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LE POUVOIR DÉPASSÉ PAR LA COLÈRE DE LA RUE Le gouvernement a cru que c’en était fini avec ces manifestations du « peuple de droite » à la suite des imposan- tes démonstrations contre le « mariage » gay. Il doit déchanter. Ce n’était qu’un commencement. Désormais la rue est à la droite ou, plus exactement, à tous ceux qui se révoltent contre ce que le gouvernement entend leur imposer, en matière de mœurs certes, mais aussi sur le plan fiscal par un matraquage sans précédent, le tout aggravé par ce mépris des princes qui nous gouvernent manifesté dans leur volonté d’imposer par la force de la loi ce qu’il prétend être le Bien. Ce n’est donc plus seulement la droite qui est dans la rue, c’est la société civile. Ce que le pouvoir redoutait est arrivé : la conjonction des colè- res qui réunit ouvriers et petits patrons, catholiques et musulmans, commerçants et contribuables. L’autre dimanche, la manifestation « Jour de colère » a réuni plus de 20.000 participants, sans qu’aucun syndicat, aucun parti – pas même le Front national – n’ait appelé à manifester. A ti- tre de comparaison, tous les partis de gauche, il y a quelques semai- nes, ont convoqué leurs troupes pour protester contre le « racisme » : ils furent 5.000 à battre le pavé parisien ; même score, à la rentrée, pour manifester contre la prétendue réforme des retraites. Julien Dray, fondateur de SOS-Racisme, en est estomaqué : « Il y a dix ou vingt ans, ces gens-là se réunissaient dans des cabines téléphoni- ques ; maintenant, ils se permettent d’occuper la rue dimanche après dimanche. » Quelle effronterie ! « Ils se permettent » ces bougres ! alors que la rue appartenait à la gauche depuis des lustres ; circulez ma- nants ! Que faire ? Réponse de Dray : « Il ne faut pas leur laisser la rue, ni la télé ! La France c’est nous. » Les autres ne seraient donc pas la France ? Personne n’empêche la gauche de descendre dans la rue ! Mais voilà, elle n’est plus suivie. Quant à la télé, c’est plus inquiétant : prétendrait-on interdire de télé les opposants au régime ? Impuissants à contenir le mouvement, nos ministres dénoncent, menacent, répriment ; ils veulent bâillonner les manifestants, ré- duire la liberté d’expression pour les faire taire. Ni Hollande, ni son gouvernement, ni les media n’y comprennent quoi que ce soit ; ils reprennent la litanie de leurs dénonciations éculées : « menées factieuses », « anti-républicanisme », « racisme », « haine », etc. réduisant ainsi ce qui leur est inconnu au connu. Ces gens-là sont des obscurantistes, disent-ils, ou, selon « Le Monde », il s’agit de « La France réactionnaire.» Mais, cette fois, ils ne parlent plus de « nantis », comme ils le font d’habitude, car, au moins, force leur a été de constater que ce sont surtout des gens modestes qui sont dans la rue. On nous explique que, si l’on en est arrivé là, c’est que le peuple est déçu, la droite et la gauche étant incapables d’enrayer le chô- mage, toutes les promesses ayant volé en éclats ; les gens ne sa- vent plus dès lors à quel saint se vouer. Ils sombrent dans la colè- re, si ce n’est le désespoir. N°2362 Maisons-Alfort, semaine du 3 au 9 février 2014 « Mieux vaut être informé d’une réalité si déplaisante soit-elle qu’être dupe des apparences dont on voudrait la parer » Nouvelle série Depuis 1949 23, rue Paul Vaillant-Couturier – 94700 MAISONS-ALFORT— le n°:1,6 Euro [email protected]—tél & fax : 01 49 777 333 Le Bulletin d'André Noël SYNTHESE HEBDOMADAIRE des problèmes politiques français et internationaux Billet L’accablant bilan de Valls Nous rappelons les chiffres donnés par Manuel Valls au cours d’une conférence de presse, la semaine der- nière, à propos de l’immigration. Les voici : environ 27.000 sans-papiers ont été « éloignés » – il n’ose pas dire « expulsés » ? – en 2013, soit 9.000 de moins qu’en 2012. Il ajoute : « On comptabilise 46.000 régu- larisés, soit une hausse « conjoncturelle » de 10.000. » Conjoncturelle ? Quelle est cette conjonctu- re qui empêchait d’en régulariser moins ou pas du tout ? A vrai dire, ce n’est pas conjoncturel, c’est struc- turel dans une politique de gauche ! Le ministre a en- couragé les préfets à assigner à résidence les familles en instance d’expulsion plutôt qu’à les placer en réten- tion. Conclusion ? Environ 1.500 familles ont pu bé- néficier de ce traitement bienveillant en 2013. Soit une augmentation de 64 % par rapport à l’année précédente ; 18 familles seulement ont été mises en ré- tention ! Le ministre de l’Intérieur a tenu sa promes- se : il a doublé le nombre des naturalisations ! Le moins que l’on puisse dire de sa politique, c’est qu’elle est catastrophique, du moins aux yeux de ceux qui pensent que l’immigration n’est pas “une chance pour la France”. La situation est donc plus grave que celle qui existait sous le précédent gouvernement. Mais ce n’est pas la conclusion qu’en tire notre ministre ! La voici, stupéfiante de mauvaise foi : « Le bilan du pré- cédent gouvernement est simplement très mauvais » ! Faut-il en rire ou en pleurer ? Il assure que son prédé- cesseur a manipulé les statistiques. Si c’était le cas, il aurait dû le dénoncer dès son arrivée au ministère, il y a vingt mois, et non pas maintenant pour élu- der sa propre responsabilité ! G.B.

