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Anthologie Poétique Sur la Guerre Stannick CALLENDER et Hendrix DORILAS

Anthologie Poétique Sur la Guerre - Français Première · PDF fileStannick CALLENDER et Hendrix DORILAS . Préface Nous allons vous présenter une anthologie poétique sur le thème

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Anthologie Poétique Sur la Guerre

Stannick CALLENDER et Hendrix DORILAS

Préface Nous allons vous présenter une anthologie poétique sur le thème de la guerre. Un thème qui

a inspiré de nombreux poètes. Bien qu'étant deux grands amateurs de musique, nous

n’accordons aucune place particulière à la poésie. Néanmoins le thème de la guerre nous

inspirait beaucoup. Nous sommes donc parvenus à trouver des poèmes qui nous faisaient

ressentir de l’admiration. Nous prenions clairement plaisir à lire ces poèmes. Les différents

poèmes que nous avons choisis se situent tous entre le 19e et le 21e siècle. Les poèmes que

nous avons choisis traitent différentes guerres et mais également différents actes que l'on

peut retrouver dans toute la guerre. Par exemple, "après la bataille" traite la guerre

d'indépendance de l'Espagne face à la France (1808-1814), "les fusillés" de Victor Hugo

parlent de l'implication des civils dans les guerres ainsi que des exécutions. Notre anthologie

se compose de 10 poèmes qui sont :

« Après la bataille », de Victor-Hugo, extrait du recueil La Légende des Siècles, 1859 ;

« La java des bombes atomiques » de Boris Vian, 1955 ;

« Exécution » de Sybille Rembard, 2010 ;

« Les fusillés » de Victor-Hugo, extrait du recueil l'année terrible, 1872 ;

« Bêtise de la guerre » de Victor Hugo, extrait du recueil l'année terrible, 1872 ;

« Le cauchemar » de Jules delavigne, écrit en 1991 ;

« Le Soldat » d’Auguste Lacaussade, du recueil études poétiques paru en 1876 ;

« Le dormeur du val » d’Arthur Rimbaud, du recueil Demeny sorti en octobre 1870 ;

« Mort de quatre-vingt-douze » d’Arthur Rimbaud, du recueil Demeny sorti le 7

septembre 1870 ;

« Une carte postale » de Guillaume apollinaire, issu du recueil Calligrammes.

Nous avons sélectionné chacun de ces poèmes pour une raison particulière. En ce qui

concerne « bêtise de guerre », nous partageons le point de vue du poète, après la bataille,

car tout simplement le contexte nous plaisait. Dans « La java des bombes atomiques », en

plus de traiter un sujet tel que des bombes atomiques, la chute se situe à la fin du poème,

inattendue et très plaisante; « les fusillés » de Victor Hugo et « exécution » de Sybille

Rembard présentent le thème sensible des exécutions durant la guerre qui se trouve être

plus choquant que les autres actes, non moins violent, ayant lieu en période de guerres.

Nous avons choisi l'illustration « fusillade » de Leroy Alphonse Alexandre car elle

correspondait parfaitement au contexte du poème « les fusillés ».

Pour ces illustrations nous avions besoin de quelque chose en rapport avec notre thème et

qui montre la cruauté de la guerre donc c’est pour cela qu’il y a un manque de couleur, cela

permet de montrer la tristesse qui règne sachant que les poèmes aussi ont été choisis de

cette façon. Pour les poèmes, il nous faillait quelque chose qui choque, pour toucher le

lecteur, trouver des textes au hasard n'aurait pas été approprié, ce qui nous a obligé à

trouver de bon poètes et aussi leurs meilleurs poèmes. Cette sélection montre aussi que

même à travers différents auteurs, différentes époques et même différentes façons de

présenter, la guerre restera toujours négative et dégradante. Tout cela peut-être résumé

grâce à l’image de couverture, d'Otto Dix : « La guerre ». Grâce aux couleurs, on voit la

tristesse dans le tableau et la mort qui règne ; on voit aussi une histoire de gauche à droite :

Aller à la guerre, guerre désastreuse en dessous des survivants et dans la dernière case les

vivants s’échappent, extrêmement pâles, ce qui montre leurs âmes vides, mais on peut

apercevoir un cycle grâce a la roue dans la première image à gauche pour montrer que c’est

toujours la même chose qui recommence sans s’arrêter.

