ANAWATI, Georges C. - Avicenne Et l'Alchimie

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  • 7/26/2019 ANAWATI, Georges C. - Avicenne Et l'Alchimie

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    ACCADEMIA NAZIONALE DEI

    LINCEI

    FONDAZIONE ALESSANDRO VOLTA

    ISTITUIT

    DALl .A SOCIET

    EDISON

    D I MILANO

    ATTI

    DEI

    CONVEGNI

    3

    CONVEGNO

    INTERNAZIONALE

    9 15

    APRILE 969

    Tema ORIENTE

    E OCCIDENTE

    NEL

    MEDIOEVO:

    FILOSOFIA E SCIENZE

    ROMA

    ACCADEMIA NAZIONALE DEI

    Lll\CEI

    97

  • 7/26/2019 ANAWATI, Georges C. - Avicenne Et l'Alchimie

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    GEORGES C. ANAWATI

    AVICENNE ET L ALCHIMIE

    Avicenne est surtout connu comme

    l auteur

    du SM/a

    et

    du Canon de

    la mdecine c est- dire comme

    un

    philosophe et comme un mdecin. C est

    ce titre

    qu il

    s est impos

    l admiration

    de ses contemporains

    au

    moyen

    ge, en Occident comme en Orient. Fut-il aussi chimiste ou, pour par

    ler le langage de son temps, alchimiste

    croyant

    la transmutation

    des

    mtaux, s intressant la recherche de

    la

    Pierre philosophale et essayant

    de l obtenir?

    Pour rpondre d une faon prcise cette question, nous allons passer

    en reV Ue

    les diverses hypothses qui ont t avances ce sujet puis, la

    lumire des derniers

    travaux

    concernant l auteur du Canon de la mdecine

    reprendre,

    sur

    nouveaux

    frais,

    l examen

    du

    dossier

    sur

    ce point prcis.

    Disons tout de suite que le problme n est pas nouveau: Ruska, en par

    ticulier

    1

    > a consacr, en 1934, un

    important

    article son examen. En ce

    qui concerne

    la

    position mme d Avicenne l gard de l alchimie,

    la

    solu

    tion semble

    d une

    clart telle qu elle doive rejeter

    tout

    doute: l y a des tex

    tes formels

    o

    l

    la

    condamne d une faon trs ferme, en particulier dans

    sa risala sur l astrologie, et d une faon plus labore, dans son trait sur

    les minraux. De ce point de vue, l accord des spcialistes d Avicenne est

    unanime.

    Le

    seul point

    en

    litige, c est l authenticit

    d une

    risala intitule

    prcisment

    Risalat

    al-iksir qui lui a t toujours attribue

    au moyen

    ge

    latin et que Ruska rejette comme apocryphe.

    Or

    au terme de son dition

    critique du texte arabe de cette rt sala le regrett Ahmed Atech assure

    avec force son authenticit. Comment ds lors concilier cette dernire donne

    avec les positions antcdentes? C est

    pour

    rpondre cette question que

    nous entreprenons

    la

    prsente tude.

    (1)

    J.

    RUSKA,

    Die

    Alchemie des Avicenna

    in

    ISIS,

    t.

    21

    (1934),

    pp.

    14-51.

    Ruska

    tait lui-mme chimiste de profession et ne s est mis l histoire de

    la

    chimie que vers l ge

    de cinquante ans.

    Il

    devint quelques annes plus

    tard

    directeur

    de

    l Institut

    pour

    l histoire

    des sciences naturelles Berlin. Cfr.

    la

    notice que lui a consacr P.

    KRAUS,

    Julius

    Ruska

    in

    OSIRIS,

    vol. 5 (1938), pp. 5-40.

    (2) AHMED ATECH,

    Ibn Sind Risalat al-iksir

    in

    Turkiyat Mecmuasi

    1952 pp. 27-54;

    Ibn

    Sind

    ve Elkimya

    in Ankara

    Universitesi Ilakiyat Fakultesi Dergisi

    1952, IV. Saidan

    ayribasin, pp. 47-62 avec huit planches de manuscrits. Rsum de sa position, en arabe,

    dans Al-kittib al-dhaka/Ji lil-makrajan

    al-alfi

    li-dkikr

    Ibn Sna Baghdad 20-28 mars

    z952

    Le Caire

    1952,

    pp.

    6o--64.

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    VERBALI DELLE SEDUTE

    Considrons d abord le problme du point de vue occidental. Si l on

    consulte les recueils classiques des oeuvres alchimiques tels qu on les trouve

    dans

    le

    Theatrum chemicum

    de Zetzner ou la

    Bibliotheca ckemica curiosa

    de

    Manget

    voici ce que nous relevons commes oeuvres attribues Avi

    cenne:

    1. Liber A boali A bincine de nima z n arte Alchemz ae

    2.

    Declaratt on

    Lapis

    physt ci Avt cennae filio sui

    boali

    3. Avicennae de congelatione et conglutt natz one lapidum

    4. Avt cennae ad Hasen Regem ept stola de Re recta.

    Voyons de prs

    chacun

    de ces traits.

    1. Liber boali Abt ncine de Anz ma z n arte Alchemz ae.

    Et d abord

    celui qui est les plus

    important

    la fois comme volume et

    comme influence au moyen ge occidental, savoir le De Anz ma. Vincent

    de Beauvais le cite dans

    un

    grand nombre d articles. Il

    en

    existe une copie

    dans

    le manuscrit 6514 de la Bibliothque Nationale de Paris (fol.

