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Analyse et Traduction des chapitres «L’ étude des mœurs» et «Les conditions d’ une véritable avant-garde » de L’Esprit Libre, D. Akritas (patronyme : Y. Theotocas) Remarques sur le ton, le style et la poétique de la traduction Séminaire d’Analyse textuelle - Traductologie: La Modernité en Europe Stephanos Gravanis Université Aristote de Thessalonique

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Analyse et Traduction des chapitres

«L’ étude des mœurs»

et «Les conditions d’ une véritable avant-garde »

de L’Esprit Libre, D. Akritas (patronyme : Y. Theotocas)

Remarques sur le ton, le style et la poétique de la traduction

Séminaire d’Analyse textuelle - Traductologie: La Modernité en Europe

Stephanos Gravanis

Université Aristote de Thessalonique

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Table des matières

Avant-Propos

1. Traduction des chapitres de l’ Esprit Libre

1.1. ˝L’ Etude des mœurs˝

1.2. ˝Les conditions pour une véritable avant-guarde˝ ù

2. Remarques sur le ton, le style et la poétique de la traduction (Rythme et

prosodie, l’ oralité et le rythme, la concondance lexicale, déplacement et

substituts, l’ ethique du rythme, les concordances culturelles)

3. Conclusion

4. Bibliographie

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Avant-Propos

L’ Esprit Libre c’ est le manifeste d’ un jeune intellectuel de l’ entre-deux-guerres qui

a voulu exprimé son inquiétude sur la situation actuelle de son pays et proposer une

nouvelle voie de penser. C’ est pour cela que nous avons choisi de traduireles deux

chapitres essentiels dans lesquels il développe toute sa problématique. Nous allons

surtout mettre l’ emphase au style et au ton, qui illustre de la meilleure façon, l’ esprit

libre de cet essai de G. Theotokas.

˝L’ Etude des mœurs˝

La Nouvelle Grèce n’ a rien offert jusqu’ à aujourd’ hui à la civilisation

culturelle de l’ Europe. Aucun de nos écrivains n’ a jamais exercé aucune influence en

dehors des frontières. Aucune de nos œuvres n’ a vraiment émueles étrangers. Nous

avons travaillé cependant, pendant cent ans, et il n’ y a pas de doute que nous avons

travaillé le mieux que nous avons pu. Maintenant, que s’ est achevé, ce premier siècle

de vie indépendante et qu’ une nouvelle époque commence pour l’ Europe et pour la

Grèce, il faut réviser nos valeurs, nos critères.

En revanche, une étude attentive du passé est nécessaire pour considérer nos

faiblesses et nos manques, pour comprendre aussi sur quels points il est nécessaire de

prêter attention. C’ est un stricte scolasticisme, certainement, d’ accuser les lettres

modernes parce qu’ elle reçoivent des influences de tous les côtes. Il y a une

interaction, surtout aujourd’ hui, plus que jamais. Les courants d’ Italie, de France, de

l’ Angleterre, de l’ Allemagne, de la Russie, de la Scandinavie, sont passés par la

Grèce, et il fallait qu’ ils passent. Le défaut des lettres modernes ce n’ est pas qu’ ils

ont reçu plusieurs influences, mais qu’ ils n’ ont rien donner en retour. Une litterature

acquiert une importance internationale sans jamais cesser de recevoir des influences.

Notre littérature s’ est montrée jusqu’ à aujourd’ hui passive. Il n’ est pas juste de

sous-estimer pour cela la poésie lyrique qui a été jusqu’ à aujourd’ hui l’expression la

plus importante de notre vie culturelle. Les poètes lyriques d’ un petit peuple sont

condamnés par la nature des choses de ne pas trouver de retentissement en dehors de

leur pays, pour la simple raison que leur moyen d’ expression principale est la

musique de leur langue, et cette musique ne peut pas être traduite. Nos poètes passent

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les frontières seulement pour visiter dans les cours préparatoires de l’ Université les

hellénistes, les linguistes et les spécialistes de la littérature. Aucune fille d’ un autre

peuple, n’ a jamais trouvé son inquiétude, ses rêves, ses peines, dans les pages de

Solomos, de Mavilis, de Griparis, de Palamas. C’ est dommage pour eux et pour nous,

parce que si les étrangers connaissaient mieux notre lyrisme ils nous estimeraient plus

qu’ ils nous éstiment aujourd’ hui et peut-être plus qu’ on le mérite.

Ne soyons pas injuste envers pas ces beaux poètes qui ont gardé à un haut niveau l’ art

et leur individualité et qui ont elevé la Grèce, si non aux yeux des étrangers, au moins

aux yeux des grecs. Lorsque, malheureusement, nous avons l’ occasion rarement

admirer quelque chose dans notre pays, ne marchandons pas notre admiration. Le

membre le plus atrophique de notre organisme c’ est la prose. C’est là, la plaie

dangereuse et c’ est la où on doit examiner la situation sans nervosité et avec calme,

avec impassibilité et attention, parce que peut-être il faudra intervenir.

Un regard sur notre prose moderne suffit pour comprendre que nos prosateurs les plus

importants, ceux qui ont marqué une étape importante dans notre évolution

spirituelle, qui créent des courants littéraires qui tracent des directions, ce ne sont pas

de purs écrivains mais des écrivains critiques comme Psicharis, Poïdis. Quand je me

réfère à ces critiques je ne veux pas sous-estimer leur valeur artistique. Je veux dire

qu’ en eux l’ humeur critique (surtout sous la forme de révision des valeurs

spirituelles grecques) est plus forte que la pure humeur créatrice, celle d’ un travail de

maçonerie. Un autre guide spirituel, Ion Dragoumis, peut être un homme critique

littéraire. La seule différence qui le distingue des autres c’ est que, celui-ci, a voulu

une critique du ˝moi˝ et de l’ âme de sa nation, tandis que Roïdis et Psicharis ont fait

une critique des idées. Nos auteurs de nouvelles ne sont pas à l’ hauteur de ces

hommes, ils sont extrêmement inférieurs envers eux en ce qui concerne l’

individualité, l’ ésprit et les capacités.

Leur rôle dans la vie culturelle semble très insignifiant. La plupart des fois c’ est un

rôle d’ artistes qui récitent des histoires simples que pour faire le temps passe.

Les guides spirituels auxquels je me réfère ci-dessus se sont isolés volontairement

dans les questions grecques, ont consacré avec abnégation toutes leurs forces à l’

œuvre de la renaissance grecque et ils n’ ont pas visé à donner des œuvres d’ une

importance européenne. On ne va pas les accuser pour cela. Au contraire, on leur sera

reconnaissant parce que sans de tels hommes, qui sait où nous serions maintenant. On

va juger les hommes qui ont consacré leur efforts à travaux de construction. Ce travail

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de construction s’est limité à l’ étude des mœurs à la montagne et à la mer, l’ étude

des mœurs à la vie de province et dans la petite bourgeoisie athénienne, l’ étude des

mœurs des classes populaires avec une grande tendance vers les mœurs de la taverne

et du maison de prostituées.

Certains critiques distinguent dans ces versions une évolution remarquable. Les

marxistes parlent d’ une déplacement progressiste de la nouvelle de la droite vers la

gauche : La nouvelle de la petite bourgeoisie et du monde agricole, la nouvelle

bourgeoise, la nouvelle ouvrière. Le problème est que les diverses versions n’ élèvent

pas son niveau. Je crois que personne n’ en doute à part les écrivains concernés. Notre

ensemble de nouvelles et de romans continuent à être une ˝étude des mœurs˝, et tant

qu’ ils limitent leur évolution seulement à des changements d’ une mise en scène on

ne peut pas dire qu’ ils progressent vraiment.

(Le théâtre, genre indépendant, ayant une nature particulière, des conditions de vie

particulières et un retentissement particulièr, doit être étudié séparément de l’

ensemble de la littérature. Cependant, tout ce qui est dit ici sur ˝l’ étude des mœurs˝

concernent évidemment et le théâtre ˝d’ études des mœurs˝).

Les écrivains grecs de ˝l’ étude des mœurs˝ au fond, malgré leur contradictions

extérieures, conservent il y a cinquante ans la même perspective de vie, les mêmes

horizons, la même conception sur la vie. Ils suivent toujours la même école, qui peut-

être nommé école photographique. Ils peuvent être jugés globalement.

L’ objectif rend fidèle les traits caractéristiques extérieurs de la physionomie d’ une

personne, d’ un paysage, d’ une rue-elles les rend incomparablement plus fidèle que

chaque peintre. Il marque avec une grande exactitude les distances, les analogies, les

lignes, les contradictions de la lumière et de l’ ombre. Si c’ est un bon objectif il

analyse les détails et garde les colorations. Il nous offre une image utile de la forme

extérieure des personnages, des montagnes et des arbres, des maisons et des voitures.

Mais cette image ne parle pas dans notre âme. (Une photo peut nous émouvoir

seulement si elle se lie surtout au texte, à nos souvenirs ou à nos désirs, mais pas pour

sa valeur. Qu’ est-ce qu’ il manque ?

Vous aimez une femme. Ce qui vous attire en elle c’ est la forme de son aspect. Je ne

vais pas prétendre que vous l’ aimez pour son ésprit, bien que ce soit difficile, si vous

êtes intelligent, d’ être amoureux d’ une femme bête. (il y a des femmes bêtes qui le

sont beaucoup plus que l’ on croit d’ habitude). En tout cas, il est possible, et cela

arrive souvent, de tomber amoureux d’ une femme en la voyant de loin sans jamais

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discuter avec elle. Biensûr cette femme doit être belle, ou ce qu’ on appelle mignonne,

ou au moins mignonne pour vous, sinon pour les autres, mignonne par rapport à votre

esthétique personnelle. Mais cela dépend de son apparence extérieure. Etes-vous

interessés par ce type de beauté ou celle du charme physique? Les analogies des

lignes vous intéressent ? Vous tenez beaucoup aux traits caractéristiques extérieurs?

Il y a des personnes qui aiment une femme depuis très longtemps et si vous leur

demandez quelle est la couleur de ses yeux ne savent pas vous le dire. Ils n’ ont pas

remarqué attentivement ses traits extérieurs ou ils ne les ont pas conservés dans leur

mémoire. Vous mêmes, vous avez rencontré plusieurs femmes qui ont une beauté plus

grandes que celle de la femme que vous aimez. Elles n’ ont pas pu vous inspirer

malgré tout ce qu’ elle éprouve pour vous. Il semble que ce que vous aimez en elle, ce

n’ est pas tellement ce que vous voyez mais plutôt ce que vous n’ apercevez pas clair

ou que vous n’ avez pas aperçu clairement, que vous sentez seulement dans son

regard, son rire, sa peine, au ton de sa voix, à son mouvement à chaque pas. C’ est un

monde particulier infini qui se cache dans cette femme, inépuisable comme l’ univers,

un rythme de vie spéciale, unique sur terre, qui n’ a jamais existé, qui n’ existera plus,

que rien ne peut le remplacer, un sensualisme particulier, qui remplit l’ air autour d’

elle, qui vous conquiert sans savoir pourquoi.

De la même façon vous aimez un paysage. On aime quelque chose d’ invisible, qui se

trouve dans l’ air qu’ on le sent avec tous nos sens, qu’ on le respire. On oublie tout de

suite la forme des montagnes et des côtes mais on conserve toujours ce sens agréable

que nous donne la communication profonde avec un coin de l’ Attiki. On dit qu’

Attiki est belle et on essaie de déterminer sa beauté à travers des formules scolaires.

Tout le monde parle de ˝ses rondeurs douces˝, ˝du ciel ethéré˝, de ˝l’ harmonie des

lignes˝, de ˝la douceur des couleurs˝. Quand on réfléchit à cela on comprend que ces

étiquettes conventionnelles ne représentent rien. Tous ceux qui aiment, de tout cœur l’

Attiki, non pas conventionnelement et d’ une façon scolaire, l’ aiment comme une

femme, comme une âme vivante, comme un coprs vivant. Ils aiment en elle son

regard, son air, un monde inépuisable de sensations, de nerfs et de passions une âme

qui scintille comme le feu et qui change à chaque instant.

Dans une ville disons que c’ est une place qui nous attire. On aime surtout l’ ensemble

de ses maisons, ses lumières, ses taxis, sa foule, ses bruits. Sur une photo, cette place

ne diffère pas beaucoup plus que les autres places, peut-être qu’ on ne la distingue

pas. Il est probable que son apparence extérieur n’ a aucun intérêt. Il y a une

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atmosphère qui règne qu’ on ne trouve pas nulle part ailleurs et elles nous émeut parce

qu’ elles correspond à un besoin psychique . Et dans cette place habituelle comme

dans chaque coin qui crée notre sensualisme (comme dans chaque œuvre d’ art) qui

nous attire à tout ce qui parle à notre âme, ce qu’ on désire, est de s’ approcher, de

sentir, de conserver, c’ est l’ âme cachée.