Andre Noel - Février

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LE POUVOIR DÉPASSÉ PAR LA COLÈRE DE LA RUE

Le gouvernement a cru que c’en était fini avec ces manifestations du « peuple de droite » à la suite des imposan-tes démonstrations contre le « mariage » gay. Il doit déchanter. Ce n’était qu’un commencement. Désormais la rue est à la droite ou, plus exactement, à tous ceux qui se révoltent contre ce que le gouvernement entend leur imposer, en matière de mœurs certes, mais aussi sur le plan fiscal par un matraquage sans précédent, le tout aggravé par ce mépris des princes qui nous gouvernent manifesté dans leur volonté d’imposer par la force de la loi ce qu’il prétend être le Bien. Ce n’est donc plus seulement la droite qui est dans la rue, c’est la société civile.

Ce que le pouvoir redoutait est arrivé : la conjonction des colè-res qui réunit ouvriers et petits patrons, catholiques et musulmans, commerçants et contribuables.

L’autre dimanche, la manifestation « Jour de colère » a réuni plus de 20.000 participants, sans qu’aucun syndicat, aucun parti – pas même le Front national – n’ait appelé à manifester. A ti-tre de comparaison, tous les partis de gauche, il y a quelques semai-nes, ont convoqué leurs troupes pour protester contre le « racisme » : ils furent 5.000 à battre le pavé parisien ; même score, à la rentrée, pour manifester contre la prétendue réforme des retraites. Julien Dray, fondateur de SOS-Racisme, en est estomaqué : « Il y a dix ou vingt ans, ces gens-là se réunissaient dans des cabines téléphoni-ques ; maintenant, ils se permettent d’occuper la rue dimanche après dimanche. » Quelle effronterie ! « Ils se permettent » ces bougres ! alors que la rue appartenait à la gauche depuis des lustres ; circulez ma-nants ! Que faire ? Réponse de Dray : « Il ne faut pas leur laisser la rue, ni la télé ! La France c’est nous. » Les autres ne seraient donc pas la France ? Personne n’empêche la gauche de descendre dans la rue ! Mais voilà, elle n’est plus suivie. Quant à la télé, c’est plus inquiétant : prétendrait-on interdire de télé les opposants au régime ? Impuissants à contenir le mouvement, nos ministres dénoncent, menacent, répriment ; ils veulent bâillonner les manifestants, ré-duire la liberté d’expression pour les faire taire. Ni Hollande, ni son gouvernement, ni les media n’y comprennent quoi que ce soit ; ils reprennent la litanie de leurs dénonciations éculées : « menées factieuses », « anti-républicanisme », « racisme », « haine », etc. réduisant ainsi ce qui leur est inconnu au connu. Ces gens-là sont des obscurantistes, disent-ils, ou, selon « Le Monde », il s’agit de « La France réactionnaire.» Mais, cette fois, ils ne parlent plus de « nantis », comme ils le font d’habitude, car, au moins, force leur a été de constater que ce sont surtout des gens modestes qui sont dans la rue. On nous explique que, si l’on en est arrivé là, c’est que le peuple est déçu, la droite et la gauche étant incapables d’enrayer le chô-mage, toutes les promesses ayant volé en éclats ; les gens ne sa-vent plus dès lors à quel saint se vouer. Ils sombrent dans la colè-re, si ce n’est le désespoir.