    144

    171)

    et

    il a t imprim d aprs un autre manuscrit Ble

    en

    1572. Berthelot a

    vrifi

    qu il

    y a concordance entre le texte imprim et le manuscrit, sauf quel

    ques variantes

    Les citations de Vincent

    de

    Beauvais se

    rapportent surtout

    aux mtaux; elles sont nombreuses

    et

    tendues, ce qui prouve que le trait

    existait, sous sa forme latine, dj au milieu

    du

    2e sicle. Au del du 3e

    sicle, les traits d Arnauld de Villeneuve et du faux

    Raymond

    Lulle se sub

    stituent celui d Avicenne.

    L ouvrage est divis en dix livres intituls dictiones avec prologue,

    table des chapitres et introduction. On y fait parler Avicenne s adressant

    son fils Abusalem, le plus souvent sous forme dogmatique, quelquefois sous

    forme de discussion entrecoupes d intermdes humoristiques

    .

    Au prologue,

    l auteur

    explique pourquoi il a intitul son livre

    De l'me:

    Ce livre est appel De l'me parce que l me est suprieure au corps; elle

    ne peut tre aperue que par l esprit et non par les yeux, parce que l oeil ne

    voit que l accident, tandis

    que

    l esprit peroit les qualits propres.

    L me

    3)

    L ouvrage de

    Zetzner a t

    publi

    Strasbourg en 6 volumes en 165

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    TERZA SEDUTA

    fait partie

    du

    cercle de gloire,

    et

    son cercle est

    suprieur aux

    autres, ceux

    du

    corps

    et

    ceux des esprits

    Voici les

    grandes

    lignes des

    dix

    Dictiones

    qui

    constituent le livre:

    Dictio

    :

    L'alchime existe-t-elle?

    (12

    chapitres

    de

    63 pages)

    Dictio II: Qu'est-ce que l'alchimie?

    Dictio III: Comment s'est forme l'alchimie?

    Dictio IV: Pourquoi y a-t-il

    une

    alchimie?

    Dictio V: Noms

    et nature

    de la Pierre

    et d'autres

    produits ncessaires

    la production de 'oeuvre.

    Cette partie est

    un

    vritable trait de chimie... les renseignements abon

    dent

    ici, ainsi que les recettes,

    souvent

    multiples

    pour une mme

    opration.

    L'auteur

    y

    traite notamment du

    cuivre,

    de

    ses varits,

    de

    sa

    fusion

    qui

    est

    dcrite en dtail,

    du

    plomb, de l'tain,

    du

    laiton

    (de atone), du

    fer etc.

    On

    y retrouve le

    nom

    de

    l'asem

    gyptien crit

    ascem, et

    appel aussi metallum,

    alliage de formules diverses,

    qui

    servait autrefois d'intermdiaire

    la

    trans

    mutation

    Puis

    l'or

    est mentionn ainsi

    que

    les falsifications de

    l'or et

    de l'argent.

    Dictio

    VI:

    Elle constitue prs de

    la

    moiti de l'ouvrage (33 chapitres cou

    vrant

    220

    pages

    du texte

    imprim)

    et

    s'occupe des traitements

    gnraux que l'on peut

    faire

    subir aux

    mtaux: lavages, calci

    nation, durcissement, amollissement, sublimation, dissolution ou

    fusion, avec la description,

    dans un

    chapitre spcial, des ap

    pareils servant aux diverses oprations.

    Dictio VII: Elixir provenant

    du

    sang, des oeufs ou des cheveux (Cinq cha-

    pitres de 42 pages)

    Dictio

    VIII:

    Les ferments (Deux chapitres de 17 pages)

    Dictio

    IX:

    Complectio magisterii

    et

    sponsalitii

    Dictio X: Les poids.

    Berthelot et Steinschneider

    ont

    considr le

    manuscrit

    comme authen

    tique, avec des interpolations.

    Ruska

    par contre, a montr qu'il s'agissait

    d'un faux fait

    en

    Espagne au commencement

    du

    12 sicle. Parmi les argu

    ments qu'il avance

    pour

    l'inauthenticit,

    Ruska

    signale l'absence de ddi

    cace

    un

    Mcne contemporain d'Avicenne, aucune allusion

    l'Orient

    ni

    des localits

    ou

    des produits spciaux

    de

    l'Orient alors

    qu'on

    y

    trouve une

    srie de dtails

    qui

    trahissent l'origine espagnole

    du

    compilateur. Certains

    mots, rests sous leur forme arabe, montrent que celui-ci s'est servi

    d'une

    oeuvre arabe:

    alembic, tutia, aludel, azock

    mots courants passs

    dans la

    lit

    trature alchimique occidentale.

    D'autres

    sont plus rares comme

    bellote

    (6) Ibid. p. 295.

    (7) Ibid. p. 304.

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    VERBAL DELLE

    SEDUTE

    (p. 436) de

    l'arabe ball

    (gland de chne),

    attozonji et artozonji

    de l'arabe

    atronj,

    citron;

    orrez

    (riz),

    zoala pour ZuJ:ial i.e.

    Saturne;

    amostari pour

    al-

    Mushtari i.e.

    Jupiter. Un mot comme

    morabetini pour

    dsigner

    une

    mon

    naie se

    rapportant aux

    temps des Almoravides

    (al-Murabifin)

    est spcifi

    quement andalou.

    Nous n'entrerons pas davantage dans l'analyse dtaille de ce livre.

