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apériodique 21 septembre 2012 n°67 21 septembre 2012 - n°67 Le Point du Jour - École de la Cause freudienne 1 « Voilà la donnée : chacun parle tout seul. Mais l’on est néanmoins bien forcé d’inventer une exception. L’autisme à deux, est-ce ce qu’il s’agit précisément de démentir s’il y a la psychanalyse…? » Jacques-Alain Miller, L’orientation lacanienne, 7 mars 2007 O n pourrait croire que la clinique avec les enfants autistes est une pratique très particulière ne concernant vraiment que ceux qui sont professionnellement appelés à rencontrer ces sujets si déroutants ; le véritable enjeu est plutôt de saisir sur le vif ce que ces sujets nous apprennent et qui, paradoxalement, vaut pour tous, plus exactement pour chacun, au plus intime de son rapport à la langue et à la vie. Nous aurons plutôt à montrer comment avec le dernier enseignement de Lacan c’est l’autisme en chacun qui domine – soit la prédo- minance du « se jouir » sur le rapport à l’Autre. Dès lors c’est un enseignement pour la pratique analytique dans son ensemble que nous pouvons attendre de nos Journées. Comment lire dans le signifiant tout seul la trace d’un vouloir dire, comment transformer Extension de l’autisme avec le dernier enseignement de Lacan INSCRIPTION EN LIGNE >> www.causefreudienne.net << Jacques Borie Ce que nous avons à faire entendre

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apériodique – 21 septembre 2012 – n°67

21 septembre 2012 - n°67 Le Point du Jour - École de la Cause freudienne 1

« Voilà la donnée : chacun parle tout seul. Mais l’on est néanmoins bien forcé d’inventer une exception. L’autisme à deux, est-ce ce qu’il s’agit précisément de démentir s’il y a la psychanalyse…? »

Jacques-Alain Miller, L’orientation lacanienne, 7 mars 2007

O n pourrait croire que la clinique

avec les enfants autistes est une pratique très

particulière ne concernant vraiment que ceux

qui sont professionnellement

appelés à rencontrer ces sujets si

déroutants ; le véritable enjeu est

plutôt de saisir sur le vif ce que

ces sujets nous apprennent et qui, paradoxalement,

vaut pour tous, plus exactement pour chacun, au

plus intime de son rapport à la langue et à la vie.

Nous aurons plutôt à montrer comment

avec le dernier enseignement de Lacan c’est

l’autisme en chacun qui domine – soit la prédo-

minance du « se jouir » sur le

rapport à l’Autre. Dès lors c’est

un enseignement pour la pratique

analytique dans son ensemble

que nous pouvons attendre de nos Journées.

Comment lire dans le signifiant tout seul

la trace d’un vouloir dire, comment transformer

Extension de l’autisme

avec le dernier

enseignement de Lacan

INSCRIPTION EN LIGNE >> www.causefreudienne.net <<

Jacques Borie

Ce que nous avons à faire entendre

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21 septembre 2012 - n°67 Le Point du Jour - École de la Cause freudienne 2

un cri en appel, comment construire un lien

social avec des débris de la langue ou du corps?

C’est bien ce qui fait la modernité de la

question que nous posent les sujets autistes à

l’heure de « l’Autre qui n’existe pas ». Le

discours du Maître ne fait plus lien social et la

ségrégation avance chaque jour un peu plus.

Rendre compte de notre pratique n’est

donc pas seulement un impératif pour notre

savoir à recueillir, c’est aussi une question à

l’interface du politique et du clinique. Il s’agit

de faire entendre au-delà même des analystes

qu’un certain tempérament du symptôme est

possible autrement que par le forçage et la

coercition normative et que cela ouvre à des

effets de civilisation là où on les attend le

moins.

Au Centre Thérapeutique de Nonette,

nous ne visons pas seulement à apaiser les

symptômes les plus violents et les conduites les

plus destructrices, mais aussi à faire entendre

que l’arrangement du lien social, son améliora-

tion, souvent obtenue au « un par un », est une

leçon pour le politique lui-même, s’il veut bien

penser son action autrement qu’avec des univer-

saux abstraits et des catégories ségrégatives.

Nous y arrivons parfois – pas toujours – alors

nous poursuivons.

Pierre Skriabine

L’autisme au cœur de la psychanalyse

L ’autisme concerne la psychanalyse

en un point crucial : celui du choix de l’Autre,

qui permet l’émergence du sujet. Ce passage, ce

vel, de l’Un à l’Autre, moment fondateur dont

Lacan souligne l’importance fondamentale dans

« Position de l’inconscient » comme dans son

Séminaire Les quatre concepts fondamentaux

de la psychanalyse, la clinique de l’autisme

permet d’en cerner le rôle structurant. L’autiste

qui se refuse au choix de l’Autre,

pour lui foncièrement inconsistant,

trompeur et inquiétant, se réfugie

dans l’Un, son Réel primordial,

où il se love dans son ilot de jouissance qui

le rassure. Il reste figé dans ce que le névrosé,

lui, va refouler pour se faire sujet, effet de la

métonymie infinie de la chaîne signifiante qui

l’emporte dans le champ de l’Autre.

