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FRANCE FRANCE Catholique FRANCE Catholique Un hebdo engagé pour l’Amour et la Vérité 2,90 3:HIKLMI=YUW^U[:?n@a@i@a@k; M 01284 - 3080 - F: 2,90 E 13 juillet 2007 ISSN 0015-9506 83 ème année Hebdomadaire Une année Mabillon Une année Mabillon n°3080

année Mabillon - france-catholique.frBRÈVES 2 FRANCECatholique N 3080 13 JUILLET 2007 FRANCE DECES :Claude Pompidou, 94 ans, veuve de l'ancien président de la Répu-blique, est

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Page 1: année Mabillon - france-catholique.frBRÈVES 2 FRANCECatholique N 3080 13 JUILLET 2007 FRANCE DECES :Claude Pompidou, 94 ans, veuve de l'ancien président de la Répu-blique, est

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13 juillet 2007

ISSN

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83ème annéeHebdomadaire

Une annéeMabillonUne annéeMabillon

n°3080

Page 2: année Mabillon - france-catholique.frBRÈVES 2 FRANCECatholique N 3080 13 JUILLET 2007 FRANCE DECES :Claude Pompidou, 94 ans, veuve de l'ancien président de la Répu-blique, est

BRÈVES

2 FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007

FRANCEDECES : Claude Pompidou, 94 ans,veuve de l'ancien président de la Répu-blique, est décédée le 3 juillet à Paris.Elle avait notamment créé, en 1970,une fondation qui se consacre à l'aideaux patients hospitalisés.POLITIQUE : Dans une interview au Journal duD i m a n c h e ,Nicolas Sarkozya confirmé quela France dé-fendrait la can-didature du so-cialiste Domi-nique Strauss-Kahn à la direc-tion du FondsMonétaire Inter-national. Il a parailleurs souhai-té la participa-tion de JackLang à la com-mission devant pré-parer une nouvelle réforme de la Consti-tution de la Ve République.POLEMIQUE : A la suite d’un début depolémique lancé par un député socia-liste et le Canard enchaîné, Cecilia Sar-kozy a décidé de rendre la carte ban-caire qui lui avait été attribuée pourses frais de représentation commeépouse du président de la République.Elle fera des notes de frais.LOGEMENT : La ministre du Logementet de la ville Christine Boutin a annon-cé, le 5 juillet, qu'elle allait ouvrir lecomité de suivi de la loi sur le droit aulogement opposable (qui est présidépar Xavier Emmanuelli) à l'associationde défense des mal logés DAL et auxreprésentants des locataires.EDUCATION : En ne remplaçant qu’unfonctionnaire sur deux de l’Educationnationale partant à la retraite, le gou-vernement réduirait de 17.000 le nombre des salariés de cette institu-tion qui devra bientôt encadrer desclasses d’âge de plus en plus creuses.JUSTICE : Deux juges d’instruction ontperquisitionné, les 5 et 6 juillet, ledomicile et un bureau de Dominique de Villepin dont le général Rondot aécrit sur son ordinateur qu’il lui avaitdit de “balancer” Nicolas Sarkozy (queles listings truqués de l’affaire Clears-tream semblaient accuser de corrup-tion).EPIZOOTIE : Trois cygnes d’un étang dela commune d'Assenoncourt (Moselle)

sont morts de la grippe aviaire (virus H5N1), ce qui doit amener legouvernement à annoncer de nouvellesmesures de précaution.SORT : Malgré une chute, l'AustralienRobbie McEwen a remporté, dimanche8 juillet, la première étape du Tour deFrance 2007, disputée sur 203 km entreLondres et Canterbury...

MONDEGAZA : Le journaliste de la BBC AlanJohnston, 45 ans, a été libéré le 4 juilletà Gaza après 114 jours de captivité auxmains d'un clan familial palestinien quele Hamas, au pouvoir à Gaza, avait sou-mis à une très forte pression tout en ac-ceptant de libérer certains de ses mili-ciens. Le caporal israélien Shalit, qui aété enlevé le 25 juin 2006, esttoujours retenu en otage,mais le Hamas a évo-qué sa possible libéra-tion si l’Etat d’Israëlaccepte de négocieravec lui des libéra-tions de prison-niers pa-lest in iens .Six miliciensdu Hamasont été tuésle 5 juilletdans desaccrocha-ges avecdes trou-pes israéliennes près du campde réfugiés de Bureïj, au centre de labande de Gaza, suivis d’une frappeaérienne. CISJORDANIE : 133.000 fonctionnairespalestiniens ont pu recevoir une men-sualité complète, pour la première fois

depuis un an et demi, grâce au déblo-cage des aides internationales accor-dées à l’autorité palestinienne présidéepar Mahmoud Abbas. 19.000 fonction-naires réputés proche du Hamas, àGaza, ont été exclus de ce versement.AFGHANISTAN : Un Allemand, enlevédans le sud-ouest de l'Afghanistan, aété libéré le jeudi 5 juillet, après unesemaine de détention.PAKISTAN : La mosquée rouge d’Isla-mabad, à 500 m de la Présidence de laRépublique, et dont les responsablesfont régulièrement l’éloge d’Al-Qaïda,est assiégée par la police, avec deséchanges de tirs sporadiques qui ontdéjà fait une vingtaine de morts. IRAK : Un attentat au camion suicide afait 150 morts et 250 blessés, le 7juillet, dans le village d’Emerli, habitéessentiellement par des Turcomanschiites dans la zone pétrolière du nordde l'Irak.NIGERIA : Margaret Hill, une enfantbritannique de trois ans, qui avait étéenlevée le 5 juillet à Port Harcourt dansla zone pétrolière du sud du Nigeria, aété rendue à ses parents le dimanche 8.ETATS-UNIS : L’ancien bras droit duvice-président Dick Cheney avait étécondamné par la justice à deux ans etdemi de prison et une forte amendepour obstruction à la justice à proposd’une fuite d’information organisée audétriment d’un agent de la CIA. Le pré-sident Bush a commué la peine de pri-son, au grand scandale du présidentdémocrate de la commission judiciairede la Chambre des représentants.AUTOMOBILE : Fiat a lancé, le 4 juillet,

sa nouvelle Fiat 500, dont le premiermodèle date de 50 ans. Elle est fabri-quée en Pologne, est vendue environ11.000 euros, et la firme turinoise, enplein redressement économique, espèreen vendre 120.000 par an. �

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SOMMAIREACTUALITÉ4 EX-YOUGOSLAVIE Tourner la page

Yves La Marck5 INSTITUTIONS Un bouleversement

Alice Tulle6 COMBAT POUR LA VIE Jérôme Lejeune

Tugdual Derville

DOSSIER8 TRICENTENAIRE Dom Jean Mabillon

Dom Thierry Barbeau, o.s.b. 11 Le moine et l’historien

Odon Hurel / Dom Thierry Barbeau, o.s.b.

ESPRIT7 MEMOIRE DES JOURS Marcel Dubois

Robert Masson15 ECCLESIA Motu proprio

Benoît XVI19 LECTURES Volonté de Dieu, volonté humaine

Père Michel Gitton

MAGAZINE20 ŒCUMENISME Le congrès de Velehrad

22 IDEES Les bienveillantesPère J.F. Thomas s.j., Alexandre Da Silva

26 SOMALIE Si le grain ne meurtMarc Fromager

28 EXPOSITIONS La galerie des GobelinsAriane Grenon

30 EXPOSITIONS Musée national de la MarinePierre François

32 MUSIQUE Abbaye du ChalardPierre François

33 CINEMA "Le contrat","Harry Potter et l’ordre du Phénix","Délice Paloma", "2 days in Paris"

M.-Ch. Renaud d’André / M.-L. Roussel34 THEATRE "Mesure pour mesure"

Pierre François35 TELEVISION "La rumeur court"

"L’autre côté de la rue", “Ham, un chimpanzé dans l’espace

Marie-Christine Renaud d’André36 TELEVISION Votre début de soirée

M.-Ch. R. d’A.

38 BLOC-NOTES Vie associative et d’EgliseBrigitte Pondaven

Merci de vous inscrire sur notre site

www.france-catholique.fr

EDITORIAL

FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007 3

a promulgation du Motu Proprio sur l’usage de la liturgie romaineantérieure à la réforme de 1970 doit être reçue unanimementcomme un signe de paix en vue d’un dénouement progressif desdifficultés qui empêchent encore une pleine compréhension entrecatholiques. Ardemment espéré par les uns, redouté par les autres qui craignaient des complications pour leur tâche pasto-rale, ce document, accompagné de la lettre d’explication de

Benoît XVI, devrait répondre aux attentes et aux interrogations tout d’abordquant au sens de la célébration liturgique. Les deux rites, loin de s’opposer,peuvent être sources d’enrichissement mutuel - et aussi quant au bon ordrejuridique et pratique des conditions de célébration. Il est permis aussi depenser que cet acte du Saint-Siège répond à une incertitude à laquelle iln’avait jamais été répondu clairement depuis les modifications postérieuresà Vatican II. Dès lors qu’un rite dit de Paul VI était promulgué, qu’en était-il de l’ancien rite ? Etait-il proscrit, dépo-sé aux archives, définitivement caduc ? Sinonquel était son statut eu égard au rite nouveau ?La distinction établie par le Motu Proprio, entrerite ordinaire (celui de Paul VI) et rite extraordi-naire (celui de Saint Pie V) répond sans ambi-guïté à la question en suspens, et s’oppose - mesemble-t-il - à toute contradiction prétendu-ment doctrinale entre l’un et l’autre. Le Papeparle même “d’un double usage de l’unique etmême Rite”.

La réaction modérée - non triomphaliste -des catholiques attachés au rite tridentin est unsigne précieux d’ouverture pour une meilleureintégration de leur sensibilité au sein de la communion ecclésiale. On peut même trouver du côté de la fraternitéSaint-Pie X des gages de bonne volonté, Mgr Fellay allant jusqu’à se féli-citer de la perspective où les deux rites “se féconderaient mutuellement”.Sans doute de multiples obstacles s’opposent encore à une pleine réconci-liation avec l’aile traditionaliste la plus engagée dans la contestation deVatican II. Mais comment ne pas tenir pour très positive l’adhésion - aumoins dans l’ordre des vœux de réalisation - à l’herméneutique fermementdéfinie par le Pape pour la réception du concile. Vatican II ne saurait êtrevécu comme une rupture, il s’inscrit dans la continuité organique de laTradition depuis les origines apostoliques.

Il y a certes des mécontents qui s’expriment parfois avec acrimoniecontre la décision de Rome. Leurs objections ne sont pas toutes irrece-vables, dès lors qu’elles sont en rapport avec les orientations de Vatican II.Elles ont marqué, notamment de la part de Jean-Paul II, des inflexions quiconcernent des points aussi importants que l’attitude face au judaïsme, lesliens avec les frères des autres communautés chrétiennes ou encore uneperception ouverte et exigeante à la fois du dialogue avec les autres reli-gions. Cependant, c’est par l’examen approfondi des objections et des doutes que l’on parviendra à un accord satisfaisant. La fermeture réci-proque aux doutes de l’interlocuteur ne ferait que durcir les oppositions.Benoît XVI nous recommande précisément le choix de la voie inverse, celledu dialogue dans la vérité et la charité. �

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par Gérard LECLERC

D.R.

Le Motu Proprio

Le journal ne paraîtpas durant le mois d’août

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ACTUALITE

eut-on enfin voir lebout du tunnel dansl’interminable feuilletonde la mort de l’ex-You-goslavie ? La procureur

suisse auprès du Tribunal Pénalinternational de la Haye, CarlaDel Ponte, semble le croire de-puis son dernier voyage àBelgrade le mois dernier. Il estvrai que son mandat arrive àexpiration en septembre etqu’elle préfère partir la têtehaute et sa mission accomplie.Du coup elle prolonge jusqu’au31 décembre, date à laquelle elledevrait céder la place à un ma-gistrat belge, Marc Brammertz,qui conduit l’enquête sur la mortde l’ancien premier ministrelibanais, Rafiq Hariri. Le tribunal(TPIY) devrait fermer ses portesen 2010.

Sur quelque cinquante ac-cusés, il ne reste plus en liberté,depuis le mois dernier, quequatre fugitifs dont les deuxprincipaux, le général RatkoMladic et l’ancien premier mi-nistre de la République serbe deBosnie, Radovan Karadzic. Latraque, qui a inspiré tant de ro-mans ou films à suspense, n’aque trop duré. Les dirigeants deBelgrade ont le sentiment que lemoment est venu de tourner lapage sur une histoire commen-cée par le président Milosevic en1989 au Kosovo. Milosevic estmort et le Kosovo ne peut pluséchapper à son destin. La Serbiedoit donc au plus tôt négocierou quasiment disparaître.

Dans cette phase, le sort desquatre derniers accusés pèsepeu dans la balance. Belgradene peut guère se livrer à unquelconque chantage ouéchange. Par contre, si les arres-tations étaient opérées, le gou-vernement serbe aurait fourni

la preuve de sa modernité, c’est-à-dire de sa capacité à s’euro-péaniser. Les négociations avecla Commission européenne ontdéjà repris quelques jours aprèsla dernière arrestation.

C’est dans cette nouvelleperspective que pourrait secomprendre la mise en œuvredu plan d’accession du Kosovo

à l’indépendance. Tel quel, leproblème n’a pas de solution.Des charcutages territoriaux surdes critères ethniques se répé-teraient à l’infini dans le puzzle

balkanique. Ce serait rouvrir laboîte de Pandore. Il faut fairetout le contraire : faire advenirl’Union européenne dans lesBalkans au lieu de balkaniserl’Union européenne.

Les Européens ont toutes lescartes en mains : ils vont cumu-ler des mandats ou tutelles à lafois sur la Bosnie et sur le Ko-

sovo. Un Slovaque vient d’êtrenommé haut-commissaire àSarajevo tandis que le FinlandaisAhtisaari a sorti le même modèleapplicable pendant quelquesannées pour la province alba-naise autonome. Au lieu de selimiter à un gouvernement terri-torial étroit de juge de paix oude police de proximité, provincepar province, l’Europe serait bieninspirée de proposer un plan d’in-tégration régional global quiprivilégie les convergences éco-nomiques et sociales sur les riva-lités familiales ancestrales. Il esturgent de concevoir un plan dedéveloppement qui à la foisprépare l’adhésion à l’Union etrelativise les frontières.

La balle est autant dans lecamp de Bruxelles que danscelui de Belgrade. On sait queMoscou n’est pas en reste. Pou-tine possède encore quelquesatouts pour attirer ou retenir lesSlaves du Sud dans le giron dela Mère Russie. Il a réuni il y apeu à Zagreb un sommet balka-nique sans l’UE. D’ores et déjà lesavantages de l’UE sont mis encompétition avec ceux qu’estcensé offrir le grand voisin del’Est : commerce contre éner-gie, chômage contre bas prix.

En prenant les rênes des ter-ritoires contestés, l’Europe seprépare à prendre tous les coups.La grande différence avec l’ONUou l’OTAN est que l’Union ne dis-pose ni de pouvoirs de droit in-ternational ni de puissancemilitaire propre. Elle n’a d’aut-res armes que celles que luiconfèrent les traités européens– pas encore celles du traitésimplifié. C’est celles-là que sesreprésentants doivent utiliserau mieux et non se prendre pourun médiateur onusien ou un gé-néral américain. �

EX-YOUGOSLAVIE

Faire advenir l’Union Européenne dans lesBalkans au lieu de balkaniser l’Union Européenne

par Yves LA MARCK

Tourner la page

P

(

La Serbie lâche du lest vis à vis du tribunal de La Haye pour

s’assurer les bienfaits de l’Union européenne en prévision

d’une indépendance du Kosovo.

4 FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007

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n 1958, le Parti commu-niste et la gauche avaitvivement combattu laConstitution présentéepar le Général de Gaulle

et approuvée par une largemajorité de Français, puis Fran-çois Mitterrand avait dénoncéle "Coup d’Etat permanent", cequi ne l’empêcha pas, pendantses deux septennats, d’utilisertoutes les possibilités offertespar un texte constitutionnelbeaucoup plus souple qu’on nel’avait dit.

Mais la gauche, qui n’auraitpas pu rester longtemps aupouvoir sans le solide appuiqu’offrait la Ve République, n’acessé d’en contester les principeset de dénoncer rituellement soncaractère "monarchique". Re-prenant un thème lancé par lesocialiste Arnaud Montebourg,Ségolène Royal avait mêmeannoncé pendant sa campagneune "VIe République" à l’archi-tecture mal définie.

Dans sa déclaration de poli-tique générale, mardi 3 juillet,François Fillon a repris le thèmede la réforme institutionnelle enlui donnant une grande ampleur.Une réforme constitutionnelleaura rapidement lieu, confor-mément aux vœux de la gauche,mais elle ne devrait pas concré-tiser les projets qu’elle avaitesquissés. Du moins sur l’essen-tiel car maintes réformes d’im-portance secondaire peuventsusciter l’adhésion des socia-listes.

Quant aux réformes mi-neures, les socialistes ont

répondu de manière positive àl’appel de François Fillon puisquec’est l’un des leurs – DidierMigaud - qui est devenu prési-dent de la commission des Fi-nances de l’Assemblée nationale,comme l’avait proposé le prési-dent de la République. C’est unemesure symbolique, mais c’estune innovation car la majoritéavait coutume de s’attribuer la

présidence de toutes les com-missions : "c'est la première foissous la Ve République que l'op-position se voit ainsi reconnueune telle place" a souligné lePremier ministre.

De plus, François Fillon a an-noncé un renforcement dunombre et du rôle des commis-sions parlementaires et uncontrôle accru des parlemen-taires sur les finances publiques.Les parlementaires seront par

ailleurs consultés sur la nomi-nation à certains emplois publicsafin d’écarter le "soupçon d’al-légeance" des personnalitésdésignées. La question de la dosede proportionnelle a été pru-demment évoquée par le Premierministre, qui s’est demandé s’ilfallait élire "quelques députés"

selon ce mode de scrutin. Làencore, la gauche ne pourraqu’approuver ce qu’elle a pro-posé sans passer aux actes pourune raison très simple : l’intro-duction d’un minimum de pro-portionnelle conduirait lescommunistes et les écologistes– actuellement alliés et otagesdes socialistes – à prendre leurautonomie. Joli piège !

Mais sur l’essentiel ? Re-prenant les idées avancées par

Nicolas Sarkozy, le Premier mi-nistre a annoncé "Une démocra-tie au sein de laquelle le pouvoirexécutif agit avec clarté, dansl'unité du couple formé par lechef de l'Etat et le premier mi-nistre". Cette "modernisation"de nos institutions, a-t-il précisé,est "induite par le quinquennat"et permettra de constituer un"exécutif plus resserré et plusefficace".

Cela signifie que la pratiquepolitique observée depuis la no-mination du Premier ministrepourrait trouver sa traductioninstitutionnelle : un présidentde la République qui gouverneeffectivement, un Premier mi-nistre qui s’efface au point den’être plus qu’un chef de cabi-net chargé de relayer et de faireappliquer les décisions prési-dentielle. Telle est en effet la lo-gique du quinquennat, que lagauche a approuvé sans voir quec’était la voie ouverte à une véri-table présidentialisation de notrerégime politique - qui serait enoutre accentuée par le droitqu’aurait le Président de s’ex-primer devant le Parlement.

François Hollande dénonceaujourd’hui un président "omni-potent" mais il est un des au-teurs de cette évolution – prévuepar maints constitutionnalistes.Certes, rien n’est encore fait. Unecommission va être chargée deréfléchir à l’ensemble de cetteréforme qui met en question leprincipe de séparation des pou-voirs – si le Président vient s’ex-primer devant le Parlement – lerôle de bouclier du Premier mi-nistre et qui passe sous silencela fonction arbitrale dévolue auchef de l’Etat. �

ACTUALITE

Un Premier ministre qui s’efface au point de n’être plus qu’un chef de cabinet

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FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007 5

INSTITUTIONS par Alice TULLE

Un bouleversement

E

La gauche rêvait de transformer la Constitution gaullienne.

François Fillon a annoncé un bouleversement profond,

conforme aux projets annoncés par Nicolas Sarkozy.

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ACTUALITE

6 FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007

’est une cérémoniediscrète, presque in-time, qui a marqué le28 juin 2007 à Paris,l’ouverture du procès

diocésain en vue de la béatifi-cation du professeur JérômeLejeune (1926-1994). Une dé-marche ordinaire, même si –comme on s’y attend pour pa-reille cause – l’homme dont lavie va être scrutée ne l’est pas.A plus d’un titre.

Dans la France des années1970, au moment du débat quiallait instaurer «l’IVG», ce laïc,médecin issu du CNRS, n’hésitepas à entrer en résistance. Malsoutenue par sa base, la hiérar-chie catholique de l’époquesemble flancher. Aujourd’hui,l’Eglise hexagonale, désormaismobilisée pour la cause de lavie, peut considérer le profes-seur Lejeune comme un pré-curseur. Pour le postulateur desa cause son «témoignage estvraiment prophétique et d’uneactualité étonnante».

Quand Jérôme Lejeunemeurt à 67 ans, le 3 avril 1994,Jean-Paul II rend aussitôt hom-mage au «grand chrétien du XXe

siècle», «défenseur ardent de lavie». C’était un an avant lapublication de L’Evangile de lavie. Cette encyclique majeuredoit beaucoup à la communionde cœur et d’engagement quiliait les deux hommes. Cetteamitié dont on commence àpeine à mesurer la profondeurrayonne comme un signe de la

connivence entre «foi et raison».La perspective d’ériger offi-

ciellement le professeur Lejeuneen modèle pour les chrétiens – etparticulièrement pour les scien-

tifiques – indispose les ad-versaires de l’Eglise là où les loiscontre la vie sont solidement ins-tallées.