    On la

    trouvera dans le livre

    de

    Berthelot

    et

    l'article de Ruska Ils ont

    reproduit,

    en

    particulier, les trois listes

    de

    noms mentionns

    par l'auteur

    du

    De Anima. La

    troisime mentionne

    Jean

    l'vangliste,

    prieur

    d'Alexan

    drie, Garcia le Cardinal, Gilbert le Cardinal... Nous ne pensons pas qu'il

    faille aller plus loin

    pour

    tre convaincu

    du

    caractre inauthentique de ce

    texte. On ne

    peut

    absolument plus dire, avec Berthelot,

    au

    sujet des crits

    alchimiques latins attribus Avicenne:

    Quoique les textes arabes corres

    pondants

    n'aient pas

    t signals jusqu'ici, je ne vois pas, aprs tude, des

    traductions latines, aucune raison valable pour contester ni l'existence des

    textes

    ni

    l'attribution de ces textes

    Avicenne

    Pareille assertion pou-

    vait tre soutenue

    en 1893,

    l'poque

    o

    Berthelot crivait, elle est insoute

    nable

    auojourd'hui

    aprs que les travaux

    sur

    Avicenne ont t pousss si loin.

    Si

    pour

    un des textes d'Avicenne (l'Eptre ad Hasen Regem

    de

    re recta), on

    a trouv les texte original arabe, par contre rien ne correspond, de prs ou

    de

    loin,

    au

    De

    Anima

    alchimique

    attribu

    l'auteur du

    Canon.

    Pratique

    ment

    toutes les bibliothques

    contenant

    des manuscrits d'Avicenne

    ont

    t

    soigneusement inventories lors des ftes du Millnaire: on n'y a pas dcou

    vert le correspondant arabe

    du

    trait latin analys plus haut.

    Le

    De Anima

    du Skifa (Liber sextum naturalz'um) n'a

    rien faire avec l'alchimie. Nous

    devons donc carter difinitivement des oeuvres authentiques d'Avicenne

    le trait alchimique

    latin qui

    lui a t

    attribu au

    moyen ge.

    II.

    Declaration Lapz's pkysici Avicennae

    filz o

    sui Aboali.

    Le caractre apocryphe de cette ptre ressort dj du titre qui con

    fond la kunya (surnom) d'Avicenne: Abu 'Ali avec le nom de son fils ... Ruska

    a montr que

    l'auteur

    latin de cet opuscule a utilis non pas un original arabe

    (on ne trouve pas des termes techniques

    qui

    trahiraient une origine arabe)

    mais des crits

    dans

    la

    tradition

    de

    la Turba pkilosopkorum et

    du

    De Anima

    du

    Pseudo-Avicenna.

    Ruska

    a cit plusieurs passages de

    l'une et

    de l'autre

    ptre

    qui montrent

    visiblement les

    emprunts.

    Bien entendu

    aucun

    texte

    arabe non

    plus ne correspond

    une

    pareille ptre.

    L

    aussi notre conclusion est catgorique: cette Declaratio est

    un

    apocryphe.

    8) Ibid.

    pp.

    29cr301.

    (9)

    Die

    Alchemie des

    Avicmwi, ISIS,

    t.

    '. I

    (1934),

    pp. 3.J.

    35.

    (10) BERTHELOT a chimie ..

    p.

    293.

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    TERZA SEDUTA

    III. Avicennae

    de

    congelatione et conglu#natione

    lapz dus.

    Ici nous sommes

    sur

    un

    terrain

    beaucoup plus solide.

    Le

    texte

    en

    ques

    tion

    appartient en

    effet

    au

    Skifa

    d Avicenne

    et

    a t dernirement dit

    d une

    faon critique,

    en

    1965 ln>.

    On

    a cru

    pendant un

    certain temps

    qu il

    faisait

    partie des crits d Aristote

    et

    on l appelait Liber mz neralz bus Arz stotelz s.

    On

    le publiait dans les traductions latines avec la Mtorologie d Aristote comme

    formant les trois derniers chapitres

    du

    quatrime livre. Vers

    12

    Alfred

    de Sarashel tradusit,

    en

    faisant quelques coupures, la partie consacre

    la formation des minraux.

    Il

    fut mis

    en

    appendice

    au

    quatrime livre de

    la Mtorologie

    traduit

    du

    grec par le Sicilien

    Henri

    Aristippe alors que les

    trois premiers livres

    taient traduits

    de

    l arabe

    par

    Grard de

    Crmonde.

    Cet ensemble formait ce qu on appelait la vetus versio

    parmi

    les

    deux

    ver

    sions latines usites

    au

    moyen ge.

    Le

    livre des minraux, intitul

    en

    arabe

    Kitab al-ma'adin wal-atkar

    al-'ulwzyya,

    contient

    deux

    sections

    (maqala). La

    premire tudie ce

    qu on

    peut

    appeler la gographie physique de la terre

    et

    comporte six chapitres:

    Ch.

    1 -

    Les montagnes

    et leur

    formation; Ch.

    2 -

    Avantages

    des montagnes;

    formation des nuages

    et

    des roses; Ch. 3 - Les sources d eaux; Ch. 4 - Les

    tremblements

    de

    terre; Ch. 5 -

    La

    formation des lments mtalliques.

    C est

    celui qui nous intresse ici et dont nous allons donner une traduction la plus

    prcise possible, avec le texte arabe

    et

    le texte latin mdival.

    Le deuxime

    maqala

    tudie les vnements

    et

    les tres inanims qui

    se

    trouvent

    la surface

    de

    la terre. Elle comprend galement six chapitres.

    Ch.

    1

    Les nuages; Ch.

    2 et

    3 -

    Le

    halo,

    l arc-en-ciel

    etc.; Ch. 4 - Les vents;

    Ch. 5 -

    Le

    tonnerre, l clair, les temptes, les arolithes, les mtores

    et

    les comtes; Ch. 6 - Les grands vnements qui se passent dans le monde.

