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ANTENNE RAPPORT D’ACTIVITE 2015 Les actions menées par Antenne, sont possibles grâce au soutien financier de : Le Centre d’Accueil 9 rue Déserte 67000 STRASBOURG 03 88 32 98 62 Le C.H.R.S. «Antenne Meinau » 3 rue du Général Offenstein 67100 STRASBOURG 03 88 79 42 17 L’Espace Convivial L’Espace 7 à Dire 5-7 rue Déserte 67000 STRASBOURG 03 88 23 60 45 Le S.H.R. Neuhof 6 rue Antoine de Saint Exupéry 67100 STRASBOURG 03 88 40 10 55

ANTENNE - Rapport d'Activité final 2015...ANTENNE 9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG 8 I. LE BUREAU D'ACCUEIL Membres de l'équipe en 2015 : Salariés : • Jennifer BURCK - Secrétaire

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ANTENNE

RAPPORT D’ACTIVITE

2015

Les actions menées par Antenne, sont possibles grâce au soutien financier de :

Le Centre d’Accueil 9 rue Déserte

67000 STRASBOURG

� 03 88 32 98 62

Le C.H.R.S.

«Antenne Meinau » 3 rue du Général

Offenstein 67100 STRASBOURG

� 03 88 79 42 17

L’Espace Convivial

L’Espace 7 à Dire 5-7 rue Déserte

67000 STRASBOURG

� 03 88 23 60 45

Le S.H.R. Neuhof 6 rue Antoine de

Saint Exupéry 67100 STRASBOURG

� 03 88 40 10 55

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SOMMAIRE

Introduction p.05

LE SITE GARE

I. Le Bureau d’Accueil p.07

II. Le Service R.S.A. p.14 III. L’Atelier Passerelle Inform'Action p.30 IV. L’Accompagnement Collectif et Individuel Renforcé vers l’Emploi p.38

LE SITE MEINAU

I. Le C.H.R.S. « L’Antenne Meinau » p.61

II. Le Service Aménagement des Peines p.89

III. L’accompagnement social F.S.L. lié au logement p.96

LE SITE NEUHOF ET NEUDORF

I. Le Service Hébergement Relais Neuhof p.106

II. Le Centre d'Hébergement d'Urgence Hivernal Lyautey p.112

III. Le Centre d'Hébergement d'Urgence Hivernal Jaurès p.124

ANNEXE

Eléments de réflexion sur l’accompagnement vers l’emploi des personnes en situation de grande précarité p.129

Association ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

Tél. : 03 88 32 98 62 – Courriel : [email protected]

Site internet : http://ass.antenne.free.fr et htt://associationantenne.wordpress.com

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2015 : Vous avez dit changement de paradigme ?

2015 aura été une année difficile pour tout le monde et pour nos publics en premier lieu. Aux conséquences d’une crise durable qui n’aura pas permis de trouver les réponses suffisantes aux situations de misères que connaissent les personnes, se sont ajoutées les conséquences des événements dramatiques de l’actualité. Le choc provoqué par les attentats de début et de fin d’année, a engendré un désespoir profond qui traverse l’ensemble de la société française. Et que dire et penser de l’arrivée massive de personnes fuyant la guerre et la terreur et qui vient renforcer les rangs de ceux qui attendent que leur soit proposée une solution pour connaître une vie meilleure ? Sont alors posées de façon brutale les questions qui concernent nos choix de société : quelle société voulons-nous et comment voulons-nous y aller ? Le politique entrera dans cette question par l’angle stratégique, décliné à travers son programme. Mais les citoyens que nous sommes, n’avons-nous pas aussi notre mot à dire et à proposer notre vision du vivre et faire ensemble ? C’est là l’essence même de tout mouvement associatif qui porte, à travers son projet associatif, une vision et une partie d’un projet de société. Or qu’observons-nous actuellement ? On constate malgré les discours, un appauvrissement du monde associatif. Les petites structures n’auraient plus vocation à exister car pas suffisamment représentatives et trop nombreuses dans un contexte de budgets contraints. Disparaître ou se regrouper ! Tel est le mot d’ordre lancé à destination des associations du secteur social. Ce postulat induit alors la non-prise en compte des voix et des engagements de toute une frange de la population. Et l’on s’étonne ensuite que le parti des abstentionnistes soit le 1er parti de France. Pire ! D’aucuns ont compris que le champ de l’abandon est une terre propice à la culture du désespoir, et l’on sait les dangers qu’engendre une telle situation. Quand tirerons-nous enfin des leçons de l’histoire !!! 2015 aura aussi vu la disparition de l’association Accord. La disparition d’une association est toujours une perte douloureuse et ne peut que nous renvoyer à nos propres peurs dont celle de purement et simplement disparaître à notre tour. Car c’est un fait : l’accélération de la lame de fonds du changement dans le secteur de la précarité est à l’œuvre et nombreux sont ceux qui sont tombés au champ d’honneur depuis cinq ans. Une littérature abondante dans le secteur social et médicosocial prétend que nous sommes aujourd’hui dans un changement de paradigme. Le mot est lâché ! A partir de cette expression, toute une machinerie s’est mise en route, broyant au passage les plus faibles. Mais qu’est-ce que recouvre ce terme et quelles conséquences pour notre champ d’action ? "Une crise, ça fait peur, bien sûr, parce que les paradigmes changent...". Le paradigme change. Ah oui ! Le fameux, omniprésent, saoulant changement de paradigme. Nous sommes tous devenus les enfants du paradigme qui change. Je suis sûr qu'avant il y avait un mot pour ça. Mais bon, admettons un peu de cliché... Au fait, qu'est-ce qu'un paradigme ? Le mot vient du grec paradeigma qui signifie "modèle" ou "exemple". On le trouve dans Platon. C'est aussi le sens utilisé en français depuis le XVIe siècle. Puis le paradigme, en épistémologie, désigne un modèle cohérent s'appuyant sur une base théorique définie, une représentation du monde qui repose sur un courant de pensée dominant. Dans le langage courant, un paradigme n'est cité que si l'on veut en sortir. D'ailleurs, on le traite souvent de "vieux paradigme" comme pour mieux souligner qu'il faut vraiment le jeter. Qui, en effet, voudrait garder un vieux paradigme usé par les ans et branlant ? Non, changeons de paradigme et vite. On peut se demander pourquoi on ne dit plus, comme il n'y a pas si longtemps, "changer de modèle" ou "sortir du modèle". Quand j'entends paradigme, je me souviens de l'un de mes vieux professeurs citant Pascal : "Le mauvais style,

c'est d'employer de grands mots pour de petites choses.".

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Pourtant, à un moment donné, quelqu'un, quelque part, a décidé qu'il fallait dire "paradigme" et arrêter de dire "modèle" - plus assez fort sans doute pour signaler les ruptures à l'œuvre se traduisant par des bouleversements sans précédent. Du coup, maintenant, tout changement est un changement de paradigme. Quand une conférence internationale aborde la question d'un "nouveau paradigme sur la formation des étoiles", on comprend bien que c'est fondamental. Platon n'y aurait rien trouvé à redire. Mais dans l'actualité, le paradigme foisonne : on salue un "changement de paradigme avec la réforme pénale" ; ailleurs, on réclame un "changement de

paradigme sur la Sécurité sociale" ; le directeur général d'une grande banque explique le fait que les réseaux bancaires réduisent leur personnel comme un "changement de paradigme"... Et ainsi de suite. Reconnaissez que ces paradigmes-là sont quand même très artificiels. Aussi peut-on se demander si le mot "approche" ne suffisait pas. Car au final, n’est-ce pas là la question centrale pour notre secteur ? Quelle approche avons-nous et voulons-nous de l’autre ? La rationalisation des coûts et des moyens peut s’entendre en une époque de raréfaction du denier public. L’optimisation des moyens accordés au monde associatif est un devoir qui nous revient dans le cadre de la bonne gestion du bien public et de l’aide apportée aux personnes prises en charge. Mais de grâce ! Ne sacrifions pas l’essentiel, à savoir la qualité du service rendu aux personnes-usagers. Un peu de bon sens ! Quels constats pouvons-nous objectivement dresser en étudiant les changements de paradigmes opérés dans le secteur social par certains de nos partenaires européens ? On observe que la rationalisation opérée a effectivement permis une très nette amélioration de la situation financière des établissements. Bravo ! Mais quid de la qualité de service ? Là, le bât blesse ! Pire ! Chaque changement de paradigme a entrainé son lot de situations de maltraitances ! Nous travaillons avec de l’humain, pas avec des yaourts ! Nous le clamons depuis assez longtemps. Peut-on alors envisager un seul instant un changement de paradigme qui mettrait l’humain au centre et qui affirmerait que l’homme doit être la mesure de toute chose ? Est-il possible d’avoir une réflexion sociale qui puisse associer chaque citoyen aux choix de société en matière d’inclusion ? Ca ! Ca ce serait un vrai changement de paradigme !

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LE SITE GARE

Le Bureau d’Accueil

Le Service R.S.A.

L’Atelier Passerelle Inform’Action

&

l’Accompagnement Collectif et Individuel

Renforcé vers l’Emploi

9, rue Déserte – 67000 STRASBOURG

Tél. : 03 88 32 98 62

5 - 7, rue Déserte – 67000 STRASBOURG

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I. LE BUREAU D'ACCUEIL

Membres de l'équipe en 2015 : Salariés :

• Jennifer BURCK - Secrétaire d'accueil (jusqu’au 30/04/2015) • Marie-Evelyne TANCHETTE – Secrétaire d’accueil (jusqu’au 30/09/2015) • Marie-Françoise MOURREAU - Secrétaire d’accueil (du 16/04/2015 jusqu’au 14/12/2015) • Denise NEUMEYER - Secrétaire d’accueil (à partir du 28/09/2015) • Irina ABAKOUMOVA - Secrétaire d’accueil (à partir du 07/12/2015)

Stagiaires :

• Chloé PHILIPPS – Bac Pro SPVL • Ophélie SIEGLER-AYARI – Bac Pro SPVL

Cet endroit est la première prise de contact avec notre structure. Le bureau est ouvert au public du lundi au vendredi de 9h00 à 12h30 et de 13h30 à 17h. Le service est fermé le mercredi après-midi. Depuis quelques années, l'accueil n’est plus inconditionnel compte tenu du fait que nous ne pouvons accompagner que les seuls bénéficiaires du R.S.A. Toutes les premières demandes sont reçues au Bureau d’Accueil et attendent une réponse immédiate. Le premier échange consiste à accueillir les usagers avec politesse et amabilité, les écouter attentivement, eux qui sont si souvent ignorés dans notre société moderne. Nous devons faire face aux difficultés que rencontrent les usagers, vivant pour la quasi-totalité temporairement chez des proches, des amis, dans la rue ou en hébergement d’urgence. Ces personnes sont dans des situations précaires et elles nécessitent un soutien moral et une écoute active et importante car cela leur permet de se confier sur leur situation et expliciter leurs demandes. Cette situation n’est pas toujours évidente pour elles car se dévoiler à des personnes étrangères est très difficile. Nous leur présentons notre association et nos services, notre mission consistant à informer, encourager et faire le point sur leur situation et leurs requêtes, en traitant d’abord les demandes prioritaires, telles que leur domiciliation et leur hébergement pour la nuit. Toutes les demandes sont considérées avec attention d’où l’importance de ce service qui représente le "centre névralgique" du centre d’accueil de l’association. Notre positionnement consiste à considérer que chaque personne est différente, que chaque situation est différente et que nous devons accueillir et considérer ces personnes à égalité, avec une grande humanité. Nous cherchons à aider les usagers à comprendre les démarches les plus urgentes qu’ils doivent entreprendre et les accompagner dans la détermination de leurs priorités et de leurs objectifs. Bien entendu, nous devons rester très attentifs à chaque demande et à chaque requête, respecter la situation et la confidentialité à laquelle chacun a droit, peu importe son parcours. Le Bureau d'Accueil est l’endroit qui permettra à tout un chacun de s’exprimer librement sur sa situation et sa détresse dans le respect d'un cadre confidentiel. Nous devons également rester attentifs et vigilants aux comportements et attitudes des usagers sachant que ces personnes sont parfois dans une détresse extrême et se retrouvent dans des états de fragilité psychologique intenses.

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Cette situation oblige et engage les agents d’accueil à avoir une attitude bienveillante et humanisée afin de créer et maintenir le lien pour que ces personnes se sentent en confiance et pour pouvoir les accompagner plus sereinement. Un autre rôle important des agents d'accueil consiste à mettre en contact la personne avec un référent social en servant de "passerelle" afin que l’accompagnement se fasse dans les meilleures conditions autant pour la personne que pour le référent.

Travail effectué au Bureau d'Accueil en fonction des demandes des usagers :

DEMANDES ACTIONS

Domiciliation postale Création et gestion de domiciliations postales Informatiser les domiciliations postales Répartition, distribution et explication des courriers si besoin Etablissement d'attestation de domiciliations postales (document CERFA)

Hébergement Appel au 115 – numéro d’urgence Renouvellement des hébergements d'urgence, lien avec la Ville de Strasbourg

R.S.A. Rendez-vous et lien avec les référents R.S.A.

Aide caritative Rédaction de demandes de secours et prise de rendez-vous pour les usagers auprès des partenaires caritatifs

Aide administrative Divers documents (expliquer, compléter ou renseigner) : - demande de droits au R.S.A., - demande d'allocations d'aide au retour à l'emploi - dossier de demande de carte vitale, - feuilles d'imposition, - fiches trimestrielles de déclaration de ressources de la CAF, - demande de logement auprès des bailleurs sociaux….. Tenue de statistiques quotidiennes, bilan annuel du service accueil Participation aux diverses réunions institutionnelles Rangement et archivage des dossiers

Inscription aux ateliers passerelles et aux rendez-vous pour l’emploi

Repérage et prise de rendez-vous, lien avec la référente emploi

Renseignements divers Autorisation de passer des appels téléphoniques et renseignements en tout genre (plan pour se rendre à un endroit, nom d’une rue, lieu d’une entreprise...)

Nous faisons le nécessaire pour répondre aux demandes avec un maximum d'efficacité et toujours avec le sourire. Chaque personne, s'adressant à Antenne, cherche avant tout à rencontrer un regard neutre, dénué de jugement, et à faire part de ses craintes et de ses difficultés. Nous sommes à son écoute. Nous essayons de lui apporter un soutien et une aide, dans la limite de nos compétences et de notre temps.

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Les personnes apprécient le fait de pouvoir échanger quelques mots et retrouver des visages familiers ; c'est pourquoi il serait vraiment important de pouvoir maintenir en place l'équipe du Bureau d'Accueil avec des postes permanents. Rappelons qu'actuellement, les deux employés de ce service bénéficient d'un contrat aidé ne pouvant excéder 24 mois. Alors qu’en 2014, aucun incident majeur, aucune agression physique n’avaient été à déplorer et que nous constations une régression de l’agressivité verbale chez certains usagers domiciliés à Antenne, 2015 a été marqué par certains incidents de violences verbales aigües. Nous avons dû faire face et répondre à des positionnements communautaires de certains usagers, nous obligeant à devoir procéder à des rappels aux lois de la République en matière de laïcité. Le contexte de crispation lié aux attentats n’est pas étranger à ces situations. Il nous a fallu continuer à prendre en charge des personnalités violentes et souvent à l’équilibre fragile, sans que des relais ne puissent se dessiner. Le savoir-faire de nos agents d'accueil, allié au cadre bienveillant du Bureau d'Accueil , a permis de mettre en place un cadre contenant pour ces personnes et permettre ainsi la mise en place d'accompagnements sociaux et/ou professionnels pour des bénéficiaires dont plus aucune structure ne voulait entendre parler ... En parallèle, l'équipe du Bureau d'Accueil a effectué un travail administratif toujours aussi conséquent en 2015. Les agents d'accueil font tout leur possible (avec les compétences qui sont les leurs) pour être toujours prompts à répondre aussi bien aux demandes des usagers qu'à celles de leurs collègues, voire aux interlocuteurs téléphoniques, toutes ces demandes se produisant souvent simultanément. On retiendra également le rôle majeur joué par ce service dans la mise en œuvre des droits des usagers au regard de la loi 2002-2. C’est dans ce service que sont présentés et expliqués les outils prévus par la loi : remise et explication du livret d’accueil, de la charte des droits et libertés, du règlement de fonctionnement de la structure, de la communication des coordonnées personnes ressources internes et externes à la structure. A l’issue de l’évaluation interne menée en 2013, le Bureau d’Accueil est intervenu dans la mise en œuvre de certaines améliorations préconisées par le Plan d’Actions prévu. On citera par exemple l’amélioration de l’accès à l’information des bénéficiaires par le biais d’un partenariat noué avec les journaux 20 minutes et Métro, qui sont désormais livrés tous les jours au centre d’accueil et mis à disposition en nombre suffisant sur des présentoirs à destination de nos publics.

Nous avons comptabilisé 8 303 passages (+ 21 % par rapport à 2014) au Bureau d'Accueil au cours de l'année

2015, dont 5 700 passages (+ 39 % par rapport à 2014) pour la seule recherche du courrier.

On retiendra que malgré le fait de limiter ce service aux seuls bénéficiaires du R.S.A., l'activité de ce service reste très importante. On retiendra surtout que la mission de domiciliation postale (qui ne bénéficie d’aucun financement) représente une part très importante du service rendu par le Bureau d’Accueil.

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Etat des passages mensuels tout au long de l'année 2015 :

1. La domiciliation postale

Le Bureau d'Accueil est habilité pour la domiciliation postale des personnes sans domicile fixe. Ce service important est apprécié par les personnes ; il constitue pour bon nombre d'entre elles une étape nécessaire, un repère : la recherche du courrier devient un geste quotidien et pour certaines la première des démarches actives de la journée. Le public domicilié à Antenne est constitué de personnes isolées, sans domicile fixe, bénéficiaires du R.S.A., et majoritairement de nationalité française ou ayant un titre de séjour de plus de 5 ans. La majorité des personnes sont des hommes situés dans la tranche d’âge 35 – 45 ans. Cependant la progression de la part des femmes dans les publics s'adressant à la structure, se poursuit d’années en années. Les personnes s’adressant à Antenne ont besoin d’aide dans leurs démarches sociales et professionnelles. Ainsi l’ouverture d’une domiciliation postale à Antenne est conditionnée par la mise en œuvre d’un accompagnement régulier avec un référent. En 2015 nous avons constaté la poursuite de l’augmentation du nombre de demandes formulées par certaines personnes pour les aider à comprendre les courriers en raison d’une non-maîtrise du français. Le travail réalisé a consisté à aider à remplir et expliquer des documents de divers organismes tels que la Caisse Primaire d'Assurance Maladie, Caisse d'Allocations Familiales, Centre des Impôts, bailleurs sociaux… .

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Nombre de passages mensuels au Bureau d'Accueil en 2014 et en 2015

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Le temps qui leur a été consacré a donc augmenté et ce de manière régulière depuis quelques années. Ce sont souvent des personnes analphabètes ou ne parlant que très peu le français et pour lesquelles il faut lire, expliquer, aider à remplir des documents administratifs et qui sont inquiètes, voire angoissées. Au cours de l'année 2015, nous avons encore constaté le manque de prises en charges existantes pour tous ceux qui ne relèvent pas du dispositif R.S.A. (bénéficiaires de l’AAH, chômeurs indemnisés, retraités, …) et qui se retrouvent à la rue. Etat des domiciliations actives tout au long de l'année 2015 :

On constate une augmentation du nombre de personnes domiciliées à Antenne sur l’année. Elle est principalement due aux conséquences de la disparition de l’association Accord, dont il a fallu domicilier un nombre important de bénéficiaires à Antenne. Nous en profitons pour remercier le C.C.A.S. de la Ville de Strasbourg et le service RSAvenir d’Horizon Amitié, qui ont également fait face à la reprise d’un nombre important de personnes qui étaient auparavant domiciliées chez Accord. Cette situation a généré une période de tensions, se traduisant parfois par des épisodes de violence importante chez des usagers déjà fragiles et mis à mal devant le fait accompli. La situation de saturation des organismes agréés pour la domiciliation postale des personnes sans domicile fixe sur Strasbourg, alliée au manque de réponses de la part des pouvoirs publics, nous questionne. Qu’adviendra-t-il lors de la disparition de la prochaine association agréée ? La disparition d’Accord et ses conséquences immédiates sur le fonctionnement des dispositifs, n’a été qu’une répétition générale ! Elle démontre la fragilité des structures associatives par manque de moyens au regard des besoins actuels à couvrir ainsi le manque de coordination de la part des différentes autorités concernées. Nous regrettons également la disparition d’un acteur associatif important dans la prise en charge des personnes sous main de justice, dont les missions n’ont été reprises que partiellement et sur les seules actions générant des financements publics. La notion de service d’intérêt général s’efface rapidement dès lors que le coût généré par ledit service n’est pas couvert. En logique de bonne gestion financière, nos associations deviennent progressivement des entreprises sociales, répondant aux mêmes logiques d’organisations et de

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Etat mensuel des domiciliations postales actives en fin de mois en 2015

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stratégies, que celles du secteur marchand. A la différence près que nos activités sont non lucratives, limitant ainsi notre pouvoir d’action et de décisions et qu’il nous faut faire face aux mêmes modes de gestion que l’entreprise marchande … La gestion des domiciliations nécessite beaucoup de temps. Il s'agit d'assurer l'ouverture et la fermeture des adresses postales, de vérifier si les personnes respectent le règlement (surtout au niveau des passages réguliers de rigueur), d'effectuer le renvoi de courriers, d'éviter les abus (les demandes de procuration, les réexpéditions etc...). Il est évident que tout ce travail a un coût, et pourtant ce service est encore considéré comme gratuit et n'est pas pris en charge financièrement. Il faut rappeler que la domiciliation postale n'est pas qu'un simple lieu de distribution du courrier. Ce service est le premier service de rétablissement du lien social pour des personnes très en rupture. Cela suppose de prendre du temps avec chaque usager (explication du courrier, lecture de ce dernier pour beaucoup de personnes qui ne savent pas lire, aide à la rédaction de courriers, etc...). Le non financement de ce service, qui représente pourtant une quantité de travail importante, nous oblige aujourd'hui à ne prendre en compte, que les domiciliations des personnes bénéficiaires du R.S.A. En 2015 il aura fallu procéder à de nombreuses réorientations vers d’autres partenaires, dans un contexte tendu.

En 2015, l'association a servi de domiciliation postale à 337 personnes (+ 28 % par rapport à 2014). On constate donc que malgré le fait d'avoir limité l'accès à ce service aux seuls bénéficiaires du RSA,

l'augmentation du nombre de personnes domiciliées à Antenne, a considérablement augmenté au cours de

l'année 2015. Cela pose la question de notre capacité à pouvoir soutenir ce rythme de croissance par rapport à un besoin

clairement identifié chez nos publics, mais qui ne fait l’objet d’aucun financement de la part des pouvoirs

publics, malgré les frais de fonctionnements qu’il engendre.

En 2015 l’arrivée de publics d’origine étrangère (notamment des personnes d'origine somalienne et des pays de l’Est) s’est poursuivie. Il s’agit de personnes qui ont vu leur situation administrative se régler et ont pu de ce fait obtenir le bénéfice du R.S.A. Ces personnes ne maitrisent pas ou très peu la langue française. Leur accès au dispositif R.S.A. posera problème à terme du fait de la diminution importante du nombre d’actions d’apprentissage du français. Leurs démarches d’insertion s’en trouveront affaiblies et la communication avec ces personnes est d’ores et déjà très difficile.

2. L'hébergement d'urgence

Les personnes dépourvues d'hébergement représentent une part importante des usagers qui se présentent au Bureau d'Accueil. Un important travail de liaison avec le 115 y est effectué. Ce travail a permis tout au long de l'année de diriger des personnes vers les différents centres d'hébergement, dont le Service Hébergement Relais, géré par Antenne. On retiendra cependant que la gestion de la pénurie de places, mise en œuvre par le 115, a entraîné de nouvelles modalités d’accès et d’orientation sur les places d’hébergement d’urgence : désormais l’accès aux places via le 115 est soumis à la mise en place d’un accompagnement auprès d’un référent qui, lors de chaque renouvellement de la demande d’hébergement, doit rendre compte de la situation et des démarches accomplies par le bénéficiaire. Dans de nombreux cas, ce sont les agents du Bureau d’Accueil, qui ont tenu ce rôle d’accompagnant.

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3. La messagerie et l'aide administrative

Le Bureau d'Accueil sert également de relais entre les entreprises, les personnes suivies à Antenne, les référents R.S.A, les financeurs etc... Les informations passent par l'accueil et sont transmises aux collègues chaque fois qu'ils sont concernés, ce qui est essentiel au bon fonctionnement de l'association à tous les niveaux. Cela montre encore une fois l'importance que revêt le Bureau d'Accueil dans toute l'organisation de la structure : c’est un point central de la transmission et de la diffusion de l’information.

4. Le travail de repérage et d'orientation

Comme chaque année depuis 2005, les usagers ont eu la possibilité de bénéficier d'un accompagnement individuel renforcé vers l'emploi (financement du Fonds Social Européen). Le Bureau d'Accueil a effectué un important repérage sur les personnes susceptibles de participer à un accompagnement renforcé vers l'emploi. Au moment de l'ouverture de sa domiciliation postale à Antenne, chaque usager reçoit une information complète sur ce service et sur Inform'Action. Ce travail a permis de nombreuses orientations vers les sessions Inform'Action ainsi que vers un premier entretien avec le référent emploi. C'est tout un engrenage d'actions qui débute dès la première rencontre avec le Bureau d'Accueil d'Antenne. C'est dire l'importance que revêt ce lieu dans le processus d'insertion !

Traitement administratif lié à l'atelier passerelle ; 3%

Prise de RDV avec un référent; 45%

Traitement administratif lié à la domiciliation postale; 21%

Aides administratives (actualisation Pôle

Emploi, rédaction de courriers, aides à la

recherche d'informations…); 20%

Traitement et réponses aux institutions

partenaires ; 10%

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Un important travail de saisie a été réalisé par les agents d'accueil concernant les recherches d'emploi des usagers, l'actualisation de situation au Pôle Emploi, les relevés trimestriels de revenus pour la CAF ou bien encore l'impression d'attestations de paiement de la CAF. Nous avons également constaté des demandes plus importantes par des personnes de nationalité étrangère (des ressortissants provenant des pays de l’est ainsi que des pays d’Afrique), qui ont été réorientées par nos services vers des structures plus adaptées et plus compétentes pour une prise en charge. La mission que se fixe le Bureau d'Accueil est de permettre aux usagers de rebondir. Le travail à l'accueil ne se résume pas à des actes bien spécifiques comme la domiciliation postale, l'hébergement d'urgence, la messagerie et l'aide administrative, mais suppose une dimension humanitaire supplémentaire. Le Bureau d'Accueil est un « trait d’union entre les hommes », entre les demandeurs et les travailleurs sociaux, donc il nécessite la présence d'au moins deux personnes en continu et de façon stable. En effet, ce Bureau d'Accueil représente un sas de décompression pour les usagers d'Antenne... Ils y trouvent un moment d'écoute, d'encouragement, de considération, de prise de recul, d’accès à un statut de personne considérée, en attendant que le relais soit pris par les référents. Cet état de fait amène à ne pas négliger l'importance stratégique d'un bureau d'accueil en matière de parcours d'insertion.

II. LE SERVICE R.S.A.

Membres de l’équipe en 2015 : • Hélène GIUE • Véronique DE SA ROSAS (jusqu’au 31/08/2015) • Mélanie EDERLE (à partir du 15/09/2015) • Jérôme CHAUVIN (jusqu’au 28/10/2015) • Hélène ERNEWEIN (à partir du 26/10/2015) • Emilie MULLER • Dominique METZ Stagiaire : • Nadine VEDDER – stagiaire CAFERUIS

1. Présentation du service, spécificités, prestations proposées

a. Le cadre d’intervention

• Nombre d’ETP affecté : 2,75 ETP (répartis sur 5 personnes) • Nombre de suivis attendus selon le cahier des charges : entre 192 et 220 personnes par an • Montant de la subvention attribuée en 2015 : 144 375 €

Le service R.M.I. puis R.S.A d’Antenne existe depuis 1988. Il est composé de 5 personnes représentant 2,75 ETP. L’accompagnement mis en œuvre auprès du public a lieu sur le site gare de l’association, au 9 rue Déserte à Strasbourg. Le public est rencontré du lundi au vendredi de 08h30 à 12h30 et de 13h30 à 17h00, sauf le mercredi après-midi.

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L’équipe a en charge :

• l’accueil des demandeurs du RSA

• l’aide à l’établissement des demandes de RSA

• l’aide à l'ouverture des droits connexes

• l’aide dans les démarches nécessaires pour faire face aux situations d’urgence

• la préparation du Contrat d’Engagement avec les bénéficiaires puis la transmission de ce document à l’Instance de Validation de la Commission Technique R.S.A. pour validation du projet du bénéficiaire

• la mise en œuvre et le suivi du Contrat d’Engagement du bénéficiaire

• l’accompagnement social des bénéficiaires

• la participation active à la réflexion générale sur l’amélioration des services proposés par Antenne, le développement et l’amélioration des pratiques professionnelles, la capitalisation et la transférabilité des bonnes pratiques

Les bénéficiaires doivent être rencontrés au minimum deux fois par mois dans le cadre de bilans de situation intermédiaires. En fonction des difficultés rencontrées, certains bénéficiaires demandent des rencontres plus rapprochées et nécessitent un accompagnement plus soutenu.

b. Spécificités à signaler L’accompagnement social RSA proposé est un accompagnement individuel et individualisé. Il est complété par de l’accompagnement en collectif (atelier passerelle Inform’Action) ainsi que par de l’accompagnement collectif et individuel renforcé vers l’emploi. On notera aussi une de nos spécificités, fondamentale à nos yeux : la possibilité pour nos publics de pouvoir rencontrer une psychologue clinicienne, et de mettre en œuvre un travail avec cette dernière en parallèle et en complément des parcours d’insertion. Une autre spécificité du service réside dans l’articulation de nos interventions auprès du public. Si nous défendons la notion d’accompagnement et de prise en charge globale des personnes, nous avons fait le choix de la spécialisation des interventions auprès des personnes. Nous partons du principe qu’un seul référent ne peut pas maîtriser l’ensemble des compétences requises dans un accompagnement. De ce fait, nous avons spécialisé les tâches et les interventions de nos référents. Ainsi, nous aurons toujours au minimum un binôme (un référent social + un référent emploi) mobilisé autour de la situation d’un bénéficiaire, dans un même temps et dans un même espace. À ce binôme, peut se rajouter, lorsque la situation l’exige, et à la demande formulée par le bénéficiaire, une troisième compétence, celle de la psychologue. Cette approche et ce mode d’intervention est générateur de mouvement, de dynamique chez le public accompagné. Et l’on sait bien que lorsqu’une personne est en mouvement, qu’une dynamique est lancée, la résolution des difficultés s’accélère et le temps de présence dans le dispositif se raccourcit. Au final, tout le monde est gagnant :

• le bénéficiaire qui voit sa situation se résoudre plus rapidement

• les intervenants qui ne s’épuisent pas dans les multiples champs nécessaires à la résolution de la situation du bénéficiaire

• le financeur qui voit le coût du social diminuer du fait de la réduction du temps de présence des bénéficiaires dans le dispositif.

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On retiendra que cette modalité d’intervention, également expérimentée dans d’autres départements, a été validée par l’Assemblée des Départements de France, se traduisant par une convention signée entre Pôle Emploi et chaque département dans le cadre de la mise en œuvre de ce qui est appelé désormais l’accompagnement global du public bénéficiaire du RSA. La mise en œuvre effective de cet accompagnement global par Pôle Emploi en est à ses débuts. Nous observons que si les modalités d’accompagnement élaborées paraissent adaptées pour certains publics, il n’en va pas de même pour d’autres et en particulier pour les publics d’Antenne. En effet, au cours de l’année certains bénéficiaires accompagnés par nos services, ont été réorientés par la Commission Technique RSA vers l’accompagnement global de Pôle Emploi. Très vite, il s’est avéré que cet accompagnement n’était pas du tout adapté à la situation des allocataires. Ce type d’accompagnement s’adresse en effet à des personnes déjà relativement autonomes, et qui si elles connaissent encore des freins sociaux empêchant l’accès à l’emploi, sont cependant suffisamment indépendantes dans leurs démarches. Nous regrettons la manière dont sont décidées ces orientations qui mettent l’allocataire et le référent d’Antenne devant le fait accompli, choix parfois inadapté et qui peut remettre en cause des mois de travail, voire tout le parcours réalisé. Nous pensons très clairement qu’il faille laisser l’initiative au référent d’Antenne et à l’allocataire d’une orientation vers l’accompagnement global de Pôle Emploi lorsque nous sentons l’allocataire prêt et en capacité à intégrer ce type d’accompagnement. Il suffit pour cela de changer de paradigme et faire suffisamment confiance aux compétences des professionnels que nous sommes.

c. Le mot de la psy Une psychologue clinicienne intervient une fois par semaine, le lundi, sur la base d’un quart-temps. Intervention auprès des usagers La précarité, la perte de repères des personnes sans domicile fixe et/ou sortants de prison supposent fréquemment l’apparition ou l’amplification de difficultés psychologiques telles que la perte d’estime de soi, la modification de l’image de soi, un rapport au corps bouleversé... C’est pourquoi nous faisons une proposition d’écoute aux usagers de l’association Antenne afin qu’ils puissent exprimer les difficultés qu'ils rencontrent, identifier et peut-être lever les freins à une vie plus sereine. Elle se décline de deux manières, l’accompagnement individuel et l’accompagnement collectif. L’accompagnement individuel L’association Antenne fait une offre d’écoute à toutes personnes accueillies afin de leur permettre d’exprimer leurs difficultés inhérentes à leur situation précaire mais aussi à d’autres problématiques entravant leurs possibilités d’action. Les usagers d’Antenne accèdent à cet accompagnement à leur demande auprès de l’accueil, par orientation des différents membres de l'équipe du site Gare et du site Meinau ou encore par orientation d’autres associations telles que Libre Objet. Ce lieu dédié à leur écoute, leur permet ainsi de déposer quelque chose de leur histoire, d'être considérée en tant que personne à part entière – considération mise à mal dans bien des cas – les remettant en place de sujet. Il s’agit alors d’entendre la personne, afin qu’elle puisse trouver un point d’appui, d’étayage. C’est donc en premier lieu une relation de confiance à établir, en ayant une attitude des plus neutres, dénuée de tout jugement.

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Il s’agit de prendre en compte la personne dans son ensemble, dans sa singularité, de la guider vers une acceptation des événements douloureux de son passé comme faisant partie de son histoire et de continuer à se construire avec les cartes qu’elle a en main en se tournant vers l’avenir. C’est l’établissement d’une relation de confiance qui rend cela possible. Nous ne pouvons que constater la différence de prise en charge entre les personnes sans domicile fixe et celles sortant de prison dans la mesure où ces dernières font l’objet d’une obligation de soin. Elles ne sont pas toujours en accord avec cette démarche et éprouvent alors beaucoup de difficultés à se l’approprier. Cela pose question : comment faire un travail avec une personne qui ne le souhaite pas et qui n’est pas encline à la remise en question ? Cela n’a pas de sens pour elle. La plupart des sortants de prison reste collée à la réalité du quotidien, à savoir trouver un emploi et avancer, retrouver un certain contrôle de sa vie qui, jusque là était entièrement régie par le rythme carcéral. Tout l’enjeu se situe du côté de l’émergence d’une demande afin de s’approprier cet outil. Néanmoins, ce n’est pas toujours le cas, certains d’entre eux n’y sont pas opposés et souhaitent même cet accompagnement individuel. Ils se rendent compte qu’ils ont besoin de travailler sur les raisons qui les ont menés en détention afin de ne pas reproduire sans cesse les mêmes erreurs. Mais aussi sur les conditions de vie en détention impliquant la mise en place de stratégie pour éviter les ennuis et bouleversant leur manière naturelle d’être. La sortie constitue également une perte de repères dans le sens où la société change, ils ne sont pas toujours préparés à l’affronter, sans compter l’absence de logement, d’emploi, parfois même de soutien familial et/ou amical. Ce sont autant de raisons présentant l'intérêt d'un accompagnement psychologique afin de favoriser leur réinsertion socioprofessionnelle. L’accompagnement collectif Nous avons remis en place le groupe de parole intitulé « Et le moral dans tout ça ? », dans le cadre de l’atelier passerelle. A la différence près que les participants ne s’y inscrivent pas de leur propre initiative comme c’était le cas auparavant, lorsqu'ils étaient inscrits dans les sessions Inform'action. En effet, les groupes sont maintenant déjà constitués, dont la moitié des participants est dans l’obligation de venir aux sessions par initiative du SPIP. Le caractère obligatoire de leur présence a radicalement changé cet atelier. Les participants ne sont pas toujours d’accord à l’idée de parler de leurs difficultés en groupe. Il est alors arrivé à plusieurs reprises qu’il y ait de longs silences. Ce qui est intéressant c’est qu’en voyant qu’ils ne s’appropriaient pas cet espace d’échange, la proposition de l’écourter n’ait pas été saisie. Sur les deux fois où cela s’est produit, les participants sont restés malgré le fait qu’ils avaient clairement affiché leur réticence. Et c’est d’ailleurs ce qui a délié les langues. Cela montre bien l’importance du choix des personnes à participer ou non à un groupe de parole, à partir du moment où ils ont vu qu’ils avaient finalement le choix, les résistances perdent de leur intensité. Nous avons alors pu parler de la difficulté des uns et des autres à rebondir après une détention, et pour l’ensemble (dont ceux qui ne relèvent pas du SPIP) à faire face au regard que les gens portent sur eux. Ce groupe de parole permet également à ses participants d’avoir un premier contact avec la psychologue et alors de faciliter la décision de démarrer un accompagnement psychologique puisque, comme on le sait, il n'est pas évident de sauter le pas de consulter un psychologue. La peur du jugement de celui qui est en face, la croyance persistante que « c'est pour les fous », la peur du regard des autres, la certitude que l'on peut s'en sortir seul... sont autant de raisons qui empêchent certaines personnes de demander de l'aide à un professionnel. Cet atelier est alors un moyen pour ses participants de voir à qui ils auraient affaire s'ils se décidaient à démarrer un accompagnement psychologique individuel, puis de remettre les choses en place quant aux raisons pour lesquelles nous pouvons recourir à l'aide d'un psychologue.

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Intervention auprès de l'équipe Il existe toujours la possibilité de réunir l'équipe afin de procéder à un temps de reprise des pratiques lorsqu'un ou plusieurs professionnels ressentent le besoin d'échanger à propos d'un cas particulier. Cela permet d'obtenir un éclairage par des personnes apportant une réflexion extérieure, n'étant pas confrontées à cette situation précise, tout en obtenant un soutien dans la mesure où chacun de ces professionnels sont aux prises aux mêmes difficultés dans l'exercice de leur fonction. Il s’agit, pour chaque participant, d’exposer la situation qui lui pose problème et d’en discuter pour mieux comprendre les enjeux de celle-ci, se rendre compte qu’il n’est pas seul à avoir rencontré ce type de difficulté. Cela permet de prendre du recul face à son travail mais aussi de prendre conscience de ses limites. Nous avons tendance à vouloir agir sur des aspects qui ne nous appartiennent pas afin d’avoir un sentiment de contrôle sur la situation, alors qu’en réalité nous ne pouvons que proposer les différentes possibilités qui s’offrent aux personnes accompagnées, l’action finalement entreprise appartenant au seul bénéficiaire. A ce jour, ces temps de reprise des pratiques se font rares, se faisant à la demande des membres de l'équipe lorsqu'ils en ressentent le besoin. Cependant, cela ne signifie pas qu'il y ait moins de difficultés, bien au contraire. Ces dernières sont simplement bien plus évoquées lors des réunions d'équipe où nous consacrons toujours un temps pour exposer les cas difficiles. La présence du chef de service à ce moment-là permet de recadrer les choses. C'est-à-dire que les référents ne savent plus toujours dans quelle mesure ils peuvent agir ou non. Tous les changements à l'oeuvre au niveau du dispositif mais aussi de l'association Antenne elle-même, ne faisant que rajouter à la confusion qui préexistait déjà. Le point de vue du chef de service leur permet alors d'obtenir un éclairage sur la manière de procéder face à certaines demandes ou encore face à l'agressivité de certains usagers. Par ailleurs, les échanges quant à la pratique de chacun, aux difficultés qu'ils rencontrent se font très souvent de manière informelle au détour d'un café, que ce soit à plusieurs ou à un professionnel et la psychologue seuls. L'émergence de nouveaux besoins et demandes. Il y a quelques années encore, les demandes d'accompagnement psychologique se situaient plutôt, voire exclusivement, du côté des personnes sans domicile fixe. Aujourd'hui la tendance s'est inversée. Les personnes rencontrées sont la plupart du temps orientées par le CHRS d'Antenne Meinau et sont dans l'obligation de se rendre à leur rendez-vous. Le récent partenariat direct avec le SPIP a également donné lieu à une réflexion quant aux besoins des sortants de prison de bénéficier d'une aide psychologique. C'est d'ailleurs pour répondre, dans un premier temps, à cette commande que nous avons remis en place le groupe de parole « Et le moral dans tout ça ? » dans le cadre de l'atelier Passerelle. Il est aussi envisager d'augmenter le temps de présence de la psychologue afin de mieux répondre à cette nouvelle demande d'accompagnement psychologique individuel des sortants de prison. Nous constatons alors que la mission de la psychologue s'est élargie, tant au niveau du public rencontré que de ses interlocuteurs.

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2. Profil du public

• Le nombre de bénéficiaires accompagnés : 214 personnes accompagnées dans le cadre d’un contrat d’engagement en cours de validité au cours de l’année. 44 nouvelles personnes ont bénéficié d’un accompagnement à Antenne en 2015.

• Nombre de contrats d’engagement réalisés : 259 (+8% par rapport à 2014)

• Durée moyenne d’intervention : 18 mois

En moyenne, 133 bénéficiaires étaient accompagnés chaque mois à Antenne en 2015. Le taux de contractualisation se situe en moyenne à 90% par mois. On retiendra que nous avons réalisé 102% du nombre d’accompagnements attendus par le cahier des charges départemental de l’accompagnement social RSA. Les objectifs en terme de nombre de prises en charge ont donc non seulement été atteints mais même dépassés. Cette situation est à mettre en rapport avec la reprise des accompagnements d’une partie des allocataires alors pris en charge par l’association Accord.