Cette âme cachée ne va être jamais être rapprochée par le rude objectif. De la même

façon le stricte réaliste l’ ignore. Et celui-ci, comme l’ objectif, il se limite à illustrer

les formes extérieures de la vie, le plus fidèlement et le plus servilement qu’ il puisse,

fier de sa servilité qui la nomme réalité et vérité. Son attitude devant la vie est

exclusivement passive. Là où son rôle termine, commence celui du poète. ˝Ce mot

ailé˝ écrit Stefan Zweig˝. ˝révèle, malgré tout ce qu’ ils disent un différent mode de l’

être, une agréable aspect de l’ humain, quelque chose qui se lie au mythe et à la magie

mystérieusement...˝. Le poète, peintre ou sculpteur, romancier ou dramaturge. (et le

critique peut être poète, non lorsqu’ il se limite seulement comme font plusieurs, à la

description et au jugement des formes extérieures d’ un œuvre d’ art, mais lorsqu’ il

arrive à toucher dans l’ œuvre l’ âme cachée). Le poète dépasse le surface de la vie, la

réalité visuelle, la logique crystalisée, il lutte de se rapprocher du sens profond des

êtres et des choses.

Tandis que le stricte réaliste, copie servilement ce qu’ il voit et sans aucune émotion,

le poète pénètre dans ce qu’ il ne voit pas, guidé par son émotion. En dépassant la

simplicité de la surface des formes, des idées, des sentiments, la simplicité

superficielle des rythmes de l’ humanité, il découvre la grandeur, la fantasmagorie de

la vie. Il lutte contre l’ inconnu dans le monde perdu des instincts primitifs qui guident

la nature les êtres, les foules et que nous sommes obligés, lorsqu’ on sent leur

existence de les appeler mystérieux, même si on n’ aime pas on éprouve de l’

antipathie pour ce mot des ignorant qui affecte notre sagesse. Il nous fait sentir le

mystère et la grandeur de ce mystère. Parfois il jette un peu de lumière autour de lui

en lançant quelques tonnères de génie. Il n’ y a pas beaucoup de lumière mais elle est

suffisante pour nous montrer qu’ il y a, un peu plus loin, d’ autres mondes inconnus

dont, nous n’ avont pas encore soupçonné leur présence pour intensifier ainsi notre

inquiétude, pour augmenter la valeur de la vie. En essayant de joindre l’ âme aux

êtres, à la foule, au calme de la nature, au mouvement de la communauté, le poète

abandonne les moyens expression qu’ il utilise quotidiennement qui ne peuvent pas

lui suffire et crée sa propre langue. Il renverse les analogies, il rompe les règles

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extérieures, il refomule arbitrairement la réalité pour extraire le sens profond, c’ est un

mage. Et toute cela arbitrairement mais pas au hasard. Parce que si le poète ne se

soumet pas à la logique commune, à la sensation de la création qui règle son itinéraire

comme l’ instict de conservation règle la voie des animaux qui résulte de lui-même et

est valable pour lui-même et non pas pour les autres. C’ est pour cela qu’ on sourit

lorsqu’ on voit des gens très cultivés avec beaucoup de connaissances et très soigneux

mais sans aucun sens profond de ces choses, formuler la logique personnelle d’ un

poète dans des règles objectives qui doivent être valables pour tous. Il est naturel qu’

il y ait des relations psychiques entre les poètes, qu’ il y ait des familles de poètes qui

se créent et qui représentent une certaine attitude envers la vie et l’ art conforme, plus

ou moins dans plusieurs esprits - c’ est à dire des écoles. Ces écoles artistiques ont une

valeur seulement lorsqu’ elles répondent aux besoins psychiques des créateurs par

lesquels elles sont composées. Il n’ ont pas une valeur objective. Lorsqu’ elles cessent

de représenter une certaine sensation de création et lorsque elle se transforment à l’

enseignements, de professeurs sur des règles objectives, les écoles sont des

instruments de scolastismes.

L’ œuvre d’ art tend à exprimer le sens profond de la vie à travers une individualité. Il

obéit à la loi particulière de cette individualité parce qu’ il ne peut pas vivre sans la

vie que celle-ci lui offre. L’ œuvre du poète est la chaire de la chaire, le sang de son

sang. Ce n’ est pas une observation objective des conditions extérieures, une copie

stérile de formes et une exposition de faits, comme ce sont imaginés la littérature les

réalistes grecs.

C’ est un excedent de forces intérieures qui déchirent l’ homme afin de sortir à la

lumière et qui sort avec son être le plus profond, avec l’ élan de l’ éxistence, avec l’

agonie de son âme, avec sa douleur, la douleur. L’ œuvre d’ art est un débordement d’

une vie intérieure, c’ est le phénomène le plus individualiste. Mais plus il est

profondement individualiste, plus il submerge dans la vie, plus il se rapproche de l’

Homme.

Quelle est la contribution de l’ étude des mœurs à l’ étude de l’ Homme? Quelle est sa

contribution à l’ exploration du mystère de la vie? Quelles émotions il offre à l’ âme?

Rien, absolument rien. Lorsqu’ on transfère la discussion à ce niveau la constatation

est celle-ci : rien.

Plusieurs de ces livres sont agréables. Ils peuvent nous offrir une soirée bonne.

Lorsqu’ on termine leur lecture quelle impression ils laissent dans notre mémoire?

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Certaines peintures extérieures de paysages grecs et certains ombres sans forme, qui

essaient de représenter des êtres humains, passent en hâte dans notre imagination sans

s’ arrêter ni un moment. Il n’ est pas possible de se lier à notre vie intérieure parce qu’

ils n’ ont pas d’ essence véritable. Nous lisons tous beaucoup de livres grecs et

plusieurs fois on les lit avec plaisir mais on oublie, presque tout de suite leur contenu.

Il est question si on se souvient au moins des titres, tandis qu’ une œuvre essentielle

nous laisse une impression qui reste en nous pour toujours. Pour les écrivains ˝d’

études des mœurs˝ grecs on peut répéter une phrase du critique français Edmond

Jaloux sur les réalistes français. ˝Les réalistes ont échoué la plupart des fois à étude de

la plus humble realité parce que la poésie leur a manqué, et la poésie est la clé du

monde et par concéquent la clé de chaque grande littérature˝. On peut ajouter que dans

une œuvre qui a des éxigences artistiques lorsque le souffle de la poésie est absent, c’

est tout qui manque.

Un tel travail de copie présuppose des homme sans individualisme particulier sans un

excès de forces. Nulle part dans la prose grecque on ne sent pas le vibrations de l’

individualisme des forces intérieures qui recherchent leur lit pour se verser dans la

lumière. Ces livres n’ ont pas un caractère personnel. Vous n’ allez pas renconter dans

aucun de ces livres quelque chose qui ressemble, même de loin, l’ élan de l’

individualisme de Palamas qui remplit Les Douze Chants ou les vibrations de l’

individualisme de Dragoumis qui résonnent dans ses pages les plus pauvres et qui est

la valeur de ses livres incohérent. Quand on lit Les Douze Chants on a l’ impression

que ce livre pourrait être écrit uniquement par un homme qui s’ appelle Kostis

Palamas. Il est si profondémemt attaché à l’ âme du poète qu’ on ne pourrait pas

imaginer ni Les Douze Chants sans le Palamas ni Palamas sans Les Douze Chants.

Tandis que ‘l’ étude des mœurs’ grecque est d’ habitude tellement objective, c’ est à

dire elle est privée à tel point de l’ élan de l’ individualisme, que rien ne la lie à l’

homme qui imprime son nom à la couverture. Il n’ est pas nécessaire que ce soit lui,

ça pourrait être Pierre, Paul, Alekos.

La particularité de l’ individualisme n’ a pas manqué seulement aux écrivains grecs de

˝l’ étude des mœurs˝. Ce sont les sentiments supérieurs qui leur ont manqué, le besoin

de s’ élever au dessus de ceux qui sont autour d’ eux et de leur routine quotidienne et

de concevoir dans leur âme et dans leur œuvre un rêve de vie. Ils n’ ont pas pu sentir

le sublime ni avoir des sentiments supérieurs. Il ne semble pas l’ avoir voulu. Au

contraire, on croirait qu’ ils ont aimé de tout cœur la routine et la mediocrité qui ont

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été les seuls objets de leur étude. Il est remarquable (et je crois que ceci nous est

révélateur de leur situation et on doit mettre l’ emphase à ceci) que dans leur œuvre ils

décrivent seulement des hommes petits qui ont une âme, un esprit et une vie

mediocres, des êtres pitoyables sans aucune beauté, aucune profondeur, aucune force.

Ils n’ ont pas envie et peut-être qu’ ils n’ osent pas écrire pour les hommes qui ont

des sentiments élévés, qui ont une pensée profonde et qu’ il y a de la tension dans leur

vie. Il faut pas nous dire que le milieu modeste de la Grèce d’ avant-guerre les a

désavantagés, et qu’ il n’ a pas pu leur offrir du matériel pour des œuvres de haute

qualité. Ce matériel ne se trouve pas dans le milieu mais dans l’ âme du créateur. Et si

l’ on dit qu’ un écrivain ne peut pas travailler sans avoir d’ exemples vivants, on

répondra que même dans le milieu le plus humble, l’ humanité fait naître chaque jour

de grandes âmes capables d’ inspirer de grandes œuvres. De ce point de vue, le village

le plus sous-devéloppé des montagnes grecques n’ est pas inférieur aux quartiers les

plus raffinées.

A Picadilly, à l’ Etoile, aux pics de Roumeli, dans les îles les plus isolées de la mer

Egée, sous la diversité des mœurs et des mentalités, l’ Homme a la même laideur, les

mêmes bassesses, la même grandeur. Le milieu où sont nés et où ont vécu Dostoïefsky,

Tolstoi, Ipsen ne semble pas être supérieur à celui de la Grèce du siècle dernier et était

inférieur à celui de notre milieu contemporain, de point de vue de la culture et des

mœurs.

Mais ces hommes pouvaient découvrir autour d’ eux les grandes âmes et les

comprendre, ils pouvaient donner de la vie aux grandes âmes dans leur œuvre parce

que, eux aussi, étaient de grandes âmes.

Et dans cette simple copie de la réalité médiocre, les écrivains de l’ étude des mœurs

est-ce quils se meuvent librement? A proprement dire, ils pataugent. Le manque d’

une forte perspicacité se reflète dans leur style. Un écrivain qui regarde la vie

directement dans son essence, écrit une prose expressive et simple. Il vise à interpréter

son essence et son idéal est de ne pas utiliser ni un mot inutile. C’ est un idéal

inaccompli, biensûr. Mais le bon prosateur tend le plus qu’ il peut vers la réalisation

de cet idéal, il fait un effort consciencieux pour l’ attraper. Il jette tout le fardeau

inutile du rhétorisme et du sentimentalisme qui apporte très souvent, surtout aux

jeunes, la première vague d’ inspiration. Il efface et déchire impitoyablement.

Il reécrit son œuvre plusieurs fois avant de le passer à l’ imprimeur. Il garde

seulement, le matériel nécessaire, concentré à un ton qui est imposé au lecteur non

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avec divers techniques mais avec l’ essentiel que conntient et avec son expressivité. Il

ne permet pas à soi-même d’ écrire ni une page s’ il n’ est pas convaincu qu’ il a

quelque chose à dire. Et un écrivain qui a quelque chose à dire ne se perd pas dans ses

phrases et ne les laisse pas se vautrer dans un bavardage et un manque d’ esthétique. Il

est assez perspicase pour les diriger et il a intérêt à les diriger parce que, si il les laisse

s’ étendre librement, selon leur volonté, celles-ci sont capables de couvrir et de

falsifier sa pensée, l’ étouffer peut-être aussi. Le ton des prosateurs grecs est d’

habitude un ton de myope. Ils tournent tout autour des choses sans pouvoir les

concevoir. Leurs phrases font tout ce qu’ elles veulent et elles n’ ont pas quelqu’ un

pour les diriger. Vulgaires et incolorées elles tournent tout autour au hasard, sans

exprimer aucune véritable essence. Nos écrivains à chaque instant s’ embrouillent

dans des macaronismes et se désorientent de leur voie. Ils vont d’ un côte à l’ autre, à

la surface de la vie sans se soupçonner qu’ il y a quelque chose de plus profond. Pour

avoir une image plus complète de la situation du style aujourd’ hui en Grèce, ajoutez

aussi et la vulgarité excessive de plusieurs homme naïfs qui croient que leurs écrits

sont sincères et ont de la force parce qu’ ils écrivent d’ une façon grossière. (Je parle

du style de notre prose littéraire que non seulement il ne progresse pas du tout mais au

contraire, il est en grand déclin de l’ époque de Psicharis et Roïdis jusqu’ à aujourd’

hui. En dehors de la litterature la situation est pire. Le style académique et

universitaire n’ est pas un ton myope mais aveugle. Un débordement de mots

superflus, des phrases monstrueuses, des rabâchages dépressifs sans le moindre

exemple d’ une discipline d’ écrivain de goût. En ce qui concerne le ton des articles

journalistiques et des discours politiques on ne peut pas parler sérieusement d’ eux).