    Aprs

    avoir

    parl

    dans

    les

    quatre

    premiers chapitres des montagnes,

    des sources

    d eaux

    etc., Avicenne

    en

    vient

    parler

    des substances min

    rales. Nous allons donner successivement: le texte original arabe emprunt

    l dition critique

    du

    Caire, la

    traduction

    franaise faite

    sur

    ce

    texte

    enfin

    la traduction latine mdivale.

    (11) At-ma din

    wal-tlir at-'ulwiyya, Edition

    du

    Shi/a', Collection

    du

    Millnaire

    d Avicenne, Le Caire 1965. Edit par o n t a ~ a r et Zayed. Ce texte

    avait

    t

    dj

    publi par

    E.

    J

    HOLMYARD

    et D.

    C.

    MANDEVILLE,

    Avicennae de congetatione et conglutinatione tapidum

    being sections

    of

    the

    Kit

    ab

    al-Sltif . The Latin and Arabie tcxts cdited with an English

    translation

    and

    with critical notes, Paris, Geuthner, 1927. Signalons que M. Casimir

    Petratis a excellement dit dernirement la version arabe des Mtores d Aristote, The arabic

    version of Aristotle's ll eteorology, A cr#ical edition with an introduction

    and

    greek--arabic glos

    saries,

    Beyrouth, Srie Recherches, tome 39, 1966.

    Convegno Volta, ecc.

    20

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    TERZA

    SEDUTA 93

    TRADUCTION FRANAISE r4>

    1.

    Les corps

    minraux

    se divisent

    peu prs

    en quatre

    [espces]: les

    pierres, les corps fusibles [ les mtaux], les soufres

    et

    les sels.

    2. En effet

    parmi

    les corps minraux, les uns ont une

    substance

    faible,

    de composition et

    de

    mlange faible. D autres ont la substance forte. Parmi

    ceux qui ont la substance forte, les uns sont mallables, d autres ne les ont pas.

    3. Ceux qui

    ont la

    substance faible, les

    uns

    sont sals, que l humidit

    dissout facilement, comme l alun, le vitriol, le sel ammoniac et le qalqand

    d autres sont graisseux, ne se dissolvent

    pas

    facilement dans

    l humidit

    seule,

    comme le soufre et l arsenic.

    4. Quant au mercure, il appartient au deuxime

    groupe

    bien qu il soit

    l lment des [corps] mallables

    ou

    semblable l lment des [corps] mal

    lables.

    5. Tous les [mtaux] mallables fondent, mme si par voie indirecte et

    la plupart des mtaux non-mallables, ne fondent pas par la mthode ordi

    naire mais seulement ils s amollissent avec difficult.

    6. La matire des [mtaux] mallables est une substance aqueuse qui

    se mlange fortement

    une

    substance terreuse dont elle ne se spare pas.

    La substance aqueuse qui s y trouve se solidifie

    par

    le froid aprs que la

    chaleur ait agi

    sur

    elle

    et l ait

    mrie.

    Fait

    partie

    du

    groupe [des

    mtaux

    mal-

    lables] ce

    qui

    est [encore] vivant aprs ne s tre

    pas

    solidifi cause

    de sa

    graisse. Et c est pour cela

    qu il

    est mallable.

    7.

    Quant

    aux pierres parmi les substances minrales montagneuses leur

    matire est galement aqueuse, mais leur solidification n a pas lieu par le

    froid seul, mais

    par la

    siccit qui transforme l aquosit en territ. Il n y a

    pas

    en

    elles de l humidit vivante graisseuse,

    et

    c est

    pour

    cela qu elles ne

    sont pas mallables.

    Et

    parce que la plus grande

    partie de

    leur coagulation

    a lieu

    par

    le sec,

    c est pourquoi

    leur plus grand

    nombre

    ne se dissout pas,

    moins

    qu on

    ne s ingnie y appliquer les moyens naturels de solubilisation.

    8.

    Quant l alun et au

    sel ammoniac, ils appartiennent

    au

    genre

    du

    sel

    sauf

    que l ignit

    du

    sel ammoniac est plus

    abondante

    que

    sa

    territ.

    C est pourquoi il se sublime entirement: c est

    de

    l eau laquelle

    s est

    m

    lange de la fume chaude, trs subtile,

    abondante

    en ignit et qui s est coa

    gule par le sec.

    (14) Nous avons fait cette

    traduction

    directement

    sur

    le

    texte

    arabe du Caire.

  • 7/26/2019 ANAWATI, Georges C. - Avicenne Et l'Alchimie

    11/63

    294

    VERBAL DELLE SEDUTE

    9.

    Quant aux

    soufres, il est arriv leur aquosit de fermenter

    par

    la

    territ

    et

    l'arit

    d'une

    forte fermentation, par la fermentation de la cha-

    leur jusqu'

    ce qu elle soit devenue graisseuse puis se soit coagule

    par

    le

    froid.

    10. Quant aux vitriols, ils sont composs

    de

    salinit,

    de

    sulfurit et de

    pierres.

    Il

    y a

    en eux la

    force de certains corps fusibles. Ceux d'entre

    eux

    qui ressemblent au qalqand et au colcothar proviennent

    de

    vitriols grossiers,

    seulement la salinit

    en

    eux se dissout malgr ce qu ils

    en

    contiennent de

    sulfurit, puis ils se coagulent

    ayant

    acquis la force

    d'un

    corps.

    1 1. Celui qui a acquis de la puissance du fer, rougit et jaunit comme le

    colcothar;

    et

    celui qui a acquis de la puissance du cuivre verdit. C'est pour

    cela

    qu'il est

    possible

    de prparer ceux-ci

    par

    la

    technique

    (al- na'a).