Caractéristiques des bénéficiaires accompagnés en 2015 à Antenne

Nous notons qu’en 2015 le nombre de femmes accompagnées dans le cadre du RSA a encore diminué. Cela s’explique notamment par l’existence de structures spécialisées dans la prise en charge des femmes sur Strasbourg vers lesquelles elles sont orientées.

Cependant cette situation ne peut que nous interroger dans le cadre des obligations liées aux politiques publiques concernant l’égalité hommes-femmes. On retiendra également que les quelques femmes accompagnées sont des personnes très en rupture, dont le profil et les difficultés relèvent plus d’une prise en charge médico-psychiatrique.

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2013 2014 2015

Répartition des bénéficiaires par sexe

Hommes Femmes

2013 2014 2015 Hommes 91% 95% 96% Femmes 9% 5% 4%

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La tranche des 30 / 50 ans représente la majorité de notre public. On observe un vieillissement de la population, la part des 40 / 54 ans représentant 47 % du public accompagné. Le détail des chiffres et des classes d’âge montre cependant une augmentation du nombre de personnes de la tranche 25/29 ans et des 50/54 ans.

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<25 ans 25 / 29 ans 30 / 39 ans 40 / 49 ans 50 / 54 ans 55 ans et +

Répartition des bénéficiaires par classes d'âges

2013 2014 2015

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Isolé sans enfant Isolé avec enfant(s) Couple sans enfant Couple avec enfant(s)

Situation familiale des bénéficiaires accompagnés

2013 2014 2015

2013 2014 2015 <25 ans 0% 0% 0% 25 / 29 ans 18% 12% 13% 30 / 39 ans 35% 44% 33% 40 / 49 ans 32% 30% 34% 50 / 54 ans 10% 7% 13% 55 ans et + 5% 7% 8%

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Les personnes accompagnées sont de plus en plus isolées. Sans attaches familiales et souvent inscrites dans des histoires familiales lourdes et complexes, les personnes accompagnées sont soit en situation de rupture du lien social soit très souvent dans des rapports relationnels difficiles avec les autres.

Les bénéficiaires s’installent durablement dans le dispositif par manque de solutions de sorties. Le contexte économique actuel, allié aux difficultés spécifiques de notre public, rend difficile l’accès à des solutions pérennes de sorties du dispositif. On notera cependant une petite inversion de tendance pour les personnes présentes depuis

plus de deux ans dans le dispositif. Pour la première fois les chiffres sont en légère baisse. Nous n’avons pas encore le recul nécessaire pour en analyser la cause et il faut rester prudent quant à une interprétation. Si la tendance venait à se confirmer en 2016, nous aurions là des signes encourageants sur la pertinence du dispositif, mettant alors à mal tous les discours actuels sur l’échec du RSA. Une telle situation viendrait alors confirmer le fait qu’il faille laisser du temps au temps et qu’un changement de situation nécessite du temps. Encore un vieux paradigme qui aura été mis de côté au regard de l’approche rationaliste, mais qui s’avère être un élément déterminant dans l’équation à résoudre.

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< 12 mois de 1 an à 2 ans de 2 à 5 ans > 5 ans

Ancienneté des bénéficiaires dans le dispositif R.S.A.

2013 2014 2015

2013 2014 2015

Isolé sans enfant 98% 99% 99%

Isolé avec enfant(s) 1% 0% 0%

Couple sans enfant 0% 0% 1%

Couple avec enfant(s) 1% 1% 0%

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2013 2014 2015 < 12 mois 4% 2% 4% de 1 an à 2 ans 35% 35% 36% de 2 à 5 ans 47% 48% 47% > 5 ans 14% 15% 13%

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Si le niveau V reste majoritaire en terme de qualification de nos publics, on retiendra cependant l’augmentation des extrêmes. Augmentation du nombre de personnes ayant un niveau bac et bac+, et augmentation du nombre de personnes jamais scolarisées ou ayant un niveau n’allant pas au-delà de la scolarisation obligatoire. Il y a là matière à réflexion en terme d’entraide mutuelle à encourager entre allocataires.

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I à III IV V Vbis VI Jamais scolarisé

Niveau d'étude des bénéficiaires accompagnés

2013 2014 2015

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Situation des bénéficiaires au regard du logement

2013 2014 2015

2013 2014 2015 I à III 6% 4% 8% IV 8% 5% 7% V 42% 41% 40% Vbis 25% 27% 18% VI 19% 22% 23% Jamais scolarisé 1% 1% 2%

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1/3 des personnes accompagnées vivent à la rue, en squatt ou sous tente, et ne font plus appel au service du 115. Ce chiffre est en constante augmentation depuis 3 ans. On note également que l’hébergement temporaire chez des amis est en recul constant et correspond au chiffre des personnes qui se retrouvent à la rue ou en habitat précaire.

L’accès à un logement HLM reste faible et nous questionne sur les modalités des attributions. Chacun œuvre pour ses publics ... Mais il n’est pas normal que si peu de personnes isolées accèdent à ce type de logement . Nous faudra-t-il encourager la mise en couple de nos usagers et développer une politique de la natalité pour que soient étudiées leurs demandes en attente depuis des années ? L’accès à une solution d’hébergement d’urgence reste faible et nous interroge en tant que structure d’accompagnement, mais aussi en tant qu’opérateur de centre d’hébergement d’urgence. Le lien ne se fait pas, et/ou ne se fait plus. Beaucoup d’allocataires nous renvoient les difficultés pour joindre le 115, et se résignent finalement à ne plus appeler ce dernier. C’est également une difficulté pour les référents R.S.A. en terme de crédibilité sur l’accompagnement qu’ils mettent en œuvre, lorsqu’ils ne sont même pas en capacité de faire accéder les bénéficiaires aux hébergements d’urgence gérés par la même association ! Un comble ! Le manque cruel de places à l’année, allié à une gestion à courte vue de la pénurie de places entraine un système qui consiste à héberger une personne pour une durée de trois jours puis à la sortir pour une durée de 4 jours en attendant éventuellement de pouvoir à nouveau joindre (avec un peu de chance) le 115 … De quoi décourager les plus vaillants ! Comment dans ces conditions, pour des personnes qui ne sont pas encore prêtes à intégrer un logement autonome, permettre de débuter un parcours d’insertion ? A l’heure où la question du financement d’une partie des places de l’hébergement d’urgence est posée, il s’agit peut-être de réinterroger le sens de l’hébergement d’urgence, les moyens accordés, ainsi que la logique des parcours qui mènent de l’urgence à l’inclusion. Les logiques des politiques publiques du « Home-First » montrent aujourd’hui leurs limites. L’hébergement d’urgence au regard de l’affichage du dispositif A.H.I. (Accueil-Hébergement-Insertion) n’est plus en adéquation avec les attentes exprimées. Il faut dès lors changer de paradigme ! Et vite ! Car le sentiment d’abandon chez le public est vif et met à mal la crédibilité des professionnels et plus généralement la crédibilité de tout dispositif d’insertion. Comment veut-on mobiliser une personne lorsque la satisfaction des besoins primaires (sécurité, repos, alimentation) n’est plus assurée ? La coupure du lien social qu’entraine cette situation a deux conséquences dont on ne mesure pas encore les effets : 1/ la négation du problème : les usagers ne s’adressent plus au 115 et mathématiquement il y a moins de demandes non-satisfaites. Du coup, il n’y a plus de problème ! … Et s’il n’y a plus de problème, pourquoi débloquer des moyens supplémentaires ? 2/ le glissement vers des positions radicales : les usagers s’enfoncent dans une forme de repli et de coupure de la société qui les amène à être séduits de plus en plus par les discours radicaux de tout bord, les transformant en véritables bombes à retardement … Là aussi, il serait temps de tirer les leçons de l’histoire. N’a-t-elle pas été traversée par les épisodes parfois douloureux des actes posés par ceux qui n’avaient plus rien à perdre ?

2013 2014 2015 SDF 19% 21% 20% Habitat précaire 6% 8% 10% Hébergé temporairement 60% 58% 56% Locataire HLM 3% 2% 3% Locataire non HLM 6% 4% 4% Accédant à la propriété 0% 0% 0% Propriétaire 0% 0% 0% Hébergement d'urgence 5% 3% 4% Foyer - CHRS 3% 4% 5%

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Permis A Permis B Permis C Permis D Permis E Pas de permis

Situation des bénéficiaires accompagnés au regard du permis de conduire

2013 2014 2015

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Voiture Moto Mobylette Vélo Transports encommun

Moyens de transports utilisés par les bénéficiaires accompagnés

2013 2014 2015

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Moyen de transport 2013 2014 2015 Voiture 10% 10% 14% Moto 0% 0% 0% Mobylette 3% 1% 3% Vélo 6% 3% 8% Transports en commun 80% 86% 75%

100% 100% 100%

On constate que la part des bénéficiaires possédant un permis de conduire reste stable. En 2015 l’utilisation d’un véhicule personnel a augmenté alors que l’utilisation des transports en commun a diminué. Cette situation a un impact important sur la recherche d’emploi qui se limite de plus en plus au territoire de l’Eurométropole de Strasbourg. La mobilité reste une difficulté entière pour nos publics. Celle-ci est encore renforcée par le fait que d’année en année, le nombre de SIAE présentes sur le territoire du quartier gare diminue. Soit elles disparaissent (Allôjob) soit elles déménagent en raison de loyers trop élevés ou de locaux inadaptés à la taille de l’activité (Humanis, Libre Objet).

La part des personnes n’ayant jamais travaillé augmente en 2015. L’arrêt brutal d’un travail a également augmenté, traduisant ainsi la dégradation de la situation de l’emploi. La forte baisse des situations d’alternances entre situation d’emploi et situation de chômage vient

donc confirmer la tendance d’une installation des personnes dans des situations de chômage de longue durée.

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

N'a jamais travaillé Travail régulier puis arrêt brutal Alternance de périodes d'emploiet de chômage

Situation des bénéficiaires accompagnés par rapport à l'emploi à l'entrée dans le dispositif

2013 2014 2015

Type permis 2013 2014 2015 Permis A 7% 8% 6% Permis B 35% 36% 36% Permis C 2% 1% 2% Permis D 1% 0% 1% Permis E 1% 0% 0% Pas de permis 53% 55% 54%

100% 100% 100%

2013 2014 2015

N'a jamais travaillé 8% 5% 7%

Travail régulier puis arrêt brutal 31% 25% 32%

Alternance emploi/chômage 62% 70% 61%

100% 100% 100%

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Un travail important a été réalisé pour l’inscription des bénéficiaires à Pôle Emploi. On notera la disparition du CDI qui ne concerne plus nos usagers. De même, l’impact de la crise économique est important dans la diminution des emplois intérimaires qui étaient une solution importante d’accès à l’emploi de nos usagers. On retiendra la baisse continuelle des accès à

des emplois aidés de nos publics, malgré les orientations des politiques publiques.

3. Accompagnement social

Les publics accompagnés cumulent les difficultés. Les données chiffrées permettent de relever les difficultés les plus présentes. L’accès au logement est la 1ère difficulté rencontrée et caractérise de fait le public. Les difficultés relevant des situations administratives et de l‘accès aux droits arrivent en seconde position, suivi de la connaissance du monde du travail et de l’appropriation des règles qui le régissent.

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

Nonrenseigné

Inscrit pôleemploi

Travaille àson compte

Salarié enCDI

Salarié enCDI temps

partiel ,

Salarié encontrat aidé

Salarié enCDD,

intérim,saisonnier

Salarié enCDD, temps

partiel

Situation des bénéficiaires accompagnés par rapport à l'emploi au 31/12 de l'année

2013 2014 2015

2013 2014 2015 Non renseigné 36% 25% 25% Inscrit pôle emploi 51% 63% 63% Travaille à son compte 2% 3% 2% Salarié en CDI 1% 0% 0% Salarié en CDI temps partiel , 0% 0% 1% Salarié en contrat aidé 2% 2% 1% Salarié en CDD, intérim, saisonnier 6% 7% 6% Salarié en CDD, temps partiel 1% 0% 2%

100% 100% 100%

2013 2014 2015 Administratives et d’accès aux droits 80% 87% 83% Gestion de la vie quotidienne 21% 30% 27% Accès au logement et son maintien 72% 88% 84% L’accès aux soins, 43% 45% 42% Prise en charge des problématiques de santé 36% 40% 37% Illettrisme et analphabétisme 6% 9% 8% Connaissance du monde du travail 44% 48% 54% Justice 29% 29% 30% Isolement familial et social, 35% 37% 28% Socialisation 16% 17% 14% Problèmes éducatifs 9% 10% 9% Recherche d'un mode de garde d'enfants 1% 0% 0% Accès à la culture et aux loisirs 1% 0% 0%

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La part des personnes qui connaissent une difficulté relevant de la Justice a encore augmenté cette année et concerne aujourd’hui 1/3 du public accompagné. Avec la prise en charge d’une partie des bénéficiaires qui étaient accompagnés par l’association Accord, nous retrouvons notre public originel.

Les personnes cumulent les difficultés et les situations sont de plus en plus complexes à traiter. Cela tient à plusieurs facteurs : les personnes, débordées et angoissées, ont laissé leur situation se dégrader en ne sachant pas faire face et la rationalisation des moyens de l’ensemble des acteurs publics ne permet plus aujourd’hui d’avancer rapidement sur le traitement des difficultés. Réussir à avoir un interlocuteur au téléphone relève de la démarche héroïque ou du coup de chance. Les professionnels ont souvent été confrontés à cette difficulté en 2015. Parfois découragés, il leur a fallu trouver les ressources pour avancer sur les situations des personnes accompagnées. Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner que nos publics, qui ne sont pas « outillés », laissent leurs situations se dégrader. Ce constat ne peut que nous interroger face aux démarches-qualité affichées et tant à la mode dans tant d’organismes. Intégrées dans le nouveau paradigme, on se rend bien compte que passé l’affichage, toute la démarche reste veine et inopérante pour l’instant. Mal menée et malmenée, combien de temps encore perdu avant de comprendre que face à des personnes, il faut remettre des moyens humains pour que cette démarche soit vraiment de qualité ?

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Administratives et d’accès aux droits

Gestion de la vie quotidienne

Accès au logement et son maintien

L’accès aux soins,

Prise en charge des problématiques de santé

Illettrisme et analphabétisme

Connaissance du monde du travail

Justice

Isolement familial et social,

Socialisation

Problèmes éducatifs

Recherche d'un mode de garde d'enfants

Accès à la culture et aux loisirs

Difficultés à résoudre chez les bénéficiaires accompagnés

2013 2014 2015

0%

20%

40%

60%

80%

100%

entretiens visites à domicile accompagnementphysique

intervention collective

Modalités d'intervention auprès des bénéficiaires accompagnés

2013 2014 2015

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L’entretien en face à face reste la modalité prioritaire d’accompagnement. L’intervention collective auprès des usagers a diminué cette année, en raison de la période de réorganisation de nos ateliers collectifs. Nous tablons sur une augmentation des interventions collectives en 2016 auprès des bénéficiaires avec de nouvelles modalités d’organisation du parcours

d’accompagnement. On retiendra également que les obligations de réalisation des objectifs chiffrés du cahier des charges de l’accompagnement social RSA, est aujourd’hui un obstacle à la réalisation de visites à domicile (combien de difficultés pourraient être travaillées au moment de l’accès au logement !), ainsi que d’accompagnement physique des bénéficiaires dans leurs démarches (l’apprentissage de l’autonomie passe également par ce genre de démarches). La réflexion d’équipe qui se met en place autour de la rédaction du nouveau projet de service, visera à dépasser ces blocages pour peu que le renouvellement de l‘enveloppe financière allouée annuellement, ne soit plus conditionné au seul nombre d’accompagnements réalisés, mais prenne en compte la qualité et le type d’intervention réalisée afin de garantir une meilleure efficience des accompagnements. Vous avez-dit « changement de paradigme » ? …

2013 2014 2015 réorientation vers un autre référent social 31% 17% 16% orientation vers un accompagnement socioprofessionnel 8% 5% 6% emploi 16% 17% 19% changement de situation familiale 8% 3% 3% fin de versement du RSA 5% 6% 9% versement d’un autre revenu AAH Invalidité 0% 4% 1% déménagement 25% 27% 21% incarcération 3% 7% 5% décès 3% 1% 3% suspension du versement 0% 1% 5% autre 2% 12% 12%

100% 100% 100%

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35%

réorientation vers un autre référent social

orientation vers un accompagnement…

emploi

changement de situation familiale

fin de versement du RSA

versement d’un autre revenu AAH Invalidité

déménagement

incarcération

décès

suspension du versement

autres

Sorties et motifs de sorties des bénéficiaires accompagnés

2013 2014 2015

2013 2014 2015 entretiens 90% 85% 90% visites à domicile 1% 1% 1% accompagnement physique 1% 1% 0% intervention collective 8% 13% 9%

100% 100% 100%

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Le déménagement est le premier motif de fin d’accompagnement à Antenne. Les personnes ont soit trouvé une solution personnelle de relogement, soit quitté la région pour tenter leur chance ailleurs. Nous avons également constaté une recrudescence du nomadisme social. Bonne nouvelle : l’accès à un emploi est la seconde raison de sortie du dispositif. Malheureusement il ne s’agit pas d’une sortie pérenne. A la période d’emploi a souvent succédé une période ouvrant droit à une indemnisation chômage. A terme, le risque de retrouver les personnes à nouveau dans le dispositif est réel. La réorientation vers un autre référent est le 3ème motif de sortie et de fin d’accompagnement à Antenne. Il s’agit dans la plupart des cas d’un passage à une autre étape de parcours. L’item « autre » qui relève bien souvent des abandons de parcours, s’est stabilisé en 2015. Il reste encore bien trop important et nous oblige à nous remettre en question par rapport à l’organisation de nos accompagnements. Mais le contexte externe a également un impact sur ces abandons. Comment accrocher à un parcours lorsque les réponses à des besoins primaires et immédiats ne peuvent plus être satisfaites. Le manque de cohérence et de coordination des parcours est une difficulté à laquelle le futur Plan Départemental d’Insertion devra s’atteler. Laissons-nous, dans ce cadre, interpeller par ce que les bénéficiaires ont à proposer. Tiens, ça ne serait pas là un changement de paradigme ?

4. Points remarquables de l’année

Les problématiques auxquelles nous avons été confrontés Au démarrage de l’accompagnement, les problématiques des personnes sont toujours cumulatives. A l’absence de domicile personnel s’ajoutent des difficultés d’accès aux droits, d’accès à l’hébergement d’urgence et à la satisfaction des besoins primaires, d’accès au logement et à son maintien. Les difficultés d’accès aux soins restent importantes et les problématiques de santé (addictions multiples, problèmes dentaires, ophtalmologiques, affections longue durée entre autre) sont en progression d’années en années alors que nous avions connu une longue période d’amélioration de l’état de santé des personnes. La méconnaissance du monde du travail et l’inadéquation entre les attendus de l’entreprise et les représentations que les personnes ont du monde du travail, reste aussi une difficulté majeure que nous rencontrons. Nous notons la poursuite de la progression des problèmes d’illettrisme et d’analphabétisme qui sont des freins importants à l’insertion d’un public d’origine étrangère ou d’un public déscolarisé très tôt (voire non scolarisé). Pour ces personnes les 1ères démarches envisagées et mises en œuvre consistent davantage à favoriser l’accès à des cours de français adaptés. Dans certains cas, les personnes sont parfois même amenées à effectuer des actions d’intégration avant de pouvoir ensuite s’engager dans un parcours d’insertion proprement dit. Concernant spécifiquement le volet emploi, le fait notable à relever est que, compte tenu de la moyenne d’âge des personnes accompagnées (plutôt proche des 40 ans), la durée d’expérience professionnelle reste limitée : de 1 à 5 ans pour beaucoup. Parmi ces personnes, certaines sont au RSA depuis de longues années et n’accèdent plus au travail. D’autres n’ont pas encore constitué de « socle professionnel » et n’arrivent pas à entrer durablement sur le marché, particulièrement peu favorable par ailleurs (seulement 20 % des personnes ont travaillé entre 10 et 15 ans). Il nous faut également attirer l’attention du lecteur sur le développement rapide des situations de tensions et de violences auxquelles les professionnels sont désormais confrontés quotidiennement. A la violence des dispositifs qui sont vécus comme de plus en plus excluants répond aujourd’hui une violence des usagers qui sont excédés de ne pas voir leur situation s’améliorer. Nous sommes aux portes d’événements graves si nous n’y prenons pas garde. Et tous les protocoles et procédures n’y changeront rien ! Celui qui n’a plus rien à perdre ne connaît plus ni risques ni enjeux. L’explosion du cadre, vécu comme inefficace et inopérant, est alors la seule voie qui reste à l’usager. Il s’agit dès lors d’en revenir aux basiques et de proposer aux principaux intéressés une participation plus active à l’élaboration des solutions.

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Les résultats, perspectives et questionnements 36% des personnes accompagnées en 2015 ont vu leur situation évoluer. Parmi ces personnes, 19 % du public accompagné aura, dans l’année, accédé à l’emploi et/ou à une formation et 21 % a une solution d’hébergement ou a un logement. La quasi-totalité des solutions trouvées en terme d’emploi sont des accès à des emplois précaires en CDD. L’accès à un hébergement ou à un logement ne garantit pas non plus un maintien dans la durée de la solution trouvée. La précarité de l’emploi et des ressources financières impacte la pérennisation de l’accès au logement. On retiendra que les engorgements des dispositifs font que les solutions sont de plus en plus difficiles à trouver avec une complexification administrative des démarches de plus en plus déléguées aux référents. Nous devenons progressivement des machines à traiter de la paperasse ; paperasse érigée en quasi dogme pour cacher le manque de solutions et temporiser le traitement des situations. Un changement des profils des publics : Le public change de plus en plus rapidement d’une année à l’autre. De moins en moins de personnes maitrisent les codes sociaux et valeurs du vivre en société, les attendus et savoirs de base. On observe des carences importantes en matière éducative, se traduisant par des difficultés importantes de savoirs-être. Bien souvent au cours de l’année, nous avons eu à faire à des épisodes de tensions et de violences verbales de la part des bénéficiaires accompagnés. Au-delà d’une forme de révolte par rapport à une situation de précarité et d’exclusion vécue et inscrite dans un quotidien, la violence verbale devient un mode de communication qui se banalise. Nous assistons au développement d’une société de plus en plus violente, dont les échanges s’inscrivent au mieux dans une tension permanente, au pire dans des passages à l’acte dont on ne sait jamais jusqu’où la limite sera repoussée. Dans ces conditions, nous ne pouvons que nous interroger sur les orientations à donner au travail mis en œuvre par les professionnels : action éducative ou insertion sociale et professionnelle ?

III. L’ATELIER PASSERELLE INFORM’ACTION

Membres de l'équipe en 2015 : Référents :

• Véronique DE SA ROSAS

• Aurélie WENNHACK-BRENTCHENEFF

• Jérôme CHAUVIN (jusqu’au 28/10/2015 )

• Yolande FONSECA (en remplacement d’Aurélie WENNHACK-BRENTCHENEFF à partir du 7 septembre 2015) Agent administratif :

• Angélique CONDINA (depuis le 28 septembre 2015) Agent d'entretien :

• Lucie GERARDIN (jusqu’au 31 décembre 2015)

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A. Le projet initial

Objectif général : Proposer aux personnes sans domicile fixe ou sortant d’incarcération, bénéficiaires du R.S.A., un parcours d’insertion au sein d’un atelier, leur permettant :

• l’accès à un emploi et/ou à une qualification

• l’accès à un logement

• l’optimisation de l’accès aux soins

• la restructuration du lien social

• l’accès à l’autonomie Le parcours proposé se compose de 2 étapes :

• une phase d’information en direction des bénéficiaires (droits, devoirs, démarches)

• une phase action : à partir de l’information reçue, les bénéficiaires avec l’aide du référent social, construisent et mettent en œuvre des démarches collectives ou individuelles nécessaires à leur insertion

B. L’atelier passerelle

L'approche pédagogique et éducative est centrée sur :

• Un travail de resocialisation basé sur la dynamique de groupe et la prise de parole

• Un accompagnement relais permettant d'aborder rapidement les problèmes qui viennent parasiter la démarche d'insertion

• Une implication des usagers (prise de parole, respect des consignes données, évaluation des séances, travail de reprise avec le référent)

• La construction d'étapes intermédiaires de son propre parcours d'insertion La démarche a été conçue en deux temps afin de permettre à la personne d’identifier elle-même ses problèmes, ses priorités, ses besoins, ses freins, ses réponses. L’action proposée se compose de modules, eux-mêmes composés de séquences. Chaque séquence suivie donne lieu à une évaluation. Ce système induit la souplesse nécessaire pour favoriser une réelle adhésion des bénéficiaires. C’est donc eux qui construisent leur parcours, à leur rythme. L’effectif est toujours stable et la participation est fondée sur un engagement contractualisé par l’usager dans le cadre de son contrat d’engagement R.S.A.

En 2015, une refonte des contenus et objectifs des ateliers a été opérée. D’une part, pour suivre l’évolution

des demandes et besoins des personnes et d’autre part, pour répondre aux attentes nouvelles des

partenaires financiers, notamment du SPIP du Bas-Rhin. Les participants peuvent rencontrer la référente

des ateliers collectifs en entretiens individuels afin de renforcer les acquis pédagogiques et les mettre en

action.

1. Les sessions collectives mises en oeuvre en 2015

De janvier à décembre 2015, 86 séances collectives ont été programmées. 22 thématiques différentes ont été abordées durant cette période.

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Thème et Intitulé de l’atelier Occurrence Intervenant

Thèmes en rapport avec le logement

- Organiser sa recherche de logement 20 Antenne

Sous total 20

Thèmes en rapport avec l’emploi

- Réaliser une EMT/PMSMP 5 Antenne

- Postuler à une offre d’emploi 1 Antenne

- Les outils des T.R.E. 2 Antenne

- Recherche une entreprise d’accueil pour une EMT/PMSMP 2 Antenne

- Rendre ma démarche d’emploi efficace 2 Antenne

- Simulation d’entretiens d’embauche 2 Antenne

- Présenter ses compétences à un employeur 2 Antenne

- Du projet à l’entrée en formation 2 Antenne

- Favoriser mon intégration en entreprise 2 Antenne

- M’approprier une posture professionnelle 2 Antenne

- Comprendre et utiliser le site de Pôle Emploi 2 Antenne

- Visite d’entreprise : les attentes des employeurs 2 Antenne

- Déclic AFPA : formations tertiaires 2 Antenne

Sous total 28

Thèmes en rapport avec la santé, la relation avec soi et l’autre - Prendre soin de sa santé 2 RESI

- Et le moral dans tout ça ? 4 Antenne

Sous total 6

Thèmes en rapport avec l’information économique et sociale - Savoir organiser ses démarches administratives 2 Antenne

- RSA : droits et devoirs 2 Antenne

Sous total 4

Perfectionnement savoirs de base

- Atelier mobilité : se déplacer dans la ville 2 Antenne

- Organiser sa recherche d’emploi sur Internet 18 Antenne

Sous total 20

Autres

- Accueil, diagnostic et expression des attentes 2 Antenne

- Groupe Logiservices : passer de l’E.S.S. au secteur marchand 6 Antenne

Sous total 8

Total des sessions programmées au 31/12/2015 86

De janvier à décembre 2015, le public accueilli au sein des ateliers se décompose comme suit :

• Un total général de 43 personnes, soit 24 hommes et 19 femmes

• Chaque personne a participé, en moyenne, à 6 séquences

• La moyenne de participation à chaque séance est de 4

• La moyenne d’âge des participants est de 44 ans

• 33 personnes sont bénéficiaires du RSA, dont une majorité est accompagnée par Antenne, 5 personnes ont le statut de demandeurs d’emploi

• 23 personnes sont confrontées à des problèmes de logement ou sont hébergées de manière temporaire dans des dispositifs spécialisés

• 10 personnes sont en emploi à temps partiel (dont 9 orientées par Logiservices et 1 salariée en CUI-CAE chez Antenne)

• 20 personnes ont intégré le dispositif individuel d’accompagnement renforcé vers l'emploi au sein d’Antenne

• 5 personnes ayant participé aux ateliers ont accédé à un emploi

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2. Profil des personnes accompagnées

• Une population bénéficiaire de minima sociaux … (79 % des personnes sont bénéficiaires du RSA)

• Egalitairement composé d’hommes et de femmes … (52 % sont des hommes et 48 % sont des femmes)

• Connaissant des difficultés d'accès ou de maintien dans le logement … (53 % des personnes sont sans domicile ou en hébergement d'urgence, CHRS, Adoma et 47 % sont locataires avec des difficultés liées au logement)

• Une population qui a quarante-quatre ans en moyenne (les plus de 50 ans représentent 30 % de l’ensemble, un chiffre en hausse constante)

• En moyenne, les personnes sont sans emploi depuis 37 mois … (soit 3 ans, 10 ans pour certains participants)

• peu qualifiée … (74 % des personnes ont un niveau V bis et V)

• majoritairement sans emploi ou en emploi très précaire (77 % des personnes étaient sans emploi en début de parcours)

• présentant des problématiques de santé (30 % des personnes souffrent de pathologies souvent chroniques ou invalidantes au quotidien)

3. Les points marquants

Les bénéficiaires du R.S.A. Ils étaient 93 % en 2014, 79 % en 2015

Les orientations extérieures Représentent près de 45 % des orientations en 2015

Les partenaires qui orientent 9 partenaires différents en 2015 contre 12 en 2014

Age moyen des participants Il est de 44 ans en 2015, tout comme en 2014

La participation des seniors Leur taux représente 30 % en 2015 contre 44 % en 2014 et la majorité de ces personnes est Demandeur d’Emploi Longue Durée

Le nombre de participants Ils étaient au nombre de 43 en 2015, 41 en 2014

Le nombre de femmes Elles représentaient 44 % des participants en 2015, 34 % en 2014, cette augmentation est due à la participation de deux groupes de femmes.

Les sorties positives emploi/formation/prestations

Elles se chiffraient à 15 % en 2014, elles sont de 12 % en 2015, cette diminution s'explique par la situation économique et la démotivation du public ainsi que par l’éloignement des personnes au regard de l’emploi et des attendus de l’entreprise. Les limitations d’accès aux emplois aidés, induites par la nouvelle gestion des agréments par Pôle Emploi, explique aussi la baisse significative des sorties dites positives.

Les suivis emploi individuels ET collectifs

20 personnes avaient un double accompagnement individuel/collectif en 2015, 17 en 2014.

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Cette année, et pour la première fois, le nombre de femmes présentes est pratiquement égal à celui des hommes. Cette situation exceptionnelle, compte tenu du public accueilli au sein d’Antenne, est due à la présence de femmes orientées par l’Association Intermédiaire Logiservices de Strasbourg. En effet, pour la deuxième année consécutive, nous avons travaillé, en groupe, sur des sujets abordés par les ateliers Passerelle. Ce public composé de femmes, souvent seules, connaît les mêmes difficultés que le public traditionnel des ateliers Passerelle. La majorité, bien qu’ayant une petite activité professionnelle, émarge toujours au RSA et bénéficie de contrat d’engagement. Bien qu’engagées dans un parcours professionnel depuis quelques années, elles ne réussissent pas à franchir le cap de l’autonomie financière qui leur permettrait de quitter le dispositif RSA. De plus, nombre d’entre elles, âgées de plus de 50 ans, sont des familles monoparentales avec de grands enfants vivant toujours avec leur mère faute de travail. Parfois, elles doivent encore donner de leur temps à un parent âgé isolé. La majorité des femmes présentes à ces ateliers n’a malheureusement pas saisi l’opportunité proposée par Logiservices de bénéficier par la suite d’un accompagnement individuel vers l’emploi au sein d’Antenne. Seules 2 femmes continuaient, fin 2015, à venir régulièrement rencontrer la conseillère emploi dans le cadre d’un accompagnement individualisé vers l’emploi. Une des raisons avancées parmi d’autres, est la peur de perdre les avantages sociaux générés par le fait d’être bénéficiaire du RSA Activité. Allocations logement, carte de transport à coût réduit, tarifs sociaux énergie, sont tout à la fois une sécurité financière et un frein à la reprise d’un emploi. A temps très partiel pour certaines d’entre elles, ces femmes ne souhaitent pas prendre le risque de mettre en péril leurs finances en reprenant un contrat dans une entreprise classique. Pour elles, reprendre un emploi est un risque qui engendre plus de désagréments que d’avantages ! La peur de quitter le cadre bienveillant et bientraitant de Logiservices pour intégrer le secteur marchand perçu comme maltraitant, est également une raison de l’immobilisme de ces publics. Le monde du travail « classique » est perçu comme un lieu où le rendement est le seul objectif à atteindre et où le salarié n’est qu’un élément parmi d’autres. La réalité n’est pas toujours différente des représentations de ces salariées de Logiservices. Les autres participants ont un profil de bénéficiaires du RSA, demandeurs d’emploi de longue durée. Majoritairement sans domicile fixe, ces personnes cumulent plusieurs problématiques. L’absence d’activité professionnelle durant plusieurs années, une santé précaire et pour certains un âge proche des 50 ans. La prise en charge de ces personnes en atelier nécessite, par ailleurs, un accompagnement social soutenu. Certaines personnes n’ont pour seule activité que leur participation aux ateliers Passerelle dans la semaine. Elles peinent à s’envisager dans une vie active et la moindre démarche à entreprendre génère des obstacles voire des angoisses difficiles à gérer. Cette angoisse entraîne parfois un refus de nouvelle participation aux ateliers collectifs ou des absences répétées aux rendez-vous individuels. Cette crainte peut être due aux échecs antérieurs qu’on ne souhaite pas revivre mais également à la multitude d’intervenants qui sont présents autour d’une personne. En effet, la multiplication des dispositifs entraîne avec elle sa cohorte de référents de parcours de toutes sortes. Chaque intervenant se référant à un dispositif bien spécifique, ses attentes envers l’usager ne sont pas les mêmes que le référent suivant ou précédent. Les dispositifs ne s’emboîtent pas à la manière de poupées russes, ils sont parfois en contradiction et viennent encore compliquer les situations, déjà bien fragiles. Les référents vont, dans la mesure du possible, faire coïncider les parcours en adéquation avec les attentes du public et des dispositifs. La multiplication de ces derniers entraîne également un manque de visibilité dans les parcours proposés. Comment être sûr, en début de parcours, que telle ou telle personne pourra accéder à une formation lorsque les conditions d’accès sont peu lisibles ou changent en cours d’année ?

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La recherche active d’emploi est parfois difficilement envisageable car source de solitude et de prise de risque. En effet, bien que soutenue dans ses actions par un ou plusieurs référents, la personne se doit d’effectuer un maximum de démarches seule. Cette reprise en main de soi demande des efforts constants et de l’introspection : « Je » fais les démarches et non tel ou tel référent. Mais qui dois-je satisfaire ? Le référent ? Le dispositif ? Moi ? Ou les trois ? En ce qui concerne les risques, la personne peut envisager que les efforts qu’elle va fournir n’entraîneront peut être pas de résultats immédiats ou que le « gain » soit nul. L’immédiateté fait partie des contraintes que les référents doivent prendre en compte. Les personnes accompagnées n’ont souvent plus la possibilité d’envisager qu’il faille attendre pour voir des résultats concrets à leurs démarches.

4. Les résultats quantitatifs

5 personnes ont accédé à un emploi sur un nombre total de 43 participants en collectif

Prénom et Nom Résultats

F B. • Mission en intérim

A C. • CUI-CAE d’assistante administrative

P G. • CUI-CAE et formation d’homme toutes mains

J N. • CUI-CAE

J T. • CDD de 6 mois

Les résultats sont modestes. Insignifiants pourrait-on penser. La question de l’efficience du dispositif (rapport coût-résultat) peut être posée ! Et pourtant, au regard des profils et des difficultés des personnes accompagnées dans le cadre des ateliers collectifs, il s’agit d’un résultat plus qu’honorable, dans un contexte économique difficile. Si tous les participants n’ont pas accédé à un emploi, et si le taux d’accès à l’emploi n’atteint pas les objectifs fixés par l’Europe (rappelons ici que ce taux est fixé conventionnellement à 40% de sorties positives, c'est-à-dire 40% du public qui accède à un CDI ou à un CDD d’une durée supérieure à 6 mois, le tout dans un contexte peu propice au plein emploi …) on gardera à l’esprit que chaque bénéficiaire s’est inscrit dans une démarche de remobilisation vers l’emploi. Les personnes après une longue période d’immobilisme sont à nouveau en mouvement. Le chemin sera encore long pour certains mais les premiers pas (ce qui compte) ont été faits et il faut saluer la démarche et le courage de ces personnes. Certains d’entre eux, cassés par la vie et les épreuves, n’accèderont peut-être plus jamais à un emploi « classique » dans le secteur marchand. Il faudra bien à un moment avoir le courage de le reconnaître officiellement. Dès lors, il s’agira de changer de paradigme, et d’entrer dans une nouvelle vision de la place que peuvent occuper ces personnes dans le cadre d’une activité d’utilité sociale au service du collectif social et sur la base du volontariat des bénéficiaires. Cette piste est aujourd’hui l’objet d’une réflexion au sein du Conseil Départemental du Bas-Rhin et il faut en saluer le courage. Contrairement à d’autres départements ou certaines figures publiques qui n’ont rien compris à ce qui peut se jouer dans cette nouvelle voie, le Département du Bas-Rhin a compris que l’implication sociale des bénéficiaires ne se décrète pas sous forme d’injonction et que le collectif se construit en y associant toutes les parties prenantes.

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5. Les résultats qualitatifs

La baisse de l’accès à l’emploi ou à la formation qualifiante 5 personnes ayant participé aux ateliers ont accédé à un emploi :

• 2 personnes ont décroché un CDD de plus de 6 mois (1 intérim et un CDD)

• 3 personnes ont accédé à un contrat aidé (dont une qui a également débuté une formation qualifiante d’homme toutes mains mise en place par la Banque Alimentaire du Bas-Rhin).

L’accès à l’emploi n’est vraiment possible que lorsque le passage en atelier Passerelle est couplé à un accompagnement emploi en individuel. La dynamique générée par une activité régulière et un travail de fond sur les problématiques socioprofessionnelles n’a de sens que s’il est retravaillé avec un référent dédié à l’emploi, en interne ou par un référent extérieur vers qui nos services auront orienté la personne. Peu qualifiées en général, les personnes ne sont pas les plus recherchées par les employeurs et s’orientent généralement vers les offres en Structures d’Insertion par l’Activité Economique. Toutefois, avec la mise en place de l’agrément, par Pôle Emploi, qui permet l’accès aux contrats en insertion, un demandeur d’emploi ne pourra effectuer que 24 mois en contrat aidé dans sa vie de « chômeur ». De plus, une fois l’agrément démarré, il n’est pas stoppé avant 24 mois lorsque le salarié démissionne, par exemple. En effet, Pôle Emploi considère qu’il n’est pas « normal » de démissionner dans le contexte socioéconomique actuel. Perdre un logement, être rattrapé par des dettes ou par une affaire de justice ne sont plus des évènements qui justifient que l’on quitte un emploi aidé pour Pôle Emploi. Rappelons ici que les emplois aidés ont été mis en place pour aider et accompagner un public touché par le chômage de longue durée et par les aléas de la vie. En général, c’est un marchepied pour accéder à un emploi classique.

Un public qui change au fil des années Le public des ateliers Passerelle est fortement marqué par la présence dans le dispositif R.S.A. depuis de longues années. On peut décomposer ce public en deux grandes catégories :

• Public ayant des compétences professionnelles qui n’a pas travaillé depuis plusieurs années Les raisons réelles ou invoquées sont les suivantes :

− Incarcération

− Problématiques de santé et désinsertion professionnelle

− Délitement du lien social

− Absence de réseau

− Nomadisme

− Perte d’un logement ou départ du logement familial

− Perte d’un emploi ou fin de contrat suivi d’une longue période d’inactivité

− Opportunités d’emploi se raréfiant dans le domaine de compétences spécifique

− Changement de région voire de pays

− Désinsertion sociale

− Conduites addictives

− Manque d’intérêt pour l’environnement socioéconomique et ses évolutions

• Public ayant peu ou pas de compétences professionnelles et peu d’expérience professionnelle Les raisons réelles ou invoquées sont les suivantes :

− Niveau de scolarité relativement bas

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− Echec scolaire

− Rupture dans la formation professionnelle ou initiale

− Illettrisme/analphabétisme et non maîtrise de la langue française

− Parcours judiciaire récurrent

− Nomadisme

− Méconnaissance du monde du travail et des exigences liées à l’emploi

− Carences éducatives et non maîtrise des codes sociaux

− Abandon des parcours proposés par référents socioprofessionnels

− Incapacité à se projeter à moyen et long terme Ces deux publics ont en commun l’absence d’emploi au moment d’intégrer le dispositif (sauf partenariat Logiservices), et des problématiques périphériques caractérisées par leur intensité. Bien que les problématiques d’ordre social soient travaillées en amont ou en parallèle des ateliers, force est de constater que ce public est bien souvent « épuisé » par la vie et les difficultés. Il ne suffit pas de décréter qu’une insertion est en marche pour qu’elle soit effective du côté des personnes concernées. Les ruptures, les échecs, la maladie, les addictions, les périodes d’incarcération, la rue, … laissent des traces physiques et psychiques. Elles transforment ces personnes durablement et modèlent leur perception du monde qui les entoure. Le monde du travail, quant à lui, ne cesse de se transformer, d’évoluer, avec une rapidité toujours croissante. Les exigences sont telles aujourd’hui, que même des salariés qualifiés et en poste peinent parfois à s’adapter. Lorsque l’on vit en marge, par choix ou par obligation, on perd les repères que la grande majorité de la société a intégrés. Les ateliers sont mobilisés pour retravailler les représentations qui sont à l’œuvre chez ce public. Grâce aux Structures d’Insertion par l’Activité Economique, un pont peut être construit pour que les publics accueillis en atelier de remobilisation retrouvent une activité professionnelle valorisante et adaptée à leur parcours. Pour beaucoup, seul un contrat à temps partiel est envisageable dans un premier temps. La mobilité est, par exemple, un véritable sujet qui révèle les carences, en la matière de certains bénéficiaires du RSA, ou demandeurs d’emploi. Le problème ne se situe nullement au niveau du financement des déplacements mais dans le « comment je m’y prends ». Bien que travaillée en atelier, la mobilité reste pour beaucoup une difficulté à résoudre. Retenir de simples consignes est parfois compliqué. Un participant qui avait rendez-vous à Pôle Emploi la semaine suivante nous a demandé chaque jour comment il devait s’y prendre. L’angoisse générée par le fait de devoir se rendre dans un autre quartier que le sien s’est transformée en une pensée unique et envahissante. Chaque membre du groupe y est allé de ses conseils, par solidarité. Toutefois, nous aurions tort de ne considérer ces bénéficiaires que sous l’angle des difficultés. De belles réussites viennent toujours marquer les dispositifs d’insertion. La reconstruction est souvent à l’œuvre mais elle peut prendre plus de temps pour certains. Parfois, il faut accepter de déconstruire pour reconstruire un parcours et sortir d’une spirale d’échecs. Seul le bénéficiaire peut décider d’évoluer. Les ateliers sont un chemin sécurisant mais menant vers la transformation. A chacun, en faisant appel à ses ressources, d’y trouver les repères et de s’en saisir.

