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0 UNIVERSITE DE LA MEDITERRANEE-AIX-MARSEILLE II FACULTE DE MEDECINE-LA TIMONE ECOLE DOCTORALE DES SCIENCES DE LA VIE ET DE LA SANTE THESE DE DOCTORAT Présentée par Laetitia NINOVE En vue de l’obtention du grade de Docteur de l’Université de la Méditerranée Spécialité: Maladies Transmissibles et Pathologies Tropicales Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales : application à la pandémie de grippe A/H1N1. Soutenue le 13 Janvier 2011 COMPOSITION DU JURY Pr Bruno POZZETTO Rapporteur Dr Hervé BOURHY Rapporteur Pr Xavier DE LAMBALLERIE Directeur de thèse Dr Rémi CHARREL Examinateur Dr Hervé TISSOT-DUPONT Examinateur

Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

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Page 1: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

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UNIVERSITE DE LA MEDITERRANEE-AIX-MARSEILLE II

FACULTE DE MEDECINE-LA TIMONE

ECOLE DOCTORALE DES SCIENCES DE LA VIE ET DE LA SANTE

THESE DE DOCTORAT

Présentée par

Laetitia NINOVE

En vue de l’obtention du grade de Docteur de l’Université de la Méditerranée

Spécialité: Maladies Transmissibles et Pathologies Tropicales

Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales :

application à la pandémie de grippe A/H1N1.

Soutenue le 13 Janvier 2011

COMPOSITION DU JURY

Pr Bruno POZZETTO Rapporteur

Dr Hervé BOURHY Rapporteur

Pr Xavier DE LAMBALLERIE Directeur de thèse

Dr Rémi CHARREL Examinateur

Dr Hervé TISSOT-DUPONT Examinateur

Page 2: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

1

SOMMAIRE

Pages

Introduction et objectifs 2

I. Les techniques de PCR 5

II. Mise en place de la plate-forme de biologie moléculaire 13

Prévention des risques de contamination 14

Choix des systèmes de détection, préparation 17

des amorces/sondes, aliquotage et stockage

Extraction des acides nucléiques (AN) 20

Contrôles de PCR 21

Protocole de PCR-tr 26

III. Développement de la plate-forme de biologie moléculaire 28

Article 1: 31

“RNA and DNA bacteriophages as molecular diagnosis controls in clinical virology:

a comprehensive study of more than 45,000 routine PCR tests.”

Article 2 35

“A simple method for molecular detection of Swine-origin and human-origin

influenza a virus.”

Article 3 38

“Novel virus influenza A (H1N1sw) in South-Eastern France, April-August 2009.”

Article 4 43

“Point of care strategy for rapid diagnosis of novel A/H1N1 influenza virus.”

Conclusion et perspectives 47

Bibliographie 53

Page 3: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

2

INTRODUCTION ET OBJECTIFS

Page 4: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

3

Les pathologies d'étiologie virale occupent une place croissante dans la gestion des maladies

infectieuses humaines et animales. Cette évolution est liée d'une part aux progrès diagnostiques et

thérapeutiques dans la discipline, mais également à la prise en compte progressive d'une

épidémiologie complexe et évolutive, incluant des phénomènes épidémiques ou d'émergence dont les

conséquences sanitaires et économiques peuvent être considérables. Elle a créé des besoins nouveaux

et une demande importante en matière d’actes virologiques, tant à titre diagnostique, pronostique

qu’épidémiologique.

L’histoire du diagnostic virologique médical peut se scinder en trois grandes étapes.

La première phase a débuté en 1949 avec la culture in vitro du poliovirus par John Enders,

Thomas Weller et Frederick Robbins. Cette période a inauguré l’ère des cultures cellulaires qui a

permis l’isolement de nombreux virus à partir de divers prélèvements biologiques et leur

identification sous l’égide de programmes documentaires et descriptifs financés par le Centre

Rockefeller. Cette période a coïncidé de manière heureuse avec le développement des techniques de

microscopie électronique, qui ont apporté à cette nouvelle discipline un substratum d'identification

morphologique. Ceci lui a permis, outre de considérables progrès taxinomiques, une existence moins

abstraite.

La deuxième phase a connu son apogée dans les années 1970 avec l’avènement des

techniques immuno-enzymatiques (Stratis Avraméas) et la découverte des anticorps monoclonaux

(Georges Kohler et Nathan Milstein, 1975). Ces nouvelles approches ont permis le développement

de techniques sensibles, spécifiques et rapides pour le diagnostic direct et indirect des infections

virales. Cette période a coïncidé avec l'apparition de l'aciclovir, une molécule antivirale prodigieuse

par son activité anti-herpétique et son innocuité. L'arrivée de cette molécule marque un tournant

capital du diagnostic virologique médical dans la mesure où l'existence d'un traitement efficace allait

susciter une demande médicalement fondée de diagnostic étiologique des infections virales.

La troisième phase a été marquée par l’essor en virologie médicale de la technique

d’amplification de séquences nucléiques utilisée sous le terme de Polymerase Chain Reaction (PCR)

découverte par Kary Mullis qui a obtenu à ce titre, le prix Nobel de chimie en 1993.

Page 5: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

4

Cette période coïncide avec l'apparition de l'épidémie du virus de l'immuno-déficience

humaine, puis la découverte -moléculaire- du virus de l'hépatite C. Pour ces pathogènes, et beaucoup

d'autres par la suite, le développement du diagnostic par biologie moléculaire et celui de

thérapeutiques antivirales ont permis l'entrée et le développement de la virologie dans le champ

habituel de la microbiologie clinique.

Notre propos portera ici sur le développement de techniques de biologie moléculaire (et plus

particulièrement des techniques d'amplification dites en temps réel) pour répondre aux demandes et

contraintes du diagnostic en milieu hospitalier. Il sera accompagné de considérations sur l'utilisation

de ces techniques dans les pays du Sud et la possibilité de transfert technologique en ce sens.

Page 6: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

5

I. Les techniques de PCR

Les techniques de biologie moléculaire ont pris au cours des 20 dernières années une place

importante dans le diagnostic direct des pathogènes viraux [1,2]. Ces méthodes permettent de mettre

en évidence et parfois de quantifier les acides nucléiques (AN) des virus, et/ou des transcrits liés à la

réplication virale, et/ou des formes moléculaires rétrotranscrites dans le cas des rétrovirus.

Parmi les techniques diagnostiques, l'amplification génique -et singulièrement la technique

dite de PCR- a profondément bouleversé les capacités diagnostiques en virologie. Le principe et la

spécificité de la détection reposent fondamentalement sur la capacité d’une séquence monocaténaire

d’ADN ou d’ARN à se lier spécifiquement avec sa séquence complémentaire, puis à subir une

élongation par une polymérase. La réaction de PCR, prototype des techniques d’amplification

génique, a révolutionné les capacités de détection grâce à l'apport de polymérases thermostables

permettant un cycle continu alternant dénaturation, hybridation et élongation sans intervention

extérieure.

Dans la PCR dite "conventionnelle", l’amplification et la détection des amplicons se font de

manière indépendante et l'analyse des amplicons est associée à un risque de contamination.

L’analyse des produits amplifiés par électrophorèse sur gel d’agarose, par chromatographie ou par

hybridation est réalisée en point final et ne permet qu'une détection qualitative ou semi-quantitative.

Plus récemment, les techniques de PCR en temps réel (PCR-tr) ont permis le développement

rapide de la biologie moléculaire dans le diagnostic de routine [3]. L’amplification est évaluée grâce

à l’émission d’un signal fluorescent dont l’intensité est proportionnelle à la quantité d’amplicons

générés au fur et à mesure des cycles de PCR. Dans la PCR-tr, l’amplification et la détection des

amplicons se font simultanément en système fermé. L’analyse des produits amplifiés se fait en temps

réel. Le diagnostic par PCR-tr est au final plus rapide que celui par PCR conventionnelle (réduction

de la durée des cycles et de la taille des amplicons, absence de procédures techniques post-PCR et

possibilité d’avoir une lecture en continue de l’amplification grâce aux marqueurs fluorescents), mais

l’avantage déterminant repose sur la détection en "système fermé", c’est à dire sans ouverture des

tubes réactionnels, ce qui limite considérablement les risques de contamination à partir des produits

d’amplification générés au cours de la réaction enzymatique [4]. La sensibilité des techniques de

PCR-tr est bonne, généralement supérieure à celle des PCR conventionnelles en une étape, et

approchant souvent celle des protocoles de PCR nichée [5].

Page 7: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

6

Il existe deux méthodologies principales pour la détection des amplicons : l'utilisation d'agents se

liant à l’ADN double brin (SYBR Green) et les sondes fluorescentes spécifiques de la cible

amplifiée.

1) La molécule SYBR® Green est un agent intercalant émettant de la fluorescence quand il est

lié à l'ADN (Figure 1). Le nombre de marqueurs fluorescents augmente au cours de

l’amplification proportionnellement à la quantité d’ADN double brin synthétisé et on réalise

une courbe de fusion en fin de réaction. Dans ce système, la spécificité de la réaction repose

sur la spécificité des amorces et la température de fusion des amplicons. L’inconvénient

principal de cette technique est l’absence de contrôle de la spécificité de la fluorescence

mesurée. Il existe par ailleurs de nombreux avantages à l'utilisation du SYBR Green: coût

modéré, simplicité de mise en œuvre, utilisation possible pour la détection d'un panel étendu

de séquences apparentées (par exemple: détection des tous les flavivirus, ou de tous les virus

de la grippe A, lors d'une réaction unique).

Figure 1. Technique SyBr Green : la molécule SYBR® Green est un agent intercalant de

l’ADN double brin qui lorsqu’elle est excitée, émet de la fluorescence.

2) Dans les techniques utilisant des sondes fluorescentes, la fluorescence est obtenue par

l’utilisation d’une sonde marquée. Il existe 4 technologies utilisant des sondes (Elyse Poitras

et Alain Houde, La PCR en temps réel: principes et applications, Reviews in Biology and

Biotechnology, Vol.2, No 2, December 2002. pp.2-11) :

a) Taqman ou hydrolyse de sondes

b) HybProbes (FRET) ou hybridation de 2 sondes

c) Molecular Beacons ou balises moléculaires

d) Scorpion ou amorces scorpion.

Page 8: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

7

a) Dans la technologie Taqman, les sondes sont marquées à leur extrémité 5’ par un fluorochrome

émetteur (reporter), par exemple FAM, et à leur extrémité 3’ par un fluorochrome suppresseur

(quencher) fluorescent ou non, qui inhibe l’émission du reporter lorsqu’ils sont à proximité.

