46
Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! - Ce texte a été téléchargé depuis le site http://www.leproscenium.com Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits. Cela peut être la SACD pour la France, la SABAM pour la Belgique, la SSA pour la Suisse, la SACD Canada pour le Canada ou d'autres organismes. A vous de voir avec l'auteur et/ou sur la fiche de présentation du texte. Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues et les droits payés,même a posteriori. Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre,MJC, festival...) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraîne des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation. Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs. Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes. 1

Arrêtez tout ça - Le Proscenium...Roland : On ne peut pas se permettre de vivre sans médecin ! On ne peut pas! Ce serait la mort du village ! André : Ben, moi j'aime pas la mort

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Ce texte a été téléchargé depuis le site http://www.leproscenium.comCe texte est protégé par les droits d’auteur.En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès del’organisme qui gère ses droits.Cela peut être la SACD pour la France, la SABAM pour la Belgique, la SSApour la Suisse, la SACD Canada pour le Canada ou d'autres organismes. A vous de voir avec l'auteur et/ou sur la fiche de présentation du texte.Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire lareprésentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par latroupe.Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues àl'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisationsont été obtenues et les droits payés,même a posteriori.Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre,MJC, festival...)doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatifd’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraîne des sanctions (financières entre autres)pour la troupe et pour la structure de représentation.Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour lestroupes amateurs.Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissenttoujours profiter de nouveaux textes.

    1

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Arrêtez tout ça !

    Comédie en 5 actesde Vivien LHERAUX

    Dans ce petit village situé en plein désert médical, c'est la panique : l'unique docteur est parti et personne ne souhaite prendre la relève.Stéphanie Nosos, une médecin passionnée par le théâtre, hésite à venir s'installer.Pour la décider, Roland, le maire de la commune lui confie la mise en scène de la nouvelle pièce de théâtre préparée par la troupe du village.Le problème, c'est que dans le village il n'existe pas de troupe et personne n'est jamais monté sur scène...Motivés, les habitants relèvent le défi ! Une comédie délirante, folle, déjantée et émouvante !

    Durée Environ 1h30.

    8 personnages

    5 femmes :Stéphanie Nosos : Une médecin.Jacqueline : La femme de Roland.Maria : Une villageoise.Josiane : L'épicière du village. Camille : Une villageoise.

    3 hommes :Roland : Le maire du village.Philippe : Un villageois.André : L'agent technique du village.

    Le décor Un cabinet médical (voir la dernière page).

    Nombre de répliques Voir la dernière page.

    Contact Vivien LHERAUX [email protected]

    2018

    2

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    ACTE 1

    La scène se passe dans un cabinet médical fraîchement rénové.On voit que le nouveau papier peint n'a pas encore été mis à un endroit du mur.Sur un côté, dans le fond : le bureau du médecin sur lequel est posé un ordinateur. Une corbeille à papiers est à coté de ce bureau.Sur l'autre côté, on voit un paravent médical.Une table a été dressée : Une planche est posée sur des tréteaux et une nappe en papier couvre la planche.Des chaises sont disposées autour de cette table.

    Jacqueline, Camille et Maria sont assises sur ces chaises.Philippe tourne en rond, il est impatient et regarde sa montre.

    Camille : Il n'est pas encore là Roland ? Il n'est pas malade au moins ?

    Jacqueline : Mais non, il ne devrait pas tarder, il ferme le bistrot et il arrive.

    Philippe s'adresse au public.

    Philippe : Messieurs-dames, excusez-nous, on attend le maire et ensuite promis, on commence... Bon... En attendant Roland, on pourrait peut être se présenter rapidement. (En montrant le public : )Parmi les gens qui sont venus, il y en a peut être qui ne nous connaissent pas. On fait un rapide tour de table ?

    Camille : Tu crois ? Bon O.K, je commence, je suis Camille, et je fais partie du Conseil Municipal.

    Jacqueline : Bonjour, Je suis Jacqueline, la femme du maire et je suis également conseillère municipale. Mon mari et moi, on tient le bar du village. Et ne vous inquiétez pas, Roland ne devrait pas tarder à arriver.

    Maria : Quant à moi, je suis Maria et je suis aussi conseillère municipale.

    Philippe : Je me présente pour ceux qui ne me connaissent pas. Je m'appelle Philippe, je suis professeur de français et de latin, et j'ai l'honneur d'être l'adjoint au maire... Bon, qu'est-ce qu'il fout ?

    Camille : Oh ! Regardez, j'ai des grosses plaques rouges sur le bras ! Ça me démange, c'est affreux.Ça fait comme des piqûres de mygales. Ou comme si j'avais une gangrène. Oh là là … Vous croyez que c'est grave ?

    Maria : On ne sait pas, on n'est pas médecin. Tu souffres ?

    3

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Camille : Tu sais bien que je souffre tout le temps moi... Oh là là, je suis sûr que j'ai attrapé une nouvelle maladie, une très rare, très cruelle...

    Roland entre rapidement, il porte des dossiers.

    Jacqueline : Ah te voilà !

    Roland : Excusez-moi pour le retard. J'ai dû mettre à la porte le père Moulin qui ne voulait pas lâcher sa chopine. (Il regarde le public :) Eh bien... il y a du monde... Tant mieux, tant mieux.

    (Roland pose son dossier. Regarde sa montre. Se frotte les mains, racle sa gorge et s'adresse au public. Il restera debout.)Hum, hum... Tout d'abord, je voulais vous remercier d'être venus si nombreux... Je voulais aussi remercier les membres du Conseil Municipal, ici présents. (Il montre de la main, les quatre personnes.) Comme vous le savez, notre petite commune vit des moments difficiles.

    Camille : Ça on peut le dire ! Notre médecin est mort ! Il n'avait pas le droit de mourir ! Pas lui ! Qu'est-ce que je vais devenir, moi ?

    Roland (Regard énervé : ) Merci Camille... (Au public :) Je disais, notre petite commune vit des moments difficiles. C'est pourquoi, je vous ai invités, vous les habitants de notre village, à assister àcette réunion. Le médecin du village, le regretté Docteur Déchaussé nous a quitté il y a plus de six mois... lorsque le Docteur Déchaussé est parti les pieds devant, nous avons eu un gros problème : aucun médecin ne pouvait venir constater son décès le jour même ! On a dû attendre quatre jours ! Quatre jours vous entendez ?!

    Philippe : Roland, tout le monde connaît parfaitement la situation : on n'a plus de médecin dans la commune et on n'arrive pas à en trouver. On est dans une zone qui ne les intéresse pas, on est dans un « désert médical »...

    Jacqueline : En tout cas, la situation est très grave ! Comme vous le savez, la mairie vient d'interdire aux habitants du village de mourir ici.

    Camille : C'est nul ! Nul ! J'ai voté contre !

    Roland : Dès qu'un nouveau docteur s'installera ici, on enlèvera immédiatement cette interdiction !!! En attendant on ne peut pas faire autrement ! Il n'y a aucun médecin pour constater les décès ! Et ce n'est pas toi qui a eu le corps Déchaussé sur les bras pendant quatre jours !

    Maria : La mairie a déposé une grande quantité d'annonces pour trouver un nouveau docteur... Et ça ne marche pas... Un seul candidat est venu. Il est resté cinq minutes et est reparti en pleurant...

    Roland : Et pourtant, la mairie fait de gros efforts ! On a mis le paquet, croyez-moi ! Premièrement : on offre cinq ans de loyer au docteur qui s'installera dans le village. Deuxièmement : on vient de rénover ce local qui sera le prochain cabinet médical. Et oui, vous pouvez admirer comme il est beau ! Il est presque terminé. D'ailleurs, on peut tous remercier André notre agent technique qui a fait les travaux...

    4

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Maria : Il n'est pas là.

    Roland : Ah ?... Je lui avais pourtant dit de venir à la réunion.

    André entre. Il tient d'une main un petit escabeau et dans l'autre des rouleaux de tapisserie. On voitun tournevis dépassé de sa poche arrière.

    André : Excusez-moi... Je savais plus où j'avais mis mes rouleaux de papier.

    André fait tomber un rouleau par terre. Il se baisse, le ramasse, se redresse et un autre rouleau tombe : Il se baisse, le ramasse, se redresse et un autre rouleau tombe : Il se baisse, le ramasse, seredresse et un autre rouleau tombe.

    Roland : Bon André tu nous diras quand t'auras fini de jouer ?

    André : Je joue pas, je ramasse !

    Roland : Laisse les par terre ces rouleaux ! et assieds-toi !

    André : Ça y est, ça commence, les engueulades...

    André a posé son escabeau.Il pose son tournevis sur la table et il s'assied.

    Roland (Au public : ) Je disais que nous avons donc un local tout neuf pour le prochain médecin et l'endroit où vous êtes tous assis en ce moment, c'est la salle d'attente !

    Maria : Tout de même, elle n'est pas un peu trop grande cette salle d'attente ?

    Roland : On a mis le paquet !

    Camille : Moi je trouve que tout ça, c'est du bla-bla ! Il me faut un médecin ! Tout de suite ! Moi, jene peux pas attendre ! Je suis une grande malade !

    Maria : Camille tu sais très bien qu'on fait tout pour en trouver un ! Tout ! On lui offre même un beau potager qui sera entretenu par André !

    André : Je vas lui mettre des patates et du poireau.

    Camille : Je m'en fous ! Je veux un médecin ! Il m'en faut un rapidement !

    Jacqueline : Allons ! Tu sais très bien qu'on fait tout notre possible !

    Camille : Qui va me faire mes diagnostiques ?! Et il me faut mes anxiolytiques ! mes antibiotiques !

    Maria : Camille arrête ! Tu paniques !

    5

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Jacqueline : Et il n'y a pas que toi qui est touché par l'absence de médecin ! Les gens ne sont pas venus ici pour écouter tes petits problèmes ! On est tous réunis pour trouver une solution !

    Camille : Je m'en fous ! Moi je veux pouvoir aller chez le docteur dès que j'ai envie d'être malade !

    Roland : Bon on peut continuer ?! Comme vous le savez, notre village a déjà connu de nombreux départs.

    Maria : Tout à fait, le curé est parti il y a dix ans. La boulangère et la coiffeuse l'ont suivi quelques jours après...

    Roland : On ne peut pas se permettre de vivre sans médecin ! On ne peut pas! Ce serait la mort du village !

    André : Ben, moi j'aime pas la mort.

    Roland : Merci André pour cette remarque très pertinente.

    André : C'est vrai quoi, c'est affreux de penser qu'un jour on peut se réveiller mort.

    Roland : Et te réveiller intelligent, tu y a pensé ?!

    André : Bah non, ça c'est pas possible... En tous cas, le jour où je vas mourir, j'espère que j'serai en bonne santé...

    Roland : Bon... Messieurs-dames, pour faire venir un médecin, pour l'attirer, il faut que nous fassions tous des efforts. Tous !

    Jacqueline : C'est pour ça que le Conseil municipal vous a demandé s'il vous était possible d'offrir un petit quelque chose au prochain médecin. Il faut lui donner l'envie de s'installer chez nous !

    Philippe : Oui et on a reçu quelques réponses. Je vais vous les lire. (Il prend un document et le lit.) François Dublanc est prêt à offrir au nouveau médecin un fromage de brebis chaque semaine ! Et six œufs ! Il est là François Dublanc ? On peut tous l'applaudir. (Participation du public.) On a aussiMadame Quartier qui offre trois belles paires de chaussettes qu'elle a tricotées elle même... il paraît qu'elles sont très chaudes. Oui, on peut l'applaudir. Elle est là ? Non ?...

