40
ARCHITECTURE Pôle muséal à Lausanne Concours d’architecture phase 2 Passé et futur du mcb-a, du mudac et de l’Elysée THéORIE LEÇON D’HONNEUR DE PIERRE FREY 141 e année / 20 novembre 2015 Bulletin technique de la Suisse romande NOUVEAU SITE WEB : www.espazium.ch/ traces

Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

Architecture

Pôle muséal à LausanneConcours d’architecture phase 2 Passé et futur du mcb-a, du mudac et de l’Elysée

théorie

Leçon d’honneur de Pierre Frey

141e année / 20 novembre 2015Bulletin technique de la Suisse romande

Nouveau Site weB :

www.espazium.ch/

traces

Page 2: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait
Page 3: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

Paraissent chez le même éditeur :

Maquette conceptuelle, Aires Mateus & Associados

5 ÉDITOrIal

26 lIvres

30 Pages sIa

34 COnCOurs

36 nOuveaux PrODuITs

38 agenDa

22

tec21 47 (13.11.2015) Thermische energiespeicherFür später aufbewahren | Passivität wörtlich genommen | Kompakt, verlustarm tec21 46 (13.11.2015) eine Frage des Massstabs«stadtplanung ist hochpolitisch» | städtebau als gemeinschaftswerkArchi no 5 (10.2015) abitare sotto lo stesso tettoDal territorio alla coesione sociale | vivere interge-nerazionale | Case intergenerazionali, un modello che ha futuro?

pôle muséAl à lAusAnne

6 Un mUsée, des architectUres Mounir Ayoub

14 histoire et devenir de trois mUsées Pauline Rappaz

théorie

18 de l’Utilité d’Une archive Pierre Frey

Page 4: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

29

FASA-03-15.eps

Page 5: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

5 Tracés 22/2015

n mois après l’annonce du lauréat pour la deuxième tranche du concours pour le pôle muséal, TRACÉS revient sur ce projet passionnant mais sujet à polémique. Lausanne lance pour la première fois de son histoire un chantier culturel de cette ampleur. Avec le pôle muséal, il est non seulement question de créer simultanément des infrastructures de haut niveau pour plusieurs institutions, mais surtout de mener une véritable réflexion sur l’interaction des institutions entre elles et leur impact sur la cartographie culturelle de la ville.

C’est précisément sur cette question que l’opération semble ne pas mesurer entièrement les conséquences de son action : car la constitution du pôle implique le déplacement de deux établissements identifiés aux édifices qu’ils occupent et, pour l’un d’entre eux, le Musée de l’Elysée, intrinsèquement lié au parc extraordinaire qui l’entoure.

L’intérêt de faire partie d’un pôle ne fait aucun doute : à l’augmentation de la fré-quentation s’ajoute la possibilité offerte de configurer l’outil muséal à sa fonction spécifique. Cela n’empêche pas de regretter ce que l’Elysée laissera derrière lui. Une des plus belles réussites de la programmation culturelle lausannoise, la Nuit des images, pourra difficilement être reconduite dans les mêmes conditions, sur le nouveau site. Doit-on pour autant regretter ce choix, regretter que l’affectation du bâtiment après le départ du musée ne soit ni publique ni culturelle ? Ce dossier conçu par Mounir Ayoub et Pauline Rappaz permettra à chacun de se faire une idée plus complète.

TRACÉS va poursuivre d’autant plus son travail d’analyse et de critique qu’elle se dote d’une nouvelle plateforme numérique : www.espazium.ch. Prenant acte des défauts de notre précédent site, nous initions cette fois-ci un véritable projet de rédaction en ligne, avec une réorganisation linguistique, plus de clarté, des nouveaux contenus spécifiques aux supports numériques, et surtout une véritable ligne édito-riale, qui sera développée en tandem par Cedric van der Poel et Nathalie Cajacob.

Ce dernier point fait d’espazium un véritable quatrième support pour la maison d’édition que nous constituons. Ce qui est certain, c’est que le nouveau site fera l’objet des mêmes garanties d’indépendance et des mêmes standards de qualité que nos trois revues respectives.

Christophe Catsaros

un PôLe et une PLateForme

éditoriAl

Page 6: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

architecture6 Tracés 22/2015

1

Un mUsée, des architectUres

Quelle architecture possible pour un musée ? le résultat du concours portant sur la deuxième

tranche du futur pôle muséal à lausanne réunit 17 propositions de grands noms de l’architecture. elles reflètent deux familles de réponses possibles pour la réalisation d’un espace d’exposition contemporain.

l’approche des concurrents fait appel à deux modèles très différents. les uns monumentalisent l’objet

architectural et renvoient à la tradition typologique du palais, d’autres désacralisent l’enveloppe

architecturale en s’inspirant de lieux plus curieux : le squat, le shopping mall ou le belvédère.

Mounir Ayoub

Page 7: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

pôle muséal à lausanne 7 Tracés 22/2015

L’ inflation muséale qui se propage inexorablement dans les villes européennes touche aussi la Suisse. Et la métropole vaudoise jouera sa

partition en parfaite symbiose. La dernière pièce du puzzle du pôle muséal implanté sur la friche ferroviaire des CFF est enfin dévoilée. Les opportunités d’imaginer autrement l’espace d’exposition en ville, de réfléchir à la difficile mixité des usages dans les quartiers monofonctionnels ou encore d’anticiper les lendemains incertains des bâtiments qui abritent aujourd’hui les trois institutions muséales (lire article p. 14) se résorbent définitivement dans deux parallélépipèdes simples. Face à la future barre rectangulaire du mcb-a du bureau Barrozi/Veiga viendra s’implanter le monolithe des frères Francisco et Manuel Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac.

Le palaisLe projet lauréat « Un musée, deux musées » fait

preuve d’une belle réduction de moyens pour répondre aux contraintes du site et aux exigences du programme. Le bâtiment forme un cube en béton poli divisé en deux parties par une faille brisée sur tout le volume. L’étage supérieur abrite le musée du design, le sous-sol le musée de la photographie. Au rez-de-chaussée, enserré entre les deux plateaux d’exposition, se déploie un espace d’ac-cueil entièrement dégagé. Les espaces administratifs et les annexes sont renvoyés aux deux étages insérés dans l’épaisseur du talus et éloignés du bâtiment principal par une étroite galerie à ciel ouvert. La concision concep-tuelle dont font preuve les deux architectes portugais donne naissance à une forme architecturale avec une forte identité visuelle : « une icone »2. Cette « simplicité expressive », tant appréciée par le jury, dissimule des références architecturales très singulières. La géométrie carrée du plan, le rez-de-chaussée entièrement dégagé ou encore le dispositif d’éclairage du niveau bas par une cour enterrée sont autant de dispositifs architecturaux qui rappellent fortement ceux de la Neue Nationalgalerie à Berlin. Les architectes reconnaissent volontiers cette filiation typologique1. Cependant, la pertinence de la comparaison s’arrête là : la légèreté et l’intelligibilité constructive chères à Mies van der Rohe sont troquées à Lausanne contre un monolithe plein qui semble léviter au-dessus du sol. Ainsi, à l’espace générique et ouvert du musée berlinois s’oppose un espace spécifique et contraint pour le projet de Lausanne. Cette idée d’une masse pleine qui se creuse pour générer des vides habi-tables se manifeste explicitement dans le rendu du concours lauréat avec les dessins pochés noir et blanc. Les frères Aires Mateus mélangent astucieusement deux modèles architecturaux à priori contradictoires : le plan libre, chef-d’œuvre du maître de la modernité architec-turale, et le monolithe massif creusé, signature qui a fait la renommée du bureau portugais. Avec leur projet lausannois, les architectes confirment leur maîtrise d’un langage formel simple mais qui produit une archi-tecture avec effet direct et primaire chez le regardeur : « Un signal fort »4. Cette séduisante évidence formelle plébiscitée par le jury du concours dénote peut-être une

1 Situation du futur pôle muséal dans la friche industrielle des CFF

Palmarès 1er rang, 1er prix Fr. 80 000.- uN muSée, deux muSéeS Aires Mateus & Associados Afraconsult, Proafa, Serviços Engenharia SA 2e rang, 2e prix Fr. 65 000.- SeePeoPlemove valerio olgiati Ferrari Gartmann aG, Gruner Gruneco aG, Hefti. Jess.martignoni., marus Schifferli landschaftarchitekt, Gartenmann engineering aG 3e rang, 3e prix Fr. 60 000.- HaNNiBal Caruso St John Architects Gartmann Schmed & Partner AG, Kalt+Halbeisen Ingenieurbüro AG, Bakus Bauphysik & Akustik GMBH 4e rang, 4e prix Fr. 50 000.- la place des trois musées Ateliers Jean Nouvel EMA Architectes associés SA T-Ingénierie SA, Pierre Chuard Ingénieurs-Conseils SA 5e rang, 5e prix Fr. 35 000.- tHrouGH tHe lookiNG-GlaSS Anette Gigon / Mike Guyer AG Dipl.Arch.ETH/BSA/SAI Walt + Galmarini AG. Dipl. Ing. HTL/HLK Bakus Bauphysik & Akustik GMBH 6e rang, 6e prix Fr. 30 000.- terraceS Sanaa Jimusho LTD Architram Architecture et urbanisme Bollinger+Grohmann SARL CSD Ingénieurs SA Transsolar Klimaengineering Jury Professionnel Olivier Steimer (président), président de la fondation de soutien à la plateforme pôle muséal / David Chipperfield (vice-président), architecte, Londres / Kengo Kuma (vice-président), architecte / Fabrizio Barozzi, architecte, Barcelone / Emmanuel Ventura, architecte cantonal, Etat de Vaud / Patrick Devanthéry, architecte, Genève / Silvia Gmür, architecte, Bâle / Alexandre Blanc, architecte, Lausanne / Jean-Gilles Décosterd, architecte, Lausanne / Laurent Staffelbach, architecte, CFF, Lausanne / Christophe Guignard, architecte, Lausanne / Pierre Feddersen, urbaniste, Zurich / Olivier Français, ingénieur, Lausanne

1 Rapport du jury. 2 Ibid.3 Correspondance électronique avec le bureau Aires Mateus en novembre 2015.4 Rapport du jury.

Page 8: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

architecture8 Tracés 22/2015

5 Ibid. 6 Planche de concours Valerio Olgiati.7 Rapport du jury.8 La « Iconographic autobiography » de Valerio Olgiati recèle de nombreuses images

de l’architecture de l’empire moghol et notamment Fathepur Sikri et le Taj Mahal.9 Planche de concours Caruso St John.10 Ibid.

conception rétinienne de l’architecture muséale qui la rapproche du modèle historique du musée palatial.

Le deuxième rang a été attribué au projet « Seepeople-move » de l’architecte Valerio Olgiati. Le jury utilise l’expression de « Kaaba culturelle hiératique »5 pour décrire le cube de béton brut de décoffrage qui abrite les salles d’exposition des deux musées et leur hall d’accueil. Le bâtiment principal est situé sensiblement au même emplacement que le bâtiment du projet lauréat, mais au lieu d’être confinés dans le talus, les services annexes sont contenus dans un parallélépipède fin, disposé face à la longue barre du mcb-a. L’ensemble des trois bâtiments crée ainsi une « piazza »6 ouverte au sud. Sur la place, un porche monumental en forme de triangle rectangle annonce majestueusement l’entrée du musée. A l’inté-rieur, un vide tridimensionnel de géométrie pyramidale et atteignant les quatre niveaux du bâtiment dessine un immense hall d’accueil. Le porche monumental et le hall pyramidal sont autant « d’archétypes réduits à leur valeur de signe »7 : des éléments de langage architectural qui font penser à ceux d’un palais moghol8.

La métaphore palatiale, sous-jacente dans le projet lauréat et plus explicite dans le projet de Valerio Olgiati, devient littérale dans le projet du bureau Caruso St John classé au troisième rang. Le bâtiment principal comprend

deux étages de programmes communs, et au-dessus, autant d’étages d’exposition. L’accès aux espaces muséaux se fait par deux tubes en béton contenant les escalators qui démarrent dans le pavillon d’accueil détaché. Une bonne partie des programmes annexes sont répartis dans des niches voûtées et creusées dans le talus. Avec une nette intention mimétique, celles-ci reproduisent la même forme et le même appareillage de pierre que les arcades exis-tantes sur le coteau nord. Pour les espaces d’exposition, les architectes usent du modèle architectural de l’usine pour proposer ce qu’ils appellent des « plans libres »9 adaptables à la scénographie d’exposition des œuvres. Pour ce projet, les références historiques ne s’arrêtent ni au mimétisme dans le traitement des arcades – historicisme que l’on pensait être réservé à des styles architecturaux définitive-ment révolus – ni à la métaphore industrielle. En décrivant eux-mêmes leur projet comme une agglomération d’objets non hiérarchisés et équivalents, les concepteurs font réfé-rence au modèle architectural de « Kasbah »10. Quoi de plus évocateur que ce terme – qui signifie citadelle ou palais en arabe – choisi par les architectes anglais pour décrire leur projet ; un musée imaginé comme un palais oriental.

