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Action Sociale Corporative Tribune royaliste du combat social N°20 ASC royalismesocial.com – 2012 1 Tribune du combat social ٠ VINCIT CONCORDIA FRATRUM ٠ Sociaux parce que royalistes L’ACTION SOCIALE CORPORATIVE POUR LES LIBERTÉS FRANÇAISES N°20 N°20 N°20 N°20 Juin 2012 royalismesocial.com

ASC N°20 - Les présidentielles ? Et après ?

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ASC N°20 - Les présidentielles ? Et après ?

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Action Sociale Corporative Tribune royaliste du combat social N°20

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Tribune du combat social ٠ VINCIT CONCORDIA FRATRUM ٠ Sociaux parce que royalistes

L’ACTION SOCIALE CORPORATIVE POUR LES LIBERTÉS FRANÇAISES

N°20 N°20 N°20 N°20 Juin 2012 royalismesocial.com

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Bibliothèque / Vidéothèque :

Le dernier Samouraï :

Le film s'inspire partiellement de la rébellion de Satsuma en 1877, une rébellion de samouraïs dirigée par Takamori Saigo contre l'armée impériale japonaise, et de l'histoire de Jules Brunet, un officier français qui démissionna de l'armée française par fidélité envers le dernier shogun Tokugawa Yoshinobu qui avait précédemment passé un traité d'amitié avec Napoléon III.

En 1876, Nathan Algren, un vétéran des guerres indiennes, est engagé par le politicien et conseiller de l'empereur Meiji, Omura. Celui-ci souhaite se débarrasser d'un ancien général de l'armée nippone, le légendaire samouraï Katsumoto, et engage Algren pour qu'il entraîne l'armée japonaise. Tandis que les conscrits japonais attendent dans une forêt dans le Yoshino l'arrivée des samouraïs, ces derniers attaquent et les massacrent. Algren est capturé et emmené dans le village du fils de Katsumoto, Nobutada, loin dans les montagnes. Peu à peu, Algren apprend à connaître et à

comprendre l'esprit du samouraï et cette antique sagesse qu'essaye de préserver Katsumoto. C'est aux côtés des samouraïs qu'il va prendre part à la fin de l'ancien ordre, guidé par son sens de l'honneur.

L’oligarchie au pouvoir :

Malgré les apparences, la France ne vit pas en démocratie !

Tout le monde en France croit vivre en démocratie. Et

pourtant, aucun citoyen ne croit que son bulletin de vote va changer quelque chose. Le pouvoir réel est oligarchique, c’est-à-dire dans les mains d’un petit groupe d’hommes. Le parlement n’a plus guère de pouvoir : l’élu de la majorité doit voter pour les projets de lois du gouvernement. Qui rédige ces projets ? Les hauts fonctionnaires non élus. De plus, des intérêts organisés font pression : grand patronat, grand syndicats, groupuscules qui se disent autorités morales, medias politiquement corrects.

Comment réconcilier les Français avec leur régime ?

En écoutant le peuple et sa vérité vécue, grâce aux référendums d’initiative populaire. Cette vérité est différente de celle des « experts », car vécue, « existentielle ». Qui suivra cette ligne ? La gauche ?

L’UMP ? Le FN ? Si la classe politique s’obstine à ne pas comprendre, seule la démocratie directe pourra délivrer les Français du pouvoir oligarchique en rendant la parole au citoyen.

- Nos maîtres : Henri Lagrange

P 3 à 5

LES PRESIDENTIELLES ? ET APRES ? :

- Lettre ouverte aux patriotes et nationalistes

Groupe d’Action Royaliste P 6

- Questions à M. Tournafond

P 7 - Quel régime pour la France ?

Olivier TOURNAFOND P 8

- La fatigue démocratique et les abstentions

Jean-Philippe CHAUVIN P 9

- Ces chers électeurs populistes Jean-Philippe CHAUVIN

P 9 et 10 - Les lendemains de la présidentielle

Jean-Philippe CHAUVIN P 10 à12

- Une élection faite et des problèmes déjà là...

Jean-Philippe CHAUVIN P 13

- De l’actuelle dictature de l’opinion...

Augustin DEBACKER P 13 et 14

- Les abus de la fiscalité républicaine

Olivier TOURNAFOND P 15

- J’ai vécu dans votre futur...

Vladimir BOUKOVSK P 16

- La civilisation d’Ancien Régime et ses bienfaits

Hadrien P 17 à 19

- Analyse d’une décadence

Marie-Madeleine MARTIN P 20

- Un nouveau contrat des peuples et pays de France

Benjamin GUILLEMAIND P 21 à 23

Contact : [email protected]

« Le dernier Samouraï» De Edward Zwick

2003

« L’oligarchie au pouvoir» D’Yvan Blot

Editeur : François-Xavier de Guibert

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Henri Lagrange (1893 - 1915)

"Nous sommes une génération sacrifiée..."

« Seule la tradition est révolutionnaire »

Charles Péguy « Les éléments caractéristiques,

singuliers, représentatifs d'une génération ne sont pas ceux qui acceptent sans contrôle l'atmosphère, les courants, les opinions de leurs époques ou de leurs aînés. Ce ne sont pas ceux qui cherchent uniquement à s'accommoder des usages et des lois de la vie. Ce sont ceux qui visent un rôle désintéressé et un objet supérieur, ceux qui ont des passions souveraines et sans limites, en un mot les fanatiques. »

H. Lagrange Au sein de l'AF se côtoyait des hommes

de haute noblesse, comme le glorieux descendant de ce maréchal de Montesquiou second de Villars au combat victorieux de Denain et des hommes comme Henri Lagrange qui se définissait comme : « le petit fils de l'homme du peuple qui porta au bout d'une pique, à travers les rues de Paris, un lambeau de la malheureuse princesse de Lamballe. » L'Action française était une synthèse de l'histoire de France ou s'y retrouvait toutes les couches de la société.