N°2362 Maisons-Alfort, semaine du 3 au 9 février 2014

« M i e u x v a u t ê t r e i n f o r m é d ’ u n e r é a l i t é s i d é p l a i s a n t e s o i t - e l l e q u ’ ê t r e d u p e d e s a p p a r e n c e s d o n t o n v o u d r a i t l a p a r e r »

Nouvelle série Depuis 1949

23, rue Paul Vaillant-Couturier – 94700 MAISONS-ALFORT— le n°:1,6 Euro [email protected]—tél & fax : 01 49 777 333

Le Bulletin d'André Noël SYNTHESE HEBDOMADAIRE

des problèmes politiques français et internationaux

Billet L’accablant bilan de Valls Nous rappelons les chiffres donnés par Manuel Valls au cours d’une conférence de presse, la semaine der-nière, à propos de l’immigration. Les voici : environ 27.000 sans-papiers ont été « éloignés » – il n’ose pas dire « expulsés » ? – en 2013, soit 9.000 de moins qu’en 2012. Il ajoute : « On comptabilise 46.000 régu-larisés, soit une hausse « conjoncturelle » de 10.000. » Conjoncturelle ? Quelle est cette conjonctu-re qui empêchait d’en régulariser moins ou pas du tout ? A vrai dire, ce n’est pas conjoncturel, c’est struc-turel dans une politique de gauche ! Le ministre a en-couragé les préfets à assigner à résidence les familles en instance d’expulsion plutôt qu’à les placer en réten-tion. Conclusion ? Environ 1.500 familles ont pu bé-néficier de ce traitement bienveillant en 2013. Soit une augmentation de 64 % par rapport à l’année précédente ; 18 familles seulement ont été mises en ré-tention ! Le ministre de l’Intérieur a tenu sa promes-se : il a doublé le nombre des naturalisations ! Le moins que l’on puisse dire de sa politique, c’est qu’elle est catastrophique, du moins aux yeux de ceux qui pensent que l’immigration n’est pas “une chance pour la France”. La situation est donc plus grave que celle qui existait sous le précédent gouvernement. Mais ce n’est pas la conclusion qu’en tire notre ministre ! La voici, stupéfiante de mauvaise foi : « Le bilan du pré-cédent gouvernement est simplement très mauvais » ! Faut-il en rire ou en pleurer ? Il assure que son prédé-cesseur a manipulé les statistiques. Si c’était le cas, il aurait dû le dénoncer dès son arrivée au ministère, il y a vingt mois, et non pas maintenant pour élu-der sa propre responsabilité ! G.B.

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Certes, il y a une part de vérité dans cette analyse superficielle, mais une part seulement.

