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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO **************** Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie **************** Département ECONOMIE **************** DEA Option : Développement Mémoire de fin d’études pour l’obtention de Diplôme d’Etudes Approfondies en Sciences Economiques Etude de cas : Le projet Pôles Intégrés de Croissance ou PIC sur l’axe Antananarivo-Antsirabe. Par : Mr RAZANAMAHENINA Jean Ulrich Encadré par : Monsieur ANDRIANOMANANA Pépé Professeur Titulaire Directeur du Centre d’Etude Economique *********************** Année Universitaire 2004-2005 APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE CROISSANCE Date de Soutenance : 26 Novembre 2006

APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

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Page 1: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ****************

Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie ****************

Département ECONOMIE ****************

DEA Option : Développement

Mémoire de fin d’études pour l’obtention de Diplôme d’Etudes Approfondies en Sciences Economiques

Etude de cas : Le projet Pôles Intégrés de Croissance ou PIC sur l’axe Antananar ivo-Antsirabe.

Par : Mr RAZANAMAHENINA Jean Ulr ich

Encadré par : Monsieur ANDRIANOMANANA Pépé

Professeur Titulaire

Directeur du Centre d’Etude Economique

* ********************** Année Universitaire 2004-2005

APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET

PÔLES DE CROISSANCE

Date de Soutenance : 26 Novembre 2006

Page 2: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

i

RREEMM EERRCCII EEMM EENNTTSS

Avant toute chose, je remercie Dieu de m’avoir donné la force pour finir cet ouvrage.

Je prie aussi Monsieur ANDRIANOMANANA Pépé, professeur encadreur du présent

mémoire, de bien vouloir accepter ma gratitude et mes reconnaissances pour ses conseils sans

lesquels je n’avais pas pu réaliser cette étude.

Les mots adéquats me manquent pour exprimer mes vifs remerciements à :

- Madame MARO Tiana Patricia, Conseiller en Suivi, Evaluation et Animateur du

projet PIC pour son étroite collaboration ainsi que ses aides précieuses dans les

collectes d’informations et de données.

- Tous les enseignants de la filière Economie, de la Faculté DEGS de l’Université

d’Antananarivo, qui tout au long de ces plusieurs années universitaires n’ont guère

ménagé leurs efforts pour faire de nous, de vrais Economistes.

- Tous les membres de ma famille, en particulier ma sœur pour ses inestimables

soutiens et réconforts pendant toutes ces années d’études.

Enfin, dans l’impossibilité matérielle de citer ici tous ceux qui ont contribué, de près

ou de loin, à la réalisation de ce mémoire, je leur prie de bien vouloir trouver l’expression de

ma considération et de mes meilleurs souvenirs.

L’auteur

Page 3: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

ii

RESUME ANALYTIQUE

La mise en place d’un ou des pôles de croissance pourrait-elle amener un

développement tant au niveau régional que national d’un pays ? Telle est la problématique

qu’on s’est posé dans la présente étude et à laquelle on devrait apporter une certaine

explication et fournir quelques éléments de réponse.

Pour ce faire, nous avons divisé notre étude en deux parties. Dans un premier temps,

nous avons fait une approche théorique des éléments qui se rattachent au sujet. Il s’agit

notamment de quelques théories de développement qui mettent l’accent sur la notion de

milieu ou de territoire comme base de tout processus de développement.

Les facteurs déterminants pour le développement des pôles de croissance ont été traités afin

d’avoir une meilleure vision des conditions de réussite d’une telle approche de

développement. Dans cette partie, nous avons également apprécié quelques expériences des

pays qui ont appliqué une approche régionale de développement se basant sur des pôles de

croissance dans leur politique de développement.

Dans un second temps, nous avons essayé d’étudier et analyser les aspects pratiques de

cette approche de développement régional basée sur l’existence de pôles de croissance à partir

d’un projet intitulé : Pôles Intégrés de Croissance ou PIC à Madagascar et qui a notamment

pour objectif de faire le développement de Madagascar à partir de trois pôles de croissance

qui comprennent le pôle Antananarivo-Antsirabe, le pôle de Nosy-Be et le pôle de Tolagnaro.

Trois pôles qui ont été choisis à cause de leurs très fortes potentialités économiques. En effet,

les trois principaux secteurs porteurs de Madagascar se situent dans ces trois zones à savoir :

le secteur tourisme, le secteur minier et les manufactures des zones franches industrielles.

Par ailleurs, la mise en place d’un tel projet qui consiste généralement à réaliser une

plate forme d’infrastructures qui serviront de levier au développement de ces secteurs

économiques prioritaires aura sûrement des effets non négligeables sur l’économie de la zone

où se situe le pôle d’une part et de la région constituant le pôle voire le territoire national,

d’autre part. Mais il faut dire que de tels effets ne s’apprécient pas à partir d’une simple

constatation des faits. Il faut une analyse très succincte de tous les indicateurs susceptibles de

changer ou de croître avec la mise en œuvre du projet.

Page 4: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

iii

Dans notre étude qui porte particulièrement sur le pôle Antananarivo-Antsirabe, nous

avons surtout considéré les retombées du projet PIC sur l’emploi, la valeur ajoutée, la

production, les échanges extérieurs et la fiscalité.

En effet, il est évident que les nouvelles entreprises qui seront implantées dans le cadre de la

mise en œuvre du projet PIC vont immédiatement permettre de créer de nouveaux emplois

non seulement dans les domaines qui sont directement liés aux activités du pôle (la

construction du site, la réalisation des diverses infrastructures et les activités de production

proprement dites), mais également dans d’autres secteurs d’activités tels que le commerce,

l’approvisionnement, le transport, etc… et ce d’une façon induite, formelle ou informelle.

Aussi, bien que les entreprises qui s’implanteront, soient sous le régime des entreprises

franches et donc exonérées de certaines taxes, elles auront tout de même des impacts sur la

fiscalité. Cependant, soulignons que lorsque l’Etat décide d’opérer sous le régime des zones

franches, c’est davantage pour bénéficier des capitaux étrangers et des transferts de

technologie que pour des recettes fiscales.

Notons également qu’avec un régime de zones franches industrielles, il serait évident

que la production des entreprises qui seront créées, sera destinée à l’exportation. Ce qui aura

sans doute des impacts sur la balance des échanges commerciaux.

Mais encore, même si l’idéal était de faire l’analyse qualitative des retombées du

projet PIC sur l’économie de l’axe Antananarivo-Antsirabe, il aurait été ambitieux de fournir

des données quantitatives sur ces impacts. Et c’est d’ailleurs ce qui nous a amené à faire une

projection de ces impacts à partir des données disponibles. Les résultats obtenus seront

ensuite analysés et interprétés et ce, dans le but d’éclairer les responsables du projet sur les

impacts éventuels de leurs futures actions. Ils seront dès lors en mesure de se positionner et

d’apporter des corrections si celles-ci ont lieu d’être.

Enfin, comme on a déjà vu, les retombées de cette approche de développement basée

sur la mise en place des pôles de croissance ne sont pas négligeables. Néanmoins, ils suscitent

une attention particulière de la part de tous les acteurs, partenaires et bailleurs de fonds du

projet, destinée à assurer le succès de leur démarche. C’est ainsi qu’un rôle essentiel a été

réservé au secteur privé en sa qualité de moteur de développement. Et ce d’autant plus qu’il

s’inscrit pleinement dans le cadre de la promotion du partenariat public-privé illustré par une

coopération véritable entre les entreprises, les régions et la population.

Page 5: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

iv

Quant à la diffusion de ces impacts au niveau régional voire national, les accents ont

été mis sur la considération des effets d’additionnalités et d’entraînement du projet. De tels

effets qui ne se concrétiseront sans la prise en compte de certaines mesures

d’accompagnement face aux différents risques du projet ainsi qu’un cadre spécifique

d’investissement.

Bref, le projet PIC sur les trois pôles en général et sur l’axe Antananarivo-Antsirabe en

particulier, se veut d’être très ambitieux en matière de retombées sur l’économie de

Madagascar. Ainsi, son avenir et surtout son succès restent à vérifier.

Mais ce que l’on peut dire, c’est que : tout comme tant d’autres programmes, le projet

PIC est un défi, « un défi soit disant majeur » mais réalisable. Donc, c’est à nous : simples

citoyens, entrepreneurs, bailleurs et surtout l’Etat de relever ce défi.

Page 6: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

v

TABLE DES MATIERES

Remerciements ......................................................................................................................................... i

Résumé analytique .................................................................................................................................. ii

Liste des tableaux et figures ................................................................................................................. viii

Liste des abréviations ............................................................................................................................. ix

Liste des annexes ...................................................................................................................................... x

Introduction .............................................................................................................................................. 1

Partie I : LES POLES DE CROISSANCE POUR UN DEVELOPPEMENT REGIONAL ........... 4

Chapitre1: Approche territoriale de développement et théories de développement dans une

optique spatiale ....................................................................................................................................... 5

Section 1 : La notion de développement .................................................................................................. 5

A. L’avènement du développement ...................................................................................... 6

B. La nature du développement ............................................................................................. 8

C. Les théories du développement ....................................................................................... 8

D. Comment mesurer le développement ............................................................................. 10

E. Les échecs en matière de développement : les crises du système économique mondial . 11

Section 2 : Les théories du développement en optique spatiale ............................................................. 12

A. Un peu d’histoire ......................................................................................................... 12

B. Le développement endogène ......................................................................................... 13

C. Le développement local ................................................................................................ 15

D. Les districts industriels et les milieux innovateurs ....................................................... 17

E. Le développement économique communautaire .......................................................... 18

F. La théorie des pôles de croissance ................................................................................. 19

Section 3 : Les pôles de Croissance fortement liés à la notion : d’attractivité, de compétitivité et de

proximité ............................................................................................................................. 21

A. La notion d’attractivité et de compétitivité .................................................................. 21

B. Deux notions distinguées mais complémentaires ......................................................... 23

C. La proximité .................................................................................................................. 25

Page 7: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

vi

Chapitre 2 : Les facteurs déterminants de développement des pôles de croissance ...................... 28

Section1 : L’organisation géographique et administrative du territoire ............................................... 28

A. Comprendre l’organisation géographique et administrative du territoire ..................... 28

B. L’intégration territoriale pour une efficacité des pôles de croissance .......................... 29

C. Les facteurs d’une coordination volontaire efficace des acteurs ................................... 30

D. Trois axes d’intervention principale sur le territoire ..................................................... 32

E. L’impératif de l’aménagement du territoire ................................................................... 33

F. Prendre en compte les contraintes de l’environnement .................................................. 34

Section 2 : Les acteurs qui entrent en jeu dans le processus de développement des pôles ................... 34

A. Les acteurs de développement dans les pôles ............................................................... 34

B. La classification des acteurs .......................................................................................... 35

C. Entreprises et espace urbain .......................................................................................... 37

Section 3 : La maîtrise des stratégies de développement et la gestion de l’espace ................................ 38

A. Les stratégies des acteurs de développement d’un pôle de croissance ....................... 38

B. Les stratégies reliées à l’apprentissage collectif ....................................................... 39

C. La nécessité d’une gouvernance locale ....................................................................... 40

Chapitre 3 : Leçons à tirer des expériences de certains pays en matière de développement

régional. ................................................................................................................................................. 43

Section 1 : Les pratiques et les exemples de développement régional partant des pôles de croissance . 43

A. L’expérience Québécoise en matière de développement régional ............................... 43

B. Les pôles de compétitivité ou de croissance dans certains pays européens ............. 46

C. La régionalisation au Maroc ........................................................................................ 48

Section 2 : Les impératifs d’un pôle de Croissance pour le développement régional voir national...... 49

A. Une meilleure stratégie du milieu ............................................................................... 49

B. Une meilleure combinaison de l’information, animation et action ............................ 50

C. La dynamique territoire : mettre le pôle en état de se développer ............................... 50

D. Mettre beaucoup plus l’accent sur une politique territoriale que sectorielle .............. 52

Conclusion partielle ............................................................................................................................... 53

Partie II : LE PROJET POLES INTEGRES DE CROISSANCE OU PIC : AXE

ANTANANARIVO- ANTSIRABE .................................................................................................... 55

Chapitre 1 : Description générale du projet PIC .......................................................................... 57

Section 1. Contexte et objectifs globaux du projet PIC ....................................... 57

A .Le projet PIC ................................................................................................................ 57

B. Les différents pôles ........................................................................................................ 59

Page 8: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

vii

Section 2. Cadre logique du projet PIC et sa comptabilité par rapport aux axes

stratégiques du DSRP ............................................................................................................. 62

A. Le cadre logique du projet PIC .......................................................................... 62

B. La comptabilité du projet par rapport aux axes stratégiques du DSRP ...................... 63

Section 3. Etat des lieux du pôle Antananarivo-Antsirabe .................................. 67

A. Présentation de l’axe Antananarivo-Antsirabe ............................................................. 67

B. Les forces et faiblesses de l’axe Antananarivo-Antsirabe ............................................. 71

Chapitre 2 : Projection et analyse des impacts du projet sur l’économie de la région constituant

le pôle considéré d’ici 2015 ................................................................................................ 74

Section 1. Les activités prévues par le projet sur le pôle

Antananarivo-Antsirabe .......................................................................................... 74

A. Les sous-projets ........................................................................................................... 74

B. Le Parc technologique d’Antanetibe ............................................................................ 75

C. L’Agro technopôle d’Antsirabe ................................................................................... 76

D. Les zones franches industrielles à Antananarivo (ZFI) ............................................... 77

Section 2. Projection et analyse effets probables du projet dans l’économie de la région

constituant le pôle d’ici 2015 ................................................................................................. 79

A .Les Impacts en matière de création emplois et création de la valeur ajoutée ................ 81

B. Les retombées du projet sur la création de valeurs ajoutées, la balance commerciale et

la fiscalité ........................................................................................................................... 85

Chapitre 3 : Les perspectives de développement du projet au niveau régional et national ........... 88

Section 1. Les effets d’additionnalité et de diffusion du projet PIC ................... 88

A. Pour le développement du secteur textile ..................................................................... 89

B. Pour le développement du secteur agroalimentaire ....................................................... 90

C. Pour le développement du secteur TIC ......................................................................... 91

Section 2 : Les facteurs clés et les recommandations pour le succès du projet PIC ....... 92

A. Les facteurs clés face aux principaux problèmes macro économiques .......................... 92

B. Recommandations : les mesures à prendre pour qu’un développement

économique puisse avoir lieu an niveau régional voire national ........................................................... 94

Conclusion partielle .............................................................................................................................. 96

CONCLUSION .................................................................................................................................... 97

ANNEXES

BIBLIOGRAPHIE

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viii

LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES

Tableau 1 : Les huit échelons territoriaux.

Tableau 2: Correspondance entre les axes stratégiques du DSRP et les contributions du PIC.

Tableau 3 : Cohérence entre les objectifs de base du DSRP et les contributions du PIC.

Tableau 4: Surfaces consacrées aux investissements du projet PIC.

Tableau 5 : Nombre d’emplois créés dans la zone Antananarivo-Antsirabe.

Tableau 6 : Répartition de chaque branche d’activité des zones franches.

Tableau 7 : Proportions des exportations pour chaque secteur susceptible de toucher la zone

Tana Antsirabe.

Tableau 8 : Nombre d’emplois par zones franches.

Tableau 9 : Répartition des industries agroalimentaires de la zone ATP d'Antsirabe 2008-2015

Tableau 10 : Hypothèse sur la création des entreprises de services informatiques dans le parc

technologique d’Antanetibe. 207-2015.

Tableau 11: Estimation des emplois créés par le pôle pour les horizons 2010 et 2015.

Tableau 12 : Estimation des valeurs ajoutées, production, fiscalité et balance commerciale

créées par le ZFI en milliards Ariary.

Tableau 13 : Estimation de la VA, de production, impôts et taxes, de la balance commerciale

créés dans la zone ATP en Milliard Ariary.

Tableau 14 : Estimation de la création de VA, des impôts et taxes du NTIC à Antanetibe en

Milliards Ariary.

Figure 1. L’octogone d’un territoire pour soutenir le developpement regional

Figure 2. Les acteurs du developpement local et regional presentes dans les quatre spheres

d’activites d’un territoire.

Page 10: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

ix

LISTE DES ABREVIATIONS AGOA : Africa Growth Opportunity Act.

APE : Accord de Partenariat Economique.

ASEAN : Association des Nations du Sud-Est Asiatique.

ATP : Agro Technopôle.

CAPE : Comité d’Appui au Pilotage des Entreprises.

CECAM : Caisse d’Epargne et Crédit Agricole Mutuel.

CNAPS : Caisse Nationale de Prévoyance Sociale.

COI : Commission de l’Océan Indien.

DSRP : Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté.

FMI : Fonds Monétaire International.

GUIDE : Guichet Unique des Investissements et de Développement des Entreprises.

IDE : Investissement Direct Etranger.

IDH : Indicateur de Développement Humain.

IPH : Indicateur de Pauvreté Humain.

ISDH : Indicateur Sexospécifique de Développement Humain.

NTIC : Nouvelle Technologie de l’Information et de Communication.

OMC : Organisation Mondiale de Commerce.

ONG : Organisation Non Gouvernementale.

ONU : Organisation des Nations Unies.

OSTIE : Organisation Sanitaire Tananarivienne des Inter Entreprises

PIC : Pôles Intégrés de Croissance.

PME : Petites et Moyennes Entreprises.

PMI : Petites et Moyennes Industries.

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement.

PPIC : Projet Pôles Intégrés de Croissance.

QMM : QIT Madagascar Minerals.

SADC: Southern African Development Community.

SPL : Système Productif Localisé.

STAR : Société Tananarivienne de Réfrigération.

TIC : Technologie de l’Information et de Communication.

VA : Valeur Ajoutée

ZFI : Zones Franches Industrielles.

Page 11: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

x

LISTE DES ANNEXES

Annexe 01 : Tableau 6 .Répartition de chaque branche d’activité des zones franches

Tableau 7. Proportion des exportations pour chaque secteur susceptible de

toucher la zone Tana Antsirabe.

Annexe 02 : Graphique. Répartitions des unités de production de Zones Franches qui seront

installées dans le cadre de la mise en œuvre du projet PIC.

Annexe 03 : Tableau 8. Nombre d’emplois par Zones franches.

Annexe 04 : Tableau 9. Répartition des industries agroalimentaires de la zone ATP

d'Antsirabe 2008-2015

Tableau 10. Hypothèse sur la création des entreprises de services informatiques

dans le parc technologique d’Antanetibe. 207-2015.

Tableau 11. Estimation des emplois créés par le pôle pour les horizons 2010

et 2015.

Annexe 05 : Tableau 12 : Estimation des valeurs ajoutés, production, fiscalité et balance

commerciale créées par le ZFI en milliards Ariary.

Tableau 13 : Estimation de la VA, de production, impôts et taxes, de la balance

commerciale crées dans la zone ATP en Milliard Ariary.

Tableau 14 : Estimation de la création de VA, des impôts et taxes du NTIC à

Antanetibe en Milliards Ariary.

Bibliographie.

Page 12: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

1

INTRODUCTION GENERALE

Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l’analyse économique du

développement est indissociable des évolutions politiques. Les théories économiques qui s’y

rattachent avaient fait et continuent de faire l’objet d’importantes remises en cause. En effet,

dans cette ère de la mondialisation où : - l’opinion publique est déroutée quant à la pertinence

d’un tel système, - les dirigeants de tout bord sont, eux aussi, désorientés à cause de leur

marge de manœuvre très réduite, ou plus encore - l’Europe elle-même cesse de représenter

une espérance dès lors qu’elle ne s’avère pas en mesure d’apporter des solutions aux

problèmes rencontrés par le plus grand nombre de ses citoyens… le processus de

développement est davantage défini en termes territoriaux ou régionaux et est associé à la

capacité des acteurs de mettre en œuvre des projets qui valorisent les ressources humaines et

qui génèrent des bénéfices pour l’ensemble de la communauté régionale. C’est surtout cette

dernière idée qui a ouvert la voie à ce qu’on appelle le développement régional ou l’approche

régionale de développement.

La notion de développement régional est sans doute présente dans de nombreux

discours sur le développement. Mais encore, sait-on vraiment de quoi on parle ? C’est ainsi

que la question liée à l’approche régionale du développement fait depuis plusieurs années

déjà l’objet de nombreux débats tant sur la définition même du concept que sur les moyens de

sa mise en œuvre. En effet, nombreux sont les personnes et auteurs qui confondent la notion

de développement régional à d’autres approches de développement qui mettent plus de valeur

à l’espace tels que le développement local, le développement endogène et les pôles de

croissance.

Michel Boisvert -pour sa part- assimile le développement endogène et le

développement régional et il affirme ainsi : « Ce courant [… en parlant du développement

endogène], mieux connu sous le nom de développement régional ou local, est le seul qui met

autant d’accent sur le milieu comme facteur de développement ».

Page 13: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

2

Ainsi, afin de mieux appréhender le concept, quelques questions méritent d’être

soulignées à savoir :

• Comment se conçoit l’émergence du concept de développement régional ?

• Qu’est-ce qui le différencie des autres approches de développement sus-

mentionnées notamment le développement local et les pôles de croissance ? Ici, l’accent

devrait être mis beaucoup plus sur la complémentarité de ces différentes approches plutôt que

sur la distinction proprement dite. C’est dans ce contexte que le thème du présent mémoire

trouve tout son intérêt. D’où la question :

• Que faire et comment faire pour qu’une approche de développement partant de

la constitution d’un ou des pôles de croissance puisse atteindre un degré élevé de

développement à un niveau régional ou national ? En d’autre terme, il est question de savoir si

le processus de développement des pôles de croissance pourrait amener un développement

régional.

Ces différentes questions trouveront réponses à travers les nombreuses applications

d’une approche régionale de développement notamment dans divers pays comme le Québec,

la France, etc…

Dans cette approche, nombreux sont ceux qui ont pu aboutir dans leurs objectifs et

donc ont pu

parvenir à leur développement. Néanmoins, le nombre d’échecs dans ce processus de

développement régional n’est pas moindre.

En outre, l’Afrique -en général- et Madagascar -en particulier- n’étaient pas en reste

dans ce processus de développement régional lequel prend comme base la mise en place ou

l’existence des pôles de croissance. En effet, Madagascar -dans le cadre de son objectif de

« développement rapide et durable » et, conformément à la mise en œuvre du Document

Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté ou DSRP- a adopté une stratégie de

développement basée sur la promotion des régions. Ainsi, avec l’appui de ses partenaires et

bailleurs de fonds, ce pays conçoit et développe de nouvelles idées et stratégies de

développement comme les Pôles Intégrés de Croissance ou PIC.

Dans ce sens, le Gouvernement de Madagascar se propose d’entreprendre une

initiative de développement multisectoriel et ce, notamment dans le cadre d’un projet intitulé

le « Projet Pôles Intégrés de Croissance » ou PPIC.

Page 14: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

3

En un mot, le projet vise à promouvoir une croissance régionale à travers

l’augmentation des investissements publics et privés et la création d’emplois pour favoriser la

croissance à court terme. Mais la question qui se pose est la suivante : connaît-on vraiment si

ces objectifs pourront être atteints ou non dans l’avenir ? Tel est l’objet de l’étude de cas du

présent mémoire. Notons que la présente recherche a pour but de définir et d’analyser les

impacts susceptibles d’être engendrés par le projet PIC.

Pour ce faire et pour essayer d’apporter un élément de réponse à la problématique

posée dans cette étude, notre recherche est divisée en deux parties :

- En premier lieu, traiter les aspects théoriques d’une approche territoriale ou régionale

de développement ainsi que des pôles de croissance. Pour cela, le premier chapitre parlera de

l’approche régionale de développement et des théories de développement dans une optique

spatiale et le deuxième évoquera les facteurs déterminants relatifs au développement des pôles

de croissance ; dans le troisième, quelques exemples et/ou pratiques de développement

régional dans certains pays nous permettront d’apprécier les impératifs qui s’y rattachent.

- En second lieu, cette partie consistera en la projection et analyse économique des

impacts du projet Antananarivo Antsirabe dans les années à venir dont un chapitre donnera

une description générale du projet PIC, un second traitera la projection sur les impacts futurs

du projet et enfin, un troisième mettra l’accent sur les perspectives de développement du

projet à un niveau régional voire national.

Page 15: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

4

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Page 16: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

5

La mise en place d’un ou des pôles de croissance dans un pays n’entraîne pas

automatiquement un développement à un niveau régional voire national. Ainsi, pour mieux

apprécier les rouages d’un processus de développement régional à partir des pôles de

croissance, nous allons revenir dans un premier temps sur la notion même du développement

ainsi que les théories qui s’y rattachent, surtout dans une optique territoriale.

Ensuite, une attention particulière sera portée sur les facteurs déterminants de

développement des pôles de croissance.

Enfin, nous apprécierons quelques exemples ou pratiques d’une approche régionale de

développement partant des pôles de croissance dans certains pays.

CHAPITRE I : APPROCHE TERRITORIALE DE DEVELOPPEMENT ET

THEORIES DE DEVELOPPEMENT DANS UNE OPTIQUE SPATIALE

Dans ce contexte où l’analyse économique du développement est indissociable des

évolutions politiques mondiales et surtout des efforts sans précédent de la part de la

Communauté internationale pour accélérer le développement des pays pauvres, les théories

économiques qui se rattachent au développement avaient fait et continuent de faire l’objet

d’importantes remises en question. C’est ainsi qu’actuellement, ce développement est

davantage défini en termes locaux ou régionaux et met beaucoup plus l’accent sur l’espace ou

le territoire.

Pour mieux appréhender cette approche de développement territorial, nous allons tout

d’abord faire le contour de la notion de développement. Ensuite, nous évoquerons les théories

de développement dans une optique spatiale. Enfin, nous terminerons ce premier chapitre par

une explication du concept de pôles de croissance.

Section 1 : La notion de développement.

Quel que soit le sens donné au mot développement, la notion est clairement comprise

par un certain nombre de personne. Mais pour notre part, le développement est sûrement la

question économique, humaine et sociale la plus importante de notre temps.

Page 17: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

6

Ainsi, la première question que nous avons voulu examiner sur la notion de

développement se rapporte à son origine : Comment a-t-il été élaboré ? Comment en est-il

arrivé à être une notion si importante dans les sociétés contemporaines et pourquoi ?

Un premier élément de réponse à ces questions est que le développement est associé à

la théorie de l’évolution naturelle. En effet, selon Gilbert Rist, « le développement est

assimilé au processus qui induit le changement dans l’évolution naturelle. De l’évolution

naturelle au changement social, la transposition semble assez simple à réaliser ». Ainsi,

l’évolution et le changement social deviennent le processus de développement.

Mais pour une acception plus économique du terme, François Perroux dans son

ouvrage l’Economie du XXème siècle définissait le développement comme «la combinaison

des changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître,

cumulativement et durablement, son produit réel global»1.