De nos écrivains de ˝l’ étude des mœurs˝ a manqué toute inquiétude

spirituelle, toute quête. Il n’ est pas possible de ne pas me rappeller ici des Douze

Chants, l’ œuvre le plus essentiel que nous a données jusqu’ à aujourd’ hui la

Nouvelle Grèce, l’ œuvre qui nous fait penser le plus que tout autre œuvre. Ce superbe

poème inattendu dans notre pauvre pays, qui a suscité les commentaires les plus

variés, n’ a pas encore imposé à ceux qui l’ étudient la vraie physionomie qui se cache

sous son apparence.

Pour plusieurs il continue à être Les Douze Chants de la Grecité et peut être il va

entraîner les critiques, dans une telle conception de cette œuvre, cette déclamatoire et

rhétorique Flûte que j’ ai peur qu’ elle ne va pas echapper à la condamnation par le

temps. Les Douze Chants du Gitan, est au fond le drame d’ une pensée torturée qui est

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à la quête de soi-même. Elle croit soi-même mais on sent, en suivant sa quête

inquiétante qu’ il lui est impossible de s’ arrêter dans un endroit pour toujours.

Aucune attitude devant la vie ne peut pas la satisfaire parce qu’ elle l’ empêche de

profiter des pauses. Cette autobiographie spirituelle du poète si ce n’ était pas un

débordement lyrique, il pourrait être considéré comme un essai d’ inquiétude

spirituelle. Telle qu’ elle est, malgré les excès du style qui la désavantagent souvent,

elle pénètre à l’ intérieur de l’ homme, plus profondément que toute autre œuvre

grecque moderne, et explore des mondes que les écrivains ˝de l’ étude des mœurs˝ n’

ont jamais soupçonné l’ éxistence1. La présence de Palamas est un grand malheur

pour ces écrivains.

La comparaison avec lui les ruine. Lorsqu’ on les aperçoit près de lui, ils nous

donnent l’ impression d’ être comme j’ ai déjà dit, des narrateurs de simples histoires

pour passer notre temps. Leur pensée, sans aucune culture profonde et sans

inquiétude, démeure stable dans les frontières de la vieille Athènes de Papadiamantis

jusqu’ à aujourd’ hui. Le seul progrès dans leur vie était le marxisme, c’ est à dire une

nouvelle stabilité.

Personne d’ entre eux n’ a éprouvé le besoin d’ élargir véritablement ses horizons, de

faire mouvoir sa pensée.

Kostis Palamas est souvent commenté avec une futilité grecque et une congrumence balcanique. C’ est un exemple

d’ une grande évolution esthétique et de goût raffiné de pouvoir dire que Palamas ne sait pas faire des vers. En ce

qui concerne la richesse de son âme, la profondeur de sa pensée, la force de son souffle, la supériorité de son

individualisme, tout ça c’ est des sottises. Le gratte-papier le plus insignifiant efface tout cela d’ un seul trait et une

atmosphère futile a été crée tout autour de Palamas, une atmosphère de refus futile mais aussi de respect futile qui

a posé des obstacles à son œuvre et à l’ étude de celui-ci. Maintenant que l’ Etat commence à l’ éstimer (cela est

peut-être la plus grande malchance de sa carrière) l’ admiration futile est renforcée par la futilité de l’ Etat, des

discours formels et des cérémonies académiques. D’ autre part, le refus futile se transforme en snobisme et acquiert

les dimensions d’ une mode. Un vrai créateur va souffrir beaucoup lorsqu’ il sera obligé de vivre parmi les

personnes qui l’ applaudissent ou qui l’ attaquent sans être capables de le comprendre. On a l’ éspoir que la

nouvelle génération, plus mûre et plus cultivée de la génération précédente, ayant des horizons élargis et une

conception profonde de la vie et de l’ art, vont mieux comprendre l’ œuvre de Palamas et vont le juger avec l’

importance qu’ on doit lui attribuer.

Lorsque j’ ai donné à ˝l’ étude des mœurs˝ grecque le titre d’ une école

photographique je ne voulais pas dire que la ˝psychologie˝ lui manque. Il faut éclairer

ce point là parce que le mot psychologie c’ est un de ces mots de la littérature qui

provoquent les malentendus les plus considérables. La psychologie des écrivains de

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˝l’ étude des mœurs˝ grecques est la psychologie de la perspicacité et de la logique

commune, la psychologie de tout le monde, celle qu’ on trouve partout dans la vie

quotidienne. Ils regardent les hommes de dehors et les classent dans des catégories

conventionnelles : le gentil, le méchant, le scolastique, le paresseux, la femme

abandonnée, la jalouse etc. A partir de là, tout leur effort est de justifier cette

classification, de convaincre le lecteur que l’ homme qu’ ils lui présentent comme

égoïste ou généreux est vraiment égoïste ou généreux. Ils ne font rien d’ autre que de

mettre dans ses lèvres des propos conventionels et de lui prêter les mouvements

conventionnels de l’ égoïsme ou de la générosité.

De tels personnages sont de simples marionettes qui répètent machinalement un rôle

conventionnel. Leur déstination est de convaincre les hommes qui ont une simple

syllogisme que la vie est très simple. Vous avez remarqué au théâtre la satisfaction du

public quand l’ acteur récitent les propos que tous esperaient entendre.

Le public classe dès le premier acte les personnages du drame dans une catégorie

conventionnelle et il est content de voir que l’ écrivain respecte la perspicacité de ses

auditeurs. Au contraire, le public est derangé lorsque l’ écrivain démentit ses

prévisions et guide les personnages dans des situations psychologiques inattendues.

A part cette psychologie de la gallerie supérieure il y a un autre genre de psychologie

conventionnelle qu’ on peut l’ appeler universitaire. Celle-ci présuppose évidemment

des auteurs qui ont evolué mais n’ ajoute rien à la valeur artistique de l’ œuvre. Les

écrivains de la psychologie universitaire, cultivés de point de vue scientifique,

appliquent dans l’ œuvre certaines règles psychologiques qui les considèrent comme

déjà prouvés d’ avance. On ne peut pas exclure le fait que ses règles ont une véritable

valeur. L’ œuvre reste conventionnelle parce que l’ écrivain, est voué aux règles

objectives qu’ il applique, et n’ arrive pas à attribuer à ses personnages une vie

particulière. Il présente une position psychologique, positive ou négative mais il ne

fait pas une œuvre vivante avec sa propre physionomie et son propre élan. Ses

personnages sont des marionnettes théoriques sans une existence indépendante. La

psychologie des écrivains marxistes et aussi conventionnelle. Ceux-ci classent leurs

personnages dans des catégories conventionelles de classes : le bourgeois, l’

ouvrier, la femme au travail, la prostituée etc. Ces personnages ont une individualité

particulière telle que le Homo Œconomicus des anciens économistes. Ce sont des

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unités sans une existence autonome. Les écrivains marxistes, qui écrivent en s’

appuyant sur une stricte position sociologique qui la considèrent comme déjà en

même temps, font de la psychologie universitaire et la psychologie des galeries

supérieures. La psychologie du créateur, du vrai dramaturge, du vrai romancier est la

création d’ hommes vivants. Ceci suffit. Mais ceci, qui semble comme un travail

facile aux yeux des plusieurs, présuppose une force extraordinaire de l’ âme que

seulement un petit nombre la possède. On peut tous développer des théories, si on

étudie. C’ est une question d’ études et d’ assiduite tandis que la capacité de la

création de personnes est un don des Dieux. Et les Dieux sont avares et n’ offrent pas

souvent des cadeaux. L’ écrivain qui n’ arrive pas à inspirer à ses personnages le

souffle d’ une vie particulière, l’ élan d’ une individualité particulière ne fait rien.

Malgré les connaissances dont il peut faire preuve, malgré les jeux de sa plume et les

acrobaties de son esprit, son œuvre, sera un roman ou un drame vide mais il ne va pas

être sauvé biensûr par l’ aide d’ un système théorique. L’ alignement des théories n’

ajoute rien du tout à une œuvre d’ art, au contraire, elle opprime l’ humeur créatrice l’

écrivain si il y a une telle humeur, et souvent il l’ anéanit complètement. Quand

quelqu’ un veut soutenir une théorie psychologique, sociologique ou n’ importe quelle

autre théorie, le mieux qu’ il a à faire c’ est d’ écrire une thèse théorique ou (toujours

selon ses capacités et les situations) une brochure de propagande, une série d’ articles.

Il ne faut pas cependant falsifier l’ art et ne pas le déprimer avec des fardeaux

parasitiques qui l’ empêchent d’ ouvrir ses ailes. L’ artiste peut alimenter son esprit

avec des livres scientifiques ; il est indiscutable qu’ un écrivain de notre époque doit

avoir une culture solide mais ne peut pas alimenter l’ art avec du matériel théorique –

très peu et sans être assimilé comme se passe en Grèce, pays du demi-savoir. L’ art n’

est pas une construction logique, une reflection, une argumentation. C’ est avant tout

de l’ âme. Quand l’ âme manque tous les autres n’ expriment rien.

Cette psychologie créative, la seule qui appartient au monde de l’ art nous ne la

trouvons pas chez les écrivains de ˝l’ étude des mœurs˝ grecques. Personne d’ entre

eux n’ est arrivé à créer des personnages M. Fotos Politis, dans un article en 1928, en

condamnant lui aussi ˝l’ étude des mœurs˝ grecque à cause de son manque d’

idealisme˝ qui la caractérise, fait une exception pour le Condamné de Theotokis fait

cette exception et soutient que Tourkogiannos est le seul personnage des lettres

grecques qui a acquieri la valeur d’ un ˝type idéal˝. Je crois qu’ il est juste de faire une

exception pour Theotokis, et je fais cette exception volontiers : il ne faut pas exagérer

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son importance. L’ écrivain du Condamné semble qu’ il a senti son roman comme un

vrai créateur il a fallu concevoir plusieurs type qu’ un, mais ils lui ont échappé de ses

mains. Il n’ a pas pu se libérer du naturalisme et de s’ améliorer. Cette école, à

laquelle il s’ est soumis complètement, a retréci ses horizons et peut être qu’ elle a

eliminé ses initiatives et peut être qu’ elle a avéanti plusieurs possibilités qu’ il avait

en lui. Theotokis est incomplet comme, evidemment, son Tourkogiannos. De cet

écrivain, qui avait toutes les qualités d’ un écrivain fort et de ses héros, qui avaient

tous les traits d’ héros littéraires vivants leur manqué au dernier moment, le souffle de

la poésie et ils n’ ont pas pu s’ élever au niveau de la haute littérature.

Il n’ y a pas encore aucun type véritable dans les lettres modernes. Seulement le

théâtre de Karagiozis, à un niveau évidemment plus bas que le niveau de l’ art, a créé

quelques types sympathiques et caricaturaux comme Tartarin de Tarascon d’

Alphonse Daudet et quelques héros populaires de Dickens. Avec Karagiozis, le

Kolitiri, Père Georges, Nionios et les autres, un artiste doté d’ humour peut faire de

très belles choses. Jusqu’ à présent, ils n’ appartiennent pas à l’ art et on ne peut pas

les considèrer sérieusement. Souris, si c’ était un artiste, il aurait fait quelque chose de

bien avec son Fasoulis et surtout avec le grec inconnu, quelque chose comme l’

équivalent du pharmacien Omais de Flaubert, une caricature, d’ un caractère national

politique. Malheureusement, ce n’ était qu’ un versificateur des journaux sans talent et

sans ésprit véritable. Il a embrassé le grec inconnu instictivement, mais il n’ a pas pu

nous laisser ni une remarque intéressante. Si il y avait un vrai type dans les lettres

grecques on le rencontrerait partout, même dans les journaux, dans les discussions sur

les trottoirs, comme lorsque on rencontre Anna Karrennina, Emma Bovary, Julien

Sorel, Karamazov. Le type littéraire a le trait caractéristique suivant, qu’ il s’ insère

dans celle-ci qu’ il appartient à tous. D’ innombrables individus le mentionnent sans

avoir chaque jour, sans avoir lu son histoire. Il vit non pas la vie des bibliothèques

mais celle de la foule.

Beaucoup de monde se réfèrent à lui tous les jours, sans avoir jamais lu son histoire.

