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CONCOURS POUR LE PALAIS DE JUSTICE DE BRUXELLES Novembre 2010, Monuments, une proposition de Quatre Architecte Pierre Burquel, 1983, diplômé de l’ISACF la Cambre, travaille pour le bureau Lhoas & Lhoas depuis 2010 Sara Cremer, 1982, diplômée de l’ISACF la Cambre, travaille pour le bureau Vers Plus de Bien Être V+ depuis 2010 Sophie Dars, 1983, diplômée de l’ESAPM, Paris, travaille pour V+ depuis 2009 Paul Mouchet, 1982, diplômé de l’ISACF la Cambre, travaille pour V+ depuis 2010

Architecture for Justice _ competition + exhibition

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  • CONCOURS POUR LE PALAIS DE JUSTICE DE BRUXELLESNovembre 2010, Monuments, une proposition de Quatre Architecte

    Pierre Burquel, 1983, diplm de lISACF la Cambre, travaille pour le bureau Lhoas & Lhoas depuis 2010

    Sara Cremer, 1982, diplme de lISACF la Cambre, travaille pour le bureau Vers Plus de Bien tre V+ depuis 2010

    Sophie Dars, 1983, diplme de lESAPM, Paris, travaille pour V+ depuis 2009

    Paul Mouchet, 1982, diplm de lISACF la Cambre, travaille pour V+ depuis 2010

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    Stan Douglas, Dying Cities, Detroit : Michigan Theatre. Dans Shrinking Cities Volume 1: International Research, eds. Hatje Cantz 2005.

  • La permanence inhrente toute architecture, mme la plus frivole, ne peut pas tre compatible avec linstabilit de la mtropole. De cet affrontement, la mtropole sera toujours gagnante, par dfinition ; dans sa ralit omniprsente, larchitecture

    devient un jouet et nest tolre quen tant que dcor pour lillusion de lhistoire et de la mmoire.

    Plus important que la conception des villes est et sera plus encore dans le futur immdiat celle de leur dcomposition. 1

    Le Palais de Justice fut lobjet dun concours international pour une commande complexe: toutes les fonc-tions de la justice runies dans un btiment public. 150 ans aprs nous voici face un nouveau concours international, qui ne trouvera sans doute pas dissue immdiate. La justice quitte peu peu les lieux, et le malaise sinstalle: quitter une telle machine ou rester tout prix dans ce lieu symbolique, historiquement appropri. Notre proposition sintresse cette contradiction entre un btiment non maitris dans sa totalit et la culpabilit que serait de labandonner.

    Notre approche a dmarr par comprendre la place du Palais dans Bruxelles et son dispositif architectural complexe. Il nous est apparu fondamental den dgager lessence et de la transposer dans une vision globale de la ville.Avant mme de tenter de formuler une transformation dusages, nous avons choisi de parler despace. Nous suggrerons labandon programmatique au profit dune plus value urbanistique par la trans-position de son rle dicne du pouvoir en icne urbaine.

    1 Rem Koolhaas, New York/ la Villette, in OMA Rem Koolhaas, pour une culture de la congestion. Electa moniteur, Milan 1990.

    I. INTRODUCTION

  • La monumentalit se rfre gnralement aux difices publics et aux institutions; elle est lie la reprsentation du pouvoir et lexpression des valeurs et aspirations collectives.Au niveau de ldifice, cette dfinition implique que celui-ci soit peru comme solide et massif et quil transmette symboliquement un sentiment de dure et de prennit travers des codes architecturaux aisment reconnais-sables par la collectivit.

    Quatremre de Quincy, clbre archologue et penseur des Lumires, dfinit le monument en tant qudifice construit pour servir terni-ser le souvenir des choses mmorables, ce qui concorde avec lexplication donn ci-dessus, ou alors conu, lev ou dispos, de manire devenir un objet dembellissement et de magni-ficence de la ville. Ce qui lamne ajouter: Sous ce second rapport, lide de monument, plus relatif leffet de ldifice, qu son objet ou sa destination, peut convenir et sappliquer tous les genres de btiments . 2

    Le Palais de Poelart est exceptionnel par sa dimension hors chelle et lclectisme de son architecture hors gale au 19me sicle.Ces deux constats constituent les lignes direc-trices de notre proposition.

