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Directeur de la publication : Edwy Plenel www.mediapart.fr 1 1/4 Jean-François Gayraud: «Une guerre financière qui ne dit pas son nom» PAR MARTINE ORANGE ARTICLE PUBLIÉ LE VENDREDI 6 MAI 2016 La finance dérégulée et mondialisée s’est acquis une puissance démultipliée. Elle mène de vraies guerres face aux États et aux populations, explique Jean- François Gayraud dans L’Art de la guerre financière. Entretien. Dans vos derniers livres, vous vous étiez attaché à dénoncer les systèmes de fraudes massives, de mafias et surtout de cols blancs criminalisés qui pouvaient prospérer à l’abri du système bancaire et financier. Aujourd’hui, vous semblez monter d’un cran avec votre livre L’Art de la guerre financière. Pourquoi aborder le système financier en terme militaire ? Pourquoi parler de guerre ? Parce que c’est une vraie guerre, même si elle ne dit pas son nom. Elle est invisible, mais elle n’en fait pas moins de victimes que les bombes des champs de bataille, même si on n’en parle jamais. Avec la crise de 2008, nous avons assisté à la destruction de quartiers, de villes entières, comme Detroit ou Baltimore aux États-Unis, totalement anéanties par les expropriations et les saisies massives, désertées par leurs populations et ensuite par la fermeture des usines. Les subprimes ont fonctionné comme des bombes à neutrons : les habitants ont été expulsés, vidés des lieux mais les maisons sont restées intactes pour être récupérées par les banques prédatrices. Et on ne parle pas des millions de chômeurs et de salariés sombrant subitement dans la pauvreté, des vies broyées, de ces gens poussés au suicide, qui sont autant de victimes anonymes. Tout cela est le produit d'un système financier devenu anomique. Le nouveau système financier apparu dans les années 1980 allie une puissance et une complexité telles qu’il mérite d’être analysé sous des angles nouveaux. L’économie classique ne veut ni ne peut penser la finance d’un point de vue criminel, par positivisme étroit. La sociologie, qui pourtant avait été capable aux origines de penser le crime, s’est abîmée dans les chemins de traverse de la déconstruction. Il faut donc essayer de refonder une réflexion avec d’autres points de vue. Avec la criminologie et la géopolitique, tel que je l'ai fait dans des livres précédents, aujourd'hui avec la polémologie. Les angles de compréhension, « d'attaque », doivent être multiples, tant les facettes de la haute finance toxique sont nombreuses. La guerre ne peut pas être le monopole des militaires. L'hostilité a toujours pris de multiples visages, tour à tour politique, économique, culturelle et finalement financière. Dans le cas de la haute finance, nous sommes manifestement face à un système qui mène des stratégies propres, avec des intérêts déconnectés de ceux des États et des peuples. Les financiers, peut-être moins dans leurs intentions que dans les conséquences de leurs actes, agissent souvent avec hostilité face aux populations, depuis que les politiques de dérégulation leur ont laissé la bride sur le cou. La finance et l’économie ne sont pas forcément criminelles, disent de nombreux économistes. N’avez-vous pas l’impression de forcer le trait, au risque de finalement desservir l’analyse ? Mon point de départ est celui de la criminologie : il y a de ce fait forcément un effet de loupe. Iriez-vous reprocher à un médecin de diagnostiquer des maladies ? La fraude, le crime ne sont pas consubstantiels à la finance. Mais il est essentiel de comprendre que dans le nouveau contexte d'un capitalisme excessivement dérégulé, financiarisé

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Jean-François Gayraud: «Une guerrefinancière qui ne dit pas son nom»PAR MARTINE ORANGEARTICLE PUBLIÉ LE VENDREDI 6 MAI 2016

La finance dérégulée et mondialisée s’est acquis unepuissance démultipliée. Elle mène de vraies guerresface aux États et aux populations, explique Jean-François Gayraud dans L’Art de la guerre financière.Entretien.

Dans vos derniers livres, vous vous étiez attachéà dénoncer les systèmes de fraudes massives, demafias et surtout de cols blancs criminalisés quipouvaient prospérer à l’abri du système bancaire etfinancier. Aujourd’hui, vous semblez monter d’uncran avec votre livre L’Art de la guerre financière.Pourquoi aborder le système financier en termemilitaire ? Pourquoi parler de guerre ?