D’après cette définition, le développement est donc un ensemble de mutations et

d’accumulations qui s’intègrent au fil des années pour augmenter le produit réel global.

Or, certains pays n’arrivent pas à cette phase d’accumulations engendrant ainsi des

inégalités de développement plus ou moins importantes : d’une part, les pays développés

connaissent l’abondance, la consommation de masse, et une certaine forme de gaspillage ; et

d’autre part, les pays moins avancés vivent la faim, la misère, le surpeuplement, etc.….

Actuellement, ces inégalités de développement sont si flagrantes qu’elles peuvent être

facilement constatées à l’aide d’indicateurs élémentaires laissant apparaître une grande

disparité entre ces deux groupes de nations tel que le revenu par habitant.

A. L’avènement du développement :

En partant de l’idée que le développement se base sur l’évolution naturelle suivie par

de changement social, la notion de développement apparaît comme un processus de mutation

ininterrompue, ayant des effets cumulatifs. Voilà qui nous donne le premier aspect du

développement ainsi que son origine.

1 F.Perroux in R.Bénad, C.Nava, C.Saraf. Economie Générale. Hachette 1988. p 232

Page 18: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

7

Dans la littérature scientifique, l’avènement du développement se présente comme

« une histoire qui va d’Aristote jusqu’au XIXème siècle où l’on verra le triomphe de

l’évolutionnisme social, où les progrès de la technique et de la science vont devenir les

moteurs de la croissance et de sa représentation, le développement »2.

Dans cette perspective, le développement est non seulement irréversible, mais il

apparaît aussi inévitable, tout comme l’évolution naturelle. Cette perception d’un

développement inévitable va se propager avec le discours d’un des dirigeants de puissances

occidentales, notamment lors du discours de président américain Harry Truman, en janvier

1949, alors qu’il parlait de « lancer un nouveau programme qui soit audacieux et qui mette les

avantages de leur avance scientifique et de leur progrès industriel au service de l’amélioration

et de la croissance des régions sous-développées »3.

Du même coup et pour la première fois, sur les scènes politiques importantes,

surgissait une nouvelle conception du monde selon laquelle tous les peuples de la terre

doivent suivre la même voie et aspirer à un but unique : le développement. Autrement dit,

avec la conception de développement promulgué par Truman en 1949, c’est à la fois le

concept de développement et de sous-développement qui apparaît. Dans cette optique, le

développement est incontournable : car il devient la voie à suivre pour les pays qui n’ont pas

encore suivi la façon de se développer des occidentaux ; et le sous-développement est l’autre

voie, celle qui est à éviter.

Notons que cet avènement du concept de développement lancé par le président

Truman ne représente qu’une partie du long cheminement effectué par ce concept. Cependant,

si le discours du président Truman est relaté comme un élément important de l’essor du

concept de développement sur la scène internationale, il faut noter que l’ouverture des

marchés, qui avait débuté notamment avec le mercantilisme, contenait déjà une forme de ce

développement.

2 Rist, Gilbert. Le développement : histoire d’une croyance occidentale. Edition Paris. 1996 3 Y. Trotignon, Les pays en développement face au XXème siècle. Dunod.

Page 19: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

8

B. La nature du développement :

Dans la conception du développement proposée par les dirigeants occidentaux, le

développement apparaît comme un idéal à atteindre, un concept « prêt-à-porter » ou « prêt à

utiliser » ou encore une recette qui peut être préparée et appliquée dans toutes les parties du

globe, en suivant le mode d’emploi donné par les occidentaux et par leurs représentants ;

une recette qui permettra enfin de sortir des trous du sous-développement et d’atteindre

« l’état de grâce du développement ».

Dans cette vision, le développement devient à la fois le processus et la finalité. Le

processus par lequel, les sociétés évoluent et la finalité vers laquelle elles tendent, car

l’objectif est d’être développé.

Cette perception du développement comme finalité comporte une vision de

développement très précise. Ainsi, les idées de progrès, de croissance et d’avancement

scientifique présentes dans le concept de développement du président Truman représentent

l’essence même de cette vision du développement. Nous retrouvons d’ailleurs les mêmes

fondements de l’idée de développement dans la théorie évolutionniste, c’est-à-dire l’idée de

changement et de progrès qui s’inscrit dans un processus ininterrompu de croissance.

Notons que, même lorsque cette finalité de développement n’apparaît pas

uniquement économique comme dans le discours prononcé par le président Truman où « les

conditions du développement doivent conduire toute l’humanité au bonheur personnel»4, les

moyens pour y arriver, pour atteindre l’idéal du développement sont essentiellement

économiques et même le bonheur a une dimension économique. C’est d’ailleurs, à partir de

ces principes d’ordre économique qu’ont été façonnées les premières théories du

développement.

C. Les théories de développement :

Les théories de développement s’appuient sur des principes qui relèvent de la théorie

économique. Nous en avons nommé quelques-uns déjà. A la base de cette théorie, notons la

circulation constante des échanges qui favorisent l’accumulation, laquelle accumulation est un

4 Y. Trotignon, Les pays en développement face au XXème siècle. Dunod.

Page 20: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

9

facteur de la production et de la croissance. A cela, s’ajoutent d’autres principes : comme la

division de travail, le progrès et l’innovation qui sont aussi des moteurs du développement

économique et de la croissance. Autant de principes de base sur lesquels reposent les théories

économiques et les théories du développement.

Ainsi, pendant une longue période de temps, les principes de l’économie élaborés

par les premiers théoriciens de l’économie classique comme : Adam Smith (1723-1790),

David Ricardo (1772-1823) et Jean-Baptiste Say (1767-1832) ont servi de base aux théories

du développement économique et du développement tout court ; puisqu’à cette époque, le

développement était assimilé au développement économique5. Ainsi, qu’il s’agit du principe

de « laisser-faire » qui remonte aux physiocrates et à François Quesnay (1694-1774), c’est-à-

dire : au commencement du libéralisme dans l’économie ou de l’importance de la division du

travail comme facteur de croissance de la production démontrée notamment par Adam Smith

ou encore, la loi des avantages comparatifs qui favorise la spécialisation de la production et

l’accroissement des échanges, énoncée par David Ricardo ; tous ces principes ont vu leur

concrétisation et même leur apogée avec l’arrivée de la révolution industrielle où s’effectuait

la mise en place d’un système organisé de production économique.

Et c’est à l’intérieur de ce cadre de production industrielle, que s’établissaient le

fordisme et le keynésianisme qui seraient à la base du développement économique pendant le

XXème siècle6.

Cependant, il importe de souligner que l’évolution de la pensée économique - sur les

théories du développement ou plutôt sur l’économie du développement- a été surtout marquée

par deux approches distinctes : l’approche orthodoxe du développement et l’approche

hétérodoxe7.

La distinction entre ces deux approches découle surtout d’une démarcation entre les

auteurs qui décrivent l’économie mondiale comme comprenant un centre constitué de pays

capitalistes développés et une périphérie constituée de pays sous-développés. Ce sont les

hétérodoxes qui répugnent à admettre le paradigme du centre et de la périphérie.

5 George Soule, Qu’est-ce que l’économie politique ? Nouveaux Horizons. 1980 6 J.M Albertini. Mécanismes de développement. Ed Ouvrières. 1989 7 Cours 3ème année Economie. F Andriamahefazafy. 2001-2002

Page 21: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

10

Concernant toujours les idées sur les théories de développement, les efforts sans

précédent de la part des chercheurs pour fournir de nouvelles approches théoriques en matière

de développement sont indéniables.

Grâce à ces efforts, l’histoire récente du développement offre divers exemples de

réussites, mais il ne faut pas exclure l’idée qu’elle comprend également des échecs et des

déceptions.

Si, dans la théorie, une certaine forme ou modèle de développement - voire même

ses conditions de réussite- a pu être avancée, alors qu’en est-il de la mesure du degré de

développement dans la pratique ?

D. Comment mesurer le développement ?

D’une manière générale, le développement d'un pays est souvent assimilé à sa

richesse : les pays riches sont les pays développés et les pays pauvres sont les pays sous-

développés. En effet, la répartition de ces richesses n'est pas toujours égalitaire. C’est ainsi

qu’il est utile d’avoir des outils pour mesurer le niveau des richesses d’un pays, et donc le

niveau de son développement.

L'Indicateur de Développement Humain (IDH) - créé en 1990- sert à mesurer le

développement d’un pays. Il est calculé par le Programme des Nations Unies pour le

Développement (PNUD) et prend en compte 3 facteurs, à savoir : l'espérance de vie, le niveau

d'instruction exprimé par le taux d'alphabétisation des adultes ainsi que le nombre d'années

d'études, et le Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant : parité de pouvoir d'achat.

L'IDH est la moyenne des notes obtenues par ces 3 composantes.

La mesure la plus utilisée par les organismes internationaux pour mesurer le degré

de développement est jusqu’ici l’IDH ; mais il existe encore de nombreux indicateurs de

développement tels que : l’Indicateur de Pauvreté Humain (IPH), l’Indicateur Sexospécifique

du Développement Humain (ISDH), l’indicateur du niveau d’instruction, etc…

Contrairement aux mesures macro-économiques du développement, comme le taux

de croissance, ces indicateurs tiennent surtout compte des aspects sociaux du développement

comme les conditions de vie de la population, les accès aux services publics tels que : eau

potable, santé, niveau de malnutrition, etc.….

Page 22: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

11

S’il existe des degrés de développement différents entre les pays, il est important de

voir quelles en sont les causes. Et c’est ce qui nous amène à discerner le système mondial face

à des crises de l’économie.

E. Les échecs en matière de développement : les crises du système économique

mondial :

L’évolution de l’économie dans le monde ou l’économie-monde tout court a connu

une expansion relativement continue depuis son avènement. Cependant, elle a aussi été

secouée par plusieurs crises ou contractions qui ont freiné son mouvement.

Ces crises ont été expliquées par plusieurs auteurs comme Kondratieff, Wallerstein

et Juglar de plusieurs façons. Notamment, la théorie de cycles longs d’une durée de cinquante

ans de Kondratieff montrait que le développement économique était composé de cycles

d’expansion et de contraction qui se succède dans le temps d’une façon plus ou moins

continue. D’autres auteurs ont également parlé de cycles économiques d’une durée plus

courte : dix ans ou quatre ans.

Mais, pour Immanuel Wallerstein, il affirme que : « les crises qui ont secoué

l’économie mondiale font partie intégrante de système d’expansion de l’économie-monde. En

fait, elles sont inhérentes au système du développement capitaliste qui produit des goulots

d’étranglement dus à une surproduction mondiale »8

En effet, comme la demande globale à l’échelle mondiale demeure relativement

stable, et que l’offre mondiale connaît une production toujours plus importante, un goulot

d’étranglement se produit généralement au bout de vingt-cinq ans. Les solutions trouvées

jusqu’à présent sont l’innovation technologique et la mise en place d’un processus de

redistribution spatiale de la production qui accentuent la hiérarchie spatiale à l’échelle

mondiale et, par conséquent, le renforcement du développement inégal entre les pays.

8 Fiche de lecture 2003. (Wallerstein, 1982)

Page 23: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

12

Cette redistribution géographique des espaces de production relève de la

mondialisation et de la globalisation des échanges qui se sont accentuées depuis les années

quatre-vingt.

Ainsi, il importe de regarder comment s’est développé ce processus de redistribution

de l’économie dans l’espace ou, en d’autres termes, cette approche territoriale ou régionale du

développement.

Section 2 : Les théories du développement en optique spatiale.

A. Un peu d’histoire :

L’approche territoriale dans le développement avait fait son apparition, comme déjà

vue précédemment, peu à peu avec la prise de conscience de l’inégalité de la diffusion de

développement dans l’espace. Autrement dit, les théoriciens du développement s’étaient

aperçus que les territoires et les régions ne se développaient pas tous de la même façon et que

certaines régions demeuraient en dehors de la sphère du développement.

Cette prise de conscience s’était élaborée d’abord sur le plan international, lorsqu’il

était devenu évident que des déséquilibres de développement entre les pays du Nord et les

pays du Sud existaient. Par la suite, les analystes du développement avaient constaté que des

déséquilibres se produisaient aussi à l’intérieur des régions de pays dits développés.

L’émergence de l’approche régionale du développement constitue pour certains

auteurs l’avènement d’un nouveau paradigme de développement que certains ont appelé le

paradigme de développement par le bas, par opposition à celui du développement fonctionnel

ou du développement par le haut.

Dans les pays du Sud comme dans les pays du Nord, plusieurs auteurs9 tels que S.

Amin, J. Friedmann et F. Perroux avaient élaboré des théories qui tentaient d’expliquer les

inégalités du développement dans l’espace et surtout d’essayer de trouver des théories qui

favorisaient le développement des espaces excentriques et marginalisés.

9 Cours de Développement local. Première année DEA.2004

Page 24: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

13

Toutes ces théories forment ce que nous pouvons appeler l’ensemble des théories du

développement régional. Un ensemble aux frontières parfois floues puisque « aucune théorie

générale du développement régional n’est encore disponible »10. Dans les pages qui suivent,

nous allons regarder quelques-unes des théories qui forment cet ensemble théorique du

développement régional et qui ont en commun une approche territoriale du développement.

B. Le développement endogène :

Le développement endogène est né avec la nécessité de freiner les inégalités du

développement dans l’espace et de territorialiser le développement. L’approche de

développement endogène a fait l’objet de nombreuses contributions théoriques au cours de

ces vingt dernières années de la part tant des économistes, des géographes que des

sociologues. Elle est issue de multiples courants théoriques, qui se sont développés - à la fois-

dans les pays du Sud, et dans les pays du Nord où les espaces périphériques sont souvent en

voie de dévitalisation.

La théorie de développement endogène relève du paradigme de développement par

le bas et s’inscrit dans une approche essentiellement territoriale du développement.

Philippe Aydalot affirme en effet que : « le développement endogène est une

approche territoriale du développement plus qu’une théorie de la croissance économique»11.

Pour certains auteurs, le développement endogène concerne davantage les pays en

développement plutôt que les pays développés12.

Il est vrai qu’au niveau international, le développement endogène, connu aussi sous

le vocable « self-reliance » ou développement autocentré, a connu une audience importante

notamment avec la Tanzanie qui a tenté d’appliquer - à l’échelle d’un pays entier- les

principes de développement autocentré.

Dans les pays du Nord, le concept de développement endogène avait notamment été

élaboré par John Friedmann. Ce dernier parlait de développement agropolitain ou de

développement autocentré.

10 Boisvert Michel, L’analyse économique régionale, un éventail de concepts anciens et nouveaux. 1996. 11Aydalot Philippe, Economie régionale et urbaine, Paris Economica. 1985 12 Proulx, Marc Urbain, Réseaux d’information et dynamique locale, Chicoutimi. 1995

Page 25: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

14

En outre, selon le principe de J. Friedmann in Aydalot13 : le développement

endogène est territorial, communautaire et démocratique. En effet, le territoire est à la base du

développement. C’est dans un espace particulier que le développement s’incarne et prend sa

source. Il est le fruit de chacune des composantes territoriales d’un espace, c’est-à-dire : les

composantes naturelle, culturelle, économique et sociale. Il peut être aussi communautaire,

puisqu’il fait appel à la participation de la population, mais également démocratique, puisqu’il

suppose des structures démocratiques pour sa mise en œuvre.

A ces principes de base, d’autres caractéristiques se sont ajoutées. Le développement

endogène est basé sur les besoins fondamentaux des personnes14 et non sur les besoins de la

croissance du marché. Il est axé sur la valorisation des ressources locales tant sur le plan

ressources naturelles, culturelles que sur le plan des savoir-faire locaux.

Le développement endogène est aussi un développement qui se veut intégré, réalisé

à petite échelle. Il s’effectue parfois dans un contexte d’économie informelle, c’est-à-dire une

économie souterraine non comptabilisée et en dehors des normes de l’économie officielle.

Aussi, a-t-il connu de nombreuses applications dans le monde, dans les pays en voie

de développement tout comme dans les pays dits développés. Au Québec, le développement

endogène a été à la base de plusieurs expériences de développement dans les petites

collectivités locales comme le Bas-Saint-Laurent et Gaspésie.

Ainsi, le concept du développement endogène semble être en rupture par rapport au

concept de développement économique classique basé sur la croissance de l’économie extra-

territoriale.

En ce sens, il constitue une réponse aux problèmes mis en relief par l’analyse centre-

périphérie.

Bref, de nombreux auteurs ont contribué à la définition de ce nouveau type de

développement. Ils ont pu apporter leur part d’idées sur le concept de développement, dans

une optique territoriale et ce, quelque soit l’appellation que ce dernier peut prendre : qu’il

s’agit d’un développement par le bas ou d’un développement décentralisé ou d’un

développement ascendant.

13Aydalot Philippe, Economie régionale et urbaine, Paris, Economica. 1985 14Se sont principalement : alimentation, logement, éducation, travail.

Page 26: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

15

Nous allons maintenant regarder un autre concept de l’approche de développement

en optique territoriale : le concept du développement local.

C. Le développement local :

Selon certains auteurs, le développement local découle directement du concept de

développement endogène. Dans cet ordre d’idée, mais avec une formalisation encore plus

grande, cette conceptualisation a engendré plusieurs approches de développement local.

Parmi ces approches, celles développées par Katalyn Kolosy15 d’une part, et Bernard

Vachon, d’autre part, nous paraissent les plus logiques et les plus proches de la pratique de

développement dans une optique territoriale et régionale.

Pour Katalyn Kolosy16 : « le développement local est une approche volontariste,

axée sur un territoire restreint, et qui conçoit le développement comme une démarche partant

du bas, privilégiant les ressources endogènes ».

Pour une meilleure compréhension du concept, cet auteur a essayé de combiner les

explications de la notion de développement d’une part, et la notion de local d’autre part, pour

en faire ressortir l’importance donnée au dynamisme local dans le processus de

développement local .

En effet, comme beaucoup d’auteurs, Kolosy a interprété le développement comme

un processus de transformation ou de changement étroitement lié au concept de progrès. Et

pour la notion de local, elle repose sur la notion de territoire qui peut être perçue comme le

découpage administratif, parfois arbitraire et sans correspondance avec la géographie

humaine.

De son côté, Bernard Vachon mentionne que : « le développement local est une

stratégie qui vise - par des mécanismes de partenariat- à créer un environnement propice aux

initiatives locales, afin d’augmenter la capacité des collectivités en difficulté à s’adapter aux

nouvelles règles du jeu de la croissance macro-économique ou à trouver d’autres formes de

développement qui, par des modes d’organisation et de production nouveaux, intégreront des

15 Horizon local. 1997. www.globenet.org 16 Dans son étude de réflexion pour une définition théorique du concept de développement local.

Page 27: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

16

préoccupations d’ordre social, culturel et environnemental parmi des considérations purement

économiques ».

Donc, d’une manière générale, et vu sous l’angle de l’organisation économique et

sociale d’un pays, le concept de développement local est sûrement né de la prise de

conscience suivante : les politiques d’aménagement du territoire mises en œuvre pour corriger

les grands déséquilibres géographiques et socio-économiques ne peuvent trouver leur pleine

efficacité qu’en s’appuyant sur une organisation des volontés locales.

Quelles que soient les formes prises par le développement local : qu’il s’agit de

Comités locaux de bassin d’emploi, de développement social des quartiers ou des Parcs

Naturels Régionaux, elles ont pour caractéristiques communes :

- d’être assises sur un territoire dont la délimitation vise à définir une entité

géographique, économique, culturelle et sociale susceptible de dépasser les organisations

administratives traditionnelles et

- d’avoir vocation d’associer tous les acteurs locaux : élus, socioprofessionnels,

associations ou administration, etc…

Comme objectif, le développement local s’efforce d’élaborer puis de faire

fonctionner un projet de développement qui peut créer une synergie entre les potentiels du

territoire, ses ressources humaines et son insertion dans les orientations de l’aménagement du

territoire, c'est-à-dire : sa capacité à suivre les grandes orientations économiques, les

programmes spécifiques et la réalisation des infrastructures.

Cependant, pour la réalisation de ces objectifs, des outils, des méthodes et des

métiers spécifiques devraient être développés puis affinés par l’expérience. Parmi ces outils et

méthodes, on peut citer entre autres :

- le diagnostic comme point de départ de toute démarche de développement local,

- le projet global qui doit dégager les lignes de forces et des priorités à moyen et

long terme,

- l’animation dont la mission consiste à faire émerger les projets tout en gérant une

dynamique du territoire, et enfin

- la formation/développement conçue pour accompagner la réalisation des projets.

Page 28: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

17

Par ailleurs, l’un des faits les plus marquants liés au concept de développement local

est l’existence de la multiplicité des discours et programmes, à la fois complémentaires et

contradictoires qui s’y rattachent. Malgré cela, deux grands courants semblent se dégager de

cette multiplicité. Le premier courant est celui qui renvoie à l'analyse systémique et qui met

l'accent sur le rôle des institutions et sur le partenariat public-privé. Le second relève d'une

certaine conception de la solidarité et s'intéresse plus au rôle de l'initiative par le bas, qui

s'appuie sur des formes de négociation égalitaires, non pilotées par les pouvoirs publics.

Bref, le concept de développement local repose sur un acquis théorique

pluridisciplinaire. Et plus qu'un concept, le développement local est aussi un processus

d'apprentissage organisationnel. C’est ainsi qu’il n’est pas et ne sera sans doute jamais une

science exacte. Il restera une délicate approche de développement qui s’élabore et se

transforme jour après jour dans ces nouveaux laboratoires de la société que sont les territoires.

Aussi, la meilleure façon d’en parler consiste-t-elle à décrire et à analyser les

expériences en cours, tout en sachant qu’aucune d’elles ne doit être érigée en modèle

reproductible.

Maintenant, nous allons regarder deux des approches spécifiques du développement

local : l’approche des districts industriels et les milieux innovateurs, et celle du

développement économique communautaire.

D. Les districts industriels et les milieux innovateurs :

Le courant des milieux innovateurs et des districts industriels met l’accent sur

l’inscription dans un territoire ou un milieu donné, d’un potentiel de développement selon les

filières productives ou des systèmes d’entrepreneuriat. Dans ce contexte, les districts

industriels peuvent donc se définir comme un système de production localisé

géographiquement17, qui fait appel au potentiel de développement endogène, sur un territoire

donné.

Concernant la théorie des milieux innovateurs, la perspective nouvelle proposée

dans ce courant est de montrer que le développement des entreprises constitue le résultat des

17 Tremblay, Développement local, districts industriels et milieux innovateurs : mode ou tendance de fonds ? In S .Coté, J-L, Klein et M.U. Proulx. Le Québec des régions : vers quel développement ? 1996,

Page 29: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

18

forces innovatrices dans un milieu donné. L'accent est donc mis sur le territoire et sur les

conditions qui y existent et qui permettront de développer l'entrepreneuriat local. La théorie

des milieux innovateurs peut s’apparenter aux travaux de l'économiste Schumpeter et aux

travaux des économistes évolutionnistes18.

La perspective des districts industriels et des milieux innovateurs relève de la

première approche de développement local définie plus haut.

Toujours dans le courant du développement local, nous distinguons une autre

approche, soit le développement économique communautaire. Nous allons examiner quelles

sont les spécificités de cette approche.

E. Le développement économique communautaire :

Le développement économique communautaire a pour objectif d’intégrer à la fois des

dimensions économiques et sociales dans un territoire ou une communauté donnée. Dans cette

conception, le développement économique local tend alors à prendre en compte quatre

dimensions, soit la dimension économique par la production et la vente de biens et services, la

dimension territoriale par la mise en valeur des ressources locales, la dimension sociale par un

travail portant sur la recomposition sociale de la communauté et la dimension communautaire

en tant qu’espace de vivre ensemble et en tant que dispositif premier de revitalisation.

Nous retrouvons, dans ce courant de développement communautaire local, les

composantes du développement local que nous avons mentionnées précédemment à savoir : la

synergie des acteurs, l’inscription territoriale du développement et la prise en compte des

dimensions à la fois sociale, économique et culturelle.

Ce courant du développement économique communautaire est en pleine montée

actuellement. Il rejoint aussi le concept de l’économie sociale qui prend de plus en plus

d'ampleur ces derniers temps.

18 Idem.

Page 30: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

19

F. La théorie des pôles de croissance :

La théorie des pôles de croissance a été développée - pour la première fois- par

l’économiste François Perroux dans les années cinquante. Elle postule que « la croissance

n’apparaît pas uniformément dans l’espace, mais qu’elle se concentre plutôt en pôle ou en

zone de croissance dont les effets se diffusent sur l’économie immédiate ».

En effet, constatant que les résultats obtenus en matière de développement ne sont

pas très convaincants, F. Perroux postule -au contraire- un déséquilibre naturel entre les

régions pour atteindre la croissance et considère que les écarts régionaux de développement

ne peuvent pas se réduire au seul jeu du marché19.

Sa théorie des pôles de croissance a inspiré dans les années 1970 et 1980 des

politiques de créations de pôles de développement dans les régions moins favorisées.

Par croissance polarisée, il entendait une croissance tirée par un pôle moteur

entraînant l’espace environnant dans le processus de développement, par effet de diffusion de

progrès, de techniques, de savoirs, etc… L’entreprise de grande taille pouvant naturellement

constituer un tel pôle.

Ainsi, on peut dire que le pôle de croissance repose sur l'existence d'une ou plusieurs

unité(s) dominante(s) et motrice(s). Ces unités motrices peuvent être des firmes, des industries

ou groupe d'industries. Il y a croissance parce qu'une unité motrice entraîne l’espace

environnant à progresser et donc, permet le développement économique. La croissance de

cette firme motrice se diffuse vers les autres firmes notamment vers les sous-traitants. Les

relations entre les firmes motrices et les autres industries ne sont pas forcément

concurrentielles.

Par ailleurs, ces unités motrices sont localisées ou territorialisées voire

"agglomérées" ou regroupées à d'autres entreprises sur un territoire, ce qui crée sûrement des

forces de synergie entre ces unités. Cependant, cela supposait que des forces de blocage

toujours présentes sur le territoire existent. Mais ces dernières ne l’emportaient point sur les

forces de progrès.

Certes, dans ce contexte, l’idée d’entreprise prédatrice ainsi que la diversité des

trajectoires de développement régional ont été très vite opposées à ces unités motrices. C’est

19 Selon les théories néo classiques. Cours sur l’Histoire de l’Economie Contemporaine. 2000

Page 31: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

20

ainsi que certains auteurs ont repris ce concept d’espace économique, pour élargir leur cadre

d’analyse sur les pôles de croissance.

En effet, la théorie des pôles de croissance avait pris une forme beaucoup plus large

avec la définition de Philippe Aydalo. Selon cet auteur, « la théorie des pôles de croissance est

à la fois une théorie de développement économique, mais aussi une théorie de la diffusion

spatiale de la croissance et du développement »20.