On parle de lui non comme on parle d’ un livre mais comme on parle d’ un homme en

chair et en os, qu’ on a discuté avec lui et qu’ on a enténdu ses secrets. Ce n’ est pas

un symbole malgré tout ce qui est dit et n’ a aucune relation avec le monde des

symboles. Il conduit jusqu’ au bout certaines tendances ou celles de quelques uns

autour de nous. C’ est une concentration et une surexcitation de forces vitales. Il les

épuise définitivement et son nom acquiert une valeur absolue : Don Chichote, Iague,

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Tartuffe. Souvent il est incroyable peu naturel c’ est à dire il dépasse la conception

commune de la vie, plus vrai que les hommes vrais, parce que la grande masse des

hommes se meuvent à la surface de la vie, tandis que lui, il touche les profondeurs. On

trouve en lui quelques une de nos possibilités ou des possibilités de ceux qui sont

autour de nous, accomplies, des possibilites que peut-être on les ignorait et que c’ est

lui qui les découvre. On l’ aime parce qu’ il nous fait sortir de notre routine et nous

fait sentir quelque chose de profond. Dans ˝l’ étude des mœurs˝ grecques non

seulement on ne rencontre pas de tels types supérieurs mais ni de tels hommes

vivants, des êtres avec une âme, un cerveau une forme qui est imposé à notre

imagination, des sens, des nerfs, des hommes et des femmes qui aiment, qui haïssent,

qui en profitent, qui souffrent, qui pensent, qui vivent véritablement et non par

convention ; Qui apparaissent devant nous, seulement pour vivre, pour nous

transmettre le vertige de la vie, pour nous faire sentir la magie de la vie, et non pas

servir, des théories académiques ou des besoins scéniques ou ceux de l’ écriture en

sacrifiant leur individualité. On ne rencontre nulle part dans ˝l’ étude des mœurs˝ le

héros indépendant avec une individualité particulière, un monde intérieur particulier,

une initiative particulière, qui vit sa propre vie, emancipé de son auteur. Aucun des

personnages de l’ étude des mœurs n’ arrive pas à nous toucher même pas à attirer

notre attention et rester dans notre mémoire. Lorsque on termine la lecture de ces

histoires faciles leurs héros disparraissent comme la fumée. Telle est la situation de la

prose grecque, après un siècle de vie indépendante : Si il fallait caractériser cette

situation en un mot j’ aurais écrit le mot anémie.

***

Beaucoup de personnes sont naïfs et croient qu’ ils vont rélever les lettres grecques

avec des changements extérieures. Auparavant, ils croyaient qu’ ils faisaient de la

littérature, parce qu’ ils exposaient dans leur livre des théories marxistes. Aujourd’ hui

ils croient progresser, parce qu’ ils imitent l’ aspect extérieur des techniques des

écrivains européens et repètent machinalement avec volupté le mot modernisme. Les

choses ne sont pas facile. Les théories et les techniques ne peuvent pas créer de l’ art,

là où l’ art n’ éxiste pas. Le mot modernisme ne signifie rien à part des courants

fugaces de la mode du printemps et de l’ automne. Le but de l’ œuvre d’ art n’ est la

lueur instantanée mais la durée. La faiblesse des lettres grecques est beaucoup plus

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profonde que l’ on croit d’ habitude, et sutout à l’ intérieur. C’ est une faiblesse de la

façon dont aperçoit le monde, un défaitisme devant le mystère de la vie, un manque de

pensée profonde et de souffle puissant, incapacité pour des conceptions audacieuses

de concevoir créations audacieuse pour des grandes compositions. La nouvelle

littérature va être créé par ceux qui vont apporter aux lettres grecques les forces

intérieures qui manquent aujourd’ hui. Celui-ci est notre premier besoin. Le reste c’

est une question de mise en scène.

On va accepter les mises en scènes les plus futuristes et les plus surannées, sous la

condition qu’ elles correspondent à un sens. Il est stupide d’ applaudir une œuvre

simplement parce qu’ elle a une forme moderne. On doit respecter les vrais artistes

même s’ ils ne réussissent pas, les hommes qui recherchent, qui luttent, qui souffrent

même s’ ils n’ aboutissent pas à des résultats positifs. Des écrivains qui essaient de s’

imposer avec des changements de mise en scène, sans avoir quelque chose d’ essentiel

à dire sont inutiles et souvent des cabotins nuïsibles.

Nous sommes arrivés à un tel point de notre évolution culturelle qu’ on sent

profondément le besoin d’ une prose de haut niveau. Il ne s’ agit pas seulement de

justifier la place qu’ on détient dans la famille européenne. Cela est une seconde

question. C’ est nous qu’ on doit offrir à nous-même, notre nourriture spirituelle.

Notre vie est incomplète sans une prose qui ne correspond pas besoins spirituels de la

Grèce. Bien qu’ on aime nos poètes on ne peut pas vivre au vingtième siècle

seulement avec le lyrisme et ne suffisent plus pour alimenter notre pensée les

écrivains des ˝études des mœurs˝, les sermons dogmatiques et les discours des

hommes politiques. Nous désirons un vrai débat d’ idées, un vrai théâtre, un vrai

roman. On veut l’ essentiel.

Les besoins spirituels de la Grèce ne permettent pas le travail facile du bon vieux

temps. Les temps ont changé. Les jeunes intellectuels doivent le comprendre et se

rendre compte aussi que l’ époque où la littérature s’ écrivait dans les tavernes et les

cafés et que les problèmes sérieux de la pensée européenne étaient résolus au trottoir,

a pris fin. Tout cela appartient au passé. Et tous ceux qui insistent à continuer de

Telles traditions, doivent savoir que personne ne va les voir sérieusement. Notre

génération va avoir des exigences des générations grecques précédentes. Les temps

sont difficiles. Quel que soit les jeunes qui vont venir, quelles que soit les directions

qu’ ils vont suivre, ils vont comprendre tout de suite, si ils sont de vrais artistes et de

vrais penseurs, que leur premier devoir est d’ élever le niveau de leur vie spirituelle.

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Ils vont avoir une plus large et profonde contemplation des problèmes qui les

préoccupent. Ils vont parler une langue beaucoup plus civilisée et essentielle que celle

utilisée aujourd’ hui dans les discussions grecques. Ils vont refuser la molesse et la

futilité qui nous entourent, ils vont ignorer le succès rapide et les distinctions vide de

la mediocrité ; ils auront l’ ambition de faire quelque chose de difficile, capable d’

éxister. Nous avons besoin de jeunes costauds, qui considèrent la vie sérieusement,

qui trouvent du plaisir dans le travail pénible, dans les luttes dures dans les voyages

dangereux, des jeunes qui aiment la difficulté parce qu’ ils ont des forces à dépenser.

L’ époque dure et agitée dans laquelle on vit convient à ce genre d’ hommes. Il leur

offre un champ inépuisable d’ une action séduisante.

Ce serait biensûr un vandalisme d’ effacer avec une aversion tout le travail de nos

anciens prosateurs. Plusieurs de leurs œuvres doivent exister en tant que documents d’

une vieille époque et sont capables de survivre en tant qu’ œuvre d’ art. Il faut être

juste, il faut distinguer les œuvres qu’ ils peuvent laisser, de faire honneur aux gens

qui ont consacré une vie entière à l’ évolution des lettres grecques et au

développement du public grec. Ceci aucun individu consciencieux ne va les refuser.

Mais il est nécessaire de rompre la tradition. Il y a une routine dans la prose grecque,

un régime avec quelques frontières et certains critères. Cette routine, si on ne la

dérange pas, elle va empêcher les nouveaux créateurs de prendre conscience de leur

destination et de connaître soi-même. On semble être intransigeant et peut-être ingrats

envers les plus anciens de nos écrivains mais c’ est au profit de notre génération parce

que les droits de la jeunesse sont prioritaires. Il faut à n’ importe quel prix que les

jeunes elargissent leurs horizons et respirer de l’ air pur.

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Les Conditions d’ une véritable avant-garde

Tout le monde partout dit que la Grèce connaît une crise sprirituelle. Vous allez le lire

dans tous les journaux et les revues. Vous allez l’ entendre tous les jours au bureau au

restaurant, au salon, au café, au théâtre, à la plage, au salles de danses, aux couloirs

des universités, à la Chambre et au Sénat, aux trottoirs s’ Athènes et au trottoir de l’

Europe - parce que des Grecs refrognés marchent ayant un esprit profond passent sur

tous les trottoirs de l’ Europe et discutent à haute voix sur la vie spirituelle de la

Grèce. Il y a, divers écoles de débatteurs. Beaucoup d’ hommes parlent d’ une crise

spirituelle ayant un ton qui signifierait : ‘La patrie est en danger’ D’autres comme si

ils disaient : ‘je m’en fous’. D’ autres, ajoutent avec un pessimisme stoïcien : ‘On ne

peut rien faire pour les Grecs . D’ autres s’enragent, recherchent des responsabilités,

echangent des insultes purement grecques. D’ autres sont mélancoliques. Les plus

intelligents ne prennent pas au sérieux cette question et ils s’ amusent ense moquant

de la Grèce, des Grecs et d’ eux mêmes. Il y a des femmes qui vont nous parler d’ un

air mystérieux, de la crise spirituelle avec un léger frémissement dans tout le corps. Et

d’ autres femmes qui lèvent leurs grands yeux rêveurs vers le ciel comme s’ il

demandait de l’ aide de là-haut. Et d’ autres qui s’ insurgent et qui deviennet de plus

en plus charmantes. Une crise spirituelle en tous cas. Puisque tous et toutes le disent,

certainement il y a quelque chose. Essayons de voir ce qui se passe. Il y a bien sûr des

crises spirituelles de tout genre. Même à l’ Occident tous parlent de crise spirituelle

mais ne prétendent pas cela. Soudain, l’ Europe en 1919 a découvert qu’ elle n’ était

pas celle qui était en 1914.

La guerre a bouleversé toutes ses habitudes et l’ a déreglé de ses habitudes. Elle lui a

fait perdre son calme et lui a fait sentir la vie plus profondément que jamais. Elle a

réveillé en elle des élans qui dormaient, a révélé de nouvelles zones de l’ âme

humaine a posé de nouveaux problèmes, a créé de nouvelles inquiétudes, de nouveaux

modes de penser et de sentir. L’Europe a vu tout de suite qu’ elle ne pouvait pas

retourner aux valeurs spirituelles de l’ avant-guerre. La nouvelle vie qui commençait,

plus grande et plus forte que l’ ancienne, ne rentrait pas dans les systèmes déjà qui

éxistaient déjà. Les systèmes devaient être rompus et ils ont été rompus. Juste après la

guerre, une véritable manie contre toutes les disciplines spirituelles a conquis les

esprits. Voilà les intentions de cette époque guidées vers les dernières concéquences,

la crise internationale du Dada :

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˝La pensée libre au niveau religieux, ne resemble pas à une église. Le Dada est

la pensée artistique libre. Tant qu’ ils vont réciter des prières à l’ école sous la forme

d’ une interprétation des textes et des promenades au musée, on va crier que cela est

un déspotisme et on va essayer de déranger la cérémonie. Le Dada n’ est consacré à

rien ni à l’ amour ni au travail. Il est inadmissible qu’ un homme laisse les traces de

son passage dans le monde. Le Dada reconnaît seulement l’ instinct et condamne d’

avance l’ explication. Selon le Dada, on ne doit pas avoir aucun contrôle sur soi-

même. On ne doit plus parler de ces dogmes, moral et goût˝ (Manifeste Dada, Février

1920).

Ces iconomaques ont joué leur rôle et ont cédé le passage très vite. Ils ont nettoyé le

sol et ils ont préparé la voie aux créateurs. L’ époque du refus s’ est terminée.

Aujourd’ hui la Grèce qui se trouve encore dans un véritable confusion essaie de

construire. Certains mouvements commence à être aperçus. Certaines œuvres se

distinguent parmi la masse immense des nouveaux livres sinon comme exemple, au

moins comme des messages et comme des invitations. L’ inquiétude profonde des

esprits n’ a pas encore pris fin et sa fin ne semble pas être proche.

Notre époque est très impétueuse et instable. Chaque jour de nouvelles possibilités,

que personne ne les avaient prévues, et l’ époque qui se, démentit souvent soi-même,

bouleverse facilement les efforts les plus sûrs.

Et nous aussi, nous avons fait la guerre pour dix ans au lieu de quatre. Notre

vie a été ébranlée jusqu’ à ses racines. Tout a changé autour de nous.

Cependant notre crise spirituelle ne ressemble du tout à la crise des autres européens.

On pourrait dire que les autres souffrent d’ un excédent de vie spirituelle tandis que,

nous, on souffre d’ un grand manque de vie. Notre crise peut être résumée en ceci :

a) Déperissement des Lettres. La prose, grecque a coulé dans le marécage de ˝l’ étude

des mœurs˝ et du stricte réalisme. Les écrivains qui ont eu le courage d’ abandonner

notre routine littéraire et d’ entrer dans des ères de l’ âme et de l’ esprit sont jusqu’ à

ce moment des exceptions individuelle : N. Kazantzakis, Thrasos Kastanakis, F.

Contoglou. On ne voit nulle part dans les lettres grecques un vrai mouvement. b)

Manque de pensée philosophique : de l’ Indépendance jusqu’ à aujourd’ hui les

˝penseurs˝ grecs n’ ont rien fait d’ autre que de répéter machinalement et servilement

tout ce qui ont écouté aux universités de l’ Ouest, sans être capable d’ attribuer à leurs

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paroles le timbre d’ une pensée particulière et sans jamais arriver à créer autour d’

eux une libre circulation d’ idées.