Au cours de la PCR, si la sonde est hybridée sur sa cible, elle est hydrolysée par l’activité 5’

exonucléasique de l’ADN polymérase [6]. Le reporter ainsi séparé du quencher émet un signal

proportionnel au nombre de sondes hydrolysées, mesurable au moment de l’élongation (Figure 2A).

b) La technologie FRET utilise 2 sondes dont l’une est porteuse en 3’ d’un fluorochrome émetteur

et l’autre en 5’ d’un fluorochrome accepteur. Les sondes sont choisies de façon à s’hybrider à leurs

séquences cibles en n’étant séparées que de 1 à 5 bases. Lorsque les deux sondes sont séparées, le

fluorochrome donneur n’émet qu’un bruit de fond de fluorescence alors que lorsqu’elles sont

hybridées à moins de 10 nucléotides de distances, la proximité des 2 fluorochromes permet le

transfert de l’énergie du fluorochrome donneur vers le fluorochrome accepteur provoquant

l’émission fluorescente de ce dernier (FRET : fluorescent resonnance energy transfer). On mesure

alors l’acquisition de la fluorescence, proportionnelle à la quantité d’ADN synthétisée, au moment de

l’hybridation. Les sondes restant intactes (contrairement aux sondes Taqman qui sont hydrolysées), il

est possible de réaliser une courbe de fusion en fin de réaction (Figure 2B).

c) Les balises moléculaires (molecular beacons) sont des sondes d’hybridation en épingle à cheveux

portant 2 fluorochromes, un reporter et un quencher comme les sondes Taqman. Etant repliées à

l’état libre, elles n’émettent pas de fluorescence en raison de la proximité des 2 fluorochromes.

Lorsque les sondes sont hybridées, l’éloignement suffisant des 2 fluorochromes libère le reporter

permettant ainsi l'émission d'une fluorescence. La lecture de la fluorescence se fait au moment de

l’hybridation (Figure 3A).

d) Les amorces Scorpion sont une variante des molecular beacons avec une structure en épingle à

cheveu complétée après le quencher d’une molécule d’hexéthylène glycol (HEG) sur laquelle est

fixée une amorce. L’HEG empêche l’extension de la balise moléculaire par l’ADN polymérase et

l’amorce permet d’intégrer la balise moléculaire dans le nouvel amplicon. La boucle change de

conformation (retournement rappelant la queue d’un scorpion) lors d’une renaturation, pour

s’hybrider à sa séquence complémentaire sur l’amplicon, permettant l’éloignement du quencher et

l’émission du reporter (Figure 3B).

Page 9: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

8

Figure 2A: technologie Taqman (a) Durant l’étape de dénaturation, la sonde est libre

en solution. (b) la sonde et les amorces s’hybrident à leurs séquences cibles respectives et la

proximité des fluorochromes permet l’inhibition de la fluorescence. La polymérisation

débute. (c) La polymérase déplace et hydrolyse la sonde. Le fluorochrome émetteur est libéré

de l’environnement du suppresseur permettant ainsi l’émission de la fluorescence.

Figure 2B: technologie FRET (a) Durant l’étape de dénaturation, les deux sondes

demeurent séparées et en solution. (b) les sondes s’hybrident à leurs séquences cibles

respectives et la proximité des fluorochromes permet l’émission de fluorescence rouge par le

principe FRET. (c) Les sondes retournent libres en solution.

Page 10: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

9

Figure 3A: Balises moléculaires (Molecular Beacons). (a) Durant l’étape de dénaturation, la

balise moléculaire est sous forme relaxée et libre en solution mais la proximité des fluorochromes

permet l’inhibition de la fluorescence. (b) Lorsque la sonde s’hybride à sa séquence cible, le

fluorochrome émetteur est suffisamment éloigné de son suppresseur pour permettre l’émission de

fluorescence. (c) À l’étape de polymérisation, la balise moléculaire retourne en solution sous forme

d’épingle à cheveux.

Figure 3B: Amorces scorpion (Scorpion primer). (a) Durant l’étape de dénaturation, la

balise moléculaire est sous forme relaxée et libre en solution mais la proximité des fluorochromes

permet l’inhibition de la fluorescence. (b) L’amorce scorpion se fixe à sa séquence complémentaire

cible. (c) Polymérisation du brin complémentaire. (d) Dénaturation des brins d’ADN. (e)

Hybridation de la séquence complémentaire de la partie balise moléculaire à sa séquence cible

permettant l’émission de fluorescence.

Page 11: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

10

La spécificité des techniques utilisant des sondes fluorescentes est liée à la fois à celle des

amorces et à celle de la sonde réduisant significativement le risque de fluorescence non spécifique

due à des mésappariements ou des dimères d’amorces mis en évidence avec le test SyBr Green.

Ces techniques présentent l’avantage de détecter plusieurs cibles dans le même tube en

utilisant différentes amorces et sondes marquées avec des fluorochromes ayant des spectres

d’émission différents. Ces réactions dites "multiplex" peuvent être élaborées en utilisant des

fluorochromes émetteurs distincts pour chacune des cibles moléculaires [7]. Ces techniques se sont

développées de manière importante au cours des dix dernières années. Dans différentes études, le

multiplexage a été utilisé pour détecter un panel de virus associé le plus souvent à un syndrome

donné. Il a été utilisé par exemple pour la recherche de virus responsables de méningites et

d’encéphalites [8,9]. Le liquide céphalorachidien (LCR) étant souvent prélevé en faible quantité, la

détection de plusieurs pathogènes dans un même tube permet donc d’utiliser une quantité moindre de

matériel biologique. Le multiplexage a également été utilisé pour la détection de virus respiratoires

[10], de virus impliqués dans l’immunosuppression [11], de virus présents dans des infections

génitales [12], et enfin de virus transmis par le don de sang [13].

La PCR multiplex est une technique attractive, mais il est nécessaire d’optimiser, d’évaluer et

de valider les protocoles techniques (en particulier la quantité d’amorces et de sondes) afin de ne pas

entraîner de compétition entre les différentes PCR réalisées dans le même tube. L’utilisation de

systèmes multiplex est limitée par le nombre de fluorochromes et de sources lumineuses

monochromatiques disponibles [14].

Les quatre techniques détaillées plus haut (hydrolyse, FRET, balises et Scorpion) peuvent

être utilisées en format multiplex. Les balises moléculaires permettent de détecter une variation de

l’ordre de un nucléotide et les amorces scorpion sont préférentiellement utilisées lors de PCR

comportant des cycles courts. Cependant, la conception des balises moléculaires et des amorces

scorpion est plus délicate que celle des systèmes "classiques" et leur prix reste élevé. Le tableau de la

page suivante résume les principales caractéristiques de ces 4 techniques de PCR-tr (Tableau 1).

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11

Tableau 1. Principales caractéristiques des techniques de PCR-tr utilisant des sondes

fluorescentes

Page 13: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

12

Au total, les techniques d'amplification moléculaire en temps réel ont connu un succès

considérable, tant dans le champ de la recherche que dans celui du diagnostic virologique. Les

problèmes initialement rencontrés et constituant un frein à l’optimisation de la sensibilité et la

spécificité de ces méthodes ont été progressivement résolus.

- le risque de contamination responsable de "faux-positifs" a été très rapidement identifié par

les laboratoires de biologie moléculaire et a constitué le point faible crucial des techniques de PCR

conventionnelle. La mise en place de pièces sectorisées pour pratiquer les différentes étapes de PCR

et l’utilisation des techniques de PCR-tr (sans ouverture de tube) ont permis de réduire

considérablement ce problème et d'accéder au diagnostic moléculaire à large échelle.

- la technique de PCR-tr est intrinsèquement d'une grande reproductibilité. Les procédures

d’aliquotage des réactifs, la mise au point de témoins positifs et de témoins internes synthétiques et

plus récemment l’automatisation des techniques d’extraction des acides nucléiques ont permis

d'atteindre un degré de standardisation sans précédent pour les tests moléculaires.

Page 14: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

13

II. Mise en place de la plate-forme de biologie moléculaire

Le travail réalisé ici doit être analysé dans le contexte de la mise en place, au sein du

laboratoire de virologie de l’hôpital de la Timone, d’une plate-forme de biologie moléculaire adaptée

au diagnostic de routine qui n'est pas couvert par des kits et automates spécifiques. Cette approche

optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales a été appliqué notamment à la détection de

la grippe pandémique A/H1N1v dans les laboratoires de routine hospitalière et « Point Of Care ».

Plusieurs étapes ont fait l'objet d'une analyse et de la mise en place d'évaluations et/ou

élaboration de méthodes optimisées:

La prévention des risques de contamination

Le choix des systèmes de détection, la préparation des amorces/sondes, l’aliquotage et le

stockage des réactifs

L’extraction des acides nucléiques (AN)

La mise au point de contrôles de PCR

L’optimisation de protocole de PCR-tr.

Page 15: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

14

Prévention des risques de contamination

La gestion journalière d'un grand nombre d'échantillons et la grande sensibilité de la

technique de PCR peuvent, en l'absence de précaution, générer des résultats faussement positifs par

contamination [15]. De tels résultats sont inacceptables puisqu’ils peuvent induire à tort la mise en

place d’un traitement antiviral ou l’arrêt d’un traitement antibiotique, une hospitalisation, des

examens complémentaires, exclure dans certains cas les autres étiologies retenues par le clinicien et

conduire ainsi à un mauvais diagnostic. Les modes de contamination les plus fréquents sont :

la contamination inter-échantillons pré-PCR, c'est-à-dire la contamination d'un

échantillon négatif par un échantillon positif avant l'amplification (lors du

prélèvement, de l'échantillonnage, de l'extraction d'ADN)

la contamination des réactifs ou des échantillons avec de l'ADN amplifié provenant

d'amplifications précédentes

Lo et al. et Kwok et Higuchi ont publié dès 1989 des recommandations pour réduire le risque

de contaminations [16,17]. Ils recommandent de veiller à la parfaite séparation des étapes de

l'analyse PCR et des échantillons entre eux. Les manipulations pré-PCR et post-PCR devront donc

être réalisées dans des pièces séparées et un minimum de deux pièces est nécessaire pour les étapes

de pré-PCR. Il faut respecter le sens du déplacement de pièces en pièces, c’est le one-way only

protocol : déplacement en sens unique du matériel sans jamais de retour en arrière (Figure 5).

Figure 5. Organisation théorique d’un laboratoire de biologie moléculaire

Page 16: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

15

Comme évoqué précédemment, dans la technique de PCR-tr, les risques de faux positifs par

contamination post PCR sont limités par rapport aux techniques de PCR conventionnelles. En effet,

la lecture du résultat ne nécessite pas l'ouverture des tubes réactionnels (contamination post-PCR) et

de nombreux kits intègrent l’un des systèmes de prévention des contaminations consistant à générer

des produits d'amplification dans lesquels l'Uracile remplace la Thymine. De ce fait, tout produit de

PCR potentiellement contaminant peut, à la différence de l'ADN naturel, être détruit par l'Uracil-N-

Glycosylase (UNG) qui est incorporée dans le mélange réactionnel d'amplification. L'UNG procède à

une décontamination en amont de l'amplification et est inactivée lors du premier cycle [18,19].

Le laboratoire de biologie moléculaire installé au sein du laboratoire hospitalier de virologie

de la Timone à Marseille a donc été structuré en respectant les règles maintenant classiques

d'organisation de Lo et al. (Figure 6).

Une pièce a été dédiée à la manipulation des prélèvements (aliquotage, traitement des

échantillons, etc…) et à l’extraction des acides nucléiques. Il s’agit d’un laboratoire L2 équipé de

hottes à flux laminaire.

Deux pièces ont été consacrées à la préparation des mélanges réactionnels de reverse

transcription (RT) et de PCR. Les mélanges réactionnels sont préparés et déposés dans des plaques

de 96 puits ou dans des barrettes à 8 puits.

Dans un troisième type de pièce, les AN issus de l’extraction ou les cDNA issus de la RT sont

déposés dans les plaques ou barrettes contenant les mélanges réactionnels de PCR ou de RT, dans

une enceinte de protection Biocap, qui peut se décontaminer par rayonnement U.V. Chaque pièce

possède son propre matériel (Tips, pipettes, gants, réactifs, etc…) et des congélateurs permettant de

stocker les réactifs, les prélèvements, les extraits et les cDNA.