    Maria : Et moi je sais que Franck de la ferme des Roches, s'engage à donner au médecin du terreau et du fumier... autant qu'il en voudra. Oui, on peut l'applaudir aussi.

    Philippe (Au public : ) Est-ce que quelqu'un est prêt à offrir autre chose ?... Non ?... Oui ?

    André : On pourrait peut être passer dans le public pour faire une p'tite quête, non ?

    Philippe : C'est pas bête André… (Il regarde le public.) Vous donnez ce que vous voulez... des billets de préférence... Ah ? J'ai l'impression qu'ils n'ont pas trop envie...

    6

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Roland : Ne faites pas cette tête : c'était pour rire !… Enfin si certains ont l'âme généreuse, ils peuvent venir me voir après la réunion... Je tenais aussi à vous dire que moi et ma femme on est prêtà offrir au docteur qui nous ferait l'honneur de s'installer ici : un apéro chaque dimanche !

    Camille : Mais ! Arrêtez tout ça !!! C'est pas votre apéro, vos fromages et vos chaussettes qui puentqui vont faire venir un docteur ici !!! On est foutus ! Moi je quitte le village dès demain ! Je suis un grande malade, moi !

    Roland : Mais quitte-le ! Quitte-le ! Ça nous fera des vacances !

    Camille : Et pour commencer, je quitte cette réunion qui ne sert à rien ! Voilà ! Au revoir la compagnie !

    Camille se lève, se prend les pieds dans sa chaise, s'écroule et se relève.

    Camille : Je me suis fracturée un os ! Vous êtes contents ?

    André : T'as même pas mal !

    Camille : La douleur n'est pas encore venue à mon cerveau mais ça ne va pas tarder ! Et de toute façon, aucun docteur ne viendra ici ! C'est votre faute ! Vous êtes tous des incapables !!!

    Camille est sortie.

    Roland (Au public :) C'est la meilleure de l'année ! Vous entendez ça ?! Nous des incapables ?!

    Une femme qui est assise dans le public :Josiane : Il a raison ! Vous êtes des incapables !

    Roland : Hein ? Qui parle ? Quelqu'un a une remarque à faire ?

    La femme se lèveJosiane : Oui parfaitement ! J'ai une remarque à faire ! Ça fait six mois que le docteur est mort et lamairie n'a rien fait pour trouver un remplaçant ! Oui, vous êtes tous des incapables !

    Roland : C'est notre épicière qui n'est pas contente ?

    Josiane : Parfaitement ! Votre épicière ! « Chez Jojo l'épicerie qu'il vous faut !» Et j'en ai marre de cette situation ! Ras le bol !!

    Philippe : Approche Josiane, rejoins-nous, chacun à parfaitement le droit de s'exprimer.

    Roland : On peut s'exprimer mais ce n'est pas la peine de gueuler !! Est-ce que je gueule moi ?!!

    Josiane a rejoint la scène.

    Josiane : Mon épicerie va mal ! Le chiffre d'affaires dégringole ! Et si vous ne trouvez pas de docteur rapidement, des gens vont quitter le village et moi je serai ruinée ! Ruinée ! Vous entendez !

    7

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Jacqueline : Mais non, mais non...

    Josiane : Mais si ! Je vous le dis moi ! Je vais faire faillite ! Et à part un miracle, je ne vois pas comment on peut s'en sortir !

    On entend un son ridicule qui provient du téléphone portable du Maire.

    Roland : Deux secondes, sil vous plaît... (Roland regarde l'écran de son portable. Il fait son signe de croix.)Je crois qu'un miracle vient de se produire !

    Maria : Un docteur va venir s'installer ?

    Roland : Peut-être, oui.

    Josiane : Comment ça peut-être ? Soit c'est oui, soit c'est non ! Peut-être ça ne veut rien dire !

    Roland : Le Docteur Nosos est peut être intéressée ! Il s'agit, d'une femme, elle vient de m'envoyer un SMS pour prévenir qu'elle vient nous voir dans trois jours ! Elle veut voir le cabinet médical et elle veut aussi nous rencontrer. Elle prendra sa décision définitive après sa visite ! C'est pas beau ça ?

    André : C'est que j'a pas terminé la tapisserie, moi. Trois jours ça fait court.

    On entend encore le même son ridicule qui provient du téléphone portable du Maire.

    Roland : Ah ? Un autre message. (Roland regarde l'écran de son portable. Ils sont autour de lui).Elle dit qu'elle est ravie de venir nous rencontrer. Elle espère juste qu'elle ne s'ennuiera pas dans notre village... Elle aime la nature mais aussi la distraction.

    Maria : De la distraction ? Elle croit quoi ? Qu'ici c'est Las Vegas ?!

    Roland : Mais de toute façon on ne s'ennuie jamais ici ! Jamais !

    André : Ben ça c'est vrai : on s'ennuie pas. Surtout le dimanche. Moi, j'aime ben le dimanche, on vavoir le foot, après on va au bistrot, après on va... encore un p'tit peu au bistrot. Et après...

    Philippe : André, je crois qu'il faudra trouver d'autres distractions que le foot et le bistrot pour attirer le Docteur Nosos.

    André : Tu crois ?

    Roland : En tout cas dans trois jours il va falloir être très accueillant ! On va mettre le paquet, croyez-moi !

    Philippe : Roland, je crois qu'il ne faut pas improviser sur ce coup là.

    8

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Roland : Comment ça ?

    Philippe : Il faut à tout prix qu'elle soit séduite par notre village... Je pense qu'on pourrait préparer des arguments. Oui, c'est ça : il faut que chacun d'entre nous apprenne des phrases par cœur qu'il devra ensuite placer au bon moment.

    Jacqueline : C'est une excellente idée !

    Maria : Tout à fait !

    André : Moi par cœur j'ai du mal. Déjà, à l'école quand j'étais petit, les poésies j'avais du mal. J'm'en suis pris des baffes...

    Philippe : André, on ne te demande pas de réciter une poésie au Docteur Nosos. Il faudra juste placer le bon argument au moment voulu.

    Josiane : Et quels arguments ? T'en connais, toi des arguments ?

    Philippe : On a trois jours pour les trouver. Trois jours, ça devrait suffire.

    Roland s'adresse au public.

    Roland : Bon, je crois qu'on a fait le tour du problème... La réunion est désormais terminée. Messieurs-dames, on vous remercie d'être venus. Merci à tous et bonne soirée.

    André : On y va alors ?

    Roland : Mais oui on y va ! Sauf si tu veux dormir ici !

    Ils se lèvent et sortent de la pièce.Jacqueline reste.André part avec son petit escabeau (Il oublie son tournevis sur la table.)On voit sur la table : des lunettes, le dossier de Roland et le tournevis d'André.

    Jacqueline semble soucieuse. Elle regarde son téléphone portable.Philippe entre.

    Philippe : Jacqueline, tu n'aurais pas vu mes lunettes par hasard ? je crois que je les ai oubliées…

    Jacqueline : Elles sont là, sur la table… je t'ai bien observé pendant la réunion.

    Philippe : (En récupérant ses lunettes.) Ah bon ? Quelle drôle d'idée.

    Jacqueline : Tu n'as jamais posé ton regard sur moi. Pas une seule fois…

    Philippe : Ah ? C'est possible, je ne sais pas.

    Jacqueline : Tu m'ignores. Tu me fuis.

    9

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Philippe : Mais... Enfin, Jacqueline ! Tu sais très bien que c'est terminé nous deux.

    Jacqueline : Alors comme ça, au bout de deux mois, tu mets fin à une si belle relation ?

    Philippe : Deux mois ? Jacqueline on s'est rencontré quoi ? Deux fois ?

    Jacqueline : Quatre fois Philippe, quatre fois.

    Philippe : Si ça te fait plaisir, quatre fois…

    Jacqueline : Ces quatre rencontres resteront inoubliables pour moi… C'était merveilleux… ça me change de Roland…

    Philippe : Je t'en prie ne mêle pas Roland à tout ça. Je n'aurais jamais dû, Roland est un ami. Je regrette profondément cette situation et...

    Jacqueline : Moi, je ne regrette absolument pas.

    Philippe : Jacqueline, tu sais très bien que je suis veuf depuis sept ans.

    Jacqueline : Et moi, malheureusement pas encore…

    Philippe : Quand Brigitte est partie, j'ai crû que j'allais mourir de chagrin. Et puis le temps à fait son affaire... Depuis ce drame, je ne suis jamais allé avec une autre femme.

    Jacqueline : Et moi alors ? Qu'est-ce que je suis ?! Un caniche ?!

    Philippe : Pardon, je voulais dire à part toi... Jacqueline, je suis désolé, je crois que l'amour ne veut plus de moi… ou alors c'est peut être le contraire. Je suis vraiment désolé.

    Jacqueline : Et tu penses à moi ? Ça fait quinze ans que je suis avec Roland ! Et ça fait quinze ans que chaque soir, il se couche et il ronfle ! Je suis là avec lui dans le lit et je le regarde ronfler... Il ne sait faire que ça !… Qu'est-ce que tu ferais à ma place hein ?! Qu'est-ce que tu ferais ?!

    Philippe : Je ne sais pas, j'ai du mal à m'imaginer sous la couette avec Roland...

    Jacqueline :Philippe... Tu es quelqu'un de romantique,tu aimes les livres, tu aimes la nature,le ciel plein d'étoiles ! J'aime !

    Philippe : Allons, allons…

    Jacqueline :Lui il est presque alcoolique !il aime les litres !

    10

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    il aime les voitures !et a le dos plein de poils ! Je déteste !

    Philippe : C'est fini, c'est terminé. S'il te plaît, n'insiste pas Jacqueline.

    Elle se met à genoux devant Philippe pour le supplier.

    Jacqueline : Ne me quitte pas ! Il faut oublier ! Tout peut s'ou...

    La porte s'ouvre et Roland entre précipitamment.

    Roland : Bah ? Qu'est-ce que vous faites ?

    Jacqueline : Je… C'est à cause de...

    Philippe : C'est à cause de mes lunettes. Je les ai oubliées sur la table.

    Roland : Mais qu'est-ce que tu fais à genoux ?

    Jacqueline : Rien, je me suis tordue la cheville.

    Roland : Ah ? Tu as mal ?

    Jacqueline : Non, ça va, ce n'est rien.

    Philippe : Elle a glissé et j'ai juste eu le temps de la rattraper.

    Jacqueline : Oui, je crois que mon pied à heurté un objet…

    Philippe prend le tournevis qui est sur la table.

    Philippe : C'est sans doute ce tournevis.

    Roland : C'est à André ! Il n'en loupe pas une ! Même quand il n'est pas là il provoque des catastrophes ! Il m’énerve : j'en ai plein le dos !

    Jacqueline : Je te l'avais dit...

    Philippe : Bon, il n'est pas de bonne heure, je vais rentrer chez moi. Je vous… quitte.

    Roland : Salut Philippe. À demain.

    Philippe sort.

    Jacqueline (Triste:) Je vais rentrer aussi. Tu viens ?

    Roland : Je te rejoins dans cinq minutes. À tout à l'heure ma chérie.

    11

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Jacqueline (Triste:) À tout à l'heure...

    Elle sort.Roland fouille dans son dossier.

    Roland : Bon, où est-ce que j'ai mis ce papier, moi ?

    Maria entre.