    12.

    Quant

    au mercure, c'est comme de l'eau laquelle s'est mlange

    une

    territ

    trs

    subtile, sulfureuse,

    d'un mlange

    vigoureux de sorte

    qu'il

    n'y a aucune partie de sa surface

    qui ne

    soit recouverte de cette siccit.

    C'est

    pour cela qu'il ne

    s'attache

    pas la main et qu'il ne se moule pas d'une ma-

    nire forte la forme

    de

    ce qui l enveloppe, encore moins ne conserve

    une

    forme donne sauf s'il est vaincu

    Sa blancheur provient

    de

    la puret de

    cette aquosit

    et

    de la blancheur de la territ subtile qui se trouve en lui

    et

    de

    son mlange avec

    l arit.

    Il

    appartient

    au mercure

    de se coaguler

    par

    les esprits des sulfures. C'est

    pourquoi

    il peut se coaguler rapidement par

    le plomb ou l'esprit de soufre. Il semble que le mercure ou ce qui lui res-

    semble est l'lment de tous les [corps] fusibles

    [i.e.

    des mtaux]. Tous

    quand

    ils fondent, se

    rduisent

    lui

    mais

    le plus

    souvent

    sa fusion a lieu

    avec

    la

    calfaction

    1

    s> Son

    mercure apparat

    alors rouge.

    13 Quant au

    plomb, celui

    qui

    le voit fondre

    ne doute

    pas qu'il soit du

    mercure parce

    qu'il

    fond

    avant

    la

    calfaction

    1

    6>

    S'il

    est chauff

    pendant

    qu'il est

    en

    fusion, sa couleur devient la couleur de tous les corps fondus,

    je veux

    dire d'un

    rouge de feu.

    Et c'est

    pourquoi le

    mercure

    s'attache

    1

    1>

    tous les corps parce qu'il est

    de

    leur substance.

    14. Mais

    la

    formation de ces corps

    partir

    de lui diffre cause de

    la

    diversit du mercure et

    de

    ce qui se comporte comme lui

    en

    lui-mme, et

    cause de

    la

    diversit de ce qui se mlange lui pour le coaguler.

    Si

    le mer-

    cure est

    pur et que

    ce qui se

    mlange

    lui

    et

    le coagule est

    la

    puissance

    d'un

    (15)

    at

    a very high

    temperature

    (Holm. and Mand.).

    (16) at a lower temperature (Holm. and Mand.).

    (17)

    D'aprs

    le texte

    latin

    qui correspond au sens gnral du contexte il faut com-

    prendre:

    wa li-dhlika

    m yu alliquhu dans

    un

    sens positif. C est ainsi que

    l'ont

    compris

    Holmyard et Mandeville.

  • 7/26/2019 ANAWATI, Georges C. - Avicenne Et l'Alchimie

    12/63

    TERZA SEDUTA

    295

    soufre blanc incombustible et qui n est

    pas

    impur mais est ce qu il y a de

    meilleur de ce qu utilisent les artisans (ahl al- zla) alors le

    produit

    est

    l argent.

    15

    Si le soufre,

    en

    plus

    de sa puret

    est meilleur

    que

    le

    prcdent

    et

    plus blanc

    et

    que se trouve

    en

    lui une puissance tinctoriale igne subtile ne

    produisant

    pas de combustion, meilleur que celui que prennent les artisans,

    il le coagule

    en

    or.

    16. Puis si le mercure est de bonne substance mais le soufre qui le coa

    gule n est pas pur mais qu il y a

    en

    lui une force combustive

    il se produit

    comme

    du

    cuivre.

    17

    Si le

    mercure

    est

    mauvais,

    souill,

    manquant

    de cohsion,

    terreux

    et que son soufre est souill galement, le

    produit

    est du fer.

    18.

    Quant

    l tain, il semble que

    son

    mercure soit bon

    mais son

    soufre

    est

    mauvais

    et n est

    pas

    apte se mler vigoureusement comme s il pn

    trait

    couche par couche. C est

    pour

    cela qu il crie.

    19.

    Quant au

    plomb, il semble

    que son mercure

    soit

    mauvais,

    sa terre

    lourde

    et que son

    soufre soit mauvais, ftide, faible.

    C est pour

    cela

    que sa

    coagulation

    n a pas

    t profonde.

    20. Il n est pas

    improbable

    que les artisans

    imaginent

    des

    stratagmes

    par lesquels les tats des coagulations

    du

    mercure avec les vitriols soient

    [rendus] sensibles au

    moyen de la technique de l art

    bien

    que les tats

    artificiels

    < o> n ont

    pas le

    mme statut

    que celui de la

    nature ni

    ~ perfection

    mais il ressemblent celle-ci ou

    s en

    llpprochent. L assentiment est accord

    du f i ~ q l l ~ dans la nature il y a cet aspect ou quelque chose qui lui ressemble.

    Mais la technique artificielle (al- na'a) est au-dessous de la nature en cela

    et n arrive

    pas

    l atteindre

    quelque effort qu elle dploie.

    21

    Quant

    la

    prtention des alchimistes, il faut

    que tu

    saches qu il

    n est

    pas en leur pouvoir

    de transformer

    vritablement les espces. Ce qu ils peu

    vent, c est [obtenir] des ressemblances sensibles au

    point de

    teindre le rouge

    d une

    teinture blanche, trs resemblante l argent et

    de

    le teindre

    d une

    teinture jaune trs ressemblante

    l or et

    qu ils teignent

    galement

    le

    blanc

    de

    la teinture

    qu ils veulent de

    manire

    renforcer

    sa

    ressemblance avec

    l or ou le cuivre.

