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A.S.A.E. « LE BULLETIN » Association Solidarité et Aide à l’ Enfance (Belgique - Burkina Faso) Janvier 2014 Année 14, Numéro 46 Dans ce numéro : En quelques mots 1 Moustapha : un parrainage abouti 2 + 3 Toussiane: vers une nouvelle vie 3 + 4 En quelques mots... Autant la vie Burkinabé peut sembler identique à toute société avec sa poli- tique et son économie, autant elle est très différente de la nôtre par ses tradi- tions, sa culture et sa vie sociale. C’est bien là que réside toute la signifi- cation de la vie au Burkina, dans la face cachée des traditions, dans une culture où l’animisme a encore de très beaux jours devant lui et dans une vie sociale où les règles sont tiraillées entre la cou- tume et l’envie de s’ouvrir sur le monde. Une identité à part entière dont il est bien difficile d’en comprendre tous les attraits et significations. Au cours des siècles et grâce à son ca- ractère « intouchable » le continent africain a su préserver toute sa part de mystère. Cette même part de mystère qui laisse planer autour de la terre afri- caine, comme une envie d’y retourner, encore et encore … Florence (présidente d’A.S.A.E) Pour commencer cette année 2014, je tiens à rendre hommage à toutes les personnes qui soutiennent l’association depuis maintenant 13 ans. Au fil des années, plusieurs amitiés ont vu le jour et c’est un vrai bonheur. Merci à vous tous qui nous permettez de continuer l’aventure et qui la partagez avec nous. Que la nouvelle année vous comble de nombreuses joies. Comme l’a dit Ri- chard Wagner : « la joie n’est pas dans les choses, elle est en nous ». J’attendais le retour de Marc, Anne- Marie, Benoît et Bernard pour com- mencer à rédiger le premier bulletin de l’année. Chaque séjour amène son lot de bonnes et de mauvaises nouvelles. Jusque-là rien d’anormal, c’est à nous d’ap- prendre à gérer au mieux chaque situa- tion avec ses points forts et ses points faibles. Je crois que le plus dur est de quitter notre « enveloppe européenne », notre mode de vie rationnel, pour s’im- merger de tout notre être dans un autre univers. Entrer en communion avec l’identité africaine, c’est avoir le courage d’ad- mettre que notre modèle de société n’est pas « la référence », que nous ne détenons pas toutes les vérités, que nous n’avons aucun droit de juger. Nous vivons dans un espace protégé, organisé, contrôlé, dont les priorités sont souvent synonymes de résultats ou de profits. A l’opposé, la communauté Burkinabé vit dans un milieu où tout est en mouvement et souvent éphé- mère, où la richesse ne se mesure pas en argent mais à ses amis et relations. La vie est à l’image des saisons, elle s’adapte en fonction de ce que la nature veut bien lui offrir.

Année 14, Numéro 46 A.S.A.E. « LE BULLETIN » Janvier 2014 ... · où l’animisme a encore de très beaux jours devant lui et dans une vie sociale où les règles sont tiraillées

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Page 1: Année 14, Numéro 46 A.S.A.E. « LE BULLETIN » Janvier 2014 ... · où l’animisme a encore de très beaux jours devant lui et dans une vie sociale où les règles sont tiraillées

A.S.A.E. « LE BULLETIN » Association Solidarité et Aide à l’ Enfance (Belgique - Burkina Faso)

Janvier 2014

Année 14, Numéro 46

Dans ce numéro :

En quelques mots 1

Moustapha : un parrainage

abouti

2 + 3

Toussiane: vers une nouvelle vie

3 + 4

En quelques mots...

Autant la vie Burkinabé peut sembler

identique à toute société avec sa poli-

tique et son économie, autant elle est

très différente de la nôtre par ses tradi-

tions, sa culture et sa vie sociale.

C’est bien là que réside toute la signifi-

cation de la vie au Burkina, dans la face

cachée des traditions, dans une culture

où l’animisme a encore de très beaux

jours devant lui et dans une vie sociale

où les règles sont tiraillées entre la cou-

tume et l’envie de s’ouvrir sur le

monde. Une identité à part entière dont

il est bien difficile d’en comprendre

tous les attraits et significations.

Au cours des siècles et grâce à son ca-

ractère « intouchable » le continent

africain a su préserver toute sa part de

mystère. Cette même part de mystère

qui laisse planer autour de la terre afri-

caine, comme une envie d’y retourner,

encore et encore …

Florence (présidente d’A.S.A.E)

Pour commencer cette année 2014, je

tiens à rendre hommage à toutes les

personnes qui soutiennent l’association

depuis maintenant 13 ans. Au fil des

années, plusieurs amitiés ont vu le jour

et c’est un vrai bonheur. Merci à vous

tous qui nous permettez de continuer

l’aventure et qui la partagez avec nous.