    Maria : J'ai croisé Jacqueline. Elle faisait une drôle de tête.

    Roland : C'est cette histoire de médecin, ça la tracasse.

    Maria : Je t'ai bien observé pendant la réunion.

    Roland : (En regardant dans son dossier.) Ah bon ? Quelle drôle d'idée.

    Maria : Tu n'as jamais posé ton regard sur moi. Pas une seule fois…

    Roland : Ah ? C'est possible, je ne sais pas.

    Maria : Tu m'ignores. Tu me fuis.

    Roland : Mais... Enfin, Maria ! Tu sais très bien que c'est terminé nous deux !

    Maria : Ils me disent tous ça ! À chaque fois que je vais avec un homme, il finit toujours par me dire « Tu sais très bien que c'est terminé nous deux ! ». Vous avez tous peur, ou quoi ?!

    Roland : Mais non je n'ai pas peur ! Mais... Pour être franc avec toi : je regrette d'avoir trompé Jacqueline ! Voilà ! Je n'aurais pas dû ! J'ai eu un moment de faiblesse et tu en as profité ! Parfaitement ! Tu aurais dû me repousser, tu aurais dû me dire non ! C'est quand même pas compliqué de dire « non » !

    Maria : Tu me plaisais, alors moi quand un homme me plaît, je ne lui dit jamais non !

    Roland : Il est là le problème ! Tu dis oui à tous les hommes ! À tous ! Même à ceux qui ne te demandent rien ! Résultat : tiens, tu prends toutes les vaches du village, tu comptes leurs cornes, eh bien je te jure qu'il y en a plus sur la tête des femmes de la commune !!! C'est plus des femmes qu'on a de le village c'est des bovidés !

    Maria (Triste:) Ça me fait de la peine, ce que tu dis Roland... (En souriant:) Mais ce n'est pas faux...

    Roland commence à sortir avec son dossier. Maria le suit.

    Roland : Maria, c'est terminé nous deux. Je regrette, ça n'aurait jamais dû commencer.

    Maria : Tu regrettes ! Tu regrettes ! Crois moi, tu n'es pas le seul à avoir eu une maîtresse !

    12

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Roland : Mais enfin ! ça doit bien exister des hommes qui n'en n'ont pas !

    Maria : Un homme qu'a jamais eu de maîtresse c'est qu'il n'a jamais eu d'occasion...

    Roland : Mais non, mais non.

    Maria : Crois moi, je sais de quoi je parle. Vous êtes tous les mêmes...

    Ils sortent.Rideau.

    ACTE 2

    Des bouteilles, des gobelets en plastique et des gâteaux apéritif sont posés sur la table (une nappe en papier recouvre la table).

    Camille : Elle vient comment la docteur ?

    Josiane : Un taxi doit la déposer ici. Oh mon Dieu pensez à mon commerce ! Faites que ça marche ! Roland : André est parti à sa rencontre. Je ne comprends pas, elle devrait déjà être là !

    Philippe : Laisse lui le temps d'arriver. Tu sais bien qu'il y a une bonne heure de route entre la gare et ici.

    La porte s'ouvre, une femme apparaît.Roland ne l'a pas vue entrer.

    Roland : Mais qu'est-ce qu'elle fout Bon Dieu ! Elle exagère ! Qu'est-ce qu'elle fout ?!

    Docteur Nosos : Bonjour messieurs-dames… Je suis le docteur Nosos.

    Roland : Ah ! Quelle joie de vous rencontrer ! Entrez,entrez.

    Jacqueline : Avez-vous fait un bon voyage docteur ?

    Docteur Nosos : Oui, merci. Le train avait trois quart d'heure de retard. Et le taxi qui m'a emmené chez vous, s'est trompé trois fois de route. Le village n’apparaît pas sur son GPS.

    Jacqueline : Ah ? Comme c'est étrange… et vous n'avez pas vu André, notre agent municipal ?

    13

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Docteur Nosos : Non. En tout cas je suis contente d'être arrivée.

    Roland : On est tous très heureux de vous voir, vous savez que notre commune est...

    André entre, il ne voit pas le médecin.

    André : Je l'ai pas vu la bonne-femme ! Ça se trouve elle veut plus venir nous voir. Elle nous prendp'têt pour des ploucs !

    Roland : Hum… André, je te présente le docteur Nosos.

    André : Ah ? J'vous avais pas vu. Ben, vous êtes pas venue en taxi alors ?

    Docteur Nosos : Si, il m'a déposé un peu plus loin, j'avais envie de marcher un peu.

    André : C'est pour ça ! Moi, je cherchais une bonne-femme dans un taxi, pas une bonne-femme à pied !

    Roland : Merci André, merci.

    André : J'lui dis ?

    Roland : Quoi donc ?

    André : Mon texte que j'a…

    Roland : Bon ! Comme vous le savez nous sommes dans une zone de désert médical et ça fait six mois que nous recherchons un docteur et...

    Camille : Oui on a besoin d'un docteur ! Regardez mon bras, ça fait deux jours que ça me gratte. Dites-moi la vérité, c'est un début de paralysie ? Allez-y, je serai courageuse. Combien de temps il me reste docteur ?

    Philippe : Allons Camille, allons, ce n'est vraiment pas le moment.

    Jacqueline : Alors, il vous plaît ce cabinet médical ? On l'a entièrement rénové.

    Docteur Nosos : Oui, c'est très propre, très fonctionnel. J'aime beaucoup, c'est très accueillant.

    André : C'est moi qu'a tout fait ! La peinture, la tapisserie, tout !

    Philippe : Il ne manque plus que le divan d'examen, mais on va bientôt le recevoir.

    André : Allez ! J'lui dis ! " Chère docteur, vous verrez notre p'tit village est magnifique, les gens d'ici sont tous très sympathiques, Et ils souffrent pas trop de coliques.Y'a ben quelques alcooliques.

    14

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Mais pas trop… ». Voilà, j'ai fini.

    Josiane : C'est pathétique…

    André : J'ai un peu changé le texte… fallait pas ?

    Maria : Excusez-le, il ne le fait pas exprès.

    Docteur Nosos : Ce n'est rien, c'est vraiment gentil. Et vous avez raison la nature est magnifique ici. Vous savez, j'ai exercé pendant plusieurs années dans une grande ville et j'ai maintenant envie de changer. J'adore la campagne, la nature.

    Philippe : Je suis tombé amoureux de ce paysage. C'était, il y a dix ans. C'est pour cette raison que je me suis installé ici, et croyez-moi, je n'ai jamais regretté.

    Roland : Je suis persuadé que vous serez heureuse dans notre village !

    Maria (Elle s'applique et récite comme un écolier : ) " Au sommet d’une jolie colline dominant la plaine, cette ancienne cité a conservé un riche patrimoine : manoir du 16ème siècle, veilles demeures.Un ensemble architectural exceptionnel mis en valeur par une charmante rivière qui traverse ce joli village. "

    Docteur Nosos : Eh bien… je vois que vous l'aimez votre village...

    Camille : C'est normal : c'est le meilleur de tous ! Y'a pas photo !

    Jacqueline : Et oui ! Ici l'air est si pur !

    André : La terre est si riche !

    Roland : Les habitants sont si formidables !

    Philippe : Et comme disait le poète, on plaint parfois ceux qui n'ont pas eu la présence d'esprit de voir le jour chez nous…

    Elle lui sourit.

    Docteur Nosos : En tout cas votre village me plaît beaucoup.

    (Satisfaction générale:) Aaaah !

    Docteur Nosos : Monsieur le maire, concernant la connexion Internet : avez-vous le haut débit ?

    Roland : On l'a le haut débit ?

    Jacqueline : On a du débit, mais va savoir s'il est haut...

    15

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Maria : Je m'en charge ! Je vais contacter notre fournisseur d'accès à Internet et il va nous mettre dutrès haut débit !

    André : Ouais ! Du débit au moins haut comme ça ! (Il montre la hauteur avec le bras tendu au dessus de sa tête.)

    Roland : Allez ça s'arrose ! Approchez, approchez, on va vous faire goûter le Piscouette, c'est un vin qui est une spécialité de chez nous !

    Josiane : (Elle récite comme un écolier) " Vin limpide et ensoleillé, le Piscouette est un vin doux naturel d’une grande richesse aromatique. Il se consomme majoritairement à l'apéritif, mais son utilisation est bien plus large. À consommer, bien sûr, avec modération. "

    Docteur Nosos : Eh bien… je vous remercie sincèrement pour votre accueil ! Merci à vous tous !

    Roland : Bravo ! Allez on trinque ! Vous allez voir, il est excellent !

    Roland lui donne un gobelet en plastique.

    André : Bienvenue chez nous Docteur ! Santé !

    Tous avalent une gorgée.Le docteur fait une grimace. Philippe a fait la même grimace.

    Philippe : Je n'ai jamais réussi à m'y habituer... Vous verrez avec le temps, vous ne vous y habituerez pas non plus…

    Ils se sourient.

    Josiane : Alors, docteur, vous avez pris votre décision ? C'est bon ? Vous acceptez ?

    Docteur Nosos : Je ne sais pas encore. Pour vous dire la vérité, je trouve votre commune charmante.

    (Satisfaction générale : ) Aaaaah !

    Docteur Nosos : Et vous êtes vraiment sympathiques.

    (Satisfaction générale : ) Aaaaah !

    Docteur Nosos : Mais…

    Roland : Mais ?

    Docteur Nosos : J'ai un peu peur de m'ennuyer… j'aime aller au cinéma, au théâtre, mais…

    Philippe : Oui, ici on est loin de la ville…

    16

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Docteur Nosos : C'est un peu ce qui m'inquiète.

    Roland : Vous aimez le théâtre ?

    Docteur Nosos : Oui beaucoup. D'ailleurs, quand j'étais jeune je voulais devenir metteuse en scène.Mes parents, eux voulaient que je fasse médecine… Mais bon je ne regrette pas, c'est la vie.

    Roland : Et ça vous plairait encore de mettre en scène une pièce de théâtre ?

    Docteur Nosos : Ce serait mon rêve…

    Roland : Mais… ça tombe bien ! Ça tombe vraiment bien !

    Maria : Qu'est-ce que tu veux dire Roland ?

    Roland : La troupe de théâtre du village recherche un metteur en scène ! C'est une troupe de théâtre amateur, ils sont formidables ! Vous accepteriez ?

    Docteur Nosos : Je… je ne sais pas… (En souriant : ) C'est vrai que ça toujours été mon rêve...

    Roland : Les rêves sont faits pour être réalisés !

    Docteur Nosos : Et la troupe répète une pièce ?

    Roland : Mais, oui, bien sûr.

    Docteur Nosos : Et quel est le sujet ?

    Roland : Euh...

    Maria : C'est une histoire d'amants et de maîtresses.

    Docteur Nosos : C'est un vaudeville ?

    Roland : Exact, un vaudeville !

    Docteur Nosos : Et quelle est l'intrigue ?

    Maria : Un amant a une maîtresse et il ment à sa femme. Il est lâche.

    Roland mécontent, fronce les sourcils.

    Jacqueline : La maîtresse aime son amant mais pas lui.

    Philippe navré, lève les yeux.Le téléphone portable du docteur sonne.

    17

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Docteur Nosos : Excusez-moi… Oui ?… Ah ? Quand ça ?… J'arrive, je monte dans le prochain train… à plus tard.

    Philippe : Un problème docteur ?

