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ANATOMIE GÉNÉRALE DES MUSCLES Céline ROBERT – 20 septembre 2006 Les muscles sont les organes actifs de la locomotion. Ils agissent sur le squelette qui sert de levier : les os rigides donnent attache aux muscles pour permettre les mouvements. Ils se caractérisent par les 2 propriétés suivantes : - contractilité = capacité à se raccourcir - élasticité (+ tonicité) Les muscles contribuent à donner au sujet vivant sa conformation et ses attitudes caractéristiques. L’étude des muscles s’appelle la myologie. Il existe 2 grands types de muscles (qui se différencient par leur couleur, leur structure et leur fonctionnement) : les muscles lisses et les muscles striés. M. lisses = viscéraux ou involontaires : pâles, blanchâtres. Ils sont formés de fibres courtes et lisses, les myocytes (fusiformes, mononucléés et dépourvus de striation). Contrôlés par le système nerveux autonome, ces muscles échappent à l’influence de la volonté. Leur contraction est lente et soutenue. Ils sont situés dans la paroi des viscères creux, accessoirement dans celle des vaisseaux ou dans la charpente de divers organes parenchymateux. Ils n’appartiennent pas à l’appareil locomoteur et seront étudiés avec les organes dont ils font partie. • M. striés = rouge ± foncé. L’un d’eux a des particularités structurales et fonctionnelles exceptionnelles : le m. cardiaque ou myocarde (myocytes cardiaques) ; il constitue la quasi-totalité du cœur. Ses contractions rythmiques échappent au contrôle de la volonté. Les autres sont des m. volontaires, dont la contraction est rapide et ample. Ils sont formés de fibres longues, multinuclées, à disposition complexe, à double striation (longitudinale + transversale) = les myocytes striés. Céline ROBERT Page 1 14/09/2006

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ANATOMIE GÉNÉRALE DES MUSCLES

Céline ROBERT – 20 septembre 2006

Les muscles sont les organes actifs de la locomotion. Ils agissent sur le squelette qui sert de

levier : les os rigides donnent attache aux muscles pour permettre les mouvements.

Ils se caractérisent par les 2 propriétés suivantes :

- contractilité = capacité à se raccourcir

- élasticité (+ tonicité)

Les muscles contribuent à donner au sujet vivant sa conformation et ses attitudes

caractéristiques.

L’étude des muscles s’appelle la myologie.

Il existe 2 grands types de muscles (qui se différencient par leur couleur, leur structure et leur

fonctionnement) : les muscles lisses et les muscles striés.

• M. lisses = viscéraux ou involontaires : pâles, blanchâtres.

Ils sont formés de fibres courtes et lisses, les myocytes (fusiformes, mononucléés et

dépourvus de striation).

Contrôlés par le système nerveux autonome, ces muscles échappent à l’influence de la

volonté.

Leur contraction est lente et soutenue. Ils sont situés dans la paroi des viscères creux,

accessoirement dans celle des vaisseaux ou dans la charpente de divers organes

parenchymateux.

Ils n’appartiennent pas à l’appareil locomoteur et seront étudiés avec les organes dont ils font

partie.

• M. striés = rouge ± foncé.

L’un d’eux a des particularités structurales et fonctionnelles exceptionnelles : le m. cardiaque

ou myocarde (myocytes cardiaques) ; il constitue la quasi-totalité du cœur. Ses contractions

rythmiques échappent au contrôle de la volonté.

Les autres sont des m. volontaires, dont la contraction est rapide et ample.

Ils sont formés de fibres longues, multinuclées, à disposition complexe, à double striation

(longitudinale + transversale) = les myocytes striés.

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Beaucoup de ces m. voient leur efficacité renforcée par la présence d’annexes : tendons,

aponévroses, bourses séreuses, gaines et synoviales tendineuses.

Nous n’aborderons ici que les m. qui appartiennent à l’appareil locomoteur et pas les m. qui,

bien que volontaires, entrent dans la constitution des viscères ou des organes des sens.