Lors des Journées mondialesde la jeunesse de Paris, le 22 août1997, la visite du «pape de la vie»à Chalo-saint-Mars (Essonne) surla tombe de son «frère Jérôme»fit couler beaucoup d’encre,contestée par les laïcistes les plusvirulents comme une provo-cation politique et une insulteaux lois démocratiquement vo-tée. Mais fallait-il s’étonner dugeste de celui que son statut depape avait déjà empêché departiciper aux obsèques de sonami ? Vu du microcosme fran-çais, le professeur Lejeune estdécrit comme un militant, qu’onse plait à taxer d’inspirateurd’«actions anti-IVG virulentes».

Mais c’est de toute l’Europe etdes deux Amériques qu’affluent«de nombreuses demandes (…)pour que soit introduite sa causeen canonisation» a indiqué lepostulateur. «La réputation desainteté» du professeur a pris unedimension planétaire.

C’est la science sans fron-tière qui a conduit Jérôme Le-jeune à être reconnu dans sesplus hauts lieux. Père de la gé-nétique moderne, premier àdéceler la présence d’un chro-mosome surnuméraire sur lavingt-et-unième paire du caryo-type humain provoquant cequ’on nommait jusqu’alors le«mongolisme», le généticiens’appliqua non seulement àcomprendre mais aussi à tenterde soigner la trisomie 21. A sagrande tristesse, sa découverte,au lieu d’être prise en comptepour chercher comment mieuxaccueillir ou guérir, a été utiliséepour éliminer les fœtus malades,dépistés de plus en plus tôt.Outrage à ce que fut la ligne deconduite d’un savant épris devérité, cet avortement-là futnommé «thérapeutique».

Le professeur Lejeune n’eutde cesse de dénoncer les syllo-gismes prétendant nier l’huma-nité d’être humains non encorenés. Dans la lignée des grandsnoms de la science qui l’avaientprécédé, il fut à la fois un cher-cheur, un médecin et un huma-niste. Il connaissait par leur nomchacun de ses patients et lesaimait.

Jérôme Lejeune était – «desurcroît» serait-on tenté d’ajou-ter – un chrétien, discret sur safoi et sans autre étiquette –quoi qu’on ait prétendu – quecelle de l’Eglise universelle. LaFondation qui porte son nomet de multiples mouvements auservice de la vie constituent sonhéritage. Sa figure est désor-mais associée à Jean-Paul II etMère Teresa.

«Puni» tour à tour par lacommunauté scientifique (onle prive du prix Nobel qu’ilmérite) et médiatique (il estjugé trop bon orateur pour êtreréinvité à certaines émissions)c’est de sa famille universelleque le professeur trouve, sansl’avoir cherché, la reconnais-sance que le monde lui a refu-sée. Reconnaissant son talentau service des plus petits, Jean-Paul II, en fondant l’Académiepontificale pour la vie, lui enconfie la présidence.

La voix du professeur Le-jeune était aussi douce que sapensée était ferme. Une posturede laïc engagé que l’Eglisepourrait donner en exemple.

Celui qui acceptait de parlerà tous et partout, sans souci du«qu’en dira-t-on ?» n’eut au-cune complicité avec la «stra-tégie mondaine», dont BenoîtXVI incite les chrétiens à segarder dans son encycliqueDieu est Amour. C’est l’humbleobéissance à la vérité que leprofesseur avait choisi pourpromouvoir la justice.

Du monde entier, les témoi-gnages arrivent, de simples etde savants, qui voient en lui unjuste. Si l’Eglise confirme, dansles années qui viennent la sain-teté de Jérôme Lejeune, elleconsacrera la figure d’un librepenseur. �

JEROME LEJEUNE

La réputation de sainteté du professeur a prisune dimension planétaire

par Tugdual DERVILLE

Le libre penseur

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Nouvelle étape vers la possible béatification du professeur

Lejeune, son procès s’est ouvert au sein du diocèse de Paris.

Au grand dam des groupes laïcistes.

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En mémoire des jours

ans la lassitude desjours, et malgré toutleur élan un homme

vient de nous quitter. Ils’appelait Marcel Dubois,et c’est à Jérusalem qu’ilvient de s’éteindre auterme d’une existence quiressemble à ce qu’onnomme un destin.

L’ordre dominicain, au-quel il appartenait, décidede l’envoyer à Jérusalem,où mûrit un projet qu’onappellera la Maison d’I-saïe. L’ambition est de re-nouer avec le vieux troncd’Israël, dont les avatarsde l’histoire et nos propreslimites, nous ont séparés,à quelques exceptionsprès.

Le monde chrétien nesemble plus guère se sou-venir de ce dessein de Dieusur le petit peuple d’Israël,son élu parmi les nations.Les promesses de Dieu nesont pas d’un instant :elles sont irréversibles etsans repentance, nous rap-pellera Saint Paul, et tousceux à sa suite qui ont unvéritable entendement dela Révélation.

“Je ne suis pas venuabolir, mais accomplir”,

nous avait pourtant dit leChrist en personne.

Les saints bien sûr ontréalisé ce qu’il en était dela parole de Dieu, et de laportée de ce pardon quivaut pour la durée destemps. “Pardonne-leur,Seigneur, ils ne savent pasce qu’ils font”... le savait-on davantage, quandchaque Vendredi saint sedéployaient les vindicteschrétiennes dans cespogroms qui annonçaientbien d’autres bûchers.

C’est d’une démarchehumble que les frères de lamaison Saint-Isaïe abor-deront dans les années 60cette terre que des sièclesd’antisémitisme avaientgrevée d’un lourd passif.

Les temps heureuse-ment avaient bien changé,et la maison Saint-Isaïen’en fut pas pour peu. Ilsétaient trois en charge dece grand retournementque le pape Jean-Paul IIallait marquer de ses faitset gestes, dans la synago-gue de Rome, et plus tard,aux murs du Temple.

La mission spécifiquedu père Dubois était plusprécisément d’ordre intel-lectuel. Il enseignera entreautres la philosophie à l’u-niversité hébraïque de Jé-rusalem, et son rayonne-ment dépassait les limitesd’une université.

Nous eûmes la grâced’en faire l’expérience àplusieurs reprises. A l’ab-baye de Sylvanès par exem-ple, ou pendant quatrejours pleins, Marcel Duboiset Claude Vigée poursuivi-rent le dialogue de l’âmechrétienne et de l ’âmejuive. Dialogue en profon-

deur s’il en fut, auquel ilmanque seulement detrouver un prolongementéditorial. Il n’est pas sisimple de transcrire deschoses comme celles-là. Ily faut un entendementdont nous n’avons pas eula grâce à ce jour.

Ces dernières annéesn’avaient pas été sans pro-blèmes pour le père Du-bois. Le cours des événe-ments dans le vaste conflitisraélo-palestinien l’avaitbouleversé au point de lemettre en froid avec lapolitique d’Israël, ses diri-geants surtout.

Il n’était évidemmentpas le seul à connaître cestroubles de conscience. Ilen était venu à dire que lesionisme était le péchéoriginel d’Israël. Il n’estpas sûr que cette argu-mentation ait fait avancerla cause de la paix, et c’esttout le problème.

Marcel Dubois ne se fitpas que des amis, avec sesremises en cause, quiapparurent à certainscomme un renversementd’amitié, pour ne pas direun reniement. Ce n’est pasprécisément ce qu’on pou-vait lui reprocher.

Le grief qu’il formulait,c’était à lui-même qu’ill’appliquait. Son attentionà Israël l’avait trop distrait,selon son propre aveu,d’une compréhension de lasouffrance palestinienne.Ce n’est pas sans fonde-ment, quand on connaît laradicalité des positions,qui, à ce jour, ont fait obs-tacle à toutes les tenta-tives de paix dans cetterégion du monde.

Chaque échec s’est

soldé par un durcissementdes positions et cet enfer-mement derrière un murde populations qui se-raient en droit de réclamerà nouveau la possibilité derespirer, de vivre en unmot. Marcel Dubois asouffert de ces comporte-ments, qui créaient l’irré-versible.

Marcel Dubois ne se ré-signait pas à ces fatalitésqui enferment les peuplesdans ces impasses que letemps ne fait qu’aggraver.Il vivait depuis peu dansun quartier arabe de Jé-rusalem, où il faisait sansdoute l’effet d’un ermite.

Son chagrin fut de voirdisparaître Saint-Isaïe, quireprésentait à ses yeuxquelque chose de ce deve-nir judéo-chrétien, à quoitout nous appelle sur cetteterre qui est celle de lapromesse. Il s’est passé degrandes choses dans cettemaison, où Dieu semblaitêtre établi à demeure. Unegrande aventure, et qui nes’inscrit pas dans l’éphé-mère de nos destins, nidans leurs contraires.

S’il est une leçon à re-tenir du père Dubois, c’estbien celle-là. Et elle senomme l’espérance.

C’est tout près d’un lieude paix que repose le pèreDubois, dans la proximitédes sœurs de Bethléem,dont il était l’ami. Nul voi-sinage ne pouvait mieuxlui convenir. �

Elle se nommeEspérance

Par Robert Masson

D

ESPRIT

FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007 7

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om Jean Mabillon est né à Saint-Pierremont, dans les Ardennes, le 23décembre 1632. Il est issu d’une raced’hommes robustes : des laboureursadonnés aux travaux des champs.Ses parents vivaient modestementdes biens qu’ils avaient acquis par

leur labeur. L’enfant fréquenta l’école du village.Mais bientôt, grâce aux libéralités d’un oncle prêtre,il quittait le foyer paternel pour Reims. À la suitede neuf années d’études au collège des Bons-Enfants de l’Université puis au séminaire diocé-sain, de 1644 à 1653, le jeune homme entrait chezles bénédictins réformés de la congrégation deSaint-Maur, à l’abbaye de Saint-Rémi, toujoursdans la même ville, où il fit profession le 7 sep-tembre 1654.

Après de brefs séjours dans les abbayes deNotre-Dame de Nogent-sous-Coucy, de Saint-Pierre de Corbie et de Saint-Denis-en-France, il futappelé à Saint-Germain-des-Prés en 1664 pourcollaborer aux grandes entreprises éditoriales aux-quelles s’étaient attelés les mauristes. Il devait ydemeurer jusqu’à sa mort en 1707, soit 43 ans.Entre-temps, il avait été ordonné prêtre à Amiensle 27 mars 1660.

Une œuvre prodigieuse

Mabillon, dont l’érudition le rendit célèbre au-près de ses contemporains et lui vaut de figurerparmi les hommes marquants du Grand Siècle, alaissé une production littéraire impressionnante :l’édition des Œuvres de saint Bernard (1667), lesActes des saints bénédictins et les Annales del’Ordre (1668-1701 et 1703-1707), pour ne citerque les ouvrages les plus connus et les plus volu-mineux : tous se composant de plusieurs grosvolumes in-folio. Ceux-ci, il est vrai, sont aussi lefruit d’un travail collectif, mené à l’échelle de lacongrégation de Saint-Maur, sans lequel l’œuvrede Mabillon ne serait pas ce qu’elle est.

DOSSIER

L’année 2007 est celle du

tricentenaire de la mort de dom Jean

Mabillon. Le célèbre bénédictin

s’est en effet éteint à l’abbaye de

Saint-Germain-des-Prés, à Paris,

en 1707, à l’âge de 75 ans.

Plusieurs manifestations

sont prévues à

cette occasion.

Un colloque

international s’est

déjà tenu à l’abbaye

de Solesmes,

les 18 et 19 mai

derniers, ainsi

qu’une Journée

du souvenir à

Saint-Pierremont

(Ardennes),

le village natal de

Mabillon, le 9 juin,

organisée par

l’Association Mabillon-Renaissance.

Un nouveau colloque aura lieu

à Paris, à l’Institut de France,

les 7 et 8 décembre prochains,

et une messe sera célébrée à

Saint-Germain-des-Prés et à

Saint-Pierremont, le 27 décembre,

jour anniversaire de sa mort.

Par dom Thierry BARBEAU,moine de Solesmes

TRICENTENAIRE DE LA MORT DE MABILLON

8 FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007

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Dom Jean Mabl’amour des lettres et le

Le clocher de St-Germain-des-Prés, vestige de la

célèbre abbaye.

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D’autre part, la publication du De Re Diploma-tica en 1681, qui marqua une étape décisive dansl’histoire de la méthode critique, fait de domMabillon le "père" de la diplomatique. Par sonapproche profondément novatrice du documenten tant que tel, Mabillon a formulé les critères quidevaient permettre de distinguer les actes authen-tiques de ceux forgés de toutes pièces, remaniésou interpolés. Il a ainsi jeté les bases d’une disci-pline qui demeure fondamentale pour le travail del’historien.

Enfin, les voyages que dom Mabillon entrepriten Allemagne en 1683, puis en Italie en 1685-1686, lui acquirent, autant que ses ouvrages et sestrès nombreuses relations épistolaires, une noto-riété de dimension européenne et une place depremier plan dans la République des Lettres. En1701, il devait être nommé par Louis XIV membrede la toute jeune Académie royale des Inscriptions.

L’archevêque de Reims, Charles Maurice LeTellier, ami et protecteur des bénédictins de Saint-Germain-des-Prés, pouvait annoncer la mort deMabillon à Louis XIV en ces termes : "Sire, la morta pris l’homme le plus savant et le plus pieux devotre royaume". "C’est donc le Père Mabillon",aurait répondu le roi.

Un indéfectible attachementà l’amour et à la recherche de la vérité

Moine savant, dom Mabillon fut avant tout unexcellent religieux. Ses contemporains ne savaientquoi admirer le plus chez lui : sa science ou sesvertus morales. Ses recherches intellectuelless’inscrivaient dans sa quête de Dieu, au point defaire de l’histoire, de l’étude de la grande Traditionde l’Église, un des fondements de la religion et dela piété, et son propre travail d’historien, avectoute sa rigueur scientifique et sa quête de la vé-rité, un des moyens de tendre personnellement àla perfection chrétienne. Le titre du très beau livrede dom Jean Leclercq qui proposait en 1957 une

initiation aux auteurs du Moyen Age, L’Amour deslettres et le désir de Dieu (1), peut sans hésitations’appliquer à Mabillon, tant il résume à merveilletoute l’existence du grand moine.

Dom Mabillon manifesta toute sa vie un indé-fectible attachement à l’amour et à la recherchede la vérité : vérité dans la science historique àpropos de laquelle il a laissé de Brèves réflexionssur quelques Règles de l’histoire (2) où, d’entrée dejeu, il énonce les deux premières Règles, l’amourde la vérité et la sincérité "qui rectifient l’entende-ment et la volonté" ; mais aussi vérité sur lui-même et sur Dieu, qui est la Raison créatrice detoutes choses.

Cette quête et cette passion pour la vérité re-quièrent beaucoup d’humilité et la foi en l’intelli-gibilité du monde et des choses : toutes valeurscommunes à l’homme de science et au croyant. Lavie et l’œuvre de Mabillon démentent l’antago-nisme, que l’on a parfois qualifié d’irréductible,entre science et religion. Pour un chrétien, et a

“L’homme le plus

savant et le plus pieux

de votreroyaume”

FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007 9

(1707 – 2007)

illondésir de Dieu

Dom Mabillon, gravure anonyme du début du XVIIIe siècleD.R.

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fortiori un religieux, il ne saurait y avoir de contra-diction, comme l’a rappelé l’encyclique Fides et ra-tio du pape Jean Paul II, entre ces deux sources dela connaissance que sont la foi et la raison.

Face à Rancé, le grand abbé réformateur de LaTrappe, dom Mabillon défendit, au regard de toutela tradition, la place du travail intellectuel dans lavie des moines. Il a livré le fruit de ses réflexionsdans son fameux Traité des études monastiques (3)

(1691) que l’on regarde, à bon droit, comme sontestament, dont la lecture peut profiter à tous, etpas seulement aux moines.

Un modèle à la fois pour le chrétienet pour l’homme de science

Au soir de sa vie, Mabillon pouvait écrire à l’unde ses correspondants, à propos de son œuvre :"Dieu veuille que ce soit le travail du cœur, de lacharité et de l’amour de la vérité". N’avait-il pasrappelé dans le Traité des études que "la fin princi-pale que les moines doivent avoir en vue dans

leurs études, c’est la connais-sance de la vérité, et la charitéou l’amour de la justice ; enun mot, c’est le règlement del’esprit et du cœur. Ce sont làles deux fins principales quedoivent avoir en vue, non seu-lement les religieux, mais tousles chrétiens".

De nos jours encore, domMabillon demeure un modèle,au sens fort du terme, à la foispour le chrétien et pourl’homme de science. Pour l’unet pour l’autre, sa double vo-cation de moine et de savantest toujours source de ré-

flexion. À l’heure où la prise de distance, voire ledédain manifesté envers la raison, l’abandon duquestionnement sur la vérité, le rejet de la possibi-lité concrète de pouvoir y parvenir et de fonder surelle une existence et des choix de vie, ne sont pasétrangers à la crise qui frappe le monde contem-porain, la figure de Mabillon, plus que jamais,paraît d’actualité. L’exemple du bénédictin, mort ily trois cents ans, peut nourrir notre réflexion sur ledialogue entre la foi et la raison qui est devenu undes enjeux majeurs de notre temps et auquel nousinvite, avec insistance, le Saint-Père Benoît XVI. �

DOSSIER

10 FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007

La science et la charité selon Mabillon

Amasser beaucoup de connaissances, entasser sciences sur sciences, celane suffit pas pour dire que l’on étudie : il faut avoir une fin, il faut savoirpourquoi on le fait, ou plutôt pourquoi on le doit faire. […]La fin principale que les moines doivent avoir en vue dans leurs études,c’est la connaissance de la vérité, et la charité ou l’amour de la justice ; enun mot, c’est le règlement de l’esprit et du cœur. Ce sont là les deux finsprincipales que doivent avoir en vue, non seulement les religieux, mais tousles chrétiens.Il faut donc que ce que l’on nomme étude ait pour but en premier lieu laconnaissance de la vérité, qui fait une partie du bonheur de l’homme. […]Il serait fort inutile d’avoir quantité de connaissances, si elles ne nousrendaient meilleurs. […]La science est cette machine qui, selon saint Augustin, doit servir à éleverl’édifice de la charité. Si on ne la rapporte pas à cette fin, non seulementelle ne sert de rien, mais elle devient même très pernicieuse. Entassonsdonc, tant que nous voudrons, des vérités dans notre esprit ; si nousn’avons soin de croître autant en charité qu’en science, ces vérités mêmesdeviendront en nous un sujet d’illusion et d’égarement en cette vie, et decondamnation en l’autre. Et partant, on ne saurait être trop en garde contreles mauvais effets d’une science stérile et dépourvue de charité.Il faut donc apporter tous nos soins pour parvenir par nos études à lascience de la charité […].Étudier en sorte que l’on n’omette aucunde ses devoirs, et s’acquitter de sesdevoirs en sorte que l’on ménage tous lesmoments qui nous restent pour l’étude etpour la recherche de la vérité, c’estremplir véritablement les obligations, nonseulement d’un honnête homme, maismême d’un chrétien et d’un religieux, sion le fait dans la vue de Dieu ; car il n’estpas possible que l’on étudie de la sortesans satisfaire aux devoirs de la charité –qui est la règle des études – et sansretrancher celles qui ne sont pasnécessaires. […]Il vaut mieux savoir peu et avoir le cœurbien réglé, que de savoir une infinité dechoses et se négliger soi-même. […]Il ne suffit pas de lire et d’étudier : il faut faire passer les vérités de l’espritdans le cœur – où est leur lieu naturel – par le moyen d’une sérieuseréflexion. Car c’est le défaut de réflexion qui est cause que les études,quelques saintes qu’elles puissent être, nuisent bien souvent plus qu’ellesne profitent. […]La science, lorsqu’elle est seule, peut causer de l’enflure ; mais elle ne serapas sujette à cet inconvénient, au contraire elle sera utile et avantageuse, sion a soin d’y joindre la charité.C’est la charité qui fait ce bon usage de la science. Il ne faut point chercherl’une sans l’autre ; mais il est permis, et il est même louable, de chercherl’une avec l’autre. C’est aussi cette charité qui apprend à faire un bon usagedu défaut de science, lorsqu’elle est uniquement appliquée à ne se remplirque de Dieu. C’est cette charité qui fait que ceux qui étudient et qui ont dela science ne méprisent pas ceux qui en font profession dans le dessein dene penser qu’à Dieu, et que ceux qui travaillent du corps ne blâment pasceux qui s’occupent de l’esprit. C’est elle enfin qui, unissant les travaux desuns avec l’étude des autres par l’union de leurs cœurs, fait que ceux quiétudient participent au mérite du travail de leurs frères, et que ceux quitravaillent profitent des lumières de ceux qui étudient.

Passages extraits du Traité des études monastiques (1691)

(1) Les Éditions du Cerf, réédité en 1990.(2) Dans Le moine et l’historien, dom Mabillon,œuvres choisies précédées d’une biographie pardom Henri Leclercq, édition établie par OdonHurel, Éditions Robert Laffont, collection"Bouquins", 2007, p. 932-951.(3) Ibid., p. 381-625.

Bibliothèque de Solesmes

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� Odon Hurel, votre travail de recherche porte essen-tiellement sur l’histoire du monachisme bénédictinaux XVIIe et XVIIIe siècles. Pourquoi un tel sujet ?Quel en est l’intérêt pour le public ?

Je prendrai un exemple révélateur : pour lepublic cultivé, lorsque l’on parle de l’histoire deCluny, on pense Moyen Age alors que les yeuxdes touristes s’arrêtent le plus souvent devantdes bâtiments monastiques des XVIIe et XVIIIe siè-cles. Jusqu’il y a une vingtaine d’années, onconsidérait que les XVIe-XVIIIe siècles étaientavant tout une période de déclin de la viemonastique. On parlait alors de "relâchement" etde "décadence". Seule la congrégation bénédicti-ne de Saint-Maur sortait son épingle du jeu,grâce à l’érudition et bien entendu à Mabillon.

FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007 11

DOSSIER

Un colloque international s’est tenu à l’abbaye

de Solesmes, les 18 et 19 mai 2007, sur le

thème “Mabillon et l’Europe bénédictine aux

XVIIe et XVIIIe siècles”. Odon Hurel, chercheur

au CNRS et directeur adjoint du CERCOR*

organisait cette manifestation.

Le moineet l’historienENTRETIEN AVEC ODON HUREL

propos recueillis par Dom Thierry BARBEAU

L’abbaye de Saint-Germain-des-Présen 1687 d’après le Monasticon Gallicanum

Le Père Abbé de Solesmes, dom Philippe Dupont,et M. Odon Hurel, le 18 mai 2007

* Centre Européen de Recherches sur les Congrégations etles Ordres Religieux, Université de Saint-Étienne, 35 rue

du Onze Novembre, 42023 Saint-Étienne Cedex 2,http : //dossier.univ-st-etienne.fr/cercor/

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DOSSIER

12 FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007

Depuis, les spécialistes de l’histoire religieusede la fin de l’Ancien Régime s’interrogent sur laspécificité du monachisme de l’époque moderne :réformes bénédictines et cisterciennes, adapta-tions à l’évolution de la société et de l’Église,renouvellement architectural et liturgique…

On ne parle plus de "décadence" mais de"crise", de "relecture" et de "transformation", oncomprend mieux la place du monachisme dans lavie politique, sociale et religieuse des dernierssiècles de la monarchie. Les moines, tout en étantséparés du monde, partagent les aléas de cettehistoire générale.

� Quels sont vos projets de recherches ?

Mes recherches s’inscrivent toutes dans unehistoire du monachisme européen aux XVIIe etXVIIIe siècles. En dehors de ce livre sur Mabillon,publié récemment dans la collection "Bouquins",chez Robert Laffont - et dont Gérard Leclerc aparlé de façon très personnelle dans les colonnesde votre n°3077) - je travaille à la fois à l’éditionde la correspondance de ce même bénédictin etsuis la préparation collective de l’édition desœuvres de Mère Mectilde de Bar, la fondatrice, auXVIIe siècle, des Bénédictines du Saint-Sacrement.Un second axe consiste à étudier les liturgiesmonastiques en Europe à la même période. Enfin,dans le cadre du Centre Européen de Recherchessur les Congrégations et les Ordres Religieux(CERCOR), je travaille à une histoire comparée etconjointe du monachisme en Orient et enOccident.

� Plusieurs manifestations marquent cette année letricentenaire de la mort de dom Jean Mabillon. Lechoix de Solesmes pour un premier colloque n’estcertainement pas le fruit du hasard ?

Les manifestations autour du tricentenaire dela mort de Mabillon sont révélatrices de la placedu bénédictin dans la mémoire intellectuelle etculturelle de la France et de l’Europe. C’est pourcela que se tiendra à l’Institut de France, un col-loque international les 7 et 8 décembre 2007,autour des pratiques érudites de Mabillon et de latransmission de son œuvre jusqu’au XXe siècle. Lechoix de Solesmes pour cette première rencontreétait justifié par trois éléments : - l’appartenance de Mabillon à la congrégationbénédictine de Saint-Maur, fleuron de l’Europemonastique des XVIIe et XVIIIe siècles, - le lien privilégié et assumé par dom Gué-ranger entre sa restauration monastique et l’héri-tage intellectuel mauriste, - enfin la nécessité de consacrer une rencontrespécifique à l’Europe bénédictine de Mabillon.

Deux publications

Mabillon - Vie et portrait par dom ThierryRuinart, texte présenté et annoté par domThierry Barbeau, Éditions de Solesmes,collection Monastica, 2007, XLIV et 203 pages,2 cahiers d’illustrations, 17 €.

En 1709, deux ans après la mort de domMabillon, paraissait l’Abrégé de sa vie rédigépar dom Thierry Ruinart. Écrit par son plusproche collaborateur qui vécut près de 26 ansà ses côtés, l’Abrégé, mieux qu’unebiographie, offre un portrait vivant deMabillon où se dessine la physionomie morale

et spirituelle du chrétien, du moine bénédictin et de l’homme de science.Ces pages sont uniques. L’Abrégé n’a jamais été remplacé malgré lesnombreux et remarquables travaux qui ont été publiés depuis surMabillon.C’est ce petit livre qui est ici réédité par les Éditions de Solesmes, avec desnotes et une présentation de dom Thierry Barbeau où celui-ci évoque laprofonde amitié qui unissait Mabillon et Ruinart, le maître et le disciple,et dont l’Abrégé est tout imprégné. Deux cahiers d’illustrations,particulièrement soignés, présentent des documents pour la plupartinédits.

Le moine et l’historien, dom Mabillon, œuvreschoisies précédées d’une biographie par domHenri Leclercq, édition établie par Odon Hurel,Éditions Robert Laffont, collection "Bouquins",2007, XV et 1129 pages, 30 €.

Ce gros ouvrage, au contenu très riche, réunitpour la première fois la grande synthèsebiographique sur dom Mabillon laissée par domHenri Leclercq et une anthologie de textes ducélèbre bénédictin, introuvables jusqu’à présenten dehors des bibliothèques spécialisées, et quireprend l’essentiel de son œuvre en langue

française, comme son fameux Traité des études monastiques (dans saseconde édition augmentée de 1692), et quelques inédits. Le volumedonne aussi, en annexe, l’inventaire de la correspondance de Mabillon etle catalogue de ses œuvres.Chacun des textes, ou groupes de textes pour les plus courts (ces derniersréunis sous deux thèmes : "controverse et identité bénédictine" et"monachisme"), est précédé d’une courte mais substantielle introductionde Odon Hurel. Non seulement les circonstances et le contenu des diversécrits y sont présentés, mais aussi leurs enjeux selon la doubleappartenance de Mabillon au monde scientifique, à la République desLettres, d’une part, et au monde monastique, à la congrégation de Saint-Maur, d’autre part.Notion d’appartenance sur laquelle O. Hurel insiste pour une justecompréhension de quelques-unes des œuvres de Mabillon. Ainsi parexemple, si dans plusieurs de ses écrits, comme le Traité des études, lebénédictin s’attache avant tout à énoncer et à traduire des règles detravail, le "discours de la méthode", la Dissertation sur le culte des saintsinconnus (1705) et surtout la Lettre sur la sainte Larme de Vendôme (1700)le montrent aussi préoccupé par les questions pastorales touchant la viedes fidèles.Plus qu’une simple édition de textes, ce qui ici est déjà d’un grand intérêt,cette anthologie apporte un nouvel éclairage sur dom Mabillon et sonœuvre.

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FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007 13

DOSSIER

� Plusieurs axes se sont dégagés sur dom Mabillon etson œuvre au cours de cette rencontre qui a réunides spécialistes venant de toute l’Europe. Pouvez-vous nous en dire un mot ?

Ce colloque voulait mettre en valeur le mondemonastique que Mabillon connaissait et fréquen-tait. Car il faut bien avoir à l’esprit que si nousvoyons en Mabillon un historien, il s’affirme aussicomme un acteur de ce monachisme modernequ’il contribue à définir par ses travaux.

De la Pologne et de la Hongrie à l’Angleterreen passant par l’Italie et l’Espagne, nous avons puprendre conscience des réseaux bénédictins et dela diversité des situations européennes.

Inspirés par la nature même des travaux deMabillon, certains points d’histoire de la liturgiefurent mis en perspective, en matière d’observa-tion des pratiques liturgiques, d’étude des litur-gies monastiques médiévales et de création litur-gique contemporaine ou un peu postérieure àMabillon.

Enfin, une idée forte s’est dégagée de cetterencontre : les liens entre l’exigence historique deMabillon et la définition d’une "identité" bénédic-tine dont témoigne le Traité des études monas-tiques (1691) et nombre de pages d’un de sescontemporains, bien connu à Solesmes, domClaude Martin.

� Dom Mabillon est donc une figure européenne ? Enquel sens l’est-il ?

Il est doublement une figure européenne. Ill’est par son appartenance à la République euro-péenne des lettres qui se traduit par des centai-nes de correspondants anglais, belges, allemands,italiens et par ses voyages d’études réalisés entre1672 et 1686 en Flandre, Allemagne et Italie. Ill’est aussi par l’objet même de ses principaux tra-vaux : l’histoire de la famille bénédictine et cellede ses saints. Une histoire par définition euro-péenne dans un cadre qui met en présence unesérie d’États-nations et de principautés dans uncontexte politique régulièrement conflictuel, lesiècle de Louis XIV.

� Que représente dom Mabillon pour l’historien quevous êtes ?

Jean Mabillon nous rappelle les fondementsde notre métier d’historien : l’importance dessources archivistiques et monumentales, l’exigen-ce méthodologique, l’analyse comparée des tex-tes, la nécessaire contextualisation des événe-ments et une forme de déconstruction historio-graphique des travaux anciens sans que cela soitfait avec mépris pour une tradition transmise.

Inauguration de la rue Dom Mabillon, devant sa maison natale,par M. Michel Michaux, maire de Saint-Pierremont (Ardennes), et messe présidée par l’archevêque de Reims, Mgr Jordan, àSaint-Pierremont le 9 juin 2007. L’Association Mabillon-Renaissance (08240 Saint-Pierremont) sepropose de faire vivre la mémoire de dom Mabillon à travers laconservation et la mise en valeur de sa maison natale.

Si nousvoyons

en Mabillonun historien,il s’affirme

aussi commeun acteur

de ce monachisme

moderne

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DOSSIER

14 FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007

� Et pour le croyant ?

C’est difficile tant l’affirmation de convictionsreligieuses doit rester en dehors de toute dé-marche scientifique, en particulier dans le cadred’une institution telle que le CNRS, garante d’unelaïcité, sorte de rempart nécessaire face à toutesformes d’interprétations confessionnelles et com-munautaristes de notre histoire commune. Il mesemble cependant que pour le croyant, Mabillondéfinit à merveille les contours d’une allianceentre la foi et la raison. De plus, il est pour moiune sorte de modèle d’équilibre, de modérationdans le jugement des faits mais aussi dans lerefus de juger les personnes. C’est évident à tra-vers la querelle des études avec Rancé dans lesannées 1690 mais c’est aussi le cas lorsqu’il s’in-surge contre le traitement uniforme infligé auxmoines fautifs, ce dont il est témoin.

� Enfin, selon vous, quel est l’héritage que domMabillon laisse à notre culture chrétienne et natio-nale ? Plus largement, a-t-il un message à livrer ànos contemporains ?

Le premier héritage, ce sont ses travaux. Cesont eux qui ont marqué, par exemple, le jeunedom Guéranger et des générations d’érudits et dechercheurs de la France des XIXe et XXe siècles. Undeuxième aspect est résumé par sa présencedepuis 1819 (en fait le retour de ses restes) dansl’église de Saint-Germain-des-Prés aux côtés deceux de Descartes et de Montfaucon.

Mabillon appartient tout simplement à notrehistoire de France au même titre que d’autrespersonnalités comme Rabelais, ce mêmeDescartes ou encore Voltaire et Victor Hugo.Quant à un éventuel message, je dirais, prudem-ment, que Mabillon dans son œuvre, cherche àopérer un décloisonnement intellectuel entrel’histoire monastique et l’histoire politique et reli-gieuse de l’Europe, à travers un examen, commeje le disais, très exigeant des sources. Ce message,ce serait une invitation à regarder le futur tout encomprenant (par la contextualisation) et enrespectant les traditions culturelles, malgré leurspesanteurs. �

Mabillonappartient

tout simplement ànotre histoire

de France

Chapelle dansSt-Germain-des-Prés,

marquant le souvenir de Mabillon(dalle noire de gauche et petite

plaque de marbre blanc) dont lesrestes ont été ramenés ici en 1819en même temps que ceux du Père

de Montfaucon et de Descartes(les deux autres dalles).

Page de titre du Traité des études

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Les Souverains Pontifes ont toujours veillé jusqu’à nosjours à ce que l’Église du Christ offre à la divine Majestéun culte digne, "à la louange et à la gloire de son nom"et "pour le bien de toute sa sainte Église".

Depuis des temps immémoriaux et aussi à l’avenir, leprincipe à observer est que "chaque Église particulièredoit être en accord avec l’Église universelle, non seu-lement quant à la doctrine de la foi et aux signessacramentels, mais aussi quant aux usages reçusuniversellement de la tradition apostolique ininter-rompue, qui sont à observer non seulement pour éviterdes erreurs, mais pour transmettre l’intégrité de la foi,parce que la lex orandi de l’Église correspond à sa lexcredendi"[1].

Parmi les Pontifes qui ont eu ce soin se distingue lenom de saint Grégoire le Grand qui fut attentif à trans-mettre aux nouveaux peuples de l’Europe tant la foicatholique que les trésors du culte et de la cultureaccumulés par les Romains au cours des siècles pré-cédents. Il ordonna de déterminer et de conserver laforme de la liturgie sacrée, aussi bien du Sacrifice de laMesse que de l’Office divin, telle qu’elle était célébrée àRome. Il encouragea vivement les moines et les monialesqui, vivant sous la Règle de saint Benoît, firent partoutresplendir par leur vie, en même temps que l’annonce del’Évangile, cette très salutaire manière de vivre de laRègle, "à ne rien mettre au-dessus de l’œuvre de Dieu"(chap. 43). Ainsi, la liturgie selon les coutumes de Romeféconda non seulement la foi et la piété mais aussi laculture de nombreux peuples. C’est un fait en tout casque la liturgie latine de l’Église sous ses diverses formes,au cours des siècles de l’ère chrétienne, a été unstimulant pour la vie spirituelle d’innombrables saints etqu’elle a affermi beaucoup de peuples par la religion etfécondé leur piété.

Au cours des siècles, beaucoup d’autres Pontifes ro-mains se sont particulièrement employés à ce que laliturgie accomplisse plus efficacement cette tâche ; parmieux se distingue saint Pie V, qui, avec un grand zèlepastoral, suivant l’exhortation du Concile de Trente, re-nouvela tout le culte de l’Église, fit éditer des livres li-turgiques corrigés et "réformés selon la volonté desPères", et les donna à l’Église latine pour son usage.

Parmi les livres liturgiques du Rite romain, la pre-mière place revient évidemment au Missel romain, quise répandit dans la ville de Rome puis, les siècles sui-vants, prit peu à peu des formes qui ont des similitudesavec la forme en vigueur dans les générations récentes.

C’est le même objectif qu’ont poursuivi les Pontifesromains au cours des siècles suivants en assurant la miseà jour des rites et des livres liturgiques ou en les pré-cisant, et ensuite, depuis le début de ce siècle, en en-treprenant une réforme plus générale"[2]. Ainsi firent mesprédécesseurs Clément VIII, Urbain VIII, saint Pie X [3],Benoît XV et le bienheureux Jean XXIII.

Plus récemment, le Concile Vatican II exprima ledésir que l’observance et le respect dus au culte divinsoient de nouveau réformés et adaptés aux nécessités denotre temps. Poussé par ce désir, mon prédécesseur leSouverain Pontife Paul VI approuva en 1970 des livresliturgiques restaurés et partiellement rénovés de l’Égliselatine ; ceux-ci, traduits partout dans le monde en denombreuses langues modernes, ont été accueillis avecplaisir par les Évêques comme par les prêtres et lesfidèles. Jean-Paul II reconnut la troisième édition type duMissel romain. Ainsi, les Pontifes romains se sont em-ployés à ce que "cet édifice liturgique, pour ainsidire, […] apparaisse de nouveau dans la splendeur de sadignité et de son harmonie"[4].

Dans certaines régions, toutefois, de nombreux fi-dèles se sont attachés et continuent à être attachés avecun tel amour et une telle passion aux formes liturgiquesprécédentes, qui avaient profondément imprégné leurculture et leur esprit, que le Souverain Pontife Jean-Paul II, poussé par la sollicitude pastorale pour cesfidèles, accorda en 1984, par un indult spécial Quattuorabhinc annos de la Congrégation pour le Culte divin, lafaculté d’utiliser le Missel romain publié en 1962 parJean XXIII ; puis de nouveau en 1988, par la lettreapostolique Ecclesia Dei en forme de motu proprio, Jean-Paul II exhorta les Évêques à utiliser largement et géné-reusement cette faculté en faveur de tous les fidèles quien feraient la demande.

Les prières instantes de ces fidèles ayant déjà étélonguement pesées par mon prédécesseur Jean-Paul II,ayant moi-même entendu les Pères Cardinaux auconsistoire qui s’est tenu le 23 mars 2006, tout bienconsidéré, après avoir invoqué l’Esprit Saint et l’aide deDieu, par la présente Lettre apostolique je décide ce quisuit :Art. 1. Le Missel romain promulgué par Paul VI estl’expression ordinaire de la "lex orandi" de l’Églisecatholique de rite latin. Le Missel romain promulgué parS. Pie V et réédité par le B. Jean XXIII doit être considérécomme l’expression extraordinaire de la même "lexorandi" de l’Église et être honoré en raison de son usage

MOTU PROPRIOTraduction non officielle de la lettre apostolique du Pape rendue publique le 7 juillet

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vénérable et antique. Ces deux expressions de la "lexorandi" de l’Église n’induisent aucune division de la "lexcredendi" de l’Église ; ce sont en effet deux mises enœuvre de l’unique rite romain.

Il est donc permis de célébrer le Sacrifice de la Messesuivant l’édition type du Missel romain promulgué par leB. Jean XXIII en 1962 et jamais abrogé, en tant que formeextraordinaire de la Liturgie de l’Église. Mais les condi-tions établies par les documents précédents Quattuorabhinc annos et Ecclesia Dei pour l’usage de ce Misselsont remplacées par ce qui suit :Art. 2. Aux Messes célébrées sans peuple, tout prêtrecatholique de rite latin, qu’il soit séculier ou religieux,peut utiliser le Missel romain publié en 1962 par lebienheureux Pape Jean XXIII ou le Missel romain pro-mulgué en 1970 par le Souverain Pontife Paul VI, et celaquel que soit le jour, sauf le Triduum sacré. Pour célébrerainsi selon l’un ou l’autre Missel, le prêtre n’a besoind’aucune autorisation, ni du Siège apostolique ni de sonOrdinaire.Art. 3. Si des communautés d’Instituts de vie consacréeet de Sociétés de vie apostolique de droit pontifical oude droit diocésain désirent, pour la célébrationconventuelle ou "communautaire", célébrer dans leursoratoires propres la Messe selon l’édition du Misselromain promulgué en 1962, cela leur est permis. Si unecommunauté particulière ou tout l’Institut ou Sociétéveut avoir de telles célébrations souvent ou habituel-lement ou de façon permanente, cette façon de faire doitêtre déterminée par les Supérieurs majeurs selon lesrègles du droit et les lois et statuts particuliers.Art. 4. Aux célébrations de la Messe dont il est questionci-dessus à l’art. 2 peuvent être admis, en observant lesrègles du droit, des fidèles qui le demandent sponta-nément.Art. 5, § 1. Dans les paroisses où il existe un groupestable de fidèles attachés à la tradition liturgiqueantérieure, le curé accueillera volontiers leur demandede célébrer la Messe selon le rite du Missel romain éditéen 1962. Il appréciera lui-même ce qui convient pour lebien de ces fidèles en harmonie avec la sollicitude pas-torale de la paroisse, sous le gouvernement de l’Évêqueselon les normes du canon 392, en évitant la discorde eten favorisant l’unité de toute l’Église.§ 2. La célébration selon le Missel du bienheureux JeanXXIII peut avoir lieu les jours ordinaires ; mais les di-manches et les jours de fêtes, une Messe sous cette formepeut aussi être célébrée.§ 3. Le curé peut aussi autoriser aux fidèles ou au prêtrequi le demandent, la célébration sous cette formeextraordinaire dans des cas particuliers comme desmariages, des obsèques ou des célébrations occa-sionnelles, par exemple des pèlerinages.§ 4. Les prêtres utilisant le Missel du bienheureux JeanXXIII doivent être idoines et non empêchés par le droit.§ 5. Dans les églises qui ne sont ni paroissiales niconventuelles, il appartient au Recteur de l’églised’autoriser ce qui est indiqué ci-dessus.

Art. 6. Dans les Messes selon le Missel du B. Jean XXIIIcélébrées avec le peuple, les lectures peuvent aussi être

proclamées en langue vernaculaire, utilisant des éditionsreconnues par le Siège apostolique.Art. 7. Si un groupe de fidèles laïcs dont il est question àl’article 5 § 1 n’obtient pas du curé ce qu’ils lui ontdemandé, ils en informeront l’évêque diocésain.L’Évêque est instamment prié d’exaucer leur désir. S’il nepeut pas pourvoir à cette forme de célébration, il en seraréféré à la Commission pontificale Ecclesia Dei.Art. 8. L’évêque qui souhaite pourvoir à une telledemande de fidèles laïcs, mais qui, pour différentesraisons, en est empêché, peut en référer à la Commissionpontificale Ecclesia Dei, qui lui fournira conseil et aide.Art. 9, § 1. De même, le curé, tout bien considéré, peutconcéder l’utilisation du rituel ancien pour l’adminis-tration des sacrements du Baptême, du Mariage, de laPénitence et de l’Onction des Malades, s’il juge que lebien des âmes le réclame.§ 2. Aux Ordinaires est accordée la faculté de célébrer lesacrement de la Confirmation en utilisant le Pontificalromain ancien, s’il juge que le bien des âmes le réclame.§ 3. Tout clerc dans les ordres sacrés a le droit d’utiliseraussi le Bréviaire romain promulgué par le bienheureuxPape Jean XXIII en 1962.Art. 10. S’il le juge opportun, l’Ordinaire du lieu a ledroit d’ériger une paroisse personnelle au titre du canon518, pour les célébrations selon la forme ancienne durite romain, ou de nommer soit un recteur soit un cha-pelain, en observant les règles du droit.Art. 11. La Commission pontificale Ecclesia Dei, érigéepar le Pape Jean-Paul II en 1988 [5], continue à exercersa mission.

