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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ****************
Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie ****************
Département ECONOMIE ****************
DEA Option : Développement
Mémoire de fin d’études pour l’obtention de Diplôme d’Etudes Approfondies en Sciences Economiques
Etude de cas : Le projet Pôles Intégrés de Croissance ou PIC sur l’axe Antananar ivo-Antsirabe.
Par : Mr RAZANAMAHENINA Jean Ulr ich
Encadré par : Monsieur ANDRIANOMANANA Pépé
Professeur Titulaire
Directeur du Centre d’Etude Economique
* ********************** Année Universitaire 2004-2005
APPROCHE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ET
PÔLES DE CROISSANCE
Date de Soutenance : 26 Novembre 2006
i
RREEMM EERRCCII EEMM EENNTTSS
Avant toute chose, je remercie Dieu de m’avoir donné la force pour finir cet ouvrage.
Je prie aussi Monsieur ANDRIANOMANANA Pépé, professeur encadreur du présent
mémoire, de bien vouloir accepter ma gratitude et mes reconnaissances pour ses conseils sans
lesquels je n’avais pas pu réaliser cette étude.
Les mots adéquats me manquent pour exprimer mes vifs remerciements à :
- Madame MARO Tiana Patricia, Conseiller en Suivi, Evaluation et Animateur du
projet PIC pour son étroite collaboration ainsi que ses aides précieuses dans les
collectes d’informations et de données.
- Tous les enseignants de la filière Economie, de la Faculté DEGS de l’Université
d’Antananarivo, qui tout au long de ces plusieurs années universitaires n’ont guère
ménagé leurs efforts pour faire de nous, de vrais Economistes.
- Tous les membres de ma famille, en particulier ma sœur pour ses inestimables
soutiens et réconforts pendant toutes ces années d’études.
Enfin, dans l’impossibilité matérielle de citer ici tous ceux qui ont contribué, de près
ou de loin, à la réalisation de ce mémoire, je leur prie de bien vouloir trouver l’expression de
ma considération et de mes meilleurs souvenirs.
L’auteur
ii
RESUME ANALYTIQUE
La mise en place d’un ou des pôles de croissance pourrait-elle amener un
développement tant au niveau régional que national d’un pays ? Telle est la problématique
qu’on s’est posé dans la présente étude et à laquelle on devrait apporter une certaine
explication et fournir quelques éléments de réponse.
Pour ce faire, nous avons divisé notre étude en deux parties. Dans un premier temps,
nous avons fait une approche théorique des éléments qui se rattachent au sujet. Il s’agit
notamment de quelques théories de développement qui mettent l’accent sur la notion de
milieu ou de territoire comme base de tout processus de développement.
Les facteurs déterminants pour le développement des pôles de croissance ont été traités afin
d’avoir une meilleure vision des conditions de réussite d’une telle approche de
développement. Dans cette partie, nous avons également apprécié quelques expériences des
pays qui ont appliqué une approche régionale de développement se basant sur des pôles de
croissance dans leur politique de développement.
Dans un second temps, nous avons essayé d’étudier et analyser les aspects pratiques de
cette approche de développement régional basée sur l’existence de pôles de croissance à partir
d’un projet intitulé : Pôles Intégrés de Croissance ou PIC à Madagascar et qui a notamment
pour objectif de faire le développement de Madagascar à partir de trois pôles de croissance
qui comprennent le pôle Antananarivo-Antsirabe, le pôle de Nosy-Be et le pôle de Tolagnaro.
Trois pôles qui ont été choisis à cause de leurs très fortes potentialités économiques. En effet,
les trois principaux secteurs porteurs de Madagascar se situent dans ces trois zones à savoir :
le secteur tourisme, le secteur minier et les manufactures des zones franches industrielles.
Par ailleurs, la mise en place d’un tel projet qui consiste généralement à réaliser une
plate forme d’infrastructures qui serviront de levier au développement de ces secteurs
économiques prioritaires aura sûrement des effets non négligeables sur l’économie de la zone
où se situe le pôle d’une part et de la région constituant le pôle voire le territoire national,
d’autre part. Mais il faut dire que de tels effets ne s’apprécient pas à partir d’une simple
constatation des faits. Il faut une analyse très succincte de tous les indicateurs susceptibles de
changer ou de croître avec la mise en œuvre du projet.
iii
Dans notre étude qui porte particulièrement sur le pôle Antananarivo-Antsirabe, nous
avons surtout considéré les retombées du projet PIC sur l’emploi, la valeur ajoutée, la
production, les échanges extérieurs et la fiscalité.
En effet, il est évident que les nouvelles entreprises qui seront implantées dans le cadre de la
mise en œuvre du projet PIC vont immédiatement permettre de créer de nouveaux emplois
non seulement dans les domaines qui sont directement liés aux activités du pôle (la
construction du site, la réalisation des diverses infrastructures et les activités de production
proprement dites), mais également dans d’autres secteurs d’activités tels que le commerce,
l’approvisionnement, le transport, etc… et ce d’une façon induite, formelle ou informelle.
Aussi, bien que les entreprises qui s’implanteront, soient sous le régime des entreprises
franches et donc exonérées de certaines taxes, elles auront tout de même des impacts sur la
fiscalité. Cependant, soulignons que lorsque l’Etat décide d’opérer sous le régime des zones
franches, c’est davantage pour bénéficier des capitaux étrangers et des transferts de
technologie que pour des recettes fiscales.
Notons également qu’avec un régime de zones franches industrielles, il serait évident
que la production des entreprises qui seront créées, sera destinée à l’exportation. Ce qui aura
sans doute des impacts sur la balance des échanges commerciaux.
Mais encore, même si l’idéal était de faire l’analyse qualitative des retombées du
projet PIC sur l’économie de l’axe Antananarivo-Antsirabe, il aurait été ambitieux de fournir
des données quantitatives sur ces impacts. Et c’est d’ailleurs ce qui nous a amené à faire une
projection de ces impacts à partir des données disponibles. Les résultats obtenus seront
ensuite analysés et interprétés et ce, dans le but d’éclairer les responsables du projet sur les
impacts éventuels de leurs futures actions. Ils seront dès lors en mesure de se positionner et
d’apporter des corrections si celles-ci ont lieu d’être.
Enfin, comme on a déjà vu, les retombées de cette approche de développement basée
sur la mise en place des pôles de croissance ne sont pas négligeables. Néanmoins, ils suscitent
une attention particulière de la part de tous les acteurs, partenaires et bailleurs de fonds du
projet, destinée à assurer le succès de leur démarche. C’est ainsi qu’un rôle essentiel a été
réservé au secteur privé en sa qualité de moteur de développement. Et ce d’autant plus qu’il
s’inscrit pleinement dans le cadre de la promotion du partenariat public-privé illustré par une
coopération véritable entre les entreprises, les régions et la population.
iv
Quant à la diffusion de ces impacts au niveau régional voire national, les accents ont
été mis sur la considération des effets d’additionnalités et d’entraînement du projet. De tels
effets qui ne se concrétiseront sans la prise en compte de certaines mesures
d’accompagnement face aux différents risques du projet ainsi qu’un cadre spécifique
d’investissement.
Bref, le projet PIC sur les trois pôles en général et sur l’axe Antananarivo-Antsirabe en
particulier, se veut d’être très ambitieux en matière de retombées sur l’économie de
Madagascar. Ainsi, son avenir et surtout son succès restent à vérifier.
Mais ce que l’on peut dire, c’est que : tout comme tant d’autres programmes, le projet
PIC est un défi, « un défi soit disant majeur » mais réalisable. Donc, c’est à nous : simples
citoyens, entrepreneurs, bailleurs et surtout l’Etat de relever ce défi.
v
TABLE DES MATIERES
Remerciements ......................................................................................................................................... i
Résumé analytique .................................................................................................................................. ii
Liste des tableaux et figures ................................................................................................................. viii
Liste des abréviations ............................................................................................................................. ix
Liste des annexes ...................................................................................................................................... x
Introduction .............................................................................................................................................. 1
Partie I : LES POLES DE CROISSANCE POUR UN DEVELOPPEMENT REGIONAL ........... 4
Chapitre1: Approche territoriale de développement et théories de développement dans une
optique spatiale ....................................................................................................................................... 5
Section 1 : La notion de développement .................................................................................................. 5
A. L’avènement du développement ...................................................................................... 6
B. La nature du développement ............................................................................................. 8
C. Les théories du développement ....................................................................................... 8
D. Comment mesurer le développement ............................................................................. 10
E. Les échecs en matière de développement : les crises du système économique mondial . 11
Section 2 : Les théories du développement en optique spatiale ............................................................. 12
A. Un peu d’histoire ......................................................................................................... 12
B. Le développement endogène ......................................................................................... 13
C. Le développement local ................................................................................................ 15
D. Les districts industriels et les milieux innovateurs ....................................................... 17
E. Le développement économique communautaire .......................................................... 18
F. La théorie des pôles de croissance ................................................................................. 19
Section 3 : Les pôles de Croissance fortement liés à la notion : d’attractivité, de compétitivité et de
proximité ............................................................................................................................. 21
A. La notion d’attractivité et de compétitivité .................................................................. 21
B. Deux notions distinguées mais complémentaires ......................................................... 23
C. La proximité .................................................................................................................. 25
vi
Chapitre 2 : Les facteurs déterminants de développement des pôles de croissance ...................... 28
Section1 : L’organisation géographique et administrative du territoire ............................................... 28
A. Comprendre l’organisation géographique et administrative du territoire ..................... 28
B. L’intégration territoriale pour une efficacité des pôles de croissance .......................... 29
C. Les facteurs d’une coordination volontaire efficace des acteurs ................................... 30
D. Trois axes d’intervention principale sur le territoire ..................................................... 32
E. L’impératif de l’aménagement du territoire ................................................................... 33
F. Prendre en compte les contraintes de l’environnement .................................................. 34
Section 2 : Les acteurs qui entrent en jeu dans le processus de développement des pôles ................... 34
A. Les acteurs de développement dans les pôles ............................................................... 34
B. La classification des acteurs .......................................................................................... 35
C. Entreprises et espace urbain .......................................................................................... 37
Section 3 : La maîtrise des stratégies de développement et la gestion de l’espace ................................ 38
A. Les stratégies des acteurs de développement d’un pôle de croissance ....................... 38
B. Les stratégies reliées à l’apprentissage collectif ....................................................... 39
C. La nécessité d’une gouvernance locale ....................................................................... 40
Chapitre 3 : Leçons à tirer des expériences de certains pays en matière de développement
régional. ................................................................................................................................................. 43
Section 1 : Les pratiques et les exemples de développement régional partant des pôles de croissance . 43
A. L’expérience Québécoise en matière de développement régional ............................... 43
B. Les pôles de compétitivité ou de croissance dans certains pays européens ............. 46
C. La régionalisation au Maroc ........................................................................................ 48
Section 2 : Les impératifs d’un pôle de Croissance pour le développement régional voir national...... 49
A. Une meilleure stratégie du milieu ............................................................................... 49
B. Une meilleure combinaison de l’information, animation et action ............................ 50
C. La dynamique territoire : mettre le pôle en état de se développer ............................... 50
D. Mettre beaucoup plus l’accent sur une politique territoriale que sectorielle .............. 52
Conclusion partielle ............................................................................................................................... 53
Partie II : LE PROJET POLES INTEGRES DE CROISSANCE OU PIC : AXE
ANTANANARIVO- ANTSIRABE .................................................................................................... 55
Chapitre 1 : Description générale du projet PIC .......................................................................... 57
Section 1. Contexte et objectifs globaux du projet PIC ....................................... 57
A .Le projet PIC ................................................................................................................ 57
B. Les différents pôles ........................................................................................................ 59
vii
Section 2. Cadre logique du projet PIC et sa comptabilité par rapport aux axes
stratégiques du DSRP ............................................................................................................. 62
A. Le cadre logique du projet PIC .......................................................................... 62
B. La comptabilité du projet par rapport aux axes stratégiques du DSRP ...................... 63
Section 3. Etat des lieux du pôle Antananarivo-Antsirabe .................................. 67
A. Présentation de l’axe Antananarivo-Antsirabe ............................................................. 67
B. Les forces et faiblesses de l’axe Antananarivo-Antsirabe ............................................. 71
Chapitre 2 : Projection et analyse des impacts du projet sur l’économie de la région constituant
le pôle considéré d’ici 2015 ................................................................................................ 74
Section 1. Les activités prévues par le projet sur le pôle
Antananarivo-Antsirabe .......................................................................................... 74
A. Les sous-projets ........................................................................................................... 74
B. Le Parc technologique d’Antanetibe ............................................................................ 75
C. L’Agro technopôle d’Antsirabe ................................................................................... 76
D. Les zones franches industrielles à Antananarivo (ZFI) ............................................... 77
Section 2. Projection et analyse effets probables du projet dans l’économie de la région
constituant le pôle d’ici 2015 ................................................................................................. 79
A .Les Impacts en matière de création emplois et création de la valeur ajoutée ................ 81
B. Les retombées du projet sur la création de valeurs ajoutées, la balance commerciale et
la fiscalité ........................................................................................................................... 85
Chapitre 3 : Les perspectives de développement du projet au niveau régional et national ........... 88
Section 1. Les effets d’additionnalité et de diffusion du projet PIC ................... 88
A. Pour le développement du secteur textile ..................................................................... 89
B. Pour le développement du secteur agroalimentaire ....................................................... 90
C. Pour le développement du secteur TIC ......................................................................... 91
Section 2 : Les facteurs clés et les recommandations pour le succès du projet PIC ....... 92
A. Les facteurs clés face aux principaux problèmes macro économiques .......................... 92
B. Recommandations : les mesures à prendre pour qu’un développement
économique puisse avoir lieu an niveau régional voire national ........................................................... 94
Conclusion partielle .............................................................................................................................. 96
CONCLUSION .................................................................................................................................... 97
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
viii
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES
Tableau 1 : Les huit échelons territoriaux.
Tableau 2: Correspondance entre les axes stratégiques du DSRP et les contributions du PIC.
Tableau 3 : Cohérence entre les objectifs de base du DSRP et les contributions du PIC.
Tableau 4: Surfaces consacrées aux investissements du projet PIC.
Tableau 5 : Nombre d’emplois créés dans la zone Antananarivo-Antsirabe.
Tableau 6 : Répartition de chaque branche d’activité des zones franches.
Tableau 7 : Proportions des exportations pour chaque secteur susceptible de toucher la zone
Tana Antsirabe.
Tableau 8 : Nombre d’emplois par zones franches.
Tableau 9 : Répartition des industries agroalimentaires de la zone ATP d'Antsirabe 2008-2015
Tableau 10 : Hypothèse sur la création des entreprises de services informatiques dans le parc
technologique d’Antanetibe. 207-2015.
Tableau 11: Estimation des emplois créés par le pôle pour les horizons 2010 et 2015.
Tableau 12 : Estimation des valeurs ajoutées, production, fiscalité et balance commerciale
créées par le ZFI en milliards Ariary.
Tableau 13 : Estimation de la VA, de production, impôts et taxes, de la balance commerciale
créés dans la zone ATP en Milliard Ariary.
Tableau 14 : Estimation de la création de VA, des impôts et taxes du NTIC à Antanetibe en
Milliards Ariary.
Figure 1. L’octogone d’un territoire pour soutenir le developpement regional
Figure 2. Les acteurs du developpement local et regional presentes dans les quatre spheres
d’activites d’un territoire.
ix
LISTE DES ABREVIATIONS AGOA : Africa Growth Opportunity Act.
APE : Accord de Partenariat Economique.
ASEAN : Association des Nations du Sud-Est Asiatique.
ATP : Agro Technopôle.
CAPE : Comité d’Appui au Pilotage des Entreprises.
CECAM : Caisse d’Epargne et Crédit Agricole Mutuel.
CNAPS : Caisse Nationale de Prévoyance Sociale.
COI : Commission de l’Océan Indien.
DSRP : Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté.
FMI : Fonds Monétaire International.
GUIDE : Guichet Unique des Investissements et de Développement des Entreprises.
IDE : Investissement Direct Etranger.
IDH : Indicateur de Développement Humain.
IPH : Indicateur de Pauvreté Humain.
ISDH : Indicateur Sexospécifique de Développement Humain.
NTIC : Nouvelle Technologie de l’Information et de Communication.
OMC : Organisation Mondiale de Commerce.
ONG : Organisation Non Gouvernementale.
ONU : Organisation des Nations Unies.
OSTIE : Organisation Sanitaire Tananarivienne des Inter Entreprises
PIC : Pôles Intégrés de Croissance.
PME : Petites et Moyennes Entreprises.
PMI : Petites et Moyennes Industries.
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement.
PPIC : Projet Pôles Intégrés de Croissance.
QMM : QIT Madagascar Minerals.
SADC: Southern African Development Community.
SPL : Système Productif Localisé.
STAR : Société Tananarivienne de Réfrigération.
TIC : Technologie de l’Information et de Communication.
VA : Valeur Ajoutée
ZFI : Zones Franches Industrielles.
x
LISTE DES ANNEXES
Annexe 01 : Tableau 6 .Répartition de chaque branche d’activité des zones franches
Tableau 7. Proportion des exportations pour chaque secteur susceptible de
toucher la zone Tana Antsirabe.
Annexe 02 : Graphique. Répartitions des unités de production de Zones Franches qui seront
installées dans le cadre de la mise en œuvre du projet PIC.
Annexe 03 : Tableau 8. Nombre d’emplois par Zones franches.
Annexe 04 : Tableau 9. Répartition des industries agroalimentaires de la zone ATP
d'Antsirabe 2008-2015
Tableau 10. Hypothèse sur la création des entreprises de services informatiques
dans le parc technologique d’Antanetibe. 207-2015.
Tableau 11. Estimation des emplois créés par le pôle pour les horizons 2010
et 2015.
Annexe 05 : Tableau 12 : Estimation des valeurs ajoutés, production, fiscalité et balance
commerciale créées par le ZFI en milliards Ariary.
Tableau 13 : Estimation de la VA, de production, impôts et taxes, de la balance
commerciale crées dans la zone ATP en Milliard Ariary.
Tableau 14 : Estimation de la création de VA, des impôts et taxes du NTIC à
Antanetibe en Milliards Ariary.
Bibliographie.
1
INTRODUCTION GENERALE
Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l’analyse économique du
développement est indissociable des évolutions politiques. Les théories économiques qui s’y
rattachent avaient fait et continuent de faire l’objet d’importantes remises en cause. En effet,
dans cette ère de la mondialisation où : - l’opinion publique est déroutée quant à la pertinence
d’un tel système, - les dirigeants de tout bord sont, eux aussi, désorientés à cause de leur
marge de manœuvre très réduite, ou plus encore - l’Europe elle-même cesse de représenter
une espérance dès lors qu’elle ne s’avère pas en mesure d’apporter des solutions aux
problèmes rencontrés par le plus grand nombre de ses citoyens… le processus de
développement est davantage défini en termes territoriaux ou régionaux et est associé à la
capacité des acteurs de mettre en œuvre des projets qui valorisent les ressources humaines et
qui génèrent des bénéfices pour l’ensemble de la communauté régionale. C’est surtout cette
dernière idée qui a ouvert la voie à ce qu’on appelle le développement régional ou l’approche
régionale de développement.
La notion de développement régional est sans doute présente dans de nombreux
discours sur le développement. Mais encore, sait-on vraiment de quoi on parle ? C’est ainsi
que la question liée à l’approche régionale du développement fait depuis plusieurs années
déjà l’objet de nombreux débats tant sur la définition même du concept que sur les moyens de
sa mise en œuvre. En effet, nombreux sont les personnes et auteurs qui confondent la notion
de développement régional à d’autres approches de développement qui mettent plus de valeur
à l’espace tels que le développement local, le développement endogène et les pôles de
croissance.
Michel Boisvert -pour sa part- assimile le développement endogène et le
développement régional et il affirme ainsi : « Ce courant [… en parlant du développement
endogène], mieux connu sous le nom de développement régional ou local, est le seul qui met
autant d’accent sur le milieu comme facteur de développement ».
2
Ainsi, afin de mieux appréhender le concept, quelques questions méritent d’être
soulignées à savoir :
• Comment se conçoit l’émergence du concept de développement régional ?
• Qu’est-ce qui le différencie des autres approches de développement sus-
mentionnées notamment le développement local et les pôles de croissance ? Ici, l’accent
devrait être mis beaucoup plus sur la complémentarité de ces différentes approches plutôt que
sur la distinction proprement dite. C’est dans ce contexte que le thème du présent mémoire
trouve tout son intérêt. D’où la question :
• Que faire et comment faire pour qu’une approche de développement partant de
la constitution d’un ou des pôles de croissance puisse atteindre un degré élevé de
développement à un niveau régional ou national ? En d’autre terme, il est question de savoir si
le processus de développement des pôles de croissance pourrait amener un développement
régional.
Ces différentes questions trouveront réponses à travers les nombreuses applications
d’une approche régionale de développement notamment dans divers pays comme le Québec,
la France, etc…
Dans cette approche, nombreux sont ceux qui ont pu aboutir dans leurs objectifs et
donc ont pu
parvenir à leur développement. Néanmoins, le nombre d’échecs dans ce processus de
développement régional n’est pas moindre.
En outre, l’Afrique -en général- et Madagascar -en particulier- n’étaient pas en reste
dans ce processus de développement régional lequel prend comme base la mise en place ou
l’existence des pôles de croissance. En effet, Madagascar -dans le cadre de son objectif de
« développement rapide et durable » et, conformément à la mise en œuvre du Document
Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté ou DSRP- a adopté une stratégie de
développement basée sur la promotion des régions. Ainsi, avec l’appui de ses partenaires et
bailleurs de fonds, ce pays conçoit et développe de nouvelles idées et stratégies de
développement comme les Pôles Intégrés de Croissance ou PIC.
Dans ce sens, le Gouvernement de Madagascar se propose d’entreprendre une
initiative de développement multisectoriel et ce, notamment dans le cadre d’un projet intitulé
le « Projet Pôles Intégrés de Croissance » ou PPIC.
3
En un mot, le projet vise à promouvoir une croissance régionale à travers
l’augmentation des investissements publics et privés et la création d’emplois pour favoriser la
croissance à court terme. Mais la question qui se pose est la suivante : connaît-on vraiment si
ces objectifs pourront être atteints ou non dans l’avenir ? Tel est l’objet de l’étude de cas du
présent mémoire. Notons que la présente recherche a pour but de définir et d’analyser les
impacts susceptibles d’être engendrés par le projet PIC.
Pour ce faire et pour essayer d’apporter un élément de réponse à la problématique
posée dans cette étude, notre recherche est divisée en deux parties :
- En premier lieu, traiter les aspects théoriques d’une approche territoriale ou régionale
de développement ainsi que des pôles de croissance. Pour cela, le premier chapitre parlera de
l’approche régionale de développement et des théories de développement dans une optique
spatiale et le deuxième évoquera les facteurs déterminants relatifs au développement des pôles
de croissance ; dans le troisième, quelques exemples et/ou pratiques de développement
régional dans certains pays nous permettront d’apprécier les impératifs qui s’y rattachent.
- En second lieu, cette partie consistera en la projection et analyse économique des
impacts du projet Antananarivo Antsirabe dans les années à venir dont un chapitre donnera
une description générale du projet PIC, un second traitera la projection sur les impacts futurs
du projet et enfin, un troisième mettra l’accent sur les perspectives de développement du
projet à un niveau régional voire national.
4
PPaarr tt iiee II
LL EESS PPOOLL EESS DDEE CCRROOII SSSSAANNCCEE PPOOUURR
UUNN
DDEEVVEELL OOPPPPEEMM EENNTT RREEGGII OONNAALL
5
La mise en place d’un ou des pôles de croissance dans un pays n’entraîne pas
automatiquement un développement à un niveau régional voire national. Ainsi, pour mieux
apprécier les rouages d’un processus de développement régional à partir des pôles de
croissance, nous allons revenir dans un premier temps sur la notion même du développement
ainsi que les théories qui s’y rattachent, surtout dans une optique territoriale.
Ensuite, une attention particulière sera portée sur les facteurs déterminants de
développement des pôles de croissance.
Enfin, nous apprécierons quelques exemples ou pratiques d’une approche régionale de
développement partant des pôles de croissance dans certains pays.
CHAPITRE I : APPROCHE TERRITORIALE DE DEVELOPPEMENT ET
THEORIES DE DEVELOPPEMENT DANS UNE OPTIQUE SPATIALE
Dans ce contexte où l’analyse économique du développement est indissociable des
évolutions politiques mondiales et surtout des efforts sans précédent de la part de la
Communauté internationale pour accélérer le développement des pays pauvres, les théories
économiques qui se rattachent au développement avaient fait et continuent de faire l’objet
d’importantes remises en question. C’est ainsi qu’actuellement, ce développement est
davantage défini en termes locaux ou régionaux et met beaucoup plus l’accent sur l’espace ou
le territoire.
Pour mieux appréhender cette approche de développement territorial, nous allons tout
d’abord faire le contour de la notion de développement. Ensuite, nous évoquerons les théories
de développement dans une optique spatiale. Enfin, nous terminerons ce premier chapitre par
une explication du concept de pôles de croissance.
Section 1 : La notion de développement.
Quel que soit le sens donné au mot développement, la notion est clairement comprise
par un certain nombre de personne. Mais pour notre part, le développement est sûrement la
question économique, humaine et sociale la plus importante de notre temps.
6
Ainsi, la première question que nous avons voulu examiner sur la notion de
développement se rapporte à son origine : Comment a-t-il été élaboré ? Comment en est-il
arrivé à être une notion si importante dans les sociétés contemporaines et pourquoi ?
Un premier élément de réponse à ces questions est que le développement est associé à
la théorie de l’évolution naturelle. En effet, selon Gilbert Rist, « le développement est
assimilé au processus qui induit le changement dans l’évolution naturelle. De l’évolution
naturelle au changement social, la transposition semble assez simple à réaliser ». Ainsi,
l’évolution et le changement social deviennent le processus de développement.
Mais pour une acception plus économique du terme, François Perroux dans son
ouvrage l’Economie du XXème siècle définissait le développement comme «la combinaison
des changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître,
cumulativement et durablement, son produit réel global»1.
D’après cette définition, le développement est donc un ensemble de mutations et
d’accumulations qui s’intègrent au fil des années pour augmenter le produit réel global.