Une pièce spécifique est enfin dédiée aux thermocycleurs en temps réel.

Il est important de noter que les étapes ultérieures de l'organisation, en particulier les

procédures de préparation et conservation des réactifs, ont également puissamment contribué à

l'élimination des épisodes de contamination (cf. sections suivantes).

Page 17: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

16

Figure 6. Organisation du laboratoire de virologie au sein de la fédération de microbiologie

Pièce de traitement des échantillons et d’extraction des AN (1), pièces de préparation des mélanges

réactionnels de RT et de PCR (2 et 3), pièce de dépôt des extraits et des cDNA (4), pièce où sont

situés les automates de PCR en temps réel (5).

5

3

1ier

étage

Sous-sol

4

2

1

Page 18: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

17

Choix des systèmes de détection, préparation des amorces/sondes,

aliquotage et stockage

Tous les systèmes de détection utilisés au sein de la plate-forme de biologie moléculaire ont

été mis au point par l’équipe de l’UMR190 ou par des équipes ayant publié leurs résultats dans la

littérature scientifique. Ces systèmes de PCR-tr "domestique" ont été évalués et optimisés sur une

gamme d’échantillons cliniques positifs ou de cultures cellulaires infectées par le virus au sein de

l’UMR190. Ils ont été optimisés en utilisant une stratégie basée sur des expériences systématiques

avec diverses concentrations d'amorces (5, 10, 15, 20, 25 pmol) et de sondes (2, 4, 6, 8, 10 pmol)

(Tableau 2a et 2b).

[Amorces S/R] (pmol) 5 10 15 20 25

5 Ct Ct Ct Ct Ct

10 Ct Ct Ct Ct Ct

15 Ct Ct Ct Ct Ct

20 Ct Ct Ct Ct Ct

25 Ct Ct Ct Ct Ct

(a) (b)

Tableaux 2. Stratégie d’optimisation de la quantité d’amorces (a) et de sonde (b) : la quantité

optimale de chaque amorce est déterminée et sera ensuite utilisée pour évaluer la quantité optimale

de la sonde. Dans les 2 cas, la quantité des autres composants du mix réactionnel (enzyme, tampon,

dNTP et Mg2+

) ne varient pas lors des différents tests.

En conformité avec les préconisations de Kwok et Higuchi, un aliquotage systématique des réactifs

de PCR (amorces et sondes) a été mis en œuvre pour:

1. limiter les risques de contamination

2. améliorer la qualité des tests moléculaires.

[Sonde] (pmol)

2 Ct

4 Ct

6 Ct

8 Ct

10 Ct

Page 19: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

18

En effet, les réactifs de PCR ouverts et fermés de manière répétée ont plus de risque d’être

contaminés par des ADN amplifiés et les congélation/décongélation multiples des systèmes de

détection peuvent modifier leur stabilité (notamment la fluorescence des sondes). Dans le laboratoire

de l’UMR190 de la faculté de médecine, nous avons dédié une pièce à la régénération, à l’aliquotage

et au stockage des amorces et des sondes Taqman prêtes à l’emploi.

Les amorces et les sondes sont réceptionnées sous forme lyophilisées et sont régénérées avec

de l’eau stérile à une concentration de 100 µM (solutions mères). Les solutions mères sont diluées à

une concentration de 10 µM et aliquotées dans des barrettes de PCR (solutions filles). Ces barrettes

prêtes à l’emploi sont étiquetées et nominatives pour chaque virus. Ces aliquots d’amorces et de

sondes prêts à l’emploi sont testés et validés avant utilisation sur des témoins positifs quantifiés (cf.

sections suivantes) et sont stockés dans un congélateur à -40°C (Figure 7).

Figure 7. Portoirs utilisés pour le stockage de 96 microtubes 0,2 ml PCR

Tous les systèmes de détection utilisés dans le laboratoire sont répertoriés dans une base de

données informatique, où sont notées les séquences des différentes amorces et sondes, les quantités,

les stocks, les témoins positifs, les protocoles de PCR et les références des articles scientifiques

correspondant à chaque système (Figure 8). Les amorces et sondes aliquotées prêtes à l’emploi sont

stockés à la faculté de médecine (UMR190) et sont récupérées chaque semaine par les techniciens

hospitaliers pour assurer le diagnostic de routine. Les stocks de la base de données sont alors mis à

jour. Les réactifs non utilisés en fin de semaine sont jetés.

Page 20: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

19

Figure 8. Paramètres répertoriés dans la base de données informatique

Statut Amorces

Sonde Séquences

Nombre de

bases

Nombre de

barrettes

Quantité

restante

(mL)

Nombre de

lyophilisats Protocole PCR Témoin positif

Référence

bibliographique

Nom du

Virus

-En développement

-Stockage

-Routine

-Recherche

Nom amorce S

5’----3’

-PCR-tr (Taqman ou SyBr Green)

-RT-PCR-tr

-PCR conventionnelle

-ARN synthétique

-Plasmide

Nom amorce R

5’----3’

Nom sonde

Reporter----Quencher

Page 21: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

20

Extraction des acides nucléiques (AN)

L'étape d’extraction des acides nucléiques est l'une des plus importantes du processus

diagnostique. De sa qualité va dépendre le résultat quelle que soit la technique employée. Il existe de

nombreuses méthodes d’extraction. Initialement, les laboratoires utilisaient des solvants organiques

(phénol-chloroforme) et la précipitation des AN dans de l’éthanol ; ces techniques donnaient de très

bons résultats mais étaient fastidieuses et dangereuses pour le manipulateur (produits toxiques).

Aujourd’hui, trois types de techniques d’extraction sont commercialisés:

l’extraction des protéines par le thiocyanate de guanidine et la précipitation des AN

dans l’isopropanol,

la fixation et l’élution des AN sur la silice (billes ou colonne)

la complexation des protéines à une résine et récupération des AN.

Ces techniques d’extraction sont aujourd’hui automatisées ce qui permet de traiter de grandes séries

d’échantillons dans un temps limité (30 minutes à 1 heure).

Au sein de notre plate-forme, l’extraction des AN a été totalement automatisée et notre choix

s’est porté sur l’automate EZ1 Biorobot (plus récemment EZ1 XL), des extracteurs d’ADN et

d’ARN de la société QIAGEN (Figure 9). Le principe de la double extraction simultanée

(ADN+ARN), après évaluation, a montré des résultats identiques, et parfois meilleurs que certains

kits d’extraction d’ADN ou d’ARN seuls. Elle est rapide, (moins de 50 minutes) et économique

puisqu’elle a permis de réduire le nombre d’extraction, le temps de manipulation, les consommables

et le matériel à stocker. Elle est particulièrement avantageuse pour les prélèvements précieux tels que

LCR ou humeur aqueuse en réduisant le volume nécessaire à la recherche des pathogènes ADN et

ARN. Il est intéressant de noter que cette technique donne également d'excellents résultats pour la

détection des génomes bactériens.

Page 22: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

21

Seuls quelques prélèvements testés avec des kits de PCR commercialisés (kits de PCR

quantitative de l’Epstein Barr Virus et de l’adénovirus, Argene) sont extraits sur l’extracteur

recommandé par le fabricant (MagnaPure, Roche) avec un kit d’extraction d’ADN seul (Figure 10).

Figure 9. Qiagen. BioRobot® EZ1 Figure 10. Roche MagNA Pure LC instrument

Contrôles de PCR

Il existe 2 types de contrôles :

1. Contrôles externes

Le témoin négatif est testé exactement comme les autres échantillons. Ce témoin permet de

détecter une contamination éventuelle des différents réactifs entrant dans la composition de la

PCR. Le plus souvent, il est représenté par de l’eau stérile.

Le témoin positif est traité dans des tubes séparés des prélèvements cliniques mais est testé

simultanément. Il utilise les mêmes amorces et la même sonde que le virus recherché. Il permet

de contrôler la bonne composition du mélange réactionnel. C’est une source potentielle de

contamination des échantillons induisant le risque de rendre des résultats faussement positifs. La

plupart du temps les témoins positifs utilisés sont représentés par des échantillons biologiques

positifs, des cultures positives ou des plasmides spécifiques du virus recherché.

Page 23: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

22

Depuis 2007, nous avons mis en place au laboratoire de virologie, un nouveau type de témoin

positif externe. Il s’agit d’un gène synthétique spécifique d’un virus donné qui comporte les

séquences nucléotidiques des amorces, de la sonde du système de détection de ce virus et une

séquence exogène (ATTATAGCGGCCGCTTATTA) contenant un site de restriction par l'enzyme Not

I. Cette séquence exogène n’existe pas dans la nature. Afin de dépister les contaminations à partir

du témoin positif, elle peut servir de cible à une sonde spécifique ou à une coupure par Not I.

Pour chaque virus testé dans le laboratoire, un gène synthétique a été préparé et les témoins

utilisés sont sous forme ADN pour les pathogènes à génome ADN, et sous la forme d'un transcrit

ARN pour les pathogènes à génome ARN (Figure 11).

Séquence oligonucléotidique d’un contrôle externe (virus à ADN)

Séquence oligonucléotidique d’un contrôle externe (virus à ARN)

Figure 11. Mise au point des contrôles externes synthétiques ADN (a) et ARN (b)

Séquence spécifique de l’amorce sens

Séquence du promoteur T7

Séquence spécifique de la sonde

Séquence du site de restriction NOT I (ATTATAGCGGCCGCTTATTA)

Séquence virale

Séquence complémentaire de l’amorce reverse

F Specific Forward primer

R Specific Reverse primer

T7 T7 promoter primer

(a)

(b)

R

T7 F

R

F

Page 24: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

23

2. Contrôles internes

La réaction de PCR peut facilement être perturbée par :

a) des substances inhibitrices dans les prélèvements (sang, biopsies, selles, héparine,

hémoglobine…)

b) des erreurs techniques lors de l’extraction du matériel génétique, de la RT ou de

l’amplification de l’AN.

En contraste avec les progrès importants apportés par la PCR-tr pour la prévention des

résultats faussement positifs dus aux contaminations, ces techniques n'ont pas apporté d'amélioration

notable pour la détection des résultats faussement négatifs. L'éventualité de tels faux négatifs est

pourtant difficilement acceptable car le diagnostic et la mise en place d’un traitement adapté seront

retardés [20]. A ce jour, plusieurs types de contrôles internes ont été imaginés, ciblant différentes

étapes de la réaction de PCR ou de RT-PCR : la lyse du virus, l’extraction de l’AN, la RT de l’ARN

et la PCR de l’ADN ou du cDNA. Les contrôles internes sont ajoutés à chaque prélèvement

biologique. Ils permettent de contrôler le déroulement de la réaction à l’intérieur de chaque tube [21].

