Approche de l'Enonciation Maingueneau

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lSS1LANGUE LINGUISTIQUE COMMUNICATIONCollection dirige par Bernard Quemada

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Approche de L'NONCIATION EN LINGUISTIQUE FRANAISEEmbrayeurs, Temps, Discours rapport

par

Dominique MAINGUENEAUUniversit d'Amiens . ,l'1

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CLASSIQUES flACHETTE79 boulevard Saint-Germain, Paris 6e

TABLE DES MATIRES1

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L'nonciationPREMIRE PARTIE: Personnes et dictiques

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Chapitre 1 : Les personnes Chapitre 2 : Les dictiques . . Chapitre 3 : Embrayeurs et typologie des discours Indications bibliographiques ExercicesDEUXIME PARTIE: Les ~ temps de l'indicatif

13 13 21 3034

35 38 3845 54

AVANT-PROPOS

Chapitre 1 : L'indicatif Chapitre 2 : L'aspect Chapitre 3 : Discours et r cir-' Chapitre 4 : Le prsent Chapitre 5 : Imparfait/pass simple/pass compos Chapitre 6 : Le futur Chapitre 7 : Le conditionnel Chapitre 8 : Temps et textualit Indications bibliographiques ExercicesTROISIME PARTIE: Le discours rapport

60 64 73 80 8690 91 97

Chapitre 1 : Discours direct et discours indirect Chapitre 2 : Le discours indirect libre. . Chapitre 3: Reprise d'nonc et conditionnel Indications bibliographiques Exercices Index

98 110116

122 123 127

ISBN: 2.01.008006.8

HACHETTE, 1981, 79 boulevard Saint-Germain, F 75006 PARIS. Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation rservs pour tous pays.

Le domaine de l'nonciation s'est considrablement agrandi depuis les rflexions programma tiques de Benveniste et Jakobson la fin des annes 50, et l'on se trouve aujourd'hui devant un champ de recherches vaste et actif, certes, mais dont les diverses rgions ne sont pas rigoureusement articules les unes sur les autres. Une telle situation a des consquences d'ordre pdagogique: force est de constater qu'il existe un cart important entre le niveau de dveloppement atteint par la recherche et son exploitation dans le cadre d'une pdagogie de la langue. L'enseignant se trouve ds lors contraint renvoyer ses tudiants de multiples articles, d'accs plus ou moins ais, mme pour des exposs tout fait lmentaires. Cette carence a pour effet d'en inciter beaucoup continuer se rfrer systmatiquement des grammaires scolaires traditionnelles; ils sont plus ou moins conscients que ces dernires sont inadquates mais pensent nanmoins qu'elles leur offrent une base solide et une synthse commode. C'est oublier que le principal dfaut de ces manuels rside dans le dcoupage de la langue qu'ils oprent, dans leurs prsupposs, leur dmarche. En fait, il ne s'agit pas tant de savoir si sur tel ou tel point ils disent des choses justes , ce qui peut fort bien tre le cas, que de dfinir une problmatique pertinente, un cadre capable d'intgrer certains acquis essentiels des travaux linguistiques rcents. Peut-on encore aborder l'tude de l'indicatif sans se rfrer l'opposition tablie par Benveniste entre discours et rcit? Peut-on prtendre rendre compte de la spcificit de je ou tu en les rangeant dans la catgorie des pronoms personnels ?

AVAN'I~I'ROPOS

Le prsent ouvrage espre contribuer pallier cette ca:ence, sur quelques questions limites mais importantes. Certes, les ~henomenes qui entrent aujourd'hui dans le cadre des .recherches se rec~amant. de l'nonciation sont trop nombreux et trop mstables pour qu on puisse prtendre en offrir une synthse acheve. Il ~'est pas drais?nnable pourtant de procder un expos lmentaire et ~yst~matlqu~ de linguistique franaise en s'en tenant un ensemble tre~ circonscrit ~e faits linguistiques troitement li~s. s~r lesquels on ~Ispose d'acqUI~ suffisants. Ce choix nous a semble indispensable pour eviter un expose dcousu ou tout fait superficiel. Nous sommes conscient qu'il s'agit ici d'~n livre. ~e transition.' qui cherche sortir des cadres de la grammaire traditionnelle mais ne repose pas encore sur une thorie capable d'artic~ler ~i&oureuse~ent syntaxe et oprations d'nonciation travers la d~ver~Ite typolog.lque des discours. Autant dire que nous serons contramt a un clectisme certain pour satisfaire aux ncessits de la pdagogie. TIne saurait tre question d'~xh~ustivit 9u~nd on cons~c~e quelques pages des sujets sur lesquels Il existe une htterature considrable, Audel des problmes traits, c'est la dmarche que suppose la problmatique de l'nonciation qu'il co~vient d'tre ~ttentIf. L~ fil directeur de ce livre sera le concept bien connu mamtenant d embrayeur; nous le dfinirons dans l'introduction et il n?us perme~tra ensuite d'articuler les trois parties de ce manuel, consac\~es .suc~esslvement aux personnes et aux dictiques, aux temps de l indicatif et au discours rapport.

