permi s de :

Caractériser les agriculteurs (types d'exploitations, pratiques culturales) ;

22

Page 34: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

Identifier et analyser les ddférentes v<Jriétés cultivées, les problèmes rencontrés dans

la production et la commercialisation:

Identifier et d'analyser les opportunités qui s'offrent à la commune en matière de

production et de commercialisation de l'igname;

Formuler des suggestions pour améliorer la production de ce tubercule dans commune.

./ Estimation de la densité des buttes et des rendements

Pour estimer la densité des buttes, nous avons choisi trois producteurs dans chacun des

trois villages. Ces producteurs disposent au moins trois hectares d'igname et commercialisent

le plus d'igname.

La densité des buttes par village a été déterminée en divisant la superficie totale d'un

hectare CI 0000 m2) par la moyenne des superficies parcellaires des trois producteurs de

chaque village. Nous avons défini la superficie parcellaire comme étant l'unité de terre qui

abrite une butte. Elle est obtenue en traçant des parcelles élémentaires autour de chaque butte.

Nous avons mesuré les dimensions (longueur et largeur) de chaque parcelle, puis nous avons

déterminé la superficie parcellaire en faisant: longueur x largeur. Nous avons répété le tracer

des parcelles élémentaires au moins trois fois côte à côte dans le sens de la confection des

buttes chez chaque producteur (Figure 2). Ce qui nous amène à déterminer avec plus de

précision la moyenne de la superficie parcellaire chez chaque producteur en divisant les trois

moyennes parcellaires par trois.

densité = 10000 m 2 jmoyenne de la superficie parcellaire (en m 2 ).

Butte

Parcellaire ----+1 0 Figure 2 : Champ de mesures des dimensions parcellaires.

Pour l'estimation des rendements, nous avons procédé de la même manière que

précédemment. Nous avons mesuré le poids des tubercules par butte chez chaque producteur

dans chaque village. Ensuite, nous avons fait la moyenne par producteur, puis nous avons

déterminé la moyenne par village en divisant la somme de la moyenne par producteur des

23

Page 35: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

trois producteurs par village par trois. Puis, nous avons multiplié la moyenne par village par la

densité moyenne des buttcs à rhcctarc. Nous obtenons ainsi le rendement agricole.

rendement = poids moye~~~tuberculepar butte x densité des buttes à li hectare. ~

3.2.4. Traitement et analyse des données

Les données récoltées ont été saisies et regroupées en base de données sous le logiciel

Microsoft Access 2007.

Ces données ont été ensuite traitées et analysées par les logiciels Excel et SPSS. Les

analyses ont porté sur les statistiques descriptives: pourcentages, moyennes, traitements

graphiques.

Le logiciel SPSS version 20 a été utilisé pour la comparaison des rendements agricoles en

utilisant le test de Student.

24

Page 36: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

CHAPITRE 4 : RESULTATS ET DISCUSSIONS

4.1. Résultats

4.1.1. Caractéristiques socio-économiques

La plupart des producteurs d'igname qui ont fait l'objet de notre étude dans les différents

villages sont majoritairement des Lobi et ont comme activité principale l'agriculture.

D'autres activités considérées secondaires sont aussi pratiquées. Il s'agit notamment de

l'élevage et du petit commerce.

C'est une population présentant un revenu relativement faible avec 94 % d'entre eux

analphabètes.

4.1.2. Nombre de personnes par exploitation et âge moyen des chefs d'exploitation

a. Nombre moyen de personnes par exploitation

Le nombre moyen des personnes varie selon les villages avec une moyenne générale de

9,62 personnes par exploitation. Les exploitations de Sinaperdouo sont les plus grandes,

suivies de celles de Tiafandouo et de Dapladouo (tableau 3).

Tableau 3 : Nombre moyen de personnes par exploitation dans chaque village

VilJages Nombre moyen de personnes/exploitation

Sinaperdouo 10,38

Tiafandouo 10

Dapladouo 8,5

Moyenne générale/exploitation 9,62 Source: Données d'enquête, octobre, 2015.

b. Âge moyen des chefs d'exploitation

L'âge moyen des chefs d'exploitations est variable. Mais de façon générale la majorité des

exploitations étudiées présentent une maturité d'âge moyen de 35 ans.

Le rapport d'âge avec les cultures vivrières (mil, maïs, sorgho) et la culture d'igname nous

a permis de regrouper les producteurs d'igname en deux groupes: les premiers dont les

intervalles d'âge sont [18-30[et [50-77[sont dits actifs vivriers (AV) car ils s'adonnent plus à

la culture du vivrier. Les seconds dont l'intervalle d'âge est [30-50[sont dits actifs

d'igname(AI) à cause de leur forte implication dans la culture d'igname.

2S

Page 37: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

'r A Sinaperdouo, les producteurs d'ignames affichent un âge moyen de 37 ans, avec

essentiellement trois classes d'âge (Figure 3).

Les actifs vivriers représentent 36,84 % de la population totale contre 63,1 5 % des

actifs d'igname.

14

VI 12 c: o ~ la .~ o c.. 8 x OJ

=0 6 OJ ....

..c 4 E o Z 2

a [18-3D[ [3D-sO( [sD-77(

Âge des chefs d'exploitation

Figure 3 : Répartition des chefs d'exploitation par classes d'âge à Sinaperdouo.

Source: Données d'enquêtes 2015

26

Page 38: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

~ A Tiafandouo, l'âge moyen des chefs d'exploitation est similairement le même que

celui de Sinaperdouo, mais avec une répartition en classes d'âge affichant plus de

jeunes (Figure 4). L'âge moyen des chefs d'exploitation de Tiafandouo est estimé à 36

ans.

La proportion des actifs vivriers est estimée à 53,33 % contre 46,66 % d'actifs

d'igname.

8

7 III

c: 6o .... lU S ~

D.o

4 )(

-0) 3 "C

.00)

2

g 1

Z Ilo [18-30[ [30-S0[ [SO-77[

Âge des chefs d'exploitation

Figure 4: Répartition des chefs d'exploitation par classes d'âge à Tiafandouo. Source: Données d'enquêtes 2015

'-P 27

Page 39: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

);- Le village de Dapladouo est considéré comme le plus .ieune parmi nos villages

d'étude. C'cst un village qui affiche un âge moyell estimé à 34 ans

La répartilioll pdr cl<.lsses d'âge montre que les jeunes de 18 à 29 ans sont les plus

nombreux (Figure 5) Dans ce village, les actifs vivriers sont de 62,50 % et les actifs

d'igname de 37,50 %.

9

8

7 ==:Ile:Il.1Il ~ -= C 6 o ...... ~ 5 o ~ 4 Cl)

-c 3 Cl)...

..0E 2 o Z l

o (18-30! [30-50[ [50-77!

Âge des chefs d'exploitation

Figure 5 : Répartition des chefs d'exploitation par classes d'âge à Dapladouo.

Source: Données d'enquêtes 2015

4.1.3. Assolement par village

La proportion moyenne en superficie des cultures varie d'un village à un autre. Les villages

abritant les sols argilo-sablonneux sont ceux qui produisent l'igname assez à cause de la

facilité qu'offrent ces sols dans le travail et la pénétration des tubercules d'ignames. C'est le

cas de Sinaperdouo qui affiche un pourcentage relativement élevé de production d'ignames

par rapport aux autres villages (Figure 6a). Quant aux deux autres villages, Tiafandouo et

Dapladouo, qui présentent des sols limono-argileux à argileux reposant souvent sur matériaux

gravillonnaires, offrent des pourcentages de production d'ignames relativement faibles par

rapport à Sinaperdouo (Figure 6 b et c).

La production d"igname n'est pas seulement liée à la nature du sol mais dépend aussi en

grande partie de la main d'œuvre. Cela explique le fait que les grands producteurs d'ignames

sont des familles nombreuses. Les valeurs traditionnelles pèsent beaucoup sur la production

des cultures vivrières pour la réalisation des rites et coutumes qu'exigent les ancêtres.

28

Page 40: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

1

C'est pourquoi, les villages à fort taux d'actifs vivriers (plus de jeunes et de vieux) présentent

des taux élevés de produits vivriers surtout le sorgho. C'est le cas du village de Tiafandouo

(Figure 6b).

proportion relative des cultures proportion relative des proportion relative des cUltu~ de Sinaperdouo cultures de Tiarllndouo de Dapladouo

23% 25% 25%

18%

21% 31% 28%

• Mals • Mil Sorgho - Igname • Mais _ Mil Sorgho. Igname • Mais • Mil Sorgho. Igname

Figure 6 : Proportions relatives en superficie des différentes cultures pratiquées dans les trois villages. Source: Données d'enquêtes 2015

4.1.4. Systèmes de cultures

Dans notre cas, nous traitons des systèmes de cultures à base d'igname. Les grandes

pratiques agricoles rencontrées chez les producteurs d'ignames sont surtout les associations et

les rotations culturales.