Il est né le 21 novembre 1893 à Paris

d'une famille originaire de Noyon, dans le Valois. En 1909, Maurras disait de lui :

« Henri Lagrange, le tableau du réel et du positif de son existence ; si je repasse ce qu’il a rêvé ou senti ; ce qu’il a été ou ce qu’il a fait, le compte de ces quelques années vertigineuses, cinq ou six tout au plus, apparaît aussi dense, aussi brillant, et grave, et fort que le mortel sacrifice qui les termine, et je ne puis m’empêcher de me dire : tout le monde n’a pas été Henri Lagrange, tout le monde n’a pas goûté cette vie violente à vingt ans…Le Quartier Latin le salue un des princes de la jeunesse, de toutes les jeunesses, car sa flamme nationaliste, son activité royaliste ne souffrent ni obstacle ni opposition. Le pouvoir persuasif de son éloquence porte dans les âmes adverses un découragement voisin du désespoir. »

Quel exemple que cette jeunesses ardente à l’heure du prêt à penser, de l’univers feutré du cocooning et de ce que Bernanos dénonçait en parlant des cornichons que l’on

gardait dans des pots à l’abri de l’air…Bref un univers dévirilisé, standardisé qui avance vers la société de robots…

Il était de toutes les actions et

manifestations. Il revendiquait toujours la première place, celle du risque et du danger. Une jeunesse débordante de vie, de l’étoffe dont on fait les héros. C’est l’époque où se retrouvaient, près du Jardin du Luxembourg, les nationalistes, les syndicalistes et les anarchistes. Des hommes tels que Bernanos, les amis de Janvion, Eugène Merle, Léo Poldès se retrouvaient dans les cafés. Des contacts étaient établis avec Soudy, Bonnot, Victor Serge…

Le 12 novembre, il fut arrêté lors d'une bagarre à la sortie de la salle des Sociétés savantes. Il n'avait pas seize ans. En décembre de la même année, il participa aux manifestations quotidiennes dirigées contre le doyen de la faculté de droit de Paris, Charles Lyon-Caen. Le 23 juin 1911, il fut arrêté, il a alors 17 ans, condamné à 6 mois d’emprisonnement avec toutes les humiliations et les vexations nécessaires prodigués par la police du régime : menottes, douche, photo, sans nourriture durant un jour et demi, pas de livre ni papier…

A l’occasion des fêtes organisés à Rouen

pour le millénaire du rattachement de la Normandie à la France (traité de Saint-Clair-sur-Epte), il avait conspué le président de la république Armand Fallières, en acclamant la Normandie et le Roi…Le régime

d’emprisonnement des assassins qu’on lui infligea souleva de nombreuses protestations, les signatures des pétitions démontraient l’intérêt et l’influence que pouvait avoir le jeune homme sur l’élite intellectuelle de son époque. On relève notamment dans les protestations les signatures de Guillaume Apollinaire, Frédéric Mistral, Pierre Loti, Francis Jammes, etc.. Il ne sera libéré que le 8 novembre...

Il écrivit à cette occasion dans sa cellule:

« Réjouissons-nous un instant, en passant, de la bêtise démocratique. Nos gouvernements savent qu’on ne fait vivre un Etat que par l’arbitraire. Mais cet arbitraire salutaire, s’il dépend d’une volonté royale, devient pour eux le meilleur instrument de suicide.»

Henri Lagrange représente le type même du combattant dans la rue, ce que Léon de Montesquiou, disparu aussi en 1914 illustrait en disant : « Réformer chacun de nous, et c’est peut être là, en effet que serait la vraie œuvre politique solide et durable…»

En 1910, il collabora à la "Revue critique

des Idées et des Livres" et fut l’instigateur avec Georges Valois des « Cercles Proudhon » (décembre 1911 à 1914) destinés à rapprocher nationalistes et syndicalistes. Ces cercles étudiaient les problèmes économiques et sociaux afin d’y découvrir les conditions de l’Ordre Français. L’action allait bon train avec la pensée, il s’agissait de préparer le renversement de la république…Henri essayait de créer des ponts avec l'extrême gauche, non encore polluée par le marxisme, le syndicalisme révolutionnaire de Georges Sorel (Réflexions sur la violence) et la pensée Maurrassienne, dont les troupes de choc avaient quelquefois fraternisés avec les têtes pensantes de l'anarchie en prison.

« Malgré la sévère surveillance exercée par tous les mercenaires de la ploutocratie internationale, des citoyens français, nationalistes et syndicalistes, franchirent les barrages policiers, et se rejoignant, connurent qu'ils étaient de même chair et de même langue, et pareillement ennemis des utopies démocratiques et de la tyrannie capitaliste »

H. Lagrange

Nos maîtres

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Les républicains avaient enfermés les chefs des deux groupes en pensant qu'ils s'affronteraient et c'est le contraire qui arriva. Ils chantèrent ensemble le "Vive Henri IV" et "L'Internationale"...Ils s'unissent dans un but commun : abattre la démocratie bourgeoise et libérale.

Ecoutons Henri Lagrange : « en étudiant, en analysant, en

pénétrant aussi profondément la vie syndicale, Georges Sorel a permis à des -Français, qui se croyaient ennemis jurés, de s'unir pour travailler de concert à l'organisation du pays français ».

L’école royaliste est à l'époque un puits de recherche et de pensée. La conférence d'ouverture du Cercle a lieu le 16 décembre 1911. A la tête, deux syndicalistes révolutionnaires : Marius Riquier et Edouard Berth (Jean Darville), qui adhérera à L'Action française mais s'en éloignera pour rejoindre le Parti Communiste...Se joindront les royalistes Georges Valois, Gilbert Maire, Henri Lagrange, René de Marans, André Pascalon. Albert Vincent, républicain fédéraliste deviendra royaliste. Proudhon représentait pour cette jeunesse bouillonnante, comme l'écrivait Pierre Becat (voir mon article sur Proudhon), de nombreuses similitudes de pensée avec le courant Maurrassien. On y retrouve le souhait d'une organisation du travail, d'une société fédérale, du retour à une citoyenneté limitant l'emprise d'un Etat et l'appel à l'ordre.... « Plaçons-nous au point de vue français, intrinsèquement lié au point de vue européen » (Proudhon). Pierre Monnier citait une note liminaire dans "Vingt ans en 1914" :

« Le syndicalisme et le nationalisme, tel fut le sujet ordinaire des innombrables discours lancés à travers la France par cet orateur de 18 ans, devant des salles immenses, bondées, houleuses, rebelles ou enthousiastes que le frêle et pâle jeune homme maîtrisait, conduisait, instruisait. »

Ces Cinq cahiers paraîtront de 1912 à 1914 avec essentiellement développé les écrits de Proudhon et Sorel, comme disait Valois : «préparé la rencontre des deux traditions françaises qui se sont opposées au cours du XIXe siècle : le nationalisme et le socialisme authentique, non vicié par la démocratie, représenté par le syndicalisme».

