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la Haute-Savoie en construction
de la ville sarde au territoire transfrontalier
1860 2060
CLUSES
CHAM
ONIX-MONT-BLANC
RUMILLY
THONO
N-LES-BA
INS
ANNE
MASSE
ANNE
CY
Le JouRnaL De L’eXPoSItIonLe 150e anniversaire du rattachement de la Savoie à la France nous offre l’opportunité d’interroger la manière dont les villes de Haute-Savoie ont évolué de 1860 à aujourd’hui et d’activer cette connaissance pour nourrir une réfl exion prospective : quel territoire voulons-nous en 2060 ?
Qui n’a pas été saisi par la diversité des paysages de la Haute-Savoie et la manière dont les montagnes surgissent entre les édifi ces pour faire partie intégrante de la ville ? Mais qu’en sera-t-il dans 50 ans, si la ville continue à gagner sur les espaces agricoles et naturels ? Les espaces construits ont augmenté de 31% depuis 1991. La population du département est en constante augmentation. L’extension urbaine est en train de faire disparaître les espaces entre les villes historiques. La perspective d’une ville distendue pourrait nuire à l’attractivité touristique et résidentielle de la Haute-Savoie. Le territoire ne peut-il pas faire l’objet d’une attention particulière ? Etre exploité plus rationnellement, densifi é et recyclé pour répondre aux nouveaux usages ?
2060 approche prospective
2000195418611756
zones urbanisées
Plan 1730 (mappe sarde)
Plan milieu du XIXe (1850 env.)
Plan début XXe (1900 env.)
Plan milieu XXe (1950 env.)
Plan début XXIe (2010)
Projection milieu XXIe (2060)
Zone naturelle
Lac
Nombres d’habitants
Échelle
NOMBRE DE LITSTOURISTIQUES
44 000
AIRE URBAINE 13 127
15 500
9 813 5 6992 394
2060
200019541861
7711756
AIRE URBAINE 16 994
21 000
11 2245 1554 137
2060
200019541861
1 6831756
AIRE URBAINE 78 212
58 00028 85114 0164 918
2060
200019541861
1 757 1756
AIRE URBAINE 65 442
29 500
17 8555 3181 585
2060
200019541861
7911756
cLuSeS tHOnOnruMiLLY
cHaMOnix
6 villes de Haute-SavoieÉvolution des surfaces urbanisées du territoire communal depuis 1730.
2000 population de l’aire urbaineSource InseeUne aire urbaine est un ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle urbain, et par des communes rurales ou unités urbaines (couronne périurbaine) dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes attirées par celui-ci.
Source Insee 2009
0 1 km 5 km
2
QueL teRRItoIRe vouLonS-nouS HaBIteR en 2060 ?
AIRE URBAINE 206 040
83 500
50 36222 1149 370
2060
200019541861
3 7281756
AIRE URBAINE 244 179
47 500
27 08410 2091 124
2060
200019541861
2951756
annecY anneMaSSe
Les principales villes de Haute-Savoie ont atteint leurs limites communales. Seuls restent les espaces protégés et non constructibles du fait de la topographie des lieux. L’extension urbaine est en train de faire disparaître les espaces entre les villes historiques. La ville sera bientôt partout : dans les fonds de vallée, au bord des lacs, sur les coteaux, en montagne. Le territoire sera-t-il demain entièrement urbanisé, mettant fi n à la différence séculaire ville-campagne ou ville-montagne ? Pour éviter de transformer le département en ville distendue, ne faut-il pas revenir à la ville et lui porter la plus grande attention ? La ville est une entité complexe qui se déploie dans l’espace (en trois dimensions) et dans le temps. Il est stratégique de comprendre ses formes construites, l’articulation de ses quartiers, mais aussi ses reliefs et ses cours d’eau. Connaître la spécifi cité architecturale de chaque ville apporte des éléments de réponse pertinents pour son avenir.
L’exposition présente l’évolution de la forme urbaine de six villes de Haute-Savoie, de la période précédant le rattachement à la France jusqu’à aujourd’hui. Elle propose une simulation pour 2060. Cette histoire cartographiée donne à voir la croissance d’Annecy après 1945, la transformation de la bourgade d’Annemasse en ville transfrontalière, la naissance de Chamonix-Mont-Blanc comme véritable ville à la montagne, l’extension de Cluses en ville-vallée, le développement de Rumilly entre les deux Savoie et la manière dont Thonon-les-Bains a reconstruit la ville sur la ville. Les villes sont également montrées telles qu’elles sont aujourd’hui.
Ce parcours cartographique et photographique dans les villes de Haute-Savoie révèle la diversité des entités qui constituent chacune d’elles (îlot, immeuble-barre, espace vert, quartier industriel, quartier pavillonnaire…) et autant de manières de fabriquer la ville et son articulation au territoire.
Le Journal de l’exposition offre des points de vue reconnus d’architectes et d’urbanistes sur la ville et son projet. Certains sont désormais historiques (La charte d’Athènes a été élaborée en 1933), tous développent des thèmes entrant en résonance avec les questions qui sont celles des villes de Haute-Savoie aujourd’hui. Ils sont là pour éclairer la dimension historique de la construction des villes et stimuler de nouvelles approches.Regarder de plus près la structure de la ville dense et sa capacité à accueillir des usages nouveaux (Aldo Rossi, architecte italien, en 1966). Dépasser l’opposition de la ville moderne à la ville ancienne (Colin Rowe, théoricien américain de la ville, en 1978).Ne pas négliger ce qui se passe à l’extérieur des villes : la transformation progressive du territoire en une seule nébuleuse urbaine (André Corboz, historien de l’urbanisme, en 1992).
Si Richard Rogers (architecte anglais) en appelle à la ville dense comme réponse aux problèmes d’écologie et de mixité sociale (1997), pour Bernardo Secchi (urbaniste italien), la ville contemporaine est inévitablement hétérogène et distendue (2000) ; ce qui n’empêche pas l’élaboration de projets pour la ville contemporaine.
Une chronologie permet de situer les architectures construites en Haute-Savoie depuis 1860 dans la production (édifi ces, villes et textes d’architectes et d’urbanistes sur la ville) en France et dans le monde, et de mieux saisir les cultures architecturales qu’elles cristallisent. Cette chronologie n’est pas exhaustive. Elle privilégie la description spatiale d’édifi ces remarquables et de villes pour donner envie de les découvrir.
De la ville sarde au territoire transfrontalier. En 1860, l’enjeu était d’assimiler le territoire de la Savoie à la France. Les infrastructures territoriales étaient renforcées et les villes dotées des institutions représentatives de l’Etat français. Aujourd’hui revient la question de l’articulation de ce territoire frontalier aux métropoles européennes voisines (Genève, Lyon et Turin). Interrogé sur le territoire de la Haute-Savoie en 2060, Bernard Debarbieux, professeur de géographie à l’Université de Genève, souligne la capacité de ce département à diversifi er ses ancrages territoriaux. La Haute-Savoie et ses villes se rapprochent de Genève pour constituer l’agglomération franco-valdo-genevoise, de l’Italie pour protéger le massif du Mont-Blanc, des villes du sillon alpin pour donner forme à une métropole multipolaire, des territoires suisse, autrichien et italien et plus globalement de l’arc alpin pour inventer une nouvelle entité territoriale : transnationale, métropolitaine et alpine.
Sophie Paviol est architecte, historienne de l’architecture du XXe siècle. elle est enseignante à l’École nationale supérieure d’architecture de Grenoble et chercheuse au laboratoire des Métiers de l’Histoire de l’architecture.
SOPHie PaviOL
cOMMiSSaire de L'exPOSitiOn
3
1860_2010cHrOnOLOGie
À Turin, l’Ancien Régime s’écroule en 1798, dès l’entrée des troupes françaises dans la ville. Le Conseil des Édiles est dissous. La cité baroque, entre les mains des architectes nommés par Napoléon Bonaparte, fait l’objet d’une réforme systématique qui vise à donner une physionomie différente de la ville, entièrement planifi ée. Le nouveau Conseil des Ediles commence à rédiger le plan de coloration de la ville de Turin en 1808. […]
Le Conseil des Édiles continue l’œuvre entreprise par la génération précédente, au 18ème siècle, où avaient été émis plusieurs plans partiels sur la rectifi cation du tracé des rues. Il les complète et les englobe en un plan général comprenant la totalité du territoire urbain. Mais c’est surtout sur la conception architecturale du vieux centre historique de la ville que l’intervention du Conseil se révèle effi cace. Le centre de Turin fait, grâce à lui, l’objet d’une réforme radicale et d’une restructuration totale. […]
Le but de la couleur est, selon les cas, de souligner, de corriger, et même, là où l’édifi ce présente de fortes anomalies ou des erreurs irréparables, d’en atténuer les effets. Il faut qu’elle collabore à l’ordonnance des façades, en accentue l’apparence,
la rendant plus visible et plus nette, en distingue tous les éléments, c’est-à-dire les structures de remplissage et les parties décoratives. D’où le caractère polychrome de ce système de coloration.C’est une polychromie qui veut imiter, en particulier, la « polychromie permanente » des structures en pierre. Les soubassements, les encadrements et les corniches de couronnements, les piliers et les architraves sont très souvent associés à la pierre de taille et doivent par conséquent évoquer les matériaux qu’ils représentent : « le rez-de-chaussée… sera coloré en pierre dite Sarizzo », « colonnes, corniches de toute espèce, et ornements en pierre grise claire ».Bref, il ne suffi t pas que l’édifi ce soit solide et robuste ; il doit aussi en donner l’impression. La couleur, aussi, doit obéir à la loi de la « solidité apparente ».
L’eMBeLLISSeMentDe La vILLe
Giovanni Brino et Franco Rosso sont architectes. Colore e città. Il piano del colore di Torino 1800-1850, assessorato alla edilizia del comune di torino e idea editions, Milan, 1980, pages 15 à 17.
Le plan de coloration de turin : 1800-1850
GiOvanni BrinO
FrancO rOSSO
4
Histoire de La viLLe et de L’arcHitecture en France et dans Le Monde
Histoire PoLitique
Histoire de La viLLe et de L’arcHitecture en Haute-savoie
18601792 1800 1810
1860_24 mars : traité de cession de la savoie et du comté de nice à la France. 22 avril : Plé-biscite en savoie. 14 juin : la savoie est offi ciel-lement remise à la France.annecy devient préfecture du nouveau départe-ment de Haute-savoie.
1792_Première annexion de la Savoie et de Nice à la France. La Savoie devient le 84e département français, nommé le département du Mont-Blanc.
1798_Création du dépar-tement du Léman. Il fédère le Faucigny et le Chablais autour de Genève, mais exclut Annecy.
1802_Annexion du Piémont à la France.
1814_L’Autriche occupe la Savoie du Nord. La royauté sarde est rétablie à Turin.
1815_Le congrès de Vienne restitue la Savoie à la royauté sarde.
1860_Création d’un parc populaire dans Paris : le parc des Buttes-Chaumont (J.-C. Alphand). Cascades, grottes et bocages transforment cette ancienne carrière en nature artifi cielle, en béton moulé.