L'NONCIATION

NONC/NONCIATION

Note d'ordre terminologique. Dans cet ouvrage nous parlons de thorie de . on ne peut cependant ignorer le fait que l'o~ rencontre?~ plus en plus dans la littrature linguistique le terme de pragmatique POU! deslgne,r lI:n champ de recherche qui, l'vid~nce, reco~~e trs fortement ,celu~de la theone de l'nonciation. Il s'agit en fait de t~adltIons et de, p:oblem~:lques. un peu diffrentes, dj en place ds les annees 30. Les t~~orles d~ l enonctauon ~e proccupent en particulier d'embrayeurs, de modalits, de .dlscours rapporte, etc., tandis que la pragmatique s'est dvel?ppe essentiellement dans le domaine anglo-saxon autour de la problmatique. des actes de langage. Ces deux courants tendent invitablement se mler, refus~~t tou~ ~eu~ .l~ dmarche linguistique qui consiste poser des structures exteneures a 1activit d'nonciation. Avec l'extension de la rflexion sur les actes de I~ngage et I.e vritable dferlement de travaux se rclamant de la pragmatique deI?Uls quelques annes, on conoit qu.e le terme de,pr~gmati9,ue s'i:n~ose progressivement et intgre les proccupations de ~a.theone ?e 1 noncianon .. Nous avons prfr utiliser ici thorie de l'nonciation plutot que pr~gmatlque da~s la mesure o les actes de langage n'ont qu'une place trs marginale dans ce livre, les sujets traits appartenant plutt l'autre courant.l'nonciation,1

Si, dans une premire approche, on dfinit l'nonciation comme l'acte i~_cliy~~t~!LQ.:~!ig~~~~2!!_~~_!?...~~your'opposer l'nonc, objtl \ linguistique rsultant de cette utilisation, on sera immdiatemenctite Cf'iTnrri:ifqe'Tl'CIilguisffifirioeio sous ses formes dominantes ne reconnat gure que l'nonc pour champ d'investigation. La linguistique structurale semble s'tre intresse avant tout l'tablissement d'un inventaire systmatique des units distinctives rparties sur plusieurs niveaux hirarchiss, tandis que la grammaire gnrative et transformationnelle apparat beaucoup comme une algbre syntaxique soucieuse seulement d'numrer les squences de morphmes qui sont grammaticales. De fait, si tout acte d'nonciation est bien un r: vnement unique, support par un nonciateur et un destinatair~ 1 particuliers dans le cadre d'une situation particulire, et si la parole j c'est prcisment le domaine de l'individuel, de chaque vnement \ historique que c?!1stitu~ ~n acte de communication accompli, ne do.it-o~ \~as ~e~voyer 1 enOnCIatI~n au domaine de la parole, puisque la" linguistique moderne se reclame du couple saussurien langue/parole?' D'ailleurs, l'nonciation n'apparat-elle pas comme ce qui rend possible l'nonc mais ne saurait tre inclus dedans, activit indispensable mais inconnaissable, qui s'efface derrire son produit, l'nonc, seul objet d'tudes du linguiste? Les progrs spectaculaires de la linguistique tout au long du xx' sicle ne semblent-ils pas lis au choix de la prise en considration de la seule architecture interne de la langue? Pourtant, ce statut marginal laiss l'nonciation, malgr les vidences. dont il parat pouvoir s'autoriser, s'est trouv progressivement remis en cause. Depuis le dbut des annes 60, les linguistes ont..

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\'NONCIATION NONCIATION

t amens reformuler sur ce point l'interprtati,on, qu'ils donnai~nt du couple langue/parole, affirmant que d,ans l',nonciatlon tout ne releve pas de l'individuel, du chaotique .. , mais qu une part not,a~le 'peut en tre dcrite en termes de systme: Aup~ravant ?n ~on~IderaIt seulet l'nonc parce que pensait-on, il constituait 1 ensem?le, de ~;:nes restant stables, oppos l'infinit des ac~es d',n?nCI~tl~n,; dsormais on opre une distinction entre chaque e~o~clat~on I~dlVl~ due Ile e t le phnomne , le schma gnral , de l'noncIatIOn, invariant a , travers la multiplicit des actes d'nonciation. , " Refuser d'abandonner l'nonciation l'activit purem~nt individuelle et de la rejeter hors de l'analyse rigoureuse du langage, c est donc J(0ser que lorsque le systme abstrait qu'est la langue s,e trouve / ~IS en exe;cice dans le discours, un ense,mble de mcamsmes spcifiques intervient, La description du fonctIOnne~ent de, la langue supp,ose l'tude de cette mise en exerice du systeme, qUIseule re~d possible la production d'noncs, la conversion de la lan$ue en dzscours par l'nonciateur. Ainsi, quand on emploie le terme dzscours,dans le ~~dre des thories de l'nonciation, ce n'est pas pour re,n~oyer a u?e um~e de dimension suprieure la phrase, ni pour COnSI?erer le~ e~onc~s du , t de vue de leurs conditions de production socio-historiques b~~.S.p.e.ct\vede 1' analyse du di~cours ).' mais c'est pour rapporter l'nonc ~ l'acte d'nonciation qUI le supporte:.-"-~"'. ~ . ~~.' " 1

indpendante du temps, du lieu et de l'auteur de son nonciation. En fait, le plus souvent on est incapable de dterminer le sens d'un nonc si on ne prend pas en compte, outre ce que signifie l'nonc en tant que -type, les circonstances de son nonciation. Il se trouve en effet que certaines classes d'lments linguistiques prsents dans l'nonc ont pour rle de rflchir son nonciation, d'intgrer certains aspects du contexte nonciatif. Ces lments sont partie intgrante du sens de l'nonc et on ne peut ignorer ce quoi ils rfrent si on entend comprendre ce sens. Ce sont ces lments que nous appellerons des embrayeurs (en anglais shifters ) la suite de R. Jakobson, qui s'est intress eux, aprs d'autres (des logiciens comme Frege ou Russell, des linguistes comme Jespersen). Jakobson en propose la dfinition suivante, assez vague : la signification gnrale d'un embrayeur ne peut tre dfinie en dehors d'une rfrence au message (ELG p. 178); c'e~t~~:gi.rt: quec:~s __ morphmes ne peuvent tre interprts que si on les rapporte __ l'acte ~