Georges Bernanos se joindra au cercle. « Le cercle d'études sociales que nous avions fondé, écrit-il dans les Grands cimetières sous la lune, portait le nom de Cercle Proudhon, affichait le patronage scandaleux. Nous formions des vœux pour le syndicalisme naissant. Nous préférions courir les chances d'une révolution ouvrière que compromettre la monarchie avec une classe demeurée depuis un siècle parfaitement étrangère à la tradition des aïeux, au sens profond de notre histoire »

Il disait aussi : « Un monde gagné par la technique est perdu pour la liberté…Aussi sommes nous libre de penser que le véritable défenseur de la légitimité révolutionnaire est le prince très chrétien ». Bernanos parlera aux jeunes d'après guerre de Lagrange :

« La nouvelle génération fut manifestement marquée du signe de son sacrifice. J’ai vu tout frémissant d'une impatience sacrée le jeune Lagrange pareil à un pressentiment vivant. »

La première guerre mondiale et la Révolution Bolchévique, mettront fin à ces travaux de rapprochement. Un laboratoire d'analyse et non des réponses toutes faîtes pour l'immense question sociale dans les travaux du Cercle. Les syndicalistes "révolutionnaires" du XXIe siècle sont bien trop bercés d'humanitarisme ou pénétré de marxisme-léninisme pour envisager sérieusement une réflexion commune avec les monarchistes sur les conditions nécessaires à l'émergence d'un nouvel ordre social français...

L'expérience de Rouen fut un tremplin

pour ce jeune homme plein d'ardeur, qui se fit remarquer tant dans l'organisation que pour les actions à mener. Cette jeunesse pleine de vivacité faisait naître la jalousie et l'envie dans le monde politique tant conservateur que révolutionnaire. Les Camelots tenaient le "pavé parisien" et faisaient l'évènement." La conduite tenue sur les champs de bataille par les mêmes jeunes gens dont on connaissait la générosité et la vaillance dans les échauffourées des rues y servira." Dans la rue comme sur les champs de bataille, ils feront dans le sacrifice pour la France, qu'ils désiraient royale sous la protection de Jeanne d'Arc, leur patronne, actes de bravoure, bonne humeur et clairvoyance. Lui qui disait à ses troupes : « dans la main une bonne canne, dans la poche un bon livre »... Il fut de ceux qui imposèrent à la république le culte de Jeanne d'Arc, au prix cumulé de 10000 jours de prison...

Avec ses amis royalistes, Pierre Dumoulin, André d'Harmenon et Alain Mellet, ils animèrent durant quelques mois une revue littéraire, Le Mail, revue qui publiera une des premières nouvelles de Bernanos...En 1911, se fit remarquer par ses écrits sur Gérard de Nerval, parlant du Jean Christophe de Romain Rolland, d'Hugues Rebell (Georges Grassal de Choffat) ayant participé à « L'Enquête sur la Monarchie » de C. Maurras et disparu en 1905...

De 1910 à 1913, les réunions publiques

s'enchaînèrent dans les faubourgs parisiens, il prenait la parole et souvent cela se terminait en bagarre. Henri Lagrange était un passionné, tour à tour orateur, écrivain, journaliste, conférencier, écoutons le, contre le

"régime infâme de l'or...nous verrons s'élever sur le sol français de franches et joyeuses républiques." Il succéda à Pierre de Pimodan, en 1912 au poste de secrétaire général de la Fédération des étudiants d'Action française. Jusqu’en 1913, avec Maxime Brienne (compositeur de la Royale") et André Blot, il écrit dans "Leurs Figures" et égratigne le personnel politique républicain (Poincaré, Briand et même Barrès). Il prend une part active à la campagne pour la loi des trois ans de service militaire en 1913, «Sa figure n'était ni belle, ni gracieuse, elle ne respirait que l'énergie », dira de lui Louis Dimier.

Durant l'hiver 1913, les conférences se

succédaient dans le Quartier Latin, en emportant une sympathie grandissante de la jeunesse vers l'Action française. Les locaux du 33, rue Saint-André-des-Arts, fief des jeunes d'AF, occupés jusqu'à la seconde guerre mondiale.

« Un jour, avec son grand ami Octave de Barral, qui est tombé trois mois avant lui, Henri Lagrange avait mené au fond du XVIIIe arrondissement de Paris une expédition pleine d'audace; le succès en avait été complet. Mais, comme nous traversions une heure où il fallait modérer plus que stimuler, je dus lui dire gravement qu'il avait été plus heureux que sage.

- « Ah ! fit-il... Mon cher maître... » Ce fut un cri. Il l'acheva du trait de foudre qui étincela dans le champ violet sombre d'un splendide regard. Ainsi me criait-il que la volonté et la passion de la sagesse étaient devenues tout son cœur. Ainsi avait dû se cabrer quelque jeune Grec un peu gauchement repris par le maître d'école... »

C. Maurras Dans « Vingt ans en 14 », Maxime

Brienne chansonnier et auteur de La Royale et le Docteur Tournay, ont réuni quelques uns de ses écrits, un de ses compagnons parlant de lui disait :

« Désormais, nous allons voir l’action, dans ce qu’elle a de plus effectif, prendre dans la vie d’Henri Lagrange une place croissante à côté de l’étude et de la pensée. Il était dans son caractère de ne pas se contenter de l’adhésion du disciple. Elle l’entraînait immédiatement à la vie batailleuse du partisan. Un côté qui frappait et même étonnait ses intimes, c’est que cette force de passion qui, chez la plupart, ne va pas sans une simplicité, de vision unilatérale et limitée, une certaine forme de bridement ou d’aveuglement en partie voulu, se doublait au contraire chez Henri Lagrange d’une observation aiguë

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exprimée en traits d’une ironie féroce et impétueuse qui eût été volontiers corrosive et dissolvante.