    Le Palais fut construit au profit de lexpression symbolique du pouvoir judiciaire.Aujourdhui obsolte par la difficult de linvestir, il nous intresse de lui rendre sa fonction de MONUMENT comme lentend la deuxime dfinition de Quatremre de Quincy.

    La stratgie par le vide

    Au del des dbats historiques quant la violence que fut une telle construction pour la ville de Bruxelles, notre projet soriente de manire trs simple : rendre le monument la ville, en terme despace, dchelle et de pratiques.

    Le palais de Justice est un monument, un hyper monument, une portion de ville dans la ville.

    2 Quatremre de Quincy la voix Monument dans lEncyclopdie mthodique Architecture.

    II. CONSTAT- POSTULAT

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    Oswald Mathias Ungers, Berlin as a green Archipelago. Dans ArchPlus 181/182, Lernen von O.M. Ungers, dcembre 2006.

  • Il est la constitution autoritaire dune intrio-rit, dun dedans tanche et contrl grce une vocabulaire architectural trs simple etidentifiable: son socle, sa terrasse, son enceinte clairement dlimite et sa tour lanterne, vritable monument dans le monument, qui a dj son indpendance structurelle.

    Nous partirons du postulat que le Palais sex-prime dans Bruxelles tel une le dans la ville, et nous nous appuierons sur deux ides des architectes Oswald Matthias Ungers et Rem Koolhaas.Ceux ci proposent une pense axe autour de la dcomposition des villes et de leurs architec-tures.Koolhaas crit en 1985 un texte intitul Imaginer le Nant 3, travers lequel il rappelle son affiliation la thorie de la ville archipel de Ungers: limportance de la qualit du vide comme effacement post-architectural, une zone potentiellement capable de valoriser des les architecturales.

    Dans sa fonction actuelle, il serait vain de tenter de pallier aux dfauts du Palais de Justice: chauffer le btiment et ladapter aux nouvelles demandes de la justice.La stratgie du vide nous permet de requalifier lentit de cette le urbaine pourrestituer le btiment lchelle de la ville en le dcom-posant en plusieurs entits architecturales et urbaines.

    3 Imaginer le nant cest:- Pompi, ville construite avec le nombre absolu de murs et de toits; - Le quadrillage de Manhattan, l un sicle avant quil y ait un l l; - Central Park, vide qui a provoqu les falaises qui lentourent maintenant;- Broadacre City, le Guggenheim de Frank Lloyd Wright, le Mid West de Ludwig Karl Hilbertsmeier avec ses vastes plaines darchitecture zro. in S, M, L, XL

    En rfrence Berlin, il sinsurge contre la rpugnance des architectes pour le vide, et en contradiction, propose une pense archi-tecturale et urbaine axe autour de la dcomposition des villes, de limagination du nant.

  • Situation existante : le Palais de Justice dans son contexte.

  • Fig. a

    Fig. f

    Fig. b

    Fig. e

    Le gabarit du Palais de Justice par rapport sept autres lieux de Bruxelles : lglise Sainte-Gudule (fig. b) ; un tissu rsidentiel classique (quartier Anneesens, fig. c) ; un ensemble de tours de logements (Quartier Nord, fig. d) ; la Grand Place (fig. e) ; la place du Jeu de Balle (fig. f) ; la Bourse (fig. g) ; place Flagey. Ces derniers exemples montrent que le Palais a les dimension dun espace public.

    Fig. h

    Fig.d

    Fig. g

    Fig. c

  • Situation existante et situation projete.

  • Si notre volont sapplique rendre le Palais la ville, il faut le dsincarner de son chelle architecturale hors dimension, et non plus le comprendre comme une entit ferme et impermable pour lapprhender comme une vraie portion de ville dans la ville, avec les architectures qui le composent.