La coupure entre le peuple et ses « élites » ne se réduit pas à des déceptions électorales successives.

Il y a aussi et surtout un fossé entre le peuple et ses gouvernants lesquels, dans le domaine des mœurs et de la sexualité, en sont encore restés à mai 68 et à son hédonisme individualiste. Ils imaginent les Français à leur image, croyant que pour eux aussi tout est possible, tout est permis entre adultes consentants. Ils ne se rendent pas compte que le pays, en ses profondeurs, s’est recentré sur les valeurs familiales, socle qui résiste quand tout s’effondre. Hollande et son gouvernement sont encore stupéfaits de la formidable mobilisation contre le « mariage gay ». Ils le sont toujours, au-jourd’hui encore, avec le rejet de la théorie du « genre » imposée à l’école (voir ci-dessous). Puisqu’ils croient que c’est un « progrès », pourquoi essuient-ils donc tant de refus ?

Pour ce qui est de la famille, du couple, de l’enfant, il ne suffit pas d’une loi pour bouleverser des mœurs qui s’enracinent dans l’humanité depuis des millénaires. Les politiques s’arrogent le pouvoir de porter atteinte au droit naturel, ce qui leur est et leur sera toujours interdit.

Il s’agit donc, en profondeur, d’une révolte du pays réel contre la rééducation que le pouvoir légal veut lui impo-ser en passant en force sur ce qui constitue le socle de valeurs sur lequel se fonde la majorité des familles de ce pays. Les socialistes s’en prennent au couple, à l’enfant à travers l’indifférenciation sexuelle du genre, mettent sur le même plan hétérosexualité et homosexualité dans « l’éducation sexuelle » ; ils briment la liberté d’expression quand on s’y op-pose. Pendant un temps, les braves gens ont courbé l’échine, collant un sparadrap sur leur bouche mais n’en pensant pas moins et puis, trop, c’est trop, alors ils crient leur colère.

Mais ce gouvernement, aveugle et sourd, insiste. Impuissant à régler les problèmes économiques et sociaux, il se répand en « marqueurs » de gauche en multipliant les lois « sociétales ». Mais il sait désormais qu’il ne pourra plus aller ni si loin, ni si vite. Ce qui s’annonce ce n’est pas une révolution, Sire, mais une contre-révolution.

LA THÉORIE DU GENRE EST BEL ET BIEN INFLIGÉE AUX ÉLÈVES !

Si Najat Vallaud-Belkacem et Vincent Peillon avaient lu notre 2329 du mois de mai dernier dénonçant ce vérita-ble scandale, ils ne se demanderaient pas pourquoi aujourd’hui tant de bruit pour un simple programme, ABCD, qui, se-lon eux, vise seulement à promouvoir l’égalité entre garçons et filles à l’école.

Pourquoi des centaines de familles ont-elles répondu au mot d’ordre de boycotter l’école pendant une journée et songent-elles à récidiver ? Il n’y a aucune raison assurent nos ministres et, dans la foulée, de demander aux directeurs d’établissement de convoquer les familles récalcitrantes. Un député demande que l'on porte plainte contre ceux qui ont répandu la « folle » rumeur que l’on imposerait la théorie du genre à l’école, dès la maternelle.

Le genre à l’école ? Mensonge ! dit Peillon. Or, dans son livre « Refondons l’école » n’écrit-il pas : « La lutte contre les stéréotypes de genre et l’homophobie doit être menée avec force à tous les niveaux de l’enseignement ? » Au demeurant, les ministres en charge de la question parlent tous de « déconstruire les stéréotypes de genre ». Pourquoi une telle formulation s’il s’agit seulement de favoriser l’égalité entre filles et garçons ? Cela pouvait être dit et réalisé tout simplement. En revanche, s’il s’agit de « déconstruire », c’est que le genre est « construit ». C’est cela la théorie du genre : la distinction homme/femme ne serait pas un fait biologique mais une construction sociale ; on pourrait donc en changer. C’est bien ce que disent les livres diffusés dans les classes primaires, avec des titres comme « Papa porte une robe ».