Parce que c’est une vraie guerre, même si elle ne ditpas son nom. Elle est invisible, mais elle n’en faitpas moins de victimes que les bombes des champs debataille, même si on n’en parle jamais. Avec la crise de2008, nous avons assisté à la destruction de quartiers,de villes entières, comme Detroit ou Baltimore auxÉtats-Unis, totalement anéanties par les expropriationset les saisies massives, désertées par leurs populationset ensuite par la fermeture des usines. Les subprimesont fonctionné comme des bombes à neutrons : leshabitants ont été expulsés, vidés des lieux mais lesmaisons sont restées intactes pour être récupérées parles banques prédatrices. Et on ne parle pas des millionsde chômeurs et de salariés sombrant subitement dansla pauvreté, des vies broyées, de ces gens poussésau suicide, qui sont autant de victimes anonymes.Tout cela est le produit d'un système financier devenuanomique.

Le nouveau système financier apparu dans les années1980 allie une puissance et une complexité tellesqu’il mérite d’être analysé sous des angles nouveaux.L’économie classique ne veut ni ne peut penser lafinance d’un point de vue criminel, par positivisme

étroit. La sociologie, qui pourtant avait été capableaux origines de penser le crime, s’est abîmée dans leschemins de traverse de la déconstruction.

Il faut donc essayer de refonder une réflexion avecd’autres points de vue. Avec la criminologie et lagéopolitique, tel que je l'ai fait dans des livresprécédents, aujourd'hui avec la polémologie. Lesangles de compréhension, « d'attaque », doivent êtremultiples, tant les facettes de la haute finance toxiquesont nombreuses. La guerre ne peut pas être lemonopole des militaires. L'hostilité a toujours pris demultiples visages, tour à tour politique, économique,culturelle et finalement financière. Dans le cas de lahaute finance, nous sommes manifestement face à unsystème qui mène des stratégies propres, avec desintérêts déconnectés de ceux des États et des peuples.Les financiers, peut-être moins dans leurs intentionsque dans les conséquences de leurs actes, agissentsouvent avec hostilité face aux populations, depuis queles politiques de dérégulation leur ont laissé la bridesur le cou.

La finance et l’économie ne sont pas forcémentcriminelles, disent de nombreux économistes.N’avez-vous pas l’impression de forcer le trait, aurisque de finalement desservir l’analyse ?

Mon point de départ est celui de la criminologie :il y a de ce fait forcément un effet de loupe.Iriez-vous reprocher à un médecin de diagnostiquerdes maladies ? La fraude, le crime ne sont pasconsubstantiels à la finance. Mais il est essentielde comprendre que dans le nouveau contexted'un capitalisme excessivement dérégulé, financiarisé

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et mondialisé, la fraude n'est plus une questionpériphérique, contrairement à ce que l’on veut nousfaire croire.

Le capitalisme qui a émergé dans les années 1980 estfortement criminogène : ce qui signifie qu'il recèlede fortes incitations et opportunités à la fraude. Cesincitations et opportunités n’ont jamais été aussi fortes

depuis le XIXe siècle et ses « barons voleurs ».L'origine première de ces dérèglements mortifères estconnue : la dérégulation, au départ un corpus d'idées,transformées ensuite en politiques publiques. Le toutamplifié par les innovations technologiques. On nousexplique depuis qu'il n'y a pas d'échappatoire à ladérégulation/financiarisation des marchés ; on connaîtle mantra de cette idéologie : « Il n’y avait pasd’alternative. » Les libéraux dogmatiques ont imposél’idée que la concurrence, et non l’hostilité, est lasolution ultime. Autrement dit, la doxa libérale tentede dépolitiser les rapports sociaux et internationauxafin de conférer au Marché la fonction d’arbitresuprême.

Lorsque des fraudes ou des crimes surgissent sur lesmarchés financiers, le récit dominant est en généralcelui du fait divers, donc d'une narration sous l'anglebadin des dérives ponctuelles, et non de l'analysesystémique. On refuse de voir ce qui dans le systèmeles rend possibles, voire les suscite. En fait, on esttoujours plus ou moins dans la relativisation ou le déni.

Le diagnostic criminel est ou ignoré ou incomplet.On l’a vu au moment de la crise de 2008, ou dans lecas des banques HSBC et Wachovia aux États-Unis[accusées d’avoir blanchi des milliards de dollarspour le compte de narcotrafiquants mexicains - ndlr]par exemple. On se rend compte alors que la fraude faitpartie intégrante de certains business model financierset qu'elle a des effets macroéconomiques.