Or, certains pays n’arrivent pas à cette phase d’accumulations engendrant ainsi des
inégalités de développement plus ou moins importantes : d’une part, les pays développés
connaissent l’abondance, la consommation de masse, et une certaine forme de gaspillage ; et
d’autre part, les pays moins avancés vivent la faim, la misère, le surpeuplement, etc.….
Actuellement, ces inégalités de développement sont si flagrantes qu’elles peuvent être
facilement constatées à l’aide d’indicateurs élémentaires laissant apparaître une grande
disparité entre ces deux groupes de nations tel que le revenu par habitant.
A. L’avènement du développement :
En partant de l’idée que le développement se base sur l’évolution naturelle suivie par
de changement social, la notion de développement apparaît comme un processus de mutation
ininterrompue, ayant des effets cumulatifs. Voilà qui nous donne le premier aspect du
développement ainsi que son origine.
1 F.Perroux in R.Bénad, C.Nava, C.Saraf. Economie Générale. Hachette 1988. p 232
7
Dans la littérature scientifique, l’avènement du développement se présente comme
« une histoire qui va d’Aristote jusqu’au XIXème siècle où l’on verra le triomphe de
l’évolutionnisme social, où les progrès de la technique et de la science vont devenir les
moteurs de la croissance et de sa représentation, le développement »2.
Dans cette perspective, le développement est non seulement irréversible, mais il
apparaît aussi inévitable, tout comme l’évolution naturelle. Cette perception d’un
développement inévitable va se propager avec le discours d’un des dirigeants de puissances
occidentales, notamment lors du discours de président américain Harry Truman, en janvier
1949, alors qu’il parlait de « lancer un nouveau programme qui soit audacieux et qui mette les
avantages de leur avance scientifique et de leur progrès industriel au service de l’amélioration
et de la croissance des régions sous-développées »3.
Du même coup et pour la première fois, sur les scènes politiques importantes,
surgissait une nouvelle conception du monde selon laquelle tous les peuples de la terre
doivent suivre la même voie et aspirer à un but unique : le développement. Autrement dit,
avec la conception de développement promulgué par Truman en 1949, c’est à la fois le
concept de développement et de sous-développement qui apparaît. Dans cette optique, le
développement est incontournable : car il devient la voie à suivre pour les pays qui n’ont pas
encore suivi la façon de se développer des occidentaux ; et le sous-développement est l’autre
voie, celle qui est à éviter.
Notons que cet avènement du concept de développement lancé par le président
Truman ne représente qu’une partie du long cheminement effectué par ce concept. Cependant,
si le discours du président Truman est relaté comme un élément important de l’essor du
concept de développement sur la scène internationale, il faut noter que l’ouverture des
marchés, qui avait débuté notamment avec le mercantilisme, contenait déjà une forme de ce
développement.
2 Rist, Gilbert. Le développement : histoire d’une croyance occidentale. Edition Paris. 1996 3 Y. Trotignon, Les pays en développement face au XXème siècle. Dunod.
8
B. La nature du développement :
Dans la conception du développement proposée par les dirigeants occidentaux, le
développement apparaît comme un idéal à atteindre, un concept « prêt-à-porter » ou « prêt à
utiliser » ou encore une recette qui peut être préparée et appliquée dans toutes les parties du
globe, en suivant le mode d’emploi donné par les occidentaux et par leurs représentants ;
une recette qui permettra enfin de sortir des trous du sous-développement et d’atteindre
« l’état de grâce du développement ».
Dans cette vision, le développement devient à la fois le processus et la finalité. Le
processus par lequel, les sociétés évoluent et la finalité vers laquelle elles tendent, car
l’objectif est d’être développé.
Cette perception du développement comme finalité comporte une vision de
développement très précise. Ainsi, les idées de progrès, de croissance et d’avancement
scientifique présentes dans le concept de développement du président Truman représentent
l’essence même de cette vision du développement. Nous retrouvons d’ailleurs les mêmes
fondements de l’idée de développement dans la théorie évolutionniste, c’est-à-dire l’idée de
changement et de progrès qui s’inscrit dans un processus ininterrompu de croissance.
Notons que, même lorsque cette finalité de développement n’apparaît pas
uniquement économique comme dans le discours prononcé par le président Truman où « les
conditions du développement doivent conduire toute l’humanité au bonheur personnel»4, les
moyens pour y arriver, pour atteindre l’idéal du développement sont essentiellement
économiques et même le bonheur a une dimension économique. C’est d’ailleurs, à partir de
ces principes d’ordre économique qu’ont été façonnées les premières théories du
développement.
C. Les théories de développement :
Les théories de développement s’appuient sur des principes qui relèvent de la théorie
économique. Nous en avons nommé quelques-uns déjà. A la base de cette théorie, notons la
circulation constante des échanges qui favorisent l’accumulation, laquelle accumulation est un
4 Y. Trotignon, Les pays en développement face au XXème siècle. Dunod.
9
facteur de la production et de la croissance. A cela, s’ajoutent d’autres principes : comme la
division de travail, le progrès et l’innovation qui sont aussi des moteurs du développement
économique et de la croissance. Autant de principes de base sur lesquels reposent les théories
économiques et les théories du développement.
Ainsi, pendant une longue période de temps, les principes de l’économie élaborés
par les premiers théoriciens de l’économie classique comme : Adam Smith (1723-1790),
David Ricardo (1772-1823) et Jean-Baptiste Say (1767-1832) ont servi de base aux théories
du développement économique et du développement tout court ; puisqu’à cette époque, le
développement était assimilé au développement économique5. Ainsi, qu’il s’agit du principe
de « laisser-faire » qui remonte aux physiocrates et à François Quesnay (1694-1774), c’est-à-
dire : au commencement du libéralisme dans l’économie ou de l’importance de la division du
travail comme facteur de croissance de la production démontrée notamment par Adam Smith
ou encore, la loi des avantages comparatifs qui favorise la spécialisation de la production et
l’accroissement des échanges, énoncée par David Ricardo ; tous ces principes ont vu leur
concrétisation et même leur apogée avec l’arrivée de la révolution industrielle où s’effectuait
la mise en place d’un système organisé de production économique.
Et c’est à l’intérieur de ce cadre de production industrielle, que s’établissaient le
fordisme et le keynésianisme qui seraient à la base du développement économique pendant le
XXème siècle6.
Cependant, il importe de souligner que l’évolution de la pensée économique - sur les
théories du développement ou plutôt sur l’économie du développement- a été surtout marquée
par deux approches distinctes : l’approche orthodoxe du développement et l’approche
hétérodoxe7.
La distinction entre ces deux approches découle surtout d’une démarcation entre les
auteurs qui décrivent l’économie mondiale comme comprenant un centre constitué de pays
capitalistes développés et une périphérie constituée de pays sous-développés. Ce sont les
hétérodoxes qui répugnent à admettre le paradigme du centre et de la périphérie.
5 George Soule, Qu’est-ce que l’économie politique ? Nouveaux Horizons. 1980 6 J.M Albertini. Mécanismes de développement. Ed Ouvrières. 1989 7 Cours 3ème année Economie. F Andriamahefazafy. 2001-2002
10
Concernant toujours les idées sur les théories de développement, les efforts sans
précédent de la part des chercheurs pour fournir de nouvelles approches théoriques en matière
de développement sont indéniables.
Grâce à ces efforts, l’histoire récente du développement offre divers exemples de
réussites, mais il ne faut pas exclure l’idée qu’elle comprend également des échecs et des
déceptions.
Si, dans la théorie, une certaine forme ou modèle de développement - voire même
ses conditions de réussite- a pu être avancée, alors qu’en est-il de la mesure du degré de
développement dans la pratique ?
D. Comment mesurer le développement ?
D’une manière générale, le développement d'un pays est souvent assimilé à sa
richesse : les pays riches sont les pays développés et les pays pauvres sont les pays sous-
développés. En effet, la répartition de ces richesses n'est pas toujours égalitaire. C’est ainsi
qu’il est utile d’avoir des outils pour mesurer le niveau des richesses d’un pays, et donc le
niveau de son développement.
L'Indicateur de Développement Humain (IDH) - créé en 1990- sert à mesurer le
développement d’un pays. Il est calculé par le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD) et prend en compte 3 facteurs, à savoir : l'espérance de vie, le niveau
d'instruction exprimé par le taux d'alphabétisation des adultes ainsi que le nombre d'années
d'études, et le Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant : parité de pouvoir d'achat.
L'IDH est la moyenne des notes obtenues par ces 3 composantes.
La mesure la plus utilisée par les organismes internationaux pour mesurer le degré
de développement est jusqu’ici l’IDH ; mais il existe encore de nombreux indicateurs de
développement tels que : l’Indicateur de Pauvreté Humain (IPH), l’Indicateur Sexospécifique
du Développement Humain (ISDH), l’indicateur du niveau d’instruction, etc…
Contrairement aux mesures macro-économiques du développement, comme le taux
de croissance, ces indicateurs tiennent surtout compte des aspects sociaux du développement
comme les conditions de vie de la population, les accès aux services publics tels que : eau
potable, santé, niveau de malnutrition, etc.….
11
S’il existe des degrés de développement différents entre les pays, il est important de
voir quelles en sont les causes. Et c’est ce qui nous amène à discerner le système mondial face
à des crises de l’économie.
E. Les échecs en matière de développement : les crises du système économique
mondial :
L’évolution de l’économie dans le monde ou l’économie-monde tout court a connu
une expansion relativement continue depuis son avènement. Cependant, elle a aussi été
secouée par plusieurs crises ou contractions qui ont freiné son mouvement.
Ces crises ont été expliquées par plusieurs auteurs comme Kondratieff, Wallerstein
et Juglar de plusieurs façons. Notamment, la théorie de cycles longs d’une durée de cinquante
ans de Kondratieff montrait que le développement économique était composé de cycles
d’expansion et de contraction qui se succède dans le temps d’une façon plus ou moins
continue. D’autres auteurs ont également parlé de cycles économiques d’une durée plus
courte : dix ans ou quatre ans.
Mais, pour Immanuel Wallerstein, il affirme que : « les crises qui ont secoué
l’économie mondiale font partie intégrante de système d’expansion de l’économie-monde. En
fait, elles sont inhérentes au système du développement capitaliste qui produit des goulots
d’étranglement dus à une surproduction mondiale »8
En effet, comme la demande globale à l’échelle mondiale demeure relativement
stable, et que l’offre mondiale connaît une production toujours plus importante, un goulot
d’étranglement se produit généralement au bout de vingt-cinq ans. Les solutions trouvées
jusqu’à présent sont l’innovation technologique et la mise en place d’un processus de
redistribution spatiale de la production qui accentuent la hiérarchie spatiale à l’échelle
mondiale et, par conséquent, le renforcement du développement inégal entre les pays.
8 Fiche de lecture 2003. (Wallerstein, 1982)
12
Cette redistribution géographique des espaces de production relève de la
mondialisation et de la globalisation des échanges qui se sont accentuées depuis les années
quatre-vingt.
Ainsi, il importe de regarder comment s’est développé ce processus de redistribution
de l’économie dans l’espace ou, en d’autres termes, cette approche territoriale ou régionale du
développement.
Section 2 : Les théories du développement en optique spatiale.
A. Un peu d’histoire :
L’approche territoriale dans le développement avait fait son apparition, comme déjà
vue précédemment, peu à peu avec la prise de conscience de l’inégalité de la diffusion de
développement dans l’espace. Autrement dit, les théoriciens du développement s’étaient
aperçus que les territoires et les régions ne se développaient pas tous de la même façon et que
certaines régions demeuraient en dehors de la sphère du développement.
Cette prise de conscience s’était élaborée d’abord sur le plan international, lorsqu’il
était devenu évident que des déséquilibres de développement entre les pays du Nord et les
pays du Sud existaient. Par la suite, les analystes du développement avaient constaté que des
déséquilibres se produisaient aussi à l’intérieur des régions de pays dits développés.
L’émergence de l’approche régionale du développement constitue pour certains
auteurs l’avènement d’un nouveau paradigme de développement que certains ont appelé le
paradigme de développement par le bas, par opposition à celui du développement fonctionnel
ou du développement par le haut.
Dans les pays du Sud comme dans les pays du Nord, plusieurs auteurs9 tels que S.
Amin, J. Friedmann et F. Perroux avaient élaboré des théories qui tentaient d’expliquer les
inégalités du développement dans l’espace et surtout d’essayer de trouver des théories qui
favorisaient le développement des espaces excentriques et marginalisés.
9 Cours de Développement local. Première année DEA.2004
13
Toutes ces théories forment ce que nous pouvons appeler l’ensemble des théories du
développement régional. Un ensemble aux frontières parfois floues puisque « aucune théorie
générale du développement régional n’est encore disponible »10. Dans les pages qui suivent,
nous allons regarder quelques-unes des théories qui forment cet ensemble théorique du
développement régional et qui ont en commun une approche territoriale du développement.
B. Le développement endogène :
Le développement endogène est né avec la nécessité de freiner les inégalités du
développement dans l’espace et de territorialiser le développement. L’approche de
développement endogène a fait l’objet de nombreuses contributions théoriques au cours de
ces vingt dernières années de la part tant des économistes, des géographes que des
sociologues. Elle est issue de multiples courants théoriques, qui se sont développés - à la fois-
dans les pays du Sud, et dans les pays du Nord où les espaces périphériques sont souvent en
voie de dévitalisation.
La théorie de développement endogène relève du paradigme de développement par
le bas et s’inscrit dans une approche essentiellement territoriale du développement.
Philippe Aydalot affirme en effet que : « le développement endogène est une
approche territoriale du développement plus qu’une théorie de la croissance économique»11.
Pour certains auteurs, le développement endogène concerne davantage les pays en
développement plutôt que les pays développés12.
Il est vrai qu’au niveau international, le développement endogène, connu aussi sous
le vocable « self-reliance » ou développement autocentré, a connu une audience importante
notamment avec la Tanzanie qui a tenté d’appliquer - à l’échelle d’un pays entier- les
principes de développement autocentré.
Dans les pays du Nord, le concept de développement endogène avait notamment été
élaboré par John Friedmann. Ce dernier parlait de développement agropolitain ou de
développement autocentré.
10 Boisvert Michel, L’analyse économique régionale, un éventail de concepts anciens et nouveaux. 1996. 11Aydalot Philippe, Economie régionale et urbaine, Paris Economica. 1985 12 Proulx, Marc Urbain, Réseaux d’information et dynamique locale, Chicoutimi. 1995
14
En outre, selon le principe de J. Friedmann in Aydalot13 : le développement
endogène est territorial, communautaire et démocratique. En effet, le territoire est à la base du
développement. C’est dans un espace particulier que le développement s’incarne et prend sa
source. Il est le fruit de chacune des composantes territoriales d’un espace, c’est-à-dire : les
composantes naturelle, culturelle, économique et sociale. Il peut être aussi communautaire,
puisqu’il fait appel à la participation de la population, mais également démocratique, puisqu’il
suppose des structures démocratiques pour sa mise en œuvre.
A ces principes de base, d’autres caractéristiques se sont ajoutées. Le développement
endogène est basé sur les besoins fondamentaux des personnes14 et non sur les besoins de la
croissance du marché. Il est axé sur la valorisation des ressources locales tant sur le plan
ressources naturelles, culturelles que sur le plan des savoir-faire locaux.
Le développement endogène est aussi un développement qui se veut intégré, réalisé
à petite échelle. Il s’effectue parfois dans un contexte d’économie informelle, c’est-à-dire une
économie souterraine non comptabilisée et en dehors des normes de l’économie officielle.
Aussi, a-t-il connu de nombreuses applications dans le monde, dans les pays en voie
de développement tout comme dans les pays dits développés. Au Québec, le développement
endogène a été à la base de plusieurs expériences de développement dans les petites
collectivités locales comme le Bas-Saint-Laurent et Gaspésie.
Ainsi, le concept du développement endogène semble être en rupture par rapport au
concept de développement économique classique basé sur la croissance de l’économie extra-
territoriale.
En ce sens, il constitue une réponse aux problèmes mis en relief par l’analyse centre-
périphérie.
Bref, de nombreux auteurs ont contribué à la définition de ce nouveau type de
développement. Ils ont pu apporter leur part d’idées sur le concept de développement, dans
une optique territoriale et ce, quelque soit l’appellation que ce dernier peut prendre : qu’il
s’agit d’un développement par le bas ou d’un développement décentralisé ou d’un
développement ascendant.
13Aydalot Philippe, Economie régionale et urbaine, Paris, Economica. 1985 14Se sont principalement : alimentation, logement, éducation, travail.
15
Nous allons maintenant regarder un autre concept de l’approche de développement
en optique territoriale : le concept du développement local.
C. Le développement local :
Selon certains auteurs, le développement local découle directement du concept de
développement endogène. Dans cet ordre d’idée, mais avec une formalisation encore plus
grande, cette conceptualisation a engendré plusieurs approches de développement local.
Parmi ces approches, celles développées par Katalyn Kolosy15 d’une part, et Bernard
Vachon, d’autre part, nous paraissent les plus logiques et les plus proches de la pratique de
développement dans une optique territoriale et régionale.
Pour Katalyn Kolosy16 : « le développement local est une approche volontariste,
axée sur un territoire restreint, et qui conçoit le développement comme une démarche partant
du bas, privilégiant les ressources endogènes ».
Pour une meilleure compréhension du concept, cet auteur a essayé de combiner les
explications de la notion de développement d’une part, et la notion de local d’autre part, pour
en faire ressortir l’importance donnée au dynamisme local dans le processus de
développement local .
En effet, comme beaucoup d’auteurs, Kolosy a interprété le développement comme
un processus de transformation ou de changement étroitement lié au concept de progrès. Et
pour la notion de local, elle repose sur la notion de territoire qui peut être perçue comme le
découpage administratif, parfois arbitraire et sans correspondance avec la géographie
humaine.
De son côté, Bernard Vachon mentionne que : « le développement local est une
stratégie qui vise - par des mécanismes de partenariat- à créer un environnement propice aux
initiatives locales, afin d’augmenter la capacité des collectivités en difficulté à s’adapter aux
nouvelles règles du jeu de la croissance macro-économique ou à trouver d’autres formes de
développement qui, par des modes d’organisation et de production nouveaux, intégreront des
15 Horizon local. 1997. www.globenet.org 16 Dans son étude de réflexion pour une définition théorique du concept de développement local.
16
préoccupations d’ordre social, culturel et environnemental parmi des considérations purement
économiques ».
Donc, d’une manière générale, et vu sous l’angle de l’organisation économique et
sociale d’un pays, le concept de développement local est sûrement né de la prise de
conscience suivante : les politiques d’aménagement du territoire mises en œuvre pour corriger
les grands déséquilibres géographiques et socio-économiques ne peuvent trouver leur pleine
efficacité qu’en s’appuyant sur une organisation des volontés locales.
Quelles que soient les formes prises par le développement local : qu’il s’agit de
Comités locaux de bassin d’emploi, de développement social des quartiers ou des Parcs
Naturels Régionaux, elles ont pour caractéristiques communes :
- d’être assises sur un territoire dont la délimitation vise à définir une entité
géographique, économique, culturelle et sociale susceptible de dépasser les organisations
administratives traditionnelles et
- d’avoir vocation d’associer tous les acteurs locaux : élus, socioprofessionnels,
associations ou administration, etc…
Comme objectif, le développement local s’efforce d’élaborer puis de faire
fonctionner un projet de développement qui peut créer une synergie entre les potentiels du
territoire, ses ressources humaines et son insertion dans les orientations de l’aménagement du
territoire, c'est-à-dire : sa capacité à suivre les grandes orientations économiques, les
programmes spécifiques et la réalisation des infrastructures.
Cependant, pour la réalisation de ces objectifs, des outils, des méthodes et des
métiers spécifiques devraient être développés puis affinés par l’expérience. Parmi ces outils et
méthodes, on peut citer entre autres :
- le diagnostic comme point de départ de toute démarche de développement local,
- le projet global qui doit dégager les lignes de forces et des priorités à moyen et
long terme,
- l’animation dont la mission consiste à faire émerger les projets tout en gérant une
dynamique du territoire, et enfin
- la formation/développement conçue pour accompagner la réalisation des projets.
17
Par ailleurs, l’un des faits les plus marquants liés au concept de développement local
est l’existence de la multiplicité des discours et programmes, à la fois complémentaires et
contradictoires qui s’y rattachent. Malgré cela, deux grands courants semblent se dégager de
cette multiplicité. Le premier courant est celui qui renvoie à l'analyse systémique et qui met
l'accent sur le rôle des institutions et sur le partenariat public-privé. Le second relève d'une
certaine conception de la solidarité et s'intéresse plus au rôle de l'initiative par le bas, qui
s'appuie sur des formes de négociation égalitaires, non pilotées par les pouvoirs publics.
Bref, le concept de développement local repose sur un acquis théorique
pluridisciplinaire. Et plus qu'un concept, le développement local est aussi un processus
d'apprentissage organisationnel. C’est ainsi qu’il n’est pas et ne sera sans doute jamais une
science exacte. Il restera une délicate approche de développement qui s’élabore et se
transforme jour après jour dans ces nouveaux laboratoires de la société que sont les territoires.
Aussi, la meilleure façon d’en parler consiste-t-elle à décrire et à analyser les
expériences en cours, tout en sachant qu’aucune d’elles ne doit être érigée en modèle
reproductible.
Maintenant, nous allons regarder deux des approches spécifiques du développement
local : l’approche des districts industriels et les milieux innovateurs, et celle du
développement économique communautaire.
D. Les districts industriels et les milieux innovateurs :
Le courant des milieux innovateurs et des districts industriels met l’accent sur
l’inscription dans un territoire ou un milieu donné, d’un potentiel de développement selon les
filières productives ou des systèmes d’entrepreneuriat. Dans ce contexte, les districts
industriels peuvent donc se définir comme un système de production localisé
géographiquement17, qui fait appel au potentiel de développement endogène, sur un territoire
donné.
Concernant la théorie des milieux innovateurs, la perspective nouvelle proposée
dans ce courant est de montrer que le développement des entreprises constitue le résultat des
17 Tremblay, Développement local, districts industriels et milieux innovateurs : mode ou tendance de fonds ? In S .Coté, J-L, Klein et M.U. Proulx. Le Québec des régions : vers quel développement ? 1996,
18
forces innovatrices dans un milieu donné. L'accent est donc mis sur le territoire et sur les
conditions qui y existent et qui permettront de développer l'entrepreneuriat local. La théorie
des milieux innovateurs peut s’apparenter aux travaux de l'économiste Schumpeter et aux
travaux des économistes évolutionnistes18.
La perspective des districts industriels et des milieux innovateurs relève de la
première approche de développement local définie plus haut.
Toujours dans le courant du développement local, nous distinguons une autre
approche, soit le développement économique communautaire. Nous allons examiner quelles
sont les spécificités de cette approche.
E. Le développement économique communautaire :
Le développement économique communautaire a pour objectif d’intégrer à la fois des
dimensions économiques et sociales dans un territoire ou une communauté donnée. Dans cette
conception, le développement économique local tend alors à prendre en compte quatre
dimensions, soit la dimension économique par la production et la vente de biens et services, la
dimension territoriale par la mise en valeur des ressources locales, la dimension sociale par un
travail portant sur la recomposition sociale de la communauté et la dimension communautaire
en tant qu’espace de vivre ensemble et en tant que dispositif premier de revitalisation.
Nous retrouvons, dans ce courant de développement communautaire local, les
composantes du développement local que nous avons mentionnées précédemment à savoir : la
synergie des acteurs, l’inscription territoriale du développement et la prise en compte des
dimensions à la fois sociale, économique et culturelle.
Ce courant du développement économique communautaire est en pleine montée
actuellement. Il rejoint aussi le concept de l’économie sociale qui prend de plus en plus
d'ampleur ces derniers temps.
18 Idem.
19
F. La théorie des pôles de croissance :
La théorie des pôles de croissance a été développée - pour la première fois- par
l’économiste François Perroux dans les années cinquante. Elle postule que « la croissance
n’apparaît pas uniformément dans l’espace, mais qu’elle se concentre plutôt en pôle ou en
zone de croissance dont les effets se diffusent sur l’économie immédiate ».
En effet, constatant que les résultats obtenus en matière de développement ne sont
pas très convaincants, F. Perroux postule -au contraire- un déséquilibre naturel entre les
régions pour atteindre la croissance et considère que les écarts régionaux de développement
ne peuvent pas se réduire au seul jeu du marché19.
Sa théorie des pôles de croissance a inspiré dans les années 1970 et 1980 des
politiques de créations de pôles de développement dans les régions moins favorisées.
Par croissance polarisée, il entendait une croissance tirée par un pôle moteur
entraînant l’espace environnant dans le processus de développement, par effet de diffusion de
progrès, de techniques, de savoirs, etc… L’entreprise de grande taille pouvant naturellement
constituer un tel pôle.
Ainsi, on peut dire que le pôle de croissance repose sur l'existence d'une ou plusieurs
unité(s) dominante(s) et motrice(s). Ces unités motrices peuvent être des firmes, des industries
ou groupe d'industries. Il y a croissance parce qu'une unité motrice entraîne l’espace
environnant à progresser et donc, permet le développement économique. La croissance de
cette firme motrice se diffuse vers les autres firmes notamment vers les sous-traitants. Les
relations entre les firmes motrices et les autres industries ne sont pas forcément
concurrentielles.
Par ailleurs, ces unités motrices sont localisées ou territorialisées voire
"agglomérées" ou regroupées à d'autres entreprises sur un territoire, ce qui crée sûrement des
forces de synergie entre ces unités. Cependant, cela supposait que des forces de blocage
toujours présentes sur le territoire existent. Mais ces dernières ne l’emportaient point sur les
forces de progrès.
Certes, dans ce contexte, l’idée d’entreprise prédatrice ainsi que la diversité des
trajectoires de développement régional ont été très vite opposées à ces unités motrices. C’est
19 Selon les théories néo classiques. Cours sur l’Histoire de l’Economie Contemporaine. 2000
20
ainsi que certains auteurs ont repris ce concept d’espace économique, pour élargir leur cadre
d’analyse sur les pôles de croissance.