Les trois projets lauréats partagent une simplicité expressive qui suscite une émotion primaire qui a visible-ment conquis le jury. D’autres projets rendus font appel à des imaginaires architecturaux plus nuancés et peut-être plus complexes.

Le squat, le shopping mall et le belvédère Le 4e rang revient au projet des Ateliers Jean Nouvel

« La place des trois musées ». Le sol haut au niveau de

2

Page 9: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

pôle muséal à lausanne 9 Tracés 22/2015

2 Plan de situation 1:500 et vue depuis l’esplanade, Aires Mateus & Associados

3 Plan de situation 1:500 et vue depuis l’esplanade, Valerio Olgiati

4 Plan de situation 1:500 et vue depuis l’esplanade, Caruso St John

3

4

Page 10: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

architecture10 Tracés 22/2015

l’avenue Ruchonnet et le plateau ferroviaire bas sont reliés par un grand escalier qui termine une diagonale longeant le futur mcb-a et les deux nouveaux musées. Les espaces d’exposition sont situés de part et d’autre de cette traversée urbaine dans deux halles aux formes irrégu-lières. Le sol haut, plié à la manière d’un origami, couvre les espaces muséaux qui se façonnent au gré des acci-dents géométriques du terrain et de la toiture. La forme du projet n’a pas l’aspect d’un bâtiment aux contours clairement saisissables, mais s’apparente bien plus à une infrastructure « ouverte à des usages libres »11. Le jury reconnaît à cette proposition les qualités d’un « squat »12, soit une forme d’occupation d’un lieu pour un usage qui ne lui est pas a priori destiné. En travaillant avec les acci-dents du site qu’il reconnaît implicitement comme géné-rateurs des espaces du projet, Jean Nouvel insuffle une dimension critique à son intervention. Sur les traces d’une friche industrielle, il propose un squat ouvert à la culture urbaine comme espace de contestation à la typologie du musée des beaux-arts.

Le 6e et dernier rang est attribué à l’autre bureau lauréat du Prix Pritzker ayant concouru, Sanaa. Le projet des architectes japonais est le seul, parmi les primés, à proposer un bâtiment distinct pour chaque institution. Les volumétries rectangulaires des deux nouveaux musées dialoguent avec la forme allongée du mcb-a et délimitent

une place ouverte sur le paysage ferroviaire au sud. Des terrasses en cascade permettent de relier le niveau haut du site et la plateforme ferroviaire basse. Aux extrémités ouest de chacun des deux parallélépipèdes, des noyaux de circulation efficaces et réduits à leur surface minimale distribuent des plateaux libres servant d’espaces d’expo-sition. Pour le jury du concours, ce parti pris de distribu-tion et d’agencement des espaces évoque des « shopping malls »13. En effet, les gabarits des immeubles aux propor-tions et dimensions proches de ceux des bâtiments envi-ronnants et le dessin presque banal des espaces dédiés aux expositions montrent chez les architectes une volonté « de désacraliser la consommation de la culture »14. En proposant des volumes et des espaces intérieurs presque banaux, les architectes japonais ne cherchent nullement à magnifier l’architecture muséale qu’ils proposent. Celle-ci apparaît presque comme ordinaire.

Le bureau Lacaton & Vassal avec son projet nommé « Rose », aurait certainement mérité, autant que les deux Pritzker, de figurer sur la liste des propositions clas-sées. Parmi l’ensemble des propositions, c’est la seule qui conserve le talus existant à l’ouest du terrain. Les

5

11 Rapport du jury. 12 Ibid.13 Ibid.14 Ibid.

Page 11: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

pôle muséal à lausanne 11 Tracés 22/2015

5 Plan de situation 1:500 et vue depuis l’esplanade, Ateliers Jean Nouvel

6 Plan de situation 1:500 et vue sur les trois institutions muséales, le lac et les montagnes, Sanaa Jimusho LTD6

Unbenannt-2 1 26.08.15 10:33

Page 12: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

architecture12 Tracés 22/2015

architectes disposent les volumes consacrés aux exposi-tions et aux programmes annexes dans un bâtiment frag-menté qui épouse le relief du talus existant sans y toucher. Le lieu le plus important du projet est situé au-dessus du bâtiment à proprement parler. Un jardin terrasse sur lequel se pose un pavillon largement vitré ouvre des vues sur le lac et les montagnes. Les architectes affir-ment vouloir s’inscrire dans le « système de belvédères publics et jardins, (…) caractéristique de la géographie de Lausanne »15. Ce désir de travailler à partir de l’exis-tant est renforcé dans le projet par la volonté de préserver le patrimoine végétal présent et de rénover et réutiliser les deux maisons existantes sur le site pour des activités annexes aux musées. Lacaton & Vassal revendiquent ainsi une architecture qui se dessine à partir de ce qui est déjà là, d’en chercher les qualités et de les renforcer. Le pres-tige qu’implique à priori un programme pour un musée ne semble pas les séduire outre mesure et ils y opposent une réponse d’une remarquable modestie. Ils affirment vouloir plutôt « faire attention à la butte et préserver la vue »16. Mais cette attitude empreinte de retenue et d’attention à l’existant dans l’intervention proposée n’a visiblement pas séduit les membres du jury, plus attirés par la monumen-talité des trois premiers projets primés.

Des palais et des friches En observant les panneaux rendus pour le concours,

on oublierait presque que le futur pôle muséal effacera définitivement les traces de la friche urbaine sur laquelle il va s’implanter. Ce domaine délaissé recèle une multi-tude d’empreintes bâties et végétales que les trois projets squat, shopping mall et belvédère réactivent en partie ou complètement. Leurs concepteurs projettent ainsi une architecture muséale qui se défait de son contenant pour proposer des espaces d’expositions qui tentent de répondre à la question d’un projet culturel contemporain. A contrario, les projets que nous avons réunis sous le titre de palais monumentalisent l’objet muséal en exaltant son contenant dans un rapport très rétinien à l’architecture. Plus ou moins explicitement, ils renouent ainsi avec la typologie du musée des beaux-arts. Alors que la seconde famille de projets fait appel à un imaginaire de lieux qui contestent la tradition palatiale du musée, les premiers viennent au contraire la glorifier. Le jury a été visiblement plus sensible à cette posture.

7 Plan de situation 1:500 et vue nommée par les architectes « jardin, talus, pavillon », Lacaton & Vassal

15 Planche de concours Lacaton & Vassal. 16 Entretien téléphonique avec le bureau Lacaton & Vassal en novembre 2015.

7

Page 13: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait
Page 14: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

architecture14 Tracés 22/2015

L e pôle muséal lausannois, qui réunira en un « quartier culturel » le Musée cantonal des beaux-arts (mcb-a), le mudac et l’Elysée, se dessine peu

à peu. Dans la capitale vaudoise, l’idée de réunir plusieurs institutions sur un site commun n’est pas inédite, elle avait déjà germé dans l’esprit des acteurs politiques et culturels lausannois à partir de la seconde moitié du 19e siècle. Cette vision s’était alors matérialisé dans le Palais de Rumine, qui a abrité dès ses débuts et jusqu’à ce jour le mcb-a1. Le bâtiment de la place de la Riponne, aux forts accents de Renaissance florentine, est édifié de 1891 à 1906 sur les plans de l’architecte lyonnais Gaspard André, concrétisant ainsi la « volonté du Canton de se doter d’une université, sur le plan matériel, mais aussi institutionnel »2. Le programme du concours, lancé en 1889 par la Municipalité, définissait avec précision les locaux du futur bâtiment – notamment la bibliothèque cantonale ainsi que des salles pour abriter les collections scientifiques, historiques et des beaux-arts.

« Sur le plan typologique, la réalisation d’un bâtiment réunissant sous le même toit plusieurs fonctions à voca-tion culturelle est une ambition fréquente au 19e siècle. En 1849 déjà, l’architecte Melchior Berri érigea à Bâle le musée de l’Augustinerstrasse regroupant musées des beaux-arts, d’archéologie et d’histoire naturelle, bibliothèque publique, aula et locaux d’enseignement pour la chimie et la physique. »3 Mais voilà, tous ne sont pas séduits par ce concept de mise en commun. Dès la genèse du Palais de Rumine, une minorité libérale du Conseil communal « reproche en premier lieu au projet

de chercher à rassembler trop de services différents dans le même espace »4. Si l’idée de réunir des musées sous un même toit est défendable, l’impossibilité pour chaque musée de croître est en revanche rédhibitoire. Le manque d’espace se fait rapidement sentir, le mcb-a est à l’étroit « et le projet de réaliser un nouveau musée en site propre demeure d’actualité »5.

« Cela fait plus de trente ans que le mcb-a n’organise que des expositions temporaires, en raison précisément de ce manque de place », soutient son directeur, Bernard Fibicher. Dans son nouvel écrin, le musée disposera de près du triple d’espace pour présenter des expositions temporaires et permanentes, idem pour les dépôts. « Le départ prochain du mcb-a et du Parlement6 offre un formi-dable potentiel de développement pour les autres musées abrités dans le Palais de Rumine. Et permettra au mcb-a de retrouver une identité claire, car le Palais de Rumine s’ap-parente actuellement à un multiplexe », continue le direc-teur du mcb-a. On retrouve le doute émis par la minorité du Conseil communal il y a plus d’un siècle.

histoire et devenir de trois mUsées

la constitution du pôle muséal par l’agrégation du mcb-a, du mudac et de l’elysée laisse des vides dans

la cartographie culturelle lausannoise. c’est en particulier le cas de la maison de maître abritant

aujourd’hui le musée de la photographie, qui ne sera plus un lieu d’exposition.

Pauline Rappaz

1 Le Musée cantonal des beaux-arts, créé en 1841, a d’abord été installé dans le musée Arlaud.

2 Bruno Corthésy, Le Palais de Rumine, Guides de monuments suisses, Société d’histoire de l’art en Suisse, 2008, p. 4.

3 Ibid., p. 29. 4 Ibid., p. 13.5 Ibid., p. 42. 6 Le Parlement vaudois déménagera une fois son nouvel écrin livré. Le concours lancé

en 2007 par le Conseil d’Etat, portant sur la construction du nouveau bâtiment pour le Grand Conseil, a été remporté par les architectes lausannois Atelier Cube SA et barcelonais Bonell & Gil, et par les ingénieurs civils du bureau d’études liégeois Weinand. Le chantier a débuté au printemps 2014, et l’inauguration est prévue en 2017.

Page 15: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

pôle muséal à lausanne 15 Tracés 22/2015

1

2

1-2 Coupes transversale et longitudinale du Palais de Rumine, place de la Riponne. Ces coupes illustrent l’article intitulé « Le Palais de Rumine à Lausanne », écrit par Charles Melley dans le Bulletin tech-nique de la Suisse romande n°24, 1906.

Les demeures du mudac et l’Elysée Si le Palais de Rumine a immédiatement eu une affec-

tation culturelle et scientifique, ce n’est pas le cas des bâtiments qui abritent l’Elysée et le mudac, tous deux à l’origine pensés comme lieux d’habitation.

La maison Gaudard, écrin du mudac depuis quinze ans, est située dans le centre historique de Lausanne, à quelques encablures de la Riponne. Elle doit son nom au lieutenant Gaudard, qui lui a donné son aspect actuel en la faisant reconstruire vers 1670. Elle est rachetée plus tard par le Canton et sert de préfecture jusqu’à la fin des années 1990, date à laquelle l’édifice, passé en mains de la Ville, est transformé en musée. Charmante, la bâtisse est devenue inadaptée. La directrice du mudac, Chantal Prod’Hom, explique : « J’apprécie la maison Gaudard pour ses vieilles pierres du 17e siècle et pour l’impres-sion d’intimité qu’elle procure, mais elle est faite de strates et manque cruellement de fonctionnalité et de flexibilité. Nous n’avons pas de monte-charge et les portes mesurent 80 cm de largeur, ce qui restreint dras-tiquement la palette d’objets que nous pouvons exposer. Nous manquons aussi de place pour les dépôts qui sont aujourd’hui externalisés. »

Après le départ du mudac, l’affectation du bâtiment devrait demeurer culturelle. « A ce stade, personne n’a de réponses précises quant à la future affectation de la Maison Gaudard. Il y aura peut-être des ateliers d’ar-tistes ou des espaces d’exposition. C’est en tous les cas certain que cet endroit restera un lieu à tonalité cultu-relle », poursuit la directrice du mudac.