Pour lui, l’action était une hygiène. Il le dit plus loin, elle est le seul moyen de fuir la vision de l’écoulement des choses du monde, de nous-mêmes, qui fait de la vie une mort anticipée éprouvée mille fois, à laquelle il ne nous est donné d’échapper qu’en nous dévouant à une idée, une cause, un être durable, éternel, qui, au moyen d’une sorte d’identification, nous procure l’illusion de sa propre pérennité. Cette illusion n’est pas un opium artificiel et égoïste. Obtenue seulement au prix de la sincérité et de l’oubli de soi, elle ne nous empêche pas de voir. « Agir, mais sans être dupe, et agir quand même », répétait souvent Lagrange en un raccourci que comprenaient ses familiers. »

Quand on lit ces quelques lignes, on distingue ce personnage animé comme le dira Maurice Barrès d’une «violence sacré »…

A travers cette description où la fougue et

la raison semblent être mêlées, Lagrange apparaît tel un héros grec des temps antiques en quête de grands combats… « La jeunesse légitimement fière de courir une belle aventure, affrontera la mort, s’il le faut, pour que la France vive éternellement» disait Charles Maurras. Il se brouillera un temps avec le mouvement d’AF, il perçut l’opportunité d’un coup de force en 1913 dans sa bravoure sans borne. Il sentait que c’était le moment, des sympathies existaient dans les milieux anarchistes. Des journaux d’extrême gauche n’avaient-ils pas écrit que devant la pourriture du régime les révolutionnaires regarderaient les bras croisés, les Camelots du Roi faire le ménage et jeter à bas la république. Il faut dire comme le disait Roger Nimier : « Les camelots du Roi en 1910 étaient la première bande révolutionnaire d'Europe »…

Sentait-il la guerre venir, certainement. Il agissait comme sentant le manque de temps devant lui. L’ultime combat à mener, vaincre ou mourir…Lors du décès d'un ami, Henri dit :

« Tous vont tomber ainsi !...La plus belle des générations succombe pour racheter la faute de ses aînés que son adolescence a perçues, dénoncées, combattues. Elle était marquée du destin ».

En septembre 1914, il s'engage

comme volontaire et sa vaillance lui fait rapidement gagner le grade

d'adjudant (103e régiment d'infanterie) avec 3 citations à l'ordre de l'armée :"Il était plus que jamais tout génie et tout héroïque...Il était extraordinaire à la fois de confiance et d'esprit de sacrifice résolu" (Maxime Brienne). Il mourut le 30 octobre 1915 à l'ambulance de Montereau, des suites de ses blessures survenues le 6 octobre à Uberive-sur-Suippe. Il n'avait pas vingt-deux ans.

Henri Lagrange retrouva la foi au sein de

l'AF, selon les dires de Maurras : « Dom Besse peu de mois avant la guerre,...entreprenait et réussissait une conquête difficile et qui fut brillante, la conversion au catholicisme du jeune Henri Lagrange, si doué sur le plan de l'intelligence, mais d'une violence native si forte qu'on imagine le baptême d'un nouveau Clovis : jamais le nouveau saint Rémi ne perdit sa sainte patience... » (Tombeaux).

Ce moine bénédictin monarchiste marquera fortement la personnalité de Bernanos (Voir : Vingt ans en 1914, Au dessus de la Mêlée de Romain Rolland).

Léon Daudet dans ses souvenirs,

évoquera un « jeune homme d'une intelligence surprenante, en qui s'annonçait une carrière littéraire et philosophique de premier plan ».

Maurice Barrès l'évoqua dans ses Familles

spirituelles de la France : « Henri Lagrange avait donné corps,

par la politique royaliste à tous ses rêves, à tout ce qu'il y a de plus insaisissable et de plus secret dans les mouvements d'une jeune âme. ».

« J'aime cette pierre du torrent, pleine d'étincelles. Combien cet adolescent, à son propre insu devait être romanesque...un camelot du roi âgé de quinze ans est sûrement un prodige de romanesque, et je sens bien qu'Henri Lagrange avait donné corps par la politique royaliste à tous ses rêves. » Disait Maurice Barrès

Ecoutons-le une dernière fois : « J’ai rêvé, entre quinze et vingt ans,

d’accomplir une œuvre immense avec une génération dont j’étais, par le hasard des événements, devenu l’un des chefs.»

Son frère Frédéric Lagrange se présentera sur une liste d'AF aux législatives après guerre...

Que reste-t-il, aujourd'hui plus qu'hier et

demain plus qu'aujourd'hui ? Le combat syndical reste d'actualité et la

résistance face au nouvel ordre mondial aussi. Ce combat demande une union au delà des groupes politiques et partisans. La sauvegarde de nos spécificités culturelles, historiques et identitaires exige une union au delà de la droite et la gauche, dans un

compromis assurant notre survie en tant que nation. Les combats comme celui de l'emploi, de la lutte contre les délocalisations, la justice sociale et certains acquis sociaux menacés (jours fériés, dimanche...), la défense de notre Francophonie et des spécificités régionales, la déréglementation communautaire des conditions de travail. Bref des raisons de vivre libre.

« Peu d'âmes auront su en

aussi peu de temps, à cette vitesse, le fort, le faible, le fugace ou le durable des engouements, des liaisons courantes et des liens immortels»

Frédéric Winkler

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Les présidentielles ? Et après ? :

Lettre ouverte aux patriotes et nationalistes :

Aujourd'hui le système bipartisan

UMPS est encore victorieux ! Rien de nouveau sous le soleil,

« Sarkollande », désormais un peu plus Hollande que Sarkozy, continuera son travail de destruction de la France et le Français moyen, dans la logique de la société de consommation et de distraction, continuera à ne s'intéresser qu'au dernier match de foot ou autres séries de télé réalité.

Et qu'en est-t-il des forces qui se

disent nationalistes ou se veulent patriotes, après ces présidentielles ? Tout ce petit monde si fier d'avoir mis un petit bulletin "Le Pen" lors du premier tour. Et après avoir constaté que les deux candidats sortant ne sont ni plus ni moins que les représentants de la dynastie UMPS anti-France, que font ces patriotes-là ? Rien ! Pour beaucoup, ils se disent « à dans cinq ans : on revotera le Front et cette fois-ci j'en suis sûr, on passera ! »… Illusions, comme d’habitude : les cimetières de l’histoire en sont remplis !