En effet, la théorie des pôles de croissance avait pris une forme beaucoup plus large
avec la définition de Philippe Aydalo. Selon cet auteur, « la théorie des pôles de croissance est
à la fois une théorie de développement économique, mais aussi une théorie de la diffusion
spatiale de la croissance et du développement »20.
D’après cette définition, sur le plan de la localisation spatiale, la théorie des pôles de
croissance tend donc à montrer que la croissance se concentre dans l’espace, alors que sur le
plan de développement économique, le pôle est un mécanisme inducteur de croissance21.
Par ailleurs, soulignons que les effets de croissance ne se propagent pas
automatiquement au profit de tous les secteurs mais surtout dans les secteurs liés à ceux qui
donnent la propulsion initiale. En effet, le pôle de croissance est constitué par une industrie ou
une branche d’industrie clé.
Ainsi, on peut affirmer que la théorie des pôles de croissance se présente à la fois
comme théorie de croissance sectoriellement déséquilibrée et comme théorie de croissance
régionale déséquilibrée, c’est à dire :
- la croissance se diffuse par des canaux spécifiques de manière très inégale
selon les secteurs et
- les effets moteurs se concentrent inégalement dans l’espace : le centre doté
de tous les atouts, exerce un pouvoir de domination sur la périphérie très souvent
présentée en négatif par rapport au centre.
Une des caractéristiques marquantes d’un pôle de croissance est que les structures
centralisées sont incompatibles avec la mécanique de la polarisation. Il ne peut y avoir de
polarisation qu’au sein d’une économie décentralisée, car elle repose sur des investissements
additionnels créés par des micro-unités soucieuses de profiter des occasions de profit suscitées
par les macro-unités. Il n’est pas exclu que des régimes monopolistiques sont souvent
caractéristiques des pôles du fait de l’existence des grandes entreprises qui peuvent dominer
leur environnement.
20 Aydalot Philippe. Economie régionale et urbaine. Paris, Economica.1985 21 Idem.
21
Concernant les effets d’expansion de la croissance aux alentours du pôle, trois voies
de diffusion des effets moteurs issus d’une unité motrice peuvent être considérées ; il s’agit
des effets par les prix, par les flux et par les anticipations.
Aussi, dans un cadre théorique, les règles de transmission des effets moteurs peuvent
agir soit par des effets en amont, soit par des effets en aval ou des effets boomerang, c’est à
dire capables d’agir dans les deux sens.
Le mode de propagation varie en fonction des effets exercés par l’industrie motrice ;
si l’effet en aval est le plus important, ce sont des industries d’amont dites de base : matières
premières, acier, chimie, etc… qui joueront le rôle important dans la croissance. Dans le cas
contraire, ce sont des industries d’aval qui joueront ce rôle.
La théorie des pôles de croissance a été très populaire et très utilisée dans le monde.
Toutefois, il semble que le développement des pôles de croissance a aussi des effets pervers
comme la polarisation du développement dans un espace délimité, ce qui contribue à créer des
espaces marginalisés autour du pôle de développement.
Enfin, la théorie des pôles de croissance n'a pas toujours donné les résultats
escomptés, tout au moins pour le développement des régions excentriques.
Section 3 : Les pôles de Croissance fortement liés à la notion d’attractivité, de
compétitivité et de proximité.
Dans cette section, nous allons parler de l’importance accordée à la notion
d’attractivité et de compétitivité dans le processus de développement des pôles. Une place
importante sera également accordée à l’analyse de la proximité.
A. La notion d’attractivité et de compétitivité :
Attractivité et compétitivité territoriale sont aujourd’hui des notions justement à la
mode dans le débat sur les politiques de développement des pôles de croissance et de
développement régional. Mais il faut considérer que si les termes sont relativement nouveaux,
les concepts qu’ils sous-tendent sont anciens.
En fait, si regardés de près, quelles sont les réflexions sur les districts industriels que
nous venons de traiter précédemment si non une conceptualisation des sources de
compétitivité d’un système de productions locales ? Quels sont les effets de polarisation de
F.Perroux si non une théorisation des effets d’attraction d’activités génératrices de croissance
22
économique ? Et à propos de toutes les grandes théories de la localisation développées
antérieurement, ne mettent-elles pas l’accent sur les forces d’attraction d’activités à la
recherche des meilleures conditions de compétitivité?
S’interroger aujourd’hui sur ces deux notions, souvent utilisées de façon
superficielle pour dégager des stratégies de développement s’avère crucial et incontournable
parce que premièrement, on ne dispose pas de véritables recettes ou boites d’outils pour une
stratégie ou une politique économique efficace, deuxièmement parce que les liens entre les
deux concepts et leur véritable signification et contenu sont encore flous.
Les concepts d’attractivité et de compétitivité territoriale demandent une
considération particulière dans le contexte actuel de la mondialisation. En fait, on est en
présence d’un défi majeur. En effet, la théorie des échanges internationaux nous indique que
les territoires, les villes, les régions, mais aussi les nations ne disposent pas de mécanismes
d’ajustement automatiques lorsqu’elles font face à une crise. Si la compétitivité de leurs
produits s’efface, ou si elles ne sont pas en mesure de garder le même taux d’accroissement de
productivité que leurs compétiteurs dans le temps, leur destin -en absence de ressources
publiques importantes- est le déclin et même la désertification.
De ce fait, les territoires sont obligés de relancer continuellement leur compétitivité
et leur attractivité en direction de nouvelles activités s’ils veulent survivre en tant que sociétés
locales ou régionales.
Par ailleurs, notons que ces sociétés sont en compétition directe entre elles d’une
part, et au niveau des échanges internationaux sur la base de principe d’avantage absolu ou
sur la base du principe Ricardien d’avantage comparatif22 d’autre part. La même condition de
concurrence se présente, si on ajoute la considération des mouvements des capitaux et des
facteurs de production ; les sociétés se dirigent vers le territoires où les coûts sont mineurs
« compétitivité de prix » ou bien vers les territoires où les coûts supérieurs sont plus que
compensés par une forte efficacité ou productivité « compétitivité hors prix ». Tout cela
renforce le défi de développement des pôles de croissance.
22 Ce sont ces avantages qui garantissent chaque pays d’un rôle dans la division internationale du travail, même en présence d’une productivité inférieure dans tout secteur de production. (Camagni, 2002).
23
Si le défi pour les pôles est clair, il faut dire que le territoire fournit également des
outils pour mieux répondre au même défi. Ce défi est appuyé par les différentes dimensions
du concept économique de territoire à savoir :
- un système d’externalités technologiques, c’est-à-dire un ensemble de
facteurs aussi bien matériels qu’immatériels qui génèrent un avantage compétitif aux
entreprises et qui, grâce à l’élément de la proximité et à la réduction des coûts de
transaction qu’elle comporte, peuvent devenir des externalités positives23 ;
- un système de relations économiques et sociales qui contribue à la
constitution du capital relationnel ou du capital social d’un certain espace
géographique ; ce système est responsable des effets de synergie locale ou de
dynamique territoriale facilitant l’action collective des privés qui visent à produire des
biens publics de façon coopérative et contribuant également à la réduction de
l’incertitude et au déclenchement de processus d’apprentissage collectif24;
- un système de gouvernance locale, qui rassemble une collectivité, un
ensemble d’acteurs privés et un système d’administrations publiques locales. Ce
système est responsable de l’interprétation des besoins de la région et de la mise en
oeuvre des meilleurs dispositifs pour fournir des réponses efficaces aux défis.
B. Deux notions distinguées mais complémentaires :
Comme démontré plus haut, améliorer l’attractivité et la compétitivité territoriale
représente des
réponses possibles aux défis du développement des pôles ou des régions. Traditionnellement,
elles ont été associées à des stratégies différenciées et bien distinguées, notamment une
stratégie de développement exogène qu’on peut qualifier par le haut, et une stratégie de
développement endogène, par le bas.
Dans l’histoire récente de la théorisation sur le développement territorial, ces deux
visions se sont succédées au moins deux fois :
23 L’externalité la plus évidente est représentée par la présence d’agglomérations : villes, districts, pôles, clusters,… 24 R.Camagni, Compétitivité territoriale, milieux locaux et apprentissage collectif : une contre-réflexion critique. Revue d’Economie régionale et Urbaine. 2002
24
- à partir de la fin des années 1970 jusqu’à la moitié des années 1990, la nécessité de
valoriser les ressources et les capacités locales a été valorisée, et renforce donc la
compétitivité nourrie par les synergies locales et les processus d’innovation ;
- plus récemment, face au processus de la mondialisation, à l’évidence d’une reprise
des mouvements internationaux d’investissement dirigés de façon croissante vers les pays
développés et au rôle des grandes villes comme attracteurs d’une part croissante de ces
investissements directs, l’accent est tourné encore une fois vers les stratégies d’attraction.
Dans ce contexte, bien que naturellement différentes, ces deux stratégies montrent
de fortes convergences et d’importantes complémentarités.
En premier lieu si on fait exception des politiques d’attraction développées à travers
des rapports diplomatiques entre les pays et organismes internationaux on doit réaliser que les
sources de l’attractivité territoriale et de la compétitivité sont pour la plupart les mêmes : les
mêmes éléments qui contribuent à l’attractivité d’activités externes, notamment une bonne
dotation de services et d’infrastructures, une bonne efficacité de l’administration publique, un
niveau élevé de qualité de la vie et de l’environnement. Autant d’éléments qui sont très
efficaces pour garder les entreprises de la région sur le lieu et pour augmenter la productivité
de toutes les entreprises actuelles ou potentielles.
Si on reste sur le plan des politiques, il faut reconnaître que les politiques
d’attraction plus efficaces sont les politiques qui offrent un avantage sur la localisation, et
donc un avantage compétitif aux entreprises. C’est ainsi que pendant un certain temps, de
nombreux pays avaient surestimé le rôle de politiques d’offre immobilière dans l’attraction
des flux d’investissements internationaux. Par exemple, la réalisation des grands
investissements en infrastructures de base comme les bâtiments, les routes, etc.…
En deuxième lieu, il faut reconnaître que les politiques d’attraction pure proposées et
suivies dans le passé ont fait souvent faillite, justement à cause d’un manque de considération
des aspects d’avantage compétitif ou de localisation. En effet, dans les années 1960, on avait
constaté les limites de la théorie des pôles de croissance, qui consistaient au manque d’une
véritable théorie de la localisation pour justifier l’attraction d’activités complémentaires.
Par ailleurs, il faut aussi reconnaître la nécessité des politiques d’attraction réalisées
à travers l’expansion des pratiques de marketing territorial, de création d’une image de
25
marque de la ville ou de la région, de plus en plus facilitée par les pratiques liées à la création
de sites Internet.
A cet effet, tout pôle de croissance s’est retrouvé central par rapport à quelque entité
géographique ; toute région s’est présentée comme dynamique et innovante dans le processus
de développement. Bien sûr, dans ce contexte, l’information est nécessaire mais il faut savoir
que les décideurs et les managers d’entreprises disposent d’informations bien fiables sur les
éléments qu’ils apprécient dans les localisations potentielles à travers leur expérience
personnelle et leurs réseaux de relations.
En un mot, l’élément crucial pour toute politique de développement basée sur les
pôles de croissance réside donc dans la construction d’une vision partagée du futur, bien
ancrée dans les spécificités de l’économie territoriale. Elle devrait passer par un plan d’action
collective et de coopération entre public et privé (partenariat-public-privé), et par une
démarche stratégique qui puisse maximiser les synergies territoriales et valoriser le rôle de
chaque acteur de façon à assurer la compétitivité et l’attractivité.
Enfin, l’intégration entre industries, centres de recherche et universités dans la
construction par le bas, de projets de développement productif avancés et intégrés dans une
vision générale du futur du territoire, est cohérente avec les objectifs de développement des
pôles de croissance.
C. La proximité :
Qu’il s’agit des théories ou des faits, on ne peut pas parler de concept des pôles de
croissance sans accorder une place particulière à la notion de proximité. En effet, les analyses
en termes de réseau ou de regroupements comme les clusters, districts, SPLs, etc… reposent
plus ou moins sur la distance qui existe entre les acteurs économiques.
La proximité renvoie à l'absence d'éloignement entre les agents. Elle peut d'abord
s'évaluer dans les termes habituels de l'éloignement physique. Il s'agit alors de la proximité
géographique.
Or, la distance n'étant plus considérée simplement comme un concept physique ou
géographique ; ni la distance, ni la proximité géographique ne suffisent pour qualifier de
26
proches deux agents économiques. L'éloignement peut donc être mesuré également en termes
d’éloignement social, culturel, psychologique ou institutionnel. D'où, une autre forme de
proximité : la proximité organisationnelle.
Ces deux aspects renvoient la proximité à la notion de distance de F. Perroux ; c'est-
à-dire : « une distance qui fait référence aux contraintes naturelles et physiques, mais aussi
aux construits sociaux telles que les infrastructures de transports et de télécommunications qui
modifient les temps et les coûts d'accès ».
Ainsi, tenir compte de la proximité est cohérent avec les analyses en termes de
réciprocité et de confiance.
• Proximité géographique
La proximité géographique concerne la distance physique entre les acteurs. L'accent
est mis sur le caractère spatial des activités économiques. Cependant, il ne faut pas considérer
que la proximité géographique produise nécessairement l'émergence d'une proximité
organisationnelle.
• Proximité organisationnelle
La proximité organisationnelle peut prendre deux formes :
- Une proximité d'appartenance : sont proches en termes organisationnels les
acteurs qui appartiennent au même espace de rapports tels que : firmes, réseaux de
firmes, ... c'est-à-dire : entre lesquels se nouent des interactions de différentes
natures.
- Une proximité de similitude25 : sont proches en termes organisationnels les
acteurs qui se ressemblent, c’est-à-dire : ceux qui possèdent le même espace de
références et partagent les mêmes savoirs, le même espace de représentation, de
modèles et de règles de pensée et d’action.
Dans le premier cas, c'est de l’effectivité des coordinations que dépend
l'appartenance à un même ensemble. Dans le second, la proximité est liée à une ressemblance
des représentations et des modes de fonctionnement.
Il importe de souligner que ces deux conceptions de la proximité organisationnelle
ne s'opposent pas mais se complètent, en particulier quand une relation d'appartenance
reposant initialement sur des relations industrielles existe. Aussi, une relation de proximité
25 Gilly, Torre, 2000. p 12-14.
27
peut être induite par l'appartenance à une organisation ainsi que le fait de suivre des règles
communes ou partager une même culture d'entreprise au sein d'une activité finalisée. Il ressort
donc que la proximité d'appartenance donne naissance à la proximité organisationnelle.
• Proximité et territoire
De ce qui précède, le territoire doit son existence non seulement à une proximité
géographique et organisationnelle, mais il dépend aussi du fait que cette proximité est
suffisamment partagée par l'ensemble des groupes d'individus émanant de différentes sphères
d'influence du territoire à savoir : marchande, publique, communauté, etc. ... Le territoire se
caractérise donc par ces deux formes de proximité.
Par ailleurs, par rapport à une politique d’aménagement territorial, un territoire
désigne le plus souvent le siège géographique des activités humaines. La population qui
occupe cet espace procède spontanément à son organisation, en fonction de paramètres
naturels (relief, climat), culturels (traditions, cultes), militaires (défense) et économiques
(production, échanges).
L’aménagement du territoire consiste à cet effet, à modifier et optimiser cette
répartition des individus et de leurs activités dans un souci d’équilibre géographique et
d’efficacité économique. Le rôle de l’État y est prépondérant.
28
CHAPITRE 2 : LES FACTEURS DETERMINANTS DE DEVELOPPE MENT
DES POLES DE CROISSANCE.
Section1 : L’organisation géographique et administrative du territoire.
A. Comprendre l’organisation géographique et administrative du territoire :
L’organisation géographique et administrative d’un territoire donné peut être conçue
différemment, selon la politique institutionnelle adoptée par un pays. Il peut s’agir d’une
organisation centralisée, décentralisée ou déconcentrée. D’une manière générale, cette
organisation consiste à une répartition de pouvoirs dans l’espace, et des fonctions
administratives entre diverses institutions ou instances situées dans un pays.
Mais jusqu’ici, les découpages géographiques et administratifs d’un territoire -les
plus fréquemment utilisés et les plus logiques- sont ceux utilisés dans les pays occidentaux.
Ce découpage comprend huit échelons territoriaux. Nous allons illustrer, dans le
tableau suivant, ces échelons territoriaux avec un exemple concret : le cas du Québec, un des
pays les plus avancés en matière de développement régional.
Tableau 1 : Les huit échelons territoriaux
Planétaire ONU, OMC, …
Continental ASEAN26. …
Fédéral Canada
Provincial Québec
Macro-régional Régions administratives
Micro-régional Municipalités régionales, Agglomérations
Local Municipalités, Villes, Villages, Cantons
Micro-local Quartiers, Arrondissement
Source : CEFRIO Février 2003. Rapport préliminaire : les stratégies de
développement local et régional. Université du Québec à Chicoutimi
26 ASEAN : Association des Nations du Sud-Est Asiatique
29
A l’échelle micro-locale, s’exercent quelques fonctions reliées aux loisirs et à la vie
communautaire en général. Cependant, dans le contexte des nouvelles agglomérations
urbaines consolidées, les arrondissements seraient amenés à exercer des fonctions plus vastes
et plus importantes. A Madagascar, des textes de lois définissent les principaux rôles des
arrondissements et des entités micro-locales telles que les hameaux, le Fokontany27.
A l’échelle municipale, les fonctions exercées concernent les champs traditionnels,
c’est-à-dire : la voirie, l’assainissement, la sécurité publique, l’urbanisme, la culture,
l’administration générale, etc. Rappelons que, sur un territoire, les principales fonctions
publiques touchent l’aménagement du territoire, la gestion de services à la population :
comme l’évaluation foncière, les matières résiduelles, l’environnement…, la gestion de
services aux travailleurs (emplois, transport en commun…), et enfin, la gestion de services
aux entreprises (démarrage, financement, etc…).
A l’échelle des régions administratives, les conseils et les directions exercent deux
grands types de fonctions : c’est-à-dire, soit l’écoute des besoins et les désirs du milieu d’une
part, et la gestion de programmes des gouvernements supérieurs, d’autre part. Donc, cet
échelon administratif se trouve au centre d’une politique régionale et joue un rôle très
important dans la conception et la mise en œuvre des pôles de croissance.
Pour ce qui est de l’efficacité d’une telle organisation ou système institutionnel
territorial, il faut évidemment des mécanismes d’intégration territoriale capables de multiplier
les coopérations de proximité entre les multiples acteurs territoriaux.
B. L’intégration territoriale pour une efficacité des pôles de croissance :
La coordination volontaire des fonctions décentralisées -sur un territoire local ou
régional- a émergé de la nécessité d’optimiser le contexte institutionnel territorial, en misant
sur un effort d’intégration entre les multiples acteurs tout en respectant leur autonomie.
En ce sens, l’ensemble des relations entre les éléments interdépendants du système
territorial est considéré comme la composante essentielle : relations d’échanges de ressources,
relations d’échanges d’information, relations de réciprocité, relations de partenariats, relations
consensuelles, relations conflictuelles, relations de pouvoir; etc.
27 Décret n°2002/1170 fixant les règles relatives à l’organisation, au fonctionnement et aux attributions du Fokontany et du Fokonolona.
30
De ce fait, chaque acteur territorial s’avère, selon cette approche en constante
relation avec les autres acteurs de son environnement immédiat permettant ainsi une meilleure
organisation au sein du pôle..
L’intégration territoriale peut, donc en conséquence logique, s’effectuer en
intervenant délicatement sur ce système de relations. Cette modalité relationnelle est
largement proposée dans les écrits scientifiques, sous la forme de concepts tels que : la
coopération, le consensus communautaire, l’intercommunalité, l’apprentissage collectif, le
partenariat, l’interaction, la solidarité, la concertation, la coordination volontaire, etc…
On constate ainsi qu’il s’agit –davantage- d’un choix d’agir sur les valeurs de
collaboration entre les organisations, plutôt que sur les structures de consolidation elles-
mêmes. En réalité, on fait appel à la culture organisationnelle territoriale, plutôt qu’à une
structure formelle spécifique. Les composantes de cette culture organisationnelle territoriale
sont fort nombreuses, généralement immatérielles, intangibles et, ainsi, difficilement
mesurables dans leur évolution sur un territoire donné.
De tel modèle d’intégration territoriale volontaire n’exclut aucunement la présence
de certaines structures formelles, pour animer la culture organisationnelle, c’est-à-dire :
activer la coordination volontaire des fonctions publiques exercées sur le territoire de façon à
créer une synergie de tous les acteurs dans le pôle.
C. Les facteurs d’une coordination volontaire efficace des acteurs :
Pour mieux expliquer les facteurs de développement des pôles, une attention
particulière devrait être portée sur les enjeux qui permettent une coordination volontaire entre
les acteurs. Ces enjeux peuvent être récapitulés dans la figure suivante.
31
Figure 1. L’OCTOGONE D’UN TERRITOIRE POUR SOUTENIR LE DEVELOP PEMENT
REGIONAL
.
Source : CEFRIO Février 2003. Rapport préliminaire : les stratégies de
développement local et régional. Université du Québec à Chicoutimi.
Cette figure met en relief -autour d’un octogone-28 les facteurs et les enjeux
déterminants qui favorisent une véritable coordination entre les acteurs pour assurer le
développement d’un pôle, voire une région. Parmi ces enjeux, on rencontre :
1. La satisfaction des besoins de base de la population : santé, éducation, nourriture,
loisirs, habitation, sports, transport en commun, activités valorisantes, etc.
2. La présence d’aménités environnementales : faible taux de pollution, qualité des
éléments naturels, proximité entre travail et habitation, etc.
3. L’équipement et les infrastructures d’aménagement du territoire : transport et
communication, terrains, bâtiments, aires industrielles, aires commerciales, hôpitaux, écoles,
centres culturels, centres d’entreprises, etc.
4. L’éducation, la formation et le perfectionnement des compétences : maison
d’enseignement, santé–sécurité au travail, culture technique, cercles d’apprentissage, cercles
de qualité du travail, fidélité des travailleurs, mobilité des compétences, etc.
28 Ce qui montre leur interdépendance qui devrait être exploité de façon à avoir une combinaison optimale des facteurs.
32
5. Les accès à l’information sur : les opportunités, les concurrents, la conjoncture
économique, les programmes publics, les modalités d’exportation, les technologies
disponibles, les nouvelles techniques, etc.
6. L’animation socio-économique : services techniques, appuis aux initiatives, mise
en communication d’acteurs et d’éventuels partenaires, valorisation des savoir-faire, etc.
7. L’entrepreneuriat : climat d’affaires, culture entrepreneuriale, atmosphère
industrielle, saine compétition, formation des entrepreneurs, recrutement des jeunes
entrepreneurs potentiels, etc.
8. Le financement : capital de risque, programmes d’aide financière, attitudes des
institutions financières, services bancaires, etc.
La formalisation de ce schéma vise -d’abord et avant tout- à assister les acteurs du
terrain à obtenir une vision globale descriptive de leur territoire, dans la recherche collective
de la combinaison appropriée, de facteurs favorables au développement de pôles. Ce qui
suscite -nécessairement- une certaine forme de coordination des acteurs, dans les échanges
d’information.
D. Trois axes d’intervention principale sur le territoire.
En regard de ces composantes et de leurs enjeux, il devient possible d’identifier pour
les acteurs présents (que nous développerons dans la section suivante), trois grands axes
d’intervention afin qu’un territoire effectue sa mission et ses fonctions, à l’égard du
développement des pôles.
Le premier axe concerne évidemment la recherche collective de la combinaison
optimale de facteurs favorables compte tenu de la réalité territoriale spécifique. Pour ce
faire, tous les acteurs reliés aux huit composantes de l’échelon territorial sont interpellés à cet
effet. Il s’agit alors de se doter d’une vision globale de l’offre actuelle, de saisir les besoins et
la demande et d’ajuster en conséquence. Parmi les instruments disponibles à cet effet, le
tableau de bord territorial semble le plus efficace -ou du moins- le plus utilisé.
Le deuxième axe d’intervention des acteurs concerne le positionnement et la
visibilité du territoire en question par rapport à sa production, ses facteurs attractifs
d’investissements, etc.
33
Cette action collective est souvent associée à la notion de compétitivité et
d’attractivité qui sera mise en évidence par un Marketing territorial.
Le troisième axe d’intervention concerne la veille collective du champ concurrentiel
dans lequel se situent les entreprises du territoire en question. En effet, le territoire doit jouer
un rôle intermédiaire entre l’offre d’information et les besoins des entreprises.
Les acteurs du territoire sont alors interpellés autour des fonctions de collecte, de
traitement et de circulation de l’information.
E. L’impératif de l’aménagement du territoire :
Dans une économie où le secteur industriel prédomine, la concentration géographique
des activités est un processus courant : l’industrie appelle en effet l’industrie. Afin de réduire
les coûts de transport et de tirer au maximum les effets d’externalités positifs, les entreprises
s’implantent souvent près des zones de matières premières, sur les grands axes de
communications ou près des grands centres urbains.
Sur le plan social, cette concentration des activités crée une inégalité géographique
devant l’accès à l’emploi, entraînant des migrations qui dépeuplent certaines régions et
conduisent d’autres au surpeuplement.
Sur le plan politique, elle remet en question la cohésion nationale. Pour éviter de
tels risques, il est nécessaire de mettre en place les conditions du développement économique,
démarche impliquant un rééquilibrage géographique des activités et le désenclavement des
régions les plus isolées et les moins favorisées.
Ainsi, une politique d’aménagement est très importante, dans le processus de mise
en œuvre des pôles de croissance, où la concentration géographique des activités est très
courante.
Dans les pays industrialisés, ce processus repose sur deux grands axes principaux :
incitations financières (avantages fiscaux, subventions) et financement d’infrastructures
(réseau de transport, services publics, etc.).
34
F. Prendre en compte les contraintes de l’environnement :
Le développement et l'aménagement des sites dans les pôles de croissance passent
désormais par la prise en compte des contraintes environnementales. Les administrations
publiques -tout comme les acteurs territoriaux- sont aujourd'hui tenues de répondre aux défis
posés par des sites délaissés, dégradés ou pollués. C’est ainsi que les friches industrielles aux
sols contaminés, les carrières abandonnées, les ensembles naturels perturbés doivent être
perçus comme des réservoirs de projets de développement et non des éléments à ignorer.