LES EMBRAYEURS

La mise en place du couple nonc/nonciation suppose acquise une autre distinction, clbre, celle entre nonc-type et nonc~-occur~ence. Soit l'nonc Les mammifres allaite;tt}eurs petz~s; }e fait de dire cet nonc, son nonciation, constitue un ~venement situe ~ans l~ temps et dans l'es ace, vnement qui produit pourt~n~ ,U? enon~e, dont le contenu ~pparat stable au-del de la .mul~IphC1te des evenem~nt~ nonciatifs qui le rendent possible. Les linguistes son! alors amenes a _ e l'on peut considrer le mme nonce tantot comme occurtantt comme type: l'nonc Les mammifres allait~nt l~urs tit. selon qu'il est mis par telles personnes en telles situations ~~:r~spond autant d'occurrences distinctes, mais au-~el d~ toutes, ces occurrences on considrera qu'il s'a,git ~lI: I?me enonce, du ,meme type; dans ce d~rnier cas, il est envisage mdependamment des diverses nonciations qUI peuvent le prendre en charge, " Si l'on s'en tient cet exemple les choses semblent SImples , le contenu de l'nonc est vhicul par l'nonc en t~n~ que type,et ,ses diverses occurrences lui restent en quelque ~orte exten~~r~s, ~aI~ c est qu'il s'agit l d'un nonc bien particulier , une vente scientifique

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la position spatiale de ce dernier lors de son acte d'nonciation. L'adverbe ici possde bien une signification linguistique gnrale et stable, il constitue bien une unit du code de la langue (il rfre toujours un lieu proximit de l'nonciateur indiqu par celui-ci) mais pour connatre son rfrent on est oblig de le rapporter l'acte d'nonciation individuel qui le supporte, puisque dans un autre noncoccurrence il pourra renvoyer un tout autre lieu. On ne peut donc tudier ce type de signes indpendamment de leur emploi effectif. Alors qu'un signe linguistique comme chat a un signifi, renvoie une classe virtuelle de rfrents en dehors de toute nonciation, ici ou maintenant se chargent d'un sens nouveau l'intrieur de chaque nonc-occurrence. Pour savoir quel sens possde une occurrence dtermine d'un embrayeur il faut le rapporter cette occurrence, cet vnement unique que constitue son nonciation: ainsi pour prciser le sens de ici dans Paul est ici il faudrait le paraphraser par le lieu proche de lui qu'a indiqu l'individu qui a nonc cette phrase . Dans cet ouvrage la classe des embrayeurs recouvrira essentiellement) les personnes (nonciateur et allocutaire) et les localisations spatiotemporelles qui en dpendent. Ce sont ces lments que nous allons prcisment avoir pour fil directeur dans les pages qui suivent. _ Nous sommes maintenant mme de comprendre pourquoi on utilise le terme mtaphorique d' embrayeur , mot qui suppose que l'on articule deux plans distincts: d'un certain point de vue les embrayeurs constituent des jg1l.~~_linguistiques, appartiennent au code, mais en mme temps ils constituent des choses, des faits concrets inscrits par leur occurrence dans un rseau dtermin de coordonnes spatiales et