Page 16: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

architecture16 Tracés 22/2015

Ce qui semble ne pas être le cas de la maison de maître construite dès 1780 sous la direction de l’archi-tecte Abraham Fraisse abritant aujourd’hui le Musée de l’Elysée. La bâtisse, achetée en 1971 par l’Etat de Vaud, est alors entièrement restaurée et en partie aménagée en musée. Elle accueille d’abord le Cabinet cantonal des Estampes, puis, dès les années 1980, un musée pour la photographie. « Dans un premier temps, l’accent a été mis sur la photographie classique et l’histoire de la photographie, raconte Tatyana Franck, directrice de l’Elysée. Aujourd’hui, le musée accorde davantage de place à la création contemporaine. »

A l’Elysée, comme au mudac et au mcb-a, le manque d’espace – et donc l’impossibilité de proposer des expo-sitions permanentes – et les conditions de conservation rendent la mission culturelle difficile. « Le futur musée nous permettra de tripler nos réserves et doubler l’es-pace d’exposition. Nous serons enfin dans les conditions idéales pour des expositions d’envergure. »

Reste que la future affectation de la maison de maître peut surprendre. Si elle accueille aujourd’hui des confé-rences intercantonales et des hôtes dits de marque ainsi que le musée, il semble qu’elle n’aura à l’avenir plus aucun espace dédié à la culture. « La maison de maître actuellement occupée par le musée reviendra au Canton et sera utilisée comme une maison de réception au sens large. Les jardins, propriété de la Ville de Lausanne, resteront, eux, accessibles au public », indique la direc-trice du musée.

Des liens entre les disciplines Le futur pôle muséal va ainsi permettre aux trois insti-

tutions de résoudre des problèmes de superficie et de fonctionnalité. Mais aussi de tisser des liens entre elles et de créer des espaces mutualisés, comme la cafétéria et le centre de documentation. Le mudac et l’Elysée, super-posés, partageront le même bâtiment. « Tant mieux, car les deux disciplines – design et photographie – ont beau-coup de choses à se dire », se réjouit Chantal Prod’Hom. « Le pôle nous permettra de penser au-delà des disci-plines. Nous imaginons donc des résidences d’artistes, des expositions communes et des projets encore impos-sibles dans la maison actuelle », renchérit Tatyana Franck. D’ailleurs, les trois directeurs des musées et les deux conservatrices des fondations Toms Pauli et Félix Vallotton – dont les sièges seront intégrés au futur

les hAlles de 1911

Deux choses essentielles sont à regretter concernant l’évolution du projet de pôle muséal lausannois. D’une part, la future affectation de la maison de maître qui abrite aujourd’hui le Musée de l’Elysée et qui n’aurait, une fois que ce dernier aura quitté les lieux, plus d’espace dédié à la culture. D’autre part, la construction du nouveau mcb-a prévoit la destruction des halles CFF, érigées en 1911 suite au besoin croissant de nouvelles infrastructures lié à l’aug-mentation du trafic ferroviaire. Laurent Chenu, conserva-teur des monuments et sites, décrit dans un document1 la valeur patrimoniale de l’ouvrage, inscrit à l’inventaire des monuments historiques depuis la fin des années 1990 : « Typique de l’architecture ferroviaire et industrielle du début de ce siècle, la construction laisse entrer, par de généreuses ouvertures dans les façades longitudinales et en toiture, un large éclairage naturel. (…) D’excellente fac-ture, l’ensemble de la construction de 1911 est aujourd’hui en bon état général et ne présente pas de défauts majeurs résultants de sa mise en œuvre. (…) Sa pérennité couplée à l’exceptionnalité de sa typologie et à son caractère unique dans le contexte ferroviaire de Suisse romande font du dépôt des locomotives de 1911 un édifice remarquable et particulièrement bien inscrit dans son site. (…) Il s’agit d’un monument d’importance régionale (qui) possède une valeur de classement. (…) La valeur patrimoniale de ce site historique tient autant à l’affirmation du plateau horizontal constitué par l’installation ferroviaire qu’à son entité for-melle étirée, si particulière. »

1 « Lausanne – dépôt des locomotives. Histoire, modifications et péren-

nité de l’ouvrage », Canton de Vaud, service immeubles, patrimoine et

logistique ; section monuments et sites, Laurent Chenu, conservateur

des monuments et sites, 15 novembre 2010

bâtiment du mcb-a – sont déjà en étroite relation, grâce au Conseil de direction du pôle muséal, créé à l’instiga-tion du Conseil d’Etat et chapeauté depuis le printemps dernier par Chantal Prod’Hom. Une structure qui se donne ainsi les moyens de préfigurer, ensemble, ce que sera ce pôle muséal.

Demandezune offre:

0848820 820

Moins de tracas pourles indépendants.

L’assurance des chefs d’entreprise de la Suva offre une pro-tection financière unique en son genre aux personnes exerçantune activité lucrative indépendante en cas de maladies pro-fessionnelles et d’accidents du travail ou durant les loisirs. Lesmembres de la famille travaillant dans l’entreprise sans perce-voir de salaire soumis à l’AVS peuvent également en bénéficier.Infos complémentaires: le site www.suva.ch/afc.

06_SuvaRisk_Gips_220x76_f_coa_0001 1 29.04.15 10:53Unbenannt-7 1 18.05.15 12:56

Page 17: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

pôle muséal à lausanne 17 Tracés 22/2015

3 Coupe de la Maison Gaudard, place de la Cathédrale, Monot architectes EPFL, 1997 (Archives de la Ville de Lausanne)

4 Coupe de la Maison de l’Elysée, avenue de l’Elysée, Archilab, 2005 (Archives de la Ville de Lausanne)

3

4

Demandezune offre:

0848820 820

Moins de tracas pourles indépendants.

L’assurance des chefs d’entreprise de la Suva offre une pro-tection financière unique en son genre aux personnes exerçantune activité lucrative indépendante en cas de maladies pro-fessionnelles et d’accidents du travail ou durant les loisirs. Lesmembres de la famille travaillant dans l’entreprise sans perce-voir de salaire soumis à l’AVS peuvent également en bénéficier.Infos complémentaires: le site www.suva.ch/afc.

06_SuvaRisk_Gips_220x76_f_coa_0001 1 29.04.15 10:53Unbenannt-7 1 18.05.15 12:56

Page 18: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

18 Tracés 22/2015théorie

de L’UtiLité d’Une archive

mercredi 11 novembre, Pierre Frey donnait sa leçon d’honneur. loin de l’habituel discours d’adieu, son

propos souligne l’urgence d’une poursuite du projet de constitution d’une archive de la construction moderne.

nous restituons l’intégralité de cette allocution, persuadés que la carence actuelle en matière

d’institutions consacrées à l’architecture en suisse romande pourrait trouver des éléments de réponse dans le travail accompli toutes ces années par les

équipes successives des acm.

Pierre Frey

1

Page 19: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

19 Tracés 22/2015 Acm

n ul ne peut être témoin dans sa propre cause. Il s’agit d’un principe de droit fondamental. J’ai été, dans une précédente vie, à l’origine d’un arrêté du Tribunal fédéral qui l’a réaffirmé avec vigueur, dans une cause de nature politique qui m’opposait à l’Etat de

Vaud. Ce principe évoque très précisément et résume à lui seul une bonne partie des complexes questions de point de vue qui encombrent les horizons des historiens et des anthropologues et dont vous pouvez imaginer qu’elles se sont amoncelées devant ma porte au moment de décider de vous parler de mon activité à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) entre 1988 et 2014.

Acteur, je ne peux en effet témoigner. Le sens commun rejoint ici le droit et l’épistémo-logie. Je ferai donc, à la faveur de la présente cérémonie, une déposition. La terminologie est fertile puisqu’ambiguë, la déposition étant à la fois :- une transition de phase lorsqu’un gaz se condense en solide ;- les phénomènes conduisant à la formation d’un dépôt ;- la déclaration faite sous serment en justice.Sans compter que la pierre de la déposition serait la dalle de marbre à l’entrée du Saint-Sépulcre.

Si le locuteur s’égare, il appartient à l’auditeur de trier ou d’agencer. Mais s’agissant du substantif déposition, j’insisterai surtout sur les caractères physiques puisqu’il est ici à la fois le temps et le lieu de transmettre ce qui a été successivement mis en place à la demande du ci-devant Département d’architecture de l’EPFL au sein de l’Institut de théorie et d’histoire de l’architecture (ITHA) à partir de l’automne 1987 et qui est devenu, en un peu plus de 25 ans, les Archives de la construction moderne (Acm), à la fois institution, ressource documen-taire et problème.

Les circonstances d’un quiproquoEn 1987, il y avait tout juste dix ans que Charles Jenks avait publié son ouvrage Le langage de

l’architecture post-moderne, les directeurs de l’ITHA, les professeurs Jacques Gubler et Jean-Marc Lamunière, bien qu’ancrés – avec un grand A pour le premier et un e pour le second – dans la modernité en architecture, sentaient que cette valeur en déclin ne pouvait que voir sa crise s’aggraver. Ils virent dans les archives à la fois un détour stimulant pour revisiter les formes en architecture et un terrain où histoire et théorie pourraient supposément faire bon ménage.

On adhéra donc avec unanimité à l’archivisme qui était venu s’ajouter à la longue litanie des -ismes en art ; on le fit avec d’autant plus d’empressement que l’auberge s’affichait espa-gnole, Robert Venturi y régalait de « vernaculaire commercial », cependant que Ricardo Bofill revisitait les recettes dix-neuviémistes du néo-classicisme.

Avec le recul, il me semble qu’on le fit un peu à la manière de Bouvard et Pécuchet : puisqu’on avait eu la même idée – inscrire son nom dans son chapeau – ou alors c’était autre chose et qu’à défaut de canal Saint-Martin, on avait l’avenue d’Ouchy. Il me semble en effet qu’on se lança « sans autre préparation que quelques lectures et des conseils pratiques glanés au hasard ».

Comme on se réclamait en même temps de la science expérimentale et de la rigueur poly-technique, on prétendit que d’entrée la chose archivistique fût moderne et on prescrivit, avant même que le premier dessin ne fût déroulé sur une table, que tout ce qu’on emmagasi-nerait serait scanné. Qu’importe qu’en ce temps-là, les machines à l’échelle et à la résolution adéquates ne fussent encore que des objets de laboratoires stratégiques et que les capacités de stockage fussent inexistantes en pratique. Il est permis de remarquer qu’au fond la situa-tion ne s’est guère améliorée sur ce point ; certes, les térabytes sont apparemment dispo-nibles en pagaille, mais nul ne sait exactement qui détient le pouvoir de les débrancher, de les facturer et à quel prix ou de les sous-traiter. C’est un trait commun de l’illusionnisme scientiste de mettre en avant une chimère technologique pour mieux évacuer les délicates questions méthodologiques – notez qu’en 1987 il régnait une sorte d’innocence et d’ingé-nuité, il n’était encore venu à l’esprit de personne de scanner des manuscrits de volumes de 1000 pages sans les ouvrir… et sans doute pour ne jamais avoir à les lire.

Revenons aux Acm au sein de l’ITHA : logiquement, il ne fut pas nécessaire, comme dans le roman de Flaubert, d’attendre le chapitre dix pour voir nos directeurs se déchirer. Ils le

1 Coffrage du tablier du pont du Gueuroz de l’ingénieur Alexandre Sarrasin, vers 1931 (photo Oscar Darbellay, Archives de la construction moderne – EPFL, fonds Adolf Bühler)

Page 20: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

20 Tracés 22/2015

firent dès l’automne 1987, dans les règles qui conviennent, mais publiquement, offensant au passage des personnes à qui on avait fait des promesses.

Quoi qu’il en fût, « au commencement d’août » (comme on dit en Suisse) 1988, les Archives de la construction moderne voyaient leur premier salarié aborder sa première journée de travail. Nous étions : le nom, le crayon, la gomme et moi, le plus petit dénominateur commun d’une chose que chacun des directeurs voulait énergiquement, pourvu que l’autre ne la possédât point.

Architecte plutôt qu’abeille, avant le projet, sa vision…Les Acm étaient nées d’un mystère opaque, impénétrable et paradoxal, en un mot acadé-

mique, surprenant, même pour un lecteur de Guy Debord. Cette sorte de néant originel a stimulé rapidement des développements vigoureux, que je suis fondé de dire, et pour cause, « sans complexe ». Le contexte était riche et fertile. C’est la préparation de l’exposition 19/39, la Suisse romande entre les deux guerres, qui s’est tenue à Lausanne en été 1986, et spécialement celle de sa section architecture au Musée des arts décoratifs, pour le commis-sariat de laquelle j’avais assisté l’historien Armand Brulhart. Cette exposition avait permis un repérage extensif des sources d’archives disponibles en mains privées. La démonstra-tion avait été faite qu’elles étaient nombreuses et révélaient l’existence en Suisse romande d’une culture architecturale bien distribuée et de qualité. Ce repérage a permis de dresser la liste que j’ai ensuite annexée à mon projet d’une archive d’architecture à l’EPFL en 1987. Je l’ai conservée, elle se recoupe très largement avec l’inventaire des fonds des Acm, établi en septembre 2014 et de manière encore plus complète avec le répertoire auquel on peut accéder par le Guide des sources des archives d’architecture en Suisse romande, dont les Acm ont pris l’initiative et assuré la réalisation entre 2000 et 2003. Opérer aujourd’hui ces recoupe-ments démontre que nous avions, en 1987, une idée représentative de ce qui était disponible, souhaitable et nécessaire de réunir pour être crédible et atteste que les intentions affichées en 1987 ont dans l’ensemble été concrétisées.