    Notre mthode consiste abandonner la fonc-tion de palais de justice et vider, creuser, supprimer une portion du btiment: toutes les cours daudiences disposes autour des cours intrieures sont dmolies.Gnrer un tel vide reconfigure clairement lespace en diffrentes entits architecturales, agences autour et lintrieur du vide central.

    Ainsi le dessin de la proposition distingue deux entits urbaines que sont: Le nouveau Parvis de la place Polaert, qui

    englobe dans sa matrialit la terrasse du Palais et descend jusqu la rue des Minimes. La grande Cour intrieure, quon pourrait

    comparer lexprience de la Cour carre du Louvre, un espace public coup de la ville par

    lenceinte du btiment mais qui permet pour-tant de traverser llot. Cette cour intrieure simpose comme une zone de transition entre diffrentes parties de la ville.

    La stratgie du vide permet de rvler et diff-rencier clairement cinq entits architecturales qui deviennent AUTONOMES: Lenceinte, tel un mur fortifi. La tour lanterne et sa salle des pas perdus,

    monument dans le monument. Les deux pavillons annexes qui abritent

    actuellement les cours de cassation et les cours dappel, accessibles par deux escaliers dhon-neur prs de lentre. Lentre monumentale, avec son fronton et

    sa colonnade. Lescalier monumental reliant le niveau

    Polaert (rez de chausse suprieur) la rue des Minimes.

    III. LE PROJETVille dans la ville.

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    Ren Magritte, Limportance des Merveilles, 1927. Dans Oswald Mathias Ungers, Architecture comme Thme, eds. Electra, 1983.

  • Pour renforcer sa qualit despace public compos dentits remarquables, nous propo-sons lajout de dispositifs architecturaux et urbains. Tels des confettis programma-tiques , ils entrent en cho avec la radicalit de la mise nu du Palais.Nous distinguons une srie dinterventions ponctuelles, presque chirurgicales :

    Les connexions au Palais

    A lchelle du parvis et de la place publique, nous proposons daccentuer la porosit du Palais pour permettre la ville dentrer en son sein : Valoriser lescalier monumental de la rue

    des Minimes, qui, entour de deux nouveaux ascenseurs, garantira la connexion entre les deux plateaux de ville. Nous supprimons alors lascenseur existant au profit dune exprience architecturale singulire _182 marches sous des hauteurs allant de 6 24 m_ et dune revalorisation de la petite place de le rue de lpe. De mme, le parcours dans la ville dbouchant directement en face des barres de

    logements sociaux assume objectivement le quartier des Marolles dans sa diversit, et rend au Palais son entre principale. Crer deux tranches franches dans

    lenceinte du Palais au niveau de la rue aux Laines et de la rue de Wynants qui soulignent et facilitent les connections et la perception des diffrences de niveaux par de nouveaux escaliers. Connecter la Terrasse du Palais la Place

    Poelart et la rue aux laines par un large escalier progressif.

    Le nouveau Parvis Polaert

    Nous proposons galement dunifier toute la zone de la place Polaert pour une lecture continue et de l une pratique claire de la place, qui sera ddie principalement au piton. Un seul matriau de surface est appliqu. Les places de parking sont supprimes, au

    profit dun amnagement du sol valorisant des squences de promenades urbaines.

  • Plan dimplantation

  • Les circulation rapides, voitures et tram-ways, sont dvies pour maximiser la place du parvis. La sortie du parking souterrain et dplace

    ct de son entre pour clairement dessiner une zone de traffic. Larrt de tramway est plac stratgique-

    ment pour amener le piton au coeur de la place . La monte des marches, progressive et

    ample, facilite la pntration dans la nouvelle cour carre du Palais. Celle peut tre apprhende comme une plaque tournante des diffrentes parties de ville, selon ses connexions axiales physiques et visuelles. Un mobilier urbain, pens comme un

    simple socle dun mtre de haut, devient le promontoire de la ville et permet plus facile-ment dapprcier le point de vue sur Bruxelles. Il projette le corps de lobservateur dans la ville. Enfin, les rampes assurant la connexion

    entre lactuelle place Polaert et la rue des Minimes seront combles par paliers

    et assumeront leur qualit de promenade urbaine. Les paliers permettent dimaginer une appropriation plus facile de ces larges bandes.