PaiTsi' ici si on fait abstraction de l'identi~e

~~~trg~~~tIi-~~~~1-~~~;;,PJ~J~e~~~~ ;~~~ .

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NONCIATION

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temporelles. Ils permettent la conversion' de la langue comme systme de signes virtuels en discours par lequel un nonciateur et son allocutaire confrontent leurs dires sur le monde.

QUEL9UES DOMAINES RELEVANT DE LA THORIE DE L'ENONCIATION

Les phnomnes linguistiques pris en charge par les thories de l'nonciation sont loin de se limiter aux embrayeurs. Pour s'en rendre compte, il suffit de renoncer rduire le langage au rle d'un instrument neutre destin seulement transmettre des informations "pour le poser comme une activit entre deux protagonistes, nonciateur et allocutaire, activit travers laquelle l'nonciateur se situe par , rapport cet allocutaire, son nonciation elle-mme, son nonc, au monde, aux noncs antrieurs ou venir. Cette activit laisse des .traces dans l'nonc, traces que le linguiste cherche systmatiser. Ainsi le langage n'est pas un simple intermdiaire s'effaant devant les choses qu'il reprsente : il y a non seulement ce.qui est dit mais le fait de le dire, l'nonciation; qui serflchit - dans la structure de !:nonc. ..~.- ,_.

Un nonc, quel qu'il soit, exige une opration de thmatisation de la part de son nonciateur; une phrase aussi simple en apparence que Charlotte cueille des fleurs aura l'oral un sens diffrent selon que le locuteur insistera sur Charlotte, cueille ou des fleurs. En effet l'nonciateur choisit ncessairement un certain mode de prsentation de son nonc, privilgie tel(s) ou tel(s) de ses constituants, que ce soit par la syntaxe ou par l'intonation. Ainsi dans Tiens, Charlotte cueille des fieurs ! c'est l'ensemble de la proposition qui est mis en valeur, comme si l'nonc rpondait une question implicite Qu'est-ce qui se passe? . En revanche, si l'nonciateur dit Elle cueille des fleurs, Charlotte. L'nonc semble plutt rpondre une question telle Que fait Charlotte? et non Qui cueille des fleurs? . L'nonciateur est donc celui qui choisit diffrents points de repre dans son nonc. (Nos exemples sont cependant trompeurs dans la mesure o les oprations de thmatisation sont indissociables des textes dans lesquels elles s'insrent.) Pour dire quelque chose sur le monde, l'nonc, en tant qu'noncoccurrence, doit presque toujours recler des termes rfrant des objets individuels. La langue en tant que systme de signes ne rfre pas, seuls rfrent les noncs-occurrences mis par un locuteur dtermin pour un allocutaire dtermin dans des circonstances dtermi" nes. La thorie de l'nonciation tudie donc de quelle manire l'acte d'nonciation permet de rfrer, comment l'individuel s'inscrit dans les structures de la langue. Il s'agit pour l'nonciateur d'utiliser des expressions capables d'isoler, d'identifier un objet ou un groupe d'objet l'exclusion d'autres. A cela servent diffrents types d'expressions linguistiques: en particulier les embrayeurs, bien sr, mais aussi les descriptions dfinies et les noms propres. Par descriptions dfinies on entend des groupes nominaux (Dterminant-Nom-t'Modifieurj] comportant un article dfini (le tableau, le tableau de Jean .. .) ; on sait qu'employer un article dfini revient supposer que l'interlocuteur est capable d'identifier l'objet dont il est question dans l'nonc, alors que l'article indfini permet d'introduire dans le discours un rfrent inconnu de l'interlocuteur. En fait, rien n'empche l'nonciateur d'associer indment l'article dfini des noms pour rfrer des objets qu'il sait ne pas exister ou que l'nonciateur est incapable d'identifier correctement. Les noms propres, eux, sont censs ne valoir que pour un rfrent unique. En principe on ne peut les employer que si l'interlocuteur est cens connatre ce quoi ils renvoient, au moins partiellement. Comme on le voit, la rfrence ne saurait tre abstraite de la relation entr nonciateur et allocutaire : rfrer constitue un acte accompli en fonctiori de l'allocutaire, et cet acte peut tre russi ou non. L'habitude

Il s'agit finalement d'chapper l'illusion selon laquelle le sens de tous les signes linguistiques, et au-del des noncs, se rduirait leur contenu reprsentatif et pourrait tre considr indpendamment de leur mise en exercice, des positions discursives de leurs utilisateurs. Ainsi, de nombreux signes linguistiques possdent-ils ce qu'on appelle une valeur pragmatique; cette valeur, loin d'chapper l'arbitraire du systme linguistique, en est partie intgrante: elle suppose donc bien la remise en cause de l'interprtation traditionnelle du couple langue/ parole. A titre d'illustration, c'est--dire sans la moindre volont d'exhaustivit, on peut numrer quelques-uns de ces domaines de recherche , relevant de la problmatique de l'nonciation: Il arrive frquemment que l'nonciateur introduise dans son nonc des lments qui renvoient l'acte mme d'nonciation. S'il dit par exemple Franchement, Marie est malade, l'adverbe franchement dpend d'une proposition implicite je te dis que ... qui rfre l'acte d'nonciation lui-mme. De mme, pour la subordonne puisque tu insistes dans un nonc comme Marie est malade, puisque tu insistes: la proposition Marie est malade ne saurait tre celle dont dpend la subordonne causale; cette dernire dpend en fait de l'acte d'nonciation.