Et pendant ces cinq années avant les

élections de 2017, hormis grogner devant son poste de TV en guise de commentaire face à l'actualité, que feront les forces patriotiques, qu’elles suivent une Le Pen ou telle autre personnalité comme un Dupont-Aignan ou, même, un Chevènement ? Rien !

Une fois de plus, encore, le sortilège des

élections a frappé d'inertie ceux qui, par leur amour ardent de la France et au-delà même des étiquettes, seraient pourtant les seuls à même d'incarner le salut pour la France. Victimes de ce syndrome que l'on rencontre si souvent dans les casinos, où un joueur persuadé qu'il gagnera le "Jackpot", met sa pièce dans la machine à sous, tire sur le manche et....perd ! Mais ce n’est pas grave, se dit-il, la prochaine sera la bonne ! Il se motive à volonté, mais la prochaine, il perd aussi ! Il ne voit pas le temps passer et au final, après s'être littéralement ruiné, il constate qu'il a bel et bien perdu ! Mais ce n'est pas grave, se dit-il, la prochaine fois sera la bonne, attendons la fin du mois, histoire de se renflouer...

Malheureusement ce genre de scénario

est très courant dans les jeux d'argent des

casinos, et nous savons pertinemment où peut mener ce sinistre cercle infernal basé essentiellement sur l'espoir éventuel d'un hypothétique "jackpot" !

Ce qui est d'autant plus triste dans ce

symptôme d'addiction aux jeux, c'est qu'il apparaît également parmi les électeurs dits "populistes" (étiquette appliquée parfois sans aucune nuance, et même, à tort, par les médias…) ! Ils se persuadent que le parti pour lequel ils ont voté passera, ils mettent alors leur bulletin en encourageant un maximum de personnes autour d'eux à en faire de même. Mais malheureusement, leur parti ne gagne pas ! Tant pis se disent-ils, on remettra ça dans cinq ans ! Tout en se satisfaisant malgré tout du score élevé de leur parti ! Mais le FN, car c'est bel et bien de ce parti qu'il s'agit, celui-là même qui revendique concentrer « toutes » les forces nationalistes et patriotiques ; le FN depuis 1972, n'a jamais fait mieux que franchir, presque par accident, le cap d'un 1er tour de présidentielle en 2002 ! Mais ce n’est pas grave, disent ses zélateurs ! Dans cinq ans, on remet ça ! Et puis si ça ne passe pas, et bien on recommencera dans cinq ans ! Et ainsi de suite jusqu’à la fin des temps…

Et pendant ce temps là, le pays se

désagrège sous la poussée d’une mondialisation débridée ! Pendant cinq

années, les forces nationalistes et patriotiques restent et resteront, comme d’habitude, inertes ! Pas de grandes activités salvatrices car tous les espoirs sont mis dans

un simple bulletin de vote, distraction démocratique coutumière, et ce système joue avec les électeurs

comme la machine à sous joue avec l'espoir d'un jackpot !

Nous espérons seulement qu'un jour,

si possible proche, les nationalistes, ou patriotes, ou royalistes et autres amoureux de la France, quelles que soient leurs autres convictions politiques, philosophiques ou religieuses, cessent de rester les bras croisés en regardant le

« circus politicus » pendant cinq ans ou en mettant (en vain) tous leurs

espoirs dans un parti dont on n’aura jamais l'assurance qu'il puisse passer un jour ou l'autre. La roulette russe

n'est pas la meilleure des politiques et si la solution n'est pas ou n'est plus dans les urnes, alors elle ne peut être que dans le quotidien de vos actions.

A vous, enfants de France perdus dans

une mondialisation qui n’est heureuse que pour les puissants, cessez de mettre tous vos espoirs sur les seules élections, c'est un cercle vicieux qui vous rend inoffensifs, vous désarme face aux forces de l'anti-France !

Vous voulez le bien effectif de votre, de

notre nation ? Alors, agissez concrètement pour elle, soyez militants 24 heures sur 24 ! N’attendez rien de ce système qui « promet pour mieux trahir »…

Seule l’action quotidienne, humble mais

motivée, politique et éminemment royaliste parce que véritablement française, peut changer le cours des choses… Alors, en parodiant le slogan du nouveau président : Continuons le changement, travaillons à instaurer la Monarchie !

Groupe d’Action Royaliste

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Questions à M. Tournafond : Voici une petite série de questions que

nous avons envoyé au professeur Olivier Tournafond, au sujet des élections présidentielles.

Nous remercions M. Tournafond pour avoir eu l'amabilité d'y répondre :

GAR : Que pensez-vous globalement du

principe démocratique consistant seulement à nommer un président de la république ?

O. Tournafond : Il n'y a pas que le

Président de la République qui soit élu. Toutes les fonctions politiques donnent lieu à une élection. Mais la manière dont ces élections sont organisées a permis progressivement à une oligarchie d'arrivistes de confisquer le pouvoir à son profit et l'élection du président est seulement la plus médiatisée. Elle permet de transformer en dictateur temporaire un chef de parti, qui souvent ne représente guère plus que 15% de l'ensemble du corps électoral. C'est un système pervers et artificiel, une "démocratie d'apparence", ce qui explique le taux d'abstention massif actuellement constaté.

GAR : Tous les "démocrates" de la république qui sont si prompts

à donner des leçons de démocratie au monde entier, quelle leçon de démocratie leur donneriez-vous ?

O. T : Je leur conseillerai de mettre en place des mécanismes de

démocratie directe comme en Suisse permettant au peuple de contrôler véritablement la vie politique. Sinon la prétendue démocratie n'est qu'une oligarchie de mafieux. Une fois mis en place ces mécanismes (votations populaires, référendums vétos, mandat impératif, etc...) on pourra y voir plus clair et on essaiera de dégager des autorités arbitrales reposant sur la compétence et le respect de la tradition française. Le peuple souhaite lui-même être encadré par des

autorités légitimes. Un roi sera nécessairement plus légitime et représentatif qu'un ambitieux qui ne représente qu'un français sur dix...

GAR : Comment expliquez-vous

l'engouement que peut susciter les présidentielles chez les français ?

O. T : On touche là à l'inconscient collectif.

C'est un spectacle assez sordide, assez malsain, comparable aux jeux du Cirque à Rome. Sauf qu'ici ce ne seront pas les gladiateurs qui seront mis à mort, mais les citoyens minoritaires qui se verront obligés de subir la dictature implacable du parti gagnant. La démocratie suisse ignore ce genre de mise en scène à grand spectacle et la Suisse est le pays le plus prospère du monde.