Que la nouvelle année vous comble de

nombreuses joies. Comme l’a dit Ri-

chard Wagner : « la joie n’est pas dans

les choses, elle est en nous ».

J’attendais le retour de Marc, Anne-

Marie, Benoît et Bernard pour com-

mencer à rédiger le premier bulletin de

l’année.

Chaque séjour amène son lot de bonnes

et de mauvaises nouvelles. Jusque-là

rien d’anormal, c’est à nous d’ap-

prendre à gérer au mieux chaque situa-

tion avec ses points forts et ses points

faibles. Je crois que le plus dur est de

quitter notre « enveloppe européenne »,

notre mode de vie rationnel, pour s’im-

merger de tout notre être dans un autre

univers.

Entrer en communion avec l’identité

africaine, c’est avoir le courage d’ad-

mettre que notre modèle de société

n’est pas « la référence », que nous ne

détenons pas toutes les vérités, que

nous n’avons aucun droit de juger.

Nous vivons dans un espace protégé,

organisé, contrôlé, dont les priorités

sont souvent synonymes de résultats ou

de profits. A l’opposé, la communauté

Burkinabé vit dans un milieu où tout

est en mouvement et souvent éphé-

mère, où la richesse ne se mesure pas

en argent mais à ses amis et relations.

La vie est à l’image des saisons, elle

s’adapte en fonction de ce que la nature

veut bien lui offrir.

Page 2: Année 14, Numéro 46 A.S.A.E. « LE BULLETIN » Janvier 2014 ... · où l’animisme a encore de très beaux jours devant lui et dans une vie sociale où les règles sont tiraillées

Page 2 A.S.A.E. « Le bulletin »

Moustapha : un parrainage abouti

« Je m’appelle Ziba Boulouyan Mous-

tapha. J’ai 27 ans et je vis à Koudou-

gou. J’ai eu la chance de faire partie

des enfants parrainés par A.S.A.E. Mon

parrain Claude est un homme au grand

cœur qui m’a offert la possibilité de

faire des études et me construire un

avenir.

Après avoir obtenu mon BEPC* j’ai

cherché un peu ma voie. J’ai suivi des

cours d’informatique, des cours du

soir, mais rien n’aboutissait vraiment

jusqu’à ce qu’un jour je décide d’en-

trer à l’E.N.S.P (Ecole Nationale de

Santé Publique). Pour cela j’avais be-

soin d’argent car les frais d’inscription

sont élevés et Claude a été d’un grand

recours. De mon côté, j’ai pris une ini-

tiative personnelle en me lançant dans

l’élevage des cochons. J’ai d’abord

commencé avec deux cochons femelles

qui après avoir été couvertes ont donné

naissance à 14 petits cochons. Six mois

plus tard, j’ai vendu 8 petits cochons et

j’en ai gardé 6. Avec l’argent récolté,

j’ai acheté un bovin. Cinq mois plus

tard je vendais 4 cochons pour acheter

un nouveau bovin.

Grâce à cet élevage et au soutien fi-

nancier de Claude, j’ai pu financer

mes deux années d’études, soit CFA

510.000 ( 777.00 €) et si on ajoute les

achats comme les livres, la blouse, le

stéthoscope … la scolarité a coûté

CFA 605.000 (922.00 €).

En 2012 j’ai passé mon test de sortie

et j’ai été reçu au premier tour : j’ai

obtenu mon diplôme d’infirmier d’état.

Pressé d’entrer dans mes nouvelles

fonctions, j’ai dû attendre un peu car

l’état n’a pas validé tout de suite les

tests d’intégration. Ne pouvant pas

travailler officiellement dans un dis-

pensaire, j’ai choisi de suivre des

stages dans des centres de santé afin

de renforcer mes connaissances sur le

terrain.

Après une année de stage, je me suis

dit : pourquoi ne pas mettre sur pied

un projet de soins à domicile ? J’ai

monté le projet sur papier mais très

vite la question financière s’est po-

sée : comment financer un moyen de

transport (moto + casque) ainsi que le

matériel médical (kit d’urgence …)?

Cette fois encore, mon parrain Claude

m’a tendu la main et répondu à mon

appel en me faisant parvenir la somme

nécessaire au démarrage du projet

(1.000 €). Grâce à lui mon projet a vu

le jour le 15 septembre 2013 et je peux

dire d’ores et déjà que les choses

avancent bien.

Vraiment, je dis mille mercis à

A.S.A.E. Que Dieu leur donne longue

vie et qu’ils puissent encore œuvrer

longtemps pour les enfants en difficul-

té. Marc et Florence (que nous appe-

lons affectueusement Flo) sont pour

nous comme des parents et je peux

même dire que tous les enfants parrai-

Après une année de stage, je me

suis dit : pourquoi ne pas

mettre sur pied un projet de

soins à domicile ? .

.