D’après cette définition, sur le plan de la localisation spatiale, la théorie des pôles de

croissance tend donc à montrer que la croissance se concentre dans l’espace, alors que sur le

plan de développement économique, le pôle est un mécanisme inducteur de croissance21.

Par ailleurs, soulignons que les effets de croissance ne se propagent pas

automatiquement au profit de tous les secteurs mais surtout dans les secteurs liés à ceux qui

donnent la propulsion initiale. En effet, le pôle de croissance est constitué par une industrie ou

une branche d’industrie clé.

Ainsi, on peut affirmer que la théorie des pôles de croissance se présente à la fois

comme théorie de croissance sectoriellement déséquilibrée et comme théorie de croissance

régionale déséquilibrée, c’est à dire :

- la croissance se diffuse par des canaux spécifiques de manière très inégale

selon les secteurs et

- les effets moteurs se concentrent inégalement dans l’espace : le centre doté

de tous les atouts, exerce un pouvoir de domination sur la périphérie très souvent

présentée en négatif par rapport au centre.

Une des caractéristiques marquantes d’un pôle de croissance est que les structures

centralisées sont incompatibles avec la mécanique de la polarisation. Il ne peut y avoir de

polarisation qu’au sein d’une économie décentralisée, car elle repose sur des investissements

additionnels créés par des micro-unités soucieuses de profiter des occasions de profit suscitées

par les macro-unités. Il n’est pas exclu que des régimes monopolistiques sont souvent

caractéristiques des pôles du fait de l’existence des grandes entreprises qui peuvent dominer

leur environnement.

20 Aydalot Philippe. Economie régionale et urbaine. Paris, Economica.1985 21 Idem.

Page 32: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

21

Concernant les effets d’expansion de la croissance aux alentours du pôle, trois voies

de diffusion des effets moteurs issus d’une unité motrice peuvent être considérées ; il s’agit

des effets par les prix, par les flux et par les anticipations.

Aussi, dans un cadre théorique, les règles de transmission des effets moteurs peuvent

agir soit par des effets en amont, soit par des effets en aval ou des effets boomerang, c’est à

dire capables d’agir dans les deux sens.

Le mode de propagation varie en fonction des effets exercés par l’industrie motrice ;

si l’effet en aval est le plus important, ce sont des industries d’amont dites de base : matières

premières, acier, chimie, etc… qui joueront le rôle important dans la croissance. Dans le cas

contraire, ce sont des industries d’aval qui joueront ce rôle.

La théorie des pôles de croissance a été très populaire et très utilisée dans le monde.

Toutefois, il semble que le développement des pôles de croissance a aussi des effets pervers

comme la polarisation du développement dans un espace délimité, ce qui contribue à créer des

espaces marginalisés autour du pôle de développement.

Enfin, la théorie des pôles de croissance n'a pas toujours donné les résultats

escomptés, tout au moins pour le développement des régions excentriques.

Section 3 : Les pôles de Croissance fortement liés à la notion d’attractivité, de

compétitivité et de proximité.

Dans cette section, nous allons parler de l’importance accordée à la notion

d’attractivité et de compétitivité dans le processus de développement des pôles. Une place

importante sera également accordée à l’analyse de la proximité.

A. La notion d’attractivité et de compétitivité :

Attractivité et compétitivité territoriale sont aujourd’hui des notions justement à la

mode dans le débat sur les politiques de développement des pôles de croissance et de

développement régional. Mais il faut considérer que si les termes sont relativement nouveaux,

les concepts qu’ils sous-tendent sont anciens.

En fait, si regardés de près, quelles sont les réflexions sur les districts industriels que

nous venons de traiter précédemment si non une conceptualisation des sources de

compétitivité d’un système de productions locales ? Quels sont les effets de polarisation de

F.Perroux si non une théorisation des effets d’attraction d’activités génératrices de croissance

Page 33: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

22

économique ? Et à propos de toutes les grandes théories de la localisation développées

antérieurement, ne mettent-elles pas l’accent sur les forces d’attraction d’activités à la

recherche des meilleures conditions de compétitivité?

S’interroger aujourd’hui sur ces deux notions, souvent utilisées de façon

superficielle pour dégager des stratégies de développement s’avère crucial et incontournable

parce que premièrement, on ne dispose pas de véritables recettes ou boites d’outils pour une

stratégie ou une politique économique efficace, deuxièmement parce que les liens entre les

deux concepts et leur véritable signification et contenu sont encore flous.

Les concepts d’attractivité et de compétitivité territoriale demandent une

considération particulière dans le contexte actuel de la mondialisation. En fait, on est en

présence d’un défi majeur. En effet, la théorie des échanges internationaux nous indique que

les territoires, les villes, les régions, mais aussi les nations ne disposent pas de mécanismes

d’ajustement automatiques lorsqu’elles font face à une crise. Si la compétitivité de leurs

produits s’efface, ou si elles ne sont pas en mesure de garder le même taux d’accroissement de

productivité que leurs compétiteurs dans le temps, leur destin -en absence de ressources

publiques importantes- est le déclin et même la désertification.

De ce fait, les territoires sont obligés de relancer continuellement leur compétitivité

et leur attractivité en direction de nouvelles activités s’ils veulent survivre en tant que sociétés

locales ou régionales.

Par ailleurs, notons que ces sociétés sont en compétition directe entre elles d’une

part, et au niveau des échanges internationaux sur la base de principe d’avantage absolu ou

sur la base du principe Ricardien d’avantage comparatif22 d’autre part. La même condition de

concurrence se présente, si on ajoute la considération des mouvements des capitaux et des

facteurs de production ; les sociétés se dirigent vers le territoires où les coûts sont mineurs

« compétitivité de prix » ou bien vers les territoires où les coûts supérieurs sont plus que

compensés par une forte efficacité ou productivité « compétitivité hors prix ». Tout cela

renforce le défi de développement des pôles de croissance.

22 Ce sont ces avantages qui garantissent chaque pays d’un rôle dans la division internationale du travail, même en présence d’une productivité inférieure dans tout secteur de production. (Camagni, 2002).

Page 34: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

23

Si le défi pour les pôles est clair, il faut dire que le territoire fournit également des

outils pour mieux répondre au même défi. Ce défi est appuyé par les différentes dimensions

du concept économique de territoire à savoir :

- un système d’externalités technologiques, c’est-à-dire un ensemble de

facteurs aussi bien matériels qu’immatériels qui génèrent un avantage compétitif aux

entreprises et qui, grâce à l’élément de la proximité et à la réduction des coûts de

transaction qu’elle comporte, peuvent devenir des externalités positives23 ;

- un système de relations économiques et sociales qui contribue à la

constitution du capital relationnel ou du capital social d’un certain espace

géographique ; ce système est responsable des effets de synergie locale ou de

dynamique territoriale facilitant l’action collective des privés qui visent à produire des

biens publics de façon coopérative et contribuant également à la réduction de

l’incertitude et au déclenchement de processus d’apprentissage collectif24;

- un système de gouvernance locale, qui rassemble une collectivité, un

ensemble d’acteurs privés et un système d’administrations publiques locales. Ce

système est responsable de l’interprétation des besoins de la région et de la mise en

oeuvre des meilleurs dispositifs pour fournir des réponses efficaces aux défis.

B. Deux notions distinguées mais complémentaires :

Comme démontré plus haut, améliorer l’attractivité et la compétitivité territoriale

représente des

réponses possibles aux défis du développement des pôles ou des régions. Traditionnellement,

elles ont été associées à des stratégies différenciées et bien distinguées, notamment une

stratégie de développement exogène qu’on peut qualifier par le haut, et une stratégie de

développement endogène, par le bas.

Dans l’histoire récente de la théorisation sur le développement territorial, ces deux

visions se sont succédées au moins deux fois :

23 L’externalité la plus évidente est représentée par la présence d’agglomérations : villes, districts, pôles, clusters,… 24 R.Camagni, Compétitivité territoriale, milieux locaux et apprentissage collectif : une contre-réflexion critique. Revue d’Economie régionale et Urbaine. 2002

Page 35: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

24

- à partir de la fin des années 1970 jusqu’à la moitié des années 1990, la nécessité de

valoriser les ressources et les capacités locales a été valorisée, et renforce donc la

compétitivité nourrie par les synergies locales et les processus d’innovation ;

- plus récemment, face au processus de la mondialisation, à l’évidence d’une reprise

des mouvements internationaux d’investissement dirigés de façon croissante vers les pays

développés et au rôle des grandes villes comme attracteurs d’une part croissante de ces

investissements directs, l’accent est tourné encore une fois vers les stratégies d’attraction.

Dans ce contexte, bien que naturellement différentes, ces deux stratégies montrent

de fortes convergences et d’importantes complémentarités.

En premier lieu si on fait exception des politiques d’attraction développées à travers

des rapports diplomatiques entre les pays et organismes internationaux on doit réaliser que les

sources de l’attractivité territoriale et de la compétitivité sont pour la plupart les mêmes : les

mêmes éléments qui contribuent à l’attractivité d’activités externes, notamment une bonne

dotation de services et d’infrastructures, une bonne efficacité de l’administration publique, un

niveau élevé de qualité de la vie et de l’environnement. Autant d’éléments qui sont très

efficaces pour garder les entreprises de la région sur le lieu et pour augmenter la productivité

de toutes les entreprises actuelles ou potentielles.

Si on reste sur le plan des politiques, il faut reconnaître que les politiques

d’attraction plus efficaces sont les politiques qui offrent un avantage sur la localisation, et

donc un avantage compétitif aux entreprises. C’est ainsi que pendant un certain temps, de

nombreux pays avaient surestimé le rôle de politiques d’offre immobilière dans l’attraction

des flux d’investissements internationaux. Par exemple, la réalisation des grands

investissements en infrastructures de base comme les bâtiments, les routes, etc.…

En deuxième lieu, il faut reconnaître que les politiques d’attraction pure proposées et

suivies dans le passé ont fait souvent faillite, justement à cause d’un manque de considération

des aspects d’avantage compétitif ou de localisation. En effet, dans les années 1960, on avait

constaté les limites de la théorie des pôles de croissance, qui consistaient au manque d’une

véritable théorie de la localisation pour justifier l’attraction d’activités complémentaires.

Par ailleurs, il faut aussi reconnaître la nécessité des politiques d’attraction réalisées

à travers l’expansion des pratiques de marketing territorial, de création d’une image de

Page 36: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

25

marque de la ville ou de la région, de plus en plus facilitée par les pratiques liées à la création

de sites Internet.

A cet effet, tout pôle de croissance s’est retrouvé central par rapport à quelque entité

géographique ; toute région s’est présentée comme dynamique et innovante dans le processus

de développement. Bien sûr, dans ce contexte, l’information est nécessaire mais il faut savoir

que les décideurs et les managers d’entreprises disposent d’informations bien fiables sur les

éléments qu’ils apprécient dans les localisations potentielles à travers leur expérience

personnelle et leurs réseaux de relations.

En un mot, l’élément crucial pour toute politique de développement basée sur les

pôles de croissance réside donc dans la construction d’une vision partagée du futur, bien

ancrée dans les spécificités de l’économie territoriale. Elle devrait passer par un plan d’action

collective et de coopération entre public et privé (partenariat-public-privé), et par une

démarche stratégique qui puisse maximiser les synergies territoriales et valoriser le rôle de

chaque acteur de façon à assurer la compétitivité et l’attractivité.

Enfin, l’intégration entre industries, centres de recherche et universités dans la

construction par le bas, de projets de développement productif avancés et intégrés dans une

vision générale du futur du territoire, est cohérente avec les objectifs de développement des

pôles de croissance.

C. La proximité :

Qu’il s’agit des théories ou des faits, on ne peut pas parler de concept des pôles de

croissance sans accorder une place particulière à la notion de proximité. En effet, les analyses

en termes de réseau ou de regroupements comme les clusters, districts, SPLs, etc… reposent

plus ou moins sur la distance qui existe entre les acteurs économiques.

La proximité renvoie à l'absence d'éloignement entre les agents. Elle peut d'abord

s'évaluer dans les termes habituels de l'éloignement physique. Il s'agit alors de la proximité

géographique.

Or, la distance n'étant plus considérée simplement comme un concept physique ou

géographique ; ni la distance, ni la proximité géographique ne suffisent pour qualifier de

Page 37: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

26

proches deux agents économiques. L'éloignement peut donc être mesuré également en termes

d’éloignement social, culturel, psychologique ou institutionnel. D'où, une autre forme de

proximité : la proximité organisationnelle.

Ces deux aspects renvoient la proximité à la notion de distance de F. Perroux ; c'est-

à-dire : « une distance qui fait référence aux contraintes naturelles et physiques, mais aussi

aux construits sociaux telles que les infrastructures de transports et de télécommunications qui

modifient les temps et les coûts d'accès ».

Ainsi, tenir compte de la proximité est cohérent avec les analyses en termes de

réciprocité et de confiance.

• Proximité géographique

La proximité géographique concerne la distance physique entre les acteurs. L'accent

est mis sur le caractère spatial des activités économiques. Cependant, il ne faut pas considérer

que la proximité géographique produise nécessairement l'émergence d'une proximité

organisationnelle.

• Proximité organisationnelle

La proximité organisationnelle peut prendre deux formes :

- Une proximité d'appartenance : sont proches en termes organisationnels les

acteurs qui appartiennent au même espace de rapports tels que : firmes, réseaux de

firmes, ... c'est-à-dire : entre lesquels se nouent des interactions de différentes

natures.

- Une proximité de similitude25 : sont proches en termes organisationnels les

acteurs qui se ressemblent, c’est-à-dire : ceux qui possèdent le même espace de

références et partagent les mêmes savoirs, le même espace de représentation, de

modèles et de règles de pensée et d’action.

Dans le premier cas, c'est de l’effectivité des coordinations que dépend

l'appartenance à un même ensemble. Dans le second, la proximité est liée à une ressemblance

des représentations et des modes de fonctionnement.

Il importe de souligner que ces deux conceptions de la proximité organisationnelle

ne s'opposent pas mais se complètent, en particulier quand une relation d'appartenance

reposant initialement sur des relations industrielles existe. Aussi, une relation de proximité

25 Gilly, Torre, 2000. p 12-14.

Page 38: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

27

peut être induite par l'appartenance à une organisation ainsi que le fait de suivre des règles

communes ou partager une même culture d'entreprise au sein d'une activité finalisée. Il ressort

donc que la proximité d'appartenance donne naissance à la proximité organisationnelle.

• Proximité et territoire

De ce qui précède, le territoire doit son existence non seulement à une proximité

géographique et organisationnelle, mais il dépend aussi du fait que cette proximité est

suffisamment partagée par l'ensemble des groupes d'individus émanant de différentes sphères

d'influence du territoire à savoir : marchande, publique, communauté, etc. ... Le territoire se

caractérise donc par ces deux formes de proximité.

Par ailleurs, par rapport à une politique d’aménagement territorial, un territoire

désigne le plus souvent le siège géographique des activités humaines. La population qui

occupe cet espace procède spontanément à son organisation, en fonction de paramètres

naturels (relief, climat), culturels (traditions, cultes), militaires (défense) et économiques

(production, échanges).

L’aménagement du territoire consiste à cet effet, à modifier et optimiser cette

répartition des individus et de leurs activités dans un souci d’équilibre géographique et

d’efficacité économique. Le rôle de l’État y est prépondérant.

Page 39: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

28

CHAPITRE 2 : LES FACTEURS DETERMINANTS DE DEVELOPPE MENT

DES POLES DE CROISSANCE.

Section1 : L’organisation géographique et administrative du territoire.

A. Comprendre l’organisation géographique et administrative du territoire :

L’organisation géographique et administrative d’un territoire donné peut être conçue

différemment, selon la politique institutionnelle adoptée par un pays. Il peut s’agir d’une

organisation centralisée, décentralisée ou déconcentrée. D’une manière générale, cette

organisation consiste à une répartition de pouvoirs dans l’espace, et des fonctions

administratives entre diverses institutions ou instances situées dans un pays.

Mais jusqu’ici, les découpages géographiques et administratifs d’un territoire -les

plus fréquemment utilisés et les plus logiques- sont ceux utilisés dans les pays occidentaux.

Ce découpage comprend huit échelons territoriaux. Nous allons illustrer, dans le

tableau suivant, ces échelons territoriaux avec un exemple concret : le cas du Québec, un des

pays les plus avancés en matière de développement régional.

Tableau 1 : Les huit échelons territoriaux

Planétaire ONU, OMC, …

Continental ASEAN26. …

Fédéral Canada

Provincial Québec

Macro-régional Régions administratives

Micro-régional Municipalités régionales, Agglomérations

Local Municipalités, Villes, Villages, Cantons

Micro-local Quartiers, Arrondissement

Source : CEFRIO Février 2003. Rapport préliminaire : les stratégies de

développement local et régional. Université du Québec à Chicoutimi

26 ASEAN : Association des Nations du Sud-Est Asiatique

Page 40: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

29

A l’échelle micro-locale, s’exercent quelques fonctions reliées aux loisirs et à la vie

communautaire en général. Cependant, dans le contexte des nouvelles agglomérations

urbaines consolidées, les arrondissements seraient amenés à exercer des fonctions plus vastes

et plus importantes. A Madagascar, des textes de lois définissent les principaux rôles des

arrondissements et des entités micro-locales telles que les hameaux, le Fokontany27.

A l’échelle municipale, les fonctions exercées concernent les champs traditionnels,

c’est-à-dire : la voirie, l’assainissement, la sécurité publique, l’urbanisme, la culture,

l’administration générale, etc. Rappelons que, sur un territoire, les principales fonctions

publiques touchent l’aménagement du territoire, la gestion de services à la population :

comme l’évaluation foncière, les matières résiduelles, l’environnement…, la gestion de

services aux travailleurs (emplois, transport en commun…), et enfin, la gestion de services

aux entreprises (démarrage, financement, etc…).

A l’échelle des régions administratives, les conseils et les directions exercent deux

grands types de fonctions : c’est-à-dire, soit l’écoute des besoins et les désirs du milieu d’une

part, et la gestion de programmes des gouvernements supérieurs, d’autre part. Donc, cet

échelon administratif se trouve au centre d’une politique régionale et joue un rôle très

important dans la conception et la mise en œuvre des pôles de croissance.

Pour ce qui est de l’efficacité d’une telle organisation ou système institutionnel

territorial, il faut évidemment des mécanismes d’intégration territoriale capables de multiplier

les coopérations de proximité entre les multiples acteurs territoriaux.

B. L’intégration territoriale pour une efficacité des pôles de croissance :

La coordination volontaire des fonctions décentralisées -sur un territoire local ou

régional- a émergé de la nécessité d’optimiser le contexte institutionnel territorial, en misant

sur un effort d’intégration entre les multiples acteurs tout en respectant leur autonomie.

En ce sens, l’ensemble des relations entre les éléments interdépendants du système

territorial est considéré comme la composante essentielle : relations d’échanges de ressources,

relations d’échanges d’information, relations de réciprocité, relations de partenariats, relations

consensuelles, relations conflictuelles, relations de pouvoir; etc.

27 Décret n°2002/1170 fixant les règles relatives à l’organisation, au fonctionnement et aux attributions du Fokontany et du Fokonolona.

Page 41: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

30

De ce fait, chaque acteur territorial s’avère, selon cette approche en constante

relation avec les autres acteurs de son environnement immédiat permettant ainsi une meilleure

organisation au sein du pôle..

L’intégration territoriale peut, donc en conséquence logique, s’effectuer en

intervenant délicatement sur ce système de relations. Cette modalité relationnelle est

largement proposée dans les écrits scientifiques, sous la forme de concepts tels que : la

coopération, le consensus communautaire, l’intercommunalité, l’apprentissage collectif, le

partenariat, l’interaction, la solidarité, la concertation, la coordination volontaire, etc…

On constate ainsi qu’il s’agit –davantage- d’un choix d’agir sur les valeurs de

collaboration entre les organisations, plutôt que sur les structures de consolidation elles-

mêmes. En réalité, on fait appel à la culture organisationnelle territoriale, plutôt qu’à une

structure formelle spécifique. Les composantes de cette culture organisationnelle territoriale

sont fort nombreuses, généralement immatérielles, intangibles et, ainsi, difficilement

mesurables dans leur évolution sur un territoire donné.

De tel modèle d’intégration territoriale volontaire n’exclut aucunement la présence

de certaines structures formelles, pour animer la culture organisationnelle, c’est-à-dire :

activer la coordination volontaire des fonctions publiques exercées sur le territoire de façon à

créer une synergie de tous les acteurs dans le pôle.

C. Les facteurs d’une coordination volontaire efficace des acteurs :

Pour mieux expliquer les facteurs de développement des pôles, une attention

particulière devrait être portée sur les enjeux qui permettent une coordination volontaire entre

les acteurs. Ces enjeux peuvent être récapitulés dans la figure suivante.

Page 42: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

31

Figure 1. L’OCTOGONE D’UN TERRITOIRE POUR SOUTENIR LE DEVELOP PEMENT

REGIONAL

.

Source : CEFRIO Février 2003. Rapport préliminaire : les stratégies de

développement local et régional. Université du Québec à Chicoutimi.

Cette figure met en relief -autour d’un octogone-28 les facteurs et les enjeux

déterminants qui favorisent une véritable coordination entre les acteurs pour assurer le

développement d’un pôle, voire une région. Parmi ces enjeux, on rencontre :

1. La satisfaction des besoins de base de la population : santé, éducation, nourriture,

loisirs, habitation, sports, transport en commun, activités valorisantes, etc.

2. La présence d’aménités environnementales : faible taux de pollution, qualité des

éléments naturels, proximité entre travail et habitation, etc.

3. L’équipement et les infrastructures d’aménagement du territoire : transport et

communication, terrains, bâtiments, aires industrielles, aires commerciales, hôpitaux, écoles,

centres culturels, centres d’entreprises, etc.

4. L’éducation, la formation et le perfectionnement des compétences : maison

d’enseignement, santé–sécurité au travail, culture technique, cercles d’apprentissage, cercles

de qualité du travail, fidélité des travailleurs, mobilité des compétences, etc.

28 Ce qui montre leur interdépendance qui devrait être exploité de façon à avoir une combinaison optimale des facteurs.

Page 43: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

32

5. Les accès à l’information sur : les opportunités, les concurrents, la conjoncture

économique, les programmes publics, les modalités d’exportation, les technologies

disponibles, les nouvelles techniques, etc.

6. L’animation socio-économique : services techniques, appuis aux initiatives, mise

en communication d’acteurs et d’éventuels partenaires, valorisation des savoir-faire, etc.

7. L’entrepreneuriat : climat d’affaires, culture entrepreneuriale, atmosphère

industrielle, saine compétition, formation des entrepreneurs, recrutement des jeunes

entrepreneurs potentiels, etc.

8. Le financement : capital de risque, programmes d’aide financière, attitudes des

institutions financières, services bancaires, etc.

La formalisation de ce schéma vise -d’abord et avant tout- à assister les acteurs du

terrain à obtenir une vision globale descriptive de leur territoire, dans la recherche collective

de la combinaison appropriée, de facteurs favorables au développement de pôles. Ce qui

suscite -nécessairement- une certaine forme de coordination des acteurs, dans les échanges

d’information.

D. Trois axes d’intervention principale sur le territoire.

En regard de ces composantes et de leurs enjeux, il devient possible d’identifier pour

les acteurs présents (que nous développerons dans la section suivante), trois grands axes

d’intervention afin qu’un territoire effectue sa mission et ses fonctions, à l’égard du

développement des pôles.

Le premier axe concerne évidemment la recherche collective de la combinaison

optimale de facteurs favorables compte tenu de la réalité territoriale spécifique. Pour ce

faire, tous les acteurs reliés aux huit composantes de l’échelon territorial sont interpellés à cet

effet. Il s’agit alors de se doter d’une vision globale de l’offre actuelle, de saisir les besoins et

la demande et d’ajuster en conséquence. Parmi les instruments disponibles à cet effet, le

tableau de bord territorial semble le plus efficace -ou du moins- le plus utilisé.

Le deuxième axe d’intervention des acteurs concerne le positionnement et la

visibilité du territoire en question par rapport à sa production, ses facteurs attractifs

d’investissements, etc.

Page 44: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

33

Cette action collective est souvent associée à la notion de compétitivité et

d’attractivité qui sera mise en évidence par un Marketing territorial.

Le troisième axe d’intervention concerne la veille collective du champ concurrentiel

dans lequel se situent les entreprises du territoire en question. En effet, le territoire doit jouer

un rôle intermédiaire entre l’offre d’information et les besoins des entreprises.

Les acteurs du territoire sont alors interpellés autour des fonctions de collecte, de

traitement et de circulation de l’information.

E. L’impératif de l’aménagement du territoire :

Dans une économie où le secteur industriel prédomine, la concentration géographique

des activités est un processus courant : l’industrie appelle en effet l’industrie. Afin de réduire

les coûts de transport et de tirer au maximum les effets d’externalités positifs, les entreprises

s’implantent souvent près des zones de matières premières, sur les grands axes de

communications ou près des grands centres urbains.

Sur le plan social, cette concentration des activités crée une inégalité géographique

devant l’accès à l’emploi, entraînant des migrations qui dépeuplent certaines régions et

conduisent d’autres au surpeuplement.

Sur le plan politique, elle remet en question la cohésion nationale. Pour éviter de

tels risques, il est nécessaire de mettre en place les conditions du développement économique,

démarche impliquant un rééquilibrage géographique des activités et le désenclavement des

régions les plus isolées et les moins favorisées.

Ainsi, une politique d’aménagement est très importante, dans le processus de mise

en œuvre des pôles de croissance, où la concentration géographique des activités est très

courante.

Dans les pays industrialisés, ce processus repose sur deux grands axes principaux :

incitations financières (avantages fiscaux, subventions) et financement d’infrastructures

(réseau de transport, services publics, etc.).

Page 45: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

34

F. Prendre en compte les contraintes de l’environnement :

Le développement et l'aménagement des sites dans les pôles de croissance passent

désormais par la prise en compte des contraintes environnementales. Les administrations

publiques -tout comme les acteurs territoriaux- sont aujourd'hui tenues de répondre aux défis

posés par des sites délaissés, dégradés ou pollués. C’est ainsi que les friches industrielles aux

sols contaminés, les carrières abandonnées, les ensembles naturels perturbés doivent être

perçus comme des réservoirs de projets de développement et non des éléments à ignorer.

En accordant la priorité à la qualité de l'environnement et à la durabilité urbaine, les

décideurs prendront en considération tant l'aspect physique telles que la qualité de l'air et du

sol, la densité de l'habitat que les dimensions sociales comme la relance économique,

l’équité, l’accessibilité, ..

Section 2 : Les acteurs qui entrent en jeu dans le processus de développement des

pôles

A. Les acteurs de développement dans les pôles :

Sur les territoires locaux ou régionaux, il existe en principe de nombreux acteurs de

développement.