En accordant la priorité à la qualité de l'environnement et à la durabilité urbaine, les
décideurs prendront en considération tant l'aspect physique telles que la qualité de l'air et du
sol, la densité de l'habitat que les dimensions sociales comme la relance économique,
l’équité, l’accessibilité, ..
Section 2 : Les acteurs qui entrent en jeu dans le processus de développement des
pôles
A. Les acteurs de développement dans les pôles :
Sur les territoires locaux ou régionaux, il existe en principe de nombreux acteurs de
développement.
Des acteurs qui sont toutefois nécessaires à la mise en place des pôles. En effet, ce ne sont pas
de simples individus. Les acteurs sont, en réalité, associés aux organisations privées,
publiques ou collectives.
Les organisations privées représentent les entreprises qui œuvrent dans les secteurs
primaire, secondaire ou tertiaire.
Les organisations publiques sont les unités gouvernementales localisées à tous les
échelons territoriaux tels que les communes, les arrondissements, etc… .
Tandis que les organisations collectives prennent la forme de groupes sociaux, de
groupes d’intérêt, de syndicats et d’unions, de coopératives et de regroupements de services.
Ainsi, une organisation qui est active nous indique au moins la présence d’un acteur,
soit un élu, un entrepreneur, un promoteur, un directeur ou autres. Au Québec -par exemple-
35
on identifie les acteurs locaux et régionaux lors de la réalisation des monographies, des plans
de développement.
B. La classification des acteurs :
Les spécialistes, en matière de développement local et régional, divisent -
pertinemment- les acteurs présents à l’échelle d’un territoire en quatre grandes sphères de la
pratique sociale.
Cependant, ces quatre sphères d’activité ne permettent pas automatiquement un
découpage tout à fait exact des acteurs qui œuvrent sur un territoire.
En effet, plusieurs acteurs peuvent appartenir à deux sphères à la fois et même parfois
trois. D’où la pertinence d’une illustration graphique qui permet de visualiser les
chevauchements entre les découpages. La figure 2 qui suit nous permet de situer les acteurs
qui sont présents sur un territoire.
Figure 2. LES ACTEURS DU DEVELOPPEMENT LOCAL ET REGIONAL PRESENTES DANS LES
QUATRE SPHERES D’ACTIVITES D ’UN TERRITOIRE .
Source : CEFRIO Février 2003. Rapport préliminaire : les stratégies de
développement local et régional. Université du Québec à Chicoutimi.
36
Ce schéma quadrisphérique offre un aperçu général de la classification des acteurs,
qui interviennent sur un territoire donné. Ainsi, telles que constatées, les sphères d’acteurs
s’entrecoupent les unes des autres. Cependant, pour une meilleure compréhension de la figure,
ainsi que pour son application sur un territoire, il faut avoir une certaine connaissance de
chaque organisation privée, publique et collective, afin de pouvoir les ranger chacune dans la
bonne sphère. Les organisations privées, publiques et collectives sont relativement faciles à
classer.
Néanmoins, plusieurs organisations bidimensionnelles ou tridimensionnelles
nécessitent un peu plus d’attention. Il faut alors en connaître certaines propriétés minimales,
tels que le statut, la structure organisationnelle, le financement, la mission, les fonctions, les
objectifs, etc…
A titre d’exemple, prenons le cas d’une Organisation Non Gouvernemental (ONG)
financée par des fonds privés, mais qui opère dans la réalisation des objectifs d’une
organisation qui relève de la fonction publique. Dans ce cas, on fait face à une organisation
bidimensionnelle.
Outre cette classification des acteurs en quatre sphères d’activités, on peut également
les qualifier en trois grandes catégories d’acteurs :
1 . Les acteurs stratégiques
Ce sont des acteurs qui jouent un rôle majeur, dans le processus de développement
des activités économiques du pôle. Cette catégorie d’acteurs est représentée le plus souvent
par les centres de transfert de technologie, les centres de recherche et développement, les
centres d’entrepreneuriat, les sociétés d’investissement et les universités. Ce sont -en réalité-
des acteurs directement concernés par la technologie, la connaissance et l’innovation dans les
activités économiques.
De cette catégorie dit stratégique, partent toutes les initiatives de développement
d’un pôle de croissance, par le biais de la conception de différents axes stratégiques et la
réorientation des activités dans de domaines spécifiques du territoire.
2 . Les acteurs tactiques
Le groupe d’acteurs tactiques est largement concerné par la promotion d’initiatives
privées. On les appelle généralement les animateurs du développement. Leur rôle est très
important pour faire bouger le milieu, soulever des idées et faire émerger des initiatives et des
promoteurs de celles-ci. Ce groupe renferme -bien sûr- les traditionnels regroupements
37
d’entreprises comme les chambres de commerce, les associations des manufacturiers ainsi que
les groupes professionnels comme les associations d’ingénieurs ou les clubs. Il contient aussi
les agences d’animation socio-économique tels que les conseils locaux ou régionaux de
développement, les sociétés d’aide au développement des pôles et les jeunes entrepreneurs.
3 .Les acteurs exogènes
Mises à part les catégories d’acteurs territoriaux, les collectivités locales et
régionales bénéficient des interventions d’acteurs publics dits exogènes. On les appelle
souvent les acteurs macro-économiques. Ce groupe d’acteurs renferme d’abord les
représentants des gouvernements supérieurs. Il contient notamment les organismes de soutien
et autres sociétés d’État. Ces organisations possèdent souvent une antenne sur les territoires
d’intervention. Mais, il arrive aussi qu’elles interviennent directement par l’entremise d’une
politique générale. Des comités sont aussi quelquefois formés afin de se brancher davantage
dans les milieux.
C. Entreprises et espace urbain :
L’entreprise est aujourd’hui considérée comme un acteur indispensable au
développement qu’il soit local ou régional. L’essor des activités économiques serait
synonyme d’un élargissement des opportunités d’emploi, d’un accroissement des ressources
financières et d’une dynamisation de l’image des villes. C’est, dans ce contexte, qu’on
constate de nombreuses autorités qui se lancent dans une démarche démesurée de séduction
des investisseurs.
Toutefois, l’implantation des activités n’est qu’un moment passager de la vie du
couple "ville entreprise". Les effets de l’essor des entreprises sur l’organisation spatiale des
villes devraient faire l’objet d’une attention particulière. En effet, cette organisation montre
que la ville -dans son organisation spatiale et son espace physique, mais aussi dans ses
marchés du travail et du logement- est structurée par l’activité économique, dont les principes
changent au cours du temps. Ainsi, s’il est souhaitable que l’économie investisse la ville, il
s’agit alors d’explorer les voies d’un développement urbain maîtrisé, en passant par la
création d’une dynamique territoriale.
Bref, parmi les acteurs qui participent aux dynamiques territoriales, il existe des
acteurs-clés privés ou publics qui jouent un rôle moteur, en ce sens qu’ils constituent des
repères pour l’ensemble des acteurs, et qu’ils structurent les mécanismes de coordination de
38
ces derniers dans un plan ou programme, afin d’en ressortir une meilleure stratégie de
développement.
Section 3 : La maîtrise des stratégies de développement et la gestion de l’espace.
A. Les stratégies des acteurs de développement d’un pôle de croissance :
Nous avons essayé de montrer précédemment, que plusieurs paramètres doivent
exister pour la réalisation d’un projet individuel ou collectif de développement, dans une
région déterminée. Ces paramètres sont effectivement conçus, afin d’améliorer le rôle du
territoire face aux activités économiques et au développement régional.
D’une façon générale, le milieu joue un rôle fondamental, face à l’émergence et à la
réalisation d’un projet. Plusieurs conditions doivent être présentes notamment l’animation
socio-économique, l’accès à des infrastructures, la connaissance des besoins de base de la
population.
Les acteurs du développement doivent posséder une vision globale de leur milieu,
afin de définir des stratégies pouvant amener à bien la réalisation d’un projet.
De multiples stratégies ont été recensées efficaces pour la réalisation de projets de
développement régional ; on peut en citer :
1 .Stratégie de formation qui consiste à offrir des formations de différents
niveaux aux citoyens, aux élus et aux intervenants dans le projet. D’autres acteurs pourraient
être également impliqués dans la démarche, notamment les commissions scolaires et
universitaires ;
2 .Stratégie de ressources humaines spécialisées à l’interne. On retrouve au
sein de la plupart des organisations territoriales, une ressource humaine spécialisée. Elle
permet de mieux exploiter le projet et de fournir une forte capacité d’adaptation des
travailleurs aux nouveaux outils et équipements, permettant ainsi de suivre constamment les
progrès et de les intégrer à l’intérieur des différentes tâches des travailleurs.
3 .Stratégie de mise en place d’un site Internet. Cette stratégie très populaire
depuis ces dix dernières années, permet de rendre visibles les programmes et les organisations
39
qui s’y rattachent, à l’aide de technologies de l’information et de la communication. En effet,
plusieurs programmes de financement peuvent être disponibles, notamment pour les
entreprises, afin de mettre en place des projets appropriés.
De même, plusieurs entreprises de communication se sont spécialisées dans la
conception de sites qui peuvent permettre aux acteurs de développement de retrouver une
belle vitrine de projets, par le biais de cette stratégie.
B. Les stratégies reliées à l’apprentissage collectif :
La deuxième catégorie de stratégies est reliée à la mise en œuvre d’un concept
d’apprentissage collectif.
1 .Stratégie de participation et de mobilisation.
La mise en œuvre d’un projet collectif implique une mobilisation de tous les acteurs
d’une même collectivité. Il peut s’agir à titre de rappel soit d’un élu, d’une organisation
intermédiaire dynamique, d’un regroupement d’acteurs, etc.
Chaque projet, conçu dans le pôle, demande la participation de plusieurs acteurs,
afin de sensibiliser et de mobiliser les collectivités dans le développement de leur territoire.
C’est la participation de plusieurs partenaires privés et publics qui a permis à des nombreux
projets de réussir dans leurs objectifs.
2 .Stratégie d’animation et de promotion.
Dans les projets de développement régional recensés jusqu’à présent, un animateur
ou une organisation est toujours ciblée pour assurer le suivi, la coordination et la poursuite des
activités du projet. A cet égard, les actions du projet sont concrètes et les processus
d’élaboration sont bien ficelés par une meilleure combinaison de partenariat, financement,
acteurs, etc…
3 .Stratégie de l’implication des collectivités.
Pour arriver à réaliser des projets sur les territoires, les instances gouvernementales
doivent s’assurer de façon à ce que cette vision devient une vraie priorité nationale. De même,
les gouvernements peuvent mettre en place différents programmes adaptés pour que les
milieux puissent évoluer dans le sens du développement.
40
A titre d’exemple, ouvrir un débat sur la portée du projet et sur l’implication des
collectivités territoriales en matière d’infrastructures, s’avère souvent une stratégie de mise en
œuvre efficace. Il en est de même pour l’élaboration d’un plan de développement régional.
4 .Stratégie de synergie financière.
Il s’agit de rendre accessible la mise en œuvre d’un projet aux collectivités
territoriales selon leurs besoins spécifiques et ce, par le biais de programmes de financement
public. Il est aussi possible d’identifier des partenaires privés dans la plupart des cas. Ces
partenaires peuvent participer financièrement au projet.
5 .Stratégie de suivi de projets.
Il est relativement simple d’établir une synthèse des projets -déjà réalisés ou en
cours- dans les autres pays afin d’aider les promoteurs, les décideurs et les collectivités
territoriales à se doter de leur propre projet. Cette synthèse servirait de guides et
d’expériences, pour ainsi minimiser le risque d’erreurs ou d’échecs.
6 .Stratégie de répertoire des expertises.
Cette stratégie a pour but d’aider les collectivités, les organisations, les élus et
surtout les promoteurs du projet dans leur cheminement. En rendant ainsi les expertises
disponibles, il est plus facile de se diriger vers l’aboutissement d’un projet convivial
répondant aux besoins de la population.
Certes, toutes ces stratégies ne représentent pas une recette gagnante, pouvant
amener la réussite d’un projet ou programme à l’intérieur d’un territoire ou d’une région.
Néanmoins, nous pouvons considérer qu’elles sont une combinaison appropriée des facteurs
favorables au développement d’un territoire. Quoiqu’il en soit, ce sera le dynamisme des
différents acteurs à l’intérieur du territoire ou des pôles considérés, qui servira de levier aux
réussites des projets.
C. La nécessité d’une gouvernance locale :
Une gouvernance locale consiste en fait, à construire des compromis locaux entre
acteurs aussi bien privés que publics. Elle est caractérisée par le degré d'articulation et de
cohésion des différentes proximités qui spécifient un territoire. La gouvernance locale sera
41
donc définie dans ce contexte, comme un processus de construction d’une compatibilité entre
les différents acteurs économiques, institutionnels, sociaux…et géographiquement proches,
en vue de la résolution d’un problème ou, plus largement, de la réalisation de projets de
développement se succédant ou se combinant dans le temps.
Une telle définition insiste fondamentalement sur l’idée de processus qui articule, les
différentes logiques d’acteurs se confrontant ou coopérant sur un territoire.
La gouvernance locale combine ainsi des éléments de stabilité et d’instabilité, dont
l’importance relative évolue dans la durée. Mais, pour que l’on puisse parler de gouvernance
locale, il faut que les éléments de stabilité l’emportent, c’est-à-dire que les compromis entre
acteurs soient suffisamment stables et cohérents, afin de lever l’incertitude inhérente à l’action
collective et ainsi de réduire les rivalités et conflits.
A l’inverse, lorsque les éléments d’instabilité, c’est-à-dire les rivalités et les conflits,
mettent en cause les compromis jusqu’alors existants, on entre dans une phase de crise de la
gouvernance locale, pouvant conduire à une déstructuration territoriale.
Par ailleurs, trois principales structures de gouvernance locale en fonction de la
nature des acteurs-clés, de leurs objectifs et de leurs modes d’appropriation des ressources
produites localement, peuvent être distinguées :
• gouvernance privée : ce sont les acteurs privés qui impulsent et pilotent les
dispositifs de coordination et de création de ressources, selon un but d’appropriation privée.
Il en est ainsi de la firme motrice. Par exemple, l’établissement d’un grand groupe qui
structure économiquement et institutionnellement l’espace productif de son site
d’implantation.
• gouvernance privée collective : dans ce cas, l’acteur clé est une institution
formelle qui regroupe des opérateurs privés et impulse une coordination de leurs stratégies.
Par exemple, les Chambres de Commerce, les syndicats professionnels et toute forme de clubs
d’opérateurs privés.
• gouvernance publique : les institutions publiques ont des modes de gestion des
ressources qui diffèrent de l’appropriation privée, notamment à travers la production de biens
ou services collectifs, donc -par définition- utilisables par tous les acteurs sans rivalité ni
exclusion d’usage. Ce sont en l’occurrence : l’Etat, les collectivités territoriales et toutes les
formes d’inter collectivité, mais aussi les centres de recherche publique.
42
Dans la réalité, rares sont les situations pures telles qu’elles viennent d’être décrites :
on trouve le plus souvent une association des formes précédentes (on parlera alors de
gouvernance mixte), mais avec une dominante.
Ce qu’il faut surtout retenir de cette conception, c’est que la gouvernance locale est
un processus qui donne au territoire, sa dimension fondamentalement dynamique. Cependant,
soulignons que -dans la réalité- les compromis qui stabilisent les coordinations entre les
acteurs ne sont pas permanents ; et les contradictions et/ou les conflits finissent toujours par
l’emporter, lorsque ces acteurs ne sont plus en mesure de résoudre collectivement les
problèmes posés.
43
CHAPITRE 3 : LEÇONS A TIRER DES EXPERIENCES DE CERTAINS
PAYS EN MATIERE DE DEVELOPPEMENT REGIONAL.
Section 1 : Les pratiques et les exemples de développement régional partant des
pôles de croissance.
A. L’expérience québécoise en matière de développement régional :
L’expérience québécoise -en matière de développement régional- a été surtout
influencée par les nombreuses théories du développement, qui ont été élaborées par des
théoriciens tant au Québec que dans le monde. D’une manière générale, le développement
régional s’est inscrit comme un instrument qui a permis à l’état de diffuser la modernisation et
l’innovation, dans les régions québécoises.
Dans cette optique, le développement régional est vu comme une stratégie de
structuration des rapports entre l’État et la société civile.
Ainsi, la mise en application des théories du développement dans l’espace au
Québec s’est effectuée par l’entremise des politiques étatiques d’aménagement et de
planification du territoire29.
A cette époque, les politiques régionales vont souvent venir directement des
gouvernements supérieurs. La mise en application des théories de développement correspond
d’ailleurs à différentes phases dans le développement des régions québécoises30.
Ainsi, de 1960 à 1970, il s’agissait d’une phase consacrée aux luttes des disparités
régionales. Dans cette perspective, l’analyse centre-périphérie appliquée au Québec va
permettre à mettre en lumière les disparités régionales sur le territoire québécois et à
comprendre les différences -parfois très grandes- existant d’une région à l’autre à l’intérieur
du pays.
29 Les premières politiques de développement et d’aménagement au Québec ont été mises sur pied sous l’impulsion du gouvernement fédéral avec le programme Arda en 1961, qui fera l’objet d’une entente fédéral-provincial et qui avait pour objectif l’aménagement et la mise en valeur des terres agricoles. 30 Robert, Développement régional au Québec : un bilan de 30 ans in La pratique du développement régional, Rimouski,
Grideq. P 68. 1995
44
La deuxième phase des interventions en matière de développement, qui allait de
1970 à 1980, est celle de la consolidation de Montréal, comme pôle de développement. Cette
phase correspond à l’application de la théorie des pôles de croissance.
La troisième phase, qui s’étendait de 1980 aux années quatre-vingt-dix, a vu
l’émergence des dynamismes régionaux et une plus grande responsabilisation des intervenants
régionaux. Durant cette période, le concept du développement local a été mis en œuvre.
En un mot, on peut dire que la politique de développement régional au Québec avait
connu différentes formes d’application, étroitement liées à l’évolution du contexte, en
matière de courant ou de pensée sur le développement ; d’où la nécessité de voir l’évolution
de ces différentes applications.
1 . La lutte aux disparités régionales et la théorie des pôles de croissance.
Les politiques de développement régional étaient traversées, par deux conceptions
de la politique d’aménagement et du développement au Québec : une vision qui proposait
d'intervenir en faveur du développement des régions, à partir d'un pôle de développement
central et une autre vision qui prônait d'intervenir pour pallier les disparités régionales.
En effet, les projets et politiques qui avaient été déposés depuis les années soixante
et soixante-dix reflétaient ces deux tendances, en matière de développement régional. La
phase de 1960 à 1970 allait permettre d’étendre et d’établir les services de l'État, de façon à
peu près équitable dans chacune des régions administratives nouvellement constituées.
Plusieurs opérations de planification du développement avaient été mises sur pied dans cette
volonté de développer les régions.
La phase de 1970 à 1983 était plutôt consacrée à développer les avantages
comparatifs de Montréal, comme pôle de croissance moteur pour l'ensemble du Québec.
Par ailleurs, la délimitation des régions administratives québécoises a été l’une des
plus importantes interventions de l’État québécois, en matière d’aménagement et de
planification du territoire. Cette délimitation va permettre à créer la structure territoriale et
administrative du Québec. Les régions administratives du Québec avaient été délimitées,
selon une approche fonctionnelle du territoire.
Dans cette optique, le découpage des régions administratives québécoises reposait
sur la délimitation des villes et des villages en fonction des pôles centraux, des pôles
secondaires, des pôles tertiaires et des petits centres. Cette délimitation des régions
québécoises -selon des pôles centraux- s’appuyait sur la théorie des pôles de croissance.
45
Malheureusement, cette idée de constituer des pôles de développement dans
chacune des régions du Québec, s'était butée entre autres au problème de la faible densité
démographique des régions québécoises.
2 . Le développement local et la décentralisation.
Comme nous l’avons vu, le début des années quatre-vingt avait été marqué par la
résurgence de la préoccupation pour le développement régional. L’émergence du
développement local était associée à la mondialisation et au retrait de l'Etat Providence31.
Dans ce contexte, le discours est à la responsabilisation des acteurs locaux, à la
synergie et au partenariat des différentes catégories d’acteurs, à la prise en charge des
économies et des communautés locales. Dans cette perspective, l’État devient un État
accompagnateur.
Pendant la période des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, plusieurs projets et
politiques de décentralisation avaient été déposés au Québec : le choix des régions, le livre
vert sur la décentralisation, etc.…Tous ces projets et politiques étaient inscrits dans le courant
du développement local et de la montée du discours, en faveur des communautés locales. De
plus, le discours sur l’importance du local ne venait pas exclusivement des réformes
étatiques, mais il s’élaborait au niveau même des collectivités locales et des acteurs locaux.
En effet, devant la menace de désintégration et de crises de plusieurs communautés
rurales et parfois de certains espaces urbains, les acteurs des communautés locales tendaient à
prendre en main le destin de leur communauté sur le plan local. Dans cette perspective, les
initiatives de développement local se multipliaient -tant en milieu rural qu’en milieu urbain- et
c’était ainsi que le développement économique local et le développement communautaire
local étaient devenus des modes d’intervention, pour la prise en main des collectivités au
Québec. Ils s’étaient ainsi départis de plusieurs responsabilités. La décentralisation politique
et administrative était apparue comme un des moyens pour l'État d'effectuer cette
rationalisation, en transférant des responsabilités et des compétences à d'autres paliers de
gouvernement. Ainsi, les communautés locales étaient devenues des nouveaux lieux, pour
une régulation des rapports entre l’État et les territoires.
31 Tremblay D.G, Développement local, districts industriels et milieux innovateurs : mode ou tendance de fonds ? 1996.
46
Il ressort donc, après cette expérience Québécoise en matière de développement
régional, que la théorie du développement local semble bien loin des principes du
développement des pôles de croissance, puisque le développement local est devenu lui-même
un instrument de la gestion des crises qui secouent les pays, après les échecs de pôles de
développement et de la lutte contre la disparité régionale et cela, tant au Québec qu’ailleurs
dans le monde.
B. Les pôles de compétitivité ou de croissance dans certains pays européens :
Comment rester compétitif face à la concurrence des pays à bas coût de main
d’œuvre ? Comment certains pays parviendraient-ils à croître, depuis 10 ans à un rythme
annuel de 3% alors que certains pays comme la France atteint péniblement les 2% ? Que font
donc la Suède, la Finlande, la Catalogne ou la Bavière pour rester parmi les plus compétitifs
au monde, alors que le coût de travail y est au moins égal, sinon supérieur ?
Pour apporter un élément de réponse à ces différentes questions, Christian Blanc32
affirme qu’ « Ils font du benchmark ». C'est-à-dire, ils investissent massivement dans la
recherche, en soutenant leur enseignement supérieur et en s’organisant autour des pôles de
compétitivité. Il importe aussi de rappeler le succès des " clusters " qui réunissent -sur un
territoire réduit, autour de quelques filières ou technologies- les entreprises, la recherche, les
universités, les investisseurs.
A titre d’exemple, on peut citer les tanneries de Catalogne qui ont fait -dès 1993-
la démonstration de l’efficacité de tels partenariats. Grâce à cela, les entreprises ont
réorienté leur activité centrée sur la chaussure, vers les cuirs de fauteuil de voiture et la
maroquinerie haut de gamme. Elles ont créé un centre de recherche commun qui a
notamment mis au point des techniques de production de meilleure qualité. Comme résultat,
l’emploi du pôle a été maintenu malgré une forte concurrence des pays émergents.
Il ressort donc que pour la réussite de la mise en place d’un pôle de croissance,
quelques points méritent d’être considérés :
1 . Une organisation efficace de proximité.
Notons que la notion de proximité est inutile, si les organisations de tous les acteurs
du territoire empêchent de la valoriser. C’est ainsi que la proximité -tant physique
32C’est un ancien PDG d’Air France et député des Yvelines, auteur d’un rapport au Premier ministre intitulé « Pour un écosystème de la croissance »
47
qu’organisationnelle- devrait être exploitée d’une manière très rationnelle et efficace afin de
tirer le maximum de profit à tous les acteurs. A titre d’exemple, à Saclay au sud de Paris, se
concentre un potentiel de recherches et d’enseignements comparables à ceux de la Silicon
Valley sans qu’apparaissent ni dynamique économique, ni image de marque. Dans ce cas, une
meilleure organisation de proximité impliquant tous les acteurs de développement devrait être
instaurée pour que les fortes potentialités, en matière d’enseignement, puissent avoir des
répercussions sur l’innovation et la recherche de nouvelles technologies. .
2 . Favoriser le développement de l’innovation.
Dans une économie,, où la concurrence se fait par l’innovation et par la qualité, les
pays qui ne disposent pas d’une organisation efficace de proximité souffrent d’un retard
considérable en matière de politiques industrielles.
Par conséquent, certains pays reculent. A titre d’exemple, la France voit sa meilleure
université classée 65ème au monde, elle dépose un brevet quand l’Allemagne en dépose deux,
elle recule de sept places dans le classement mondial de la compétitivité. C’est ainsi qu’il faut
éviter un environnement défavorable –notamment- un fort cloisonnement entre recherches,
entreprises et universités, lié notamment au centralisme excessif.
3. Quelles leçons en tirer ?
Pour une meilleure compétitivité au niveau régional ou mondial, l’accent devrait être
mis -pour chaque pays- sur une bonne gestion de proximité et d’organisation efficace du
territoire. Pour le cas de la France, les propositions de Christian Blanc consistent « à créer un
écosystème nécessitant des réformes substantielles de l’université et de la recherche, visant à
les rendre plus performantes et plus tournées vers le développement économique ». Un tel
écosystème qui passerait par une série de dispositifs favorisant la mise en réseaux des
entreprises et le financement de l’innovation, ainsi que le transferts aux régions des leviers du
développement économique.
Mais surtout, un tel programme demande à tous les acteurs leur participation active.
Les chefs d’entreprise, acteurs essentiels du scénario, devront comprendre la nécessité de
développer ce tissu performant d’interactions entre eux, et avec la recherche et l’université.
Ainsi, tous ces acteurs -qu’ils soient des cadres d’entreprises, des organisations
professionnelles, des chambres de commerce- devraient amener à effectuer leurs propres
benchmarks et à identifier les actions qui permettront, dès aujourd’hui, de renforcer leur
compétitivité ensemble et donc d’assurer leur développement.
