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COUP AMORCEc– Photos : Vincent Bégon

F rédéric Maréchal aconsacré unebonne partie de lapremière moitié del’année à vous par-

ler de mouches, d’asticots etde casters. Vu le nombre decourriers et de questions quenous avons reçus sur le sujet,ses articles ont visiblementintéressé beaucoup d’entre

vous. Parmi les points que vousavez souhaité nous voir déve-lopper, un revenait particuliè-rement souvent : celui de laproduction des asticots. Est-elle possible sans disposerd’un jardin ? Sans que celan’empeste tout le voisinage ?Comment savoir quel typed’asticot on va obtenir ? Surquel type de nourriture faut-il

les élever ? Combien detemps faut-il ? Tout cela est en effet très intéressant etmérite qu’on s’y attarde. C’est la raison pour laquelle je vais consacrer deux articlescomplets à tenter de répon-dre point par point à toutesvos interrogations.Ce n’est pas très surprenant,c’est durant mes voyages en

DE BEAUX ASTICOTS TOUTE L’ANNÉE

Si la qualité des asticots du commerces’est beaucoup améliorée ces dernières

années, reste que rien ne vaudrajamais à l’hameçon une belle larvetendre et toute fraîche. Pour obtenir

exactement les asticots souhaités, et cela toute l’année, même

au cœur de l’hiver, Nicolas nous explique

comment procéder.

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Angleterre, alors que j’étaisencore étudiant, que j’ai qua-siment tout appris sur la pro-duction des asticots, surtoutceux destinés à l’hameçon. À l’époque, certains portaientdes noms aussi exotiques queles « sour bran special » qu’onélevait dans un grand réci-pient simplement rempli d’unmélange de son et de laittourné. Aujourd’hui, même enAngleterre, cette science s’esten grande partie perdue et,tandis que les grands cham-pions du passé, à l’image de Kevin Ashurst, Ian Heaps ou Ivan Marks, n’auraientjamais participé à une com-pétition majeure sans des lar-ves toutes fraîches préparéesspécialement pour l’occasion,ce n’est désormais plus le cas.

Quasiment tout le monde se contente des asticots ducommerce. Il faut avouer que la qualité de ces dernierss’est nettement améliorée.Honnêtement, dès lors qu’ilfaut disposer de un ou plu-sieurs litres d’asticots, je ne vois

effectivement pas l’intérêt des’embêter. Pinkies et asticotsblancs du commerce n’ontrien à envier avec ceux quevous pourriez élever. En outre,une production de masse esttoujours beaucoup plus déli-cate à gérer et provoque for-cément des désagréments,dus, d’une part, à la grandequantité de viande nécessaireet, d’autre part, aux dégage-ments d’ammoniac créés parles larves elles-mêmes. Enrevanche, il reste un immense

champ d’action concernantles larves destinées à l’hame-çon. En matière de mouche,inutile de se casser la tête, l’idéal est de travailler avec la grosse mouche noire (Calliphora vomitoria) qui pro-duit le gozzer et la mouche à damier (Sarcophaga car-naria) qui donne l’asticot dumême nom. Comme nous le verrons dans la secondepartie consacrée à ce sujet,ce n’est pas sur les espècesde mouche qu’il faut se ➜

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Calliphora vomitoria désigne la grosse mouche bleue qui produit le véritable gozzer.

Des asticots frais sont nettement plus tendres etles poissons en raffolent !

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focaliser, mais bel et biensur la nourriture que vous allez leur donner. Croyez-moi, ungozzer élevé sur du foie n’astrictement rien à voir, en ter-mes de taille ou de couleur,avec un qui a grossi sur unecarcasse de poisson.Vous me direz, c’est bien beaude savoir de quelles moucheson veut des asticots, maiscomment être certain que ce seront bien celles-là quiviendront pondre sur le mor-ceau de viande qu’amoureu-sement on leur offrira ? En cequi concerne le gozzer, c’estassez simple : la mouche pré-sente la particularité de pon-dre dans la pénombre, on

peut alors placer l’appât dansun coin sombre d’un garage.Si on n’en possède pas, il y a encore plus simple : vousprenez une boîte à chaussu-res, vous placez le morceaude viande dans une petitesoucoupe à l’intérieur et vousrefermez le couvercle surlequel vous aurez au préala-ble simplement fait un trou de 3 à 4 cm de diamètre.Vous pouvez ensuite la poserà peu près n’importe où, vousserez certain que si des mou-ches viennent pondre, ce sera bien des gozzers. Pour les damiers, c’est un peu pluscompliqué car cette grossemouche, sans être rare, n’est

pas la plus courante. On latrouve en général dans leszones naturelles riches en her-bes, souvent au bord des

cours d’eau d’ailleurs. Mais leproblème est qu’elle pond àl’air libre, à la lumière, exacte-ment comme nombre d’aut-res espèces beaucoup plusabondantes. À moins de sur-veiller constamment votremorceau de viande pourécarter les importunes, vousrisquez donc de vous retrouveravec plusieurs types d’asticots.Toutes ces incertitudes peu-vent néanmoins être assezfacilement réglées en adop-tant une approche, certes unpeu plus professionnelle, maispas spécialement compli-quée. Elle consiste à disposer,dans une sorte de « cage »,de son propre stock de mou-ches sélectionnées. Mon cher François vous le dira, jen’ai jamais été très doué pourle bricolage parce que, engénéral, je souhaite avoir finiavant même de commencer.Aussi, si j’ai réussi à fabriquermes propres cages, vraimentn’importe qui peut y arriver !

APPÂTPar Nicolas Béroud (nicolasberoud@infopeche.fr)

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La qualité des asticotsdestinés à l’hameçon dépend surtout de ce qu’on leur donne à manger.