    22. Ils peuvent aussi enlever

    aux

    plombs la plus

    grande partie

    de leurs

    dficiences

    et

    de leurs dfauts mais leurs substances demeurent. Seules des

    (18) oA property of

    combustibility

    (Holm. and Mand.).

    19) Are

    perceptible to

    the

    senses (Holm. and Mand.).

    (20) Alchemical qualities (Holm. and Mand.).

  • 7/26/2019 ANAWATI, Georges C. - Avicenne Et l'Alchimie

    13/63

    2g6

    VERBAL DELLE SEDUTE

    qualits acquises prdominent

    en

    elles

    au point

    qu on se trompe leur

    sujet

    de

    la mme faon

    qu on

    confond le sel, le qalqand, le sel ammoniac etc.

    23. Je ne considre

    pas

    comme impossible

    que

    l'habilet aille si loin

    que son

    secret

    chappe mme

    aux

    plus sagaces.

    Mais

    que

    la

    diffrence sp-

    cifique soit te

    ou

    qu'elle soit revtue, je

    n en

    vois

    pas

    la possibilit, bien

    plus sa possibilit me parait invraisemblable (bal ba idun

    indi

    jawazuha).

    En effet il n y a pas moyen de dissocier un mlange dans un autre car il

    est vraisemblable

    que

    les tats sensibles ne soient

    pas

    les diffrences

    qui

    fas-

    sent de

    ces corps des espces, mais qu'ils soient des accidents, des propri-

    ts ncessaires dont nous ignorons les diffrences. Or si nous ignorons

    une

    chose comment

    pouvons-nous

    nous proposer

    de

    la chercher

    ou de

    la perdre?

    24.

    Mais [arriver

    ]

    dgager

    ces teintures

    et

    ces accidents

    partir

    des

    esprits et des poids

    ou

    les

    en

    revtir, cela il ne faut pas persister

    le nier puis-

    que nous l'ignorons: nous ne pouvons absolument pas

    prouver

    apodictique-

    ment

    son impossibilit.

    Il est vraisemblable que le rapport qui se

    trouve entre

    les lments dans

    la

    composition

    de chacune de

    ces substances

    que

    nous avons numres est

    autre que

    celui de

    la

    composition des autres.

    S il

    en est ainsi

    l n arriverait

    pas

    elle,

    moins

    de

    dsarticuler

    la

    composition en la ramenant

    la

    com-

    position de

    la

    substance

    dans

    laquelle

    on voudrait la

    transformer.

    Or

    cela

    n est pas quelque chose que l on peut raliser

    en

    conservant la continuit:

    l

    s y

    mle seulement quelque chose d tranger

    ou

    une puissance trangre.

    Il y aurait ce

    sujet

    beaucoup de choses dire. Nous pourrions si nous

    le voulions le faire, mais le profit en

    serait

    mdiocre et nous n en avons nul

    besoin

    dans

    ce chapitre.

    TEXTE

    LATIN

    CAP.

    III

    D E QUATUOR SPECIEBUS CORPORUM

    MINERALIUM

    I

    Corpora

    mineralia

    in

    quatuor species dividuntur, scilicet m la-

    pides, et in liquefactiva, sulphurea et sales.

    (21) Ce

    texte latin

    n est d aucune

    manire

    un

    texte

    critique. Nous

    avons

    utilis le texte

    arabe pour

    comprendre

    certaines

    abrviations

    sybillines. Le

    texte publi par Holmyard

    et Mandeville est certainement plus

    critique&;

    nous avons cependant prfr reproduire

    le ntre, fait indpendamment du leur,

    pour

    ajouter une variante

    de

    plus .:\ous

    partageons

    tout fait la position de ces auteurs qui,

    aprs

    avoir

    signal

    les nombreuses

    erreurs

    de dtails

  • 7/26/2019 ANAWATI, Georges C. - Avicenne Et l'Alchimie

    14/63

    TERZA

    SEDUTA

    297

    2.

    Et

    horum

    quaedam sunt rarae

    substantiae

    et

    debilis compositio-

    ms et quadam fortis substantiae, et quaedam ductibilia et

    quadam

    non.

    3.

    Et horum

    quae debilis substantiae

    sunt, quaedam

    sunt sales, ut

    quae

    liquefiunt

    ex humido

    breviter,

    ut

    Alumen,

    chalcanthum et

    sal

    ammo-

    niacum et quaedam sunt unctuosa, nec liquescunt solo humore facile, ut

    sulphur, auripigmentum.

    4. Sed

    argentum

    vivum est

    de

    parte secunda

    quamvis

    sit elementum

    ductitium, vel simile aquibus ductilibus.

    5

    Sunt

    autem ductilia omnia liquabilia, et ut multum ductilia nec

    liquabilia sed non mollificantur nisi cum magna violentia.

    6.

    Et

    materia

    ductilium est

    substantia

    aquea,

    mixta cum substantia

    terrea mixtura forti et

    non

    potest

    unum

    ab altero separari, et congelatur

    substantia

    illius aquea cum frigore, post actionem caloris in ipsum, quod

    est eptesis. Et erit exemplum a vino quod nondum gelavit propter suam unc-

    tuositatem:

    et

    ideo

    non

    est ductile.