L’égalité en question n’est pas seulement revendiquée entre garçons et filles mais elle l’est aussi entre hétérosexualité et homosexualité. Etre homosexuel est un « genre » comme un autre, les élèves doivent l’admettre ainsi. C’est bien ce que pense Peillon en liant « la lutte contre les stéréotypes de genre » et « l’homophobie ». Même lien invoqué par Najat Vallaud-Belkacem entre égalité, théorie du genre et homosexualité dans une déclaration faite à 20 minutes en 2011 : « La théorie du genre, qui explique l'identité sexuelle des individus autant par le contexte socio-culturel que par la biologie, a pour vertu d'aborder la question des inadmissibles inégalités persistantes entre les hommes et les femmes ou encore de l'ho-mosexualité, et de faire œuvre de pédagogie sur ces sujets. »

C’est pour cela que les « intervenants » de la LGBT (lesbiennes, gays, bi(s), trans) sont agréés par l’Education nationale pour assurer des cours d’éducation sexuelle dans les écoles de la République, tout comme le Planning fami-lial et SOS-Homophobie de nouveau agréé après avoir été interdit par le tribunal administratif parce que ses militants étaient « susceptibles de porter atteinte aux convictions philosophiques et religieuses » des élèves. Ce qui est toujours le cas. Rappelons que les cours d’éducation sexuelle sont obligatoires et, par conséquent, cette situation ouvre le droit aux

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parents de boycotter l’école, au moins le jour de ces « cours » militants. Rappelons à nos républicains du style Peillon que la Déclaration universelle des droits de l’homme stipule que « Les parents ont par priorité le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants. »

C’est de cela que le gouvernement veut les priver en leur substituant sa philosophie morale dévoyée. Dans sa lettre aux recteurs en janvier 2013, notre bon ministre n’écrivait-il pas, annonçant son programme : « Le gouvernement s'est engagé à s'appuyer sur la jeunesse pour changer les mentalités, notamment par le biais d'une éducation au respect de la diversité des orientations sexuelles ? »

Il disait la vérité alors ; aujourd’hui il ment aux parents mais ces derniers ne sont pas dupes : là aussi, la révolte gronde.

EN CHIFFRES, LE DÉCLIN DE LA FRANCE SOUS HOLLANDE

CICE (crédit impôt compétitivité emploi), pacte de responsabilité, emplois d’avenir ou seniors et autres mesures gouvernementales sont censés relancer la compétitivité et, par là, favoriser l’emploi. Outre que leur efficacité est plus qu’aléatoire, ces mesures ne sont pas, à l’évidence, à la mesure du déclin gravissime qui frappe notre pays que le gou-vernement socialiste ruine chaque jour davantage. Un certain nombre de chiffres et de statistiques objectives viennent d’être publiés qui dressent un sombre tableau de la situation de la France.

Notre pays a connu 538 100 créations d'entreprises l’an dernier, soit 2% de moins qu'en 2012, selon l'Insee. Or ce sont elles qui créent les emplois, ce qu’a fini par reconnaître, bien tardivement, le chef de l’Etat en avouant enfin qu’il n’a pu inverser la courbe du chômage. Pourquoi cet aveu ? Parce que, a-t-il dit, le « déni ne fonctionne pas ». Car, à l’échec, il avait d’abord répondu par des habiletés de langage, parlant de « stabilisation » alors qu’il s’agit bien d’une augmentation du nombre des sans-emploi(s) en 2012. Si cela avait pu « fonctionner », autrement dit si les Français au-raient pu être assez naïfs pour le croire, il n’aurait rien reconnu du tout. Belle mentalité que de jouer ainsi au bonneteau !