Après la bataille

C'est un poème de Victor Hugo, extrait du recueil La Légende des Siècles paru en 1859. Victor Hugo est né en France le 26 février 1802 et est décédé le 22 mai 1885 à 83 ans sur Paris. Il était écrivain, romancier, poète, sénateur, etc... Il occupe une place marquante dans l'histoire des lettres françaises au 19e siècle. Il a écrit La Légende des siècles en 1859. « Après la bataille » est un poème en vers libres. La scène se déroule durant la guerre d'Espagne 1808 1814 opposant les espagnols aux français. Mon père, ce héros au sourire si doux, Suivi d’un seul housard qu’il aimait entre tous Pour sa grande bravoure et pour sa haute taille, Parcourait à cheval, le soir d’une bataille, Le champ couvert de morts sur qui tombait la nuit. Il lui sembla dans l’ombre entendre un faible bruit. C’était un Espagnol de l’armée en déroute Qui se traînait sanglant sur le bord de la route, Râlant, brisé, livide, et mort plus qu’à moitié. Et qui disait: ” A boire! à boire par pitié ! ” Mon père, ému, tendit à son housard fidèle Une gourde de rhum qui pendait à sa selle, Et dit: “Tiens, donne à boire à ce pauvre blessé. ” Tout à coup, au moment où le housard baissé Se penchait vers lui, l’homme, une espèce de maure, Saisit un pistolet qu’il étreignait encore, Et vise au front mon père en criant: “Caramba! ” Le coup passa si près que le chapeau tomba Et que le cheval fit un écart en arrière. “Donne-lui tout de même à boire”, dit mon père. Victor Hugo

La Java des bombes atomiques Boris Vian est né le 10 mars 1920 à ville d’Avray et décédé le 23 juin 1959 à 39 ans. Il était écrivain, poète, chanteur, musicien, peintre, acteur... etc. Il a écrit « la java des bombes atomiques » en 1955. Il s'agit d'une chanson racontant les déboires d'un vieil oncle bricoleur qui fabrique une bombe, et la fait éclater sur tous les grands chefs d'État qui lui rendirent visite pour admirer le résultat.

Mon oncle un fameux bricoleur Faisait en amateur Des bombes atomiques Sans avoir jamais rien appris C'était un vrai génie Question travaux pratiques Il s'enfermait tout' la journée Au fond d'son atelier Pour fair' des expériences Et le soir il rentrait chez nous Et nous mettait en trans' En nous racontant tout Pour fabriquer une bombe " A " Mes enfants croyez-moi C'est vraiment de la tarte La question du détonateur S'résout en un quart d'heur' C'est de cell's qu'on écarte En c'qui concerne la bombe " H " C'est pas beaucoup plus vach' Mais un' chos' me tourmente C'est qu'cell's de ma fabrication N'ont qu'un rayon d'action De trois mètres cinquante Y a quéqu'chos' qui cloch' là-d'dans J'y retourne immédiat'ment Il a bossé pendant des jours Tâchant avec amour D'améliorer l'modèle Quand il déjeunait avec nous Il avalait d'un coup Sa soupe au vermicelle On voyait à son air féroce Qu'il tombait sur un os Mais on n'osait rien dire Et pis un soir pendant l'repas V'là tonton qui soupir' Et qui s'écrie comm' ça

A mesur' que je deviens vieux Je m'en aperçois mieux J'ai le cerveau qui flanche Soyons sérieux disons le mot C'est même plus un cerveau C'est comm' de la sauce blanche Voilà des mois et des années Que j'essaye d'augmenter La portée de ma bombe Et je n'me suis pas rendu compt' Que la seul' chos' qui compt' C'est l'endroit où s'qu'ell' tombe Y a quéqu'chose qui cloch' là-d'dans, J'y retourne immédiat'ment Sachant proche le résultat Tous les grands chefs d'Etat Lui ont rendu visite Il les reçut et s'excusa De ce que sa cagna Etait aussi petite Mais sitôt qu'ils sont tous entrés Il les a enfermés En disant soyez sages Et, quand la bombe a explosé De tous ces personnages Il n'en est rien resté Tonton devant ce résultat Ne se dégonfla pas Et joua les andouilles Au Tribunal on l'a traîné Et devant les jurés Le voilà qui bafouille Messieurs c'est un hasard affreux Mais je jur' devant Dieu En mon âme et conscience Qu'en détruisant tous ces tordus Je suis bien convaincu D'avoir servi la France On était dans l'embarras Alors on l'condamna Et puis on l'amnistia Et l'pays reconnaissant L'élu immédiat'ment Chef du gouvernement