Importance :

- chirurgie / médecine : repères pour les voies d’abord ou les examens sémiologiques ;

- fonctionnelle : animaux adaptés à la course (ex. cheval) issus d’une sélection naturelle sur

l’efficacité musculaire (proie / prédateur) ;

- zootechnique : appréciation des critères de conformation dans les races bouchères ;

- économique : viande pour les animaux de boucherie avec recherche du meilleur rendement

muscle / poids de carcasse.

Pour comprendre l’action d’un muscle, il faut connaître ses insertions et ses moments

d’activités au cours du mouvement. C’est pourquoi les principaux muscles seront présentés

selon le schéma suivant :

O : l’origine ou insertion fixe est l’attache sur laquelle le muscle semble prendre appui pour

entrer en action, c’est-à-dire celle qui est habituellement la moins mobile.

T : la terminaison ou insertion mobile est celle qui se déplace habituellement le plus ou de

la façon la plus ample lors de la contraction musculaire.

F : fonction(s), ou rôle actif du muscle, dans la locomotion par exemple.

La période d’activité précise d’un muscle peut être étudiée par l’électromyographie (EMG)

qui utilise des électrodes qui enregistrent l’activité électrique du muscle. La corrélation des

données anato-fonctionnelles et des activités musculaires aux mouvements articulaires permet

de connaître la fonction exacte du muscle au cours du mouvement.

I – CARACTERES GENERAUX DES MUSCLES

1 - Propriétés des muscles

a - Contractilité = propriété de raccourcissement

Elle intervient dans la détente (restitution de l’énergie emmagasinée) et la propulsion

b - Elasticité

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Elle permet l’amortissement

2 – Description des muscles

Les muscles peuvent être décrits par leur forme : on distingue des m. long, plat et court.

Le m. fusiforme est le type le plus simple de m. long : il est constitué par un corps charnu

dont la partie moyenne est qualifiée de ventre. Chaque extrémité peut se continuer par un

cordage fibreux ou tendon qui concentre son action et la transmet à distance (ex. m. biceps

brachial). L’insertion osseuse du tendon ou du ligament s’appelle l’enthèse.

Les m. plats ont un aspect membraneux. Les faisceaux charnus peuvent se poursuivre par une

expansion comparable à un tendon très large et très mince : l’aponévrose (ex. m. oblique

interne de l’abdomen).

On donne le nom de fascia à des membranes fibreuses qui entourent les groupes de muscles

ou certains muscles isolés et ont pour rôle d’affermir leur contraction ou de s’opposer à leur

déplacement lors de certains mouvements. C’est dans les membres que ces formations

contentives ont la disposition la plus caractéristique : ils constituent de vastes manchons

cylindroïdes en continuité d’un segment du membre à l’autre.

Les muscles peuvent être décrits par le nombre d’articulations qu’ils mobilisent :

a – M. monoarticulaire

Un muscle monoarticulaire ne mobilise qu'une seule articulation. Le muscle supra-épineux

par exemple, est monoarticulaire. Il s'agit d'un levier interappui se terminant sur le tubercule

majeur de l'humérus qui ne passe en regard que d'une seule articulation (scapulo-humérale). Il

provoque l'ouverture de l'épaule.

b – M. biarticulaire

Un muscle biarticulaire mobilise 2 articulations. Son action est donc plus complexe.

Par exemple, c'est le cas du biceps brachial. Il est fléchisseur du coude au cours de la phase de

soutien. Au cours de la phase d'appui, il s'oppose à la flexion de l'épaule en restant fixe.

c – M. pluriarticulaire

Il existe des muscles polyarticulaires comme le fléchisseur profond du doigt (ou des doigts

chez la vache). Ce muscle mobilise les articulations du carpe, du boulet, et les 2

interphalangiennes, mais pas nécessairement en même temps.

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3 – Notion de leviers

La mécanique musculaire passe par des leviers ; ils sont de 2 types :

a - Levier interpuissant

Son insertion se fait entre une articulation et un point mobilisé. Nommé ainsi car la force

musculaire (= puissance) s'exerce sur le segment mobilisé, entre l'articulation A et l'extrémité

déplacée D.