48
C. La régionalisation au Maroc :
Historiquement, la région au Maroc était depuis le début du 20ème siècle une
occupation constante pour le pouvoir central. La colonisation française avait créé des régions
militaires et civiles, selon sa logique d’occupation et de contrôle. Ce n’était que, vers la fin
des années 1960 et début 1970, que le Maroc indépendant décidait d’adopter l’idée de région
économique et régionalisation. Le Dahir du 16 juin 1971 fut un édit régional, expliqué par la
conjonction de facteurs endogènes et exogènes.
Sur le plan exogène, l’idée de régionalisation était, de plus en plus répandue, dans les
pays en développement par les approches institutionnelles et développementalistes, dont
s’inspiraient les stratégies économiques.
Sur le plan endogène, l’évolution du pays et le développement économique de l’État
national conduisaient progressivement au choix d’une stratégie à base régionale. C’était là
l’aboutissement des idées de régionalisation, véhiculées par les différents plans économiques
que le Maroc avait connus depuis son indépendance.
Mais, si les grandes régions historiques à spécificités géographiques et culturelles
existaient, l’initiative de la création de région et régionalisation serait venue de l’État, pour
des raisons d’ordre organisationnel et institutionnel, et non pour des raisons d’autonomie
régionaliste.
En tout cas, depuis la promulgation du Dahir susmentionné, le territoire national va
connaître un découpage administratif en provinces, préfectures, communes et un découpage
en régions économiques.
En terme d’évaluation, la régionalisation au Maroc, stratégie initiée par le pouvoir
central a fait l’objet de critiques, dans sa forme et dans son contenu. Quelles qu’elles soient
ces critiques, qu’elles soient géographiques, économiques, institutionnelles...,-toutes- elles
insistent sur les disparités inter et intra régionales des régions au Maroc, qu’elles soient à
caractère administratif ou économique.
49
Section 2 : Les impératifs d’un pôle de Croissance pour le développement
régional voir national.
A. Une meilleure stratégie du milieu :
D’une manière générale, la référence au développement d’un pôle de croissance
s'accompagne toujours de l'expression "stratégies". Par stratégie, on entend une vision réaliste
de la forme que prendront les pôles de croissance dans l'avenir, ainsi qu'une évaluation juste
du point de départ et des facteurs qui interviendront en cours de route. Ainsi, la planification
stratégique pour le développement d’un pôle passe impérativement par les points suivants33:
- Un engagement de la part de tous les membres actifs ayant accès aux ressources du
pôle considéré et qui sont responsables de son avenir ;
- Une organisation confiée à un groupe de planification, dotée des ressources et des
compétences requises et pourvue d'un mandat d'animation communautaire ;
- Une perspective visant des objectifs fixés à une échéance assez longue, pour que
les facteurs internes du pôle, considérés comme permanents à court terme, puissent se
transformer pendant la durée du plan de développement ;
- La recherche et l'analyse portant sur la situation du pôle considéré et de ses
différents secteurs, à l'égard de la concurrence, par l'identification de points forts et de points
faibles ;
- La fixation d'objectifs clairs, réalistes et mesurables ;
- La participation des intéressés, qui détiennent une grande partie de l'information
nécessaire à la conception du projet de développement, et dont l'intérêt personnel et
l'engagement à l'égard du plan sont essentiels à son exécution.
Cependant, ces points que nous venons de citer ne trouveraient effet qu’avec
l'élaboration d'un projet global de développement, la prise de conscience de la communauté
locale de se développer, et le développement de la crédibilité nécessaire au leadership local ou
régional.
33 Divers spécialistes, dans un document de l'OCDE 1989
50
Outre ces différents points, il importe aussi de souligner que la construction des
cadres du projet global de développement, au niveau d’un territoire nécessite la mise en place
de structures d'appui efficaces et surtout la réalisation d'activités de recherche et
développement34.
B. Une meilleure combinaison de l’information, animation et action :
Un autre point important, dans la réalisation d’un projet de développement des pôles
de croissance, concerne les agents de développement qui se doivent de bien identifier la
clientèle cible visée par leurs interventions et de s'assurer de faire comprendre la nature des
objectifs envisagés.
Ainsi, l'information trouve tout son intérêt et joue un rôle primordial dans cette
démarche. L’information circule en effet dans les deux sens : des animateurs vers la
population concernée et inversement. Une telle démarche permet de contrer le principal
obstacle dû au scepticisme ou au manque de confiance. Également, intervient à ce stade
l'identification des moyens qui seront mis en oeuvre afin de s'assurer du concours des
principaux partenaires.
Vient ensuite l’animation qui consiste à favoriser l'identification d'objectifs
spécifiques et des moyens requis pour les atteindre. Pour ces derniers, la formation
professionnelle constitue l'un des éléments-clés. Et, pour en assurer la coordination, un
organisme de soutien telle une corporation de développement économique et communautaire,
ou toute autre structure similaire, s'avère indispensable.
Enfin, vient l'action qui amène à la concrétisation et la mise en ouvre des programmes
de développement.
C. La dynamique territoire : mettre le pôle en état de se développer :
Pour mieux cerner la nécessité d’une dynamique territoriale dans le processus de
développement d’un pôle de croissance, ainsi que son élargissement à un niveau national,
nous allons faire référence au propos de Xavier Greffe. Selon cet auteur : "Aujourd'hui, pour
se développer, il ne suffit pas d'accumuler de la terre, du travail et du capital, comme au beau
temps des économies d'échelle. Dans le contexte d'une économie mondiale où la variété est
34 P. Prévost 1993 Entrepreneurship et développement local, Les éditions Transcontinentales, Montréal.
51
permanente, d'autres facteurs apparaissent au premier rang desquels reviennent la
qualification, le partenariat et les investissements en organisation."35
Tous ces facteurs qu'énumère cet auteur réfèrent en fait à la capacité d'un milieu à
innover, c'est-à-dire les aptitudes d'un territoire à produire son développement. Par rapport au
modèle de développement impulsé de l'extérieur, et qui débouche sur une problématique de
déplacement des activités, l'approche régionale fondée sur la notion de milieu ou de
concentration spatiale indique qu'il existe une autre logique de développement. Une logique
qui part des territoires et qui devrait être appliquée, pour que le développement d’un pôle se
répartisse à un niveau plus vaste, voire à un niveau national et ce, par effet d’entraînement et
de diffusion.
Par ailleurs, ce retournement dans les mécanismes de développement territorial pose
tout le défi du développement régional, voire national. Ce défi consiste à mettre –
progressivement- en place les conditions qui favorisent l'adaptation des régions aux règles
actualisées de la logique territoriale des entreprises et des familles.
A cet effet, pour redynamiser et développer le domaine économique, il apparaît
absolument nécessaire de recourir à des mesures d'ordre social, culturel et environnemental
bien identifiées au territoire. La logique économique actuelle comporte une forte dimension
territoriale, et les régions gagnantes seront celles qui sauront mieux comprendre cette
dimension, la mettre en relation avec les aptitudes et ressources de leur milieu et développer
des stratégies efficaces, pour répondre le plus adéquatement possible aux attentes et besoins
des entreprises et des familles.
En outre, soulignons que le développement régional ne peut s'enclencher et se
réaliser sans la mobilisation des ressources humaines, naturelles, technologiques et financières
du milieu, à travers une démarche de développement endogène intégrée.
35 GREFFE, Xavier; Sociétés postindustrielles et développement.Hachette.1992
52
C. Mettre beaucoup plus l’accent sur une politique territoriale que
sectorielle :
Par le biais des politiques de développement basé sur des pôles de croissance, les
gouvernements procurent des aides précieuses sinon indispensables au développement des
régions.
Or, l'efficacité de ces aides dépend largement de la bonne compréhension qu'ont les
pouvoirs publics des conditions d'apparition de l'activité économique sur les pôles.
Par ailleurs, la pratique de l'intervention gouvernementale en matière de
développement régional, telle qu'elle s'est construite au fil du temps, repose sur une façon
verticale, sectorielle et cloisonnée d'aborder les problèmes. Or, comme on vient de le voir, le
développement repose sur un ensemble de conditions, dont l'efficacité suppose une
interdépendance étroite entre elles.
L'intervention gouvernementale devra donc évoluer vers une approche transversale
et intégrée, soit une approche prenant en compte la globalité des problématiques plutôt que de
cibler des composantes isolées. Cette approche se traduira conséquemment, par des politiques
beaucoup plus territoriales ou régionales plutôt que par des politiques sectorielles.
Les facteurs qui composent la dynamique territoriale d'une région sont nombreux et
variés. Selon qu'ils s'adressent aux entreprises ou aux personnes et familles ; ces facteurs
endogènes de développement peuvent être regroupés en deux grandes catégories :
• les avantages offerts aux entreprises, soit les sites d'implantation, les
infrastructures et équipements, la qualification de la main-d'œuvre et les possibilités de
formation, l'accessibilité au capital, les facilités de communications physiques et en réseau,
les transferts technologiques, l'organisation des systèmes de gestion et de production, la
concertation et le partenariat, le développement d'un esprit d'entreprise;
• les avantages offerts aux personnes et aux familles, soit la qualité et la fiabilité
des services publics comme les soins de santé, les écoles primaires et secondaires, les
institutions universitaires, les équipements sportifs et récréatifs, les activités culturelles,… soit
le dynamisme de la vie communautaire telles que la vie associative, la sensibilité à la qualité
de l'environnement et à la mise en valeur de l'héritage culturel, l’entraide…, et enfin la
qualité du cadre de vie, à savoir l’environnement bâti, la qualité de l'air et de l'eau, les
nuisances, les paysages…
53
Ainsi, l'approche territoriale accorde une attention particulière à l'environnement
social et culturel, technologique, professionnel et financier du développement, éléments qui
constituent le milieu, duquel vont naître les initiatives et les succès d'entreprises dans le cadre
de développement d’un pôle de croissance. Les interventions qui sont consacrées à ces
dimensions, réalisées avec le soutien de l'état, précèdent et préparent l'acte économique de
création d'entreprises et d'emplois.
Bref, il s'agit d'opérations en amont de la croissance économique qui concernent
directement la dynamique territoriale.
Conclusion partielle.
L’approche régionale de développement fait -depuis plusieurs années déjà- l’objet de
nombreux débats et -en même temps- de plusieurs applications. Sur la définition même du
concept, il est rare d’avoir une définition largement acceptée par tout le monde.
Cependant, si l’on s’en tient à une première approximation générale, tout s’accorde à
dire que le développement régional est -avant tout- une dynamique économique et sociale
voire culturelle, plus ou moins concertée et impulsée par différents acteurs nationaux ou
étrangers sur un territoire donné. Ainsi, on peut le considérer comme un processus, qui permet
de faire mûrir des priorités, de choisir des actions à partir de savoir-faire de la population
régionale et de mettre en œuvre les ressources disponibles, au niveau de la région pour
satisfaire les besoins de la population.
Cette conception de l’approche régionale de développement nous amène parfois à
confondre la notion de développement régional avec d’autres approches qui lui sont proches
notamment le développement local, le développement endogène et les pôles de croissance.
De tout ce qui précède, nous avons pu constater que ces différentes approches sont
bien distinctes, malgré les nombreux points communs qui existent entre eux, pour ne citer que
l’importance accordée à la notion du territoire.
Ainsi, l’intérêt d’une revue de toutes ces théories de développement, dans une
optique territoriale, devrait se trouver non pas dans leur distinction proprement dite mais
plutôt dans leur complémentarité. Et c’est dans ce contexte, que nous avons essayé
54
d’expliquer l’enchaînement d’un développement régional qui prend -comme base- l’existence
d’un ou des pôles de croissance.
A partir des expériences ou pratiques d’une telle approche dans certains pays, nous
pouvons avancer ceux qui ont pu se développer et voir ainsi leur paramètre économique et
social s’améliorer. Ces réussites sont essentiellement dues à une meilleure compréhension du
milieu -tant sur les forces que sur les faiblesses- permettant ainsi de ressortir les meilleures
stratégies de développement basées sur une dynamique de territoire.
Notons que le nombre d’échecs dans cette pratique est aussi considérable, ce qui est
dû certainement à une inadaptation du concept sur la réalité du pays : une structure d’un Etat
trop centralisé, par exemple.
Néanmoins, il existe des facteurs déterminants qui permettent à un ou des pôles de
croissance à atteindre un développement à un niveau régional ou national. Parmi ces facteurs,
la notion de compétitivité, d’attractivité et de proximité joue un rôle primordial. Mais encore,
sait-on vraiment si tous ces facteurs trouveront effet dans la pratique ? Et c’est ce que nous
allons essayer de voir dans la partie suivante.
55
PPaarr tt iiee II II
LL EE PPRROOJJEETT PPOOLL EESS II NNTTEEGGRREESS DDEE
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AANNTTAANNAANNAARRII VVOO--AANNTTSSII RRAABBEE..
56
57
Puisque l’objet de notre étude concerne le projet Pôles Intégrés de Croissance ou PIC
sur l’axe Antananarivo-Antsirabe, il serait préférable de déterminer le cadre général dans
lequel s’inscrit l’étude. Ainsi, nous commencerons cette deuxième partie par une description
générale du projet PIC.
Ensuite, étant donné que nous ne pouvons apprécier l’efficacité du projet qu’à partir
d’une étude des impacts possibles du projet sur l’économie de la région où se situent les
pôles, une projection et analyse des retombées possibles du projet dans les années à venir
s’avère nécessaire et c’est ce qui fera l’objet du deuxième chapitre.
Enfin, nous évoquerons les perspectives de développement du projet tant au niveau
régional que national et ce, de façon à ce qu’il soit un facteur de succès.
CHAPITRE 1 : DESCRIPTION GENERALE DU PROJET PIC.
Pour une meilleure description du projet PIC, nous allons faire le tour du contexte
général et des objectifs globaux du projet, avant de voir son cadre logique ainsi que sa
compatibilité par rapport aux axes stratégiques du DSRP. Enfin, nous traiterons l’état des
lieux spécifiques du pôle choisi dans la présente étude.
Section 1. Contexte et objectifs globaux du projet PIC.
A. Le projet PIC :
Dans le cadre de son objectif de « développement rapide et durable », le
gouvernement de Madagascar a adopté une stratégie de développement, basée sur la
promotion des régions à travers le processus de décentralisation. A ce propos, notons que les
régions ont été officiellement instituées par la loi 2004-001 et effectivement mise en place,
depuis la nomination récente des chefs de régions et des autres hauts responsables.
Parallèlement à cette stratégie de focalisation du développement sur les régions, le
Gouvernement -avec l’appui de ses partenaires internationaux et bailleurs de fonds bilatéraux
et multilatéraux- conçoit et développe de nouvelles idées et stratégies pour appuyer son
58
développement. Ainsi, de nouvelles orientations comme le Pôle Intégré de Croissance,
l’Approche filière et les outils de pilotages comme le Plan de Développement Régional, etc. ...
ont été mises en œuvre et deviennent depuis quelques années le coeur de développement à
Madagascar.
Par ailleurs, l’accès progressif de Madagascar dans le commerce international et
régional, ces derniers temps, telle que son intégration très récente au sein de la SADC, le
futur APE dans le cadre de l’OMC, etc… nécessite une stratégie cohérente basée sur des
avantages comparatifs réels du pays.
Cette stratégie devrait redynamiser le secteur privé, dans la création de la richesse et
la croissance au niveau national, et au niveau décentralisé pour le développement de
proximité.
Dans ces contextes, la mise en œuvre d’une approche de développement, tel que le
PIC par le Gouvernement de Madagascar trouve tout son intérêt. Et ce, d’autant plus que les
bailleurs de fonds comme la Banque Mondiale et le FMI, ont noté avec une grande
satisfaction les efforts de redressement économique accomplis par le gouvernement malgache
depuis 2002. Depuis, ils n’ont cessé d’encourager le pouvoir à poursuivre et à accélérer les
processus de réformes économiques.
Concernant l’origine du projet PIC ou PPIC, il a été lancé depuis le 1er Décembre
2003 par la mise en place des trois premiers Pôles Intégrés de Croissance, sur la base des 3
secteurs porteurs du pays à savoir : le tourisme, les mines et les manufactures avec les
services de Nouvelles Technologies de l’Information et de Communication ou NTIC en zone
franche industrielle.
Le projet consiste notamment à réaliser au niveau de ces 3 pôles, une plate-forme
d’infrastructures pour servir de levier au développement rapide des secteurs porteurs, en
priorité.
A cet effet, il réserve un rôle essentiel au secteur privé, en sa qualité de moteur du
développement et s’inscrit donc pleinement dans la promotion du partenariat public privé
(les 3 P), tant prônée par le pouvoir actuel et qui est illustrée par une coopération véritable
pour le développement entre les entreprises, les régions, les communes et les sociétés civiles.
59
Autrement dit, dans le cadre du projet PIC, le gouvernement malgache veut faire un
levier à partir d’un investissement public, pour favoriser et inciter l’investissement privé local
et étranger axé vers l’exploitation. A ce propos, rappelons que le projet vise également à
exploiter prioritairement les avantages comparatifs de Madagascar pour développer des
avantages compétitifs sectoriels et régionaux.
B. Les différents pôles :
Concernant la localisation du projet, trois zones économiques pilotes ont été retenues
pour accueillir le projet PIC, il s’agit de la ville de Nosy-Be, de Tolagnaro et de l’axe
Antananarivo- Antsirabe. Le choix de ces pôles s’inscrit notamment dans le cadre de
l’emplacement des trois activités les plus porteuses du pays36. En effet, ces zones présentent
de réelles potentialités économiques ainsi qu’une ouverture confirmée vers l’extérieur, sans
oublier le fait qu’elles ont une indéniable capacité d’entraînement due à leur situation comme
centres de convergence migratoire.
1. Le pôle Nosy-Be :
Le choix du pôle de Nosy-Be repose sur le secteur tourisme, moteur de création de
richesses de la région, sans négliger les industries des huiles essentielles et le secteur
crevettier.
Dans ce pôle, le projet PIC vise surtout à élaborer et à mettre en œuvre un plan
directeur des sous régions prioritaires pour les investissements touristiques. A cet effet, une
série d’amélioration des infrastructures de base sera entreprise pour les années à venir. Il
s’agit entre autres de la réfection des routes, de la remise à neuf du port, du renforcement de la
commune, de l’hôpital, du système d’adduction d’eau et du système de télécommunication.
En somme, ces investissements et infrastructures doivent être coordonnés, afin que
le projet soit réalisé de manière systématique et rentable.
36 Lettre d’information. Avenir Croissance : Les pôles Intégrés de croissance. Un outil au service de l’investissement et du développement.
60
2. Le pôle Tolagnaro :
L’existence d’une forte potentialité de croissance économique basée sur
l’exploitation minière, le tourisme, la pêche et les cultures de rente, a fait de cette zone un
pôle cible. Ainsi, les axes principaux du projet dans ce pôle concernent surtout le tourisme, les
infrastructures et les mines.
A cet effet, la plate-forme des infrastructures appuyant le développement de ces
secteurs porteurs comprend notamment la construction du port, le renforcement de capacité
des institutions et l’assainissement de la ville.
Il importe de souligner que l’investisseur privé QIT Madagascar Minearls (QMM)
est le principal partenaire du projet PIC, pour la réalisation de ses objectifs dans ce pôle.
Concernant particulièrement le secteur tourisme, tous les produits sont possibles à
Tolagnaro ; tourisme balnéaire, écotourisme, etc. … Cependant, des efforts et des mesures
devraient être pris dans la promotion des sites, dans leur aménagement et surtout dans
l’amélioration de la qualité de service.
3. Le pôle Antananarivo-Antsirabe :
Actuellement, la ville d’Antananarivo -capitale de Madagascar- apparaît comme la
région la plus dynamique du pays ; c’est ainsi que cette dernière avec la ville d’Antsirabe peut
jouer le rôle de foyers industriels, tout en valorisant leur patrimoine naturel et culturel.
A cet effet, Antananarivo sera dotée d’outils économiques de portée internationale,
dont la création de Zones Franches Industrielles ou ZFI, la création d’un ICT Business Park
ou Parc technologique37.
Quant à la ville d’Antsirabe, elle abritera un grand centre agrobusiness intitulé :
Agro technopole appuyé par le développement des infrastructures de transport routier,
ferroviaire et aérien pour promouvoir en quantité et en qualité la production, la promotion et
la commercialisation de produits agricoles. Notons qu’en ce qui concerne ce pôle, de
37 Les nouvelles. La preuve par 3 pôles Intégrés de croissance pour le développement intégré. D.Ramanoelina. 16/07/2004
61
nombreux projets d’aménagement et d’amélioration des infrastructures sont à réaliser, pour
créer un environnement propice au développement des investissements, et pour accélérer
l’atteinte des objectifs du gouvernement en matière de croissance économique et surtout de
réduire la pauvreté de façon tangible.
Comme l’étude de cas du présent mémoire se porte sur le pôle Antananarivo-
Antsirabe, nous reviendrons et apporterons ultérieurement plus d’informations sur cette zone
stratégique.
A l’issue de ces explications, on a pu constater que les infrastructures à réaliser dans
les 3 pôles sont de trois types :
- les infrastructures physiques qui comprennent notamment les routes, les réseaux
d’assainissement, les ports et aéroports, etc. …
- les infrastructures institutionnelles comprenant les réformes et assainissement dans
l’administration et le secteur public. En effet, conçues pour être l’impulsion du
développement dans leur circonscription territoriale, les régions sont appelées à favoriser une
meilleure exploitation des potentialités régionales ;
- les infrastructures financières et techniques pour le secteur privé, dont les
instruments de financement, le renforcement de capacités du secteur privé, l’accès au crédit,
l’amélioration du climat d’affaires, etc. …
Le volet environnemental est également pris en compte par le projet PIC, c’est ainsi
que des mesures d’accompagnement environnemental et social ont été instituées. Ces mesures
permettront d’assurer :
- le respect de l’environnement et de l’équilibre social ;
- le respect de la culture nationale ainsi que les politiques de sauvegarde de la
Banque Mondiale et de Madagascar, dans le cadre de la politique environnementale ou PE.
Enfin, outre les efforts engagés pour offrir aux entrepreneurs et à leurs partenaires,
un cadre de travail et de vie fonctionnelle dans une logique de limitation des impacts sociaux
et environnementaux, le projet PIC a été conçu de façon à participer à l’atteinte des objectifs
du Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté ou DSRP. Et c’est cette relation entre
le projet PIC et les axes stratégiques de ce DSRP, voire leur compatibilité ainsi que le cadre
logique du projet, qui feront l’objet de la section suivante.
62
Section 2. Cadre logique du projet PIC et sa compatibilité par rapport aux axes
stratégiques du DSRP
A. Le cadre logique du projet PIC :
Il est évident que le cadre logique du PIC a été conçu sur la base de son cadre
conceptuel. Ainsi, il importe de voir ce cadre conceptuel. Partant de là, le projet PIC vise à
promouvoir la croissance régionale, à travers l’augmentation de l’investissement privé et celle
de la création d’emplois, pour booster (propulser) la croissance nationale.
Pour réaliser ces objectifs, le projet mettra en œuvre un certain nombre de
programmes et ce, dans le cadre de ses principaux axes d’interventions, à savoir : la création
de richesse par la promotion de la croissance à partir des pôles de croissance
régionale, engendrant ainsi un développement régional.
Parmi ces programmes, on peut citer :
• les programmes économiques et sociaux qui créent une synergie entre tous
les projets de régions cibles et les programmes d’investissement ;
• les programmes d’accompagnement spécifiques pour assurer la durabilité du
projet, à savoir la création d’emplois durables, l’accès durable des couches sociales
défavorisées aux infrastructures de base, la protection des milieux naturels, etc …
• le programme de renfoncement des capacités institutionnelles des communes
et des régions où se situent les pôles, afin de créer un environnement favorable aux
développements des affaires.
Partant de ces axes d’interventions principales et de ces divers programmes, le cadre
logique du projet PIC s’articule donc autour du but, des objectifs et des résultats attendus.
Ainsi, le cadre logique utilise certains indicateurs pour évaluer et pour suivre l’avancée du
projet, la réalisation des objectifs, etc…
Ces indicateurs sont généralement constitués par le taux de croissance régionale, le
taux d’investissement régional et le niveau de pauvreté régionale.
63
Dans le but de développement économique, à partir des pôles de croissance qui
contribue à la lutte contre la pauvreté, le projet PIC fait recours à quelques objectifs que nous
allons énumérer ci-après avec les résultats attendus.
Pour l’amélioration des infrastructures de base en conformité avec l’environnement,
les résultats attendus sont principalement :
- l’équilibre environnemental et social au niveau des pôles ;
- les infrastructures physiques dans les pôles pilotes qui sont qualitativement et
quantitativement améliorées.
Pour le renforcement des capacités institutionnelles des collectivités décentralisées,
le projet s’attend comme résultat :
- à l’amélioration des infrastructures institutionnelles tant sur le plan qualitatif que
quantitatif ;
- au renforcement des compétences des ressources humaines et des équipements des
communes et enfin ;
- à l’amélioration dans le recouvrement fiscal des communes.
B. La compatibilité du projet par rapport aux axes stratégiques du DSRP :
Rappelons que la conception et la mise en œuvre du projet PIC s’inscrivent, dans
une stratégie d’accès progressif de Madagascar au commerce international, tout en mettant
l’accent sur l’exploitation de ses avantages comparatifs. De plus, comme la mise en œuvre de
ce projet par le Gouvernement de Madagascar devrait s’intégrer dans le cadre global de sa
politique stratégique, pour la réduction de la pauvreté, il s’avère nécessaire d’analyser la
compatibilité du projet PIC avec les axes stratégiques du DSRP.
En effet, selon le DSRP38, l’objectif de développement pour Madagascar consiste à
réduire de moitié le taux de pauvreté en l’espace de 10 ans à travers la promotion d’un
développement rapide et durable. Pour ce faire, le principe de « Partenariat-Public-Privé »
38 Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté. DSRP. Mai 2003
64
constitue la base de ses orientations stratégiques qui s’articulent généralement autour de 3
grands axes :
• restaurer un Etat de droit et une société bien gouvernancée,
• susciter et promouvoir une croissance économique à base sociale très élargie et,
• susciter et promouvoir des systèmes de sécurisation humaine et matérielle et de
protection sociale élargie.