Exécution

C'est un poème en vers libre de Sybille Rembard paru en 2010. Sybille Rembard est née à Turin en Italie le 21 juillet 1966. Elle est passionnée par les livres et plus particulièrement par les recueils poétiques depuis son plus jeune âge. Après des études littéraires elle est partie à la découverte du monde. Elle habite aujourd'hui en France et vit de la littérature. La balle laboura son âme Son regard transperçant ses bourreaux Une rivière de sang abreuvant ses paroles réveillées par la surprise soudaine révélation médiocrité humaine. C’était au mois de mai, un jour de printemps Un oiseau se baigna dans la mare érubescente l’œil mouillé, il regarda les hommes ivres La beauté les avait quittés Ils n’étaient que des marionnettes de guerre Sybille Rembard, 2010

Les fusillés C'est un poème de Victor Hugo, extrait du recueil l’année terrible paru en 1872. Il s’agit d'un poème en vers libres évoquant un acte présent dans toutes les guerres, les exécutions de civils en public.

La Commune de Paris. Fusillades- exécutions de Leroy Alphonse Alexandre (1820-1902)

… Partout la mort. Eh bien, pas une plainte. Ô blé que le destin fauche avant qu’il soit mûr ! Ô peuple ! On les amène au pied de l’affreux mur. C’est bien. Ils ont été battus du vent contraire. L’homme dit au soldat qui l’ajuste : Adieu, frère. La femme dit : - Mon homme est tué. C’est assez. Je ne sais s’il eut tort ou raison, mais je sais Que nous avons traîné le malheur côte à côte ; Il fut mon compagnon de chaîne ; si l’on m’ôte Cet homme, je n’ai plus besoin de vivre. Ainsi Puisqu’il est mort, il faut que je meure. Merci. - Et dans les carrefours les cadavres s’entassent. Dans un noir peloton vingt jeunes filles passent ; Elles chantent ; leur grâce et leur calme innocent Inquiètent la foule effarée ; un passant Tremble. - Où donc allez-vous ? dit-il à la plus belle. Parlez. - Je crois qu’on va nous fusiller, dit-elle. Un bruit lugubre emplit la caserne Lobau ; C’est le tonnerre ouvrant et fermant le tombeau. Là des tas d’hommes sont mitraillés ; nul ne pleure ; Il semble que leur mort à peine les effleure, Qu’ils ont hâte de fuir un monde âpre, incomplet, Triste, et que cette mise en liberté leur plaît. Nul ne bronche. On adosse à la même muraille Le petit-fils avec l’aïeul, et l’aïeul raille, Et l’enfant blond et frais s’écrie en riant : Feu ! […]

Bêtise de la guerre

C'est un poème de Victor Hugo extrait du recueil l'année terrible paru en 1872. Dans ce poème Victor-Hugo tente de décrire l'inutilité de la guerre à ses yeux. Il fait tout au long de ce poème une description très péjorative de la guerre. Ouvrière sans yeux, Pénélope imbécile, Berceuse du chaos où le néant oscille, Guerre, ô guerre occupée au choc des escadrons, Toute pleine du bruit furieux des clairons, Ô buveuse de sang, qui, farouche, flétrie, Hideuse, entraîne l’homme en cette ivrognerie, Nuée où le destin se déforme, où Dieu fuit, Où flotte une clarté plus noire que la nuit, Folle immense, de vent et de foudres armée, A quoi sers-tu, géante, à quoi sers-tu, fumée, Si tes écroulements reconstruisent le mal, Si pour le bestial tu chasses l’animal, Si tu ne sais, dans l’ombre où ton hasard se vautre, Défaire un empereur que pour en faire un autre ? Victor Hugo