4.1.4.1. Association des cultures

L'association culturale désigne la présence de plusieurs cultures sur la même parcelle dans

l'espace et/ou dans le temps.

Dans notre étude sur les parcelles d'ignames, l'igname est généralement cultivée en

association avec le mil (photo 1). Des légumineuses peuvent être aussi associées notamment

le niébé, le gombo ou l'arachide, ou avec le manioc ou la patate qui remplace les buttes vides.

Les légumineuses qui s'associent à l'igname sont destinées à la consommation du ménage et

sont essentiellement récoltées par les femmes. Il est rare de voir la culture pure dans cette

localité. D'après les paysans, cette fonne de polyculture répond plus à une stratégie culturale

d'accumulation de la production plutôt qu'à une stratégie de sauvegarde des terres. Une autre

explication donnée par les paysans par cette polyculture est la baisse de la fertilité des sols et

le gain de temps pour vaquer à d'autres travaux. Ils affinnent que cette association leur

Page 41: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

permet de ne pas perdre toute la production en cas d'incident majeur sur l'une ou l'autre des

cultures associées.

Photo 1 : Parcelle d'igname en association avec le mil (Photo: J. DOL!,

Tiatàndouo, BF, 2015)

4.1.4.2. Rotation des cultures

La rotation culturale se déftnit comme étant la succession des cultures sur la même parcelle

dans le temps.

Les types de rotations rencontrés sur les parcelles d'ignames dans notre cas sont les

rotations dites rotations-associations car dans cette zone la culture pure est loin d'être

pratiquée. Ces rotations-associations sont pratiquées de la manière suivante:

l'igname, étant une culture très exigeante en fertilité du sol, vient en tête de

rotation dès la première année de défriche. Elle est associée au mil ;

dans la deuxième année, les paysans cultivent du mil associé au maIs;

dans la troisième année, ils produisent sur la même parcelle d'igname le sorgho

associé au mais.

Après la première année de culture de la parcelle d'igname, commence à apparaître du

striga. C'est pourquoi, les paysans préfèrent produire le mil dès la deuxième année de culture

de la parcelle avant qu'il ne soit sévère, car le mil est très sensible à cette mauvaise herbe

disaient-ils. Par contre, le sorgho est moins sensible à ce dernier. Raison pour laquelle, il vient

en troisième année de rotation.

30

Page 42: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

Après les trois années de culture, les paysans ahandonnent la parcelle en jachèrc pour unc

durée moyenne de 2 à 3 ans si le paysan nc dispose pas assez de terres cultivahles. Sinon. la

durée moyenne de la jachère sera de 5 à 7 ans pour les paysans qui possèdent assez de tcrres

cultivables. La rotation selon eux, est une stratégie de gestion des terres qui sont de plus en

plus pauvres.

4.1.5. Variétés et rendements

Au cours de nos enquêtes sur les 50 producteurs, nous avons dénombré plus de 10 variétés

d'ignames produites par les paysans de la commune. Ces variétés sont cultivées en

juxtaposition à l'intérieur des parcelles.

Parmi ces variétés, on en distingue deux types qui sont à la base du système de production:

J'igname précoce dont la récolte principale se fait entre août et septembre, et J'igname tardive

récoltée entre octobre et février. Pour chaque type, il y a une multitude variétale disposant

chacune d'une utilisation propre. Les variétés les plus cultivées dans la commune sont: la

Flado (D.alata), la Pahinlé (D.cayennensis) et la Kponou (D.rotundata). La Flado est une

variété à une récolte. Sa récolte commence à partir de décembre. C'est une variété de saison

sèche car elle est consommée en saison sèche à partir de décembre. Consommée avant cette

période, elle présente une certaine amertume. Elle est consommée principalement sous fonne

d'igname bouillie et d'igname pilée.

La Pahinté est une variété à deux récoltes. Mais ces deux récoltes sont possibles en cas de

bonne pluviométrie. Cependant, la Flado et la Pahinté ont des caractéristiques communes:

elles s'adaptent à tous les sols quel que soit le niveau de fertilité. De plus, leur rendement est

élevé. Selon les producteurs, «Flado et Pahinté sont des variétés très productives dans leurs

mains et gardent bien lafamille». Par contre, la variété Kponou (Dioscorea rotundata) est une

variété précoce récoltée deux fois dans l'année dont une première récolte pour la

consommation ou la commercialisation et la seconde pour les semences. Elle est très

exigeante en fertilité et ses rendements dépendent en grande partie du niveau de fertilité du

sol. Ces avantages diversifiés des variétés ont fait que les producteurs cultivent plusieurs

variétés aussi bien tardives que précoces. Ce qui leur permet d'échelonner les récoltes dans le

temps selon leur besoin.

Les superficies moyennes ainsi que les rendements moyens à l'hectare varient selon les

villages (tableau 4). L'analyse de variance au seuil de 5 % montre une différence significative

des rendements dans chaque village. Par ailleurs. les superficies moyennes cultivées en

31

Page 43: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

igname sont de l'ordre de 1J~9 hectare par producteur mais varient selon les villages ct les

catégories de producteurs. Les actifs vivriers emblavent en moyenne J,3 hectare pour une

production de 7 tonnes, tandis que les actifs d'igname emblavent 2,8 hectares pour une

production de 16 tonnes.

Cependant, malgré les différences de rendements globaux des variétés rencontrées dans

les villages, les densités moyennes des buttes sont restées non significatives au seuil de 5 %.

En revanche, le rendement moyen de toutes les variétés confondues par producteur est estimé

à 9164,48 kglha.

Parmi les trois variétés les plus produites par les paysans et qui ont attiré notre attention, ce

n'est que la variété Flado qui a des rendements légèrement au-dessus des deux autres variétés.

L'évaluation des rendements par variété dans les sites d'étude n'a pas révélé des différences

significatives. Selon les paysans, l'année 2015, comparativement aux années antérieures, a

connu une baisse considérable des rendements à cause de la faible pluviométrie enregistrée

par la commune.

Tableau 4 : Productions moyennes et superficies moyennes d'igname par village

-

Villages Superficies Rendements Productions moyennes(en ha) moyens(en Kg/ha) moyennes(en

Kg/producteur)

Sinaperdouo 2,06 9632,63 19843,21

Tiafandouo 1,9 10224,25 19426,07

Dapladouo ] ,73 7402,48 12806,29

Moyennes générales 1,89 9164,48 17320,86

. ~Source: Donnees d'enquetes de terram, Mldebdo, 2015..-------------,

F=I,349 sig = 0,357

ddl= 2

32

Page 44: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

4.1.5.1. Flado (Dioscorea afata, igname à une récolte)

Flado, selon nos enquêtes proviendrait de la Côte D'Ivoire par les migrants burkinabè il ya

très longtemps vers les années 60. Parmi toutes les variétés constatées sur le terrain auprès des

producteurs, Flado occupe une part importante dans l'assolement d'ignames. Nous estimons

sa superficie à 50 % de la superficie totale emblavée en ignames chez les producteurs. C'est

l'igname de saison sèche, communément appelée igname américain. C'est une variété tardive

dont la récolte commence généralement en décembre. Elle est récoltée une fois dans l'année.

C'est une igname bon marché et prisée pour sa longue conservation. Selon les paysans c'est

l'igname qui garde bien la famille c'est-à-dire que c'est l'igname qui est plus consommée par

les producteurs et qui leur permette de passer les moments de soudure sans inquiétude. Sa

période de consommation va de décembre à mai voire rencontrée la période des prochaines

récoltes. Aussi, Flado est planté au même moment que les variétés précoces afin de bénéficier

des premières pluies nécessaires à sa croissance et son développement.

Sur le plan agronomique, Flado serait l'igname qui se prêterait à des facilités

d'améliorations. En effet, elle est moins exigeante en fertilité et s'adapte à tous les sols quel

que soit le niveau de fertilité, elle tolère mieux le stress hydrique. De plus, ses rendements

sont élevés et elle résiste mieux à la pression parasitaire selon les producteurs. Aussi, le taux

de pourrissement en stockage est moindre par rapport aux autres variétés.

Selon notre étude, le poids moyen du tubercule de Flado (photo 2a) est de 3 kg avec un

rendement estimé à 11 tonnes à l'hectare. Cependant, selon les producteurs ce rendement est

le plus bas parmi les rendements obtenus les années antérieures. Sinon, en année de bonne

pluviométrie le tubercule de Flado peut aller jusqu'à 5 kg voire 9 à 10 kg.

Photo 2a : tubercule et tige de Flado Photo 2b : semenceaux de Flado

Photo J. DOLI. SinaDerdouo. DaDIadouo. BF. octobre. 2015.