Cette commission aura la forme, la charge et lesnormes que le Pontife romain lui-même voudra luiattribuer.Art. 12. Cette commission, outre les facultés dont ellejouit déjà, exercera l’autorité du Saint-Siège, veillant àl’observance et à l’application de ces dispositions.

Tout ce que j’ai établi par la présente Lettre apos-tolique en forme de Motu proprio, j’ordonne que cela aitune valeur pleine et stable, et soit observé à compter du14 septembre de cette année, nonobstant toutes chosescontraires.

Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 7 juillet del’an du Seigneur 2007, en la troisième année de monpontificat.

BENOIT XVI

[1]Présentation générale du Missel romain, troisième édition,2002, n. 397.[2]Jean-Paul II, Lettre ap. Vicesimus quintus annus (4 décembre1988), n. 3 : AAS 81 (1989), p. 899 ; La Documentation catholique86 (1989), pp. 518-519.[3]Ibidem.[4] , Motu proprio Abhinc duos annos (23 octobre 1913) : AAS 5(1913), pp. 449-450 ; cf. Jean-Paul II, Lettre ap. Vicesimus quintusannus, n. 3 : AAS 81 (1989), p. 899 ; La Documentation 86 (1989),p. 519.[5]Cf. Jean-Paul II, Motu proprio Ecclesia Dei adflicta (2 juillet1988), n. 6 : AAS 80 (1988), p. 1498 : La Documentationcatholique 85 (1988), pp. 788-789.[01041-03.01] [Texte original : Latin]

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FRANCECatholique N° 3080 13 JUILLET 2007 17

Chers frères dans l’Episcopat,

C’est avec beaucoup de confiance et d’espérance queje remets entre vos mains de pasteurs le texte d’une nou-velle lettre apostolique Motu Proprio data, sur l’usage dela liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970. Cedocument est le fruit de longues réflexions, de multiplesconsultations, et de la prière.

Des nouvelles et des jugements formulés sans infor-mation suffisante, ont suscité beaucoup de confusion.On trouve des réactions très diverses les unes des autres,qui vont de l’acceptation joyeuse à une dure opposition,à propos d’un projet dont le contenu n’était, en réalité,pas connu.

Deux craintes s’opposaient plusdirectement à ce document, et jevoudrais les examiner d’un peuplus près dans cette lettre.

En premier lieu il y a la crainted’amenuiser ainsi l’autorité duconcile Vatican II, et de voir mettreen doute une de ses décisionsessentielles – la réforme liturgique.Cette crainte n’est pas fondée. A cepropos, il faut dire avant tout quele Missel, publié par Paul VI etréédité ensuite à deux reprises parJean-Paul II, est et demeure évi-demment la Forme normale – laForma ordinaria – de la liturgieEucharistique. La dernière versiondu Missale Romanum, antérieureau Concile, qui a été publiée sousl’autorité du Pape Jean XXIII en1962 et qui a été utilisée durant leConcile, pourra en revanche êtreutilisée comme Forma extraordina-ria de la Célébration liturgique. Iln’est pas convenable de parler de ces deux versions duMissel Romain comme s’il s’agissait de "deux rites". Ils’agit plutôt d’un double usage de l’unique et même Rite.

Quant à l’usage du Missel de 1962, comme Formaextraordinaria de la Liturgie de la Messe, je voudrais atti-rer l’attention sur le fait que ce Missel n’a jamais été juri-diquement abrogé, et que par conséquent, en principe, ilest toujours resté autorisé. Lors de l’introduction du nou-veau Missel, il n’a pas semblé nécessaire de publier desnormes propres concernant la possibilité d’utiliser leMissel antérieur. On a probablement supposé que celane concernerait que quelques cas particuliers, que l’onrésoudrait localement, au cas par cas. Mais, par la suite,il s’est vite avéré que beaucoup de personnes restaient

fortement attachées à cet usage du Rite romain, qui leurétait devenu familier depuis l’enfance. Ceci s’est produitavant tout dans les pays où le mouvement liturgique avaitdonné à de nombreuses de personnes une remarquableformation liturgique, ainsi qu’une familiarité profonde etintime avec la forme antérieure de la Célébration litur-gique. Nous savons tous qu’au sein du mouvementconduit par l’Archevêque Mgr Lefebvre, la fidélité auMissel ancien est devenue un signe distinctif extérieur ;mais les raisons de la fracture qui naissait sur ce pointétaient à rechercher plus en profondeur. Beaucoup depersonnes qui acceptaient clairement le caractèrecontraignant du Concile Vatican II, et qui étaient fidèlesau Pape et aux évêques, désiraient cependant retrouverégalement la forme de la sainte Liturgie qui leur étaitchère ; cela s’est produit avant tout parce qu’en de nom-breux endroits on ne célébrait pas fidèlement selon lesprescriptions du nouveau Missel ; au contraire, celui-cifinissait par être interprété comme une autorisation, voiremême une obligation de créativité ; cette créativité a sou-vent porté à des déformations de la Liturgie à la limite dusupportable. Je parle d’expérience, parce que j’ai vécu

moi aussi cette période, avectoutes ses attentes et ses confu-sions. Et j’ai constaté combien lesdéformations arbitraires de laLiturgie ont profondément blessédes personnes qui étaient totale-ment enracinées dans la foi del’Eglise.

C’est pour ce motif que lePape Jean-Paul II s’est vu dansl’obligation de donner, avec leMotu proprio Ecclesia Dei du 2juillet 1988, un cadre normatifpour l’usage du Missel de 1962 ;ce cadre ne contenait cependantpas de prescriptions détaillées,mais faisait appel de manièreplus générale à la générosité desévêques envers les "justes aspira-tions" des fidèles qui réclamaientcet usage du Rite romain. A cetteépoque, le Pape voulait ainsiaider surtout la Fraternité SaintPie X à retrouver la pleine unitéavec le successeur de Pierre, en

cherchant à guérir une blessure perçue de façon toujoursplus douloureuse. Cette réconciliation n’a malheureuse-ment pas encore réussi ; cependant, une série de com-munautés a profité avec gratitude des possibilités offertespar ce Motu proprio. Par contre, en dehors de cesgroupes, pour lesquels manquaient des normes juri-diques précises, la question de l’usage du Missel de 1962est restée difficile, avant tout parce que les évêques crai-gnaient, dans ces situations, que l’on mette en doutel’autorité du Concile. Aussitôt après le Concile Vatican II,on pouvait supposer que la demande de l’usage duMissel de 1962 aurait été limitée à la génération plusâgée, celle qui avait grandi avec lui, mais entre-temps ilest apparu clairement que des personnes jeunes décou-

Lettre du Saint-Père Benoit XVI

à tous les Evêques du monde pour

présenter le Motu Proprio sur l’usage

de la Liturgie Romaine antérieure

à la Réforme de 1970

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18 FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007

vraient également cette forme liturgique, se sentaientattirées par elle et y trouvaient une forme de rencontreavec le mystère de la Très Sainte Eucharistie qui leurconvenait particulièrement. C’est ainsi qu’est né lebesoin d’un règlement juridique plus clair, que l’on nepouvait pas prévoir à l’époque du Motu Proprio de1988 ; ces Normes entendent également délivrer lesévêques de la nécessité de réévaluer sans cesse la façonde répondre aux diverses situations.

En second lieu, au cours des discussions sur ce MotuProprio attendu, a été exprimée la crainte qu’une pluslarge possibilité d’utiliser le Missel de 1962 puisse porterà des désordres, voire à des fractures dans les commu-nautés paroissiales. Cette crainte ne me paraît pas nonplus réellement fondée. L’usage de l’ancien Missel pré-suppose un minimum de formation liturgique et un accèsà la langue latine ; ni l’un ni l’autre ne sont tellement fré-quents. De ces éléments préalables concrets découleclairement le fait que le nouveau Missel restera certaine-ment la Forme ordinaire du Rite Romain, non seulementen raison des normes juridiques, mais aussi à cause de lasituation réelle dans lesquelles se trouvent les commu-nautés de fidèles.

Il est vrai que les exagérations ne manquent pas, niparfois des aspects sociaux indûment liés à l’attitude decertains fidèles liés à l’ancienne tradition liturgique lati-ne. Votre charité et votre prudence pastorale serviront destimulant et de guide pour perfectionner les choses.D’ailleurs, les deux Formes d’usage du Rite Romain peu-vent s’enrichir réciproquement : dans l’ancien Misselpourront être et devront être insérés les nouveaux saints,et quelques-unes des nouvelles préfaces. La CommissionEcclesia Dei, en lien avec les diverses entités dédiées àl’usus antiquior, étudiera quelles sont les possibilités pra-tiques. Dans la célébration de la Messe selon le Misselde Paul VI, pourra être manifestée de façon plus forteque cela ne l’a été souvent fait jusqu’à présent, cettesacralité qui attire de nombreuses personnes vers le riteancien. La meilleure garantie pour que le Missel de PaulVI puisse unir les communautés paroissiales et être aiméde leur part est de célébrer avec beaucoup de révérenceet en conformité avec les prescriptions ; c’est ce qui rendvisible la richesse spirituelle et la profondeur théologiquede ce Missel.

J’en arrive ainsi à la raison positive qui est le motif quime fait actualiser par ce Motu Proprio celui de 1988. Ils’agit de parvenir à une réconciliation interne au sein del’Eglise. En regardant le passé, les divisions qui ont lacéréle corps du Christ au cours des siècles, on a continuelle-ment l’impression qu’aux moments critiques où la divi-sion commençait à naître, les responsables de l’Eglisen’ont pas fait suffisamment pour conserver ou conquérirla réconciliation et l’unité ; on a l’impression que lesomissions dans l’Eglise ont eu leur part de culpabilitédans le fait que ces divisions aient réussi à se consolider.Ce regard vers le passé nous impose aujourd’hui uneobligation : faire tous les efforts afin que tous ceux quidésirent réellement l’unité aient la possibilité de resterdans cette unité ou de la retrouver à nouveau. Il me vientà l’esprit une phrase de la seconde épître aux Corin-thiens, où Saint Paul écrit : "Nous vous avons parlé en

toute liberté, Corinthiens ; notre cœur s'est grand ouvert.Vous n'êtes pas à l'étroit chez nous ; c'est dans voscœurs que vous êtes à l'étroit. Payez-nous donc deretour ; ouvrez tout grand votre cœur, vous aussi ! " (2Co6,11-13). Paul le dit évidemment dans un autre contexte,mais son invitation peut et doit aussi nous toucher, préci-sément sur ce thème. Ouvrons généreusement notrecœur et laissons entrer tout ce à quoi la foi elle-mêmefait place.

Il n’y a aucune contradiction entre l’une et l’autreédition du Missale Romanum. L’histoire de la liturgie estfaite de croissance et de progrès, jamais de rupture. Cequi était sacré pour les générations précédentes restegrand et sacré pour nous, et ne peut à l’improviste se re-trouver totalement interdit, voire considéré commenéfaste. Il est bon pour nous tous, de conserver lesrichesses qui ont grandi dans la foi et dans la prière del’Eglise, et de leur donner leur juste place. Evidemment,pour vivre la pleine communion, les prêtres des commu-nautés qui adhèrent à l’usage ancien ne peuvent pas nonplus, par principe, exclure la célébration selon les nou-veaux livres. L’exclusion totale du nouveau rite ne seraitpas cohérente avec la reconnaissance de sa valeur et desa sainteté.

Pour conclure, chers Confrères, il me tient à cœur desouligner que ces nouvelles normes ne diminuent aucu-nement votre autorité et votre responsabilité, ni sur laliturgie, ni sur la pastorale de vos fidèles. Chaque Evêqueest en effet le "modérateur" de la liturgie dans son proprediocèse (cf. Sacrosanctum Concilium, n. 22 : Sacrae litur-giae moderatio ab Ecclesiae auctoritate unice pendet :quae quidem est apud Apostolicam Sedem et, ad nor-mam iuris, apud Episcopum).

Rien n’est donc retiré à l’autorité de l’Evêque dont lerôle demeurera de toute façon celui de veiller à ce quetout se passe dans la paix et la sérénité. Si quelque pro-blème devait surgir et que le curé ne puisse pas lerésoudre, l’Ordinaire local pourra toujours intervenir, enpleine harmonie cependant avec ce qu’établissent lesnouvelles normes du Motu proprio.

Je vous invite en outre, chers Confrères, à bien vou-loir écrire au Saint-Siège un compte-rendu de vos expé-riences, trois ans après l’entrée en vigueur de ce Motuproprio. Si de sérieuses difficultés étaient vraiment appa-rues, on pourrait alors chercher des voies pour y porterremède.

Chers Frères, c’est en esprit de reconnaissance et deconfiance que je confie à votre cœur de Pasteurs cespages et les normes du Motu proprio. Souvenons-noustoujours des paroles de l’Apôtre Paul, adressées auxprêtres d’Ephèse : "Soyez attentifs à vous-mêmes, et àtout le troupeau dont l'Esprit-Saint vous a établis gar-diens, pour paître l'Eglise de Dieu, qu'il s'est acquise parle sang de son propre Fils" (Ac 20,28).

Je confie à la puissante intercession de Marie, Mèrede l’Eglise, ces nouvelles normes, et j’accorde de toutmon cœur ma Bénédiction Apostolique à vous, chersConfrères, aux curés de vos diocèses, et à tous les prêtresvos collaborateurs ainsi qu’à tous vos fidèles.

Fait auprès de Saint-Pierre, le 7 juillet 2007

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LECTURES

uand on veut, on peut !" disent les uns. "Je voudraisbien, mais je n'y arrive

pas !" répondent les autres. Tel estle dialogue de sourds qui se repro-duit sans cesse, et même en nous-même, entre les exigences de laLoi et les faiblesses de la chair.Face à cette situation, le Christn'est pas venu apporter de nou-veaux développements à la Loi (enmatière de charité fraternelle parexemple), ni une nouvelle insis-tance pour nous y obliger. Il estvenu prendre en compte la situa-tion réelle de l'homme blessé danssa volonté, depuis le péché origi-nel, pour le relever et lui rendre saliberté.

Déjà le Deutéronome, à la finde l'énoncé précis des loisd'Israël, nous laissait entrevoir quel'obéissance à la volonté de Dieun'était pas le parcours du combat-tant, ou un idéal inaccessible pourle commun des mortels, mais quela Parole de Dieu, en ce domaine,était "tout près", "dans notre bou-che et dans notre cœur". Loin denous surplomber de toute sa hau-teur, Dieu venait proportionner ses

exigences à notre faiblesse.Première lumière sur notre route.

Saint Paul, dans le célèbre pas-sage de la Lettre aux Colossiens,nous donne la clef du changementopéré par l'Incarnation. Jésus est le"premier né par rapport à toutecréature" : il est donc de notrecôté. Si Dieu le Père continue denous attendre sur la ligne d'arri-vée, il a envoyé son Fils se mettreavec nous sur la ligne de départ,pour faire avec nous l'épreuve dela course. C'est pourquoi il peutêtre dit le "chemin" (et pas seule-ment le but). C'est encore pour-quoi saint Paul peut écrire que lePère "a voulu tout réconcilier parLui (Jésus) et pour Lui, en faisant lapaix par le sang de sa croix."

Ce n'est pas nous qui nousréconcilions, faisant un bout de chemin vers Dieu, qui, en retour, en ferait un dans notre sens. Cela, nous en sommes radicale-ment incapables. Jésus a fait toutle chemin, il a réalisé à notreplace, et dans les circonstances lesplus terribles, l'œuvre d'adorationet d'obéissance filiales que nous n'arrivions plus à offrir. Et ainsi,

positivement, il nous a réconciliésavec Dieu.

Alors seulement, nous pouvonsentendre en vérité la parabole dubon Samaritain, sans l'appauvrir etla ramener à une banale leçon deservice. L'homme tombé auxmains des brigands, c'est nous,c'est chacun de nous, dans l'échecde notre vie morale et spirituelle,dans l'incapacité d'aimer, d'êtrefidèle, de donner un sens à notrevie. Et Jésus, Lui, le plus étranger ànotre manière d'être, l'homme del'extérieur, le Samaritain, se fait leprochain de notre misère, la prendsur Lui, la porte comme il a portéla croix, après avoir soigné nosblessures par ses sacrements(signifiés ici par l'huile et le vin) etavant de nous confier à son Eglise,comme à l'auberge où nous pour-rons prendre des forces "jusqu'àson retour".

C'est pour nous la seule issue :il s'agit d'accepter d'être soignépour retrouver le dynamisme denotre vie faite pour Dieu. �

15e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIREAnnée C

(Dt 30,10-14 ; Col 1,15-20 ; Lc 10,25-37)

Père Michel GITTON

"Q

Volonté de Dieuvolonté humaine

Le SéminairLe Séminaire des Barbelés 1945-1947e des Barbelés 1945-1947Récitant : Michaël Lonsdale

Peu d’hommes ont incarné comme Franz Stock la volonté de réconciliation franco-allemande. Sa viefut un témoignage d’amour pour l’humanité. Son héritage moral perdure à travers les livres et lestémoignages de ceux qui l’ont connu dans les circonstances extrêmes de la guerre. Le souvenir leplus concret qui reste de lui en France est au Coudray, près de Chartres. C’est le bâtiment qui a abritéde 1945 à 1947 ce que l’Histoire a retenu sous le nom de Séminaire des Barbelés et qui, sous ladirection de Franz Stock, accueillit près de 1000 jeunes Allemands et Autrichiens, prêtres etséminaristes prisonniers de guerre, qui allaient contribuer à créer l’Allemagne nouvelle. Dès lesannées 60, des associations françaises et allemandes ont été créées par ceux et celles qui voulaientque cet homme hors du commun serve de modèle des deux côtés du Rhin à tous ceux qui voulaientapporter leur contribution à la réconciliation entre nos deux pays et bâtir une Europe de la paix.

FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007 19

Le symbole de la réconciliation

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es participants des congrès deVelehrad étaient principalementdes Européens de l’Est, et ont étébientôt rejoints par des théolo-giens et des experts de l’Orient

chrétien de différents continents. Dès ledébut ont participé à ces congrès descatholiques romains et grecs-catholiquesainsi que des théologiens orthodoxes, prin-cipalement russes. Avant la deuxièmeguerre mondiale se sont tenus septcongrès, puis après 1945, deux autrescongrès avec une participation principaledes Tchèques et des Slovaques. Dans lesannées 30 les congrès de Velehrad sontdevenus le grand forum œcuménique(dans le sens moderne de ce mot)en Europe centrale et orientale.Dans l'esprit de Velehrad, descongrès semblables ont eu lieuplus tard à Pinsk et à Lviv.

Le but des congrès de Veleh-rad était la recherche de nouvellesmanières de rassembler les Eglisesorientales et occidentales sur labase de leur tradition partagéeavec les saints Cyrille et Méthode.

Les congrès de Velehrad re-vêtent non seulement un caractè-re œcuménique, mais jouent éga-lement un rôle particulier pour lerenouvellement des racines chré-tiennes de l'Europe. C'est pourquoile sujet de réflexion de ce congrèsa porté sur l’établissement d’unesolidarité plus profonde entre chrétiens enEurope avec comme devise In necessariisunitas, in dubiis libertas, in omnibus caritas(l’Unité dans les choses nécessaires, la Li-berté dans les choses douteuses, l’Amouren toutes choses).

La réalisation du fait que les apôtresdes slaves saints Cyrille et Méthode ainsique saint Benoît sont les co-patrons del'Europe, ont conduit les participants ducongrès à attirer l'attention sur ce conti-nent, non seulement en raison de sa res-ponsabilité globale à l’égard de la paix et

du service de l'humanité mais égalementen vue du fait que ses citoyens sont appe-lés à retourner à leurs valeurs spirituelles,basées sur l'évangile du Christ. En consé-quence, le congrès s'est concentré sur desthèmes de rélexion tels que l'identité chré-tienne et la nouvelle évangélisation del'Europe, le pansement des blessures, lapurification de la mémoire, la nécessité dela réconciliation, l'importance et l'urgencede la solidarité et de l'amitié. [...]

Dans l'esprit des fondateurs du mouve-ment de Velehrad, reconnaissant l'unitéessentielle des Eglises orientales et occi-dentales en tant que parties fondamenta-lement inséparables du corps du Christ,

nous appelons les Chrétiens de l'Europe dedifférentes traditions à : 1) fournir le témoignage du respect et dela solidarité mutuels en ne permettantpas des expressions ou des publications quiseraient blessantes pour les chrétiens d'au-tres traditions [...] ;2) chercher, nourrir et propager la coopé-

ration, la solidarité et l'amitié entrechrétiens eux-mêmes dans différentessphères de la vie : sociale, culturelle, artis-tique, pastorale et éducative, [...] ; 3) stimuler et répandre l'esprit de la tradi-

EGLISE

20 FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007

ŒCUMENISME

La conférence

œcuménique de Velehrad

(République Tchèque)

a eu lieu du 28 juin au

1er juillet 2007, organisée

par l’Institut d’Etudes

Œcuméniques de Lviv

avec le Centro Aletti

d’Olomouc. Parmi

les 150 participants

à la manifestation,

ont participé 35 évêques

catholiques,

grecs-catholiques et

orthodoxes. Parmi les

personnalités présentes,

le cardinal Vlk de Prague,

Mgr Stéphanos

(Charalambidis)

métropolite orthodoxe

de Tallinn ou encore le

cardinal Spidlik de Rome.

Mgr Jan Graubner,

archevêque d’Olomouc et

le cardinal Lubomyr Husar

de Kyiv avaient souhaité

pour leur centenaire

relancer la tradition des

congrès œcuméniques

de Velehrad débutée

en 1907 et interrompue

en 1947 par le régime

communiste.