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seule nous empche de raliser quel point il est remarquable que deux . individus puissentcommuniquer alors qu'ils ne partagent pas ncessairement les mmes domaines d'exprience. Cela n'est possible que parce qu'nonciateur et interlocuteur obissent un certain nombre de rgles , en fonction du rle qu'ils jouent dans l'change linguistique. Un nonciateur ne fait pas que rfrer, le langage n'a pas pour unique fonction de transmettre des contenus, il est aussi action. Tout nonc, outre le contenu qu'il vhicule, accomplit un certain type d'acte de langage l'gard de son allocutaire: actes de promettre, questionner, menacer, etc. A chaque nonciation l'allocutaire est oblig de reconnatre quel type d'acte il a affaire et de se comporter son endroit de la manire qui est approprie. On dit que les noncs sont affects d'une certaine force illocutoire (promesse, question ... ) qui peut tre explicite par la syntaxe (cf. JE TE JURE QU'il pleut o la force illocutoire est marque par jurer, verbe dit performatif en ce sens que seule son nonciation par un je permet d'accomplir l'acte de jurer), ou par l'intonation seulement (d'o l'ambigut l'crit d'un nonc comme il partira, qui peut constituer aussi bien une promesse qu'une menace, etc.), ou encore par le contexte. Ainsi les noncs possdent une double dimension: ils vhiculent un contenu et permettent d'accomplir des actes par le seul fait de leur nonciation (on ne peut dire je dclare sans dclarer effectivement et on ne peut dclarer qu'en disant je dclare). pans cette perspective tout nonc rflchit sa propre nonciation. On pourrait objecter que le linguiste n'a pas tenir compte de cette force illocutoire pour dcrire le sens d'un nonc, que celle-ci lui reste extrieure. Une telle position susciterait bien des difficults: un nonc l'impratif, par exemple, qui possde une valeur illocutoire d'ordre, ne reprsente pas un tat de choses comme tant vrai, ainsi que le fait tout nonc assertif, mais ne reprsente un tat de choses que comme devant tre accompli par l'allocutaire. Ce dernier se trouve ipso facto devant l'alternative obir/dsobir et on est incapable de sparer ici contenu reprsent et force illocutoire. En donnant un ordre le locuteur assigne lui-mme et son allocutaire des rles sociaux complmentaires. L'analyse des actes de langage dbouche sur l'ide que l'activit discursive repose sur une institution qui dfinit un ensemble de rles conventionnels correspondant aux divers actes de langage socialement reconnus. Au-del des rgles syntaxiques et smantiques stricto sensu il existe des rgles qui prsident la bonne utilisation du langage : ainsi est-il admis par convention que pour faire l'acte d'affirmer il faut croire ce que l'on affirme, que pour accomplir une promesse il faut s'engager faire ce qu'on promet, etc.

Dans la mesure o l'on prend en compte la relation que l'nonciateur entretient avec son propre nonc, on doit faire in~ervenir la pf(?bl~matique de l'nonciation dans les noncs les plus divers ; c'es! alI~slque l'nonciateur peut situer son nonc par rapport aux categones du possible, du ncessaire, etc. (modalits logiques). De cette f~~n dans (Il se peut que) Jean vienne ,ou !ean vien,~ra (p~ut-tr:) ,~n distinguera deux niveaux: Jean vient et 1attitude de 1enonciateur a 1egard de cette proposition (modalit du possible). De mm.e, si l~ locuteu~ ~it (Je crois que ... , Je concde que ... ) Jean viendra tl conVIent. de dIstmgue! deux niveaux dans l'nonc; en effet, le locuteur ne vise pas tant a poser un fait, savoir que l'individu qui est je croit ou conc~de prsentement quelque chose, ~ par les9uels 1allocu~aue est guid vers le contenu sous-entendu. Appartiennent a cette p~oblematique des phnomnes tels l'iron~e, par laquelle lelocuteu.r en enona?,t quelque chose veut en ralit faire comprendre le contraire de ce qu Il . dit.f

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NONCIATION

INDICATIONS BIBliOGRAPHIQUES

La bibliographie sur les problmes d'nonciation est considrable. On trouvera les indications ncessaires, classes en diverses rubriques, la fin du ~o 17 de la revue Langages (1970) intitul L'nonciation . On cornpltera cette liste par celle qu'O. Ducrot a adjointe son article Structuralisme, nonciation e! smanti9ue dans Potique n 33 (1978) et par celle, plus rcente encore, d A-M. pIller dans Langue franaise n" 42 (1979), numro consacr La pragmatique .

. Out.re Langages n? 1~ et !--angue.franaise n" 42, qui offrent un panorama diversifi de cette problmatique, citons quelques ouvrages en franais consacrs exclusivement ce sujet mais qui traitent surtout des actes de langage: - J.L. ASTIN: Quand dire c'est faire, (Seuil, 1970). - O. DUCROT: Dire et ne pas dire, (Hermann, 1972). - F. RCANATI: La transparence et l'nonciation, (Seuil, 1979). ~ ~.R. ,SEARLE Les ?c.tesde langage, (Hermann, 1972). ,: amsi qu un numero special de la revue Linguistique et smiologie (n- 4 1977) consacr L'illocutoire , ' ,

PREMIRE PARTIE Personnes et dictiques

CHAPITRE 1 : LES PERSONNES

1. PERSONNES ET NON-PERSONNE