Ce qui, en revanche, n’avait pas été pris en compte, ce sont les résistances rencontrées à l’intérieur comme à l’extérieur, résistances qui se sont dévoilées au fur et à mesure que le potentiel de cette collecte devenait manifeste en termes d’exploitation et de rayonnement. Ces résistances sublimaient les rivalités de Bouvard ou de Pécuchet, les mettaient d’accord, elles s’articulaient sur la maîtrise des sources et révélaient le goût des professionnels pour le contrôle de leur historiographie. Sur le plan culturel régional, l’impact de l’effort consenti aux Acm a été sensible, la conservation d’une cohorte largement représentative d’archives d’architecture en Suisse romande est désormais assurée. L’effort de l’EPFL y a contribué directement par la collecte, la conservation, la valorisation et la participation à l’enseigne-ment, et indirectement en stimulant des actions similaires dans des archives privées ou publiques. Le 30 septembre 2014, j’ai cédé les Acm aux soins d’autres que moi. La situa-tion de l’institution n’est pas sans analogie avec celle, respectivement, de la Cinémathèque suisse ou du Musée pour la photographie au moment du départ à la retraite de leurs fonda-teurs respectifs, Frédy Buache et Charles-Henri Favrod. Du point de vue de la conserva-tion, du catalogue et de la logistique générale, la situation actuelle des Acm a bien des points communs avec celle de la Cinémathèque. Je crois que la mesure des efforts qui seront néces-saires pour que les Acm trouvent des conditions d’exploitation à la hauteur de ce qu’elles recèlent n’a pas encore été prise.

Le prix du malentendu, les moyens d’une politiqueToute situation institutionnelle présente des opportunités qui laissent de la place à la

malice et à l’initiative. Le philosophe Joseph Maria Bochenski, lorsqu’il était recteur de l’Université de Fribourg, avait pris soin d’en régler le protocole en précisant qu’au sein de l’établissement, le recteur magnifique avait préséance sur tout le monde, y compris sa Sainteté le pape, préoccupation de père dominicain... Modestement, le conservateur des Acm, prié au début des années 1990 de rédiger son propre cahier des charges, s’est attribué de très amples droits de signature. Ceux-ci ont été validés par la hiérarchie, je pense qu’en réalité personne n’en a jamais pris connaissance. Il n’en demeure pas moins que par des dizaines et des dizaines de contrats, négociés, signés, conclus et entrés en force de ce fait, la Confédération helvétique s’est engagée à :- conserver indéfiniment (le fonds considéré) dans les règles de l’art ;- cataloguer dans un délai raisonnable ;- en permettre l’accès au donateur ou à ses descendants, ainsi qu’au public intéressé.

Il faut souligner qu’elle a souscrit ces obligations très contraignantes après avoir formelle-ment « accepté avec reconnaissance » les fonds qu’on entendait lui confier. Ces biens culturels en nature d’archives d’architectes, d’ingénieurs civils et de constructeurs, dont une partie a

théorie

Page 21: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

21 Tracés 22/2015

été méthodiquement valorisée par des expositions et des publications, proclamés et reconnus d’importance régionale, nationale ou internationale, sont soumis à la loi fédérale sur les archives au titre des « fonds de tiers ».

Je veux souligner ensuite que la règle de l’art en matière d’archives d’architecture, celle qui devrait s’appliquer si les Acm étaient dotées des moyens nécessaires et suffisants, cette règle de l’art, notre action de pionnier a largement contribué à en déterminer les standards et les bonnes pratiques. Ces derniers ont été reconnus par les instances internationales compétentes en 2004, et fondent les recommandations formulées par le congrès de l’International council of archive, section for architectural archive (ICASAR), section spécialisée du conseil des archives de l’UNESCO. Ce congrès avait marqué la fin de mon mandat de président de cette section.

C’est à dessein que j’ai articulé ici, la formulation de ces trois constats : - la carence logistique flagrante qui affecte les Acm ;- la rigueur des obligations contractées par l’EPFL et la Confédération helvétique ;- la reconnaissance internationale des standards que nous avons nous-mêmes contribué à

établir.En 2001, par un document intitulé Cinq déménagements valent un incendie, je m’étais une

fois de plus efforcé d’attirer l’attention de la direction de l’EPFL sur ce problème ; j’ai été arrosé de promesses à la hauteur de l’alarme provoquée, elles n’ont jamais été tenues. Par la suite, j’ai jugé que ma survie, institutionnelle et intellectuelle, me commandait, dans la mesure du possible, de m’abstraire du fardeau de ces trop lourdes contingences.

S’il fallait vraiment comparaître de ce fait, je plaiderais bien sûr « non coupable ». Il serait présomptueux de croire le dossier clos, il existe un risque non négligeable et grandissant qu’un déposant ou un de ses ayants droit n’exige de l’EPFL le respect des engagements formellement souscrits.

Acm

14e Salon avec congrèspour professionels et maîtres d’ouvrage26 au 29 novembre 2015 BERNEXPO, Berne

Avec le soutien de Partenaires

Construction et modernisation énergétiquement efficientes Energies renouvelables, stockage de l’énergie Technique du bâtiment, aération, eau potable Construction, construction bois Rue des Conseillers des cantons Près de 40 manifestations

Page 22: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

22 Tracés 22/2015

Constructivisme radical Les archives pour servir la recherche / la recherche pour légitimer les archives ? La réalité s’invente et nous permet de nous inventer.

Etablir un centre d’archive d’architecture était la vision initiale, mais les vicissitudes contingentes nous ont bientôt contraints à tenter de fonder plus largement notre légitimité, et c’est le développement de projets de recherche qui nous en a fourni les moyens. En 1984 paraît, chez Orell Füssli à Zurich, le premier volume de l’Inventaire suisse d’architecture (INSA). En 40 villes, 11 volumes et plus de 5500 pages, cet inventaire scientifique a refondé l’histoire de l’architecture et de l’urbanisme en Suisse, établissant une scansion chronolo-gique et définissant un cadre méthodologique, permettant aux recherches dans ce champ spécifique, pour les 19e et 20e siècles, de se déployer.

En effet, si je considère avec le respect qui lui est dû l’historiographie antérieure, il faut bien voir qu’elle avait été élaborée surtout sous le paradigme de la Stylgeschichte, une histoire qui cherchait à identifier les influences stylistiques, donc idéologiques. On a ainsi cherché par exemple à distinguer successivement l’impact du gothique Ile-de-France ou du gothique rhénan, la faveur du pittoresque régional, le poids du rationalisme beaux-arts ou du néo-classicisme, celui des Semperschüler. C’est dans la même foulée qu’a été analysé l’impact du mouvement moderne sur l’architecture en Suisse.

L’INSA a posé les premières bases d’une bauhistorische Forschung, un terme intraduisible qui désigne une recherche qui a pour objet l’histoire de l’art de bâtir en général et non pas celle de l’architecture comme forme. Il faut rendre un hommage appuyé à ses initiateurs et à ses pionniers pour la Suisse romande, le professeur Georg Germann.

Si je détaille ces qualités, c’est clairement parce que c’est dans le prolongement de l’INSA qu’a été développée la recherche historique aux Acm. A y réfléchir, c’était sur l’intuition qu’il était essentiel d’en resserrer la trame et de compléter le tableau esquissé, de chercher à l’étendre chronologiquement, que le travail de recherche a pris son essor. Intégrant et prolongeant le projet initial des Acm, il s’est articulé autour de quatre axes :1. Identifier sélectionner et acquérir des fonds d’archives considérés comme importants. 2. Traiter, trier, éliminer et cataloguer les fonds collectés, ces opérations en apparence tech-

niques restent étroitement subordonnées aux exigences scientifiques et renseignent à leur tour leurs propres critères.

3. Etablir des monographies d’architectes ou d’ingénieurs (13 titres parus sous ma direction aux PPUR entre 1997 et 2007).

4. Répercuter sur l’enseignement et l’action culturelle publique ces résultats (cours, unités d’enseignement, conférences publiques, expositions).Les résultats se sont agrégés pour étendre, valider ou interroger l’énorme défrichement

qu’avait opéré l’inventaire INSA et c’est dans une rétroaction logique qu’une partie de la docu-mentation ayant servi à la rédaction des volumes de l’INSA est devenue un fonds distinct des Acm et qu’une rédactrice y a trouvé un emploi. Cette articulation, dans sa rigueur, a fait des Acm-EPFL un véritable hapax legomenon dans le monde international des musées d’architec-ture et des archives spécialisée. Ni le cadre de l’International confederation of architectural museums (ICAM), ni celui de l’ICASAR n’ont pu l’intégrer complètement. Ni l’Institut für Geschichte und Theorie der Architektur (gta-EPFZ) ni l’Archivio del Moderno (Mendrisio) qui, par bien des aspects, occupent un terrain voisin, n’ont visé cette surface et cette portée. Quant aux instances de l’Office fédéral de la culture, elles ont permis qu’une petite institution privée accapare le titre de Schweizerisches Architekturmuseum…

Errances en sérendipité Recherches, cas 1 : les concours d’architecture

La recherche sur les concours d’architecture en Suisse romande s’est inscrite dans le cadre d’objectifs analogues de l’INSA, à savoir, à procéder à l’inventaire exhaustif d’un corpus clairement défini, celui des concours organisés en conformité avec les règles successives ou parallèles de la SIA et observer, au sein de ce corpus, la place respective et l’évolution des différentes variables ; les protagonistes architectes étant évidemment au centre du ques-tionnement. L’interrogation directe qui a déclenché ce travail financé par la SIA avait été de chercher à savoir quelle était la place effective du bureau Monod Laverrière, Taillens Dubois dans ce champ spécifique. Mais au-delà de cette valeur partielle et relative, le prin-cipal résultat fut d’observer comment, par les concours, la corporation des architectes était parvenue, au fil des années, à organiser et encadrer une part importante de la commande publique et à se donner une hiérarchie et des distinctions d’excellence dans un système dont les protagonistes eux-mêmes avaient déterminé les règles et prononcé les jugements.

Je suis fondé de croire que notre travail de recherche historique, publié en 1995, a contribué à permettre à la SIA de se positionner face au bouleversement et à la menace que

théorie

Page 23: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

23 Tracés 22/2015

représentait pour elle l’entrée en vigueur de la Loi sur les marchés publics (LMP) (1er janvier 1996). En prenant connaissance des étapes de l’histoire des concours, la SIA a pris conscience de l’intérêt qu’elle avait à adapter ses normes et ses structures. Elle l’a fait tant et si bien qu’elle est parvenue à faire reconnaître ses normes 142 et 143 comme des procédures reconnues conformes à la LMP.

Je ne pense pas m’aventurer si j’ajoute qu’à mon avis cette situation très avantageuse est la raison pour laquelle sa commission des concours est aujourd’hui passablement laxiste quant aux procédures qu’elle valide, soucieuse qu’elle est de rester sur la crête de cette vague. La récente attaque de la Cour des comptes du Canton de Vaud était sommairement formulée, mais pas totalement infondée. Par certains aspects, le système des concours SIA revêt des caractéristiques évidentes de contrôle de la commande par les professionnels qui y répondent, tendant de ce fait à devenir un cas particulier du cartel de répartition.

Je reviendrai prochainement sur ce point dans une publication ; ce qui est intéressant ici, c’est d’aligner sur une même perspective le contexte et les motivations de la recherche histo-rique, l’impact et les développements observés sur le champ étudié et de chercher à décoder les articulations problématiques que les premières peuvent tricoter avec les seconds.

L’arroseur arroséRecherches, cas 2 : archives EPFL

Les apports des Acm à la recherche architecturale, parallèlement à l’élaboration des systèmes de catalogage et de bonnes pratiques en matière d’archives, les ont placées par force sur le terrain des archives en général et par voie de conséquence sur celui des archives produites au sein même de l’EPFL. Celles des professeurs partant à la retraite en particulier ont fait l’objet aux Acm d’un intérêt et d’efforts de collecte sporadiques. Ainsi par exemple, à l’occasion d’un entretien avec le professeur de mécanique Georges Spinler, j’ai eu le privi-lège de recueillir un fonds important qui documente la naissance de l’école d’ingénieur de Lausanne au 19e siècle et met en évidence son origine et sa nature ferroviaire. Ses archives informent aussi sur des sujets plus difficiles, comme le blanchiment en Suisse, après 1945, des résultats des recherches de pointe dans le domaine nucléaire ou celui de l’aéronautique en Allemagne et leur transfert aux USA. Plus près de nos préoccupations, qui touchent à l’architecture et au génie civil, les fonds des archives des professeurs Martin Steinmann et Vincent Mangeat nous ont été versés après qu’un soin minutieux et un travail de classement très conséquent ont été fournis et nous ont été offerts.