Il n’ y a pas du tout de pure pensée philosophique grecque-et quand je dis pensée

grecque je ne parle pas biensûr (au nom de Dieu) une pensée qui a une couleur locale

une sorte ˝d’ étude de mœurs˝ philosophiques qui continuerait je ne sais pas quelles

traditions ˝philosophiques˝ de Byzance et elles des reliques de l’ art populaire, mais je

parle simplement d’ une pensée qui provient de la Grèce, des cerveaux grecs. Il y a

une importation de pensée philosophique qui se déroule la plupart des fois en hâte,

futilement sans préparation, dans un sol pas prêts pour cela et qui aboutit à de grandes

confusions et des malentendus. Pour les fanatiques, un tel milieu c’ est le pays

Chanaan. Ils ne rencontrent aucune résistance sérieuse par la pensée sérieuse, ils

rencontrent plusieurs enfants, simples, sans culture mais courageux qui désirent la

Vérité ; Puisque il n’ y a pas dans notre pays une profonde et indépendante critique

des idées, puisqu’ on ne respire jamais l’ air revivifiant de la liberté culturelle qui

offre une redomption aux cerveaux par les renforcent ; les fanatiques des idées,

nationalistes et marxistes, conquière facilement ces enfants, avec de simples formules,

exprimées dans une langue utilisée à l’ école primaire, qui expliquent tout d’ un coup

le mystère de l’ humanité la Grèce évolue de cette façon:

c) Indifférence du public - Mais qui s’ intéresse au public ? Le peuple lit des histoires

de brigands et des œuvres pornographiques et applaudit des farces vulgaires.

Ce sont ceux qui lui plaisent parce que personne ne s’ intéresse à développer ses goûts

et à éveiller en lui de nouveaux besoins. Les francophones et les anglophones tout ce

qu’ apporte le courrier de l’ Ouest, ayant les yeux fermés, sans être guidés et ils sont

tourmentés dans cette incohérence, la futilité du snobisme. Les individus qui sont

vraiment cultivés ne peuvent plus supporter et ils ont raison, les revues grecques. Ils

suivent, au degré qu’ ils peuvent les mouvement de l’ Europe et ignorent les efforts

grecs. Les journaux offrent au public des renseignements monstrueux sur les lettres

grecques et personne ne peut les contrôler. On n’ a pas une culture importante dans

notre pays mais on a une nation extrêmement vivante et intelligente avec un ésprit et

une âme riche et une tendance irredoutable vers la culture et avec un amour évident

pour la beauté. Cette nation est deçu par ses écrivains à cause desquelles elle devient

vulgaire et elle est deçue. On dispose d’ un sol très fertile mais on n’ a pas les

hommes pour le cultiver.

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Je souligne ces éléments de notre crise spirituelle sans exclure qu’ il peut y avoir d’

autres aussi. Je ne mêle pas l’ Etat dans cette discussion comme plusieurs le font.

Certains considérent l’ Etat comme le responsable de cette situation. Je crois que c’

est un malentendu d’ espérer que l’ Etat peut créer une vie spirituelle. Ni les

Académies produisent de la littérature ni les Universités de la pensée, ni les Théatres

Nationaux, une vie théâtrale. Les etablissements officiels suivent (avec retard d’ une

génération) la création qui a lieu, spontanement dans l’ air libre. Ils l’ étudient la

commentent, la conservent dans leurs archives. Ce sont les dépôts de la vie spirituelle.

Lorsque l’ Etat s’ ambitionne à jouer le premier rôle dans la vie spirituelle il s’ en est

très mal tiré. Il transforme l’ esprit libre en esprit d’ opportunisme politique et l’ art

devient une bureaucratie. N’ oublions pas que les hommes politiques, à part un

minimum d’ exceptions, sont, soit tout à fait incultes soit cultivés en une seule

specialité ; D’ autre part, dans leur grande majorité, ce sont des hommes voués aux

partis politiques, avec un psychisme voué au parti politique et à la mentalité du parti

politique : Il est dangereux de les inviter à la vie culturelle où nous avons besoin d’

hommes libres avec un esprit large. Le seul devoir de l’ Etat, concernant l’ esprit est

de moderniser l’ éducation ringard, et de respecter la liberté de la pensée. Ne lui

demandons pas davantage parce qu’ il y assez de possibilités qu’ il nous le fasse

regrettez.

***

Il semble que la Grèce s’ est désorientée. L’ébranlement de la guerre étaient si

profond dans notre pays, plus profond que n’ importe quel autre endroit . L’ évolution

de l’ entre-deux-guerres était si innatendu incohérente et impétueule si bien qu’ on a

croisé les mains et on regarde sans oser parler de ceci.

Nous étions etait une petite société provinciale ayant l’ ésprit borné, enfermée en

soimême. La seule inquiétude de la Grèce avant la Guerre était la question

linguistique. La nourriture spirituelle de l’ opinion publique était les chroniques des

journaux. Soudain, d’ un jour à l’ autre on s’ est retrouvé dans la confusion de la vie

contemporaire, battus par les grands vents de l’ Europe de l’ après-guerre. Nos

maîtres, des hommes insouciants qui avaient consacré leur vie à l’ étude de la

grammaire ancienne de l’ ancien grec, du droit romain, de l’ histoire byzantin et du

chant populaire font face à la vitesse excessive de notre siècle, aux politiques

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radicales et les bouleversements économiques, la lutte des classes, les inquiétudes de

notre génération de l’ après-guerre ; ils ont aperçu les filles d’ aujourd’ hui avec les

cheveux coupés, la jupe au-dessus du genou, la peau bronzée, emancipées tout à coup

des conventions sociales existants depuis des siècles. Ces gentil hommes ne

comprennent rien et disent que le monde est en déclin. Ils seraient curieux si ils

comprenaient. Les lettres grecques ont eu peur et se sont tues. Pensée qui éxistait a

abandonné le combat. Lorsqu’ on remarque les choses de près, l’ arrêt de notre vie

culturelle nous a paru très naturel. Le saut qu’ a fait la Grèce et l’ esprit grec, faible

encore, n’ a pas pu suivre l’ évolution du pays. Lorsque nous disons que les vingt

dernières années, les jeunes créateurs nous ont manqués, il ne faut pas oublier les

conditions de cette époque. Les jeunes des années 1910-1920 qui ont montré au début

de leur étape de la pensée et du talent, appartiennent à une génération sacrifiée.

Les plus précieuses des leurs forces ils les ont gaspillées aux champs de bataille. Peut-

être les meilleurs d’ entre eux, ceux qui auraient été aujourd’ hui nos guides spirituels

sont morts en Macédoine et en Asie Mineure avant de montrer leur valeur. Parmi tous

ces milliers de morts, il y avait biensûr des ésprits supérieurs. Et tous ceux qui ne sont

pas allés au front, ils ont été absorbés par l’ agonie de la guerre et les déchirements

civiles qui ont duré à peu près dix ans. Il ne leur est pas resté du temps pour se

concentrer, pour penser, pour composer. D’ ailleurs, le changement brusque et

radicale des conditions de vie a pu détruire plusieurs valeurs, à cause de raisons

materielles et psychiques biensûr. De telles modifications du rythme d’ une vie sont

capables de les accepter d’ une façon calme seulement ceux qui ont un caractère fort.

Un talent fin, né pour exprimer des sentiments calmes dans une ambiance calme, se

déçoit facilement lorsque de telles tempêtes éclatent. Il est sûr qu’ après la guerre,

lorsque l’ Europe révisait ses valeurs spirituelles nous, on a rien révisé parce que les

forces nous manquaient. On a laissé les choses comme elles étaient et nous sommes

entrés au 20ème siècle avec les yeux fermés. L’ influence de la défaite a pesé sur le

morale du pays. La première décennie de l’ après guerre était partout une

effervescence, une période d’ agitation et de grand effort. La première décennie de l’

après guerre était partout une période d’ effervescence et de grand efforts. Chez nous

c’ était une période de désespoir.

La concéquence morale de la défaite a été et continue à l’ être dans notre pays. La

première décennie après-guerre était partout une période d’ effervescence et de grands

efforts. Chez nous c’ était une période de déception. Les plus âgés ont fait couler dans

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le port de Smyrne non seulement leurs forces mais aussi leurs idéaux et leur confiance

en soi-même. En 1922 ils ont cessé avoir confiance en la Grèce. Jusqu’ à aujourd’ hui

notre pays a vécu privé de sentiments courageux et nobles, sans éprouver le besoin de

dépasser soi-même, sans aucune exaltation.

Prenez au hasard quelques-uns des imprimés grecs contemporains, des vers, des

récits, des discussions d’ idées. Qu’ est-ce que vous allez entendre plutôt? Déception,

ennui, nostalgie du passé, fatalisme et défaitisme. La poésie, la représentation la plus

intéressante du sensualisme, parle seulement de la Mort. Je peux mentionner ici des

propos des hommes les plus eclairés de Grèce, qui ressemblent à des cris de

naufragés : Pourquoi essayer combattre et vivre ˝puisque rien ne peut changer chez les

Grecs˝ ?Celle-ci est la morale qui peut être induite par les propos de la plupart de nos

guides spirituels. Leur occupation principale est de détruire les éspoirs des plus jeunes

et de conserver le déperissement de la Grèce. Je n’ ai pas envie de les accuser. Il est

evident qu’ ils n’ espèrent rien de l’ avenir, les hommes qui ont vu toutes leurs luttes

et tous leurs rêves humiliés par la honte de 1922. Et il est aussi évident, que ces

vaincus, qui ont cessé croire en eux-mêmes, ne permettent pas aux autres d’ avoir

confiance en soi. Nous sommes fracassés, déperis, perdus dans la confussion de la vie

contemporaine. Personne n’ attend quelque chose de bon de la part de la Grèce.

Aucun éspoir ne se live ? Ce moment est biensûr un moment formidable.

***

A de tels moments, si on trouve les hommes qui convient, des très belles choses

peuvent être réalisées. Les forces juveniles, egarées, errent dans l’ atmosphère sans

aucun but. Aucun des jeunes ne sait ce qu’ il veut, mais tous éxigent avec une grande

force. Autour de nous, il y a, sans avoir un objet déterminé, la tension des nouvelles

volontés qui n’ a pas un but.

Le germe qui est jeté dans un tel sol peut donner un jour des fruits inattendus.

Un peuple dont se trouve en lui une âme, lorsqu’ il arrive au fond de sa déception, il

trouve la force de réagir contre lui-même. Il réagit soudain sans avertir et sans

préparer le sol. L’ elevation de l’ âme n’ est pas une évolution graduelle mais le réveil

des forces qui dormaient, un retour violent du déperissement de la vie. Quelques

personnes indésirables, sans être invités rompent les liens avec le passé maladif et ils

évoluent. Ils attrapent les forces égarées de provenance inconnue, leur font prendre

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conscience d’ eux-mêmes et ils les pousse vers de nouvelles directions. Une nouvelle

époque doit commencer.

La Nouvelle Grèce est un pays qui a du courage. Elle l’ a montrée en réagissant avec

puissance contre soi-même pendant les heures de la grande déception.

Est-il excessif d’ essayer de distinguer d’ avance la nature des forces futures ? Notre

poésie, si elle veut vivre, va retourner obligatoirement à la jeunesse. Notre prose, qui a

déjà achevé la pratique à l’ école photographique du stricte réalisme, va retourner,

suivant une évolution naturelle vers le monde de l’ âme. Il est temps que la pensée

grecque demande sa liberté. Si elle a une vraie force, elle va vite s’ émanciper des

militarismes culturels qui exercent des pressions sur elle aujourd’ hui et elle va

vouloir s’ étendre librement dans le monde des idées. Celle-ci semble être, en général,

les directions futures de la vie culturelle. Cette langue je crois que va parler une

véritable avant-garde spirituelle lorsque son temps viendra. Il ne s’ agit pas de

théories d’ un système de valeurs ni d’ un parti politique avec un chef, des adeptes, un

programme et des revendications, ou plutôt d’ une foule, comme considèrent les

mouvement avant-gardistes beaucoup de gens aujourd’ hui en Grèce. Il s’ agit d’

intentions de l’ âme qui se trouvent déjà dans plusieurs jeunes de notre génération.

Elles ne sont pas encore exprimées ni jeunes ont pris conscience de celles-ci peut-être,

et que lorsque elles ne vont mettre aucune limite à la création elles vont empêcher la

variété. C’ est à dire la richesse des idées et des individualismes.

***

Un écrivain qui est respecté en tant que moderniste est M. Kavafis. Les amis

de la tradition l’ attaque. Les lettres grecques stables refusent de l’ accepter et le

gardent aux marges. Le public le suit avec curiosité et avoue qu’ il ne le comprend

pas. Tout cela ce sont des traits caractéristique d’ un avant-gardiste.

En même temps, plusieurs des ésprits progressistes de notre littérature le salue avec

enthousiasme et sympathie et présentent son œuvre comme la source unique d’ une

nouvelle poésie grecque. Le titre du poète de la modernité lui est souvent attribué.

Je ne vais pas mettre en doute l’ importance purement artistique de l’ œuvre de

Kavafis. Le poète alexandrin a apporté aux lettres grecques certains modes originaux

que la foule ne peut pas atteindre mais qui trouvent un retentissement dans quelques

âmes sensibles. Il a travaillé vers la profondeur.