Autre chiffre accablant : la France est classée 144è sur 147 dans la liste des pays où l’on peut le plus facilement em-baucher ou licencier ! Est-il dès lors étonnant que les investissements étrangers aient baissé de 77% en 2012, alors qu’en Euro-pe (+25,4%) et en Union Européenne (+38,1%) ils connaissaient une forte croissance. L'Allemagne en est la première bé-néficiaire avec une explosion des capitaux étrangers investis (+392%), à 32,3 milliards de dollars. Autre pays privilégié par les investisseurs : l'Espagne (+37%) à 37,1 milliards de dollars et l'Italie, qui passe de 100 millions de dollars… à 9,9 mil-liards. Les investissements d’aujourd’hui sont les emplois de demain et la chute des premiers entraîne celle des seconds. Nos voisins du sud commencent à sortir de la crise tandis que nous nous y enfonçons chaque jour davantage.

Mais cette chute financière se conjugue avec la fuite des cerveaux qui aggrave notre situation. Ainsi 25% des nouveaux diplômés de 2013 songent à aller travailler à l’étranger contre 13% un an auparavant. Certains pour quelques années, d’autres définitivement. Cette fuite de nos diplômés est une perte ; leur exil nous prive de leur travail et ils font bénéficier d’autres pays des compétences acquises à l’université ou dans les grandes écoles, formations financées par le contribuable français.

Certes, ce déclin du pays est également dû aux gouvernements précédents qui ne sont pas allés jusqu’au bout de leur libéralisme économique affiché, ce que reconnaissent d’anciens ministres mais Hollande avait promis de réussir là où, selon lui, les autres avaient échoué ! Or, il fait pire !

On notera qu’après avoir tendu une maigre carotte aux patrons, le pouvoir montre la trique une semaine plus tard. Mécontent de ce que son « contrat de génération » ne rencontre aucun succès, Michel Sapin a annoncé que les entreprises qui n'ont pas entamé de démarche ont quatre semaines pour réagir, faute de quoi la première étape de la sanction prévue par la loi sera enclenchée. A savoir une mise en demeure, préalable au recouvrement « sans délai » d'une pénalité équivalente à 1 % de la masse salariale qui interviendra un mois plus tard. Soit fin mars. Après la main tendue, le poing brandi !

Ceux qui ont cru au virage « social-démocrate » ou même « social-libéral » du chef de l’Etat doivent déchanter. En effet, l’inspirateur des réformes du chancelier social-démocrate Gerhard Schröder, Peter Hart, était à Paris la semaine dernière et la presse allemande annonçait qu’il allait rencontrer François Hollande dans le cadre d’une campagne visant à lutter contre le chômage en Europe. L’Elysée a démenti aussitôt ! Mieux : Hart devait rencontrer la ministre des Affaires sociales mercredi dernier puis celui du Travail l’après-midi. Deux rendez-vous que le conseiller politique de François Hollande a donc demandé aux ministres d'annuler.

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La gauche de la majorité soupçonnait le président de vouloir s’inspirer des mesures prises par l’Allemagne sociale-démocrate en l’an 2000, dans un programme qui s’intitulait : « Remettre l’Allemagne au travail ». Quelle intention subversi-ve pour la France des 35 heures ! Cela s’était traduit notamment par la limitation à douze mois de l’indemnisation du chôma-ge contre trente deux mois auparavant. Le choc fut rude certes mais la prospérité d’outre-Rhin en 2014 est due à la rigueur d’hier. Schröder devenu impopulaire perdit les élections suivantes. Il avait visé le bien du pays avant sa carrière politique.

Hollande ne veut pas réformer parce qu’il craint le rejet ; il perd ainsi sur les deux tableaux : il est impopulaire et la France s’enfonce dans le marasme. Le message que Peter Hart voulait faire passer aux responsables français, il l’a résumé ainsi : « Mieux vaut un petit boulot que pas de boulot du tout ». C’est le simple bon sens mais cette perspective même est insupporta-ble pour Hollande !