Une fin d’année 2015 marquée par une évolution Depuis le mois d’octobre 2015, l’Atelier Passerelle Inform’Action a renouvelé le contenu de ses sessions, de son programme pédagogique, de ses objectifs et de ses modalités d’organisation. A une organisation basée sur l’entrée-sortie permanente et la participation « à la carte » pour les bénéficiaires, notre équipe a fait le choix de mettre en place un nouvel aménagement. Désormais, la participation aux ateliers est limitée à un mois plein avec une date d’entrée et une date de fin.

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Le contenu des ateliers est basé sur un objectif à atteindre : travailler les savoir-être dans un contexte de préparation à l’emploi et c’est pour quoi suivre la progression pédagogique de l’ensemble des sessions est indispensable. Il s’agit de remobiliser les publics éloignés de l’emploi et de les sensibiliser, si besoin, à l’importance des compétences relationnelles dans tout parcours visant l’accès à l’emploi, mais aussi une fois en emploi. Il ne s’agit pas de « formater » les publics mais de les amener à comprendre en quoi les attitudes ont une influence positive ou négative au quotidien dans le rapport à l’autre en situation de travail et au-delà, dans tout rapport en général. Pour cela, les sujets abordés en ateliers le sont toujours sous l’angle des savoir-être. Outre l’emploi et le logement, des sujets comme la santé et la mobilité sont également abordés. Cette nouvelle formule permettra aux participants de retrouver un rythme quotidien et de travailler en commun un objectif accessible. Un accompagnement individualisé est également proposé en cours ou à la fin des ateliers pour maintenir la dynamique engagée.

IV. L’ACCOMPAGNEMENT COLLECTIF ET INDIVIDUEL RENFORCE VERS

L’EMPLOI (A.C.I.R.E.)

1. Le contexte général de l’année 2015

1.1. De nouvelles demandes des partenaires :

Logiservices : Cette Association d’Insertion a renouvelé sa demande d’accueillir dans nos ateliers des femmes qu’elle salarie. L’objectif étant de motiver ces femmes à quitter la structure d’insertion pour aller travailler dans le secteur « classique ». Le SPIP (Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation) du Bas-Rhin : les services pénitentiaires du Bas-Rhin ont souhaité que certaines personnes suivies par leurs services puissent participer aux ateliers collectifs Passerelle. Cette demande a coïncidé avec la réécriture du contenu de nos ateliers et la mise d’un programme sur une durée d’un mois, basé sur la remobilisation vers l’emploi au travers des savoir-être. A compter d’octobre 2015, 5 places sont réservées tous les mois aux personnes orientées par le SPIP du Bas-Rhin.

1.2. De nouvelles attentes :

a. Au regard des politiques publiques : L’association Antenne s’inscrit dans la politique nationale et régionale de la lutte pour l’inclusion sociale. Nous allons présenter brièvement les différentes actions menées en matière de solidarité par les instances politiques et qui impactent notre travail et nos pratiques professionnelles auprès du public en délimitant le cadre d’intervention : L’UE et le protocole FSE lié à Europe 2020

L’Union Européenne s’est engagée à mener des actions pour accroître le nombre et la qualité de l’emploi et créer une société inclusive. Société où chaque classe est un élément constitutif de cette même société. L’inclusion sociale préconisée par l’Europe est également liée au résultat des actions menées.

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Plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté

Face à l’urgence sociale et dans le cadre de la traduction des orientations européennes liées à la stratégie Europe 2020 visant à réduire la pauvreté, les pouvoirs publics se sont engagés pour structurer leur politique de solidarité. Pour ce faire, le Plan pluriannuel a été mis place en 2013, 9 régions l’ont d’ores et déjà adopté. L’objet du Plan est de travailler sur la question de la pauvreté et les moyens d’y remédier. Divers acteurs, État, collectivités locales, associations et un collège de personnes en situation de précarité mettent « la main à la pâte ». L’intervention d’acteurs d’horizons divers révèle la volonté d’harmoniser les différents services en vue d’en renforcer l’efficacité. Le plan repose sur six notions fondamentales :

• L’objectivité afin de prendre en compte les situations précaires comme un fait de grande envergure

• La non-stigmatisation des personnes en précarité souvent vues sous l’angle de la paresse et/ou la malhonnêteté

• La contribution des personnes en précarité aux engagements des pouvoirs publics

• Le « juste droit » consistant à faciliter l’accès aux droits sociaux

• Le décloisonnement des politiques sociales qui ouvre un espace au changement des pratiques et à une meilleure coordination entre tous les acteurs du champ de la solidarité.

• L’accompagnement global de manière adaptée et personnalisée. Le Programme Opérationnel National du FSE

Le Programme Opérationnel National (PON) sur la période 2014-2020 répond à la Stratégie Europe 2020 via le Fonds Social Européen (FSE). Suite à la politique nationale de décentralisation, les Conseils régionaux concentrent leurs compétences en matière de formation professionnelle, apprentissage et orientation grâce à une enveloppe nationale FSE s’élevant à 35%. L’État quant à lui gère 65% du FSE allouée à la France pour l’emploi et l’inclusion. Le PON s’engage à relever 6 défis :

• Personnaliser l’offre de service

• Améliorer l’accompagnement des jeunes

• Développer l’emploi et sécuriser les parcours professionnels

• Encourager le maintien et le retour à l’emploi des seniors

• Réaffirmer l’inclusion sociale

• Susciter des projets créateurs d’emplois dans la perspective d’une cohésion sociale. Le cadre de la stratégie Europe 2020 s’insère dans une logique d’un système basé sur la performance et lié à des indicateurs de réalisations et de résultats. Le Conseil Départemental du Bas-Rhin

Suite au transfert de compétences dans l’action sociale et la solidarité territoriale, le Conseil Départemental mobilise à travers le Pacte de Réussite, une partie de l’enveloppe du Fonds Social Européen (FSE), pour la formation et l’emploi des bénéficiaires du RSA. Le cadre posé est celui dans lequel s’inscrit l’action des ateliers passerelle et de l’accompagnement individualisé vers l’emploi. Les services pénitentiaires

La disparition récente de partenaires associatifs historiques de l’administration pénitentiaire sur le bassin de Strasbourg, est une difficulté locale importante pour le secteur de la Justice. La création et l’histoire de l’association Antenne sont intimement liées à la prise en charge et à l’accompagnement des personnes placées sous main de justice et/ou sortant d’incarcération.

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Antenne est aujourd’hui l’une des dernières structures associatives sur Strasbourg ayant une expérience dans l’accompagnement du public des personnes sortant d’incarcération. Un renforcement du partenariat vise alors à optimiser en amont et en aval le travail d’insertion mis en œuvre auprès du public sous main de justice. L’expression de ces objectifs communs va dans le sens des attendus de l’ensemble des textes pénitentiaires relatifs à la préparation à la sortie et de la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009. Ces attentes vont également dans le sens de celles exprimées à l’occasion de la Conférence de consensus sur la prévention de la récidive en février 2013 et des recommandations issues du rapport remis au Premier ministre. Ce contexte est également l’occasion de relancer notre partenariat « naturel » en l’élargissant au-delà de la mobilisation des services du C.H.R.S. de l’association (C.H.R.S. Antenne Meinau), en l’ouvrant aux autres modalités d’accompagnement et de prises en charges proposées par l’association (notamment les services du Centre d’Accueil situé rue Déserte à Strasbourg). Ce partenariat renouvelé et renforcé, vient soutenir l’action du SPIP du Bas-Rhin, dans une période où l’association procède à la réactualisation de son projet associatif et de ses projets d’établissements et de services. A la confluence du secteur social et du monde judiciaire, l’insertion des personnes condamnées et des sortants de prison est une condition sine qua non de la prévention de la récidive. Un détenu qui quitte l’établissement pénitentiaire sans savoir où se loger, sans ressources et sans réseau social, est une personne fragilisée qui nécessite un accompagnement social et professionnel intensif pour retrouver sa place dans la société. S’il faut souligner le peu de connaissances disponibles en France sur la situation sociale des condamnés et, plus particulièrement, des personnes exécutant leur peine en milieu ouvert, les études sur la désistance montrent l’importance de l’emploi et de la situation familiale dans le processus de sortie de la délinquance. Le secteur associatif joue auprès des personnes détenues et des sortants de prison un rôle considérable. Il a développé des compétences et des savoir-faire pour favoriser la réinsertion des personnes placées sous main de justice, mais il n’est pas en mesure d’accompagner toutes celles qui en auraient besoin. Depuis une quinzaine d’année, les acquis juridiques sont incontestables, qu’il s’agisse de l’accès aux droits pendant la détention ou lors de la sortie de prison. Mais là où le projet d’insertion devrait être initié et développé pendant le temps de détention, il n’est souvent qu’esquissé par les conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation (CPIP), faute de disponibilité et de moyens. D’une manière générale, quel que soit le dispositif de droit commun qu’elles sont en droit de solliciter (emploi, formation, logement, hébergement, minima sociaux, etc.), les personnes sous main de justice y accèdent peu et difficilement.

Le développement et la diversification du réseau partenarial de l’administration pénitentiaire tant au niveau national, régional que départemental demeurent un relais indispensable pour les services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP) dans la mise en œuvre des politiques d’insertion au profit des personnes placées sous main de justice.

Au niveau central, l’administration pénitentiaire accomplit ses missions en complémentarité avec de nombreuses associations. La contribution des associations au service public pénitentiaire est d’ailleurs soulignée par la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009, en son article 3 : « le service public pénitentiaire est assuré par l’administration pénitentiaire sous l’autorité du garde des sceaux, ministre de la justice, avec le concours des autres services de l’Etat, des collectivités territoriales, des associations et d’autres personnes publiques ou privées ».

Le travail avec les partenaires associatifs, comme avec d’autres partenaires publics ou privés, contribue à élargir le nombre d’opportunités dans le cadre de la prévention de la récidive et de l’inclusion sociale.

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Au niveau local, le SPIP du Bas-Rhin cherche aujourd’hui à optimiser son action en trouvant des relais et des partenaires permettant de proposer aux personnes sortant d’incarcération, des programmes dans lesquels intégrer ce public. Au-delà de la question de la formation, la problématique principale des publics accompagnés en parcours d’insertion professionnelle porte sur leurs savoir-être lors de leurs démarches de recherche d’emploi, lors des entretiens d’embauche, ou une fois qu’ils sont recrutés. Cette problématique constitue un frein sérieux à leur accès à l’emploi et plus généralement à leur insertion sociale et à la stabilisation de parcours souvent chaotiques. Or, les opérateurs en charge de l’accompagnement de ces publics ne disposent pas de suffisamment d’outils pour travailler sur ces problématiques. Par ailleurs, et afin de rendre leurs recherches d’emploi plus efficaces, il s’agit d’inscrire les publics dans une dynamique plus forte permettant l’acquisition de nouveaux atouts. Aussi, l’association Antenne a souhaité proposer une offre d’insertion adaptée consistant en des ateliers de remobilisation des savoir-être à visée professionnelle. Il s’agit de permettre aux publics orientés de renforcer leurs atouts en terme de savoir-être ainsi que leur employabilité, au travers d’une dynamique collective et de mises en situation. La mise en œuvre d’un partenariat renouvelé entre le S.P.I.P du Bas-Rhin et l’association Antenne vise à permettre :

• Une meilleure intégration des publics sous main de justice dans le droit commun

• La mobilisation de trans-acteurs pouvant intervenir et travailler les questions relevant des champs du social et éducatif, médico-social, de l’insertion professionnelle et de la formation au regard des besoins des personnes sous main de justice

• Une stratégie locale concertée dans le cadre de partenariats renouvelés

b. Au regard du public Le public, s’il est homogène en termes de « statut » (bénéficiaires du RSA, demandeurs d’emploi, personnes en situation de précarité), est par ailleurs hétérogène en termes de problématiques sociales et professionnelles, voire de ses attentes au regard du dispositif que nous lui proposons. Si l’orientation vers le dispositif PASSERELLE a été bien comprise par les référents orienteurs, le public, quant à lui, à des attentes et des demandes multiples. La question essentielle est de savoir comment concilier les attentes du public et celles des multiples financeurs d’un dispositif, tout en produisant des résultats quantifiables et répondant à des critères réducteurs. Ces critères, en effet, ne s’envisagent qu’en termes de sorties dites positives. Le public aujourd’hui est composé pour l’essentiel de personnes bénéficiaires du R.S.A. accompagnées par l’Association Antenne, par les différentes associations présentes sur le secteur Gare, les C.M.S., ainsi que par le S.P.I.P. du Bas-Rhin. Le Fonds Social Européen a défini dans son protocole 2014-2020 deux types de critères pour identifier les participants :

− Inactifs (bénéficiaire des minima sociaux éloignés du marché de l’emploi)

− Demandeurs d’emploi (proches de l’emploi et « employables » de suite) Toutefois, les personnes reçues dans notre dispositif ne se résument pas à 2 critères à leur entrée. Nous parlons de « personnes » avec des problématiques mais aussi avec des atouts.

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Un demandeur d’emploi est censé être « employable » de suite mais il peut présenter des problématiques qui vont ralentir son accès immédiat à l’emploi. Réduire une personne à son potentiel d’employabilité ou de non employabilité contraint les référents à restreindre leur travail par souci d’atteindre les objectifs. L’usager devient un « outil » d’atteinte des objectifs et n’est donc plus au centre du projet associatif. De fait, une sélection « naturelle » s’opère parmi les publics : la focale se fera sur les personnes les plus proches de l’emploi, avec un minimum de problématiques à résoudre pour atteindre des résultats en termes d’objectifs chiffrés. Les ateliers collectifs du service ACIRE de l’Association Antenne se réfèrent, en premier lieu, au cahier des charges des ateliers de remobilisation Passerelle du Conseil Départemental du Bas-Rhin. Ils sont destinés aux bénéficiaires du RSA éloignés de l’emploi et présentant des difficultés sociales prégnantes. Le cahier des charges prévoit que soit travaillée en groupe, la levée des freins sociaux pour permettre le retour à l’emploi. Il est également prévu que les ateliers Passerelle soient identifiés comme référents de parcours sous la forme d’un contrat d’engagement avec les personnes participant aux ateliers. Le Fonds Social Européen cofinance l’action et le protocole 2014-2020 définit ses attentes en terme de résolution des problématiques sociales des participants et d’activation de la formation pour permettre la mise à l’emploi des personnes accueillies dans le dispositif (promouvoir l’inclusion et lutter contre la pauvreté). Outre les bénéficiaires du RSA, les ateliers doivent accueillir un pourcentage de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi et plus généralement les personnes en situation de précarité. L’objectif spécifique poursuivi par le Fonds Social Européen et le Conseil Départemental du Bas-Rhin est d’augmenter le nombre de parcours intégrés d’accès à l’emploi des publics qui en sont très éloignés, en appréhendant les difficultés rencontrées de manière globale. Les Services Pénitentiaires du Bas-Rhin sont également, depuis octobre 2015, des partenaires financiers de nos ateliers Passerelle (permettant le passage de 0,5 ETP de Formatrice en ateliers collectifs à 1 ETP). Leurs attentes portent sur la remobilisation du public accompagné par les services judiciaires et plus particulièrement sur la notion de « savoir-être » ou « compétences relationnelles » au regard de l’emploi. Les personnes accueillies dans nos ateliers dans ce cadre peuvent être bénéficiaires du RSA ou demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi. Elles peuvent être orientées par des conseillers de probation en milieu ouvert ou fermé. L’Eurométropole de Strasbourg ainsi que la DDCS du Bas-Rhin cofinancent également cette opération. Chaque partenaire financier a ses attentes propres en fonction du public qu’il oriente au sein de nos ateliers qui se traduisent en termes d’indicateurs, de résultats et de performances différents. Cette situation induit une forte charge de travail en termes de comptes-rendus pour chacun d’entre eux.

1.3. Une réorganisation de l’atelier au regard des demandes, des attentes et des

commandes :

Un nouveau cadre d’intervention et de nouvelles modalités de parcours qui visent à optimiser

l’intervention des professionnels : Avec la réécriture du nouveau programme des ateliers et la mise en place d’un parcours d’une durée d’un mois, nous avons misé sur la dynamisation d’un public en marge de l’emploi. Une session par jour durant un mois permet de construire un parcours solide et remobilisant pour les personnes. De plus, le travail en commun et l’entraide sont la clé d’un parcours réussi.

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Une première rencontre avec la conseillère emploi pendant les sessions permet d’acter la mise en place d’un accompagnement individuel lié à la recherche active d’emploi ou de formation. Par ailleurs, en dehors des sessions collectives, il est possible de rencontrer la référente des ateliers Passerelle afin de consolider le parcours mis en place et d’évoquer des questions d’ordre plus général (dettes, problèmes familiaux, soutien et lien social, …).

Un nouveau programme pédagogique :

Objectifs de l’atelier passerelle :

• Renforcer les outils à la disposition des opérateurs en charge de la mobilisation des allocataires du RSA et/ou sortants de prison et de leur insertion professionnelle.

• Intensifier la remobilisation des allocataires du RSA et/ou sortants de prison, en vue de leur insertion professionnelle.

• Permettre la construction de réponses « sur mesure » et réactives face aux besoins des allocataires du RSA et/ou sortants de prison, ainsi que des opérateurs chargés de leur accompagnement social et professionnel.

La réponse proposée par Antenne consiste à proposer aux bénéficiaires du RSA et/ou personnes suivies par le S.P.I.P. du Bas-Rhin, une intervention au sein d’un atelier passerelle spécifique, leur permettant :

• Un travail sur les représentations du monde du travail

• Un travail autour des Savoir Etre au travail et des compétences relationnelles

• Un contact direct avec des chefs d’entreprise apportant leur vision et leurs attentes en matière de savoir-être professionnel

• L’accès à un emploi et/ou à une formation qualifiante à moyen terme grâce à un accompagnement individuel renforcé vers l’emploi à l’issue du passage en atelier collectif

• Le maintien dans un emploi et/ou une formation qualifiante

• Le développement d’une posture relationnelle revisitée, afin de contenir et limiter les effets négatifs de comportements inappropriés dans le cadre de relations sociales ou professionnelles

Proposer un espace et un temps au cours duquel les représentations et habitudes liées au travail pourront être questionnées. L’atelier proposera une identification puis un apprentissage de compétences relationnelles utiles et nécessaires pour trouver et/ou se maintenir dans l’emploi. La transférabilité de ces compétences relationnelles aux autres situations de vie sera systématiquement abordée.

Modalités de fonctionnement de l’atelier passerelle : Périmètre d’intervention :

Les sessions se déroulent dans les locaux de l’association situés 7 rue Déserte à Strasbourg. Le local équipé en ordinateurs, téléphones et accès internet, possède différents espaces et salles de formation, permettant des temps de travail en grand collectif et des temps de travail plus individualisés. Le local répond aux normes de sécurité en vigueur pour les ERP. Situé sur le quartier gare de Strasbourg, le local est bien desservi par le réseau des transports en commun (trains, bus, trams). Le public est orienté par les opérateurs de mobilisation professionnelle, les conseillers emploi du Département et les Conseillers d’Insertion et de Probation du S.P.I.P. du Bas-Rhin

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Prescription et orientation :

• Les opérateurs de mobilisation professionnelle présents sur le territoire de l’Eurométropole de Strasbourg

• Les conseillers emploi du Département,

• Les opérateurs et référents sociaux RSA présents sur le territoire de l’Eurométropole de Strasbourg

• Les Conseillers d’Insertion et de Probation du S.P.I.P. du Bas-Rhin L’accompagnement initial relève de l’opérateur qui oriente le bénéficiaire. L’orientation vers l’atelier passerelle doit apporter une valeur ajoutée à cet accompagnement et augmenter le potentiel d’accès à l’emploi. A l’issue de la participation à une session, le bénéficiaire reprend contact avec son référent d’origine afin de poursuivre l’accompagnement mis en œuvre. Un retour synthétique est fait au référent par le formateur intervenant sur l’atelier.

Modalités :

• Un programme de 20 séances collectives par mois, d’une demi-journée chacune (3 heures le matin) pouvant être complété à la demande par des temps de rencontres en individuel sur des questions sociales et/ou professionnelles les après-midis.

• 8 à 10 participants par session

• Intervention de responsables d’entreprises, de formateurs, d’opérateurs de mobilisation professionnelle,

• Intervention d’une psychologue clinicienne en collectif avec à la demande du bénéficiaire, possibilité de poursuite d’un travail individualisé par la suite

L’opération bénéficiant d’un cofinancement du Fonds Social Européen (F.S.E.), les opérateurs chargés des orientations, prendront contact avant une orientation avec les référents de l’atelier afin de transmettre les éléments nécessaires sur la situation du bénéficiaire tels que ceux demandés dans le cadre du programme opérationnel national F.S.E. 2014-2020. Les formateurs / référents et bénévoles :

L’équipe pédagogique est constituée de 2 Conseillères Emploi Formation Insertion expérimentées dans l’accompagnement de publics en difficulté d’insertion. L’équipe pédagogique est renforcée par l’intervention de la psychologue clinicienne de la structure (une journée par semaine). La possibilité qui se dessine de renforcer le travail autour des personnes sortant d’incarcération et/ou sous main de justice, mobilise le Conseil d’Administration de l’association, qui y voit l’occasion de relancer une mobilisation des bénévoles de la structure. Ainsi pourraient être proposés en complément des ateliers passerelle, des ateliers à vocation plus socio-culturelle (atelier photo, atelier français, atelier cuisine, …) mais qui permettent de travailler de façon complémentaire la question des savoir-être (être soigneux, précis, attentif, concentré, etc…). Au moment de l’écriture du présent dossier, le C.A. d’Antenne travaille sur ces compléments, leur organisation et une programmation pour une mise en œuvre à partir de 2016. Philosophie de l’Atelier :

Les modules visent à faire participer les personnes, il sera donc un lieu où chacun pourra s’exprimer librement dans une ambiance de tolérance. L’atelier vise à un apprentissage ou à une sensibilisation renforcée des compétences relationnelles.

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Aussi la démarche visera à acter les choses pour que chacun puisse « prendre acte » à sa manière de ce qu’il aura abordé au sein de l’atelier passerelle. Ce sera le moment de prendre en compte une nouvelle réalité. Nous espérons ainsi approcher une compétence « durable » et pouvant être transférable à d’autres situations.

Les contenus de l’Atelier

Séance 1 : Accueil, diagnostic et expression des attentes réciproques

Objectif général :

• Présentation de l’action, présentation de la notion de savoir-être et de son importance dans les situations professionnelles et de la vie quotidienne.

• Clarification des attendus par rapport aux participants

• Expression des attendus des participants

• Elaboration de la Charte de conduite du groupe par les participants

Savoir-être travaillés :

• Les savoir-être qui émergent lors de l’élaboration de la Charte de conduite du groupe (écoute mutuelle, respect de l’autre et de sa parole, …)

Séance 2 : Travailler mon savoir-être pour favoriser mon intégration dans l’entreprise: Connaissance

du monde des entreprises, logiques d’entreprises, hiérarchie, collectif de travail, règles à respecter.

Objectif général :

• Permettre à chaque participant d’approcher, de comprendre et d’intégrer les fondamentaux du fonctionnement de l’entreprise : la relation à la hiérarchie, le travail en équipe, l’impératif d’objectif et de résultat à atteindre.

• Comprendre la nécessité d’être acteur dans l’entreprise.

• Optimisation de la communication.

Savoir-être travaillés :

• Connaître l’organigramme d’une entreprise

• Connaître et appliquer des procédures de base : maladie, absence, retard etc… : qui prévenir, à qui demander…

• Communiquer

• Représenter son entreprise

• Témoigner d’une attitude de politesse adaptée.

Séance 3, 8, 13 et 18 : Initiation à internet :

Objectif général :

• Savoir utiliser un clavier et une souris

• Savoir utiliser un moteur de recherche

• Savoir identifier les mots clefs pour une recherche pertinente

• Savoir naviguer sur le web

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Savoir-être travaillés :

• Ecoute de consignes

• Application et concentration

• Patience

• Entraide mutuelle

• Ponctualité et régularité

• Savoir gérer son appréhension de l’inconnu

Séance 4 : Prendre soin de soi et de sa santé

Objectif général :

Avoir une bonne hygiène de vie afin de :

• Etre en bonne santé

• Se sentir en forme

• Faciliter son intégration sociale et son rapport aux autres

Savoir-être travaillés :

• Estime de soi

• Renvoyer une bonne image de soi

Séance 5 : Savoir organiser sa recherche de logement :

Objectif général :

• Connaître les dispositifs existant en matière d’insertion par le logement et les mettre en œuvre

• Mener les démarches de façon autonome

• Savoir se renseigner et mener ses démarches en communiquant de façon appropriée

Savoir-être travaillés :

• Communication écrite et orale adaptée

• Anticiper la collecte des documents administratifs nécessaires à la constitution d’un dossier

• Classer et ordonner ses documents

• Gestion des priorités

• Savoir gérer sa frustration

• Accepter que les résultats des démarches surviennent de façon différée

Séance 6 : Et le moral dans tout ça ?

Objectif général :

• Permettre aux participants d’échanger autour de leur expérience, leur vécu et leurs difficultés quotidiennes afin de partager des pistes de solutions pour dépasser ces difficultés

• Pour les participants qui le souhaitent, mettre en œuvre un travail personnalisé avec la psychologue à l’issue du travail en groupe

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Savoir-être travaillés :

• Favoriser l’entraide

• Apprendre à demander de l’aide aux autres

• Respecter la parole de l’autre

• Apprendre à se faire confiance

• Respect de l’intimité

Séance 7 : Travailler mon savoir-être pour m’approprier une posture professionnelle: Adopter une attitude et un comportement adéquats, savoir-être, ponctualité, expression orale, politesse, respect des autres, communication professionnelle, présentation, tenue vestimentaire…

Objectif général :

• Etre sensibilisé aux fondamentaux à respecter : organisation personnelle afin de respecter les horaires, tenue vestimentaire

• Prendre conscience de l’importance d’adopter une posture qui soit professionnelle. Savoir-être travaillés :

• Travailler en équipe, coordonner son action avec celle des autres

• Communiquer avec ses collègues : se concerter, dire ce que l’on fait…faire ce que l’on dit…

• Adapter sa posture professionnelle au fonctionnement de l’entreprise.

Séance 9 : Savoir organiser ses démarches administratives

Objectif général :

• Des démarches administratives : pourquoi ? pour qui ? comment ?

• Meilleure connaissance de l’organisation administrative de la France

• Apprendre à formuler correctement sa demande ou ses explications

• Mener les démarches de façon autonome

• Savoir se renseigner et mener ses démarches en communiquant de façon appropriée

Savoir-être travaillés :

• Communication écrite et orale adaptée

• Anticiper la collecte des documents administratifs nécessaires à la constitution d’un dossier

• Classer et ordonner ses documents

• Gestion des priorités

• Rester calme et serein dans les situations d’incompréhension de la situation

• Savoir gérer sa frustration

Séance 10 : Comprendre et utiliser le site de Pôle Emploi

Objectif général :

• Connaître et utiliser les principales fonctionnalités du site internet de Pôle Emploi, pour s’approprier l’outil et rendre sa recherche d’emploi efficiente

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Savoir-être travaillés :

• Ecoute de consignes

• Application et concentration

• Patience

• S’approprier une démarche, un outil et une méthodologie de recherche d’emploi

• Curiosité et autonomie dans ses démarches

Séance 11 : Le CV et la lettre de motivation : Comment et pourquoi ? Les clefs pour rendre ces

documents efficaces

Objectif général :

• Sensibiliser les participants à l’importance de produire des documents de qualité (CV et lettre de motivation), personnalisés et de s’approprier les contenus de ces documents

• Connaître les attendus des employeurs sur le fond et la forme du CV et de la lettre de motivation

• Améliorer sa compréhension de la procédure de sélection des candidatures Savoir-être travaillés :

• Capacité à identifier les règles au sein de la communication en vigueur dans les processus de recrutement

• Capacité à intégrer ces règles et à les accepter

Séance 12 et 14 : Elaboration et/ou réactualisation du CV : Travail en sous-groupes

Objectif général :

• Permettre à chaque participant d’élaborer un CV personnalisé

• Permettre aux participants d’identifier, nommer et s’approprier ses compétences

• Permettre aux participants d’acquérir un vocabulaire adapté au milieu professionnel Savoir-être travaillés :

• Savoir communiquer sur soi et sur ses compétences

• Savoir écouter et prendre en compte les conseils et l’expertise d’un professionnel

• Accepter le questionnement et le re-questionnement

Séance 15 : La PMSMP : présentation du dispositif de période de mise en situation en milieu

professionnel

Objectif général :

• Présentation du dispositif de période de mise en situation en milieu professionnel

• Identifier les avantages à mobiliser ce dispositif dans le cadre de sa recherche d’emploi ou d’élaboration de projet (découverte d’un métier, se faire connaître d’une entreprise, réorientation professionnelle, …)

Savoir-être travaillés :

• S’approprier la compréhension et les finalités d’un dispositif

• Amorcer la formulation d’un projet professionnel

• Savoir mettre en œuvre une recherche afin d’identifier les entreprises potentielles d’accueil

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• Créer, identifier et utiliser un réseau relationnel professionnel

• Savoir se présenter et présenter sa demande aux entreprises et interlocuteurs concernés en mobilisant une communication adaptée.

• Ne pas se décourager en cas de refus et savoir accepter sereinement le refus

• Mener une démarche de bout en bout

• Planifier sa démarche

• Etre à l’écoute des besoins et du rythme de travail des entreprises

Séance 16 : Atelier mobilité : se déplacer dans l’Eurométropole

Objectif général :

• Connaître et utiliser le réseau des moyens de transports en commun sur le territoire de l’Eurométropole de Strasbourg.

• Les différents types de titres de transport et leur accès en fonction de la situation de chacun

• Savoir utiliser un plan et se déplacer selon un itinéraire

• Planifier un déplacement

• Prendre conscience des limites de ses projets au regard du réseau des transports en commun Savoir-être travaillés :

• Se situer dans le temps et l’espace

• Anticiper et organiser ses déplacements, un événement

• Ponctualité (arriver ni trop tôt, ni trop tard)

Séance 17 : Travailler mon savoir-être pour rendre ma recherche d’emploi efficace: Préparation aux entretiens de recrutement et mises en situation

Objectif général :

• Etre sensibilisé à l’importance de la communication verbale et non verbale.

• Améliorer sa connaissance des attendus du monde de l’entreprise et des chefs d’entreprise en matière de savoir-être.

Savoir-être travaillés :

• Communiquer de façon positive

• Adapter son comportement et sa communication aux attendus des entreprises

• S’adapter à ses interlocuteurs

Séance 19 : Visite d’entreprise : les attentes d’un employeur

Objectif général :

• Permettre une rencontre et un dialogue avec un employeur afin que ce dernier expose les attentes de l’entreprise et du marché du travail, sur le versant des compétences professionnelles mais aussi relationnelles dans le cadre d’un emploi.

Savoir-être travaillés :

• Ecoute

• Présentation vestimentaire

• Hygiène

• Communication avec un chef d’entreprise

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• Adopter une posture d’acteur de la démarche

• Se sentir concerné et s’investir

Séance 20 : Bilan final

Objectif général :

• Procéder à l’évaluation et au bilan de la session mensuelle avec l’ensemble du groupe. Envisager les éventuelles suites de parcours possibles pour chacun des participants.

Savoir-être travaillés :

• Capacité d’auto-évaluation

• Prise de conscience des progrès

• Capacité à se projeter

• Objectiver le regard que l’on porte sur soi

PLANNING MENSUEL TYPE D’UNE SESSION

LUNDI MARDI MERCREDI JEUDI VENDREDI

Accueil, diagnostic, et

expression des attentes

Favoriser mon intégration dans

l'entreprise

initiation à internet

Prendre soin de soi et de sa santé

savoir organiser sa recherche de

logement

Et le moral dans tout ça ?

M'approprier une posture

professionnelle

initiation à internet

Savoir organiser ses démarches

administratives

atelier internet : Comprendre et

utiliser le site de Pôle Emploi

Les outils des TRE CV et LDM Sous-groupe 1

initiation à internet

CV et LDM Sous-groupe 2

La PMSMP

atelier mobilité : se déplacer dans

la ville

Rendre ma démarche d'emploi

efficace

initiation à internet

Visite d'entreprise : Les attentes de

l'employeur

BILAN final

B. L’opération réalisée en 2015

1. Bilan global de l'opération Pour l’année 2015, nous pouvons remarquer que l’objectif de l’opération agréée, soit 80 suivis, est largement atteint et même dépassé : 112 personnes différentes ont été reçues par l’un et/ou l’autre dispositif. L’opération effectivement réalisée est mise en place au vu des finalités poursuivies ainsi qu’aux modalités d’exécution des actions qui se vérifient par les éléments suivants : Le service Accompagnement Collectif et Individuel Renforcé vers l’emploi (ACIRE) a pour finalité d’aider les bénéficiaires à atteindre leur(s) objectif(s) professionnel(s). Pour se faire, 1,5 ETP sont affectés à cette mission : l’un à temps plein propose un accompagnement individuel renforcé vers l’emploi, le second à temps partiel, propose un accompagnement collectif vers l’emploi (à temps plein depuis octobre 2015, soit 2 ETP)

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Notons également que l’ACIRE est un service proposé aux bénéficiaires sur orientations des partenaires et sur présentation spontanée pour ce qui concerne l’accompagnement individuel.

L’accompagnement individuel renforcé vers l’emploi : Il propose à toute nouvelle personne un entretien d’accueil. Il vise à présenter l’association Antenne, ses services et les possibilités qu’aura la personne à bénéficier des autres services de la structure, comme par exemple les ateliers collectifs, la psychologue d’Antenne, les ateliers collectifs. A l’issue de cet entretien, chaque personne devrait pouvoir se situer dans la cartographie d’Antenne. Ensuite, durant l’entretien d’accueil, la référente emploi mesure l’écart qu’il y a entre le positionnement qu’adopte la personne dans ses démarches et l’objectif professionnel qu’elle se fixe. Ce décalage est ensuite reformulé et traduit en une proposition d’accompagnement. La finalité de l’accompagnement renforcé étant bien entendu de réduire au maximum ce décalage tout en permettant aux personnes accompagnées de s’approprier de nouvelles ressources, de nouveau réflexes amenant à un positionnement changé et durable. Chaque personne accompagnée se voit ensuite proposer des entretiens de suivi réguliers au cours desquels le plan d’accompagnement personnalisé sera travaillé. La régularité des entretiens de suivi se décide en fonction des attentes et des motivations des personnes. Chaque accompagnement se fait dans une logique de progression où à chaque étape du parcours la personne sera actrice. L’inscription de la personne dans le dispositif est matérialisée par la signature au fur et à mesure des rendez-vous de l’Attestation d’accompagnement. Cet accord vise à respecter les engagements fixés d’un entretien à l’autre. Mode de recrutement des participants � En interne : ce sont les services R.S.A. et accueil qui orientent les bénéficiaires vers ce service lorsqu’ils

entendent une difficulté d’accès à l'emploi et/ou à la formation. Les orientations se font de manière autonome grâce à des plages de rendez-vous mises à disposition par la référente emploi et actualisées régulièrement. Ce choix de la référente emploi permet de faciliter les orientations au maximum.

� Les orientations spontanées : des personnes qui se présentent à l’accueil. Si toutefois, ce service s’adresse aux bénéficiaires du R.S.A., notons que la personne qui n’a pas sa domiciliation postale à Antenne ni son suivi R.S.A. dans les locaux pourra aussi bénéficier du service.

� Enfin, le troisième et dernier mode de recrutement sont les orientations des partenaires extérieurs comme Horizon Amitié, des C.M.S., et depuis octobre 2015, le S.P.I.P. du Bas-Rhin.

L’accompagnement collectif : Il s’agit d’ateliers de remobilisation sur les thèmes de l’emploi, du logement et de la santé. Le travail est fait en petit groupe (8 personnes maximum) et selon un mode participatif où chaque personne peut prendre la parole, poser ses questions et faire des démarches directement pendant l’atelier comme une candidature par exemple. Le mode de recrutement des participants s’opère via un planning mensuel qui est affiché dans les locaux de notre association à destination des personnes accompagnées par nos services et qui est également envoyé à tous les partenaires par mail accompagné d’une fiche d’orientation à remplir par le référent. Le planning est également consultable sur le blog de l’association et diffusé dans l’Hebdo Insertion édité par la Mission RSA de la Ville de Strasbourg.

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Depuis octobre 2015 et la mise en place de la nouvelle programmation, en plus du planning mensuel, une fiche explicative du programme proposé, une procédure d’orientation, une fiche d’orientation et des documents à remettre aux personnes orientées sont mis à disposition des partenaires. Les plannings sont maintenant envoyés à certains partenaires 3 mois à l’avance. Mode de recrutement des participants Lorsque des partenaires souhaitent orienter une personne, ils nous font parvenir la fiche d’orientation que nous avons créée ainsi que les documents nécessaires à la validation de l’inscription. La participation aux ateliers collectifs est proposée pour une période de 1 ou 3 mois renouvelable (1 mois depuis octobre 2015). Suivi de l’opération en temps utile Afin de mesurer en temps utile les éléments constitutifs de l’ACIRE un tableau de suivi est tenu à jour (le PONAT FSE – acronyme de Programme Opérationnel NATional FSE). Il rassemble les éléments liés à la typologie du public accompagné, aux résultats enregistrés sur la période d’exécution et enfin, aux heures de travail effectuées ou au nombre d’ateliers réalisés. Depuis 2015, le tableau PONAT est également saisi en ligne sur Ma démarche FSE, au fil de l’eau.

2. Les modalités d’exécution des différentes phases de l’opération : 112 personnes ont bénéficié des services de l’ACIRE en 2015.

Pour l’accompagnement individuel :

345 entretiens d’accompagnement réalisés par la référente du dispositif et sa remplaçante, ont été réalisés pour 92 personnes (15 femmes et 77 hommes) suivies en individuel au cours de l’année 2015. La minorité de femmes dans le dispositif peut s’expliquer par le fait qu’elles sont plus nombreuses que les hommes à avoir la garde des enfants et donc à bénéficier davantage de prestations sociales (allocations pour enfants, aide à la mobilité, Apl…) leur permettant d’avoir une autonomie relative. Sur la période de septembre à décembre 2015, nous enregistrons 109 entretiens honorés et 24 non honorés ce qui représente 26% d’absentéisme. Les causes de ce manquement au RV sont diverses, comme par exemple : le découragement, l’oubli, l’entretien professionnel. Rappelons ici que l’accompagnement individuel a pour finalité l’atteinte de l’objectif professionnel que se fixe chaque personne accompagnée. Ce projet doit être réaliste et en phase avec les capacités de la personne ainsi qu’avec les possibilités du marché de l’emploi. Si ces deux dernières conditions ne sont pas réunies, le rôle de la référente consiste à formuler le projet réaliste qui sera poursuivi tout au long du parcours. En terme de contenu, les entretiens font appel à des techniques d’accompagnement telles que l’ADVP (outil auquel la référente emploi a été formée) par les supports pédagogiques de la collection Chemin Faisant, le livre outil L’entretien d’embauche, l’outil de positionnement professionnel de Thérèse Aurora, et bien d’autres. La palette des références théoriques et des outils mobilisés est large et il s’agit pour la référente emploi de choisir le support adapté à chaque personne accompagnée. Cependant, la surcharge de tâches administratives permet de moins en moins l’utilisation de ces supports pendant le déroulement des entretiens. La durée des entretiens varie d’une personne à l’autre, mais nous comptons par entretien une durée de 3 heures qui englobe la préparation des entretiens, le temps en face à face et le temps de l’après entretien qui vise à effectuer la saisie informatique du dossier individuel, la collecte des pièces justificatives manquantes et de contacter les partenaires mobilisables.

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Pour l’accompagnement collectif : Concernant l’accompagnement collectif, chaque atelier va être préparé le matin ou pendant les périodes plus calmes, s’agissant de nouveaux thèmes abordés, par l’animatrice. En effet, un atelier « Offres d’emploi et candidatures » doit proposer aux participants des offres d’emploi émanant des SIAE, du Pôle Emploi, des agences intérim et des offres émanant directement du Conseil Général du Bas-Rhin via les conseillers emploi. L’hebdo Insertion du Département R.S.A. est également une source non négligeable d’informations en matière d’emploi et de formation. Ces offres doivent correspondre aux profils des participants lorsque c’est possible. Internet est le principal vecteur de ces offres mais pas seulement. Prises de contact direct avec des structures susceptibles d’offrir des postes conjointement avec la référente en accompagnement individuel. Depuis octobre 2015, un accompagnement individuel est également possible durant le mois de participation à l’Atelier Passerelle. En effet, de nombreux participants présentent des problèmes administratifs : demande d’Allocation Temporaire d’Attente refusée par Pôle Emploi, factures EDF/GDF qui continuent à être prélevées sur les comptes bancaires de personnes devenues Sans Domicile Fixe, courriers divers, et candidatures, préparation à un entretien de recrutement, … Pour ce qui est de la conduite des ateliers, ces derniers se déroulent au 7 rue Déserte, dans une salle dédiée, entièrement équipée. Les séances durent 3 heures et sont découpées comme suit :

- accueil des participants au 7 rue déserte à partir de 9h00, démarrage des ateliers à 9h30, ou accueil à partir de 13h30 pour un démarrage à 14h00,

- installation de ces derniers et signature d’une feuille de présence, - tour de table et questions diverses, prise de notes par l’animatrice d’informations relatives aux

participants, règlement des problématiques soulevées par les participants et orientation vers service tiers si nécessaire,

- sujet du jour en fonction du planning, présenté par l’animatrice ou co-présenté avec une collègue ou un intervenant extérieur,

- 1 pause, - reprise - fin de la séance, remise d’un ticket service de 7 euros (aide alimentaire pour les participants) et

départ des participants à 12h30 ou 17h00 pour les séances ayant lieu les après-midis. Modalités de suivi des participants : Pour l’accompagnement individuel un document officiel est utilisé pour formaliser le suivi des bénéficiaires : l’Attestation d’accompagnement. Pour l’accompagnement collectif, c’est la fiche d’émargement qui est utilisée et émargée à chaque session. Depuis octobre 2015, les personnes suivies par la référente des ateliers collectifs qui sont amenées à être revues au-delà de la période d’un mois, signent également une feuille de rendez-vous individuels. Toutes les démarches effectuées durant ces rendez-vous sont gardées en copie (mail, courrier, …) et rangées dans le dossier individuel de la personne. Ces documents répondent aux exigences du FSE et respectent en tout point l’obligation de publicité du FSE et ce par deux moyens : une information orale auprès de chaque nouvelle personne rencontrée ainsi qu’une information écrite, avec logo, que le bénéficiaire signe à chaque entretien. En terme de justificatif, chaque personne doit fournir aux référents son attestation R.S.A., sa carte Pôle Emploi, sa fiche d’orientation et une attestation de suivi SPIP pour les participants orientés par un conseiller de probation.