C’est dans ce contexte que le sort du fonds des archives du professeur Frédéric Aubry a été l’occasion d’un télescopage rocambolesque entre 2004 et 2005, lorsqu’il s’est agi pour l’école d’évacuer définitivement les locaux de l’avenue de l’Eglise-Anglaise où étaient stockées notam-ment les quelque 700 maquettes du fonds, véritable « collection vernaculaire » de l’EPFL. C’est par un effet cafétéria, tel que le vantait depuis des années le président Aebischer, que j’ai eu vent de transactions tendant à se débarrasser de cet ensemble, sans contrat ni garantie aucune et dans des mains dont il suffit que je dise qu’elles n’avaient pas ma confiance. Je me suis donc imposé au sein de cette transaction, j’ai mis en évidence son caractère hasardeux et me suis fait un devoir d’en compromettre l’aboutissement. Il s’ensuivit des colères épiques, j’ai cédé à mon penchant romantique pour le refus d’ordre, c’était délicieux. Sur le fond, l’affaire était claire, pour aliéner un bien culturel important, les offices de la Confédération sont tenus de les offrir en priorité aux Archives fédérales ou au Musée national. Comme la chose devenait compliquée et qu’il fallait ménager des issues, le pouvoir, sachant que la course réussit parfois là où l’ami-rauté s’échoue, m’a tacitement consenti une sorte de lettre de marque. Peu importe le contrat et sa forme, j’avais en tous cas souscrit une dette, celle de ramener le fonds Frédéric Aubry dans le giron des biens culturels de l’EPFL, de l’intégrer aux Acm.

Dans la pratique, l’équipe des Archives s’est déployée avec détermination pour enregistrer et organiser cet imposant et encombrant matériel de manière professionnelle. En maugréant, la vice-présidence à la logistique a fourni les moyens de procéder à la translation du fonds et des locaux pour le conserver.

C’est le 9 janvier 2009 que s’est manifesté le déclencheur d’une opération qui allait rencon-trer un vif succès et une audience internationale, en la personne d’Alexander von Vegesack, fondateur et directeur du Vitra Design Museum, qui m’invita ce jour-là à organiser une expo-sition des maquettes vernaculaires au Domaine de Boisbuchet, sorte de laboratoire expé-rimental du musée. L’équipe des Acm s’est mobilisée sur ce projet, qui sans aucun moyen spécifique s’est concrétisé en cinq mois seulement. Comme je l’avais expérimenté à plusieurs reprises, le fait de rassembler et d’exposer dans un même espace les diverses pièces choisies pour une exposition leur permet de déployer subtilement des caractères signifiants qui ne se manifestent pas lorsqu’elles sont vues de manière isolée. Une exposition est souvent comprise comme une valorisation, après que l’on a terminé la recherche ; nous avons démontré qu’elle

Acm

Page 24: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

24 Tracés 22/2015

peut fort bien se dérouler comme une sorte de porte ouverte sur le laboratoire. C’est un fait que le parti intellectuel adopté pour l’exposition, consistant à interroger les architectures vernaculaires sous l’angle de la diversité des savoirs traditionnels et des leçons qu’un monde en crise pouvait en tirer, s’est magnifiquement déployé. Les nombreuses visites guidées, les commentaires d’un public averti et des stagiaires de Boisbuchet ont précipité la capacité de synthèse que j’ai mobilisée ensuite pour la réalisation de l’ouvrage Learning from vernacular. Le 16e Alvar Aalto symposium conduit sous l’égide de Juhani Pallasmaa et Sami Rintala, le travail de défrichement effectué par Jana Revedin, Marie-Hélène Contal et l’équipe du Global award for sustainable architecture ont permis d’alimenter les réflexions que je savais pour ma part fonder sur un solide socle de lectures hétérodoxes souvent déjà très anciennes, au centre desquelles quelques fameux viennois : Adolf Loos, Otto Bauer et d’autres.

L’exposition, amplifiée en 2010, a circulé : Rossinière, Rencontres d’Arles, Base sous-marine de Bordeaux et Vitra Design Museum, Weil am Rhein. Le livre, sans être un block-buster a été primé et a fonctionné comme un trend-setter certain ; il faut le dire, sans fausse modestie. Mais l’essentiel est ailleurs, cette opération a vérifié encore une fois l’adage nemo propheta patria. Parce que depuis lors, plus personne à l’EPFL ne prétend vouloir aliéner ou éliminer cette collection au prétexte que ces vieilleries seraient discutables du point de vue anthropologique et que ces techniques sont révolues. Dans le sillage de cette opération, il s’est produit un phénomène inédit aux Acm, à savoir un afflux de candidats à des thèses de doctorat sur des thèmes dérivés. Plusieurs ont été repoussées et je continue, cinq ans après, à en refuser. A ce jour, trois thèses passionnantes ont été soutenues avec succès, une collection s’est mise sur pied aux éditions Actes Sud, dont j’assure la direction. Les prochaines publi-cations à paraître sont des monographies consacrées respectivement à l’architecte sud-afri-caine Carin Smuts et à notre exceptionnel compatriote Gion Caminada.

EpilogueAu cours des dernières décennies, des investissements énormes ont bouleversé la structure

de l’industrie de la construction, avec des effets profonds sur la scène architecturale. Au post-modernisme a succédé le spectacle global et l’exhibitionnisme formel, déployant des effets délétères sur l’enseignement et les écoles. Certaines se sont spécialisées dans des domaines particuliers d’excellence, d’autres caracolent dans les centiles supérieurs de la visibilité globale et la masse est à la peine, en proie à une sorte d’anarchie institutionnelle qu’on a revêtue du beau nom de « liberté académique ». L’intérêt pour les archives s’en ressent, on veut bien s’en parer, s’en emparer même, mais qui se soucie de développer une nouvelle vision ?

Avec l’option Learning from vernacular, les Acm ont fait une percée dans un « domaine particulier d’excellence ». Il y a d’autres options, il appartient à mes successeurs de réflé-chir à la place des Acm, non pas seulement au sein de la Faculté de l’environnement naturel, architectural et construit (ENAC) de l’EPFL, mais dans le contexte du champ académique et culturel large et de se représenter les collaborations qu’elles peuvent susciter. La réalité des interactions qui surgiront est riche et étendue. Il ne m’appartient pas de donner des conseils, mon temps est passé. Je me contenterai de pointer une caractéristique qui me paraît structu-rante et n’est pas prête de s’estomper.

Bien qu’il existe un marché du dessin d’architecture, l’institution Acm se prête mal aux dévoiements qui affectent par exemple les musées de la photographie sur la plupart desquels la main ostensible du marché a fondu par le truchement des associations de soutien et des galeries. La nature d’archive résiste au régime de la marchandisation. Comme dans les ciné-mathèques, les dépenses d’infrastructure sont trop lourdes pour servir de terrain de chasse aux amateurs de rentabilité. Ce qui est dans la nature propre des archives, c’est bien la recherche patiente, l’exploitation scientifique désintéressée, fondée sur les documents eux-mêmes et non pas sur les images qu’une industrie hautement profitable encourage à produire en masse par le débit des budgets destinés à la conservation des originaux.

L’étendue des spectres problématiques accessibles par les fonds des Acm déborde et conti-nuera à déborder, aussi bien les axes prioritaires du Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS) que les spécificités disciplinaires des ingénieurs ou des architectes. L’infinie multiplicité et la diversité des documents appellent l’analyse et la curiosité, occa-sionnellement elle affronte le joli paradoxe que m’a énoncé un jour Sylvain Malfroy, il me disait : « Tu comprends, plus le document a l’air banal, plus il faut faire marcher ton cerveau pour en tirer quelque chose. » Tout cela revient à dire, maintenant que les phases de la mise en place et de la maîtrise de l’institution sont derrière vous, que la véritable question sera de savoir avec qui construire un réseau de recherche qui soit capable d’interroger la ressource à la hauteur des réponses qu’elle peut procurer. Il faut pour cela d’autres talents que les miens, ils existent au sein de l’ENAC, le tout est de les mettre en œuvre.

théorie

Page 25: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait
Page 26: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

26 Tracés 22/2015livres

1

2

Les plus beaux musées de Suisse - Savoirs et histoires est le dernier né des livrets publiés par Patrimoine suisse. Il présente une cin-quantaine des quelque 1150 musées de Suisse. Les institutions sélectionnées tirent intelligemment parti d’importants édifices de toutes les époques et fournissent ainsi une contribution majeure à la sauvegarde et au développement du patrimoine matériel et immatériel. Dans le meilleur des cas, les musées présentés ici sont autant d’exemples de combinaisons réussies entre muséogra-phie, scénographie et architecture, lesquelles se renforcent mutuellement.

Le volume Savoirs et histoires est consa-cré à des institutions traitant de questions relevant des sciences naturelles et humaines (un volume consacré aux musées d’art sor-tira en 2016). La sélection veille à assurer un bon équilibre entre régions, époques et thématiques. Elle offre ainsi un aperçu de la diversité du paysage muséal helvétique. Des lieux déjà célèbres y côtoient des institutions encore peu connues.

Pour rester pertinents, les musées doivent s’adapter à des exigences en permanente évolution. Ils sont donc sans cesse amenés à ré interpréter leurs locaux et collections, et à les mettre en relation avec les réalités actuelles. S’ils entendent rester des lieux de réflexion productive, ils sont amenés à connaître et prendre en considération les besoins du public. Les institutions présen-tées dans la publication répondent à ces défis avec beaucoup d’inventivité et d’engage-ment. Ainsi certains musées municipaux et régionaux innovants se posent-ils en obser-vateurs critiques et en lieux de dialogue en vue d’une bonne cohabitation future, tandis que d’autres, consacrés aux sciences natu-relles, ont pris conscience du potentiel des formes de présentation historiques pour décrire les mentalités qui prévalaient aux différentes époques.

Publié en format carte postale, Les plus beaux musées de Suisse présente, sous un angle historique et architectural, chaque ins-titution en une quinzaine de lignes, accom-pagnées d’une photo pleine page et d’une vignette jouant sur la dualité et la complé-mentarité espace/objet. Aux côtés des infor-mations pratiques figurent succinctement les données de construction. Cinq encarts sont dédiés à l’histoire et au paysage muséaux de Suisse. Réd

1 Ballyana – Sammlung Industriekultur (Schönenwerd, Soleure)

2 Abbaye de St-Maurice – basilique, trésor et site archéologique (St-Maurice, Valais)

(photos Christoph Oeschger)

les PlUs beaUx mUsées de sUisse – savoirs et histoiresCombiner édifices et expositions

les Plus beaux musées de suisse – savoirs et histoirePatrimoine suisse, Zurich, 2015 / 16 CHF

Page 27: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait
Page 28: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

28 Tracés 22/2015livres

Qui se souvient du passage d’Herman Hertzberger à Genève, de 1982 à 1993 ? L’école où il enseigna1 n’existe plus, du moins sous la forme qui l’a accueilli. L’esprit qui le guida dans son œuvre prolifique, celle d’une raison sociale capable de structurer la forme architecturale, serait elle aussi has been. La Team 10 c’est de la vieille histoire, et les ensembles brutalistes labyrinthiques sont devenus le cauchemar des collectivités qui peinent à y installer les dispositifs de vidéo-surveillance tant attendus.

Dans ces conditions, l’ouvrage mono-graphique qui lui est consacré aux éditions nai010 revêt le caractère d’un catalogue rai-sonné : un index définitif qui clôt une œuvre et son époque.

On dénombre une bonne centaine de réali-sations qui lui sont attribuées, du logement à la planification urbaine, des structures cultu-relles aux écoles.

Georges Descombes, avec lequel il tra-vailla étroitement pendant son passage à Genève, mentionne Hertzberger comme un de ses maîtres à penser. En 1993, ils vont même cosigner une réalisation : le monument Bijlmer dédié aux victimes du crash d’un cargo d’El Al sur un immeuble d’habitation dans la banlieue d’Amsterdam.

Membre influent de la Team 10, il fait par-tie de la deuxième génération d’architectes qui constituent le groupe de travail. Il est de ceux qui ont 30 ans quand Aldo van Eyck

et Georges Candilis approchent la cinquan-taine. Il partage pourtant leur goût pour l’activation sociale des grands ensembles d’habitation. Comme eux, il pense que la modernité des années 1950 fut trop stérile, incapable de ce fait de générer de la matière urbaine. Il cherche dans l’agencement des parties les clés pour créer des ensembles pourvus d’urbanité.

Hertzberger est représentatif de la mou-vance structuraliste en architecture et des espoirs qu’elle nourrit en matière d’expé-rimentation spatiale. Il admire le quartier de Halen et cherche à créer des ensembles appropriables par les usagers. L’époque était généreuse avec les architectes qui avaient envie de mettre leurs idées à l’épreuve du réel.

Sa première réalisation, une résidence étudiante à Amsterdam, se construit avant qu’il ait obtenu son diplôme. Nous sommes au début des années 1960. Dans ce projet emblématique convergent les principaux attributs qui qualifient son langage : l’usage de matériaux bruts, le spatialisme (l’idée qu’une configuration spatiale intelligente peut contribuer à un monde meilleur), sans oublier la volonté d’inscrire dans l’ADN du bâti l’usage collectif.