33

Page 45: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

4.1.5.2. Pahinté (Dioscorea cayenensis, igname à deux récoltes)

Pahinté est considérée comme une variété intermédiaire pouvant être récoltée une ou deux

fois par an et cela en fonction de la pluviométrie. Elle est récoltée deux fois lorsque la

pluviométrie est bien repartie dans le temps, c'est-à-dire une pluviométrie repartie sur 5 à 6

mois (de mai à septembre/octobre). C'est généralement la variété la plus prisée par les

acheteurs, car elle donne de gros tubercules. Chez les paysans, elle est la variété

commercialisée plus que toute autre et serait la variété à valeur économique plus importante.

Elle occupe dans 1 assolement 35 % de la superficie totale emblavée par producteur. Selon

nos enquêtes, Pahinté provient du Ghana et prendrait le nom de l'importateur local qui, lui

aussi se prénommait Parunt'. C'est à partir de celui-ci que la variété s'est multipliée dans la

commune.

Au plan agronomique, Pahinté présente des caractéristiques favorables d'amélioration. En

effet, Pahinlé est une variété très robuste qui s'adapte à tous les types de sols quel que soit le

niveau de fertilité. De plus, elle résiste mieux aux attaques des termites car selon les paysans

elle contiendrait dans sa peau des substances amères. Le rendement moyen de la première

récolte est estimé à 10456 kg à l'hectare contre 9789 kg à l'hectare pour la deuxième récolte

généralement destinée au semis (photo 3b).

Le tubercule moyen, selon notre étude, pèse 2,27 kg, mais peut aller parfois à 5 à 10 kg en

cas de bonne pluviométrie (Photo 3a).

Photo 3a : Tubercule de Pahinté Photo 3b : semenceaux de Pahinté

Photo J.DOLI, Tiafandouo, RF, octobre, decembre, 2015.

Page 46: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

4.1.5.3. Kponou (Dioscorea rotundata, igname précoce à deux récoltes)

Kponou est une variété récoltée deux fois dans l'année. Elle a un goût sucré et est beaucoup

appréciée par les consommateurs de par sa capacité à faire une bonne igname pilée. C'est une

variété très précoce qui arrive à maturité avant les autres selon les producteurs. De ce fait, elle

est d'une grande valeur marchande.

Sur le plan agronomique, Kponou est très exigeant en fertilité. Pour obtenir de gros

tubercules avec Kponou, il faut la cultivée sur des terres riches en éléments nutriti fs.

L'igname a besoin d'un sol suffisarrunent léger afin de pouvoir développer ses tubercules. De

plus, Kponou est très sensible aux attaques de termites et aux maladies. Aussi, son taux de

pourrissement est le plus élevé par rapport aux autres variétés. Cela est dû en grande partie à

son goût beaucoup plus sucré et au fait que très généralement, elle est récolte tôt avant

maturité. Son rendement à la première récolte est estimé, selon notre étude, à 9927 kg à

l'hectare contre 6618 kg à l'hectare à la deuxième récolte.

Par ailleurs, le poids moyen du tubercule est estimé à 1,83 kg. Ce poids varie et peut

atteindre parfois en terres riches, selon les producteurs, 5 à 8 kg (photo 4a). Elle occupe dans

l'assolement environ 15 % de la superficie totale cultivée en igname chez les producteurs.

Photo 4a : tubercule de Kponou Photo 4b : semenceaux de Kponou

Photo J.DOLI, Tiafandouo, BF, Photo J.DOLI, Sinaperdouo, BF,

Décembre, 2015 Décembre, 2015

35

Page 47: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

4.1.6. Systèmes de production

Dans notre étude, nous nous en tenons à la combinaison dans le temps et dans l'espace, des

ressources disponibles et des productions au sein des parcelles d'igname.

4.1.6.1. Techniques de production

La culture de l'igname est très pénible car elle requiert beaucoup de force physique. A

Midebdo, l'igname est cultivée manuellement avec des techniques et outils rudimentaires. Il

n'y a pas eu, outre sous forme de stratégie de gain de temps, de changement majeur dans les

techniques de production depuis des décennies.

Les outils utilisés sont notamment la hache, le coupe-coupe, la houe pour le défrichement, et

la daba pour le sarclage et le buttage.

La production s'effectue en 6 étapes:

y Le défrichement Ilabour : il consiste à enlever les mauvaises herbes et à remuer le

sol. C'est la première opération culturale qui démarre la production de l'igname. Il est

réalisé sur des terrains choisis par les paysans eux-mêmes. Ce choix est très délicat

car de lui dépendra la réussite de la culture. Pour cela, les paysans choisissent les

terres fertiles riches en espèces ligneuses. Ces dernières sont coupées ou calcinées

juste après une toute première pluie afin de permettre un meilleur ensoleillement de la

parcelle. Parfois le défrichage se fait par le feu tardif.

Le défrichement commence dans cette localité généralement en juillet et prend fin en

septembre. Une fois le terrain préparé, le paysan confectionne les buttes.

y Le buttage: c'est une opération qui consiste à creuser la terre et à la rassembler sous

forme de cônes ou de pyramides. La taille des buttes s'effectue en fonction de la

nature des sols et de la nature de la main d'œuvre. Pendant que la main d'œuvre

salariale maximise sur le profit (une butte à lOF CFA) en confectionnant des buttes

de petite taille, le paysan maximise sur le rendement en réalisant de grosses buttes.

C'est l'étape la plus pénible, d'autant plus si le paysan ne dispose pas assez d'argent

pour engager de la main d'œuvre. Le buttage commence en août et peut se poursuivre

jusqu'en janvier.

Après le buttage, les buttes sont paillées attendant la plantation (Photo 5). Cela permet

la conservation de l'humidité du sol au sommet de la butte.

36

Page 48: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

De manière générale, la densité moyenne des buttes par producteur enquêté est de l'ordre

de 4630 buttes avec une hauteur moyenne de 0,70 m, un écart moyen de 0,96 m entre les

buttes en quinconce, et un diamètre estimé à 1,17 m.

Photo 5 : Buttes dl' igname: Buttes nouvellemen t confectionnées et paillées

Pboto : J. DOLI, Sinaperdouo, BF, octobre 2015.

~ La plantation: elle s'effectue généralement de décembre à février. Elle exige un

professionnalisme de la part du planteur car la réussite de cette opération dépend de la

bonne germination et de la productivité de l'igname. Les producteurs utilisent des

tubercules entiers ou des fragments de tubercule comme semenceaux à des

proportions variables. Ces tubercules peuvent être issus de la première ou de la

deuxième récolte. Les semences sont triées et conservées juste après la deuxième

récolte attendant d'être semées.

La masse moyenne des semenceaux utilisés varie de 0,86 kg à 1 kg avec un

rendement moyen allant de 3981,8 kg à 4630 kg, soit 43,44% à 50,52% du rendement

de la production. L'analyse de ces chiffres montre que près de la moitié de la

production est utilisée comme semence devant servir à la multiplication dès l'année

suivante. Selon les producteurs, les semenceaux entiers sont ceux qui présentent une

bonne levée et un bon développement de l'igname

Après la plantation, les paysans procèdent au paillage (photo 6b) qui consiste à

recouvrir les buttes d 'herbes sèches ou de feuilles fraiches cueillies des arbustes. Cette

Page 49: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

opération favorise la levée parce qu'elle réduit la température du sol et l'évaporation,

en même temps qu'elle limite l'érosion et l'enherbement. Elle est donc nécessaire à la

survie du semenceau et à son développement ultérieur. Selon les producteurs, il est

important de semer les tubercules (photo 6a) pendant l'harmattan et de finir la

plantation avant l'arrivée des fortes chaleurs (mars - avril) pour permettre une bonne

levée et un bon développement des plantules d'igname. Après plantation, les

semenceaux commencent à germer après 3 à 4 mois de dorman e (repos végétatif).

Photo 6a: plantation de l'igname Photo 6b : après plantation

Photo J. DOLI, Sinaperdouo, BF, Décembre, 2015.

~ Le tuteurage: Le seul tuteurage existant dans la région est le tuteurage naturel, c'est

-à -dire des troncs d'arbres laissés dans le champ lors du défrichement servent de

tuteurs. En cas de manque de bois, des arbustes ou les branches des arbres sont

coupés dans les environs pour servir de tuteurs.

Ces tuteurs sont introduits dans les buttes du côté du soleil levant pour éviter leur

terrassement par les forts vents de fin de saison des pluies.

C'est une opération laborieuse et onéreuse. Mais dans cette région, elle est

beaucoup facilitée par la disponibilité du bois. 11 se pratique au rythme de la

germination.

Le tuteurage permet à la tige d'igname de grimper. C'est aussi un facteur

d'amélioration des rendements.