Ce levier est :

- économique/rendement,

- la pression articulaire exercée est modérée,

- la vitesse de déplacement est moyenne car son insertion est plus éloignée de l'articulation,

- mis en jeu pendant la phase de soutien, dans le ramener du membre.

Dans le mb thoracique, le meilleur exemple est l'action du biceps / os de l'avant-bras.

b - Levier interappui (Exemple : Triceps brachial)

L'articulation A sert d'appui, et le déplacement se fait autour d'elle = entre le lieu d'action de F

et l'extrémité D, qui subit le déplacement le plus ample.

Sa contraction concentrique envoie le bas du membre vers l'arrière et le haut vers l'avant.

Ce type de levier nécessite une puissance plus forte.

- les pressions articulaires sont élevées,

- les déplacements sont plus rapides et plus amples,

- il a un rôle spécialisé dans la détente,

- il intervient au cours de la phase d'appui du membre dans la propulsion et l'amortissement.

L'efficacité de son action dépend de la longueur du levier et de celle du segment mobilisé

ainsi que de la masse musculaire mise en jeu.

4 – Contraction musculaire

a - Longueur et tension musculaire

Si la résistance extérieure est égale à la tension musculaire, la longueur du muscle ne change

pas au cours de la contraction ; il n’y a pas de mouvement externe : contraction isométrique.

Lorsque la longueur du muscle varie, la contraction du muscle peut être qualifiée

d’anisométrique. Le plus souvent, la contraction anisométrique est qualifiée d’isotonique :

la tension musculaire ne change pratiquement pas au cours du mouvement.

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b - Concentrique / excentrique

La contraction est qualifiée de concentrique lorsque les 2 extrémités musculaires se

rapprochent.

Ce type de contraction intervient surtout :

- pendant la phase de propulsion (ex. quadriceps fémoral fléchit le grasset)

- pendant la première moitié de la phase de soutien (ex. tibial cranial fléchit le jarret)

La contraction est qualifiée d’excentrique lorsque les 2 extrémités musculaires s'éloignent.

Ce type de contraction intervient surtout dans les actions de contrôle, de ralentissement et

d'amortissement des mouvements. Il contribue à la stabilisation du membre.

- pendant la phase d'amortissement (ex. quadriceps fémoral stabilise le grasset)

- pendant la phase d’embrassée (ex. fléchisseur superficiel et extenseur commun des doigts

stabilisent le doigt)

c - Notion de muscle agoniste / antagoniste

Le jeu des muscles sur les articulations dépend de l'état de contraction de chacun d'entre eux.

Des muscles agonistes ont une action synergique au cours du mouvement ; des muscles

antagonistes ont des actions opposées sur une même articulation.

La contraction alternée de muscles agonistes et antagonistes est à l’origine du mouvement.

La contraction synchrone de muscles agonistes et antagonistes contribue à stabiliser le

segment mobilisé et génère peu ou pas de mouvement.

ex. notion de caisson abdominal

II – GROUPES MUSCULAIRES DU TRONC

Le tronc est suspendu entre les 4 colonnes osseuses que sont les membres.

1 - Mouvements du tronc

Les articulations du tronc sont peu mobiles entre elles et les mouvements sont donc limités.

Ce sont principalement des mouvements de flexion-extension.

La disposition musculaire est simple et dichotomique :

- les m. au-dessus de la colonne vertébrale - (dorsaux) sont extenseurs

- ceux situés en dessous (ventraux) sont fléchisseurs

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2 – Muscles de l’encolure

- Extenseurs : M. cervicaux dorsaux

Ils sont tendus entre les très hauts processus épineux des vertèbres thoraciques, les vertèbres

cervicales et la tête.

Les plus puissants sont le splénius et le semi-épineux.

F : élevateurs de l’encolure et extenseurs de la nuque.

- Fléchisseurs : M. cervicaux ventraux

Les principaux sont le sternocéphalique, le brachiocéphalique et les scalènes (ces derniers

sont tendus entre les premières côtes et les vertèbres cervicales)

F : fléchisseurs de la colonne cervicale = abaisseurs de l’encolure + fléchisseurs de la nuque.