1841_Reconstruction de la ville de Sallanches détruite par un incendie. La ville nou-velle met en place un plan en échiquier inspiré du modèle turinois (F. Justin, ingénieur).
1845_Reconstruction de la ville de Cluses, au nord de la ville incendiée, à partir d’un plan en échiquier semblable à celui de Sallanches (F. Justin, ingénieur).
1853_Début des travaux de transformation de Paris (Baron Haussmann, préfet de la Seine). Ils prennent fi n en 1882.
1861_Proclamation du Royaume d’Italie. Issu du royaume de Sardaigne, il est gouverné par la dynastie de Savoie. Victor-Emmanuel II est proclamé roi d’Italie.
1861_Rénovation de la gare du Nord (J. Hittorff, Paris). Réalisation d’un grand hall en charpente métallique.
1862_ Arrivée du chemin de fer à Rumilly. Construction d’un magasin des tabacs, suite à l’introduction de la culture du tabac en 1861 (François-Xavier Cretz, archi-tecte des Tabacs).
1863_Inauguration du métro de Londres.
1864_Construction à Annecy des édifi ces publics qui représenteront l’Empire français : la préfecture (1864), la maison d’arrêt (1865) et la gare (1866).
1865_ Le cadastre français remplace la Mappe sarde, établie depuis 1730.
1865_Inauguration de la ligne de chemin de fer qui relie Aix-les-Bains à Annecy.
La capacité d’Haussmann à maîtriser la ville toute entière contraste singulièrement avec la pratique antérieure, pauvre en actions d’envergure et bien incapable de porter la réfl exion elle-même au niveau de l’ensemble urbain. La mise en place d’un outil administratif et technique développé, la Direction des Travaux de la Seine, serait la preuve la plus nette de la pleine dimension des préoccupations haussmanniennes.
Il ne faut cependant pas imaginer que le contrôle de la ville par Haussmann se fait partout, ni surtout à tous les niveaux et à travers toutes les instances. Haussmann est loin d’avoir à créer une ville de toutes pièces : il travaille sur un espace déjà largement structuré ; il n’agit pas sur toute la structure mais sur certains éléments seulement, de manière sélective et par des modes d’intervention spécifi ques. C’est ainsi, comme le montre le contenu même du plan de Napoléon III, que l’intervention se situe d’abord à un niveau global. Au niveau global appartient le réseau des percées qui cisaillent la ville, auquel sont liées de grandes implantations monumentales comme places, gares, édifi ces publics importants, etc. Par exemple, les boulevards de Strasbourg et de Sébastopol, ouverts par tranches de 1852 à 1858, établissent
une perspective de 2,3 km entre la gare de l’Est et le dôme de la Chambre de Commerce, et distribuent ce complexe d’espaces ouverts que forment à la croisée de Paris le square Saint-Jacques et la place du Châtelet, avec ses deux théâtres disposés de manière symétrique.
Ce réseau double de percées et d’implantations monumentales a un triple objectif : revaloriser les monuments en les isolant et en les reliant visuellement les uns aux autres ; aller contre l’insalubrité et la vétusté et établir partout des images de modernité : l’espace et la lumière ; circuler : de gare à gare, de quartier à quartier.
Il réalise en fait une correction structurelle en manifestant le niveau global de la structure urbaine, niveau représentatif de la nouvelle totalité (la très grande ville, la capitale), celui qui assure la liaison à la dimension de l’ensemble, celui qui comprend les institutions caractéristiques de cet ordre global.
Philippe Panerai et Jean Castex sont architectes et urbanistes, Jean-Charles Depaule est sociologue des formes. Formes urbaines : de l’îlot à la barre, éditions Parenthèses, Marseille, 1997 ; réédition en 2001, pages 19 et 20.
L’architecture néo-classique n’est pas réservée aux édifices officiels. Elle est parfois présente
dans la vieille ville où dominent les habitations et les commerces.
Edifices néo-classiques : page de gauche, l’Hôtel de ville d’Annecy (1851) ;
ci-contre, un immeuble d’habitation, milieu XIXe, rue Royale, Annecy.
Le réseau des percées du Paris haussmannien : 1853-1882
PHiLiPPe Panerai
Jean caStex
Jean-cHarLeS dePauLe
1870 18801875
1866_La Vénétie et Mantou sont soustraites à l’empire d’Autriche pour être annexées au royaume d’Italie.
1872_Yellowstone dans les montagnes Rocheuses devient le premier Parc natio-nal (USA). Il vise à protéger la faune et la fl ore des dégrada-tions humaines.
1875_Constitution de la IIIe République française.
1880_Arrivée du chemin de fer à Thonon-les-Bains. La gare est inaugurée en 1884.
1883_Début de la construction de l’église de la Sagrada Familia à Barcelone (A. Gaudi, Espagne). Gaudi invente un principe statique et des formes spatiales fantastiques en analysant les formes de la nature. L’édifi ce est toujours en chantier.
1882_La « ville linéaire » (A. Soria y Mata, Espagne) : principe d’organisation de la ville à partir d’une route bordée de maisons. Des jardins étant plantés à l’arrière, la ville croît uniquement en longueur. Ce principe est expérimenté près de Madrid à partir de 1892.
1885_Percée des trois « Gran Via » de Barcelone (Baixeras)
1867_Aménagement du site des gorges du Fier.
1870_Mise en circulation d’un accès routier confor-table à Chamonix.
1869_Construction de la Bibliothèque nationale de Paris (H. Labrouste). La ver-rière de la salle de lecture est supportée par des fi nes colonnes de fonte.
1871_Ouverture du tunnel du Fréjus (12,8 km) ; percé de 1857 à 1871, en même temps que le creusement du canal de Suez (1859-1869).
5
La vILLe FonCtIonneLLe
Le cOrBuSier, 1933
1887_La loi du 30 mars 1887 normalise les règles de protection du patrimoine (monuments historiques et objets d’art) et les conditions d’intervention de l’Etat.
1889_La tour Eiffel, conçue pour être démontée à la fi n de l’Exposition de Paris, devient le symbole de la grande ville et de la modernité.
1900_Ouverture de la 1ère ligne du métro de Paris. Les entrées du métro parisien (H. Guimard), en fonte et de formes végétales de style Art nouveau, sont des repères à la surface de la ville.
1889_Camillo Sitte pu-blie L’art de bâtir les villes (Autriche). En réaction à la conception haussmannienne de la ville, ce livre fait l’éloge de la ville traditionnelle avec ses tracés irréguliers et ses monuments pris dans la continuité du bâti.
1901_Tony Garnier dessine les premiers plans de son projet de Cité industrielle (1900-1904). Cette proposi-tion d’implantation de la ville, à partir du site et suivant une organisation par activités, est publiée en 1917 sous le titre Une cité industrielle. Étude pour la construction des villes.
1890_Arrivée du chemin de fer à Cluses.
1901_Fondation de l’École d’art de Nancy, Alliance des industries d’art. L’invention de formes nouvelles et l’attention portée aux matériaux caracté-risent l’Art nouveau.
1893_Maison Tassel à Bruxelles (V. Horta). La présence sculpturale de la structure en fonte et les différences de niveau entre les espaces font de cet hôtel particulier Art nouveau, la première maison moderne en Europe.
1894_L’anarchiste italien Caserio assassine le président de la IIIe république Sadi-Carnot à Lyon. Condamnation du capitaine Dreyfus.
1895_Otto Wagner publie Architecture moderne (Au-triche). Ce livre met en avant les stimuli culturels apportés par la vie dans la métropole et plaide pour la simplicité en architecture.
1898_Ebenezer Howard publie Villes-jardins de demain (Grande-Bretagne). En réaction à l’exten-sion de la grande ville, il propose la réalisation de cités-jardins. Entourées d’une ceinture de terrains agricoles, elles ne doivent pas dépasser 35 000 habitants. Elles sont reliées entre elles et à la métropole par des moyens de communication rapide. La première cité-jardin est réalisée à Lechtworth, à partir de 1903 (R. Unwin et B. Parker).
1888_Ouverture d’un éta-blissement thermal à Thonon-les-Bains, à partir du captage des eaux de la Versoie. La même année, un funicu-laire vient relier le port de Rives et la ville haute.
1894_Début de la construction du métro de Vienne (Autriche).
1898_Arrivée du chemin de fer à Chamonix qui marque le début de l’essor touristique de la ville. Cette même année, 24 000 personnes découvrent la ville et son paysage de haute montagne.
6
1887 1890 1895 1900
Les immeubles de la ville modernesont organisés autour d’espaces verts.Ci-contre, quartier Les Ewües, avenue GeorgesClemenceau. Ci-dessous, quartier de LaSardagne, rue du Pont / rue Jean Mermoz, Cluses.
La ville et sa régionLa ville n’est qu’une partie d’un ensemble économique, social et politique constituant la région.On ne peut envisager un problème d’urbanisme qu’en se référant constamment aux éléments constitutifs de la région et principalement à sa géographie, appelée à jouer dans cette affaire un rôle déterminant : lignes de partage des eaux, crêtes avoisinantes dessinant un contour naturel que confi rment les voies de circulation naturellement inscrites dans le sol. Aucune entreprise ne peut être considérée si elle ne se raccorde pas au destin harmonieux de la région. Le plan de la ville n’est qu’un des éléments de ce tout que constitue le plan régional. […]
HabitationsLa croissance de la ville dévore, au fur et à mesure, les surfaces vertes limitrophes sur lesquelles prenaient vue ses ceintures successives. Cet éloignement, toujours plus grand, des éléments naturels augmente d’autant le désordre de l’hygiène*.Plus la ville s’accroît, moins les « conditions de nature » y sont respectées. Par « conditions de nature », on entend la présence, dans une proportion suffi sante, de certains éléments indispensables aux êtres vivants : soleil, espace, verdure. Une extension incontrôlée a privé les villes de ces nourritures fondamentales, d’ordre aussi bien psychologique que physiologique. […]
Plusieurs facteurs concourent au bien du logis. Il faut rechercher à la fois les vues les plus belles, l’air le plus salubre en tenant compte des vents et des brouillards, les pentes les mieux exposées, et enfi n utiliser les surfaces vertes existantes, les créer si elles sont absentes ou les reconstruire si elles ont été détruites. […]
Il doit être tenu compte des ressources des techniques modernes pour élever des constructions hautes. […] Reste à déterminer, par un examen sérieux des problèmes urbains, la hauteur qui convient le mieux à chaque cas particulier. Concernant l’habitation, les raisons qui postulent en faveur d’une certaine décision sont : le choix de la vue la plus agréable, la recherche de l’air le plus pur et de l’insolation la plus complète, enfi n la possibilité de créer à proximité immédiate du logis les installations collectives, locaux scolaires, centres d’assistance, terrains de
jeux qui seront ses prolongements. Seules des constructions d’une certaine hauteur pourront satisfaire heureusement à ces exigences légitimes.