Jusqu’en 2006, le laboratoire de virologie de la Timone utilisait un système de contrôle interne

d'amplification (gène de la bétaglobine) permettant de valider l'ensemble de la réaction de PCR pour

chaque échantillon mais pas l’étape d’extraction. Le seul modèle proposé permettant de contrôler

toutes les étapes réactionnelles (extraction des acides nucléiques, reverse transcription et PCR) sous

la forme d'un contrôle interne est la particule de type "armored RNA". Il s’agit d’ARN enveloppés

dans des protéines de phage [22,23]. Ce montage permet de reconstituer une pseudo-particule virale

et de protéger l’ARN des RNases présentes dans le prélèvement biologique. Les "armored RNA"

sont toujours dérivés du virus recherché ce qui limite leur utilisation à un virus spécifique :

Entérovirus [24], HIV [25], virus West Nile [26], Tick-Borne Encephalitis Virus [27]. La mise en

place d’un nouveau test diagnostique requiert donc la mise au point d’un nouveau "armored RNA"

spécifique.

Au sein de l’unité des Virus Emergents, nous avons mis au point un contrôle interne

permettant de vérifier le bon déroulement de toutes les étapes du processus moléculaire (extraction

des acides nucléiques, RT et PCR).

Page 25: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

24

Nous avons choisi d’utiliser un mélange de bactériophages MS2 (ARN) et T4 (ADN). Ils

peuvent être utilisés :

1. pour tous les virus à ARN et à ADN (système "universel")

2. en PCR-tr multiplex avec le virus cible dans le même tube

3. amplifiés par des amorces spécifiques pour éliminer tout risque de compétition avec le

système cible de manière à assurer une sensibilité de détection optimale.

Ce type de contrôle interne est inoffensif pour le manipulateur, facile d’utilisation, absent des

échantillons cliniques et peu coûteux. Les bactériophages sont préparés sous forme lyophilisée et

régénérés dans de l’eau stérile. Ils sont ensuite quantifiés et aliquotés prêts à l’emploi à la

concentration prédéfinie (Ct=30 cycles en référence au test spécifique élaboré, cf. infra) et conservés

dans un congélateur à -80°C. Pour contrôler l’étape de purification des AN, il faut ajouter au

prélèvement, une quantité définie de bactériophages ; 10 µL d'un mélange de bactériophages T4 et

MS2 sont ajoutés à 200 µL de prélèvement clinique. Les génomes des bactériophages MS2 (ARN) et

T4 (ADN) sont ensuite co-extraits avec le prélèvement (Figure 12).

Figure 12. Utilisation du témoin interne

10µL d’un mélange de bactériophages T4 et MS2 est ajouté à 200µL de prélèvement. Les génomes

des bactériophages MS2 (ARN) et T4 (ADN) sont co-extraits avec le prélèvement. La détection des

bactériophages se fait dans un tube à part. La PCR T4 valide les PCR recherchant les virus à ADN

(bleu) et la PCR MS2 valide les PCR recherchant les virus à ARN (rouge).

Système détection

virus ARN Xn

Extrait 90µl

PCR-tr

Système détection

bactériophage T4

Système détection

virus ADN X1

Système détection

virus ADN X2

Système détection

bactériophage MS2

Système détection

virus ADN Xn

Système détection

virus ARN X1

Système détection

virus ARN X2

Spiking

(5 µL solution de MS2 + 5 µL solution de T4)

200 µL prélèvement

Extraction

ADN +ARN

Page 26: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

25

Pour contrôler les étapes de RT et de PCR, il faut que les bactériophages soient détectés au Ct

attendu (référence). Si les bactériophages sont non ou mal détectés, cela signifie qu’il s’est produit

un problème lors de l’extraction des AN ou lors des étapes de RT ou de PCR. Il peut s’agir :

1. d’une erreur technique au niveau de l’extraction des AN, de la RT ou de la PCR

2. de la présence d’inhibiteurs de la réaction de PCR

Il n’est pas possible de faire la différence entre ces 2 types de problèmes. Nous avons donc décidé

dans le cas d’une mauvaise détection du témoin interne, de diluer les extraits au 1/10 et de les tester à

nouveau. Si le virus recherché est détecté après dilution, le résultat pourra être validé. Par contre, Si

aucun virus n’est détecté après dilution, le résultat ne pourra être validé et sera rendu ininterprétable

(Figure 13). La dilution est une des possibilités, d’autres équipes ont fait le choix de congeler puis

décongeler les prélèvements et de les ré-extraire.

Figure 13. Algorithme utilisé pour la validation des résultats de biologie moléculaire : à gauche

si le Ctφ≤référence, le résultat de la PCR du pathogène recherché sera validé (positif ou négatif). A

droite, si le Ctφ>référence ou le Ctφ est nul, le résultat de la PCR du pathogène recherché pourra être

validé si celui-ci est positif. Par contre si le résultat de la PCR du pathogène recherché est négatif,

l’extrait d’AN sera dilué au 1/10 et retesté. Le résultat sera validé si le pathogène recherché est

détecté, il sera rendu ininterprétable s’il n’est pas détecté.

*REF = reference (Ctφ attendu)

Page 27: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

26

Nous avons évalué ce type de contrôle interne sur 8950 échantillons biologiques représentés

par 36 types de prélèvements différents sur lesquels ont été réalisés plus de 45,000 tests de PCR. Ce

témoin interne peut être utilisé en format multiplex, en RT-PCR one step ou two step, comme témoin

d’évaluation de kits d’extraction ou de PCR. Toute la mise au point, l’évaluation et les résultats de

cette étude ont fait l’objet d’un article accepté dans PLoS One, décrit ci-après : « RNA and DNA

bacteriophages as molecular diagnosis controls in clinical virology: a comprehensive study of more

than 45,000 routine PCR tests. »

Ce test a également été utilisé avec des sondes spécifiques T4 et MS2, mais également en

format SYBR Green [28].

Protocole de PCR-tr

Toutes les PCR réalisées au sein de la plate-forme de biologie moléculaire sont réalisées en

temps réel, sur des automates à plaques de 96 puits (Light Cycler 480, Roche ou Stratagène MX-

3005, Agilent) (Figures 14 et 15).

Dans le cas des virus à ARN, il est possible de réaliser :

une reverse-transcription (RT) et une PCR-tr en une seule étape (RT-PCR one step). Les

réactifs de RT et de PCR sont mélangés afin que les deux étapes puissent se faire sans

avoir à ouvrir le tube. Ce protocole est rapide et sensible. Son principal défaut est la

consommation d'une quantité importante d'extrait d'AN.

une RT puis une PCR-tr (RT-PCR two step). Dans ce cas, la RT est effectuée avec des

hexamères "random" (Kit TaqMan Reverse Transcription Reagent, Roche). Le diagnostic

moléculaire des virus à ADN et à ARN peut être fait avec les mêmes réactifs et protocoles

et la technique est très peu gourmande en matériel biologique. Par exemple, avec 200µl

de LCR, il est possible de réaliser 25 RT-PCR two-step contre 5 RT-PCR one step

seulement. Il sera donc possible de détecter un plus grand nombre de virus à ARN avec

une procédure two-step. De plus, le cDNA est plus stable que l’ARN. La conservation du

cDNA est meilleure, ce qui permettra une utilisation ultérieure avec une meilleure

reproductibilité.

Page 28: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

27

Sur la plate-forme de biologie moléculaire, la majorité des techniques des tests sont réalisées en RT-

PCR two-step pour des raisons de sensibilité, de coût et d'organisation.

Figure 14. Stratagène MX-3005, Agilent Figure 15. Light Cycler 480, Roche

Page 29: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

28

III. Développement de la plate-forme de biologie moléculaire

La mise en place de la plate-forme de biologie moléculaire a fait progresser de manière

considérable le diagnostic du laboratoire de virologie. Cette augmentation a été en partie due à

l’automatisation des techniques moléculaires, à la mise en place de la PCR-tr mais également, au

développement de nouveaux systèmes de détection permettant de rechercher un plus grand nombre

de virus. Une dizaine de systèmes de détection étaient disponibles par technique moléculaire en 2005

contre plus de 95 à ce jour (Tableau 3).

Tableau 3. Systèmes de détection disponible dans la base de données

Adenovirus 14 Rev Influenza A virus Parvovirus B19

Adenovirus A (typage) Influenza A virus (A/H1N1v) Pneumocoque

Adenovirus B (typage) Influenza A virus (A/H5) POX virus

Adenovirus C (typage) Influenza B virus Promoteur T7

Adenovirus D (typage) Hantavirus Punique virus

Adenovirus Damen Herpes virus 1 (typage) Rage

Adenovirus E (typage) Herpes virus 1+2 Rhinovirus

Adenovirus F (typage) Herpes virus 2 (typage) Rift Valley virus

Adenovirus Heim HHV6 Rotavirus

Alkurma virus HHV8 Rougeole

Astrovirus Japonese Encephalitis virus Rougeole H1 (Typage)

Bacteriophage MS2 JC + BK virus Rougeole N3 (Typage)

Bacteriophage T4 KFD (Kyasanur Forest Disease Virus) Rubella virus

BanaVirus Lassa virus Sandfly fever virus Napples

BK Virus LCMV (Lymphocytic choriomeningitis virus) Sandfly fever virus sicilian

Bocavirus Leptospira interrogans Tick Borne Encephalitis virus

CCHFV (Crimean-Congo haemorrhagic fever virus) Machupo virus (Bolivian hemorrhagic fever) Toscana virus

Chapare virus Marburg virus Usutu virus

Chikungunya virus Massilia virus Varicelle Zona Virus

Coronavirus 229E Mayaro virus Variole

Coronavirus KU1 Neisseria meningitidis VRS A

Coronavirus NL63 Metapneumovirus VRS B

Coronavirus OC43 Mycoplasma pneumoniae West Nile virus

Cytomegalovirus Nipah Virus Yellow Fever virus

Dengue 1 (typage) Norovirus groupe I

Dengue 1, 2, 3 et 4 Norovirus groupe II

Dengue 2 (typage) NOT I

Dengue 3 (typage) O'nyongnyong virus

Dengue 4 (typage) Oreillons

Ebola Sudan virus Oropouche virus

Ebola Zaire virus Para-Influenza Virus type1

Enterovirus Para-Influenza Virus type2

Enterovirus 71 Para-Influenza Virus type3

Epstein-Barr EBV Para-Influenza Virus type4

Flavivirus Parechovirus

Page 30: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

29

Depuis la mise en place de cette plate-forme, nous avons été confrontés à l’émergence de

différents pathogènes. Au début de l’année 2006, le virus chikungunya a été responsable d’une

importante épidémie qui a touché plus d’un tiers de la population réunionnaise et qui s’est étendu au

reste de l’océan indien [29]. Au cours de l’été 2007, c’est l’Italie (région Emilia-Romagna) qui

rapporte 249 cas de chikungunya [30]. En février 2009, plusieurs cas de cowpox virus sont identifiés

en France dans plusieurs départements chez des personnes possédant des rats de compagnie achetés

dans des animaleries ayant le même fournisseur tchèque [31]. Il faut noter également les nombreuses

épidémies de Dengue, en Amérique du Sud (Bolivie) et en Afrique de l’Ouest en 2008 [32,33,34] ou

aux Antilles en 2010 et l’émergence des phlébovirus dans le bassin méditerranéen [35]. En Avril

2009, c’est le virus influenza A/H1N1v qui a causé une véritable pandémie à l’échelle mondiale [36].

Ensuite, ont été décrits au printemps et été 2010, un grand nombre de cas de rougeole en France et en

Europe.

Le laboratoire de virologie a du faire face à ces différentes épidémies et à l’apparition de ces

nouveaux pathogènes. Il fallait détecter rapidement les cas d’importation et les cas autochtones.