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Je et tu tudier je et tu, c'est invitablement rencontrer la traditionnelle catgorie de la personne . L'apprentissage des conjugaisons l'cole nous habitue mettre sur le mme plan je, tu et il (les trois personnes ), tendance renforce dans la grammaire traditionnelle par leur commune appartenance la classe des pronoms personnels . En fait, une telle prsentation est dangereuse, contribuant masquer la ligne de partage fondamentale qui spare le couple je-tu de ce que Benveniste appelle la non-personne et que le il des conjugaisons reprsente trs imparfaitement . En effet, on ne peut interprter un nonc contenant je et/ou tu qu'en prenant en compte l'acte individuel d'nonciation qui les supporte. Les signes linguistiques ayant un statut syntaxique de nom possdent un signifi, que les dictionnaires de langue par leurs dfinitions circonscrivent plus ou moins bien; ce signifi se prsente comme un ensemble fini de traits smantiques qui permettent d'affirmer d'un objet Ceci est un , autrement dit de rfrer. Ce signifi peut donc tre considr comme une rfrence virtuelle, une possibilit de rfrence qui ne devient rfrence actuelle que si le signe se trouve insr dans un

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PERSONNES

ET DICTIQUES

LES PERSONNES

nonc-occurrence. TI n'en va pas de mme pour je-tu, qui, bien que remplissant les diverses fonctions syntaxiques des groupes nominaux, possdent un signifi trs diffrent puisqu'ils n'ont pas de rfrence virtuelle : est je celui qui dit je dans un nonc dtermin; est tu celui qui ce je dit tu. C'est l'acte de dire je qui cre le rfrent de je, de la mme manire que c'est l'acte de dire tu quelqu'un qui le cre comme interlocuteur. On ne peut donc connatre le rfrent de je et tu indpendamment des emplois qui en sont faits, des actes d'nonciation individuels. Ou aura comprjs~ par c~tt.rtsentre conditio~~el et valeur illocutoire font l'objet d'un article d A.-M. Diller : Le conditionnel, marqueur de drivation illocutoire (Semantikos, 2-1, 1977). C. Fuchs dans un article trs dense aborde le problme des relations entre aspect et transitivit: Systme verbal et oprations d'nonciation (Le franais dans le monde, n? 129, 1977).

Justifiez l'emploi des diverses formes composes et surcomposes dans les noncs qui suivent:(~ . Quand je me suis rveill, Marie tait partie. Elle m'avait expliqu qu'elle 'devait aller chez sa tante. J'ai pens que c'tait dimanche et cela m'a ennuy: je n'aime pas le dimanche. Alors je me suis retourn d~s mon .lit, j'~i ~herch dans le traversin l'odeur de sel que les cheveux de Mariey avalent laisse. (A. CAMUS,L'Etranger, folio, p. 36.)

-=-- Quand il avait bu, il sortait seul. _ 'Il a eu vite pris sa valise, tu peux me croire. 2:: Puisque tu as fini, va chercher le pain. -'Tu reviendras ds que Paul aura sonn. _ L'homme qui avait tout dirig tira sa montre. _ A peine l'eut-il vu qu'il se sauva. , _ La nuit tait lourde et j'avais ouvert la fentre quand soudain ... - Je l'ai vu vendredi dernier. _ A midi il eut tout remball et s'apprta partir.

tudiez les temps de ces textes en tenant compte simultanment de la distinction discours/rcit et de celle entre premier plan et arrire-plan :

- II) !f. Bo.nnar~ : articles de grammaire du Grand Larousse de la Langue Franaise (VOlT artlcle~ Aspect , Indicatif , Prsent , etc.). H. Schogt ; Le sy~teme verbal du franais contemporain (Mouton, 1968). P. Imbs:.L emploi des temps verb,!ux en franais. moderne (Klincksieck, 1960). Grammaire Larousse du franais contemporain par J.-C. Chevalier et al. (Larousse, 1964). Grammaire du franais classique et moderne par R.-L. Wagner et J. Pinchon (Hachette, 1962).

* Un moine appel Pierre l'Ermite fit le voyage de J~usalem; i! revint en France, et il raconta les mchancets des Turcs. Il alla de village en Village et de ville en ville. Il marchait nu-pieds, habill d'une longue robe capuchon. Ceux qui l'entendaient pleuraient et disaient qu'il fallait aller Jrusalem pour en chasser les Turcs. . , Quelque temps aprs, le pape vint en France. Il passa quelques Jours a Clermont en Auvergne. Une grande foule de seigneurs et de pauvres gens accourut pour le voir. , . , L'image vous reprsente le paI?e au ,momen~ ou II par~e ,a la f?ule. Il e~t debout sur une grande estrade. Il tient dune mam la croix ; Il etend 1 autre .mam vers la foule. Derrire lui sont assis les vques. Au fond on aperoit les montagnes d'Auvergne. Le pape raconta les misres des chrtiens et les mchancets des Turcs. I! termina en disant: Franais, vous tes la plus brave des nations! C'est vous qui chasserez les Turcs de Jrusalem! . (E. LAVISSE,Histoire de France, cours lmentaire, A. Colin, 1939, pp. 44-45.)

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LES

TEMPS

DE L'INDICATIF

EXERCICES

DEUXIME

PARTIE

* COUPE DESCOUPES: ANDERLECHT GREMENTAVORI L FLe stade du Heysel Bruxelles sera le thtre ce soir de la finale de la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe qui opposera l~s Anglais de West Ham aux Belges d'Anderlecht. Anderlecht partira lgrement favori, mais tout le monde connat la constance et l:ardeur des joueurs britanniques qui savent se surpasser dans les grandes occasions. . J.u~qu' la fin ~cembr~; West Ham ctoya les meilleurs de la premire dlVl~IOndl! champIOnn~t d Anglet.err~ avant de connatre des ennuis causs par pl~~teurs J0l:le~~s ~lesses. Il perdit pied en championnat dans le mme temps qu Il se faisait liminer de la Cup . Ds lors, le club londonien reporta tous ses espoirs sur la Coupe d'Europe. Cela lui russit puisque le voil en finale. West Ham a dj remport cette coupe en 1965 contre Munich 60 (2-0) Mais il comptait dans ses rangs de grandes vedettes tel Bobby Moore. Actuellement c'est une formation de jeunes talents. ' Pour arriver en finale West Ham a successivement limin Reipas Lahti (Fin) 2-1 et 3-0, Ararat Erevan (U.R.S.S.) 1-1 et 3-1, La Haye 2-4 et 3-1 et Eintracht Francfort 1-2 et 3-l. Comme on peut le constater, les Hammers ne sont pas tellement redoutables hors de chez eux. Cependant, une finale en un seul match peut changer toutes les donnes. Quant au S.C. And~rl~chtois, il n'a jamais eu l'occasion de se distinguer en Coupe des Coupes mais a la Coupe des Clubs champions. ,. Ce. se~a cependant l~ deuxime finale europenne du club belge. En 1970 il s inclinait de peu face a Arsenal en finale de la coupe des villes de foire. (Courrier Picard, 1976.)