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Il va laisser très peu de pages, utiles surtout rêveurs maladifs pour qu’ ils analysent

leur ennui, cependant des pages de véritables poésies qui vont avoir leur place dans

nos anthologies. Il semble être un suspendu isolé qui passe devant notre horizon sans

réussir à créer un famille. Lorsqu’ ils le nomment moderniste je crois qu’ il y a un

mallentendu concernant lui et la notion de la modernité.

M. Kavafis est une fin et la modernité est le début. Ce sont deux mondes contraires et

inconciliables. La seule influence que peut exercer Kavafis sur une nouvelle

génération vivante ce sera une infuence négative. En accélerant la fin d’ une époque

des ‘Lettres grecques, il aide peut-être à la naissance d’ une nouvelle époque.

La nouvelle poésie n’ a pas réussi, ni dans ses moments les plus brillants, de s’

émanciper tout à fait, de la déception du chant populaire qui est, il ne faut pas l’

oublier, le chant des raïas. Et dans ses efforts les plus héroïques pour conquêrir le

monde on sent l’ existence de l’ amour pour la mort. Nos poètes sont vivants biensûr,

aiment, haïssent, s’ enthousiasment, combattent, mais tous pleurent lorsqu’ ils restent

seuls avec soi-même

Si tu ne peux que pleurer pour le crépuscule.

Tes yeux au moins qu’ ils pleurent pour les vivants

Ils continuent à être les poètes d’ une nation frustrée qui a vécu les

humiliations les plus graves et qui, malgré ses fanfaronades, elle n’ a pas été

convaincu encore tout a fait sur la beauté et sur la grandeur de la vie. Un Dostoïefski

lorsque le malheur frappe, il jouit de lui et en profite comme si c’ était une volupté.

Son superbe élan vital le fait aimer la douleur, la tension offerte par celle-ci à son âme

et les nouveaux mondes qu’ elle ouvre à sa pensée. Pour lui, la douleur est une source

de précieuses sensations et un champ de recherche intellectuelle. Il hait la facilité et l’

aise qui paralysent les forces de l’ âme et qui limitent la vie des choses à la surface

des hommes. Il vise à avoir mal pour mieux sentir la vie. Et quand il accepte la

douleur il la reçoit avec le front haut comme un conquéreur de la vie, intrépide et

invincible. Il n’ a pas la nostalgie du bonheur, il ne se plaint pas de la mechanceté des

hommes, de la cruauté de la vie il n’ éprouve jamais le sentiment de la mort. Voilà ce

qu’ il écrit lorsqu’ il sort des travaux forcés de Sibérie où il a passé les plus précieuses

annés de sa vie : ˝Au moins j’ ai vécu. J’ ai souffert mais cependant j’ ai vécu˝.

Toujours les poètes grecs lorsqu’ ils aperçoivent la misère ils sont prets à se rendre.

Les ancêtres désesperés, ceux qui ont vécu pendant l’ Occupation Turque se réveillent

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en eux et abandonnent la lutte ingratte de la vie pour reprendre les pleurs. L’ ombre de

Charon celui qui rejette toute élan vital et redompteur, les chasse partout.

M. Kavafis est le sommet de la tendance de la poésie grecque vers la mort. Son œuvre

n’ est plus une attente ou une invitation à la mort mais la mort en personne qui, enfin,

est arrivée. M.Kavafis, écrit M Alkis Thrylos, a été fortement blessé non par la vie ni

par des épisodes de la vie, contre lesquels quelqu’ un peut lutter, il a été blessé par l’

Idée de la Vie.

˝M. Kavafis˝ écrit a conçu la vie comme vaine, comme quelque chose qui n’ offre que

des déceptions rigoureuses. Toute la vie n’ est qu’ un effort inutile et douloureux de

lui donner un but qui n’ éxiste pas. Cet érudit d’ Alexandrie, refuse de la façon la plus

absolue de vivre. Il se retire dans son ermitage, loin des remous de la vie, en croyant

qu’ il les ignore tandis qu’ il a simplement peur d’ eux, en croyant qu’ il dépassé les

passions humaines et qu’ il les régarde de haut, tandis qu’ il les néglige. C’est un

vaincu qui n’ a pas osé lutter, vaincu par l’ idée de la vie, qu’ il n’ a jamais sentie mais

vaincu soi-même. Dans son œuvre froid, comme la pierre tombale, seulement l’

hédonisme apporte quelques fois, certains jus de la vie, faibles, maladifs, et stériles

parce que ce n’ est pas l’ hédonisme d’ un conquéreur de l’ amour. Son amour n’ est

pas lutte et une victoire en même temps : C’ est le rêve dans une fumerie sans aucune

courage et aucun élan, un melange d’ une lubricité, d’ une perversité sensuelle, d’ une

saturation incurable. Ceux qui refusent totalement la vie sont des hommes qui ont

vecu le moins le moindre de tous. Personnellement, n’ importe quel Yagoulas des

montagnes grecques m’ intéresse beaucoup plus que le poète Alexandrin. Je suis d’

accord avec l’ opinion que les brigands doivent être fusillés mais je paierai cher pour

écouter leurs confessions tandis que la confession de M. Kavafis, dispersée dans ses

cent cinquante poèmes, n’ enrichisse pas mes connaissance sur les passions humaines.

Elle m’ aide seulement à comprendre l’ état psychique de l’ ennui qui ne possède ni

de richesse ni de force.

A une séance de la Cour d’ Assises souvent dans un simple dossier judiciaire d’ un

cas de divorce il y a de vie, beaucoup plus de l’ âme humaine que dans toute l’ œuvre

de Kavafis. Lorsque cependant, on regarde le panorama de la poésie greque moderne

on comprend que la place de M.Kavafis est assez distinguée. C’ est une étape

historique qui annonce un grand changement. L’ esprit pesant de la deception et du

culte de la mort se verse irrésistiblement de l’ âme torturée par l’ Occupation turque

dans notre dixneuvième siècle, sans pouvoir être retenu.

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C’ est Dionisios Solomos qui resiste le premier. Il déclare les droits de la vie au nom

d’ une nouvelle époque des lettres grecques qui commence avec lui. Le courant

entraîne le poète isolé des Assiégés et envahit toute la poésie grecque, tant la poésie

pure que la poésie démotiste. A la fin du dixneuvième siècle, c’ est le poète des Douze

Chants qui résiste. Le courant renverse tous les barrages que forme contre lui le

démotiste qui vient de naître il se verse partout dans l’ œuvre de Palamas mais,

cependant, n’ arrive pas à vaincre son individualité. L’ âme de Palamas vit en lui et

exprime, plus profondément qu’ aucun autre, le grand drame de la poésie grecque

moderne, la lutte des diverses forces contradictoires de la vie pour se libérer de l’

influence de Charon.

Lorsque il complète son œuvre s’ achève il sort de cette lutte sérieusement blessé mais

avec le front haut. Le courant, passant par dessus Palamas, sans le soumettre avance

vers le vingtième siècle. Il vainc deux poètes majeurs, Mavilis et Griparis et tous les

autres mineurs. Le manque de croyance à la vie caracterise toute la nouvelle poésie

des vingt dernières années, exprimée tantôt comme une nostalgie exaspérée, tantôt

comme une déception de quelques existences ratées, tantôt comme lacheté, tantôt

comme défaite. Il n’ y existe pas dans les récentes générations poétiques des poètes

comme Solomos et Palamas. Pérsonne ne s’ oppose avec force à ce courant. Tous, tôt

ou tard, reconnaissent que la résistace est vaine et se rendent à celui-ci. Il y a quelqu’

un qui adopte du fond de son cœur cette tendance de notre poésie qui la conduit à sa

mort, dans les ultimes concéquences et avec cela il l’ épuise : C’ est le poète

Alexandrin. Le courant se termine dans l’ œuvre de Kavafis. Il ne peut pas aller plus

loin. Après Kavafis il y a seulement le silence de la tombe – ou une renaissance.

L’ œuvre de Kavafis est comme un bouton qui tyrannise un organisme pendant très

longtemps et qu’ à la fin s’ ouvre et verse tout son pus. Ce moment est désagréable

mais on sent que, ca y est, on s’ est débrouillés. Il y a une grande plaie ouverte dans

notre organisme mais il n’ y a plus de pus. Nous avons parlé de tout cela dans le

chapitre de la déception. Il n’ est pas possible de dire rien de nouveau. Même si nous

cherchons beaucoup, nous ne pourrons pas trouver un vers exprimerait mieux que

celui-ci un déperissement psychique, spirituel, corporel.

Et l’ avenir n’ arrive pas à ressembler à l’ averir…

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Définitinement, ce vers est un record. Et cela signifie que si demain nous avons la

force de faire du lyrisme on va changer de voie parce que la voie qu’ on a marchés

jusqu’ à aujourd’ hui est arrivée à sa fin ; soit la poésie grecque moderne va s’ éffacer

ou soit, en vain cant la déception actuelle, en réagissant contre soi-même elle va

retourner brusquement à sa première jeunesse, elle va être rebaptisée aux cœurs des

filles et des adolescents. On va voir.

N’ oublier pas qu’ il s’ agit de garçons et de filles du vingtième siècle, d’ êtres assez

originaux. Leur jeunesse, si elle s’ exprime jamais en vers, elle peut vous sembler

étrange. Personne ne sait rien d’ avance. Je les vois d’ ici, à un moment, très differents

des poètes que vous avez connus jusqu’ à aujourd’ hui. Je les vois comme des enfants

courageaux, costauds, avec des couleurs vives et des gestes libres. Ils font des

matches ils trouvent qu’ une vitesse de 100 klm par heure est une vitesse normale

certains conduisent même des avions. Ils vivent d’ une façon audacieuse parce qu’ ils

sont decidés de ne pas perdre leur temps, dans ce monde, de remplir leur éxistence le

plus qu’ ils peuvent, de sentir le plus profond qu’ ils peuvent. Ils trouvent une beauté

considérable dans ce grand élan de leur siècle ; et puisque ils trouvent de la beauté,

soyez sûrs qu’ ils vont trouver et de l’ art. Qui peut prévoir aujourd’ hui quel genre d’

art il s’ agira? Ce sera en tout cas quelque chose d’ intense et de profond un élan pour

ceux qui sont vivants.

Un avion dans le ciel grec, au dessus de Parthénon, attribue une nouvelle harmonie

que personne encore ne l’ a conçue L’ Avenue Siggrou se dirige, jour et nuit, vers la

côte de Faliro les rythmes d’ un lyrisme fort qui recherche des poètes forts. Une

esthétique se forme spontanement dans l’ air qu’ on respire. Le siècle ˝matérialiste et

si banal” cache dans son âme inexploré beaucoup plus de poésie que ce que croient

nos maîtres. Mais quelqu’ un doit maintenant se donner la peine de la découvrir.C’ est

le moment idéal pour des pionniers courageux. .

***

J’ ai essayé dans un autre chapitre d’ expliquer les problèmes de notre prose. Je me

limiterai de rappeler le nom d’ un précurseur. Ion Dragoumis a tellement dépassé son

époque, qu’ aujourd’ hui encore, dix ans après sa mort, la critique grecque ne le

comprend pas.

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Ils ont vu et ils voient en lui seulement ses luttes extérieures et son enseignement

nationaliste mais ils n’ ont pas encore senti ses luttes intérieurs et l’ inquiétude

profonde de son âme. Je ne méconnais du tout l’ importance du Dragoumis dans sa

vie extérieure, de Dragoumis : dans l’ affaire de la Macédoine, dans le démotisme

nationale et de son attachement au roi Constantin. Au contraire, je crois que c’ est une

des personnalités les plus importantes de la vie grecque pendant les vingt premiers

années de notre siècle et supérieur de tous les autres adversaires de Vénizelos, peut-

être meilleur que Vénizelos en tant qu’ âme humaine, mais biensûr moins capable que

lui au pressentiment politique, à l’ ésprit politique et aux complétences de chef et de

gouverneur. Son action s’ est rompue à cause de son assassinat au moment de sa plus

effervescence ressort et pendant que la Grèce entrait dans la période la plus cruciale

de son histoire. Ainsi on ne peut pas juger sa carrière inachevé qui n’a pas pu épuiser

ni exprimer toutes ses possibilités. Dragoumis, après 1920, allait conduire son action

au plus haut degré de sa tention et allait montrer toute sa dynamique. Il est probable

qu’ il allait être tués lui aussi avec les autres à Goudi, en Novembre 1923, mais peut-

être il est possible qu’ il ait donné au drame de l’ Asie Mineure une tournure

imprévue. Peut-être qu’ il aurait sauvé la dynastie, peut être qu’ il l’ aurait renversé

avant que M. Papanastasiou la renverse. On ne peut pas exclure qu’ il pourrait se

limiter avec obstination au rôle sec d’ un réactionnaire mais on ne peut exclure qu’ il

aurait senti les besoins de la Grèce.