    Docteur Nosos : Je dois vous laisser : j'ai une urgence médicale. Une petite vieille a avalé son chausson. Je dois y aller tout de suite. Quelqu'un peut m'emmener à la gare ?

    Camille : Je veux bien. J'en profiterais pour vous parler de mes maladies.

    Philippe : Non, laisse Camille. Je vais vous accompagner, je suis garé juste devant, vous perdrez moins de temps.

    Docteur Nosos : Au revoir, et merci pour tout. Je reviendrai dans une semaine, j'ai hâte de rencontrer votre troupe de théâtre.

    Roland : Très bien !

    Docteur Nosos : Si la troupe me plaît, si les comédiens sont bons, eh bien c'est décidé : je m'installerai ici !

    (Satisfaction générale : ) Aaaaaah !

    Elle sort rapidement avec Philippe.

    Jacqueline : Mais qu'est-ce qui t'a pris ? Il n'y a pas de troupe de théâtre dans le village !

    Roland : Et alors ?! On a une semaine pour en créer une !

    Jacqueline : Mais tu es fou ! C'est impossible !

    André : Moi je me pose quand même une question... la petite vieille a avalé quoi exactement ? Sa savate ou alors un chausson aux pommes ?

    Roland : On n'a pas le choix ! On va la créer cette troupe ! Oui, on va choisir les comédiens, on va les faire répéter, et dans une semaine le docteur Nosos tombera sous le charme !

    Jacqueline : Et elle s'installera ici !

    Roland : Voilà ! On ne peut pas faire autrement !

    Josiane : Mais personne ne sait jouer la comédie ici ! On n'est pas des comédiens !

    Roland : Complique pas !

    André s'appuie sur la table, son pied heurte un tréteau et la table s'écroule avec tout ce qui était dessus...

    18

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Roland : T'en loupes pas une toi ! Il t'arrive de faire quelque chose sans te donner en spectacle ?! Hein ?!

    André : Justement... Vous savez à quoi je pense ?

    Roland : On préfère ne pas le savoir ! garde ça pour toi !

    André : Je veux ben faire l'acteur de théâtre. Ça me plairait moi !

    Josiane : Mon commerce est foutu !!

    Rideau.

    ACTE 3

    Dans le cabinet du médecin.Philippe et Roland s'adressent au public.

    Roland : Messieurs-dames, on voulait vous remercier d'être venus ici, une nouvelle fois... C'est vrai, que cette grande salle d'attente est bien utile... Philippe tu veux bien expliquer ?

    Philippe : Oui, comme vous le savez, nous sommes tous réunis pour choisir ensemble les comédiens qui formeront la troupe de théâtre du village…

    Roland : On vous rappelle que c'est très important… En effet, si la troupe que nous voulons former ne tient pas la route, c'est à dire si les comédiens sont mauvais… eh bien le docteur Nosos ne voudra pas s'installer chez nous ! C'est aussi simple que ça…

    Philippe : On va procéder à une sorte d' "audition " et vous tous, vous devrez voter…

    Roland : Au fait, on cherche encore des volontaires… donc si ça vous intéresse… Il y a des volontaires pour passer les auditions maintenant ? Il faut juste ne pas avoir peur du ridicule… Non ?Personne ?…

    Philippe : On voulait aussi vous dire que quelques habitants du village, ont accepté de faire des essais devant vous tous... Et oui, il y a des courageux... Au fait, je vous précise que la pièce raconte l'histoire d'un homme qui trompe sa femme. Il lui ment tout le temps et il ment aussi à sa maîtresse…

    Roland : C'est original, non ?... Bon, l'histoire se passe au début du 20ème siècle, juste avant la grande guerre. Nous avons eu un volontaire qui aimerait jouer le rôle de cet homme marié… Il va seprésenter devant vous… Personnellement, j'étais pas trop chaud mais comme...

    19

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Philippe : Messieurs-dames, on vous demande d'accueillir sous un tonnerre d'applaudissements : André !

    Roland et Philippe applaudissent. (Participation du public.)André, comme le ferait une star, entre en levant les bras pour remercier le public.

    Philippe : André, est-ce que tu es prêt ?

    André : Ouais, pas de problème… prêt à quoi ?

    Philippe : Tu as appris un texte très court… que tu dois réciter et jouer devant le public… C'est un proverbe…

    André : Ah ouais ! Vous allez voir comme j'suis bon ! En plus c'est simple, j'ai juste une p'tite phrase à dire...

    Roland : Vas-y, c'est à toi, André. Et fait un effort bon sang ! Mets le paquet ! Tout le monde te regarde !

    André : Hum, hum... Proverbe français… Hum, hum… Chassez le tanurel, il revient au galop…Merde… Euh, pardon... Proverbe français : Chassez le naturel, il revient au balot… au balot ??.. Pardon... j'suis con ou quoi ?Proverbe français : Chassez le tanurel, il revient au dalot… Non ! Au galop ! Comme le cheval ! Au galop !! Hue ! Au galop !… Ben... Je recommence : Proverbe français : Chassez le tanurel ! Il revient au vélo ! Non pas en vélo ! Merde ! Pardon ! J'y arrive pas ! Chassez ! (Il imite un chasseur avec un fusil .) Pan ! Chassez le naturel ! Pan ! Pan ! Oh ! Il revient ! Il revient ! Ce salaud ! (Il imite un homme sur un cheval) Et comment qu'il revient ? En vélo ? Non ! Il revient au galop ! Voilà !!!! C'est terminé !... J'ai bon ?

    Roland : Bien… on remercie André qui une fois de plus a été à la hauteur… Maintenant, c'est à vous de choisir… Que ceux qui veulent qu'André joue le rôle du mari qui trompe sa femme, applaudissent... Mais vous n'êtes pas obligés !

    Philippe : Allez ! On applaudit André ! On l'applaudit !

    Philippe applaudit vivement. Roland applaudit timidement.(Participation du public)

    Philippe : Eh bien, le public à choisi André pour le rôle du mari ! Bravo André !

    André,victorieux lève les bras.

    André : Vous allez voir, je vas jouer comme un pro ! Tiens ! Comme Robert De Niro !

    Roland navré, met sa main sur son front.

    Roland : Aïe, aïe, aïe...

    20

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Philippe : On peut l'applaudir une nouvelle fois ! ... Quant à nous deux, on va maintenant laisser la place à une femme qui a toujours rêvée de faire l'animatrice... On applaudit tous très fort : Camille !!! Camille c'est à toi !

    Camille entre. André, Roland et Philippe sortent.

    Camille : Merci Roland, merci Philippe... Euh... C'est un honneur pour moi d'être là devant vous... Messieurs-dames, nous allons maintenant accueillir la personne qui aimerait bien jouer le rôle de la femme trompée ! Mesdames, et messieurs on applaudit tous : Maria !!!

    Maria entre sous les applaudissements du public.

    Camille : Maria, comment ça va ?

    Maria : Je… j'ai un peu le trac.. Et toi ça va ?

    Camille : Moi ? Non ça va pas du tout, j'ai encore mal au… euh… Tu as une méthode pour luter contre le trac ?

    Maria : La banane.

    Camille : La banane ?

    Maria : Oui, je mange une banane et après, ça me calme...

    Camille : Ah ? Bon, contrairement à André, nous ne t'avons pas demandé de préparer un texte.

    Maria : Moi, j'aurais préféré dire : Chassez le naturel, il revient au galop...

    Camille : Non, on va juste te demander de faire un petit exercice de diction. Maria : Un exercice de diction ? Comment ça ?

    Camille : Comme tu le sais, un comédien doit bien savoir prononcer son texte.

    Maria : Tout à fait... et alors ?

    Camille : Je vais te lire une phrase que tu dois dire le plus rapidement possible. Tu es prête ?

    Maria : Tout à fait... Tu peux y aller.

    Camille lit sa feuille :Camille : " Papa boit dans les pins. Papa peint dans les bois. Dans les bois, papa boit et peint. " On t'écoute Maria !

    Maria : Papa boit dans les pins. Papa beint dans les pois… Mince…

    Camille : Vas-y recommence.

    21

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Maria : Papa boit dans les poins. Papa peint dans les bois. Dans les pois, baba poit et beint… Oh ! C'est dur !

    Camille : Mais non… Tu peux recommencer ?

    Maria : Papa boit dans les pins…

    Camille : Bien !

    Maria : Papa boit dans les biens… (Énervée : ) C'est de ta faute ! Tu as dis " bien " ! Fallait rien dire !

    Camille : Euh, pardon… On t'écoute.

    Elle s'énerve de plus en plus.

    Maria : Baba boit dans les pins… Papa peint dans les pois !… Chut ! Ne dis rien !

    Camille : Euh... le public peux t'aider, tu veux ?

    Maria : Tu me prends pour une grosse nulle, c'est ça ?!

    Camille : Mais pas du tout ! (Camille s'adresse au public:) Messieurs-dames, pouvez-vous répéter après moi : « Papa boit dans les pins » ? Un, deux, trois, à vous ! « Papa boit dans les pins » !

    (Participation du public.)

    Camille : C'est pas mal ! Et maintenant : « Papa peint dans les bois » ! À vous ! Une ! Deux ! Trois ! « Papa peint dans les bois » !

    (Participation du public.)

    Camille : Bravo ! Et maintenant le plus vite possible (Camille lit sa feuille) :" Papa boit dans les pins. Papa peint dans les bois. Dans les bois, papa boit et peint. " Un, deux, trois : à vous !

    (Participation du public.)

    Camille : Mouais… C'est pas terrible...

    Maria : Tu vois ! Personne n'y arrive ! C'est nul ton exercice ! Papa beint dans les pois... Aaaaargh !Il peint dans les pois ! Dans les bois ! Il m'énerve ! Il peint où il veut ! On s'en fout !

    Camille : Ne t'énerve pas… c'est juste un exercice de diction.

    Maria : Un exercice à la con, oui ! C'est quoi le but ? Passer pour une débile devant tout le monde ?! Tu veux m'humilier ? C'est ça ?!

    22

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Camille : Mais ne t'énerve pas, voyons...

    Maria : Je m'énerve pas !! Je trouve ça complètement con cet exercice !!! Papa boit du pain ! Papa peint du bois ! On s'en tape !Je te signale que si j'accepte de jouer le rôle de la femme trompée c'est juste pour que la docteur s'installe ! Et c'est pas pour faire la guignole devant tout le monde ! Et laisse mon père tranquille à la fin ! Il buvait ! Oui, tout le monde le sait !!! Et c'est pas la peine de l'étaler sur la place publique !Merde !!!

    Vexée, elle sort.

    Camille : Bon… Excusez-la… euh… que ceux qui veulent que Maria peint dans les... euh si vous voulez qu'elle joue la femme trompée, il faut l'applaudir ! Allez ! On l'applaudit !

    (Participation du public.)

    Camille : J'ai l'honneur de vous annoncer que Maria est prise pour le rôle !

    Maria énervée, entre : elle mange une banane.

    Maria : Papa boit dans les pins ! Dans les bois ! Parfaitement ! Et il fait ce qu'il veut ! Et vous savez ce qu'il vous dit mon père ?! Hein ?!!

    Maria sort.

    Camille : Merci Maria… Merci… Bon... Nous allons continuer dans les bois... dans la joie et la bonne humeur... hum, hum... Messieurs-dames, Josiane aimerait jouer le rôle de la maîtresse et Jacqueline voudrait bien avoir le rôle de la bonne. Je vous demande donc d'accueillir Josiane et Jacqueline !! Allez ! On les applaudit !