L’organisation de la plate-forme de biologie moléculaire a permis d'apporter une réponse rapide à

l’émergence de ces différents pathogènes. Les systèmes de détection et les contrôles externes adaptés

au diagnostic de ces différents virus épidémiques ont été choisis, optimisés et évalués afin d’assurer

un diagnostic de masse mis rapidement à disposition des cliniciens.

Le schéma ci-dessous montre l'évolution de l'activité du diagnostic moléculaire du laboratoire

de virologie (hors VIH, VHC et VHB) entre 2000 et 2009. Il s’agit du nombre de résultats de PCR

rendus chaque année, ce qui correspond en réalité en 2009 à environ 60,000 tests de PCR (Figure

16).

Figure 16. Nombre d’échantillons biologiques testés en PCR dans le laboratoire de

virologie de l’hôpital de la Timone entre 2000 et 2009

Page 31: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

30

Nous recevons des échantillons biologiques des 4 hôpitaux du CHU de Marseille, mais

également des CHR situés en périphérie de Marseille et de certains établissements de soins privés.

Tous les prélèvements peuvent être testés par biologie moléculaire, nous avons répertorié dans

l’article intitulé « RNA and DNA bacteriophages as molecular diagnosis controls in clinical

virology: a comprehensive study of more than 45,000 routine PCR tests. », la nature des différents

prélèvements adressés au laboratoire de virologie.

En 2007, deux laboratoires « Point Of Care » ont été mis en place sur des deux sites

stratégiques : une salle du laboratoire de microbiologie de l’hôpital de la Timone et une pièce au sein

des urgences de l’hôpital Nord ont été dédiées au diagnostic d’urgence. Ils fonctionnent 24h/24 et

7j/7 et permettent un diagnostic rapide (30 minutes à 4 heures) dans une approche syndromique avec

notamment le diagnostic moléculaire des méningo-encéphalites virales et bactériennes, des infections

respiratoires bactériennes (coqueluche et à mycoplasma pneumoniae), les détections antigéniques des

infections respiratoires (grippe et bronchiolite à Virus Respiratoire Syncitial), des gastro-entérites à

rotavirus et adénovirus, des tests rapides sérologiques des fièvres au retour des tropiques (paludisme

et dengue) et des accidents d’expositions au sang (VIH). Un panel de 40 tests est disponible dans ces

laboratoires [37].

Mon travail a en grande partie porté sur la mise en place du diagnostic de la grippe A

pandémique dans le laboratoire de routine de virologie et ensuite, dans le cadre d’une stratégie

« POC ». Ce travail nous a permis de réaliser plusieurs publications indexées PubMed dont trois sont

détaillées ci-après : "A simple method for molecular detection of Swine-origin and human-origin

influenza a virus " [28], "Novel virus influenza A (H1N1sw) in South-Eastern France, April-August

2009" [38] et "Point of care strategy for rapid diagnosis of novel A/H1N1 influenza virus" [37].

Page 32: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

31

RNA and DNA bacteriophages as molecular diagnosis controls in clinical

virology: a comprehensive study of more than 45,000 routine PCR tests.

Laetitia NINOVE, Antoine NOUGAIREDE, Celine GAZIN, Ilenia DELOGU,

Christine ZANDOTTI, Remi N. CHARREL, Xavier de LAMBALLERIE.

PLoS One, in press

Page 33: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

32

En 2006, il n'existait pas dans la littérature, de contrôle interne permettant de vérifier le bon

déroulement de toutes les étapes du processus moléculaire (extraction des acides nucléiques, RT et

PCR) qui serait utilisable pour tous les virus à ARN et à ADN (système « universel ») en PCR-tr

multiplex avec le virus cible dans le même tube et amplifié par des amorces spécifiques pour

éliminer tout risque de compétition avec le système cible.

Le but de notre étude était de mettre au point un contrôle interne permettant une utilisation

polyvalente (plusieurs virus ciblés) en routine hospitalière dans le diagnostic virologique et

répondant au cahier des charges ci-dessus. Pour contrôler l’étape de lyse (extraction), il faut ajouter à

l’échantillon biologique un témoin ayant la même nature et le même comportement que l’élément

recherché. Il nous fallait donc un virus à ARN ou à ADN, non pathogène pour l’homme et

systématiquement absent des échantillons cliniques. Nous avons choisi d'utiliser des bactériophages,

qui nous semblent réunir ces différentes caractéristiques. Découvert par F. W. Twort (1915), puis par

F. d'Hérelle (1917), qui leur donna ce nom, il s'agit de virus infectant les bactéries. Nous avons

sélectionné deux bactériophages bien caractérisés : le bactériophage T4 (T4) à ADN double brin

circulaire (169Kbp) surmonté d’une capside icosaédrique appartenant à l’ordre Caudovirales, famille

Myoviridae, genre T4-like viruses (Enterobacteria phage T4, NCBI Reference Sequence:

NC_000866) et le bactériophage MS2 (MS2) à ARN simple brin de polarité positive (3569

nucléotides) surmonté d’une capside de symétrie icosaédrique appartenant à la famille Leviviridae,

au genre Levivirus (Enterobacteria phage MS2, NCBI Reference Sequence: NC_001417).

. Nous avons mis au point un système de détection (Taqman) pour chacun des

bactériophages. Pour cela, à partir des séquences génomiques, nous avons choisi deux amorces et

une sonde spécifique pour chacun d’eux. Le couple reporter-quencher utilisé pour MS2 est VIC-

TAMRA, celui utilisé pour T4 est FAM-TAMRA. L’utilisation de deux fluorochromes (VIC et

FAM) permet d’utiliser ces témoins internes en PCR multiplex. Nous avons optimisé d’une part les

quantités d’amorces et de sondes a ajouter au mélange réactionnel de PCR en suivant la procédure

mise en place par Christian Drosten (Bernhard Nocht Institute, Hamburg, Allemagne) et d’autre part,

la quantité optimale de phages qui sera ajoutée à l’échantillon biologique.

Après avoir développé et évalué un système de détection des bactériophages, nous avons

réalisé une étude de faisabilité sur un modèle expérimental. Nous avons validé plusieurs procédures

techniques d’utilisation des phages comme contrôle interne. Les premiers essais ont été effectués sur

des surnageants de cultures cellulaires infectées par du cytomegalovirus (CMV, ADN) ou par de

l’enterovirus (EV, ARN).

Page 34: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

33

Nous avons tout d’abord évalué si l’ajout d’un mélange de T4 et de MS2 quantifiés à ces

surnageants de cultures cellulaires infectées modifiait le rendement de l’extraction des AN du CMV

et de l’EV [39,40]. Dans un deuxième temps, nous avons évalué si l’ajout du système de détection de

MS2 ou T4 au mélange réactionnel de PCR contenant le système de détection du CMV ou de l’EV

(format multiplex) modifiait les performances du système de détection de ces derniers. Enfin, nous

avons évalué notre contrôle interne en real time RT-PCR one-step et two-step. Il a été ensuite évalué

sur des échantillons biologiques positifs pour le CMV et l’EV en real time (RT)-PCR two-step en

format multiplex.

Une fois ce contrôle interne optimisé et évalué avec le CMV et l’EV, nous avons testé son

efficacité et évalué l’intérêt pratique de cette méthode sur les virus ADN et ARN recherchés en

routine dans le laboratoire de virologie de la Timone de Marseille. Entre Janvier 2007 et Mai 2008,

le contrôle interne MS2-T4 a été ajouté à 8950 prélèvements cliniques : 7937 ont été testés pour

rechercher des virus à ADN seulement, 337 pour rechercher des virus à ARN seulement et 1216 pour

rechercher les deux, ce qui correspond au total à plus de 45,000 résultats transmis aux cliniciens.

Pour la mise au point et la validation des procédures techniques, notre contrôle interne a été

utilisé en format multiplex c'est-à-dire détecté dans le même tube que le virus ciblé. Par contre dans

cette application en routine, la détection du contrôle interne n’a pas été faite en format multiplex. En

effet, sur chaque échantillon biologique, ont été pratiqués :

(i) des réactions de PCR ciblant un ou plusieurs virus ADN et/ou ARN suivant les prescriptions

médicales

(ii) une réaction de PCR ciblant le phage T4 ou MS2 dans un tube distinct (MS2 si la recherche

d’un virus à ARN était prescrite, T4 si la recherche d’un virus à ADN était prescrite).

Les résultats ont été interprétés de la manière suivante:

Lors de la mise au point, la quantité de phage MS2 et T4 ajouté au prélèvement a été

optimisée, les Ct du MS2 et du T4 étaient donc connus (référence).

Si la détection du phage est normale (Ctφ ≤ référence), le résultat du virus ciblé peut être

validé. Si la détection du phage est anormale (Ctφ > référence) ou nulle et si le résultat de la

PCR du virus ciblé est négative, ce dernier ne peut pas être validé.

Page 35: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

34

Une détection anormale est définie par un (Ct > Ct moyen de la manipulation + 1 SD). Dans

ce cas, l’extrait est dilué au dixième et les PCR du phage et des virus recherchés sont à

nouveau pratiquées. Si la PCR des virus recherchés est positive, le résultat peut être validé.

Par contre, si elle est négative, le résultat ne peut pas être validé et sera rendu ininterprétable.

Dans le cas de techniques moléculaires quantitatives, si la détection du phage est anormale

(Ctφ > référence) ou nulle, quel que soit le résultat de la PCR des virus ciblés, l’extrait ne

peut pas être dilué et le résultat ne peut être rendu sous une forme quantifiée.

Dans cette étude, 36 types d’échantillons cliniques ont été testés et tous comportent des

inhibiteurs de PCR. Moins de 10% des liquides pleuraux, crachats, écouvillons pharyngés ou

génitaux, ganglions et placentas, 10 à 30% des sangs totaux prélevés sur EDTA, leucocytes, sérums,

biopsies, liquides péricardiques et aspirations bronchiques, 30 à 50% des plasmas, liquides broncho-

alvéolaires et des selles et plus de 50% des sangs héparinés et des moelles osseuses présentent des

inhibiteurs de PCR. Nous avons constaté que les échantillons stockés à -80°C avant l’étape

d’extraction, avaient tous un pourcentage d’inhibiteurs de PCR inférieur à 30% quelle que soit la

nature des prélèvements.

Plusieurs autres équipes ont utilisé des systèmes de contrôle interne basés sur un

bactériophage pour la détection de virus par PCR-tr sur des sérums [41], du LCR [42] et des

selles[43]. Dans ces trois études, les tests n’ont été réalisés que sur des échantillons positifs mais

n’ont pas été évalués sur de grandes séries d’échantillons cliniques en routine hospitalière. Notre

étude confirme que la performance des tests de biologie moléculaire domestiques peut être améliorée

par l’utilisation de notre contrôle interne sur une grande variété d’échantillons et sur un large éventail

de virus ADN et ARN et de méthodes de détection (PCR, RT-PCR "one-step" et "two-step"). Notre

contrôle a été également adapté au test de PCR-tr SYBR Green [28]. Le bénéfice principal attendu

est l'identification d'échantillons pour lesquels la détection du phage est anormale. Ceci témoigne

d'un problème dans le processus de détection moléculaire: problèmes techniques (pipetage,

extraction) ou de la présence d’inhibiteurs de PCR. Notre système est donc en priorité dédié à la

détection de possibles faux-négatifs.

Depuis 2007, nous avons également mis en place au laboratoire de virologie, un système de

témoins positifs externes synthétiques ADN ou ARN, distinguables des séquences naturelles ciblées

(cf. détails dans la section précédente et dans les annexes de notre article dans PloS One).