Page 50: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

)r Le sarclage: le sarclage consistc à désherhé les champs. C'est une des conditions

phares pour assurer de bons rendements car les ignamcs sont très sensibles aux

mauvaiscs herbes.

La fertilisation des parcelles d'igname est inexistante et aucune parcelle n'est traitée aux

herbicides. Les agriculteurs limitent les travaux d'entretien à deux ou trois sarclages. Cette

opération s'étale dc mai à janvier et souffre régulièrement de la concurrence pour la main­

d'œuvre d'autres cultures. ]] est généralement réalisé 2 à 3 fois selon la vitesse d'enherbement

des champs.

Dans la plupart des opérations, les paysans utilisent la main-d' œuvre familiale,

principalement masculine. ainsi que les associations des jeunes du village. Parfois, ils font

appel à la main-d'œuvre salariale et ce notamment pour les étapes de défrichement, buttage et

sarclage. Pour ces activités, ils utilisent en moyenne 2 ou 3 manœuvres pour une durée qui

varie entre 1 et 3 mois. Ceux-ci sont payés par hectare ou bien, pour le buttage, par butte.

Pour les travaux de plantation et de récolte, quasiment seule la main d' œuvre familiale est

sollicitée. Les ouvriers agricoles sont pour la plupart du temps des élèves de la région ou des

autres régions du pays. Pendant la rentrée, les élèves sont remplacés par d'autres ouvriers

agricoles notamment les jeunes déscolarisés ou non.

4.1.7. Système d'intensification de la production

A Midebdo, l'igname est cultivée traditionnellement. Les producteurs n'ont pas coutume

d'utiliser des engrais chimiques pour intensifier les rendements. Certains producteurs

justifient cela par le manque de moyens financiers pour acquérir les fertilisants (NPK). Pour

d'autres, ils disent n'être pas au courant de l'utilisation des fertilisants dans la production de

l'igname. Ce système traditionnel de la culture de l'igname fait d'avantage appel à des

croyances mystiques visant à accroître la production. Ces pratiques demeurent le secret des

paysans.

Cependant, mises à part ces stratégies traditionnelles, le bon entretien des terres ou un

sarclage consciencieux reste le meilleur moyen d'assurer une bonne récolte, disent-ils.

4.1.8. Coûts de production

L'estimation des coûts de production demeure un casse-tête chez les producteurs enquêtés.

Ni le coût de production, ni la rentabilité ou non de la culture de l'igname ne peut être estimé.

Cela est en partie dû au caractère d'auto consommation de cette culture, mais egalement à son

39

Page 51: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

caractère saisonnier. En effet, les producteurs récoltent les tubercules au fur et à mesure des

besoins alimentaires ou financiers du ménage.

Cependant, malgré le coût élevé des tnlVaux ct les contraintes de main d'œuvre exigées, les

producteurs s'accordent à reconnaître la rentabilité de cette culture. En effet, elle assure non

seulement leur sécurité alimentaire, mais aussi permet la scolarisation de leurs enfants.

4.1.9. Récolte et activités poste-récoltes

4.1.9.1. Récolte

La récolte est une opération très délicate pour le producteur en raison non seulement du

risque de blessure des tubercules mais aussi de sa pénibilité de par son exigence en force

physique. Elle exige un professionnalisme de la part du récolteur. Elle se fait progressivement

selon les besoin alimentaires ou financiers du ménage. Les périodes de récoltes diffèrent selon

qu'il s'agisse d'ignames de variétés tardives ou précoces. Les producteurs enquêtés disent que

l'igname doit rester sous terre au moins 9 mois avant de la récolter. Ainsi, les premières

récoltes démarrent dans la localité en août dès que les paysans constatent que les plantes

d'ignames portent assez de fleurs et s'étalent jusqu'à la mi-octobre pour les variétés précoces.

Cependant, la majeur partie de la récolte, qui concerne les deux variétés d'igname, s'effectue

entre novembre et février et s'entrecoupe avec le travail de plantation.

La technique de récolte est la suivante: la première récolte pour les ignames précoces, est

faite de façon minutieuse à l'aide d'une machette. Elle consiste à creuser la butte (photo 7),

sectionner la partie supérieure de l'igname et la conserver dans la butte, enlever avec soins et

précautions le tubercule de la butte de façon à ne pas détruire les racines de la plante. La butte

est aussitôt refermée et la partie supérieure conservée continue son développement pour

produire les semenceaux. Cette récolte soulage la plupart des agriculteurs. Les tubercules

récoltés permettent de conjurer le moment de soudure et de bien préparer la rentrée scolaire

des enfants grâce à la vente de la première récolte. La deuxième récolte concerne les ignames

tardives et les semenceaux des ignames précoces. Elle consiste à enlever la totalité des

ignames en détruisant la butte dans l'optique de préparer le terrain pour la prochaine culture.

Ce moment correspond à la grande période de la commercialisation du produit.

40

Page 52: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

De manière générale, les semences proviennent des tubercules de deuxième récolte.

Cependant, en cas de mauvaise pluviométrie les tubercules sont abandonnés dans les buttes et

serviront en partie de semences.

Photo 7 : récolte d'igname précoce

Pboto J. DOLI, Tiafandouo, Octobre, BF, 2015.

4.1.9.2. Stockage

La méthode de stockage est celle héritée des ancêtres. De façon générale, deux types de

stockage cohabitent dans cette région. Il s'agit notamment du stockage enterré pour les

tubercules de premières récoltes destinées en grande partie à la vente et du stockage sous

paillote. En effet, le stockage enterré consiste à creuser, dans son champ, un trou

généralement en fonne de cylindre de moins d'un mètre de profondeur dans lequel les

ignames sont classées verticalement (queue en bas et la tête en haut) en cercles concentriques

(photo 8a). Il est rare de voir ce système de stockage à domicile sauf en cas de la non vente

puisque le paysan n'emmène les tubercules à commercialiser à domicile que les jours de

marché. De nos jours, cette méthode se voit progressivement être remplacée par une autre

méthode en raison du risque élevé de pourrissement des tubercules qu'elle occasionne. Par

ailleurs, cette nouvelle méthode consiste à stocker les tubercules sous un arbre ombragé et à

les couvrir de paille d'herbes (photo 8b). La deuxième méthode (stockage sous paillote) est

réservée aux tubercules de deuxième récolte et aux semenceaux. Elle consiste à construire,

toujours dans son champ, une paillote en paille bien aérée dans laquelle les tubercules sont

étalés par terre (photo 8c). Puis, sans d'autres mesures de protection, maintient la porte de la

Page 53: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

paillote bien fennée. Le paysan visite régulièrement son stock pour casser les tiges d'igname

qui commencent à genner. Ainsi, l'igname peut y rester stockée jusqu'à la nouvelle récolte.

Cependant, notons que de manière générale, que ca soit les tubercules de première récolte ou

de deuxième récolte, la durée de conservation n'excède pas un mois.

Globalement, dans cette commune, la conservation de l'igname est génératrice de pertes

considérables en raison du risque élevé de pourrissement des tubercules. Cela est dû à

l'in ompatibilité du système traditionnel de conservation aux exigences du tubercule. En dépit

des améliorations apportées au système de stockage, celui-ci demeure très rudimentaire.

Photo 8a : stockage enterré à Sinaperdouo Photo 8b : stockage sous ombrage d'arbre à

Tiafandouo

Photo 8c : stockage sous paillote à Photo 8d : stockage sous paillote à Tiaïàndouo (vue Tiafandouo (vue externe)

Photo J. DOLI, BF, Octobre, 2015

4.1.9.3. Transformation et utilisation de l'igname

Les pratiques alimentaires à base d'ignames sont multiples mais il n'yen a en général pas

de variation. Elles restent toujours celles transmises par les ancêtres. L'igname est en général

consommée bouillie ou pilée; elle n'est pratiquement grillée que dans les champs. L'igname

pilée est majoritairement consommée pendant la période de disponibilité de l'igname de août

jusqu'à la récolte du sorgho ou la prochaine plantation de l'igname en décembre ou en janvier

42

Page 54: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

/février. Dès que le stock commence à s'épuiser, les populations s'orientent d'avantage vers la

consommation d'autres produits notamment les céréales.

En résumé, la répartition mensuelle des travaux de production d'igname dans la commune

de Midebdo est la suivante (Figure 7).

-o 120 o

~ - 100 recolte

X ::::s 80 35

20

o sarclage ~ ~ ..., 60 • plantation

(Il QJ

""C C o

.';; ra.i:

o

20

40

50 tuteurage

• buttage

~

Mois de l'année

Figur 7: Répartition mensuelle des travaux de production d'igname à Midebdo Source: Données d'enquêtes, Midebdo, octobre, 2015

4.1.9.4. Commercialisation en frais de l'igname récoltée

Le commerce des produits agricoles est l'une des principales activités par laquelle les

populations de Midebdo tirent leurs revenus pour assurer les différents besoins auxquels elles

sont confrontées. Parmi les principales productions agricoles, l'igname constitue la principale

culture marchande.