C’est le moment crucial de ce choix,

avec ses conséquences, qu’éclaire la clinique de

l’autisme, ce que nous pouvons repérer grâce à

l’enseignement de Lacan – et en particulier son

tout dernier enseignement – qui donne aux psy-

chanalystes les clefs structurales qui permettent

de rendre compte en raison de l’autisme comme

de l’expérience analytique dans son ensemble.

Là où le sujet va chercher dans l’analyse

un savoir sur la jouissance qui le détermine

au-delà des semblants, l’autiste, qui n’a pas

refoulé ce savoir, trouvera dans l’analyste un

partenaire qui saura l’accompagner et le conforter

dans ses tentatives pour se frayer,

à partir d’un point de jouissance

qui pour lui se répète indéfini-

ment, un accès à l’Autre qui lui

ouvrira la possibilité d’advenir comme sujet et

de se constituer un corps.

L’enseignement de Lacan nous donne les

outils conceptuels pour nous y retrouver dans ce

qu’affronte chaque être humain en tant que

confronté au langage, et par là même nous

apporte les clefs d’un traitement possible de

l’autisme, plaçant du coup cette question de

l’autisme au cœur même de la psychanalyse.

Faire une analyse, c’est

inventer comment parler

L’autisme fait des vagues et résonne dans les champs

clinique, épistémique et politique. Encore faut-il vouloir le savoir.

Vite, aux Journées !

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21 septembre 2012 - n°67 Le Point du Jour - École de la Cause freudienne 3

Philippe De Georges

La psychanalyse en son cœur

L es Journées de l’École approchent.

De nombreux messages sur le net nous informent

de leur préparation et donnent un avant-goût

de ce qu’on pourra y entendre. L’essentiel des

textes diffusés portent sur l’autisme, qui donne

son premier titre à cette rencontre. Certains

d’entre nous, à la première annonce, ont pu penser

que ce thème, crucial pour l’époque, ne recoupait

pas pourtant leurs préoccupations quotidiennes.

Mais l’enjeu politique (au sens de la Cité et du

souci que nous en avons) était sensible à tous.

Et vite, on se rendit compte, dans chaque région,

que beaucoup de ceux qui travaillent dans les

hôpitaux psychiatriques, les

secteurs pédo-psy, les CMP,

les institutions diverses, qui

sont confrontés à cette clinique

difficile et s’orientent tant bien que mal de la

psychanalyse, décidaient de s’inscrire pour

notre rendez-vous d’automne Porte Maillot : ils

avaient hâte d’entendre débattre et d’éclairer leur

pratique, d’en trouver les échos chez d’autres

praticiens, d’échanger des expériences pour re-

bondir.

Mais les Journées qui viennent ont aussi

un sous-titre. L’intérêt pour l’autisme va en effet

de pair avec une réflexion plus large. Chaque

page de notre clinique s’inscrit en effet sur le

fond du travail permanent qui se mène dans

notre champ pour mettre à jour nos concepts et

enrichir notre boîte à outil. Cela passe par l’étude

ininterrompue des textes de Lacan. Comment

ne pas être frappé, en effet, de ce que le mot

même d’autisme, forgé dans les années 1918-20

à partir de la schizophrénie se trouve sur le tard

utilisé par Lacan pour qualifier la jouissance de

tout parlêtre ? Il serait vain ou en tout cas stérile

de s’occuper de tel ou tel « spectre » clinique,

de tel ou tel volet de notre praxis, sans prendre

la mesure de leur place dans le vaste champ de

l’expérience analytique. Ainsi, nul travail sur

une forme ou une autre de psychose ou de

névrose ne vaut sans qu’elle soit inscrite dans

l’ensemble des questions éthiques et épistémo-

logiques qu’il soulève.

Les Journées iront bien au-delà

du témoignage et de l’étude

de cas. Déjà on voit à travers

les livraisons quotidiennes du Point du Jour que

les concepts sont interrogés et passés au crible

de la critique. On verra certainement aussi que

pas un de nous n’échappe aux résonnances de

l’autisme et que la psychanalyse en son cœur se

trouve touchée par les enjeux de cette réflexion

commune.

« Tout le monde délire » est un des Witz

qui à coup sûr trouvera l’un ou l’autre d’entre

nos collègues pour en rendre compte. Nous serons

ainsi dans le fil de ce qui a amené Lacan a tou-

jours combattre toute ségrégation de la « folie »

et à soutenir au contraire que c’est la condition

de l’homme qui se trouve mise en cause et

Avec Lacan, dire non à

la ségrégation de la folie

- Lacan, dans Le Sinthome, conclut que « l’orthodoxie (le normal) n’est qu’un régime

particulier du sinthome » (JAM). C’est ça le dernier enseignement de Lacan ?

- Tu en entendras parler aux Journées.

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Vos contributions au Point du Jour (2000 signes espaces inclus) sont attendues

et doivent être adressées conjointement à :

Monique Amirault (rédactrice en chef), [email protected] et

Armelle Gaydon (comité de rédaction), [email protected]

Les Journées de l’École, c’est maintenant !