AVORTEMENT : VERS L’ABOLITION DE LA CLAUSE DE CONSCIENCE

Souvenez-vous : jadis, quand les militants du droit à la vie contestaient la loi Veil pour si peu que ce soit ou, « pire », s’ils réclamaient son abrogation, ils suscitaient un tollé. Il ne fallait pas y toucher, c’était un « acquis » irréversi-ble, la gauche étant la première à pousser des cris d’orfraie.

Or, c’est elle qui, petit à petit, a dénaturé cette funeste législation avec l’assentiment passif de la droite libérale alors que c’était un « libéral avancé », Giscard, qui l’avait voulue. On aura compris que l’on ne peut modifier la loi Veil que dans un sens laxiste, c’est alors un « progrès » !

Tous les « verrous » ont sauté les uns après les autres ; il est vrai que, dès que l’on abandonne le principe du respect inconditionnel de la vie commençante, une dynamique est engendrée qui rend dérisoires les restrictions voulues par le législateur pour faire passer la loi en amadouant ses opposants.

La dernière attaque en date, c’est donc la suppression de la notion de « détresse » pour justifier l’avortement. Nous pouvons vous annoncer quelle sera la prochaine étape : la suppression de la clause de conscience dont peut encore se prévaloir le personnel médical.

Deux députés socialistes ont tenté de l’obtenir lors du récent débat sur l’égalité femmes-hommes. Colette Capdeviel-le a exposé : « Nous dénonçons le fait que l’objection de conscience soit tolérée, voire revendiquée ». Ce n’est pas une toléran-ce, c’est un droit reconnu par la loi ! Sa collègue socialiste, Cécile Untermaier, en demandant également la suppression de cet-te clause a proposé, pour faire passer la pilule, qu’elle soit remplacée par « une sensibilisation à la gravité de cet acte médi-cal. » Ce qui est doublement ubuesque ! Car, enfin, elle veut souligner la « gravité » de cet acte au moment où, en abolissant la notion de détresse, on le banalise ! Cette « sensibilisation » des femmes désirant avorter était précisément l’objet de « l’entretien préalable » à l’IVG dont l’obligation a été supprimée en 2001 par les socialistes !

Or, après la suppression de la notion de détresse, l’objection de conscience est encore plus nécessaire. La femme n’a plus aucune justification à fournir. Elle peut avorter, par exemple, parce que l’écographie annonce une fille alors qu’elle souhaitait un gar-çon. Mais il y a des médecins – certains pourtant favorables à l’avortement – qui ne veulent pas cautionner cette scandaleuse démar-che. Ils devraient pouvoir faire jouer la clause de conscience ; or, ils ne le pourront plus si elle est supprimée.

Le gouvernement n’a pas suivi. Non pas qu’il ne soit pas d’accord ; il veut seulement temporiser eu égard à la mobilisation des adversaires du « mariage pour tous ». Bref, ce n’est pas le moment mais patience, dit-il aux forcenés de l’IVG, ça viendra en son temps. On procédera par étapes. De même pour l’ultime verrou qu’ils veulent encore faire sau-ter : le délai. Il est passé de dix semaines de grossesse puis à douze, il est actuellement fixé à quatorze.

Le prochain objectif sera de s’aligner sur les Pays-Bas et la Grande-Bretagne où il est de vingt-quatre semai-nes. C’est-à-dire six mois, l’enfant étant alors viable si bien que la distinction entre avortement et infanticide est plus que ténue… On arrivera ainsi à réaliser la revendication des militantes féministes des années 70 : l’avortement libre et gratuit. Gratuit, il l’est déjà grâce au gouvernement Ayrault qui le rembourse à 100%.

Ces féministes ne considéraient la loi Veil que comme une étape insuffisante à leurs yeux mais nécessaire pour arriver où nous serons bientôt.

P.R.

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