Des acteurs qui sont toutefois nécessaires à la mise en place des pôles. En effet, ce ne sont pas

de simples individus. Les acteurs sont, en réalité, associés aux organisations privées,

publiques ou collectives.

Les organisations privées représentent les entreprises qui œuvrent dans les secteurs

primaire, secondaire ou tertiaire.

Les organisations publiques sont les unités gouvernementales localisées à tous les

échelons territoriaux tels que les communes, les arrondissements, etc… .

Tandis que les organisations collectives prennent la forme de groupes sociaux, de

groupes d’intérêt, de syndicats et d’unions, de coopératives et de regroupements de services.

Ainsi, une organisation qui est active nous indique au moins la présence d’un acteur,

soit un élu, un entrepreneur, un promoteur, un directeur ou autres. Au Québec -par exemple-

Page 46: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

35

on identifie les acteurs locaux et régionaux lors de la réalisation des monographies, des plans

de développement.

B. La classification des acteurs :

Les spécialistes, en matière de développement local et régional, divisent -

pertinemment- les acteurs présents à l’échelle d’un territoire en quatre grandes sphères de la

pratique sociale.

Cependant, ces quatre sphères d’activité ne permettent pas automatiquement un

découpage tout à fait exact des acteurs qui œuvrent sur un territoire.

En effet, plusieurs acteurs peuvent appartenir à deux sphères à la fois et même parfois

trois. D’où la pertinence d’une illustration graphique qui permet de visualiser les

chevauchements entre les découpages. La figure 2 qui suit nous permet de situer les acteurs

qui sont présents sur un territoire.

Figure 2. LES ACTEURS DU DEVELOPPEMENT LOCAL ET REGIONAL PRESENTES DANS LES

QUATRE SPHERES D’ACTIVITES D ’UN TERRITOIRE .

Source : CEFRIO Février 2003. Rapport préliminaire : les stratégies de

développement local et régional. Université du Québec à Chicoutimi.

Page 47: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

36

Ce schéma quadrisphérique offre un aperçu général de la classification des acteurs,

qui interviennent sur un territoire donné. Ainsi, telles que constatées, les sphères d’acteurs

s’entrecoupent les unes des autres. Cependant, pour une meilleure compréhension de la figure,

ainsi que pour son application sur un territoire, il faut avoir une certaine connaissance de

chaque organisation privée, publique et collective, afin de pouvoir les ranger chacune dans la

bonne sphère. Les organisations privées, publiques et collectives sont relativement faciles à

classer.

Néanmoins, plusieurs organisations bidimensionnelles ou tridimensionnelles

nécessitent un peu plus d’attention. Il faut alors en connaître certaines propriétés minimales,

tels que le statut, la structure organisationnelle, le financement, la mission, les fonctions, les

objectifs, etc…

A titre d’exemple, prenons le cas d’une Organisation Non Gouvernemental (ONG)

financée par des fonds privés, mais qui opère dans la réalisation des objectifs d’une

organisation qui relève de la fonction publique. Dans ce cas, on fait face à une organisation

bidimensionnelle.

Outre cette classification des acteurs en quatre sphères d’activités, on peut également

les qualifier en trois grandes catégories d’acteurs :

1 . Les acteurs stratégiques

Ce sont des acteurs qui jouent un rôle majeur, dans le processus de développement

des activités économiques du pôle. Cette catégorie d’acteurs est représentée le plus souvent

par les centres de transfert de technologie, les centres de recherche et développement, les

centres d’entrepreneuriat, les sociétés d’investissement et les universités. Ce sont -en réalité-

des acteurs directement concernés par la technologie, la connaissance et l’innovation dans les

activités économiques.

De cette catégorie dit stratégique, partent toutes les initiatives de développement

d’un pôle de croissance, par le biais de la conception de différents axes stratégiques et la

réorientation des activités dans de domaines spécifiques du territoire.

2 . Les acteurs tactiques

Le groupe d’acteurs tactiques est largement concerné par la promotion d’initiatives

privées. On les appelle généralement les animateurs du développement. Leur rôle est très

important pour faire bouger le milieu, soulever des idées et faire émerger des initiatives et des

promoteurs de celles-ci. Ce groupe renferme -bien sûr- les traditionnels regroupements

Page 48: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

37

d’entreprises comme les chambres de commerce, les associations des manufacturiers ainsi que

les groupes professionnels comme les associations d’ingénieurs ou les clubs. Il contient aussi

les agences d’animation socio-économique tels que les conseils locaux ou régionaux de

développement, les sociétés d’aide au développement des pôles et les jeunes entrepreneurs.

3 .Les acteurs exogènes

Mises à part les catégories d’acteurs territoriaux, les collectivités locales et

régionales bénéficient des interventions d’acteurs publics dits exogènes. On les appelle

souvent les acteurs macro-économiques. Ce groupe d’acteurs renferme d’abord les

représentants des gouvernements supérieurs. Il contient notamment les organismes de soutien

et autres sociétés d’État. Ces organisations possèdent souvent une antenne sur les territoires

d’intervention. Mais, il arrive aussi qu’elles interviennent directement par l’entremise d’une

politique générale. Des comités sont aussi quelquefois formés afin de se brancher davantage

dans les milieux.

C. Entreprises et espace urbain :

L’entreprise est aujourd’hui considérée comme un acteur indispensable au

développement qu’il soit local ou régional. L’essor des activités économiques serait

synonyme d’un élargissement des opportunités d’emploi, d’un accroissement des ressources

financières et d’une dynamisation de l’image des villes. C’est, dans ce contexte, qu’on

constate de nombreuses autorités qui se lancent dans une démarche démesurée de séduction

des investisseurs.

Toutefois, l’implantation des activités n’est qu’un moment passager de la vie du

couple "ville entreprise". Les effets de l’essor des entreprises sur l’organisation spatiale des

villes devraient faire l’objet d’une attention particulière. En effet, cette organisation montre

que la ville -dans son organisation spatiale et son espace physique, mais aussi dans ses

marchés du travail et du logement- est structurée par l’activité économique, dont les principes

changent au cours du temps. Ainsi, s’il est souhaitable que l’économie investisse la ville, il

s’agit alors d’explorer les voies d’un développement urbain maîtrisé, en passant par la

création d’une dynamique territoriale.

Bref, parmi les acteurs qui participent aux dynamiques territoriales, il existe des

acteurs-clés privés ou publics qui jouent un rôle moteur, en ce sens qu’ils constituent des

repères pour l’ensemble des acteurs, et qu’ils structurent les mécanismes de coordination de

Page 49: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

38

ces derniers dans un plan ou programme, afin d’en ressortir une meilleure stratégie de

développement.

Section 3 : La maîtrise des stratégies de développement et la gestion de l’espace.

A. Les stratégies des acteurs de développement d’un pôle de croissance :

Nous avons essayé de montrer précédemment, que plusieurs paramètres doivent

exister pour la réalisation d’un projet individuel ou collectif de développement, dans une

région déterminée. Ces paramètres sont effectivement conçus, afin d’améliorer le rôle du

territoire face aux activités économiques et au développement régional.

D’une façon générale, le milieu joue un rôle fondamental, face à l’émergence et à la

réalisation d’un projet. Plusieurs conditions doivent être présentes notamment l’animation

socio-économique, l’accès à des infrastructures, la connaissance des besoins de base de la

population.

Les acteurs du développement doivent posséder une vision globale de leur milieu,

afin de définir des stratégies pouvant amener à bien la réalisation d’un projet.

De multiples stratégies ont été recensées efficaces pour la réalisation de projets de

développement régional ; on peut en citer :

1 .Stratégie de formation qui consiste à offrir des formations de différents

niveaux aux citoyens, aux élus et aux intervenants dans le projet. D’autres acteurs pourraient

être également impliqués dans la démarche, notamment les commissions scolaires et

universitaires ;

2 .Stratégie de ressources humaines spécialisées à l’interne. On retrouve au

sein de la plupart des organisations territoriales, une ressource humaine spécialisée. Elle

permet de mieux exploiter le projet et de fournir une forte capacité d’adaptation des

travailleurs aux nouveaux outils et équipements, permettant ainsi de suivre constamment les

progrès et de les intégrer à l’intérieur des différentes tâches des travailleurs.

3 .Stratégie de mise en place d’un site Internet. Cette stratégie très populaire

depuis ces dix dernières années, permet de rendre visibles les programmes et les organisations

Page 50: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

39

qui s’y rattachent, à l’aide de technologies de l’information et de la communication. En effet,

plusieurs programmes de financement peuvent être disponibles, notamment pour les

entreprises, afin de mettre en place des projets appropriés.

De même, plusieurs entreprises de communication se sont spécialisées dans la

conception de sites qui peuvent permettre aux acteurs de développement de retrouver une

belle vitrine de projets, par le biais de cette stratégie.

B. Les stratégies reliées à l’apprentissage collectif :

La deuxième catégorie de stratégies est reliée à la mise en œuvre d’un concept

d’apprentissage collectif.

1 .Stratégie de participation et de mobilisation.

La mise en œuvre d’un projet collectif implique une mobilisation de tous les acteurs

d’une même collectivité. Il peut s’agir à titre de rappel soit d’un élu, d’une organisation

intermédiaire dynamique, d’un regroupement d’acteurs, etc.

Chaque projet, conçu dans le pôle, demande la participation de plusieurs acteurs,

afin de sensibiliser et de mobiliser les collectivités dans le développement de leur territoire.

C’est la participation de plusieurs partenaires privés et publics qui a permis à des nombreux

projets de réussir dans leurs objectifs.

2 .Stratégie d’animation et de promotion.

Dans les projets de développement régional recensés jusqu’à présent, un animateur

ou une organisation est toujours ciblée pour assurer le suivi, la coordination et la poursuite des

activités du projet. A cet égard, les actions du projet sont concrètes et les processus

d’élaboration sont bien ficelés par une meilleure combinaison de partenariat, financement,

acteurs, etc…

3 .Stratégie de l’implication des collectivités.

Pour arriver à réaliser des projets sur les territoires, les instances gouvernementales

doivent s’assurer de façon à ce que cette vision devient une vraie priorité nationale. De même,

les gouvernements peuvent mettre en place différents programmes adaptés pour que les

milieux puissent évoluer dans le sens du développement.

Page 51: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

40

A titre d’exemple, ouvrir un débat sur la portée du projet et sur l’implication des

collectivités territoriales en matière d’infrastructures, s’avère souvent une stratégie de mise en

œuvre efficace. Il en est de même pour l’élaboration d’un plan de développement régional.

4 .Stratégie de synergie financière.

Il s’agit de rendre accessible la mise en œuvre d’un projet aux collectivités

territoriales selon leurs besoins spécifiques et ce, par le biais de programmes de financement

public. Il est aussi possible d’identifier des partenaires privés dans la plupart des cas. Ces

partenaires peuvent participer financièrement au projet.

5 .Stratégie de suivi de projets.

Il est relativement simple d’établir une synthèse des projets -déjà réalisés ou en

cours- dans les autres pays afin d’aider les promoteurs, les décideurs et les collectivités

territoriales à se doter de leur propre projet. Cette synthèse servirait de guides et

d’expériences, pour ainsi minimiser le risque d’erreurs ou d’échecs.

6 .Stratégie de répertoire des expertises.

Cette stratégie a pour but d’aider les collectivités, les organisations, les élus et

surtout les promoteurs du projet dans leur cheminement. En rendant ainsi les expertises

disponibles, il est plus facile de se diriger vers l’aboutissement d’un projet convivial

répondant aux besoins de la population.

Certes, toutes ces stratégies ne représentent pas une recette gagnante, pouvant

amener la réussite d’un projet ou programme à l’intérieur d’un territoire ou d’une région.

Néanmoins, nous pouvons considérer qu’elles sont une combinaison appropriée des facteurs

favorables au développement d’un territoire. Quoiqu’il en soit, ce sera le dynamisme des

différents acteurs à l’intérieur du territoire ou des pôles considérés, qui servira de levier aux

réussites des projets.

C. La nécessité d’une gouvernance locale :

Une gouvernance locale consiste en fait, à construire des compromis locaux entre

acteurs aussi bien privés que publics. Elle est caractérisée par le degré d'articulation et de

cohésion des différentes proximités qui spécifient un territoire. La gouvernance locale sera

Page 52: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

41

donc définie dans ce contexte, comme un processus de construction d’une compatibilité entre

les différents acteurs économiques, institutionnels, sociaux…et géographiquement proches,

en vue de la résolution d’un problème ou, plus largement, de la réalisation de projets de

développement se succédant ou se combinant dans le temps.

Une telle définition insiste fondamentalement sur l’idée de processus qui articule, les

différentes logiques d’acteurs se confrontant ou coopérant sur un territoire.

La gouvernance locale combine ainsi des éléments de stabilité et d’instabilité, dont

l’importance relative évolue dans la durée. Mais, pour que l’on puisse parler de gouvernance

locale, il faut que les éléments de stabilité l’emportent, c’est-à-dire que les compromis entre

acteurs soient suffisamment stables et cohérents, afin de lever l’incertitude inhérente à l’action

collective et ainsi de réduire les rivalités et conflits.

A l’inverse, lorsque les éléments d’instabilité, c’est-à-dire les rivalités et les conflits,

mettent en cause les compromis jusqu’alors existants, on entre dans une phase de crise de la

gouvernance locale, pouvant conduire à une déstructuration territoriale.

Par ailleurs, trois principales structures de gouvernance locale en fonction de la

nature des acteurs-clés, de leurs objectifs et de leurs modes d’appropriation des ressources

produites localement, peuvent être distinguées :

• gouvernance privée : ce sont les acteurs privés qui impulsent et pilotent les

dispositifs de coordination et de création de ressources, selon un but d’appropriation privée.

Il en est ainsi de la firme motrice. Par exemple, l’établissement d’un grand groupe qui

structure économiquement et institutionnellement l’espace productif de son site

d’implantation.

• gouvernance privée collective : dans ce cas, l’acteur clé est une institution

formelle qui regroupe des opérateurs privés et impulse une coordination de leurs stratégies.

Par exemple, les Chambres de Commerce, les syndicats professionnels et toute forme de clubs

d’opérateurs privés.

• gouvernance publique : les institutions publiques ont des modes de gestion des

ressources qui diffèrent de l’appropriation privée, notamment à travers la production de biens

ou services collectifs, donc -par définition- utilisables par tous les acteurs sans rivalité ni

exclusion d’usage. Ce sont en l’occurrence : l’Etat, les collectivités territoriales et toutes les

formes d’inter collectivité, mais aussi les centres de recherche publique.

Page 53: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

42

Dans la réalité, rares sont les situations pures telles qu’elles viennent d’être décrites :

on trouve le plus souvent une association des formes précédentes (on parlera alors de

gouvernance mixte), mais avec une dominante.

Ce qu’il faut surtout retenir de cette conception, c’est que la gouvernance locale est

un processus qui donne au territoire, sa dimension fondamentalement dynamique. Cependant,

soulignons que -dans la réalité- les compromis qui stabilisent les coordinations entre les

acteurs ne sont pas permanents ; et les contradictions et/ou les conflits finissent toujours par

l’emporter, lorsque ces acteurs ne sont plus en mesure de résoudre collectivement les

problèmes posés.

Page 54: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

43

CHAPITRE 3 : LEÇONS A TIRER DES EXPERIENCES DE CERTAINS

PAYS EN MATIERE DE DEVELOPPEMENT REGIONAL.

Section 1 : Les pratiques et les exemples de développement régional partant des

pôles de croissance.

A. L’expérience québécoise en matière de développement régional :

L’expérience québécoise -en matière de développement régional- a été surtout

influencée par les nombreuses théories du développement, qui ont été élaborées par des

théoriciens tant au Québec que dans le monde. D’une manière générale, le développement

régional s’est inscrit comme un instrument qui a permis à l’état de diffuser la modernisation et

l’innovation, dans les régions québécoises.

Dans cette optique, le développement régional est vu comme une stratégie de

structuration des rapports entre l’État et la société civile.

Ainsi, la mise en application des théories du développement dans l’espace au

Québec s’est effectuée par l’entremise des politiques étatiques d’aménagement et de

planification du territoire29.

A cette époque, les politiques régionales vont souvent venir directement des

gouvernements supérieurs. La mise en application des théories de développement correspond

d’ailleurs à différentes phases dans le développement des régions québécoises30.

Ainsi, de 1960 à 1970, il s’agissait d’une phase consacrée aux luttes des disparités

régionales. Dans cette perspective, l’analyse centre-périphérie appliquée au Québec va

permettre à mettre en lumière les disparités régionales sur le territoire québécois et à

comprendre les différences -parfois très grandes- existant d’une région à l’autre à l’intérieur

du pays.

29 Les premières politiques de développement et d’aménagement au Québec ont été mises sur pied sous l’impulsion du gouvernement fédéral avec le programme Arda en 1961, qui fera l’objet d’une entente fédéral-provincial et qui avait pour objectif l’aménagement et la mise en valeur des terres agricoles. 30 Robert, Développement régional au Québec : un bilan de 30 ans in La pratique du développement régional, Rimouski,

Grideq. P 68. 1995

Page 55: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

44

La deuxième phase des interventions en matière de développement, qui allait de

1970 à 1980, est celle de la consolidation de Montréal, comme pôle de développement. Cette

phase correspond à l’application de la théorie des pôles de croissance.

La troisième phase, qui s’étendait de 1980 aux années quatre-vingt-dix, a vu

l’émergence des dynamismes régionaux et une plus grande responsabilisation des intervenants

régionaux. Durant cette période, le concept du développement local a été mis en œuvre.

En un mot, on peut dire que la politique de développement régional au Québec avait

connu différentes formes d’application, étroitement liées à l’évolution du contexte, en

matière de courant ou de pensée sur le développement ; d’où la nécessité de voir l’évolution

de ces différentes applications.

1 . La lutte aux disparités régionales et la théorie des pôles de croissance.

Les politiques de développement régional étaient traversées, par deux conceptions

de la politique d’aménagement et du développement au Québec : une vision qui proposait

d'intervenir en faveur du développement des régions, à partir d'un pôle de développement

central et une autre vision qui prônait d'intervenir pour pallier les disparités régionales.

En effet, les projets et politiques qui avaient été déposés depuis les années soixante

et soixante-dix reflétaient ces deux tendances, en matière de développement régional. La

phase de 1960 à 1970 allait permettre d’étendre et d’établir les services de l'État, de façon à

peu près équitable dans chacune des régions administratives nouvellement constituées.

Plusieurs opérations de planification du développement avaient été mises sur pied dans cette

volonté de développer les régions.

La phase de 1970 à 1983 était plutôt consacrée à développer les avantages

comparatifs de Montréal, comme pôle de croissance moteur pour l'ensemble du Québec.

Par ailleurs, la délimitation des régions administratives québécoises a été l’une des

plus importantes interventions de l’État québécois, en matière d’aménagement et de

planification du territoire. Cette délimitation va permettre à créer la structure territoriale et

administrative du Québec. Les régions administratives du Québec avaient été délimitées,

selon une approche fonctionnelle du territoire.

Dans cette optique, le découpage des régions administratives québécoises reposait

sur la délimitation des villes et des villages en fonction des pôles centraux, des pôles

secondaires, des pôles tertiaires et des petits centres. Cette délimitation des régions

québécoises -selon des pôles centraux- s’appuyait sur la théorie des pôles de croissance.

Page 56: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

45

Malheureusement, cette idée de constituer des pôles de développement dans

chacune des régions du Québec, s'était butée entre autres au problème de la faible densité

démographique des régions québécoises.

2 . Le développement local et la décentralisation.

Comme nous l’avons vu, le début des années quatre-vingt avait été marqué par la

résurgence de la préoccupation pour le développement régional. L’émergence du

développement local était associée à la mondialisation et au retrait de l'Etat Providence31.

Dans ce contexte, le discours est à la responsabilisation des acteurs locaux, à la

synergie et au partenariat des différentes catégories d’acteurs, à la prise en charge des

économies et des communautés locales. Dans cette perspective, l’État devient un État

accompagnateur.

Pendant la période des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, plusieurs projets et

politiques de décentralisation avaient été déposés au Québec : le choix des régions, le livre

vert sur la décentralisation, etc.…Tous ces projets et politiques étaient inscrits dans le courant

du développement local et de la montée du discours, en faveur des communautés locales. De

plus, le discours sur l’importance du local ne venait pas exclusivement des réformes

étatiques, mais il s’élaborait au niveau même des collectivités locales et des acteurs locaux.

En effet, devant la menace de désintégration et de crises de plusieurs communautés

rurales et parfois de certains espaces urbains, les acteurs des communautés locales tendaient à

prendre en main le destin de leur communauté sur le plan local. Dans cette perspective, les

initiatives de développement local se multipliaient -tant en milieu rural qu’en milieu urbain- et

c’était ainsi que le développement économique local et le développement communautaire

local étaient devenus des modes d’intervention, pour la prise en main des collectivités au

Québec. Ils s’étaient ainsi départis de plusieurs responsabilités. La décentralisation politique

et administrative était apparue comme un des moyens pour l'État d'effectuer cette

rationalisation, en transférant des responsabilités et des compétences à d'autres paliers de

gouvernement. Ainsi, les communautés locales étaient devenues des nouveaux lieux, pour

une régulation des rapports entre l’État et les territoires.

31 Tremblay D.G, Développement local, districts industriels et milieux innovateurs : mode ou tendance de fonds ? 1996.

Page 57: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

46

Il ressort donc, après cette expérience Québécoise en matière de développement

régional, que la théorie du développement local semble bien loin des principes du

développement des pôles de croissance, puisque le développement local est devenu lui-même

un instrument de la gestion des crises qui secouent les pays, après les échecs de pôles de

développement et de la lutte contre la disparité régionale et cela, tant au Québec qu’ailleurs

dans le monde.

B. Les pôles de compétitivité ou de croissance dans certains pays européens :

Comment rester compétitif face à la concurrence des pays à bas coût de main

d’œuvre ? Comment certains pays parviendraient-ils à croître, depuis 10 ans à un rythme

annuel de 3% alors que certains pays comme la France atteint péniblement les 2% ? Que font

donc la Suède, la Finlande, la Catalogne ou la Bavière pour rester parmi les plus compétitifs

au monde, alors que le coût de travail y est au moins égal, sinon supérieur ?

Pour apporter un élément de réponse à ces différentes questions, Christian Blanc32

affirme qu’ « Ils font du benchmark ». C'est-à-dire, ils investissent massivement dans la

recherche, en soutenant leur enseignement supérieur et en s’organisant autour des pôles de

compétitivité. Il importe aussi de rappeler le succès des " clusters " qui réunissent -sur un

territoire réduit, autour de quelques filières ou technologies- les entreprises, la recherche, les

universités, les investisseurs.

A titre d’exemple, on peut citer les tanneries de Catalogne qui ont fait -dès 1993-

la démonstration de l’efficacité de tels partenariats. Grâce à cela, les entreprises ont

réorienté leur activité centrée sur la chaussure, vers les cuirs de fauteuil de voiture et la

maroquinerie haut de gamme. Elles ont créé un centre de recherche commun qui a

notamment mis au point des techniques de production de meilleure qualité. Comme résultat,

l’emploi du pôle a été maintenu malgré une forte concurrence des pays émergents.

Il ressort donc que pour la réussite de la mise en place d’un pôle de croissance,

quelques points méritent d’être considérés :

1 . Une organisation efficace de proximité.

Notons que la notion de proximité est inutile, si les organisations de tous les acteurs

du territoire empêchent de la valoriser. C’est ainsi que la proximité -tant physique

32C’est un ancien PDG d’Air France et député des Yvelines, auteur d’un rapport au Premier ministre intitulé « Pour un écosystème de la croissance »

Page 58: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

47

qu’organisationnelle- devrait être exploitée d’une manière très rationnelle et efficace afin de

tirer le maximum de profit à tous les acteurs. A titre d’exemple, à Saclay au sud de Paris, se

concentre un potentiel de recherches et d’enseignements comparables à ceux de la Silicon

Valley sans qu’apparaissent ni dynamique économique, ni image de marque. Dans ce cas, une

meilleure organisation de proximité impliquant tous les acteurs de développement devrait être

instaurée pour que les fortes potentialités, en matière d’enseignement, puissent avoir des

répercussions sur l’innovation et la recherche de nouvelles technologies. .

2 . Favoriser le développement de l’innovation.

Dans une économie,, où la concurrence se fait par l’innovation et par la qualité, les

pays qui ne disposent pas d’une organisation efficace de proximité souffrent d’un retard

considérable en matière de politiques industrielles.

Par conséquent, certains pays reculent. A titre d’exemple, la France voit sa meilleure

université classée 65ème au monde, elle dépose un brevet quand l’Allemagne en dépose deux,

elle recule de sept places dans le classement mondial de la compétitivité. C’est ainsi qu’il faut

éviter un environnement défavorable –notamment- un fort cloisonnement entre recherches,

entreprises et universités, lié notamment au centralisme excessif.

3. Quelles leçons en tirer ?

Pour une meilleure compétitivité au niveau régional ou mondial, l’accent devrait être

mis -pour chaque pays- sur une bonne gestion de proximité et d’organisation efficace du

territoire. Pour le cas de la France, les propositions de Christian Blanc consistent « à créer un

écosystème nécessitant des réformes substantielles de l’université et de la recherche, visant à

les rendre plus performantes et plus tournées vers le développement économique ». Un tel

écosystème qui passerait par une série de dispositifs favorisant la mise en réseaux des

entreprises et le financement de l’innovation, ainsi que le transferts aux régions des leviers du

développement économique.

Mais surtout, un tel programme demande à tous les acteurs leur participation active.

Les chefs d’entreprise, acteurs essentiels du scénario, devront comprendre la nécessité de

développer ce tissu performant d’interactions entre eux, et avec la recherche et l’université.

Ainsi, tous ces acteurs -qu’ils soient des cadres d’entreprises, des organisations

professionnelles, des chambres de commerce- devraient amener à effectuer leurs propres

benchmarks et à identifier les actions qui permettront, dès aujourd’hui, de renforcer leur

compétitivité ensemble et donc d’assurer leur développement.

Page 59: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

48

C. La régionalisation au Maroc :

Historiquement, la région au Maroc était depuis le début du 20ème siècle une

occupation constante pour le pouvoir central. La colonisation française avait créé des régions

militaires et civiles, selon sa logique d’occupation et de contrôle. Ce n’était que, vers la fin

des années 1960 et début 1970, que le Maroc indépendant décidait d’adopter l’idée de région

économique et régionalisation. Le Dahir du 16 juin 1971 fut un édit régional, expliqué par la

conjonction de facteurs endogènes et exogènes.

Sur le plan exogène, l’idée de régionalisation était, de plus en plus répandue, dans les

pays en développement par les approches institutionnelles et développementalistes, dont

s’inspiraient les stratégies économiques.

Sur le plan endogène, l’évolution du pays et le développement économique de l’État

national conduisaient progressivement au choix d’une stratégie à base régionale. C’était là

l’aboutissement des idées de régionalisation, véhiculées par les différents plans économiques

que le Maroc avait connus depuis son indépendance.