Dans le clivage entre bâtisseurs et ensei-gnants, Hertzberger constitue une excep-tion. Il se consacre autant à la pratique architecturale qu’à l’enseignement. Plus encore, il ne conçoit pas l’un sans l’autre. Construire doit instruire un enseignement, et inversement l’enseignant doit nourrir une

pratique constructive. Telle est sa doctrine. L’ouvrage, dirigé par Robert McCarter, est à l’image de son œuvre : prolifique. Il frôle même l’excès, compte tenu de la quantité de projets traités. Il reste une très bonne entrée en matière pour comprendre cette façon de penser, mais aussi pour commencer à se demander pourquoi cette sensibilité n’a pas vraiment trouvé d’écho en Suisse. Herman Hertzberger, malgré son implication, n’y a rien construit. Christophe Catsaros

herman hertzbergerUn ouvrage monographique dirigé par Robert McCarter

herman hertzberger Robert McCarter, nai010 publishers, Rotterdam, 2015 / € 69.501 L’école d’architecture de l’Université de Genève est fermée en

1994.

Page 29: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

Unbenannt-1 1 09.09.15 11:22

Une nouvelle revue, dirigée par notre collaborateur Léopold Lambert, à découvrir et à commander sur www.thefunambulist.net

The funambulisT Politics of space and bodies

Page 30: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

architecture30 Tracés 22/201530 Tracés 22/2015

Pages d’information de la sia - société suisse des ingénieurs et des architectes

RougE, moDERnE, uRbAinE – biEnnE Est mAintEAnt inCLusE DAns L’AppLiCAtion swiss squAREs

Bienne la bilingue peut s’enorgueillir d’une vieille ville extrêmement bien préservée, de remarquables exemples d’architecture contemporaine et d’aménagements hérités de l’Expo.02. Depuis peu, 20 places bien-noises ont rejoint les espaces urbains pré-sentés dans l’application Swiss Squares de la SIA.

Les médias se sont pressés au rendez-vous: radios, journaux et plusieurs équipes de télé-vision, à commencer par la Radio Télévision Suisse (RTS), ont consacré des reportages à la nouvelle version de l’application Swiss Squares. Depuis mi-octobre, 20 places bien-noises complètent les 30 espaces zurichois, les 10 bernois et les 15 schaffhousois déjà réperto-riés. Avec les images et les données compilées pour Bienne, l’application met ainsi un pied en Suisse romande, comme le président de la SIA Stefan Cadosch s’en est réjoui lors du lan-cement de la nouvelle version. Avec Sion, dont le tour viendra en 2016, l’application y arrivera pour de bon.

La Ville de Bienne, qui a livré les images et les textes, a pris de nouvelles photos de chaque place, si bien que des documents actuels com-plètent les nombreux clichés et illustrations historiques fournis. La Ville a été enthousias-mée par l’application développée par la SIA, car celle-ci permet de relier le passé, le pré-sent et l’avenir : « Swiss Squares nous permet de voyager sur l’axe du temps », comme l’a sou-ligné Jürg Saager, responsable du Service des bâtiments, en précisant qu’à côté des places classiques comme celle de la gare, Bienne et la SIA avaient délibérément inclus des espaces plus « exotiques », que beaucoup de gens ne perçoivent pas comme des places. Le Gurzelen, représenté par neuf entrées textes-images, en est un exemple : il s’agit d’une surface rési-

duelle, qui a jusqu’ici fait office de parking et d’espace pour les cirques et les spectacles, mais qui est appelée à accueillir des usages urbains. Sw iss Squa res documente en outre des ouvrages marquantes des architectes Walter Schwaar et Max Schlup et offre encore une série de vues de l’ancien stade du FC Bienne.

Un des emblèmes du bâti moderne à Bienne, qui témoignent de l’action du maire socio-démocrate Guido Müller, est l’abri au trai-tement chromatique expressionniste de la place Général-Guisan. Avec ce qu’on appelle le Ring, Bienne possède là une des plus belles places de Suisse. Par contraste, l’esplanade au bord du lac ou la place Robert-Walser sont des aménagements récents, réalisés dans le cadre de l’Expo.02. Pour ses nombreuses reva-lorisations de l’espace public, notamment de la place Centrale, Bienne s’est vu décerner le prix Wakker en 2004. Une visite de Bienne avec Swiss Squares promet donc maintes décou-vertes, que ce soit depuis le canapé du salon ou in situ.

Dr Claudia Schwalfenberg, responsable Culture du bâti SIA ; [email protected]

DébAt uRbAnités – mAîtRE DE L’ouvRAgE, ARChitECtE : qui piLotE LE pRojEt ?

Le débat Urbanités de la SIA Vaud du 7  décembre questionnera le rôle des manda-taires et du maître de l’ouvrage dans le proces-sus du projet de construction. En effet, pour des projets d’envergure et face à l’ampleur de la mission, les communes font de plus en plus souvent appel à des spécialistes appelés représentant du maître de l’ouvrage (RMO) et bureau d’assistance au maître de l’ouvrage (BAMO).

Qui sont-ils et qu’offrent-ils ? Ces « inter-médiaires » pallient-ils le manque de com-pétence des maîtres d’ouvrages ou le manque d’engagement des architectes ? Sont-ils des interlocuteurs incontournables ? Leurs presta-tions renchérissent-elles le coût de construc-tion ou, au contraire, sont-elles garantes de l’économicité du projet ? Les architectes doivent-ils être cadrés par ces intermédiaires ou sont-ils les partenaires de confiance des maîtres d’ouvrages ?

Quatre intervenants apporteront leurs éclairages et partageront leur expérience : Me Blaise Carron, avocat, spécialiste en droit de la construction et de l’immobilier, profes-seur ordinaire à l’Université de Neuchâtel ; Gwilherm Duré, chef de projets construction chez Techdata SA ; Gustave Müheim, président de Lausanne Région, syndic de Belmont-sur-Lausanne et membre du comité de l’Union des communes vaudoises (UCV) ; enfin, l’archi-tecte Jacques Richter du bureau Richter Dahl Rocha & Associés architectes SA. Le débat sera modéré par Christiane von Roten, présidente du Groupe des architectes de la SIA Vaud.

Lundi 7 décembre, 18 h 30, aula du Collège de Villamont (entrée par l’avenue de Villamont 4), Lausanne. Plus d’infor-mations : www.vd.sia.ch

(sia)

pLus DE CARtE DE mEmbRE à pARtiR DE 2016

Jusqu’à présent, tous les membres de la SIA recevaient une carte de membre avec la facture de cotisation annuelle. Le numéro de membre imprimé sur la carte, utilisé à des fins d’identification, est également mentionné sur la facture. Pour des raisons techniques et par mesure de réduction des coûts, la facture sera envoyée sans carte de membre à partir de 2016. La SIA travaille actuellement à la mise en place d’une solution plus moderne et en infor-mera ses membres en temps utile.(sia)

La conseillère municipale Barbara Schwickert teste Swiss Squares sur la place Centrale de Bienne. (photo Philipp Zinniker)

La nouvelle version de l’app Swiss Squares est dispo-nible gratuitement en français, allemand, italien et anglais. Informations complémentaires : www.sia.ch/swiss-squares

Page 31: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

pôle muséal à lausanne 31 Tracés 22/2015 pages sia 31 Tracés 22/2015

Pages d’information de la sia - société suisse des ingénieurs et des architectes

jouRnéEs siA DE L’ARChitECtuRE Et DE L’ingéniERiE ContEmpoRAinEs : C’Est LE momEnt D’AnnonCER vos ouvRAgEs pouR LEs jouRnéEs siA 2016 !

Nouvelles constructions en direct : du 20 au 29 mai 2016, architectes et ingénieur-e-s présenteront leurs récentes réalisations aux publics intéressés. Le déla i d’ins-cription pour soumettre vos propositions est ouvert.

Parions que cette fois encore des collègues de France ou du Bade-Wurtemberg franchi-ront la frontière, se mêleront au f lot des visi-teurs et passeront avec étonnement un doigt sur des parois lisses avant de murmurer: « Mais comment s’y prennent-ils donc pour obtenir un tel béton de parement… ? » En 2016, les bâtisseurs SIA montreront à nouveau ce dont ils sont capables : avec ses sections régio-nales, la société organise pour la neuvième fois déjà les « Journées SIA de l’architecture et de l’ingénierie contemporaines » du 20 au 22 et du 27 au 30 mai. L’objectif n’est pas seulement de dialoguer avec d’autres professionnels, mais surtout d’ouvrir au grand public des ouvrages représentatifs du bâti suisse contemporain. Dès à présent et jusqu’au 8 janvier 2016, les membres SIA souhaitant participer sont donc invités à soumettre, par le biais de la page Web dédiée (www.journees-sia.ch), des réali-sations à inscrire au programme de visite des Journées SIA 2016. La SIA encourage expres-sément les ingénieurs civils, jusqu’ici plutôt sous-représentés, à annoncer leurs ouvrages.

Cet événement unique au plan national donne au grand public l’occasion d’apprécier sur place et en vraie grandeur des projets récemment achevés et de s’adresser directement à leurs auteurs et aux maîtres de l’ouvrage. La dernière édition en mai 2014 a attiré plus de 20 000 per-sonnes, qui ont visité quelque 300 réalisations réparties dans tout le pays – l’éventail proposé va de la maison individuelle aux grands ouvrages d’infrastructure, en passant par des écoles, des centres sportifs et des bâtiments administratifs ou à vocation culturelle.

L’application « SIA-JTG » permet de choi-sir des objets à visiter en fonction de différents critères, puis indique le meilleur parcours pour s’y rendre en un seul clic. Le nouveau programme de visite sera déjà dévoilé dans le cadre de Swissbau à Bâle du 12 au 16 janvier 2016. Et la brochure gratuite documentant l’ensemble des ouvrages à voir sera disponible dès février 2016.

Frank Peter Jäger, ing. dipl. en urbanisme est rédacteur à la SIA ; frank.jä[email protected]

LA Commission siA 271 RECRutE

La SI A recherche un /une a rchitecte pour venir renforcer la commission SIA 271 L’étanchéité des bâtiments. La participation au travail de la commission vous donne l’occasion d’apporter vos connaissances et de contribuer à l’élaboration de bases de travail dans le sec-teur de la construction. Dans le même temps, vous profitez du savoir-faire de vos collègues et élargissez votre réseau professionnel. Nous souhaitons tout particulièrement encourager les femmes à se porter candidates à ce poste. La maîtrise de la langue allemande est indis-pensable. De plus amples informations sur le travail au sein de la commission SIA 271 et le profil recherché sont disponibles sur le site : www.sia.ch/postes-vacants.

(sia)

EnquêtE siA suR LEs sALAiREs 2015 : REvEnus ACtuELs DEs buREAux D’étuDEs

La SIA a réalisé une nouvelle enquête sur les salaires dans les métiers de la conception

en partenariat avec d’autres associations de la branche. Dans l’ensemble, 555 entreprises ont participé à cette enquête et fourni 10 355 salaires, soit un taux de retour encore meilleur que lors de l’enquête précédente.

Un résultat important : le salaire annuel total moyen est passé de 98 830 francs en 2013 à 100 018 francs aujourd’hui. Si l’on tient compte du taux de renchérissement, cela représente une augmentation réelle des salaires de 1,7 %, soit une hausse en deçà de ce qu’espéraient les associations profession-nelles. Les architectes paysagistes perçoivent en moyenne les salaires les plus bas (85 090 francs) et les urbanistes les salaires les plus élevés (111 079 francs).

L’analyse des salaires par sexe montre que les femmes touchent des salaires moyens infé-rieurs à ceux de leurs homologues masculins dans presque toutes les professions. Un exa-men détaillé des résultats révèle néanmoins que les salaires de départ sont majoritaire-ment identiques.

La distinction par tranche d’âge ou taille de bureau permet certes de relativiser quelque peu l’écart salarial toujours important entre les hommes et les femmes. Toutefois, l’infime minorité de femmes cadres (p. ex. ingénieurs civils : 5,8 % ; ingénieurs en technique du bâti-ment : 3,3 %) traduit encore leur sous-repré-sentation au sommet de la hiérarchie.

(sia)

pAssAtion DEs mARChés (FRv) DE LA siA

Voici un a n que le consei l d’ex per ts Passation des marchés a été porté sur les fonts baptismaux. Il doit servir de creuset aux idées pour affronter les multiples pro-blématiques liées aux procédures d’adjudi-cation. Bilan intermédiaire.