Page 36: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

35

A simple method for molecular detection of Swine-origin and human-origin

influenza a virus.

Ninove L, Gazin C, Gould EA, Nougairede A, Flahault A, Charrel RN,

Zandotti C, de Lamballerie X.

Vector Borne Zoonotic Dis. 2010 Apr; 10(3):237-40.

Page 37: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

36

En Avril 2009, l’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré qu’un nouveau influenza A

virus, se propageait rapidement et constituait un risque pandémique pour la population mondiale. En

Mars 2009, un nouveau variant influenza A/H1N1 virus avait déjà causé des cas sporadiques de

syndrome respiratoire fébrile en Amérique du Nord [44] et au Mexique [45]. Il s’est ensuite propagé

très rapidement d’homme en homme à tous les continents. Il a rapidement été identifié comme

influenza A/H1N1 virus 2009 (H1N1 2009) issu d’un triple réassortant porcin d’origine nord

américaine et d’un influenza A virus porcin d’origine eurasienne [36,46]. Il s’agit donc d’un

quadruple réassortant contenant des gènes d’origine aviaire (PA, PB2), humain (PB1) et de deux

lignages porcins [36].

Le laboratoire de virologie de la fédération de microbiologie de l’hôpital de la Timone à

Marseille a été le centre de diagnostic de la zone de défense SUD en France (8 millions d’habitants),

durant les six premiers mois de la pandémie grippale.

Dès les premiers cas décrits au Mexique et aux Etats-Unis, notre laboratoire a du en

urgence mettre en place le diagnostic du nouveau variant influenza A/H1N1 (A/H1N1v).

La plupart des tests disponibles pour la détection de influenza A virus étaient dirigés contre les virus

saisonniers H3N2 ou H1N1 mais pas contre les souches aviaires ou porcines rarement rencontrées

chez l’homme. Depuis les cas de grippe aviaire H5N1 chez l’homme, plusieurs équipes ont

développé des tests de PCR-tr permettant de détecter différents sous-types de influenza A virus [47].

Depuis 2002, nous utilisons au laboratoire le système mis au point par Van Elden et al. [48] pour le

diagnostic moléculaire de routine. Les amorces (INFA-1 et INFA-23) amplifient un fragment du

gène de la matrice de 189 nucléotides. Ce test nous permettait de détecter les sous-types H1N1 et

H3N2 saisonniers. Cependant, le gène de la matrice de A/H1N1v d’origine porcine montre une

divergence nucléotidique d’environ 13% avec les souches humaines H3N2 et H1N1 qui circulaient.

En particulier, la région choisie par Van Elden et al. pour l’hybridation de la sonde comportait 4

nucléotides divergents pour les souches pandémiques, ce qui suggérait que cette sonde ne permettrait

pas une détection efficace des souches de A/H1N1v.

Nous décrivons ici, d’une part la mise au point d’un test SYBR Green utilisant les amorces du

système de Van Elden et al. et d’autre part, le choix d’une sonde spécifique pour la détection

spécifique du virus pandémique.

Le test SYBR Green a été évalué avec les amorces INFA-1 et INFA-23 sur une gamme de

dilution du contrôle externe synthétique que nous avons développé pour le diagnostic de la grippe A

(Ninove et al., PLoS One, in press). L’interprétation du test SYBR Green est basée sur l’analyse de

la température de dissociation des amplicons qui sera différente s’il s’agit d’un virus influenza A

saisonnier (Tm=79,5°C) ou influenza A/H1N1v (Tm=81°C).

Page 38: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

37

Ensuite, les alignements de séquence du gène de la matrice des souches de A/H1N1v nous

ont permis de designer une sonde spécifique du virus pandémique.

Une fois, les deux tests optimisés, le diagnostic de la grippe A a été mis en place en routine

24h/24 dans le laboratoire de virologie. Notre témoin interne a été ajouté à chaque écouvillon nasal

ou aspiration naso-pharyngée adressés au laboratoire de virologie pour suspicion de grippe (Ninove

et al., PLoS One, in press). Pour chaque échantillon clinique, un test SYBR Green, une RT- PCR

"one-step" utilisant la sonde spécifique de A/H1N1v et les amorces INFA-1 et INFA-23 et une RT-

PCR "one-step" ciblant le bactériophage MS2 ont été pratiqués. Le test SYBR Green est simple, peu

coûteux et très efficace pour le dépistage de la grippe A. Les échantillons positifs en grippe A avec le

test SYBR Green doivent être secondairement testés en RT-PCR avec les même amorces et les

sondes dessinées par Van Elden et al. et nous même pour discriminer entre une grippe A saisonnière

et une grippe A pandémique à influenza A/H1N1v. Il faut noter que le séquençage des produits de

PCR du test SYBR Green permet de manière générale une excellente identification de la souche

(sous typage, identification du variant pandémique).

Enfin, les alignements des séquences encadrées par les amorces du système de Van Elden

et al. de souches humaines, porcines, aviaires et de diverses origines montrent que ces amorces

permettent de détecter les souches de grippe A saisonnière, une grande partie de souches porcines

mais qu’il existe d’importantes modifications au niveau de l’extrémité 3’ des amorces limitant la

détection de certaines souches aviaires. Nous avons donc modifié partiellement la séquence des

amorces INFA-1 et INFA-23 de manière à être capable de détecter correctement les souches aviaires

(panINFA-1 et panINFA-23).

Nous avons donc développé au sein de la plate-forme de biologie moléculaire plusieurs

tests optimisés et évalués pour le diagnostic de la grippe A.

Le test SYBR Green mis au point au cours de ce travail a été utilisé au cours des deux

premières vagues de la pandémie. Il s'est révélé d'une robustesse remarquable et a constitué une

référence rassurante dans une période où le système proposé à l'échelon national (système Taqman

dans le gène H1) était associé à un certain nombre de résultats faux négatifs. Mais ce système a

également été transféré et utilisé dans des laboratoires partenaires des pays du Sud (Laos, Bolivie) où

il a permis une détection efficace et très peu coûteuse des souches saisonnières et pandémiques du

virus de la grippe A ainsi que des virus de la grippe B (en multiplex SYBR Green) avec un témoin

interne MS2 SYBR Green.

Page 39: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

38

Novel virus influenza A (H1N1sw) in South-Eastern France, April-August 2009.

Nougairède A*, Ninove L*, Zandotti C, Salez N, Mantey K, Resseguier N, Gazin

C, Raoult D, Charrel RN, de Lamballerie X.

* Contribution équivalente

PLoS One. 2010 Feb 17;5(2)

Page 40: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

39

Le diagnostic de la grippe A a été mis en place au sein de la plate-forme de biologie

moléculaire du laboratoire de virologie de la fédération de microbiologie dès le début de la pandémie

en Avril 2009. Cette étude présente des résultats obtenus sur des échantillons cliniques reçus entre

Avril et Aout 2009 (1815 échantillons reçus).

Entre le mois d’Avril et mi-juillet 2009 (280 échantillons testés), la recherche du virus

influenza A/H1N1v était réalisée chez les patients présentant un syndrome grippal associé à un

syndrome respiratoire aigu et ayant soit voyagé dans une zone géographique touchée par la pandémie

soit eu un contact avec un cas suspect ou confirmé de grippe A/H1N1. A partir de mi-juillet, les

critères utilisés pour le diagnostic de la grippe A ont été modifiés. La confirmation biologique des

cas suspects n’était plus systématique et un grand nombre de personnes avec un syndrome grippal

n’ayant pas voyagé ou n’ayant pas eu de contact avec des cas documentés ont été testés (cas groupés,

présentations cliniques sévères ou atypiques, personnes à risque).

Nous rapportons ici, une évaluation de notre test de détection rapide de la grippe A par

technique immunochromatographique, l’investigation de cas groupés dans un camp de vacances, la

distribution des anticorps spécifiques de influenza A/H1N1v au sein de différentes tranches d’âge

chez 600 individus, l’analyse des séquences en acides aminés de l’hémagglutinine et de la

neuraminidase des souches disponibles sur la database NCBI et enfin, la détection d’autres virus

respiratoires au cours des quatre premiers mois de la pandémie.

Chaque écouvillon nasal a été "spiké" avec notre contrôle interne (Ninove et al., PLoS One,

in press). Tous les échantillons ont été testés avec le test SYBR Green pan-influenza A [28], un test

de PCR-tr spécifique du nouveau variant H1N1 mis au point par le centre national de référence [49]

et un autre ciblant le bactériophage MS2 (Ninove et al., PLoS One, in press).

A propos des échantillons testés durant les quatre premiers mois de la pandémie, les plus

forts taux de diagnostic de H1N1v ont été observés dans le groupe des 10-19 ans et 50% des

diagnostics positifs ont été retrouvés chez les moins de 20 ans alors que très peu de cas ont été

détectés chez les plus de 60 ans. L’analyse statistique montre que le nombre de cas de grippe

A/H1N1v est significativement plus bas chez les patients de plus de 40 ans. Une distribution

similaire a été montrée avec la grippe saisonnière H1N1 mais différente avec la grippe saisonnière

H3N2 qui touche plus de personnes âgées [50]. La proportion de cas de grippe A saisonnière H3N2

diminue durant la période de l’étude mais le nombre absolu de cas observé chaque semaine reste

constant, ce qui suggère que le virus influenza A/H3N2 a circulé à des taux bas durant l’été,

phénomène jamais observé précédemment.

Page 41: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

40

L’analyse des résultats des tests rapides immunochromatographiques détectant la grippe A

et la grippe B (Directigen «BD EZ A+B», Becton Dickinson & company) a montré qu’aucun faux

positif n’a été identifié (spécificité et VPP = 100%) alors que des faux négatifs ont été détectés.

L’analyse de 233 échantillons testés en parallèle avec le test rapide et le test de PCR-tr a montré une

sensibilité optimale du test rapide chez les moins de 15 ans (75%) et plus faible chez les plus de 45

ans (25%). Les échantillons avec une charge virale élevée (>10 millions de copies/mL) étaient

toujours détectés avec un test rapide. La sensibilité du test rapide diminuait avec la charge virale et se

négativait pour des charges virales <0,11 millions de copies. En conclusion, ces résultats

confirmaient que les enfants avaient une excrétion virale plus prononcée [51,52], mais également que

l'utilisation des tests rapides disponibles pouvait être justifiée. Ces résultats nous ont amené, en

période de pic épidémique à tester en systématique tous les prélèvements avec le test rapide

immunochromatographique: les résultats positifs étaient validés et rendus aux cliniciens dans l’heure

qui suivait le prélèvement alors que les échantillons négatifs étaient secondairement testés par les

techniques de biologie moléculaires [28,49]. En ce qui concerne le coût, lorsque la prévalence de la

grippe est supérieure à 60%, la stratégie associant un test rapide immunochromatographique à un test

de PCR en temps réel pour tous les négatifs, est plus attractive que l’utilisation de tests moléculaires

seuls effectués sur tous les échantillons.