Les activités de commercialisation de l'igname font de Midebdo, une commune de transit.

Bien que l'igname soit présente sur les marchés tout au long de l'année, sa saisonnalité et les

difficultés liées à sa conservation influencent sa commercialisation. Néanmoins, on peut

distinguer dans cette localité du pays deux périodes de vente de l'igname. La première

s'échelonne d'août à octobre et représente une période de commercialisation intense. A cette

période (de août à septembre) correspondant au début des premières récoltes où tous les

producteurs ne disposent pas encore des d'ignames sur le marché, les ignames de 3 à 5 kg

sont vendues trois à 1000 F CFA et celles de 1 à 2 kg à 500 F CFA. Elle concerne les variétés

précoces. La seconde, va de mi-octobre, avec la sortie progressive des variétés tardives; elle

--.-r 43

Page 55: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

dure le reste de la campagne, c'est-à-dire cnviron 9 mois. A cette période, tous les paysans

disposent des tubercules d'ignames sur Je marché. Ainsi, les prix chutcs ct les paysans

vendent leurs tubercules de 3 à 5 kg à cinq à 1000 Jo' CFA et ceux de 1 à 2 kg à 500 F CFA.

Les mois de décembre/janvier étant les mois de ventc intense. Pendant cette périodc, les prix

grimpent beaucoup plus tandis que l'igname se fait rare chez les producteurs.

Le marché de l'igname à Midebdo est très diffus et atomisé. Les acteurs en présence varient

d'une période à l'autre. Ce sont là autant d'aspects de la filière difficiles à appréhender.

Au regard de la stratégie quelque peu confuse, spontanée et saisonnière des acteurs, il est

sérieusement difficile de classifier les intermédiaires impliqués dans la commercialisation de

l'igname dans la commune. Cependant, nous les regroupons en deux catégories:

• Les producteurs: ce sont les autochtones eux-mêmes. Ils assument entièrement tous

les risques causés par le stockage et la conservation à long terme des tubercules.

Aussi, ils sont les acteurs les moins informés des fluctuations des prix du marché et de

l'ampleur de l'offre. Ainsi, ils sont exposés à vendre leur récolte à des prix inférieurs

au cours du marché. Leur stratégie de vente engendrée par un empressement d'ordre

financier ne les avantage guère. En effet, quand les nouvelles récoltes arrivent, les

paysans s'empressent de vendre pour couvrir leurs besoins de liquidités. Ils vendent

ainsi la majeure partie de leur récolte à vil prix et souvent avant maturité complète. Ce

qui est dommage pour eux car ils sont très souvent victimes des manipulations par

d'autres intermédiaires, généralement mieux informés sur la situation réelle du

marché. Chez la plupart des producteurs enquêtés, la vente n'est qu'une infime partie

de ce que représente celle destinée à l'auto consommation.

Les paysans enquêtés n'utilisent pas de contrat à proprement dit dans leur stratégie

de vente. A l'exception de quelques-uns d'entre eux qui ont des acheteurs fidèles, la

plupart vendent d'une manière spontanée : soit les acheteurs viennent directement

dans leur champs, soit, s'ils sont dans le besoin financier, ils vont chercher eux-mêmes

les acheteurs sur les marchés ou dans les villes. Très souvent, les paysans affirment

être victimes d'achats à crédit qui ne sont jamais remboursés.

• Les détaillants urbains: ils viennent d'horizons diverses: Bobo, Gaoua et de

Kampti. Mais la majorité vient de Bobo. Ils achètent par tas dont les quantités sont

variables et les prix difficiles à estimés.

44

Page 56: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

Leurs stratégies sont diverses: Certains interceptent les détaillants ruraux avant

qu'ils n'arrivent en ville. Cette stratégie leur permet non seulement de payer moins

cher car les commerçants ruraux ne sont pas au courant des prix du marché, mais aussi

de gagner la compétition face à une multitude de commerçants urbains venus

s'approvisionner. Ils chargent leur marchandise sur les engins à deux roues ou dans de

gros camions de 10 à 15 tonnes (photo 9a) dans les abords des routes où les

producteurs ont transporté et déposé les ignames achetées (photo 9b). Il Y en a

également qui se déplacent directement aux champs toujours dans la perspective de

déploiement d'une stratégie de maximisation de leur gain fInancier.

Photo 9a : chargement d'igname achetée à Photo 9b : ignames achetées à Tiatàndouo

Sinaperdouo an ndant d'être ramassées

Photo J. DOLI, BF, Décembre, 2015.

45

Page 57: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

4.2.2. Contraintes au niveau des activités de production et des activités post-récoltes

Au niveau de la production. le système de production traditionnel développé par les

paysans ne permet pas de faire face aux maladies. En effet, aucune mesure préventive ni

curative n'est entreprise pour luHer ou éviter d'éventuelles attaques de parasites. Par

conséquent, on assiste à de nombreux dégâts phytosanitaires surtout en phase de culture

réduisant sérieusement les rendements, donc la production agricole. Les agents responsables

sont surtout les champignons et les virus (GOUDOU, 1995). Les dégâts champignonnistes des

feuilles sont très remarquables dans des conditions climatiques humides. Autres ravageurs

notamment les cochenilles, les fourmis manioc et les vers blancs causent des dégâts sur la

culture en végétation. En effet, les cochenilles gênent la germination des tubercules. En phase

de végétation, les fourmis manioc (Acromyrmex octospinosus) causent des défoliations et les

vers blancs (stades larvaires des scarabéides) attaquent les tubercules en formation. Que ça

soit en végétation ou en stockage, les tubercules subissent les dégâts des termites. Cependant,

en stockage les dégâts des termites, des animaux sauvages (surtout les rats) et domestiques

(stockage à proximité des domiciles) sont les plus remarquables en plus du pourrissement.

Outre les contraintes phytosanitaires, l'igname est très exigeante en fertilité. Elle ne peut

être produite plus de deux fois successivement sur la même parcelle. Elle épuise les sols et

aggrave les phénomènes de déboisement. Aussi, le caractère artisanal associé à la baisse de la

fertilité des sols ne permet pas de maximiser sur les rendements. Mais, l'utilisation des

semenceaux améliorés pourrait à l'avenir pallier ce manque à gagner. La mécanisation de la

culture n'est pas vraiment envisageable à cause du buttage et du tuteurage qui constituent un

frein. Même si l'igname est une culture rentable malgré les nombreuses contraintes à sa

production, la conservation en est un obstacle majeur à son développement à cause des pertes

énormes de tubercules qu'elle engendre chaque année. Les pertes varient entre 30 et 40%

selon les régions et les variétés d'igname (SOULE, 2000 cité par ABOUDOU et AURIOLE,

2006). C'est pourquoi, la recherche des techniques de conservation moins exposées aux

pourrissements et aux problèmes de maladies et d'insectes serait la bienvenue.

Les contraintes de transport sont surtout le manque de moyens de transport. Par conséquent,

le transport des tubercules des champs à domicile ou des champs au lieu de vente est effectué

à pied par les femmes ou à vélo par les hommes. La transformation du tubercule en produits

dérivés n'est pas encore envisagée dans la commune. Cela s'explique non seulement par le

manque de moyens financiers et matériel mais aussi et surtout par le manque d'information et

la moindre ouverture de la commune au reste du monde. Outre ces contraintes, les

47

Page 58: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

producteurs ne bénéficient paS de l'accompagnement de la part des agents d'agriculture qui

disent n'avoir pas de formations nécessaires sur les tubercules.

4.2.3. Contraintes de commercialisation

La véritable contrainte dans le processus de commercialisation est la non maitrise des

variations de prix sur le marché par les paysans. Ce qui amène les paysans dans les filets des

commerçants qui achètent les tubercules à des prix extrêmement bas, d'où un revenu faible

chez les producteurs. La deuxième contrainte dont la solution pourrait harmoniser le climat de

commercialisation, soulager et encourager les producteurs d'igname est le manque

d'organisation de la filière au niveau étatique.

Cependant, pour remédier à ce phénomène, la création au niveau local d'un Groupement

des Producteurs d'Ignames (GPI) pourrait contribuer à une organisation de la filière d'autant

plus que de plus en plus les paysans s'imprègnent du cours des prix de tubercules sur les

marchés afin d'éviter toute manipulation à leur désavantage. Outre, ces contraintes nous

soulignons le problème du transport qui présente assez de risques de pourrissement de

tubercules frais.

4.2.4. Facteurs déterminant le rendement de l'igname

L'identification des facteurs déterminant le rendement de l'igname nécessite des études

approfondies. De plus, l'assolement de la culture de l'igname dans la commune vient

compliquer cette situation, car le choix des espèces d'igname en fonction de la fertilité

subjective de la parcelle peut cacher des effets spécifiques pour des variétés individuelles.