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Dans un second temps, toutes les données collectées dans ces supports : typologie du public, ressources, niveaux scolaires, problématiques, orientations vers d’autres partenaires, résultats etc… sont informatisées afin de permettre un suivi statistique de l’action qui est actualisé quotidiennement. Depuis cette année, elles sont également saisies en ligne sur le site internet « Ma démarche FSE » dès l’entrée dans l’opération et complétées à la sortie de l’opération. Dans un troisième temps, ces données statistiques servent à renseigner en ligne les indicateurs de réalisations et de résultats au moment du bilan annuel. Les pièces justificatives qui attestent nos dires sont scannées et disponibles dans le dossier informatique du bénéficiaire. La référente accompagnement collectif met également à jour un tableau statistique à destination du Conseil Départemental du Bas-Rhin, co-financeur de l’action collective. Depuis octobre 2015, de nouveaux outils statistiques ont également été créés pour gérer les orientations des services pénitentiaires et travailler sur les données quantitatives et qualitatives. Une synthèse individuelle de chaque participant est également réalisée depuis octobre 2015. Elle est destinée aux référents qui ont orienté les participants et permet de garder une trace non statistique du passage en atelier, des démarches réalisées et des suites préconisées. Calendrier de l’action L’entrée dans le dispositif de l’Accompagnement individuel se fait tout au long de l’année, de janvier à décembre. Les sorties sont enregistrées le dernier mois de l’année en cours. La durée de l’entretien varie selon les besoins et les demandes du moment de la personne. La moyenne est comprise entre 30 et 45mns par séance. Parfois, le temps en face à face peut atteindre une heure voire plus pour certaines personnes ayant des difficultés d’élocution et une non-compréhension de l’environnement social et/ou administratif. Cela se traduit par une demande claire d’aide pour des démarches administratives à suivre ou remplir des formulaires qui exigent patience, concentration et compréhension du document. Nous notons un besoin et une demande accrus en matière de saisies informatiques pour la publication dématérialisée du CV de l’usager sur leur espace Pôle emploi. De fait, l’accompagnement individuel vers et dans l’emploi devient un espace de formation informelle et d’apprentissage aux Techniques de l’Information et de la Communication (TIC). Cette compétence injonctive est nécessaire aujourd’hui pour démarcher dans les divers services publics comme par exemple : la Sécurité sociale, la Caisse d’allocations familiales. La mise en œuvre des TIC par l’État permet une meilleure gestion du flux des assurés et des allocataires et un désengorgement à l’accueil des diverses instances gouvernementales territoriales. Il en résulte pour l’accompagnement individuel au sein de notre dispositif un temps supplémentaire à consacrer lors des entretiens. Un moment de prise de notes est réservé à l’issue de certains entretiens afin de consigner à chaud des éléments significatifs quant à l’usager quant à la pratique professionnelle. Cette saisie est nécessaire car elle permet de partager des informations avec l’équipe RSA et d’avoir une approche globale de la personne. Approche que l’Association Antenne s’est appropriée voilà plusieurs années. Les prises de rendez-vous se font d’un commun accord avec l’usager et la référente emploi-formation-insertion ou via l’Accueil qui dispose d’un planning comprenant les plages horaires disponibles de l’Accompagnement individuel.

Modalités relatives au collectif :

L’entrée dans le dispositif de l’Accompagnement collectif se fait à chaque début de mois et pour une durée en atelier d’un mois qui peut perdurer au-delà, en individuel. Les sorties sont enregistrées le dernier mois de l’année en cours ou avant si la personne a abandonné le dispositif avant la fin programmée.

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• Un programme de 20 séances collectives par mois, d’une demi-journée chacune (3 heures le matin) pouvant être complété à la demande par des temps d’accompagnement social et/ou professionnel individuels les après-midis. A la fin du mois, les personnes peuvent rester accompagnées par la référente en collectif et/ou la référente en individuel. La référente « atelier collectif » interviendra en rendez-vous individuels afin d’accompagner les démarches amorcées en ateliers. Par exemple, accompagner une personne chez un employeur pour valider un stage d’immersion en entreprise, ou effectuer des démarches d’ordre social (courriers, mails, appels, ..) sans toutefois empiéter sur le travail des services sociaux qui accompagnent déjà l’usager.

• L’accompagnement ne cesse donc pas forcément à l’issue du mois d’ateliers. L’entrée dans l’opération se fait au premier jour de participation aux ateliers et peut prendre fin au cours de l’année. Si la personne était déjà enregistrée comme participant au dispositif ACIRE, car accompagnée par la référente emploi en individuel, c’est cette date d’entrée dans l’opération qui est prise en compte. Par exemple : 1er rendez-vous en individuel le 16 février, orientation vers les ateliers pour la session de juin, fin d’accompagnement le 20 novembre pour sortie emploi : date d’entrée dans l’opération au 16 février et date de sortie de l’opération au 20 novembre de l’année en cours.

3. Réalisations constatées Aucune sous-réalisation sur la mobilisation des moyens humains et matériels prévus n’est à noter pour 2015. Précisons que le dispositif ACIRE a été mobilisé pour 112 personnes. Parmi elles, 97 sont bénéficiaires des minima sociaux. 51 d’entre elles sont nées à l’étranger. Le public reste majoritairement masculin avec 85 hommes. 75 personnes sont chômeurs longue durée. Parmi les personnes accompagnées, 68 personnes ont entre 20 ans et 44 ans. 45 personnes ont 45 ans et plus. En matière de qualification, il est intéressant de relever que 11 personnes ont un niveau inférieur à l’école primaire, 80 ont un niveau primaire, secondaire, CAP et 15 personnes ont un niveau baccalauréat ou plus. Au-delà des éléments décrivant la typologie du public accompagné, il est important de rappeler les spécificités du public accueilli par Antenne. Elles se retrouvent dans les difficultés rencontrées par notre public. Précisons ici que 72 personnes accompagnées sont sans domicile fixe ou confrontées à l’exclusion en matière de logement. 10 personnes ont une reconnaissance de travailleur handicapé et une vingtaine souffre de problèmes graves de santé, 13 ne maitrisent pas le français.

4. Présentation de la coordination opérationnelle Le suivi de l’opération s’opère en un bilan annuel. Des entretiens téléphoniques réguliers et des réunions sont menés entre Antenne et le Conseil Départemental du Bas-Rhin, service instructeur. Les deux référents de l’ACIRE s’étaient fixés comme objectif pour 2015 de maintenir le partenariat avec les structures extérieures telles que :

Avec qui (fonction, organisation, service, etc.) ?

A quel(s) sujet(s) ? pour faire quoi ?

Avec les SIAE :

Partenaires incontournables les Structures d’Insertion par l’Activité Economique proposent des contrats aidés CUI. Destinés à un public éloigné de l’emploi ces contrats sont censés permettre un droit à l’erreur, une seconde chance. Des visites au sein des SIAE ont été organisées en 2015 afin de présenter aux personnes présentes en atelier leur fonctionnement et leur activité.

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Avec Le RESI :

Le Relais Emploi Santé Insertion est le partenaire vers lequel nous orientons les personnes présentant des problèmes de santé. Un médecin généraliste reçoit ces personnes et émet un avis quant au projet professionnel de la personne. De plus, le RESI est intervenu en atelier collectif en 2015.

Avec les Centre Médico-sociaux

Le plus souvent il s’agit d’entretenir des relations partenariales avec le CMS Kageneck, le CMS Schoepflin et le CMS Belin. Pour cela, la référente emploi et l’animatrice Inform’action assurent une présence aux réunions

mensuelles des partenaires de l’insertion par exemple. Il s’agit aussi de présenter aux professionnels de ces structures l’ACIRE et les modalités d’orientation. Nous avons organisé cette réunion deux fois dans les locaux d’Antenne cette année.

Avec les associations d’hébergement

Horizon Amitiés A.A.H.J.

5. Dispositions prises pour assurer la publicité du financement communautaire

Pour répondre à l’obligation de communication autour du FSE de nombreuses affiches sont présentes dans les locaux d’Antenne. En plus de cette communication visuelle, une communication orale est faite lors de chaque premier entretien. Le contrat d’engagement signé par chaque bénéficiaire et les feuilles d’émargements sont conformes avec les obligations de publicité. Chaque personne accompagnée dans le cadre de l’ACIRE a bénéficié d’une présentation orale du FSE. La preuve de cette démarche est matérialisée par les signatures sur les feuilles de présence. Une plaquette de l’ACIRE est remise aux usagers afin de faciliter la compréhension des possibilités du service ACIRE et d’autre part pour faciliter la communication visuelle autour du Fonds Social Européen. Elle est mise à disposition à l’accueil d’Antenne, ainsi que sur le bureau d’entretien. L’obligation de publicité se traduit également au travers de l’utilisation des logos FSE sur les supports de communication de l’association (papier entête courriel, affiches, planning, rapport d’activité, …).

6. Modalités de prise en compte de l'égalité entre les hommes et les femmes 27 femmes ont bénéficié de l’ACIRE en 2015. Compte tenu du public accompagné par Antenne (qui constitue la majorité des orientations vers l’ACIRE), soit 90% d’hommes, il est difficile d’atteindre l’objectif d’égalité hommes femmes. Pour ce qui concerne le principe d’égalité hommes-femmes, bien qu’aucune session ne soit dédiée à ce seul sujet, c’est au cours des sessions relatives à l’emploi qu’il est évoqué. Ainsi, nous ne manquons jamais de rappeler combien il est important d’accepter que les hommes et les femmes sont égaux en droits et en devoirs, dans tous les domaines, et que la Constitution française l’a acté dans son préambule. Nous rappelons également que dans les faits et dans les consciences ce principe n’est pas toujours respecté et que le recours à la loi est alors la solution.

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6bis. Modalités de prise en compte des autres priorités communautaires

transversales Les autres priorités communautaires transversales type égalité des chances, caractère transnational ou interrégional, innovation, développement durable, vieillissement actif, intégration des personnes handicapées sont prises en compte dans le sens où nous ne fixons aucun critère obligatoire de départ. Toutes les personnes en demande d’accompagnement peuvent donc être suivies dans le cadre de l’ACIRE si celles-ci sont bénéficiaires du R.S.A. et inscrites comme demandeur d’emploi à Pôle Emploi.

7. Analyse des résultats obtenus En 2015 nous avons atteint le nombre de 112 bénéficiaires accompagnés dans le cadre de l'ACIRE, dont 12 sont enregistrés en sorties positives.

B.F. S. Contrat en intérim

B. S. Contrat en intérim

C. A. Contrat CUI-CAE

G. P. Contrat CUI-CAE et formation « homme toute main »

J. D. Contrat de mission en SIAE

N. J.M. Contrat CUI-CAE

M. J.P. Contrat CUI-CAE

S. A. Contrat de mission en SIAE

T. J. C.D.D.

W. S. C.D.I.

Z.A. C.D.I.

Ces résultats nous amènent à formuler certains constats depuis nos places de conseillères emploi formation insertion : La majorité des sorties positives sont des CUI-CAE. Ce contrat aidé permet à l’employeur de bénéficier d’une aide financière et d’un allégement de cotisations patronales sur les bas et moyens salaires. Le CUI proposé souvent sous forme de mi-temps, l’avantage certain pour l’usager est une remise progressive du pied à l’étrier. Ce public démotivé étant pour la plupart sans emploi depuis plusieurs années, a une perception du temps différente de celle du monde de l’emploi, d’autant plus si la personne vit dans la rue. Nous remarquons une part insignifiante de la formation comme motif de sortie. Le positionnement de notre public sur une formation alternée (cours/stage en entreprise) se fait souvent dans l’urgence. Les informations sur les places disponibles dans les opérations menées par le Conseil départemental nous parviennent fréquemment au dernier moment.

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Ce qui demande une réactivité quasiment immédiate : contacter rapidement le bénéficiaire pour l’informer, obtenir son accord et envoyer sa candidature dans les délais escomptés. Notons deux CDI qui marquent une nouvelle étape dans le parcours professionnel de la personne de manière sécurisée. Dans quel contexte le service A.C.I.R.E. évolue t-il ? Notre service ACIRE évolue dans un contexte de crise qui semble s’être installée durablement en France depuis 2008. Le chômage ne cesse de croitre et la précarité s’est installée. Alors que d'autres pays européens ont mis en place des réformes qui semblent profiter à la reprise d’emploi, notre pays reste miné par la destruction d’emplois et la fermeture de petites et moyennes entreprises, pourvoyeuses historiques d’emplois. Le public accompagné par le service ACIRE est composé de personnes peu qualifiées et présentant des problématiques sociales diverses. Dans ce contexte, comment faire accéder ces personnes à un emploi durable ? Et l’emploi durable est-il encore la règle pour ce type de public en particulier et tous les salariés en général ? Si l’espoir est encore de mise lorsque nous recevons un public jeune, qu’en est-il des personnes âgées de plus de 50 ans, ayant épuisé le recours à l’agrément de Pôle Emploi qui permet l’accès aux contrats aidés ? Pour rappel, selon les nouvelles règles, l’agrément est aujourd’hui unique et pour une durée de 24 mois maximum. Un demandeur d’emploi ayant mis fin à son contrat aidé, et ce, quelle que soit la raison, se verra refuser un nouvel agrément. Pour ces personnes, l’accompagnement doit se faire vers l’entreprise. Nous rencontrons nombre de personnes qui, fortes d’une expérience significative dans le bâtiment, ne peuvent malheureusement plus exercer dans ce secteur. En effet, leur santé s’est fortement dégradée suite à des emplois à pénibilité élevée. Que proposer à ces personnes qui sont en demande de travail ? Pour ces anciens ouvriers du BTP, la valeur travail a encore un sens. Ils étaient fiers de voir leurs efforts aboutir à des constructions utiles. L’esprit d’équipe, des salaires motivants et la convivialité faisaient oublier les conditions difficiles sur les chantiers. Ces professionnels étaient respectés par leur employeur, l’entourage immédiat et toute une société pour laquelle ils se sentaient utiles. Aujourd’hui, en majorité bénéficiaires du RSA, il est bien loin le temps de la sérénité et de la fierté dans une France où le travail était disponible pour cette catégorie de salariés. Après avoir connu des déboires, des séparations et pour certains des deuils, le temps de la reconstruction est venu. Toutefois, qu’avons-nous à offrir en terme d’insertion professionnelle à ces personnes ? Un véritable parcours devrait se composer comme suit : une remise à niveau général, une formation professionnelle qualifiante avec immersion en entreprise et accès à un emploi pérenne jusqu’à la retraite. Lorsque les problèmes de santé sont trop prégnants, une reconnaissance en qualité de travailleur handicapé est essentielle. Encore faut-il que ces personnes acceptent la réalité d’une santé déclinante exigeant une reconnaissance et une réorientation professionnelle. Force est de constater que les difficultés s’ajoutent aux difficultés lorsque l’on veut amener ces personnes vers la formation professionnelle. Peu de financements sont en effet mis à disposition des bénéficiaires du RSA seniors. De plus, lorsque nous construisons ce type de parcours, il faut encore qu’ils soient validés par Pôle Emploi, ce qui est rare. Nous nous heurtons au fait que les priorités sont différentes en fonction des interlocuteurs et des financeurs qui interviennent durant les parcours mis en place.

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Contraints à des résultats, les référents en insertion professionnelle se concentrent, de fait, sur les publics qui génèrent des résultats en terme de sortie positive. Soumis à l’efficience, nous nous débattons entre des situations humaines difficiles, une bureaucratisation parfois absurde, des dispositifs compliqués et le désir de réaliser correctement et toujours humainement notre mission. Tous les dispositifs que nous activons sont également soumis à l’injonction de production de résultats. La conséquence est la « sélection » des publics qui permettront aux opérateurs de valider les indicateurs de sorties afin de permettre la pérennisation des financements. Qu’en est-il de nos publics dans ce vaste système de production de résultats, générateur d’exclusion alors qu’il est censé produire de l’inclusion ? Réduits à des indicateurs de pauvreté et d’employabilité, ils se débattent pour garder la tête hors de l’eau. Les référents, quant à eux, devenus opérateurs d’inclusion dans un pays où le chômage est devenu structurel, s’épuisent à remobiliser un public sans cesse démotivé, en s’appuyant sur des dispositifs qui évoluent sans cesse. Pour conclure sur une note optimiste, rappelons que l’ensemble des structures de l’insertion agissant sur le Bas-Rhin travaille en coordination pour maintenir un sens à nos missions et offrir le meilleur aux personnes qui font appel à notre savoir-faire.

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LE SITE MEINAU

Le C.H.R.S. « L’Antenne Meinau »

Le Service Aménagement de Peines

Le Service Accompagnement Social F.S.L.

3 rue du Général Offenstein – 67100 STRASBOURG

Tél. : 03 88 79 42 17

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I. LE CENTRE D’HEBERGEMENT ET DE REINSERTION SOCIALE

Membres de l’équipe en 2015 :

Directeur Equipe Educative

� Joël DIOCHET 1. Véronique SCHEID

2. Noudjoud GUIMONT - GHIRI Secrétariat de Direction 3. Marc LEJAY

� Julia PEREZ HAMEL

4. Mickaël GANGLOFF 5. Gregory BALTZER 6. Christian MERTZ

Stagiaires � Sébastian DUCHATELLE � Anaïs STEFFAN

A – LE CHRS "ANTENNE MEINAU" EN 2015

1. Présentation

Les Centres d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS) sont une catégorie d’établissements sociaux intervenant dans le domaine de l’accueil, de l’hébergement et de la réinsertion sociale et professionnelle de personnes en situation d’exclusion. Ils ont pour vocation d’accueillir des personnes connaissant de graves difficultés, notamment économiques, familiales, de logement, de santé ou d’insertion, en vue de les aider à accéder ou à recouvrer leur autonomie personnelle et sociale. Les CHRS relèvent de la compétence de l’Etat. La tarification, le financement, le contrôle et le suivi de ces établissements sont assurés par la DDCS et à l’échelon départemental, sous le couvert du Préfet. Les missions des CHRS s’inscrivent dans un cadre juridique qui a fortement évolué ces dernières années. Précédée par la loi d’orientation relative à la lutte contre les exclusions du 29 juillet 1998, la loi du 02 janvier 2002 rénove en profondeur le statut de l’usager et l’établissement qui l’accueille. Le CHRS ‘’Antenne Meinau’’ a été créé à la diligence du Service Pénitentiaire d'Insertion et de Probation (SPIP) de Strasbourg en 1985. Il est géré par l'Association ANTENNE dont le Siège Administratif se situe 9 rue Déserte à Strasbourg. Le CHRS est un établissement de type éclaté, implanté à une dizaine de minutes à pied du coeur du quartier de la Meinau. Son bureau d'accueil se situe au 3 Rue du Général Offenstein à Strasbourg, à 4 km du centre-ville, sur l'axe nord-sud desservi par le TRAM direction Illkirch (Arrêt Lycée Couffignal). L’aménagement du quartier permet à chacun d'atteindre en quelques minutes le Centre Commercial, le bureau de Poste, la Mairie, la Mission Locale, la Permanence Emploi Adultes. Sur le plan de l'accès aux soins et à la santé, les cabinets d'un généraliste et d'un dentiste sont situés à proximité. Fort de sa mission de lutte contre la pauvreté et l'exclusion par son action d'insertion, le C.H.R.S. est prévu en priorité pour accueillir des hommes et des femmes en détresse sociale, faisant l'objet d'une décision de justice ou d'une levée d'écrou. Peu importe le cas, les conditions d’accueil doivent d’abord respecter la dignité des personnes sans aucun à priori.

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Soucieuse de la qualité de l’accueil des stagiaires, du bon déroulement des stages et d’établir un lien de partenariat renforcé avec les centres de formation, l’association Antenne s’est dotée de la qualification « Site Qualifiant » en partenariat avec L’ESTES. Le suivi individuel est assuré par un membre de l’équipe éducative, présent sur le service accueillant le stagiaire sous la responsabilité du Directeur d’établissement. Dans ce cadre, au cours de l’année, deux étudiants de l’ESTES ont effectué des stages longs au sein de l’établissement.

2. Description de l’établissement Le C.H.R.S. gère un parc de six logements CUS HABITAT au sein du quartier de la Meinau. Une maison, située 3 Rue du Général Offenstein, est réservée à l'accueil et au secrétariat. Son dernier étage compte un appartement disponible pour quatre usagers. Les autres appartements, dispersés au sein de la Cité de la Meinau, sont les lieux de vie des résidents.

• Le bureau d’accueil Il est accessible tous les jours ouvrés de 8h à 20h. Des tournées dans les appartements sont effectuées en semaine et le week-end afin de s’assurer qu’il n’y a pas de soucis, de veiller au respect du règlement de fonctionnement, à la propreté des locaux mis à disposition et visant à favoriser le dialogue avec les personnes accueillies. Il est composé d'un bureau de permanence et de plusieurs bureaux destinés aux entretiens, d’une petite cuisine, d'une buanderie et d'une grande pièce dite « d'accueil » destinée entre autres à l'affichage et à l'information (offres d'emploi, accès aux services sociaux, informations etc.). Cette pièce, ouverte à tous, sert essentiellement de lieu d'accueil. Une bibliothèque, une chaîne hifi, et une cafetière sont à la disposition des personnes qui se présentent. On peut à loisir lire, consommer un café, pratiquer diverses activités ou divertissements et organiser d’éventuelles réunions. Une ligne téléphonique est également à la disposition des résidents. Le bureau de permanence est accessible toute la journée. C'est un lieu de passage obligatoire dans le fonctionnement du C.H.R.S. Les résidents peuvent s'y présenter spontanément ou sur rendez-vous fixé par l'éducateur référent. C'est de surcroît un lieu convivial de nature à favoriser les échanges. Un poste téléphonique, un lave-linge et un quotidien y sont à disposition.

• Les appartements

De configuration similaire, les appartements, où logent les résidents, sont répartis dans la cité. Ils comprennent 3 ou 4 chambres individuelles meublées, une cuisine équipée, une salle de bains, des sanitaires ainsi qu'un téléphone à service restreint, limité à la réception des appels. Les résidents cohabitent à 3 ou 4 selon le type d’appartement. Outre les clés d'accès à l'immeuble et au logement, chacun détient la clé de sa propre chambre. Bien entendu, l'équipe éducative est en possession d'un double des clés d'accès à chacune des pièces, nécessaire en cas d'intervention urgente dictée par sa mission ou en vue de toute autre observation dès lors qu’il s’agit d’assumer pleinement sa responsabilité. Chaque résident doit participer financièrement à sa prise en charge, à raison de 10% de ses revenus. Cette participation s'avère toutefois difficile à mettre en place, les revenus des personnes accueillies étant souvent nuls ou très bas, notamment pour les résidents de moins de 25 ans qui ne bénéficient pas du Revenu de Solidarité Active. Dans ces cas de figure, aucune participation n’est demandée.

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Tout en préservant une certaine indépendance aux intéressés, ce mode d'hébergement « éclaté » contribue à une démarche éducative autour de l'accès à l'autonomie de la personne accueillie. Gérer seul ou avec ses co-résidents la vie quotidienne permet, autrement que dans un hébergement collectif, de prendre la mesure de ce qu'englobe un logement autonome : entretien, gestion du budget, respect des voisins et des lieux, etc. On observe également parfois des rencontres intéressantes entre les co-résidents, voire de l’émulation positive.

Dès son arrivée, chaque résident s'engage à se conformer au règlement de fonctionnement du C.H.R.S., au nettoyage des parties communes, au respect du repos des autres locataires etc… Ainsi, et grâce à la souplesse de cet habitat social, le résident assume sa responsabilité personnelle tout en faisant preuve d’un esprit de solidarité, tantôt en répondant à la discipline mise en place, tantôt en pratiquant la sociabilité.

3. Les usagers

L'action assignée au CHRS «Antenne Meinau» couvre l'accueil de personnes majeures, le plus souvent placées sous main de justice, ayant connu dans leur parcours des ruptures consécutives, et de ce fait, rencontrant :

DES PROBLEMATIQUES DIVERSES

Problèmes de santé : pathologies psychologiques et psychiatriques, dépendances toxicomanes, alcooliques, médicamenteuses

Difficultés à respecter la Loi : agressions, vols, agressions sexuelles, infraction à la législation des stupéfiants, etc.

Vulnérabilité sociale : rupture familiale, chômage, sans logement.

Nécessité d'un suivi médical spécialisé par le biais du Centre Ressources pour Auteurs de Violences Sexuelles (CRAVS), du Centre d’Accueil et de Soins (CAS), Equipe de Soins et d'Accueil Psychiatrique pour Usagers de Drogues (ESAPUD)

Ces personnes ont besoin de soutien, s'étendant sur un temps plus ou moins long ainsi qu’un projet d’accompagnement individualisé dans les domaines de la santé, du logement, de l'emploi, mais souvent aussi dans leur histoire personnelle.

B – DE L’ADMISSION A LA REINSERTION

1. L'admission

Le C.H.R.S accueille en priorité les personnes sous-main de justice. Souvent, celles-ci ont purgé une peine de prison ferme, consécutive à des récidives. Aucune demande de prise en charge ne peut être examinée lors de la réunion d’équipe sans une orientation émise par le SIAO (Service Intégré de l’Accueil et de l’Orientation).

Ces personnes souhaitent tenter une réinsertion sociale en dépit des risques et des entraves souvent causés par leur passif. Ne devrions-nous pas parler « d’insertion » car la majorité des personnes incarcérées n’a jamais réellement été insérée dans la société. Elles ont fréquemment souffert dans leur passé – souvent dans leur enfance – de carences éducatives, affectives et de problèmes psychosociaux, ne leur ayant permis de se projeter vers un avenir plus stable.

Un accompagnement vers une reprise de confiance en soi est alors entamé. Cet accompagnement fait partie intégrale de la mission de l'équipe éducative car le C.H.R.S a également une fonction de lien social.

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Le lien créé avec l'équipe et les résidents, peut de ce fait représenter un tremplin vers l’insertion, dans le sens d'un regard différent porté sur la société et d'une place qui leur est faite. Ces changements n'auront souvent pas lieu immédiatement, le travail réalisé demandant du temps. Parallèlement, la volonté de la personne accueillie est mise en jeu et c'est sur elle que repose une large partie de l'amorce de cette « insertion ».

C'est au cours de l’entretien d’admission que le règlement de fonctionnement est expliqué et commenté : fondement, contraintes, possibilités. Il est indispensable qu'il soit bien compris, bien assimilé. A cette occasion, quatre documents sont remis à la personne accueillie :

Le livret d’accueil Article 341.1 du code de l’action sociale et des familles

• Situation de notre établissement dans le quartier,

• les noms et les fonctions de chacun des membres de l’équipe,

• les objectifs du CHRS, la nature de la prise en charge,

• les consignes de sécurité et d’incendie,

• les numéros de téléphone d’urgence

• et la désignation des principaux partenaires.

Le règlement de fonctionnement Article 8 de la loi du 02.01.02

Définit les droits, les obligations, les devoirs, nécessaires au respect de vie collective au sein de l’établissement

La charte des droits et libertés

Douze articles qui définissent :

• Le principe de non-discrimination

• Le droit à une prise en charge ou à un accompagnement adapté

• Le droit de l’information

• Le principe du libre choix, du consentement éclairé et de la participation de la personne

• Le droit à la renonciation

• Le droit au respect des liens familiaux

• Le droit à la protection

• Le droit à l’autonomie

• Le principe de prévention et de soutien

• Droit à l’exercice des droits civiques de la personne accueillie

• Droit à la pratique religieuse

• Respect de la dignité de la personne et de son intimité.

Le contrat de séjour Loi du 02.01.02

Définit les objectifs de la prise en charge ou de l’accompagnement, dans le respect des principes déontologiques et éthiques, des recommandations professionnelles et du projet d’établissement. Il fixe également les objectifs sur lesquels s’engagent les deux parties. Le contrat est évidement signé par ces deux parties. L’ensemble de ces informations écrites fait l’objet d’un examen attentif par la personne accueillie puis est commenté par le référent. En effet, la teneur de ces documents doit être parfaitement assimilée. Il nous faut mettre l'accent tout particulièrement sur les futures obligations édictées par la loi du 2.01.02 pour qu'elles soient scrupuleusement observées à l'avenir. A cet égard, nous demandons au futur résident de cosigner le contrat de séjour dans les 15 jours suivant l’admission en insistant sur ses engagements. Sans l’effrayer, il s’agit de signifier à l’usager, qu’il doit œuvrer à la concrétisation des objectifs exposés, en tentant de passer outre les obstacles qui compliquent les choses et de ne pas se laisser démotiver par les difficultés.

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L’enjeu du parcours d’insertion contractualisé que nous proposons implique la prise en compte de l’inévitable résistance au changement des personnes accueillies. Cette résistance peut être surmontée par des rencontres régulières avec un référent afin d’instaurer progressivement un climat et une relation de confiance.

Il est à rajouter que nous sommes de plus en plus amenés à travailler avec la cellule familiale de certains résidents, les relations existantes influant sur la prise en charge des personnes souvent d’une façon primordiale. De plus, la maîtrise de l’environnement s’effectue en identifiant les dispositifs locaux d’insertion et en s’appuyant sur la collaboration des équipes du champ sanitaire et social.

2. L'hébergement : un outil de socialisation et de réinsertion

La prise en charge initiale est prévue pour 6 mois ; éventuellement renouvelable en fonction des motivations, des aspirations, des initiatives des intéressés et de l'évolution de leur situation individuelle. Souvent, le renouvellement est également proposé dans l'attente de trouver un logement autonome. Néanmoins, la prise en charge ne peut excéder l’année et doit s’avérer tout à fait exceptionnelle, ceci dans le souci qui nous est imposé d’augmenter les taux de rotation. Pour atteindre cet objectif, nous explorons d'autres alternatives au logement social. De ce fait, certains résidents trouvent plus rapidement un logement dans les différents foyers Adoma, dans le secteur privé ou auprès de bailleurs sociaux. En effet, le C.H.R.S peut se voir déstabilisé par l’allongement de la durée de séjour. Cela peut conduire à la perte du sens du travail et à la détérioration de la relation avec l’usager.

L'admission étant effectuée, une courte période d’adaptation (environ 1 semaine) est "posée" laissant à la personne le temps de s'adapter et de s'intégrer dans son nouvel environnement.

Cette semaine est également mise à profit pour procéder éventuellement aux premières régularisations et accomplir diverses formalités administratives : papiers d'identité, inscriptions au Pôle Emploi, à la C.P.A.M., constitution du dossier d’ouverture aux droits du R.S.A etc.

Au début de la prise en charge et en accord avec l'usager, il convient de définir le projet qu'il devra rigoureusement respecter. Après une dizaine de jours, un premier bilan permet au référent de s'enquérir des indices positifs ou négatifs relatifs à :

• la situation personnelle (gestion de la liberté et de la responsabilité - hygiène - soins - thérapie),

• la situation de l'emploi (prospection - formation - orientation - motivation) - il faut redonner goût à exercer une activité professionnelle.

• la vie en collectivité (respect des règles - aptitudes à s'intégrer dans le groupe - convivialité - sociabilité - vie pratique de l'usager),

• les aspirations de l’usager en matière de logement.

Ensuite différents bilans sont effectués successivement par le référent, ils servent de "jalons" sur le "parcours" du résident : il s'agit d'établir chaque fois un constat évaluant tant les réussites que les échecs. Suite aux divers entretiens, on a pu observer le développement d’une confiance qui a permis une vraie continuité dans le travail.

Il convient d’observer le plus objectivement possible le résident en considérant les progrès réalisés suite aux observations qui lui ont été faites précédemment. Va-t-il donner suite aux remarques, aux propositions émises en vue d’un premier redressement ? Au vu des résultats constatés un projet adéquat est élaboré pour fixer les objectifs.

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3. L'accompagnement social

La prise en charge varie en fonction de la problématique spécifique à la personne accueillie. Elle tient compte des différents temps de la relation, et tout particulièrement au temps d’adaptation nécessaire à certaines personnes au moment de la sortie de prison.

• Une prise en charge sur le plan personnel et professionnel

• La mise en place d’un projet à court ou moyen terme cohérent et réaliste

A partir du projet, le travailleur social référent met en place un suivi individuel, personnalisé, par le biais d’une relation éducative pour la durée de la prise en charge de l’usager.

La prise en charge sur le plan personnel englobe :

► Ecoute et dialogue, soutien psycho éducatif par le biais d'un suivi quotidien et d'une action éducative permanente.

► Apprendre à équilibrer son budget.

► Incitation du résident à l’amélioration de sa qualité de vie souvent perturbée : l’ingestion simultanée d’alcool, de médicaments, de drogue, contribue à ce déséquilibre et peut engendrer des troubles psychologiques et des problèmes de comportement rendant difficile la vie en société.

► Immersion dans la vie collective, apprentissage du respect des obligations et des interdits, processus d'acquisition des valeurs et vertus.

► Initiation aux valeurs civiques, à la citoyenneté.

► Mise en place d'une relation de confiance visant à accompagner la personne vers un regain de confiance en elle et une reprise en main de sa vie.

Sur le plan médical : un enjeu primordial pour la réinsertion

► Suivi médical en étroite collaboration avec le service de psychiatrie de l'Hôpital Civil, et le S.M.P.R (Service Médico-Psychologique Régional), de la Maison d'Arrêt et le Centre d’Accueil et de Soins. ► Respect de l’injonction thérapeutique.

Certains des suivis sont dirigés vers le Centre d'Accueil et de Soins, le service psychiatrique de l’Hôpital Civil ou vers l’une des annexes de l’EPSAN.

► L’Equipe Mobile du Centre Pinel (Centre hospitalier d’Erstein) se propose d’accueillir les personnes suivies par Antenne. Cette équipe mobile est basée au CMP Pinel, 4 rue Schrag à Strasbourg, à environ dix minutes de nos locaux. Cette équipe est une unité de soins publique où la prise en charge est gratuite. Ce dispositif permet la prise en charge de personnes en situation de précarité par une équipe pluridisciplinaire : médecins, infirmiers et travailleurs sociaux. ► Une permanence santé de l’Equipe de liaison psychiatrie Précarité est tenue par une infirmière deux jeudis par mois de 14-17h dans nos locaux. Les missions de l’équipe mobile du Centre Pinel :

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Auprès de la population

• Faciliter l’orientation et le suivi de personnes en grande précarité.

• Améliorer l’offre de soins en ambulatoire et l’hospitalisation à temps partiel.

• Assurer la continuité des soins et les relais entre les temps d’hospitalisation et les projets

de suivi en dehors de l’hôpital.

Auprès des professionnels

• Assurer la coordination avec les différents réseaux existants

• Soutenir les professionnels de terrain

• Informer, sensibiliser, former les acteurs sociaux aux pathologies psychiatriques

Sur le plan matériel : un soutien nécessaire

► Demandes de secours ► Démarches administratives La dimension administrative occupe une part importante du travail de l'équipe éducative, principalement au début de la prise en charge de la personne. Elle se décline dans les différents domaines de la vie sociale et fait appel à différents partenaires :

• santé (CPAM)

• ressources financières (CAF, Pole Emploi, MDPH, CMS)

• transports (CCAA, CMS)

• logement (bailleurs sociaux, GALA, BAL, L’étage, etc.)

• aménagement du futur logement (service FSL, Emmaüs, Envie, etc.)

► Aide alimentaire :

Nous devons permettre à chaque personne accueillie de subvenir à ses besoins élémentaires, à savoir l'hébergement et la nourriture. Les personnes hébergées bénéficient d'une aide alimentaire financière hebdomadaire.

La prise en charge sur le plan professionnel comprend :

► Evaluation du projet de la personne et de ses capacités ► Recherche et propositions d'emplois et de formations ► Orientation vers des services spécialisés tels que le Relais Emploi, le Pôle Emploi, etc … ► Collaboration avec les services au plan local : associations intermédiaires, services spécialisés, entreprises et chantiers d’insertion, régies de quartier, C.C.A.S. etc... ► Elaboration de réseaux relationnels dont l'action se prolonge au-delà de la prise en charge en C.H.R.S.

La mise en place d’un projet à long terme

Individualisées, ces prises en charge ont pour objectif l'élaboration avec l'intéressé, de repères assez solides, susceptibles de constituer un point de départ à une intégration active, volontaire et motivée. Pour ce faire, elles prennent en considération :

• le parcours global de la personne et l’endroit où elle se situe, en la replaçant dans son contexte, ce qui permet de repérer avec elle les points de blocage et de les travailler,

• la capacité à se prendre en charge, à connaître et à utiliser les structures relais, les services repères,

• la possibilité d'accéder à un logement puis de le meubler et de l'entretenir.

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Les activités et orientations

• informatique : accès internet, utilisation de traitement de textes.

• culturelles : possibilité d’avoir accès aux salles de cinéma, de théâtre : le CHRS est adhérent à l’association « Tôt ou t’Art », ce qui permet d’organiser des soirées thématiques et parfois d’élargir l’horizon culturel des personnes accueillies.

• culinaires : préparation d'un repas pour tous à l'occasion des fêtes de Noël, de l’Epiphanie (galette des rois), de la Chandeleur (crêpes), Pâques, Laïd El Kebir, ainsi que des petits-déjeuners, de nature à favoriser les échanges et à rencontrer les personnes accueillies dans un autre contexte. Pendant l'été, le jardin est investi pour des soirées barbecue, confection de « bredele » durant la période de Noël.

• sportives : organisation de sorties vélo ou de jogging.

• manuelles : Activités jardinage tous les mercredis

• hygiène : actions axées sur l'entretien général des logements, le change de la literie, l’orientation vers le coiffeur, la clinique dentaire, le médecin etc.

• atelier de communication : savoir communiquer, se présenter à un employeur, connaître les règles élémentaires de courtoisie

4. Le post-hébergement

Un travail post-hébergement est possible avec les résidents qui le demandent. C’est le cas de manière conséquente pour certains, qui ont des difficultés au départ pour s’adresser aux services extérieurs.

Force est de reconnaître que le contexte socio-économique et la conjoncture actuels tendent à instaurer inéluctablement l'exclusion des plus défavorisés du reste de la société, produisant des sujets marginaux, "mal dans leur peau", qui, devenant résignés, perdent leurs repères et fuient les liens sociaux.

Le quartier de la Meinau est touché de plein fouet par le chômage, d’où les difficultés à la réinsertion. En pleine crise de l’emploi qui frappe d’abord les populations les plus fragiles et donc les plus pauvres, les moyens financiers sont parfois réduits dans ce quartier.

Même si un bon nombre d’usagers décrochent une formation ou un emploi précaire durant leur prise en charge, le nombre de personnes en situation ou en voie d’exclusion s’aggrave et durant cette année de ‘crise’ plus encore. Les parcours de misère et la fracture sociale perdurent. En tant qu'étape transitoire, la prise en charge du type C.H.R.S. vise in fine l'autonomie de la personne : c'est en somme le postulat de l'institution. En quittant le C.H.R.S., par suite d'un apprentissage ad hoc, l'hébergé a acquis un début d’ « autonomie », qui reste fragile pour certains, mais durant le passage en CHRS, des bases auront été proposées. Le terme plus approprié serait peut-être une « stabilisation » plus grande, dans le sens de l’acquisition de certains codes de la vie en société. Pour certaines des personnes accueillies, cette plus grande stabilité s’est manifestée par un passage assez éloquent.

Lorsque nous parlons d’autonomie, il est indispensable de la penser à l’échelle de chaque personne, en tenant compte de ses possibilités réelles et non de ce que nous souhaiterions pour elle ou même que la société tente de lui imposer. Une personne qui arrive en CHRS tout en étant dans une consommation, qu’elle soit alcoolique, médicamenteuse ou de stupéfiants sera rarement sevrée en quittant le CHRS, un sevrage total demandant un temps beaucoup plus important que celui qui est proposé dans une prise en charge CHRS. Malgré tout, la relation mise en place, l’accompagnement quasi quotidien proposé, les outils dont se saisit la personne vont permettre à certains d’entrer et d’adhérer à une démarche de soin leur permettant de stabiliser leur situation personnelle. Un pas a été fait.

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Une prise en charge plus longue ne peut être envisageable dès lors qu’un logement a été attribué au résident et qu’il dispose d’un emploi ou d’une allocation suffisante. Or la pauvreté reste au cœur des cités telle « la Meinau ». L’installation matérielle dans le futur logement ainsi que les premières démarches, en attendant la mise en place du relais avec le FSL, dont la mission englobe cet aspect, peut être effectuée avec le soutien de l’éducateur référent.

Cependant, un long chemin lui reste à parcourir pour s’assumer seul. Il serait illusoire de penser que quelques mois en C.H.R.S suffisent à relancer chaque personne accueillie dans une vie « normale ». Chaque démarche peut représenter une épreuve supplémentaire, il appartient alors à la personne de persévérer dans le cheminement entamé et d’apprécier les petits succès récoltés.

L’accès au logement est un des facteurs déterminants pour l’accession à l’autonomie. Les résidents bénéficient d’un accompagnement favorisant à terme leur retour vers des circuits normalisés ; ils doivent démontrer leur capacité à gérer leur logement sans problèmes et sans importuner les voisins.

Durant le séjour, leur sortie est préparée, avec tout d’abord la recherche d’un logement à l’extérieur. Des liens sont effectués dans certains domaines dès le début de leur prise en charge, dans le but de ne pas créer de dépendance vis-à-vis de la structure, et que la personne accueillie ait un réseau qu’elle sache solliciter en cas de problème, dont nous faisons partie pour certains résidents. Il se constituera selon les situations d’un référent FSL, d’un assistant social de secteur, d’un psychologue, de relais emploi, du BPI, etc.

Vivre seul, du jour au lendemain, devoir gérer tout ce que suppose cette nouvelle situation, nous semble un temps très fort dans le cadre d'une démarche de réinsertion sociale : c'est un effort méritoire...