    7

    Lapidea vero de substantiis mineralibus materialiter

    sunt

    aquae

    sed non gelantur sola aqua, sed

    etiam

    cum siccitate,

    quam

    alterat

    aquei-

    tatem

    et

    terreitatem,

    et

    non est in eis

    humor

    nimis unctuosus,

    et

    ideo non

    ducuntur, et

    quia coagulatio eorum est

    ex

    siccitate, non

    solvitur

    de facili

    aut

    multum nisi per ingenia naturalia solventia.

    8

    Alumen autem

    et

    sal ammoniacum

    sunt

    de genere salis,

    quia pars

    ignis in sale ammoniaco

    major

    est

    quam terra, unde et totum sublimatur,

    et ipsum est aqua cui admiscetur fumus calidus nimium subtilis, et multae

    igneitatis, coagulatum ex siccitate.

    9.

    Aqueitas

    vero

    sulphureorum mixta

    est

    cum terra

    forti commix-

    tione

    cum

    ferventia caloris, donec

    facta sunt

    unctuosa

    et

    postea coagulata

    sunt ex frigore.

    IO.

    Atramenta vero composita sunt

    ex

    sale et

    sulphure

    et lapidibus

    et est in eis vis mineralis

    aliquorum

    corporum liquabilium,

    qua ex

    eis fiunt,

    ut calcamentus

    et alathar generantur generantur ex

    majoribus

    granis atra-

    menti,

    et

    non

    solvitur

    nisi salsedo ejus cum eonquod est in illo sulphureo,

    et

    postea coagulatur,

    et

    illus

    jam

    accipit vim

    mineralem ex

    corporibus ali-

    quibus.

    provenant suit des contresens du

    traducteur

    latin soit

    du mauvais

    tat du

    manuscrit arabe

    qu il

    a utilis: ajoutent In these circumstances it is obviously impossible to corne to any

    final conclusions upon details,

    and

    with

    the Arabie

    text

    now available

    there

    seemed to

    be

    no reason to

    spend

    time

    and labour

    upon a necessarily unproductive

    task

    (p. 13).

  • 7/26/2019 ANAWATI, Georges C. - Avicenne Et l'Alchimie

    15/63

    VERBAL

    DELLE SEDUTE

    I I

    Quod

    ergo accipit vim ferream erit rubeum aut croccum ut ala-

    thar.

    Quod

    vero vim aeream acceperit erit viride.

    Unde

    possibile ista duo

    fieri artificialiter.

    12.

    Argentum vivum

    est

    ut

    una

    aqua,

    quae

    misectur

    cum terra

    ni-

    mium

    subtili

    sulphurea,

    mixtione forti donec

    in plana

    superficie

    non

    quie-

    scat

    et hoc est

    ex

    magna siccitate

    quae

    inest illi et ideo non

    adhaeret

    tan-

    genti.

    Estque

    albedo ejus ex claritate illius

    aquae

    et ex albedine

    terrae

    sub-

    tilis quae est in eo. Proprium ejus est quod ex vapore sulphuris coaguletur

    et forte hoc modo gelatur per

    plumbum,

    vem

    ex

    capore sulphuris facile. Vi-

    detur autem quod argentum

    vivum

    et quae sunt similia si elementum om-

    nium

    liquabilium vel

    quia omnia

    liquabilia

    cum liquantur

    convertentur

    ad

    ipsum

    tamen

    non

    liquantur priusquam

    calefiant

    et cum liquata

    fuerint

    apparent rubea.

    13.

    Sed plumbum

    proculdubio

    cum liquatur

    est

    argentum

    vivum

    sed

    non

    liquatur nisi calefiat et

    cum

    liquefactum fuerit convertitur ad co-

    lorem convenientem omnibus liquabilibus scilicet igneum ruborem et ideo

    miscetur argentum vivum cum

    illis corporibus

    quia

    est de substantia

    eorum.

    14. Sed illa corpora differunt in compositione sua ab illo eo modo

    quo

    differt

    argentum vivum ad

    sibi similia et permixtiones

    quae

    permiscen-

    tur cum eis donec congelantur. Et si fuerit

    argentum vivum

    purum coagu-

    labit id vis sulphuris albi

    non

    urentis et id est res

    optima

    quam possunt re-

    perire illi qui operantur alchymiam, vel

    convertunt

    illud in argentum.

    15 Quod si fuerit scilicet sulphur mundum optimum

    cum ru

    bore

    clarum

    et fuerit in eo vis igneitatis simplicis non urentis erit res

    optima

    quam

    possunt

    reperire alchimistae

    ut ex ea

    faciant

    aurum,

    haec

    enim ipsum

    con-

    vertunt.

    16.

    Et si fuerit

    argentum vivum bonae

    su bstantiae et

    sulphur non

    purum, suo scilicet sit in eo vis adurens convertet ipsum in aes.

    17.

    Argentum autem vivum

    si fuerit

    malum

    et non purum terreum

    et sit

    sulphureum

    non

    mundum

    it

    ex eo ferrum.

    18. Stannum vero

    videtur argentum vivum bonum

    habere

    sulphur

    vero malum haec non bene

    trita,

    sed tanquam per

    parva

    composita et ideo

    non

    it

    tale.

    Ig. Plumbum vero grossi

    argentum vivum

    malum est ponderosum

    et luteum et

    sulphur

    ejus

    malum

    est

    mali

    vaporis et foetidi et debilis. U

    nde

    non

    ber.e gelatur.

    20

    Et artifices faciunt gelationem fere similem artificialiter quam-

    vis artificialia

    non sunt

    eodem modo

    quo

    et naturalia, nec tam certa

    habet

  • 7/26/2019 ANAWATI, Georges C. - Avicenne Et l'Alchimie

    16/63

    TERZA SEDUTA

    299

    similia et ideo

    creditur

    quod compositio

    naturalis

    fiat hoc

    modo

    vel v1cmo

    huic. Sed ars debilior est quam

    natura

    nec

    sequitur eam

    licet multum laboret.