En juillet 2009, un groupe de cas dans un camp de vacances de Barcelonnette (Alpes-de-

Haute-Provence) a été investigué. Les 94 enfants étaient arrivés dans le camp le 20 juillet et étaient

encadrés par 28 adultes. Un écouvillon nasal a été prélevé chez 95% des personnes symptomatiques

et chez 85% des cas asymptomatiques. A J8 du cas index, 31 cas de grippe ont été rapportés. L’alerte

a été donnée et des mesures d’isolement des personnes symptomatiques ont été mises en place ce qui

a permis le déclin rapide de l’épidémie. Le taux d’attaque chez les enfants et les adultes était

comparable (38% et 37,5% respectivement). Parmi les prélèvements réalisés chez les personnes

asymptomatiques, 10,4% se sont révélés positifs en PCR temps réel pour le virus influenza

A/H1N1v : 2 ont développé par la suite une grippe, 3 une forme atypique et 2 sont restés

asymptomatiques.

L’analyse par inhibition de l’hémagglutination des anticorps dirigés contre le nouveau

variant H1N1 sur des sérums prélevés entre janvier et mars 2009 (avant la pandémie) chez des

patients appartenant à différentes tranches d’âge montre que la prévalence des différents titres

d’anticorps est significativement plus faible chez les personnes de moins de 40 ans.

Page 42: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

41

L’analyse des séquences en acides aminés du gène de la neuramidase de 2 souches isolées

au laboratoire de virologie sur cellules MDCK en avril (premier cas isolé au laboratoire) et en juillet

(cas autochtone), montre des mutations non-synonymes avec notamment V106I et N248D. Lorsqu’a

été réalisé au mois d’octobre l’alignement de séquences en acides aminés du gène de la

neuraminidase de toutes les souches déposées dans la database NCBI, nous avons constaté une

séquence d'apparition spécifique des variants de la neuraminidase : les variants VN apparaissent dans

les souches les plus anciennes, puis des souches VD et IN et enfin un large groupe ID.

Enfin, nous avons développé au sein de la plateforme de biologie moléculaire, le diagnostic des virus

respiratoires. Nous avons sélectionné des amorces et des sondes nous permettant la détection de 18

virus respiratoires. Pour chaque système, nous avons optimisé et évalué un protocole de PCR-tr

(hormis la grippe C) et préparé les témoins positifs synthétiques correspondant à chaque pathogène.

Nous avons testé dans le cadre de la pandémie grippale, les 99 premiers échantillons cliniques

prélevés chez des patients présentant un syndrome grippal et ayant voyagé ou eu un contact avec une

personne ayant voyagé dans un pays touché par la pandémie. Nous avons montré que dans 41% des

cas, une étiologie virale a été identifiée : dans 15% des cas, une grippe A/H1N1 a été isolée et dans

26% des cas, un influenza virus H3N2, un rhinovirus, un métapneumovirus, un coronavirus, un

entérovirus, un polyomavirus ou un parainfluenzavirus ont été détectés. Aucune co-infection entre le

virus influenza A/H1N1v et un autre pathogène n’a été mise en évidence.

La mise en place au sein de la plate-forme de biologie moléculaire du test de détection de la

grippe A nous a permis de faire un diagnostic précoce dés le début de la pandémie grippale à H1N1v.

Les résultats obtenus les 4 premiers mois de la pandémie nous ont permis d’évaluer l’épidémiologie

du nouveau variant H1N1, mais également de la grippe saisonnière et des autres pathogènes

respiratoires au cours de la période printanière et estivale. La mise en évidence de grippe A

saisonnière H3N2 dans notre laboratoire au cours de cette période suggère que le virus influenza A

circule régulièrement tout au long de l’année. Il n’avait jamais été détecté auparavant par notre

laboratoire, probablement parce qu’il n’est pas recherché par nos systèmes standards de surveillance

durant la période estivale. Il peut être noté que nous avons également isolé 2 grippes A saisonnières

H3N2 chez des patients ayant voyagé en Angleterre et aux Etats-Unis, pays se situant comme la

France dans l’hémisphère Nord. Parmi les caractéristiques complexes de la circulation des virus

influenza, il faut donc inclure la présence de la grippe saisonnière au cours du printemps et de l’été,

bien évidemment dans l’hémisphère sud mais également à de faibles taux dans l’hémisphère Nord.

Page 43: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

42

Les techniques de biologie moléculaires nous ont également permis de séquencer le

génome complet des différentes souches que nous avons isolées grâce à 46 systèmes de PCR

classique et de constater notamment dans le gène de la neuraminidase l’émergence de clones I106

D248

et le déclin des souches V106

N248

. À notre connaissance, ce phénomène n'a pas été associée à ce jour

avec un changement dans l'épidémiologie ou la présentation clinique de l'infection virale, mais

mérite certainement un suivi attentif au cours des prochains mois.

Page 44: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

43

Point of care strategy for rapid diagnosis of novel A/H1N1 influenza virus.

Nougairede A, Ninove L, Zandotti C, de Lamballerie X, Gazin C, Drancourt M,

La Scola B, Raoult D, Charrel RN.

PLoS One. 2010 Feb 17;5(2)

Page 45: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

44

Quelques mois après l'émergence du nouveau virus pandémique de la grippe A/H1N1

(A/H1N1v), le dépistage systématique de la grippe A/H1N1v a été abandonné en France. Le 7 Juillet

2009 il a été remplacé par les systèmes de réseaux de surveillance (Groupes Régionaux

d'Observation de la Grippe et Réseau Sentinelles) qui ont estimé le nombre de cas grippés dans

certaines populations notamment les populations à risque plus élevé de morbidité ou de mortalité

[49]. La suppression du diagnostic biologique des cas suspects a rendu plus difficile l'évaluation de

l’évolution de la pandémie en France. Les chiffres variaient de 28.000 à 130.000 cas hebdomadaires

pendant la même période en fonction de la source de données (Groupes Régionaux d'Observation de

la Grippe vs Réseau Sentinelles, France). Les données recueillies au début de la pandémie en Europe

indiquaient que la valeur prédictive positive (VPP) de l’examen clinique par les médecins

généralistes ou les spécialistes des maladies infectieuses se situaient entre 8 et 25% [49,53,54]. À la

fin de Juin 2009, nous avons mis en œuvre, pour les hôpitaux publics de Marseille, une stratégie

"Point Of Care" (POC) pour le diagnostic rapide du virus de la grippe A/H1N1v, afin de maintenir

une surveillance et d'évaluer localement la cinétique de la pandémie. Nous décrivons ici

l’organisation et les résultats obtenus dans nos deux laboratoires "POC". Les 2 laboratoires "POC"

sont ouverts 24h/24 et 7j/7, et pratiquent un grand nombre d’analyses orientées par syndromes

cliniques avec notamment les infections respiratoires, les gastro-entérites, les méningites, les fièvres

au retour de tropique, etc. (table 1). Les deux laboratoires sont situés à environ 10 km l’un de l’autre,

l’un dans le service des urgences du CHU Nord et l’autre dans le laboratoire de virologie de la

fédération de microbiologie, de manière à réduire les délais de transport des prélèvements et de rendu

des résultats au clinicien prescripteur. Certains paramètres sont contrôlés par le laboratoire de

virologie de routine au sein du CHU la Timone.

Dès que les cas secondaires de grippe A/H1N1v ont été documentés, nous avons installé les

tests de détection dans les laboratoires POC de manière à obtenir un diagnostic rapide et d’étudier les

niveaux et les variations de la circulation du virus. Les laboratoires POC ont été adaptés au niveau de

sécurité recommandé pour le diagnostic de la grippe et 2 tests ont été réalisés : un test

immunochromatographique rapide détectant les grippes A et B (Directigen «BD EZ A+B», Becton

Dickinson & company), un test de PCR-tr réalisé sur SmartCycler permettant la détection spécifique

du virus influenza A/H1N1v (système du centre national de référence des virus influenza, [49],

associé à notre témoin interne MS2, (Ninove et al., PLoS One, in press)).

Page 46: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

45

Le coût nécessaire à l’installation de l’extraction d’AN et du test de PCR-tr a été évalué à

110.000 euros pour l’équipement et à 19 euros par échantillon. En théorie, un maximum de 36

échantillons par jour pouvait être analysé au sein des laboratoires POC. En réalité, les laboratoires on

été saturés au-delà de 20 à 25 échantillons par jour. Cet écart est du en partie au fait que les

échantillons à tester arrivent dans le laboratoire POC de manière discontinue sur les 24h et que

d’autres analyses microbiologiques sont effectuées dans les 24h par le seul opérateur présent.

Entre fin juin et fin septembre, le nombre d’échantillon reçu a considérablement augmenté, est passé

de 30 à 40 prélèvements par semaine au début, puis à plus de 150 prélèvements de mi-août à début

septembre et enfin à plus de 250 prélèvements, les 3 dernières semaines de septembre. Devant une

telle augmentation de demande, nous avons stoppé le test de PCR-tr au POC, fin août mais l’étape

d’extraction des AN et le test immunochromatographique ont été maintenus. Les tests de PCR en

temps réel étaient réalisés 2 fois par jour au sein du laboratoire de routine [38].

Les sensibilités du test immunochromatographique et du test de PCR-tr du "POC" étaient

de 57.7% et de 84.6%, respectivement. Les résultats du test immunochromatographique étaient

rendus en moins de 2h et ceux du test de PCR en 4 à 7 heures. Pour les échantillons qui n’ont été

testés qu’en laboratoire de routine, une extraction des AN continue au POC a permis un rendu de

résultats en 10 à 24 heures.

L'utilité de la stratégie « POC » dans le contexte de la pandémie A/H1N1v démontre que ce

type de laboratoire pourrait être utile au sein des hôpitaux, non seulement pour les situations

d'urgence, mais aussi comme outil quotidien pour améliorer la qualité des soins, réduire les durées

d’hospitalisation comme démontré précédemment [55,56].

Notre expérience montre que la mise en œuvre d'un laboratoire POC réduit dans tous les cas

les délais de rendu des résultats, même si les techniques moléculaires ne sont pas effectués au sein

même du POC. Même si la sensibilité des tests POC est généralement inférieure à celle des tests de

routine, leur VPP élevée permet de prendre des décisions cliniques plus rapidement que dans le

diagnostic standard. Dans le cas de la grippe, l’approche basée sur le dépistage systématique a été

rapportée comme plus efficace que les méthodes passives (diagnostic clinique) qui produisent des

données sous-estimées, puisqu’elles ne permettent pas de tenir compte du rôle de la grippe comme

facteur de co-morbidité chez les patients ayant des pathologies sous-jacentes comme les maladies

cardiovasculaires, l'hypertension chronique, les maladies pulmonaires et les troubles endocriniens

[57].

Page 47: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

46

Enfin, une meilleure connaissance de l'écologie et de la saisonnalité des micro-organismes

responsables d’infections respiratoires doit contribuer à déterminer le groupe d'agents qui doit être

testés au sein du « POC ». A titre d'exemple, 34% des cas suspects étaient positifs pendant la période

incriminée pour le rhinovirus ce qui devrait théoriquement justifier le dépistage de ces virus dans le

cadre du « POC » [58].

Page 48: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

47

CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

Page 49: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

48

Longtemps considérée comme une discipline difficile dans le domaine du diagnostic, en

raison des délais importants de réalisation des tests, la virologie est devenue désormais une discipline

adaptée au diagnostic de la routine médicale, en grande partie grâce au développement des

techniques moléculaires et tout spécialement des PCR dites en temps réel.