GAR : Le vote blanc fait-il parti selon vous

du jeu démocratique ou faut-il effectivement l'ignorer ? O. T : Le vote blanc doit évidemment être pris en compte et on doit

considérer que si les votes blancs l'emportent il n'y a pas de quorum. Le vote blanc est une manière d'indiquer que l'offre politique n'est pas satisfaisante.

GAR : Quel avenir donnez-vous à la cinquième république avec

son principe actuel de fonctionnement ? O. T : Peu de temps en vérité, mais "peu de temps" peut-être

encore long à l'échelle de l'histoire : 2 ans ? 5 ans ? 10 ans ? Ce régime devrait tomber malgré tout tant il est usé et (justement)

méprisé par la population. Il tient par sa seule force d'inertie et par la complicité de ceux qui en profitent. Mais sa chute est à terme inéluctable car les forces d'érosion qui le travaillent sont plus fortes. Un philosophe à dit "Tôt ou tard les forces de la Nature l'emporteront".

Ouvriers, employés, chômeurs, patrons...etc. Si l’ASC vous intéresse, n’hésitez pas à nous envoyer tous les renseignements dont vous pouvez disposer sur l’exercice de vos professions et les abus dont il convient de poursuivre la réforme. Devenez acteur d’une économie plus humaine libérée du règne de l’argent : [email protected]

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Quel régime pour la France ?

Notre grand poète Alfred de Vigny, à qui on demandait quel est le meilleur gouvernement possible, avait répondu : "C'est celui dont on entend le moins souvent parler et qui coûte le moins cher au citoyen".

Une telle définition correspond aussi bien à une monarchie qu'à un système comme la Suisse où les institutions fonctionnent d'elles-mêmes pour rechercher le bien commun au-delà des clivages idéologiques. Et quand il y a des difficultés, la population et ses élites se concertent pour trouver une solution acceptable pour tous. Si c'est impossible de trouver un compromis, le Roi arbitre ou soumet la question au référendum.

Voilà le régime qu'il faudrait à la France. Comme un tel régime marche bien (voir la

Suisse), on n'en parle guère et chacun vaque à ses occupations.

Par contre le système que nous connaissons pourrait, à l'aune de la réflexion de Vigny, est considéré comme le pire gouvernement possible.

C'est un gouvernement extraordinairement coûteux et totalement inefficace. Le pays va

de plus en plus mal et tout s'aggrave. Mais on en entend parler à longueur de journée et tout le monde est énervé au dernier degré.

Dans cet Etat, qui porte le nom de Cinquième République, une clique d'arrivistes forcenés et de dangereux démagogues sont parvenus à accaparer le pouvoir au nom de la "Démocratie", érigée au rang de divinité des temps modernes. Pour détourner l'attention du Peuple, qui est à la fois accablé, dépressif et impuissant, on organise périodiquement avec l'aide des médias, grands prêtres de cette nouvelle religion, d'immenses jeux de rôle nationaux. Ces jeux de rôles qui rappellent les jeux du cirque à Rome, portent le nom "d'élections".

Personne ne sait trop bien pourquoi il vote, mais il espère surtout obtenir l'éviction de l'oligarque au pouvoir détesté et méprisé. Ainsi le système repose essentiellement sur la haine de celui qui dirige, haine qui est constamment attisée par les clans rivaux, adversaires en apparence, mais en réalité complices. Encore une fois, c'est un jeu de rôle, une scène de théâtre. Comme dans une corrida, l'attention de la proie (ici le Peuple) est dirigée vers quelque chose de secondaire, un chiffon rouge que l'on agite devant lui.

Du coup l'électeur ne prend pas garde au fait qu'un autre oligarque le remplacera nécessairement, parfois pire encore. Mais paradoxalement, l'échec entretien le système car tout est organisé pour que le peuple ne puisse pas véritablement secouer ses chaînes.

Pendant ces campagnes électorales, périodiques, ruineuses et inutiles, chaque clan met en accusation une autre partie du pays : les pollueurs, les riches, les fonctionnaires, les "marchés", les immigrés, etc... Chaque clan jure qu'il résoudra les problèmes à sa façon et qu'il punira les méchants, notamment les méchants contribuables de la classe moyenne. Il les punira financièrement par la taxation à outrance. Il promet aussi de donner aux victimes de la société : les étrangers, les homosexuels, les délinquants, etc...La place qui leur revient et les droits dont ils ont été injustement privés pendant des siècles, voire

des millénaires... En réalité tout le monde sait

pertinemment qu'il ne résoudra rien du tout et que tout ira encore plus mal après. Mais cela soulage sans doute sur le moment l'électeur irrité...

Une fois les élections passées, comme après la prise d'une drogue, le peuple découvre avec consternation qu'il a été encore une fois berné. Mais on lui explique doctement que c'est de sa faute et que tous les autres systèmes sont pires encore. Churchill l'a dit il y a 70 ans, donc c'est forcément vrai...Et la descente aux enfers continue...Et les oligarques ricanent de plus belle, se réjouissant entre eux de l'incroyable stupidité des français !

Telle est la République dans ses pompes et dans ses oeuvres !

Tout cela est évidemment grotesque. On en rirait si nous n'étions pas pris en otage dans cette machination perverse.

Les solutions existent; elles sont simples au fond. Il faut d'un coté de vraies élites et une autorité, de l'autre une implication du peuple dans la gestion politique, en particulier au niveau local.

Mais dans l'état actuel des choses, les oligarques au pouvoir n'ont aucun intérêt à mettre en oeuvre des solutions. L'objectif de la République n'est pas de sauver le pays, mais d'assurer sa survie.

Un médecin avait écrit un ouvrage célèbre dans les années soixante qui s'intitulait "Le silence des organes". Il montrait que dans l'état de santé, on ne prête même pas attention aux organes de son corps, tandis que dans la maladie on les entend souffrir et grincer on est à l'écoute de toutes les réactions du corps, on note tout...

De ce point de vue il est évident que la France est un pays gravement malade et drogué par des charlatans.

Olivier Tournafond

− T−Shirts à faire vous−mêmes avec des motifs proposés !