Les constructions hautes implantées à grande distance l’une de l’autre, doivent libérer le sol en faveur de larges surfaces vertes. […]
LoisirsTout quartier d’habitation doit comporter désormais la surface verte nécessaire à l’aménagement rationnel des jeux et sports des enfants, des adolescents, des adultes. […]
Les nouvelles surfaces vertes doivent servir à des buts nettement défi nis : contenir les jardins d’enfants, les écoles, les centres de jeunesse ou tous les bâtiments d’usage communautaire, rattachés intimement à l’habitation. […]
travailLes distances entre lieux de travail et lieux d’habitation doivent être réduites au minimum.Ceci suppose une distribution nouvelle, suivant un plan soigneusement élaboré, de tous les lieux consacrés au travail. Le rassemblement des industries en anneaux autour des grandes villes a pu être, pour certaines entreprises, une source de prospérité, mais il faut dénoncer les conditions de vie déplorables qui en ont résulté pour la masse. Cette disposition arbitraire a créé une promiscuité insupportable. La durée des allées et venues est sans rapport avec la course quotidienne du soleil. Les industries doivent être transplantées sur les lieux de passage des matières premières, au long des grandes routes d’eau, de terre ou de fer. […]
Les secteurs industriels doivent être indépendants des secteurs d’habitation, et séparés les uns des autres par une zone de verdure.La cité industrielle s’étendra au long du canal, de la route ou de la voie ferrée, ou, mieux encore, de ces trois voies conjuguées. Devenue linéaire et non plus annulaire elle pourra, au fur et à mesure de son développement, aligner son propre secteur d’habitation, qui lui sera parallèle. Une zone verte séparera ce dernier des bâtiments industriels. Le logis, inséré désormais en pleine campagne, sera complètement protégé des bruits et des poussières tout en restant dans une proximité qui supprimera les longs trajets journaliers ; il redeviendra un organisme familial normal. […]
CirculationLes rues doivent être différenciées selon leurs destinations : rues d’habitation, rues de promenade, rues de transit, voies maîtresses.Les rues, au lieu d’être livrées à tout et à tous, devront, selon leur catégorie, connaître des régimes différents. Les rues d’habitation et les terrains destinés aux usages collectifs réclament une atmosphère particulière. Pour permettre aux logis et à leurs « prolongements » de jouir du calme et de la paix qui leur sont nécessaires, les véhicules mécaniques seront canalisés dans des circuits spéciaux. Les avenues de transit n’auront point de contact avec les rues de circulation de détail, sauf aux lieux de raccordement. […]
* les risques pour la santé. ndlr
Le Corbusier est architecte. La charte d’Athènes, première édition en 1942 ; Points seuil, Paris, 1971, pages 20, 36, 48, 53, 60, 62, 70, 71 et 85.
1904_Création de la Société des Forces du Fier. Annecy et sa région béné-fi cient désormais d’une énergie électrique abondante et stable.
1908_Création d’une route entre Chamonix et Martigny. Cette nouvelle voie de circu-lation ouvre la vallée sur la Suisse.
1908_Adolf Loos publie Ornement et Crime (Vienne, Autriche). Il dénonce l’usage de l’ornement en architecture.
1912_Guerre des Balkans. 1914-1918_Première Guerre mondiale.
1905_Edouard Herriot, maire de Lyon, nomme Tony Garnier architecte en chef de la ville. Il réalisera l’abat-toir de la Mouche (1906-1907), l’hôpital de Grange-Blanche (1910 et 1920-1930), le stade de Gerland (1916-1921) et le quartier des Etats-Unis (1919) en précisant les idées énoncées dans les planches de la Cité industrielle.
1919_Abdication de Guillaume II et proclamation de la République allemande.
1912_Ouverture de l’Hôtel Impérial à Annecy. Cet établissement est signi-fi catif de l’essor touristique de la ville, lié à l’attrait pour les Alpes et au développe-ment du chemin de fer.
1919_Fondation du Bauhaus par Walter Gropius (Weimar, Allemagne). Cette école d’arts appliqués et d’architecture souhaite former des concepteurs en phase avec leur temps.
1920_Henri Prost construit la ville nouvelle de Rabat (Maroc) en bordure de la ville ancienne.
19201905 1910 1915
1906_Caisse d’Épargne de Vienne (O. Wagner, Autriche). La monumentalité de l’édifi ce est donnée par la simplicité du hall baigné de lumière et donnant à voir sa structure de fonte.
Histoire PoLitique Histoire de La viLLe et de L’arcHitecture en Haute-savoie Histoire de La viLLe et de L’arcHitecture en France et dans Le Monde
7
Immeuble de logement privilégiant l’apport de lumière
et l’ouverture sur le paysage, suivant les préconisations
de La charte d’Athènes.Avenue du Léman, Thonon-les-Bains.
Nous soutenons au contraire que la ville est quelque chose qui perdure à travers ses transformations et que les fonctions, simples ou plurielles, qu’elle remplit au cours du temps, sont des moments dans la réalité de sa structure. […]
Permanence des édifi cesUn fait urbain déterminé seulement par une fonction n’est pas utilisable au-delà du temps d’application de cette fonction ; en réalité, nous continuons d’utiliser des éléments dont la fonction est depuis longtemps perdue ; la valeur de ces faits réside par conséquent uniquement dans leur forme. Leur forme est partie intégrante de la forme générale de la ville dont elle est, pour ainsi dire, un invariant ; souvent ces faits sont étroitement liés aux éléments constitutifs de la ville, à ses origines, et on les retrouve dans les monuments. […]
On peut affi rmer qu’avec un système donné de transports publics la forme de la ville n’est pas encore pour autant déterminée, ou qu’en tous cas un tel système peut être mis en place pour obtenir une certaine forme de la ville ou pour la suivre. Je ne crois pas que le métro d’une grande ville puisse faire naître des polémiques au-delà de la question de son intérêt technique, alors qu’on ne peut pas dire la même chose pour les installations résidentielles, qui font généralement débat, au sens où leur constitution en tant que faits urbains suscite la controverse.Il existe donc dans le problème de la résidence un fait spécifi que qui est étroitement lié au problème de la ville, à son mode de vie, à sa forme physique et à son image ; autrement dit, à sa structure. Cet élément spécifi que ne concerne aucun type d’équipement technique, car celui-là ne constitue pas un fait urbain. […]
Un édifi ce historique peut être détaché de sa fonction originelle, ou bien présenter au cours du temps plusieurs fonctions, aux sens des usages auxquels il est destiné, sans modifi er pour autant sa qualité de fait urbain générateur d’une forme de la ville. […]
Nous pouvons affi rmer que le caractère distinctif de toutes les villes, et donc aussi de l’esthétique urbaine, c’est la tension qui s’est créée et continue
de se créer entre les aires et les éléments premiers, entre un secteur et l’autre ; cette tension est donnée par la différence entre les faits urbains existant dans un lieu donné et elle doit être mesurée non seulement en termes d’espace mais aussi en termes de temps. […]
Je voudrais insister sur le fait qu’en prenant le point de vue de l’architecture, plus peut-être que d’autres points de vue, on peut arriver à une vision globale de la ville et donc comprendre sa structure. […]
J’ai essayé de montrer que cette théorie naît de l’analyse urbaine, de la réalité ; cette réalité contredit tous ceux qui croient que des fonctions prédéterminées peuvent à elles seules orienter les faits urbains et qui croient que le problème est seulement de donner forme à certaines fonctions ; en réalité ce sont les formes elles-mêmes qui en se constituant dépassent les fonctions auxquelles elles doivent répondre ; elles se posent comme étant la ville même.
Aldo Rossi est architecte. L’architettura della città, Marsilio editori, Padova, 1966 ; L’architecture de la ville, infolio éditions, Gollion, 2001, pages 53, 61, 89, 107, 119, 127, 150 et 160.
La vILLe eSt aRCHIteCtuReSaLdO rOSSi, 1966
La ville est d’abord constituée par ses édifices.
Ilots de Thonon-les-Bains, Annecy et Cluses.
Les immeubles d’habitation du début du XXe siècle
donnent forme aux îlots.Ci-contre : le quartier de la Gare
conçu par G. Fournier dans les années 30 à Annecy.
La juxtaposition d’édifices anciens et contemporains
produit la vitalité de la ville.Page de droite : ancien hôtel,
rue Vallot, Chamonix, 1902. Immeuble contemporain, rue Docteur Paccard, Chamonix-
Mont-Blanc.
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1922_Mussolini accède au pouvoir en Italie.
1923_Eglise du Raincy en Seine-Saint-Denis (Auguste Perret). En laissant brut le béton, Perret démontre que ce matériau économique peut être esthétique.
Le Corbusier publie Vers une architecture : manifeste de l’architecture moderne.
1926_Le Bauhaus de Des-sau (W. Gropius, Allemagne). Tout est fait pour que cet édifi ce soit perçu de manière dynamique : la paroi entiè-rement vitrée des ateliers, la rue qui passe sous le volume des bureaux, les balcons en débord des logements-étu-diants.
1926_Construction du « chalet pour skieurs » de N. de Rotschild (H.J. Le Même) dans la nouvelle station de sports d’hiver de Megève.
1929_Krach boursier à Walt Street.
1922_Principe d’une « Ville contemporaine de trois millions d’habitants » (Le Corbusier). La construc-tion de tours de bureaux au centre de la ville permettrait de libérer des espaces verts.
1924_La France et l’Angle-terre reconnaissent l’URSS.
1925_Le Corbusier publie Urbanisme.
1927_Weissenhofsiedlung, cette cité expérimentale construite à Stuttgart propose des organisations spatiales nouvelles pour le logement individuel et collectif (Mies van der Rohe, Gropius, Le Corbusier, Oud…).
1928_Premier Congrès International d’Architecture Moderne (CIAM) à La Sarraz (Suisse). Cette rencontre vise à donner une assise théorique et internationale à l’architecture moderne.
1929_Pavillon allemand pour l’Exposition universelle de Bar-celone (L. Mies van der Rohe). Les colonnes d’acier chromé et les parois de marbre mettent en place un espace dynamique.
1924_Premiers Jeux Olym-piques d’Hiver à Chamonix.
1932_Sanatoriums du Plateau d’Assy à Passy : Roc-des-Fiz (1932), Guébriant (1933) et Geoffroy Martel de Janville (1937), (P. Abraham et H. J. Le Même). Les dispositions auda-cieuses du dernier assurent un ensoleillement maximum aux chambres qui se succèdent sur 120 m de long. Chaque balcon reçoit pleinement le soleil, grâce au décalage des étages.
1929_Maison person-nelle et atelier d’archi-tecture d’Henry Jacques Le Même à Megève. La toiture-terrasse accessible, les fenêtres en longueur et la dilatation des espaces intérieurs font de cette villa à la montagne une architec-ture moderne.
1934_Fondation de la ville nouvelle de Sabaudia (Italie).
1932_Salazar est élu président du Conseil au Portugal.
1933_Hitler devient chancelier de l’Allemagne. Les Japonais envahissent la Chine. Franklin D. Roo-sevelt est élu président des États-Unis.
1933 _Le IVe CIAM (Congrès International d’Architecture Moderne) est consacré à l’étude prospective de « la ville fonctionnelle ». Il préconise les espaces verts, l’enso-leillement et la différentia-tion des voies de communi-cation. Ces principes seront développés par Le Corbusier dans La charte d’Athènes, publiée en 1943.