Cependant, parmi les espèces qui ont fait l'objet de notre étude, les ignames de l'espèce D.

alata ont un potentiel de production nettement plus élevé que celui des ignames de l'espèce

D. cayenensis et de celle de D.rotundata. Ces résultats sont conformes à ceux de DEGRAS

(1986).

Outre les facteurs liés à l'espèce, le rendement de chaque variété est influencé par les

conditions pédologiques. Bien d'autres facteurs peuvent influencer les rendements de

l'igname. Il s'agit notamment de la pluie, de la main d'œuvre, du travail du sol notamment la

forme des buttes mais aussi et surtout l'itinéraire technique appliqué à la culture. C'est

pourquoi en raison du manque d'étude sur les facteurs déterminant le rendement de l'igname

dans notre cas, nous affirmons que l'identification des facteurs influençant le rendement de

l'igname doit être interprétée avec précaution parce que les parcelles contiennent des variétés

48

Page 59: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

d'espèces différentes qUI peuvent sc comporter de manière différente par rapport à

l'environnement.

4.2.5. Importance de l'igname dans ]a commune de Midebdo

Les bienfaits de l'igname dans la vie des populations rurales de même que urbaine sont

réels. Son importance sur les plans culturel et financier en passant par le plan alimentaire est

de nos jours démontrée. En effet, l'igname constitue indéniablement l'une des cultures les

plus anciennes de cette commune. Elle est fortement impliquée dans les pratiques sociales et

dans les habitudes alimentaires de la région. Sa part dans les pratiques sociales s'explique par

le fait que l'igname doit d'abord passer par les ancêtres avant que la première récolte ne

commence. C'est également la culture qui fait appel à des croyances mystiques jouant sur le

volume et la qualité de la production.

Sur le plan alimentaire, l'igname est consommée presque chaque jour (matin-midi-soir) par

les populations de la région. Selon les enquêtes, les paysans affirment avoir assez d'énergie en

consommant l'igname. Cette énergie leur permet d'assurer les travaux de terrain notamment

le défrichement et le buttage qui sont très exigeant en énergie. Les études de BACO et al.

(2008) cités par GIBIGAYE (2013) ont montré qu'un repas d'igname satisfait 100% des

besoins en énergie et en protéines, 130% des besoins en calcium et 80% de besoins en fer

d'un homme adulte. Aussi, les études effectuées par l'Institut National des Recherches

Agricoles du Bénin (INRAB) en 1996 ont révélé que l'igname fournit en moyenne 107 kg de

protéines par hectare contre 37 kg pour le manioc, 82 kg pour le maïs et 78 kg pour le soja.

Ces résultats antérieurs justifient l'intérêt qu'accordent les agriculteurs à l'igname compte

tenu de sa richesse en protéine.

Outre l'importance culturelle, énergétique de l'igname, l'igname représente une source de

revenu pour la population. L'augmentation de la demande en relation avec la croissance

urbaine renforce cette dynamique économique aussi bien chez les producteurs que chez les

commerçants. En effet, chez les producteurs, la vente sert à payer les travaux champêtres, la

réfection de cases, l'achat ou la réparation de moyens de déplacement, l'éducation des

enfants, les dépenses alimentaires et les soins de santé. L'évolution de la dynamique

économique de l'igname dans cette région du pays entrainera chez les producteurs la

monoculture de l'igname puisque les paysans se spécialisent de plus en plus dans la sélection

des variétés traditionnelles bien rémunératrices.

49

Page 60: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

4.2.6. Conséquences de la production de l'igname sur l'environnement

La culture de l'igname telle qu'elle est pratiquée dans la commune a des impacts négatifs,

voire dévastateurs, sur l'environnement. En effet, dans toutes les rotations, l'igname vient en

tête de culture occasionnant la perte massive des ligneux. Seuls quelques ligneux à caractère

socio-économique (Parkia biglobosa, Vitellaria paradoxa, etc.) sont épargnés. Les savanes

arborées-arbustives, les forêts claires, les savanes boisées, les forêts denses et les forêts

galeries connaitront très bientôt, si rien n'est entrepris pour les sauvegarder, leur disparition

car chaque année ce sont les nouvelles défriches qui se créent au profit de la culture de

l'igname. Cet impact négatif de la culture de l'igname sur l'environnement ira grandissante

avec l'insertion de l'igname dans l'économie marchande. Cela se remarque avec

l'augmentation des superficies cultivées qui sont allées de 0,5 ha autrefois à aujourd'hui 2-3

ha voire 4 ha d'igname par exploitation.

De plus, le recul des champs d'ignames vers la brousse démontre la pression foncière de la

population et le recul des fronts pionniers. A cela, il faut noter l'impact négatif des feux

tardifs de végétation utilisés par les paysans pour défricher les parcelles. Ces feux dégagent le

C02 qui pollue l'air; exposent le sol à l'érosion, détruisent les microorganismes et la flore. De

plus, Le défrichement des forêts, le buttage, l'utilisation des tuteurs dénudent le sol et

l'exposent à l'érosion. Aussi, la confection des buttes d'igname telle que réalisée par les

paysans provoque l'ameublissement du sol, entraine le départ des nutriments conduisant à

l'appauvrissement des terres.

En somme, la culture de l'igname de par les techniques culturales qui lui sont propres et

ses exigences contribue significativement à la dégradation de l'environnement, notamment

d'ordre végétal et pédologique.

4.2.7. Potentialités et avenir de la production de l'igname dans la commune rurale de

Midebdo

Selon nos enquêtes, dans la commune de Midebdo, l'igname est le deuxième produit

vivrier après le maïs. Elle est considérée comme une culture fournissant l'aliment de base et

jouant un important rôle dans la sécurité alimentaire des populations de la commune. Sa

production moyenne par exploitation est estimée à 17320 kg sur une superficie moyenne de

1,89 ha. Ces chiffres justifient l'importance de la culture de l'igname à Midebdo. Outre ces

avantages, la population de la commune est à majorité jeune. Ce qui représente une main

d'œuvre pour la culture de J'igname qui est très exigeant en main d'œuvre. De plus, cette

50

Page 61: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

4.2. Discussions

4.2.1. Analyses critiques

Le mode de production de J'igname dans la commune de Midebdo demeure extensif~

artisanal et intensifen main d'œuvre. En effet, du point de vue agronomique, l'igname est une

culture très exigeante. Elle requiert non seulement des terres fertiles mais aussi des hauteurs

de pluie supérieures à 1200 mm, réparties sur 5 à 6 mois et une période d'insolation

équivalente (GIBIGAYE, 2013). C'est cette exigence qui fait qu'en culture traditionnelle,

l'igname se retrouve toujours en tête de rotation et revient très généralement une seule fois

après une longue jachère à cause de la baisse du niveau de fertilité des sols. Cette quête

permanente de terre fertile explique très largement le caractère itinérant de la culture de ce

tubercule.

Dans cette localité du pays, le caractère exigeant (main d'œuvre élevée, culture rattachée à

la tradition, opérations culturales qui se déroulent toute l ' année) fait que les jeunes sont moins

motivés par cette culture. Plus, l'orpaillage beaucoup développé dans la localité, constitue une

porte ouverte pour les jeunes de s'enrichir facilement. Ce qui explique pourquoi les actifs

d'igname sont des adultes de 30 à 50 ans.

La monoculture de l'igname n'est pas l'habitude des paysans. Même si elle l'était, elle est

multivariétale car dans la même parcelle d'igname toutes les variétés d'ignames y sont

produites. L'igname est toujours associée à d'autres cultures notamment le mil dans l'objectif

de diversifier les productions agricoles. La deuxième raison de la polyculture est une raison de

tradition car selon les paysans ils hériteraient ces pratiques et de ce fait il serait difficile d'en

abandonner. Cependant, selon nos enquêtes, ils disent être favorables à d'éventuels

changements pouvant améliorer les rendements agricoles et partants, du climat de la

commercialisation. La troisième raison relative aux techniques d'association s'explique par le

fait que la polyculture pennet de rentabiliser les investissements en main d'œuvre et

d'atténuer la pénibilité des travaux préparatoires des champs d'igname.

Autrefois considérée comme une culture incompatible à l'agriculture moderne à cause du

poids de la tradition, l'igname s'insère de nos jours dans une économie marchande et doit

faire face à des défis de plus en plus grands. Il s'agit notamment des défis de compétitivité

avec d'autres cultures de rente (maïs, riz, coton, etc.) et des défis de production durable. Le

passage d'une agriculture vivrière à une agriculture commerciale de l'igname se justifie par la

demande sans cesse croissante des populations urbaines. Ce changement de l'igname de

simple culture d'autoconsommation des populations rurales à une spéculation marchande

toujours traditionnel n'est pas sans contraintes.