3 – Muscles de la colonne thoracolombaire

- Extenseurs : m. erector spinae ou masse commune

O : ilium

T : toutes les vertèbres thoraciques + extrémité supérieure des côtes.

Il s’étend jusqu’à la base de l’encolure.

F : en rapprochant les processus épineux, sa contraction entraîne une extension

puissante de la colonne vertébrale thoracolombaire + une extension lombosacrale

Chez le cheval, il est aidé dans cette action par le muscle fessier moyen.

- Fléchisseurs :

situés sous la colonne vertébrale, ils forment 2 groupes :

* les M. de la paroi abdominale (M. droit de l’abdomen, oblique interne et externe)

O : sternum + dernières côtes

T : pubis

F : flexion de la colonne vertébrale + articulation lombosacrale

* les M. de la région sous-lombaire (m. ilio psoas)

O : face inférieure des vertèbres lombaires + ilium

T : extrémité proximale du fémur

F : flexion de la hanche + extension lombosacrale

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4 – Muscles assurant la suspension du tronc entre les membres antérieurs

Il n’y a pas d’articulation entre le tronc et les membres thoraciques comme pour le membre

pelvien. Chez le cheval, il n’y a pas de clavicule. Le tronc n’est retenu aux membres

antérieurs que par des sangles musculaires très puissantes.

La suspension du tronc entre les membres antérieurs est assurée par 2 groupes de muscles :

- les M. dentelés :

O : extrémité supérieure de la scapula

T : base de l'encolure (m. dentelé du cou) et les 8 premières côtes (m. dentelé ventral du

thorax).

- les M. pectoraux :

O : sternum

T : extrémité proximale de l’humérus (m. pectoral ascendant)

bord antérieur de l'épaule (m. pectoral subclavier)

F : leur contraction concentrique entraîne l’élévation du train antérieur devant un

obstacle par exemple.

5 - Muscles du tronc déplaçant le membre thoracique dans son ensemble

- M. de l'embrassée du terrain (= de la protraction)

ex. brachio-céphalique (+ omo-transversaire, trapèze thoracique)

- M. de la propulsion

puissants et étendus, ils couvrent les côtes

ex. grand dorsal, pectoral ascendant, (+ trapèze cervical et dentelé ventral du cou)

F : en tirant le membre antérieur vers l'arrière, ils propulsent le corps vers l'avant.

Ils ont également un rôle dans la suspension du tronc (cf. muscles du tronc).

III - GROUPES MUSCULAIRES DU MEMBRE THORACIQUE

Ils sont groupés dans par région (épaule, bras, avant-bras) et étendent ou fléchissent le rayon

sous-jacent.

Seuls 2 exemples seront présentés ici. Les muscles de l’épaule, de l’avant-bras et de la main

seront abordés en S6.

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Les muscles du bras se terminent sur le radius et l’ulna.

Ils étendent ou fléchissent l’articulation du coude.

- M. extenseurs

ex. M. triceps brachial : m. biarticulaire, il fléchit l’épaule et étend le coude.

Il intervient aussi bien dans la propulsion que dans l’embrassée.

- M. fléchisseurs

ex. M. biceps brachial : il est fléchisseur du coude au soutien, il ferme le coude lors du

ramener du membre + il stabilise l’articulation scapulo-humérale en extension

(ces 2 actions ne sont pas concomitantes)

⇒ Il existe une action simultanée des agonistes et antagonistes (synergie entre TB et BB)

Le TB ne peut provoquer l'extension du coude que si l'articulation scapulo-humérale est

stabilisée.

IV - GROUPES MUSCULAIRES DU MEMBRE PELVIEN

Seuls les muscles du bassin, ayant une insertion sur le tronc seront abordés ici.

Les muscles de la cuisse, de la jambe et du pied seront abordés en S6

m. fessier moyen (FM) : muscle le plus volumineux de la région du bassin.

Levier inter-appui.

O : aile de l'ilium + ligament sacro-sciatique + aponévrose du muscle erector spinae

T : extrémité proximale du fémur

F : extenseur de la hanche pendant la phase d’amortissement

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