    Josiane et Jacqueline entrent sous les applaudissements du public.

    Camille : On va maintenant faire un petit jeu très simple. C'est juste pour pouvoir apprécier vos qualités de comédiennes.

    Jacqueline : C'est génial ! J'adore jouer !

    Camille : Je vous explique : On a noté sur ce papier, une émotion et une action. Je montre le papier à Josiane et ensuite elle doit mimer la scène.

    Jacqueline : Et moi qu'est-ce que je dois faire, exactement ?

    Camille : Chacun son tour… tu mimeras aussi une autre scène. J'attire votre attention : Le public essaiera de deviner ce que vous allez mimer. Alors, soyez convaincantes !

    Josiane : J'ai rien compris.

    23

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Camille : Mais si ! C'est simple ! Par exemple, si sur le papier c'est noté : " tristesse " et " manger ".Eh bien tu dois mimer quelqu'un de triste en train de manger. Tu as compris ?

    Josiane : Qu'est-ce qu'il mange ?

    Camille : Mais… ça n'a pas d'importance... Il peut manger sa soupe par exemple.

    Josiane : Il est triste parce qu'elle n'est pas bonne sa soupe ?

    Camille : Mais non ! On ne sait pas pourquoi il est triste !

    Josiane : Eh bien moi, je voudrais bien savoir pourquoi !J'en vends dans ma boutique de la soupe etsi le client la trouve mauvaise, eh bien j'ai le droit de savoir !

    Camille : Tu le fais exprès ou quoi ?! On te demande juste de jouer quelqu'un qui mange sa soupe et qui chiale !

    Josiane : Il chiale ou il est triste ? C'est pas pareil !

    Camille : Il est triste !

    Josiane : Ah ! Tu vois !

    Camille : Bon… Jacqueline, toi, tu as compris ce qu'il faut faire ?

    Jacqueline : Parfaitement. C'est très clair.

    Camille : Tu veux bien commencer, alors ?

    Jacqueline : Oui, je suis prête.

    Camille lui montre un papier.Jacqueline imite une personne qui mange sa soupe et qui est triste.

    Josiane : Je sais ! Je sais ! Elle mange sa soupe et elle est triste ! C'était super facile !

    Camille : Mais ce n'est pas ce que tu dois faire !!!

    Jacqueline : Tu as dit qu'il fallait faire quelqu'un de triste !

    Camille : Mais non ! C'était un exemple ! Tu dois jouer ce qui est noté sur le papier !

    Josiane : On ne comprend rien quand tu expliques !

    Jacqueline : Je laisse tomber la soupe alors ?

    Camille : Mais oui !

    24

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Jacqueline : Tant mieux ! Elle est infecte cette soupe !

    Camille (En colère : ) Voilà un autre papier !! Et tu vas mimer ce qui est écrit !! C'est compris ?!!

    Josiane (Au public : ) Camille fait drôlement bien la personne en colère qui montre un papier, hein ?

    Camille se tient le cœur.

    Camille : Aaaah… à cause de vos conneries, je crois que je suis en train de faire un arrêt cardiaque... Oh là là, c'est la fin, je le sens.

    Camille s'assied en se tenant le cœur.Jacqueline lit le papier.

    Jacqueline : Eh bien… Ouh là ! ... Bon, j'y vais... Hum, hum...

    Elle mime quelqu'un qui cueille des champignons et qui est surpris.

    Josiane : Elle ramasse un truc ! Oui ! Tu ramasses quelque chose !

    Jacqueline : Non ce n'est pas ça.

    Josiane : Tu fais ta gym ?

    Jacqueline : Non, pas du tout.

    Jacqueline mime encore la scène.

    Josiane : Tu es étonnée ! C'est ça ! Tu es vachement étonnée !

    Jacqueline : Absolument pas.

    Josiane : Euh… Ah ! je sais ! Je sais ! Tu cueilles des fleurs !

    Jacqueline : Non !

    Josiane : Tu cueilles des fleurs et tu es étonnée car elles sont moches !

    Jacqueline : Pas du tout !

    Josiane : Les fleurs sont bizarres !

    Jacqueline : Mais non ! Fais un effort, voyons !

    Josiane : Eh bien j'en sais rien ! (Au public : ) Vous avez deviné vous ?

    Jacqueline : Vous êtes nuls, ou quoi ?! Je ramasse des champignons ! Des champignons ! Et je suis

    25

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    surprise !

    Josiane : J'avais dit que tu étais étonnée ! C'est pareil !

    Jacqueline : Non ! Ce n'est pas marqué "Étonné " (Elle tend son papier.) Regarde, c'est écrit : "Être surpris " et " Cueillir des champignons. "

    Josiane : Comment veux-tu qu'on devine ?! Des champignons ou des fleurs c'est pareil !

    Jacqueline : C'est ça ! La prochaine fois que tu seras invitée à manger quelque part, offre un bouquet de champignons ! Tu verras si c'est pareil !

    Camille : Bon… Je crois qu'on va arrêter tout ça…

    Josiane : Et moi ?! Je n'ai rien mimé !

    Camille : Eh bien, mime une personne qui se tait ! et qui sort de là rapidement !

    Josiane ravie de mimer, fait un grand sourire et s’exécute : elle ne dit rien et sort rapidement.

    Camille : Messieurs-dames si vous souhaitez que Josiane et Jacqueline jouent dans la pièce, eh bien… Applaudissez-les ! Allez !(Participation du public.)Merci à vous tous pour votre participation... On a maintenant nos quatre comédiens. Ils vont se mettre au travail rapidement : la Docteur Nosos vient assister à une répétition dans quelques jours... Croisons les doigts pour que ça se passe bien !

    Rideau.

    ACTE 4

    On voit Camille qui est sous le bureau sur lequel est posé l'ordinateur. Maria est au téléphone.Elle regarde l'écran de l'ordinateur qui ne s'allume pas.

    Camille : La docteur arrive dans une heure et il ne s'allume pas !... Là, ça donne quoi ?

    Maria : Toujours rien... Oui monsieur, on vérifie les branchements.

    Camille : Aaaaah ! Je me suis pris un coup de jus ! La vache ! … Oh là là, j'espère que mon cœur n'a rien.

    26

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Maria : Le monsieur dit qu'il faut faire attention où l'on met les doigts.

    Camille : Eh bien qu'il vienne le faire à ma place !C'est facile de donner des conseils au téléphone àquelqu'un qui vient de frôler la mort !... Bon alors je le mets où ce fil rouge ?!

    Maria : Où doit-on mettre le fil rouge ?... Un fil rouge qui pendouille... Ah ?… Camille il faut le mettre dans la box.

    Camille : Mais tous les autres fils sont déjà dans la box ! Il n'y a plus de place !

    Maria : Il me dit qu'il faut le brancher sur l'adaptateur.

    Camille : Mais il est où cet adaptateur ?! Ça commence à me gonfler cette histoire ! Passe-le moi ! (Camille se tape la tête à la bureau en voulant se lever.) Aaaah ! Ça y est ! je vais avoir un hématome ! Aaaah ! Passe-le moi !

    Maria passe le téléphone à Camille qui se frotte la tête.

    Camille : Alors ?! Je le mets où ce fil rouge ?! J'ai un fil rouge et je ne sais pas où le mettre !!! Je lemets où ?!!… Quoi ?… Et il est où cet adaptateur ?… Bon, ne quittez pas, je vais voir.

    Camille redonne le téléphone à Maria et retourne sous le bureau.

    Maria : Tu veux de l'aide ? Tu veux que j'appelle André ?

    Camille : Surtout pas ! C'est déjà assez compliqué comme ça !

    Maria : Elle dit qu'il n'a pas besoin d'aide... Tout à fait, vous avez raison... Tout à fait, tout à fait... ah les hommes...

    Camille : Qu'est ce qu'il dit ?!

    Maria : Rien... Oui, je vous la passe. (Maria redonne le téléphone à Camille qui est sous le bureau.) Tiens, le monsieur veut te parler.

    Camille : Ah je le vois ! Pourquoi il ne me l'a pas dit plus tôt ce crétin ? !… Ah ? vous m'entendez ?… Quoi ?... Maria, est-ce que maintenant la lumière clignote ?

    Maria : Non, je ne vois pas de lumière sur l'écran de l'ordinateur.

    Camille : Mais pas sur l'ordinateur ! Sur la box ! Tu vois une lumière clignoter sur la box ?

    Maria : Non, tout est éteint.

    Camille : Tout est éteint ! Ça ne clignote pas !… Mais je vous dis que ça ne clignote pas !… Le nom de la box ? Comment ça son nom ? Elle ne m'a pas dit comment elle s'appelle !… Le code est sur l'étiquette… L'étiquette est sur la box. Vous ne pouviez pas la mettre ailleurs votre étiquette ?!...

    27

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    O.K. je regarde… G.2.L.C.A.C. C'est son nom ça ? Maria tu as noté son nom ?!

    Maria : Il faut que je note quelque chose ?

    Camille : Mais oui ! Tu as un papier ? Vite !

    Maria : Oui ! Voilà, voilà ! Que dois-je noter exactement sur le papier ?

    Camille : G.2.L.C.A.C.

    Maria : Tu as deux ailes ? Mais enfin qu'est-ce que tu racontes ?... Ah ! J'ai compris, G.2.L Voilà, voilà…(Elle note le code sur le papier) C'est noté. Ça marche maintenant ?

    Camille : Je ne sais pas, ça clignote ?

    Maria : Non toujours pas.

    Camille : Ça ne marche toujours pas ! Vous vous moquez de nous ou quoi ?! On l'a noté sur le papier et ça… Ah oui, il faut taper ce code…

    Camille commence à taper le code sur le téléphone.

    Camille : Quoi? Pas sur le téléphone ?… Maria, il faut taper le code sur l'ordinateur !

    Maria : (Maria tape sur le clavier.) Tout à fait, tout à fait… mais je ne vois rien sur l'écran.

    Camille : On ne voit rien sur l'écran !

    Maria : C'est noir.

    Camille : C'est noir !

    Maria : Ça ne marche pas.

    Camille : Ça ne marche pas !!! … Comment ça je suis perturbée ?! Eh oh !!! Arrêtez tout ça et restez poli !… Ah ? C'est le réseau WIFI qui est peut-être perturbé… Je fais quoi alors ?… Si je peux envoyer un mail pour expliquer mon problème ? Mais comment voulez-vous que je vous envoie un mail ? L'ordinateur est en panne ! Andouille !

    Maria : Oh là là… Camille redonne-moi ce téléphone.

    Elle lui prend le téléphone.

    Maria : Excusez-nous monsieur, mais on n'y arrive pas. Camille est nulle en informatique.

    Camille : Comment ça je suis nulle ?! Je ne suis pas nulle mais c'est cet ordinateur qui ne veut pas s'allumer !

    28

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Maria : Le monsieur demande si une fenêtre était ouverte la dernière fois que quelqu'un a utilisé l'ordinateur.

    Camille : Mais je n'en sais rien, moi ! De toute façon, il pleuvait, pourquoi on aurait ouvert la fenêtre ?

    Maria : Non, personne n'a ouvert la fenêtre… Est-ce que tu as vu un fichier inconnu sur le bureau ?

    Camille regarde le bureau sur lequel est posé l'ordinateur.

    Camille : Il n'y a pas de fichier posé sur le bureau et de toute façon ça ne le regarde pas ! Passe-le moi !

    Maria : Chut... Est-ce que quelqu'un à mis un fichier inconnu dans la corbeille ?