Mais, si les grandes régions historiques à spécificités géographiques et culturelles

existaient, l’initiative de la création de région et régionalisation serait venue de l’État, pour

des raisons d’ordre organisationnel et institutionnel, et non pour des raisons d’autonomie

régionaliste.

En tout cas, depuis la promulgation du Dahir susmentionné, le territoire national va

connaître un découpage administratif en provinces, préfectures, communes et un découpage

en régions économiques.

En terme d’évaluation, la régionalisation au Maroc, stratégie initiée par le pouvoir

central a fait l’objet de critiques, dans sa forme et dans son contenu. Quelles qu’elles soient

ces critiques, qu’elles soient géographiques, économiques, institutionnelles...,-toutes- elles

insistent sur les disparités inter et intra régionales des régions au Maroc, qu’elles soient à

caractère administratif ou économique.

Page 60: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

49

Section 2 : Les impératifs d’un pôle de Croissance pour le développement

régional voir national.

A. Une meilleure stratégie du milieu :

D’une manière générale, la référence au développement d’un pôle de croissance

s'accompagne toujours de l'expression "stratégies". Par stratégie, on entend une vision réaliste

de la forme que prendront les pôles de croissance dans l'avenir, ainsi qu'une évaluation juste

du point de départ et des facteurs qui interviendront en cours de route. Ainsi, la planification

stratégique pour le développement d’un pôle passe impérativement par les points suivants33:

- Un engagement de la part de tous les membres actifs ayant accès aux ressources du

pôle considéré et qui sont responsables de son avenir ;

- Une organisation confiée à un groupe de planification, dotée des ressources et des

compétences requises et pourvue d'un mandat d'animation communautaire ;

- Une perspective visant des objectifs fixés à une échéance assez longue, pour que

les facteurs internes du pôle, considérés comme permanents à court terme, puissent se

transformer pendant la durée du plan de développement ;

- La recherche et l'analyse portant sur la situation du pôle considéré et de ses

différents secteurs, à l'égard de la concurrence, par l'identification de points forts et de points

faibles ;

- La fixation d'objectifs clairs, réalistes et mesurables ;

- La participation des intéressés, qui détiennent une grande partie de l'information

nécessaire à la conception du projet de développement, et dont l'intérêt personnel et

l'engagement à l'égard du plan sont essentiels à son exécution.

Cependant, ces points que nous venons de citer ne trouveraient effet qu’avec

l'élaboration d'un projet global de développement, la prise de conscience de la communauté

locale de se développer, et le développement de la crédibilité nécessaire au leadership local ou

régional.

33 Divers spécialistes, dans un document de l'OCDE 1989

Page 61: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

50

Outre ces différents points, il importe aussi de souligner que la construction des

cadres du projet global de développement, au niveau d’un territoire nécessite la mise en place

de structures d'appui efficaces et surtout la réalisation d'activités de recherche et

développement34.

B. Une meilleure combinaison de l’information, animation et action :

Un autre point important, dans la réalisation d’un projet de développement des pôles

de croissance, concerne les agents de développement qui se doivent de bien identifier la

clientèle cible visée par leurs interventions et de s'assurer de faire comprendre la nature des

objectifs envisagés.

Ainsi, l'information trouve tout son intérêt et joue un rôle primordial dans cette

démarche. L’information circule en effet dans les deux sens : des animateurs vers la

population concernée et inversement. Une telle démarche permet de contrer le principal

obstacle dû au scepticisme ou au manque de confiance. Également, intervient à ce stade

l'identification des moyens qui seront mis en oeuvre afin de s'assurer du concours des

principaux partenaires.

Vient ensuite l’animation qui consiste à favoriser l'identification d'objectifs

spécifiques et des moyens requis pour les atteindre. Pour ces derniers, la formation

professionnelle constitue l'un des éléments-clés. Et, pour en assurer la coordination, un

organisme de soutien telle une corporation de développement économique et communautaire,

ou toute autre structure similaire, s'avère indispensable.

Enfin, vient l'action qui amène à la concrétisation et la mise en ouvre des programmes

de développement.

C. La dynamique territoire : mettre le pôle en état de se développer :

Pour mieux cerner la nécessité d’une dynamique territoriale dans le processus de

développement d’un pôle de croissance, ainsi que son élargissement à un niveau national,

nous allons faire référence au propos de Xavier Greffe. Selon cet auteur : "Aujourd'hui, pour

se développer, il ne suffit pas d'accumuler de la terre, du travail et du capital, comme au beau

temps des économies d'échelle. Dans le contexte d'une économie mondiale où la variété est

34 P. Prévost 1993 Entrepreneurship et développement local, Les éditions Transcontinentales, Montréal.

Page 62: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

51

permanente, d'autres facteurs apparaissent au premier rang desquels reviennent la

qualification, le partenariat et les investissements en organisation."35

Tous ces facteurs qu'énumère cet auteur réfèrent en fait à la capacité d'un milieu à

innover, c'est-à-dire les aptitudes d'un territoire à produire son développement. Par rapport au

modèle de développement impulsé de l'extérieur, et qui débouche sur une problématique de

déplacement des activités, l'approche régionale fondée sur la notion de milieu ou de

concentration spatiale indique qu'il existe une autre logique de développement. Une logique

qui part des territoires et qui devrait être appliquée, pour que le développement d’un pôle se

répartisse à un niveau plus vaste, voire à un niveau national et ce, par effet d’entraînement et

de diffusion.

Par ailleurs, ce retournement dans les mécanismes de développement territorial pose

tout le défi du développement régional, voire national. Ce défi consiste à mettre –

progressivement- en place les conditions qui favorisent l'adaptation des régions aux règles

actualisées de la logique territoriale des entreprises et des familles.

A cet effet, pour redynamiser et développer le domaine économique, il apparaît

absolument nécessaire de recourir à des mesures d'ordre social, culturel et environnemental

bien identifiées au territoire. La logique économique actuelle comporte une forte dimension

territoriale, et les régions gagnantes seront celles qui sauront mieux comprendre cette

dimension, la mettre en relation avec les aptitudes et ressources de leur milieu et développer

des stratégies efficaces, pour répondre le plus adéquatement possible aux attentes et besoins

des entreprises et des familles.

En outre, soulignons que le développement régional ne peut s'enclencher et se

réaliser sans la mobilisation des ressources humaines, naturelles, technologiques et financières

du milieu, à travers une démarche de développement endogène intégrée.

35 GREFFE, Xavier; Sociétés postindustrielles et développement.Hachette.1992

Page 63: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

52

C. Mettre beaucoup plus l’accent sur une politique territoriale que

sectorielle :

Par le biais des politiques de développement basé sur des pôles de croissance, les

gouvernements procurent des aides précieuses sinon indispensables au développement des

régions.

Or, l'efficacité de ces aides dépend largement de la bonne compréhension qu'ont les

pouvoirs publics des conditions d'apparition de l'activité économique sur les pôles.

Par ailleurs, la pratique de l'intervention gouvernementale en matière de

développement régional, telle qu'elle s'est construite au fil du temps, repose sur une façon

verticale, sectorielle et cloisonnée d'aborder les problèmes. Or, comme on vient de le voir, le

développement repose sur un ensemble de conditions, dont l'efficacité suppose une

interdépendance étroite entre elles.

L'intervention gouvernementale devra donc évoluer vers une approche transversale

et intégrée, soit une approche prenant en compte la globalité des problématiques plutôt que de

cibler des composantes isolées. Cette approche se traduira conséquemment, par des politiques

beaucoup plus territoriales ou régionales plutôt que par des politiques sectorielles.

Les facteurs qui composent la dynamique territoriale d'une région sont nombreux et

variés. Selon qu'ils s'adressent aux entreprises ou aux personnes et familles ; ces facteurs

endogènes de développement peuvent être regroupés en deux grandes catégories :

• les avantages offerts aux entreprises, soit les sites d'implantation, les

infrastructures et équipements, la qualification de la main-d'œuvre et les possibilités de

formation, l'accessibilité au capital, les facilités de communications physiques et en réseau,

les transferts technologiques, l'organisation des systèmes de gestion et de production, la

concertation et le partenariat, le développement d'un esprit d'entreprise;

• les avantages offerts aux personnes et aux familles, soit la qualité et la fiabilité

des services publics comme les soins de santé, les écoles primaires et secondaires, les

institutions universitaires, les équipements sportifs et récréatifs, les activités culturelles,… soit

le dynamisme de la vie communautaire telles que la vie associative, la sensibilité à la qualité

de l'environnement et à la mise en valeur de l'héritage culturel, l’entraide…, et enfin la

qualité du cadre de vie, à savoir l’environnement bâti, la qualité de l'air et de l'eau, les

nuisances, les paysages…

Page 64: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

53

Ainsi, l'approche territoriale accorde une attention particulière à l'environnement

social et culturel, technologique, professionnel et financier du développement, éléments qui

constituent le milieu, duquel vont naître les initiatives et les succès d'entreprises dans le cadre

de développement d’un pôle de croissance. Les interventions qui sont consacrées à ces

dimensions, réalisées avec le soutien de l'état, précèdent et préparent l'acte économique de

création d'entreprises et d'emplois.

Bref, il s'agit d'opérations en amont de la croissance économique qui concernent

directement la dynamique territoriale.

Conclusion partielle.

L’approche régionale de développement fait -depuis plusieurs années déjà- l’objet de

nombreux débats et -en même temps- de plusieurs applications. Sur la définition même du

concept, il est rare d’avoir une définition largement acceptée par tout le monde.

Cependant, si l’on s’en tient à une première approximation générale, tout s’accorde à

dire que le développement régional est -avant tout- une dynamique économique et sociale

voire culturelle, plus ou moins concertée et impulsée par différents acteurs nationaux ou

étrangers sur un territoire donné. Ainsi, on peut le considérer comme un processus, qui permet

de faire mûrir des priorités, de choisir des actions à partir de savoir-faire de la population

régionale et de mettre en œuvre les ressources disponibles, au niveau de la région pour

satisfaire les besoins de la population.

Cette conception de l’approche régionale de développement nous amène parfois à

confondre la notion de développement régional avec d’autres approches qui lui sont proches

notamment le développement local, le développement endogène et les pôles de croissance.

De tout ce qui précède, nous avons pu constater que ces différentes approches sont

bien distinctes, malgré les nombreux points communs qui existent entre eux, pour ne citer que

l’importance accordée à la notion du territoire.

Ainsi, l’intérêt d’une revue de toutes ces théories de développement, dans une

optique territoriale, devrait se trouver non pas dans leur distinction proprement dite mais

plutôt dans leur complémentarité. Et c’est dans ce contexte, que nous avons essayé

Page 65: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

54

d’expliquer l’enchaînement d’un développement régional qui prend -comme base- l’existence

d’un ou des pôles de croissance.

A partir des expériences ou pratiques d’une telle approche dans certains pays, nous

pouvons avancer ceux qui ont pu se développer et voir ainsi leur paramètre économique et

social s’améliorer. Ces réussites sont essentiellement dues à une meilleure compréhension du

milieu -tant sur les forces que sur les faiblesses- permettant ainsi de ressortir les meilleures

stratégies de développement basées sur une dynamique de territoire.

Notons que le nombre d’échecs dans cette pratique est aussi considérable, ce qui est

dû certainement à une inadaptation du concept sur la réalité du pays : une structure d’un Etat

trop centralisé, par exemple.

Néanmoins, il existe des facteurs déterminants qui permettent à un ou des pôles de

croissance à atteindre un développement à un niveau régional ou national. Parmi ces facteurs,

la notion de compétitivité, d’attractivité et de proximité joue un rôle primordial. Mais encore,

sait-on vraiment si tous ces facteurs trouveront effet dans la pratique ? Et c’est ce que nous

allons essayer de voir dans la partie suivante.

Page 66: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

55

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Page 67: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

56

Page 68: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

57

Puisque l’objet de notre étude concerne le projet Pôles Intégrés de Croissance ou PIC

sur l’axe Antananarivo-Antsirabe, il serait préférable de déterminer le cadre général dans

lequel s’inscrit l’étude. Ainsi, nous commencerons cette deuxième partie par une description

générale du projet PIC.

Ensuite, étant donné que nous ne pouvons apprécier l’efficacité du projet qu’à partir

d’une étude des impacts possibles du projet sur l’économie de la région où se situent les

pôles, une projection et analyse des retombées possibles du projet dans les années à venir

s’avère nécessaire et c’est ce qui fera l’objet du deuxième chapitre.

Enfin, nous évoquerons les perspectives de développement du projet tant au niveau

régional que national et ce, de façon à ce qu’il soit un facteur de succès.

CHAPITRE 1 : DESCRIPTION GENERALE DU PROJET PIC.

Pour une meilleure description du projet PIC, nous allons faire le tour du contexte

général et des objectifs globaux du projet, avant de voir son cadre logique ainsi que sa

compatibilité par rapport aux axes stratégiques du DSRP. Enfin, nous traiterons l’état des

lieux spécifiques du pôle choisi dans la présente étude.

Section 1. Contexte et objectifs globaux du projet PIC.

A. Le projet PIC :

Dans le cadre de son objectif de « développement rapide et durable », le

gouvernement de Madagascar a adopté une stratégie de développement, basée sur la

promotion des régions à travers le processus de décentralisation. A ce propos, notons que les

régions ont été officiellement instituées par la loi 2004-001 et effectivement mise en place,

depuis la nomination récente des chefs de régions et des autres hauts responsables.

Parallèlement à cette stratégie de focalisation du développement sur les régions, le

Gouvernement -avec l’appui de ses partenaires internationaux et bailleurs de fonds bilatéraux

et multilatéraux- conçoit et développe de nouvelles idées et stratégies pour appuyer son

Page 69: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

58

développement. Ainsi, de nouvelles orientations comme le Pôle Intégré de Croissance,

l’Approche filière et les outils de pilotages comme le Plan de Développement Régional, etc. ...

ont été mises en œuvre et deviennent depuis quelques années le coeur de développement à

Madagascar.

Par ailleurs, l’accès progressif de Madagascar dans le commerce international et

régional, ces derniers temps, telle que son intégration très récente au sein de la SADC, le

futur APE dans le cadre de l’OMC, etc… nécessite une stratégie cohérente basée sur des

avantages comparatifs réels du pays.

Cette stratégie devrait redynamiser le secteur privé, dans la création de la richesse et

la croissance au niveau national, et au niveau décentralisé pour le développement de

proximité.

Dans ces contextes, la mise en œuvre d’une approche de développement, tel que le

PIC par le Gouvernement de Madagascar trouve tout son intérêt. Et ce, d’autant plus que les

bailleurs de fonds comme la Banque Mondiale et le FMI, ont noté avec une grande

satisfaction les efforts de redressement économique accomplis par le gouvernement malgache

depuis 2002. Depuis, ils n’ont cessé d’encourager le pouvoir à poursuivre et à accélérer les

processus de réformes économiques.

Concernant l’origine du projet PIC ou PPIC, il a été lancé depuis le 1er Décembre

2003 par la mise en place des trois premiers Pôles Intégrés de Croissance, sur la base des 3

secteurs porteurs du pays à savoir : le tourisme, les mines et les manufactures avec les

services de Nouvelles Technologies de l’Information et de Communication ou NTIC en zone

franche industrielle.

Le projet consiste notamment à réaliser au niveau de ces 3 pôles, une plate-forme

d’infrastructures pour servir de levier au développement rapide des secteurs porteurs, en

priorité.

A cet effet, il réserve un rôle essentiel au secteur privé, en sa qualité de moteur du

développement et s’inscrit donc pleinement dans la promotion du partenariat public privé

(les 3 P), tant prônée par le pouvoir actuel et qui est illustrée par une coopération véritable

pour le développement entre les entreprises, les régions, les communes et les sociétés civiles.

Page 70: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

59

Autrement dit, dans le cadre du projet PIC, le gouvernement malgache veut faire un

levier à partir d’un investissement public, pour favoriser et inciter l’investissement privé local

et étranger axé vers l’exploitation. A ce propos, rappelons que le projet vise également à

exploiter prioritairement les avantages comparatifs de Madagascar pour développer des

avantages compétitifs sectoriels et régionaux.

B. Les différents pôles :

Concernant la localisation du projet, trois zones économiques pilotes ont été retenues

pour accueillir le projet PIC, il s’agit de la ville de Nosy-Be, de Tolagnaro et de l’axe

Antananarivo- Antsirabe. Le choix de ces pôles s’inscrit notamment dans le cadre de

l’emplacement des trois activités les plus porteuses du pays36. En effet, ces zones présentent

de réelles potentialités économiques ainsi qu’une ouverture confirmée vers l’extérieur, sans

oublier le fait qu’elles ont une indéniable capacité d’entraînement due à leur situation comme

centres de convergence migratoire.

1. Le pôle Nosy-Be :

Le choix du pôle de Nosy-Be repose sur le secteur tourisme, moteur de création de

richesses de la région, sans négliger les industries des huiles essentielles et le secteur

crevettier.

Dans ce pôle, le projet PIC vise surtout à élaborer et à mettre en œuvre un plan

directeur des sous régions prioritaires pour les investissements touristiques. A cet effet, une

série d’amélioration des infrastructures de base sera entreprise pour les années à venir. Il

s’agit entre autres de la réfection des routes, de la remise à neuf du port, du renforcement de la

commune, de l’hôpital, du système d’adduction d’eau et du système de télécommunication.

En somme, ces investissements et infrastructures doivent être coordonnés, afin que

le projet soit réalisé de manière systématique et rentable.

36 Lettre d’information. Avenir Croissance : Les pôles Intégrés de croissance. Un outil au service de l’investissement et du développement.

Page 71: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

60

2. Le pôle Tolagnaro :

L’existence d’une forte potentialité de croissance économique basée sur

l’exploitation minière, le tourisme, la pêche et les cultures de rente, a fait de cette zone un

pôle cible. Ainsi, les axes principaux du projet dans ce pôle concernent surtout le tourisme, les

infrastructures et les mines.

A cet effet, la plate-forme des infrastructures appuyant le développement de ces

secteurs porteurs comprend notamment la construction du port, le renforcement de capacité

des institutions et l’assainissement de la ville.

Il importe de souligner que l’investisseur privé QIT Madagascar Minearls (QMM)

est le principal partenaire du projet PIC, pour la réalisation de ses objectifs dans ce pôle.

Concernant particulièrement le secteur tourisme, tous les produits sont possibles à

Tolagnaro ; tourisme balnéaire, écotourisme, etc. … Cependant, des efforts et des mesures

devraient être pris dans la promotion des sites, dans leur aménagement et surtout dans

l’amélioration de la qualité de service.

3. Le pôle Antananarivo-Antsirabe :

Actuellement, la ville d’Antananarivo -capitale de Madagascar- apparaît comme la

région la plus dynamique du pays ; c’est ainsi que cette dernière avec la ville d’Antsirabe peut

jouer le rôle de foyers industriels, tout en valorisant leur patrimoine naturel et culturel.

A cet effet, Antananarivo sera dotée d’outils économiques de portée internationale,

dont la création de Zones Franches Industrielles ou ZFI, la création d’un ICT Business Park

ou Parc technologique37.

Quant à la ville d’Antsirabe, elle abritera un grand centre agrobusiness intitulé :

Agro technopole appuyé par le développement des infrastructures de transport routier,

ferroviaire et aérien pour promouvoir en quantité et en qualité la production, la promotion et

la commercialisation de produits agricoles. Notons qu’en ce qui concerne ce pôle, de

37 Les nouvelles. La preuve par 3 pôles Intégrés de croissance pour le développement intégré. D.Ramanoelina. 16/07/2004

Page 72: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

61

nombreux projets d’aménagement et d’amélioration des infrastructures sont à réaliser, pour

créer un environnement propice au développement des investissements, et pour accélérer

l’atteinte des objectifs du gouvernement en matière de croissance économique et surtout de

réduire la pauvreté de façon tangible.

Comme l’étude de cas du présent mémoire se porte sur le pôle Antananarivo-

Antsirabe, nous reviendrons et apporterons ultérieurement plus d’informations sur cette zone

stratégique.

A l’issue de ces explications, on a pu constater que les infrastructures à réaliser dans

les 3 pôles sont de trois types :

- les infrastructures physiques qui comprennent notamment les routes, les réseaux

d’assainissement, les ports et aéroports, etc. …

- les infrastructures institutionnelles comprenant les réformes et assainissement dans

l’administration et le secteur public. En effet, conçues pour être l’impulsion du

développement dans leur circonscription territoriale, les régions sont appelées à favoriser une

meilleure exploitation des potentialités régionales ;

- les infrastructures financières et techniques pour le secteur privé, dont les

instruments de financement, le renforcement de capacités du secteur privé, l’accès au crédit,

l’amélioration du climat d’affaires, etc. …

Le volet environnemental est également pris en compte par le projet PIC, c’est ainsi

que des mesures d’accompagnement environnemental et social ont été instituées. Ces mesures

permettront d’assurer :

- le respect de l’environnement et de l’équilibre social ;

- le respect de la culture nationale ainsi que les politiques de sauvegarde de la

Banque Mondiale et de Madagascar, dans le cadre de la politique environnementale ou PE.

Enfin, outre les efforts engagés pour offrir aux entrepreneurs et à leurs partenaires,

un cadre de travail et de vie fonctionnelle dans une logique de limitation des impacts sociaux

et environnementaux, le projet PIC a été conçu de façon à participer à l’atteinte des objectifs

du Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté ou DSRP. Et c’est cette relation entre

le projet PIC et les axes stratégiques de ce DSRP, voire leur compatibilité ainsi que le cadre

logique du projet, qui feront l’objet de la section suivante.

Page 73: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

62

Section 2. Cadre logique du projet PIC et sa compatibilité par rapport aux axes

stratégiques du DSRP

A. Le cadre logique du projet PIC :

Il est évident que le cadre logique du PIC a été conçu sur la base de son cadre

conceptuel. Ainsi, il importe de voir ce cadre conceptuel. Partant de là, le projet PIC vise à

promouvoir la croissance régionale, à travers l’augmentation de l’investissement privé et celle

de la création d’emplois, pour booster (propulser) la croissance nationale.

Pour réaliser ces objectifs, le projet mettra en œuvre un certain nombre de

programmes et ce, dans le cadre de ses principaux axes d’interventions, à savoir : la création

de richesse par la promotion de la croissance à partir des pôles de croissance

régionale, engendrant ainsi un développement régional.

Parmi ces programmes, on peut citer :

• les programmes économiques et sociaux qui créent une synergie entre tous

les projets de régions cibles et les programmes d’investissement ;

• les programmes d’accompagnement spécifiques pour assurer la durabilité du

projet, à savoir la création d’emplois durables, l’accès durable des couches sociales

défavorisées aux infrastructures de base, la protection des milieux naturels, etc …

• le programme de renfoncement des capacités institutionnelles des communes

et des régions où se situent les pôles, afin de créer un environnement favorable aux

développements des affaires.

Partant de ces axes d’interventions principales et de ces divers programmes, le cadre

logique du projet PIC s’articule donc autour du but, des objectifs et des résultats attendus.

Ainsi, le cadre logique utilise certains indicateurs pour évaluer et pour suivre l’avancée du

projet, la réalisation des objectifs, etc…

Ces indicateurs sont généralement constitués par le taux de croissance régionale, le

taux d’investissement régional et le niveau de pauvreté régionale.

Page 74: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

63

Dans le but de développement économique, à partir des pôles de croissance qui

contribue à la lutte contre la pauvreté, le projet PIC fait recours à quelques objectifs que nous

allons énumérer ci-après avec les résultats attendus.

Pour l’amélioration des infrastructures de base en conformité avec l’environnement,

les résultats attendus sont principalement :

- l’équilibre environnemental et social au niveau des pôles ;

- les infrastructures physiques dans les pôles pilotes qui sont qualitativement et

quantitativement améliorées.

Pour le renforcement des capacités institutionnelles des collectivités décentralisées,

le projet s’attend comme résultat :

- à l’amélioration des infrastructures institutionnelles tant sur le plan qualitatif que

quantitatif ;

- au renforcement des compétences des ressources humaines et des équipements des

communes et enfin ;

- à l’amélioration dans le recouvrement fiscal des communes.

B. La compatibilité du projet par rapport aux axes stratégiques du DSRP :

Rappelons que la conception et la mise en œuvre du projet PIC s’inscrivent, dans

une stratégie d’accès progressif de Madagascar au commerce international, tout en mettant

l’accent sur l’exploitation de ses avantages comparatifs. De plus, comme la mise en œuvre de

ce projet par le Gouvernement de Madagascar devrait s’intégrer dans le cadre global de sa

politique stratégique, pour la réduction de la pauvreté, il s’avère nécessaire d’analyser la

compatibilité du projet PIC avec les axes stratégiques du DSRP.

En effet, selon le DSRP38, l’objectif de développement pour Madagascar consiste à

réduire de moitié le taux de pauvreté en l’espace de 10 ans à travers la promotion d’un

développement rapide et durable. Pour ce faire, le principe de « Partenariat-Public-Privé »

38 Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté. DSRP. Mai 2003

Page 75: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

64

constitue la base de ses orientations stratégiques qui s’articulent généralement autour de 3

grands axes :

• restaurer un Etat de droit et une société bien gouvernancée,

• susciter et promouvoir une croissance économique à base sociale très élargie et,

• susciter et promouvoir des systèmes de sécurisation humaine et matérielle et de

protection sociale élargie.

Par ailleurs, dans sa conceptualisation, le PIC vise à promouvoir une croissance

régionale à travers l’augmentation de l’investissement privé et de la création d’emplois, afin

d’entraîner la croissance nationale. De cette manière, le projet constitue un outil du

Gouvernement pour viser la croissance rapide et durable, la réduction de la pauvreté et la

préservation de l’environnement.

Ainsi, si on s’en tient seulement aux principaux objectifs du PIC, on peut avancer

que la mise en oeuvre de ses axes ou orientations globales rentre dans les actions du deuxième

axe stratégique du DSRP. En effet, le deuxième axe regroupe les actions visant à intensifier

les moyens de production, à accélérer la croissance par le biais d’une augmentation de

l’investissement efficace et par l’ouverture à l’économie mondiale.

Comme mentionné précédemment, le secteur privé jouera un rôle moteur dans la

réalisation du projet, tandis que l’investissement public agira en tant que levier de

développement dans l’affectation des ressources.

En poussant notre étude dans un sens un peu plus large et en considérant, cette fois-

ci, les objectifs spécifiques du projet PIC, nous verrons que ce dernier vise également un

renforcement institutionnel des collectivités décentralisées. A cet effet, on peut affirmer que la

réalisation de ces objectifs spécifiques du PIC contribue à celle de l’objectif du premier axe

stratégique du DSRP qui consiste, à titre de rappel, à assurer un Etat de droit et une société

bien gouvernancée.