1934_La zone franche, étendue en 1860 à toute la Savoie du nord, est à nouveau limitée au can-ton d’Annemasse.
1930_Villa Savoye à Poissy, Yvelines (Le Cor-busier). La rampe placée au cœur de la villa anime les espaces intérieurs et extérieurs, des pilotis à la toiture-jardin.
1932_Fondation de la ville nouvelle de Littoria (Italie).
1931_La République est proclamée en Espagne.
1921 1925 1930 1935
La vILLe eSt aRCHIteCtuReSaLdO rOSSi, 1966
Des formes et des relations nouvellesLa question n’est pas de savoir si la ville traditionnelle est, en termes absolus, un bien ou un mal, pertinente ou pas, en harmonie ou pas avec le Zeitgeist (l’esprit du temps), ni de relever les défauts les plus voyants de l’architecture moderne ; c’est plutôt une question de bon sens et d’intérêts communs. Nous disposons de deux modèles de la ville. Finalement, puisque nous ne voulons les abandonner ni l’un ni l’autre, nous souhaitons les assouplir tous les deux. Car, à une époque qui se réclame de l’idée d’options multiples et d’intentions pluralistes, il doit être possible d’élaborer à tout le moins une stratégie de compromis et de coexistence. […]
Nous avons suggéré qu’au lieu d’espérer et d’attendre un éventuel dépérissement de l’objet (qui foisonne plus que jamais sous forme de produits manufacturés), il serait peut-être plus judicieux d’encourager son assimilation dans une texture ou une matrice dominante. Par ailleurs, nous avons suggéré que la fi xation à l’objet, la fi xation à l’espace, ne constituent plus en elles-mêmes des positions valables. Certes, l’une peut caractériser la ville « nouvelle », et l’autre la ville ancienne ; mais, si les deux modèles sont appelés à être dépassés — et non imités —, il faut espérer une situation où les bâtiments et espaces coexisteront dans un débat permanent entre égaux — débat
où la victoire laissera indemne chacune des deux composantes. Il s’agit là d’une sorte de dialectique entre le vide et le plein, une reconnaissance du droit de cité à ce qui est explicitement planifi é comme à ce qui est authentiquement non planifi é, aux compositions formelles comme aux fruits du hasard, au public comme au privé, à l’Etat comme à l’individu — bref, un équilibre éclairé ; et c’est pour souligner les possibilités d’un tel débat que nous avons abordé quelques stratégies rudimentaires. Métissage, assimilation, déformation, défi , riposte, impératif, surimpératif, conciliation […].
En aucun cas l’action ne peut attendre qu’un problème soit idéalement formulé ; la possibilité même de cette formulation idéale fait que l’action est toujours imparfaite, et le bricolage, qui joue un rôle si important en politique, devrait certainement le faire aussi en urbanisme.
En effet, si nous sommes prêts à reconnaître que les méthodes de la science et du bricolage sont complémentaires, qu’elle constituent deux manières d’aborder les problèmes, et qu’il y a égalité entre la pensée « civilisée » (qui présuppose une sérialité logique) et la pensée « sauvage » (avec ses sauts analogiques) — la dernière concession est la plus diffi cile —, il se pourrait même que l’on puisse alors ouvrir un chemin à une dialectique vraiment utile pour l’avenir.
un débat permanentNous proposons de prendre en considération les possibilités qu’offre ce confl it sublimé qu’est le débat ; et s’il y a un besoin urgent en renards et en bricoleurs, peut-être devons-nous ajouter qu’il ne s’agit en aucun cas de sauvegarder la démocratie dans le monde. Ce n’est pas tout à fait autre chose, mais ce n’est pas cela non plus. Il s’agit plutôt de sauvegarder la ville (et donc la démocratie) au moyen de métaphores généreuses, de pensées analogiques, d’ambiguïtés ; et face au scientisme, au laisser-aller prévalent, il est toujours possible que cela permette une réelle survie par le design. […]
Puisqu’il s’agit bien évidemment d’une proposition adressée au peuple, c’est en termes de plaisirs dont on se souvient et qu’on désire éprouver, de dialectique entre le passé et le futur, de concaténation de contenus iconographiques, de collision à la fois spatiale et temporelle que nous pourrions (pour reprendre notre argument) commencer à défi nir la ville idéale.
Colin Rowe et Fred Koetter sont théoriciens de la ville. Collage City, Massachusetts institute of technology, 1978 ; Collage City, infolio éditions, Gollion, 2002, pages 99, 118, 154, 156 et 183.
CoeXIStenCe De La vILLe nouveLLe et De La vILLe anCIennecOLin rOWe & Fred KOetter, 1978
1940 1945 1950 1954
1939_Seconde Guerre mondiale.Pacte germano-soviétique.
1936_Front populaire en France et premiers congés payés. Début de la guerre civile en Espagne.
1945_Bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki (Japon) par les États-Unis. Capitulation de l’Allemagne et du Japon.
1946_Loi dite « New Towns Act 1946 » en Grande-Bre-tagne : mise en construction de 15 villes nouvelles dont 8 situées entre 30 et 50 km du centre de Londres. Conformément aux principes de la cité-jardin d’Ebenezer Howard, chaque ville est entourée d’une ceinture verte, destinée à empêcher son extension.
1947_Conception de l’Unité d’habitation de Marseille (Le Corbusier). L’édifi ce intègre tous les services nécessaires à la vie de ses habitants avec à mi-hauteur une rue commerçante et en toiture une école maternelle et des espaces de loisir. Elle est terminée en 1952.
1949_Création de la République populaire de Chine.
1949_Reconstruction de Rotterdam au Pays-Bas.
1936_Maison du peuple de Clichy (J. Prouvé avec E. Beaudoin, M.Lods et V. Bodiansky). Les parois de verre translucide et la structure d’acier appa-rente réunissent dans un même volume les usages quotidiens ou événemen-tiels d’un marché, d’un auditorium et d’une salle des fêtes.
1943_La loi du 25 février 1943 sur la protection des patrimoines institue un périmètre de 500 mètres (les « abords ») autour des monuments protégés.
1944_Création du Minis-tère de la reconstruction et de l’urbanisme (MRU).
1946_Reconstruction du Havre (Auguste Perret). Le 1er projet développait la ville sur deux niveaux : celui des voitures et celui des piétons.
1948_Création de la Répu-blique italienne. Fondation de l’État d’Israël.
1948_Plan Dumont pour Annecy.
1953_Le centre commer-cial de Lijnbaan à Rotter-dam (J. van den Broek et J. Bakema, Hollande). En interdisant la circulation des voitures de la gare au centre ville, ce quartier commerçant devient un modèle pour la rénovation urbaine.
1946_Référendum pour décider du statut de l’Italie : monarchie ou république ?
1950_Chapelle Notre-Dame de Ronchamp (Le Corbusier). L’édifi ce est conçu comme un dispositif à émouvoir. La lumière colorée y entre de manière multiple en traversant d’épais murs courbes. Elle est terminée en 1953.
Histoire PoLitique Histoire de La viLLe et de L’arcHitecture en Haute-savoie Histoire de La viLLe et de L’arcHitecture en France et dans Le Monde
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DeS vILLeS DuRaBLeS
ricHard rOGerS, 1997
environnement et sociétéProblèmes écologiques et problèmes sociaux ne sont pas dissociables. Les politiques qui visent à améliorer l’environnement peuvent aussi améliorer la vie sociale des citadins. Les solutions écologiques et sociales se renforcent mutuellement et permettent de construire des villes plus respectueuses de la santé, plus vivantes et plus ouvertes. Mais surtout, durabilité signifi e qualité de vie pour les générations futures.
Mon approche de l’environnement durable réinterprète et réinvente le modèle de la « ville dense ». Il faut se rappeler pourquoi, au cours de ce siècle, ce modèle a été si catégoriquement rejeté. Les villes industrielles du XIXe siècle étaient l’enfer même : elles souffraient de surpeuplement, de pauvreté et de maladies. Des égouts à ciel ouvert propageaient le choléra et la fi èvre typhoïde ; les industries toxiques côtoyaient des logements surpeuplés. En conséquence, dans beaucoup de villes industrielles de l’Angleterre victorienne, l’espérance de vie n’atteignait pas vingt-cinq ans. Ce sont précisément ces dangers et ces injustices fondamentales qui ont incité des urbanistes comme Ebenezer Howard en 1898 et Patrick Abercrombie en 1944 à proposer de désengorger les villes en relogeant les gens dans des environnements moins denses et plus verts : cités-jardins et villes nouvelles.
Aujourd’hui, au contraire, les industries polluantes disparaissent des villes du monde développé. Du moins en théorie, avec l’émergence de l’industrie « verte », de la production d’énergie et des systèmes de transports publics virtuellement propres, des systèmes perfectionnés d’évacuation des eaux usées et des déchets, il n’y a plus aucune raison de juger le modèle de la ville dense comme nocif. Cela signifi e que nous pouvons considérer d’un autre œil les avantages sociaux de la proximité, redécouvrir les atouts de la vie en compagnie d’autrui.
La ville compacteAu-delà des avantages sociaux, le modèle de la « ville dense » peut apporter d’importants bienfaits écologiques. Planifi ées de manière intégrée, les villes denses peuvent être conçues pour mieux utiliser l’énergie, moins consommer de ressources, moins polluer et ne pas se répandre sur la campagne. C’est pourquoi je crois que nous devrions approfondir l’idée de la « ville compacte » — une ville dense et socialement diversifi ée où les activités économiques et sociales se recoupent et où les communautés sont regroupées autour de quartiers. Ce concept diffère radicalement du modèle urbain qui prédomine aujourd’hui, celui des Etats-Unis : une ville divisée en zones d’activités, avec des quartiers d’affaires en centre-ville, des centres commerciaux et de loisirs en périphérie, des banlieues résidentielles et des autoroutes. Cette vision de la ville est si puissante et les forces qui poussent à sa réalisation (forces mises en place par les critères des promoteurs obéissant aux lois du marché) sont si prédominantes que les pays moins développés sont maintenant engagés sur une voie qui a déjà trahi les pays développés. […]
Mais c’est la voiture qui a joué le rôle principal dans le travail de sape de la cohésion sociale de la ville. On estime à environ 500 millions le nombre de voitures qui circulent aujourd’hui à travers le monde. Elles ont détruit la qualité des espaces publics et encouragé l’étalement urbain. L’ascenseur a rendu le gratte-ciel possible et la voiture a permis au citoyen de vivre loin des centres-villes. La voiture a rendu viable le principe de la compartimentation des activités quotidiennes, séparant bureaux, commerces et habitat. Et plus les villes s’étalent, moins il devient économique d’étendre leurs systèmes de transports publics et plus les citoyens deviennent dépendants de leur voiture. Les villes, à travers le monde, sont aujourd’hui
1956_Plan de Brasilia (L. Costa), nouvelle capitale du Brésil et de ses édifi ces offi -ciels (le Palais présidentiel, la Cour suprême et le Parlement conçus par Oscar Niemeyer). Le plan de ville et la monu-mentalité des volumes simples sont à l’échelle des grands paysages du Brésil. La ville est inaugurée en 1960.