21 septembre 2012 - n°67 Le Point du Jour - École de la Cause freudienne 4

« L es enfants autistes sont aussi

différents les uns des autres par leurs aptitudes,

leur intelligence, leurs préférences, leurs aversions

et leur savoir-vivre que les enfants “normaux’’

peuvent l’être. En 1950, on m’a diagnostiquée

autiste et j’ai tâtonné pour trouver le chemin

qui me ferait revenir du versant lointain de

l’obscurité. »1 Ces paroles de Temple Grandin

ont accompagné ma visite du site de l’ACE2.

Sur sa page d’accueil, on peut voir la vidéo

d’une interview du Dr Courchesne, directeur, et

d’un pédiatre. Ils soulignent, statistiques à l’appui,

l’augmentation significative du nombre des enfants

autistes détectés, s’interdisant de distinguer ce

qui pourrait indiquer une recrudescence des cas

d’autisme (surtout chez les garçons) de ce qui

relève des progrès des méthodes diagnostiques.

Puis le discours dérape lorsque la journaliste

évoque l’éventualité, non démentie par les deux

scientifiques, d’une « épidémie » de troubles du

spectre autistique.

Ce fantasme universaliste d’une « peste »

à traiter par la multiplication des services

d’aide révèle jusqu’à l’absurde la haine du

« tâtonnement » singulier qui anime le mythe

sanitaire contemporain. Il révèle également sa

trame de jouissance : une furor sanandi qui signe

ici son obscurantisme et son impuissance à bou-

cher le trou du savoir.

… Comment le pourrait-il ?

1 Temple Grandin, Ma vie d’autiste, Paris, éditions Odile

Jacob, 1999. 2 http://autism-center.ucsd

Michèle Rivoire

La « peste » autistique ? (2)

How far will they go ?

Le Blog des 42e Journées de l’ECF est désormais présent sur le WEB

à l’adresse http://www.42journees-ECF.org

J-15... Et je ne suis pas encore inscrit aux Journées de l’Ecole ?

Un clic et je le fais tout de suite sur le site : www.causefreudienne.net.

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21 septembre 2012 - n°67 Le Point du Jour - École de la Cause freudienne 5

ORGANISATION DES JOURNÉES DES 6 ET 7 OCTOBRE 2012

Sous la responsabilité de Alexandre Stevens, il est composé de Judith Miller, Maryse Roy, Jean-Pierre Rouillon,

Bruno de Halleux, Daniel Pasqualin, François Sauvagnat, Antonio Di Ciaccia, Miquel Bassols,

Elisabeth Leclerc-Razavet, Armelle Gaydon, Jean-Claude Maleval, Christine De Georges,

Kristell Jeannot, Georges Haberberg, Jean-Robert Rabanel et Hervé Castanet.

COMITÉ BIBLIOGRAPHIE

Sous la responsabilité de Deborah Gutermann-Jacquet, il est composé de Benoît Delarue, Serena Guttadauro,

Daphné Leimann, Edwige Shaki, François Bony, Pierre Ebtinger, Françoise Labridy, Catherine Lacaze-Paule,

Marie Laurent, Dominique Pasco, Claire Piette, Laura Petrosino, Jean-Robert Rabanel,

Patrick Roux, Pascale Simonet et Bertrand Lahutte.

Commission diffusion (réseaux sociaux) : Cécile Favreau et Mariana Alba de Luna.

SERVICE de PRESSE

Rédactrice en chef : Monique Amirault

Comité de rédaction : Armelle Gaydon

Maquette : Jérémie Retière

Édition : Chantal Bonneau, Valentine Dechambre, Luc Garcia, Chantal Guibert, Véronique Herlant,

Anne-Claire Humeau, Gwénaëlle Le Pechoux, Anne-Marie Le Mercier, Liliane Mayault, Marie-Josée Raybaud,

Michèle Rivoire, Thérèse Petitpierre et Marie-Christine Segalen.

Le POINT du JOUR

COMITÉ d’ORGANISATION du Palais des Congrès

Responsable : Charles-Henri Crochet

Conseiller pour le Directoire : Philippe Benichou

Le comité d’organisation est composé de Deborah Gutermann-Jacquet, Michèle Simon, Adela Bande-Alcantud,

Angèle Terrier, Liliana Salazar-Redon, Bertrand Lahutte et Xavier Gommichon.

Directrice des Journées : Agnès Aflalo Conseiller scientifique : Jacques-Alain Miller

Comité scientifique : Christiane Alberti, Catherine Lazarus-Matet, François Ansermet, Guy Briole,

Philippe La Sagna, Pierre Naveau, Daniel Roy et Yves-Claude Stavy

Responsable des mentors : Lilia Mahjoub

COMMISSION BLOG ET IMPRIMERIE Responsable : Bertrand Lahutte, avec Caroline Leduc, Giorgia Tiscini et Vanessa Wroblewski.

COMMISSION FESTIVITÉ Responsable : Xavier Gommichon, avec Dalila Arpin.

COMMISSION LIBRAIRIE Responsable : Michèle Simon, avec Sissy Rapti, Christine Maugin et Agnès Viguie Camus.

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BULLETIN D’INSCRIPTION

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