    Camille regarde dans la corbeille à papiers qui est à côté du bureau.

    Camille : Mais qu'est-ce que ça peut lui foutre ?

    Maria : Non, on ne voit pas de fichier dans la corbeille... et de toute façon André l'a vidée hier : il n'y avait que quelques papiers et une peau de banane… Le monsieur demande si on a quelque chosecontre les virus.

    Camille : Hein ? Un virus ? Tu peux lui dire que je me fais vacciner tous les six mois contre les virus !

    Maria : Chut… Il dit qu'il peut y avoir des vers et que ça fait beaucoup de dégât.

    Camille : Je prends aussi du vermifuge ! Qu'il arrête ! Hein ! Il commence à me foutre les boules ! Passe-le moi !

    Maria : Comment ?… As-tu vu un cheval de Troie ?

    Camille : Et pourquoi pas un éléphant ?! (Menaçante, Camille montre sa main.) Et celle-là ? Il l'a vue ? Passe-le moi !

    Maria : Non, je suis désolée mais on n'a pas vu d'animaux dans ce cabinet... C'est le local du médecin, pas du vétérinaire... Tout à fait, tout à fait... (Petit rire et ensuite elle chuchote:) Il est vraiment charmant cet homme...

    Camille : Qu'est-ce que tu dis ?

    Maria : Le monsieur veut savoir si tu as changé de câble dernièrement.

    Camille : Non !!! Mais c'est moi qui vais péter un câble si ça continue ! Dis-lui !

    Maria : Non on n'a pas pété de, on n'a pas changé de câble... Il demande si on a assez de mémoire.

    29

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Camille : J'ai plein de maladies mais je ne perds pas la mémoire ! Passe-le moi !

    Maria : Mais arrête Camille ! Je n'entends rien… pardon ?… Il veut savoir si tu connais le nom du navigateur.

    Camille : J'en connais des noms de marins mais je ne lui dirai pas !!!

    Maria : Camille connaît le navigateur mais elle ne veut pas vous le dire... Je ne sais pas, elle ne veut pas vous le dire... Si on a un pare-feu ? Camille, on a un pare-feu ?

    Camille : Mais il est informaticien ou pompier ? Passe-moi cet abruti : je vais lui dire ma manière de penser ! Passe-le moi !

    Maria : Non, apparemment on n'a rien contre le feu, c'est grave ?... Comment ?… Le monsieur me demande si on a bien branché l'ordinateur à la prise de courant.

    Camille : Il nous prend vraiment pour des débiles !

    Camille vérifie et constate que l'ordinateur n'est pas branché dans la prise de courant.

    Camille : Bon… Euh… Voilà, je le branche...

    Maria : Ça clignote !… Oui… Oui, merci... Tout à fait... (petit rire) c'est très aimable... Et le haut débit fonctionne ?... Comment ça ?... Il dit que le haut débit ne passe pas dans notre village.

    Camille : Il passe pas ? Oh là là ! Oh le taré ! Il nous a pas mis le haut débit !

    Maria : On a du débit... un petit débit, il n'y peut rien... Oui, c'était parfait. Vous êtes adorable... Non, c'est moi... (Petit rire.) Au revoir monsieur. (Elle coupe le portable.) Il est vraiment charmant cet homme.

    Camille : Il nous a pas mis le haut débit ! Il nous a pas mis le haut débit !

    Maria : On a compris, Camille...

    André et Philippe entrent.

    Camille : Philippe ! Il nous a pas mis le haut débit !

    Philippe : Ah ?... Mince, c'est gênant, elle avait l'air d'y tenir.

    André : Si y'a pas de haut débit, ben elle voudra pas s'installer ici et si elle s'installe pas, elle aura pas de patates et pas de poireaux !

    Jacqueline entre.

    Jacqueline : Eh bien vous en faites une tête...

    30

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    André : Il nous a pas mis le haut débit !!

    Camille : Je vais faire un tour ! Je me suis pris un coup de jus, j'ai l'impression que mon cœur fait des ratés... il faut que je respire. J'ai besoin de prendre l'air !

    Camille sort.

    André : Eh ben... elle va pas être contente la docteur...

    Philippe : Oui, Stéphanie sera certainement déçue...

    Jacqueline : Stéphanie ? De qui parles-tu ?

    Philippe : De Stéphanie Nosos, la médecin.

    Jacqueline : Tu l'appelles par son prénom ?!

    Philippe : Je n'ai pas le droit ?… En fait, pendant le trajet vers la gare, on a vraiment bien parlé tousles deux ... (Rêveur:) On a appris à se connaître… Vous saviez que chaque année elle part un mois en Afrique pour soigner des enfants malades ? C'est formidable, non ?

    André : Ils sont dans un désert médical eux aussi ? J'savais pas.

    Philippe : Elle et moi, on a des passions communes : la littérature, la peinture, la nature, l'astronomie.

    Maria : Elle est de quelle signe ?

    Philippe : Je ne te parle pas d'astrologie mais d'astronomie ! Les étoiles, les exoplanètes, les galaxies...

    André : Et c'est intéressant ça ?

    Philippe : C'est passionnant ! Tiens, est-ce que tu savais qu'il y a plus d'étoiles dans l'univers que degrains de sable sur terre ?!

    André : J'avais jamais compté… Ça fait beaucoup, non ?

    Philippe : C'est énorme ! C'est vertigineux ! Par exemple : un jour fais l'expérience de compter chaque grain de sable que contient juste une toute petite poignée de sable.

    André : Ben, pourquoi faire ?

    Philippe : Mais uniquement pour te rendre compte de l'immensité de l'univers ! Compare le nombrede grains de sable de ta poignée avec tout le sable qu'il y a sur terre ! Et dis toi que chaque grain est une étoile !

    André : Mais, moi, j'ai autre chose à faire que de compter tous les grains de sable de la terre ! J'ai

    31

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    du boulot, moi ! Y'a le terrain de foot à tondre, les peintures de l'école, les allées du cimetière, y'a aussi...

    Philippe : On a compris André… laisse tomber.. Toi, tu es comme la nature : tu me surprendras toujours...

    Philippe, André et Maria sont figés.Jacqueline prend la parole et s'adresse au public (éclairage sur elle.)

    Jacqueline :Ciel ! Mon amant va avoir une maîtresse ! Il l'aime ! Je suis perdue…Qu'est-ce qu'il m'arrive ? je me mets à parler comme au théâtre…J'ai bien vu que Philippe est intéressé par Nosos ! Mais je ne vais pas me laisser faire ! Croyez-moi ! Il ne l'aura pas ! Il est à moi !! Rien qu'à moi !... Oh ! Je sais ! Il me vient une idée diabolique ! … Ha ! Ha ! Ha ! (Rire diabolique..) Si elle n'aime pas notre village, elle ne s'installera pas ici ! Si elle ne s'installe pas ici, Philippe n'ira pas avec elle ! Si Philippe ne va pas avec elle, il ira avec moi ! S'il va avec moi, je serais comblée ! Si je suis comblée, je… bon… en tout cas, je vais tout faire pour que cette pouffiasse déteste notre village ! … Ha ! Ha ! Ha ! (Rire diabolique...)

    Josiane et Roland entrent.Les personnes qui étaient figées ne le sont plus.

    Josiane : Camille vient de nous expliquer pour le débit d'Internet...

    Roland : C'est catastrophique... dans une heure elle arrive... C'est la catastrophe !

    Jacqueline : Ne dramatise pas... Bon, et si on faisait une petite répétition avant l'arrivée du docteur ?

    Philippe : C'est une très bonne idée. On répète un peu et après, comme prévu, vous jouez devant elle.

    Maria commence à manger une banane.

    Maria : Excusez-moi... Quand j'ai le trac il faut que je mange.

    Roland : En tant que maire, je vous demande à tous de faire des efforts pendant cette répétition ! Mettez le paquet ! Il en va de la vie de notre village !

    Josiane : Et surtout de la vie de mon épicerie !

    Roland : Vous allez jouer quelle scène devant le docteur ?

    Jacqueline : Celle où André reçoit sa maîtresse chez lui. Il pense que sa femme est partie passer une semaine chez sa sœur , mais pas de chance pour lui : elle arrive.

    Roland : Ah oui, j'aime bien cette scène parce qu'on remarque surtout celui qui joue l'idiot... Au fait, il est où André ?

    32

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    André : Bah je suis là... Bon, on commence ? Allez ! Place aux pros maintenant !

    Roland : C'est ça ! Fais le malin toi !

    André : J'fais pas le malin ! Je suis fier car je vais bientôt jouer devant un public ! Et tu sais quoi ? Le public il regarde l'acteur, il écoute l'acteur, il respecte l'acteur ! Le public c'est tout le contraire detoi !

    Roland : Je te manque de respect, moi ? Non mais ! Et tu t'es vu ? Tu sais peut-être jouer la comédie toi ?!

    André : Bah ouais ! Je sais très bien jouer la comédie ! Et tu sais ce que je crois ? Eh ben, ça se trouve j'ai un don extraordinaire et j'le sais même pas ! Va savoir… j'suis peut être un Gérard Depardieu qui s'ignore...

    Roland : C'est ça ! ... Tiens, en attendant de jouer Cyrano de Bergerac, montre moi comment tu faisun homme en colère, histoire que je rigole un peu !

    André : Pas de problème, l'homme en colère, ça je sais le faire ….

    André fait une mimique qui n'est pas du tout crédible.

    Roland : Bon... Ne fais surtout jamais cette grimace ridicule devant le docteur !

    André : J'peux te faire aussi le mec surpris, regarde bien...

    André fait une mimique qui est encore moins crédible.

    Roland : Bon arrête de faire le con ! Ça me déprime !

    Philippe : Allez, on commence ? Josiane tu peux t’asseoir ?André tu sors trente secondes s'il te plaît ?

    André : Ouais pas de problème.

    Jacqueline : Moi aussi je sors. Je vais me préparer.

    André et Jacqueline sortent.Maria remarque que Josiane porte des chaussures de sport.

    Maria : Tu n'as pas mis tes chaussures à talons, Josiane ?

    Josiane : Elles me font mal. Je les mettrai le jour de la représentation.

    Roland : Parce que vous croyez encore que vous allez jouer devant un public ?! Moi je dis que la docteur va vous trouvez nuls et il n'y aura jamais de représentation !

    33

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Philippe : Bon ! On commence ! Allez c'est à vous !

    Maria : Je vous laisse bosser ! À tout de suite.

    Maria sort.Roland et Philippe sont sur le côté. Ils regardent la scène qui commence :

    Josiane est assise sur une chaise, elle se met du rouge à lèvre.André entre, il semble très heureux. Il porte une grosse boite à chapeau qu'il tend à Josiane.

    André: Surprise ! J'ai un joli escabeau pour toi, mon amour !

    Roland : Un escabeau ! Il a dit un escabeau cet abruti !

    André : Non j'ai pas dit escabeau !

    Roland : Siiiiiii ! Tu l'as dit ! C'est à force de l'emmener toujours avec toi ce fichu escabeau ! Ça te monte à la tête !

    André : Pas du tout !

    Roland : Et à quoi il te sert d'abord tout le temps cet escabeau ?!

    André : Ben c'est pour aller plus haut. (En montrant le plafond.)

    Roland : Eh bien redescend sur terre ! Et concentre toi !... Je t'en ficherai, moi des escabeaux... et laprochaine fois je te le confisque !