Pour l'équipe éducative, le "post-hébergement" fait partie intégrante de la mission de lutte contre l'exclusion qui lui a été confiée. La responsabilité de celle-ci est engagée, non seulement vis-à-vis des usagers, mais aussi envers les divers partenaires auprès desquels elle se porte garante. Ne jamais "fermer la porte". Cette expression se vérifie dans bien d'autres cas : par exemple, l'équipe éducative est invitée à rester en contact avec d'anciens résidents en les rencontrant sur leur lieu de travail, à l’occasion d’une hospitalisation ou d'un suivi justice.

Nous demeurons en liaison autant que faire se peut avec ces anciens résidents qui spontanément reviennent nous voir, pour nous tenir au courant de l'évolution de leur situation, mais surtout pour nous solliciter en cas de difficulté. Le résident qui a noué de telles relations privilégiées avec l’équipe éducative a tissé un lien si indéfectible avec elle qu’il lui est malaisé de s’en soustraire à sa sortie.

La poursuite d’un lien concerne souvent les personnes les plus isolées socialement, avec lesquelles un lien particulier s’est créé avec un ou plusieurs membres de l’équipe. Certains quittent sans ne plus jamais revenir, sans forcément que le départ se soit mal déroulé, mais saturés des institutions sociales, d’autres viennent six mois plus tard car ils ont un souci, d’autres encore trois ans plus tard pour nous annoncer des évènements heureux.

Pour autant, nous estimons que si l’association Antenne reste un repère pour certains, il est de notre responsabilité de laisser la possibilité à la personne d’y avoir accès.

5. Les charges et les difficultés de l'équipe

Comment établir une liste exhaustive des tâches qui nous sont dévolues ? Elles sont multiples et si variées. Aussi certains jours sommes-nous désarçonnés de ne pouvoir être suffisamment disponibles. Il faut savoir discerner l’urgence...

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Face à la diversité de ses tâches, l'éducateur est appelé à remplir une fonction de travailleur social polyvalent. En répétant les entretiens, il passe d'une histoire à une autre, d'un vécu à un autre et doit s’adapter à des situations individuelles distinctes et parfois inaccoutumées. Chaque éducateur de la structure est en charge du suivi et de l’accompagnement de plusieurs personnes dont chaque problématique est unique. Il faut parvenir à être disponible de la première à la dernière, sans relâche : la moindre inattention pourrait avoir des conséquences. Face à de la distraction ou de la lassitude, la personne suivie peut se sentir à l’écart ou penser nous déranger et le lien de confiance tissé avec elle peut être mis à mal. Dans le cas d’une personne sortant de prison, un manque de concentration peut amener à manquer un signe, un mot, soulignant des difficultés auxquelles elle fait face, ou une situation qui pourrait l’amener vers la récidive. S’ajoutent à cela les urgences qu’il faut traiter : des demandes en tous genres auxquelles il faut trouver une réponse, parfois très, voire trop rapidement. Sans oublier que dans le cadre de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), nous avons dû déménager pour d'autres appartements ce qui a engendré des difficultés supplémentaires de logistique avec les usagers.

L’accompagnement des personnes prises en charge à Antenne est complexe. Il ne se limite pas à des suivis individuels, dispatchés entre chacun des référents qui effectuent ses propres entretiens ponctués de discussions autour de projets personnels, professionnels ou de démarches administratives. L’accompagnement à Antenne est construit autour d’un fonctionnement en équipe, d’échanges, qui nous permettent de dépasser le traitement pur et simple de situations individuelles et de gestion d’incidents pour nous amener à interroger des valeurs plus profondes, fondamentales, et nous poussent vers une remise en question perpétuelle.

Certaines situations demandent des réponses rapides, des réactions immédiates. Face à cette urgence, il ne reste que peu, et parfois pas de temps pour réfléchir à des pistes de travail. Plusieurs réponses sont parfois possibles, parfois même envisagées, mais le temps et la place manquent pour débattre en équipe de la réaction adaptée à telle ou telle situation précise. L’espace proposé en réunion ne permet de pallier qu’en partie cet isolement. Il n’a pas vocation à être un espace de parole. Il permet de discuter de certaines situations, sans toutefois avoir le temps de les approfondir. Il ne permet pas non plus de déposer les difficultés ressenties individuellement. Sans cet espace, stress, surmenage et manque de patience émergent au quotidien, et additionnés à cette urgence perpétuelle, amènent à une usure morale et physique. Face aux résidents, nous sommes exposés à de nombreuses déclarations, confessions et réactions. Certains mots, certaines attitudes ou comportements nous interpellent, nous questionnent, nous heurtent, nous sensibilisent. Des sentiments perçus lors d’un entretien, nous forgeons nos propres appréciations, opinions et perceptions qui ne sont pas les mêmes pour tous les travailleurs sociaux. L’échange avec les collègues permet alors une mise à distance et la possibilité d’un autre regard. Toutefois, le fonctionnement actuel ne permet pas forcément cet échange. Les impératifs à traiter en réunion et les urgences empiètent sur le temps alloué à la discussion. Si la plupart du temps, aucune incidence n’est à déplorer, le risque est que nous réagissions de manière déplacée ou disproportionnée…

La prise en charge individuelle des résidents que nous suivons engendre parfois aussi un sentiment d’impuissance face à certaines situations. Les personnes suivies sont inscrites dans un certain fonctionnement par leur parcours de vie, leur histoire. On constate parfois que malgré les efforts fournis, les avancées et les petites victoires, les choses ne changent pas fondamentalement. Il faut faire avec ce que les personnes sont, ce qui parfois n’offre que peu de perspectives. Lorsqu’une personne fait ce qu’on pense être un mauvais choix, il est difficile de ne pas se sentir démuni et de trouver les mots appropriés pour soutenir cette personne dans ce choix. Chaque situation est unique et individuelle. Ainsi, il faut réapprendre chaque jour à s’y adapter, en prenant en compte certaines spécificités propres à chaque individu.

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L’accompagnement des personnes sortant de prison par exemple, au-delà de l’individualité de chaque suivi, amène souvent des difficultés notamment vis-à-vis des addictions, de l’éloignement de l’emploi, de problèmes médicaux ou psychologiques. Il faut alors ajuster nos réponses, proposer des orientations adéquates et souvent « faire avec » de petits accros, ou parfois des incidents plus sérieux, qui ralentissent les démarches d’insertion. Les personnes sortant après de longues peines par exemple, se « heurtent » à l’extérieur. Une période de réadaptation est nécessaire, pour retrouver un rythme, des repères et des réflexes, qui peuvent engendrer appréhensions et anxiété. Dans ces conditions, il faut pouvoir être à l’écoute et apporter le soutien et les réponses nécessaires pour éviter une reprise d’une consommation d’alcool ou de stupéfiants, ou un acte de récidive.

■ Difficultés dues à l’état de santé des usagers Les charges incombant à l’équipe éducative sont lourdes, délicates et complexes. Les usagers expriment à leur manière un besoin de contact, d’écoute. Cette nécessité reste primordiale, surtout au début de la prise en charge mais elle ne doit pas se prolonger outre mesure ! Déterminer un temps limité pour les entretiens permet en effet de donner un repère stable sans alourdir la relation éducative. Poser des limites n'est néanmoins pas toujours évident. Face aux angoisses et aux inquiétudes de certaines personnes, il est parfois difficile de trouver les bons mots. Les usagers ont alors parfois tendance à revenir, parfois tous les jours, en quête de la même réponse et du même appui. Il n'est pas toujours aisé de trouver le parfait équilibre, qui permet de mettre fin à un entretien sans froisser la personne ou de le faire durer sans mettre à l'écart d'autres suivis attendant leur tour. Les personnes accueillies ayant abusé d’alcool, de cannabis ou autres psychotropes, sont dans un état de santé préoccupant, leur niveau scolaire souvent bas et les ruptures consécutives rencontrées dans leur parcours engendrent un suivi particulièrement lourd, précédé d’un laps de temps propre à chaque personne de mise en confiance. Nous avons pu constater cette année que nous avons de plus en plus à faire à des personnes en souffrances psychiques aiguës, qui nécessitent une prise en charge lourde pour les travailleurs sociaux : face à ces souffrances psychiques, ces derniers tentent d’apporter un modeste soulagement, mais dépourvus de la formation adéquate face à ce type de situations, ils se sentent parfois impuissants. S’ajoutent à cela les difficultés quotidiennes liées aux symptômes de ces personnes qui ne sont pas toujours évidentes à gérer et qui s’avèrent pesantes sur le long terme : perte des clés de leur appartement, portes cassées, hygiène des parties communes, toute une palette d’éléments découlant d’une autonomie qui reste à acquérir. Pour faire face à ces difficultés et pour mieux comprendre certains comportements et ainsi faciliter la prise en charge des usagers, des réunions sont régulièrement organisées entre le personnel du Centre Pinel, et l’équipe d’Antenne.

■ Les problématiques rencontrées par rapport à ces personnes Faire prendre conscience aux usagers qu’ils ont besoin d’être suivis tant sur le plan médical, psychologique que psychiatrique est parfois laborieux. Il faut parfois formuler ce point et même anticiper leur demande. Aussi, la principale problématique que nous rencontrons par rapport à ces personnes est la gestion du temps, l’urgence de la demande, et celle de la rupture du lien social.

Une minorité de jeunes qui vivent dans une zone urbaine sensible comme celle de la Meinau, accède à des emplois moins qualifiés, plus précaires. On constate que sur le marché de l’emploi, les écarts sont énormes entre les jeunes des cités et les autres. Est-ce dû à leurs origines sociales ? A la qualité de l’enseignement ? Au quartier ? Cherche-t-on vraiment à rendre plus facile leur insertion dans le monde du travail ?

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La plupart étant d’anciens toxicomanes, ils sont peu réactifs, sont d’une productivité négligeable donc peu rentable pour un employeur classique. Il faut leur consacrer énormément de temps si l’on veut les sortir de « l’ornière » mais notre mission est bien évidemment limitée dans le temps. Pour espérer une adaptation à la vie active, il faut inventer de nouvelles manières de travailler plus efficaces. Face à une certaine immaturité et un manque d’expérience, notamment du monde du travail, Il faut sans cesse réfléchir à de nouveaux outils non pas de réinsertion, de réintégration ou de réadaptation mais bel et bien d’apprentissage. La difficulté à trouver des employeurs acceptant d'embaucher les personnes que nous accueillons s'est accrue cette année, y compris au sein des structures d'insertion par le travail. La crise et les difficultés financières de ces entreprises expliquent en partie ce phénomène, les pressions budgétaires allouées au secteur social encourageant les entreprises d'insertion à prendre dans leurs équipes les personnes les plus « ré insérables ». Il nous appartient de faire remonter cet état de fait, de tisser des partenariats avec ces entreprises, d'inventer de nouvelles perspectives et d'élargir notre réseau, mais la tâche reste ardue. Dès l’admission, une fois la problématique dominante repérée, nous avons déjà esquissé un projet individualisé indispensable à la détermination de l’action à entreprendre avec chacun. Pour le travailleur social, il s’agit de mettre en place des outils d’évaluation pour mieux cerner l’usager au fil des entretiens et lors de la réflexion commune du contrat de séjour, afin de lui proposer des actions d’insertion ou de réinsertion appropriées. Le travailleur social doit être capable de fournir des éléments d’appréciation sur l’évolution, le comportement, la santé et les blocages du résident. C’est un geste, un travail de professionnel. Cela nécessite un véritable suivi et un échange approfondi avec le résident. Peu importe la méthode pour atteindre in fine l’objectif, c'est-à-dire l’insertion finale, d’ailleurs toujours très fragile lorsqu’elle se concrétise. Néanmoins dans tous les cas, l’action du CHRS aura tenté de contribuer à l’évolution de l’individu par une reprise de confiance en soi et une meilleure appropriation du fonctionnement et des codes de la vie en société, d’où une « valeur ajoutée » très appréciable. C’est déjà un résultat à considérer comme positif ! Par ailleurs, le développement des actions associatives en santé mentale devrait être de nature à étayer efficacement le processus d’insertion de ceux dont les troubles psychiques compliquent leur vie sociale et citoyenne. Il faut régulièrement s’enquérir de l’état des résidents tant sur le plan physique que psychique. Comme signalé par ailleurs, eu égard du nombre de « suivis psychiatriques », nous tentons de réaliser cette surveillance et cette évaluation chaque jour. Comme chaque année, l’équipe s’est retrouvée confrontée à des situations d’urgence et a dû se remettre sans cesse en question vis à vis des usagers pour être en mesure de répondre à leurs besoins et doit de plus en plus faire preuve de polyvalence. En effet, si lors d’un de nos passages quotidiens un membre de l’équipe est confronté à des manifestations suicidaires, délirantes ou à une crise d’éthylisme, il lui appartient d’appeler d’urgence soit « S.O.S Médecin », soit le « SAMU », sans pour cela être certain du symptôme. Or, notre formation ne nous permet pas d’apprécier la nature et le degré de gravité du « cas » en présence. Notre équipe ne comptant pas de personnel médical, nous nous reposons souvent sur notre propre jugement. Dans ces conditions délicates, nous restons également à l’écoute des co-résidents, parfois à même de nous renseigner sur la situation de la personne et de prendre l’initiative de prévenir les secours. Quoi qu’il en soit, s’il s’agit de prise de médicament, nous ne sommes pas en mesure de savoir si la posologie prescrite par le médecin a bien été respectée ! A un autre niveau, nous rencontrons de réelles difficultés concernant le suivi des résidents du CHRS fréquentant régulièrement des unités psychiatriques pour y recevoir un traitement ambulatoire du fait d’une toxicomanie ou d’alcoolisme.

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Alliant visites chez des spécialistes et traitements spécialisés à d’autres visites et d’autres prescriptions émanant de leur médecin traitant, il est parfois malaisé de faire le point et d’avoir une vue globale sur la prise en charge médicale. Lorsque nous accueillons une personne prise dans une addiction ou un problème de santé important, l'accompagner vers une prise de conscience de cette difficulté ou un sevrage prendra souvent la priorité sur la recherche d'un emploi. L'importance d'un travail en équipe trouve ici tout son sens : les passages consécutifs d’un résident d’humeur belliqueuse ou en état d’ébriété, suivi en psychiatrie, qui vocifère des propos déplacés, incohérents voire outrageants pouvant être lourds à porter de manière individuelle, et nécessitant le partage en équipe. La mise en place cette année de séances de régulation en présence d’un psychologue a permis en partie d’offrir un lieu de parole à l’équipe éducative pour évoquer les difficultés rencontrées.

L’hostilité des uns et des autres se manifeste tantôt sous l’effet de la drogue, ou de l’alcool, tantôt elle relève du mental, de la paranoïa, ou bien souvent c’est une violence verbale par dépit, due à un mal être par besoin de défoulement.

Quoi qu’il en soit, les professionnels que nous sommes doivent savoir se maîtriser pour rester calmes, ne pas répliquer avec la même hargne, afficher une certaine invulnérabilité pour désarmer la colère de « l’agresseur ». En effet, on assiste de plus en plus régulièrement à la violation de certains points du règlement de fonctionnement. C’est ainsi que les visites extérieures se multiplient dans les logements, où il n’est pas rare de découvrir des produits interdits tels que drogue, alcool voire parfois une arme. Ces manquements aux obligations et devoirs nécessaires au respect des règles de vie collective sont évidemment suivis d’avertissements, de mises à pied, voire même d'une fin de prise en charge.

C – ANALYSE CHIFFREE L'analyse que nous proposons ici est basée sur une population statistique de 42 personnes. Cependant, du fait de leur nombre, ces dernières ne sont pas toujours représentatives d'une réalité sociale. En 2015, nous avons réalisé 7.377 journées sur les 7.300 budgétisées.

1. La situation à l'admission

■ Age des résidents

2013 2014 2015

Moins de 25 ans 15% 10% 20%

De 26 à 35 ans 40% 35% 30%

De 36 à 45 ans 35% 40% 25%

De 46 à 55 ans 5% 10% 20%

Plus de 55 ans 5% 5% 5%

Nous pouvons constater une nette augmentation des moins de 25 ans.

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■ Mode d’hébergement

2013 2014 2015

Détention 70% 65% 65%

Sans Domicile Fixe 30% 35% 35%

Les personnes sans domicile fixe sont toutes placées sous main de justice. Le nombre de personnes prises en charge dans notre établissement suite à une période d’incarcération reste stable.

■ Situation professionnelle

2013 2014 2015

Sans emploi 95% 95% 95%

Avec emploi (contrat

aidé, intérimaire, …) 5% 5% 5%

Le taux de personnes sans emploi à l’arrivée est toujours aussi élevé car nous accueillons principalement des sortants de prison.

■ Niveau de qualification

2013 2014 2015

Illettré 0% 5% 5%

Formation inachevée 75% 85% 70%

Formation avec diplôme 25% 10% 25%

Ces trois dernières années, le niveau de qualification reste stable.

■ Personnes sous addiction (drogue, alcool)

2013 2014 2015

Résidents concernés 50% 48% 41%

En plus des personnes sous addiction, 15% ont un suivi psychologique.

■ Situation familiale

2013 2014 2015

Célibataire 75% 66% 70%

Marié/Concubinage 0% 0% 10%

Divorcé/Séparé 25% 34% 20%

Sans enfant 70% 48% 48%

Avec enfants 30% 52% 52%

Il est à noter qu’une personne sur deux a un enfant.

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2. La situation à la sortie

■ Logement

2013 2014 2015

Logement autonome 55% 60% 45%

Retour vers la famille, amis 5% 10% 5%

Prison 5% 20% 5%

Autres structures 25% 10% 18%

Exclusion / Inconnu 10% 0% 17%

Hôpital N.R N.R 5%

Décès N.R N.R 5%

Nous avons dû faire face au décès d’un résident.

■ Ressources

2013 2014 2015

Emploi / stage rémunéré-

Pôle Emploi/ retraite 30% 45% 50%

RSA et ou AAH 70% 50% 50%

Sans ressources 0% 5% 0%

Cette année, toutes les personnes avaient des ressources à la sortie. Afin d'accompagner au mieux les résidents, leur fournir tous les éléments dont ils ont besoin pour avancer et s’en sortir, telle qu’une aide pour le logement, l’emploi, et la santé, l'équipe se surpasse jour après jour. Un accompagnement individuel régulier leur est ainsi offert. Pour beaucoup d'entre eux, l’envie de travailler est présente. Mais souvent, l’accès à l’emploi est difficile pour ces personnes « très éloignées de l’emploi » n’ayant que peu ou jamais travaillé. C'est un public qui se fait une idée assez erronée du monde du travail : pour eux, les notions d’horaire, de retard, d’absence sont peu importantes et ils sont loin d’imaginer l’impact que cela peut avoir pour l’entreprise. Durant les deux premiers mois de l'accompagnement, il est nécessaire de mettre en place un apprentissage essentiel de tous ces éléments garant d’une intégration réussie dans le monde du travail et plus individuellement, au sein de leur entreprise. Pour ce qui est de l'hébergement dans les appartements gérés par l’association, la cohabitation se fait actuellement à trois ou quatre personnes, de façon hétérogène, notamment au niveau de l’âge des individus. Les bénéfices d'une cohabitation entre un jeune homme et un co-résident plus âgé sont manifestes : chacun apporte de son expérience, de son vécu et de sa maturité pour offrir un enrichissement réciproque, de la cuisine aux nouvelles technologies en passant par l'entretien des locaux. Pour compléter son accompagnement, Antenne met également les usagers en relation avec les différents services de santé, notamment la « Pharmacie du Parc » avec laquelle un partenariat a été engagé et plus particulièrement, l’Association de Lutte contre la Toxicomanie, le ‘’CMP Pinel’’. Ce partenariat est idéal puisqu’il offre plusieurs avantages : emplacement géographique, disponibilité, permanence, prise en charge rapide…

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Au fur et à mesure des années, nous nous créons notre propre expérience, nous tissons de plus en plus de liens avec d'anciens et de nouveaux partenaires et l'accompagnement que nous proposons est optimisé. Il est toutefois important de rappeler, que pour certains usagers, l’aide apportée n’a pas toujours l’impact escompté. Certains antécédents médicaux lourds, ou des comportements addictifs trop ancrés rendent difficile les démarches d'accès à l'emploi et au logement. Pour ces personnes-là, nous devons pourtant aussi être présents, et apprendre à axer notre accompagnement sur des priorités différentes.

SYNTHESE DES PRECONISATIONS DE L’EVALUATION INTERNE DU C.H.R.S. La démarche d’évaluation interne engagée au sein de l’établissement s’est appuyée sur un rappel des textes législatifs et règlementaires qui régissent notre activité. La première étape a été de trouver un support reconnu au niveau national par la FNARS. Ce choix s'est porté vers le Référentiel CHRS +. Ce document présente l'avantage d'avoir été rédigé par une équipe pluridisciplinaire. De plus, il a été une première fois proposée aux établissements qui ont pu faire un retour quand à d'éventuelles améliorations. La préparation du Projet d'Etablissement a été l'occasion de mettre en évidence les points forts et faibles du fonctionnement du CHRS, de la pratique des professionnels et a été l'occasion de rappels en ce qui concerne le cadre règlementaire. Cette synthèse retrace certaines évaluations opérées au niveau interne avec l’aide d’une consultante externe qui ont permis de déterminer les tendances (points forts/pistes d’amélioration) à tenir. Les axes d’amélioration issus de l’évaluation interne et découlant des objectifs du projet d’établissement, sont au nombre de 11 :

Fiche-action n°1 : Renforcer le respect du droit à la confidentialité L’action a été réalisée dès 2013.

• Améliorer le respect des règles relatives à la confidentialité, par les éducateurs • Mettre en place les conditions matérielles favorisant le respect de la confidentialité des échanges

• Equipe éducative dans son ensemble, avec le soutien du directeur et des éducateurs stagiaires

• En associant le CVS à la réflexion sur le respect de la confidentialité

• Dès 2013 avec des rappels jusqu’en 2017

OBJECTIFS

• Installation du café en accès libre dans le salon d’accueil plutôt que dans le bureau des éducateurs, afin de prévenir les intrusions

• Rappel régulier des règles de confidentialité en réunion d’équipe • Vigilance réciproque des éducateurs de permanence, sur le respect de

la confidentialité

- rangement des dossiers avant tout entretien ou échange avec un usager

- rangement du cahier de liaison en présence d’un usager et dès que les mises à jour sont terminées

- proposition de s’isoler lorsqu’un usager se confie en cours de permanence d’accueil

- pas de discussions d’équipe en présence d’usagers

ACTIONS

ACTEURS

ECHEANCE

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Fiche-action n°2 : Améliorer l’expression et la participation des personnes accueillies

Le rythme réglementaire de 3 CVS par an est difficile à réaliser (nous avons fait 2 CVS en 2015). En effet,

beaucoup d’usagers sortent de détention avec des problématiques très différentes et ils ont dû mal à se

côtoyer en réunion. Nous maintenons cependant l’objectif des 3 CVS/an pour 2016.

• Garantir le respect des droits des usagers • Renforcer la mobilisation des supports d’expression par les résidents

• CVS • Educateur vice-président du CVS, en lien avec l’équipe

• 1er trimestre 2014

OBJECTIFS

• Structuration du fonctionnement du CVS

- Formalisation du règlement intérieur du CVS

- Augmentation du rythme de réunion du CVS (seuil réglementaire : 3 par an)

- Formalisation systématique de compte-rendu du CVS, affiche et diffusion

• Réactivation de la boîte à idées

- Acquisition d’une nouvelle boîte fermant à clé

- Mise en place de la boîte de manière visible et accessible au local d’accueil

- Mise à disposition de papiers et stylos à proximité

- Information aux résidents sur cet outil d’expression

- Contrôle hebdomadaire du contenu de la boîte en réunion d’équipe

ACTIONS

ACTEURS

ECHEANCE

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Fiche-action n°3 : Améliorer le processus d’accueil des usagers

Toutes les actions ont été menées mise à part la réflexion sur l’informatisation qui est toujours en cours.

• Garantir le respect des droits des usagers • Mieux valoriser la charge d’accompagnement associée à un nouvel usager, compte tenu des spécificités d’ANTENNE • Contribuer à un suivi coordonné en interne et sur le territoire, dès l’admission

• Pratiques d’accueil, Contrat et Règlement : équipe éducative et CVS • Tableau de bord : pilote = secrétaire de direction, avec soutien de

l’équipe • Etat des lieux : équipe éducative • Réflexion sur l’informatisation : pilote = directeur, en lien avec

l’équipe, les financeurs et les partenaires

• Début 2014 : contrat de séjour et règlement de fonctionnement • 2014 : pratiques d’accueil, tableau de bord, état des lieux • 2015 : réflexion sur l’informatisation

OBJECTIFS

• Compléments au contenu du règlement de fonctionnement et du contrat de séjour

- Elaboration des nouvelles trames au sein de l’équipe

- Validation du règlement en CVS et en Conseil d’administration

• Harmonisation des pratiques en matière d’information des usagers à l’admission :

- associer remise des outils sous forme papier et explications orales, quel que soit l’éducateur référent concerné,

- faire signer le règlement intérieur systématiquement

• Mise en place d’un tableau d’évaluation des compétences sociales et d’autonomie des personnes accueillies, à l’admission

- identification des indicateurs en équipe

- construction du tableau et test sur un an

- amélioration du tableau le cas échéant

• Mise en place d’un état des lieux d’entrée et de sortie pour les appartements

- Construction d’un listing adapté, à deux colonnes (entrée / sortie)

- Evolution des plannings pour assurer le temps nécessaire à l’inventaire avec chaque nouvel arrivant

- Mise en œuvre de la procédure

• Réflexion sur l’informatisation des dossiers des résidents

- Identification des enjeux de l’informatisation avec les financeurs

- Réalisation d’un benchmark auprès des autres établissements du territoire pour l’évaluation des logiciels existants

- Mise en place d’une solution adaptée

ACTIONS

ACTEURS

ECHEANCE

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Fiche-action n°4 : Améliorer l’entretien des lieux d’hébergement Compte tenu des restrictions budgétaires, un poste d’ouvrier à hauteur de 0.25 ETP n’est pas envisageable.

En ce qui concerne l’entretien des logements, il faut toujours continuer à engager la responsabilité des

usagers.

• Renforcer les moyens humains et compétences dédiés à l’entretien des appartements • Maintenir l’effort d’entretien régulier des lieux d’hébergement

• Ouvrier entretien : pilote = directeur, en lien avec l’équipe pour le système de signalement des travaux à effectuer

• Entretien des logements : chaque éducateur référent pour les appartements dont il a la charge, et usagers concernés

• Responsabilisation des résidents : le référent en lien avec le directeur

• Ouvrier entretien : à budgéter pour 2015 • Entretien des logements : 2013-2017 • Responsabilisation des usagers : 2014 (en lien avec l’état des lieux de

sortie)

OBJECTIFS

• Obtention du financement et recrutement d’un poste d’ouvrier d’entretien à hauteur de 0,25 ETP

- Budgétisation du poste dans la prochaine demande de financement,

- Négociation du montant nécessaire

- Contact avec les partenaires pour effectuer un recrutement conjoint, le cas échéant

- Définition de la fiche de poste et de l’organisation du temps de travail de ce salarié

- Mise en place d’un système de signalement des pannes et rénovations à effectuer, en direction de ce salarié

• Maintien du travail préventif pour les nuisibles dans certains

appartements

- Achat et mise en œuvre des produits

- Vigilance lors des visites, sur l’hygiène générale des locaux

• Renouvellement régulier des literies et armoires • Responsabilisation des résidents dans le cadre de l’état des lieux de

sortie (contribution financière ou physique aux réparations)

ACTIONS

ACTEURS

ECHEANCE

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Fiche-action n°5 : Conforter le dispositif d’insertion professionnelle

Une réflexion est en cours. Un travail plus approfondi permettra de concrétiser les actions en 2016.Un

nouveau référent a été nommé.

• Prévenir les difficultés d’insertion dans l’emploi • Conforter et diversifier les ressources mobilisées sur ce thème

• Référent : à nommer en réunion trimestrielle fin 2013 • Pilote = directeur en lien avec le référent logement

• 2013-2017

OBJECTIFS

• Nomination d’un nouveau référent « emploi / formation »

- Suivi des évolutions réglementaires pour l’équipe

- Mise en relation de l’équipe avec les ressources locales

- Participation aux réunions des partenaires de cette thématique

• Approfondissement des relations avec les partenaires emploi / formation

- Invitation régulière des entreprises et chantiers d’insertion autour de moments de convivialité

- Echange de pratiques avec les équipes de partenaires emploi / formation

- Formalisation de conventions

• Réflexion sur le développement des relations avec les agences d’intérim

- Poursuivre la recherche d’agences pertinentes au regard des débouchés accessibles aux résidents

- Poursuite des accompagnements individuels vers les agences

- Réflexion commune sur l’opportunité de partenariats plus pérennes avec certaines agences

ACTIONS

ACTEURS

ECHEANCE

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Fiche-action n°6 : Améliorer l’accès aux soins des usagers

L’action a été menée.

• Fluidifier l’accès aux soins pour les usagers, pour les situations plus difficiles (hospitalisation psychiatrique et obligation de soins) • Améliorer l’accès des usagers à l’information et la prévention en santé

• Coordination autour de l’HDT et conventionnement pour les obligations de soins : directeur en lien avec les partenaires concernés

• Bilan de santé et projet de soins : ensemble de l’équipe pour la réflexion puis chaque éducateur référent pour les usagers qu’il accompagne

• Information en santé : équipe éducative en associant le CVS

• Nomination référent : en réunion trimestrielle fin 2013 • Bilans et projets de soins : 2014 • Information en santé : 2015 • Conventions obligations de soins : 2014-2017 sous réserve

d’acceptation par les institutions sollicitées • Formalisation de la conduite à tenir : 2015

OBJECTIFS

• Nommer un nouveau référent « santé »

• Amélioration du processus d’hospitalisation psychiatrique :

- Organisation d’une concertation avec les partenaires concernés pour une réflexion a priori sur ce processus

- Formalisation de la conduite à tenir au sein du CHRS Antenne Meinau, en vue d’hospitalisation psychiatrique

• Mise en place d’un bilan de santé à l’admission

- Identification des bilans pertinents à l’entrée

- Formalisation d’un document à remplir à l’admission sur ce sujet

- Repérage des ressources de proximité permettant ces bilans (ex : le Centre MGEN, gratuit)

- Mise en œuvre de la procédure pour les nouveaux admis

• Intégration d’un volet « projet de suivi sanitaire » dans le projet personnalisé, à remplir en fonction résultats des bilans

• Renforcement de l’information des usagers autour de la prévention

- Intégration d’une information sur les risques VIH/VHC, dans le règlement ou le contrat de séjour

- Sollicitation de partenaires pour mise en place d’ateliers collectifs d’information / prévention santé sur des thèmes concernant la population accueillie

• Renforcement des liens avec les professionnels / structures proposant le suivi dans le cadre de l’obligation de soins : développer la formalisation des partenariats essentiels par des conventions

ACTIONS

ACTEURS

ECHEANCE

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Fiche-action n°7 : Renforcer l’accompagnement sur le thème de l’alimentation L’action a été menée, des repas à thèmes ont été faits.

• Mieux accompagner les résidents vers l’autonomie alimentaire • Contribuer à la socialisation des résidents par petits groupes • Sensibiliser les résidents à la préparation de repas équilibrés à moindre coût

• Atelier cuisine et menus : pilotes = Grégory Baltzer et Véronique Scheid

• Communication petits déjeuners : ensemble de l’équipe

• Ateliers cuisine et menus : montage du projet en 2014 pour une mise en œuvre 2015

• Communication : à partir de 2014

OBJECTIFS

• Mise en place d’un atelier cuisine, par petits groupes

- Elaboration d’un menu alliant équilibre alimentaire et maîtrise du budget

- Démonstration de techniques de réalisation

- Implication des résidents dans la réalisation des différentes étapes de l’atelier

- Dégustation lors d’un repas commun

• Proposition et distribution régulière de menus-types aux résidents, associant diversité alimentaire et faible coût

• Renforcement de la communication autour des petits déjeuners

organisés au CHRS

ACTIONS

ACTEURS

ECHEANCE

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Fiche-action n°8 : Renforcer le dispositif d’insertion par le logement L’action a été réalisée sauf pour le bail glissant qui reste à travailler.

• Prévenir les difficultés d’insertion par le logement • Renforcer la position d’acteur des résidents dans cet axe de leur projet

• A définir en réunion trimestrielle (décembre 2013)

• Dynamisation des partenaires : 2014-2017 • Bail glissant : 2014-2017, en fonction des situations accompagnées

OBJECTIFS

• Dynamisation du réseau partenarial

- Invitation régulière envers les bailleurs sociaux à rencontrer le CHRS et son équipe

- Organisation de réunions de concertation autour des situations individuelles, avec l’organisme concerné (ex : ADOMA)

• Inscription du thème « insertion par le logement » à l’ordre du jour du

CVS • Réflexion en équipe sur le développement du bail glissant en

partenariat avec des bailleurs

- Identification des situations de résidents pertinentes pour l’orientation vers un bail glissant

- Recherche de bailleurs potentiellement intéressés par ce projet

- Validation du projet en réunion d’équipe

- Définition des conditions concrètes de mise en œuvre

- Mise en place d’un cadre juridique formalisé pour cette solution

ACTIONS

ACTEURS

ECHEANCE

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Fiche-action n°9 : Améliorer le dispositif de soutien des professionnels

Une réflexion est en cours pour le DUERP. Les fiches de poste sont faites.

• Identifier et prévenir les risques professionnels, au niveau collectif et poste par poste • Rendre lisibles les engagements liés à chaque fonction

• Pilote : Directeur, en lien avec l’équipe

• DUERP : 2016 • Fiches de poste : 2014

OBJECTIFS

• Mise en place du document unique d’évaluation des risques

professionnels (DUERP)

- Identification des risques en équipe, en fonction du poste et des lieux de travail,

- Définition des actions de prévention et de traitement appropriées à chacun de ces risques

- Formalisation du document assorti d’un plan d’actions

- Mise en œuvre et suivi des actions

• Réflexion d’équipe sur l’opportunité et les modalités d’une formation à la régulation des conflits / gestion de l’agressivité des usagers

• Formalisation des fonctions des différents intervenants, au travers de

fiches de poste

ACTIONS

ACTEURS

ECHEANCE

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Fiche-action n°10 : Structurer les relations partenariales La mutualisation des moyens est en cours, elle se traduit par le prêt d’un véhicule. La mutualisation d’un

ouvrier d’entretien n’a pas été concrétisée.

• Renforcer les ressources à disposition du CHRS • Pérenniser la relation partenariale en la confortant et la formalisant

• Directeur en lien avec l’équipe

• Mutualisations de moyens : à partir de 2015 si les financements sont accordés

• Echanges de pratiques et conventions : 2014-2017, en fonction des opportunités

OBJECTIFS

• Formalisation des partenariats essentiels au travers de conventions

- Identification des partenariats stratégiques (réguliers ou à consolider),

- Rencontre avec le responsable de l’institution partenaire pour aborder le conventionnement

- Définition et proposition d’une trame de convention

- Suivi et évaluation de la convention une fois signée (annuellement par exemple)

• Organisation d’échanges de pratiques avec équipes d’autres

établissements

- Identification des équipes confrontées à des problématiques similaires ou susceptibles d’apprécier un échange d’expertise avec le CHRS

- Rencontre avec le responsable de l’institution partenaire pour aborder le projet d’échange

- Organisation de l’échange et formalisation des résultats de la réflexion

• Développement de mutualisations de moyens avec d’autres

organismes

- Identification des ressources dont le CHRS a besoin (ex : poste d’ouvrier, véhicules) ou qu’il peut mettre à disposition (ex : locaux)

- Recherche de partenaires potentiels

- Négociation des conditions de mise en œuvre

ACTIONS

ACTEURS

ECHEANCE

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Fiche-action n°11 : Diversifier les supports d’accès à la vie culturelle et sportive

L’action a été réalisée.

• Adapter l’offre d’accompagnement aux demandes des résidents • Améliorer le taux d’utilisation des ressources déjà disponibles

• Activité football et jardinage : Mickaël Gangloff et les résidents intéressés

• Autres activités à promouvoir : ensemble des éducateurs référents auprès des usagers qu’ils accompagnent

• 2014-2017, en fonction des souhaits des résidents futurs

OBJECTIFS

• Mise en place d’une activité football à l’année

- sollicitation de résidents pour identifier des volontaires

- constitution d’une équipe

- définition de la fréquence souhaitable

- acquisition du matériel et accès à un terrain

- organisation de l’activité selon la fréquence définie

• Amélioration de l’accès des résidents à des infrastructures extérieures

- Négociation de billets à tarifs préférentiels avec le stade de la Meinau

- Diffusion de l’information autour du cinéma à 1€ et du programme proposé

• Proposer une activité peinture • Poursuivre et développer le jardinage • Promotion de l’utilisation des ressources culturelles à disposition dans

le local d’accueil, par l’équipe de permanence et en fonction des préférences individuelles des résidents

ACTIONS

ACTEURS

ECHEANCE

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Bilan de l’évaluation interne : Du point de vue des usagers, l’évaluation interne ainsi que l’élaboration du projet d’établissement ont été l’occasion de remettre en question certaines pratiques notamment en matière de droit de l’usager. Cette remise en question a permis un réalignement du cadre sur les textes réglementaires et recommandation de l’ANESM. En ce qui concerne les professionnels, les nombreuses réunions et autres débats informels suscités par cette démarche d’évaluation ont été l’occasion d’une remise à plat des pratiques. Les éducateurs ont pu s’entendre sur une certaine façon de fonctionner, instaurant une forme de protocole d’accueil pour ne citer que cet exemple. Ce fût également l’occasion d’harmoniser les pratiques. L’équipe éducative et le directeur ont pu remettre en question certaines pratiques qui pouvaient trouver leur origine dans une forme de routine administrative et se montraient préjudiciable à un respect de l’usager et de ses droits dans certains domaines spécifiques Cette évaluation a surtout renforcé l’équipe dans sa conviction que l’accompagnement était dans l’essentiel très bien réalisé, que les services apportés étaient en adéquation avec la mission d’un CHRS et qu’une grande partie des pratiques se faisaient dans le respect des droits et de la dignité de l’usager. Qu’est-ce qui vous a facilité la démarche ?

Le fait de faire appel à un cabinet d’audit pour rédiger le Projet d’établissement a été l’occasion d’avoir un fil conducteur lors des réunions et un soutien d’importance lors de la préparation de l’évaluation interne. Par exemple, la solution de fiches actions nous a été soumise par ce cabinet et a permis de dégager des axes d’amélioration de façon claire et planifié sur les 5 prochaines années. De plus la rédaction du projet d’établissement a eu lieu au même moment que celle de l’évaluation interne. Nous avons pu plus facilement dégager des axes d’améliorations et maintenir ce qui nous semblait en phase avec les missions d’un CHRS tel qu’ANTENNE Meinau. Le référentiel CHRS +, nous a permis de questionner secteur après secteur et dans le détail les pratiques et d’établir une cotation pour en dégager les points forts et faibles A l’inverse, quelles ont été les difficultés ?

Dans un premier temps, l’équipe s’est montrée dubitative quant au réel intérêt d’une telle démarche. Au fil des réunions et des discussions, l’équipe a pris conscience de l’importance de ce projet et la participation n’a fait que croître. Le consensus fut parfois difficile à obtenir surtout en matière de protocole. De plus le fait de bloquer le CHRS une journée entière a occasionné des difficultés de fonctionnement, sans compter la difficulté d’avoir toute l’équipe disponible au même moment (congés annuel, etc).

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II. LE SERVICE AMENAGEMENT DE PEINE La mesure « d’aménagement de peine » est une alternative à l’incarcération qui permet un passage progressif du milieu fermé vers la réintégration dans la société. Cette alternative permet non seulement de limiter les effets désocialisants de l’incarcération, mais aussi de soustraire les condamnés aux contacts criminogènes inhérents à la fréquentation de compagnons de cellule. De ce double point de vue, l’aménagement de peine peut contribuer à réduire le risque de récidive. Le placement à l’extérieur est l'une des différentes mesures d’aménagement d’une peine de prison ferme existantes. Il permet à la personne écrouée d’exécuter sa peine en milieu ouvert, à condition d’exercer une activité professionnelle, participer à une formation ou un stage, effectuer un travail temporaire en vue de son insertion sociale, suivre un enseignement ou faire l’objet d’une prise en charge médico-sociale. Les détenus participent à des activités organisées par des partenaires extérieurs mais contrôlées par l’administration pénitentiaire. Ce contrôle s’exerce à partir d’une convention : l’association s’engage à certaines prestations en termes de contrôle, de prise en charge, de capacité d’accueil, etc. En retour, l’administration assure un financement au moins partiel. Ce placement s’adresse de façon privilégiée à des populations en grande difficulté, en présentant une proposition de prise en charge progressive et individualisée. En prenant en compte la globalité du parcours délinquant et les problématiques propres à l’individu - le travail, la formation, le suivi de soins- le placement à l’extérieur intègre une dimension éducative forte. La présence, en nombre toujours plus important, de personnes incarcérées rencontrant des difficultés sociales et/ou socioprofessionnelles a amené Antenne à s’interroger sur les moyens les plus adaptés pour lutter contre l’exclusion de ces personnes. Le recours à l’aménagement de peine sous la forme d’un placement à l’extérieur est un de ces moyens.

■ Les textes de référence

• Loi n° 70-643 du 17 juillet 1970

• Circulaire AP 86.21.G3 du 8 août 1986 relative à l’application des dispositions de la loi n°85-1407 du 30 décembre 1985, du décret n° 85-836 du 6 août 1985 et du décret n° 86-641 du 14 mars 1986 relatifs à l’application des peines en matière de semi-liberté et de chantiers extérieurs

• Décret n° 98-1099 du 8 décembre 1998, relatif à l’organisation et au fonctionnement des établissements pénitentiaires

• Loi n°2004-204 du 9 mars 2004 portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité

• Décret du 13 décembre 2004 relatif à l’application des peines, décret n°2006-385 modifiant le code de procédure pénale et relative au traitement de la récidive des infractions pénales

• Loi n°2005-1549 du 12 décembre 2005 relative au traitement de la récidive des infractions pénales

• Articles 132-25, 132-26 et 434-29 du CP

• Articles 495-8, 712-6 et s. 723, 723-2, 723-4, 723-20 et s. D.72-1, D.101, D103, D.49-11 et s. D118 à D.136 du CPP

• Loi du 24 novembre 2009

1. Mise en place de la mesure placement extérieur

Toutes les personnes condamnées répondant aux conditions légales peuvent bénéficier d’un placement à l’extérieur. Le statut de la personne en placement extérieur sans surveillance n’est pas lié à la situation de personne sous écrou, mais à la situation dans laquelle elle se trouve dans le cadre du droit commun. Elle a donc droit de percevoir un minimum social, des allocations chômage, etc…

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Elle a le droit de signer des contrats de travail. Dans tous les cas, pour que ces droits soient mobilisés, la personne doit s’inscrire auprès des organismes compétents. Les propositions d’orientation de ces personnes vers les structures de placement à l’extérieur relèvent du Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP) en fonction de leurs besoins et des spécificités des associations partenaires.