Il est possible qu’ il se serait limité avec obstination au rôle stérile d’ un réactionnaire

mais il ne faut pas exclure la possibilité qu’ aurait senti mieux que tout autre, les

besoins de la Grèce pendant l’ après-guerre et qui aurait ouvert les voies d’ une

nouvelle époque. De telles âmes polyvalentes et contradictoires on ne peut pas les

classer et définitivement, comme on classe les hommes simples, rigides sans aucune

évolution comme Dimitrios Gounaris, par exemple, qui font pendant toute leur vie le

même geste et prononcent la même rengaîne. On peut imaginer très bien quelle

position aurait gardé aujourd’ hui Gounaris si il vivait. Il serait le représentant le plus

typique de la nostalgie de l’ avant-guerre, il soutiendrait avec passion les principes

politiques et sociales de la royauté de Georges I, il regarderait les problèmes de l’

Europe contemporaine avec le regarde sérein d’ un avocat de Patras de 1900 et il

aiderait nos recherches spirituelles avec des références aux juristes Romains et

Allemands tandis que personne ne peut savoir dans quelles régions dangereuses et

inexplorées de la droite ou de la gauche serait entraînés Dragoumis par ses multiples

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et souvent contradictoires elans vitaux et par l’ inquiétude de son ésprit. Cet Hamlet

de la politique grecque a écrit à travers son action certaines très belles pages de notre

histoire, il a écrit cependant avec son âmes quelques belles pages de notre littérature

qui, souvent, elles démentissent les premières. L’ âme que nous sentons dans ses

livres, même dans ses pages les plus dogmatiques et fanatiques c’ est l’ âme la plus

torturée de notre prose. Ses tressaillements exprimés sans ordre et élaboration

sérieuse, nous touche beaucoup plus profondément que les meilleurs morceaux de

notre étude de mœurs greques. Ion caché, celui qui se réveille dans la nuit dans la

solitude, inconnu parmi plusieurs, pour écrire sur le papier ses aventures intérieures, il

n’ a pas été convaincu pour la exactitude des principes que soutient Dragoumis de la

vie publique. Il ne peut pas être convaincu définitivement sur rien, parce que son

inquiétude inguérissable lui ouvre toujours de nouveaux horizons et l’ oblige à

renverser les limites qui impose à lui-même. Sans aucune interruption, perdu dans l’

infini soi-même, il essaie de concevoir le sens de son éxistence, aidé par ses deux

influences, Zarathoustra de Nietzsche et de Culte du Moi de Barrès. Il nous laisse

assez de rhétorisme, de verbiage quelques malentendus concernant les problèmes de

la pensée, quelques exemples de bonne prose et quelques recherches intérieures

audacieuses qui ne conduisent nulle part mais qui ouvrent des voies. Il nous laisse

surtout, une âme très riche et très puissante qui souffre, qui nous intéressent

incomparablement beaucoup plus que les histoires simples, que produisent pendant un

demi siècle nos auteurs. Ion Dragoumis est le premier romancier grec qui a senti l’

éxistence, l’ intériorité de l’ homme. Celui-ci est son titre dans l’ histoire de notre

littérature. On verra un jour que c’ est un grand titre.

Son œuvre est une ruine mais l’ œuvre de Solomos aussi n’ est pas une ruine dans sa

plus grande partie. Dans les ruines de Solomos il y a des éclairs de génie tandis que

dans les ruines de Dragoumis il y a quelques invitations et des annonces ; mais c’ est

naturel puisque la prose devient plus dure à produire et elle contient de la pensée

évolue après le lyrisme et ne se presse pas à nous donner ses fruits. Le lyrisme peut

naître dans une nation inexpérimentée qui fait ses premiers pas tandis que la prose

présuppose la maturité. Peut-être que l’ épreuve de cette guerre européenne et de la

catastrophe en Asie Mineure était nécessaire pour qu’ elle mûrisse la Nouvelle Grèce.

***

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Cette petite promenade dans le jardin des lettres grecques modernes est arrivée

à sa fin mais on n’ est pas arrivés au bout de ce jardin. Il semble que le jardin est plus

riche que ceux qu’ on estime d’ habitude. Lorsque on y entre qu’ on essaie de le

parcourir sa densité et la varieté de ses plantes nous fatiguent facilement. On ne tarde

pas à comprendre qu’ on nécessite plusieurs promenades fatigantes pour pouvoir s’

orienter dans ses chemins et on sent qu’ il n’ y a pas de fin. On peut errer dans tous

ses chemins, mais les frontières du jardin on ne les trouvera nulle part. Les éspoirs qu’

il nous offre à chaque pas sont infini. Sa terre, qui n’ a pas donné encore de grands

arbres parce qu’ on ne l’ a pas creusé assez, cache des jus riches et inépuisables. Il est

possible de déterminer les limites des nations qui n’ existent plus mais le génie d’ un

peuple vivant ne connaît de limites ni dans sa profondeur ni dans sa superficie. Des

guides spirituelles qui se sont laissés aller par leurs passions et leur dogmes

tyranniques, croyant avoir trouvé la vérité définitive nous imposent des limites de tous

les côtes. D’ autre veulent soumettre nos efforts à de mauvaises interprétations du

passé, d’ autres veulent soumettre nos efforts à des explications schématiques de ce

vie inquiétante et contradictoires de notre siècle et à des prophésies arbitraires du

futur. Ils soumettent plusieurs esprits simples, plusieurs caractères rigides, qui ont

besoin de s’ appuyer sur une formule rigide afin de pouvoir vivre.

Cependant, les jeunes qui sentent mouvoir en eux un excédent de forces, les futurs

créateurs, les créateurs d’ art, leur pensée ou leur action, ceux-là, on sait bien que

personne ne va les soumettre. Tôt ou tard, ils vont libérer leur individualisme des

fanatismes et des foules, ils vont prendre conscience de leur déstination particulière,

ils vont découvrir leur loi particulière et vont la respecter. On ne propose à personne

le culte du moi, l’ isolement dans la Tour de ver, la rupture avec la société. On n’

apporte pas une nouvelle forme sociale pour l’ ajouter à celles qui éxistent déjà. On ne

veut pas remplacer la satisfaction des autres à la nôtre. On conseille aux jeunes

intellectuels de notre génération : La vie est plus grande et plus mystérieuse que ceux

que croient nos maîtres. Ne les croyez pas lorsqu’ ils vous offrent des interprétations

vraisemblables du monde et de l’ humanité. Ceux qui font allusion, le plus souvent, à

la vérité ce sont ceux qui connaissent le moins des choses. Le plus profondement que

pense quelqu’ un, le plus qu’ il peut pénétrer dans les mondes infinis qui se cachent

sous la réalité visuelle, le plus il va s’ effrayer par la faiblesse de sa pensée. Faites des

recherches cependant. Mais n’ acceptez pas de mettre des limites à votre pensée ne

soyez pas satisfaits des systèmes prêts et achevés d’ avance qui vous offrent, ne

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croyez pas les généralités abstraites qui son créés en dehors de la réalité parce qu’

elles ne peuvent pas contenir en elle la variété inhéxaustible de la vie. Sortez de tous

les systèmes, regardez tout droit la vie et la chair vivante à la chair vivante, et essayez,

libre des pressions les autres, de comprendre quelque chose – quelque chose qui est à

vous.

J’ ai parlé aussi d’ une élévation de l’ âme. Cette expression est très générale, je le sais

bien, et elle risque d’ être consideré comme un rhétorisme sans contenu le sent

cependant tous que l’ âme est en déclin en Grèce et que les réformes extérieures de

nos politiciens et les plans de reconstitution que nous apporte les docteurs des

Universités de l’ Ouest, n’ ont pas réussi à guérir la situation parce que le mal est très

profond. Aujourd’ hui, ce n’ est pas seulement les valeurs individuelles qui nous

manquent. Après l’ accumulation de tels ebranlements et de catastrophes, l’

épuisement des valeurs semble naturel et il ne faut pas qu’ elle paraît étrange à

personne. Ce sont les qualitès de l’ âme qui nous manquent aussi et qui aiderait aussi à

la naissance de nouvelles valeurs et de les renforcer – les sentiments nobles, la volonté

de dépasser soi-même, le besoin de l’ Idée. Il nous manque la confiance en soi. La

défaite a écrasé le courage et a seché nos cœurs.

L’ heure d’ une nouvelle génération arrive, d’ une génération plus mûre que les

précédentes et on espère qu’ elle sera plus forte parce que c’est une génération plus

endurcie qui a été élevée, pendant la guerre, la catastrophe et l’ anarchie. Elle a connu

de très tôt les émotions fortes, elle a commencé très tôt à penser les problèmes

brûlants et qui a compris, dès son petit âge que la vie n’ est pas une histoire facile. La

grande valeur de cette génération est qu’ elle apporte à la Grèce vaincue quelques

possibilités de confiance en soi et d’ élèvation, quelques éspoirs de conquête de la vie.

On aime notre génération, malgré tous ses défauts, parce qu’ elle semble être une

génération vivante des hommes audacieux. Si elle veut, elle va nettoyer ce marécage

qui nous entoure et va donner à ce pays les forces psychiques qui lui manquent.

Juillet 1929.

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Avant de passer aux observations et aux remarques il serait utile de saisir

quelques notions concernant la poétique de la traduction présentées par H.

Meschonnic dans son ouvrage Poétique du traduire.

Selon H. Meschonnic la traduction représente la communication entre les

cultures et consiste à faire passer une énoncé d’ une langue à une autre. La langue est

considéré comme le système du langage qui identifie le mélange entre une culture une

littérature un peuple ou des individus1.

Ce qui importe n’ est pas de faire passe le sens mais dans quel état arrive ce qu’ on a

transporté dans l’ autre langue. Ainsi la ˝bonne traduction˝ ne doit pas concerner l’

ordre du sens et du signe, c’ est à dire du discontinu.

De ce fait l’ interprétation s’ éloigne du texte qui ˝fait˝ ce qu’ il dit. La ˝bonne˝

traduction doit être comme porteur et porteuse.

De plus, Meschonnic propose une différente utilisation de quelques notions de

la traduction. En ce qui concerne la concordance qui est supposée lexicale et identique

au procédé de mot a mot, il propose de l’ aborder en passant de la philologie à la

poétique, du sens au mode de signifier, du discontinu du signe au continu du rythme.

De tout cela, il est évident que la concordance n’ est pas une question de mots mais

une question de rythme.

En ce qui concerne l’ équivalence elle peut elle aussi, passer du discontinu au

continu et de la langue au discours : elle peut être appliquée au rythme et à la prosodie

dans le discours2.

Quant à la fidélité de la traduction, c’ est une fidélité au signe et aux idées reçues. La

fidélité vise à donner l’ impression que le traducteur s’ efface pour donner l’ illusion

du naturel3.

Cette dissimilation est factice parce que ˝ce qui est inaperçu selon l’ interprétation du

signe, la poétique le voit˝. Ainsi Meschonnic considère comme ˝bonne traduction˝ qui

et port celle qui est comme le texte porteur et porteuse.

1 Henri Meschonnic, Poétique du traduire, Paris, Ed. Verdier, 1999, p.12-13 2 ibid., p.28 3 ibid., p.26

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Ainsi, que de point de vue de la poétique l’ unité de l’ ordre du continu se trouve dans

le rythme et la prosodie et non pas dans l’ ordre du discontinu où la distinction entre

langue de départ et langue d’ arrivée rejoint l’ opposition entre signifiant et signifié4.

Meschonnic parle aussi de l’ oralité du texte et de son interprétation : Il s’ agit de

rythme l’ oralité. Il remarque que l’ oralité n’ est pas ce que le signe considérait

comme le parlé, opposé à l’ écrit5. L’ oralité est le primat du rythme dans le mode de

signifier, l’ organisation du mouvement de la parole.

De plus, Meschonnic considère la poétique, comme la politique du traduire puisque et

une politique de la pensée et où le rôle du sujet est capital6.

Ainsi la poétique devient la politique du traduire puisque traduire contient une

poétique et une politique de la pensée. Ce rôle que attribue Meschonnic à la poétique

a comme but de mettre en rapport la notion d’ identité et d’ altérité et que cette

distinction entre altérité et différence importent à l’ acte linguistique et poétique de la

traduction.

Pour une poétique de L’ Esprit Libre.

Avant de procéder à nos remarques et nos constatations concernant la poétique

de la traduction et puisque celle-ci concerne le discours et le texte et non seulement le

sens des divers signes, on doit se pencher sur la poétique du texte de G. Theotokas.

Ainsi on va tenter de faire une brève présentation de la poétique de ce texte sans

passer à une analyse qui n’ est pas d’ ailleurs notre objectif.