Pour l’amorçage ou l’agrainage, on trouve dans le commerce des asticots de qualité, en revanche, pour l’hameçon, il est possible de faire mieux !

La mouche à damier n’est pas facile à sélectionner si onse contente de poser un morceau de viande dans la nature.

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➜ Quelques planches de bois, un peu de grillage et un fondcoulissant suffisent pour pouvoir à la fois nourrir les mouches et

déposer le morceau de viande sur lequel on souhaite qu’elles pondent.

Voici comment procéder.

Le plat coulissant permet de distribuer facilement la nourriture pour les mouches et les morceaux de viande pour les faire pondre.

FABRICATION D’UNE CAGE À MOUCHES

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Planches de contreplaqué : 1 de 40 x 40 cm ; 2 de 40 x 50 cm ; 2 de 38 x 50 cm

Grille de métal déployé n° 30 à 32 de 40 x 40 cm

Cornières et chevrons en bois

Plat de cuisine rectangulaire

Clous, scie, crayon à papier et autre petit matériel

Le matériel nécessaire à la fabricationd’une cage à mouche

Commencer par prendre toutes les cotes du plat de cuisine (unbac rectangulaire en plastique peut aussi parfaitement convenir).

Découper le contreplaqué en suivant le tracé.

Placer deux chevrons à plat en parallèle. Placer un panneau de contreplaqué de 40 x 50 cm par-dessus.

Clouer le panneau sur les chevrons.

Vérifier que le plat passe parfaitement dans l’encoche ainsiréalisée.

Découper 4 cornières en bois de 40 cm avec un angle de 45°.

Découper 4 chevrons en bois de 50 cm.

De la même façon, fixer les côtés de la cage avec les panneauxde contreplaqué de 38 x 50 cm.

Découper dans du papier un patron représentant la face avantdu plat.

Placer ce patron sur une planche de contreplaqué de 40 x 50 cm et tracer son contour au crayon.

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Terminer le cadre en clouant la face avant.

Placer le fond de la cage sur le cadre déjà réalisé.

Recouvrir les bords avec les cornières prédécoupées avec un angle de 45°.

Clouer les cornières.

La cage est maintenant terminée.

Pour une durée de vie plus longue, vous pouvez protéger le bois

avec du vernis marin.

Fixer le fond de la cage.

Recouvrir le toit de la cage avec le grillage métallique.Placer une cornière servant de butée à l’arrière du plat.

Placer le plat sur le fond de la boîte et se servir des cornièrescomme de glissières. Mesurer la longueur nécessaire en fonction de la dimension du plat.

Couper les cornières et les fixer avec des clous.

Le grillage métallique permet de voir ce qui se passe dans la cage et desavoir combien de mouches sont encore vivantes.

Ce n’est pas obligatoire, mais il estpossible de placer un morceau deplastique épais devant l’entrée, demanière à éviter que des mouchess’échappent lorsque l’on fait glisserle plat.

FINITION

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Cette vaste cage peutensuite être placée dans unecave ou tout autre endroittranquille où la températurene descend pas trop l’hiver.Vous pourrez ainsi avoir desmouches vivantes – et doncdes asticots – pendant toutel’année. Pour débuter votreélevage, rien de plus simple :

achetez une poignée de gozzers ou de damiers dans le commerce ou élevez-lesvous-même (bien entendu, si vous souhaitez produire lesdeux types d’asticots, il vousfaudra deux cages séparées).Placez-les dans un récipientdans votre cage et attendeztout simplement qu’ils se trans-

forment en casters, puis enmouche. Ces dernières neréclament ensuite aucun soinvraiment particulier un peu desucre et d’eau suffisant large-ment à les maintenir en vie…du moins pour les quinze joursà trois semaines de leur courteexistence. Dès lors qu’ellevole, la mouche est apte àpondre entre deux et cinqjours plus tard. Il faut évidem-ment tenir compte de tousces éléments pour gérer aumieux votre élevage. Même si vous n’allez pas à la pêche,il est important de faire pon-dre les mouches, de manièreà disposer d’asticots qui endonneront de nouvelleslorsque les premières serontmortes. Là encore, celademande un tout petit peud’organisation mais ce n’estvraiment pas très compliqué,d’autant que votre élevagen’a pas besoin de compterdes milliers de mouches parcage. Trente à cinquante sont

amplement suffisantes pourdéposer une quantité d’œufslargement supérieure à toutce dont vous aurez besoin àl’hameçon pour une partie de pêche. Et c’est beaucoupplus rapide que dans lanature ! En seulement unedemi-heure, vous devriez déjà avoir des grappesd’œufs blancs bien visiblespour ce qui est des gozzers,directement des petites larvesvivantes pour les damiers.Nous verrons le mois prochaincomment faire grossir vosbébés asticots et, surtout, surquel type de support (toustypes de viandes, poissons,œufs, etc.). Je vous explique-rai également comment lefaire sans quasiment aucuneodeur. J’évoquerai aussi lesdifférents produits qu’il est pos-sible d’utiliser pour obtenir desasticots de couleur, même sic’est une opération délicateet pas toujours couronnée desuccès. En attendant, rendez-vous chez votre quincaillier le plus proche pour préparervos cages et débuter votrepetit élevage ! �

APPÂTPar Nicolas Béroud (gillescaudin@infopeche.fr)

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Avec un peu d’organisation, il est possible de

produire toute l’année de

magnifiques asticots qui

vous permet-tront de

faire la différence !

Un peu de sucre et d’eau suffisent pour nourrir lesmouches.

Avec la cage à mouches, vous maitrisez tout le cycle de reproduction.