46

Page 62: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

population qui est à majorité constituée de Lobi, donc une prédominance à l'homogénéité

linguistique, reste un facteur important de développement.

Au plan climatique, c'est une commune aux facteurs' climatiques favorables au

développement de la culture de l'igname. En effet, c'est une zone où les précipitations varient

souvent entre 900 et 1100 mm de pluies dans l'année. La température moyenne varie entre

24,9°C et 30,2°C (PCDM, 2015). Les vents ne sont pas forts compte tenu de la présence assez

importante de la végétation. Les terres de défriche sont encore présentes dans la commune et

la majorité d'entre elles sont des terres sablonneuses, bonnes à la culture de l'igname.

Cependant, malgré ces nombreux atouts, l'avenir de la culture de l'igname n'est pas

encourageant dans la commune. En effet, l'apparition de l'or presque partout dans la

commune ne laisse pas les jeunes indifférents, de même que les vieux. Beaucoup de jeunes

abandonnent les champs d'ignames au profit des sites d'or. Lors de nos enquêtes, nous étions

très souvent confrontés à ces cas. A cela, ajoutons que les terres d'orpaillage sont souvent des

champs et cela contribue à réduire considérablement les terres agricoles accentuant ainsi la

déforestation.

A ces facteurs compromettants, s'ajoutent les contraintes de commercialisation de

l'igname. La principale contrainte est la fluctuation anarchique des prix inter et intra annuelle

répondant d'une part à la loi de l'offre et de la demande sur le marché mais également aux

stratégies financières des différents acteurs impliqués. Ceci n'encourage pas les producteurs

d'autant plus que les prix ne répondent pas à leurs attentes (bas prix, achats à crédit, non

remboursement de crédit, etc.).

Si rien n'est fait pour remédier à ces facteurs non encourageant, l'avenir de la culture de

l'igname sera compromettant.

51

Page 63: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

CONCLUSlON GENERALE ET l>ERSPECTlVES

L'étude des systèmes de production de l'igname dans la commune rurale de Midchdo a

permis de mettre en évidcnce les principaux paramètres suivants: Je profil des producteurs,

les pratiques culturales et les variétés utilisées, la commercialisation, l'importance de

l'igname chez les populations, les contraintes de production et les conséquences des pratiques

culturales de l'igname sur l'environnement. Cependant, cette étude est loin d'aborder toutes

les préoccupations relatives à cette thématique notamment la caractérisation des typologies de

sols, l'identification des facteurs influençant le rendement de l'igname, et enfin l'analyse des

coûts de production, les dépenses ainsi que la profitabilité de la production de l'igname chez

les producteurs.

En somme, dans la commune rurale de Midebdo, la production de l'igname est encore

porteuse d'espérance comme un des moyens domestiques de résolution des questions de

sécurité alimentaire du pays. Les atouts accordés à l'igname sont incontestables: de la

nutrition à la commercialisation, les avantages sont énormes tant pour les populations locales

que urbaines. Ces avantages incontestables nous amènent à dire que l'igname est une culture

qui pourrait contribuer à l'essor de l'économie nationale. Par ailleurs, pour une production

soutenue, la filière igname doit subir des transformations.

Dans la commune, l'igname est cultivée traditionnellement avec des moyens de production

dérisoires. Environ 94 % des producteurs d'ignames ne sont ni allés à l'école, ni alphabétisés.

La superficie moyenne par producteur enquêté est de 1,89 ha avec un rendement moyen

estimé à 9164,48 kg/ha. L'utilisation des pesticides de même que la fumure organique n'est

pas l'habitude des paysans.

Dans la conduite de la culture, on ne note pas de changement notoire dans les pratiques

culturales depuis la nuit des temps. Les agents de l'agriculture sensés accompagner les

producteurs d'igname dans la localité ne disposent pas de connaissances nécessaires pour le

faire. C'est d'ailleurs ce qui explique le caractère traditionnel de la culture de l'igname dans la

commune. Ce caractère traditionnel joint à l'importance socio-économique de l'igname

conduit à une production entrainant des extemalités négatives sur l'environnement: les forêts

se transforment en savanes et les savanes en zones dénudées dont la conséquence est la

désertification, l'ameublissement du sol par le buttage appauvrit les sols entrainant la baisse

des rendements agricoles.

Conscients de ces désastres, les paysans de la commune se disent prêts à toute proposition

porteuse de progrès potentiel en matière de production agricole durable.

52

Page 64: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

Ainsi, au regard de tout ce qui précède et afin d'aider les producteurs à adopter les pratiques

agricoles adéquates et en confonnité avec les caractéristiques pédologiques, nous fonnulons

nos suggestions suivantes:

~ A l'endroit des producteurs,

La fonnation dans la commune d'un groupement des producteurs d'igname afin

de faciliter leur accès aux crédits agricoles et la négociation des prix de l'igname

avec les commerçants ;

L'utilisation de la matière organique pour le moment en attendant que les engrais

chimiques adaptés soient mis au point.

~ A l'endroit des chercheurs,

Mener une étude conséquente sur les caractéristiques pédologiques dans la

commune afin de proposer des variétés de tubercules mieux adaptées;

Sélectionner des variétés d'igname moins exigeantes en fertilité et aux rendements

élevés;

Mener des études sur les maladies de l'igname afin de proposer des méthodes de

lutte efficace.

Organiser des ateliers de Fonnation-Sensibilisation des producteurs d'ignames sur

les systèmes innovants de la culture de l'igname;

Vulgariser et faciliter l'accès aux semences améliorées d'ignames auprès des

paysans afm d'améliorer les rendements agricoles;

Mettre au point une fonnulation d'engrais chimique qUI puisse entraîner une

augmentation des rendements tout en conservant à l'igname toutes ces qualités

nutritionnelles et physico- chimiques;

Mettre un accent particulier sur la composante commercialisation en aidant les

producteurs à trouver des débouchés;

~ A l'endroit du Ministère de l'Agriculture et de la Sécurité Alimentaire, du

Ministère du commerce,

Mettre en place une structure pennettant de contrôler les prix des tubercules;

Fonner les agents de la commune en charge de la production végétale (Techniciens

d'Agriculture) sur les techniques de la culture de l'igname;

Développer les infrastructures routières de même que les infrastructures

marchandes pour faciliter les échanges;

Page 65: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

Organiser la filière igname de manière à ce que le surplus de la production en

période d'abondance soit stocké et conditionné puis mis sur le marché plus tard ou

alors exporté vers d'autres pays;

Encourager la mise en place des unités de transfonnation de l'igname en produits

semi-finis afin d'augmenter encore plus la valeur ajoutée de ce produit.

La mise en œuvre de ces suggestions pennettra :

D'améliorer la production de l'igname dans la commune, par conséquent améliorer la

sécurité alimentaire au niveau national puisque une partie de la production est vendue

en direction des villes du pays ;

D'améliorer le revenu des producteurs ;

D'améliorer le PIB national;

De limiter la déforestation et favoriser une agriculture durable, respectueuse de

l'environnement.

54

Page 66: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

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56

Page 68: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

ANNEXES

A

Page 69: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

ANNEXE 1: Magasin de stockage d'igname à domicile dans le viUage de Sinaperdouo (vue

interne et externe.)

Vue interne

Vue externe

Page 70: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

ANNEXE 2: Fiche d'enquête de caradéris~ltion des exploitations d'ignanH.'

A - Identification

J. Enquêteur: Date d'enquête:

2. Nom et prénom(s) de J'agriculteur : âge:

3. Village:

4. Autochtone ou Allogène 5. Sait lire et écrire Ne sait pas lire et écrire 6. Taille du ménage:

7. Ethnie:

8. Religion:

9. Quelle est votre principale activité?

10. Quelles sont vos activités secondaires?

B- Gestion de la parcelle cultivée 1. Les différentes cultures pratiquées par le producteur :

Cultures Superficie en ha Propriété, location, prêt, autre

Maïs Sorgho Igname Coton Manioc Autres

2. Quelle est la distance qui sépare les champs d'ignames de votre maison?

3. Est-il possible de cultiver l'igname sur la même parcelle? Pourquoi?

4. Pratiquez-vous la jachère? Oui non

Si non, pourquoi?

Si oui:

- quelle est la durée de la jachère?

- Quelle culture de préférence intervient après la jachère? Pourquoi?

5. Pratiquez-vous l'assolement ou la culture pure?

Si culture pure, pourquoi?

Si assolement:

- quelles sont les cultures associées à l'igname? Pourquoi?

6. successions culturales:

c

Page 71: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

--------

- quelle culture de préférence vient après l'igname? Pourquoi?

- quelle culture de préférence vient avant l'igname? Pourquoi?

C- Production végétale

1. Les variétés :

- donnez les noms locaux des différentes variétés d'ignames cultivées.