LLecongrès de

Antoine Arjakovsky (à droite), directeur de l'Institut œcuménique de Lviv, Konstantin Sigov, directeur

des éditions l'Esprit et la lettrea Kiev, avec le métropolite orthodoxe

Mgr Stéphanos de Tallinn

Page 21: année Mabillon - france-catholique.frBRÈVES 2 FRANCECatholique N 3080 13 JUILLET 2007 FRANCE DECES :Claude Pompidou, 94 ans, veuve de l'ancien président de la Répu-blique, est

tion des saints Cyrille et Méthode com-mune aux catholiques et orthodoxes ;4) accepter et réaliser les propositions deJean-Paul II (2000) et du Conseil œcumé-nique des Eglises (2004) pour formuler etmettre en application une "métrologieœcuménique" et même un "calendrierœcuménique des fêtes des saints", expres-sion concrète de l'identification et de lacélébration des martyrs et des saints desdifférentes églises chrétiennes. 5) organiser ensemble et participer active-ment aux projets sociaux et charitablesen faveur des personnes les moins proté-gées socialement, aux immigrés, auxmalades, et à d'autres ; 6) prêter une attention appropriée aux be-soins pastoraux des couples mixtes, et fa-voriser leur pleine participation à la vied'église ; 7) montrer le respect profond pour la di-gnité de la personne et la valeur de la viehumaine à toutes les étapes de son déve-loppement, de sa conception à la mortnaturelle ;8) en raison de la nouvelle évangélisationde l'Europe, participer à l’organisation encommun impliquant particulièrement laparticipation de la jeunesse à des pèleri-nages, à des conférences et des retraitesspirituelles, des réunions de prière...9) afin d'éviter toute sorte de prosélytismeréciproque, adopter l'expérience des com-missions communes qui examineront lepassage de fidèles d'une Eglise à l'autre,guidée par les principes du respect pour laliberté de conscience, la transparence, lerespect et la reconnaissance de l'autre tra-dition et qui traiteraient chaque cas avecla considération et la prudence pastorales ; 10) organiser des groupes de travail pourla publication commune des livres surl'histoire du christianisme, dans laquelleles représentants de diverses dénomina-tions chrétiennes et des historiens objec-tifs participeraient et laquelle présenteraitdes événements controversés sous leursaspects multiformes ;

11) exprimer une solidarité œcuméniqueavec les Chrétiens de Belarus et les soute-nir spirituellement dans leurs efforts versun témoignage commun, se rappelant queles théologiens de Belarus dès le débutétaient intéressés par les congrès deVelehrad (leur participation a commencéen 1927 au 5e congrès), que les idées descongrès de Velehrad ont trouvé leur ex-pression théologique et pastorale égale-ment aux conférences de Pinsk dans lesannées 30, et que la tradition vivante dessaints Cyrille et Méthode continue à êtreprésente dans les conférences organiséeschaque année à Minsk avec l'appui del'Eglise orthodoxe de Belarus.

Exprimant notre solidarité profondeavec Sa Sainteté, le patriarche œcumé-nique Bartholomée Ier de Constantinople etavec tous les chrétiens en Turquie se trou-vant dans des situations difficiles, noussouhaitons adresser au gouvernement de

la Turquie une lettre soutenant le patriar-cat de Constantinople dans son droit dejouir de ses libertés civiles et en particulierde son droit à restaurer son séminaire àHalki.

Nous, chrétiens, sommes heureux queles portes de l'Union Européenne aient étéouvertes aux pays de l'Europe de l'Est etnous voudrions voir le développement ul-térieur de notre maison européenne com-mune en augmentant le nombre de projetssociaux et spirituels et par de nouvellesformes de coopération avec les pays euro-péens qui ne sont pas encore membres del'U.E.

Suivant les frères saints Cyrille et Mé-thode de Thessalonique dans leur ministè-re au service de la Parole, nous nous pla-çons d’un seul cœur et d’un seul espritsous la conduite de l’Esprit Saint, qui estla source et le garant de l’unité authen-tique. �

EGLISE

FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007 21

Nous sommes heureux que les portes del’Union Européenne aient été ouvertes

VelehradD.

R.

D.R.

Photo de groupe autour du cardinal Vlk

(

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Les bienveillanteset leurs lauriers

par le Père Jean-François THOMAS s.j.

La publication fracassante des Bien-veillantes de Johnny Littell, l’été 2006, aété un nouvel épisode de la crise du ro-man, un signe supplémentaire de ladisparition, ou presque, du roman. Lesouci de l’ouvrage était bien littérairemais le tir au but fut manqué puisquel’auteur décrivait plus les fantasmes deson narrateur (ou les siens propres) quela décomposition réelle de la société.

Depuis la parution de ce premier romande Johnny Littell, les éloges n’ont pourtantpas manqué, d’ailleurs savamment orches-trés par une junte critico-littéraire, sous lahoulette d’un agent littéraire et d’un édi-teur certains d’avoir gagné le gros lot avantmême que la foire ne commence. Les lau-riers, Grand Prix du Roman de l’Académiefrançaise et Prix Goncourt, complétèrentles hommages et l’enthousiasme. Les ven-tes se multiplient, les traductions, d’autrestimbales ont été ou seront décrochées en

dehors de notre pays et l’auteur pourravivre tranquillement de ses rentes grâceaux cadavres des totalitarismes.

Après avoir lu l’ouvrage alors que lafièvre n’avait pas encore saisi l’intelligent-sia francophone, l’image d’opéra funèbre",selon l’expression d’Etienne de Montetydans le Figaro, demeura présente à monesprit, de façon persistante et dérangeante.Les lauriers cachent la forêt dans les pro-fondeurs de laquelle se tapissent des ogrespeu fréquentables. Car enfin, la questionqui doit être posée est la suivante : l’écri-vain a-t-il donné naissance à un roman ?Si oui, nulle mesure de musique wagné-rienne ne devrait prendre le pas sur lesmots décrivant la réalité. Des parallèlespeuvent être hâtivement croqués avec leschefs-d’œuvre de Vassili Grossman Vie etdestin et d’Eugenio Corti Le Cheval rouge,et cependant, ils mènent à une impasse,car ce qui subsiste de la lecture desBienveillantes est " le charme malsain qu’ildégage (…), carrément addictif, voire jouis-sif " pour reprendre Eric Fouquet, louan-geur, dans Chronic’art.

Certes, le roman, dans son essence, estdangereux. Kafka le considérait comme le"salaire du diable", Tolstoï comme "démo-niaque". Tout roman met en péril puisquesa voie royale est la description des mœurs.Un romancier, selon Philippe Muray, esttoujours un déserteur de la société, unesorte d’abstentionniste actif, quelqu’un quiécrit contre lui-même, contre ses propresmalheurs et aussi contre ceux de la société.Un romancier est celui qui "bondit hors durang des meurtriers" disait encore Kafka,"du rang des sucriers" renchérissait ironi-quement Muray, poursuivant que la tâchedu romancier est de méditer les rapportsdu Bien et du Mal, et donc que son romansera un traité de mise à distance des phé-nomènes qui s’y trouvent renversés et

décomposés pour y être racontés.Or, Les Bienveillantes sont un "romen-

quête", selon la formule d’Edouard Husson,un "canular déplacé", ajoute-il. En effet, lepersonnage principal, le narrateur qui nousentraîne à sa suite pour revivre ses souve-nirs, Maximilien Aue, est un officier SS dela Sécurité totalement invraisemblable. Ilsuffit de lire les confessions, réelles, descriminels de guerre nazis, pour comprendrequ’aucun n’a jamais songé à la modérationet que la banalité du mal, telle que déve-loppée par la philosophe Hannah Arendt,n’aboutit pas à une sorte de justificationapitoyée, ou tout au moins en suspens, dubourreau. Johnny Littell ne prend pas dis-tance. Il n’est pas romancier. Il n’est pashistorien non plus puisque son érudition,largement nuancée par toutes sortes d’er-reurs, ne sert pas à une vision plus claire del’Histoire. Il brouille les cartes. Le malaisequ’il fait naître dans l’âme du lecteur neprovient pas de la description des horreursmultiples dans la vie de son héros, dans lescamps d’extermination, au bord des fossescommunes ou sur les champs de batailles.Le malaise provient du fait qu’il cultive àl’envi la confusion. En refermant le volume,le lecteur se surprendra peut-être à s’affi-cher autant nihiliste que le narrateur, àéprouver une certaine sympathie pour Max,à contempler Hitler habillé en rabbin, àsoupirer sur les ruines de Berlin. Ce livre,qui s’affiche officiellement comme un ren-versement de tendance vis-à-vis de tant denouveaux romans, n’est pas moins relati-viste et manipulateur, exhibitionniste etnauséabond, racoleur et flatteur que beau-coup d’autres qui exposent à longueur depages les expériences charnelles ou l’atti-rance de la saleté, de la laideur, de la vio-lence.

Encore une fois, les lauriers couronnentce qu’il y a de plus trouble. Et le vent dusuccès n’a de cesse de disperser les cendresdes victimes.

J.-F. T

IDEES

22 FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007

“LES BIENVEILLANTES”

Le roman de Johnny Littell,

paru il y a exactement un

an, a été un succès

considérable et qui se

poursuit. L’effet

médiatique retombé, il est

encore temps d’essayer de

convaincre ses centaines

de milliers de lecteurs

qu’ils se sont fait avoir...

Complaisance

Un romancier est celui qui“bondit hors du rang des meurtriers”(

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Les complaisantes

par Alexandre DA SILVA

Edouard Husson est historien, spécia-liste de l’Allemagne contemporaine,actuellement associé à une recherche surla mise en œuvre de la Solution finale enUkraine ; Michel Terestchenko est philo-sophe, auteur d’un ouvrage sur la banali-té du mal et la banalité du bien. (1) Ils ontpublié ensemble une critique radicale (2)

du livre de Littell, qui les conduit à uneréflexion salutaire sur la littérature et lemal. Comment évoquer l’absolue violencesans se laisser fasciner et sans faire tom-ber les lecteurs dans un piège effective-ment diabolique ?

Comment transmettre aux nouvellesgénérations la mémoire d’une épreuve siterrifiante qu’elle est indicible pour l’es-sentiel ?

Qui peut dire ce que fut le totalita-risme dans ses applications concrètes,concentrationnaires et génocidaires ? - les historiens, qui s’efforcent d’expliquerla mécanique infernale et d’en mesurer leseffets – avec des comptabilités macabresqui les rendent suspects de froideur auxyeux de ceux qui sont passés par les campsde la mort.- les rescapés, qui durent attendre desannées, voire des dizaines d’années, avantde parler ou de tenter d’écrire ce qu’ilsavaient vécu. Beaucoup publient le récit deleurs souffrances en peu de pages, dans depetites maisons d’éditions. Quelques-unsparviennent à composer une œuvre, essen-tielle quant au témoignage et à laréflexion, et prennent place parmi lesgrands écrivains du XXe siècle – ainsi PrimoLévi et Robert Antelme, AlexandreSoljénitsyne et Varlam Chalamov.

Le paradoxe est connu : ce sont desécrivains et des poètes qui ont réussi ànous rendre intelligible et sensible, par untravail d’artiste, la réalité des camps nazis

et staliniens. Travail de reproduction duréel qui transcende la description, donne saportée métaphysique à l’expérience indivi-duelle et nous révèle, par éclats, la véritéde ce qui a été commis. Edouard Husson etMichel Terestchenko, qui explicitent ceparadoxe, soulignent très justement quel’artiste rescapé se met toujours à distance,"s’absente de l’histoire qu’il a vécue" afinde la rendre présente.

Il est compréhensible que de jeunesécrivains, qui ne peuvent connaître les sys-tèmes totalitaires que par les archives écri-tes et filmées, soient tentés de faire à leurtour œuvre littéraire. Leurs justificationsne manquent pas : les victimes et lestémoins directs sont en train de dispa-raître, il faut faire son "devoir de mé-moire", communiquer son indignation, ré-

pondre à l’injonction du "plus jamais ça !"par un travail pédagogique. Or la littéra-ture est efficace, d’une efficacité décupléesi l’on reprend le projet d’un voyage auxenfers, afin que nous soyons saisis defrayeur.

Le livre de Jonathan Littell semble rele-ver de cette tentative littéraire puisquel’auteur nous fait pénétrer dans l’esprit etle corps de Maximilien Aue, bourreau naziqui raconte au soir de sa vie comment ilobserva la Solution finale et y participa.N’est-il pas nécessaire de dire comment lesS.S. – pas seulement eux – exterminèrentles Juifs en Ukraine, dans le Caucase, enHongrie, en Autriche, en Allemagne ? Nedoit-on pas mettre en garde contre le cri-minel qui est en tout homme et qui peutpasser à l’acte dans certaines conditions ?

IDEES

pour le mal

FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007 23

D.R.

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IDEES

24 FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007

Les Bienveillantes pourraient donc êtreun ouvrage hautement recommandable.D’ailleurs, l’ouvrage est considéré parbeaucoup comme un chef d’œuvre qui ad’ailleurs les faveurs d’un vaste public.Edouard Husson et Michel Terestchenko serangent au contraire parmi les réfractaires.Mieux : ils ont pris la tête d’un mouvementde critique radicale en publiant une étudetrès solidement argumentée. Bien entendu,il ne s’agit pas pour eux de plaider la cen-sure ou d’appeler les futurs écrivains àl’autocensure. L’œuvre littéraire est plusefficace (le mot est employé à plusieursreprises) que le travail historique dans ladescription du mal ; sa dénonciation,lorsque l’artiste excelle dans son art, n’enest que plus forte.

Mais Husson et Terestchenko estimentqu’ils doivent adresser aux auteurs et auxlecteurs une mise en garde particulière-ment sévère quant à Jonathan Littell, enraison des centaines de milliers d’exem-plaires qu’il a vendus : "Il est des lieux quel’imagination ne peut sans danger franchir.Les camps de la mort par exemple".

L’avertissement prend plusieurs formes.La plus surprenante est de considérer LesBienveillantes comme un énorme et odieuxcanular. Maximilien Aue (homosexuelhanté par l’amour incestueux qu’il porte àsa sœur) est un SS invraisemblable quiévolue dans un monde fantomatique (mal-gré une somme impressionnante deconnaissances, le système politique naziressemble à une photo floutée), qui com-met des actes grotesques (Max Aue pincele nez de Hitler) dans des mises en scènesqui relèvent du kitsch et du pastiche.Certes, la littérature universelle est faitepour une part d’invraisemblances et de far-ces – mais, avec Rabelais et Cervantès,elles sont géniales. Quant à Jonathan Lit-tell, "nous sommes en présence d’un auteurnourri de Bataille, de Sade et de Genet etqui n’éprouve nulle gêne à promener sonpersonnage anachronique et improbabledans les champs de ruines de la SecondeGuerre mondiale. Mais qui peut croirequ’un tel bourreau ait jamais existé ?"

S’agirait-il seulement d’un romanraté ? Jonathan Littell aurait voulu nousmettre à la place du bourreau, afin quenous suivions le regard qu’il portait sur desatrocités inouïes, mais l’excès de fiches etles descriptions surchargées finiraient par

neutraliser les effets recherchés… En cecas, on pourrait comprendre que l’auteur,dans sa maladresse, reprenne des mor-ceaux de la propagande nazie pour l’am-biance (sur les Juifs, sur les Slaves), sansparvenir à marquer, d’une phrase, la mons-truosité du propos.

Mais le projet des Bienveillantes estbeaucoup plus inquiétant. D’entrée de jeu,si l’on peut dire, l’auteur propose à son lec-teur un "pacte pervers" en s’adressant à luicomme à un frère humain. On est tenté derépondre favorablement à ce rappel à lacommune humanité : un SS est malgrétout un homme, un ancien SS peut être unhomme sur la voie du repentir… Mais l’in-jonction humaniste peut conduire à l’oppo-sé de l’acte charitable : si le bourreau naziest un homme, tout homme peut trouvernormal de devenir un bourreau dans certai-nes conditions historiques.

De fait, Maximilien Aue invoque lamalchance d’être né à une certaine époquedans un certaine Allemagne, alors qued’autres ont eu simplement la chance devivre au même moment en Suisse ou auBrésil. Ce faisant, l’ancien nazi tente defaire de ses frères humains ses complices,sans que Jonathan Littell ne prévienne seslecteurs des risques d’une compassion quipeut les entraîner par-delà le bien et lemal. C’est ainsi que le regard bienveillantqu’on porte sur le bourreau se transformeen complaisance fascinée pour les crimesqu’il a commis ou ordonné de commettre.

Cette manière de comprendre le livrepourrait relever du procès d’intention siEdouard Husson et Michel Terestchenko neproduisaient leurs preuves. La principalepièce publiée n’est autre que l’allégorie deLéontios, un passage célèbre de LaRépublique de Platon que Maximilien Auerelit pendant les massacres de Juifs enUkraine : Léontios revenant du Pirée aper-çoit des corps suppliciés, éprouve l’envie deles regarder, ressent le dégoût de ce désirimmonde, lutte puis succombe à la tenta-tion. Mais l’histoire racontée par Platon estmorale et d’une portée métaphysique déci-sive (il faut que l’âme se libère de la chairqui se laisse attirer par le mal) car Léontiosmaudit les yeux qui se repaissent du spec-tacle. Au contraire, Maximilien Aue voitdans le récit platonicien la confirmation del’attrait de l’homme pour l’horrible et veuty trouver matière à excuser ses regards

fascinés. Comme Jonathan Littell, là en-core, ne se démarque pas de la lecture deson personnage, il n’est pas possible decroire à un simple contresens : l’allégoriede Léontios est retournée contre Platondans une intention maligne.

A l’élévation vers le Beau et le Bien,préférer la plongée dans le mal et s’y com-plaire : la moderne diablerie – au sens fortdu terme - avait déjà été décrite par Sade.Les esthètes accuseront Edouard Husson etMichel Terestchenko d’avoir commis uncrime contre la littérature en affirmant quele divin marquis a pensé "une bonne partde l’idéologie nazie". Les larges extraitstirés de L’Histoire de Juliette ne laissentpourtant aucun doute à cet égard : apolo-gie de la sélection raciale, culte de la vio-lence absolue, athéisme radical et négationrésolue du Décalogue. Les propos de Hitlercités quelques pages plus loin établissentl’identité de vues, rigoureusement nihiliste,entre l’écrivain et le Führer. Le premierconçoit, le second construit la "société desamis du crime" au sein de laquelle nouspénétrons en compagnie de JonathanLittell et de son sinistre héros.

En réalité, nous croyons pénétrer dansl’organisation criminelle nazie – on rencon-tre Eichmann, Speer et les autres – et dansle cerveau de l’un de ses fonctionnaires.Mais c’est une imposture érudite : tous lesgrades de la SS sont énumérés et tous lesgroupes linguistiques du Caucase, les évé-nements rapportés ont bien eu lieu, d’hor-ribles spectacles sont décrits avec délecta-tion et encore noircis par des inventionsobscènes. Nous sommes en présence d’unmontage voyeuriste, "ficelle grossière" faitepour fixer notre attention et pour rendre lelecteur complice du voyeur.

Des lecteurs ont pu s’y laisser prendremais ceux qui (re) liront Les Bienveillantesaprès Les Complaisantes s’apercevront quele voyeurisme aboutit à un échec remar-quablement exposé par nos deux auteurs :le voyeur est aveugle et s’aveugle, plus ilregarde plus il devient son propre dupe.Edouard Husson peut d’autant mieux mettreen évidence cette duperie de soi qu’il est àmême de comparer les récits de MaximilienAue et les témoignages qu’il a recueillis enUkraine au cours de l’enquête menée par lePère Patrick Desbois auprès de témoins desmassacres commis par les Allemands en1941. Celles et ceux qui ont vu les pires desatrocités n’en parlent jamais commeJonathan Littell. La différence des regardsne tient pas à l’opposition intellectuelle etsociale entre de simples paysans et un

D’entrée de jeu, l’auteur proposeà son lecteur un "pacte pervers"(

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brillant écrivain qui a lu (presque) tous leslivres se rapportant au sujet : les humblesparoles des Ukrainiens disent l’éminentedignité des victimes ; les abjections proli-férantes du littérateur constituent uneprofanation : "Max Aue est inhumain, nonseulement parce qu’il est incestueux etparricide, mais parce que, par les mots, ilprofane le corps des victimes". Faute de semettre à distance de son personnage,Jonathan Littell devient le co-auteur decette profanation.

L’accusation portée par Husson etTerestchenko est terrible. Peut-on la rejeterau prétexte que l’écrivain a tous les droitset que l’entreprise esthétique se situe au-delà du bien et du mal ? Les admirateursde Sade, de Jünger, de Genet voudraientimposer ce point de vue, au nom de laliberté. Le fascisme de Jünger – courageu-sement dénoncé par nos deux auteurs – etl’apologie esthète du guerrier nazi parSaint Genet ne sont manifestement pasinspirés par une philosophie de la liberté.Et les grands écrivains rescapés des campsde la mort ne cherchent pas à nous rendrecomplice du spectacle de l’assassinat demasse. Varlam Chalamov, par ses Récits dela Kolyma, nous saisit de terreur avec uneadmirable économie de mots – ceux d’unpoète. Et ce rescapé du Goulag, écrivant àPasternak, dit que "les écrivains sont desmaîtres à vivre (qui nous) montrent ce quiest bien, ce qui est mal, ils nous font peuret nous empêchent de nous enliser dans lesrecoins ténébreux de notre âme".

L’œuvre de Chalamov est salutaire :elle nous confronte au mal radical et nouspermet d’y échapper. Les 900 pages deJonathan Littell n’apprennent rien sur l’his-toire, ni sur l’homme : le romancier cher-che le grand choc émotionnel des trans-gressions radicales, il excite les plus ina-vouables des pulsions et tente de nousenfermer dans leur répétition, de plus enplus morne et désespérante. Edouard Hus-son et Michel Terestchenko ont raison d’é-crire que l’entreprise est diabolique : ellevise à séparer le lecteur du monde desêtres humains, à le rendre parfaitementindifférent à leur vie et à leur mort –comme le sont les gardiens de camps.

A.D. S.