1957_Nouvelle buvette Cachat (M. Novarina et J. Prouvé, Evian-les-Bains). Douze béquilles en tôle d’acier plié, espacées de 6m, donnent forme au paral-lélépipède qui accueille les différents usages.
1965_Ouverture du tunnel du Mont Blanc (11,5 km). Cette nouvelle voie offre des accès rapides aux métropoles de l’Italie du nord (Turin et Milan) et au Valais suisse.
1958_Seagram Building (L. Mies van der Rohe, New York). Premier gratte-ciel à ménager une place acces-sible à tous sur Park Avenue. Le vide crée une interruption dans la densité de Manhattan.
1958_Décret du 31 décembre sur la création de Zones à Urbaniser en Priorité. Elle répond à la carence de logements due à l’accrois-sement de la population et à l’insalubrité.
1968_Révolte de mai en France.
1970_Colonie de va-cances « Les Péterets » (AUA, P. Chemetov et J. Deroche, Samoëns). La toiture à deux pans et la coursive en façade des chalets de Haute-Savoie sont réinterprétées de ma-nière contemporaine.
1961_Construction du mur de Berlin. Premier homme dans l’espace.
1971_Destruction à Paris des Halles de Baltard.
1961_Réalisation du Siedlung Halen (Atelier 5, Bern, Suisse). Cet agrégat de logements compacts s’adapte parfaitement au site dont il épouse la pente.
1963_Conception d’Avo-riaz (J. Labro, J.-J. Orzini, J.-M. Roques et P. Lombard). Avoriaz propose un nouveau type de station de sports d’hiver, entièrement piétonne. Ouverture fi n 1966.
1963_Début de la construction de Flaine (M. Breuer, l’un des maîtres du Bauhaus, G. Chervaz et E. Boissonnas). Les édifi ces sont transformés par le jeu de la lumière sur les façades composées de panneaux de béton en forme de pointe de diamant. La station ouvre fi n 1968.
1963_Maison des Arts et Loisirs à Thonon-les-Bains (M. Novarina). Inaugurée en 1966. Le volume trapézoïdal, tout en verre, ouvre sur un jardin qui articule le centre ville et le lac en contrebas.
1958_Insurrection algérienne.
1959_De Gaulle président de la République française. 1959_Fidel Castro président du Conseil de Cuba.
1960_J.-F. Kennedy est élu président des USA. Désaccord entre l’URSS et la Chine.
1960_Début des études pour la Zone à Urbaniser en Priorité de Novel (M. Novarina, Annecy). Les travaux sont achevés en 1969. Les équipements culturels, sportifs et religieux de ce nouveau quartier attirent les habitants de toute la ville.
1962_La loi du 4 août dite loi Malraux. Elle étend la notion de patrimoine aux ensembles urbains historiques.
1963_La Neue National-galerie, musée d’art moderne et contemporain de Berlin (L. Mies van der Rohe). Cet édifi ce est un volume de verre, glissé sous une épaisse plaque d’acier qui sert de structure et de toiture.
1965_Début des études pour la rénovation du centre ville de Thonon-les-Bains (Maurice Novarina). Les travaux s’achèvent en 1985, après la démolition d’une partie du centre historique.
1966_Politique des villes nouvelles. L’État français, souhaitant décongestionner Paris, planifi e la fondation de 5 villes nouvelles en Ile de France et 4 villes nouvelles en province.
1966_Révolution culturelle chinoise.
1968_Décision de construire la ville nouvelle de l’Isle d’Abeau. La frag-mentation du plan prend en compte le relief et introduit des morceaux de campagne dans la ville.
1969_Premier homme sur la lune.
1969_En France, démis-sion du général de Gaulle.
La ville est à la fois édifices et territoire.Immeuble d’habitation L’Outa, rue Docteur Paccard, Chamonix, 1966.
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1960 1965 19701955
1975_Pôle sportif et cultu-rel de Chamonix (R. Taillibert qui réalisera quelques années plus tard le Parc des Princes). Les deux tours de logements-lycéens peuvent ne donner à voir que leur béton : tout tient à la position de l’observateur. Les 9 voûtes qui couvrent les équipements sportifs et cultu-rels développent un paysage dont les formes et l’échelle humaine apaisent la présence forte de la montagne.
1977_Inauguration du Centre national d’art moderne Georges Pompidou (R. Piano et R. Rogers, Paris). Une vaste place publique en pente sert de parvis à l’édifice.
1977_R. Venturi publie L’enseignement de Las Vegas (USA). Las Vegas, modèle de la ville contemporaine, émet des messages faits pour être lus en voiture, depuis la route.
1979_Zone à Urbaniser en Priorité centre Novel (J. Levy, Annecy). Véritable quartier avec ses logements, ses commerces et ses équipements organisés autour d’une succession de places piétonnes.
1979_Projet de la Hong Kong and Shangai Bank (N. Foster, Hong Kong). Un atrium toute hauteur traverse les espaces de travail de ce gratte-ciel. Cette nouvelle spatialité est obtenue en plaçant les dispositifs tech-niques en façade. L’édifice est inauguré en 1985.
1981_Casa Rotonda (M. Botta, Stabio, Tessin, Suisse). Cette maison fami-liale est un cylindre en par-paings, traversé par une fente qui fait pénétrer la lumière dans les espaces de vie.
1983_La loi du 7 janvier 1983 instaure les Zones de Protection du Patrimoine Ar-chitectural et Urbain (ZPPAU) et rappelle que « le territoire français est le patrimoine commun de la nation ».
1985_Achèvement de la rénovation du centre ville de Thonon-les-Bains (M. Novrina, M. Brugger et G. Dagneaux). Les circulations automobiles sont reportées à l’extérieur de ce quartier qui articule édi-fices anciens et nouveaux en ouvrant la ville sur le lac.
1985_Loi du 9 janvier 1985 sur la protection de la montagne.
1986_Entrepôt Ricola (J. Herzog et P. de Meuron, Laufen, Suisse). La beauté de ce bâtiment industriel tient à son dépouillement. Un volume clos, uniformément habillé de bardeaux sombres.
1987_Inauguration de la Pyramide du Louvre (I.M. Pei, Paris). La pyramide entièrement en verre qui sert de nouvelle entrée au Musée interagit avec les façades classiques.
1987_Institut du Monde Arabe (J. Nouvel et architec-ture Studio, Paris). La courbe de l’édifice s’inscrit dans la ville en révélant la présence de la Seine. À une autre échelle, les diaphragmes des façades de verre et de métal réinventent le moucharabieh de la tradition arabe.
1986_Loi du 3 janvier 1986 sur la protection du littoral.
1981_Centre culturel intégré Bonlieu (M. Novarina, J. Levy et C. Maisonhaute). Bibliothèque, auditorium, bureaux et commerces sont articulés autour d’une véri-table place couverte.
1973_Congrès de l’Energie solaire à l’Unesco. Dévelop-pement de cette énergie pour l’habitat.
1974_Maison des Jeunes et de la Culture d’Annecy ; aujourd’hui École d’arts (A. Wogenscky et L. Miquel). Les espaces dédiés aux activités culturelles et spor-tives se déploient de part et d’autre d’une rampe inté-rieure. L’édifice en béton brut ouvre ainsi des vues multiples sur le lac.
1978_Palais de Justice d’Annecy (M. et P. Novarina). Une pyramide de verre, tron-quée et inversée, est décollée de son socle monumental par quatre piliers.
réaménagées pour faciliter l’utilisation de la voiture, alors même que c’est elle, plus encore que l’industrie, qui génère la plus grande quantité de pollution de l’air, cette même pollution que les habitants des villes cherchent à fuir. […]
DéplacementsLa création de la ville compacte moderne exige le rejet du développement monofonctionnel et de la suprématie de la voiture. Comment dessiner les villes où les collectivités prospèrent et où la mobilité s’accroît ; comment les dessiner pour que l’individu soit mobile, sans pour autant permettre à la voiture de saper la vie communautaire ; comment la dessiner pour favoriser et accélérer l’utilisation de systèmes de transport propres et redonner la rue aux piétons et à la collectivité ? Telles sont les questions auxquelles il nous faut aujourd’hui répondre.La ville compacte aborde ces problèmes. Elle grandit autour de centres d’activités sociales et commerciales situés aux points d’interconnexion des transports publics. Ces derniers fournissent les pôles autour desquels les quartiers peuvent se développer. La ville compacte est un réseau composé de ces quartiers, chacun avec ses propres parcs et espaces publics et accueillant un large éventail d’activités publiques et privées qui se recoupent. La structure historique de Londres, faite de villes, de villages, de places et de parcs, est un exemple caractéristique du mode de développement polycentrique. Plus important encore, ces quartiers rapprochent emplois et équipements et les rendent aisément
accessibles à la communauté ; cette proximité signifie pour chacun moins de trajets en voiture au quotidien. Dans les grandes villes, les Mass Transit Systems (systèmes de transit globaux) qui relient tous les centres des quartiers, permettent de traverser à grande vitesse la ville de part en part, abandonnant ainsi la desserte locale aux systèmes locaux. Ce système réduit le volume et l’impact du trafic de transit, qui peut ainsi être modéré et contrôlé, surtout autour du cœur des quartiers. Trams locaux, systèmes de transport ferroviaires légers et bus électriques deviennent ainsi plus efficaces, et circuler à bicyclette ou marcher devient un plaisir. Les embouteillages et la pollution se trouvent ainsi extrêmement réduits et le sentiment de sécurité et de convivialité des espaces publics s’accroît.
Les villes compactes durables pourraient, je l’affirme, redonner à la ville son statut d’habitat idéal pour les sociétés fondées sur la communauté. C’est un type de structure urbaine confirmé qui peut être interprété de multiples façons pour satisfaire toutes les cultures. Les villes devraient être l’expression des gens qu’elles abritent, des contacts directs, de la concentration du ferment de l’activité humaine, de la création et des cultures locales. Quel que soit le climat, tempéré ou extrême, dans les sociétés riches comme dans les sociétés pauvres, l’objectif à long terme du développement durable est de créer une structure flexible pour une communauté vigoureuse dans un environnement sain et non polluant. La proximité, l’offre d’espaces publics adaptés, la présence du paysage naturel et l’exploitation des nouvelles
technologies urbaines peuvent fondamentalement améliorer la qualité de l’air et de la vie dans la ville dense. Autre avantage de la ville compacte, la campagne est ainsi protégée de l’empiétement du développement urbain. Je montrerai plus loin comment la concentration d’activités diverses, plutôt que le regroupement d’activités similaires, peut favoriser l’utilisation efficace de l’énergie. La ville compacte peut offrir un environnement aussi beau que celui de la campagne. […]
Je suis convaincu que la multitude d’approches probantes pour construire des communautés durables peut remédier à la folie et à l’ignorance dont on fait preuve aujourd’hui dans la construction des villes. Les forces financières et politiques qui poussent sans cesse au déclin de l’environnement et à la décrépitude de la vie en ville doivent être canalisées par des objectifs urbains durables du point de vue de l’environnement et socialement équitables. Pour y parvenir, la société va devoir exploiter la technologie et les communications modernes, impliquer ses citoyens et prendre à bras-le-corps la complexité de la ville contemporaine. Elle aura aussi besoin de croire que la beauté et la fierté civiques ont une valeur. Au lieu de bâtir des villes qui aliènent nos communautés et écrasent l’environnement il faut construire des villes qui les nourrissent.