    André : J'vais faire comment alors pour bosser ?

    Roland : Tu prendras une échelle !

    André : J'peux pas ! Quand je suis tout seul je suis pas assez nombreux, pour me tenir l'échelle !

    Josiane : Vous n'avez pas bientôt finis tous les deux ? On peut continuer ? André tu reprends ?

    André : Pas de problème, j'y va...

    Long silence.

    Roland : Qu'est-ce qu'il fait cette andouille ? Il ne parle pas ?

    André : Je fais le silence... j'ai pas le droit ?

    Philippe : Le silence ?

    André : Bah ouais... Il paraît qu'au théâtre on reconnaît les bons acteurs à leur silence…

    34

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Roland : Tu devrais la fermer pour de bon, alors ! Mais qu'il est bête ! Et il ne s'en rend pas compte !... Tiens, vous savez quoi ? Les imbéciles et les cocus ont quelque chose en commun : ils ne savent jamais qu'ils le sont !

    Josiane : Mais arrêtez à la fin ! Arrêtez ! André on t'écoute !

    André : Surprise ! J'ai un joli « CADEAU » pour toi, mon amour !

    Josiane (Heureuse et toute excitée : ) Pour moi ? Un cadeau ? Ooooh, il ne fallait pas... Qu'est-ce que c'est ?

    André : Je te laisse deviner...

    Philippe : C'est très bien André.

    André : Ah ! Tu vois !

    Roland : Oh c'est pas compliqué de jouer quelqu'un d'abruti...

    André : J'te signale, qu'un acteur qu'a l'air d'un abruti, ça veut dire qu'il sait très bien jouer ! Et que c'est donc un EXCELLENT acteur !

    Roland : Ou alors c'est un vrai abruti...

    Philippe : On continue ?... On vous regarde, allez-y.

    Josiane : Qu'est-ce que c'est ?

    André : Je te laisse deviner...

    Josiane : Qu'est-ce que...Ah oui ! Une bague ? Des boucles d'oreilles ? André assieds-toi prêt de moi ! J'adore les cadeaux !

    Roland : J'aime bien cette réplique... c'est vrai, la boîte elle est est grosse et on sait bien que...

    Josiane : Roland, c'est fait exprès... c'est pour faire rire.

    Roland : Ah oui, c'est vrai.

    André : Au fait, faudra que je répare le pied de la chaise : elle est toute bancale.

    Roland : Eh bien tu prendras ton escabeau et tu la répareras...(Roland fronce les sourcils, il regarde au loin dans le public. Il met sa main en visière au dessus de ses yeux pour mieux voir.) Il y a quelqu'un dans le fond ? Non ?

    André : Non, y'a personne ! Et arrête de nous interrompre tout le temps ! Tu déranges les artistes !

    35

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Roland : Si toi t'es un artiste eh bien moi je suis la sœur du pape !

    Josiane : Mais arrêtez ! Tu t'assois à coté de moi André ?

    La scène continue.André s'assied sur la chaise qui est à côté de celle de Josiane.

    André : Alors ? Tu n'ouvres pas ton paquet ?

    Josiane qui est toujours assise, enlève le couvercle de la boite et sort un beau chapeau.

    Josiane : Oooh ! Un château !... Merde, j'ai dit château au lieu de chapeau... Oooh ! Un chapeau ! Ilest magnifique ! André tu es si gentil avec moi !

    Elle le met sur sa tête mais le chapeau est trop petit pour elle.

    Josiane : Il est pas un peu petit pour moi ce chapeau ? Non ?

    Philippe : Oui, tu as raison... On va lui faire quelques retouches, il t'ira à merveille le jour de la représentation... André, on t'écoute.

    André : Il te va à... c'est quoi déjà le mot ?

    Philippe : Il te va à ravir.

    André : J'le connais pas bien ce mot.

    Philippe : Comment ça ?

    André : Le mot, là... j'le connais pas...

    Philippe : Ravir ?

    André : Oui ce mot là !

    Roland : Quand je vous dit qu'il est bête ! Ravir ! Ravir ! Il connaît pas ! Il est débile !

    André : Non c'est faux ! J'suis pas débile ! J'ai déjà passé des tests... bon, c'était y a longtemps, mais les tests ont dit la vérité : j'suis pas débile !

    Roland : Tu as passé des tests ?!!!

    André : Ben, oui : mes parents avaient des doutes…

    Philippe : André, si tu veux tu peux utiliser une méthode mnémotechnique pour te rappeler du mot.

    André : Mémo quoi ?

    36

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Philippe : Ravir... tu peux penser à l'animal : Le rat. Et ensuite tu rajoutes « Vir »... « Rat », « Vir ». Tu comprends ?

    André : C'est pas con dis-donc ! Tiens au fait Roland, j'en ai vu un gros comme ça, l'autre fois qui sortait des égouts et j'me suis dit...

    Roland : On s'en fout André ! Concentre-toi sur ton texte !

    André : Bon je reprends : Il te va à... Euh, il te va à RAT... VIR !

    Josiane : On m'a toujours dit que j'avais une tête à chapeau... Merci André, embrasse-moi mon cœur... Au fait, je tiens à signaler que je ne veux pas qu'André m'embrasse pour de vrai !

    André : Bah pourquoi ? Ils le font ben au cinéma...

    Josiane : On n'est pas au cinéma ! Je te préviens : Tu ne m'embrasses pas ! Tu me fais juste une petite bise sur la joue et c'est tout !

    Philippe : C'est entendu : André se lèvera et te fera une petite bise sur la joue... André, tu donnes ta réplique ?

    André : On va fêter ça ! ... j'ai demandé à la bonne : Jacqueline, de mettre une bouteille de Champagne au frais.

    Roland : Du Champagne ? Comment ça du Champagne ?! Et notre Piscouette qu'est-ce que vous enfaites ?!

    Philippe : Mais Roland, dans le texte André ouvre une bouteille de Champagne.

    Roland : Eh bien moi je crois, qu'on doit parler du vin qui est la spécialité de chez nous : Le Piscouette ! Ça va nous faire de la pub !

    Josiane : Ça c'est une bonne idée ! Et on pourrait même parler de mon épicerie ! « Chez Jojo l'épicerie qu'il vous faut ! ».

    Roland : Ah non ! Faut pas exagérer ! On parle discrètement du Piscouette et on ajoute une petite phrase qui le met bien en valeur. Comme ça à la fin du spectacle, les spectateurs viendront nous en acheter ! J’apporterai quelques bouteilles de ma cave.

    Philippe : Bon... on verra, on verra... André tu peux reprendre ?

    André : On va fêter ça ! ... j'ai demandé à la bonne : Jacqueline de mettre une bouteille de PISCOUETTE au frais ! J'appelle Jacqueline !

    André prend la clochette et la secoue vigoureusement. On entend le son de la clochette.

    André : J'aime ben faire ça...

    37

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    La porte s'ouvre et Jacqueline, habillée en bonne, entre.

    Jacqueline : Je ne supporte plus le son de cette clochette... Oui ? Monsieur a besoin de mes services ?

    André : Jacqueline, pourriez-vous, nous apporter la bouteille de Piscouette et les deux baguettes ?

    Jacqueline : Les baguettes ? Je dois apporter du pain aussi ?

    Philippe : André, ta réplique, c'est « Jacqueline, pourriez-vous, nous apporter la bouteille, les deux flûtes, et les biscuits ? »

    André : Ah... je confonds tout le temps les flûtes avec les baguettes...

    Roland : Vous voyez ! Il se trompe tout le temps !

    André : C'est normal ! Un bon comédien, figure toi que ça se trompe !

    Roland : Un mauvais aussi ! Il m'énerve !!!... Tenez : Je filme tout ce qu'André viens de jouer, je le mets sur internet, je vous jure que ça fait le buzz !

    André : C'est même pas vrai ! D'abord !

    Josiane : J'en ai marre de vos gamineries... Je suis crevée... on fait une petite pause ?

    Roland : Vous voulez déjà faire une pause ?!

    André : Oh ouais ! Une pause !! Une pause !

    Maria entre.

    Roland : Ils n'ont pas terminé ! On ne sera jamais prêt ! La Docteur va se foutre de nous ! Et elle aura raison !

    Le Docteur Nosos qui était dans le public se lève.

    Docteur Nosos : Je n'oserais pas ! Continuez, je vous en prie.

    Roland : Doc... doc... Docteur Nosos ? C'est vous ? Bah... Vous étiez cachée dans le fond ?

    Le docteur Nosos les rejoint sur scène.

    Docteur Nosos : Je suis arrivée en avance, et je ne voulais surtout pas vous déranger pendant votre répétition. Alors je me suis installée et je vous ai regardés jouer.

    Maria : Euh, ça fait longtemps que vous êtes là ?

    Docteur Nosos : Assez longtemps pour me faire ma propre opinion sur la qualité des comédiens...

    38

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Roland : Aïe, Aïe, Aïe... Vous avez tout vu ?

    Docteur Nosos : Tout.

    Roland : Aïe, Aïe, Aïe...

    Docteur Nosos : Cette pièce est.... intéressante. Quel est son titre ?

    Josiane : « Arrêtez tout ça ! »

    Docteur Nosos : Pardon ? Qu'est-ce que je dois arrêter ?

    Josiane : C'est le titre de la pièce : « Arrêtez tout ça !»...

    André : C'est Camille qu'a trouvé le titre ! C'est parce qu’elle dit souvent « Arrêtez tout ça ! »... C'est drôle comme titre, hein ?

    Docteur Nosos : Peut-être... Je ne sais pas... Mais je m'en veux, je vous ai interrompus. Vous n'aviez pas terminé, si ?

    Maria : C'était pratiquement la fin de la scène.

    Docteur Nosos : Il se passe quoi après ?

    Philippe : Pas grand chose. La bonne, Jacqueline entre avec un plateau sur lequel sont posés la bouteille, les deux flûtes et des biscuits. Jacqueline pose les biscuits sur la table et elle dit..

    Jacqueline : Je les ai préparés ce matin !

    Philippe : Oui et ensuite André débouche la bouteille et tous les deux, ils trinquent.

    André : Ça je sais faire ! Et je dis à ma maîtresse : « Josiane, je te mets un doigt de Piscouette ? »

    Josiane : Et moi, je réponds « Oh oui j'adooore ! »

    Maria : Et quand André sert un verre à sa maîtresse, sa bonne lui dit : « Monsieur a fait ça toute sa vie... »

    Docteur Nosos : Et j'imagine que vous allez bien montrer la bouteille au public, histoire de vous faire de la publicité...

    Philippe : Stéphanie, ne vous inquiétez pas, ils ne le feront pas, ce serait vraiment déplacé...

    Roland : Aïe, Aïe, Aïe...

    Docteur Nosos: (Elle regarde Maria.) Et vous ? Que faites-vous exactement dans la scène ?

    39

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Maria : Je rentre et je surprends mon mari avec sa maîtresse !

    Docteur Nosos : Vraiment ?

    Maria : En fait, j'ai caché un revolver dans mon sac à main et je menace mon mari !

    Docteur Nosos : Tiens donc...

    Maria : Et j'apprends que ce salaud a fait un enfant à sa maîtresse ! Alors je lui cours après avec mon arme !

    André : Ouais, elle gueule et elle dit à ma maîtresse : « Aaaaah ! Et en plus il vous a fait un enfant ! Ah le cochon !!! »... Moi, j'aime ben quand elle dit « Ah le cochon ! »...