Aucune leçon profonde de ces crimes récurrentset à effets systémiques n’a été tirée. La preuveen est qu’aux États-Unis, épicentre de ces fraudesmajeures, des transactions pré-pénales avec lesautorités ont systématiquement été proposées auxbanquiers, afin d’éviter des procès publics. Ces ersatzde sanctions fonctionnent de fait comme de simplestaxes sur la fraude, ce qui permet, en l'absencede procès pénal digne de ce nom, de dissimulerles fautes des personnes. Le résultat final est unquasi-encouragement à la récidive. Cette absence deprocès publics représente un vrai problème, car lesfautes ne sont pas nommées et les responsabilitésdemeurent floues. L'impunité est alors la norme.Combien de banquiers ont-ils été condamnés après lacrise de 2008 ? Aucun, à deux exceptions mineures.Pourtant, les populations ont été touchées suite à cesmalversations. La tragédie en partie criminelle nord-américaine de 2008 se reproduit aujourd'hui en Grècedepuis 2010.

L’économie a certes besoin de la finance. Mais ilfaut se poser la question essentielle : excessivementdérégulée et mondialisée, sert-elle encore l’intérêtgénéral ? La haute finance devrait être canalisée etramenée à ses vrais métiers de dépôts et de prêts. Maisnous avons renoncé à le faire depuis plus de quaranteans, alors qu’elle fait porter des risques immenses àl’ensemble des populations. Autrement dit, la financedevrait être un Bien commun, à l'image de l'eau oude l'air : or elle est devenue trop souvent un outil despéculation et de prédation.

En quoi la stratégie militaire peut-elle aider àcomprendre le pouvoir de la finance ?

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L’art militaire nous apprend certes à penser l'hostilitéet la caractérisation de l'ennemi, mais aussi le pouvoir,la puissance et les destructions. La confrontation peutêtre masquée mais elle est réelle. Cette puissancefinancière a des conséquences sur la vie de tous : onen meurt, on en souffre. Qui peut envier aujourd'huile destin des Grecs étranglés par des dettes dont ils nesont pas totalement responsables ? Ou hier des Noirsaméricains et plus largement des classes moyennespris dans les rets des prêts prédateurs ?

Une note d'espoir cependant. Les voies d'une sortieexistent. Pour cela, il convient de commencer parnommer correctement les choses, en posant undiagnostic juste ; en l'occurrence savoir sortir desexplications bienséantes en sachant discerner la partimportante de criminalité existant dans les désordresfinanciers contemporains. Le peuple souverain ale droit de savoir et de comprendre, au-delà desdiagnostics convenus. La seconde étape est claire etles Islandais, dont je parle longuement dans mon livre,ont été exemplaires sur ce point : résister, dire « non »par des moyens démocratiques. Rien n'est compliquéen réalité quand l'horizon intellectuel est éclairci parun diagnostic juste et que les populations peuventréellement décider. Le cas islandais est de ce point devue plus qu'un cas d'école : un quasi-conte voltairien…

Je me suis volontairement référé à Clausewitz dansce livre. Le stratège prussien parle beaucoup de lanécessité de dissiper le « brouillard de la guerre ». Lebrouillard dont je parle n'est pas celui de l'incertitudedu combat, mais celui de l’opacité et de l’asymétrie dessavoirs, savamment orchestrées par la haute finance ;en particulier en devenant propriétaire d'organes depresse ou en cooptant des économistes à gages.

Le système financier dispose du quasi-monopole desinformations pertinentes et des récits. Or le monopoledu récit, on l'a vu dans l'affaire grecque de manièrecaricaturale, permet toutes les manipulations. GeorgeOrwell a tout dit sur ce point dans 1984. La prétenduesociété de l’information est en réalité porteuse debeaucoup d'opacité. La médiasphère crée sa propre

réalité qui vient se superposer au monde réel. Or ce quin'émerge pas ou n'est pas perçu par la médiasphère estcondamné à ne pas exister.