Par ailleurs, dans sa conceptualisation, le PIC vise à promouvoir une croissance
régionale à travers l’augmentation de l’investissement privé et de la création d’emplois, afin
d’entraîner la croissance nationale. De cette manière, le projet constitue un outil du
Gouvernement pour viser la croissance rapide et durable, la réduction de la pauvreté et la
préservation de l’environnement.
Ainsi, si on s’en tient seulement aux principaux objectifs du PIC, on peut avancer
que la mise en oeuvre de ses axes ou orientations globales rentre dans les actions du deuxième
axe stratégique du DSRP. En effet, le deuxième axe regroupe les actions visant à intensifier
les moyens de production, à accélérer la croissance par le biais d’une augmentation de
l’investissement efficace et par l’ouverture à l’économie mondiale.
Comme mentionné précédemment, le secteur privé jouera un rôle moteur dans la
réalisation du projet, tandis que l’investissement public agira en tant que levier de
développement dans l’affectation des ressources.
En poussant notre étude dans un sens un peu plus large et en considérant, cette fois-
ci, les objectifs spécifiques du projet PIC, nous verrons que ce dernier vise également un
renforcement institutionnel des collectivités décentralisées. A cet effet, on peut affirmer que la
réalisation de ces objectifs spécifiques du PIC contribue à celle de l’objectif du premier axe
stratégique du DSRP qui consiste, à titre de rappel, à assurer un Etat de droit et une société
bien gouvernancée.
Par ailleurs, les éléments constitutifs de l’axe numéro 3 du DSRP portent sur la mise
en œuvre des programmes d’investissement social tels que la santé, l’éducation, l’eau potable,
etc …
65
Pour sa part, le projet PIC contribue aussi à cet axe, par le biais de l’amélioration des
infrastructures sociales dans les pôles.
Pour récapituler tout ce qui a été dit et pour mieux apprécier cette compatibilité entre
les axes stratégiques du DSRP et les objectifs du projet PIC, nous allons illustrer dans le
tableau suivant ces correspondances.
Tableau 2: Correspondances entre les axes stratégiques du DSRP et les contributions
du PIC :
Axe stratégique du DSRP Contributions du PIC
1. Restauration d’un Etat de
droit et de bonne gouvernance.
Le projet PIC vise le développement de la décentralisation
effective et celui de la bonne gouvernance jusqu’au niveau de la
commune.
2. Promotion d’une croissance
à base sociale élargie.
Le projet avec l’adoption des variantes techniques et technologies
dans les différents secteurs (tourisme, mines, agriculture, artisanat,
commerce, etc..), l’incitation aux investissements et la
redynamisation du secteur privé concourra à l’atteinte des objectifs
globaux de ce deuxième axe stratégique, entre autres le taux de
croissance de 8 à 10%, l’amélioration du taux d’investissement,
particulièrement celui du privé. Soulignons que l’incitatif à
l’investissement est l’un des trois volets principaux compris dans
le projet.
3. Développement des systèmes
de sécurisation humaine et
matérielle et de protection
sociale
Outre l’incitation des investissements, des nouveaux emplois
directs et induits seront éventuellement créés. Le projet suscite
également l’amélioration de l’accès aux infrastructures sociales.
Source : Combinaison des données du DSRP (Mai 2003) et des objectifs du PIC.
66
Cependant, pour apprécier davantage cette compatibilité entre les objectifs du DSRP et
le projet PIC, une analyse beaucoup plus fine au niveau de ces objectifs nous permettra d’y
procéder. D’où le tableau suivant qui montrera beaucoup plus de détails sur la cohérence de
leurs objectifs.
Tableau 3 : Cohérence entre les objectifs de base du DSRP et les contributions du PIC.
Objectifs de base du DSRP Contributions du PIC
1. Réduction de la pauvreté de moitié en
2015.
Réduction de la pauvreté dans les pôles et dans les zones
d’impacts et de diffusion.
2. Etat de droit et une société bien
gouvernancée.
Renforcement des capacités institutionnelles des collectivités
décentralisées.
3. Sécurisation humaine et matérielle et
protection sociale élargie.
Amélioration des infrastructures de base et création d’emploi
durable.
4. Protection de l’environnement. Amélioration des infrastructures de base en conformité avec
l’environnement.
Objectifs économiques généraux du
DSRP
Contributions du PIC
1. Taux de croissance de 8 à 10%. Taux de croissance entre 8 et 10% dans la région constituant
le pôle.
2. Taux d’investissement de 20%. Augmentation des investissements publics en infrastructure
et promotion des investissements privés dans les pôles.
3. Participation du secteur privé de 12 à
14% au taux d’investissement.
Promotion des investissements privés dans les pôles par la
stratégie de 3P.
4. Ouverture de l’économie malgache. Promotion de l’exportation notamment les zones franches.
Promotion du tourisme.
Source : Combinaison des données du DSRP (Mai 2003) et des objectifs globaux du projet PIC.
67
Ce tableau montre très bien la cohérence du projet PIC avec le DSRP. En effet, le PIC
contribuera de manière étroite à atteindre les objectifs nationaux, tant au niveau de la
réduction de la pauvreté qu’au niveau de la croissance.
Enfin, un autre point sur la compatibilité et la cohérence du PIC par rapport aux axes
stratégiques du DSRP concerne le processus et la stratégie de mise en œuvre de projets.
En effet, ce projet est cohérent avec la mise en œuvre de la stratégie du DSRP parce
que, de par sa définition même, le projet PIC tout comme le DSRP renforcera le
développement des économies locales et régionales, le développement de la décentralisation
et de la bonne gouvernance et enfin le développement de proximité par le choix des
communes et régions comme acteurs stratégiques et institutionnels.
Le dernier point de correspondance concerne l’approche participative, aussi bien
pendant la phase de conception que dans les études de préfaisabilités des projets. En effet, elle
permettra aux communautés non seulement de développer leurs capacités techniques mais
aussi et surtout de prendre part à leur propre développement.
Maintenant, nous allons établir un aperçu général ou un état des lieux du pôle où se
porte l’étude.
Section 3. Etat des lieux du pôle Antananarivo-Antsirabe.
A. Présentation de l’axe Antananarivo-Antsirabe :
Cet axe est composé de deux villes, à savoir celle d’Antananarivo et celle
d’Antsirabe. Antananarivo est la capitale administrative de Madagascar et constitue également
le principal centre économique, financier et culturel de l’île, tandis qu’Antsirabe représente la
deuxième ville du pays en terme de concentration des industries.
Elles forment ainsi les deux premiers pôles industriels du pays avec plus de la moitié
des unités industrielles de Madagascar, qui se concentrent surtout dans le secteur textile et
NTIC ainsi que les industries agro-alimentaires.
68
1. La zone d’Antananarivo :
Antananarivo, pour sa part, dispose d’une forte potentialité humaine et d’un grand
nombre de main d’œuvre qualifiée et à bon marché, en dépit du faible taux de scolarisation.
En effet, selon la monographie de la région39, la zone d’Antananarivo enregistre une
densité de population élevée qui augmentait fortement entre les années 1993 à 2001 ; elle est
passée de 6638 à 8443 habitants par Km2. Ainsi, on note une croissance annuelle de l’ordre
de 3,8% de la population de la région.
Une croissance qui est sans doute due à la prolifération des zones franches dans la
région.
Le taux d’urbanisation est assez élevé par rapport aux autres régions environnantes.
Presque 77% de la population habitent dans les grands centres urbains (65,5% à
Antananarivo Renivohitra).
Pour la répartition des activités40, l’activité agricole est encore prédominante malgré
le développement des autres secteurs : 63% de la population active occupée sont concentrés
dans le secteur primaire. Une personne sur six, soit 16% travaillent dans le secteur tertiaire
(administration, commerce et services) et une personne sur cinq, soit 20% dans le secteur
secondaire.
Par ailleurs, la ville et ses environs disposent d’un éventail d’établissements de
formation allant des classes primaires jusqu’aux écoles supérieures publiques ou privées, avec
la possibilité de suivre des enseignements techniques et professionnalisants.
Antananarivo abrite également quatre zones industrielles distinctes où sont
installées presque la quasi-totalité des entreprises franches. Ces zones industrielles se
repartissent comme suit :
- Zone Sud-Forello, Tanjombato et Ankadimbahoaka ;
- Zone Nord sur la route des hydrocarbures Ankorondrano ;
- Zone nord-ouest Ankazomanga, Andraharo, et Ambohimanarina ;
- Zone de la route digue vers Ivato.
39 Etude d’un programme d’investissements prioritaires municipaux pour la commune d’Antananarivo. Un document qui présente en premier lieu la monographie d’Antananarivo et ensuite le plan d’Urbanisme Directeur de la ville PUDI, 40 Selon les données de l’EPM 1999 dans toute la région d’Antananarivo. INSTAT
69
Notons que ces zones franches occupent une place importante dans le secteur
industriel du pays. En effet, entre 1995 et 1999, la part apportée par les entreprises franches au
PIB du secteur secondaire était passée de 4,5% à 7 ,1% et avait connu un pic de 10,3%
en 2001. La reprise des activités en 2003, après la crise, a permis de nouveau aux activités du
secteur des entreprises franches de connaître une croissance de 76%.
Les principales infrastructures économiques et financières telles que les banques,
assurances, trésor public, administration publique centrale, sont présentes à Antananarivo
pour appuyer les opérateurs dans leurs investissements économiques.
Outre les informations sur l’environnement économiques de cette zone, on peut dire
que de nombreuses infrastructures sociales et culturelles constituent également des privilèges
supplémentaires à l’environnement des activités économiques. En effet, la zone bénéficie de
la présence des centres de Santé de Base, des hôpitaux et encore, elle bénéficie de la présence
des représentants de la CNAPS, de l’OSTIE, etc... qui s’avèrent très utiles pour les ouvriers
qui ne peuvent pas se payer des consultations libres.
Sur le plan logistique, Antananarivo constitue le plus grand nombre de réseaux
routiers, ferroviaires et aériens vers les quatre coins de l’île, mais aussi vers l’extérieur. En
effet, elle abrite l’aéroport international.
Concernant la fourniture d’énergie, les sources de courant pour Antananarivo
proviennent des centrales hydrauliques situées à proximité de la ville notamment à Mandraka,
Tsiazompaniry et Antelomita, etc. ... Seulement, l’offre d’énergie pose d’énormes problèmes
aux industries ainsi qu’aux populations de la zone ces derniers temps, entraînant parfois le
départ de certains investisseurs. Nous apporterons ultérieurement plus d’informations sur ces
problèmes pour apprécier et mieux expliquer les forces et faiblesses de la zone.
2. La zone d’Antsirabe :
De par sa situation démographique41, la population urbaine d’Antsirabe représente
23,3% du total contre 76,7% de la population rurale. La proportion de la population en âge de
travailler est d’environ 53,8%, ce qui pourrait être bénéfique à l’implantation du site.
41 D’après les données sur la monographie de Vakinakaratra UPDR. in Document d’information sur l’évaluation économique
du Projet PIC.
70
Le taux d’accroissement naturel de la population de la région avoisine les 3%. Les
mouvements migratoires contribuent le plus à l’accroissement de la population d’une année à
l’autre, car c’est une région qui attire les marchés ambulants et les travailleurs saisonniers.
En outre, de par sa richesse écologique et climatique fournie par sa situation
géographique, la zone d’Antsirabe possède aussi de grandes potentialités agricoles.
L’agriculture constitue ainsi la principale activité de la zone. En effet, les produits agricoles
servent -dans la majorité de cas- de matières premières pour les industries agro-alimentaires
locales. Pour les fruits et légumes, notons qu’une partie de la production est souvent
acheminée et vendue vers Antananarivo et Fianarantsoa.
L’élevage a aussi une grande importance dans les activités de la zone. L’exploitation
du petit élevage est surtout marquée par le développement de l’élevage laitier dans la région
de Vakinakaratra.
En outre, comme la zone d’Antsirabe est le deuxième pôle industriel du pays, ses
activités dans ce domaine sont très diversifiées avec celles de l’exploitation du sol, les travaux
de bâtiment, l’industrie textile, le travail du bois et annexes etc…
Notons que toutes ces industries sont caractérisées par leur extrême concentration
spatiale. Les PME trouvent également leur place dans la région et sont nombreuses et
difficiles à inventorier et à contrôler.
Le secteur agro-alimentaire comprend plusieurs unités de transformation avec
principalement la brasserie de la STAR, la minoterie de la Kobama, les biscuiteries
artisanales, les diverses unités de transformation de produits laitiers, les unités de fabrication
de jus de fruit naturel et d’eau minéral, etc…
Quant aux infrastructures, le mauvais état des routes dû à un manque d’entretien,
l’insuffisance et l’état délabré des infrastructures aériennes et ferroviaires constituent les
principales contraintes du développement de la zone.
Cependant, de nombreuses mesures de redressement sont en cours ou ont été déjà
prises face à cette situation. C’est ainsi que le plan d’urbanisme de la commune d’Antsirabe
préconise l’amélioration ou la réhabilitation des routes, la sécurisation et la remise en état du
réseau ferroviaire. Concernant cette dernière, une réhabilitation est déjà entamée pour
l’exploitation de la ligne Antananarivo- Antsirabe.
71
Concernant l’accès de la zone aux divers services des institutions bancaires,
quelques agences bancaires y sont installées et fournissent des financements aux paysans,
mais d’une façon assez limitée. C’est ainsi que les institutions de micro-finance comme le
CECAM et OTIV interviennent dans la région surtout auprès des paysans et des PME qui sont
réputées comme des secteurs à risque.
Du côté des ressources énergétiques, Antsirabe dispose des infrastructures
nécessaires à savoir les 2 centrales hydrauliques et thermiques, pour la fourniture en
électricité. De plus, elle a une forte capacité en énergies nouvelles et renouvelables comme les
ressources éoliennes, solaires et hydrauliques. Par contre, la production en eau commence à
être saturée malgré la présence de 2 systèmes d’adduction d’eau. Mais des projets
d’amélioration dans ce sens sont déjà en cours.
Tout comme la zone d’Antananarivo, celle d’Antsirabe a les mêmes avantages en
matière de télécommunication. Tous les opérateurs téléphoniques et fournisseurs en Internet y
sont présents. Le seul hic, c’est que la couverture téléphonique mobile y est encore très
restreinte.
Enfin, concernant la potentialité humaine, la zone d’Antsirabe dispose de ressources
humaines relativement cultivées et ce, malgré la faible taux de scolarisation (19,39%). Elle
regroupe également plusieurs établissements de formation générale et professionnelle à tous
les niveaux, ce qui représente à titre de référence qu’Antsirabe constitue un potentiel en main
d’œuvre pour le site.
B. Les forces et faiblesses de l’axe Antananarivo-Antsirabe :
A partir des informations fournies par la situation économique de ces deux villes, un
aperçu global sur les forces et les faiblesses de ces zones nous permettra de mieux apprécier
le futur du projet.
72
1. Aperçu global des forces et faiblesses de l’environnement socio-économique du Pôle Antananarivo.
Les forces de cette zone :
- Dans les infrastructures physiques comprennent : l’existence d’un aéroport international, la
rénovation en cours de l’infrastructure ferroviaire (Madarail) et les services de
télécommunications assez bien développés avec le projet d’installation de câble optique en
cours ;
- Pour les ressources humaines : il y a l’abondance de personnel d’appuis (comptable, commercial,
transitaire, …) qualifié dû à la présence de plusieurs centres de formation et d’enseignement
supérieur ;
- Au niveau de la fiscalité, les administrations fiscales et douanières sont en cours de restructuration et
de mise aux normes pour accélérer le traitement des dossiers ;
- Pour la création d’entreprises, la mise en place du GUIDE facilite énormément la venue et
l’installation des entreprises ainsi que les demandes d’agrément divers (ZFI, Tourisme…) ;
- Pour la concertation des entreprises, la présence de la Chambre de Commerce et du CAPE servent de
plate forme de dialogue entre les opérateurs et l’administration. La présence de plusieurs
associations d’entrepreneurs facilite également la promotion du secteur privé.
- Quant aux appuis techniques et financiers, la zone dispose de réseaux assez développés qui pourraient
être considérés comme des leviers au développement des affaires et de plusieurs organismes
publics et privés d’appuis (cabinets d’études , de communication, …).
Les faiblesses :
- Pour les infrastructures physiques : il y a la saturation des infrastructures en villes tels que le trafic
routier ainsi que le mauvais état des routes. La capacité de stockage de marchandises au sein
de l’aéroport international est aussi très limitée ;
- La cherté des transports régionaux aériens limite largement les échanges entre les régions nationales
d’une part, et ces dernières avec le reste du monde d’autre part ;
- Le problème d’assainissement de la ville dû aux problèmes d’évacuation d’eaux pluviales ;
- Quant aux faiblesses liées à la ressource humaine, malgré la forte potentialité de main d’œuvre, la
zone enregistre un manque de personnel qualifié en maintenance industrielle et de
techniciens dans tous les domaines notamment : mécanique, textile, bâtiments et travaux
publics, informatique, médical, agricole, …
- Quant aux problèmes de financement, on rencontre les difficultés d’accès aux crédits limitant ainsi la
création et l’extension des activités surtout pour les PME. En effet, les institutions
financières existantes ne répondent pas aux besoins et aux capacités réelles des entreprises ;
- Le manque des moyens de contrôle et de volonté de la part de l’Etat pour la régularisation du tissu
économique ;
- Le manque de fournisseurs et de fabricants de matériels et équipements industriels ;
73
- Pour les centres de recherches, on fait face à un manque de collaboration entre les centres de
recherches et les entreprises. Les résultats de recherches ne sont pas rentabilisés ni utilisés à
bon escient.
2. Aperçu global des forces et faiblesses de l’environnement socio-économique de la zone d’Antsirabe.
Les forces de la zone concernent principalement :
- L’existence des ressources humaines habiles et à bon marché favorables pour le développement du
pôle dû à la présence d’universités privées et d’établissements d’enseignement professionnel
et général. Cette situation entraînera sans doute le relèvement de la technicité de la
population et des jeunes travailleurs ;
- La présence des banques et des micro-finances qui constituent un potentiel financier qui pourrait
devenir des vecteurs importants pour le développement du pôle ;
- L’existence de fournisseurs de matières premières pour les industries agro-alimentaires qui facilitera
l’approvisionnement local des industries ;
- L’existence d’une filature locale, fournisseur direct des industries textiles de confection dans la zone.
A titre d’exemple : le Cotona ;
- L’existence d’une forte concentration spatiale des industries et des activités annexes dans le pôle ;
- La réhabilitation des marchés existants qui facilitera les échanges.
Pour les faiblesses de cette zone, on rencontre notamment :
- L’insuffisance de la formation technique et l’absence des activités de recherche qui entraîneront la
non conformité aux normes de qualité ;
- La faiblesse d’infrastructure routière, ferroviaire et aérienne ainsi que le mauvais état des routes dû en
partie à l’insuffisance d’entretien. Le manque d’entretien peut être considéré comme la
défaillance des recettes fiscales et des moyens financiers de la commune ;
- L’inexistence de bureau du GUIDE pour faciliter la création d’entreprises. La zone fait face
également à la prédominance des entreprises informelles (PME) qui se trouvent le plus
souvent en situation de concurrence déloyale ;
- Le partenariat entre les acteurs n’est pas développé. En effet, les entreprises de la région n’ont pas
l’habitude de travailler ensemble. Par conséquent, il existe peu d’interaction des grandes
industries avec les sous-traitants locaux. Aussi, les sous-traitants et fournisseurs spécialisés
atteignent difficilement un niveau de qualité élevé de leurs produits ;
- L’insuffisance de l’offre d’énergie, la pollution des eaux de surface, la mauvaise gestion des déchets
urbains et la faible couverture de téléphonie mobile sont autant d’éléments négatifs de la
zone d’Antsirabe.
74
CHAPITRE 2 : PROJECTION ET ANALYSE DES IMPACTS DU P ROJET SUR
L’ECONOMIE DE LA REGION CONSTITUANT LE POLE CONS IDERE D’ICI
2015
Avant de pouvoir faire une projection et analyse des impacts tant qualitatifs que
quantitatifs du projet, il faut avoir une certaine idée sur les activités à entreprendre dans le
cadre du projet. Ainsi, la première section de ce chapitre traitera les activités ou programmes
intégrés prévus dans le cadre du projet sur l’axe Antananarivo/Antsirabe.
Section 1. Les activités prévues par le projet sur le pôle Antananarivo-
Antsirabe.
A. Les sous-projets :
Comme constatées précédemment, les interventions pour chaque pôle ont été
spécifiées en fonction des atouts de chaque zone. Ainsi, pour l’axe Antananarivo-Antsirabe, le
domaine priorisé est plutôt le développement industriel aussi bien dans les zones franches
industrielles, les NTIC que les agro-industrielles.
Initialement, sept (7) sous-projets ont été identifiés42. Ils comprennent notamment :
- Zone franche industrielle (ZFI) à Anosipatrana ;
- ZFI à Ambohimangakely ;
- ZFI dans la zone d’Antsirabe Saharoaloha Ambohimahazo ;
- ZFI dans le Sud-Est d’Antsirabe ;
- Centre de formation en nouvelles technologies informatiques et des
communications à Antsirabe ;
- Construction d’une rocade et bretelle d’accès pour les ZFI d’Antsirabe ;
- Système de gestion des déchets solides et liquides à Antsirabe.
Ces sous-projets ont fait l’objet de plusieurs réorientations réalisées par la
coordination nationale du PIC, surtout après les missions sur terrains et les résolutions
prises lors de l’atelier de consultation sur le PIC tenue à Antananarivo ainsi qu’une étude de
75
pré-évaluation de la Banque Mondiale. Mais finalement, 3 sous-projets ont été retenus et
pourront être financés par le principal bailleur de fonds : la Banque Mondiale43.
Il s’agit notamment des :
- Sous-projet I : qui consiste en la création d’un parc technologique à Antanetibe
Ivato ;
- Sous-projet II : comprenant la mise en place d’un agrotechnopôle à Antsirabe sur
un espace de 5 ha dans le Nord de la ville.
- Sous-projet III : qui consiste éventuellement dans la création des zones industrielles
à Antananarivo. Son lieu d’implantation n’est pas encore défini exactement.
Cependant, le sous-projet attend que le gouvernement propose un lieu dans le
terminal de conteneur à Ambohimangakely.
Pour tous ces sous-projets, il est clair que même s’ils pourraient être financés par les
principaux bailleurs, il faut que le secteur privé soit également prêt à s’investir tant dans le
développement que la gestion des sites. En outre, les autres sous-projets dont le financement
reste à identifier, feront donc l’objet d’une attente.
B. Le Parc technologique d’Antanetibe :
Initialement, le parc technologique d’Antanetibe est normalement prévu s’installer
sur le site actuel du centre technologique de l’information et de la communication du
Ministère chargé de la Télécommunication, des Postes et de Communication. Mais vu que
d’autres sites comme Alarobia et Ambohimangakely ont été également proposés par le
gouvernement, l’implantation définitive de ce Parc technologique reste encore à l’état de
définition lors de la préparation du présent mémoire.
Cependant, on peut tout de même avancer que le site en question comprend un
bâtiment administratif, des salles de classes, des laboratoires de télécommunication, un
réfectoire, un dortoir, et des logements du personnel pour éviter le déplacement.
42 Source : Etude d’impact Environnemental et Social du projet PIC. Tecsult International 43Version provisoire. Tecsul International. Janv. 2005. Projet PIC
76
Si le site d’Antanetibe est retenu, alors les constructions pourront s’effectuer sur le
terrain de football du centre d’Antanetibe. Durant la première phase du projet, les activités
prévues dans le processus de mise en œuvre des objectifs peuvent se résumer ainsi :
- la mise en place d’un accès aux services par satellite à larges bandes ;
- la conception et la construction d’un lien de fibres optiques ;
- la réhabilitation des systèmes d’approvisionnement en eau et de distribution
d’électricité desservant le site.
La mise en place et le développement de ce site ne posent pas de problème
particulier. Cependant, des aménagements doivent être préparés et entrepris pour viabiliser le
site voire la zone environnante.
Enfin, les principales activités liées à ce site concernent le traitement des données
informatiques et les services informatiques offshore. En tant qu’activités de support, on peut
trouver également la distribution de logiciels, la vente d’équipements informatiques et les
formations en informatique.
C. L’Agro technopôle à Antsirabe :
Au départ, le site prévu comprenait une superficie de 326 Ha au Sud de l’aérodrome
d’Antsirabe44. Mais après une série de mission et de pré-évaluation menée par la Banque
Mondiale, la surface pour l’implantation de l’agro technopôle s’est considérablement réduite ;
elle est passée de 326 Ha à 5 Ha.
Contrairement aux sites d’Antananarivo, la zone d’Antsirabe ou plus précisément le
site identifié aura moins d’impacts sociaux, étant donné que le terrain est encore en friche et
ne comporte par conséquent aucune construction ni habitation. Pour les comités locaux de
pilotage du pôle d’Antsirabe, l’agro technopôle comprendrait donc :
- un complexe technique de recherche et de développement ainsi qu’une unité de
traitement de produits ;
44 Projet PIC. Evaluation de l’impact environnemental et social. Concrétisation environnementale et sociale préliminaire. Novembre 2004.
77
- un complexe administratif qui accompagnera le complexe technique.
L’implantation du site dans cette zone vise surtout à promouvoir l’amélioration en
quantité et en qualité de la production agricole. A ceci s’ajoute la valorisation des activités de
la zone par le biais de la promotion et la commercialisation des produits agricoles.
Ainsi, dans le cadre du projet PIC, trois grandes filières porteuses ont été
préalablement identifiées pour le site. Il s’agit de la filière fruits et légumes, les produits
laitiers et l’élevage à cycle court.
Cependant, d’autres filières de moindre envergure mais à forte potentialité
économique ont été également sélectionnées. Ce sont en l’occurrence, la filière miel et les
intrants agricoles45. Concernant cette dernière, il s’agit notamment des semences, des engrais,
des matériels agricoles etc....
Il est à noter que pour la bonne marche de ce secteur agro-alimentaire, cette filière
est indispensable à cause de sa contribution dans l’amélioration de la production agricole ainsi
qu’à l’offre des accessoires nécessaires à la production agro-alimentaire proprement dite.