L’Association ANTENNE, par voie de convention, s’engage à héberger les personnes en placement à l’extérieur et à leur procurer un emploi si elles en ont l’aptitude, dans le cadre de cette mesure et pour la durée du placement. L’emploi sera préférablement fourni par les régies de quartier de Strasbourg qui sont une forme particulière d’entreprise d’insertion, ou dans le cas de postes limités, via une orientation vers les « Relais Emplois », des agences de travail intérimaire ou des entreprises privées. Certaines personnes en placement extérieur ne sont pas en capacité de travailler (manque de repères, problèmes de santé). Les lieux de travail où l’on pratique essentiellement des travaux de nettoyage et d’entretien d’espaces verts sont des milieux ouverts de nature à inciter les gens à se réinsérer dans le tissu social. Ces activités professionnelles sont censées contribuer à établir ou à renouer des liens entre la société civile et les personnes détenues. Cette remise en contact avec le milieu du travail favorise l’insertion ou la réinsertion – professionnelle tout en permettant l’acquisition d’une expérience et d’une formation. De surcroît, l’énergie potentielle déployée conforte l’équilibre personnel de la personne détenue. La personne placée sous-main de justice (PPSMJ) doit obligatoirement respecter toutes les conditions fixées par le Juge de l’Application des Peines (JAP) en fonction de sa situation : horaires et suivi des activités, indemnisation des victimes, interdiction de fréquenter des lieux ou des personnes. En cas de non-respect des obligations, le JAP peut prendre des mesures allant jusqu’au retour en détention, aggravé suivant les cas, de poursuites pour évasion. La personne placée à l’extérieur doit toujours porter un document permettant de justifier de la régularité de sa situation. En cas de difficultés (retard ou absence dû à une urgence, besoin exceptionnel d’une autorisation, etc.), il faut impérativement et immédiatement prévenir le directeur de l’établissement, le SPIP et le JAP.

Outre le toit et l’emploi, l’Association ANTENNE dispense un accompagnement social adapté à ces personnes au même titre que les autres résidents du CHRS. L’Association aide la personne à engager une démarche vers l’autonomie pour permettre son insertion durable tout en tenant compte de ses difficultés et capacités. En fournissant un cadre structurant, l’accompagnement social doit permettre à la personne d’exprimer ses attentes et de bâtir un projet cohérent, qui lui appartienne. L’Association ANTENNE s’engage :

• à développer une réflexion globale sur l’insertion des PPSMJ tout en restant attentive aux évolutions de la population pénale et à la prise en charge

• à respecter les droits de l’usager en s’astreignant à une obligation de moyens et à une exigence de qualité

• à affirmer la nécessité de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre de la mesure au travers de l’ensemble de ses acteurs

Ces engagements génèrent diverses actions : Un accompagnement social : Il ne porte pas uniquement sur l’accès aux droits administratifs (RSA, CMU, papiers d’identité …) mais prend une dimension globale et généraliste en mobilisant un ensemble d’outils d’insertion. L’Association s’engage à effectuer un accompagnement social de qualité avec des entretiens individuels réguliers, des entretiens psychologiques hebdomadaires et des regroupements réguliers. L’Association ANTENNE est chargée, en lien permanent avec le SPIP, d’assurer l’accompagnement de la personne dans la construction d’un parcours d’insertion durable en assurant un suivi social lié au logement et à la gestion du budget.

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Un hébergement et de la restauration : L’association propose un hébergement dans sa structure avec accompagnement social et entreprend avec l’usager des démarches de recherche d’emploi. L’hébergement, en structure éclatée, répond aux normes d’hygiène. Chaque personne bénéficie d’une chambre individuelle avec cuisine et salle de bains en commun. Il doit être considéré comme un outil d’insertion en intégrant le nécessaire apprentissage de la vie en société et du partage des responsabilités. La structure remet à chaque personne placée de l’aide alimentaire leur permettant de manger chaque jour sur le lieu de travail.

Un emploi et/ou une formation : lors de réunions et d'entretiens téléphoniques réguliers avec les employeurs, l’Association a relevé que les personnes en placement à l’extérieur travaillant pour la première fois sollicitaient un véritable accompagnement social, assorti d’une pédagogie directe.

Des soins : Un accompagnement vers les soins est systématiquement mis en place. La personne placée dans le cadre du droit commun, peut rencontrer son médecin traitant. Toute personne bénéficiant d’une mesure de placement extérieur doit obligatoirement disposer d’une carte vitale actualisée ou à défaut d’une attestation papier d’affiliation avant sa sortie de la Maison d’Arrêt de Strasbourg. De la même manière, un dossier d’accès à la Couverture Maladie Universelle Complémentaire (CMUC) devra avoir été complété durant la détention, en lien avec l’agent de la CPAM assurant une permanence à la Maison d’Arrêt. D’une manière générale, les soins sont dispensés en ville ou en consultation externe hospitalière. Une prise en charge au sein de l'unité de consultations et de soins ambulatoires de la Maison d'Arrêt est néanmoins possible dans l'attente d'une régularisation des droits de Couverture Maladie Universelle.

Une préparation du post-placement : Un bilan sur la situation professionnelle ainsi que des démarches de recherche de logement sont effectués.

Des activités de loisirs : L’Association ANTENNE est adhérente à l’Association « Tôt ou t’Art » et peut de ce fait orienter les personnes dites en placement vers les salles de cinéma, le théâtre.

2. Fin de la mesure placement à l’extérieur

Un bilan personnalisé reprenant le déroulement de la mesure et les éléments de contexte socioprofessionnels est effectué pour chaque PPSMJ avec l’employeur, le SPIP et la structure avant la fin de peine afin d'évaluer son parcours d’insertion. Le contrat de travail au sein d'une régie de quartier pourra, le cas échéant et en fonction de la motivation du condamné, être prolongé au-delà de la fin de la peine jusqu’à 24 mois maximum. Deux jours avant la levée d’écrou, la Maison d’Arrêt prend contact avec la structure pour l’informer de l’heure à laquelle la PPSMJ doit se présenter au greffe pour la levée d’écrou. La structure communique cette information au placé.

3. Analyse chiffrée du placement à l’extérieur Durant l’année 2015, notre partenariat avec le SPIP a été consolidé et s'est fortifié. Un travail conséquent entre notre établissement, le SPIP, l’Administration Pénitentiaire et les magistrats a permis à 69 personnes placées sous main de justice de bénéficier d’un placement à l’extérieur. Chacune de ces personnes a bénéficié d’une prise en charge progressive et individualisée qui a favorisé leur participation, en qualité d’actrices de leur histoire sur le plan socioprofessionnel.

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La situation à l'admission

■ Age des personnes

Nous pouvons constater un quasi équilibre entre les différentes catégories d’âges.

■ Situation familiale

Situation (en %) 2014 2015

Célibataire 59% 68%

Couple 31% 20%

Séparé / Divorcé 10% 12%

La majorité des personnes accueillies sont célibataires.

■ Provenance des personnes en placement extérieur

- 25 ans22%

26/30 ans25%31/40 ans

27%

+ 40 ans26%

Age des personnes placées sous main de justice

- 25 ans

26/30 ans

31/40 ans

+ 40 ans

Strasbourg48%

Hors Strasbourg

- Région Est…

Provenance des personnes

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La tendance s’est inversée, nous accueillons davantage de personnes hors Eurométropole.

■ Santé

Diverses addictions en % 2014 2015

Addiction drogue 15% 20%

Addiction alcool 13% 5%

Addiction poly-toxicomanie 5% 10%

Sans addiction 67% 65%

Nous pouvons constater une augmentation des personnes sous poly-toxicomanie.

La situation à la sortie

■ Situation administrative

Documents administratifs Arrivée Sortie

Carte Vitale 23% 67%

Carte d’identité 81% 100%

Les personnes à la fin du placement ont majoritairement régularisé leur situation administrative.

■ Logement

2014 2015

Retour famille 50% 50%

Orientation vers SIAO puis CHRS 35% 28%

Retour en détention 15% 20%

Autres structures 0% 2%

Cette année, nous constatons une légère hausse de retour en détention, le retour en famille est constant.

■ Ressources

2014 2015

Emploi/ stage/ Formation 45% 42%

RSA socle ou en complément de revenus 55% 58%

Sans ressources 0% 0%

4. Analyse comportementale

Après l’octroi favorable du placement extérieur, les personnes détenues manifestent un certain enthousiasme, apprécient de finir leur peine en milieu ouvert et sont persuadées que le parcours le plus délicat, le plus ingrat, est accompli. Toutefois, ces sentiments sont partagés car une brusque immixtion dans le monde du travail s’avère quelque peu angoissante pour les personnes qui n’ont jamais travaillé et qui cumulent les problématiques liées à leur parcours délinquant et à leur addiction sanitaire.

Les personnes ayant déjà travaillé auparavant redécouvrent avec joie la vie active. Elles exprimaient de façon claire leurs attentes et leurs projets pour la vie après le placement extérieur. A contrario, celles qui n’avaient jamais connu le monde du travail, doivent dans un premier temps appréhender toutes les obligations et les contraintes du milieu professionnel.

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D'autres personnes achèvent une longue peine, parfois de plusieurs dizaines d'années, et se heurtent à une société ayant considérablement changé où tous leurs codes et leurs points de repères passés ont été modifiés.

Nous avons pu constater quelques difficultés liées au milieu du travail et à son nouveau rythme. Tout d’abord, ces personnes ont dû mal à se rendre sur le chantier chaque matin et aux horaires fixés par l’employeur. Elles n’arrivent pas à intégrer la nécessité de s’équiper de la tenue de travail et d’appliquer les consignes de sécurité.

Toutefois, elles prennent conscience du montant relativement substantiel de leur salaire en échange de l’effort consenti pour la réalisation d’un travail dans le cadre d’un contrat aidé rémunéré au SMIC. Cette donnée leur permet de rester motivées face à la poursuite du placement extérieur. Les responsables des différentes régies de quartier s’accordent pour dire que les personnes placées nécessitent un accompagnement plus spécifique. Ils réalisent qu’une pédagogie directive est plus que bénéfique pour elles et surtout pour la suite de leur parcours d’insertion.

Sur le lieu de travail

Pour que ces hommes s’accrochent intensément à la vie active au travers de l’emploi proposé, ce qui n’est pas évident, ils ont besoin d’un chef direct, stratège, faisant preuve de tact à leur égard. Le sentiment d’être respecté et que leur travail soit reconnu par les membres de l’équipe - surtout par la hiérarchie – est primordial pour eux.

C’est un facteur fondamental de nature à favoriser leur insertion dans la cellule sociale. La qualité de ces différents rapports s’avère être la condition sine qua non à leur intégration au sein du groupe. Dans l’affirmation, les personnes en placement extérieur se révèleront aptes à réaliser avec entrain les tâches les plus fastidieuses.

Toutefois, sachant que la durée moyenne du placement est de 5 mois, il est difficile d’espérer une véritable réinsertion en si peu de temps. Il convient de mettre en place un dispositif tenant compte de la durée du placement et de la personnalité de la personne.

Sur le lieu d’hébergement

Nous avons pu constater que les personnes en placement extérieur étaient désemparées à leur sortie de détention, certaines d’entre elles avaient perdu nombre de repères pour vivre à nouveau en société. Afin de mieux les accompagner, il nous semble plus que nécessaire de prendre en compte la dimension psychologique de la personne. A notre niveau, nous déplorons un manque de coordination entre les services pénitentiaires et sanitaires au sein de la maison d’arrêt. Cette défaillance est très préjudiciable aux personnes détenues effectuant un placement extérieur. Notre accompagnement social, se matérialise par au minimum deux entretiens hebdomadaires. Cela nous permet avec les intéressés de travailler un certain nombre de problématiques.

Plusieurs axes de travail sont traités durant les entretiens : l’accès aux soins, la compréhension de la sanction et des obligations qui en découlent, l’apprentissage de la gestion budgétaire, l’accès au logement autonome pour le post-placement.

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5. Conclusion Bien qu'il subsiste bon nombre de difficultés inhérentes au système carcéral, le partenariat institué entre le secteur associatif et la détention constitue une avancée manifeste dans le domaine de la préparation à la sortie et de la prévention de la récidive. Durant l'année passée, nous avons développé le travail avec les acteurs sanitaires et mis en application le référentiel mis en place par le SPIP. Ce type d’aménagement de peine s’avère un tremplin à l’insertion sociale, nécessaire à un nouvel ancrage dans le tissu social et un premier échange entre la personne et la société. Le placement extérieur est sans nul doute à développer dans les années futures, d’autant plus que dès lors qu’il est réussi, la majorité des bénéficiaires expriment des souhaits de reconstruction personnelle, professionnelle et sociale avec la sage décision de s’extraire définitivement de l’environnement médiocre où ils ont trop souvent vécu. Problématique emploi

L’envie de travailler est présente chez la majorité des personnes placées en milieu extérieur. Elles y voient souvent un bon moyen de s’en sortir. Pourtant n’ayant peu ou pour certaines personnes jamais travaillé avant de purger leur peine, les personnes accompagnées et/ou suivies par Antenne sont assez éloignées de l’emploi, et il leur est donc très difficile de s’insérer dans le milieu professionnel. Ces difficultés sont généralement d’ordre pratique et relèvent de la ponctualité, de la façon de se rendre au travail, du manque de repères, d’orientation et d’une hygiène et d’un rythme de vie à découvrir ou redécouvrir et à apprivoiser. Il faut alors mettre en place un accompagnement permettant un apprentissage essentiel durant les deux premiers mois. Pour ce faire, l’équipe doit redoubler d’efforts pour imaginer des stratégies afin d’enseigner toutes ces notions pourtant simples, mais qui peuvent se révéler très embarrassantes et contraignantes pour les usagers. Il n’est pas inhabituel de constater un véritable fossé entre le paraître d’une personne qui semble pouvoir se débrouiller et qui n’exprime pas du tout de difficultés d’ordre pratique ou organisationnel et le face à face en entretien avec cette même personne qui est en perpétuelle demande d’accompagnement. Sans basculer dans l’assistanat, il est nécessaire de prendre en compte cette notion d’absence de savoir-être, d’autonomie et sans cesse reprendre et retravailler ces « bases » qui parfois semblent manquer. L’accompagnement est primordial pour la bonne mise en route de ce nouvel emploi et l’adoption du rythme de travail. Nous devons garder à l’esprit que pour l’employeur il n’est pas évident d’embaucher des personnes placées sous main de justice dont la plupart sont en difficulté ; d’où l’importance d’un bon partenariat associé à une relation de confiance entre l’entreprise et l’association. Problématique hébergement

Dans le cadre de l’ANRU (Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine), nous avons dû déménager d’appartement, ce qui a engendré quelques difficultés de logistique avec les usagers. Dans les appartements gérés par l’association, la cohabitation se fait à trois ou quatre personnes. L’équipe doit prêter attention aux personnes partageant le même logement. En effet, il est recommandé d’éviter de regrouper ceux étant condamnés pour des délits identiques, notamment liés à la toxicomanie ou à une autre addiction. L’hétérogénéité est de rigueur. Elle l’est également concernant l’âge des individus. En faisant cohabiter un jeune homme avec un co-résident plus âgé, les bénéfices semblent évidents. Chacun à la possibilité d'apporter à l'autre son expérience et sa maturité pour un enrichissement réciproque. Toutefois, les difficultés de la vie en colocation doivent être prises en compte. Il est nécessaire d'accepter de faire des efforts et des concessions pour permettre le bon fonctionnement de la vie commune. L'équipe doit également veiller à rester à l'écoute des résidents notamment lorsque des tensions sont constatées au sein de la relation de colocation.

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Beaucoup des personnes accueillies en placement extérieur sont dépourvues de solution de logement à l'issue de leur prise en charge. Pour ces personnes, un accompagnement dans le cadre du CHRS fait souvent suite à l'incarcération. Problématique santé

Parmi les personnes bénéficiant d’un aménagement de peine, certaines suivaient un traitement durant leur détention. En détention la personne incarcérée fait ce qui lui est demandé : elle prend son traitement sans réfléchir. En placement extérieur, il faut penser à prendre son médicament, gérer la dose, ne pas cumuler les médicaments… D'autre part, l'obligation de soin fixée dans le cadre du suivi effectué par le SPIP pose problème à de nombreux psychologues et psychiatres de la ville. Si l'on peut entendre les raisons invoquées (un suivi psychologique n'a de sens réel que si la personne s'y inscrit), il n'en reste pas moins que nous rencontrons parfois des difficultés à orienter ces personnes vers un lieu de parole. L’accompagnement psychologique nous semble en effet apaisant pour l’usager et rassurant pour l'équipe, il permet d’introduire un tiers à la relation et d’apporter un double éclairage sur la situation rencontrée par la personne accueillie. Au quotidien se pose également la question de notre aptitude à faire baisser les tensions dans le cas où plusieurs résidents auraient des manifestations agressives, comme cela a déjà été le cas. La proportion grandissante de personnes incarcérées pour des ‘’délits sexuels’’ nous amène à questionner nos pratiques et nos formations. Pour pouvoir accompagner au mieux les personnes ayant commis ce type de délit et prévenir la récidive, il nous manque trop souvent des partenariats avec des psychologues ou psychiatres acceptant de réaliser la part thérapeutique de ce suivi. Nombreux sont en effet les thérapeutes qui ne se sentent pas à la hauteur pour suivre des personnes ayant ces profils. De manière plus générale, c'est la question du relais qui est posée ici, et celle du travail en partenariat. L'accueil des personnes ayant réalisé de longues peines (voire longues peines de plus de 20 ans) présente une charge de travail plus conséquente. En effet, l'accompagnement s'avère être plus pointu, plus minutieux, mais également plus lourd. Le temps d'adaptation à la vie à l'extérieur est souvent rallongé et les démarches concernant le travail ou le logement à la sortie de détention prennent plus de temps et sont parfois secondaires, l'accompagnement vers le soin restant souvent prioritaire. Au fil des années, forte de plusieurs centaines de suivis de personnes en placement extérieur, l’équipe d’Antenne a appris à puiser dans toutes les ressources existantes, notamment en multipliant les partenariats avec des interlocuteurs spécialisés, et a pu peu à peu se forger une expérience qui sert aujourd’hui de socle à des prises en charge de plus en plus distinctes, plus lourdes et parfois plus pesantes.

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III. L’ACCOMPAGNEMENT SOCIAL F.S.L.

Membres de l’équipe en 2015 : Véronique FAUVELLE - CESF Céline MIFSUD – CESF

Mis en place en septembre 1991 en application de la loi du 31 mai 1990, le Fonds de Solidarité pour le Logement est un dispositif essentiel du Plan Départemental d’Action pour le Logement des Personnes défavorisées. Son objectif est double : faciliter l’accès ou le maintien dans un logement en faveur des plus démunis par l’attribution d’aides financières éventuelles tout en permettant un apprentissage des règles de vie et de gestion quotidienne de ce logement par la mise en place, le cas échéant, d’un accompagnement social adapté.

1. Mesures déléguées en 2015

a) En terme quantitatifs Accès au logement + Bilan diagnostic : 24 Enquêtes, CDAPL, Assignations, saisine CAF : 77 ASLL simples et/ou Bilan diagnostic : 162 Total : 263 mesures pour 199 familles suivies.

b) En terme qualitatifs Les « plus fragiles » sont les premiers à subir de plein fouet la crise économique : en effet les accidents de la vie et l’adversité (maladie, perte d’emploi, divorce, etc…) obèrent d’autant plus les budgets. En 2015, les conséquences de la crise économique poursuivent leurs inexorables avancées engendrant des licenciements de masse et rendant encore plus complexe l’accès à l’emploi. De ce fait, les publics déjà fragilisés que nous rencontrons sont d’autant plus confrontés à l’adversité. Pour l’année 2015, nous continuons de constater une insuffisance de revenus par rapport aux charges financières des familles. Certaines familles étaient dans l’incapacité d’améliorer leurs conditions financières surtout les personnes retraitées et celles connaissant des problèmes de santé. Les familles monoparentales sont également de plus en plus touchées, même en cas d’activité salariale, les budgets restent restreints. L’accès au logement

L’accès au logement est un droit inhérent à la dignité humaine. Pour certains de nos usagers, il s’agit d’un premier logement autonome, parfois, après de longues périodes d’errances. Il s’agit, à la fois, de veiller à ce que toutes les démarches administratives soient réalisées telles que la signature du bail, l’ouverture des compteurs d’énergies, le changement d’adresse, la mise en place des allocations logement… ainsi qu’à une bonne insertion dans le logement et le quartier. De ce fait, nous accompagnons les personnes et familles dans tous les aspects en lien avec le logement.

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Selon les situations, nous les accompagnons et les conseillons dans l’achat du mobilier et de l’électroménager, nous abordons avec elles les droits et devoirs du locataire en mettant un point d’honneur sur l’entretien du logement et sur le paiement des loyers et des charges. Enfin, nous travaillons avec elles la gestion d’un budget équilibré pour permettre un bon départ locatif et prévenir les situations d’endettement et d’expulsions locatives. Sauf cas exceptionnel, nous parvenons à aborder positivement les aspects concernant l’hygiène de vie des personnes et la propreté des logements. Bien que ces sujets restent délicats à évoquer du fait du respect de la vie privée des personnes, nous essayons néanmoins de les considérer après avoir mieux fait connaissance avec la famille et découvert son mode de vie. Nous traitons ainsi ces problèmes matériels avec plus d’aisance en ayant soin de les exposer sous l’angle de vue de l’usager, à savoir ce qui LE préoccupe « LUI » et comment il peut y remédier. Après ce travail préliminaire, tout reste possible à condition de respecter intimement les choix personnels de chacun. Après ce déclic, l’aspect hygiène de vie peut être mis en discussion : des résultats tangibles ont alors été perceptibles. En tout état de cause, cet aspect est toujours mis en relation avec les droits et les devoirs du locataire mentionnés dans le bail souscrit à l’entrée des lieux. Lorsqu’il existe des plaintes de voisinage, nos médiations sont proposées et généralement acceptées. Nous restons démunis face à des problématiques psychiatriques non prises en charge médicalement et impactant l’insertion dans le logement. En effet, lorsque l’usager refuse la prise en charge médicale, l’ASLL n’est pas adapté. En 2015, nous avons également été confrontés à l’émergence de punaises de lit de certains logements, phénomène difficile à éradiquer en cas d’importants problèmes d’hygiène et de manque de compréhension de la langue française. Le maintien dans le logement :

Lorsqu’il y a présence d’une dette locative, nous travaillons sur la gestion du budget afin de permettre la reprise du paiement du loyer car il s’agit de la première obligation du locataire, selon le bail souscrit. Nous sommes régulièrement en contact avec le bailleur et négocions la mise en place d’un plan d’apurement adapté ou protocole Borloo, si nécessaire. Nous favorisons au mieux, le maintien dans le logement. Le cas échéant, si le maintien n’est plus possible, que le montant du loyer est trop élevé par rapport aux ressources de la famille, nous accompagnons dans les démarches en vue d’un relogement ou hébergement. Enfin, nous instruisons des demandes d’aides financières afin d’aider au règlement des factures ou dettes. Nous orientons aussi les familles vers de l’aide alimentaire. Si besoin et si souhaité, nous accompagnons à la constitution et au suivi de dossiers de surendettement. Les enquêtes sociales :

Le F.S.L. nous sollicite afin de réaliser une enquête sociale et de proposer à la personne ou famille un accompagnement adapté lors de l’assignation en justice pour impayés de loyers, d’une demande d’intervention du Concours de la Force Publique, de la saisine de la Caisse d’Allocations Familiales ou de la Commission Départementale des Aides Publiques au Logement. Il s’agit alors de trouver des solutions à la situation locative : maintien ou relogement. Toutes les mesures d’accompagnement nous sont orientées par le Fonds de Solidarité Logement. Les demandes lui sont précédemment envoyées par les travailleurs sociaux de quartier, les associations, les bailleurs, la préfecture, la Caisse d’Allocations Familiales et la Commission Départementale des Aides Publiques au Logement (pour les enquêtes). Une grande majorité de familles accompagnées nécessite la mise en place d’un accompagnement budgétaire personnalisé. Soit, nous avons décelé une carence de rigueur budgétaire qui se doit d’être rectifiée grâce à un apprentissage permettant de prioriser l’impérative nécessité d’honorer régulièrement les loyers, les charges

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et le plan d’apurement – y compris le protocole Borloo - éventuellement existant ainsi que les autres factures liées au logement. Soit, nous notons une inadéquation entre le coût effectif du logement et les revenus et nous accompagnons à un relogement. Nous intervenons également pour accompagner à la constitution et au suivi de dossiers de surendettement, si nécessaire. Il va de soi que nous essayons d’améliorer le quotidien par divers secours, si besoin. Nous constatons que nous sollicitons ces secours de manière plus fréquente et ceci par nécessité pour les familles. En cas de problèmes de compréhension de notre langue et d’illettrisme, nous aidons à une mise à plat de tous les droits sociaux ainsi qu’à la compréhension des démarches à réaliser. Cependant, nous constatons, comme chaque année, qu’une grande partie des personnes ne donne pas suite à nos propositions de rencontres et ceci malgré nos sollicitations (rendez-vous au bureau et visites à domicile). Il est à préciser que tous les usagers sont préalablement contactés par courriers, au minimum à deux reprises, pour une proposition de rendez-vous. Les personnes sont systématiquement invitées à nous contacter en cas d’empêchement. Certains usagers ont déjà quitté le logement ce qui explique leur mutisme. Pour d’autres personnes, nous nous interrogeons quant à la raison de ce silence : sont-elles à ce point acculées par des situations qui les dépassent qu’elles font la sourde oreille ? Le plus souvent, ces mêmes personnes ne bénéficient d’aucun suivi social. Par ailleurs si tous les usagers convoqués dans le cadre de ces enquêtes pouvaient nous rencontrer, peut-être que plus de situations pourraient trouver une solution.

c) Nos pratiques professionnelles L’accompagnement social lié au logement est réalisé en partenariat avec les travailleurs sociaux de secteur. Nous les contactons systématiquement à chaque début et fin de mesure et autant de fois que nécessaire pendant notre intervention. Par ailleurs, notre accompagnement se limite aux fonctions définies par la charte de l’accompagnement social lié au logement. Il est à noter qu’une nouvelle charte a été signée pour les années 2012, 2013 et 2014. Toute autre demande exprimée par les personnes ou déterminée lors des entretiens est orientée vers le professionnel adapté (psychologue, conseiller emploi ….). Il s’agit d’un accompagnement individualisé qui est en fonction des besoins de la personne accompagnée. En 2015, les travailleurs sociaux du service ont poursuivi l’animation de réunions d’informations collectives intitulées « Mieux habiter son logement » destinées aux locataires venant de signer un bail chez CUS HABITAT. Ces réunions ont été créées en 2014 à la demande du Conseil Général du Bas-Rhin par les travailleurs sociaux des associations habilitées sur le secteur de la Communauté Urbaine de Strasbourg. Par ailleurs, nous avons participé à la mise en œuvre et à l’animation d’ateliers sur les droits et devoirs du locataire à l’UTAMS CUS NORD débutées en 2014 et poursuivies en 2015. Toutes nos pratiques professionnelles sont orientées vers le « faire faire » et s’adaptent à chaque accompagnement. La majorité des familles suivies adhère à notre stratégie, satisfaite de l’intérêt qu’on lui porte. Elle signe, en l’occurrence, un contrat d’engagement détaillant les objectifs à mettre en œuvre. Ainsi, c’est toute la relation humaine qui s’en trouve enrichie avec une avancée des apprentissages et du lien social. L’expérience montre que la coopération des familles, porte ses fruits si l’on sait faire preuve de tact et de patience. Aussi, forts de telles expériences, nous mettons toute notre énergie à progresser au rythme des familles en fixant des micro-objectifs dans le cadre des objectifs globaux définis d’un commun accord lors des évaluations successives.

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Notre pratique professionnelle vise ainsi à la résolution progressive et, si possible, définitive, des difficultés, par paliers successifs en fonction de l’urgence, en enregistrant chaque avancée. Ainsi, l’intéressé intègre chaque apprentissage dans le cadre de son projet personnel d’autonomie.

2. Les difficultés de l’usager

a) Procédure d’expulsion

Un peu moins de la moitié des usagers accompagnés faisait l’objet d’une procédure d’expulsion locative. Dans les 44% de personnes faisant l’objet d’une procédure d’expulsion locative, un certain nombre de suivis ont été démarrés fin 2015 en raison d’un afflux de nouvelles mesures déléguées. Ainsi, le travail de stabilisation est en cours. Lorsque les usagers adhèrent à notre accompagnement et respectent leurs engagements, nous arrivons, le plus souvent à stabiliser la situation, ce qui a été réalisé pour 17% des personnes accompagnées. Toutefois, lorsque les personnes ne le font pas, l’accompagnement s’arrête, dans la plupart des cas, sans avoir pu trouver une solution. Les 39% des personnes ne faisant pas l’objet d’une procédure d’expulsion ont été accompagnées car elles viennent d’accéder à un logement où lorsqu’un relogement était nécessaire.

Personnes ayant fait

l'objet d'une

procédure locative

d'expulsion

44%

Procédure

d'expulsion locative

stabilisée

17%

Pas d'expulsion

39%

Procédure d'expulsion locative

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b) Profil et lieu de résidence

Composition familiale

2014 2015

Personnes seules 45% 50%

Couple sans enfant 8% 6%

Couple avec 1 à 2 enfants 10% 8%

Couple de plus de 3 enfants 5% 8%

Famille monoparentale de 1 à 2 enfants 22% 20%

Famille monoparentale de 3 enfants et plus 10% 8%

Pour l’année 2015, la moitié des personnes suivies est seule.

Quartiers de résidences

2014 2015

Bischheim, Schiltigheim, Hœnheim 18% 17%

Strasbourg centre, Robertsau 24% 25%

Meinau, Neudorf, Neuhof, Port du Rhin, Musau 22% 24%

Hautepierre, Cronenbourg, Elsau, Koenigshoffen, Montagne Verte 18% 15%

Illkirch, Ostwald, Lingolsheim 9% 9%

Autres communes 3% 5%

Haguenau et petite couronne 6% 5%

Il est à noter que l’association Antenne est également intervenue sur le secteur de la ville d’Haguenau et de ses nombreuses communes environnantes.

c) Bailleurs

Sociaux

49%Privés

48%

Foyers

2%

Autre

1%

Type de bailleurs

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En 2015, le pourcentage des différents bailleurs constatés reste globalement identique à celui de 2014. En 2015, nous avons accompagné 48% de familles résidant dans le parc locatif privé. A noter qu’une grande partie d’entre elles, avaient pour objectif d’être relogées dans le parc locatif social en raison de loyers et de charges trop élevés. Nous les accompagnons dans ce sens. L’accès au logement social est de plus en plus difficile pour les plus démunis tels que les bénéficiaires des minima sociaux. En effet, certains bailleurs sociaux se protègent, estimant que ces ménages ne seront pas en mesure de tenir leurs engagements locatifs du fait de leurs maigres ressources et ne consentent plus à louer un appartement notamment lorsqu’il y a présence de dettes locatives. Avec la crise du logement social, les relogements deviennent difficiles pour toutes les familles. Cependant, pour les situations les plus complexes, les dispositifs de relogement tels que les Accords Collectifs Départementaux, le public prioritaire C.U.S. et la commission de médiation DALO permettent de trouver des solutions. Nous constatons toutefois que ces dispositifs demeurent saturés et mènent de moins en moins à un accès au logement rapide sur le secteur de l’Eurométropole. Ceci n’est pas forcément le cas sur le secteur de la ville d’Haguenau et de ses environs car les besoins sont différents. Le montant des loyers du secteur privé sur les villages environnant Haguenau sont généralement moins élevés que les loyers des logements sur l’Eurométropole. Sur certains logements, nous constatons une précarité énergétique liée au bâtiment ou à l’utilisation même de l’énergie par les occupants. Dans les deux cas, nous intervenons pour permettre, autant que faire se peut de résoudre les problématiques en délivrant des conseils d’économies et en entreprenant des médiations avec les bailleurs pour permettre les réparations nécessaires. Le service FSL de l’Association Antenne est habilité à réaliser tout accompagnement lié à la précarité énergétique. En ce qui concerne les logements indignes ou indécents, le Dispositif Départemental d’Eradication du Logement Indigne ou Non Décent (D.D.E.L.I.N.D.) du Bas-Rhin permet également, dans la plupart des cas, de résoudre les problèmes locatifs. En outre, il convient de souligner la disparité des loyers d’un quartier à l’autre par les bailleurs privés. A noter également les barrières émises à la location par les agences immobilières missionnées qui réclament des justificatifs (contrat de travail, fiche de paie, etc…), des frais d’agence, des cautions et des cautionnaires. Certaines agences immobilières vont même jusqu’à refuser l’éventualité d’une intervention FSL au titre de l’accès dans les lieux. D’autres demandent uniquement des candidats capables d’entrer dans les critères financiers de la GRL (Garantie des Risques Locatifs), pour exemple le montant du loyer ne doit pas dépasser un tiers des revenus du ménage, ce qui n’est pas possible pour la plupart de nos usagers qui se retrouvent, de ce fait, exclus. Plus que jamais, l’accès au logement demeure un frein à l’insertion et à la dignité de nos usagers. En l’occurrence, les bénéficiaires du Revenu Solidarité Active sont généralement refusés, même s’ils disposent d’un cautionnaire. Le Bureau d’Accès au Logement (B.A.L.) est de plus en plus sollicité avec des listes d’attente importantes. Pour pallier à toutes ces difficultés, une Agence Immobilière à Vocation Sociale (A.I.V.S.) a été créée. Ceci nous permet d’orienter certaines familles vers le parc privé. Toutefois, les conditions d’accès à cette agence ne nous permettent pas d’orienter tous les usagers, certains ont une dette locative trop importante. Par ailleurs, les ménages ne disposant que de faibles revenus (contrats précaires) doivent supporter les fluctuations d’allocation logement affectant d’autant le montant des loyers résiduels. Sur l’année 2015, l’accompagnement mené a permis d’éviter toute expulsion locative effective des personnes en cours de suivi.

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d) Les revenus

Revenus de familles

2014 2015

RSA et prestations sociales uniquement 37% 34%

Cumul RSA activité et salaire 6% 7%

AAH et pension d'invalidité 9% 5%

Salaires, Indemnités chômage ou CPAM jusqu'à 1000 euros 7% 10%

Salaires, Indemnités chômage ou CPAM de 1000 euros à 1400 euros 6% 8%

Salaires, Indemnités chômage ou CPAM de plus de 1400 euros 10% 10%

Retraites 7% 4%

Non connus 18% 22%

41% des personnes sont bénéficiaires du RSA (seul ou en cumul d’activité). Nous notons que 22 % des familles entrent dans la catégorie des revenus non connus ou sans revenus car il s’agit, la plupart du temps, de personnes que nous n’avons pas pu rencontrer et ceci le plus souvent dans le cadre de l’élaboration d’enquêtes sociales.

e) L’endettement et le surendettement

Procédures de surendettement

2014 2015

Personnes ayant bénéficié d'un dossier de surendettement avant notre intervention 7% 10%

Personnes ayant bénéficié d'un dossier de surendettement au cours de notre prise en charge

7% 5%

Personnes manifestement en situation de surendettement sans dépôt de dossier à ce jour

15% 15%

Non connues par manque de justificatifs ou n’étant pas en situation de surendettement

71% 70%

30% des personnes accompagnées présentent une problématique de surendettement. Ceci représente une part non négligeable et reflète les difficultés certaines de nos usagers. A noter que dans les 15% de personnes n’ayant pas déposé de dossier de surendettement, un certain nombre ne l’ont pas souhaité et d’autres sont en train de le constituer. La situation d’endettement ou de surendettement, généralement liée à une insuffisance de revenus, induit des difficultés pour acquitter les loyers, les charges, les plans d’apurement en vigueur et les factures liées au logement (chauffage, prime d’assurance logement, etc…). Avec la poursuite de la crise économique, la situation sur le marché du travail continue de se dégrader depuis 2008. Très peu de nos usagers dispose d’un travail stable. Une grande majorité d’entre eux survivait d’ailleurs grâce à des missions intérimaires ou à des contrats précaires. Or, une grande partie de ces contrats ont été supprimés avec la crise. Ceci a aggravé la situation financière des familles accompagnées. Les personnes survivant grâce aux minimas sociaux et celles qui subissent un travail à temps partiel ou à temps complet au SMIC vivent un déclassement avec un ascenseur social qui ne fonctionne plus. De ce fait, les usagers disent subir une vie de frustrations et le dépôt d’un dossier de surendettement vient encore ajouter de la honte. L’accompagnement budgétaire et les médiations ont été indispensables. A préciser qu’il nous faut également redonner confiance et sens aux choses. Généralement, l’accompagnement budgétaire mené a bien porté ses fruits.

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Néanmoins, il peut nous arriver de faire appel à nos collègues Conseillères en Economie Sociale et Familiale de secteur pour réaliser une Action Educative Budgétaire. Notre accompagnement s’adapte à chacun car nos grilles budgétaires évoluent en fonction des besoins. Parfois, elles peuvent être simplifiées à l’extrême au départ pour permettre la réalisation d’apprentissages successifs visant in fine l’autonomie. Bien évidemment, micro objectifs et encouragements mettent en lumière l’effort et le mérite ! Cependant, pour quelques familles ou personnes, malgré une gestion budgétaire très rigoureuse, les revenus sont insuffisants.

f) Le relogement

111 familles sur 199 suivies ont fait l’objet d’un accompagnement dans le cadre d’un relogement.

g) Maitrise de la langue française et la gestion des démarches administratives En 2015, 22% des personnes accompagnées ne maitrisaient pas ou peu la langue française parlée et/ou écrite. Ceci impacte l’accompagnement social lié au logement mené à bien car nous n’avons pas les moyens financiers pour faire appel à un traducteur. Certaines familles viennent avec un tiers qui traduit ou tente de le faire. Pour d’autres familles, cela n’est pas possible. Quoi qu’il en soit, notre travail est difficile et l’insertion de l’usager est ralentie.

53

13

8

7

20

8

2

0 10 20 30 40 50 60

Demande de logements sociaux et médiations

Recherche de logements privés et médiations

Saisine de la commission DALO

Orientation B.A.L

Demande d'accord collectif départemental

Foyers

Dossier D.D.E.L.I.N.D.

Démarches faites par familles lors d'un relogement

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LE SITE NEUHOF

Le S.H.R. Neuhof

Le Centre d’Hébergement d’Urgence Hivernal

"Lyautey"

Le Centre d’Hébergement d’Urgence Hivernal

"Jaurès"

6, rue Saint Exupéry – 67100 STRASBOURG

Tél. : 03 88 40 10 55

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I. LE S.H.R. NEUHOF

Membres de l'équipe en 2014 Surveillants

• Francis HESTIN - Surveillant-Coordinateur

• Salah MAKHLOUFI - Surveillant de nuit

• Patrick ZELLER - Surveillant de nuit

• Salahuddin SEDIGHI - Surveillant de jour les week-end

• Armand ARENZ - Surveillant remplaçant

• Robert BOYADJIAN - Surveillant remplaçant

• Oualid ELMAZOUNI – Surveillant remplaçant Agent d'entretien

• Manuella SCHNEIDER

• Danielle CAPELLARI - remplacement durant congés

Avec une approche constructive, loin de tout misérabilisme, les personnels du Service Hébergement Relais du Neuhof de l’association ANTENNE placent la dignité humaine et le respect de la personne au cœur de leur action, en permettant l’accueil et l’hébergement des personnes sans domicile fixe, orientées par le 115.

1. Présentation Générale

Le Service Hébergement relais du Neuhof est une catégorie d’établissement social intervenant dans la mise à l’abri de personnes isolées, couples, avec ou sans animaux, sans domicile fixe, dirigées par les services du 115. Le SHR se réfère de la compétence de l’Association Antenne. Le financement, le contrôle et le suivi de son action sont assurés par la DDCS du Bas-Rhin. Le SHR Neuhof a été créé à la diligence de la DDCS du Bas-Rhin et de la Préfecture du Bas-Rhin en mars 2008. Il est géré par l’Association Antenne dont le siège administratif se situe 9 rue Déserte, à Strasbourg. Le SHR Neuhof est un établissement de type éclaté, implanté dans le quartier du Neuhof. Son bureau d’accueil et ses logements se situent au 6 rue Antoine de Saint Exupéry à Strasbourg ; à 7 km du centre ville, sur l’axe nord-sud desservi par le TRAM, et par la ligne de bus n° 14 et 24.

2. Description de la structure

Le SHR Neuhof gère un parc de 10 logements CUS HABITAT au sein d’un immeuble situé 6 rue Antoine de Saint Exupéry dans le quartier du Neuhof.

• 1 logement de type F2 est réservé à l’accueil/secrétariat et à la chambre des surveillants, permettant ainsi de centraliser deux activités importantes du SHR, la fonction de gestion des logements, et le regroupement des activités qui sont régulièrement organisées par des stagiaires et des bénévoles.

• 9 logements de type F1, qui sont les lieux de mise à l’abri.

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Le Logement Accueil : Il est accessible tous les jours ouvrés de 18h00 à 09h00 et le samedi de 14h au dimanche à 13h. Il est composé d’une chambre pour le surveillant, d’une salle principale équipée d’un bureau et d’une pièce pouvant accueillir une dizaine de personnes, qui permet également de la transformer en salle d’activités. C’est un lieu de passage obligatoire dans le fonctionnement du SHR. Cela permet de contrôler les allées et venues des dirigés, ainsi que la récupération des couchages le lendemain matin. Il permet également de servir un petit déjeuner aux personnes qui le désirent avant leur départ. Les appartements : Les 9 appartements mobilisés pour la mise à l’abri, accueillent les personnes orientées, avec ou sans animaux. Détails des pièces des logements Superficie total par logement: 36 m² 103 -104 – 109 – 302 – 311 – 404 – 409 – 410 - 503 1 pièce de vie (salon chambre) : 22 m² 1 cuisine : 5 m² 1 WC salle de bain : 3 m² 1 couloir : 3 m² 1 loggia : 3 m²

Cuisine WC Salle de bain

Cuisine

Couloir d’entrée

WC Salle de bain

Pièce de vie

Loggia

Coursive

Placard

T1

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3. Le public accueilli

La mise à l’abri, oblige le SHR Neuhof à accepter un large public tel que :

• les hommes seuls

• les femmes seules

• les couples

• les personnes avec animaux

• des adultes toxicomanes, alcooliques

• des personnes qui doivent bénéficier d’un suivi médical spécialisé atteint du V.I.H., de l’hépatite C, etc.