tude de l'opposition premier plan/arrire-plan dans ces textes :

* Fin de la grve l'universit du Maine. - Les tudiants de l'universit du Maine, au Mans, runis en assemble gnrale le 1er mai, ont dcid de cesser la grve commence avant les vacances de Pques. Les grvistes s'opposaient aux projets de carte universitaire, craignant qu'ils n'aboutissent la cration d'universits de seconde zone; ils demandaient le maintien de tous les enseignements existants et la suppression de la rglementation restreignant l'admission des tudiants trangers. (Le Monde, 4-5-79, Article de Guy HERZLICH,Rendre la musique aux enfants.)

* Je l'ai invit passer un week-end chez moi; j'avais absolument tout arrang, j'avais } chez le coiffeur, ma maison t,ait toute. fleurie, j'~vais prpar un petit dner aux chandelles, enfin tout ce qu on peut imaginer qu une femme fait quand elle s'apprte passer un week-end amoureux avec l'homme de sa vie. Et puis brusquement quand il a dbarqu du train on s'est rendu compte que c'tait la coupe du monde de foot, et de 3 h de l'aprs-midi 2 h du matin les horaires de tlvision avaient t rallongs, j'ai vu peu prs dix heure~ de foot d'affile. Je me suis endormie devant la tl, j'ai t rveille par un hurlement intempestif: on avait marqu un but, il fallait quand mme le signaler. Et puis a s'est dtrior la suite de a. a a cr chez moi l'horreur, une horreur du football absolument dmente, et de tous les sports en gnral. (Extrait d'un interview sur France-Inter.)

* Matelot se mit batt;e le briquet. Il souffla sur l'amadou. Il avait, au fond de sa barbe blanche, une bouche paisse aux grosses lvres un peu luisantes bien gonfles de sang. ' Il alluma sa pipe. Il donna l'amadou Antonio. Antonio souffla. Il tait maigre de menton et tout sec, avec peine de lvres. Je pense Junie, dit Antonio. - .C'est d'ell.e qu'est venue l'inquitude, dit Matelot. Moi, le temps me passait. Un matin elle m'a touch le genou. - Et l'enfant? elle a dit. - L'enfant, j'ai dit, quoi? - Il devrait tre ici. - Le temps de faire, j'ai dit. -: ~e temps a pass, elle a dit. Elle s'est leve, elle a ouvert la porte, c'tait le petit Jour. - Qu'est-ce que tu crois? dit Antonio. - Je. cherche pas croire, dit Matelot, ce que je sais c'est qu'il a coup les arbres, fait le radeau et qu'il a d le flotter. - Alors? - Peut-tre noy, je pensais. ~e gu gal?pait toujours sur place et on entendait ses grosses pattes blanches qur pataugeaient entre les rochers. (J. Groxo, Le Chant du Monde, folio.)

* Le chemin dbouchait cent pas de l'entre du village, sur une petite route trs bien entretenue o Angelo et la jeune femme gays de matin se lancrent au trot allong. . . Ils passaient l'un derrire l'autre cette allure dans ~n m~ce. couloir ~nt~e deux granges quand ils entendirent devant eux des bruits dplaisants mais Ils taient lancs et ils dbouchrent sans pouvoir faire volte-face sur une sorte de placette pleine de soldats et transforme en souricire par des tombereaux braqus en travers de toutes les issues. .. La jeune femme tait entoure de cinq ou six dragons qu la retenaient et la masquaient compltement. . . Angelo ne pensait qu' se rapprocher de sa compagne dont il ne voyait plus que le petit chapeau. (J. Groxo, Le Hussard sur le toit, folio, p. 362.) tudiez l'emploi des diverses formes du futur dans ces extraits de presse: * La place Occitane de Toulouse sera entirement rserve aux p~tons. En procdant l'amnagement de l'lot Saint-Georges, dans la partie la plus vivante, mais aussi la moins salubre, la municipalit de Toulouse va faire de la place Occitane la plus grande surface pitonne d'Europe.

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EXERCICES

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(... ) La place .Occitane, c~nue da~s le style languedocien o la brique aura tout son emploi, va devenir le vritable poumon du vieux quartier SaintGeo~ges. Les esp~ces verts, les fontaines, les bassins et les cascades les boutiques soutel!aI~es... seront termins la fin de l'anne 1976 et un ensemble de trOIS immeubles (logements et bureaux) recevra ses premiers occupants en 1978. (Le Monde, 23-1-1976.)

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* Une socit d'quipements industriels leader de son march en forte expansion, filiale d'un groupe international rechercheLE RESPONSABLE DE L'UNE DE SES AGENCES EN RGION PARISIENNE

* M. J~cques Chirac a pris la parole ds l'ouverture des travaux pour dire: Certains de nos compagnons se posaient des questions en disant: Chirac vat-il rester la tte du R.P.R. ou au contraire doit-il partir? Eh bien je vais leur rpondre trs ~lairemen~ et qu'ils se rassurent pour certains, qu'ils s'inquitent pour d'autres, Je ne partirai pas. Je ne partirai pas et j'assumerai, cela va de soi pleinement mes responsabilits de prsident du R.P.R. et je les assumerai fort d~ la confiance de nos militants . (Le Monde, 22-6-79.)

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Ce cadre de 32 ans minimum aura une exprience confirme de la vente de biens d'quipements une clientle industrielle et commerciale varie. Responsable d'une quipe jeune, il mettra tout en uvre pour la faire accder un niveau de rsultats compatible avec les ambitions de la socit dans cette rgion. Sa russite lui vaudra court terme son accession aux responsabilits deCHEF DES VENTES