D. Les zones franches industrielles à Antananarivo (ZFI) :
Tout comme l’implantation du parc technologique, celle des zones franches
industrielles fait face à une certaine imprécision. En effet, les trois implantations initialement
prévues46: à Anosipatrana, à Ambohimangakely et à Ambohimahazo, ont été remplacées par
d’autres implantations de ZFI notamment à Ambatolampy et Ampitatafika. Cependant,
l’étude de pré-évaluation de la Banque Mondiale n’a pas recommandé de telles implantations.
C’est ainsi que, selon la même étude, il pourrait être possible de développer une
nouvelle implantation de ZFI si le gouvernement trouve un site près du terminal de conteneur
à Ambohimangakely Antananarivo. Là encore, on peut dire que le site n’est pas encore bien
défini lors de l’établissement de la présente étude. Néanmoins, on peut déterminer quels
secteurs ou branches d’activités seront priorisés par le site.
45 Les intrants sont les entrées ou les facteurs de production ; « input » dans la traduction anglaise 46 Etude d’impact Environnemental et Social du projet PIC. Tecsult International
78
L’importance du secteur textile et habillement dans l’économie de la région a fait
que ce secteur soit le principal axe d’intervention du projet PIC à Antananarivo. En effet, ce
secteur est important du fait de sa part croissante dans les recettes en devises : environ 39%
des exportations totales en 2001, ainsi que de sa contribution à la création d’emplois : environ
120.000 emplois pour la même année47.
Le choix d’implantation de ces unités industrielles dans la zone centrale est surtout
dû aux certains avantages factoriels que possède la région à titre de rappel :
- l’existence de la main d’œuvre en abondance et de bonne qualité ;
- l’existence des réseaux de transport intérieur exploitables pour les différents
acheminements de matières premières et marchandises exportées ;
- l’existence de support logistique développé pour soutenir les sociétés de confection
dans l’acheminement des entrants et produits ainsi que dans les différentes démarches
d’importation et d’exportation ;
- enfin, le regroupement d’entreprises annexes et complémentaires dans des zones
industrielles, favorisant ainsi une certaine force d’interactions opérationnelles.
Il ressort de tout ce qui a été dit que l’exploitation des ZFI48 dans le cadre du projet
PIC trouve ses forces principalement, dans les atouts qui relèvent de la disponibilité de main
d’oeuvre abondante et de bonne qualité d’une part et à des coûts très compétitifs d’autre part.
Outre ces atouts liés à la main d’œuvre, de nombreuses opportunités s’offrent
encore aux industries de cette zone ainsi qu’à celles du pays tout entier pour ne citer que : le
bénéfice des avantages de taux préférentiels dans le cadre de l’AGOA des Etats-Unis, de
l’accord de Cotonou de l’Union européenne, et les accords d’intégration régionale comme la
COI, la SADC, etc...
Cependant, la fin de l’Accord Multifibres dans le début de l’année 2005 constitue
une menace pour l’ensemble du secteur. Et ce, d’autant plus que la règle spéciale de l’AGOA
n’a pu être renouvelée que pour une période relativement très courte de 3 ans.
47 Conjoncture économique 2001-2004 ministère de l’économie, des finances et du Budget ou MEFB et INSTAT
79
Enfin, des défis se posent alors pour le pôle Antananarivo, dans le cadre du projet
PIC, afin d’atteindre un certain niveau de compétitivité permettant ainsi de faire face à la
concurrence accrue sur le marché international.
Si telles sont les activités à entreprendre dans la réalisation du projet PIC, alors à
quels impacts possibles pourrait-on s’attendre dans les années à venir du projet, plus
précisément d’ici 2015 ?
Section 2. Projection et analyse des effets probables du projet dans l’économie de la région
constituant le pôle d’ici 2015.
Dans l’étude prospective se rapportant sur le projet PIC, il a été préférable de se
consacrer à un pôle en particulier : l’axe Antananarivo-Antsirabe, à cause de la disponibilité
des données. Dans cette projection, il s’agira alors de fournir des données quantitatives qui
regrouperont les indicateurs d’impacts du projet PIC sur le développement du pôle au niveau
régional.
A partir d’estimations empiriques basées sur les indicateurs du pays, il sera possible
d’effectuer une projection des impacts quantitatifs du PPIC à l’avenir. Les résultats obtenus
seront ensuite analysés et interprétés et ce, dans le but d’apprécier la pertinence du projet pour
le développement du pôle voire la région d’une part, et d’éclairer les responsables du projet
PIC sur les impacts éventuels de leurs futures actions d’autre part. Ils seront dès lors en
mesure de se positionner et d’apporter des corrections si celles-ci ont lieu d’être.
48 Notamment dans le secteur textile, confection et habillement
80
Les données quantitatives concernent notamment :
• les impacts du projet sur l’emploi, sur la valeur ajoutée et la production ; en
effet, les nouvelles entreprises qui s’implanteront dans cet axe vont immédiatement permettre
de créer de nouveaux emplois non seulement dans les domaines d’activités sus indiqués mais
également dans d’autres secteurs, et ce, de façon induite, tant formels qu’informels.
On peut parler donc des emplois directs et indirects créés par le projet. Les emplois
directs sont liés aux activités de production, de transformation ou de la construction du site
proprement dit qui s’inscrivent dans le cadre du projet, alors que les emplois indirects
concernent les activités annexes induites par le projet comme les activités liés à
l’approvisionnement, aux activités commerciales créées aux alentours du site, etc…
Cependant, compte tenu du manque d’informations, nous ne serons en mesure
d’évaluer que les emplois générés directement par le projet. Il en est de même pour la valeur
ajoutée et la quantité de production.
• les impacts sur les échanges extérieurs : les entreprises qui seront implantées
dans la zone seront bien évidemment sous le régime des entreprises franches. Leur production
sera donc essentiellement destinée à l’exportation. Et ce, d’autant plus que le marché
intérieur est déjà dominé par quelques entreprises locales et les importations.
Néanmoins, il faut noter que les intrants peuvent être soit d’origine locale soit
importés. Ainsi, le projet aura sûrement des impacts sur la balance commerciale.
• Les impacts sur la fiscalité : les entreprises qui vont œuvrer sur la plate-forme
d’infrastructures du site seront en majorité sous le régime des entreprises franches. Ainsi, elles
seront exonérées de certaines taxes. Compte tenu de l’incertitude quant à la forme, la taille,
les capitaux et les données sur les entreprises visées par le projet, il sera difficile de
déterminer avec certitude la valeur des recettes fiscales que l’Etat serait en droit d’attendre de
ces entreprises.
Notons cependant que lorsque l’Etat décide d’opérer sous le régime des zones
franches, c’est davantage pour bénéficier des capitaux étrangers et des transferts de
technologie que pour des recettes fiscales.
81
A. Les impacts en matière de création d’emplois et de création de la valeur
ajoutée :
Avant de faire une projection sur les effets probables en matière de création d’emploi,
il importe de souligner que tous les travaux de construction liés à la mise en œuvre du projet
débuteront en 2006. Donc, cette date peut être considérée comme la date de commencement
ou de mise en œuvre du projet.
Pour avoir le nombre d’emplois susceptible d’être créé dans le cadre du projet, nous
allons baser notre calcul à partir du nombre d’entreprises qui seront implantées dans le cadre
du projet qu’il s’agit des entreprises en ZFI textiles, agro-alimentaires ou NTIC d’une part, et
du nombre moyen des employés dans chaque secteur d’activités susmentionné durant les 10
dernières années d’autre part.
En faisant la multiplication des deux nombres, on peut avoir une estimation empirique
du nombre d’emplois susceptibles d’être engendrés par le PIC dans la zone d’Antananarivo-
Antsirabe.
Ci-après un tableau qui montre l’évolution des surfaces à réaliser les investissements49
dans le cadre du projet PIC sur l’axe Antananarivo-Antsirabe.
Tableau 4: Surfaces consacrées aux investissements du projet PIC en Ha :
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Total
TIC à Antanetibe 0 0 3 0 3 0 0 3 0 0 9
ZFI à Ambohimangakely
5 0 5 0 5 0 5 0 10 0 30
Antsirabe ATP 0 5 0 0 5 0 0 5 0 0 15
Total Ha par an 5 5 8 0 13 0 5 8 10 0 54
Source: Compilation by Tebodin. BV50.
49 Il s’agit notamment des infrastructures, bâtiments, des routes et des magasins de stockage et autres constructions. 50 Projet PIC. Données sur l’évaluation économique du projet PIC. 2005. Informations recueillies au service : Conseil en Suivi, Evaluation et Animateur du projet PIC
82
L’intérêt de ce tableau se trouve dans le fait qu’il nous permet de calculer le nombre
d’entreprises qui seront créées. Cependant, il est à noter que pour toutes les estimations dans
cette partie, nous avons considéré quelques hypothèses :
• D’abord, nous avons supposé que les structures des entreprises dans les
différentes branches d’activités en 1998 sont les mêmes en 2004 et aussi jusqu’en 2015. C’est
à dire : les structures dans le secteur industriel en matière de répartition par branche
d’activités ne changeront pas et ce, malgré le dementèllement de l’Accord Multifibre de
l’OMC, ainsi que l’effervescence massive de l’économie asiatique dans le commerce
international51, qui pourraient bien y apporter des changements à cause de la concurrence.
• Aussi, pour les ZFI à Ambohimangakely, on a repris l’hypothèse sur
l’estimation du nombre et unités de production à installer. Ainsi, pour la première année sur
une surface de 5ha, nous supposons que 3 unités d’une surface de 50m x 40m et 2 usines
d’une surface de 50m x 80m de chaque seront implantées52. Pour les années suivantes, nous
supposons également que les implantations seront les mêmes et proportionnelles à cette
surface.
• Nous avons également repris l’hypothèse53 que l’usine de type 50m x 40m est
d’une norme standard et donc la main d’œuvre qu’elle utilisera est supposée égale à la
moyenne des nombres d’employés dans les années passées. L’autre type d’usine, c'est-à-dire
celle du 50m x 80m utilisera deux fois plus de main d’œuvre moyenne. La moyenne de main
d’œuvre utilisée est celle de l’année 1994 jusqu’au 2004. Ainsi, ce nombre d’emploi en
moyenne qu’on a pris à partir des données statistiques sur l’emploi pour les ZFI textiles, les
agroindustriels et les NTIC est successivement de 259, 24 et 33 emplois. (Voir Annexe 3)
• Pour la branche agro-alimentaire, elle peut voir apparaître54 2 à 15 nouvelles
moyennes et grandes unités de transformation par an. Avec un tel rythme, selon toujours les
données sur l’évaluation du projet PIC, 4 industries agro-alimentaires s’installeront dans un
premier temps, 4, l’année suivante pour atteindre 24 industries en 2015. (Voir Annexe 4.
Tableau 9). Notons que pour ces 4 industries, deux se spécialisent dans la transformation et
conditionnement des fruits et légumes et 2 dans le traitement et conditionnement.
51 Voir Annexe 1. Tab 6. 52 Projet PIC. Hypothèse du rapport Tebodin. Voir Annexe 2. Projet PIC. Données sur l’évaluation économique du projet PIC. 2005. Informations recueillies au service : Conseil en Suivi, Evaluation et Animateur du projet PIC. 53 Idem. 54 Rapport MADIO, enquêtes annuelles dans l’industrie de 1994 à 1997. In données sur l’évaluation économique du projet PIC. 2005. Informations recueillies au service : Conseil en Suivi, Evaluation et Animateur du projet PIC.
83
• Enfin, pour les NTIC55, le rythme de création des entreprises est assez élevé à
Madagascar. Par exemple en 2000, 28 entreprises franches en informatiques et de services ont
été enregistrées. Ainsi, pour ce qui est du nombre d’entreprises qui seront créées, nous
reprendrons également les données sur d’évaluation économique du projet PIC (Voir Annexe
4. Tableau 10). Ainsi 5 entreprises sera créer en 2007, 5 entreprises les années suivantes. Ce
nombre atteindra une somme de 40 entreprises créées jusqu’à 2015.
Année Nombre d'entreprises ZFI qui seront
créées
Nombre
d'entreprises
ATP qui
seront créées
Nombre
d'entrepri
ses NTIC
qui seront
créées
Nombre cumulé d'emplois qui
seront créés en ZFI
Nombre
cumulé
d'emplois
qui seront
créés en
ATP
Nombre
cumulé
d'emplois
qui
seront
créés en
NTIC
Nombre
total cumulé
des emplois
qui seront
créés dans
la zone
De type
50*40m
De type
50*80m
Total
cumulé
50*40m 50*80m Total
cumulé
2006 3 2 5 0 0 777 1036 1813 0 0 1813
2007 5 0 5 777 1036 1813 0 165 1978
2008 3 2 10 4 10 1554 2072 3626 96 330 4052
2009 10 8 14 1554 2072 3626 192 462 4280
2010 3 2 15 8 19 2331 3108 5439 192 627 6258
2011 15 12 23 2331 3108 5439 288 759 6486
2012 3 2 20 16 27 3108 4144 7252 384 891 8527
2013 20 16 32 3108 4144 7252 384 1056 8692
2014 6 4 30 20 36 4662 6216 10878 480 1188 12546
2015 30 24 40 4662 6216 10878 576 1320 12774
Total 18 12 10878 576 1320 12774
A partir de toutes ces données et hypothèses, on peut donc obtenir le tableau suivant
qui porte sur les retombées du projet PIC en matière de création d’emplois.
Tableau 5 : Nombre d’emplois créés dans la zone Antananarivo-Antsirabe.
Source : Projet PIC, Mefb et nos propres calculs.
55Dont les activités concernent à titre de rappel : le traitement de textes et de données informatiques, programmation et logiciel, fournitures de services, de formation, télécommunication, internet, etc….
84
Au total, les unités de production dans la branche textile et NTIC qui seront
implantées dans la zone Antananarivo auraient créés 12 198 emplois au total jusqu’en 2015.
Pour la zone Antsirabe, le nombre est moins important, il serait de 576 emplois créés
seulement.
Cependant, notons bien que les retombées en matière de création d’emplois que nous
avons calculés ici concernent uniquement les emplois directs56.
Pour la zone d’Antsirabe, le nombre d’emplois créés est assez faible du fait que
dans cette zone, ce sont surtout les emplois indirects qui sont favorisés par le projet.
Par contre, pour la zone Antananarivo, le sous-secteur textile et confection est la
principale niche en matière de création d’emplois. En effet, la branche englobe la majorité de
la main d’œuvre avec 10 878 emplois directs créés jusqu’en 2015 contre 1 320 emplois pour
les services NTIC.
Le pôle de ZFI textile sera donc le secteur le plus pourvoyeur d’emplois directs. Le
NTIC est placé en deuxième position et viennent ensuite les industries agro-alimentaires avec
un nombre de 576 emplois directs seulement. Dans ce contexte, la zone ATP d’Antsirabe sera
classée en dernière position en matière de création d’emplois.
Pourtant, en prenant en compte les emplois indirects57 générés par le projet PIC,
cette zone enregistrera un nombre assez important de main d’œuvre.
En effet, la zone agro technopôle d’Antsirabe constituera une grande opportunité
pour la région de Vakinakaratra, dans son essor économique parce qu’elle créera une grande
masse de main d’œuvre agricole à la demande des industries agro-alimentaires pour leur
approvisionnement.
A titre d’exemple, en 2010 la zone aurait besoin au total 33 798 emplois au niveau
de l’agriculture répondant à la demande de l’Agro technopôle et ce nombre pourrait atteindre
une somme de 92 651 emplois à l’ horizon de 201558.
Cependant, dans cette zone il importe de souligner que ces emplois concernent
surtout des emplois temporaires. Généralement, plus de la moitié de la main d’œuvre, qu’elle
soit directe ou indirecte, comprend des emplois temporaires. Il s’agit notamment des emplois
56 Ce sont des emplois directement liés aux activités de production, de transformation proprement dite d’une part et des emplois nécessaires à la construction des industries,des routes et divers infrastructures d’autres part. 57 Nous n’avons pas pu faire une projection sur les emplois indirects à cause de l’insuffisance des données. Nous avons donc repris les données dans le document d’évaluation économique du projet PIC. 58 Voir Annexe 4. Tableau 11.
85
journaliers et saisonniers qui sont rémunérés par jour de travail et qui sont recrutés au moment
des fortes commandes des agro-industriels.
Notons que cette pratique est incontournable pour les industriels afin de diminuer
leurs charges salariales et gagner par conséquent plus de compétitivité.
B. Les retombées du projet sur la création de valeur ajoutée, la balance
commerciale et la fiscalité :
1. Pour les ZFI :
Dans cette partie, faute des données et des moyens pour calculer les différents
agrégats économiques nécessaires pour estimer les valeurs ajoutées, nous avons repris les
données recueillies au sein du projet PIC tant sur l’estimation de la valeur ajoutée, de la
balance commerciale que sur la fiscalité.
Le sous projet PIC concernant les ZFI d’Ambohimangakely entraînerait un gain en
valeur ajoutée de 11,4 milliards d’Ariary en 2007 et 121,9 milliards d’Ariary jusqu’en 2015.
En terme de production, ce sous projet créera une production de 45,5 milliards d’Ariary dans
la première année et 492,5 milliards d’Ariary jusqu’en 201559.
Concernant la fiscalité : appartenant à un régime d’exception de zone franche, les
entreprises qui seront implantées auront une faible contribution aux taxes et versements
assimilés. Leur part à la recette fiscale de l’Etat est très faible se portant à 79 millions Ariary
seulement en 2007. En 2015, leur contribution serait largement élevée avec 843 millions
Ariary.
Quant à la contribution de cette zone dans la balance commerciale, on pourra
s’attendre à un solde positif de celle-ci, de 2007 à 2015. En 2007, les exportations dépasseront
largement les importations engendrant ainsi un solde de 36,9 milliards Ariary dans la balance
commerciale et le solde atteindra une somme de 387,6 milliards Ariary en 2015.
59 Voir Annexe 5. Tableau 12
86
2. Pour les ATP :
Rappelons qu’avec quatre industries implantées dans un premier temps dans la zone
Agro technopôle d’Antsirabe, les données sur l’estimation des impacts du projet récapitulées
dans le tableau en annexe démontrent qu’en 2008, elles pourront créer une valeur Ajoutée de
l’ordre de 10 milliards Ariary60.
En 2015, la valeur ajoutée créée par la zone pourra atteindre une somme de 100
milliards Ariary environ avec -à titre de rappel- 24 entreprises. Dans cette estimation, le projet
PIC dans son évaluation économique a souligné que les valeurs ajoutées pourront avoir une
somme beaucoup plus importante surtout à partir de 2010. A titre d’exemple, on peut
s’attendre à la possibilité de développer de nouvelles cultures destinées à l’exportation due
notamment aux résultats de recherches, aux décisions d’investisseurs ainsi qu’à la portée des
activités de partenariat.
Quant à la valeur des impôts et taxes, la zone d’Antsirabe créera 590 millions Ariary
de recettes fiscales à l’Etat en 2008. Cette contribution de la zone atteindra une valeur de 6
milliards environ en 2015.
Pour la contribution à la balance commerciale, elle est globalement positive et
significative. Ce qui est sûrement dû au fait que la production dans cette zone est beaucoup
plus consacrée à l’exportation qu’à la consommation locale. Le solde de la balance
commerciale de la zone ATP sera plus de 17 milliards Ariary en 2008 et atteindra 150
milliards Ariary en 2015.
3. Pour les NTIC :
Les entreprises de fournitures de services NTIC créeront environ 2,4 milliards
Ariary de VA en 200761. Cette création de VA devrait atteindre au moins 33,6 milliards
Ariary en 2015. Soulignons que ces apports en VA dépendront du nombre des investisseurs
du secteur. En effet, plus le rythme de construction est rapide, plus il y a de chance de
multiplication rapide des entreprises NTIC vu que le secteur est très porteur.
60 Voir Annexe 5. Tableau 13 61 Voir Annexe 5. Tab 14.
87
Quant aux impacts sur la fiscalité, les impôts et taxes drainées par les entreprises de
service NTIC auront une valeur de 52,5 millions Ariary en 2007. Ils seraient de l’ordre de
398,5 millions Ariary en 2015.
A partir de ces différentes données, on a pu constater que les entreprises de ZFI
textiles auront des impacts très importants sur la balance commerciale par rapport aux
industries de l’ATP, alors que pour les impacts sur la fiscalité c’est tout à fait l’inverse, c’est à
dire que les impacts des industries de l’ATP sur la fiscalité sont très significatifs par rapport à
ceux des ZFI textiles.
En effet, en 2015, les ZFI textiles contribueront à la balance commerciale avec un
solde de 387,6 milliards Ariary contre seulement 150 milliards Ariary pour les entreprises de
l’ATP.
Pour les retombées fiscales, les ZFI enregistreront une contribution de 843 millions
Ariary seulement en 2015 contre 6 milliards Ariary pour les industries ATP et 398 millions
Ariary pour les NTIC.
Cette situation peut être expliquée par le fait que les entreprises de ZFI textiles sont
dans leur majorité sous le régime particulier de zone franche et donc exonérées de certains
impôts et taxes assimilées. Il en est de même pour la plupart des entreprises du service NTIC.
Cependant, il est évident que, pour atteindre les objectifs fixés et obtenir ces
résultats dans le cadre du projet PIC, des investissements devraient être assurés. Pour la
répartition des investissements dans chaque secteur (ZFI textiles, NTIC et agro-alimentaires),
nous avons repris les données sur la variation des investissements dans le document de la
Banque Mondiale portant sur les montants de crédits proposés à la République de Madagascar
dans la cadre du projet PIC.
Ainsi, l’investissement prévu pour les zones Antananarivo se chiffre à 1,8 million de
Dollars, soit 3,5 millions62 Ariary au début du projet, c'est-à-dire en 2006 et atteindra un
montant de 19,6 millions de Dollars, soit une valeur de 190,2 milliards Ariary en 2012.
Notons que cette année marque la fin des investissements prévus par le projet notamment les
investissements dans les installations des bâtiments et usines. Donc, on peut affirmer qu’à
partir de 2012, toutes les industries et sociétés des zones franches construites dans le cadre du
62 En prenant le cours moyen de change d’un Dollar à 9750 Fmg.
88
PIC seront déjà opérationnelles et peuvent jouir des externalités positives des infrastructures
déjà existantes.
Il ressort donc de tout ce qui précède que les retombées du projet PIC, que ce soit en
matière de création d’emplois, de VA, des impacts sur la fiscalité et la balance commerciale,
ne seront pas moindres et qu’ils auront sans doute des effets importants sur l’économie de la
zone considérée. Néanmoins, de tels impacts ne se réaliseront pas et ne se diffuseront dans
l’espace régional voire national, sans l’application des mesures préalables et des mesures
d’accompagnement. C’est ce qui fera l’objet du prochain chapitre.
CHAPITRE 3 : LES PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT DU PROJET AU NIVEAU
REGIONAL ET NATIONAL
Comme nous avons déjà traité dans la partie théorique se rapportant au
développement dans une optique spatiale, les perspectives de développement au niveau
territorial ne pourront amener un développement régional voire national que par le biais des
effets d’additionnalité, de diffusion et d’entraînement du projet.
Ainsi, avant de voir les facteurs clés et les recommandations pour la réussite du
projet PIC, une attention particulière sera portée sur ces effets d’additionnalité et de diffusion.
Section 1. Les effets d’additionnalité et de diffusion du projet PIC.
Les effets d’additionnalité et de diffusion du projet PIC peuvent être conçus comme
conséquences de différents axes d’interventions sur chaque secteur porteur ou zone à travers
laquelle les éléments de compétition sont à améliorer. En d’autre terme, il peut s’agir des
effets positifs du projet sur le pôle proprement dit et ses environs à court et moyen termes.
Ainsi, pour mieux apprécier ces effets d’additionnalité et de diffusion, nous allons
voir successivement pour chaque secteur porteur les apports prévus par le projet et ensuite
nous formulerons les effets d’additionnalité et de diffusion proprement dits.
89
A. Pour le développement du secteur textile :
Dans ce secteur, outre la mise en place de plate-forme d’infrastructures comme la
réhabilitation des routes, des bâtiments, des magasins de stockages,… de nombreuses autres
actions sont à réaliser.
Les principales actions prévues par le projet PIC pour l’amélioration de la
compétitivité concernent entre autres :
- l’attraction des Investisseurs Directs Etrangers (IDE) par le biais d’une
amélioration de l’approvisionnement en intrants ainsi qu’une modernisation de
l’administration douanière. Cette modernisation comprend entre autres la formation des
agents de la douane et des opérateurs privés, l’opérationnalisation du Sydonia ++ ;
- l’amélioration de l’offre en énergie qui devrait passer par une réhabilitation des
équipements existants, voire une extension par l’exploitation de nouvelles sources d’énergie.
La promotion des énergies renouvelables peut être aussi envisagée.
Pour cette action, l’apport du projet PIC consiste à la réhabilitation des équipements
de la JIRAMA qui devrait sans doute amener à l’effet d’additionnalité suivant : l’offre d’une
meilleure qualité de l’énergie (moins de coupure électrique ou délestage, régularité des
tensions, etc. …)
- l’intensification des réseaux des ports, voire la construction de nouveaux ports. Par
cette action, l’augmentation du trafic maritime qui entraînera automatiquement un
accroissement des volumes de produits exportables peut être considérée comme effet
d’additionnalité.
L’accélération des travaux de réhabilitation de Madarail qui est le concessionnaire
du réseau ferroviaire de l’île peut être aussi envisagée.
- enfin, l’amélioration de la compétitivité des entreprises locales par le biais de
renforcement du capital humain, l’amélioration des coûts de l’énergie et de la
télécommunication et la promotion de partenariat entre les différents acteurs. Ici, l’apport
essentiel du projet PIC consiste à la formation technique en textile des cadres et de la main
d’œuvre des entreprises. Comme effet d’additionnalité, on peut obtenir dans ce cas un
meilleur rendement des entreprises qui entraînera sans doute la diffusion des compétences et
de savoir-faire au niveau du pôle et des régions environnantes.