• des personnes en traitement pour psychose, etc. Ces personnes sont de toutes origines, sociales, religieuses et ethniques, ce qui nous impose une réactivité très importante, et une approche constructive. La structure possède un agrément de 30 places. Depuis la fin de l’année 2013, les orientations réalisées concernent exclusivement un public féminin sans enfants. De ce fait, le SHR est devenu le plus important centre d’hébergement d’urgence sur Strasbourg pour ce type de public. L’admission Sont concernées les personnes à la rue repérées par les maraudes ou les différents services sociaux, et orientées exclusivement par les services du 115 et/ou la DDCS du Bas-Rhin. Les personnes accompagnées d’un animal de compagnie peuvent être prises en charge. Dirigées vers l’accueil du 6 rue Saint Exupéry, elles sont reçues par le coordinateur ou le veilleur, afin d’effectuer les formalités d’admission, qui, bien que succinctes, ne négligent en rien les règles de sécurité. (Lecture du règlement intérieur, inscription du nom, prénom, date de naissance, et de l’heure d’arrivée). Ouverture et fermeture des locaux Les horaires du lieu d’accueil sont les suivants :

• Du lundi au vendredi de 18h00 à 24h00

• le samedi – dimanche de 8h00 à 13h00 et de 14h00 à 24h00

• les jours fériés de 20h00 à 24h00 Les logements sont ouverts par les personnels du SHR Neuhof au fur et à mesure de l’arrivée des pensionnaires. Le départ des pensionnaires se fera au plus tard à 09h00 le lendemain matin sauf les week-ends. Après récupération du couchage et vérification de sécurité par les personnels de veille, les logements sont fermés à clefs. La réouverture momentanée est effectuée par l’agent d’entretien du SHR Neuhof pour effectuer l’entretien et la remise en état des locaux. Tout événement doit être indiqué, avec le maximum de détails (horaire, qui, quoi, où, comment, avec qui, avec quoi, dispositions prises, personnes prévenues, etc…), dans le cahier d’événements et sur la fiche de compte-rendu mise en place au local accueil du veilleur. Les charges et les difficultés de l’équipe Afin d’établir une liste exhaustive des tâches principales qui sont dévolues aux personnels du SHR Neuhof, il nous faut citer les diverses causes de sinistres possibles. Les personnels du SHR Neuhof ont principalement pour mission de dissuader les actes de malveillance : vols, effractions, dégradations des locaux, etc…

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Leur travail consiste à assurer la protection des biens et des personnes. Dans l’exercice de leur travail, les personnels se tiennent à un poste fixe (appartement 201) et effectuent des rondes dans les locaux aux horaires indiqués par le coordinateur. Ils doivent connaître l'emplacement des installations à surveiller et vérifient le bon fonctionnement des moyens de prévention mis en place (extincteurs, moyens d’alerte, téléphone et numéro d’urgence). Les mesures exigées pour éviter une intrusion, une effraction, un vol ou un cambriolage sont un certain nombre de mesures de protection préalables :

• protéger les locaux en fermant à clef les portes d'entrée

• fermer la nuit les fenêtres, les persiennes en bois plein ou des volets roulants en PVC

• rester vigilant, rester discret

• mettre en sécurité les objets de valeur

• fermer avec un cadenas les vestiaires individuels Il est très important de respecter les diverses consignes de sécurité. Dans le cas contraire la responsabilité des personnels peut être mise en cause. Le veilleur de service effectue des rondes : à 20h30 et 22h30, et deux fois dans la nuit aux heures fixées par le responsable du service. Au cours de ses rondes, il participe à la sécurité du bâtiment en contrôlant particulièrement :

• l’état général des installations sanitaires

• l’utilisation normale des appareils sanitaires

• l’état général des installations électriques

• l’utilisation normale des appareils électriques

• l’état général des installations de chauffage de l’eau

• l’utilisation normale de ces appareils Il rend compte de toute anomalie au responsable du service. Les personnes accueillies sont régulièrement (pour certaines) sous emprise de l’alcool ou de stupéfiant, voire le plus souvent des deux. Elles peuvent également être victimes de traumatisme plus ou moins grave, violence, chute, etc. Dans tous les cas les personnels du SHR Neuhof, ne sont pas habilités à remettre des médicaments, ni à prodiguer des soins (sauf 1ère urgence), mais ils doivent prévenir le 115, SOS médecin ou les services d’urgences (pompiers, SAMU, etc.) selon la gravité de la situation rencontrée.

L’utilisation d’appartements par d’autres associations au sein du même immeuble entraîne malgré tout, parallèlement, de nombreux problèmes de voisinage. Les troubles occasionnés par les hébergés des autres structures ont entrainé une recrudescence des problèmes causés par les jeunes du quartier : prise à partie de tous les hébergés de l’immeuble, jets et bris de vitres dans l’immeuble, dégradation de la porte d’entrée de l’immeuble, défécation dans les escaliers, ou diverses détériorations. Les jeunes ne font pas de différences entre les publics hébergés et veillés par Antenne, et les publics sans surveillance hébergés par les autres structures, et qui sont souvent à l’origine de troubles qui dérangent le quartier … Difficultés dues à l’état de santé des personnes orientées par le 115 :

Les femmes accueillies sont pour certaines sous emprise de l’alcool (très peu de femmes), de stupéfiant, de médicament ou de psychose , voire le plus souvent de plusieurs de ces facteurs. Elles peuvent également être victimes de traumatisme plus ou moins grave, violence, chute, etc. Dans tous les cas les personnels du SHR Neuhof, ne sont pas habilités à remettre des médicaments, ni à prodiguer des soins (sauf 1ère urgence), mais ils doivent prévenir le 115, SOS médecin ou les services d’urgences (pompiers, SAMU, etc.) selon la gravité du cas à traiter.

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Cette année, les problèmes relevés en 2014 sont en nette régression :

L’admission des femmes, le travail assidu et le non relâchement de la vigilance ont permis de diminuer, de façon significative, les actes de violences physiques et verbales, entre elles et envers les veilleurs. Les femmes admises semblent avoir passé le mot aux autres femmes que le SHR privilégie le calme et assure une sécurité des locaux à tout instant. Celles-ci se présentent souvent en connaissant déjà une partie du règlement et cela facilite grandement leur admission. L’utilisation d’appartements par d’autres associations (AAHJ, PARENTHESE, HORIZON AMITIES) entraîne parallèlement, des problèmes de voisinage qui se sont amplifiés ces dernières années. En effet, sans contrôle, ni présence régulière de la part des responsables des autres associations, de nombreux troubles sont relevés par les résidents, et nous sont immédiatement imputés. Malgré nos efforts et notre courtoisie, nous ne pouvons intervenir auprès de leurs pensionnaires, sauf dans les cas extrêmes requérant les forces de l’ordre ou les secours. Les contacts quotidiens avec les référents de l’AAHJ, ont permis de diminuer les problèmes ou désagréments avec leurs pensionnaires. Depuis le mois de mars 2015 et pour une période d’au moins deux ans, CUS habitat a engagé une campagne de travaux très importante sur le bâtiment : réfection de l’électricité, de l’isolation, changement des fenêtres, etc…, ce qui nous oblige à une plus grande vigilance, car, l’entrée et la porte ne sont plus fermées. Cela oblige l’agent d’entretien a un surplus de nettoyage quotidien car ces travaux produisent énormément de poussière et de détritus qui sont à peine enlevés par les entreprises travaillant sur le site. Le service attend avec impatience la fin de cette réhabilitation.

4. Analyse chiffrée

• Ouverture des places de mise à l’abri le 3 mars 2008 : 10 places

• Ouverture de 2 places supplémentaires le 31/10/2008

• Ouverture de 4 places supplémentaires le 12/12/2008

• Ouverture de 2 places supplémentaires le 22/04/2009

• Ouverture de 3 places supplémentaires le 01/06/2012

• Un passage à 27 places à partir du 11/11/2013 est accepté par la DDCS.

• Une convention pour l’accueil de 30 femmes est signée en début d’année 2014.

• Nombre de nuitées mobilisées par le 115 pour l’année 2015 : 10 949

• Nombre de nuitées effectives réalisées pour l’année 2015 : 10 881

• Taux de remplissage pour l’année 2015 : 99,38%

• Nombre de femmes différentes accueillies en 2015 : 320

• Moyenne de nuitées par femmes accueillies : 33,79 nuitées Typologie des femmes accueillies :

• Femmes de 18 à 25 ans : 60

• Femmes de 26 ans à 59 ans : 222

• Femmes de plus de 60 ans : 38

• Femmes des régions de l’Afrique de l’ouest : 28%

• Femmes des régions de l’Est de l’Europe : 68%

• Les 4% restant représentent des femmes provenant de pays de la CEE

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Attentes et demandes des femmes accueillies : Les femmes accueillies se retrouvant souvent sans ressources ou sans endroits pour attendre leur admission au SHR Neuhof n’ont guère de solution pour la journée. Elles demandent donc souvent s’il n’est pas possible de rester la journée en semaine dans les chambres. Leurs attentes complémentaires seraient une restauration sur place, mais également une pièce commune pour pouvoir échanger entre elles, éventuellement voir des programmes TV. Nous avons opté pour une solution de transition avec l’autorisation de visites entre-elles (en avertissant le coordinateur ou le veilleur) jusqu’à 22h00. Il serait donc intéressant de trouver un bâtiment susceptible de répondre à ces demandes. Cependant, le domaine du parc immobilier de Strasbourg étant saturé, nos recherches restent pour le moment vaines. Activités prévues pour l’année 2016 : Le propriétaire et gestionnaire du bâtiment, CUS HABITAT, continue la réfection externe et interne du bâtiment. Il le remet aux normes en y installant le double vitrage et de nouveaux volets. Il fera effectuer des travaux d’embellissement et de réfection de l’extérieur et des parties communes. Le Coordinateur et les personnels du SHR en profiteront, dès la fin des travaux pour vérifier et remettre en état les différents appartements. Ils réafficheront les diverses notes obligatoires (règlement, personnes à prévenir en cas de problème, etc…). Ils vérifieront que le système électrique ou la plomberie n’ont pas été endommagés pendant les travaux, et feront si nécessaire les demandes de travaux auprès de CUS HABITAT. Conclusion : Les personnels de la structure s’investissent grandement dans leur mission d’accueil. Malgré une sollicitation importante de la part du coordinateur, ils répondent toujours présents. Un grand nombre de femmes hébergées font part de leur satisfaction d’être accueillies au sein de la structure. Elles l’expriment, soit directement en disant merci, soit par des gestes touchants, comme en donnant aux veilleurs un bonbon, un fruit, un sourire...

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II. LE CENTRE D'HEBERGEMENT D'URGENCE HIVERNAL

"LYAUTEY"

Membres de l’équipe en 2015 : Coordinateur : Julien PRUVOST Accueillants : Joëlle PONSING Haroutiun YEZIKIAN Veilleurs : Armand ARENZ Elyas CHAMSADEH Oualid ELMAZOUNI Jérôme FLORENT Jean-Pierre LAMBINET Patrick Jean-Paul ZELLER Agent d'entretien : Danièle CAPELLARI

Le Centre d’Hébergement Hivernal « Lyautey » est une structure d’hébergement d’urgence mise en place dans le cadre d’un renforcement temporaire du nombre de places d’hébergement d’urgence proposées aux personnes sans domicile fixe par les services de l’Etat durant la période hivernale. Ce bâtiment qui fut un temps un Centre Médico-Psychologique (l’ex CMP Pinel) vacant depuis 2013, a été mis à disposition par le Ministère de la Défense à la Direction Départementale de la Cohésion Sociale du Bas-Rhin dans le cadre d’une réquisition préfectorale du 09 novembre 2015 au 30 Mai 2016 afin d’y aménager un Centre d’Hébergement d’Urgence Hivernal. Pour reprendre la description d’une arrivée au Centre d’Hébergement Hivernal Lyautey revenons à la description donnée dans les rapports d’activité précédents : Venir à Lyautey, c’est déjà opérer un déplacement géographique, du centre-ville autour duquel s’organise le quotidien des personnes sans-domicile-fixe jusqu’à ce(tte) (ban)-lieu(e), à 4 km de la place Kléber, et à 24 minutes de tram de la gare centrale. Situé dans l’enceinte de l’ancien hôpital militaire sis au 1 rue des canonniers dans le quartier du Neuhof, il jouxte le centre d’Hébergement d’Urgence pour Demandeurs d’Asile géré par le Foyer Notre-Dame. L’entrée dans l’enceinte de l’ancien hôpital militaire est marquée par plusieurs étapes de passages physiques comme symboliques : d’abord le passage d’une petite porte en ferraille ; puis, une fois entré sur le site de Lyautey, il faut encore marcher une cinquantaine de mètres avant d’arriver devant le bâtiment qui abrite le Centre d’Hébergement Hivernal de Lyautey. Là, on ouvre une première porte, on traverse un sas d’entrée, sorte d’interstice entre le dehors et le dedans, puis on passe une deuxième porte qui marque l’entrée dans notre hall d’accueil. Quelques mètres plus loin, on trouve le comptoir symbolisant l’accueil derrière lequel sont installés les accueillants : c’est là que les personnes sont inscrites le jour de leur arrivée, là que chacun est reconnu à chaque retour le soir par un « bonsoir » toujours personnalisé.

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Il est encore un passage qui est marqué symboliquement : lors de l’arrivée au moment des orientations, les personnes sont de l’autre côté du comptoir tant que les premières formalités d’inscription sont en cours, que le règlement de fonctionnement leur est explicité. Elles passent de l’autre côté dès lors qu’elles ont été admises dans la structure et elles sont alors accompagnées jusqu’à leur chambre par un accueillant qui les y introduit. Tout le cheminement décrit ci-dessus procède de rites de passage qui permettent de structurer le rapport des personnes avec le cadre qui leur est proposé. Cette structure d’hébergement est ouverte dans ces locaux pour la troisième année consécutive, il s’agit donc d’une reprise de l’activité d’hébergement d’urgence dans ces lieux.

Le bâtiment : C’est un bâtiment de plain-pied, en deux parties ce qui permet de marquer la séparation entre les chambres accueillant les femmes, les couples et les familles (bâtiment A) et celles accueillant les hommes (Bâtiment B). D’une capacité de 60 places en cas de grand froid, le bâtiment peut ainsi accueillir un public d’hommes et/ou de femmes isolés, ou en couple, avec ou sans animaux. Au niveau des sanitaires : des toilettes sont à disposition des personnes accueillies dans chaque partie du bâtiment, dont une toilette pour personnes à mobilité réduite. Des toilettes ainsi que la cuisine ont été réservées à l’usage des salariés de la structure. Deux douches étaient en place à notre arrivée, mais les contraintes techniques, à savoir un ballon d’eau chaude à autonomie insuffisante, ainsi que leur disposition dans le bâtiment (dans des pièces destinées aux chambres), nous ont amenés à devoir renoncer à leur utilisation. En effet, nous n’aurions pu proposer à toutes les personnes la possibilité de prendre leur douche et la gestion quotidienne aurait été trop lourde au regard de nos moyens humains. Néanmoins, une carte permettant de bénéficier d’un accès gratuit aux douches des bains municipaux est remise aux personnes sur demande.

L’accueil :

Il est matérialisé par un comptoir à l’entrée du bâtiment, déjà en place lors de notre arrivée. Les personnes qui entrent à Lyautey se retrouvent ainsi face à ce comptoir derrière lequel sont installés les accueillants. Une séparation a été matérialisée entre l’espace de travail des accueillants/veilleurs et l’espace de convivialité, afin de permettre une meilleure prise en compte de la confidentialité des informations, et de marquer symboliquement les espaces interdits et les espaces autorisés, élément structurant pour les personnes accueillies. En pratique cette séparation est délimitée par deux meubles où sont entreposés tous les outils de travail de l’équipe d’accueillants et de veilleurs (bureautique, draps, etc.) Pour autant, l’aménagement de l’espace d’accueil a été pensé de façon à favoriser la convivialité, des chaises ont été mises en place autour d’une grande table. Des journaux gratuits y sont mis à disposition quotidiennement, ainsi que la presse quotidienne de manière régulière. Nous proposons également aux personnes accueillies des carafes d’eau et des gobelets. Ceci donne lieu à de surprenantes rencontres autour de la table et vient participer d’une ambiance qui favorise les échanges et contribue à un espace commun à passer et partager qui constitue pour chacun un apprentissage de la tolérance et de l’ouverture.

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Fonctionnement du Centre d’Hébergement Hivernal de Lyautey :

La structure est ouverte du lundi au vendredi de 17h à 8h du matin, et en 24/24h le week-end et jours fériés. Les personnes sont accueillies le soir de 17h à 23h par l’équipe d’accueillants, les veilleurs de nuit prennent le relais à partir de 23h. Le réveil est effectué entre 7h et 7h15, une collation (thé, café, brioches) est proposée aux personnes qui doivent quitter la structure à 8h. L’agent d’entretien intervient elle en matinée quand le public est sorti de la structure. Les personnes sont orientées par le 115 pour 7 nuits, elles doivent se présenter à la structure entre 17h et 18h ou dans l’heure suivant leur orientation. A leur arrivée, un temps d’accueil qui est aussi d'admission, lors duquel le fonctionnement de la structure et son règlement intérieur sont expliqués aux personnes accueillies et repris par la suite s’il en est besoin. Le jour de l’admission il leur est remis une paire de draps et une taie d’oreiller, puis un accueillant accompagne la personne prise en charge jusqu’à la chambre où un lit lui est proposé. Les draps sont remis aux veilleurs les jours de sortie. Un prestataire extérieur se charge du nettoyage du linge et de la livraison du linge propre. Il n’y pas de service de restauration proposé sur place ; néanmoins, un four à micro-ondes est mis à disposition dans l’espace commun afin qu’elles puissent faire réchauffer des plats cuisinés et autres denrées que les personnes peuvent amener. Et ponctuellement lors d’une occasion particulière comme les fêtes de Noël, nous avons proposé un grand buffet froid aux personnes hébergées et présentes ces jours-là.

L’équipe est composée : - d’un coordinateur à vocation sociale - de deux accueillants, - de deux veilleurs de jour intervenant en journée le week-end et jours fériés. - de quatre veilleurs de nuit, intervenant en binôme - et d’une agent d’entretien

Rôle des accueillants :

Le rôle des accueillants est dans un premier temps celui d’assurer l’accueil des personnes orientées par le 115, et de répondre ou de relayer leurs demandes éventuelles. L’équipe essaye ainsi d’être à l’écoute des demandes du public et de se montrer la plus bienveillante possible. Car au-delà du rôle opérationnel porté par les accueillants, en terme de gestion des entrées/sorties des personnes de la structure et de leur matérialisation (notes dans le cahier dédié, déplacement des fiches sur le tableau, etc…) il se joue d’autres choses dans cette fonction d’accueillant. Le fait que les accueillants sont en permanence dans le hall d’accueil implique un « être avec » qui est une invitation à la rencontre et à l’échange et donc à tout ce qui peut se jouer dans la relation à l’autre… Leur présence constitue un élément d’apaisement au sein de la structure, permet de désamorcer d’éventuels conflits et de porter une attention particulière aux signes de mal-être, d’angoisse, de nervosité manifestés par les personnes présentes en ce lieu. Notre équipe d’accueillants est composée d’un homme et d’une femme, cette mixité que l’on retrouve au sein de l’équipe permet à chacun d’entrer en relation avec l’un et/ou l’autre sur des modes de communication différents. De plus, notre accueillant maîtrisant les langues russe et arménienne, cela facilite grandement la communication avec les personnes russophones.

Rôle des veilleurs :

Ils sont présents aux deux moments clés du quotidien : le coucher et le réveil. L’extinction des feux est prévue à 23h, mais il y a de la souplesse et bien souvent, il y a encore de la vie au moment où les veilleurs prennent leur service.

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Dès lors, ils participent de fait à cette dimension de l’ « être avec » évoqué plus haut, d’autant plus qu’ils sont chargés du réveil des personnes le matin, de la préparation du petit-déjeuner (quelques brioches, du thé et du café mis à disposition sur la table commune), parfois de l’accueil de personnes orientées tardivement ou accompagnées par la maraude. C’est bien souvent lors de ces moments charnières dans le quotidien que se révèlent les angoisses des personnes accueillies et les veilleurs se doivent d’être présents pour rassurer par leur présence, voire contenir les angoisses, dans ces moments. Les veilleurs ont pour consigne de ne pas prononcer eux-mêmes de sanction mais de tenter de résoudre ou du moins de calmer les sources de conflit par de la parole tant qu’elle est suffisante ou en invitant la personne à sortir de la structure si nécessaire et d’en référer au coordinateur, le lendemain, s’il y a lieu de revenir sur l’événement/incident ou s’il faut poser une sanction (avertissement, demande de réorientation pour exemple).

L’organisation du travail, la temporalité de l’accueil, entraînant des temps d’interventions décalés, il est essentiel d’aménager des temps privilégiés d’échanges informels dans l’équipe. Ce temps permet de prendre connaissance des notes prises par les veilleurs dans le cahier d’observation, de préparer l’accueil des personnes les jours d’orientation et de renouvellement, Mais il permet également de prendre le temps de se parler, d’échanger autour de situations qui questionnent ou qui préoccupent, de revenir sur une situation conflictuelle qui a laissé des traces…

Le passage de relais le soir entre les accueillants et les veilleurs reste malheureusement trop court, puisque l’arrivée des uns sonne le départ des autres. C’est pourtant là que se joue la dimension de travail en équipe, qui n’est pas donnée d’emblée mais relève bien d’une lente construction. Le coordinateur a un rôle de pivot à cet endroit-là puisque c’est lui qui fait lien entre les différents membres de l’équipe et il faut se prendre de nombreux temps d’échanges avec les uns et les autres, parfois tard le soir. Suite au constat déjà posé les années précédentes concernant le décalage de l’équipe du week-end par manque de temps communs de transmissions, un temps de passage de relais a été institué : les deux veilleurs de jour intervenant les week-ends rencontrent chaque vendredi soir le coordinateur et les accueillants pour un temps d’échanges qui leur permet de s’inscrire pleinement dans la continuité du travail effectué les autres jours de la semaine passée.

Rôle du coordinateur :

Le coordinateur est chargé de la mise en œuvre de la mission de mise à l’abri confiée par les services de l’Etat, de veiller à l’application de ses directives, mais aussi de les faire traduire sur le terrain avec les équipes. Garant du cadre, il fait tiers dans la relation personnes hébergées/accueillants/veilleurs. Au quotidien, le coordinateur doit être vigilant la recherche de cohérence dans le travail accompli par les uns et les autres équipiers et ce dans leurs temporalités particulières à chacune (équipes d’accueil/équipes de nuit/agent d’entretien), le coordinateur doit ainsi faire le lien entre les uns et les autres et transmettre les informations utiles autant qu’être à l’écoute des équipes. Dès lors, il doit prendre connaissance des notes laissées par les veilleurs la nuit précédente, revoir en entretien les personnes pour lesquelles une reprise s’avère nécessaire et poser les sanctions adéquates le cas échéant. Porteur de projet et de propositions concrètes, il met en place les outils permettant l’amélioration du service rendu aux personnes accueillies et en assume la communication en interne comme à l’externe auprès des partenaires. Le coordinateur a également le rôle de communiquer sur ce qu’il se passe à l’intérieur de la structure vers l’extérieur et un devoir de rendre compte à sa hiérarchie et au-delà, aux financeurs et partenaires de l’opération ; c’est ce qu’il s’attache à faire à travers les écrits adressés aux partenaires institutionnels.

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Le Compte Rendu quotidien de l’activité du Centre d’Hébergement Hivernal :

Il s’agit d’un écrit quotidien adressé aux partenaires institutionnels (DDCS67, SIAO/115) dont l’objet est de dire quelque chose de ce qui se vit au quotidien dans une structure d’hébergement d’urgence accueillant des personnes SDF durant un hiver. C’est une mise en mots « à chaud », qui dit quelque chose de la réalité vécue soir après soir par l’équipe, par l’intermédiaire du coordinateur. Cet écrit est envoyé par courriel chaque soir en fin de service et accompagne un tableau Bilan chiffré des orientations et nominatif des effectifs présents chaque soir dans la structure. Les modalités d’orientation au Centre d’Hébergement Hivernal Lyautey :

Les modalités d’accueil des personnes ont été affinées au cours des 3 périodes d’ouverture et de fonctionnement de ce centre d’hébergement d’urgence. Le moyen d’accès premier et privilégié reste la ligne téléphonique du 115 que les personnes en demande d’hébergement peuvent contacter chaque jour à partir de 15H. Les services du 115 peuvent répondre directement à la demande d’hébergement formulée en proposant une orientation d’une durée initiale de 7 nuits. C’est le mode d’orientation classique qui est connu et intégré par le public et les partenaires, celui qui permet d’avoir la possibilité d’être accueilli en urgence et de maintenir le principe d’inconditionnalité de l’accueil pour toute personne en demande d’un hébergement. La mission confiée par la DDCS du Bas-Rhin consiste en premier lieu en une mise à l’abri d’urgence mais avec l’idée de permettre à un certain nombre de personnes repérées de « se re- poser » quelques nuits et de s’engager en journée dans des démarches de réinsertion. Dans le cadre de la mission conventionnée avec les services de l'Etat (DDCS) de mise à l'abri d'urgence via le SIAO/115, il existe aussi des demandes non-écrites, non-conventionnées, mais néanmoins mises en application, pour proposer ce que l'on appelle les "places stables" ou les "places maraudes".

- Des places mises à disposition des maraudes :

Au moment où nous avons ré-ouvert le Centre d’Hébergement d’Urgence de Lyautey, à la demande conjointe de la DDCS et du SIAO67, nous avons mis à disposition des maraudes :

- 2 places « maraudes » pour des femmes, à la nuitée - 2 chambres « maraudes » pour des familles, pouvant accueillir jusqu’à 10 personnes.

Ces chambres réservées pour les maraudes, permettent à ces dernières, qui se relayent chaque soir en période hivernale, de répondre aux signalements faits par le 115, pour aller rencontrer des personnes sans abri en situation de vulnérabilité (femmes isolées ou familles sans solution d’hébergement dans notre cas) et pouvoir leur proposer une mise à l’abri pour la nuit. Ces places ont été mises à disposition des maraudes jusqu’au 22 décembre, date à laquelle elles ont pu être transférées au Centre Hivernal Jean Jaurès, autre lieu d’hébergement géré par l’association. Dans la pratique, en plus de la réponse quotidienne à l’urgence par les places de mise à l’abri que nous pouvons proposer, notre dispositif s’inscrit, en tant qu’acteur et opérateur de l’hébergement d’urgence, dans un schéma d’accueil et d’hébergement plus global. Le Service Intégré d’Accueil et d’Hébergement (SIAO) a été pensé comme étant le pivot à l’échelle d’un département de cette organisation et de mise en coordination des dispositifs d’accueil, d’hébergement et de veille sociale. L’existence de cet opérateur centralisant les offres d’hébergement (places disponibles) et les demandes d’hébergement formulées (auprès des écoutants du SIAO ou via un dossier de demande rempli avec un référent social et envoyé au SIAO67), doit permettre d’avoir une lecture globale sur l’offre et la demande d’hébergement sur le département.

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Depuis sa création en novembre 2010, le SIAO67 a évolué et a effectué un changement de paradigme en tentant de faire correspondre l’offre d’hébergement avec les demandes en terme de besoins des personnes. En effet, pour des personnes connues et repérées par le SIAO67, il peut être pertinent de proposer des places d’hébergement pour y poser des personnes pour une période de 15 jours renouvelables. L'idée étant de permettre à ces personnes repérées/identifiées par le SIAO/115 de bénéficier d'un hébergement plus "stable", lors de la période hivernale, afin qu'elles puissent "se poser" et réengager des démarches auprès d'un référent social et trouver une solution d'hébergement ou de relogement au cours ou à la fin de la période hivernale.

- Des places « stables » pour des personnes pré-orientées par le SIAO :

Ce type de prise en charge proposé, pour certaines personnes, implique de travailler en collaboration étroite avec les services du SIAO. Dans la pratique, le coordinateur fait des retours au SIAO67 sur les personnes que ses services ont orientées au Centre d’Hébergement Hivernal de Lyautey. Il leur fait part de ses observations et de celles de l'équipe d'accueil, apporte tout élément susceptible d'éclairer la décision de la commission en terme de renouvellement ou de permettre au SIAO d'affiner ses préconisations en terme d'orientation vers un autre dispositif d'hébergement ou vers du logement d'insertion. Sauf avis contraire du coordinateur , les nouvelles personnes sont orientées dans le service pour quinze jours renouvelables autant de fois que nécessaire comme indiqué ci-dessus, selon des critères "non écrits" d'assiduité dans l'accompagnement social (rôle du référent) et de respect du cadre posé par le service. Le coordinateur comme l’équipe essaye de donner un sens à cette prise en charge, tout en essayant d’amener la personne à se mettre dans une dynamique de sortie. Le temps d’une période hivernale, ce dispositif se rajoute à ceux existants le reste de l’année. On parle d’ailleurs de « places de renfort hivernales » pour classifier ce dispositif. Du fait que notre structure reste relativement nouvelle dans le paysage local, nous pouvons ainsi tenter d’accueillir des personnes qui ne trouvent plus de places dans le reste du dispositif d’hébergement car en tant que structure nouvelle, nous pouvons être une alternative en matière d’accueil et d’hébergement. Nous essayons d’ailleurs dans cet esprit d’être un nouveau lieu d’accueil et d’être une nouvelle rencontre dans le parcours des personnes que nous sommes amenés à accueillir. Il s’agit en effet pour nous d’accueillir l’autre tel qu’il est, avec bienveillance et dans une approche dénuée de jugement. Nous constatons que la structure est identifiée par les partenaires (DDCS, SIAO/115) comme "en capacité" de prendre en charge des publics en grande difficulté. Mais le fait de prendre en charge ces publics spécifiques implique aussi pour la structure de faire preuve d’une capacité d’adaptation en matière de pratiques d'accueil et d'accompagnement. Certaines orientations nous amènent ainsi à devoir nous adapter en terme de prises en charge, ce que nous expérimentons chaque soir. Nous constatons que la structure est identifiée par les partenaires (DDCS, SIAO/115) comme étant "en capacité" de prendre en charge des publics en grande difficulté, certains nous sont ainsi orientés après la mise en échec des prises en charge précédentes (stabilisation, CHRS, voire autres structures d’hébergement d’urgence, ou encore des fins de parcours dans l’asile…) Le fait d’avoir à prendre en charge ces types de publics spécifiques implique pour la structure de faire preuve d’une capacité d’adaptation en matière de pratiques d'accueil et d'accompagnement, il s’agit quelque part d’être en capacité de s’adapter à l’autre et d’individualiser la prise en charge… Certaines orientations nous amènent ainsi à devoir nous adapter en matière de prises en charge, ce que nous expérimentons chaque soir.

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Nous nous trouvons aussi confrontés au quotidien à un certain nombre de limites qui peuvent représenter des difficultés pour prendre en charge certaines personnes et personnalités : ainsi l’hébergement en chambrée collectives et la promiscuité que cela implique n’est pas simple à vivre pour certaines personnes, et il s’agit alors de trouver une place pour chacun dans les limites tolérées par les autres. De même certaines limites matérielles, comme le fait de ne pas pouvoir proposer de douches sur le lieu d’hébergement par exemple, rend la prise en charge de certaines personnes délicate, notamment de personnes qui présentent des problématiques à la frontière du social (errance), du sanitaire (hygiène), et du médical (addictions, incontinence voire incurie). La problématique suivante se pose, dès lors : comment améliorer la prise en charge des publics les plus en difficulté, dans le respect des droits et libertés de la personne accueillie, en adoptant le principe de "haut seuil de tolérance" tout en maintenant une équité de traitement et en conservant une cohérence d’ensemble nécessaire dans le fragile équilibre qu’est une structure d’hébergement collective. Tous ces éléments nous invitent à penser à une façon de construire une prise en charge en hébergement d’urgence qui ne fasse pas l’économie de moyens, ni d’une remise en question permanente des pratiques instituées… Eléments chiffrés généraux pour la période du 18/11/2015 au 31/12/2015

Au cours cette période, et en prenant en considération l’ouverture progressive des places selon le calendrier suivant :

− Ouverture le 18/11/2015 avec 14 places en roulement 115 (pour des hommes/femmes isolées) et 6 places mises à disposition des maraudes (orientation possible de 2 femmes isolées et d’une famille.)

− Puis à partir du 27/11 jusqu’au 11/12/2015 : 20 places mise à disposition du 115/SIAO67 et 6 places mises à disposition des maraudes

− Du 12/12 au 22/12/2015 : 25 places mises à disposition du 115/SIAO6 et 5 places pour les maraudes

− A partir du 23/12/2015 : 30 places mises à disposition du 115/SIAO67 , les chambres maraudes basculées en appartements à Jean Jaurès.

Un total de 1136 nuitées a été effectivement réalisé :

- 776 nuitées en roulement 115 avec un taux d’orientation effectif de 97.8%

- 200 nuitées en places « stables »

- 160 nuitées en maraudes (familles et femmes isolées)

Soit un taux d’occupation global de 96%. Ci-dessous, un aperçu sur l’occupation du Centre d’Hébergement Hivernal sur un mois complet : le mois de décembre 2015.

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119

Au-delà du chiffre de 1136 nuitées réalisées, sur 44 nuits d’ouverture, cela représente 196 personnes différentes hébergées du 18/11 au 31/12/2015 Eléments quantitatifs par rapport au public hébergé :

0

5

10

15

20

25

30

35

40

01

/12

/20

15

02

/12

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15

03

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15

04

/12

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15

05

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15

06

/12

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15

07

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15

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/12

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15

09

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15

10

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15

11

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15

12

/12

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15

13

/12

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15

14

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15

15

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15

16

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15

17

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15

18

/12

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15

19

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15

20

/12

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15

21

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15

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15

23

/12

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15

24

/12

/20

15

25

/12

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15

26

/12

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15

27

/12

/20

15

28

/12

/20

15

29

/12

/20

15

30

/12

/20

15

31

/12

/20

15

Occupation du Centre Hivernal Lyautey en décembre 2015

Nbr Places Mobilisables Nbr de places occupées

9; 5%

106; 62%

44; 26%

12; 7%

Répartition par statut civil

Homme en couple

Homme isolé

Femme isolée

Femme en couple

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Le public accueilli se répartit comme suit - 44 femmes isolées - 12 femmes en couple

- 106 hommes isolés

- 9 Hommes en couples

Si le public accueilli reste donc majoritairement masculin (près de 60 %), près d’un tiers de femmes a été hébergé sur la même période. Le fait que nous ayons mis des places à disposition des maraudes pour des orientations de femmes isolées et de familles a eu un impact non négligeable sur la répartition homme/femme. De plus dans le cadre de ces « places maraudes » 15 familles ont été orientées à la nuitée, dont 56 adultes et 25 enfants. Un seul homme a été accueilli avec son chien, l’exception qui confirme la règle ou démontre que l’accueil de personne avec animal est possible. La répartition par statut administratif :

64%

23%

8%

5%

Répartition par Statut administratif

DA

DC

EU

NR

Statut DA ou issus

Droit

Commun

Union

Européenne

Statut Non

Renseigné

Nombre 127 40 16 13

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L’Age des personnes hébergées au Centre d’Hébergement Hivernal de Lyautey :

Précisions : la personne la plus âgée que nous avons été amenés à héberger était âgée de 79 ans. En dehors des orientations de familles via la maraude, nous ne sommes pas habilités à accueillir des mineurs isolés. Les 25 mineurs hébergés correspondent donc aux enfants des familles orientées via les maraudes.

25

35

27

22

16

18

15 15

10

8

4

1

0

5

10

15

20

25

30

35

40

Public par tranche d'Age

Mineurs 25

18 à 25 ans 35

26 à 30 ans 27

31 à 35 ans 22

36 à 40 ans 16

41 à 45 ans 18

46 à 50 ans 15

51 à 55 ans 15

56 à 60 ans 10

61 à 65 ans 8

66 à 70 ans 4

70 ans et + 1

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Référents connus des personnes hébergées au Centre d’hébergement Hivernal de Lyautey :

Référents Nombre personnes

suivies Référents

Nombre personnes

suivies

115 15 Cimade 2

Antenne 1 Croix-rouge 67 2

Accueil Printemps 6 CSPA 2

ALT-CAS 1 Entraide Le Relais 4

CARITAS 12 EPSAN 1

CASAS 6 NHC 5

CCAS 11 Femmes de Parole 2

CAHM 3 L'Etage 4

CMS CUS 6 Médecin Du Monde 3

CG 67 2 PADA 67 77

SPIP 2 Non Renseigné 26

RSAvenir 3

0

10

20

30

40

50

60

70

80

Répartition par référent social

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Le point sur les places « stables »

9 personnes ont été accueillies en places « stables », dont :

- 1 femme - 8 hommes

2 d’entre elles nous ont été orientées via le 115 dès le démarrage de la structure 1 femme isolée nous a été orientée dès le lendemain et 2 hommes de plus de 65 ans dès la fin de la première semaine Les 4 dernières orientations ont eu lieu la deuxième et troisième semaine du mois de décembre. Ce qui explique la répartition suivante en nombre de nuitées à Lyautey :

Si au 31/12/2015, il n’y aucune sortie vers d’autres dispositifs à signaler pour

les personnes accueillies en places « stables », plusieurs réorientations sont

en cours et certaines sont d’ores et déjà prévues pour le début d’année 2016.

Ainsi un jeune homme est en attente d’une admission dans un CHRS

spécifique pour l’accueil d’un public de jeune(s) adulte(s), un autre en

attente d’une place de stabilisation à l’Hôtel du Château d’Eau.

La seule femme accueillie sur ces places stables est en attente d’un

appartement à intégrer avec glissement de bail possible dans le dispositif

régularisé. Un homme est lui en attente de son relogement, suite à son

expulsion locative et malgré le fait que la commission DALO ait statué qu’il soit prioritaire pour un logement

dans le parc public.

Des réponses en terme de réorientation voire de relogement ont pu être trouvées et proposées aux personnes

relevant du droit commun sur ces places stables au début de l’hiver… Et leur sortie positive permettra de

proposer cette expérimentation d’une orientation transitoire à d’autres personnes cet hiver encore…

Mais comme nous le présagions dès leur orientation, pour des personnes dont le statut (DA en cours de

régularisation, ressortissants européens) est précaire en l’absence de ressources et de perspectives

d’insertion, la question de leur sortie pourrait se poser plus cruellement à la fin de la période hivernale.

Nombre de nuitées en places

stables :

Nombre

de nuits

Nombre

personnes

de 0 à 14 3

de 15 à 20 1

de 21 à 30 1

de 31 à 47 4

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III. LE CENTRE D'HEBERGEMENT D'URGENCE HIVERNAL

"JAURES"

Le lancement de l’opération hivernale d’urgence sur le site de Jean Jaurès est une opération de mise à l’abri. Cette opération consiste à offrir un hébergement temporaire pour la période hivernale. Elle s’est mise en place au profit de familles « déboutées1 » et de femmes isolées sur Strasbourg. Cette opération est financée par la Direction Départementale de la Cohésion Sociale du Bas-Rhin.

1. Le lancement de l’opération

La formation d’une équipe : départ mercredi 11 novembre Le recrutement de l’équipe s’est effectué au mois de novembre. La première réunion d’équipe a eu lieu le mercredi 11 novembre. Cette première réunion a permis de faire connaissance, de présenter le cadre de travail, la mission qui nous réunissait et les objectifs de chacun. L’équipe du site Jean Jaurès se compose d’un coordinateur d’équipe et de 10 accueillants (veilleurs), permettant ainsi que le futur bureau d’accueil soit ouvert en permanence : jour et nuit, semaine et week-end. Point au 31 décembre sur la formation de l’équipe : L’équipe de Jean Jaurès étant complètement nouvelle, il a fallu mettre en place une organisation répondant rapidement aux besoins de la mission tout en facilitant la coordination des membres de cette nouvelle équipe. Quelques soucis sont apparus assez tôt dans la compréhension des consignes et l’application de celles-ci. Le cadre se devait donc d'être plus clair en précisant le rôle et les tâches de chacun. Des efforts continuels ont été faits dans ce sens en multipliant les rappels du cadre de travail et des taches à effectuer (consignes écrites et orales, présence du coordinateur plus poussée pour certains). Dans l’ensemble, le travail a été effectué correctement et de nettes améliorations ont pu être constatées. Même si parfois le résultat attendu n’était pas celui escompté, les efforts de certains pour s’améliorer ont été nettement remarqués.

• Remise en état du lieu d’hébergement Déblayage de l’extérieur et nettoyage du lieu d’hébergement : durée deux semaines Le 16 novembre a été menée la première action sur le terrain qui a duré deux jours. Celle-ci a consisté à déblayer l’extérieur du lieu d’hébergement ainsi que l’intérieur de ce lieu où de nombreux objets avaient été laissés pendant la vacance du lieu. Après cela, le nettoyage des appartements et le montage d’une partie des lits ont pu commencer. Cette dernière action a duré deux semaines (16 appartements en tout). Le 02 décembre 2015 nous avons reçu la dernière livraison de 7 palettes de lits en kit à monter et de matelas, soit 90 lits et matelas. L’ensemble des lits ont pu être définitivement montés le 15 décembre.

• Rénovation et sécurisation du bâtiment

Le lieu d’hébergement, soit 16 appartements au total, devait être remis en état de fonctionnement en ce qui concerne la plomberie, l’électricité et le chauffage.

1 Ou famille dites « aux droits incomplets ». « Débouté » est un terme juridique qui signifie « rejetée ». Ce sont donc des familles dont la demande d’asile a été rejetée en dernière instance par la Cour national de la demande d’asile. Ces familles se retrouvent alors dans l’obligation de quitter le territoire et sans droit sur le territoire français.