  • Plan du Rez de Chausse suprieur

  • Si nous navons pas parl de programmation jusqu maintenant, cest quil nous parait vident que la question est bien trop complexe pour tre navement nonce.Notre proposition assume clairement laban-don de sa fonction Justice, et reprojette le Palais dans la dimension de la ville et sa globalit.

    Nous pouvons cependant esquisser des pistes de rflexion qui viennent appuyer le dessin radical de cette cour intrieure, justifiant fina-lement lapparente violence de la destruction dune partie du Palais.En effet, nous insistons sur lemploi du mot abandon, qui illustre ce sentiment de culpa-bilit lapparent gchis de prfrer le dpla-cement du palais de justice dans de nouveaux btiments plus neutres, politiquement corrects car moins ostentatoires dans le monstration de la fonction justice, et surtout plus adapts la demande programmatique et conomique.

    Chauffer le Palais de justice, ladapter aux normes et contingences scuritaires, cono-miques, environnementales et sociales est peine perdue.Cest pourquoi nous pensons que quelque soit le programme envisag dans le futur Palais, il ne sera pas une solution ces donnes.

    Supprimer une partie pour mieux se consacrer aux restantes est gage dune action raisonne et raisonnable quant la prservation du MONUMENT, et permet dimaginer des solutions plus humbles et rflchies quant son appropriation par la ville.

    Rendre autonomes les parties telles qunon-ces plus haut permet didentifier trois entits de typologies de plans et dchelle de bti diffrentes.

    IV. PROGRAMMELabandon

  • LenceinteSur les trois quarts du primtre du btiment, sur trois niveaux, souvre une squence de pices, distribues par un couloir en coursive autour de la cour intrieure. Le rez-ce-chaus-se pourrait facilement tre appropri tel une Galerie de la Reine, des entits ponctuelles le long dun parcours linaire. Les tages par du tertiaire.

    Les pavillonsLes deux pavillons utiliss par les cours de cassation et les cours dappel conservent leur autonomie et peuvent tre maintenenus dans leur fonction actuelle. Leur physicicalit despace clos, symtrique renvoie un usage moins publique, plus ferm.

    La tour lanterne monumentaleLa tour lanterne est dgage du reste du btiment sur toute sa hauteur (80 mtres) et constitue un monument dans le monument. Elle intensifie le caractre spectaculaire de lancien Palais de Justice.Autonome, elle est le garant de licne archi-tecturale quest le Palais de Justice dans Bruxelles. Tel une tour Eiffel, une Pyramide, un Parthnon, son caractre dicne est dfini par le fait quelle nabrite aucune fonction, si ce nest son image rayonnante sur la ville.Ces exemples sont les tmoins et la reprsen-tation des valeurs dune civilisation antique rvolue. Ils ont perdu leur fonction dorigine depuis des sicles et nont plus dautre fonction que celle dicne dans la ville daujourdhui, une icne dexception.Licne architecturale devient le support de la fonction.

  • Nous pouvons enfin aisment rebondir sur cette rfrence de la Grce antique en se rappelant que le Palais de Justice est le produit dune bouffe dlirante de larchitecte qui visait galer les monuments et difices de lantiquit romaine.Cest pourquoi il avait pens la composition architecturale pour la doter dun caractre intemporel et universel. Il avait rassembl tous les acquis de lantiquit dans une exprience spatiale moderne rendue possible par la tech-nologie du 19me sicle.Ainsi, il sest adonn aux exercices de styles de larchitecture classique tout en y ajoutant dautres styles (byzantins, gyptiens etc...), grce une srie daxiomes architecturaux invents de toute pice.

    Aussi nous sommes tents de penser que, dans la continuit de sa volont dune architecture monument, intemporelle et universelle, nos ajouts partiels ne sont quun style supplmen-taire, et que la destruction des cours dappel nest que la mise en place immdiate de la dimension de la Ruine du temple grco-romain.

    V. CONCLUSIONLa ruine acclre