La passation de mandats d’études selon des règles professionnelles revêt un intérêt primordial pour l’ensemble des membres de la SIA. Beaucoup font état d’une dévalorisation du travail de conception se traduisant par une rémunération toujours plus chiche de ce type de prestations. Pour l’heure, nous jouissons encore d’une bonne conjoncture sur le mar-ché de la construction et la confiance prévaut. Mais pour ne pas se trouver pris de court en cas de retournement de tendance, le comité de la SIA a résolu d’anticiper le problème : la

Le forum St. Katharinen à St-Gall, transformé par Klaiber Partnership AG Architek-ten, figurait parmi les nombreux objets originaux à visiter lors des Journées SIA 2014. (photo Hauser & Eisenhut Imaging GmbH)

Journées sia 2016Les professionnels et maîtres de l’ouvrage désireux de participer aux Journées SIA 2016 sont invités à annoncer leurs réalisations du 2 novembre 2015 au 8 janvier 2016 sur la page web www.journees-sia.ch. Ils y trouveront toutes les informations concernant la manifestation, ainsi que des actualités constamment mises à jour.

Page 32: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

architecture32 Tracés 22/2015pages sia32 Tracés 22/2015

et la Suisse. La question des divers systèmes de formation dans les domaines de l’ingénie-rie a été au cœur des débats menés par Martin Hohberg, président du Comité national suisse. Un des principaux objectifs de la réforme de Bologne et de la FEANI porte en effet sur la comparabilité des diplômes pour faciliter la mobilité supranationale des étudiants et des professionnels. A cette fin, la FEANI tient l’index FEANI (qui liste les hautes écoles répondant aux critères de qualité définis par elle) et délivre le titre EUR ING. L’ordre du jour de l’assemblée générale de la FEANI fixée au 9 octobre à Lisbonne a également été passé en revue. Les débats ont été suivis d’une visite de la Haute Ecole de Lucerne à Horw, avec la présentation des iHome-Labs et un tour de la Haute école conduit par Viktor Sigrist, nou-veau directeur du département Technique & Architecture. Les échanges directs et le main-tien des contacts constituent un autre volet important de cette rencontre annuelle qui a encore emmené les participants en excursion sur le Pilate au moyen du chemin de fer à cré-maillère le plus raide du monde.

(sia)

passation des marchés a ainsi été déclarée priorité stratégique lors de l’assemblée des délégués de mai 2015. Avec la dissolution du comité directeur des normes et règlements (NOA) et vu la nécessité d’un soutien plus effi-cace, la mise sur pied d’un conseil d’experts Passation des marchés (FRV) a été décidée l’année dernière. A l’instar de ses homologues pour l’énergie ou l’aménagement territorial, celui-ci doit épauler le comité en lui appor-tant son expertise: il en est l’organe de conseil et de soutien pour les questions touchant aux formes de passation des marchés d’étude et il est responsable d’une mise en œuvre cohé-rente de la politique arrêtée par la SIA dans ce domaine.

La présidence en a été confiée à Eric Frei, architecte lausannois expérimenté et lui-même membre du comité de la SIA. Au sein du bureau, l’opérationnel est assuré par Denis Raschpichler. Le conseil d’experts est en outre complété par les professionnels de renom que sont le président de la SIA Stefan Cadosch, les commissions SIA 142/143 et SIA 144 par la voix de leurs présidents Rudolf Vogt et Giuliano Anastasi, le responsable du service des normes SIA Markus Friedli, le président de la ZO Erich Offermann, ainsi que les repré-sentants des groupes professionnels Andreas Wilhelm, Simon Roth, Peter Vonesch et Peter Zwick. Sur le plan du droit, l’organe bénéficie de l’encadrement du conseiller juridique de la SIA Daniele Graber. Au besoin, il est égale-ment prévu d’inviter aux séances des repré-sentants d’organisations tierces.

Le conseil d’experts Passation des marchés se considère comme un groupe de réf lexion indépendant et il se réunit tous les trimestres. Les séances initiales ont été consacrées à la rédaction d’un cahier des charges qui a été approuvé par le comité le 23 janvier déjà. Ce document entérine l’idée maîtresse que le FRV représente un organe stratégique qui épaule le comité sur les questions relatives à la passation des marchés. Le suivi opération-nel est assuré par le bureau sous la houlette du comité de gestion.

Les séances ultérieures se sont concentrées sur l’élaboration d’un document cadre abor-dant les principaux problèmes du point de vue des concepteurs actifs dans l’industrie de la construction. Quelque vingt thématiques y sont recensées – à commencer par la pénétration insuffisante des règlements SIA sur la passation des marchés, jusqu’au manque d’informations sur l’opinion que les membres SIA ont des procé-dures d’adjudication en vigueur, en passant par le défaut de professionnalisme qui caractérise beaucoup d’organisateurs de concours d’étude. Lors de sa séance de juin, le comité a donné son feu vert à cette orientation et approuvé le déve-loppement de mesures concrètes pour répondre aux problèmes les plus urgents.

la romandie pionnièrePublié en août 2013, le règlement SIA 144

des appels d’offres de prestations d’ingénierie et d’architecture, qui encadre l’acquisition de prestations spécifiées, complète les formes de mise en concurrence bien connues établies par le règlement SIA 142 sur les concours. Les débats au sein du conseil d’experts et lors de manifestations annexes ont montré que la SIA, plutôt que de jouer au gendarme pour l’application desdits règlements, devrait plutôt chercher à s’imposer comme centre de com-pétences reconnu pour le conseil aux organes adjudicateurs.

L’impression domine en effet que les repré-sentants des pouvoirs publics responsables des procédures d’adjudication sont trop sou-vent débordés sur des questions techniques ou juridiques. Il n’est dès lors pas étonnant qu’ils optent pour des procédures de passation inadéquates ou économiquement désavanta-geuses précisément lorsqu’il s’agit de projets de construction complexes. Or un centre de compétences professionnel auquel les pou-voirs publics et les maîtres d’ouvrage privés éclairés pourraient s’adresser serait en mesure de remédier à ces lacunes. A titre d’exemples, on citera la Commission des concours et des appels d’offres (CCAO) du canton de Genève et l’Observatoire vaudois des marchés publics (OV MP) qui ont déjà montré la voie : ces organes agissent depuis des années avec suc-cès, en privilégiant la sensibilisation, la forma-tion et le soutien des acteurs impliqués.

Denis Raschpichler, arch. dipl. EPF/SIA, est responsable du domaine Passation des marchés pour la SIA ; [email protected]

REnContRE FEAni 2015 à LuCERnE : ConFéREnCE DEs ingéniEuRs EuRopéEns

A l’invitation du Comité national suisse de la Fédération européenne d’associations natio-nales d’ingénieurs (FEANI), composé de repré-sentants de Swiss Engineering et de la SIA, les membres d’Europe centrale de la FEANI se sont retrouvés à Lucerne du 13 au 15 août 2015 pour leur rencontre annuelle. La manifestation a réuni quelque 25 personnes, déléguées par la Belgique, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Autriche, la Slovénie, la Slovaquie, la République tchèque

Journée d’information marchés publics24 novembre 2015, Genève, 9h00 - 17h30Code WB14-15, informations et inscription : www.sia.ch/form

evaluer des projets selon le développement durable24 et 25 novembre 2015, Bienne, 9h00 - 17h30Code sanu-15GEEP, informations et inscription : www.sanu.ch

Protection incendie pour le planificateur 25 novembre 2015, Genève, 13h30 - 17h30Code BSP05-15, informations et inscription : www.sia.ch/form

Cas en management de l’énergie15 janvier 2016, 9 mois, GenèveCode CAS16EN, inscription en ligne : www.unige.ch/form-cont/managementenergie.html

la rénovation énergétique aujourd’hui8, 15 et 22 mars 2016, Lausanne, 9h00 - 17h30 Code GEF01-16, informations et inscription : www.sia.ch/form

la norme sia 118 dans la pratique10 et 11 mars 2016, Lausanne, 9h00 - 17h30Code AB90-16, informations et inscription : www.sia.ch/form

le nouveau règlement rPh sia 103 (2014)15 mars 2016, Lausanne, 14h00 - 17h00Code lho27-16, informations et inscription : www.sia.ch/form

sia online

form

Conseil d’exPerts Passation des marChés de la siaVos suggestions et conseils sont en tout temps les bien-venus.Contact : [email protected] des charges du conseil d’experts Passation des mar-chés : www.sia.ch/conseil_passation_des_marches_cahier_des_charges

Page 33: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait
Page 34: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

34 Tracés 22/2015

Cette rubrique est destinée à informer nos lecteurs des concours organisés selon le réglement SIA 142 ou UIA. Les informations qu’elle contient ne font pas foi sur le plan juridique. Pour tout renseignement, prière de consul-ter les sites www.konkurado.ch et www.sia.ch/142i. Les résultats des concours importants sont présentés sur www.espazium.ch.

dAte reddition sujet orgAnisAteur et renseignements

procédure

11.12.2015 Aménagements de la thielle Direction générale de l’environnementressources en eau et économie hydraulique (Dge-eau)a l’attention de stéphane Bovierrue du valentin 10CH – 1014 [email protected]

Marché de services

Procédure ouverte

11.12.2015nouveau

concours d’architecture la neuveville société coopérative Migros neuchâtel-Fribourgservice des bâtimentsroute des Perveuils 02CH – 2074 [email protected]

Concours de projets

Procédure ouverte

18.12.2015 (inscription) 26.02.2016 (plans) 11.03.2016 (maquette)

Agrandissement home les tilleuls à monthey Commune de MontheyHôtel-de-ville 2CP 512CH – 1870 Monthey [email protected]

Concours de projets

Procédure ouverte

15.01.2016 (inscription)02.09.2016 (plans)08.09.2016 (maquette)nouveau

Fiv – grands esserts – secteur Ferme serafin architectes associés sarue de genève 122CH – 1226 Thô[email protected]

Concours de projets

Procédure sélective

28.01.2016 (plans)11.02.2016 (maquette)

construction d’un complexe scolaire, classes enfantines et primaires avec salle de sport à châtel-st-denis

OCsa o charrière architectes sarue de l’europe 12Case postale 2194CH – 1630 Bulle [email protected]

Concours de projets

Procédure ouverte

05.02.2016 (plans)17.02.2016 (maquette)nouveau

concours collège en Brit pour l’agrandissement du site scolaire

Meno architectes sàrlrue de la Paix 07 CH – 1020 renens

Concours de projets

Procédure ouverte

19.02.2016 château de la tour-de-peilz et musée du jeu ville de la Tour-de-Peilzservice domaines & bâtiments a l’attention de M. Yves rouletgrand-rue 46CH – 1814 la Tour-de-Peilzdomaines.batiments@ la-tour-de peilz.ch

Concours de projets

Procédure ouverte

19.02.2016 (plans)04.03.2016 (maquette)nouveau

ems Fondation champ-Fleuri à glion, construction d’un nouveau bâtiment d’accueil

alain Wolff architectesrue des Bosquets 18CH – 1800 vevey

Concours de projets

Procédure ouverte

34 TraCÉs 22/2015concours

Page 35: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

Unbenannt-2 1 19.05.15 13:05

2015/16

Salaires actuels des ingénieurs et architectesCHF 95.– plus frais d’expédition

Commande:[email protected] · www.swissengineering.ch

Unbenannt-2 1 09.09.15 14:08

Page 36: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

36 Tracés 22/2015nouveAux produits

Produits Présentés Les nouvelles sur les entreprises, produits et prestations se basent sur des informations fournies par les entreprises. La rédaction ne saurait être tenue responsable d’éventuelles erreurs ou imprécisions dans les textes ou photos qui lui sont communiqués. La rédaction se réserve le droit de raccourcir les textes.

vitrA sA

Les nouveaux Polder Sofa : une composition subtile de couleurs et de textiles

En 2005, Vitra a présenté pour la première fois le Polder Sofa de Hella Jongerius, qui s’est démarqué parmi les canapés contemporains par sa forme inha-bituelle et sa combinaison soigneusement élaborée de couleurs, de matières et de textures. A présent, 10 ans plus tard, le Polder Sofa est mis à jour par deux nouvelles versions – le Polder Sofa et le Polder Compact – qui remplacent le modèle original. De nouveaux coloris et matériaux ainsi que des détails pleins de charme confèrent aux canapés une appa-rence moderne. Les tissus utilisés ont été dévelop-pés exclusivement pour Vitra par Hella Jongerius. Ils mettent en valeur l’intensité de sa combinaison de couleurs et de textures.

Les caractéristiques déterminantes de la création sont conservées et cependant elles apparaissent dans de nouvelles variations. Pour le nouveau Polder Sofa ainsi que pour le Polder Compact, la créatrice néerlandaise conserve le corps plat et les coussins en tissus de différentes couleurs qui rappellent l’ori-gine du nom du produit : en Hollande, un « polder » désigne l’étendue de terre, généralement subdivisée en champs utilisés à diverses fins agricoles, gagnée sur la mer grâce à la mise en place de digues et de fossés de drainage.