− Objets divers royalistes − Brochures et livres

− Autocollants et affiches royalistes

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La fatigue démocratique et les abstentions... A quelques jours du premier tour de

l'élection présidentielle, le bilan que l'on peut tirer de la campagne électorale est mitigé : si nombre d'idées intéressantes ont été développées par les uns ou par les autres, leur intérêt et leur crédibilité dépendent évidemment de la possibilité de leur application d'une part, de la volonté de les mettre effectivement en pratique d'autre part... Et je ne suis pas sûr que les candidats, quels qu'ils soient, croient toujours en ce qu'ils avancent ! Cette démagogie est agaçante même si elle est sans doute inhérente au jeu électoral lui-même qui force à promettre plus que l'on ne peut effectivement tenir, l'important étant, en fait, de faire le meilleur score possible pour pouvoir espérer exercer le Pouvoir ou peser, d'une façon ou d'une autre, sur lui.

Cette désagréable impression d'une

grande tromperie, même si on peut parfois la trouver exagérée et, dans certains cas, déplacée, peut permettre de mieux expliquer la montée de l'abstention qui corrode sérieusement la légitimité démocratique des postulants et de celui qui sortira vainqueur de la confrontation des deux tours. Bruno Frappat évoquait jadis « la fatigue démocratique » et celle-ci ne se dément pas ces dernières années, surtout depuis le déni gouvernemental, parlementaire et européen du scrutin référendaire de mai 2005 : j'entends souvent cette récrimination contre les partis et contre l'Union européenne qui n'ont pas respecté le vote (officiellement...) souverain des électeurs français (et néerlandais aussi par la même occasion), et l'ont contourné quelques années après par la ratification simplement parlementaire d'un « mini-traité »

(sic !) quasi identique au traité constitutionnel rejeté en 2005.

L'Europe n'a pas accepté les avis négatifs des

Français et des Néerlandais, mais c'est la démocratie qui a été défaite par l'attitude hautaine des institutions

européennes à l'égard des "dissidents"...

Ce discrédit de la démocratie « légale »

est une réalité qui, pourtant, ne doit pas empêcher de faire de la politique et de s'exprimer, y compris par le vote. Si je peux comprendre l'abstention, je n'en fait pas pour autant la promotion, comme je n'en fais pas non plus la dénégation systématique : je distingue d'ailleurs « l'abstention de confort »

(souvent liée à une certaine paresse civique ou à un tout aussi certain fatalisme politique) de « l'abstention de combat » qui est l'aboutissement d'une réflexion politique et qui est revendiquée et argumentée, comme celle du royaliste Lorant Deutsch, par exemple.

Quant à moi, puisque la question sur

mes intentions de vote m'est régulièrement posée, je rappelle que, depuis 1981 et pour la seule élection présidentielle je glisse toujours le même bulletin éminemment symbolique (et personnel, car cela n'engage que moi et non ceux qui partagent les idées royalistes que je prône aussi...) : un bulletin fait à la main, orné d'une belle fleur de lys et portant juste l'inscription « vive le roi »... Ma parole politique, ceux qui me lisent le savent bien, ne se limite pas à un carré de papier et, pour cette élection si particulière et qui touche au coeur même du système, je préfère le symbolique au choix du « moins pire »...

Ce qui ne m'empêche pas, aux autres

élections (législatives, cantonales, municipales, régionales, professionnelles, etc.) de choisir entre les différents noms ou listes proposés...

Un royaliste n'est pas un exilé de

l'intérieur, mais un citoyen actif, « par tous les moyens même légaux »...

Jean-Philippe Chauvin

Ces chers électeurs populistes... Les grandes manœuvres électorales

battent leur plein entre les deux tours, comme d'habitude en pareille occasion. Aujourd'hui, c'est le Front National et ses électeurs qui sont l'objet de toutes les attentions, à droite comme à gauche, et non plus seulement, en fait, pour le dénoncer bruyamment comme en 2002 ou lors des autres élections, mais pour mieux « comprendre » ou pour « ramener dans le droit chemin » les électeurs « égarés » que seraient ceux qui ont voté pour madame Le Pen...

J'ai ressorti mes sept boîtes-archives de

l'élection présidentielle de 2002, et la lecture des feuilles d'il y a dix ans est fort instructive pour qui sait lire, et pas seulement entre les

lignes, tout comme celles de la campagne référendaire de mai 2005 et celles des émeutes de banlieue de l'automne suivant : en fait, les discours de l'époque ne sont pas si différents de ceux d'aujourd'hui ! A chaque fois, il est dit (jusqu'au sommet de l'Etat et dans les instances de l'Union européenne) qu'il faut s'attaquer aux « vrais problèmes » qui alimentent les votes protestataires, que cela soit ceux de l'insécurité, de la désespérance des populations qui se sentent abandonnées, des banlieues ou des bassins d'emploi frappés de plein fouet par une mondialisation qui se traduit trop souvent par des délocalisations et des fermetures d'usines... Et, à chaque fois, la tempête passée, les élections soldées ou le risque protestataire maîtrisé

(temporairement...), tout reste comme avant, rien ne change ! Le désespoir social a de beaux jours devant lui, et les populations de tristes perspectives en vue...

Ce qui a changé, c'est que le Front

National s'est banalisé, et la personnalité moins controversée et plus politique (politicienne ?) de Marine Le Pen a sans doute aidé à cette banalisation qui lui permet, à plus ou moins long terme, d'envisager une mutation du F.N. en parti « républicain » (terme qui, aujourd'hui en France, n'a d'autre fonction que de séparer ceux qui peuvent accéder aux fonctions gouvernementales de ceux qui en sont exclus...), à l'image de l'évolution du

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Mouvement Social Italien (néo-fasciste) en Alliance Nationale, parti allié de Berlusconi et membre de ses gouvernements successifs, sous l'impulsion de Gianfranco Fini, aujourd'hui classé au centre-droit.

En 2002, toute la presse se mobilisait

contre le candidat du Front National lors d'une campagne de l'entre-deux-tours absolument délirante et qui n'était pas à l'honneur de la démocratie française... Dix ans après, pas de mobilisation citoyenne contre Le Pen mais des perches tendues et des prêches prudents à son encontre, à son égard plutôt...

