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14 Dossier > Luxe et environnement Comment l'enseigne Louis Vuitton fait-elle évoluer ses activités tout en prenant compte des principes écologiques et environnementaux? Lundi 25 Novembre 2013 e développement durable semble gagner une place de plus en plus importante dans tous les secteurs qui animent notre économie. Alors que le Luxe est souvent pointé du doigt en matière de respect environnemental, le développement durable s’invite progressivement dans les secteurs les plus improbables… Cette démarche révèle une prise de conscience grandissante dans le milieu, mais cela les rend-ils compatibles pour autant ? Les enseignes du luxe, peuvent elles intégrer les principes du développement durable dans toutes leurs activités ? « Louis Vuitton, une marque pionnière depuis plus de 150 ans » ondée en 1854, la maison Louis Vuitton n’était à l’origine qu’une petite entreprise parisienne. Aujourd’hui, les produits estampillés du célèbre monogramme LV, se vendent dans plus de 440 magasins sur toute la planète. Le maître mot de Vuitton ? Etre pionnier, et le propos est particulièrement vrai en matière d’environnement. En effet, si le développement durable est, de nos jours, une mode sur laquelle chacun se doit de surfer, le groupe LVMH, dont Louis Vuitton Malletier est l’une des principales filiales, n’a pas attendu que la vague soit au plus haut pour se lancer dans le rouleau. Au lendemain du Sommet de Rio, en 1992, la marque française créait déjà sa Direction de l’Environnement, et en 2004, elle engageait un premier bilan Carbone pour ses activités. priori, Luxe et développement durable n’ont pas de points communs. Le premier est synonyme de plaisir superflu alors que le second est le reflet d’une éthique collective mesurée. Pourtant, les pratiques et procédés de production des maisons de luxe n’ont cessé d’évoluer vers un modèle plus éco- responsable, mais ces dernières reste encore timides et peu connues du public. L F A Louis Vuitton Les techniques de productions dans les ateliers de Louis Vuitton se veulent respectueuses de l’environnement

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14 w Dossier > Luxe et environnement

Comment l'enseigne Louis Vuitton fait-elle évoluer ses activités tout en prenant compte des principes écologiques et environnementaux?

Lundi 25 Novembre 2013

e développement durable semble gagner une place de plus en plus importante dans tous les secteurs qui animent notre

économie. Alors que le Luxe est souvent pointé du doigt en matière de respect environnemental, le développement durable s’invite progressivement dans les secteurs les plus improbables… Cette démarche révèle une prise de conscience grandissante dans le milieu, mais cela les rend-ils compatibles pour autant ? Les enseignes du luxe, peuvent elles intégrer les principes du développement durable dans toutes leurs activités ?

« Louis Vuitton, une marque pionnière depuis plus de 150 ans »

ondée en 1854, la maison Louis Vuitton n’était à l’origine qu’une

petite entreprise parisienne. Aujourd’hui, les produits estampillés du célèbre monogramme LV, se vendent dans plus de 440 magasins sur

toute la planète. Le maître mot de Vuitton ? Etre pionnier, et le propos est particulièrement vrai en matière d’environnement.

En effet, si le développement durable est, de nos jours, une mode sur laquelle chacun se doit de surfer, le groupe LVMH, dont Louis Vuitton Malletier est l’une des principales filiales, n’a pas attendu que la vague soit au plus haut pour se lancer dans le rouleau. Au lendemain du Sommet de Rio, en 1992, la marque française créait déjà sa Direction de l’Environnement, et en 2004, elle engageait un premier bilan Carbone pour ses activités.

priori, Luxe et développement durable n’ont pas de points communs. Le

premier est synonyme de plaisir superflu alors que le second est le reflet d’une éthique collective mesurée. Pourtant, les pratiques et procédés de production des maisons de luxe n’ont cessé d’évoluer vers un modèle plus éco- responsable, mais ces dernières reste encore timides et peu connues du public.