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125

Chauffage : la plupart des chaudières équipant les 16 appartements ayant été vandalisées, nous avons dû trouver une solution efficiente et rapide permettant de chauffer les lieux avant l’arrivée des premières familles. La solution trouvée satisfaisante par toutes les parties réunies autour de ce projet a été celle de louer une chaudière au fioul. L’entreprise IDEX a ainsi mis en place une chaudière installée à l’extérieur dans un container. Celle-ci relie, par des canalisations percées dans les sols de chaque appartement, les divers radiateurs. Cette opération a duré deux semaines et la chaudière a pu être fonctionnelle presqu’en même temps que l’arrivée des toutes premières familles. Plomberie/électricité : l’entreprise IDEX est chargée de rénover le bâtiment en robinetterie/plomberie et électricité. Sécurisation des lieux : L’entreprise MAYER métallurgie s’est chargée de sécuriser les lieux. Elle a ainsi cloisonné certains accès, sécurisé le toit d’un bâtiment annexe qui menaçait de s’effondrer et, à la demande du propriétaire, sécurisé chaque fenêtre et porte d’entrée du rez-de-chaussée. La plupart des portes d’entrée du bâtiment et des appartements ayant été forcées, nous avons dû changer toutes les serrures. Un passe unique permet l’ouverture de tous les appartements et portes d’entrée d’immeuble. Certains travaux au 31 décembre 2015 restaient encore à faire. L’entreprise IDEX a éprouvé quelques difficultés à installer une chaufferie qui fonctionne correctement sans discontinuer. Plusieurs fois la chaufferie s’est éteinte. La machine s’est même emballée (fumée blanche et surchauffe). Le chauffage fonctionne correctement depuis mi-décembre (brûleur changé).

2. L’arrivée des premières familles et la montée en charge progressive

Les personnes orientées par le SIAO à Jean Jaurès le sont soit dans le cadre d’une orientation définitive, c’est-à-dire jusqu’à fermeture de la structure Jean Jaurès à la fin de la période hivernale, soit dans le cadre des maraudes, c’est-à-dire orientées pour habituellement une seule nuit.

• Familles hébergées définitivement

Le 27 novembre 2015 ont été orientées 4 familles par le SIAO2 vers le nouveau dispositif d’accueil de Jean Jaurès, soit 21 personnes au total. La rénovation des lieux étant progressive, notre capacité d’accueil l’est tout autant. Au 18 décembre 2015 nous étions en capacité d’accueillir 90 usagers. Au 22 décembre 2015, 43 personnes occupaient les lieux, soit 13 familles dont 22 enfants et 21 adultes. Au 24 décembre, nous avons encore accueilli une dernière famille pour l’année 2015. Au final, nous avons accueilli au total 47 personnes.

• Maraudes familles et femmes isolées

Le mercredi 23 décembre, nous avons commencé à accueillir les premières personnes orientées chez nous suite à une maraude (organisée par Médecin du monde, Croix-rouge, etc…). Nous pouvons accueillir deux familles et deux femmes isolées chaque nuit. Le tableau ci-après donne un aperçu visible de la montée en charge progressive du Centre Hivernal Jean Jaurès de l’ouverture jusqu’à fin décembre 2015. En un mois, la capacité d’accueil a doublé, passant de 50 à 100 places. Sur la même période le nombre d’usagers accueillis a également doublé, passant de 21 à 57 usagers.

2 organisme en charge de l’orientation des personnes sur les structures d’hébergement du département

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L’hébergement hivernal de Jean Jaurès peut accueillir au total 25 familles en plus des 2 familles maraudes et des deux femmes maraudes. La capacité d’accueil réelle se situe autour de 100 personnes bien que la capacité physique d’accueil se situe autour de 120 personnes. Cette différence s’explique par le fait que nous accueillons des familles de tailles différentes selon le nombre d’enfants et des familles monoparentales (femme avec un ou plusieurs enfants)

3. Répondre aux besoins des usagers

• Un cadre d’hébergement calme et reposant pour tous

Un règlement écrit a été mis en place et communiqué à toutes les personnes hébergées à Jean Jaurès (voir annexe). Celui-ci a été traduit en russe (par un employé russophone) et en albanais (par un usager albanophone), les deux langues majoritairement parlées par les familles accueillies. L’instauration du cadre est importante afin d’assurer un sentiment de sécurité chez les usagers. En effet, les usagers, étant pour certains depuis quelques années sans domicile fixe, opèrent des va-et-vient réguliers d’un lieu à l’autre afin de trouver de quoi reposer leur têtes (Hôtel, 115, connaissances, structures d’hébergement du milieu social, etc…). Cette période d’instabilité peut créer un sentiment d’insécurité, un manque de repère, et peut user petit à petit la santé physique et mentale de ces personnes. Cette période au Centre d’Hébergement Hivernale est temporaire et doit donc, pendant ce temps limité, permettre aux usagers de profiter d’un habitat « abri » afin de souffler, de se reposer et de reprendre des forces.

0

20

40

60

80

100

120

27/11/2015 12/12/2015 18/12/2015 24/12/2015

Montée en charge progressive de la capacité d'accueil et de l'accueil effectif des usagers

Adulte enfant maraude Capacité d'hebergement

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Le règlement intérieur de la structure a ainsi été réfléchi de manière à instaurer un environnement calme, reposant et permettant un vivre-ensemble possible dans un lieu où la promiscuité est souvent obligée. En effet, deux familles partagent un même appartement. Malgré la surface importante de certains appartements il n’est pas toujours aisé de cohabiter avec des inconnus. Aussi, afin de faciliter cette cohabitation nécessaire, les appartements ont été attribués aux familles selon la langue maternelle parlée par la famille.

• Une aide financière pour les besoins quotidiens

Lors de la demande d’asile, les personnes en cours de procédure, peuvent dans certains cas percevoir une aide financière appelée ATA. Les familles « déboutées » de leur demande d’asile ne perçoivent donc plus cette somme. Afin de continuer à les soutenir, une aide financière sous forme de chèque-service leur est attribuée selon le nombre de personnes constituant la famille (25 euros par personne et par semaine). Ces chèques services permettent d’acheter uniquement des produits alimentaires et d’hygiène dans les centres commerciaux.

• Des cours collectifs de français en projet

Des besoins en cours de français ont aussi été constatés. Un projet de cours collectif au sein des locaux du Centre Hivernal Jean Jaurès est à l’étude avec le directeur territorial de l’association AGIRabcd Alsace. Cette association œuvre à l’échelle nationale en activant un réseau de bénévoles important. Une de leurs activités principales est l’enseignement du français aux étrangers. La demande de cours de français étant importante sur Strasbourg, nous espérons concrétiser ce projet pour nos usagers au plus tôt pour début Mars 2016.

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ANNEXE

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Eléments de réflexion sur l’accompagnement vers l’emploi

des personnes en situation de grande précarité

I. Les difficultés repérées

A. De nombreuses ruptures de parcours chez le public accompagné

1. Raisons des ruptures Malgré une demande forte et un accompagnement socio-professionnel mis en oeuvre, nous constatons de nombreuses ruptures de parcours et une accélération de ce phénomène ces dernières années (de 15 à 20% selon les années). Les entretiens directs menés auprès des bénéficiaires par les professionnels de l’association, font remonter un important sentiment de découragement face à un dispositif RSA jugé complexe, peu lisible (le RSA est vécu avant tout comme une allocation avant d’être un dispositif d’accompagnement pour sortir de la précarité) et qui n’est pas en mesure de répondre aux attentes en matière d’insertion professionnelle. De nombreux allocataires ne croient plus à une insertion durable dans un emploi, dans un contexte de crise économique important. L’insertion professionnelle est vécue comme une injonction paradoxale faite aux bénéficiaires et non plus comme une étape d’un projet personnel inscrit dans un parcours de vie. Les ruptures de parcours peuvent aussi s’expliquer par des manques en termes d’articulation et de suites de parcours dans le dispositif RSA : alors que le dispositif est construit de façon très linéaire, le passage d’une étape de préparation à l’emploi à une étape de mise en situation en emploi n’est pas automatique et il peut se passer des mois d’attente entre ces deux étapes.

2. Conséquences des ruptures Les conséquences liées à ces ruptures de parcours sont préjudiciables aux personnes vulnérables accompagnées. Outre qu’elles maintiennent les personnes dans des situations de grande exclusion avec des conséquences parfois dramatiques (accélération de la dégradation de l’état de santé, suicides, marginalisation totale, basculement dans la folie), ces ruptures de parcours ancrent la conviction pour le public, que finalement la puissance publique et le système de protection sociale sont incapables de trouver une solution à leurs difficultés. Les personnes s’enfoncent un peu plus dans la marginalisation, et il faut parfois des mois avant de pouvoir raccrocher et reprendre parfois à zéro le parcours de la personne. Si la question est envisagée sous l’angle du coût de la prise en charge du public, on retiendra que les allers-retours entre des périodes d’accompagnement et des périodes de rupture, allongent considérablement le temps de présence des personnes dans le dispositif et donc le coût social et financier reste très important. Combien de temps cette situation sera-t-elle supportable dans un contexte de budgets contraints ? Nous constatons cependant une attente forte du public qui ne trouve pas de réponse en raison de difficultés particulières. Il faut alors interroger les raisons exogènes à savoir l’offre de service actuelle : est-elle vraiment adaptée, quels constats en dresser ?

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130

B. L’accès à l’emploi : une offre de service inadaptée à ce public ?

1. Le constat dressé par les entreprises du secteur marchand Les études et enquêtes menées sur l’embauche de personnes en situation de grande précarité, laissent entendre que les entreprises du secteur marchand, si elles se disent prêtes à embaucher ce public, se retrouvent souvent en difficulté par rapport aux difficultés cumulées des personnes. Ces difficultés, sans relais clairement identifiés par les entreprises et sans inscription dans un parcours coordonné, aboutissent très souvent à la rupture de la relation établie dans le cadre professionnel. On observe que, soit c’est l’entreprise qui met un terme au contrat, soit c’est la personne sans domicile qui abandonne son emploi. Par ailleurs, les entreprises font état des éléments suivants : certaines estiment que la formation et/ou la maîtrise des compétences professionnelles (le savoir-faire), ne sont pas le point le plus important au moment de l’embauche sur des postes de faible qualification. En effet, elles estiment que le travail dans ce cas, peut s’apprendre par la pratique et être complété par de la formation professionnelle qu’elles sont prêtes à financer. Par contre de nombreux retours sont faits sur les difficultés des savoir-être professionnels entendus au sens des savoirs de base à maîtriser dans le cadre de la relation professionnelle et qui relèvent parfois du champ éducatif : être à l’heure à son travail, s’excuser et justifier son absence, savoir se présenter, savoir établir une communication adaptée à la situation professionnelle, etc … Ces carences sont sources de réserves voire de retrait pour les entreprises, au-delà des représentations qu’elles peuvent avoir du public. Elles estiment qu’un travail préparatoire doit être réalisé en amont, axé sur un renforcement de l’employabilité du public, en particulier sur la question des savoirs-être professionnels.

2. Le constat dressé par les structures d’insertion par l’activité économique Le constat dressé par les SIAE rejoint celui dressé par les entreprises du secteur marchand. Les mêmes difficultés et les mêmes raisons d’hésitation sont évoquées. Là aussi, une demande forte existe autour de la question de l’amélioration des savoirs-être du public. Cette situation tient également au fait que si autrefois ces structures étaient justement le lieu et le temps où cette question pouvait se travailler dans un parcours progressif pour la personne prise en charge, les nouveaux attendus en terme de sortie vers l’emploi dans des délais courts et l’inscription de l’action des SIAE dans un cadre budgétaire contraint, ne leur permettent plus aujourd’hui de consacrer le temps nécessaire et suffisant à cette question des savoirs-être professionnels attendus par l’entreprise. En effet, les outils et les actions mis en œuvre par le secteur de l’IAE ont montré leur efficacité par rapport à la montée des compétences professionnelles des personnes prises en charge. En ce sens, elles participent activement à l’amélioration de l’employabilité des personnes et de leurs aptitudes à réaliser et à tenir un travail. Cependant, de nombreuses structures souhaiteraient que se mette en place aujourd’hui une étape intermédiaire dans le parcours d’insertion professionnelle du public sans domicile fixe. Une sorte d’étape de pré-professionnalisation qui permettrait de travailler dans une logique holistique les basiques des savoirs-être professionnels tels que définis plus haut.

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3. Le constat dressé par les usagers Au niveau européen :

Les études et enquêtes menées au niveau européen font ressortir la formulation explicite, par les usagers des structures d’insertion, d’un besoin d’accompagnement à la recherche et à la pérennisation d’un emploi. Ces recherches ont montré que les personnes sans domicile ont une attitude très positive par rapport au travail et souhaitent être mieux accompagnées dans le domaine de l’employabilité. Ces enquêtes pointent les éléments suivants : A Londres, 77 % des usagers des structures ayant complété un questionnaire d’enquête de Off the Streets and

into Work (qui a récemment fusionné avec Crisis UK) souhaitent travailler immédiatement, et 97 % veulent travailler à l’avenir. A Glasgow, 213 usagers sur 311 (soit 68 %) ayant participé à un sondage sur l’emploi ont exprimé le voeu de trouver un emploi à l’avenir.

Les résultats d’une enquête menée auprès des participants de projets d’employabilité de St Mungo’s, membre britannique, montrent que : • 4 sur 5 ont le sentiment d’acquérir de nouvelles aptitudes en participant à ce projet ; • 4 sur 5 pensent avoir gagné en confiance et en estime de soi grâce au projet ; • 2 sur 3 sont convaincus que leur participation les aidera à trouver un emploi ; • 1 sur 2 déclare que sa situation sur le plan du logement s’est améliorée grâce au projet ; • 1 sur 2 a le sentiment que son état de santé s’est amélioré. Un sondage mené auprès de personnes sans domicile en Poméranie (Pologne) montre que 42 % considèrent que trouver un emploi est le meilleur moyen de sortir de l’exclusion liée au logement. 56 % des personnes sans domicile de la région souhaitent travailler immédiatement. 55 % sont prêtes à prendre n’importe quel emploi, 37 % n’accepteraient qu’un placement professionnel accompagné et 8 % ne sont intéressées que par un emploi dans l’économie parallèle. En Hongrie, une enquête nationale menée en 2010 auprès des usagers de centres d’hébergement d’urgence et de sans-abri montre que, si 16 % seulement des personnes interrogées travaillaient au moment du comptage, plus de 50 % recherchaient activement un emploi, 60 % avaient récemment fréquenté une agence pour l’emploi et 80 % exprimaient le souhait de travailler dans un proche avenir. Cette enquête révèle également que le pourcentage de personnes en situation d’exclusion liée au logement désireuses de travailler et recherchant activement un emploi est plus élevé dans les lieux où l’activité professionnelle parmi les usagers est plus intense. Au niveau de nos usagers :

A l’échelle du Centre d’Accueil de l’association Antenne, les entretiens menés avec les bénéficiaires du RSA accompagnés, ainsi que l’étude des contrats d’engagement réciproque réalisés, montrent que là aussi, il existe chez le public une attente forte par rapport à l’accès à un emploi. Si certaines personnes sont en capacité d’accéder rapidement à un emploi, la majorité des personnes accompagnées nécessite le passage par un temps de préparation. Or la majorité des personnes a du mal à cerner ces difficultés. Très souvent, l’accès à l’emploi se soldera par un échec, que le bénéficiaire imputera à l’employeur, jugé dans l’incapacité de comprendre les problèmes de l’usager.

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Il faudra souvent l’expérimentation de l’échec et son renouvellement, pour que l’usager soit en capacité de questionner ce qui relève de sa posture et de sa lecture de ces situations d’échecs répétés. Le public, s’il est en capacité d’objectiver ses carences en matière de formation ou d’expérience professionnelle, est souvent en difficulté lorsqu’il s’agit de réinterroger son savoir-être professionnel. C’est à l’aune de l’éclairage des attendus du marché du travail et du re-questionnement des représentations de chacun, que les personnes sont en capacité de venir interroger la question de leur savoir-être. A partir de cette prise de conscience, les personnes sont demandeuses d’un accompagnement qui leur permettrait d’améliorer cette compétence sociale. A partir de ce constat, un certain nombre de personnes ont été en capacité d’exprimer l’inadaptation de l’offre existante en matière d’accompagnement professionnel et de formaliser une demande axée sur la mise en place de dispositifs construits autour de la résolution des difficultés qu’ils rencontrent. La réponse proposée fut la mise en œuvre des ateliers de redynamisation, portés par le Conseil Départemental du Bas-Rhin dans le cadre du dispositif RSA, devenus depuis 2014 les ateliers passerelle. Ces ateliers de remobilisation vers l’emploi effectuent un travail d’accompagnement social qui vise à lever les freins sociaux qui empêchent l’insertion professionnelle. A ce jour, Le Conseil Départemental du Bas-Rhin dresse le constat que la majorité des ateliers passerelle agréés limitent leur action à l’accompagnement social sans s’inscrire suffisamment dans une dimension de préparation à l’emploi. Le public dresse le même constat et formule des attentes plus concrètes en matière d’accompagnement dans le cadre d’un parcours d’insertion professionnelle.

II. Hypothèses de travail dans la construction d’une réponse aux problèmes repérés

A. Ce qui se fait ailleurs

1. Quelques retours européens sur la place de l’accès à l’emploi des personnes

sans domicile fixe dans leur inclusion sociale La plupart des Etats membres de l’Union européenne ont élaboré des politiques d’emploi visant à promouvoir la réintégration des publics défavorisés sur le marché du travail. En général, ces politiques ne ciblent pas spécifiquement les personnes sans domicile mais bien un public plus large de personnes défavorisées, comme par exemple les chômeurs de longue durée ou les personnes handicapées ou âgées. Plusieurs rapports citent des exemples de politiques qui aident notamment les personnes en situation d’exclusion liée au logement à se rapprocher de l’emploi:

• En Hongrie, un fort pourcentage de personnes sans domicile tirent un revenu de leur travail. Elles peuvent désormais bénéficier de nouvelles dispositions réglementaires encadrant le travail occasionnel. Les personnes employées dans le cadre de ce que l’on appelle le « livret de travail occasionnel » (également connu sous le nom de dispositif « emplois bleus ») paient moins d’impôts et restent éligibles aux prestations sociales.

• Le rapport italien mentionne la Loi n°68/99, qui favorise l’inclusion à travers des contrats d’emploi aidé des personnes sans domicile présentant un handicap reconnu.

• En Belgique, des dispositions particulières s’appliquent aux personnes sans revenus de moins de 25 ans. Les agences pour l’emploi sont tenues de leur trouver un emploi dans un délai de trois mois, si nécessaire par le biais d’un contrat aidé en entreprise sociale.

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De nombreux pays européens insistent sur le manque de coordination entre les politiques d’insertion professionnelle des publics défavorisés et les politiques de lutte contre l’exclusion liée au logement. D’une part, les politiques de l’emploi ne ciblent que rarement les personnes sans domicile et, d’autre part, rares sont les politiques de lutte contre l’exclusion liée au logement qui incluent un volet consacré à l’employabilité. L’exclusion liée au logement est souvent abordée dans le cadre générique des politiques d’inclusion sociale et de lutte contre la pauvreté. Les pays qui se sont dotés d’une stratégie explicite de lutte contre l’exclusion liée au logement se concentrent surtout sur le logement et l’accompagnement social. Si ces mesures sont des préalables indispensables pour que les personnes sans domicile sortent de la pauvreté et de l’exclusion, elles mettent moins l’accent sur d’éventuelles synergies avec des mesures d’éducation, de formation et d’emploi. L’étude menée par la Fédération Européenne des Associations Nationales Travaillant avec les Sans-Abri, dans un Rapport daté de 2007 intitulé " Obstacles multiples, diversité des solutions : l’insertion dans et par l’emploi des personnes sans domicile fixe en Europe" dresse un certain nombre de constats enrichis de nombreuses propositions qui restent d’actualité.

Que nous apprend ce rapport ? :

Le chômage est l’un des principaux facteurs déclencheurs de l’exclusion liée au logement. Il est difficile, lorsqu’on se trouve sans emploi, d’accéder à un logement adéquat ou de le pérenniser. Dans le même temps, bien des personnes sans domicile rencontrent des obstacles multiples à l’emploi et au travail. Ce rapport européen rassemble les principaux constats posés cette année. Il se fonde sur les rapports nationaux de 16 Etats membres de l’Union européenne et tente de brosser le tableau de la situation des personnes sans domicile sur le plan de l’emploi et des efforts entrepris pour surmonter les obstacles à l’emploi au sein de l’Union européenne dans son ensemble. Ce document a été préparé dans le contexte de la Stratégie européenne pour la protection sociale et l’inclusion sociale et vise à apporter sa contribution aux discussions européennes actuelles sur l’inclusion active des personnes les plus éloignées du marché de l’emploi ainsi que sur le développement d’une approche holistique pour aider ce groupe à se rapprocher de l’emploi. Ce rapport se fonde sur l’hypothèse que l’emploi joue un rôle primordial dans l’inclusion sociale et l’épanouissement personnel des individus. Qui plus est, l’emploi participe aussi à la cohésion sociale et à l’économie de la société dans son ensemble. Ce constat traduit également la tendance des Etats membres de l’Union européenne à insister de plus en plus sur « l’activation » des chômeurs de longue durée et des publics défavorisés sur le marché du travail et reflète les objectifs du programme européen intitulé « De la croissance, des emplois ». Ceci dit, la conception de l’inclusion dans l’emploi des personnes en situation d’exclusion liée au logement défendue dans le rapport dépasse leur simple intégration dans le secteur marchand pour embrasser davantage le renforcement de l’employabilité des personnes et la facilitation de leur inclusion sociale au travers d’une approche adaptée à leurs besoins individuels. Cette approche intègre la participation des personnes à toutes sortes d’activités axées sur l’insertion professionnelle susceptibles de les aider à (re)nouer des liens avec la vie professionnelle et le marché du travail en général. Les dispositifs généralistes d’insertion professionnelle ne sont bien souvent pas d’une aide très efficace pour les personnes en situation d’exclusion liée au logement parce qu’ils ne sont pas assez souples pour adapter leur prise en charge aux situations individuelles des personnes qui présentent des besoins multiples.

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Des dispositifs spécifiques d’insertion professionnelle des personnes sans domicile existent peu ou prou dans bien des pays. Ces dispositifs portent sur:

• La guidance et le conseil: les services les plus répandus proposés par les dispositifs de prise en charge de l’exclusion du logement sont la guidance et le conseil relatifs aux offres d’emploi.

• L’emploi aidé: dans la plupart des pays, les personnes sans domicile ont la possibilité de participer à des stages ou d’occuper des emplois aidés, que ce soit dans le secteur marchand ou dans l’économie sociale. Les participants à ces dispositifs d’emplois d’insertion continuent de bénéficier d’une aide financière. Ils peuvent en outre faire l’objet d’un accompagnement dans tout un éventail de domaines : santé, logement, éducation, accompagnement personnel/psychologique, etc.

• L’éducation et la formation professionnelle: les personnes sans domicile peuvent participer à des stages d’éducation et de formation professionnelle. Certaines de ces formations sont organisées dans le cadre même des dispositifs de prise en charge de l’exclusion liée au logement.

• La formation aux aptitudes de la vie quotidienne et les activités occupationnelles: ces dispositifs

aisément accessibles constituent un outil important de motivation des personnes découragées. Dans beaucoup de pays, ces dispositifs ne sont pas suffisamment développés.

• L’accompagnement dans l’emploi: l’accompagnement de suivi post-insertion peut se révéler crucial

dans une optique de stabilisation de l’emploi. L’offre de services de ce type reste limitée. Plusieurs Etats membres soulignent la nécessité de proposer des dispositifs d’accompagnement des divers stades de l’insertion professionnelle modulables en fonction des aspirations et besoins individuels de chaque personne. Les dispositifs les plus efficaces sont ceux qui trouvent le bon équilibre, c’est-à-dire qui incitent les personnes à progresser vers l’étape suivante (par exemple vers l’emploi d’insertion ou vers le secteur marchand) sans pour autant exercer une pression excessive sur les personnes qui ont besoin de plus de temps et de soutien. Certains Etats membres évoquent également d’autres enjeux comme la participation garantie des usagers des structures à la conception des dispositifs d’emploi et l’équilibre de la répartition géographique de ces derniers. Tous les rapports nationaux soulignent l’importance d’une collaboration efficace entre les structures et acteurs concernés pour mettre en place un cadre de prise en charge holistique adapté aux besoins multiples des personnes en situation d’exclusion liée au logement. Nombre de programmes et dispositifs sont organisés en partenariats associant toute une série de partenaires dont les services de l’emploi et les services sociaux ainsi que les milieux associatifs et les entreprises de l’économie sociale et du secteur marchand Dans la plupart des pays, les dispositifs d’insertion professionnelle des personnes sans domicile dépendent de multiples sources de financement. Si les pouvoirs publics sont le principal bailleur de fonds dans certains pays, ailleurs, ce sont les subsides européens provenant notamment du Fonds social européen. La plupart des pays ayant participé à l’étude soulignent que pour les structures de prise en charge, obtenir des financements suffisants et pérennes à long terme constitue un défi considérable. Or le besoin de subventions de ce type est urgent pour aider les personnes sans domicile à sortir de l’exclusion liée au logement, voire à réussir une réinsertion professionnelle durable. Le processus de réinsertion peut exiger plusieurs années et n’est ni systématiquement ni immédiatement couronné de succès.

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Les faits montrent qu’il est plus économique à long terme de proposer aux personnes sans domicile des dispositifs de prise en charge adaptés à leurs aspirations et besoins individuels que de multiplier les interventions ponctuelles en urgence.

2. Le Québec et les Etats-Unis d’Amérique : une approche psychosociale de la

réinsertion des personnes sans domicile fixe Les expériences nord-américaines démontrent que la stabilité résidentielle n’est pas le seul levier de la réinsertion sociale puisque cette approche sous-tend un travail sur les symptômes plutôt que sur les causes de l’errance (Roy et Hurtubise, 2008). La personne en logement peut-être également isolée, pauvre et sans ressources. L’itinérant n’est pas que sans-abri, il est sans foyer, et « pour habiter vraiment un domicile, en faire un foyer, un lieu d’appartenance et de socialisation, une personne doit avoir l’aptitude et le désir de stabiliser son environnement (…) il faut du temps, de l’affection, de l’avenir et de l’espoir pour apprendre à habiter » (Poirier, 2000). Il s’avère ainsi nécessaire de recomposer le réseau relationnel et les liens sociaux, le processus de socialisation puisqu’un groupe considérable d’itinérants présente des carences d’apprentissage social et affectif qui peuvent rendre difficile de garder l’espoir, difficile de se lier aux autres et d’habiter réellement une société ; cela nécessite de prendre en considération la dimension affective considérant les carences d’apprentissage sociales et affectives. C’est la continuité de la thématique de l’errance entre parents divorcés, fréquents changements d’adresse, familles d’accueil, etc... La famille et la parenté sont le premier lieu de la socialisation. Ainsi, « [s]i des personnes sont privées d’inscription dans leur système de parenté, elles sont du même coup privées de l’apprentissage et des habiletés qu’il confère pour se lier, se relier, se délier, se relier aux autres » (Dufour, 2000). Les itinérants sont le plus souvent qu’autrement en rupture avec leur famille d’origine. On précise que le défi d’insertion socioprofessionnelle est aussi important pour les personnes vivant d’importantes transitions, telles que le passage à la vie adulte ou la sortie d’un milieu institutionnel (milieux carcéral et psychiatrique) de même que pour celles ayant connu de longues périodes d’itinérance. L’apprentissage de la socialisation est important et la théorie de l’action d’inspiration pragmatiste de Commons nous apprend que l’humain transige avec les situations en agissant conformément à ce qu’il a appris ; si la façon de voir les choses qu’il a acquises n’est plus adaptée à la situation, l’expérimentation et l’apprentissage deviennent alors nécessaires. La socialité apparait indissociable d’une intégration réussie, elle permet en quelque sorte de stabiliser la vie et la rendre plus conforme aux règles sociétales. Au vu de ces éléments, notre hypothèse à Antenne est donc qu’en réinterrogeant et en adaptant l’offre actuelle de service aussi bien en matière d’insertion sociale que d’insertion professionnelle chacun pourra trouver une voie adaptée à un parcours d’inclusion qui, même s’il est difficile, pourra aboutir à des évolutions porteuses de résultats et de projection de vie.

B. Une piste de réflexion dans l’élaboration d’une réponse : un atelier passerelle

axé sur l’amélioration des savoir-être professionnels du public, comme

préalable à tout parcours d’insertion professionnelle Pour les personnes sans domicile, emploi et travail doivent s’envisager au-delà de la signification traditionnelle du terme « insertion » professionnelle. Pour les personnes en situation d’exclusion liée au logement, l’insertion dans l’emploi se définit plutôt comme leur participation active à toutes sortes d’activités axées sur l’insertion professionnelle porteuses d’employabilité.

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Développer l’employabilité des personnes peut se comprendre comme l’acquisition d’aptitudes et de compétences qui les aident à aborder la vie professionnelle et le marché du travail en général. Les interventions ciblent par conséquent moins des résultats quantitatifs (« Combien de personnes ont trouvé un emploi ? ») que qualitatifs (« La situation de cette personne s’est-elle améliorée ? », « Est-elle sur la bonne voie ? »). Une telle approche holistique implique que les dispositifs de prise en charge réalisent un bilan de la situation de chaque personne sans domicile et l’exploitent pour élaborer un plan d’action individualisé visant l’inclusion. La lecture de l’étude menée par la Fédération Européenne des Associations Nationales Travaillant avec les Sans-Abri nous apprend que pour développer leurs aptitudes et compétences et progresser sur la voie de l’insertion professionnelle, les personnes sans domicile ont besoin d’un accompagnement à la fois holistique et adapté. Pour promouvoir cette approche, la FEANTSA avance les recommandations suivantes:

• Reconnaître le droit des personnes sans domicile au travail et aux activités occupationnelles : l’emploi et les activités axées sur l’insertion professionnelle sont des perspectives tout à fait réalistes pour les personnes sans domicile pour autant qu’elles bénéficient du cadre d’accompagnement idoine. Les politiques d’insertion professionnelle des publics défavorisés doivent s’adapter pour tenir compte des obstacles multiples à l’emploi auxquels sont confrontées les personnes en situation d’exclusion liée au logement, y compris le manque d’accès au logement adéquat et abordable.

• Mettre l’accent sur le renforcement de l’employabilité et des compétences : Pour les personnes sans domicile, l’emploi ne se juge pas exclusivement à l’aune de la réinsertion dans le secteur marchand. L’insertion dans l’emploi vise à améliorer la situation générale d’une personne à travers sa participation à toutes sortes d’activités axées sur l’insertion professionnelle et autres dispositifs d’emploi aidé. Ces dispositifs d’employabilité aident les personnes à acquérir aptitudes, compétences et motivation, voire à se (ré)insérer professionnellement. Il peut s’agir aussi bien de dispositifs aisément accessibles (telles que des activités occupationnelles et des formations aux aptitudes de la vie quotidienne), que de programmes de formation professionnelle et d’emploi aidé.

• Mettre en place un cadre d’accompagnement holistique : la plupart des personnes sans domicile ont besoin d’un accompagnement dans plusieurs domaines. L’accompagnement de l’emploi doit être coordonné à celui du logement et de la santé, voire d’autres dimensions sociales et psychologiques. Cet accompagnement pluridimensionnel exige une meilleure coordination des politiques en matière d’emploi et d’exclusion liée au logement ainsi qu’une intégration plus étroite de la dimension de l’emploi dans les stratégies de lutte contre l’exclusion liée au logement.

• Favoriser une collaboration efficace entre tous les acteurs concernés : la participation des personnes en situation d’exclusion liée au logement aux activités axées sur l’insertion professionnelle et l’emploi implique non seulement que les structures de prise en charge de l’exclusion liée au logement concertent leur action mais aussi qu’elles collaborent avec les acteurs concernés dans divers domaines tels que les services sociaux, l’éducation, la formation et l’emploi. La coopération est également un moyen de sensibiliser les acteurs extérieurs à la réalité des situations personnelles des personnes en situation d’exclusion liée au logement.

• Favoriser la participation à part entière des usagers : pour mettre en place une approche vraiment efficace de prise en charge des personnes en situation d’exclusion liée au logement, il est crucial de garantir la participation des usagers à l’élaboration des dispositifs d’insertion professionnelle des personnes sans domicile et de les associer aux décisions qui les concernent.

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En partant de ces analyses et préconisations, il s’agit d’approfondir notre réflexion, en partant de l’existant au sein de notre établissement et en adaptant un outil existant aux préconisations énoncées ci-dessus qui paraissent pertinentes et réalisables dans leur mise en œuvre pour l’ensemble des parties concernées. Les personnes en situation d’exclusion liée au logement font souvent face à l’exclusion sous des formes multiples : logement, santé, liens sociaux et emploi. Si quelques-unes travaillent, la majorité sont économiquement inactives ou sans emploi. Les interventions des dispositifs de prise en charge de l’exclusion liée au logement ciblent souvent la situation sociale, sanitaire ou résidentielle des personnes mais pas nécessairement leur situation professionnelle. On dit souvent qu’avant d’aborder la problématique du chômage et de l’activité économique des personnes sans domicile, la plupart présentent des besoins plus urgents à prendre en charge. Les entretiens menés avec le public accompagné et l’étude des contrats d’engagement RSA montrent que, malgré l’impératif de prise en charge prioritaire des difficultés les plus brûlantes des personnes sans domicile, leur proposer des activités de formation et d’insertion professionnelle dès les premiers temps de l’intervention présente un potentiel considérable et jusqu’ici inexploité de contacts et des capacités. Les initiatives d’employabilité peuvent avoir un impact très positif sur la vie des personnes et les aider à sortir de l’exclusion liée au logement. La participation à des initiatives d’employabilité peut s’avérer très importante et puissante, surtout pour les personnes hébergées en structures d’insertion depuis un long moment. Les activités axées sur l’emploi et le travail sont susceptibles d’aider les personnes à reprendre confiance en elles, à nouer de nouveaux contacts et à reprendre conscience de leurs propres aptitudes et compétences personnelles et sociales. La participation à des initiatives d’emploi et d’insertion professionnelle soutient également les personnes récemment relogées et encore accompagnées dans le logement. Elle aide à prévenir l’isolement social – un des premiers facteurs de rechute dans l’exclusion liée au logement. Divers éléments indiquent également que les usagers qui participent à des initiatives d’emploi et d’insertion professionnelle reprennent plus souvent contact avec leur famille. L’emploi peut avoir un impact positif sur la situation financière des personnes en situation d’exclusion liée au logement. Un emploi durable ouvre aux personnes la voie d’une existence indépendante. Si certaines personnes sans domicile sont capables de trouver ou de pérenniser un emploi sur le marché du travail ouvert et n’ont besoin d’un accompagnement que pour trouver un logement adéquat et abordable, pour beaucoup de personnes sans domicile de longue date, trouver un emploi sur le marché du travail n’est pas (immédiatement) envisageable. C’est pourquoi il semble qu’il faille travailler en un premier temps sur l’employabilité des personnes accompagnées. L’employabilité recouvre l’aptitude d’une personne à progresser vers l’emploi, à le conserver ou à en changer. Cette aptitude est déterminée par un ensemble de facteurs, dont certains sont aussi bien externes (par exemple la demande et l’offre d’emplois ou de formations) que personnels (par exemple les niveaux de qualification d’une personne et ses aspirations). Les initiatives d’emploi et d’insertion professionnelle des personnes sans domicile se concentrent sur les résultats mesurés en terme d’amélioration de la qualité de vie plutôt que sous forme de sorties directes sur le marché du travail. Elles visent à renforcer les aptitudes et compétences personnelles des personnes et à accompagner la reprise de contact avec le marché du travail et la vie active en général. Elles incluent formation et accompagnement sous diverses formes dont apprentissage du savoir être, activités axées sur l’insertion professionnelle, bénévolat ou volontariat, emploi accompagné et placements professionnels. Des études européennes ont montré le succès d’une « démarche d’employabilité » pour les personnes sans abri car elle se concentre sur leurs aspirations et sur leur besoins individuels et leur ouvre des perspectives multiples d’accès aux pratiques d’activités axées sur le travail.

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Ainsi, il s’agirait pour nous de proposer une nouvelle offre de service à destination du public, centrée autour d’un travail sur le savoir-être professionnel, visant à améliorer l’employabilité des personnes accompagnées. Le terme « savoir-être » recouvre les savoirs, expériences et savoir-faire nécessaires pour mener une existence autonome. La formation au savoir-être vise à renforcer l’autonomie des personnes et à les aider à retrouver les aptitudes requises pour mener une existence indépendante, pérenniser un logement et s’intégrer à la collectivité. Elle vise aussi à développer l’aptitude de l’usager à communiquer, à renforcer son estime de soi et sa confiance en soi pour vivre en autonomie. Le public cible de ce type de formation se compose généralement de personnes sans domicile – voire sans abri – depuis longtemps et qui ont développé des stratégies de survie difficilement conciliables avec une vie et un emploi intégrés à la société traditionnelle. Il s’agit de permettre un accès facilité et une meilleure représentation de nos publics au sein des SIAE, en repositionnant notre atelier Passerelle en tant qu’étape de préparation active à l’emploi en amont de l’entrée en SIAE et de négocier avec les SIAE un nombre de places priorisées pour nos publics en continuant à assurer l’accompagnement social des bénéficiaires à l’issue de leur accès en emploi aidé. Nos ateliers collectifs proposent une préparation active à l’emploi. La réécriture du travail mené auprès des bénéficiaires, notamment sur l’amélioration des savoir-être en situation professionnelle, répondrait parfaitement aux attentes tant des bénéficiaires, que du Pacte de Réussite du département, qu’aux attentes des SIAE présentes sur le territoire de l’Eurométropole. L’objectif est alors de repositionner notre atelier passerelle, en le faisant inscrire comme étape de préparation active à l’emploi en amont de l’entrée des bénéficiaires en SIAE. En mettant en œuvre une préparation active à l’emploi des bénéficiaires suivis par Antenne, à travers une progression pédagogique permettant au final de présenter des candidats correspondant aux attentes des SIAE (et donc mieux cibler les publics), et s’inscrivant dans une cohérence de parcours d’accès à l’emploi, nous pourrions négocier un certain nombre de places priorisées pour nos publics. En contrepartie, Antenne s’engagerait à poursuivre la mission d’accompagnement social des bénéficiaires orientés et embauchés par les SIAE qui en feraient la demande. Ce travail se réaliserait dans le cadre d’une coopération renouvelée et formalisée. Elle aurait pour avantage de redonner du sens à la notion de parcours d’insertion professionnelle, en permettant d’identifier d’emblée les différentes étapes de parcours pour le bénéficiaire et pour le référent unique de parcours. Avoir une feuille de route lisible avec une temporalité et des étapes de parcours clairement identifiées, doit permettre de mieux soutenir la motivation des bénéficiaires et diminuer les ruptures de parcours. Le développement de ce nouveau partenariat doit viser à permettre une meilleure insertion sociale et professionnelle de nos publics en levant les freins des acteurs, liés aux représentations qu’ils peuvent avoir de nos publics. C’est enfin aussi l’occasion d’inviter les acteurs du territoire à rejoindre l’association et à nous aider à développer la qualité des réponses apportées aux personnes accompagnées. La mise en place de cette nouvelle offre de service sera également l’occasion de réinterroger l’organisation de l’association et des modalités de prises en charge et d’accompagnement réalisées par chaque service, dans un souci d’optimisation et d’efficience. Alors que jusqu’à aujourd’hui, la prise en charge se fait au niveau de chaque établissement, indépendamment les uns des autres et que chacun met en œuvre un travail d’accompagnement déconnecté de ce que réalisent les autres établissements de l’association, il s’agit de procéder à une refonte du parcours des usagers à travers la mise en place d’une nouvelle interconnexion entre les établissements.

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La porte d’entrée vers les services d’Antenne est aujourd’hui très fortement liée à la question de l’accès au logement. La nouvelle offre de service ferait le choix d’offrir une porte d’entrée complémentaire dans la mise en œuvre des accompagnements proposés, et ce au travers de l’orientation vers nos services axée sur l’insertion professionnelle du public de façon concomitante à l’accompagnement social. Ainsi, l’association doit réfléchir à une restructuration de son offre de service et des réponses apportées en terme d’insertion sociale et professionnelle. Avec un empilement de prestations qui manquent de lien et dont les salariés perdent le sens, la cohérence institutionnelle risque à terme de s’effilocher. Force est de constater qu’il est nécessaire de mener un travail de fond pour retrouver une existence associative, et que l’association peut s’appuyer sur les orientations politiques et notamment, la loi 2002-2 qui place l’usager au centre des dispositifs. Les obligations liées à cette loi doivent être le fil conducteur des différents travaux qui devront être menés au sein de l’association. Dans cette dynamique de changement, la démarche qualité et l’évaluation interne devront intégrer naturellement le nouveau paysage institutionnel. Ainsi, toutes les prestations feront l’objet d’une expertise approfondie pour être réadaptées aux nouveaux besoins Ce travail serait réalisé à partir de la refonte de notre atelier passerelle existant. Il passerait par la réécriture du programme pédagogique de l’atelier. Mais surtout, cette offre, aujourd’hui secondaire voire annexe dans les services mis en œuvre par l’association, devrait devenir un passage obligé dans les prises en charges proposées. Réfléchir à la mise en œuvre d’une nouvelle offre de service passe d’abord par une réflexion approfondie sur la finalité et les objectifs. En souhaitant s’engager dans le domaine de l’amélioration de l’employabilité du public, il faut prendre le temps de répondre à diverses questions telles que : • Quelle serait la valeur ajoutée d’une initiative d’employabilité ? • Quel est le résultat tangible escompté ? • Quel est le public cible de cette initiative ? • Comment cette initiative d’employabilité s’inscrit-elle dans l’organigramme de notre structure ? • Quel sera l’impact de l’initiative sur nos méthodes de travail ? Va-t-elle exiger des adaptations ? • Quels sont les risques ? Cette réflexion doit associer tous les acteurs concernés : usagers, administrateurs, direction, salariés. La mise en œuvre de cette nouvelle proposition de service suppose alors un travail d’organisation qui touche au changement, à son organisation et à son accompagnement. Si ce travail vise in fine à une optimisation de l’accompagnement professionnel du public comme réponse dans l’évolution des réponses et des méthodes de l’action sociale, il est dans sa déclinaison et dans la logique qu’il sous-tend, marqueur de profonds changements à réaliser, mais porteur d’une nouvelle vision de l’intervention auprès du public et une ouverture à de nombreux possibles.

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GLOSSAIRE B.R.S.A. : Bénéficiaire du Revenu de Solidarité Active DELD : Demandeur d'Emploi Longue Durée EMT : Evaluation en Milieu de Travail CUI-CAE : Contrat Unique d'Insertion - Contrat d'Accompagnement en Emploi FSE : Fonds Social Européen SIAE : Structure d'Insertion par l'Activité Economique TRE : Technique de Recherche d'Emploi