Notre activité au sein du laboratoire de virologie de l'AP-HM de l'UMR190 nous a permis de

mettre progressivement en place une plateforme de diagnostic moléculaire permettant

(i) la détection d'un grand nombre de pathogènes: plus de quatre-vingt

(ii) la réalisation des tests dans un format à haut débit: environ 40000 tests par an

(iii) la mise en place de procédures standardisées pour l'évaluation, la préparation et la

réalisation des tests moléculaires. Il ne s'agit nullement ici de procédures de recherche, mais de

l'application pratique d'un ensemble de travaux scientifiques à l'optimisation du diagnostic médical

de routine pour les agents pathogènes ne disposant pas d'un diagnostic par kits et automates dédiés.

Les apports les plus significatifs nous semblent être:

- la mise en place d'un système de témoins internes basés sur l'utilisation de bactériophages.

Cette procédure simple et peut couteuse (de l'ordre de 0.1 euros par tube) permet de détecter toute

fluctuation de qualité générale et toute défaillance technique des automates d'extraction ou

d'amplification, mais également d'éviter de rendre négatifs des échantillons techniquement non

interprétables. Il ne s'agit pas d'un point de détail, particulièrement dans le cas de certains

échantillons biologiques pour lesquels la présence d'inhibiteurs d'amplification est extrêmement

fréquente. Ce système pourra dans l'avenir se révéler d'une grande utilité pour évaluer les

performances de nouvelles procédures d'extraction ou amplification des acides nucléiques. Il a été

transféré à de nombreux autres laboratoires de virologie partenaires (CHU de Caen, de Reims, de

l'hôpital Necker, Centre Christophe Mérieux du Laos, Cenetrop en Bolivie etc..) et a fait l'objet d'une

adaptation pour la réalisation d'un kit par la société Argene.

- la systématisation de l'utilisation de témoins externes spécifiques, synthétiques et quantifiés.

Ceci participe à la maintenance d'un niveau de qualité constant, permet la détection des

contaminations accidentelles et la quantification des séquences cibles. Ces produits ADN ou ARN

ont également été largement distribués et permettent une comparaison aisée des performances inter-

sites.

Page 50: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

49

- l'automatisation des procédures d'extraction des acides nucléiques et la pratique d'une

extraction simultanée des ARN et ADN. Elle a largement contribué à la reproductibilité et à la

praticabilité des tests mais nécessite encore une évolution améliorant la traçabilité des échantillons

(les automates actuellement utilisés ne permettent pas l'identification de échantillons testés). Il faut

noter que des différences de performances considérables ont été notées lors de l'évaluation

hospitalière de différents automates et kits d'extraction.

- La mise en place –prudente- des tests dans un format multiplex. Elle permet une économie

réelle de temps et de réactifs. Il est toutefois important de contrôler avec beaucoup de soins que le

multiplexage n'est pas associé à une modification de performance de l'un des tests, ce qui constitue

une procédure délicate, parfois mise à mal par l'expérience ultérieure de la routine.

- La pratique systématique de l'aliquotage des réactifs, sous forme de lots à usage unique. Elle

élimine virtuellement toute contamination liée aux réactifs, et permet de stabiliser durablement les

performances des tests en utilisant pendant de longues périodes des lots réactionnels identiques et

identiquement conservés. Un progrès sensible a été la centralisation de toutes les informations dans

une base de données unique permettant une gestion efficace des stocks et une disponibilité rapide des

réactifs.

Nos contrôles internes et externes et nos systèmes diagnostiques sont progressivement

transférés dans la Collection Européenne de Virus EVA (European Virus Archive) et pourront ainsi

être commercialisés et utilisés par d'autres laboratoires.

La collaboration avec des partenaires dans les pays du Sud (Laos, Mali, Bolivie, Ouganda

etc..) nous a montré que les techniques de PCR en temps réel sont transférables sans difficulté, et

avec des résultats totalement reproductibles, si un environnement procédural comparable est établi

entre les différents sites. Pour assurer cette reproductibilité, nous avons réalisé des séances de

formation spécifique (en France ou sur place) puis transféré des procédures diagnostiques complètes

(incluant nos témoins internes et externes), ainsi que des réactifs. Nous avons successivement

préparé des lots de sondes et amorces qualifiés, puis des plaques pré-distribuées contenant amorces

et sondes, puis des plaques pré-distribuées contenant amorces, sondes et mélange réactionnel de

PCR.

Page 51: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

50

C'est ainsi qu'un laboratoire tel que le Cenetrop à Santa-Cruz (Bolivie) a pu passer en

quelques mois de l'absence total de diagnostic moléculaire de la dengue à un statut de Centre de

Référence National, délivrant des résultats de haute qualité et permettant pour la première fois une

totale autonomie du pays pour le suivi épidémiologique de la maladie. De la même manière, l'hôpital

Mahosot de Vientiane (Laos) a mis en place nos procédures de diagnostic moléculaire dans les

méningites et méningo-encéphalites et procédé en 2010 aux premiers traitements par l'aciclovir de

patients infectés par un virus herpès.

Ces expériences concluantes nous ont amené en retour à introduire les plaques pré-distribuées

dans le diagnostic de routine hospitalier ainsi que dans différents programmes collaboratifs inter-

hospitaliers auxquels nous participons. L'avancée est majeure en termes de temps de manipulation,

de reproductibilité et de protection contre les erreurs techniques lors de la réalisation des tests. La

technologie de pré-distribution des amorces et sondes et éventuellement des mélanges réactionnels

de PCR (mais pas de RT-PCR one step) est aujourd'hui robotisée et parfaitement maitrisée en

association avec la congélation à basse température.

Nous avons également mis en place une procédure de lyophilisation qui permet d'envoyer à

température ambiante des mélanges d'amorces et sondes, et même des mélanges réactionnels de

PCR. L'un de nos objectifs est l'introduction de ce type de réactifs dans la routine diagnostique. Il se

heurte encore à des difficultés techniques (instabilité des mélanges réactionnels de RT-PCR one step,

difficulté du contrôle de qualité pour la lyophilisation directe dans les tubes d'amplification) mais

présente des avantages majeurs en termes de conservation, stabilité et praticabilité.

Au total, cette plateforme est au cœur de la capacité du laboratoire de réagir de manière

rapide aux évènements d'émergence en mettant en place rapidement des procédures diagnostiques

standardisées, y compris dans le contexte difficile des laboratoires Point Of Care. Elle nous a permis

en particulier de suivre activement le développement de la pandémie grippale et de produire

efficacement des données scientifiques épidémiologiques ou procédurales dans ce cadre. Nous

envisageons maintenant son utilisation plus large pour une approche diagnostique sur une base

syndromique. Cette évolution aura dans un premier temps la vertu de préciser l'épidémiologie d'un

grand nombre de pathogènes dans des syndromes spécifiques. Nous avons de ce point de vue des

résultats préliminaires intéressants dans l'étude d'une cohorte de méningites et méningo-encéphalites

au Laos (près de 50% d'identifications étiologiques) et dans l'application aux syndromes pseudo-

grippaux.

Page 52: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

51

Nous ne doutons pas dans un deuxième temps qu'un transfert s'opérera vers un apport

diagnostique direct au clinicien en fonction du syndrome incriminé. Cette approche syndromique

pourrait à terme s'appliquer au diagnostic Point Of Care après le franchissement de deux étapes

majeures:

(i) la détermination de panels diagnostiques pertinents sur la base d'analyses

épidémiologiques affinées (syndrome, âge, saisonnalité etc..)

(ii) la mise au point de protocoles techniques simplifiés incluant un contrôle de qualité sans

faille.

Le prix de revient et la flexibilité de ces procédures diagnostiques demeurent à ce jour sans

équivalence en comparaison avec les techniques commerciales multiplexées, associées ou non à des

puces oligonucléotidiques.

Une bonne illustration de cette orientation diagnostique est offerte dans notre travail intitulé

"Novel virus influenza A (H1N1sw) in South-Eastern France, April-August 2009" par les résultats

préliminaires sur la circulation des virus respiratoires durant une courte période. Nous avons depuis

poursuivis cette étude sur près de mille prélèvements négatifs pour les virus influenza A chez des

patients présentant un syndrome grippal associé à des signes respiratoires. Les résultats nous ont

permis d’obtenir des données sur la saisonnalité et l’épidémiologie de 19 pathogènes respiratoires

dans différentes tranches d’âge de la population (nourrissons, enfants, adultes et personnes âgées):

influenza B virus, virus respiratoire syncitial A et B, metapneumovirus, enterovirus, rhinovirus, 4

virus parainfluenza (1 à 4), 4 coronavirus (OC43, 229E, NL63 et KU1), adenovirus, bocavirus, 2

polyomavirus (KI et WU) et parechovirus. Ces résultats seront prochainement publiés.

L’analyse de ces résultats nous a poussés à poursuivre la surveillance des virus respiratoires

sur l'ensemble des saisons, afin de mieux préciser les profils épidémiologiques des différents

pathogènes. Ceci sera réalisé:

- sur les patients de l'AP-HM dans le cadre d'un projet PHRC inter-régional et en association

avec la mise en place d'une surveillance syndromique au sein des services d'urgence de l'AP-HM (Dr

D Thiberville, thèse en cours)

Page 53: Approche optimisée du diagnostic moléculaire des infections virales

52

- sur les patients de la cohorte nationale de foyers CoPanFlu (environ 1500 personnes

constituant un échantillon de ménages représentatif à l'échelon national, et suivis activement pendant

une période de 2 ans) pour laquelle nous assurons la coordination du volet virologique

- au sein d'un projet PHRC national pour lequel une comparaison des technologies

diagnostiques disponibles sera opérée

- au sein d'un programme de surveillance syndromique en collaboration avec les réseaux

sentinelles et l'InVS

- au sein des cohortes internationales du consortium CoPanFlu (Laos, Bolivie, Mali) pour

lesquelles nous centraliserons le matériel biologique et les procédures diagnostiques.

Nous attendons de ces programmes en cours des progrès concrets dans la connaissance des

pathogènes viraux respiratoires circulant dans des écosystèmes différents. Ces informations sont

attendues à plusieurs titres:

- dans les pays du Sud, la connaissance de l'épidémiologie des virus respiratoires est presque

inexistante malgré la présomption de lien épidémiologique avec celle des pneumonies qui constituent

une cause de mortalité épouvantable. Des programmes internationaux se mettent donc en place pour

poser les bases d'une surveillance de ces pathologies et évaluer les possibilités d'intervention

(vaccination, prévention non spécifique, thérapeutique).

- en France, de grands progrès restent à accomplir pour associer les pathogènes potentiels à

des caractéristiques cliniques et épidémiologiques clarifiées (incluant les données de morbidité et

mortalité). Il ne peut par ailleurs être exclu que le couplage de ces études épidémiologiques à la

surveillance syndromique permette la découverte de nouveaux candidats pathogènes.

Le développement du diagnostic des virus respiratoires demeure donc une de nos priorités et

s’intégrera dans nos protocoles nationaux (France métropolitaine et Réunion) et internationaux

(Bolivie, Mali, Sénégal, Laos, Djibouti). Nous aurons l'opportunité de disposer de données de

cohortes de foyers (prélèvements sanguins et respiratoires) et de patients consultant à l'AP-HM, ainsi

que de données épidémiologiques de surveillance syndromique (réseaux sentinelles, urgences de

l'AP-HM). Nous entendons exploiter au mieux cette série convergente d'études pour améliorer notre

connaissance des pathogènes viraux respiratoires, mais également, à terme, offrir un service médical

amélioré aux patients concernés.

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