    2 I . Sed

    artifices alchymiae species

    rerum transmutari non

    posse.

    Sed

    similia illis facere

    possunt

    et

    pingere

    rubeum

    citrino

    ut

    videatur aurum,

    et

    album

    pingere colore quo volunt donec

    fit

    multum simile

    auro

    vel aeri.

    22. Possunt quoque plumbi

    immunditias abstergere ipsum

    tamen

    sem

    per erit plumbum

    quamvis videatur argentum

    sed tune optime erunt in

    eo qualitates aliae, ut

    errent

    homines ut qui accipiunt salem et salem am

    monicam.

    23. Caeterum quod differentia specifica

    tollatur

    ingenio, non credo

    possibile et

    non

    est

    quod

    complexio

    una

    in

    aliam

    convertatur quia ista

    sen

    sibilia

    non

    sunt

    differentia

    qua permutantur

    species, sed

    sunt

    accidentia

    et

    proprietates. Differentiae autem

    eorum non

    sunt cognitae

    quia cum

    diffe

    rentia sit ignota quomodo potest sciri utrum

    tollatur

    nec ne vel quomodo

    tolli possit.

    24. Sed expoliatio accidentium ut vaporis et coloris, ponderis, vel

    saltem diminutio sed proportio illarum

    substantiarum non erit eadem in

    omnibus. Haec igitur in illam permutari non poterit nisi forte im primam ma-

    teriam

    reducatur

    et

    sic

    in

    aliud

    quam

    prius

    permutantur,

    hoc

    autem per

    so

    lam liquefactionem non fit, sed

    accidunt

    ei res extraneae.

    Ce texte prec1se d une manire parfaite la position d Avicenne l gard

    de l alchimie. On peut rsumer sa doctrine

    dans

    les trois propositions sui

    vantes:

    1

    Les

    mtaux sont

    composs

    de mercure

    et

    de

    soufre, en proportions

    diverses

    et

    ils

    sont

    spcifiquement

    diffrents.

    2 Ce qui contribue

    donner

    chaque mtal

    sa diffrence spcifique,

    c est, en plus des proportions

    du

    mercure et

    du

    soufre, leur degr

    de

    puret.

    C est ainsi que le mercure peut tre:

    pur

    (naqi),

    de

    bonne substance

    jayyid

    al-jawkar),

    mauvais

    (radi ), impur (danis), sans cohsion (mutakkalkkil),

    terreux (artfi),

    bon

    (jayyid),

    ayant

    l argile lourde (tkaqilatun finatuku).

    De

    mme le soufre

    peut

    tre blanc (abyad), plus

    clatant

    (anfa ), meilleur (aftfal),

    pur

    (naqi), impur gkayr naqi), possdant

    une

    puissance tinctoriale igne

    subtile incombustible

    (quwwa fabbagka nariyya lafifa

    gkayr

    muflrz qa),

    com

    bustible (fikz quwwa i/ltiraqiyya), crasseux

    (darz n),

    souill

    (najz s),

    peu

    apte

    au

    mlange (gkayr skadid al-mukltalata), ftide (munattin), incombustible

    (gkayr muflrz q).

    3 Les artisans habiles

    peuvent

    par

    des procds ingnieux < teindre >

    les mtaux et leur

    donner

    la ressemblance extrieure de l argent

    ou

    de l or

    mais ils

    ne

    peuvent

    d aucune manire obtenir

    leur

    transmutation. La

    fabri-

  • 7/26/2019 ANAWATI, Georges C. - Avicenne Et l'Alchimie

    17/63

    300

    VERBAL DELLE SEDUTE

    cation

    de

    l'argent et

    de

    l'or

    partir

    des autres mtaux est

    pratiquement

    im

    possible

    et

    insoutenable

    du point

    de

    vue

    scientifico-philosophique1

    Que telle ait t la position d'Avicenne suivie

    par

    ses disciples

    en

    Orient,

    nous

    en

    avons le tmoignage

    tardif d'lbn

    Khaldn

    dans

    sa

    Muqaddima.

    Lui-mme

    est

    un

    ennemi

    dcid

    de

    la

    transmutation

    alchimique

    qu'il

    traite

    de

    charlatanisme. Il rapporte la position d'Avicenne en ces termes: L'opi

    nion d'Avicenne

    qui

    fut suivie

    par

    les philosophes de l'Orient est que les

    mtaux sont divers par les diffrences spcifiques, qu'ils sont des espces dif

    frentes, chacun

    ayant sa structure

    propre (qa'i man binafsiki), se ralisant

    selon sa propre essence (mutaflaqqiqan bi -flaqqatiki). Il a sa diffrence sp

    cifique

    et

    son genre comme toutes les espces ( ... ).

    En

    se basant

    sur

    sa doc

    trine de

    la

    diffrence spcifique entre les mtaux, Avicenne

    nia

    cet

    art

    (finti'a)

    et dclara

    l'impossibilit

    de

    son exigence

    parce que

    l'art

    ne

    peut

    pas

    produire (la diffrence spcifique): seul le

    peut

    le

    Crateur

    de toutes cho

    ses, Celui qui les dtermine, savoir Dieu, - qu'il soit exalt. Les natures

    des diffrences spcifiques sont fondamentalement 'ra'san) inconnues

    et

    ne

    peuvent pas tre perues

    (tafawwur). Comment

    ds lors

    peut-on

    essayer de

    les transformer

    par

    des moyens artificiels?