Par ailleurs, les éléments constitutifs de l’axe numéro 3 du DSRP portent sur la mise

en œuvre des programmes d’investissement social tels que la santé, l’éducation, l’eau potable,

etc …

Page 76: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

65

Pour sa part, le projet PIC contribue aussi à cet axe, par le biais de l’amélioration des

infrastructures sociales dans les pôles.

Pour récapituler tout ce qui a été dit et pour mieux apprécier cette compatibilité entre

les axes stratégiques du DSRP et les objectifs du projet PIC, nous allons illustrer dans le

tableau suivant ces correspondances.

Tableau 2: Correspondances entre les axes stratégiques du DSRP et les contributions

du PIC :

Axe stratégique du DSRP Contributions du PIC

1. Restauration d’un Etat de

droit et de bonne gouvernance.

Le projet PIC vise le développement de la décentralisation

effective et celui de la bonne gouvernance jusqu’au niveau de la

commune.

2. Promotion d’une croissance

à base sociale élargie.

Le projet avec l’adoption des variantes techniques et technologies

dans les différents secteurs (tourisme, mines, agriculture, artisanat,

commerce, etc..), l’incitation aux investissements et la

redynamisation du secteur privé concourra à l’atteinte des objectifs

globaux de ce deuxième axe stratégique, entre autres le taux de

croissance de 8 à 10%, l’amélioration du taux d’investissement,

particulièrement celui du privé. Soulignons que l’incitatif à

l’investissement est l’un des trois volets principaux compris dans

le projet.

3. Développement des systèmes

de sécurisation humaine et

matérielle et de protection

sociale

Outre l’incitation des investissements, des nouveaux emplois

directs et induits seront éventuellement créés. Le projet suscite

également l’amélioration de l’accès aux infrastructures sociales.

Source : Combinaison des données du DSRP (Mai 2003) et des objectifs du PIC.

Page 77: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

66

Cependant, pour apprécier davantage cette compatibilité entre les objectifs du DSRP et

le projet PIC, une analyse beaucoup plus fine au niveau de ces objectifs nous permettra d’y

procéder. D’où le tableau suivant qui montrera beaucoup plus de détails sur la cohérence de

leurs objectifs.

Tableau 3 : Cohérence entre les objectifs de base du DSRP et les contributions du PIC.

Objectifs de base du DSRP Contributions du PIC

1. Réduction de la pauvreté de moitié en

2015.

Réduction de la pauvreté dans les pôles et dans les zones

d’impacts et de diffusion.

2. Etat de droit et une société bien

gouvernancée.

Renforcement des capacités institutionnelles des collectivités

décentralisées.

3. Sécurisation humaine et matérielle et

protection sociale élargie.

Amélioration des infrastructures de base et création d’emploi

durable.

4. Protection de l’environnement. Amélioration des infrastructures de base en conformité avec

l’environnement.

Objectifs économiques généraux du

DSRP

Contributions du PIC

1. Taux de croissance de 8 à 10%. Taux de croissance entre 8 et 10% dans la région constituant

le pôle.

2. Taux d’investissement de 20%. Augmentation des investissements publics en infrastructure

et promotion des investissements privés dans les pôles.

3. Participation du secteur privé de 12 à

14% au taux d’investissement.

Promotion des investissements privés dans les pôles par la

stratégie de 3P.

4. Ouverture de l’économie malgache. Promotion de l’exportation notamment les zones franches.

Promotion du tourisme.

Source : Combinaison des données du DSRP (Mai 2003) et des objectifs globaux du projet PIC.

Page 78: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

67

Ce tableau montre très bien la cohérence du projet PIC avec le DSRP. En effet, le PIC

contribuera de manière étroite à atteindre les objectifs nationaux, tant au niveau de la

réduction de la pauvreté qu’au niveau de la croissance.

Enfin, un autre point sur la compatibilité et la cohérence du PIC par rapport aux axes

stratégiques du DSRP concerne le processus et la stratégie de mise en œuvre de projets.

En effet, ce projet est cohérent avec la mise en œuvre de la stratégie du DSRP parce

que, de par sa définition même, le projet PIC tout comme le DSRP renforcera le

développement des économies locales et régionales, le développement de la décentralisation

et de la bonne gouvernance et enfin le développement de proximité par le choix des

communes et régions comme acteurs stratégiques et institutionnels.

Le dernier point de correspondance concerne l’approche participative, aussi bien

pendant la phase de conception que dans les études de préfaisabilités des projets. En effet, elle

permettra aux communautés non seulement de développer leurs capacités techniques mais

aussi et surtout de prendre part à leur propre développement.

Maintenant, nous allons établir un aperçu général ou un état des lieux du pôle où se

porte l’étude.

Section 3. Etat des lieux du pôle Antananarivo-Antsirabe.

A. Présentation de l’axe Antananarivo-Antsirabe :

Cet axe est composé de deux villes, à savoir celle d’Antananarivo et celle

d’Antsirabe. Antananarivo est la capitale administrative de Madagascar et constitue également

le principal centre économique, financier et culturel de l’île, tandis qu’Antsirabe représente la

deuxième ville du pays en terme de concentration des industries.

Elles forment ainsi les deux premiers pôles industriels du pays avec plus de la moitié

des unités industrielles de Madagascar, qui se concentrent surtout dans le secteur textile et

NTIC ainsi que les industries agro-alimentaires.

Page 79: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

68

1. La zone d’Antananarivo :

Antananarivo, pour sa part, dispose d’une forte potentialité humaine et d’un grand

nombre de main d’œuvre qualifiée et à bon marché, en dépit du faible taux de scolarisation.

En effet, selon la monographie de la région39, la zone d’Antananarivo enregistre une

densité de population élevée qui augmentait fortement entre les années 1993 à 2001 ; elle est

passée de 6638 à 8443 habitants par Km2. Ainsi, on note une croissance annuelle de l’ordre

de 3,8% de la population de la région.

Une croissance qui est sans doute due à la prolifération des zones franches dans la

région.

Le taux d’urbanisation est assez élevé par rapport aux autres régions environnantes.

Presque 77% de la population habitent dans les grands centres urbains (65,5% à

Antananarivo Renivohitra).

Pour la répartition des activités40, l’activité agricole est encore prédominante malgré

le développement des autres secteurs : 63% de la population active occupée sont concentrés

dans le secteur primaire. Une personne sur six, soit 16% travaillent dans le secteur tertiaire

(administration, commerce et services) et une personne sur cinq, soit 20% dans le secteur

secondaire.

Par ailleurs, la ville et ses environs disposent d’un éventail d’établissements de

formation allant des classes primaires jusqu’aux écoles supérieures publiques ou privées, avec

la possibilité de suivre des enseignements techniques et professionnalisants.

Antananarivo abrite également quatre zones industrielles distinctes où sont

installées presque la quasi-totalité des entreprises franches. Ces zones industrielles se

repartissent comme suit :

- Zone Sud-Forello, Tanjombato et Ankadimbahoaka ;

- Zone Nord sur la route des hydrocarbures Ankorondrano ;

- Zone nord-ouest Ankazomanga, Andraharo, et Ambohimanarina ;

- Zone de la route digue vers Ivato.

39 Etude d’un programme d’investissements prioritaires municipaux pour la commune d’Antananarivo. Un document qui présente en premier lieu la monographie d’Antananarivo et ensuite le plan d’Urbanisme Directeur de la ville PUDI, 40 Selon les données de l’EPM 1999 dans toute la région d’Antananarivo. INSTAT

Page 80: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

69

Notons que ces zones franches occupent une place importante dans le secteur

industriel du pays. En effet, entre 1995 et 1999, la part apportée par les entreprises franches au

PIB du secteur secondaire était passée de 4,5% à 7 ,1% et avait connu un pic de 10,3%

en 2001. La reprise des activités en 2003, après la crise, a permis de nouveau aux activités du

secteur des entreprises franches de connaître une croissance de 76%.

Les principales infrastructures économiques et financières telles que les banques,

assurances, trésor public, administration publique centrale, sont présentes à Antananarivo

pour appuyer les opérateurs dans leurs investissements économiques.

Outre les informations sur l’environnement économiques de cette zone, on peut dire

que de nombreuses infrastructures sociales et culturelles constituent également des privilèges

supplémentaires à l’environnement des activités économiques. En effet, la zone bénéficie de

la présence des centres de Santé de Base, des hôpitaux et encore, elle bénéficie de la présence

des représentants de la CNAPS, de l’OSTIE, etc... qui s’avèrent très utiles pour les ouvriers

qui ne peuvent pas se payer des consultations libres.

Sur le plan logistique, Antananarivo constitue le plus grand nombre de réseaux

routiers, ferroviaires et aériens vers les quatre coins de l’île, mais aussi vers l’extérieur. En

effet, elle abrite l’aéroport international.

Concernant la fourniture d’énergie, les sources de courant pour Antananarivo

proviennent des centrales hydrauliques situées à proximité de la ville notamment à Mandraka,

Tsiazompaniry et Antelomita, etc. ... Seulement, l’offre d’énergie pose d’énormes problèmes

aux industries ainsi qu’aux populations de la zone ces derniers temps, entraînant parfois le

départ de certains investisseurs. Nous apporterons ultérieurement plus d’informations sur ces

problèmes pour apprécier et mieux expliquer les forces et faiblesses de la zone.

2. La zone d’Antsirabe :

De par sa situation démographique41, la population urbaine d’Antsirabe représente

23,3% du total contre 76,7% de la population rurale. La proportion de la population en âge de

travailler est d’environ 53,8%, ce qui pourrait être bénéfique à l’implantation du site.

41 D’après les données sur la monographie de Vakinakaratra UPDR. in Document d’information sur l’évaluation économique

du Projet PIC.

Page 81: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

70

Le taux d’accroissement naturel de la population de la région avoisine les 3%. Les

mouvements migratoires contribuent le plus à l’accroissement de la population d’une année à

l’autre, car c’est une région qui attire les marchés ambulants et les travailleurs saisonniers.

En outre, de par sa richesse écologique et climatique fournie par sa situation

géographique, la zone d’Antsirabe possède aussi de grandes potentialités agricoles.

L’agriculture constitue ainsi la principale activité de la zone. En effet, les produits agricoles

servent -dans la majorité de cas- de matières premières pour les industries agro-alimentaires

locales. Pour les fruits et légumes, notons qu’une partie de la production est souvent

acheminée et vendue vers Antananarivo et Fianarantsoa.

L’élevage a aussi une grande importance dans les activités de la zone. L’exploitation

du petit élevage est surtout marquée par le développement de l’élevage laitier dans la région

de Vakinakaratra.

En outre, comme la zone d’Antsirabe est le deuxième pôle industriel du pays, ses

activités dans ce domaine sont très diversifiées avec celles de l’exploitation du sol, les travaux

de bâtiment, l’industrie textile, le travail du bois et annexes etc…

Notons que toutes ces industries sont caractérisées par leur extrême concentration

spatiale. Les PME trouvent également leur place dans la région et sont nombreuses et

difficiles à inventorier et à contrôler.

Le secteur agro-alimentaire comprend plusieurs unités de transformation avec

principalement la brasserie de la STAR, la minoterie de la Kobama, les biscuiteries

artisanales, les diverses unités de transformation de produits laitiers, les unités de fabrication

de jus de fruit naturel et d’eau minéral, etc…

Quant aux infrastructures, le mauvais état des routes dû à un manque d’entretien,

l’insuffisance et l’état délabré des infrastructures aériennes et ferroviaires constituent les

principales contraintes du développement de la zone.

Cependant, de nombreuses mesures de redressement sont en cours ou ont été déjà

prises face à cette situation. C’est ainsi que le plan d’urbanisme de la commune d’Antsirabe

préconise l’amélioration ou la réhabilitation des routes, la sécurisation et la remise en état du

réseau ferroviaire. Concernant cette dernière, une réhabilitation est déjà entamée pour

l’exploitation de la ligne Antananarivo- Antsirabe.

Page 82: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

71

Concernant l’accès de la zone aux divers services des institutions bancaires,

quelques agences bancaires y sont installées et fournissent des financements aux paysans,

mais d’une façon assez limitée. C’est ainsi que les institutions de micro-finance comme le

CECAM et OTIV interviennent dans la région surtout auprès des paysans et des PME qui sont

réputées comme des secteurs à risque.

Du côté des ressources énergétiques, Antsirabe dispose des infrastructures

nécessaires à savoir les 2 centrales hydrauliques et thermiques, pour la fourniture en

électricité. De plus, elle a une forte capacité en énergies nouvelles et renouvelables comme les

ressources éoliennes, solaires et hydrauliques. Par contre, la production en eau commence à

être saturée malgré la présence de 2 systèmes d’adduction d’eau. Mais des projets

d’amélioration dans ce sens sont déjà en cours.

Tout comme la zone d’Antananarivo, celle d’Antsirabe a les mêmes avantages en

matière de télécommunication. Tous les opérateurs téléphoniques et fournisseurs en Internet y

sont présents. Le seul hic, c’est que la couverture téléphonique mobile y est encore très

restreinte.

Enfin, concernant la potentialité humaine, la zone d’Antsirabe dispose de ressources

humaines relativement cultivées et ce, malgré la faible taux de scolarisation (19,39%). Elle

regroupe également plusieurs établissements de formation générale et professionnelle à tous

les niveaux, ce qui représente à titre de référence qu’Antsirabe constitue un potentiel en main

d’œuvre pour le site.

B. Les forces et faiblesses de l’axe Antananarivo-Antsirabe :

A partir des informations fournies par la situation économique de ces deux villes, un

aperçu global sur les forces et les faiblesses de ces zones nous permettra de mieux apprécier

le futur du projet.

Page 83: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

72

1. Aperçu global des forces et faiblesses de l’environnement socio-économique du Pôle Antananarivo.

Les forces de cette zone :

- Dans les infrastructures physiques comprennent : l’existence d’un aéroport international, la

rénovation en cours de l’infrastructure ferroviaire (Madarail) et les services de

télécommunications assez bien développés avec le projet d’installation de câble optique en

cours ;

- Pour les ressources humaines : il y a l’abondance de personnel d’appuis (comptable, commercial,

transitaire, …) qualifié dû à la présence de plusieurs centres de formation et d’enseignement

supérieur ;

- Au niveau de la fiscalité, les administrations fiscales et douanières sont en cours de restructuration et

de mise aux normes pour accélérer le traitement des dossiers ;

- Pour la création d’entreprises, la mise en place du GUIDE facilite énormément la venue et

l’installation des entreprises ainsi que les demandes d’agrément divers (ZFI, Tourisme…) ;

- Pour la concertation des entreprises, la présence de la Chambre de Commerce et du CAPE servent de

plate forme de dialogue entre les opérateurs et l’administration. La présence de plusieurs

associations d’entrepreneurs facilite également la promotion du secteur privé.

- Quant aux appuis techniques et financiers, la zone dispose de réseaux assez développés qui pourraient

être considérés comme des leviers au développement des affaires et de plusieurs organismes

publics et privés d’appuis (cabinets d’études , de communication, …).

Les faiblesses :

- Pour les infrastructures physiques : il y a la saturation des infrastructures en villes tels que le trafic

routier ainsi que le mauvais état des routes. La capacité de stockage de marchandises au sein

de l’aéroport international est aussi très limitée ;

- La cherté des transports régionaux aériens limite largement les échanges entre les régions nationales

d’une part, et ces dernières avec le reste du monde d’autre part ;

- Le problème d’assainissement de la ville dû aux problèmes d’évacuation d’eaux pluviales ;

- Quant aux faiblesses liées à la ressource humaine, malgré la forte potentialité de main d’œuvre, la

zone enregistre un manque de personnel qualifié en maintenance industrielle et de

techniciens dans tous les domaines notamment : mécanique, textile, bâtiments et travaux

publics, informatique, médical, agricole, …

- Quant aux problèmes de financement, on rencontre les difficultés d’accès aux crédits limitant ainsi la

création et l’extension des activités surtout pour les PME. En effet, les institutions

financières existantes ne répondent pas aux besoins et aux capacités réelles des entreprises ;

- Le manque des moyens de contrôle et de volonté de la part de l’Etat pour la régularisation du tissu

économique ;

- Le manque de fournisseurs et de fabricants de matériels et équipements industriels ;

Page 84: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

73

- Pour les centres de recherches, on fait face à un manque de collaboration entre les centres de

recherches et les entreprises. Les résultats de recherches ne sont pas rentabilisés ni utilisés à

bon escient.

2. Aperçu global des forces et faiblesses de l’environnement socio-économique de la zone d’Antsirabe.

Les forces de la zone concernent principalement :

- L’existence des ressources humaines habiles et à bon marché favorables pour le développement du

pôle dû à la présence d’universités privées et d’établissements d’enseignement professionnel

et général. Cette situation entraînera sans doute le relèvement de la technicité de la

population et des jeunes travailleurs ;

- La présence des banques et des micro-finances qui constituent un potentiel financier qui pourrait

devenir des vecteurs importants pour le développement du pôle ;

- L’existence de fournisseurs de matières premières pour les industries agro-alimentaires qui facilitera

l’approvisionnement local des industries ;

- L’existence d’une filature locale, fournisseur direct des industries textiles de confection dans la zone.

A titre d’exemple : le Cotona ;

- L’existence d’une forte concentration spatiale des industries et des activités annexes dans le pôle ;

- La réhabilitation des marchés existants qui facilitera les échanges.

Pour les faiblesses de cette zone, on rencontre notamment :

- L’insuffisance de la formation technique et l’absence des activités de recherche qui entraîneront la

non conformité aux normes de qualité ;

- La faiblesse d’infrastructure routière, ferroviaire et aérienne ainsi que le mauvais état des routes dû en

partie à l’insuffisance d’entretien. Le manque d’entretien peut être considéré comme la

défaillance des recettes fiscales et des moyens financiers de la commune ;

- L’inexistence de bureau du GUIDE pour faciliter la création d’entreprises. La zone fait face

également à la prédominance des entreprises informelles (PME) qui se trouvent le plus

souvent en situation de concurrence déloyale ;

- Le partenariat entre les acteurs n’est pas développé. En effet, les entreprises de la région n’ont pas

l’habitude de travailler ensemble. Par conséquent, il existe peu d’interaction des grandes

industries avec les sous-traitants locaux. Aussi, les sous-traitants et fournisseurs spécialisés

atteignent difficilement un niveau de qualité élevé de leurs produits ;

- L’insuffisance de l’offre d’énergie, la pollution des eaux de surface, la mauvaise gestion des déchets

urbains et la faible couverture de téléphonie mobile sont autant d’éléments négatifs de la

zone d’Antsirabe.

Page 85: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

74

CHAPITRE 2 : PROJECTION ET ANALYSE DES IMPACTS DU P ROJET SUR

L’ECONOMIE DE LA REGION CONSTITUANT LE POLE CONS IDERE D’ICI

2015

Avant de pouvoir faire une projection et analyse des impacts tant qualitatifs que

quantitatifs du projet, il faut avoir une certaine idée sur les activités à entreprendre dans le

cadre du projet. Ainsi, la première section de ce chapitre traitera les activités ou programmes

intégrés prévus dans le cadre du projet sur l’axe Antananarivo/Antsirabe.

Section 1. Les activités prévues par le projet sur le pôle Antananarivo-

Antsirabe.

A. Les sous-projets :

Comme constatées précédemment, les interventions pour chaque pôle ont été

spécifiées en fonction des atouts de chaque zone. Ainsi, pour l’axe Antananarivo-Antsirabe, le

domaine priorisé est plutôt le développement industriel aussi bien dans les zones franches

industrielles, les NTIC que les agro-industrielles.

Initialement, sept (7) sous-projets ont été identifiés42. Ils comprennent notamment :

- Zone franche industrielle (ZFI) à Anosipatrana ;

- ZFI à Ambohimangakely ;

- ZFI dans la zone d’Antsirabe Saharoaloha Ambohimahazo ;

- ZFI dans le Sud-Est d’Antsirabe ;

- Centre de formation en nouvelles technologies informatiques et des

communications à Antsirabe ;

- Construction d’une rocade et bretelle d’accès pour les ZFI d’Antsirabe ;

- Système de gestion des déchets solides et liquides à Antsirabe.

Ces sous-projets ont fait l’objet de plusieurs réorientations réalisées par la

coordination nationale du PIC, surtout après les missions sur terrains et les résolutions

prises lors de l’atelier de consultation sur le PIC tenue à Antananarivo ainsi qu’une étude de

Page 86: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

75

pré-évaluation de la Banque Mondiale. Mais finalement, 3 sous-projets ont été retenus et

pourront être financés par le principal bailleur de fonds : la Banque Mondiale43.

Il s’agit notamment des :

- Sous-projet I : qui consiste en la création d’un parc technologique à Antanetibe

Ivato ;

- Sous-projet II : comprenant la mise en place d’un agrotechnopôle à Antsirabe sur

un espace de 5 ha dans le Nord de la ville.

- Sous-projet III : qui consiste éventuellement dans la création des zones industrielles

à Antananarivo. Son lieu d’implantation n’est pas encore défini exactement.

Cependant, le sous-projet attend que le gouvernement propose un lieu dans le

terminal de conteneur à Ambohimangakely.

Pour tous ces sous-projets, il est clair que même s’ils pourraient être financés par les

principaux bailleurs, il faut que le secteur privé soit également prêt à s’investir tant dans le

développement que la gestion des sites. En outre, les autres sous-projets dont le financement

reste à identifier, feront donc l’objet d’une attente.

B. Le Parc technologique d’Antanetibe :

Initialement, le parc technologique d’Antanetibe est normalement prévu s’installer

sur le site actuel du centre technologique de l’information et de la communication du

Ministère chargé de la Télécommunication, des Postes et de Communication. Mais vu que

d’autres sites comme Alarobia et Ambohimangakely ont été également proposés par le

gouvernement, l’implantation définitive de ce Parc technologique reste encore à l’état de

définition lors de la préparation du présent mémoire.

Cependant, on peut tout de même avancer que le site en question comprend un

bâtiment administratif, des salles de classes, des laboratoires de télécommunication, un

réfectoire, un dortoir, et des logements du personnel pour éviter le déplacement.

42 Source : Etude d’impact Environnemental et Social du projet PIC. Tecsult International 43Version provisoire. Tecsul International. Janv. 2005. Projet PIC

Page 87: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

76

Si le site d’Antanetibe est retenu, alors les constructions pourront s’effectuer sur le

terrain de football du centre d’Antanetibe. Durant la première phase du projet, les activités

prévues dans le processus de mise en œuvre des objectifs peuvent se résumer ainsi :

- la mise en place d’un accès aux services par satellite à larges bandes ;

- la conception et la construction d’un lien de fibres optiques ;

- la réhabilitation des systèmes d’approvisionnement en eau et de distribution

d’électricité desservant le site.

La mise en place et le développement de ce site ne posent pas de problème

particulier. Cependant, des aménagements doivent être préparés et entrepris pour viabiliser le

site voire la zone environnante.

Enfin, les principales activités liées à ce site concernent le traitement des données

informatiques et les services informatiques offshore. En tant qu’activités de support, on peut

trouver également la distribution de logiciels, la vente d’équipements informatiques et les

formations en informatique.

C. L’Agro technopôle à Antsirabe :

Au départ, le site prévu comprenait une superficie de 326 Ha au Sud de l’aérodrome

d’Antsirabe44. Mais après une série de mission et de pré-évaluation menée par la Banque

Mondiale, la surface pour l’implantation de l’agro technopôle s’est considérablement réduite ;

elle est passée de 326 Ha à 5 Ha.

Contrairement aux sites d’Antananarivo, la zone d’Antsirabe ou plus précisément le

site identifié aura moins d’impacts sociaux, étant donné que le terrain est encore en friche et

ne comporte par conséquent aucune construction ni habitation. Pour les comités locaux de

pilotage du pôle d’Antsirabe, l’agro technopôle comprendrait donc :

- un complexe technique de recherche et de développement ainsi qu’une unité de

traitement de produits ;

44 Projet PIC. Evaluation de l’impact environnemental et social. Concrétisation environnementale et sociale préliminaire. Novembre 2004.

Page 88: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

77

- un complexe administratif qui accompagnera le complexe technique.

L’implantation du site dans cette zone vise surtout à promouvoir l’amélioration en

quantité et en qualité de la production agricole. A ceci s’ajoute la valorisation des activités de

la zone par le biais de la promotion et la commercialisation des produits agricoles.

Ainsi, dans le cadre du projet PIC, trois grandes filières porteuses ont été

préalablement identifiées pour le site. Il s’agit de la filière fruits et légumes, les produits

laitiers et l’élevage à cycle court.

Cependant, d’autres filières de moindre envergure mais à forte potentialité

économique ont été également sélectionnées. Ce sont en l’occurrence, la filière miel et les

intrants agricoles45. Concernant cette dernière, il s’agit notamment des semences, des engrais,

des matériels agricoles etc....

Il est à noter que pour la bonne marche de ce secteur agro-alimentaire, cette filière

est indispensable à cause de sa contribution dans l’amélioration de la production agricole ainsi

qu’à l’offre des accessoires nécessaires à la production agro-alimentaire proprement dite.

D. Les zones franches industrielles à Antananarivo (ZFI) :

Tout comme l’implantation du parc technologique, celle des zones franches

industrielles fait face à une certaine imprécision. En effet, les trois implantations initialement

prévues46: à Anosipatrana, à Ambohimangakely et à Ambohimahazo, ont été remplacées par

d’autres implantations de ZFI notamment à Ambatolampy et Ampitatafika. Cependant,

l’étude de pré-évaluation de la Banque Mondiale n’a pas recommandé de telles implantations.

C’est ainsi que, selon la même étude, il pourrait être possible de développer une

nouvelle implantation de ZFI si le gouvernement trouve un site près du terminal de conteneur

à Ambohimangakely Antananarivo. Là encore, on peut dire que le site n’est pas encore bien

défini lors de l’établissement de la présente étude. Néanmoins, on peut déterminer quels

secteurs ou branches d’activités seront priorisés par le site.

45 Les intrants sont les entrées ou les facteurs de production ; « input » dans la traduction anglaise 46 Etude d’impact Environnemental et Social du projet PIC. Tecsult International

Page 89: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

78

L’importance du secteur textile et habillement dans l’économie de la région a fait

que ce secteur soit le principal axe d’intervention du projet PIC à Antananarivo. En effet, ce

secteur est important du fait de sa part croissante dans les recettes en devises : environ 39%

des exportations totales en 2001, ainsi que de sa contribution à la création d’emplois : environ

120.000 emplois pour la même année47.

Le choix d’implantation de ces unités industrielles dans la zone centrale est surtout

dû aux certains avantages factoriels que possède la région à titre de rappel :

- l’existence de la main d’œuvre en abondance et de bonne qualité ;

- l’existence des réseaux de transport intérieur exploitables pour les différents

acheminements de matières premières et marchandises exportées ;

- l’existence de support logistique développé pour soutenir les sociétés de confection

dans l’acheminement des entrants et produits ainsi que dans les différentes démarches

d’importation et d’exportation ;

- enfin, le regroupement d’entreprises annexes et complémentaires dans des zones

industrielles, favorisant ainsi une certaine force d’interactions opérationnelles.