L

F

A Louis  Vuitton  

Les  techniques  de  productions  dans  les  ateliers  de  Louis  Vuitton  se  veulent  respectueuses  de  l’environnement

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15 w Dossier > Luxe et environnement Néanmoins, si on y regarde de plus près, ces deux univers ne sont pas si opposés qu’il y paraît de premier abord. Les changements des procédés de production et de transport ainsi que l’économie de ressource et d’énergie constituent des points majeurs de cette stratégie naissante au sein des entreprises du Luxe. L’enseigne Louis Vuitton en est un parfait exemple. En effet, la marque a réduit de façon considérable le packaging de ces produits ces dernières années. Selon Sandrine Noël , Responsable Environnement chez Louis Vuitton, la réduction de 64% du packaging du best seller de la marque, « Neverfull », a permis d’obtenir des gains de place considérables sur le transport des marchandises. La conséquence est une réduction des déchets radicale mais aussi des économies importantes pour l’entreprise.  

   

   « Le secret d’une alliance réussie entre développement durable et luxe ? Investir et innover sur le long terme »

ar ailleurs, l’enjeu d’une association réussie entre le concept du durable et le

luxe serait d’investir et d’innover sur le long terme. Il est vrai que prendre en compte l’aspect écologique au quotidien dans une entreprise à un coût, mais ce n’est pas un investissement à perte bien au contraire. L’environnement est un enjeu clé du 21° siècle. La question de la montée du coup énergétique en France en est un exemple frappant. La marque a très vite compris qu’en adaptant ses procédés de production aux enjeux environnementaux, elle en ferait un atout compétitif majeur sur le long terme. Lorsque l’on regarde en global, on comprend très vite que la prise en compte de l’environnement est profitable pour les enseignes de luxe, aussi bien sur un plan économique et sociétal. Le danger est cependant de tomber dans un processus de greenwashing1, dont l’impact à long terme est nul et tout aussi préjudiciable sur l’image de l’enseigne.

ssocié à la volupté et au raffinement, le luxe peut tout aussi être synonyme

d’innovation et de création, piliers du développement durable. Un message qui résumerait bien l’approche de la Maison ?

                                                                                                               1  greenwashing : procédé de marketing ou de relations publiques utilisé par une organisation (entreprise, administration publique,…) dans le but de se donner une image écologique responsable.

 

P

A

Site  de  production  Louis  Vuitton  pionner  en  matière  d’environnement

Le  neverfull,  sac  emblématique  de  la  marque  bénéficie  d’un  nouveau  packaging  plus  

écologique

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16 w Dossier > Luxe et environnement ‘Louis Vuitton n’a pas une vision marketing de l’environnement. En interne, l’environnement est un territoire qui n’a pas de chapelle. Un tel défi nous conduit à échanger en permanence avec toutes les équipes : les métiers, la Direction Environnement du Groupe, les Maisons de dimension plus modeste qui sont souvent proactives, comme l’ensemble des autres secteurs d’activités. Nous sommes finalement confrontés aux mêmes problématiques. Nous sommes dans le partage et tous engagés pour un futur durable.’, Sandrine Noël , Responsable Environnement Louis Vuitton.

Si la firme semble bien décidée à accorder plus d’importance au développement durable dans sa stratégie, il nous faudra cependant attendre quelques années avant de pouvoir mesurer le véritable impact des ces directives environnementales. L’enseigne a choisi de ne pas informer le grand public massivement sur son engagement environnemental. « C’est une question d’humilité » nous avait répondu Sandrine Noël lors de notre interview. Pourtant la marque ne gagnerait-elle pas à communiquer davantage sur le sujet ? Cela aurait-il pour conséquence d’attirer une clientèle, autrefois réticente, à acheter des produits de l’enseigne? Enfin, nous sommes en droit de nous demander si cet engagement environnemental est purement désintéressé ou s’il ne desservirait pas d’une certaine façon d’autres intérêts économiques dissimulés ?

Un article écrit par Salma Ben Yaghlane, Laura Ponticelli et Mouna Zizi