Richard Rogers, Cities for a small planet, Faber and Faber, Londres, 1997 ; Des villes durables pour une petite planète, éditions Le Moniteur, Paris, 2000, pages 53 à 55 et pages 60, 62 et 87.
La ville durable doit respecter à la fois la personne et l’environnement.
Ci-dessus à gauche : Villa du Parc (fin du XIXe – extension du début du XXIe siècle), rue de Genève, Annemasse.
Ci-dessus au centre : transports publics dans la Zone à Urbaniser en Priorité Le Perrier, avenue de Verdun, Annemasse.
Ci-dessus à droite : revitaliser les centres historiques, quartier de l’Hôtel de ville, Annecy.
1975 1980 1985
Histoire PoLitique Histoire de La viLLe et de L’arcHitecture en Haute-savoie Histoire de La viLLe et de L’arcHitecture en France et dans Le Monde
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1989_Ouverture du Parc de La Villette (B. Tschumi, Paris). Cet espace vert n’est pas conçu comme un jardin, mais comme parc urbain. Les grandes prairies ponctuées régulièrement par les « folies » (édicules rouges aux vocations multiples) permettent des appropriations libres, multiples et inattendues des espaces.
1989_La Grande Arche de la Défense (conception de J. O. von Spreckelsen et réali-sation de P. Andreu et P. Rice, Paris). Cet édifi ce de bureaux en forme d’arche vient prolon-ger l’axe qui relie le Louvre, la place de la Concorde et l’Arc de Triomphe.
1992_Inauguration de la gare TGV de l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry (ingénieur S. Calatrava). La structure constructive est magnifi ée comme apport esthétique et métaphorique.
1995_Bibliothèque natio-nale (D. Perrault, Paris). Les 4 tours contenant les réserves de livres marquent, à l’échelle de la ville, le périmètre d’un grand patio planté sur lequel ouvrent les salles de lecture.
1996_Bains thermaux (P. Zumthor, Vals, Suisse). La beauté du gneiss gris pré-levé dans la carrière voisine est exaltée par la rigueur du volume simple qui fait masse dans le paysage alpin. À l’intérieur, tout est fait pour éveiller les sens.
Pendant que les acteurs de la deuxième et de la troisième phase portaient leur attention sur la ville historique – les premiers pour la rebâtir de fond en comble, les seconds pour y intervenir en la valorisant – ils négligeaient en effet ce qui se passait à l’extérieur.
Or les villes ne font pas que concentrer la population (urbanisée à plus ou moins soixante-dix pour cent en Europe occidentale), elles tendent à devenir réciproquement limitrophes, elles se soudent les unes aux autres dans de vastes ensembles qui couvrent peu à peu le territoire et rencontrent par-dessus les frontières nationales d’autres ensembles similaires. Il n’y a plus de villes à proprement parler, mais des régions urbanisées qui s’organisent en chaînes, il y a des mégalopoles qui occupent des surfaces toujours croissantes. Bientôt, l’Europe ne sera plus qu’une seule nébuleuse urbaine. Dans cette nébuleuse, ce que nous appelons le centre-ville, les quartiers anciens, la ville historique, occupe probablement moins de un pour cent de la surface totale. Il est donc absolument nécessaire d’inventer une nouvelle problématique d’ensemble.
Le premier constat qui s’impose, c’est que la vieille opposition entre ville et campagne n’a plus de sens ; cela ne signifi e pas que l’agriculture (qui n’emploie plus guère que cinq pour cent de la population active) va cesser d’exister, mais qu’elle subira (et subit déjà) une mutation décisive, c’est-à-dire que la paysannerie va disparaître comme telle, au profi t d’une gestion technocratique des ressources. Les surfaces cultivées le seront à l’intérieur de la nébuleuse urbaine, qui contiendra aussi des forêts, des montagnes, des lacs.
Car les villes ne se sont pas contentées de s’étaler autour de leur noyau, elles ont essaimé pour occuper des lieux jugés inhabitables au XIXe siècle : ce sont elles qui ont colonisé les bords de mer et provoqué leur bétonnage, qui ont implanté des stations de sports d’hiver et d’été dans des endroits jusqu’alors désertiques, elles toujours qui commencent à dévorer l’arrière-pays lorsque les franges côtières sont saturées – et tout cela pour quelques semaines d’occupation par an. Cette entreprise a lieu pour et par les urbains, qui développent également les réseaux de transport nécessaires à ces migrations saisonnières – réseaux le long desquels des services, des unités de production, des centres de décision s’installent à leur tour. […]
À cette mutation quantitative, soit l’extension de la ville au territoire tout entier, correspond une mutation qualitative : le mode de vie urbain, les systèmes de valeurs et de non-valeurs urbains s’imposent partout à travers les médias et surtout la télévision. Ce qu’il restait encore de traditionnel, voire d’archaïque, dans les plaines agricoles et dans les vallées montagnardes est en train de faire place à des modèles de comportement homogénéisés ; les anciens comportements urbains eux aussi disparaissent au profit de modèles qu’il faut qualifier de mégalopolitains. Bref, la quatrième phase sera celle de la ville-territoire, celle de l’urbanisme du territoire urbanisé dans sa totalité.
André Corboz, « L’urbanisme du XXe siècle. esquisse d’un profil » (1992), dans Le territoire comme palimpseste et autres essais, L’imprimeur, Paris, 2001, pages 203 et 204.
Le territoire, tout surchargé qu’il est de traces et de lectures passées en force, ressemble plutôt à un palimpseste. Pour mettre en place de nouveaux équipements, pour exploiter plus rationnellement certaines terres, il est souvent indispensable d’en modifi er la substance de façon irréversible. Mais le territoire n’est pas un emballage perdu ni un produit de consommation qui se remplace. Chacun est unique, d’où la nécessité de « recycler » de gratter une fois encore (mais si possible avec le plus grand soin) le vieux texte que les hommes ont inscrit sur l’irremplaçable matériau des sols, afi n d’en déposer un nouveau, qui réponde aux nécessités d’aujourd’hui avant d’être abrogé à son tour. Certaines régions, traitées trop brutalement et de façon impropre, présentent aussi des trous, comme un parchemin trop raturé : dans le langage du territoire, ces trous se nomment des déserts.
De telles considérations rejoignent notre point de départ. Dans la perspective que nous venons d’exposer, en effet, il est évident que le fondement de la planifi cation ne peut plus être la ville, mais ce fonds territorial auquel celle-ci doit être subordonnée.
André Corboz est historien de la ville. « Le territoire comme palimpseste »(1983), dans Le territoire comme palimpseste et autres essais, L’imprimeur, Paris, 2001, pages 212 à 214 et page 228.
La vILLe-teRRItoIReandrÉ cOrBOZ
territoire urbanisé1992
Recyclage1983
Construction de la chronologie : Sophie Paviol
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1990 1995 2000 2005
Histoire PoLitique Histoire de La viLLe et de L’arcHitecture en Haute-savoie Histoire de La viLLe et de L’arcHitecture en France et dans Le Monde
Plus récemment, les études sur le sens de la nature ont démontré que des superfi cies entières de tissu pavillonnaire pouvaient, par exemple, avoir un rôle de connexion important, en donnant une signifi cation environnementale aux différents types de tissu urbain ; ainsi démontrait-on la valeur potentielle de types comme le suburb ou de ce qui est en formation dans la ville diffuse (que l’on concevait encore auparavant comme une excessive consommation du sol), à condition de les insérer dans un dessein cohérent et global du territoire. La plupart des espèces animales et végétales sont, en effet, menacées par la modifi cation et la fragmentation de leurs habitats respectifs, du fait de l’emploi d’herbicides et de pesticides, mais aussi par les barrières nées de l’urbanisation et par les réseaux infrastructurels, c’est-à-dire par la forme et par le dessin de la ville et du territoire. […]
Ainsi le projet de la ville contemporaine confi e au dessin des espaces ouverts de la ville le rôle qui autrefois revenait au jardin, c’est-à-dire d’être le
lieu d’expérimentation et de mise au point des nouvelles idées. Cet ensemble assumerait les tâches jusqu’alors accomplies par la maille routière de la ville moderne : donner des formes à la ville en tempérant son caractère fragmentaire et son côtoiement. […]
Le projet de la ville contemporaine est en priorité un projet de sol capable de construire un horizon de sens pour une ville inévitablement dispersée, fragmentaire et hétérogène. Il investit, nécessairement et simultanément, les différentes parties de la ville en les traversant et en les reliant entre elles, il utilise des matériaux et engendre des situations dans lesquelles on peut reconnaître une nouvelle esthétique urbaine ; il construit des rythmes spatio-temporels et des séquences dans lesquelles peuvent se lire les pratiques sociales de notre temps.
Bernardo Secchi est urbaniste. Prima lezione di urbanistica, Laterza, Bari-roma, 2000 ; Première leçon d’urbanisme, Parenthèses, Marseille, 2006, pages 127 et 128.
La vILLe DIFFuSe
BernardO SeccHi, 2000
2010 1950 1954
Histoire PoLitique Histoire de La viLLe et de L’arcHitecture en Haute-savoie Histoire de La viLLe et de L’arcHitecture en France et dans Le Monde
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La ville contemporaine est-elle – comme l’aéroport contemporain – « toujours pareille » ? […] Admettons que l’identité dérive de l’aspect matériel, de l’histoire, du contexte, du réel. Nous avons du mal à imaginer que ce qui est contemporain — et que nous produisons — contribue à une identité. Pourtant, l’humanité connaît une croissance exponentielle. Si bien que le passé fi nira un jour par devenir trop « petit » pour être habité et partagé par les vivants. Nous-mêmes en accélérons l’usure. Admettons que l’architecture soit un dépôt de l’histoire. Un jour ou l’autre, inéluctablement, cet avoir-là éclatera sous la masse humaine et fi nira par s’appauvrir. Concevoir l’identité comme forme de partage du passé est une attitude vouée à l’échec.
L’expansion démographique est continue, ce qui implique qu’il y a de moins en moins à partager. De plus, l’histoire a une période d’activité d’une demi-vie seulement (plus on la malmène, moins elle fait sens). De sorte qu’à force de diminuer, elle donne si peu que cela en devient insultant. Cette perte relative est d’autant plus forte que croît la masse touristique. À force de rechercher ce qui a du sens, l’avalanche des touristes réduit l’identité qu’elle est venue trouver à une poussière dépourvue de signification.
Rem Koolhaas est architecte. « La ville générique », dans Mutations, éditions actar et arc en rêve, Barcelone et Bordeaux, 2000, page 722.