90
B. Pour le développement du secteur agroalimentaire :
Dans ce secteur, les actions prévues sont à peu près les mêmes que dans le secteur
textile et comprennent entre autres :
- l’amélioration de l’accès aux infrastructures qui consiste notamment en la
réhabilitation des axes routiers vers les zones productrices agricoles, la mise en place des
programmes d’entretien routiers et la création de vraies zones industrielles. Rappelons que
l’apport du PIC dans ces actions consiste surtout à la création d’Agro technopôle à Antsirabe.
Dans ce cas, on peut enregistrer comme effets d’additionnalité la facilitation des
créations d’entreprises ainsi que l’accès aux marchés par la mise à disposition d’informations.
Il se peut également qu’il y ait une mise à disposition d’organismes d’appuis techniques qui
favorisent une meilleure profitabilité des entreprises.
- le développement de partenariats entre les opérateurs ; plus précisément, des
partenariats entre les centres de recherches, les entreprises, les producteurs et les exportateurs,
etc…
A cet effet, la mise en place d’une Ecole supérieure Agronomique ainsi que d’autres
partenariats entre l’Ecole et les entrepreneurs/industriels sont les principaux apports du PIC.
Ces actions enregistreront comme effet d’additionnalité l’amélioration de la productivité et de
la compétitivité tant au niveau local que régional.
- Il y a aussi lieu de renforcer le capital humain. Ici, il s’agit surtout de rationaliser
les appuis techniques aux paysans et aux fermiers, ainsi que de créer des centres de formation
technique agricole de niveau intermédiaire. Ainsi, l’effet d’une meilleure maîtrise des
techniques et des normes industrielles ne peut que favoriser la normalisation de toutes les
entreprises par l’effet de la concurrence.
91
C. Pour le développement du secteur TIC :
Dans ce secteur, les actions à entreprendre concernent surtout :
- la sensibilisation des entreprises et de la population pour effectuer une
redynamisation du secteur télécommunication. Le Ministère de la Télécommunication ainsi
que des organismes internationaux tels que le PNUD joueront beaucoup dans la réalisation de
ces actions notamment, dans l’appui technique à l’élaboration de la politique nationale du
NTIC.
- l’encouragement à suivre des perfectionnements à haute valeur ajoutée qui
consistent à fournir des formations qui viseront la demande réelle, c'est-à-dire des
compétences qui collent aux besoins des entrepreneurs du NTIC. Pour la réalisation de ces
actions, le projet y contribue par le biais de la création d’un ITC ou Business Park à
Antanetibe. Avec de telles actions, il sera évident qu’il y aura une facilitation de la création
d’entreprises -à haute valeur ajoutée offshore- ainsi qu’une facilitation de l’accès aux marchés
de travail.
Notons que ces avantages constituent les principaux effets d’additionnalité du projet
dans le développement du TIC. Comme effet de diffusion, le secteur pourra avoir une
vulgarisation des services NTIC, au sein de toutes les entreprises du pôle dans un premier
temps.
Outre les effets d’additionnalité et de diffusion du projet pour le développement de
chaque secteur qu’on vient de traiter, de nombreux autres effets existent et comprennent
notamment :
- l’amélioration des capacités administratives de la commune pour mieux servir les
opérateurs et la population ainsi que l’efficacité en évolution des services administratifs ;
- l’accroissement du niveau de compétence du personnel et de la population qui
devrait générer de meilleures rentabilités pour les entreprises ;
- la concentration des activités de façon à pouvoir développer les unités sous-
traitantes environnantes, ce qui diminue par conséquent les coûts de production. A cet effet, le
développement des ces sous-traitances entraînera une diffusion des technologies et des savoir
faire.
92
A partir de toutes ces explications, on a pu constater une nouvelle fois que les effets
bénéfiques du projet PIC tant au niveau du pôle qu’au niveau régional voire national ne sont
pas moindres. Ainsi, avec une bonne modalité d’applications, le projet a toute les chances de
réussir et de permettre ainsi un développement qui part d’un pôle de croissance et qui sera
diffusé au niveau de la région d’appartenance du pôle. Nous allons essayer de donner dans la
section qui suit les principaux facteurs clés de succès du projet.
Section 2 : Les facteurs clés et les recommandations pour le succès du projet
PIC.
De ce qui précède, la réussite du projet PIC s’inscrit dans le cadre d’une bonne
modalité de sa conceptualisation et de sa mise en œuvre. Ainsi, pour qu’il y ait vraiment un
réel succès dans la réalisation des objectifs du projet, des exigences majeures pour accélérer la
croissance, pour réduire la pauvreté et pour accroître les flux d’aide, devraient être prises en
compte. C’est dans ce contexte que certains points devraient faire l’objet d’un suivi attentif.
A. Les facteurs clés face aux principaux problèmes macro économiques :
1 .S’assurer que les pôles de développement profitent aux pauvres.
Le plus important pour que les objectifs du projet PIC se réalisent est que la
croissance future, qu’elle soit du pôle, de la région constituant le pôle ou de Madagascar,
profite aux pauvres davantage que par le passé. Soulignons que la période de croissance la
plus récente (1997-2001) a été tirée par la croissance des secteurs extractifs comme
l’exploitation minière et la pêche (avec des effets d’expansion relativement faibles) ainsi que
l’industrie avec un effet significatif sur l’emploi, et enfin, la construction, les services et le
tourisme.
A cet effet, pour que la croissance ait une base plus large par rapport au passé, les
investissements publics comme l’irrigation, routes et infrastructures générales de transport,
enseignement et santé, etc… doivent se concentrer non seulement dans les pôles mais aussi
dans les zones rurales pauvres à potentiel élevé du pôle considéré.
Mis à part les investissements dans les infrastructures, les financements dans la
transformation doivent bénéficier de plus en plus les activités agro-alimentaires présentant -
93
selon un certain nombre d’études- un bon potentiel de rentabilité, si des investissements
publics complémentaires d’infrastructure sont en même temps réalisés.
2. Améliorer l’environnement pour les investissements.
Nous savons tous que les obstacles actuels les plus importants pour l’investissement
privé sont les suivants :
- le secteur bancaire est très concentré, ce qui limite par conséquent l’accès au crédit.
En effet, les banques, même si elles ont des excès de liquidités préfèrent les placer en bons de
trésor ou comme simples dépôts à la Banque centrale plutôt que de prendre des risques dans
les offres de crédit ;
- la disponibilité limitée de terrains pour des investissements fonciers ;
- les pratiques douanières discrétionnaires, corrompues avec de longs délais d’attente
pour les importations et les exportations des biens ;
- le système judiciaire est lent, inefficace et n’assure pas la sécurité ni la protection
du droit de propriété des investisseurs privés.
Ainsi, avec la promotion de partenariat public privé, l’environnement des affaires
devrait être amélioré pour être favorable et attrayant à la venue des investisseurs étrangers et
nationaux :
• Rendre plus efficace l’utilisation des ressources locales et étrangères :
Rendre l’utilisation des ressources plus efficiente et efficace est une condition impérative pour
que l’augmentation des ressources nationales et étrangères contribue à accroître l’effet des
dépenses publiques sur la pauvreté. Des réformes majeures sont ainsi requises concernant la
planification, l’exécution et les comptes-rendus des programmes d’investissement public et
privé qui s’inscrivent dans le cadre du projet.
• Aussi, il est question de réaliser les réformes nécessaires pour améliorer la
prestation de services publics ou assurer le développement institutionnel et/ou lutter contre la
corruption : De considérables réformes sont par ailleurs nécessaires pour améliorer la
prestation de services dans les secteurs clés. Mis à part les problèmes généraux de gestion des
finances publiques et de planification de budget, il importe aussi de renforcer le système
législatif et financier des collectivités locales, d’apporter des efforts considérables sur le
renforcement de capacité au niveau des communes pour améliorer la prestation de services
publics permettant ainsi de faciliter la venue et l’installation des investisseurs étrangers.
94
B. Recommandations : les mesures à prendre pour qu’un développement
économique puisse avoir lieu au niveau régional voire national.
A partir de ce qui a été vu sur la question des faiblesses des zones constituant le
projet PIC axe Antananarivo-Antsirabe, quelques recommandations sont à prendre en compte
afin que le projet ait un succès. Ainsi, des mesures devraient être prises en considération dès
la phase même de commencement du projet afin de surpasser ces obstacles.
Parmi ces mesures, certaines relèvent de la responsabilité de l’Etat comme les
mesures relatives aux investissements en infrastructures, la politique économique,
l’application des réglementations, etc… et d’autres sont relatives à la politique de
développement régional comme le renforcement de capacité des communautés de base.
Enfin, des mesures qui relèvent d’une action concertée entre le secteur privé et l’Etat
devraient viser à instaurer un climat favorable pour les investisseurs.
Pour mieux apprécier ces mesures, nous allons les voir d’une façon détaillée. Nous
avons réparti ces derniers en quatre groupes à savoir :
• Les mesures à prendre pour que le projet soit bien géré ;
• ensuite les mesures visant à instaurer un climat propice aux investissements ;
• puis, les mesures qui s’imposent pour que d’autres activités économiques
émergent et donc que le développement retenu soit effectivement à base élargie ;
• enfin, les attitudes que l’Etat doit avoir pour prévenir et contenir les effets
pervers que peut susciter le projet de développement des pôles.
1. Dans le premier groupe de mesures, les suggestions à retenir sont :
- Effectuer une campagne de sensibilisation, de communication sur le projet PIC.
Au-delà du fait qu’elle suscitera l’adhésion de la force vive de la zone Antananarivo et
Antsirabe, une telle action éveillera aussi l’investissement en provenance d’autres régions de
Madagascar ;
- Renforcer les capacités des personnes concernées par la gestion du projet PIC en
général et en particulier ceux de l’axe étudié ;
- Instaurer la bonne gouvernance du projet en créant des groupes chargés de faire le
suivi, le contrôle de la gestion du projet qui assurera également une lutte contre les
malversations dans la conduite du projet.
95
2. Pour ce qui est du deuxième groupe d’actions, il s’agit notamment de :
- Alléger les procédures administratives relatives à la création d’une entreprise ;
- Trouver des solutions aux problèmes liés aux litiges fonciers. Ainsi, une révision
des textes sur le foncier s’avère nécessaire. De même, une révision des textes sur le droit des
affaires est aussi à envisager.
- Trouver une solution permettant de faire baisser le coût de l’énergie et d’avoir une
meilleure qualité de services qui s’y rattachent. Avec ces faits, la rentabilité de
l’investissement se trouvera tout au moins garantie ;
- Sécuriser le climat d’investissement dans la région, ce qui donnera un signal fort à
l’endroit des investisseurs. Le but est surtout d’instaurer un climat de confiance sur
l’économie de la région voire l’économie de Madagascar.
3. Pour le troisième groupe d’actions, il faut :
- Avoir une vision partagée, concertée et soutenue du développement socio-
économique futur du pôle et du pays en général : ici, il faut avoir une définition quantitative et
objective de la vision. C'est-à-dire, avoir une vision très large des objectifs à réaliser.
- Appuyer le secteur privé par des financements appropriés tout en apportant des
formations aux dirigeants des PME et PMI ;
- Faire un jumelage entre le projet PIC de l’axe Antananarivo-Antsirabe et tout autre
projet similaire63 dans le pays ou de par le monde et qui a connu un succès pour un échange
d’expériences ;
- Favoriser l’émergence d’une banque de développement à Madagascar ;
- Mettre en place une structure d’appui et de financement des secteurs qui paraissent
prioritaires mais qui n’ont pas été pris en compte par le projet PIC dans la région.
4. Enfin, concernant le quatrième type d’actions, l’administration publique
doit assurer :
- La nécessité d’une stabilité sociopolitique : il s’agit surtout d’instaurer un système
de dialogue constructif entre les gouvernants et gouvernés. Ce qui devra passer
nécessairement par :
- L’instauration d’une bonne gouvernance : La bonne gouvernance inclut les actions
qui permettent d’assurer la transparence dans la gestion des affaires de l’Etat, la bonne
63 Ou du moins, ait une certaine ressemblance avec le projet PIC.
96
communication et la diffusion des informations, la synergie de coordination des actions de
tous les intervenants, etc…
- Il conviendra également de bien délimiter le rôle de l’Etat dans le partenariat
Public Privé de façon à ce que l’Etat ne se positionne pas comme le premier concurrent du
privé.
Conclusion partielle
Dans cette partie, nous avons pu apporter un certain éclaircissement tant sur les
objectifs, les processus de mise en œuvre que sur les effets ou retombées possibles du projet
PIC sur l’économie de l’axe Antananarivo-Antsirabe dans le futur.
En effet, les objectifs du projet PIC s’inscrivent notamment dans le cadre de la mise
en œuvre des axes stratégiques du DSRP pour ne citer entre autres que l’atteinte d’un taux de
croissance de 8 à 10%. D’une manière ou d’une autre, le projet PIC contribue beaucoup à la
réalisation des objectifs que s’est fixé le Gouvernement de Madagascar en l’occurrence la
réduction de la pauvreté de moitié d’ici 2015 ainsi que l’atteinte d’un développement rapide et
durable.
Par ailleurs, nous avons pu également constater que les retombées du projet sont
considérables sur l’économie de la région où se trouvent les pôles. Ces effets sont toujours
d’une importance particulière tant en matière de création d’emplois, de création de la valeur
ajoutée que sur le solde des échanges extérieurs ainsi que la fiscalité ;
Néanmoins, si la projection a pu enregistrer des retombées considérables sur
l’économie de la région dans les années à venir, de tels effets ne se réaliseront pas sans
l’application ou la prise en considération de certaines mesures préalables dès la phase même
du commencement du projet ; des mesures qui concernent toutes les entités et acteurs de
développement d’une région et qui, dans l’ensemble, relèvent à la fois du domaine public et
privé.
97
CONCLUSION GENERALE
Tout au long de cette étude, nous avons cherché à comprendre comment les pôles de
croissance pourraient amener un développement à un niveau régional ou national. Pour ce
faire, nous avons cherché à reconstituer le fil de l’avènement du concept de développement.
Ainsi, nous avons pu voir que le développement était intimement lié à l’idée de
l’évolutionnisme.
A partir de ces principes de l’évolutionnisme, nous avons pu dégager les préceptes
qui ont servi et ont permis l’élaboration des différentes théories du développement dans une
optique spatiale. Nous avons regardé particulièrement l’approche territoriale du
développement ainsi que les différentes approches qui lui sont proches tels que le
développement local, le développement endogène et les pôles de croissance. Dans le même
temps, nous avons examiné quelques expériences en matière de développement régional dans
un certain nombre de pays. Ce qui nous a permis de donner une certaine idée sur la réalité
d’une telle approche de développement dans les pays développés.
Au terme de ce parcours, il nous est apparu que le processus du développement, tel
qu’il a été défini et véhiculé depuis son avènement, est un construit social, économique et
culturel qui a fait depuis plusieurs années déjà l’objet de nombreux débats. En effet, à partir
de la prise de conscience que certaines parties du territoire national risquaient de prendre du
retard par rapport à la croissance très rapide des autres territoires, on peut dire que les régions
ne peuvent que souffrir du contexte actuel de la disparité régionale en matière de
développement.
Cette tendance qui est devenue presque inévitable dans plusieurs pays et qui,
conjuguée à une forte attraction que continue d’exercer les grands centres urbains, ne fait
qu’accentuer les différences en matière de développement entre les régions et en même temps
affaiblie les capacités productives de certaines régions.
Pour pallier à cette tendance, certains auteurs trouvent comme solution
d’entreprendre un développement qui prend comme base le territoire ou le milieu. Dans ce
cas, il est évident que le développement soit défini dans une optique beaucoup plus spatiale.
98
Mais encore, une telle approche ne risquerait-elle pas d’accélérer davantage la disparité entre
les régions en matière de développement ?
En effet, des auteurs comme F. Perroux, par exemple, considèrent que pour remédier
à cette tendance, il faudrait au contraire mettre beaucoup plus l’accent sur un déséquilibre
naturel entre les régions en constituant un ou des pôles de croissance, pour que les effets de la
croissance qui se concentrent dans un territoire se diffuseront par la suite à un niveau régional
ou national, et ce par effet d’entraînement ou de diffusion.
Par ailleurs, des changements dans les stratégies de développement orientés vers la
construction d’une dynamique territoriale par le biais de la combinaison des trois mots clés :
compétitivité, attractivité et proximité, pourront aussi être considérés comme à la base d’une
approche régionale de développement partant de la mise en place des pôles de croissance.
Toutefois, sait-on vraiment si de tels facteurs de dynamisme territorial trouveront
effet dans la pratique ? De par cette question, nous avons essayé de montrer -dans l’étude de
cas du présent mémoire se rapportant sur un projet intitulé : Pôles Intégrés de Croissance ou
PIC dont l’objectif consiste à mettre en œuvre un ensemble d’initiatives de développement
dans trois zones stratégiques ou pôles de croissance- que ces facteurs de dynamisme territorial
pourront bien avoir des impacts positifs sur l’économie de la région.
En effet, nous avons pu constater à partir des observations et des projections sur les
impacts du projet dans les années à venir que les retombées possibles d’un tel projet ne sont
pas moindres sur l’économie de la région où se situe le pôle (ici, nous avons pris l’axe
Antananarivo-Antsirabe).
Ces effets peuvent toutefois être appréciés tant en matière de création d’emplois, de
valeur ajoutée que sur les variations du solde des échanges extérieurs ainsi que la fiscalité.
Néanmoins, de tels effets ne se réaliseront pas automatiquement sans l’application
au préalable des certaines mesures qui devraient accompagner le projet tout au long de sa
mise en œuvre. Des mesures qui relèvent à la fois de la compétence du secteur public en
l’occurrence l’Etat et celle du secteur privé.
Quant à l’expansion de tels impacts sur les territoires nationaux, nous pouvons dire
qu’ils se diffuseront sur l’économie nationale si le processus des effets d’additionnalité et
d’entraînement arrivent à prendre effet.
99
Dans ce contexte, nous pouvons avancer que la construction et la mise en oeuvre
d’un ou des pôles de croissance au sein d’un pays pourront bien amener un développement
tant au niveau régional que national, si seulement des effets d’entraînements et de diffusions
des impacts du projet sur toutes les activités du territoire national se concrétisent. Ainsi, une
étude portant sur une analyse très poussée de ces effets d’entraînement et de diffusion du
projet PIC devrait ouvrir les voies aux chercheurs pour donner beaucoup plus de chance à
cette approche régionale de développement qui prend comme base le développement des
pôles de croissance…
ANNEXE 1
Tableau 6 : Répartition de chaque branche d’activité des zones franches :
Hypothèse: les proportions de chaque secteur par rapport à l'ensemble sont
invariables
Textile 63,80%
ATP 5,90%
NTIC 8,10%
Autres 22,20%
100
Source: MICDSP/DAI, INSTAT
Tableau 7 : Proportions des exportations pour chaque secteur susceptible de toucher la
zone Tana Antsirabe
textile 15%
ATP 5%
NTIC 6%
autres 74%
ANNEXE 2
Graphique : Répartition des unités de production qui seront installées dans le
cadre de la mise en œuvre du projet PIC.
Source : Document sur l’évaluation économique du projet PIC.
ANNEXE 3
Tableau 8 : Nombre d’emploi par zones franches :
1 994 1 995 1 996 1 997 1 998 1 999 2 000 2 001 Nombre d'entreprises franches opérationnelles 66 98 110 124 154 168 191 213 Nombre d'emploi dans les entreprises franches 17 400 29 600 36 700 38 400 56 200 64 100 81 000 110 000 Nombre d’entreprises Textile 42 63 70 79 98 107 122 136 Nombre d’entreprises ATP 4 6 6 7 9 10 11 13 Nombre d’entreprises NTIC 5 8 9 10 12 14 15 17
Emploi textile par ZFI 168 193 213 198 233 243 271 329
Emploi ATP par ZFI 16 18 20 18 22 23 25 30
Emploi NTIC par ZFI 21 24 27 25 30 31 34 42
2 002 2003 2004 Nombre d'entreprises franches opérationnelles 132 166 186 Nombre d'emploi dans les entreprises franches 58 000 85000 115000 Nombre d’entreprises Textile 84 106 119
Nombre d’entreprises ATP 8 10 11
Nombre d’entreprises NTIC 11 13 15
Emploi textile par ZFI 280 327 394 Moyenne 259
Emploi ATP par ZFI 26 30 36 Moyenne 24 Emploi NTIC par ZFI 36 41 50 Moyenne 33 Source : Madagascar : Indicateurs économiques et financiers, 1994-2004. Mefb.
ANNEXE 4
Tableau 9 : Répartition des industries agroalimentaires de la zone ATP d'Antsirabe 2008-2015
Source : Projet PIC. Données sur l’évaluation économique du projet PIC. Informations recueillies Au service Conseil en suivi, évaluation et Animateur du projet PIC. Tableau 10 : Hypothèse sur la création des entreprises de services informatiques dans le parc technologique d’Antanetibe. 207-2015 Unités 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Total Services informatiques 4 4 4 4 4 4 4 4 4 36
Télécentres 1 1 1 3
Centre de formation 0 1 1
Total 5 5 4 5 4 4 5 4 4 40
Source : Projet PIC. Données sur l’évaluation économique du projet PIC. Informations recueillies Au service Conseil en suivi, évaluation et Animateur du projet PIC. Tableau 11: Estimation des emplois créés par le pôle pour les horizons 2010 et 2015.
Emplois indirects
Pôles Horizon 2010 Horizon 2015
ATP 33 798 92 651
ZFI
NTIC
Fort Dauphin 13 818 16 255
Nosy Bé 3 231 10 781
Totaux 50 847 119 687
Source : Projet PIC. Données sur l’évaluation économique du projet PIC. Informations recueillies Au service Conseil en suivi, évaluation et Animateur du projet PIC.
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Total
Transformation 0 0 2 2 0 2 2 0 2 2 12
Traitement 0 0 2 2 0 2 2 0 2 2 12
Total 0 0 4 4 0 4 4 0 4 4 24
ANNEXE 5 Tableau 12 : Estimation des valeurs ajoutées, production, fiscalité et balance commerciale créées
par le ZFI. (En milliards Ariary)
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Valeur Ajoutée 11,4 15,2 31,6 35,8 53,8 58,4 78,3 83,3 121,9
Production 45,5 61,6 127,8 144,7 217,6 236,2 316,3 336,8 492,5 Taxes et versements assimilés 0,079 0,105 0,219 0,248 0,372 0,404 0,541 0,577 0,843
Exportations 43,8 59,3 123,1 139,4 209,5 227,5 304,6 324,4 474,4
Importations 7 10,8 22,5 25,5 38,3 41,6 55,7 59,3 86,8
Balance commerciale 36,8 48,5 100,6 113,9 171,2 185,9 248,9 265,1 387,6
Source : EAI 98 (INSTAT), MEFB. Projet PIC. Données sur l’évaluation économique du projet PIC.
Tableau 13 : Estimation de la VA, de production, impôts et taxes, de la balance commerciale
crées dans la zone ATP en Milliard Ariary.
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Valeur Ajoutée .. 10 22,4 24,6 38,6 54,4 59,9 78,5 99,5
Production .. 28,4 61,7 66,1 100,5 137,4 147 187,1 230
Impôts et taxes .. 0,59 1,33 1,46 2,32 3,28 3,61 4,75 6,02
Exportations 24,1 52,5 56,1 85,4 116,7 124,9 159 195,5 ..
Importations 6,4 13,8 14,5 21,7 29 30,5 38 45,7 ..
Balance commerciale 17,7 38,7 41,6 63,7 87,7 94,4 121 149,8 .. Source : EAI 98 (INSTAT), MEFB. Projet PIC. Evaluation économique du projet.
Tableau 14 : Estimation de la création de VA, des impôts et taxes du NTIC à Antanetibe en
Milliards Ariary)
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Valeur Ajoutée 2.471 5.442 8.385 11.639 15.218 19.165 23.530 28.341 33.657
Production
Impôts et taxes 52,5 85 117,5 154,2 193,8 237,4 286,5 339,7 398,5 Source : EAI 98 (INSTAT), MEFB. Projet PIC. Données sur l’évaluation économique du projet.
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Nom et Prénoms : RAZANAMAHENINA Jean Ulrich
Titre de mémoire : L’approche régionale de développement et pôles de croissance.
Cas du projet PIC sur l’axe Antananarivo-Antsirabe.
Nombre de pages : 99
Nombre de tableaux : 14
Nombre de figures : 02
RESUME
Tout au long de la présente étude, nous avons essayé d’apporter des explications et quelques éléments de réponse à la question : « Que faire et comment faire pour que la constitution d’un ou des pôles de croissance puisse amener un développement tant au niveau régional que national ? »
Pour ce faire, une approche théorique de développement mettant l’accent sur la notion du milieu et du territoire, a été appréciée permettant ainsi de discerner les facteurs déterminant pour le développement de pôles de croissance.
Mais encore, sait-on si ces facteurs trouveront effets dans la pratique ? C’est dans ce contexte que nous avons essayé de montrer, à travers un projet intitulé : Pôles Intégrés de Croissance ou PIC ; la pertinence d’une telle approche de développement basée sur des pôles de croissance.
Ainsi, nous avons pu constater à partir d’analyse et de projection que les retombés du projet ne sont pas moindres tant en matière de création d’emplois et de valeur ajoutée que sur la fiscalité et les échanges extérieurs. Néanmoins, de tels effets suscitent une attention particulière de la part de tous les acteurs, partenaires et bailleurs de fonds du projet.
Quant à la diffusion de ces impacts au niveau régional voire national, les accents devraient être mis sur les effets d’additionnalité et d’entraînement du projet. De tels effets qui ne se concrétiseront sans la prise en compte de certaines mesures d’accompagnement face aux différents risques du projet.
Bef, son avenir et surtout son succès restent donc à vérifier. Mais ce que l’on peut dire, c’est que : tout comme tant d’autres programmes, le projet
PIC est un défi, « un défi soit disant majeur » mais réalisable. Donc, c’est à nous : simples citoyens, entrepreneurs, bailleurs et surtout l’Etat de relever ce défi.
Mots clés : Développement territorial - Développement régional - Pôles de croissance - Pôles
Intégrés de Croissance - Développement endogène - Compétitivité - Attractivité - Proximité.
Professeur encadreur : Monsieur ANDRIANOMANANA Pépé.
Adresse de l’auteur : Lot K 6 083 Ivato Aéroport Antananarivo 105
Lot IDF 36 Bis Tanambao Sud. Vatomandry 517.