(1) Michel Terestchenko, Un si fragile vernis d’hu-manité, banalité du mal, banalité du bien, Ed. LaDécouverte, 2005.(2) Edouard Husson - Michel Terestchenko, LesComplaisantes, Jonathan Littell et l’écriture du mal,Ed. F.-X. de Guibert. 254 pages. 18 €. Les citationsnon référencées sont tirées de cet ouvrage.

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lors que de nouveaux affronte-ments meurtriers ont ensan-glanté Mogadiscio, un couvre-feu a été instauré fin juin dansla capitale pour une durée indé-

terminée. Ces affrontements s’ajoutentaux conditions de vie déjà épouvantablesdes Somaliens : situation humanitairecatastrophique, confusion politique to-tale, indicateurs de santé parmi les plusdéplorables de la planète, mortalité in-fantile élevée… Le conflit entre les chefsde guerre et les tribunaux islamiques, laquasi-partition du pays en trois zones(Somaliland, Puntland et Somalie), et ladivision traditionnelle en clans et sous-clans, rend la sortie de cette crise et dece chaos très hypothétique.

La situation est d’autant plus regret-table que la Somalie est l’un des rarespays africains à connaître une unité eth-nique, culturelle, linguistique et reli-gieuse. Le problème principal reste lesSomaliens eux-mêmes : très susceptibleset bagarreurs, la notion de partage avecles autres clans leur est étrangère. "Unjour néanmoins, le désir de paix sera plusfort", estime Mgr Giorgio Bertin, évêquede Djibouti et Administrateur apostoliquede la Somalie, où il a passé quinze ansavant la "chute" de Mogadiscio en 1991.

En 1989, l’évêque de Mogadiscio,Mgr Salvatore Colombo, est assassiné.Mgr Bertin devient administrateur. Il doitse réfugier au Kenya en 1991. La cathé-drale de Mogadiscio a été brûlée puis

dynamitée. Dix ans plus tard, il estnommé évêque de Djibouti tout en gar-dant l’Administration apostolique de laSomalie. C’est lui qui prépare les émis-sions de Radio Vatican en Somalie et quia traduit la petite Bible Dieu parle à sesenfants (un projet de l’AED). Son cœur yest resté attaché. Il attend de pouvoir yretourner. L’Eglise y est ultra-mino-ritaire : 7000 catholiques, presque tousétrangers.

On se souvient bien sûr de Sœur Leo-nella Sgorbati, assassinée à Mogadisciole 17 septembre dernier. Sœur Leonellaétait enseignante à Mogadiscio, où elleassurait un cours pour infirmiers. BenoîtXVI a salué sa mémoire : "A certains, ilest parfois demandé le témoignage

suprême du sang, commecela est arrivé à Sœur Leo-nella, victime de la violence.Cette sœur qui, depuis desannées, servait les pauvres etles plus petits, est morte enprononçant le mot ‘pardon’ :voilà le témoignage chrétienle plus authentique, un signepacifique de contradictionqui démontre la victoire del’amour sur la haine et sur lemal… Il ne fait aucun douteque suivre le Christ est diffi-cile, mais, comme il le dit,seul celui qui perd sa vie àcause de lui et de l’Evangilela sauvera (Mc, 8, 35)".

Mgr Bertin est membre dela Conférence des évêqueslatins dans les pays arabes.Dans tous les pays concernés,l’Eglise est minoritaire. Dif-ficile de parler à voix hauteou d’entreprendre une évan-gélisation ouverte, mais la

présence de l’Eglise est appelée à porterdes fruits. A travers les écoles, les hôpi-taux, les œuvres de bienfaisance, la radioquand c’est possible, l’Eglise peut témoi-gner. Même si c’est difficile, l’évêqueinsiste pour dire qu’il est là pour la mis-sion, pour l’annonce de la Bonne Nou-velle.

Il déplore une certaine ambiguïtéparfois de l’Eglise dans le dialogue inter-religieux. Pour lui, ce dialogue est unaspect de l’évangélisation et il ne fautpas l’oublier ! Lorsqu’il entend des phra-ses comme : "on ne part pas pour évan-géliser mais pour être évangélisé", il necomprend pas. "Comment peut-on susci-ter des vocations missionnaires avecça ?" s’interroge-t-il.

La corne de l’Afrique attend la BonneNouvelle. A nous d’aider l’Eglise, par laprière et le partage, à annoncer l’Evan-gile. �

EGLISE

26 FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007

SOMALIE

par Marc FROMAGER

Si le grain ne meurt...

“A certains il est parfois demandé le témoignage suprême du sang”(

A vues humaines, il est

difficile d’entrevoir la réelle

fécondité de la présence

de l’Eglise dans ce pays et,

a fortiori, son avenir.

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Jeune femme et son filsprès de Bossaso

(Somaliland).

Page 27: année Mabillon - france-catholique.frBRÈVES 2 FRANCECatholique N 3080 13 JUILLET 2007 FRANCE DECES :Claude Pompidou, 94 ans, veuve de l'ancien président de la Répu-blique, est
Page 28: année Mabillon - france-catholique.frBRÈVES 2 FRANCECatholique N 3080 13 JUILLET 2007 FRANCE DECES :Claude Pompidou, 94 ans, veuve de l'ancien président de la Répu-blique, est

difiée entre 1910 et 1922 - au cœur del’enclos des Gobelins où s’établit un ate-lier de teinture au temps médiéval, puisune activité de tissage qui se poursuitaujourd’hui dans ces bâtiments inchan-

gés depuis le XVIIe siècle – la galerie fait retour àsa vocation originelle de monstration, avec unnouvel aménagement en deux plateaux de 500m2 chacun.

Elle doit présenter au public les collectionsdu Mobilier National, exposer les productionscontemporaines des manufactures d’Etat, explo-rer le domaine de la tapisserie en relation avec lapeinture, l’architecture, l’image numérique, ledesign, etc.

Une véritable promotion des métiers d’artdans leurs richesses et le renouvellement inces-sant de la création. Qui est destinée à tous lespublics.

Cette exposition inaugurale se divise selondes approches fort contrastées : les tapis ou lestapisseries créés par des artistes d’aujourd’hui ;

le cycle des quinze pièces de la "Tentured’Artémise" tissées au XVIIe siècle et un ensembled’objets exceptionnels datant de Louis XVI jus-qu’à Napoléon et la Restauration.

Le premier volet présente dix années de créa-tion, depuis 1997 dans les manufactures d’Etat,avec un beau mélange de mobilier, réalisé à l’Arc- atelier de recherches et de création.

On remarque dès l’entrée le fauteuil moulé"…de Ministre" imaginé par Christophe Pilletavec des placages de bois exotique et un cuirblanc. Une sobre solennité et la même gammechez Sylvain Dubuisson avec ce fauteuil ébène etcuir blanc mais qu’une poignée arrière amuse.Ou le design élégant de la fonte d’aluminium

EXPOSITIONS

Fermée au public depuis

trente ans, la Galerie des

Gobelins vient de réouvrir ses

portes. Avec une exposition

inaugurale d’envergure,

intitulée: "Les Gobelins

1607-2007 : Trésors dévoilés"

EUn bel échantillon des savoir-faire textiles,dans leurs interprétations d'aujourd'hui

28 FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007

Tapis de l'atelier de Lodève,d'après Matali Crasset (née en 1965)Hommage à l'Utopie de Ledoux - LaineTissage 2003-2006

Atelier de teinture.

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par Ariane GRENON

LA GALERIE DES GOBELINS

Les Gobelins 1607-trésors

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choisie par les frères Bouroullec. Un petitéchantillonnage qui donne une idée de l’étenduedu design à notre époque.

Admirons ensuite l’ensemble des tapisserieset tapis produits par les manufactures desGobelins et de Beauvais et celle de laSavonnerie, accrochés aux murs de la GrandeGalerie. Dix ans de commandes récentes noussurplombent !

A voir, l’univers toujours dangereusementfiguratif et défiguré de Gérard Garouste (tapisse-rie en laine des Gobelins ou la vie urbaine soi-gneusement argumentée par Boisrond (Beau-vais). Et le grand paysage abstrait de ShirleyJaffe. (Gobelins) ou l’atmosphère urbaine en griset blanc - des autos sous la pluie à la fin du jour– de Phipppe Cognée, une tapisserie en laine,soie et lin de Beauvais… Et encore les"Labyrinthes" d’Alechinsky ou les douces harmo-nies abstraites de Portzamparc pour un tapis dela Savonnerie, fait de laines au point noué.

Voici comment ce somptueux livre d’images àl’échelle monumentale, nous montre un beléchantillon des savoir-faire textiles, dans leursinterprétations d’aujourd’hui. Et la plupart de cesquarante huit pièces sont exposées pour la pre-mière fois ! Ce qui augmente encore l’intérêt decette visite.

Retour sur le passé à présent. L’origine destrois manufactures, Gobelins, Savonneries etBeauvais, est évoquée au travers du cycle excep-tionnel des 15 tapisseries de la tenture d’Ar-témise, une commande d’Henri IV pour Catherinede Médicis.

Tissé d’or et d’argent, selon les dessins dupeintre Antoine Caron, ce cycle monumental estmontré pour la première fois dans son entier,depuis le XVIIe siècle ! Il fait le récit des "sports"de l’époque, l’équitation, l’escrime… célèbre dehauts faits militaires, la prise d’un fort ou lesmanœuvres d’armées entières ou encore alignedes soldats, des trophées, etc.

On voit des silhouettes découpées par undessin vigoureux, peu de couleurs mais admira-blement composées avec ampleur et vivacité. Onobserve des chevaux et des figures en pleineaction, dans le tourbillon des costumes et defeuillages agités par le vent !

Toutes les beautés de laRenaissance sont présentesdans ces tentures où sontconstruits des bâtimentssuperbes, dressés dans degrandioses paysages où se

déroulent de multiples actions !Un monde foisonnant de vie et

d’évènements.Plus loin sont disposés des objets

précieux et des meubles d’apparat ayantsouvent reçu des restaurations specta-culaires.

Le pouvoir dévoile ici ses fastes…tel cet adorable bonheur du jour en

loupe d’amboine et acajou, attribué àWeiswesler. Ou cet élégant élément de pen-

dule de la bibliothèque de Louis XVI à Ver-sailles. Ou encore les trésors de la Ma-nufacture royale de Sèvres, ce vase"Arabe" de l’Alhambra par exemple ou lesdeux paires de vases étrusques, et puisdes brocards, damas, bois dorés ou encoresous une vitrine en dôme, le faste de 359pendules ! ou encore la portière de bro-card cramoisi, orné d’or à profusion, deLouis XVIII …

Mais l’on admire aussi d’autres œuvres plus contemporaines : un vase deDunand en cuivre laqué et un autre deLinossier, de fer oxydé et patiné. Tousdeux ont été présentés à l’Exposition uni-verselle de 1937.

Cette visite - assez spectaculaire, ilfaut le dire ! - s’achève sur une œuvrecontemporaine : le "Mur des lisses" deMonica Frydman, installation éphémèred’écheveaux de laine et de soie bruts.

La couleur fait des lignes – verticales,en référence avec la haute lisse – auxéclats lumineux. C’est aussi le fil inter-rompu de la tradition du tissage… �

EXPOSITIONS

"Les Gobelins 1607-2007 - Trésors dévoilés”,jusqu’au 30 septembre (12h30-18h30), tarifs :6 €, réduit 4 €, aux Galerie des Gobelins, 42avenue des Gobelins, 75013 Paris, tél. 01.44.08.53.49.

FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007 29

Torchère,Att. à François Honoré-Georges JacobEbène, étain, cuivre, bronzes dorés, marbre1815-1816.

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2007 :dévoilés

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omme toutes les expositions qui ontlieu au Musée de la Marine de Paris,celle sur les bateaux-jouets est parti-culièrement soignée. Elle couvre l’âged’or du jouet, l’époque où ce

qui fut d’abord maquettes luxueuses etfidèles jusque dans des systèmes de pro-pulsions fonctionnels destinées à unpublic connaisseur devint petit à petitune industrie. Il faut prévoir une heureet demie sans traîner, deux si on veutprendre le temps de savourer le plaisir decontempler de véritables merveilles.

À tout seigneur tout honneur, l’expo-sition s’ouvre sur des arches de Noéremontant jusqu’à 1850. Toujours datantdu milieu du XIXe siècle, on trouve en-suite un bateau à rames avec sa passa-gère et son compagnon aux avirons, muspar un mouvement d’horlogerie.

Ce qu’on nomme ainsi est évidem-ment plus encombrant que les méca-nismes des montres, mais le principereste celui du ressort dont la tension estrégulée par un mouvement qui assureune vitesse sans à-coups. Ce qui n’est

pas le cas de l’élastique ni du système à réactionqui expulse de l’eau dès qu’un solide a dégagéune pression suffisante au contact du liquide.Mais les deux systèmes propulsifs les plus utilisés

seront la vapeur et, plus tard, l’électri-cité.

Un bateau comme le "Comte deHainaut", avec sa chaudière opéra-tionnelle, est à cet égard plus qu’unjouet : la précision et le soin qui ysont apportés situent cet objet entrela maquette et le bijou.

On remarque au passage que lesfabricants respiraient l’air de leurépoque et l’exhalaient pareillement.Ainsi, en 1917, peut-on lire sur lapublicité pour un sous-marin : "jouetscientifique et bien français, car il netorpille ni les femmes ni les enfants".Inutile de préciser que dans la périodequi suit les bateaux présentés sonttrès majoritairement de guerre.

Mais le jouet a aussi une autrefonction : diffuser les nouvelles tech-nologies. Ainsi la torpille est mise aupoint en 1864 et existe en jouet vers

EXPOSITIONS

30 FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007

Du mouvement d’horlogerie

enchâssé dans un écrin

d’ébénisterie au fer blanc

peint, embouti et serti,

c’est toute l’histoire de la

naissance d’une industrie qui se

déroule. Avec ici pour thème le bateau.

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MUSEE NATIONAL DE LA MARINE

Jouets oub

© MUSÉE

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© MUSÉE NATIONAL DE LA MARINE

Flettner-Rotor, navire à turbo voiles,bateau jouet de parquet, vers 1925,Allemagne, Bing.

Jeux d’enfants (détail), François-LouisLanfant de Metz (1814-1892), XIXe siècle, Huile sur panneau.

Arche de Noé à fond plat et façade coulissante, contenant 67 paires d’animaux

et 7 personnages ; Bois sculpté et peint,

vers 1850, Allemagne.

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1900. En 1920 est inventée la propulsion selonl’effet Magnus et le bateau qui fera la traverséede l’Atlantique en 1926 navigue déjà en 1924 : lejouet sort en 1925. L’italien Agello bat le recorddu monde de vitesse sur hydravion avec sonF 260 en 1934 et le jouet sort deux mois après.

Parfois, cette rapidité à produire des répliquesen miniatures n’est pas exempte d’arrière-pen-sées, propagandiste diraient les uns, patriotiquesdiraient les autres, en tout cas sûrement commerciales. Ainsi la reproduction en jouet duyacht de Guillaume II est-elle baptisée pour lemarché français "France".

Cette industrie naissante multiplie son chiffred’affaire par sept entre 1849 et 1900. Et, pourimaginer la qualité des produits, il suffit d’évo-quer les marques Märklin ou Fleischmann, qui sesont recentrées par la suite uniquement sur lestrains électriques. Mais elles n’étaient pas lesseules : Bing, Carette, Schoenner, Arnold, Plank,Hess doivent aussi être comptés au nombre desfabricants allemands tandis qu’en France ontrouvait Radiguet, Rossignol, Lefebvre, Baré,Heller et Coudray, J. E. P., Hornby Meccano, J. R.D., Vébé, Gil.

Mais l’exposition ne présente pas que desmaquettes allant du chef-d’œuvre d’atelier à latôle emboutie et hermétiquement sertie. Un bas-sin est reconstitué, avec ses voiliers. Des tableaux

évoquant ces jeux sont exposés, de même quedes photographies de Willy Ronis, dont plusieursprises au jardin du Luxembourg. Par ailleurs, ilconvient de noter que l’exposition présente aussi,outre l’hydravion d’Agello, un scaphandrier, uncygne ou un dauphin nageur, un canot de sauve-tage, et même une nacelle de manège en formede bateau. Enfin, on peut se faire une certesincomplète mais première idée de cette exposi-tion sur le site du musée de la Marine, qui comporte même un enregistrement vidéo sur lapréparation d’icelle. �

EXPOSITIONS

Le joueta aussi une autrefonction :diffuser les nouvellestechnologies

FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007 31

ijoux ?par Pierre FRANÇOIS

© MUSÉE NATIONAL DE LA MARINE/A. FUX

Vue d’un atelier de fabricantde voiliers jouets, probablement

Deffain (1910-1980), début du XXe siècle, Anonyme.

Sous-marin,propulsion à mouvementd'horlogerie, vers 1925,Allemagne, Märklin

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"Bateaux jouets", jusqu’au 1er octobre. AuMusée national de la Marine, Palais deChaillot, 17 place du Trocadéro, 75116 Paris,tél. 01.53.65.69.69, ouvert tous les jourssauf le mardi (10h-18h). Entrée à 9 €, Tarifréduit 7 €, de 6 à 18 ans 5 €, billet équi-page : 29 €. site : www.musee-marine.fr

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ls sont nombreux chaque été à se réunir dansla demeure familiale de l’abbaye du Chalard. Etamateurs de musique. Une année, Albin de laTour leur organise un concert avec DimitrisSaroglou. Dans cette bâtisse chargée des émo-

tions de plusieurs générations et de la prière desmoines qui l’animèrent jadis, le coup de foudre estimmédiat et réciproque entre le pianiste et sonauditoire. Et tout le monde aboutit à la mêmeconclusion : il faut permettre au plus grand nombrede partager ce qu’ils ont vécu là. C’était en 2004.Depuis ce festival s’ancre dans son intuition de dé-part, avec une programmation des plus sérieuses.

Une de ses originalités tient à ce que dès l’ori-gine une programmation a été conçue pour lesenfants. "Je ne veux pas me comparer à FrancisPoulenc", son voisin de Brives-la-Gaillarde qui àforce d’être entouré d’enfants lui réclamant de lamusique finit par leur composer "L’histoire de Ba-bar", dit Albin de la Tour. Néanmoins, sa démarches’y apparente. Non seulement il leur programme"Pierre et le loup", mais il leur organise aussi unconcert où ils seront installés "comme des grands"dans des fauteuils, avec des bonbons en plus, pourécouter un échantillonnage de musiques plus oumoins légères, de "La lettre à Elise" à "La Panthèrerose" en passant par "La Marche turque"…

Trois autres cycles égaient ce festival, du 1er au14 août. Celui consacré aux cordes verra intervenirAugustin Dumay, qui enregistre chez DeutscheGrammophon, Yuri Bashmet et Anne Castinel, la-quelle a par deux fois gagné les Victoires de laMusique. Le cycle "Récital Prestige", qui se présen-tera sous la forme d’un week-end de piano, seraanimé par trois tempéraments très différents.Abdel Rahman El Bacha, lauréat du prix ReineElisabeth, pratique une musique intime alors que

ses goûts vont vers Chopin et Beethoven.Bruno Rigotto, qui a remplacé Aldo Ciccolini auConservatoire National Supérieur de Musique, estsurnommé "Le fulgurant" et aime plutôt Listz.Enfin, on aura aussi la présence de Jean-ClaudePennetier, programmé l’hiver prochain à la SallePleyel. Lui apprécie Schumann et est surnommé "lesage". La seule instruction donnée à tous cesinterprètes a été d’offrir un morceau qui se marieavec le cadre bucolique du lieu et de réserver dixminutes pour de la musique contemporaine expli-quée, sur les cent vingt du récital. Car faire comprendre que la musique est encore vivante faitpartie des buts du festival.

Le cycle "Expression lyrique" rendra d’abordhommage à Maria Callas, disparue il y a trenteans. Ce sera là le rôle de Tomoko Taguschi et desoixante-dix choristes. De son côté le contre-ténorRobert Expert fera découvrir un répertoire de plusen plus exploré aujourd’hui, celui des ex-castrats.Et la pianiste mezzo soprane (ou soprano) Va-dimova chantera des airs populaires russes et duBizet.

Enfin, le dernier cycle concernera le théâtremusical. D’une part Marie-Christine Barrault réci-tera, accompagnée par Dimitris Saroglou "Vol denuit", de Saint-Exupéry. De l’autre sera donné "Leneveu de Rameau", accompagné au clavecin.

Mais Albin de la Tour est un perfectionniste et,outre les formules comprenant séjours et repas, ilorganise aussi entre deux récitals la découverte deson Limousin en montgolfière et des parties degolf. �

FESTIVAL

32 FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007

ABBAYE DU CHALARD

Il n’est pas si fréquent que

l’organisateur d’un festival réserve

spontanément vingt invitations(1) aux

lecteurs de France catholique, ici au

spectacle de Marie-Christine Barrault

"Vol de nuit". Mais ce sont tous les

récitals qu’il faudrait aller voir…

Estivales du Chalard, Abbaye du Chalard, 87500 Le Chalard. Tél. 09.50.36.13.43, www.estivalesduchalard.com1- Des invitations sont réservées pour les lecteurs de France catholique (réser-vation obligatoire au ✆ 09.50.36.13.43 et présentation du journal à la caisse).

I

Musique et théâtre

Le cycle"Expressionlyrique" rendra hommage àMaria Callas

pour parents et enfantspar Pierre FRANÇOIS

D.R.

Marie-Christine

Barrault

Abdel RahmanEl Bacha

Yuri Bashmet

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CINEMA

I l arrive que, pour pimenter un thril-ler de facture somme toute assezclassique, le décor vienne s'inviter

comme personnage à part entière durécit. Il influe sur l'intrigue, dose à saguise son intensité dramatique et ins-pire une mise en scène (par les choixdes plans larges par exemple). Le cadredu nouveau film de Bruce Beresford,un magnifique massif montagneux del'État de Washington, accentue le sus-pense du récit et lui donne une plusgrande amplitude.