La vILLe GÉnÉRIQuereM KOOLHaaS, 2000
« Quels sont les inconvénients de l’identité et, à l’inverse, les avantages de l’impersonnalité ? »
Rem KoolhaasGymnase de Monéry, rue de l’Industrie, Rumilly,
Architecte Philippe Guyard, 2010.
De haut en bas :Gravure La plaisante ville et chasteau
d'Anissy en Savoie, 1598© Arch. municipales d’Annecy
Cadastre 2008 d’Annecy© Caue 74
Cadastre sarde 1732 d’Annecy© Arch. départementales de Haute-Savoie,
Série C, 88-1 à 88-14
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Les départements sont une caractéristique forte du territoire français, leur dimension date encore leur création : elle correspond à une journée de cheval. Toutefois leur intérêt est d’avoir été établis à l’échelle de la circulation rapide d’alors et de correspondre aujourd’hui à une autre échelle de circulation qui peut être celle des déplacements quotidiens. Les départements nous permettent donc de prendre conscience de la réalité actuelle du territoire caractérisée par la diversité des échelles spatiales et temporelles de notre vie contemporaine. En les mettant en rapport avec celles d’hier, nous pouvons imaginer celles de demain.À chacune de ces échelles correspond un mode d’organisation du territoire qui trouve son effectuation dans la diversité des modes de pensée des projets architecturaux. En effet ce qui est premier pour la pensée architecturale, ce sont les relations des édifi ces aux villes et aux territoires. À chaque échelle correspondent des outils de projet spécifi ques. On ne projette pas une bonne construction durable ou soutenable comme la densifi cation des villes, même si les deux questions sont liées dans la pratique du projet par la même ambition d’habiter respectueusement la terre.Le département de la Haute-Savoie, par son héritage de la grande histoire européenne en tant que partie de l’ancienne Savoie et par sa relativement courte histoire française, est un ter-ritoire qui recueille une diversité de cultures : la culture urbaine des petites villes alpines, celle des anciennes capitales, des traditions rurales et des nouveaux modes d’habiter la montagne du XXe siècle hérités des sports d’hiver. Ces différentes cultures cohabitent sur le même terrain, créant localement une complexité qui en est la richesse architecturale c’est-à-dire humaine.
La Haute-Savoie, riche de cette diversité culturelle, nous oblige à imaginer de nouvelles formes d’urba-nisation pour répondre à l'accroissement continu du nombre de ses habitants. Les nouveaux outils de représentation issus des techniques de l’infor-mation numérisée comme les plus anciens outils de représentation tels la mappe Sarde (1730), les différentes cartes, gravures, photos, les dessins, permettent, une fois croisés, de comprendre la diversité des cultures inscrites sur le territoire. Ce qui va permettre d’en imaginer le futur. La diffi culté aujourd’hui est que l’on doit inventer des modèles qui répondent à la fois au souhait d’habiter respectueusement la terre et correspondent à la spécifi cité du lieu. Ils doivent donc être « globaux » et « locaux ». L’aménagement du territoire en France mis en place à la suite de l’industrialisation du XIXe siècle fonctionnaient sur un modèle unique.
La planifi cation urbaine du XXe siècle prenait en compte la diversité des vitesses, mais le cadrage spatial ne posait pas de problème, on « zoomait » dans un référent spatial unique. Aujourd’hui le ter-ritoire est paramétré de mille manières différentes : réseaux écologiques, réseaux routiers, ferrés, acti-vités quotidiennes sociales, sportives, culturelles, écoles, commerces, etc… Chaque paramètre présente une lecture du ter-ritoire qui est relativement autonome, la diffi culté est de les croiser. Nous avons les outils tech-niques pour le faire, en particulier la cartographie dynamique, la diffi culté est d’inventer une nouvelle pensée du projet, une nouvelle culture du terri-toire. C’est là que l’histoire du territoire, entendu comme organisme vivant et richesse commune à tous ses habitants, vient à notre secours. À partir de cette histoire l’imagination du futur peut inventer de nouveaux modes d’habiter. En effet il s’agit aujourd’hui d’inverser la tendance de
l’urbanisation qui repose sur le mode plurimillé-naire de penser les villes et leur extension à partir de leur centre. C’est au contraire aujourd’hui le « vide » qui doit être programmé, la non-urbani-sation. D’où la nécessité de la densifi cation de l’habitat.Pour exister la Nature doit être reconnue, c’est-à-dire, en termes spatiaux, aménagée. Il faut donc inverser la pensée du projet urbain pour que la Haute-Savoie, comme les autres territoires de la planète, puisse encore trouver la qualité de ses espaces dans leur diversité. Le succès de son développement au XXe siècle peut en faire une pionnière des nouveaux modes de gestion écolo-gique des territoires.
Françoise Very est architecte. Professeur à l’ecole nationale supérieure d’architecture de Grenoble, elle est directrice du laboratoire des Métiers de l’Histoire de l’architecture.
La CoMPLeXItÉ Du LoCaLInverser la pensée du projet urbain
FranÇOiSe verY
Sophie Paviol - Pourriez-vous essayer de définir l’identité territoriale de la Haute-Savoie et de ses villes aujourd’hui ?Bernard Debarbieux – Je m’interroge toujours sur la possibilité de penser les choses à l’échelle de la Haute-Savoie. La Haute-Savoie est-elle un périmètre, une entité véritablement pertinente pour penser le devenir de ce territoire ? Le territoire de la Haute-Savoie a fonc-tionné pendant longtemps (et fonctionne encore) de manière très éclatée. On avait affaire à des cantons ou des villes de taille petites et moyennes qui avaient leurs propres territoires, leurs propres zones d’influence, sans qu’une ville s’impose à l’échelle du département. Cette situation est atypique par rapport autres départements français. C’est une qualité propre à ce département. La Haute-Savoie a été construite sur un polycen-trisme, c’est-à-dire sur un réseau de villes de tailles extrêmement diffé-rentes.
En termes d’aménagement du territoire et de perspective, la question est de savoir s’il faut cultiver ce polycentrisme ou s’il faut laisser une ville, Annecy ou Genève, devenir la véritable métropole d’un territoire plus structuré, mais aussi plus banalisé. Cette question est à la fois historique, géographique, territoriale et imminent politique. Elle suppose de savoir quel type de projet territorial les entités constitutives (le département, la région Rhône-Alpes et les territoires voisins) ont envie d’échafauder. Un point fort du système urbain de la Haute-Savoie est d’avoir des villes qui tout en étant majoritairement de taille petite ou moyenne ont leur propre dynamique, leur propre modèle territorial et leur propre capacité à animer un territoire. Cette autonomie est rare pour les villes françaises de 5 000 à 10 000 habitants. En revanche, elle est commune pour les villes allemandes, suisses et, dans une certaine mesure, pour les villes italiennes.
Pour beaucoup de haut-savoyards, Annecy ne s’impose pas à l’ensemble du département. C’est ce qui permet à des villes comme Thonon-les-Bains ou Sallanches de se développer et aux villes touristiques comme Chamonix et Megève d’avoir une véritable autonomie de fonctionnement. C’est une singularité du système urbain haut-savoyard, un véritable atout à valoriser.
La contrepartie est qu’Annecy, tout en ayant connu une croissance économique et démographique importante, reste petite par rapport à Genève et Grenoble, très par rapport à Lyon et Turin. Cette difficulté risque de perdurer, voire de s’accroître. À partir du moment où les villes seront de plus en plus interconnectées, où les frontières seront de plus en plus perméables, un risque possible pour la Haute-Savoie est de subir le tropisme des métropoles voisines (Lyon, Genève, Turin, voire Grenoble) et de perdre par l’extérieur ce qu’elle avait réussi à conserver par sa structure interne.
L’Europe évolue vers un système multipolaire. La politique officielle de l’aménagement du territoire de l’Union européenne est de plus en plus le polycentrisme. Mais ce polycentrisme s’appuie sur des villes de taille plus importante que celle des villes de Haute-Savoye. Il y a néanmoins quelques exceptions intéressantes. Le nord de la Scandinavie, dépourvue de villes de taille importante, essaie de réinventer un modèle territorial qui prenne à son compte le polycentrisme et s’appuie sur les pôles existants pour essayer de cultiver un système à deux échelles : l’échelle locale où l’on crée son propre polycentrisme et l’échelle du polycentrisme des grandes villes européennes.
La Haute-Savoie a aujourd’hui son propre polycentrisme, constitué de villes petites et moyennes. Interroger l’articulation de ce polycentrisme au polycentrisme européen pourrait l’aider à penser l’évolution de son système territorial.
L’autre caractéristique du département est son potentiel extraordinaire de multifonctionnalité, de couplage entre des activités urbaines et industrielles, des activités agricoles et touristiques appuyées sur un environnement naturel de qualité. Ces couplages ont fortement contribué aux développements économique et démographique du département et ont
été déterminants dans l’organisation fonctionnelle des différentes parties
du territoire. Ils ont servi la Haute-Savoie, mais je me
demande si aujourd’hui, ils ne sont pas en train de la desservir.
Beaucoup de gens disent que la population de la
Haute-Savoie de grossie trop vite depuis une vingtaine ou une trentaine d’années. La question me semble d’avantage du côté de l’anticipation et de la régulation des conséquences territoriales de cette croissance démographique. Cette attractivité est sympathique, tant qu’elle permet aux populations de se côtoyer et de vivre ensemble ; ce qui est aujourd’hui le cas pour la Haute-Savoie. Néanmoins, l’usage du sol n’ayant pas été anticipé, les villes, y compris les petites, se sont diluées. Ce qui se passe dans la vallée de l’Arve, ce qui se passe entre Thonon-les-Bains et Evian, autour d’Annecy est indiscutablement le résultat de la croissance démographique. Dans cette exposition, vous avez pris d’analyser à ce qui se passe à l’intérieur des limites communales, mais se qui se passe à l’extérieur est encore plus spectaculaire. Cette évolution a consommé beaucoup de terres agricoles et desservi ce qui faisait la qualité du système urbain haut-savoyard.
La croissance de la population ne s’est pas faite au bénéfice de la centralité et de l’intensité urbaine. Les noyaux urbains ont doublé ou triplé dans les dernières décennies, mais ils n’en ont pas profité pour devenir des villes plus denses et plus animées. En particulier dans la partie française de l’agglomération de Genève, où l’intensité urbaine était de l’autre côté de la frontière. La qualité de l’environnement, après avoir servi en bien le département, pourrait se retourner contre lui. Un risque est la généralisation d’un mode d’urbanisation qui occupe tous les fonds de vallées. C’est déjà le cas de la vallée de l’Arve. Petit à petit, il en va de même en direction d’Evian et en direction de Rumilly. La Haute-Savoie est en train de se structurer en une ville diluée dont le centre ne serait pas seulement Annecy, mais aussi Genève et Sallanches. On assiste, comme dans la vallée du Grésivaudan, à la dilution de la ville, au détriment des centres et des distances. Ce n’est pas forcément une catastrophe, mais cette urbanisation continue oblige à faire le deuil des paysages clairement différenciés de la ville, de la campagne et de la montagne.