On pourrait dire que l’ Esprit Libre c’ est la poétique de l’ antithèse entre l’ esprit de

la période de l’ entre-deux-guerres et les revendications de changement. Theotokas

condamne l’ isolement spirituel de la Grèce, surtout ˝le dogmatisme des marxistes˝ et

le fanatisme des ˝intellectuels conservateurs˝ qui s’ éxpriment en faveur de la tradition

et du ˝culte du passé˝ , Theotokas exerce une critique violente à la littérature grecque

et surtout à la prose et le genre qui est en plein essor au début du vingtième siècle : ˝l’

étude des mœurs˝ le roman naturaliste grec qui décrit la vie et les mœurs de la

province et de la petite bourgeoisie. Pour lui, la prose doit refléter le monde intérieur

4 ibid., p. 23 5 ibid., p. 29 6 ibid., p.73

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˝les sentiments forts et profonds˝ le monde inconu de l’ homme. Il condamne les

textes qui présentent ˝des histoires agréables˝.

Il considère la nouvelle grecque de l’ époque comme une nouvelle qui ˝copie˝, ˝imité˝

la réalité et surtout la mediocrité et le superficiel des personnages qui ménent une vie

misérable.

Ce qui est primordial pour lui, c’ est la description des âmes ˝vivantes˝. Les termes

˝vie˝, ˝vivants˝, ˝sensualisme˝ sont très fréquents dans l’ essai de Theotokas. Il

exprime en faveur de l’ individualisme, et des personnalités qui ont une vie ˝réelle

pleine d’ émotions˝.

Son style est vif rapide et lorsqu’ il parle de la nouvelle génération qui s’ oppose à ce

climat maladif il se montre assez chaleureux.

Dans le chapitre IV, ˝Conditions pour une véritable avant-garde˝ il présente son point

de vue sur le renouvellement de la vie sociopolitique et spirituelle. Le terme ˝crise

spirituelle˝ est omniprésent lorsqu’ il se réfère à la Grèce. Il explique les causes de la

˝stabilité˝ des lettres grecques, ˝il n’ y a pas de vie spirituelle˝ il affirme souvent et

présente quelques personnalités qui pourraient inspirer et ouvrir des nouvelles voies à

la jeunesse. Ainsi la poétique de l’ opposition est fort présente lorsqu’ il fait la

comparaison entre Kavafis, Ion Dragoumis et Dostoïefsky. Le poète alexandrin

désigne la mort, l’ isolement, les refus de la vie tandis que Dragoumis et Dostoïefsky

sont plein d’ élan vital et veulent profiter de la vie. D’ autre part Ion Dragoumis qui a

décrit l’ homme intérieur est un écrivain qui peut être un guide pour les nouveaux

prosateur. Ainsi la poétique de l’ opposition exige l’ abandon de la tranquillité, du

rythme lent du siècle dernier et éxige ˝la quête˝, l’ inquiétude, les grandes passion et

les sentiments forts et profonds.

Ainsi, à travers que les exemples qu’ on va présenter on va examiner comme est

interprété la poétique du texte de G. Theotokas.

Remarques sur le ton et la poétique de la traduction

a) Rythme et prosodie

Comme on a déjà mentionné la signifiance est une rythmique et une prosodie par

lesquelles passent tout ce qui fait le sens :

• Όλος ο κόσµος λέει παντού πως η Ελλάδα περνά µια πνευµατική κρίση. (σελ.54)

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Tout le monde dit partout que la Grèce se trouve en une crise spirituelle.

Le mot grec ˝παντού˝ est remplacé par le mot ˝partout˝ . Ainsi, à part la concordance

lexicale on attribue la rythmique du discours dans notre traduction.

b) L’ oralité et le rythme

De plus, on a essayé de conserver le registre du discours qui est différent dans la

phrase. Il y a du langage pure (Η πατρίς εν τω κινδύνω) et du langage vulgaire (Στα

παλιά µας τα παπούτσια!)

• Πολλοί άνθρωποι µιλούν για πνευµατική κρίση µε το ύφος που θα έλεγαν η πατρίς εν

κινδύνω! Άλλοι σα να έλεγαν : στα παλιά µας τα παπούτσια.(σελ. 57)

Afin de conserver l’ oralité dans cette phrase on garde le rythme qui découpe l’ oralité

du discours : ˝Plusieurs parlent d’ une crise spirituelle ayant un ton comme s’ ils

disaient : / La partie est en danger. D’ autres comme s’ ils disaient : / On s’ en fous

complètement˝.

Autre exemple :

• Η Ευρώπη στα 1914 ανακάλυψε πως δεν ήταν πια η Ευρώπη του 1914. (σελ.58)

Dans cette phrase le rythme est donnée par le mot Europe. La rythmique dans la

phrase en français va être basée sur le verbe ˝était˝ : ˝L’ Europe en 1919 a découvert

qu’ elle n’ était pas celle qui était en 1914 !˝

c) La concordance lexicale

La concordance lexicale ne vise pas seulement à faire l’ équivalence entre mot, sens et

discours mais donner le primat au sens du rythme :

• ∆εν συναντούµε πουθενά στην ελληνική ηθογραφία τον ανεξάρτητο ήρωα, µε

ιδιαίτερη δυναµικότητα, µε ιδιαίτερο εσωτερικό κόσµο, µε ιδιαίτερη

πρωτοβουλία…(σελ.53)

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˝On ne rencontre nulle part dans ˝l’ etude des mœurs˝ grecques le héros indépendant

qui a un individualité particulière, un monde intérieur particulier et une initiative

particulière˝.

d) Rythme et jeux de mots

De plus, la répétition des mots nous fait constater qu’ il peut y avoir aussi des

couplages consonantique – vocalique :

• i) Οι θεωρίες κα οι τεχνοτροπίες δεν µπορούν να δηµιουργήσουν τέχνη, εκεί που

τέχνη δεν υπάρχει. (σελ. 54)

Les théories et les techniques ne peuvent pas créer de l’ art, où l’ art n’ éxiste pas.

Ainsi les groupes rythmiques des couplages sont les suivants.

a) / te / - / te / - / cre /

b) / ar / - / a / - / ar /

La tension et la ferveur de Theotokas qui veut montrer la situation cruciale dans

laquelle se trouve la Grèce est illustrée à travers l’ utilisation d’ adjectifs et d’

adverbes. C’ est pour cela qu’ il est important de saisir leur sens dans le texte :

• ii) Υστερούν καταπληκτικά απέναντι του ως άτοµα, ως πνεύµατα ως δυναµικότητες.

(σελ. 38)

On remarque que ˝καταπληκτικά˝ (merveilleusement) est remplacé par l’ adjectif

considérable.

e) Déplacement et substituts

Le rythme montre aussi son intensité lorsqu’ on change de place ou substitue quelques

termes :

• Ο κρυµµένος Ίων, αυτός που ξυπνά τη νύχτα µεσ’ τη µοναξιά, άγνωστος στους

πολλούς, για να ρίξει στο χαρτί τις εσωτερικές του περιπέτειες, δεν έχει πεισθεί ακόµη

για την ορθότητα των αρχών…δηµόσιας ζωής. (σελ. 71)

Ion caché, celui qui se reveille seul dans la nuit, pour écrire sur le papier ses aventures

intérieures sans être très bien connu pas plusieurs, n’ a pas été encore convaincu…

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˝H µοναξιά˝ (solitude) est remplacée par l’ adjectif seul et le groupe prepositional

˝µεσ’ τη µοναξιά˝ a été substitué par dans la nuit. De plus ˝sans être connu˝ montre l’

antithèse d’ un jeune qui écrit sans être encore un célèbre écrivain ; c’ est pour cette

raison que cette phrase est placée après la phrase ˝pour écrire sur le papier ses

aventures intérieures˝.

f) L’ ethique du rythme

Le rythme est ˝le gardien˝ du sens du discours. Lorsqu’ on traduit on garde le rythme

dans le syntagme afin de gander la poétique de l’ opposition.

• i)Τραβιέται στο ερηµητήριο του, µακριά από τους σάλους της ζωής, νοµίζοντας πως

τους περιφρονεί ενώ απλώς τους φοβάται, νοµίζοντας πως ξεπέρασε τα ανθρώπινα

πάθη και πως τα κοιτάζει από ψηλά ενώ απλώς τα αγνοεί. (σελ. 67)

Il se retire dans son ermitage, loin des bruits de la vie, en croyant qu’ il les ignore

tandis qu’ il a peur d’ eux, en croyant qu’ il a surmonté les passions humaines et qu’ il

les observe de loin, tandis que simplement il les ignore.

Le gérondif ˝νοµίζοντας˝ qui est utilisé deux fois est traduit par le gérondif français

˝en croyant˝. Le rythme est suivi de près dans les phrases qui montrent l’ opposition.

La poétique de l’ opposition nous oblige à conserver les propositions subordonnées à

la place qu’ elles détiennent dans la phrase en grec.

• ii) Όσοι αγαπούν την Αττική µε την καρδιά τους, κι όχι συµβατικά ή σχολικά, την

αγαπούν σα µια γυναίκα, σα µια ζωντανή ψυχή, σαν ένα ζωντανό κορµί. (σελ. 41)

Ceux qui aiment de tout cœur l’ Attiki, non pas conventionnellement et de façon

scolaire, ils l’ aiment comme une femme, comme une âme vivante, comme un corps

vivant.

La subordonnée ˝non pas conventionnellement˝ et ˝de façon scolaire˝ pourrait être

plaçée à la fin.

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En ce qui concerne notre, objectif de garder la poétique de l’ antithèse et de rester près

du style et du ton de Theotokas dès qu’ il a fallu faire des transformations de la

syntaxe on a essayé toujours de montrer le mouvement et l’ action :

• iii) Αυτήν την κρυµµένη ψυχή δεν θα την πλησιάσει ποτέ ο βάναυσος φακός. (σελ. 41)

Dans le texte de Theotokas l’ emphase est donnée à ˝l’ âme cachée˝ (κρυµµένη ψυχή)

c’ est pour cela qu’ au lieu de utiliser la voix active (L’ objectif rude ne va pas se

rapprocher de l’ âme) on préfère utiliser la voix passive afin de donner le primat à l’

âme.

Cette âme cachée ne va jamais être rapprochée par le rude objectif.

• iv) Autre exemple : Αυτό το έθνος οι συγγραφείς του, αντί να το εξυψώσουν το

εκχυδαϊζουν και το απογοητεύουν.(σελ. 60)

Si on fait une traduction mot à mot :

1. - Αυτό το έθνος οι συγγραφείς του

- Cette nation ses écrivains

2. - αντί να το εξυψώσουν το εκχυδαϊζουν

- au lieu de l’ élever ils le vulgarisent

3. - και το απογοητεύουν

- et ils le deçoivent

Notre traduction propose un changement du syntagme afin de pouvoir garder la

poétique de l’ anthithèse : ˝Cette nation / est deçue par ces écrivains // qui la rendent

vulgaires / au lieu de l’ élever ///

Les barres indiquent l’ arrêt du rythme à chaque fois. On remarque que pour donner le

rythme il y a des éléments de cette phrase qui se trouvaient à la fin et ont changé de

place dans celle-ci.

g) Les concordances culturelles

La concondance est ce qui illustre le mieux le passage du texte à la langue, de la

valeur au sens parce que selon Meschonic ce n’ est pas le mot qui forme l’ unité mais

le texte.

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Dans notre texte il y a quelques mots qu’ on a changé afin de pouvoir saisir le sens

exigé pas la poétique de Theotokas.

• Κανένα κορίτσι ενός ξένου έθνους δε βρήκε ποτέ την ανησυχία του, τα όνειρά τους,

τους καηµούς του…(σελ. 38)

Aucune fille d’ un autre people n’ a jamais trouvé son inquiétude ses rêves, ses

peines…

En grec ˝έθνος˝ c’ est la nation. Selon le Petit Robert c’ est a) le groupe d’ hommes

auxquels on suppose une origine commune et b) groupe humain vaste qui se

caractérise par le conscience de son unité et la volonté de vivre ensemble. Le mot

˝έθνος˝ nation correspond à un contexte sociopolitique et c’ est pour cette raison qu’

on a choisi le mot ˝peuple˝7 (Petit Robert p.1138).

En guise de conclusion

L’ interaction entre écriture et traduction se marque dans la relation que la

poétique établit entre la théorie du rythme et la théorie de la traduction. Le discours, le

rythme, le sujet et la traduction définissent une série de stratégies afin que la

traduction devienne porteuse de sens et de rythme. Dans notre cas, le texte en

traduisant l’ Esprit Libre on a dù traduire le rythme intense de l’ éspoir, de la rage ,de

l’ agonie de G. Theotokas. La densité des son discours qui a tantôt un rythme effrené

tantôt un rythme lent, démontre la passion que possède G. Theotokas. Son discours

nous renvoie à la tension de la période de l’ entre-deux-guerre. ce qu’ on a tenté de

rapporter ou plutôt de porte, selon H. Meschonnic.

7 Le Petit Robert, Paris, Ed. Société de Nouveau Littré, 1988, p.1138

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Bibliographie

• Meschonnic Henri, Poétique du traduire, Paris, Ed. Verdier, 1999

Dictionnaires consultés

• Le Petit Robert, Ed. Société du Nouveau Littré, 1988

• Dictionnaire grec-français, Ed. Patakis, 1999

• Dictionnaire grec-français, Ed. Kaufman, 2001