Variétés Superficie en ha----'-------~----~--

~------=J~~--

- quelles sont leurs caractéristiques (aptitude, rendement) particulières? - quelles sont leurs qualités?

- y a-t-il d'autres variétés importées? Lesquelles?

- De qui les avez-vous reçues? - Quelles sont leurs caractéristiques particulières?

2. Les semences:

-comment produisez-vous les semences au champ?

-décrire les différentes techniques de production des semenceaux à la plantation.

3. Type de terrain:

-quels sont les types de terrain utilisés (sableux, argileux, sablo-argileux, ... )?

-quel est le terrain le plus favorable? Pourquoi?

4. La conduite de la culture:

a-Préparation du terrain:

-Le défrichement:

· Décrire la pratique du défrichage?

· À quelle période de l'année le pratiquez-vous?

· Quelle est la durée de cette opération ?

· Quels sont les outils de défrichage?

· Quelle est la nature (familiale, salariée) de la main d'œuvre employée?

· Et le nombre? Si salariée, à quel prix unitaire?

D

Page 72: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

-Le buttage: · Comment s'c1Tectue la confection des buttes'? À quelle période de J'année?

· Quelle est la densité à l'ha des buttes réalisées? · Combien de temps dure cette opération?

· Quels sont les outils utilisés?

· Nature de main d'œuvre employée?

· Et le nombre?

Si salariée, à quel prix unitaire?

b. Plantation:

.Décrire la technique de plantation de l'igname

· Combien de temps dure la plantation?

· A quelle date s'effectue cette opération?

· Nature de main d'œuvre employée?

· Et le nombre?

Si salariée, coût unitaire?

c. Les soins:

-Le sarclage :

· Combien de fois faites-vous le sarclage?

.À quelle période de l'année?

· Quel est l'intervalle de temps entre les différents sarclages?

· Quels sont les outils de sarclage utilisés?

· Quelle est la durée du travail ?

· Nature de main d'œuvre employée?

· Et nombre?

Si salariée, à quel coût unitaire?

E

Page 73: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

-Le tuteurage:

· Quels sont les matériaux de tuteurage utilisés (bois sec, espèce vivante, ... ) ?

· Décrire la technique de tuteurage?

· À quel moment faites-vous le tuteurage?

· Quel est le temps de travail ?

· Nature de main d'œuvre employée?

· Et nombre?

Si salariée, coût unitaire?

-Fumure:

• Utilisez-vous de la fumure minérale? Oui non

Si non, pourquoi?

Si oui:

· Quel type de fumure minérale utilisez-vous (NPK, Urée, ... ) ?

· Quelle est la quantité à 1'ha?

· Comment l'appliquez-vous? À quelle date?

· Quelle est la durée d'application?

· Nature et nombre de main d'œuvre?

Si salariée, coût unitaire?

• Utilisez-vous de la fumure organique? Oui non

Si non, pourquoi ?

Si oui:

. Quel type de fumure organique utilisez-vous (fumier, ordures ménagères, autres) ?

. Quelle est la quantité à 1'ha?

Page 74: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

· Comment l'appliquez-vous? À quelle date?

· Quelle est la durée du travail?

· Nature et nombre de main d'œuvre?

Si salariée, coût unitaire ?

• Utilisez-vous des pesticides? Oui non

Sinon,pourquoi?

Si oui:

· Quel type de pesticide utilisez-vous (insecticides, nématicides, herbicides)?

· Quelle est la dose d'application?

· À quelle date l'appliquez-vous?

· Quelle est la durée du travail?

· Nature et nombre de main d'œuvre?

Si salariée, coût unitaire?

d. La récolte:

· Décrire la technique de récolte de l'igname.

· A quelle période de l'année s'effectue cette opération?

· Combien de temps dure cette opération?

· Quels sont les outils utilisés?

· Nature de main d'œuvre employée?

.Et nombre?

Si salariée, coût unitaire?

· A combien estimez-vous le rendement à l'ha?

· Quels sont les moyens de transport utilisés?

D - Conservation / Stockage

· Conservez-vous vos ignames? Oui non

G

Page 75: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

Si oui, où les stockez-vous (champ, domicilc, case, ... )?

Si non, pourquoi?

· Décrire les dilTércntcs tcchniques de conservation.

· QueIJes sontlcurs 1imites?

· Quelle est la durée maximalc de conservation?

E - Commercialisation

1. Quelle est la destination principale de votre production? Vente ou

autoconsommation?

Si vente:

· Qui vend votre igname 7

· A qui vendez-vous l'igname?

· De qui la demande est-elle la plus forte?

· Où vendez- vous l'igname?

· Comment vendez-vous votre igname (détail ou achat direct. .. )7

· Quel est Je prix de vente du tubercule 7

· Comment jugez-vous le revenu annuel ces trois dernières années (progression,

standard, diminution) 7

2. Quelle est la distance qui sépare vos champs du lieu de vente 7

3. A quelle période de l'année vendez-vous une grande partie de votre igname 7

4. Parmi les variétés, quelle est celle qui est plus commercialisée 7 Pourquoi 7

5. Connaissez-vous un circuit de commercialisation de l'igname 7 Oui non

Si oui, lequel 7

F- Contraintes générales

1. Rencontrez-vous des problèmes de maladies foliaires? Oui non

Si oui, moyens de lutte utilisés 7

2. Avez-vous des problèmes liés aux nématodes 7 Oui non

Si oui, moyens de lutte utilisés 7

3. Etes-vous souvent confrontés à des fontes de semis?

4. Avez-vous des problèmes liés aux animaux sauvages 7 Domestiques 7 Oui non

Si oui, moyens de lutte utilisés 7

H

Page 76: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

5. Quelles sont les difficultés rencontrées dans la conservation?

6. Quels sont les problèmes rencontrés dans la commercialisation '!

7. Quelles sont les contraintes de transport?

8. Quelles sont les solutions que vous proposez pour remédier à ces contraintes de

conservation et de commercialisation?

Page 77: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

1

ANNEXE 3 : Liste des producteurs enquêtés

PRODUCTEURS DE SINAPERDOUO N° NOMS ET N°DE D'ORDRE PRENOMS ÂGE TELEPHONE

1 Kambiré Sié 2 Hien Dignité 3 Hien Kolowéthé 4 Da Leproté 5 Dah Diparté 6 Dah Worozité 7 Dah Nihinè 8 Hien Tilkouèté 9 Kambiré Lemourté

Kambiré Yohité 10 (CVD) Il Hien Lamité 12 Dah Pelkité 13 Hien Koudebté 14 Kambiré Dédoun 15 Kambiré Bêbê 16 Hien Tilgathé 17 Kambiré Bêma 18 Dah Sonvoté 19 Kambiré Koffl

31 32 35 39 75 Il 72 80 56 6447 5004 28

- ­

28 31 60

35 71 19 58 60 46 35 792827 16 37 71 05 33 28 40 7092 83 18 37 7092 83 17 40 70929828 28 55 28 7261 8220

1

Page 78: Analyse des systèmes de production de l’igname dans la

N0 -P'~~~~1:1URS6J'-1IAFA~~_~~O - ~-~I D'ORDRE PRENOMS ÂGEfÎELEPHONE

1 Kambiré Tileté 39 71 00 92 05 2 Kambiré Silgèthé 73 3 Kambiré Tigithé 25 70 92 83 60 4 Kambiré Sié 20 7] 00 8] 22 5 Dah Chamaté 70 6 Kambiré warpathé 45 72 ]6 12 76 7 Palé Lekouré 25 8 Kambiré Dohité 35

f----------j- ----+--------+------------1 Kambiré

9 Gounpêthé 48 10 Kambiré Difkithé 20 Il Dah Lepounoté 20 12 Palé Wargothé 28 13 Da Karmanthé 30

'1 14 Palé Kossi 30 71 67 87 51 1"-----­ 1_5L-K_a_m_b_i_ré__K_o----"p~o_u_m___'_,_3_3___ll&2 98 51 99

PRODUCTEURS DE DAPLADOUO� N° NOMS ET N°DE D'ORDRE PRENOMS ÂGE TELEPHONE

1 Kambiré Houngouré 55 2 Kambiré Issoufou 28 3 Hien Hefouté 42 4 Hien Fihinté 26 5 Hien Nafleté 54

Kambiré 6 Koulandipté 47 7 Hien Tofité 40 77 Il 85 39 8 Kambiré Podinaté 28 75009491 9 Kambiré Sié 22 61 479726

Kambiré Tofaté 10 (CVD) 49 7661 2024 11 Kambiré Tifouté 18 12 Kambiré Gihinté 22 13 Hien Alain 22 14 Kambiré Nobel 28 6047 16 47 15 Kambiré Hadité 30

~-

16 Hien Nokité 35 1

K