Le Cauchemar

Est un poème écrit par Jules Delavigne qui est né en janvier 1962 à Cambridge en

Angleterre ; le poème est sorti en 1991 mais a seulement été publié en 2008. Vers le vide il se précipite, cet homme dans les rues de cette ville sans nom Sous un ciel rouge de flammes, de bruits il ne s’arrête pas pour regarder autour de lui il n’a pas le temps Un cri, «tourne vite non, pas par-là vite! rejoins les autres, quels autres?» Tête basse, il suit les lignes il suit son ombre ne voyant même pas les bâtiments sur le coté Il n’entend que cette voix qui lui dit «cours, vas-y, plus vite» Le son d’acier qui frappe les murs frappe encore dans sa tête Est-ce qu’ils sont là? il ne le sait pas Il continue comme une bête c’est le renard coincé par des chiens qui veulent le déchiqueter Il a peur Il entre vite dans le jardin les arbres le soulagent ils filtrent la lumière éclatante, éblouissante L’herbe mouillée lui fait penser à des jours plus tranquilles Il ferme les yeux, tout se calme mais ces couleurs, ces bruits, pèsent sur lui Il entend toujours cette voix qui lui dit «vas-y plus vite, cours, cours, cours» Puis il la sent dans toute sa richesse doucement lui percer la peau, la chair, le cœur Petit à petit le film se ralentit devant ses yeux et il se réjouit Tout s’engourdit en lui tout devient plus beau Jules Delavigne, 1991

Le Soldat C'est un poème écrit par Auguste Lacaussade du recueil études poétiques en 1876. Il dénonce la mort d’un soldat soudaine et inattendue. On marche aux sons voilés du tambour. Sur la plaine Le soleil luit ; l’oiseau vole au bord du chemin. Oh ! que n’ai-je son aile ! oh ! que la vie est pleine De tristesse ! Mon cœur se brise dans mon sein. Au monde je n’aimais que lui, mon camarade, Que lui seul, et voici qu’on le mène à la mort. Pour le voir fusiller défile la parade ; Et c’est nous, pour tirer, nous qu’a choisis le sort. On arrive : ses yeux contemplent la lumière De ce soleil de Dieu qui monte dans le ciel… Mais d’un bandeau voici qu’on couvre sa paupière : Dieu clément, donnez-lui le repos éternel ! Nous sommes neuf en rang, déjà prêts sous les armes. Huit balles l’ont blessé ; la mienne, - de douleur Leurs mains tremblaient, leurs yeux visaient mal sous les larmes, - La mienne l’a frappé juste au milieu du cœur. Imité de l’allemand. Auguste Lacaussade, Études poétiques, 1876

Le Dormeur du Val C'est un poème d’Arthur Rimbaud, poète français, né le 20 octobre 1854 à Charleville et mort le 10 novembre 1891 à Marseille. « Le Dormeur du Val », du recueil Cahiers de Douai, est un sonnet en alexandrins qui raconte de la mort d'un jeune soldat au milieu de la nature au cours de la guerre franco-prussienne de 1870, et plus particulièrement la bataille de Sedan.

L'homme blessé, de Gustave Courbet, représentant une scène similaire à celle évoquée par Rimbaud

C'est un trou de verdure où chante une rivière Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l'herbe sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut. Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Morts de Quatre-vingt-douze

C'est un sonnet écrit par Arthur Rimbaud à Mazas le 3 septembre 1870 qui rend hommage à la guerre de 1792. Morts de Quatre-vingt-douze et de Quatre-vingt-treize, Qui, pâles du baiser fort de la liberté, Calmes, sous vos sabots, brisiez le joug qui pèse Sur l'âme et sur le front de toute humanité ; Hommes extasiés et grands dans la tourmente, Vous dont les coeurs sautaient d'amour sous les haillons, O Soldats que la Mort a semés, noble Amante, Pour les régénérer, dans tous les vieux sillons ; Vous dont le sang lavait toute grandeur salie, Morts de Valmy, Morts de Fleurus, Morts d'Italie, O million de Christs aux yeux sombres et doux ; Nous vous laissions dormir avec la République, Nous, courbés sous les rois comme sous une trique. - Messieurs de Cassagnac nous reparlent de vous ! Arthur Rimbaud Fait à Mazas, 3 septembre 1870

Carte postale Guillaume Apollinaire est un poète et écrivain français né le 25 août 1880 à Rome et mort pour la France le 9 novembre 1918 à Paris. « Carte postale », issu du recueil Calligrammes, a été écrit durant la Première Guerre Mondiale (1914-18) à la première personne, et décrit la beauté de la nature détruite par l'horreur de la guerre. Je t’écris de dessous la tente Tandis que meurt ce jour d’été Où floraison éblouissante Dans le ciel à peine bleuté Une canonnade éclatante Se fane avant d’avoir été Guillaume Apollinaire