Pour tenter de changer les idées deson fils, profondément marqué par lamort de sa mère, Ray Keene l'emmènecamper à la montagne. Alors qu'ilslongent une rivière, ils aperçoiventdeux hommes dans l'eau en mauvaiseposture. L'un est un policier grave-

ment blessé, l'autre est un hommemenotté. Son nom est Frank Carden etil est tueur à gages. Ray refuse de lelaisser partir et veut le livrer à la po-lice. Mais les hommes de main deFrank sont bientôt à ses trousses.�� Ce thriller habilement ficelécompense son manque d'originalité etson dénouement convenu par uneexploitation habile des décors (lespaysages montagneux majestueux ontautant valeur de piège que de refuge,étant une source de danger comme de

protection), une mise en scène ef-ficace, un récit riche en péripéties etun excellent tandem d'acteurs formépar Morgan Freeman, toujours im-peccable, et le sympathique JohnCusack.�� Ray et son fils feront preuve debeaucoup de courage et de bravourepour faire face à cette situation inat-tendue. Quelques violences inhérentesau genre. �

Le contrat. Thriller américain (2007) de Bruce Beresford,avec Morgan Freeman (Frank Carden), John Cusack (RayKeene), Jamie Anderson (Chris), Alice Krige (Miles), MeganDodds (Sandra), Corey Johnson (Davis), Jonathan Hyde(Turner), Bill Smitrovich (Wainwright), Anthony Warren(Royko) (1h35). (Adolescents). Sortie le 11 juillet 2007.

Harry Potter et l’ordre du PhénixAlors qu'il s'apprête à entrer en cinquièmeannée d'études à Poudlard, Harry Potter apprendqu'il risque le renvoi pour exercice illégal de lamagie. Cornelius Fudge, qui est à la tête duministère de la magie ne semble pas prendre ausérieux la menace que représente Voldemort...�� Ce cinquième volet de la célèbre sagaécrite par J. K. Rowling met en scène unHarry Potter plus fragile, ce qui donne au récitune plus grande profondeur psychologique.Pour le reste, le film est un feu d'artifice descènes spectaculaires, d'effets spéciaux et depéripéties en tous genres. Les amateurs de lasaga se replongeront avec plaisir dansl'univers si particulier de J. K. Rowling.��� Confronté à des forces obscures,Harry Potter va devoir prendre conscience dece qui compte vraiment dans sa vie. Pour lesplus jeunes spectateurs, certaines scènespeuvent impressionner, et le monde de lamagie demande quelques mises au point.

M.-L. R.

Film fantastiqueaméricain (2007) deDavid Yates, avecDaniel Radcliffe(Harry Potter),Rupert Grint (RonWeasley), EmmaWatson (HermioneGranger) (2h17).(Adolescents). Sortiele 11 juillet 2007.

Délice PalomaMadame Aldjéria vient en aide aux genspar des moyens peu recommandables.�� C’est avec un indéniable brio queNadir Moknèche filme un pays en pleinemutation et offre une vision de l’Algérie quiéchappe à notre œil occidental. Les bonnesidées de mise en scène ne manquent pas.�� À travers la peinture de son person-nage, le cinéaste met en lumière lacorruption qui frappe son pays.

M.-L. R.

Comédie dramatiquefranco-algérienne (2007)de Nadir Moknèche, avecBiyouna (Zineh Agha/Madame Aldjéria), NadiaKaci (Shéhérazade), AylinPrandi (Pamola), DanielLundh (Riyad) (2h14).(Adultes) Sortie le 11juillet 2007.

2 days in ParisMarion et Jack vivent à New York. Ils font une escapade dedeux jours à Paris pour rendre visite aux parents de Marion.�� Julie Delpy filme son récit comme un reportage,avec une caméra très mobile, ce qui se révèle assezfatigant pour le spectateur, malgré la fraîcheur et laspontanéité que ce procédé apporte. Si certaines scènes

sont très amusantes, d’autres pèchent par leur lourdeur et leur grossièreté.��� En voulant se montrer irrévérencieuse et politiquement incorrecte, la réalisatricefinit paradoxalement par tomber dans ce qu’il y a de plus convenu.

Marie-Lorraine ROUSSEL

Comédie germano-française (2006) de Julie Delpy, avec Adam Goldberg (Jack), Julie Delpy (Marion), Daniel Brühl (Lukas), Marie Pillet (Anna), AlbertDelpy (Jeannot), Alexia Landeau (Rose), Adan Jodorowsky (Mathieu), Alex Nahon (Manu), Vanessa Seward (Vanessa), Thibaut de Lussy (Gaël) (1h36).(Adultes). Sortie le 11 juillet 2007.

Le récit distille quelques notes

d’humour bienvenues sur les

traditionnelles rivalités entre

le FBI et les US Marshalls.

Un thriller bien ficeléLE CONTRAT par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

Bruce Beresford s’est fait connaîtreavec «Miss Daisy et son chauffeur»(

FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007 33

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e rideau de scène est fermé. Soudain, unetête surgit, seule au milieu du velours.Elle dit, comment le dit-elle, c’est sonsecret : "il était une fois". La formule àpeine achevée, on est déjà parti pour un

voyage plus initiatique que féerique. En effet,l’auteur, pour créer sa pièce, a adapté un contecoréen à l’usage des jeunes filles. Et si l’héroïnemeurt au jour de ses noces, ce n’est pas ici unchangement de statut physique qui est évoqué,mais ce qui y préside : une conception de l’amourqui doit se renouveler. La pièce peut être regar-dée à deux niveaux : celui de l’effort, de laconversion humaine d’une vie à une autre, maisaussi à celui de la spiritualité et de la force de laprière. Certes, on est là dans une tradition non-

chrétienne mais on est aussi au-delà de la pure sagesse. Et trèsloin d’une philosophie désincar-née ou inhumaine. Les interroga-tions peuvent rejoindre chacundans sa vie quotidienne : "heu-reux qui possède simplement lepouvoir du pardon" ou "c’estquoi une bonne prière ?" sontdes formules qui aident n’im-porte qui à avancer dans sacompréhension de la vie et dumonde. L’amour, la vie et la mortsont les trois thèmes qui tressentenlacés le fil de cette pièce. Onpasse de l’un à l’autre avec unefacilité déconcertante, non seu-lement intellectuellement par-lant, mais aussi d’un point devue visuel. Il y a enfin beaucoupde bonté dans cette pièce,jusque dans les caricatures.

La qualité du jeu est à l’instarde celle de la fable. On croit aux

personnages, le rythme n’est ni trop rapide nitrop lent. Les costumes, souvent changés, contri-buent à l’exotisme pédagogique du récit (carpour que quelqu’un admette un message, il vautmieux en situer l’illustration très loin). Le voca-bulaire est châtié, ce qui ajoute au plaisir de lareprésentation. Ainsi entend-on "je toisais lemonde depuis ma terrasse".

Du coup, la qualité de ce spectacle le rendaussi intéressant pour des enfants que pour desadultes. Ce n’est pas là son moindre méritequand on voit ce qui est souvent servi au "jeunepublic". �

THEATRE

34 FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007

"SORA, UNE NUIT, UN CHEMIN"

Faire d’une fable initiatique une

pièce de théâtre, c’est ce qu’a

réussi No-Yon Kwon. À l’usage

des enfants comme des adultes.

"Sora, une nuit, un chemin", de No-Yon Kwon.Avec Emmanuelle Bodin, Varenka Roland, LisaMasker, Hervé Roibin, Alexis Furic, Amaury deCrayencour, No-Yon Kwon. Musiciens : Elio diTanna, Joachim Schneider, Pierre-Étienne Royer.Tous les jours (15h30) au théâtre de la petiteTarasque, 5, rue de Taulignan, 84000 Avignon.soralespectacle.free.fr, [email protected]

L

Sagesse

"Heureux qui possède simplement le pouvoir du pardon"

spiritualiste

Magie naïveLe décor de "Uccellini, pajaritos et oisillons" se situe clairement dans le genre naïf.Mais derrière un aspect de caricature enfantine (la solitude et l’autoritarisme de lareine figurés par un trône inaccessible et surdimensionné, par exemple) se dissimu-lent les surprises poétiques que nous réserve cette troupe, qui sont autant de portesouvertes sur le monde du merveilleux et de l’imagination. "C’est trop bien" murmu-re cet enfant de maternelle sans se douter que ce qu’on est en train de lui servir estune adaptation partielle de la "Conférence des oiseaux".Le thème central étant donc de vaincre l’ennui souverain de la souveraine, chaqueremède proposé se confond avec un des tableaux de cette pièce. C’est tantôt de la

prestidigitation qu’on lui sert pour essayer de la distraire,tantôt des marionnettes phosphorescentes, tantôt autrechose encore. Jusqu’au moment où lui est offert un oiseauen cage. C’est là que bascule la pièce, pour devenir uneréflexion, toujours à portée de son public, sur la liberté.Les costumes sont chamarrés, le rythme est enlevé, lamusique plaisante, les personnages à mi-chemin entre l’in-carnation du rôle et la complicité avec le public.La troupe a d’ailleurs tellement conscience de travailler

pour un public jeune et curieux qu’à la fin de la pièce elle passe dans les rangs,encore maquillée et costumée, pour montrer les différents accessoires qui ont servià créer une heure de magie. �

"Uccellini, Pajaritos et oisillons", de Hugo Laromarsino. Tous les jours (14h45) au théâtre LaLuna, 1, rue Séverine, Avignon. Tél. 04.90.86.96.28.

par Pierre FRANÇOIS

D.R.

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Les animaux ont toujours été très utiles aux hommes, qui ont toujourstesté sur eux les traitements qu’ils

étudiaient pour les hommes. Ce que l’onsait moins, c’est qu’ils firent de même,lors de la course à l’espace.

Ham est un jeune chimpanzé qui a étéentraîné et sélectionné pour partir dansl’espace, dans les années 60, afin de dé-terminer si les hommes seraient en me-sure de supporter ce type de voyage. Sé-lectionné en même temps que plusieursdizaines d’autres chimpanzés, Ham étaitle plus chétif et le moins apte à réussirdans la terrible sélection. Mais, confié àJeff, un soldat qui s’est pris d’affectionpour lui, il fait des progrès notables, aucours de ses deux années d’entraînement.

�� Bien sûr, le personnage de Jeff estun personnage de fiction. Mais sa pré-sence était nécessaire pour permettre uneœuvre intéressante et souvent émou-vante. Car cette histoire d’amitié fictivemontre que l’homme, lorsqu’il s’intéresseréellement à un animal, peut obtenir delui des résultats étonnants. Il y a bienquelques longueurs, dans cette fiction-documentaire illustrée de quelques images d’archives, mais l’histoire estassez prenante. On y découvre que les

Américains traitaient, à l’époque, leschimpanzés comme des objets négli-geables. Après le succès du lancement dela fusée Mercury, à bord de laquelle setrouvait Ham, les scientifiques se sontpenchés sur les grands singes et ont commencé à étudier leur comportement.Un résultat inattendu pour un singe passéà la postérité. �

Fiction-documentaire franco-anglo-canado-belgo-portugais(2007) de Jérôme-Cécil Auffret et F Fougea, avec Brian Quinn(Jeff), Paul Séré (Bob), Peter King (le chef), Jerry Di Giacomo(le colonel). Diffusion le mardi 17 juillet, sur France 2, à 20h50.

L'autre côté de la rue

Depuis quelques années, le cinémad’Amérique latine fait preuve d’une vigueuret d’une originalité revigorantes. Thèmes sin-guliers, univers personnels et esthétique tra-vaillée, les nouveaux cinéastes de ces paysconnaissent de plus en plus de succès avecdes films très aboutis. Regina est âgée de 65 ans et vit dans un belappartement de Copacabana. Elle voit detemps en temps, son petit-fils, mais elle estseule la plupart du temps et cette solitudelui pèse. Pour tromper son ennui, elle observe ses voisins avec ses jumelles. Unjour, alors qu'elle observe l'immeuble d'enface, elle a le sentiment d'assister à unmeurtre. Une femme reste immobile sur unlit, après qu'un homme lui a fait une piqûre. Elle découvre que cet homme est lejuge Camargo et elle va tisser avec lui unerelation inattendue. ��� Marcos Bernstein (scénariste dutrès beau «Central do Brasil», de WalterSalles) signe un film singulier. Il ne s'agitpas vraiment d'un thriller, à la manière d’unHitchcock, car le meurtre présumé ne sertpas tant à nourrir un suspense qu'uneréflexion sur la méfiance et le mensonge. Ils'agit davantage d'une comédie douce-amère sur la solitude de la vieillesse. La viede Regina semble peu à peu se faner quandune série d'événements lui donne une nou-velle vigueur. La mise en scène est d'unebelle élégance et l'interprétation épatante.Fernanda Montenegro est sensationnelle.Mais le rythme est un peu trop lent.� Elle est poignante, cette héroïne quiaccepte mal de vieillir.

Comédie dramatique brésilienne (2003) de Marcos Bernstein, avecFernanda Montenegro (Regina), Raul Cortez (Camargo), LauraCardoso (Leonor), Luis Carlos Persy (Alcides) (1h38). Diffusion lemercredi 18 juillet, sur Arte, à 22h25.

TÉLÉVISION

La rumeur court...Sarah se rend avec son petit ami au mariage de sasœur cadette. Elle y apprend avec stupeur que sagrand-mère et sa mère auraient inspiré lespersonnages de Mrs Robinson et de sa fille dans lecélèbre film de Mike Nichols, «Le lauréat».��� Après le savoureux «Quand Harryrencontre Sally», cette nouvelle incursion de RobReiner dans le registre de la comédie

sentimentale n'est pas aussi brillante, car l'ensemble manque un peu de crédibilité et de finesse.Mais cette œuvre, très moderne dans les comportements sentimentaux qu'elle dépeint, dispose d'uncasting de choix et nous offre quelques situations comiques particulièrement réjouissantes.�� Bien sûr, l’intrigue de départ est pour le moins contestable, mais il s’agit d’une comédie deboulevard, et les auteurs tirent tout le parti possible d’une situation scabreuse. Surtout, la morale estsauvegardée à la fin (happy end oblige !).Comédie américaine (2005) de Rob Reiner, avec Jennifer Aniston (Sarah Huttinger), Kevin Costner (Beau Burroughs), Shirley MacLaine (Katherine Richelieu),Mark Ruffalo (Jeff Daly), Richard Jenkins (Earl Huttinger), Christopher McDonald (Roger McManus) (1h35). Diffusion le lundi 16 juillet, sur Canal +, à 20h50.

Comment les Américains ont

entraîné des chimpanzés,

avant d’envoyer

des hommes dans l’espace.

Un chimpanzé dans l’espacepar Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

Une histoire d’amitiéentre un homme et un animal, aussi intéressante qu’émouvante

(

FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007 35

Page 36: année Mabillon - france-catholique.frBRÈVES 2 FRANCECatholique N 3080 13 JUILLET 2007 FRANCE DECES :Claude Pompidou, 94 ans, veuve de l'ancien président de la Répu-blique, est

TF120.50 Heroes : «Rien à cacher»,«Minuit moins sept». Série avecHayden Panettiere, MiloVentimiglia, Masi Oka 2.22.25 New York, unité spéciale.Série avec Chris Meloni 3.00.10 24 : «De 13h00 à 14h00»,«De 14h00 à 15h00». Série avecKiefer Sutherland 3.France 220.50 Fort Boyard.Divertissement présenté parOlivier Minne et Anne-GaëlleRiccio, avec Brian Joubert,Isabelle Delobel, MathieuBataille, Laurent Violet, JérémyMichalak et Lysa Pastor.22.55 Les rois du rire.Divertissement présenté parYves Lecoq.France 320.50 Fabien Cosma «Droitde regard» J. Téléfilm avecLouis-Karim Nebati, PierreVaneck, Marie Matheron.��� Une histoire émou-vante et bien interprétée, mais il ya quelques longueurs.23.00 Les documents Des ra-cines et des ailes «Gardiens destrésors du monde». Documentaire.00.50 La case de l’oncle Doc«Hôtel Bourgogne». Documentaire.Arte

20.45 L’aventure humaine «Lesmomies du Taklamakan» J. ���Un documentaire splendide quifait revivre de manière passion-nante une civilisation très peuconnue.21.40 360° - Géo «Arizona, aupays des veuves noires».Musica

22.35 Bernard Foccroulle «Unengagement pour l’opéra».Documentaire.M620.50 Bones : «Joyeux Noël»,«Beauté fatale», «Témoin gênant».Série avec Emily Deschanel, DavidBoréanaz 2.23.20 Morning live «Le pire dupire». Divertissement avecMichaël Youn, Vincent Desagnatet Benjamin Morgaine.Canal +Nuit Zidane

20.55 Zidane, le dernier match.Documentaire.KTO20.50 VIP «Marek Halter».21.45 Le cheminement deParsifal.

TELEVISION

36 FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007

TF1

20.50 Les visiteurs GA. Comédie(1992) de Jean-Marie Poiré, avecChristian Clavier, Jean Réno,Valérie Lemercier (1h45). ���Amusant, mais parfois cru.22.45 Godzilla J. Fantastique (1998)de R. Emmerich, avec MatthewBroderick (2h18). ���Spectaculaire, mais infantile.France 2

20.50 Urgences : «Le cœur duproblème», «Casse-tête», «Une rai-son de croire». Série avec LauraInnes, Goran Visnjic.23.15 The nine «52 heures enenfer». Série avec L. Benedicto.France 320.55 Maigret «Maigret et le clo-chard» GA. Téléfilm avec BrunoCremer, Franck Gourlat (1h22).�� Prenant et très émouvant.22.55 Strip-tease «Papa, mamanSarko et moi». Documentaire.23.50 Baroud. Drame en NB(1931) de Rex Ingram et AliceTerry, avec Pierre Batcheff (1h20). ArteLe marathon :

La victoire dans les talons

20.40 La bataille de MarathonGA. Péplum (1959) de JacquesTourneur, avec Steeve Reeves,Mylène Demongeot (1h27).��� Spectaculaire, mais peuhistorique.22.05 Athènes au bout du che-min J. ��� Passionnant.23.00 Cours, Budhia, cours ! J.� Assez choquant.23.45 À vos marques, prêts,partez ! J. � Pas mal.M620.50 Capital : Les inédits del’été «Ils misent tout sur la sai-son». Magazine.22.45 Enquête exclusive «Legang qui terrorise l’Amérique».Magazine 3.Canal +20.55 Sécurité intérieure (5 et 6)«Otages». Série 2. KTO20.50 La foi prise au mot «Prêtre». 21.45 À la rencontre des saints«François et Claire».

TF1

20.50 Joséphine, ange gardien«Enfin des vacances !…» T.Téléfilm avec Mimie Mathy,Philippe Bas. �� Sympathique.22.35 Lost «Les disparus». Sérieavec Matthew Fox2.France 220.50 Petites coupures A.Comédie dramatique (2002) de

Pascal Bonitzer, avec DanielAuteuil, Kristin Scott Thomas(1h31) 2. ��� Bien fait,mais contestable.22.30 Deuxième quinzainede juillet. Comédie (2000) deChristophe Reichert, avecMichèle Bernier, ZinedineSoualem (1h32).

France 320.55 Intervilles«Carcassonne/Castelnaudary».Divertissement présenté par JulienLepers, Tex, Nathalie Simon etVanessa Dolmen.23.55 Carnets de festivals.Magazine présenté par AlainDuault.Arte20.40 Le dernier témoin (13 et14/26). Série avec Ulrich Mühe(1h30).Qu’est-ce que l’orgasme ?

22.15 Pardon, mais c’est tropbon… Documentaire.23.00 Alors, heureux ?Documentaire.23.40 Débat.M620.50 L’amour est dans le pré.Divertissement présenté parAlessandra Sublet.22.15 Irène A/Ø. Comédie (2002)de Ivan Calberac, avec Cécile deFrance (1h33) 2. ��� Lourd,vulgaire et érotique.00.00 Et la tendresse ?…bordel ! 2 A. Comédie (1983) dePatrick Schulmann, avec DianeBellego (1h34) 2. ���Amusant, mais souvent déplai-sant.Canal +20.50 La rumeur court GA.Comédie (2006) de Rob Reiner,avec Jennifer Aniston, ShirleyMacLaine (1h33). (Voir notre ana-lyse page 35)KTO20.50 Code d'honneur. L’arméefrançaise dispose de son proprediocèse.21.45 Un jour, une foi «Cheminsde vie».

TF120.50 Grey’s anatomy : «Sur lacorde raide», «Le bonheur étaitpresque parfait». Série avec EllenPompeo, Patrick Dempsey, JustinChambers, Katherine Heigl, T.R.Knight, Sandra Oh.22.30 L’île de la tentation.Divertissement présenté parCéline Géraud 2.23.50 L’hôtel de la Plage A/Ø.Comédie (1977) de Michel Lang,avec Daniel Ceccaldi (1h45).���� Amusant, mais un cli-mat d’obsession sexuelle.France 220.50 Ham, un chimpanzé dansl’espace J. Documentaire deJérôme-Cécil Auffret et F. Fougea.(Voir notre analyse page 35)22.10 Il était une fois dansl’Ouest A. Western (1968) de S.Leone, avec Henry Fonda (2h45).��� Beau et prenant, maisinterminable et très violent.01.45 Emmenez-moi J. Comédie(2005) de Edmond Bensimon, avecGérard Darmon, Zinedine Soualem(1h38). � Très médiocre.France 320.55 Les femmes d’abord A/Ø.Téléfilm avec Bernard Le Coq,Clémentine Célarié, ÉlodieNavarre. ���� Une œuvreamusante, mais lourde et illustréed’une scène très complaisante.23.10 Le luxe et ses secrets.Documentaire.01.15 Un nom en héritage «LesHabsbourg». Documentaire.Arte20.40 Gimme shelter GA.Documentaire en VO de David etAlbert Maysles, avec les RollingStones. ��� Pas mal, mais fati-gant.22.15 Jimi plays Monterey.Concert avec Jimi Hendrix.23.05 Shake ! «Otis at Monterey».Concert avec Otis Redding.