Il ressort de tout ce qui a été dit que l’exploitation des ZFI48 dans le cadre du projet

PIC trouve ses forces principalement, dans les atouts qui relèvent de la disponibilité de main

d’oeuvre abondante et de bonne qualité d’une part et à des coûts très compétitifs d’autre part.

Outre ces atouts liés à la main d’œuvre, de nombreuses opportunités s’offrent

encore aux industries de cette zone ainsi qu’à celles du pays tout entier pour ne citer que : le

bénéfice des avantages de taux préférentiels dans le cadre de l’AGOA des Etats-Unis, de

l’accord de Cotonou de l’Union européenne, et les accords d’intégration régionale comme la

COI, la SADC, etc...

Cependant, la fin de l’Accord Multifibres dans le début de l’année 2005 constitue

une menace pour l’ensemble du secteur. Et ce, d’autant plus que la règle spéciale de l’AGOA

n’a pu être renouvelée que pour une période relativement très courte de 3 ans.

47 Conjoncture économique 2001-2004 ministère de l’économie, des finances et du Budget ou MEFB et INSTAT

Page 90: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

79

Enfin, des défis se posent alors pour le pôle Antananarivo, dans le cadre du projet

PIC, afin d’atteindre un certain niveau de compétitivité permettant ainsi de faire face à la

concurrence accrue sur le marché international.

Si telles sont les activités à entreprendre dans la réalisation du projet PIC, alors à

quels impacts possibles pourrait-on s’attendre dans les années à venir du projet, plus

précisément d’ici 2015 ?

Section 2. Projection et analyse des effets probables du projet dans l’économie de la région

constituant le pôle d’ici 2015.

Dans l’étude prospective se rapportant sur le projet PIC, il a été préférable de se

consacrer à un pôle en particulier : l’axe Antananarivo-Antsirabe, à cause de la disponibilité

des données. Dans cette projection, il s’agira alors de fournir des données quantitatives qui

regrouperont les indicateurs d’impacts du projet PIC sur le développement du pôle au niveau

régional.

A partir d’estimations empiriques basées sur les indicateurs du pays, il sera possible

d’effectuer une projection des impacts quantitatifs du PPIC à l’avenir. Les résultats obtenus

seront ensuite analysés et interprétés et ce, dans le but d’apprécier la pertinence du projet pour

le développement du pôle voire la région d’une part, et d’éclairer les responsables du projet

PIC sur les impacts éventuels de leurs futures actions d’autre part. Ils seront dès lors en

mesure de se positionner et d’apporter des corrections si celles-ci ont lieu d’être.

48 Notamment dans le secteur textile, confection et habillement

Page 91: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

80

Les données quantitatives concernent notamment :

• les impacts du projet sur l’emploi, sur la valeur ajoutée et la production ; en

effet, les nouvelles entreprises qui s’implanteront dans cet axe vont immédiatement permettre

de créer de nouveaux emplois non seulement dans les domaines d’activités sus indiqués mais

également dans d’autres secteurs, et ce, de façon induite, tant formels qu’informels.

On peut parler donc des emplois directs et indirects créés par le projet. Les emplois

directs sont liés aux activités de production, de transformation ou de la construction du site

proprement dit qui s’inscrivent dans le cadre du projet, alors que les emplois indirects

concernent les activités annexes induites par le projet comme les activités liés à

l’approvisionnement, aux activités commerciales créées aux alentours du site, etc…

Cependant, compte tenu du manque d’informations, nous ne serons en mesure

d’évaluer que les emplois générés directement par le projet. Il en est de même pour la valeur

ajoutée et la quantité de production.

• les impacts sur les échanges extérieurs : les entreprises qui seront implantées

dans la zone seront bien évidemment sous le régime des entreprises franches. Leur production

sera donc essentiellement destinée à l’exportation. Et ce, d’autant plus que le marché

intérieur est déjà dominé par quelques entreprises locales et les importations.

Néanmoins, il faut noter que les intrants peuvent être soit d’origine locale soit

importés. Ainsi, le projet aura sûrement des impacts sur la balance commerciale.

• Les impacts sur la fiscalité : les entreprises qui vont œuvrer sur la plate-forme

d’infrastructures du site seront en majorité sous le régime des entreprises franches. Ainsi, elles

seront exonérées de certaines taxes. Compte tenu de l’incertitude quant à la forme, la taille,

les capitaux et les données sur les entreprises visées par le projet, il sera difficile de

déterminer avec certitude la valeur des recettes fiscales que l’Etat serait en droit d’attendre de

ces entreprises.

Notons cependant que lorsque l’Etat décide d’opérer sous le régime des zones

franches, c’est davantage pour bénéficier des capitaux étrangers et des transferts de

technologie que pour des recettes fiscales.

Page 92: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

81

A. Les impacts en matière de création d’emplois et de création de la valeur

ajoutée :

Avant de faire une projection sur les effets probables en matière de création d’emploi,

il importe de souligner que tous les travaux de construction liés à la mise en œuvre du projet

débuteront en 2006. Donc, cette date peut être considérée comme la date de commencement

ou de mise en œuvre du projet.

Pour avoir le nombre d’emplois susceptible d’être créé dans le cadre du projet, nous

allons baser notre calcul à partir du nombre d’entreprises qui seront implantées dans le cadre

du projet qu’il s’agit des entreprises en ZFI textiles, agro-alimentaires ou NTIC d’une part, et

du nombre moyen des employés dans chaque secteur d’activités susmentionné durant les 10

dernières années d’autre part.

En faisant la multiplication des deux nombres, on peut avoir une estimation empirique

du nombre d’emplois susceptibles d’être engendrés par le PIC dans la zone d’Antananarivo-

Antsirabe.

Ci-après un tableau qui montre l’évolution des surfaces à réaliser les investissements49

dans le cadre du projet PIC sur l’axe Antananarivo-Antsirabe.

Tableau 4: Surfaces consacrées aux investissements du projet PIC en Ha :

2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Total

TIC à Antanetibe 0 0 3 0 3 0 0 3 0 0 9

ZFI à Ambohimangakely

5 0 5 0 5 0 5 0 10 0 30

Antsirabe ATP 0 5 0 0 5 0 0 5 0 0 15

Total Ha par an 5 5 8 0 13 0 5 8 10 0 54

Source: Compilation by Tebodin. BV50.

49 Il s’agit notamment des infrastructures, bâtiments, des routes et des magasins de stockage et autres constructions. 50 Projet PIC. Données sur l’évaluation économique du projet PIC. 2005. Informations recueillies au service : Conseil en Suivi, Evaluation et Animateur du projet PIC

Page 93: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

82

L’intérêt de ce tableau se trouve dans le fait qu’il nous permet de calculer le nombre

d’entreprises qui seront créées. Cependant, il est à noter que pour toutes les estimations dans

cette partie, nous avons considéré quelques hypothèses :

• D’abord, nous avons supposé que les structures des entreprises dans les

différentes branches d’activités en 1998 sont les mêmes en 2004 et aussi jusqu’en 2015. C’est

à dire : les structures dans le secteur industriel en matière de répartition par branche

d’activités ne changeront pas et ce, malgré le dementèllement de l’Accord Multifibre de

l’OMC, ainsi que l’effervescence massive de l’économie asiatique dans le commerce

international51, qui pourraient bien y apporter des changements à cause de la concurrence.

• Aussi, pour les ZFI à Ambohimangakely, on a repris l’hypothèse sur

l’estimation du nombre et unités de production à installer. Ainsi, pour la première année sur

une surface de 5ha, nous supposons que 3 unités d’une surface de 50m x 40m et 2 usines

d’une surface de 50m x 80m de chaque seront implantées52. Pour les années suivantes, nous

supposons également que les implantations seront les mêmes et proportionnelles à cette

surface.

• Nous avons également repris l’hypothèse53 que l’usine de type 50m x 40m est

d’une norme standard et donc la main d’œuvre qu’elle utilisera est supposée égale à la

moyenne des nombres d’employés dans les années passées. L’autre type d’usine, c'est-à-dire

celle du 50m x 80m utilisera deux fois plus de main d’œuvre moyenne. La moyenne de main

d’œuvre utilisée est celle de l’année 1994 jusqu’au 2004. Ainsi, ce nombre d’emploi en

moyenne qu’on a pris à partir des données statistiques sur l’emploi pour les ZFI textiles, les

agroindustriels et les NTIC est successivement de 259, 24 et 33 emplois. (Voir Annexe 3)

• Pour la branche agro-alimentaire, elle peut voir apparaître54 2 à 15 nouvelles

moyennes et grandes unités de transformation par an. Avec un tel rythme, selon toujours les

données sur l’évaluation du projet PIC, 4 industries agro-alimentaires s’installeront dans un

premier temps, 4, l’année suivante pour atteindre 24 industries en 2015. (Voir Annexe 4.

Tableau 9). Notons que pour ces 4 industries, deux se spécialisent dans la transformation et

conditionnement des fruits et légumes et 2 dans le traitement et conditionnement.

51 Voir Annexe 1. Tab 6. 52 Projet PIC. Hypothèse du rapport Tebodin. Voir Annexe 2. Projet PIC. Données sur l’évaluation économique du projet PIC. 2005. Informations recueillies au service : Conseil en Suivi, Evaluation et Animateur du projet PIC. 53 Idem. 54 Rapport MADIO, enquêtes annuelles dans l’industrie de 1994 à 1997. In données sur l’évaluation économique du projet PIC. 2005. Informations recueillies au service : Conseil en Suivi, Evaluation et Animateur du projet PIC.

Page 94: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

83

• Enfin, pour les NTIC55, le rythme de création des entreprises est assez élevé à

Madagascar. Par exemple en 2000, 28 entreprises franches en informatiques et de services ont

été enregistrées. Ainsi, pour ce qui est du nombre d’entreprises qui seront créées, nous

reprendrons également les données sur d’évaluation économique du projet PIC (Voir Annexe

4. Tableau 10). Ainsi 5 entreprises sera créer en 2007, 5 entreprises les années suivantes. Ce

nombre atteindra une somme de 40 entreprises créées jusqu’à 2015.

Année Nombre d'entreprises ZFI qui seront

créées

Nombre

d'entreprises

ATP qui

seront créées

Nombre

d'entrepri

ses NTIC

qui seront

créées

Nombre cumulé d'emplois qui

seront créés en ZFI

Nombre

cumulé

d'emplois

qui seront

créés en

ATP

Nombre

cumulé

d'emplois

qui

seront

créés en

NTIC

Nombre

total cumulé

des emplois

qui seront

créés dans

la zone

De type

50*40m

De type

50*80m

Total

cumulé

50*40m 50*80m Total

cumulé

2006 3 2 5 0 0 777 1036 1813 0 0 1813

2007 5 0 5 777 1036 1813 0 165 1978

2008 3 2 10 4 10 1554 2072 3626 96 330 4052

2009 10 8 14 1554 2072 3626 192 462 4280

2010 3 2 15 8 19 2331 3108 5439 192 627 6258

2011 15 12 23 2331 3108 5439 288 759 6486

2012 3 2 20 16 27 3108 4144 7252 384 891 8527

2013 20 16 32 3108 4144 7252 384 1056 8692

2014 6 4 30 20 36 4662 6216 10878 480 1188 12546

2015 30 24 40 4662 6216 10878 576 1320 12774

Total 18 12 10878 576 1320 12774

A partir de toutes ces données et hypothèses, on peut donc obtenir le tableau suivant

qui porte sur les retombées du projet PIC en matière de création d’emplois.

Tableau 5 : Nombre d’emplois créés dans la zone Antananarivo-Antsirabe.

Source : Projet PIC, Mefb et nos propres calculs.

55Dont les activités concernent à titre de rappel : le traitement de textes et de données informatiques, programmation et logiciel, fournitures de services, de formation, télécommunication, internet, etc….

Page 95: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

84

Au total, les unités de production dans la branche textile et NTIC qui seront

implantées dans la zone Antananarivo auraient créés 12 198 emplois au total jusqu’en 2015.

Pour la zone Antsirabe, le nombre est moins important, il serait de 576 emplois créés

seulement.

Cependant, notons bien que les retombées en matière de création d’emplois que nous

avons calculés ici concernent uniquement les emplois directs56.

Pour la zone d’Antsirabe, le nombre d’emplois créés est assez faible du fait que

dans cette zone, ce sont surtout les emplois indirects qui sont favorisés par le projet.

Par contre, pour la zone Antananarivo, le sous-secteur textile et confection est la

principale niche en matière de création d’emplois. En effet, la branche englobe la majorité de

la main d’œuvre avec 10 878 emplois directs créés jusqu’en 2015 contre 1 320 emplois pour

les services NTIC.

Le pôle de ZFI textile sera donc le secteur le plus pourvoyeur d’emplois directs. Le

NTIC est placé en deuxième position et viennent ensuite les industries agro-alimentaires avec

un nombre de 576 emplois directs seulement. Dans ce contexte, la zone ATP d’Antsirabe sera

classée en dernière position en matière de création d’emplois.

Pourtant, en prenant en compte les emplois indirects57 générés par le projet PIC,

cette zone enregistrera un nombre assez important de main d’œuvre.

En effet, la zone agro technopôle d’Antsirabe constituera une grande opportunité

pour la région de Vakinakaratra, dans son essor économique parce qu’elle créera une grande

masse de main d’œuvre agricole à la demande des industries agro-alimentaires pour leur

approvisionnement.

A titre d’exemple, en 2010 la zone aurait besoin au total 33 798 emplois au niveau

de l’agriculture répondant à la demande de l’Agro technopôle et ce nombre pourrait atteindre

une somme de 92 651 emplois à l’ horizon de 201558.

Cependant, dans cette zone il importe de souligner que ces emplois concernent

surtout des emplois temporaires. Généralement, plus de la moitié de la main d’œuvre, qu’elle

soit directe ou indirecte, comprend des emplois temporaires. Il s’agit notamment des emplois

56 Ce sont des emplois directement liés aux activités de production, de transformation proprement dite d’une part et des emplois nécessaires à la construction des industries,des routes et divers infrastructures d’autres part. 57 Nous n’avons pas pu faire une projection sur les emplois indirects à cause de l’insuffisance des données. Nous avons donc repris les données dans le document d’évaluation économique du projet PIC. 58 Voir Annexe 4. Tableau 11.

Page 96: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

85

journaliers et saisonniers qui sont rémunérés par jour de travail et qui sont recrutés au moment

des fortes commandes des agro-industriels.

Notons que cette pratique est incontournable pour les industriels afin de diminuer

leurs charges salariales et gagner par conséquent plus de compétitivité.

B. Les retombées du projet sur la création de valeur ajoutée, la balance

commerciale et la fiscalité :

1. Pour les ZFI :

Dans cette partie, faute des données et des moyens pour calculer les différents

agrégats économiques nécessaires pour estimer les valeurs ajoutées, nous avons repris les

données recueillies au sein du projet PIC tant sur l’estimation de la valeur ajoutée, de la

balance commerciale que sur la fiscalité.

Le sous projet PIC concernant les ZFI d’Ambohimangakely entraînerait un gain en

valeur ajoutée de 11,4 milliards d’Ariary en 2007 et 121,9 milliards d’Ariary jusqu’en 2015.

En terme de production, ce sous projet créera une production de 45,5 milliards d’Ariary dans

la première année et 492,5 milliards d’Ariary jusqu’en 201559.

Concernant la fiscalité : appartenant à un régime d’exception de zone franche, les

entreprises qui seront implantées auront une faible contribution aux taxes et versements

assimilés. Leur part à la recette fiscale de l’Etat est très faible se portant à 79 millions Ariary

seulement en 2007. En 2015, leur contribution serait largement élevée avec 843 millions

Ariary.

Quant à la contribution de cette zone dans la balance commerciale, on pourra

s’attendre à un solde positif de celle-ci, de 2007 à 2015. En 2007, les exportations dépasseront

largement les importations engendrant ainsi un solde de 36,9 milliards Ariary dans la balance

commerciale et le solde atteindra une somme de 387,6 milliards Ariary en 2015.

59 Voir Annexe 5. Tableau 12

Page 97: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

86

2. Pour les ATP :

Rappelons qu’avec quatre industries implantées dans un premier temps dans la zone

Agro technopôle d’Antsirabe, les données sur l’estimation des impacts du projet récapitulées

dans le tableau en annexe démontrent qu’en 2008, elles pourront créer une valeur Ajoutée de

l’ordre de 10 milliards Ariary60.

En 2015, la valeur ajoutée créée par la zone pourra atteindre une somme de 100

milliards Ariary environ avec -à titre de rappel- 24 entreprises. Dans cette estimation, le projet

PIC dans son évaluation économique a souligné que les valeurs ajoutées pourront avoir une

somme beaucoup plus importante surtout à partir de 2010. A titre d’exemple, on peut

s’attendre à la possibilité de développer de nouvelles cultures destinées à l’exportation due

notamment aux résultats de recherches, aux décisions d’investisseurs ainsi qu’à la portée des

activités de partenariat.

Quant à la valeur des impôts et taxes, la zone d’Antsirabe créera 590 millions Ariary

de recettes fiscales à l’Etat en 2008. Cette contribution de la zone atteindra une valeur de 6

milliards environ en 2015.

Pour la contribution à la balance commerciale, elle est globalement positive et

significative. Ce qui est sûrement dû au fait que la production dans cette zone est beaucoup

plus consacrée à l’exportation qu’à la consommation locale. Le solde de la balance

commerciale de la zone ATP sera plus de 17 milliards Ariary en 2008 et atteindra 150

milliards Ariary en 2015.

3. Pour les NTIC :

Les entreprises de fournitures de services NTIC créeront environ 2,4 milliards

Ariary de VA en 200761. Cette création de VA devrait atteindre au moins 33,6 milliards

Ariary en 2015. Soulignons que ces apports en VA dépendront du nombre des investisseurs

du secteur. En effet, plus le rythme de construction est rapide, plus il y a de chance de

multiplication rapide des entreprises NTIC vu que le secteur est très porteur.

60 Voir Annexe 5. Tableau 13 61 Voir Annexe 5. Tab 14.

Page 98: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

87

Quant aux impacts sur la fiscalité, les impôts et taxes drainées par les entreprises de

service NTIC auront une valeur de 52,5 millions Ariary en 2007. Ils seraient de l’ordre de

398,5 millions Ariary en 2015.

A partir de ces différentes données, on a pu constater que les entreprises de ZFI

textiles auront des impacts très importants sur la balance commerciale par rapport aux

industries de l’ATP, alors que pour les impacts sur la fiscalité c’est tout à fait l’inverse, c’est à

dire que les impacts des industries de l’ATP sur la fiscalité sont très significatifs par rapport à

ceux des ZFI textiles.

En effet, en 2015, les ZFI textiles contribueront à la balance commerciale avec un

solde de 387,6 milliards Ariary contre seulement 150 milliards Ariary pour les entreprises de

l’ATP.

Pour les retombées fiscales, les ZFI enregistreront une contribution de 843 millions

Ariary seulement en 2015 contre 6 milliards Ariary pour les industries ATP et 398 millions

Ariary pour les NTIC.

Cette situation peut être expliquée par le fait que les entreprises de ZFI textiles sont

dans leur majorité sous le régime particulier de zone franche et donc exonérées de certains

impôts et taxes assimilées. Il en est de même pour la plupart des entreprises du service NTIC.

Cependant, il est évident que, pour atteindre les objectifs fixés et obtenir ces

résultats dans le cadre du projet PIC, des investissements devraient être assurés. Pour la

répartition des investissements dans chaque secteur (ZFI textiles, NTIC et agro-alimentaires),

nous avons repris les données sur la variation des investissements dans le document de la

Banque Mondiale portant sur les montants de crédits proposés à la République de Madagascar

dans la cadre du projet PIC.

Ainsi, l’investissement prévu pour les zones Antananarivo se chiffre à 1,8 million de

Dollars, soit 3,5 millions62 Ariary au début du projet, c'est-à-dire en 2006 et atteindra un

montant de 19,6 millions de Dollars, soit une valeur de 190,2 milliards Ariary en 2012.

Notons que cette année marque la fin des investissements prévus par le projet notamment les

investissements dans les installations des bâtiments et usines. Donc, on peut affirmer qu’à

partir de 2012, toutes les industries et sociétés des zones franches construites dans le cadre du

62 En prenant le cours moyen de change d’un Dollar à 9750 Fmg.

Page 99: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

88

PIC seront déjà opérationnelles et peuvent jouir des externalités positives des infrastructures

déjà existantes.

Il ressort donc de tout ce qui précède que les retombées du projet PIC, que ce soit en

matière de création d’emplois, de VA, des impacts sur la fiscalité et la balance commerciale,

ne seront pas moindres et qu’ils auront sans doute des effets importants sur l’économie de la

zone considérée. Néanmoins, de tels impacts ne se réaliseront pas et ne se diffuseront dans

l’espace régional voire national, sans l’application des mesures préalables et des mesures

d’accompagnement. C’est ce qui fera l’objet du prochain chapitre.

CHAPITRE 3 : LES PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT DU PROJET AU NIVEAU

REGIONAL ET NATIONAL

Comme nous avons déjà traité dans la partie théorique se rapportant au

développement dans une optique spatiale, les perspectives de développement au niveau

territorial ne pourront amener un développement régional voire national que par le biais des

effets d’additionnalité, de diffusion et d’entraînement du projet.

Ainsi, avant de voir les facteurs clés et les recommandations pour la réussite du

projet PIC, une attention particulière sera portée sur ces effets d’additionnalité et de diffusion.

Section 1. Les effets d’additionnalité et de diffusion du projet PIC.

Les effets d’additionnalité et de diffusion du projet PIC peuvent être conçus comme

conséquences de différents axes d’interventions sur chaque secteur porteur ou zone à travers

laquelle les éléments de compétition sont à améliorer. En d’autre terme, il peut s’agir des

effets positifs du projet sur le pôle proprement dit et ses environs à court et moyen termes.

Ainsi, pour mieux apprécier ces effets d’additionnalité et de diffusion, nous allons

voir successivement pour chaque secteur porteur les apports prévus par le projet et ensuite

nous formulerons les effets d’additionnalité et de diffusion proprement dits.

Page 100: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

89

A. Pour le développement du secteur textile :

Dans ce secteur, outre la mise en place de plate-forme d’infrastructures comme la

réhabilitation des routes, des bâtiments, des magasins de stockages,… de nombreuses autres

actions sont à réaliser.

Les principales actions prévues par le projet PIC pour l’amélioration de la

compétitivité concernent entre autres :

- l’attraction des Investisseurs Directs Etrangers (IDE) par le biais d’une

amélioration de l’approvisionnement en intrants ainsi qu’une modernisation de

l’administration douanière. Cette modernisation comprend entre autres la formation des

agents de la douane et des opérateurs privés, l’opérationnalisation du Sydonia ++ ;

- l’amélioration de l’offre en énergie qui devrait passer par une réhabilitation des

équipements existants, voire une extension par l’exploitation de nouvelles sources d’énergie.

La promotion des énergies renouvelables peut être aussi envisagée.

Pour cette action, l’apport du projet PIC consiste à la réhabilitation des équipements

de la JIRAMA qui devrait sans doute amener à l’effet d’additionnalité suivant : l’offre d’une

meilleure qualité de l’énergie (moins de coupure électrique ou délestage, régularité des

tensions, etc. …)

- l’intensification des réseaux des ports, voire la construction de nouveaux ports. Par

cette action, l’augmentation du trafic maritime qui entraînera automatiquement un

accroissement des volumes de produits exportables peut être considérée comme effet

d’additionnalité.

L’accélération des travaux de réhabilitation de Madarail qui est le concessionnaire

du réseau ferroviaire de l’île peut être aussi envisagée.

- enfin, l’amélioration de la compétitivité des entreprises locales par le biais de

renforcement du capital humain, l’amélioration des coûts de l’énergie et de la

télécommunication et la promotion de partenariat entre les différents acteurs. Ici, l’apport

essentiel du projet PIC consiste à la formation technique en textile des cadres et de la main

d’œuvre des entreprises. Comme effet d’additionnalité, on peut obtenir dans ce cas un

meilleur rendement des entreprises qui entraînera sans doute la diffusion des compétences et

de savoir-faire au niveau du pôle et des régions environnantes.

Page 101: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

90

B. Pour le développement du secteur agroalimentaire :

Dans ce secteur, les actions prévues sont à peu près les mêmes que dans le secteur

textile et comprennent entre autres :

- l’amélioration de l’accès aux infrastructures qui consiste notamment en la

réhabilitation des axes routiers vers les zones productrices agricoles, la mise en place des

programmes d’entretien routiers et la création de vraies zones industrielles. Rappelons que

l’apport du PIC dans ces actions consiste surtout à la création d’Agro technopôle à Antsirabe.

Dans ce cas, on peut enregistrer comme effets d’additionnalité la facilitation des

créations d’entreprises ainsi que l’accès aux marchés par la mise à disposition d’informations.

Il se peut également qu’il y ait une mise à disposition d’organismes d’appuis techniques qui

favorisent une meilleure profitabilité des entreprises.

- le développement de partenariats entre les opérateurs ; plus précisément, des

partenariats entre les centres de recherches, les entreprises, les producteurs et les exportateurs,

etc…

A cet effet, la mise en place d’une Ecole supérieure Agronomique ainsi que d’autres

partenariats entre l’Ecole et les entrepreneurs/industriels sont les principaux apports du PIC.

Ces actions enregistreront comme effet d’additionnalité l’amélioration de la productivité et de

la compétitivité tant au niveau local que régional.

- Il y a aussi lieu de renforcer le capital humain. Ici, il s’agit surtout de rationaliser

les appuis techniques aux paysans et aux fermiers, ainsi que de créer des centres de formation

technique agricole de niveau intermédiaire. Ainsi, l’effet d’une meilleure maîtrise des

techniques et des normes industrielles ne peut que favoriser la normalisation de toutes les

entreprises par l’effet de la concurrence.

Page 102: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

91

C. Pour le développement du secteur TIC :

Dans ce secteur, les actions à entreprendre concernent surtout :

- la sensibilisation des entreprises et de la population pour effectuer une

redynamisation du secteur télécommunication. Le Ministère de la Télécommunication ainsi

que des organismes internationaux tels que le PNUD joueront beaucoup dans la réalisation de

ces actions notamment, dans l’appui technique à l’élaboration de la politique nationale du

NTIC.

- l’encouragement à suivre des perfectionnements à haute valeur ajoutée qui

consistent à fournir des formations qui viseront la demande réelle, c'est-à-dire des

compétences qui collent aux besoins des entrepreneurs du NTIC. Pour la réalisation de ces

actions, le projet y contribue par le biais de la création d’un ITC ou Business Park à

Antanetibe. Avec de telles actions, il sera évident qu’il y aura une facilitation de la création

d’entreprises -à haute valeur ajoutée offshore- ainsi qu’une facilitation de l’accès aux marchés

de travail.