* BEPC (Brevet études du premier cycle)

Page 3: Année 14, Numéro 46 A.S.A.E. « LE BULLETIN » Janvier 2014 ... · où l’animisme a encore de très beaux jours devant lui et dans une vie sociale où les règles sont tiraillées

A.S.A.E. « Le bulletin » Page 3

Moustapha : un parrainage abouti (suite et fin)

mercier. Que le seigneur tout puissant

veille sur lui ».

Merci à vous tous.

Moustapha

Parrain : Claude Hantis

nés ont la même affection à leur égard.

Je dis également mille mercis à Claude,

mon parrain, cet homme au grand

cœur, que je ne cesserai jamais de re-

Je dis également mille mercis à

Claude, mon parrain, cet

homme au grand cœur, que je

ne cesserai jamais de remercier.

Que le seigneur tout puissant

veille sur lui ».

« Je m’appelle Toussiane Yaméogo,

j’ai 23 ans et je vis à Koudougou. J’ai

eu la chance de bénéficier d’un parrai-

nage en 2002, ce qui m’a permis de

Toussiane : vers une nouvelle vie

suivre une scolarité normale et obtenir

mon BEPC en 2009. N’ayant pas en-

core d’idée précise sur l’orientation

que je voulais prendre, j’ai continué

mes études en entrant au Lycée, mais

après une année, j’ai fait savoir à ma

marraine Geneviève que je souhaitais

entrer à l’E.N.E.P (Ecole Nationale

d’Enseignement Primaire) afin de de-

venir enseignante. L’école se situait

tout près de notre cour familiale et elle

venait à peine d’ouvrir. Le seul pro-

blème était bien sûr le coût de la sco-

larité : 450.000 cfa (687 €) auquel il

fallait ajouter les frais de dossiers,

l’achat des fournitures et d’autres frais

divers.

Heureusement j’ai pu compter sur la

compréhension et la générosité de ma

marraine ainsi que sur les encourage-

ments de Marc et Florence.

Page 4: Année 14, Numéro 46 A.S.A.E. « LE BULLETIN » Janvier 2014 ... · où l’animisme a encore de très beaux jours devant lui et dans une vie sociale où les règles sont tiraillées

Page 4 Année 14, Numéro 46

A.S.A.E. « LE BULLETIN »

Si vous souhaitez soutenir un de nos projets, votre générosité est la bienvenue : Cpt banque IBAN BE25 0013 5487 5182Si vous souhaitez soutenir un de nos projets, votre générosité est la bienvenue : Cpt banque IBAN BE25 0013 5487 5182Si vous souhaitez soutenir un de nos projets, votre générosité est la bienvenue : Cpt banque IBAN BE25 0013 5487 5182Si vous souhaitez soutenir un de nos projets, votre générosité est la bienvenue : Cpt banque IBAN BE25 0013 5487 5182

Florence Hennequin et Marc Willems

Van Wayenberghstraat, 10 bus 3

B - 1853 Strombeek– Bever

L’impression de ce bulletin a été offerte par

Mr. Jean Leclercqz de la société ALTITUDE

www.altitude.be Téléphone : +32 2 478 18 12

+32 475 84 73 60

Messagerie : [email protected]

WebSite : www.asaebru.org

Toussiane vers une nouvelle vie (suite et fin)

La première année a été difficile car il

fallait suivre plus de 20 matières théo-

riques. La seconde année, les cours

théoriques étaient alternés avec les

cours pratiques.

J’étais vraiment contente d’avoir choi-

si cette voie et je me suis beaucoup

épanouie en deux ans.

En août 2013, j’ai été officiellement

diplômée et je ne vous cache pas que

j’étais très fière de moi. Restait encore

une étape importante : le test d’inté-

gration. Je me suis rendue à Ouaga-

dougou et j’ai réussi les épreuves. Peu

de temps après, j’apprenais ma nomi-

nation dans le village de Soua à 40

kms de Koudougou. Tout est alors allé

très vite car je devais être opération-

nelle pour la rentrée scolaire 2013-

2014.

Aujourd’hui je peux vous parler de ma

nouvelle situation : je travaille dans

une école de brousse que les enfants

des villages environnants rejoignent

chaque matin. Comme il n’est pas pos-

sible de rentrer chaque soir à Koudou-

gou, un logement est mis à ma disposi-

tion. De nouveau, l’aide de ma mar-

raine est une bénédiction car sans ar-

gent je n’aurai pas pu m’installer et

acquérir les objets de première néces-

sité comme un matelas, un réchaud,

une moustiquaire …

Je ne remercierai jamais assez ma

marraine ainsi qu’A.S.A.E pour leur

soutien et la chance qu’ils m’ont of-

ferte. Grâce à eux je vais pouvoir

construire ma vie et fonder ma propre

famille. Mille mercis. »

Toussiane Yaméogo

Marraine : Geneviève Dreville

En août 2013, j’ai été officiel-

lement diplômée et je ne vous

cache pas que j’étais très fière de

moi.