La crise semble pourtant avoir ouvert les yeux àde nombreuses personnes. Beaucoup ont découvertà cette occasion un système, ou des pans d’unsystème dont ils n’avaient pas pris la mesureauparavant. Des candidatures politiques commecelle de Corbyn en Grande-Bretagne, de Sandersaux États-Unis, sont nées de cette prise deconscience…

C'est heureux. L’opinion publique prend consciencedu fonctionnement réel du système financier. Unepartie du brouillard paraît se dissiper, révélant despratiques frauduleuses et prédatrices, méconnuesdu grand public jusqu’alors. Mais les explicationsdominantes sur la crise ont malgré tout été d’unincroyable conformisme. La preuve en est : au boutdu compte, nous avons subi l'impunité pénale pour lesbanksters et l'austérité pour les populations. Et pour lacrise de 2008, le diagnostic sur le caractère systémiquede la fraude est resté marginal.

Des responsables politiques comme Corbyn ouSanders sont porteurs de cette prise de conscience,car ils sont fondamentalement keynésiens, ce qui nepeut que les rendre perméables à la variable criminelle.Ils suivent les traces de leur illustre prédécesseur, leprésident Franklin D. Roosevelt, qui ne cessa dansl'entre-deux-guerres de fustiger « l'argent organiséplus dangereux que le crime organisé ».

Le brouillard semble donc se dissiper par instants.Mais soyons pourtant sans illusion excessive :d'expérience, le brouillard se reforme rapidement. Àl'examen froid de l'architecture actuelle de la financemondialisée, que constate-t-on ? Depuis 2008, malgrédes déclarations politiques tonitruantes et des loisdites de re-régulation, rien n’a fondamentalementchangé. Beaucoup de bruit politico-médiatique pour,sinon rien, du moins pour des changements plutôtcosmétiques.

Est-ce que nommer les choses est suffisant ? Lorsde la campagne présidentielle, François Hollandea fait nommer les choses : « Mon adversaire, c’est

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la finance », avait-il assuré dans son discours duBourget. Mais cela n’a fondamentalement rienchangé…

L'idéologie dominante des élites médiatiques,académiques et politiques est un concentré delibéralisme et de libertarisme : Mai 68 plus la sociétédu Mont-Pèlerin. Dans l'ordre intellectuel français,Michel Foucault en constitue la synthèse la plusaboutie. Au demeurant, je suis convaincu que nousvivons en France un dévoiement de la pensée libérale.Un Raymond Aron, par exemple, ne se reconnaîtraitprobablement pas dans ce qu’est devenue la penséecommune de nos élites libérales/libertariennes, dedroite comme de gauche. Relisons sa très belle préfaceau livre de Thorstein Veblen, Théorie de la classede loisir, intitulée « Avez-vous lu Veblen ? », et onconstatera combien ce grand libéral n'était pas aveugle,lui, aux méfaits du marché sans limites…

Aux États-Unis, les critiques sur la finance toxiquesont plus fortes qu’en France, pays dont la plupartdes débats sont anesthésiés. Le « libre marché desidées » fonctionne mieux que dans notre pays.L’ordo-libéralisme, gravé dans le marbre des traitéseuropéens, est devenu notre idéologie commune. Nousacceptons, résignés et soumis, le pouvoir de la financesur les États et sur l’Europe.

Il est impossible d’agir seul face au systèmefinancier mondialisé, disent certains. La guerre est-elle perdue d’avance ?

Bien sûr qu’il est possible d’agir seul. L’exempleislandais est là pour le montrer. Il y a eu unsursaut populaire. Le peuple islandais a refusé laroutine politicienne de la migration des dettes vers lescontribuables, rompant avec l'axiome « socialisationdes pertes, privatisation des profits ». Les Islandaisont nationalisé les banques, instauré un contrôle deschanges, poursuivi les fraudeurs devant la justiceet des commissions d'enquête, aidé les ménagessurendettés et taxé les plus riches.

Les responsables politiques occidentaux sont pour laplupart en « vacances », pour reprendre la descriptionfaite par l'historien Hippolyte Taine des aristocratesde l'Ancien Régime dans Les Origines de la Francecontemporaine. On sait où cette passivité les aconduits. La question de la reprise de contrôle de lafinance est une question décisive pour l'avenir. C'est unsujet non pas technique mais profondément politique.Il faut comprendre qu’il y a de l’hostilité contre lespeuples dans les pratiques de la haute finance actuelle.Il est temps que nos responsables politiques admettentque nous sommes sur un champ de bataille.

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L’Art de la guerre financière, Jean-FrançoisGayraud

Éditions Odile Jacob. 21,90 €

Boite noire

Cet entretien a été réalisé le 18 avril. Il a été relu parJean-François Gayraud.

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