Notons que ces avantages constituent les principaux effets d’additionnalité du projet

dans le développement du TIC. Comme effet de diffusion, le secteur pourra avoir une

vulgarisation des services NTIC, au sein de toutes les entreprises du pôle dans un premier

temps.

Outre les effets d’additionnalité et de diffusion du projet pour le développement de

chaque secteur qu’on vient de traiter, de nombreux autres effets existent et comprennent

notamment :

- l’amélioration des capacités administratives de la commune pour mieux servir les

opérateurs et la population ainsi que l’efficacité en évolution des services administratifs ;

- l’accroissement du niveau de compétence du personnel et de la population qui

devrait générer de meilleures rentabilités pour les entreprises ;

- la concentration des activités de façon à pouvoir développer les unités sous-

traitantes environnantes, ce qui diminue par conséquent les coûts de production. A cet effet, le

développement des ces sous-traitances entraînera une diffusion des technologies et des savoir

faire.

Page 103: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

92

A partir de toutes ces explications, on a pu constater une nouvelle fois que les effets

bénéfiques du projet PIC tant au niveau du pôle qu’au niveau régional voire national ne sont

pas moindres. Ainsi, avec une bonne modalité d’applications, le projet a toute les chances de

réussir et de permettre ainsi un développement qui part d’un pôle de croissance et qui sera

diffusé au niveau de la région d’appartenance du pôle. Nous allons essayer de donner dans la

section qui suit les principaux facteurs clés de succès du projet.

Section 2 : Les facteurs clés et les recommandations pour le succès du projet

PIC.

De ce qui précède, la réussite du projet PIC s’inscrit dans le cadre d’une bonne

modalité de sa conceptualisation et de sa mise en œuvre. Ainsi, pour qu’il y ait vraiment un

réel succès dans la réalisation des objectifs du projet, des exigences majeures pour accélérer la

croissance, pour réduire la pauvreté et pour accroître les flux d’aide, devraient être prises en

compte. C’est dans ce contexte que certains points devraient faire l’objet d’un suivi attentif.

A. Les facteurs clés face aux principaux problèmes macro économiques :

1 .S’assurer que les pôles de développement profitent aux pauvres.

Le plus important pour que les objectifs du projet PIC se réalisent est que la

croissance future, qu’elle soit du pôle, de la région constituant le pôle ou de Madagascar,

profite aux pauvres davantage que par le passé. Soulignons que la période de croissance la

plus récente (1997-2001) a été tirée par la croissance des secteurs extractifs comme

l’exploitation minière et la pêche (avec des effets d’expansion relativement faibles) ainsi que

l’industrie avec un effet significatif sur l’emploi, et enfin, la construction, les services et le

tourisme.

A cet effet, pour que la croissance ait une base plus large par rapport au passé, les

investissements publics comme l’irrigation, routes et infrastructures générales de transport,

enseignement et santé, etc… doivent se concentrer non seulement dans les pôles mais aussi

dans les zones rurales pauvres à potentiel élevé du pôle considéré.

Mis à part les investissements dans les infrastructures, les financements dans la

transformation doivent bénéficier de plus en plus les activités agro-alimentaires présentant -

Page 104: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

93

selon un certain nombre d’études- un bon potentiel de rentabilité, si des investissements

publics complémentaires d’infrastructure sont en même temps réalisés.

2. Améliorer l’environnement pour les investissements.

Nous savons tous que les obstacles actuels les plus importants pour l’investissement

privé sont les suivants :

- le secteur bancaire est très concentré, ce qui limite par conséquent l’accès au crédit.

En effet, les banques, même si elles ont des excès de liquidités préfèrent les placer en bons de

trésor ou comme simples dépôts à la Banque centrale plutôt que de prendre des risques dans

les offres de crédit ;

- la disponibilité limitée de terrains pour des investissements fonciers ;

- les pratiques douanières discrétionnaires, corrompues avec de longs délais d’attente

pour les importations et les exportations des biens ;

- le système judiciaire est lent, inefficace et n’assure pas la sécurité ni la protection

du droit de propriété des investisseurs privés.

Ainsi, avec la promotion de partenariat public privé, l’environnement des affaires

devrait être amélioré pour être favorable et attrayant à la venue des investisseurs étrangers et

nationaux :

• Rendre plus efficace l’utilisation des ressources locales et étrangères :

Rendre l’utilisation des ressources plus efficiente et efficace est une condition impérative pour

que l’augmentation des ressources nationales et étrangères contribue à accroître l’effet des

dépenses publiques sur la pauvreté. Des réformes majeures sont ainsi requises concernant la

planification, l’exécution et les comptes-rendus des programmes d’investissement public et

privé qui s’inscrivent dans le cadre du projet.

• Aussi, il est question de réaliser les réformes nécessaires pour améliorer la

prestation de services publics ou assurer le développement institutionnel et/ou lutter contre la

corruption : De considérables réformes sont par ailleurs nécessaires pour améliorer la

prestation de services dans les secteurs clés. Mis à part les problèmes généraux de gestion des

finances publiques et de planification de budget, il importe aussi de renforcer le système

législatif et financier des collectivités locales, d’apporter des efforts considérables sur le

renforcement de capacité au niveau des communes pour améliorer la prestation de services

publics permettant ainsi de faciliter la venue et l’installation des investisseurs étrangers.

Page 105: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

94

B. Recommandations : les mesures à prendre pour qu’un développement

économique puisse avoir lieu au niveau régional voire national.

A partir de ce qui a été vu sur la question des faiblesses des zones constituant le

projet PIC axe Antananarivo-Antsirabe, quelques recommandations sont à prendre en compte

afin que le projet ait un succès. Ainsi, des mesures devraient être prises en considération dès

la phase même de commencement du projet afin de surpasser ces obstacles.

Parmi ces mesures, certaines relèvent de la responsabilité de l’Etat comme les

mesures relatives aux investissements en infrastructures, la politique économique,

l’application des réglementations, etc… et d’autres sont relatives à la politique de

développement régional comme le renforcement de capacité des communautés de base.

Enfin, des mesures qui relèvent d’une action concertée entre le secteur privé et l’Etat

devraient viser à instaurer un climat favorable pour les investisseurs.

Pour mieux apprécier ces mesures, nous allons les voir d’une façon détaillée. Nous

avons réparti ces derniers en quatre groupes à savoir :

• Les mesures à prendre pour que le projet soit bien géré ;

• ensuite les mesures visant à instaurer un climat propice aux investissements ;

• puis, les mesures qui s’imposent pour que d’autres activités économiques

émergent et donc que le développement retenu soit effectivement à base élargie ;

• enfin, les attitudes que l’Etat doit avoir pour prévenir et contenir les effets

pervers que peut susciter le projet de développement des pôles.

1. Dans le premier groupe de mesures, les suggestions à retenir sont :

- Effectuer une campagne de sensibilisation, de communication sur le projet PIC.

Au-delà du fait qu’elle suscitera l’adhésion de la force vive de la zone Antananarivo et

Antsirabe, une telle action éveillera aussi l’investissement en provenance d’autres régions de

Madagascar ;

- Renforcer les capacités des personnes concernées par la gestion du projet PIC en

général et en particulier ceux de l’axe étudié ;

- Instaurer la bonne gouvernance du projet en créant des groupes chargés de faire le

suivi, le contrôle de la gestion du projet qui assurera également une lutte contre les

malversations dans la conduite du projet.

Page 106: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

95

2. Pour ce qui est du deuxième groupe d’actions, il s’agit notamment de :

- Alléger les procédures administratives relatives à la création d’une entreprise ;

- Trouver des solutions aux problèmes liés aux litiges fonciers. Ainsi, une révision

des textes sur le foncier s’avère nécessaire. De même, une révision des textes sur le droit des

affaires est aussi à envisager.

- Trouver une solution permettant de faire baisser le coût de l’énergie et d’avoir une

meilleure qualité de services qui s’y rattachent. Avec ces faits, la rentabilité de

l’investissement se trouvera tout au moins garantie ;

- Sécuriser le climat d’investissement dans la région, ce qui donnera un signal fort à

l’endroit des investisseurs. Le but est surtout d’instaurer un climat de confiance sur

l’économie de la région voire l’économie de Madagascar.

3. Pour le troisième groupe d’actions, il faut :

- Avoir une vision partagée, concertée et soutenue du développement socio-

économique futur du pôle et du pays en général : ici, il faut avoir une définition quantitative et

objective de la vision. C'est-à-dire, avoir une vision très large des objectifs à réaliser.

- Appuyer le secteur privé par des financements appropriés tout en apportant des

formations aux dirigeants des PME et PMI ;

- Faire un jumelage entre le projet PIC de l’axe Antananarivo-Antsirabe et tout autre

projet similaire63 dans le pays ou de par le monde et qui a connu un succès pour un échange

d’expériences ;

- Favoriser l’émergence d’une banque de développement à Madagascar ;

- Mettre en place une structure d’appui et de financement des secteurs qui paraissent

prioritaires mais qui n’ont pas été pris en compte par le projet PIC dans la région.

4. Enfin, concernant le quatrième type d’actions, l’administration publique

doit assurer :

- La nécessité d’une stabilité sociopolitique : il s’agit surtout d’instaurer un système

de dialogue constructif entre les gouvernants et gouvernés. Ce qui devra passer

nécessairement par :

- L’instauration d’une bonne gouvernance : La bonne gouvernance inclut les actions

qui permettent d’assurer la transparence dans la gestion des affaires de l’Etat, la bonne

63 Ou du moins, ait une certaine ressemblance avec le projet PIC.

Page 107: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

96

communication et la diffusion des informations, la synergie de coordination des actions de

tous les intervenants, etc…

- Il conviendra également de bien délimiter le rôle de l’Etat dans le partenariat

Public Privé de façon à ce que l’Etat ne se positionne pas comme le premier concurrent du

privé.

Conclusion partielle

Dans cette partie, nous avons pu apporter un certain éclaircissement tant sur les

objectifs, les processus de mise en œuvre que sur les effets ou retombées possibles du projet

PIC sur l’économie de l’axe Antananarivo-Antsirabe dans le futur.

En effet, les objectifs du projet PIC s’inscrivent notamment dans le cadre de la mise

en œuvre des axes stratégiques du DSRP pour ne citer entre autres que l’atteinte d’un taux de

croissance de 8 à 10%. D’une manière ou d’une autre, le projet PIC contribue beaucoup à la

réalisation des objectifs que s’est fixé le Gouvernement de Madagascar en l’occurrence la

réduction de la pauvreté de moitié d’ici 2015 ainsi que l’atteinte d’un développement rapide et

durable.

Par ailleurs, nous avons pu également constater que les retombées du projet sont

considérables sur l’économie de la région où se trouvent les pôles. Ces effets sont toujours

d’une importance particulière tant en matière de création d’emplois, de création de la valeur

ajoutée que sur le solde des échanges extérieurs ainsi que la fiscalité ;

Néanmoins, si la projection a pu enregistrer des retombées considérables sur

l’économie de la région dans les années à venir, de tels effets ne se réaliseront pas sans

l’application ou la prise en considération de certaines mesures préalables dès la phase même

du commencement du projet ; des mesures qui concernent toutes les entités et acteurs de

développement d’une région et qui, dans l’ensemble, relèvent à la fois du domaine public et

privé.

Page 108: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

97

CONCLUSION GENERALE

Tout au long de cette étude, nous avons cherché à comprendre comment les pôles de

croissance pourraient amener un développement à un niveau régional ou national. Pour ce

faire, nous avons cherché à reconstituer le fil de l’avènement du concept de développement.

Ainsi, nous avons pu voir que le développement était intimement lié à l’idée de

l’évolutionnisme.

A partir de ces principes de l’évolutionnisme, nous avons pu dégager les préceptes

qui ont servi et ont permis l’élaboration des différentes théories du développement dans une

optique spatiale. Nous avons regardé particulièrement l’approche territoriale du

développement ainsi que les différentes approches qui lui sont proches tels que le

développement local, le développement endogène et les pôles de croissance. Dans le même

temps, nous avons examiné quelques expériences en matière de développement régional dans

un certain nombre de pays. Ce qui nous a permis de donner une certaine idée sur la réalité

d’une telle approche de développement dans les pays développés.

Au terme de ce parcours, il nous est apparu que le processus du développement, tel

qu’il a été défini et véhiculé depuis son avènement, est un construit social, économique et

culturel qui a fait depuis plusieurs années déjà l’objet de nombreux débats. En effet, à partir

de la prise de conscience que certaines parties du territoire national risquaient de prendre du

retard par rapport à la croissance très rapide des autres territoires, on peut dire que les régions

ne peuvent que souffrir du contexte actuel de la disparité régionale en matière de

développement.

Cette tendance qui est devenue presque inévitable dans plusieurs pays et qui,

conjuguée à une forte attraction que continue d’exercer les grands centres urbains, ne fait

qu’accentuer les différences en matière de développement entre les régions et en même temps

affaiblie les capacités productives de certaines régions.

Pour pallier à cette tendance, certains auteurs trouvent comme solution

d’entreprendre un développement qui prend comme base le territoire ou le milieu. Dans ce

cas, il est évident que le développement soit défini dans une optique beaucoup plus spatiale.

Page 109: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

98

Mais encore, une telle approche ne risquerait-elle pas d’accélérer davantage la disparité entre

les régions en matière de développement ?

En effet, des auteurs comme F. Perroux, par exemple, considèrent que pour remédier

à cette tendance, il faudrait au contraire mettre beaucoup plus l’accent sur un déséquilibre

naturel entre les régions en constituant un ou des pôles de croissance, pour que les effets de la

croissance qui se concentrent dans un territoire se diffuseront par la suite à un niveau régional

ou national, et ce par effet d’entraînement ou de diffusion.

Par ailleurs, des changements dans les stratégies de développement orientés vers la

construction d’une dynamique territoriale par le biais de la combinaison des trois mots clés :

compétitivité, attractivité et proximité, pourront aussi être considérés comme à la base d’une

approche régionale de développement partant de la mise en place des pôles de croissance.

Toutefois, sait-on vraiment si de tels facteurs de dynamisme territorial trouveront

effet dans la pratique ? De par cette question, nous avons essayé de montrer -dans l’étude de

cas du présent mémoire se rapportant sur un projet intitulé : Pôles Intégrés de Croissance ou

PIC dont l’objectif consiste à mettre en œuvre un ensemble d’initiatives de développement

dans trois zones stratégiques ou pôles de croissance- que ces facteurs de dynamisme territorial

pourront bien avoir des impacts positifs sur l’économie de la région.

En effet, nous avons pu constater à partir des observations et des projections sur les

impacts du projet dans les années à venir que les retombées possibles d’un tel projet ne sont

pas moindres sur l’économie de la région où se situe le pôle (ici, nous avons pris l’axe

Antananarivo-Antsirabe).

Ces effets peuvent toutefois être appréciés tant en matière de création d’emplois, de

valeur ajoutée que sur les variations du solde des échanges extérieurs ainsi que la fiscalité.

Néanmoins, de tels effets ne se réaliseront pas automatiquement sans l’application

au préalable des certaines mesures qui devraient accompagner le projet tout au long de sa

mise en œuvre. Des mesures qui relèvent à la fois de la compétence du secteur public en

l’occurrence l’Etat et celle du secteur privé.

Quant à l’expansion de tels impacts sur les territoires nationaux, nous pouvons dire

qu’ils se diffuseront sur l’économie nationale si le processus des effets d’additionnalité et

d’entraînement arrivent à prendre effet.

Page 110: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

99

Dans ce contexte, nous pouvons avancer que la construction et la mise en oeuvre

d’un ou des pôles de croissance au sein d’un pays pourront bien amener un développement

tant au niveau régional que national, si seulement des effets d’entraînements et de diffusions

des impacts du projet sur toutes les activités du territoire national se concrétisent. Ainsi, une

étude portant sur une analyse très poussée de ces effets d’entraînement et de diffusion du

projet PIC devrait ouvrir les voies aux chercheurs pour donner beaucoup plus de chance à

cette approche régionale de développement qui prend comme base le développement des

pôles de croissance…

Page 111: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

ANNEXE 1

Tableau 6 : Répartition de chaque branche d’activité des zones franches :

Hypothèse: les proportions de chaque secteur par rapport à l'ensemble sont

invariables

Textile 63,80%

ATP 5,90%

NTIC 8,10%

Autres 22,20%

100

Source: MICDSP/DAI, INSTAT

Tableau 7 : Proportions des exportations pour chaque secteur susceptible de toucher la

zone Tana Antsirabe

textile 15%

ATP 5%

NTIC 6%

autres 74%

Page 112: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

ANNEXE 2

Graphique : Répartition des unités de production qui seront installées dans le

cadre de la mise en œuvre du projet PIC.

Source : Document sur l’évaluation économique du projet PIC.

Page 113: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

ANNEXE 3

Tableau 8 : Nombre d’emploi par zones franches :

1 994 1 995 1 996 1 997 1 998 1 999 2 000 2 001 Nombre d'entreprises franches opérationnelles 66 98 110 124 154 168 191 213 Nombre d'emploi dans les entreprises franches 17 400 29 600 36 700 38 400 56 200 64 100 81 000 110 000 Nombre d’entreprises Textile 42 63 70 79 98 107 122 136 Nombre d’entreprises ATP 4 6 6 7 9 10 11 13 Nombre d’entreprises NTIC 5 8 9 10 12 14 15 17

Emploi textile par ZFI 168 193 213 198 233 243 271 329

Emploi ATP par ZFI 16 18 20 18 22 23 25 30

Emploi NTIC par ZFI 21 24 27 25 30 31 34 42

2 002 2003 2004 Nombre d'entreprises franches opérationnelles 132 166 186 Nombre d'emploi dans les entreprises franches 58 000 85000 115000 Nombre d’entreprises Textile 84 106 119

Nombre d’entreprises ATP 8 10 11

Nombre d’entreprises NTIC 11 13 15

Emploi textile par ZFI 280 327 394 Moyenne 259

Emploi ATP par ZFI 26 30 36 Moyenne 24 Emploi NTIC par ZFI 36 41 50 Moyenne 33 Source : Madagascar : Indicateurs économiques et financiers, 1994-2004. Mefb.

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ANNEXE 4

Tableau 9 : Répartition des industries agroalimentaires de la zone ATP d'Antsirabe 2008-2015

Source : Projet PIC. Données sur l’évaluation économique du projet PIC. Informations recueillies Au service Conseil en suivi, évaluation et Animateur du projet PIC. Tableau 10 : Hypothèse sur la création des entreprises de services informatiques dans le parc technologique d’Antanetibe. 207-2015 Unités 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Total Services informatiques 4 4 4 4 4 4 4 4 4 36

Télécentres 1 1 1 3

Centre de formation 0 1 1

Total 5 5 4 5 4 4 5 4 4 40

Source : Projet PIC. Données sur l’évaluation économique du projet PIC. Informations recueillies Au service Conseil en suivi, évaluation et Animateur du projet PIC. Tableau 11: Estimation des emplois créés par le pôle pour les horizons 2010 et 2015.

Emplois indirects

Pôles Horizon 2010 Horizon 2015

ATP 33 798 92 651

ZFI

NTIC

Fort Dauphin 13 818 16 255

Nosy Bé 3 231 10 781

Totaux 50 847 119 687

Source : Projet PIC. Données sur l’évaluation économique du projet PIC. Informations recueillies Au service Conseil en suivi, évaluation et Animateur du projet PIC.

2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Total

Transformation 0 0 2 2 0 2 2 0 2 2 12

Traitement 0 0 2 2 0 2 2 0 2 2 12

Total 0 0 4 4 0 4 4 0 4 4 24

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ANNEXE 5 Tableau 12 : Estimation des valeurs ajoutées, production, fiscalité et balance commerciale créées

par le ZFI. (En milliards Ariary)

2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Valeur Ajoutée 11,4 15,2 31,6 35,8 53,8 58,4 78,3 83,3 121,9

Production 45,5 61,6 127,8 144,7 217,6 236,2 316,3 336,8 492,5 Taxes et versements assimilés 0,079 0,105 0,219 0,248 0,372 0,404 0,541 0,577 0,843

Exportations 43,8 59,3 123,1 139,4 209,5 227,5 304,6 324,4 474,4

Importations 7 10,8 22,5 25,5 38,3 41,6 55,7 59,3 86,8

Balance commerciale 36,8 48,5 100,6 113,9 171,2 185,9 248,9 265,1 387,6

Source : EAI 98 (INSTAT), MEFB. Projet PIC. Données sur l’évaluation économique du projet PIC.

Tableau 13 : Estimation de la VA, de production, impôts et taxes, de la balance commerciale

crées dans la zone ATP en Milliard Ariary.

2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Valeur Ajoutée .. 10 22,4 24,6 38,6 54,4 59,9 78,5 99,5

Production .. 28,4 61,7 66,1 100,5 137,4 147 187,1 230

Impôts et taxes .. 0,59 1,33 1,46 2,32 3,28 3,61 4,75 6,02

Exportations 24,1 52,5 56,1 85,4 116,7 124,9 159 195,5 ..

Importations 6,4 13,8 14,5 21,7 29 30,5 38 45,7 ..

Balance commerciale 17,7 38,7 41,6 63,7 87,7 94,4 121 149,8 .. Source : EAI 98 (INSTAT), MEFB. Projet PIC. Evaluation économique du projet.

Tableau 14 : Estimation de la création de VA, des impôts et taxes du NTIC à Antanetibe en

Milliards Ariary)

2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Valeur Ajoutée 2.471 5.442 8.385 11.639 15.218 19.165 23.530 28.341 33.657

Production

Impôts et taxes 52,5 85 117,5 154,2 193,8 237,4 286,5 339,7 398,5 Source : EAI 98 (INSTAT), MEFB. Projet PIC. Données sur l’évaluation économique du projet.

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BIBLIOGRAPHIE

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nouveaux. 1996

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• Cours de Développement local. Première année DEA. Option Développement. 2003-

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• Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté. DSRP. Mai 2003

• Document of The World Bank. Project Appraisal Document on a proposed credit to

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• Données sur l’EPM 1999 dans toute la région d’Antananarivo. INSTAT

• Etude d’impact Environnemental et Social du projet PIC. Tecsult International.

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• Fano Andriamahefazafy, Approches et politiques de développement. Cours

« Développement et Croissance ». 3ème Année Economie. 2001-2002.

• Fano Andriamahefazafy, La croissance endogène : Interprétation et actualité.

Quel est l’apport des nouvelles théories de la croissance. Cours « Développement et

croissance ». 3ème Année Economie.2001-2002.

• George Soule. Qu’est-ce que l’économie politique ? Nouveaux Horizons. 1980

• Gérald Ayer. L’avenir de Madagascar : Idées-forces pour un vrai changement.

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Madagascar, Conférence: Développement économique, services sociaux et

pauvreté.11/06/03

• Lettre d’information. Avenir Croissance : Les pôles Intégrés de croissance. Un outil

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• Lexique d’Economie. Edition Dalloz. 2002

• Perroux. F, « La notion de pôle de croissance », Economie Appliquée.1955,

• Philippe Hugon, L’économie de l’Afrique. Edition La Découverte. 1993.

• Projet PIC. Données sur l’évaluation économique du projet PIC. Informations

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• R.Bénad, C.Nava, C.Saraf, Economie Générale. Hachette 1988.p 232.

• R.Camagni, Compétitivité territoriale, milieux locaux et apprentissage collectif : une

contre-réflexion critique. Revue d’Economie régionale et Urbaine. 2002

• Rist, Gilbert. Le développement : histoire d’une croyance occidentale. Ed Paris. 1996

• Sciences Economiques et sociales. Cours en 10 synthèses. Editions Berlin.1999

• Stratégie d’assistance au pays pour Madagascar (SAP). Groupe de la Banque

Mondiale. 2004-2006.

• Tremblay D.G, Développement local, districts industriels et milieux innovateurs :

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• Wallerstein. Fiche de lecture 2004. (Wallerstein, 1982)

• Y.Trotignon. Les pays en développement face au XXème siècle. Dunod.

Adresses Electroniques :

• www.ecosysteme-croissance.com ; Pôles Intégrés de Croissance :

• www.croissancemadagascar.com ; Les Pôles Intégrés de Croissance, Un outil au

service de l’investissement et du développement. Cellule de communication du projet

PIC.

• www.globenet.org ; Développement local. Horizon local. 1997.

• www.network.org ; Jules Gazon. Développement local et régional basé sur l'initiative

des PME : Application au bassin industriel sérésien.

Page 118: APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET PÔLES DE …

Nom et Prénoms : RAZANAMAHENINA Jean Ulrich

Titre de mémoire : L’approche régionale de développement et pôles de croissance.

Cas du projet PIC sur l’axe Antananarivo-Antsirabe.

Nombre de pages : 99

Nombre de tableaux : 14

Nombre de figures : 02

RESUME

Tout au long de la présente étude, nous avons essayé d’apporter des explications et quelques éléments de réponse à la question : « Que faire et comment faire pour que la constitution d’un ou des pôles de croissance puisse amener un développement tant au niveau régional que national ? »

Pour ce faire, une approche théorique de développement mettant l’accent sur la notion du milieu et du territoire, a été appréciée permettant ainsi de discerner les facteurs déterminant pour le développement de pôles de croissance.

Mais encore, sait-on si ces facteurs trouveront effets dans la pratique ? C’est dans ce contexte que nous avons essayé de montrer, à travers un projet intitulé : Pôles Intégrés de Croissance ou PIC ; la pertinence d’une telle approche de développement basée sur des pôles de croissance.

Ainsi, nous avons pu constater à partir d’analyse et de projection que les retombés du projet ne sont pas moindres tant en matière de création d’emplois et de valeur ajoutée que sur la fiscalité et les échanges extérieurs. Néanmoins, de tels effets suscitent une attention particulière de la part de tous les acteurs, partenaires et bailleurs de fonds du projet.

Quant à la diffusion de ces impacts au niveau régional voire national, les accents devraient être mis sur les effets d’additionnalité et d’entraînement du projet. De tels effets qui ne se concrétiseront sans la prise en compte de certaines mesures d’accompagnement face aux différents risques du projet.

Bef, son avenir et surtout son succès restent donc à vérifier. Mais ce que l’on peut dire, c’est que : tout comme tant d’autres programmes, le projet

PIC est un défi, « un défi soit disant majeur » mais réalisable. Donc, c’est à nous : simples citoyens, entrepreneurs, bailleurs et surtout l’Etat de relever ce défi.

Mots clés : Développement territorial - Développement régional - Pôles de croissance - Pôles

Intégrés de Croissance - Développement endogène - Compétitivité - Attractivité - Proximité.

Professeur encadreur : Monsieur ANDRIANOMANANA Pépé.

Adresse de l’auteur : Lot K 6 083 Ivato Aéroport Antananarivo 105

Lot IDF 36 Bis Tanambao Sud. Vatomandry 517.