23.25 La mère, l’enfant et legourou GA. �� Intéressant.M620.50 NCIS «Enquêtes spéciales».Série avec Mark Harmon 2.22.30 Médium. Série.Canal +20.50 After life (5 et 6). Sérieavec Lesley Sharp 3.KTO20.50 De feu et de foi. Portraitsde jeunes pompiers.21.40 Un jour, une foi «Quedeviennent-ils ?».

Samedi 1Samedi 14 juillet4 juillet DimancDimanche 15 juillethe 15 juillet LLundi 16 juilletundi 16 juillet Mardi 1Mardi 17 juillet7 juillet

Émissions religieuses :Émissions religieuses :08h30 Émissions religieuses : «Sagessesbouddhistes», «Islam», «Source de vie»,«Présence protestante» - 10h30 Le jour duSeigneur «Histoires de croire : Jean XXIII,l’homme du renouveau» - 11h00 Messe célé-brée en direct et en plein air, à Auzat (09).

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Page 37: année Mabillon - france-catholique.frBRÈVES 2 FRANCECatholique N 3080 13 JUILLET 2007 FRANCE DECES :Claude Pompidou, 94 ans, veuve de l'ancien président de la Répu-blique, est

TELEVISION

FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007 37

sur France 3Jeudi 19 juillet, à 23h10Rencontre avec le dragon GAFélix, 15 ans, est fasciné par leDragon Rouge, héros de ses récitsépiques. Un jour, il le rencontre. ���� Sans effets spéciaux nidécors somptueux, Hélène Angelreconstitue le Moyen Âge avec peude moyens, mais beaucoup de poé-sie. L’atmosphère de récits épiquesde l’époque est bien reconstituée,et l’histoire est menée à un bonrythme. Daniel Auteuil est épatanten héros fatigué, et l’ensemble dela distribution est digne d’éloges.�� Dommage qu’il y ait unescène ridicule avec le pape et sacour, car l’ensemble est très positif.

TF120.50 Mystère (9 et 10/12).Feuilleton de Didier Albert, avecToinette Laquière, Arnaud Binard,Yann Sundberg, Babsie Steger,Marisa Berenson 2.22.45 Les experts : «Amitiés cri-minelles», «Petits meurtres enfamille». Série avec WilliamPetersen 2.France 220.50 Cold case, affaires clas-sées : «La couleur du mensonge»,«Disco inferno», «Des gens bien».Série avec Danny Pino, John Finn,Jeremy Ratchford 2. 23.15 Un jour, un destin «Diana,la photo de trop ?». Documentaire.France 320.50 La carte aux trésors«L’Albigeois». Divertissement pré-senté par Nathalie Simon.23.20 The shield. Série avecMichael Chiklis 3.Arte

20.40 Les mercredis de l’his-toire «L’attentat contre Hitler : 20juillet 1944» J. ��� Un docu-mentaire-fiction passionnant ettrès bien fait, avec des analysestrès pertinentes des différentsintervenants.22.10 Le dessous des cartes«Mongolie : Au milieu des empi-res». Magazine.22.25 L’autre côté de la rue GA.Comédie dramatique en VO(2003) de Marcos Bernstein, avecFernanda Montenegro, RaulCortez, Laura Cardoso (1h38. (Voirnotre analyse page 35)M620.50 Zone interdite : Lesinédits de l’été «Dans le secretdes plus beaux palaces».Magazine présenté par MélissaTheuriau.22.40 T’empêches tout lemonde de dormir «Best of».Magazine présenté par Marc-Olivier Fogiel.Canal +20.50 Le boss. Comédie (2006) deLes Mayfield, avec Samuel L.Jackson, Eugene Levy (1h20).KTO20.50 Un danseur dans la mai-son de Dieu. Un ancien danseurdevenu prêtre met en scène unecomédie musicale.21.45 Un jour, une foi «La familleen questions».22.15 VIP «Marek Halter».

TF120.50 Koh-Lanta. Divertissementprésenté par Denis Brogniart.22.15 Secret story.Divertissement présenté parBenjamin Castaldi.23.55 Les dossiers de Sansaucun doute. Magazine présentépar Julien Courbet.France 220.50 Le Tour en fête «Albi».Divertissement présenté parMichel Drucker, avec LaurentGerra, David Hallyday, ChristopheMaé, Amel Bent, Philippe Lavil,Guy Marchand, ChristopheWillem, Michèle Torr, etc.23.40 Terrasse des festivals «AuGrand Palais de Paris». MagazineMagazine de Philippe Lefait.France 320.55 À l’école des palaces.Documentaire.23.20 Affaires classées «L’affaireS Jusac». Documentaire 2.00.15 Boomtown : «Ultimatum»,«Fonceur». Série avec DonnieWahlberg 3. �� Le second épi-sode est très émouvant.Arte

20.40 L’enlèvement GA. Téléfilmavec Heiner Lauterbach, ClaudiaMichelsen, Matin Feifel (1h29).�� Un excellent suspense.Drôles de voyages (1)

22.15 Le tour du monde en 80plats (1). Documentaire.23.05 Touristes, mais pas trop.Documentaire.00.25 Hamlet. Drame muet en enNB (1920) de Svend Gade etHeinz Schall (2h10).M620.50 Numb3rs :«Empoisonnement», «ProjetBrutus», «Sans limite». Série avecRob Morrow, David Krumholtz 2.23.20 Prison break : «Un hommehors du commun», «Cause per-due». Série avec WentworthMiller, Dominic Purcell 3.Canal +20.50 Underworld 2 «Évolution»A/Ø. Fantastique (2006) de LenWiseman, avec Kate Beckinsale,Scott Speedman (1h43) 3.���� Efficace, mais sanglantet érotique.KTO20.50 KTO magazine «Marie-Angel, un esprit de feu». Marie-Angel est prêtre et pompier.21.40 Un jour, une foi «Églises dumonde».

TF120.50 Les experts, Miami :«Tireur isolé», «Le grain de sable»,«Dernière cartouche». Série avecDavid Caruso, Emily Procter 3.23.20 Esprits criminels. Sérieavec Mandy Patinkin 3.France 220.50 Un autre monde «Sur laroute de l’Inde». Magazine pré-senté par Stéphane Bern.22.25 Immersion totale «Sur lechemin de l’adoption».Documentaire.00.55 CQ2 «Tout près du sol» A/Ø.Drame (2004) de Carole Laure,avec Clara Furey (1h36). ���Intéressant, mais répétitif et avecune scène très pénible de viol.France 320.55 Le zèbre A. Comédie (1992)de Jean Poiret, avec ThierryLhermitte, Caroline Cellier (1h30).�� Adaptation très moyenne dulivre de Pascal Jardin et uneconception faussée du mariage.23.10 Rencontre avec le dragonGA. Aventures (2003) de HélèneAngel, avec Daniel Auteuil,Nicolas Nollet, Sergi Lopez (1h49).(Voir notre analyse ci-contre)Arte

20.40 L’horloger de Saint-Paul A.Drame (1974) de BertrandTavernier, avec Philippe Noiret,Jean Rochefort (1h40). ���Original, poignant et très humain.22.25 La vie en face «Les enfantsprodiges de Russie» T. ���Magnifique.M620.50 Desperate housewives :«Désirs cachés», «Monstres enpuissance» GA. Série avec TeriHatcher, Marcia Cross. ����Une série toujours aussi drôle ettoujours aussi corrosive. Lafamille est bien égratignée.22.30 Nip/Tuck : «Les nouveauxriches», «Passion mortelle». Sérieavec Julian McMahon 3.Canal +20.50 Rome (7 et 8/10) A/Ø. Sérieavec Kevin Mckidd 3. ����Très bien fait, mais très violent etsouvent bestial.KTO20.50 Mer élémentaire. Trois foispar an, un moine partage la viedes marins pêcheurs.21.45 Un jour, une foi «Art et cul-ture».22.15 Le cheminement deParsifal.

Mercredi 18Mercredi 18 juilletjuillet Jeudi 19Jeudi 19 juilletjuillet VVendredi 20endredi 20 juilletjuillet

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T : Tout publicJ : AdolescentsGA: Grands adolescentsA : AdultesØ : Œuvre (ou scène) nocive� : Elément positif� : Elément négatif

Repères

RADIOSRCFDimanche 15 juillet18h15 Grand témoin "HildegardGoss-Mayr (prophète de la non-vio-lence évangélique)"Lundi 16 juillet11h30 Çà vaut le détour "Du côtéde la Grande Chartreuse"13h30 Rencontre "Viviane Ve-neault, passionnée d'écriture..." 14h30 Halte spirituelle "Dieu s'estfait homme pour nous sauver :comment le dire aujourd'hui ?",avec le Frère Jean-François Noël(prêtre et psychanalyste) (1/5, tous lesjours à 14h30 ou 20h45)16h Çà vaut le détour "Du côté dela Grande Chartreuse"20h Biblica "Commencement del'Evangile de Saint Jean" (1), avecle Père Georges Maurice (prêtre dudiocèse de Grenoble)22h Perspectives "La célébrationdes funérailles dans les paroissesaujourd'hui"Mardi 17 juillet10h30 "Opéra d'été en Bretagne etFestival international de musiquede Dinard" (Rediffusion à 19h30)13h Couleur Nature "En Seine-Maritime, une ancienne voie dechemin de fer est devenue unepiste cyclable..."14h Musiphonie "La flûte au milieud'une forêt de sons"22h Dialogue "Les anges dans latradition juive", avec CatherineChalier (philosophe).Mercredi 18 juillet13h Couleur nature "Le pôle d'ex-cellence rural du Haut Limousin"Vendredi 20 juillet11h30 Çà vaut le détour "La loco-motive 241P17 restaurée parl'Association 'Les chemins de ferdu Creusot'" (Rediffusion à 16h)France CultureDimanche 15 juillet10h Messe, en direct de la Cathé-drale St Pierre, 34000 Montpellier,commentée par le Père AlainCarron de la Carriere. Prédicateur :Père Régis Coste M.B.

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(*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Lepréciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’undroit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autresentreprises. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.

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AudeAude✔ Au monastère des Domini-caines, Prouilhe, 11270 Fan-jeaux, ✆ 04.68.11.22.66/ [email protected] des activités sontproposées : le 8 août "Fête de StDominique", précédée par un tri-duum préparatoire [du 5 au 7août], conférences du fr. GillesDanroc (o.p.) et découverte des"lieux-saints" dominicains ; unesession-retraite est prévue du 13(soir) au 19 août (matin) "La tra-dition contemplative domini-caine à travers la mystique rhé-nane", avec le frère Fr. BernardDurel (o.p. du couvent de Lund - Suède).CalvadosCalvados✔ La communauté des Béati-tudes, Le Château, 14100 Hermi-val-les-Vaux, ✆ 02.31.32.00.44,organise, du 31 juillet au 4 août,un rassemblement d’été pour tous(y compris familles) "Dieu estAmour, annoncez-le". 5 jours pourse mettre sous le regard de Dieu...à l’école de la petite Thérèse. Aveclouanges, enseignement, Eucha-ristie, veillée de prière... avec MgrLéonard (Diocèse de Namur), lespères Silouane et Philippe (Com-munauté des Béatitudes), le père Ide(Communauté de l’Emmanuel). Pos-sibilité de participer de 1 à 5

jours au choix. Une session spé-cifique est proposée pour lesenfants de 0 à 13 ans et pour lesadolescentes de 14 à 18 ans. /[email protected]èzeCorrèze✔ Au prieuré du Jassonneix,19250 Meymac, ✆ 05.55.95.21.11, fax 05.55.95.21.88, des jour-nées sont prévues les 19 et 20août "Saint Bernard". Vêpres fes-tives (18h). Messe le 20 août(11h). Courriel : [email protected]✔ Au centre des religieuses do-minicaines, 100 avenue de Vals,BP 610, Vals-près-le-Puy, 43008Le Puy-en-Velay, ✆ 04.71.09.33.39, fax 04.71.04.05.97, uneretraite sera prêchée par le frèreBernard Senelle, o.p. "Va, avec laforce qui t'anime" (Jg 6, 14), du1er au 8 août.Hauts-de-SeineHauts-de-Seine✔ Une retraite, en silence, desexercices spirituels de saintIgnace de Loyola est prévue du 5(18h) au 11 août (midi), avec lepère Gérald Lajeunesse, omv (prêtre oblat de la Vierge Marie), àl'Hôtellerie de la chapelle Sainte-Rita, 7 rue Gentil-Bernard, 92260Fontenay-aux-Roses (accès par le

RER B), ✆ 01.41.13.36.00, fax01.43.50.88.45, [email protected] http://residence-universitaire-lanteri.cef.fr Tarifs en chambreindividuelle : 385 €, [285 € pourles étudiants (18-30 ans)]Pas-de-CalaisPas-de-Calais✔ La Maison diocésaine "Les Tou-relles", 12, av. de l'Yser, 62360Condette, ✆ 03.21.83.71. 42, fax03.21.92.42.86 propose, les 11,12 et 13 août (21h30) spectacledans le parc. Site : http://sonetlumierelestourelles.fr.st✔ Au Foyer de Charité, 19, rueSacriquier, BP 105, 62240 Cour-set, ✆ 03.21.91.62.52, fax 03.21.83.87.13, une retraite est propo-sée du 16 au 22 juillet "Dieu neveut donner que l'amour", avecle père Géron. Accueil des en-fants à partir de 4 ans.VVendéeendée✔ Retraite pour tous du 16 au 22juillet "La décision de vivre : serecevoir de Dieu", avec SœurMarie-Claire Berthelin (Sœur de laRetraite), et le Père Ephrem Te-naud (MdP), au centre spirituel"L'Immaculée", 4 rue de la Ro-seraie, 85450 Chaillé-les-Marais,✆ 02.51.56.72.06.✔ Une retraite charismatique estprévue du 5 (19h) au 11 août

(9h) "Marcher sous l'impulsionde l'Esprit", avec Agnès Perse-haie, au centre spirituel, rue dela Petite Maine, BP 8, 85250Chavagnes-en-Paillers, ✆ 02.51.42.36.38.✔ Au centre spirituel PierreMonnereau, L'Epiardière, 85260Mormaison, ✆ 02.51.43.92.01,des retraites sont organisées : du23 (19h) au 30 juillet (matin)avec Sœur Ghislaine Côté (Sœurde Notre-Dame du Cénacle) ; du 24(19h) au 31 août (matin), avec lepère Gilles Chaillot (prêtre de SaintSulpice).YYonneonne✔ A la Basilique de Vézelay(89450), "Le printemps de lagrâce" un parcours pour unefemme ardente, les 18 (21h), 20(15h30), 21 (20h15), 23 juillet(21h). Et le 22 juillet (21h), lesamis de Vézelay présente "Prière àMademoiselle Sainte Marie-Madeleine" de Jules Roy, parMaurice Barrier. En chemin avecMadeleine... Et aussi le 22 juilletpèlerinage (8h15) depuis Do-mecy-sur-le-Vault... (10h15) pro-cession des reliques depuis laplace du Champ de foire, (11h)messe solennelle présidée par MgrBouilleret (évêque d'Amiens), (15h)

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Page 39: année Mabillon - france-catholique.frBRÈVES 2 FRANCECatholique N 3080 13 JUILLET 2007 FRANCE DECES :Claude Pompidou, 94 ans, veuve de l'ancien président de la Répu-blique, est

démarche baptismale et péniten-tielle, (16h) vêpres et bénédiction.Rens. ✆ 03.86.33. 39.53. Rens.concernant les visites guidées dela basilique : ✆ 03.86. 33.39.50.VEAVEA✔ La prochaine assemblée géné-rale du Mouvement d'ActionCatholique "Vivre ensemblel'Evangile Aujourd'hui" aura lieules 22 et 23 septembre prochain,au Séminaire des Missions deChevilly-Larue, sur le thème"L'homme, acteur du projet deDieu ?". Rens. VEA, 12 rueEdmond Valentin, 75007 Paris,✆ 01.45.51.60.55, fax 01.45.51.09.82 / [email protected], site :www.vea.asso.frPèlerinagePèlerinage✔ L'Association familiale Louis etZélie Martin propose un pèleri-nage "Vers Saint-Jacques", entreConques et Figeac, du 29 juilletau 4 août, avec le P. Claude-An-dré David-Fenot et des sœurs, àun rythme adapté aux familles,avec bivouac, messe quotidienne,enseignements, soirée d’adora-tion... Environ 150 € par famille.Anne-Sophie et Laurent Michon72 rue de la Louvière, 78120Rambouillet, ✆ 06.22.56.17.19ou 06.12.47.92.60/[email protected] Cécile et Bruno Desveaux✆ 06. 75.63.14.24.VVoyage culturel en Sicileoyage culturel en Sicile✔ Célèbres temples grecs, mo-saïques romaines de Piazza Ar-merina, Syracuse, Taormine, mo-saïques byzantines de Palerme,Monreale et Cefalu, villes ba-roques de Noto et Caltagirone(faïences et crèches). Un voyageculturel conduit par Marie-Ga-brielle Leblanc (historienne d'art),aura lieu du 6 au 13 octobre2007. Tarif : 1700 €. Rens.✆ 01.48.07.05.84, courriel :[email protected] LumièreJeunesse Lumière✔ L'Ecole Catholique Internatio-nale d’Évangélisation JeunesseLumière, Pratlong, Communed’Espérausses, 81330 Vabre,✆ 05.63.50.41.57, fax 05.63.50.48.11, [email protected] www.jeunesse-lumiere.compropose une session de discerne-ment à Pratlong (Tarn), du 1er

(soir) au 5 septembre (matin).Prévoir sac de couchage. Libreparticipation aux frais.Enfance et PartageEnfance et Partage✔ Pour fêter son 30e anniversaire

et à l’occasion de la journée In-ternationale des Droits de l’enfant,l’association Enfance et Partageorganise, en partenariat avec l’OIJJ(Observatoire International de la JusticeJuvénile), deux journées d’étudessur le thème "Ethique et protec-tion de l'enfance : un engagementcollectif", les 20 et 21 novembre2007 au siège de l'UNESCO àParis, parrainées par DominiqueVersini, Défenseure des enfants...Rens. ✆ 01. 55.25.65.65 / col-loque@ enfance-et-partage.orgwww. colloque. enfance-et-par-tage.orgMarches au désert :Marches au désert :Les GoumsLes Goums✔ 8 jours de désert avec lesGOUMS, une expérience unique enson genre... Les GOUMS commen-çent à être connus, du moins, parce qu'on en dit mais rien ne vautd'en connaître la réalité par l'expé-rience. Il y a bien des manières detraverser le désert, même en 4x4,mais avant la curiosité des paysa-ges la vérité du désert se trouve ensoi. Nous vivons une époque où,malgré la montée en puissance dela science, l'individu vit de plus enplus dans l'incertitude. Au milieudes villes à millions d'habitants, onne sait plus qui l'on est... soi. Onse demande même parfois si la viea un Sens. Le désert "vécu à la ma-nière GOUM" vous donne au moinsune chance de trouver un com-mencement de réponse à cettequestion. Nos marches au longcours, nos bivouacs à la belle étoi-le, nos petites équipes fraternellesde 15 à 20, nos Eucharisties quoti-diennes avec des Prêtres qui mar-chent avec nous, donnent à notreexpérience GOUM une captivanteoriginalité. Les GOUMS lancent, cetété 2007, 20 Raids du 16 juin au 9septembre : Préalpes de Grasse,Les Causses (Méjean, Sauveterre,Larzac, Quercy), Aubrac, Jura,Bosnie, Turquie, Italie. Age desparticipants : 20-35 ans. (90-140 € la semaine). Informations etcalendrier : Michel de Malartic,1800 route du colonel Bellec,13540 Puyricard, ✆/fax 04.42.92.27.40, [email protected], site :www.goums.org et Jean Latil, 16av. Alfred Capus, 13090 Aix-en-Provence, ✆/fax 04.42.29.72.75.

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FRANCECatholique N°3080 13 JUILLET 2007 39

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PETITES ANNONCESTarif : la ligne de 35 lettres : 6 €. Domiciliation : 9 €. Communiqué dans lebloc-notes, forfait : 20 €

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➥ Petite fraternité catholique cherche retraité (e), ayantsécurité sociale, en Haute-Savoie, au dessus du lacd'Annecy, pour l'aider, dans tâches ménagères bénévo-lement. Laisser message sur répondeur du 06.32.43.60.92, ou écrire au journal réf. 0676.

➥ Dame retraitée, 62 ans, oblate bénédictine, aideraitprêtre dans presbytère, aide-ménagère ou pastorale,préférence Charente-Maritime, Vendée, Deux-Sèvres,Charente. Laisser message sur répondeur du 06.32.43.60.92, ou écrire au journal, réf. 0675.

➥ Paroisse, à Paris 3e, loue studio dans presbytère450€/mois, charges comprises, participation à la vieparoissiale souhaitée, libre de suite. tél. 01.49.96.49.10.

➥ Haute-Garonne, Toulouse - Particulier loue T4,73 m2. Proximité du métro Jolimont, 3e étage, ascen-seur, interphone, gardien, est/ouest, bon état, placardsaménagés, balcon, cellier, garage individuel, jardin clôturé pour enfants, câble TV, libre, 570 €/mois + charges. Tél. 05.61.80.27.01.

➥ Alpes-Maritimes - Louerait, en résidence secondaire,à couple de retraités, appartement dans maison bour-geoise de village, calme, vue, soleil, pays grassois.Ecrire au journal, réf 7706.

➥ Paris, Ile-de-France. Recherche emploi Assistant /secrétaire commercial. Secteur social, aides aux per-sonnes âgées et / ou handicapées. Participer, rédiger,diffuser les comptes-rendus des réunions d'équipes.Mise en place d'opérations de marketing pour la dif-fusion et la promotion. Ecrire au journal, réf E7707.

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