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(Le Monde, 4-5-79.) * M. Giscard d'Estaing fera une visite officielle au Rwanda et au Soudan. M. Giscard d'Estaing se rendra en visite officielle au Rwanda, du jeudi 17 au samedi 19 mai, l'invitation du prsident Juvnal Habyarimana. Le chef de l'tat assistera ensuite, Kigali, la sixime confrence franco-africaine, les lundi 21 et mardi 22 mai. Avant de regagner Paris, M. Giscard d'Estaing fera, d'autre part, une visite officielle de travail au Soudan, le mercredi 23 mai. (Le Monde, 4-5-79.)

* .M. Raymond Barre doit recevoir djeuner, le mercredi 2 mai, l'htel ~atlg~on, en prsence de M. Jean-Franois Poncet, ministre des Affaires etra~geres, MM. Couve de Murville (R.P.R.), prsident de la commission des Affaires tr~n~res de l'Assemble natio?ale, et Jean Foyer (R.P.R.), prsident d~ la c:omIll1SSlOn LoI~ avec,lesqu~ls ~I de~ s'entreti~ndr.a de la proposition de loi deposee par ce derruer, VIsant a la cration de dlgations parlementaires pour les Communauts europennes. (Le Monde, 27-4-79.): Dans l~s ~inq acad~mies piltes, ingt-cinq conseillers pdagogiques vont v etre nomm~~ a la re~tree prochaine raison d:un trois par dpartement : ils sero?t ChOISISparmi les mstituteurs volontaires ayant dj une formation musicale et possdant des qualits d'animateurs. Autant doivent tre recruts chaque ann~ d'ici 1982; ils seront chargs de former des instituteurs aux mthod.es actives, a~ ch,ant et l'animation de chorales, la pratique de la percussI~n ou de la ~ute a bec ... Paralllement vont tre organises des sries de st~ges d.une semaine : cette anne, deux seront destins aux conseillers p~da~ogIqu~s eux-mmes, les autres aux instituteurs. Un stage plus bref doit reunir aussi dans chaque acadmie conseillers pdagogiques inspecteurs dpartementaux et professeurs d'cole normale. ' (Le Monde, 24-2-76.)

Faites une analyse prcise de cet extrait d'une chronique grammaticale et, s'il y a lieu, faites une critique rigoureuse de ses prsupposs et de ses conclusions. Qu'est-ce qu'implique l'existence de ce type de chroniques journalistiques en ce qui concerne le statut social de la langue ? PARLONS FRANAIS

par Jean-Charles Hennebert Les deux passs ( ... ) La troisime question de notre correspondant se rapporte au pass dfini et au pass indfini, que la susdite instruction de 1910 a baptiss pass simple et pass compos. Il regrette les anciennes dsignations qui marquaient les diffrences d'emploi de ces deux temps, le pass dfini quivalant au prtrit et le pass indfini au parfait des Anglais. Il est permis de dplorer, conclut-il, cette dcadence de notre langue . Il est bien vrai que le pass simple isole une action dans le pass: Mon pre arriva (il a trs bien pu repartir depuis) et que le pass compos marque une action qui se continue d'une manire ou d'une autre dans le prsent: Mon pre est arriv (et il est toujours l). Usant d'une image gomtrique, on peut dire que le pass simple est un point nettement dfini dans l' espace du pass, tandis que le pass compos est une ligne indfinie qui, trace dans le pass, se prolonge dans le prsent. Mais en fait, le pass compos a perdu beaucoup de ce caractre en se substituant au pass simple dans le langage parl. Je connais un Mridional qui

* (Publicit) Champagne! Pour fter le lancement de sa nouvelle ligne Boulogne-Douvres Normandy Ferries offrira le champagne tous les passagers qui prsenteront cette annonce.

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emploie encore le pass simple dans sa conversation, mais il a plus de quatrevingts ans et sa postrit ne l'imite pas! La mesure officielle n'a donc que confirm un tat de fait en adoptant les mots de simple et de compos, qui distinguent les deux passs, non plus d'aprs leur sens, mais d'aprs leur forme. On peut certes dplorer cet appauvrissement de la conjugaison franaise, mais, comme disent les Anglais, rien ne sert de pleurer sur le lait rpandu ... . Rappelons ce sujet que depuis une vingtaine d'annes, l'imparfait tend supplanter le pass simple et le pass compos la radio, la tlvision et jusque dans la presse crite, comme le montre cette relation d'un match de football cite nagure: L'arbitre accordait aux visiteurs un penalty svre que Dillon transformait. Martel et Massard inquitaient Ghislain ... . C'est un moyen pratique - et lamentable - d'viter le pass compos, trop long, et le pass simple, trop difficile! Pour l'honneur de mes confrres sportifs, ce n'est pas de nos colonnes que cet exemple fut tir! ... (La Voix du Nord, 8-6-1976.)

TROISIME PARTIELe discours rapport

acilement tendance considrer qu'un nonc se prsente omme une squence homog~I!.~,,>'~, c'est-:(ire supporte par monciateur dans le cadre de la mme situation de commumcaalii:le discours est constamment traverspar le dj-dit, et -dire; en ce sens l'nonciateur se trouve rapporter des nus par lui-mme ou un autre locuteur dans une autre l'nonciation. Cette possibilit toujours prsente ~:l!~e E!?ravoix au sein -dumrii-non -esruh,-des ~lmenslons tales du discours. )blmeslinguistiques soulevs par le f~nc~ionne~ent ?U apport intressent au prermer ch~f la theone de 1enonciament une nonciation peut-elle en inclure une autre? Quelles propose la langue cet effet? En gnral les grammaires elles se contentent de considrer ces questions sous un angle ment morphologique et syntaxique (cf. la fameuse ~,conc