    Docteur Nosos : Je suis persuadée que c'est une très bonne pièce...

    Roland : Vous dites ça, mais vous pensez le contraire, je le vois bien... Mais bon, vous avez raison !Nos acteurs n'ont pas été très bons, mais vous verrez avec du travail... et vous serez là pour les prendre en main ! Pour faire la mise en scène de la pièce. Vous avez toujours rêvé de ça, non ?

    Docteur Nosos : Je... Oh vous savez rêver, ce n'est jamais très bon.

    Philippe : Vous êtes déçue Stéphanie ? Vous voulez qu'on en parle ?

    Docteur Nosos : Peut-être... je ne sais pas, je ne sais plus...

    Roland : Bon les enfants, je crois qu'ils ont besoin d'être seuls. On s'en va.

    André : Bah moi, je resterais ben encore un peu.

    Roland : Il y a une règle primordiale dans la vie : on doit toujours obéir à sa mère et à son maire !!!Alors tu nous suis immédiatement !

    Ils sortent.Jacqueline se cache derrière le paravent médical. Personne ne s'en aperçoit.

    Philippe : Vous êtes déçue... Et je vous comprends... Tout est mauvais dans cette pièce : l'histoire, letitre et même les acteurs... mais il ne faut pas leur en vouloir, ils font ce qu'ils peuvent et...

    Docteur Nosos : Ce n'est pas ça qui me déçoit Philippe... J'avais confiance en vous. On a si bien discuté tous les deux l'autre jour, c'était formidable... (On voit juste le visage de Jacqueline qui exprime de la déception et de la colère.)Et pourtant je vois que vous m'avez menti.

    Philippe : Je vous ai menti, moi ?

    Docteur Nosos : Vous, et les autres !Vous m'avez fait croire que vous aviez une troupe de théâtre et que vous cherchiez un metteur en scène... C'était uniquement pour m'appâter... Oui, c'est exactement

    40

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    ça : on jette à l'eau de l'appât et le poisson qui est stupide et bien naïf s'approche et là, d'un seul coup on lui enlève sa liberté...

    Philippe : Je suis désolé Stéphanie... Ce n'est pas vous qui êtes naïve, mais nous tous... Ce n'est pas de la méchanceté de notre part... Vous savez les gens d'ici rêvent de voir un médecin s'installer... ils sont tous prêt à faire des sacrifices et à...

    Docteur Nosos : Et à me mentir, à me prendre pour une idiote...

    Philippe : Mais non, Stéphanie.

    Docteur Nosos : La relation entre un patient et son médecin doit être une relation de confiance. Lesconditions ne sont pas réunies pour que je m'installe ici, Philippe...

    Jacqueline qui est toujours cachée derrière le paravent, fait un grand sourire.

    Philippe : Je crois qu'on a tous été maladroits, et je crois que...

    Docteur Nosos : Philippe, soyez gentil, laissez-moi, j'ai besoin d'être seule.

    Jacqueline est satisfaite, elle se frotte les mains.

    Philippe : Comme vous voulez... Je... je comprends...

    Philippe sort tristement.Jacqueline sort de sa cachette.

    Jacqueline : Docteur ?

    Stéphanie Nosos se retourne.

    Docteur Nosos : Vous étiez là ?

    Jacqueline : Moi ? Pas du tout. Philippe est sorti et je suis entrée au même moment... Docteur, il faut que je vous parle...

    Docteur Nosos : C'est vraiment nécessaire ?

    Jacqueline : Vous, êtes bien courageuse de venir dans notre village…

    Docteur Nosos : Courageuse ? Et pourquoi ?

    Jacqueline : Vous savez bien… Oh, ne me dites pas que vous n'êtes pas au courant…

    Docteur Nosos : Mais de quoi parlez-vous ?

    Jacqueline : Des disparitions...

    41

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Docteur Nosos : Pardon ?

    Jacqueline : Les habitants d'ici ne veulent jamais en parler… mais voilà… Les gens qui viennent s'installer chez nous… Oh et puis, non, je parle trop...

    (Tout au long de la discussion, Stéphanie Nosos ne croit pas Jacqueline, mais elle fait semblant de la croire.)

    Docteur Nosos : Continuez s'il vous plaît… Qu'arrive-t-il aux gens qui s'installent ici ?

    Jacqueline : Ils disparaissent mystérieusement…

    Docteur Nosos : Mystérieusement ? Comment ça mystérieusement ? Qu'est-ce que vous racontez ?

    Jacqueline : (Elle chuchote sur le ton de la confidence.) Oh il ne disparaissent pas tous… mais certains se sont installés dans le village, ils ont acheté une maison et quelques mois après pffft, plus rien. Ils avaient disparu… De vous à moi, on parle de crimes…

    Docteur Nosos : De crimes ?

    Jacqueline : Il paraîtrait qu'un habitant du village ne supporterait pas les nouveaux venus… Alors en pleine nuit, il va chez eux… Toc, toc… « Oui , qui c'est ?… C'est moi, tu peux m'ouvrir la porte ?… T'es pas fou ?! T'as vu l'heure ?... C'est important, il faut que je te parle ! Ouvre-moi, bon Dieu ! »... Après il entre, et tchikkk !

    Docteur Nosos : Tchikkk ?

    Jacqueline : Un coup de couteau dans le cœur ! Tchikkk !

    Docteur Nosos : Mais c'est horrible ce que vous racontez là...

    Jacqueline : Chut… on n'a jamais retrouvé les cadavres… Il doit les brûler dans sa gazinière… Il ne faut pas le répéter mais il y a un bien un Landru chez nous… ici dans le village… Mais chut… c'est un secret de village… il ne faut pas en parler, ça porte malheur…

    Docteur Nosos : Ah ? Et vous ? Vous n'avez pas peur de m'en parler ?

    Jacqueline : Je suis là pour vous aider… Et ce n'est pas tout...

    Docteur Nosos : Il y a autre chose ?

    Jacqueline : Je ne sais pas si je dois vous le dire... Voilà, les gens du village souffrent d'une maladieétrange.

    Docteur Nosos : Une maladie étrange ? Comme c'est curieux...

    Jacqueline : Ils sont presque tous hypocondriaques, alcooliques, et... nymphomanes... Oui, ici tout le monde couche avec tout le monde ! Ils ne le font pas exprès : c'est une maladie étrange, je vous

    42

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    dis ! Tenez, un exemple au hasard... Philippe... Il couche avec une femme mariée. Je ne peux évidemment pas vous dire son nom, c'est une femme très respectable...

    Docteur Nosos (Déçue et triste :) Eh bien... en tout cas, merci de m'avoir prévenue...

    Jacqueline : Docteur Nosos fuyez avant qu'il ne soit trop tard… Fuyez… et surtout chut ! Il faut garder le secret...

    Jacqueline sort.

    Docteur Nosos : Eh bien… elle est en forme celle-là… Et en plus elle me prend pour une imbécile... En tout cas, une chose est sûre : je n'ai plus rien à faire ici.

    Camille qui porte un gros dossier sous le bras, entre.

    Camille : Je voulais vous le donner en main propre.

    Docteur Nosos : Qu'est-ce que c'est ?

    Camille : Mon dossier médical. J'ai toujours un double au cas où... C'est que je suis une grande malade, moi ! C'est laquelle votre maladie favorite ?

    Docteur Nosos : Pardon ? Mais je n'ai pas de maladie favorite, je suis médecin uniquement pour soigner mes patients.

    Camille (Camille gémit : ) Ouuuuuuuh !

    Docteur Nosos : Vous souffrez ?

    Camille : Tout le temps, oui. (Camille met sa main sur ses reins.)

    Docteur Nosos : Vous avez mal au dos ?

    Camille (Inquiète : ) Non. Mince, je devrais ?

    Docteur Nosos : Non, non.

    Camille : Je voulais vous voir car j'ai une maladie étrange en ce moment...

    Docteur Nosos : Une maladie étrange ?

    Camille : Oui. Voilà : je crois qu'un parasite s'est logé à l'intérieur de mon orteil gauche.

    Docteur Nosos : Vous êtes sûre ?

    Camille : Oui, et il a invité plein de potes à lui, dans tout le pied. Ça lance, c'est terrible.

    Docteur Nosos (Elle ne la croit pas : ) C'est intéressant...

    43

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Camille : Vous trouvez ? Moi je trouve ça plutôt inquiétant... Oh là là, je me sens très mal... Vous ne voulez pas m’ausculter juste un petit peu ? J'ai un truc qui pousse dans la gorge.

    Docteur Nosos : Mais... Bon... Tirez-moi la langue.

    Comme un enfant malpoli, Camille tire la langue au docteur.

    Docteur Nosos : Mais pas comme ça voyons ! je veux juste voir votre gorge. Dites-moi « A » s'il vous plaît.

    Camille : Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa, s'il vous plaît.

    Elle regarde sa gorge et en même temps, elle prend le poignet de Camille pour vérifier son pouls.

    Docteur Nosos : Le pouls est normal. Il vous arrive de prendre votre température ?

    Camille : Bien sûr : matin, midi et soir.

    Docteur Nosos : Ah ? et vous n'avez pas de fièvre ?

    Camille : Si, tout le temps : 37,5 °

    Docteur Nosos : Je vous assure que vous allez bien. Vous êtes en pleine forme.

    Camille : Ne me dites pas ça, je vais me sentir encore plus mal... Aïe ! (Camille met une main sur son œil.)

    Docteur Nosos : Qu'est-ce qui se passe ? Vous avez pris une poussière ?

    Camille : Je suis en train de perdre un œil. Ça me le fait souvent.

    Docteur Nosos : Vraiment ?

    Camille : Et après ça me fait mal à la tête. C'est une hémorragie interne ? Je vais tomber dans le coma, c'est ça ?

    Docteur Nosos : Mais non voyons !

    Camille : Vous voulez m'opérer ? Et si ça se passe mal ? Si je fais une allergie à l’anesthésie ?! Si jene me réveille pas ?! Oh là là !

    Docteur Nosos : Ne vous inquiétez pas : je préfère tuer la maladie plutôt que le malade. Je vous dis que vous n'êtes pas malade.

    Camille (Camille gémit : ) Ouuuuuuh !

    Docteur Nosos : Je suis désolée, mais je ne peux pas vous aider... Si vous voulez, vous pouvez

    44

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    aller voir un confrère...

    Camille : Vous ne restez pas ?

    Pour obtenir la fin du texte, veuillez me contacter directement :

    [email protected]

    Rappel :

    La diffusion et l'exploitation de ce texte est interdite.Ce texte demeure la propriété inaliénable de son auteur Vivien LHERAUX.Si une troupe souhaite jouer la pièce "ARRÊTEZ TOUT ÇA !" elle doit en demander l'autorisation à l'auteur.

    45

    mailto:[email protected]

  • Vivien LHERAUX - Arrêtez tout ça ! -

    Nombre de répliques

    Personnages Acte 1 Acte 2 Acte 3 Acte 4 Acte 5 TotalRoland 45 29 7 40 1 122Jacqueline 29 9 17 25 14 94Philippe 29 9 9 36 10 93Dteur Nosos 0 26 0 54 11 91Maria 22 6 17 43 6 94André 14 14 4 53 37 122Camille 14 4 41 55 0 114Josiane 7 6 19 19 29 80

    Total 160 103 114 325 108 810

    Décor (suggestion)

    46

    Accès aux coulisses

    Chaises Corbeille

    Porte

    Paravent

    Table

    Accès au public

    Bureau et ordinateur