L’arête avant, qui s’étendait auparavant sur toute la longueur du canapé, a été remplacée dans les nouveaux modèles par des coussins d’assise plus grands et des coussins de dossier volumineux de deux hauteurs différentes. Ils forment une confor-table surface d’assise encadrée de part et d’autre par le corps rembourré, dont la forme distingue le Polder Sofa et le Polder Compact. Un accoudoir bas est intégré à l’une des extrémités du Polder Sofa, tandis que l’autre est composée d’une surface pou-vant également servir de rangement pour des maga-zines, des livres ou des plateaux. Le nouveau Polder Compact, en revanche, dispose de deux accoudoirs

de hauteur différente, ce qui réduit les dimensions de ce canapé compact.

Le Polder reste fidèle à sa forme originale de canapé asymétrique : les nouveaux modèles peuvent être configurés au choix avec l’accoudoir plus haut du côté gauche ou droit, s’adaptant ainsi aux diffé-rentes configurations d intérieurs. La plateforme du Polder Sofa étant disponible séparément, elle peut également servir d’ottomane.

Comme pour les versions précédentes, le corps et les coussins des canapés sont revêtus de tissus aux teintes, structures et textures harmonieuse-ment associées. Hella Jongerius a créé de nouvelles compositions dans les nuances vert, rouge, jaune doré et bleu nuit. Au lieu de tissus classiques, des textiles développés exclusivement pour Vitra par Hella Jongerius sont utilisés comme matériaux de revêtement pour les nouveaux canapés Polder, sou-lignant le jeu subtile de couleurs et de textures qui caractérise la créatrice.

Les boutons décoratifs, spécialement dessinés par Jongerius pour les nouveaux canapés Polder et réalisés en matière synthétique colorée, en alu-minium, en laiton et en cuir, sont un détail frappant supplémentaire. Fabriqués de manière industrielle, les boutons signalent l’éloignement des techniques artisanales traditionnelles. Ils forment un contraste intéressant avec les textiles souples, et facilitent également le déhoussage des revêtements pour le nettoyage, grâce à un dispositif de fermeture d’uti-lisation simple.

vitra sa 1800 Vevey, www.vitra.com

As Ascenseurs sA

La qualité au service de la tradition

Le groupe Bell, n°  1 en Suisse de la filière de la viande, perpétue la tradition depuis 1869 tout en regardant vers l’avenir avec son nouveau site de pro-duction à Cheseaux-sur-Lausanne.

A l’instar du nouveau bâtiment, le monte-charge installé entre août 2014 et fin février 2015 par AS Ascenseurs a été conçu pour répondre à toutes les exigences de qualité du groupe Bell. Pour l’ache-minement des marchandises depuis l’extérieur, un appareil d’une capacité de charge de 3000 kg a été spécialement réalisé dans une exécution alimentaire haut de gamme.

as asCenseurs sa 1052 Mont-sur-Lausanne, www.lift.ch

Page 37: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait
Page 38: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

38

jusqu’au 02.12 ExPOSITION D’URBANISME horizontAl metropolis. A rAdicAl project Archizoom, EPFL archizoom.epfl.ch

jusqu’au 04.12 ExPOSITION Book For Architects EPFZ www.ausstellungen.gta.arch.ethz.ch

jusqu’au 10.01.16 ExPOSITION à lA recherche de 0,10 – kAsimir mAlevitch et l’AvAnt-gArde russe Fondation Beyeler, Bâle www.fondationbeyeler.ch

24.11 - 19.12 ExPOSITION mArco de FrAncesco. Archipels vernissage : 21.11, 15:00-19:00 Davel 14 galerie, Cully www.davel14.ch

26.11 / 08:00-13:00 JOURNéE D’éTUDE conFérence jeri « proBlèmes insoluBles résolus » SwissTech Convention Center, EPFL, Lausanne www.confjeri.ch

07.12 / 18:30 CONFéRENCE-DéBAT URBANITéS mAÎtre de l’ouvrAge, Architecte : Qui pilote le projet ? Aula du collège de Villamont, Lausanne www.vd.sia.ch

jusqu’au 12.12 ExPOSITION lA ville expose sA mAQuette 2/3: réalisation de constructions et d’aménagements 25, rue du Stand, Genève www.ville-geneve.ch

jusqu’au 03.01.16 MANIFESTATION 13e BiennAle de lYon lA vie moderne www.biennaledelyon.com

20.11 - 11.12 ExPOSITION lA Forme, le son et l’espAce Soirée autour du paysage Galerie l’elac, Renens www.ecal.ch

jusqu’au 29.05.16 ExPOSITION le vAl BAvonA – une vAllée tessinoise à nulle Autre pAreille Maison du patrimoine, Zurich www.heimatschutzzentrum.ch

04-05.12 FESTIVAL les urBAines Arts vivants, arts visuels et musique en ville, Lausanne et Renens www.urbaines.ch

28.01 / 18:30 CONFéRENCE BureAu A Architectes, suisse et portugal Pavillon Sicli, Genève www.ma-ge.ch

10.12 / 18:30 CONFéRENCE johAnnes norlAnder Architecte, suède Pavillon Sicli, Genève www.ma-ge.ch

16-17.01 VISITE visite de lA ville itAlienne de turin Groupement professionnel des architectes www.gpa-so.ch

11.12 / 20:00 éVéNEMENT lAncement du livre « 30 Ans à pAris », pour céléBrer les 30 Ans du centre culturel suisse CCS, Paris www.ccsparis.com

tr

Ac

és B

ulle

tin

tech

niqu

e de

la s

uiss

e ro

man

de r

evue

fond

ée e

n 18

75, p

araî

t tou

s le

s qu

inze

jour

s.r

édac

tion

rue

de

Bas

seng

es 4

, 10

24 e

cubl

ens,

tél.

021

693

20

98, C

CP

80-6

110

-6, w

ww

.esp

aziu

m.c

h ed

iteu

r es

pazi

um –

les

édi

tions

de

la c

ultu

re d

u bâ

ti, s

taff

elst

rass

e 12

, 804

5 Zu

rich,

tél.

044

380

21 5

5, v

erla

g@es

pazi

um.c

h

Mar

tin H

elle

r, pr

ésid

ent ;

Kat

hari

na s

chob

er, d

irec

tric

e ; H

edi K

nöpf

el, a

ssis

tant

e de

dir

ecti

onr

égie

des

ann

once

s Zü

rich

see

Wer

be a

g, s

eest

rass

e 86

, 871

2 st

äfa,

tél.

044

928

56

11 |

rég

ie d

es a

nnon

ces

en

suis

se r

oman

de : I

nédi

t Pub

licat

ions

sa

, ave

nue

edou

ard

Dap

ples

7, 1

00

6 la

usan

ne. s

erge

Bor

nand

, tél

. 021

695

95

95o

rgan

e de

la s

ia s

ocié

té s

uiss

e de

s in

géni

eurs

et d

es a

rchi

tect

es w

ww

.sia

.ch

Ass

ocia

tion

s pa

rten

aire

s Fo

ndat

ion

AC

UB

E, a

ssoc

iati

on d

es d

iplô

més

de

l’ePF

l w

ww

.epf

lalu

mni

.ch/

fr/p

retw

s-dh

onne

ur ;

ETH

Alu

mni

, anc

iens

élè

ves

de l’

ePFZ

ww

w.a

lum

ni.e

thz.

ch ; U

SIC

, uni

on s

uiss

e de

s in

géni

eurs

-con

seils

w

ww

.usi

c-en

gine

ers.

ch ; F

AS,

Féd

érat

ion

des

arch

itec

tes

suis

ses

ww

w.a

rchi

tekt

en-b

sa.c

h

réd

acti

on e

t édi

tion

Réd

acte

ur e

n ch

ef : C

hris

toph

e C

atsa

ros,

mas

. phi

l. Pa

ris

x |

Réd

acte

ur e

n ch

ef a

djoi

nt : C

edri

c

van

der P

oel,

lic. p

hil.

un

Ine,

Ma

s ur

bani

sme

un

Il |

R

édac

teur

s : M

ouni

r ayo

ub, a

rchi

tect

e | P

hilip

pe M

orel

, lic

. ès

scie

nces

un

Ine 

| Jac

ques

Per

ret,

dr in

g. c

ivil

dipl

. ePF

l |

Paul

ine

rap

paz,

bac

. ès

lett

res

et m

as. j

ourn

alis

me

un

Ige,

jour

nalis

te r

P To

us le

s ré

dact

eurs

peu

vent

êtr

e at

tein

ts p

ar e

mai

l : pr

énom

.nom

de

fam

ille@

revu

e-tr

aces

.ch

Mis

e en

pag

e /

Gra

phis

me

: val

érie

Bov

ay, b

ache

lor o

f art

s H

es-s

O e

n co

mm

unic

atio

n vi

suel

le

Réd

acti

on d

es p

ages

SIA

: Fra

nk J

äger

, réd

acte

ur, f

rank

.jaeg

er@

sia.

chc

onse

il éd

itor

ial e

ugen

Brü

hwile

r, dr

ing.

civ

il, p

rof.

ePFl

; lor

ette

Coe

n, e

ssay

iste

, jou

rnal

iste

, le

Tem

ps ; e

lena

 Cog

ato

lanz

a, a

rch,

pro

f. eP

Fl ; D

anie

l de

rou

let,

rom

anci

er ; B

lais

e Fl

eury

, ing

. civ

il di

pl. e

PFl

; eri

c Fr

ei, a

rchi

tect

e ; C

hris

toph

e g

uign

ard,

arc

hite

cte

ePF,

pro

f. eC

al

; Cyr

il v

eillo

n, d

irec

teur

d’a

rchi

zoom

; Pie

rre

vey

a, r

édac

teur

en

chef

adj

oint

en

char

ge

de l’

écon

omie

Le

Mat

in D

iman

che.

maq

uett

e a

telie

r Poi

sson

ww

w.a

telie

rpoi

sson

.ch

| let

trin

es e

t illu

stra

tion

s B

runo

sou

être

ww

w.b

runo

soue

tre.

net

Ada

ptat

ion

de la

maq

uett

e v

alér

ie B

ovay

im

pres

sion

stä

mpf

li P

ublik

atio

nen

ag

, cp

8326

, 30

01

Ber

ne, w

ww

.sta

empf

li.co

m

para

îsse

nt c

hez

le m

ême

édit

eur

TeC

21, s

taff

elst

rass

e 12

, cp

1267

, 80

21 Z

uric

h, w

ww

.esp

aziu

m.c

h a

rC

HI,

via

Can

tona

le 1

5, 6

900

luga

no, w

ww

.esp

aziu

m.c

h. T

ra

CÉs

, arc

hi e

t TeC

21 s

ont l

es o

rgan

es o

ffic

iels

de

la s

Ia.

Abo

nnem

ent,

ven

te a

u nu

mér

o st

ämpf

li P

ublik

atio

nen

ag

, r. O

ehrl

i, té

l. 0

31 3

00

62 5

4v

ente

en

libra

irie

Lau

sann

e : f

’ar,

la F

onta

ine

(ePF

l) G

enèv

e : a

rchi

grap

hyta

rif (

Tv

a 2

.6 %

com

pris

e –

no d

e co

ntri

buab

le 2

49 6

19) a

bonn

emen

t d’u

n an

Fr.

190

.– (

suis

se)/

Fr.

195.

– (e

tran

ger)

n

umér

os is

olés

Fr.

12.–

(po

rt e

n su

s)

cha

ngem

ent d

’adr

esse

pou

r mem

bres

siA

sIa

-sg

, sel

naus

tras

se 1

6, c

p 18

84, 8

027

Zur

ich,

tél.

044

283

15

15,

fax

044

283

15

16, m

utat

ione

n@si

a.ch

tir

age

rem

p T

irag

e di

ffus

é : 3

726

dont

143

gra

tuit

s (I

ssn

025

1-0

979)

Tout

e re

prod

uctio

n du

text

e et

des

illu

stra

tions

n’e

st a

utor

isée

qu’

avec

l’ac

cord

de

la ré

dact

ion

et l’

indi

catio

n de

la s

ourc

e.

AgendA

jusqu’au 14.02.16 ExPOSITION BernArd zehrFuss, Architecte de lA spirAle du temps Musée gallo-romain, Lyon www.musees-gallo-romains.com

Page 39: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait
Page 40: Architecture Pôle muséal à Lausanne - espazium.ch · Aires Mateus abritant le Musée de l’Elysée et le mudac. Le palais Le projet lauréat «Un musée, deux musées » fait

Schindler 3300.Notre ascenseur le plus vendu, désormaissans superstructure de toiture.Dorénavant, le modèle à succès Schindler 3300 est disponible avec une hauteur de

gaine de seulement 2,40 mètres – un record! Sa construction compacte laisse plus de

place à vos idées. Imaginez des toits plats, à une ou deux pentes sans superstructure

de toiture et planifiez-les en toute liberté. Sur planungsnavigator.ch/fr, configurez

votre ascenseur en toute simplicité, à l‘aide de notre navigateur de planification primé.

Un détail de moinsà examiner à la loupe.Avec le Schindler 3300, plus besoin de planifi er une superstructure de toiture.

Inserate_Lupe_220x300_RA_f.indd 1 01.09.15 17:28Unbenannt-1 1 09.09.15 11:12