Arnaud Dutheil - Ne sommes-nous pas dans une phase de transition entre le modèle polycentrique et la densification des fonds de vallée ? Bernard Debarbieux – On va probablement vers un polycentrisme transnational avec des couloirs d’urbanisation. La vallée de l’Arve est certainement le couloir d’urbanisation plus spectaculaire de la Haute-Savoie, mais il s’appuiera sur Genève, Turin et Lyon.
Si la Haute-Savoie accepte que ce qui va se passer à Annecy, Cluse ou Sallanches soit subordonné à Genève, Turin et Lyon ; pourquoi pas ? D’où ma question initiale. Y-a-t-il encore du sens à penser les choses à l’échelle de la Haute-Savoie ? On ne pourra pas, dans les 50 prochaines années, échapper au polycentrisme transnational.
Ville diffuse ou ville dense ?Quartier Robesson et coteaux, Rumilly.
Centre ville, avenue du Général de Gaulle, Thonon-les-Bains.
La Haute-Savoie est-elle un périmètre véritablement pertinent pour penser le devenir de ce territoire ?
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La Haute-SavoIe en 2060un espace de circulation, une ville diffuse ou un territoire ? entretien avec Bernard deBarBieux
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la Haute-Savoie en construction
1860-2060 de la ville sarde au territoire transfrontalier
Une exposition produite par le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement de Haute-SavoieGeorges Etallaz, présidentArnaud Dutheil, directeur
CONCEPTION CAUE de HAUTE-SAVOIEDominique Leclerc, directrice adjointe, responsable pédagogie & cultureavec :Stéphan Dégeorges, architecte du patrimoine, chargé d’étudesEric Brun, conseiller pédagogie & cultureIsabelle Grand-Barrier, assistante
COMMISSARIATSophie Paviol, architecte, docteur en histoire de l’art, enseignante à l’École nationale supérieure d’architecture de Grenoble, chercheuse au laboratoire des Métiers de l’Histoire de l’Architecture
RÉALISATION RECHERCHES, CARTOGRAPHIE, REPÉRAGES Mélanie Borga-Jacquier, architecte, membre du laboratoire de recherche des Métiers de l’Histoire de l’Architecture
CONCEPTION GRAPHIQUE Arnaud Misse, architecte-graphiste
SCÉNOGRAPHIEFabienne Burdin, architecte-scénographe Patriarche&Co
CAMPAGNE PHOTOGRAPHIQUE Béatrice Cafi éri, photographe
L’exposition a été réalisée à l'initiative et avec le soutien du Conseil général de la Haute-Savoie
Nous tenons à remercier pour leur collaboration et leur aide précieuse :
Yves Kinossian, directeur, Archives départementales de la Haute-SavoieJulien Coppier, responsable des archives anciennes et valorisation, Archives départementales de la Haute-SavoieBernard Debarbieux, géographe, professeur de géographie, Université de GenèveGéraldine Glas, chargée d’études, Atelier François Châtillon Architecte, Ferney-Voltaire Bergamote Hébrard, service patrimoine de la ville de RumillyRené-Pierre Lanternier, assistant de conservation, Archives municipales d'AnnecySabine Maciol, Archives municipales d'AnnemasseElisabeth Mathier, Service de l’urbanisme de la ville de Thonon-les-BainsPhilippe Musson, Service de l’urbanisme, Hôtel de ville, AnnecyTan Nguyen, Atelier Urbanisme, Mairie d’AnnemasseSandra Ollin, archiviste adjointe, Archives municipales de Thonon-les-BainsRichard Plottier, architecte, LyonFlorence Poirier, Archives municipales de ClusesFabien Pouey-Dicard, responsable des Archives municipales de Thonon-les-BainsMarie-Noëlle Provent, premier adjoint chargé de l'urbanisme, de l'aménagement espace public et du patrimoine, Ville d'Annecy
Marie-Claude Rayssac, Archives municipales, Hôtel de ville, AnnecyRaphaël Vaudaux, Archives départementales de la Haute-SavoieFrançoise Very, architecte, professeur à l'École nationale supérieure d'architecture de GrenobleAnne Vuarchex, service de l’urbanisme, Mairie de Cluses Dominique Zumkeller, historien, Service des Archives, ville de Carouge (CH)Service du Cadastre, Cité administrative d’Annecy
L’exposition est présentée au CAUE de la Haute-Savoie du 27 mars au 7 mai 2010.Itinérante, elle se déplace dans la région à partir de la mi-mai 2010.
Arnaud Dutheil - Ne sommes-nous pas au carrefour de deux aires géographiques qui sont aussi deux modes de structuration territoriale : le sillon alpin et le triangle Genève-Lyon-Turin ?Bernard Debarbieux – Nous pouvons ajouter une troisième aire : l’arc alpin. L’arc alpin est une réalité qui monte en puissance et peut aider à penser le territoire de la Haute-Savoie de manière élargie. Les villes du sillon alpin sont confrontées à un problème identique de villes dynamiques qui consomment un espace rare. Mais elles n’ont pas de dynamique économique commune. Si la Haute-Savoie partage les contraintes topographiques de Grenoble et de Chambéry, son développement touristique est très différent de celui de la Savoie et son développement industriel est très différent de celui de Grenoble. Ce n’est pas parce que la Haute-Savoie est géographiquement proche de Genève et de Turin, que ce qui va se passer en Haute-Savoie sera déterminé par ces villes. La Haute-Savoie est à l’intersection de trois champs territoriaux qui pourraient lui permettre d’inventer son propre modèle territorial. Néanmoins, dans chacun de ces champs, elle est aussi déterminée par l’extérieur.
La Haute-Savoie est à la croisée de problématiques territoriales très différentes et avec un degré de proximité que je connais peu dans le reste de l’Europe, y compris dans les autres périphéries alpines : une problématique d’expansion urbaine et une problématique touristique. La croissance de Genève aura des effets sur au moins un tiers du département et une logique de développement touristique qui concerne la moitié du département. Ces deux logiques concernent des espaces très proches et sont susceptibles d’inter-argir. C’est une chance et une menace pour la Haute-Savoie. Le département pourrait basculer dans une économie résidentielle, la Haute-Savoie possédant un environnement de qualité qui incite à se décentrer de la ville pour habiter à la montagne ou en bord de lac. À l’échelle du département l’étalement urbain percole les attraits touristiques.
Arnaud Dutheil - Il y a une hypermobilité en Haute-Savoie. Beaucoup de haut-savoyards travaillent à l’international. Est-ce que l’aspect résidentiel se fait au détriment de l’activité économique ?Bernard Debarbieux – L’hypermobilité est arrivée tard dans la région, mais elle s’y développe rapidement. La théorie de la « ville diffuse » de Bernardo Secchi s’applique très bien à la Haute-Savoie. Nous pouvons penser avec lui que désormais, les territoires entre les villes sont les seuls que l’on puisse planifi er. Si la Haute-Savoie devient un espace pris entre Turin, Genève et Lyon, elle deviendra une sorte de « ville diffuse ». Quelles sont les implications sociales et psychologiques de cette mobilité croissante des individus ? Souhaitons nous construire une grande société villageoise ou
une grande banlieue généralisée ? Dans le même département, voire dans la même commune, certains habitants travaillent à Londres, d’autres à proximité. Les hétérogénéités sont croissantes dans les façons de vivre et le rapport à l’espace.
Certaines personnes ont la faculté de convertir la ressource territoriale en une territorialité nouvelle, mais ce n’est pas donné à tout le monde et tout le monde n’en a pas envie. Il y a deux risques sociaux. Le premier est le décrochage économique de ceux qui ne peuvent pas accompagner le prix du foncier. Le second est le risque de décrochage sur les modes de vie : les formes de mobilité sont de plus en plus exclusives. Il y a un différentiel important entre les personnes qui ont un capital spatial élevé (moyens économiques et culturels de se déplacer) et ceux dont la territorialité est réduite.
Arnaud Dutheil - Le décalage entre l’imaginaire généré par le territoire et sa réalité ne va-t-il pas s’accroître ?Bernard Debarbieux – J’ai du mal à imaginer que la Haute-Savoie puisse faire territoire en 2060. Tout donne à penser qu’elle est d’ores et déjà en train de se diluer dans son environnement. Elle avait (et peut-être a-t-elle encore) une carte urbaine à jouer. C’est celle des petites villes avec leurs spécifi cités architecturales et urbanistiques : Sallanches, Chamonix ou Thonon-les-Bains. Ce modèle est celui des petites villes suisses comme Martigny qui possèdent de fortes intensités urbaines.L’autre scénario, ce sont les couloirs d’urbanisation. Ils peuvent, tout en étant génériques, être très agréables à vivre. On arrive à la ville générique de Rem Koolhaas.
Arnaud Dutheil - Comment envisagez-vous le tandem Genève-Annecy en 2060 ?Bernard Debarbieux – On va vers une intégration accrue et passablement dissymétrique des deux villes. Je crois à l’intégration économique et à l’intégration politique. L’intégration sociale (imaginer être genevois tout en habitant en Haute-Savoie et inversement pour les français) prendra beaucoup plus de temps.
En revanche, les populations alpines ont une grande capacité à repenser leur ancrage territorial sur un mode autre que celui des cantons ou des départements. Elles se constituent en réseaux, dans le sillage de la Convention alpine. La Haute-Savoie est en train de se tourner vers l’arc alpin. Des associations de communes comme « Alliance dans les Alpes » sont très actives. Etre haut-savoyard et avoir des contacts privilégiés avec les alpins du Vorarlberg, du Tyrol ou de la Bavière : cette modernité à géométrie variable permet de se reconnaître dans des choses différentes. C’est par la synthèse de ses formes de reconnaissance que l’on peut penser sa singularité. La Haute-Savoie peut se diluer dans cette collision de champs structurants et devenir un espace purement fonctionnel, ou au contraire essayer de les tricoter ensemble et s’inventer une territorialité métropolitaine et alpine, transnationale et multiculturelle. Les alpes sont aujourd’hui une ressource culturelle et identitaire très forte. L’invention, l’innovation est au croisement des référents identitaires.
Bernard Debarbieux est professeur de géographie à l’université de Genève. il dirige l’équipe de recherche « Montagnes : connaissances et politiques ». L'entretien a été réalisé le 27 janvier 2010 par sophie Paviol et arnaud dutheil, directeur du caue de la Haute-savoie.
BOURG-EN-BRESSEBOURG-EN-BRESSEBOURG-EN-BRESSEBOURG-EN-BRESSEBOURG-EN-BRESSEBOURG-EN-BRESSE
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CHAMONIX-MONT-BLANC
TURINTURINTURINTURINTURIN
0 20 km Le sillon alpin et ses zones de croissance urbaine
Zone urbaine (Insee)
Parc naturel régional
Pôle urbain
Autoroute
Route nationale
Voie ferrée
Frontière nationale
VILLE DE RUMILLY
CAUE de Haute-SavoieL’îlot -S – 2 ter, avenue de Brogny
BP 33974008 Annecy Cedex
ISBN 978-2-910618-18-6© CAUE 74 - Mars 2010
Imprimé en France par l’Imprimerie du Pont-de-Claix
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