Je ne me satisfais pas de cette vaste

fumisterie : au lendemain du second tour, le Front National redeviendra évidemment, pour ceux qui auront pourtant profité de ses suffrages, la « peste », en attendant de refaire la même « danse du ventre » devant ses électeurs lors des législatives de juin prochain... Vaste hypocrisie sur laquelle s'appuient les grandes formations politiques parlementaires pour légitimer leur propre pouvoir et se donner, à peu de frais, une bonne conscience « démocratique et républicaine » qui m'agace au plus haut point, tout comme m’agace la démagogie facile des partis populistes, quels qu’ils soient ! Je reproche aux uns et aux autres leur « falsification de la politique et du politique », et leur oubli des intérêts concrets de la Cité,

intérêts qui sont, justement, politiques avant d’être politiciens.

Ce blogue, dont les archives remontent

jusqu'à 2005, montre que je n'ai eu de cesse de dénoncer certains maux qu'il est de bon ton, dans les grands partis et à l'approche des élections ou lors des grandes crises (sociales ou politiques), de découvrir et de prétendre combattre : je n'ai jamais attendu un quelconque calendrier électoral pour « dire les choses » et je continuerai, autant que faire se peut, de procéder ainsi, sans méconnaître les situations électorales et leurs conséquences, mais aussi sans me laisser dicter mes phrases ou mes raisons par un quelconque opportunisme...

Si je suis royaliste, c'est aussi pour que

l'Etat retrouve, au-delà de sa Figure historique, les moyens d'une politique sur le long terme et qu'il ne soit pas prisonnier des querelles politiciennes qui, certes, participent du nécessaire débat politique et civique, mais ne doivent pas étouffer la parole et la décision politiques. Ce que l'on nomme « les populismes » et auquel l'on rattache ordinairement le Front National, tout comme l'autre Front (celui de M. Mélenchon, le « Front de Gauche »), existent et prospèrent en grande partie parce que la République, dans ses diverses présidences depuis près d'une quarantaine d'années, a renoncé à assurer la

nécessaire primauté du politique sur les féodalités économiques et financières, et n'a pas joué son rôle de protectrice de la société française et de ses populations, tant sur le plan social qu'environnemental.

Les populismes en France n'existent

que parce que l'Etat républicain a oublié, pratiquement, les peuples de France : le peuple comme communauté nationale et « vivre ensemble » ; le peuple comme forces sociales diverses secouées par la mondialisation ; le peuple comme populations enracinées et reconnues dans cet enracinement à la fois particulier et divers, communautaire et individuel...

Il serait dommage que, les lampions de

la fête présidentielle éteints, celui qui assumera, pour un temps de cinq ans, les plus hautes responsabilités de l'Etat, oublie les siennes : cela ne ferait qu'attiser un peu plus les braises des mouvements protestataires qui, à défaut d'être crédibles sur les solutions à apporter aux crises françaises, savent canaliser les colères populaires et peuvent, si l'on y prend garde, les transformer en brasier...

Jean-Philippe Chauvin

Les lendemains de la présidentielle : J'ai tenu une conférence jeudi 19 avril à

Rennes sur les lendemains de l'élection présidentielle, sur cette sorte de « gueule de bois » qui attend sans doute la France, au petit matin du 7 mai et dans les semaines et mois à suivre, quel que soit le malheureux élu le 6 mai au soir...

En voici les principales lignes, en trois

parties : (Il n’y a que les deux premières parties sur ce N° de l’ASC.)

1. Programmes et promesses des candidats, et montée des colères françaises.

Les programmes et les promesses des

différents candidats à l'élection présidentielle, et en particulier ceux des deux principaux favoris, semblent négliger les réalités de la crise et les données actuelles de la mondialisation, ce que soulignent avec une

certaine condescendance malsaine les journaux économiques des pays étrangers (en particulier anglo-saxons et germaniques), comme le New York Times, ou des éditorialistes français comme Claude Imbert dans Le Point, entre autres : certains parlent, non sans raison, d'une « campagne hors-sol»...

Ces critiques sont bien sûr largement

fondées mais elles ne sont pas non plus sans arrière-pensées : le New York Times ou les principaux médias économiques, dont BFM business en France, sont souvent très représentatifs de ces milieux d'affaires mondialisés, de ces grandes institutions financières et économiques qui animent les Bourses et les échanges internationaux, représentatifs de ce que l'on pourrait appeler « la finance anonyme et vagabonde », jadis dénoncée par le duc d'Orléans dans les années 1900 avant de l'être par M. François

Hollande dans son fameux discours-programme du Bourget... Je cite ses extraits qu'il conviendrait de retenir et de lui rappeler lorsqu'il sera aux commandes du pays (s'il est élu, naturellement) :

« Je vais vous dire qui est mon véritable adversaire. Il n'a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c'est le monde de la finance. »

S'ils sont sévèrement jugés par les

médias européens et internationaux, voire français, les propos et programmes des grands candidats répondent aussi, et en cela ils vont à l'encontre des réalités (même s'il n'est pas impossible de vouloir les changer, d'ailleurs : encore faut-il reconnaître d'abord ce qui est avant d'envisager de le modifier...), à un besoin de

nouvelle-chouannerie.com

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« rêver », d'imaginer « autre chose » que ce qui existe et fait souffrir... En somme, les programmes et les promesses, nombreuses même si, chez les grands candidats elles restent « prudentes » et plutôt minimales au regard de l'enjeu présidentiel, entretiennent une sorte d'illusion rassurante sur l'état de la France et son avenir.

Néanmoins, aussi réservées soient-elles,

ces promesses engagent plus de dépenses qu'elles ne permettent d'économies, et elles ne sont pas toutes financées, c'est le moins que l'on puisse dire : les candidats semblent oublier que les ressources financières de notre pays et de ses contribuables ne sont pas illimitées et pas toutes renouvelables...

Au-delà des deux favoris des sondages,

désormais en course pour le second tour, les programmes des autres candidats et surtout leurs discours donnent l'impression d'une « campagne-défouloir », d'un flot de paroles vengeresses et de propositions apparemment plus improbables ou plus démagogiques les unes que les autres, ce qui n'est pas forcément vrai, d'ailleurs.

En fait, cela traduit sans nul doute la

montée des colères, au-delà de la crainte du déclassement social, une montée bien réelle et que j'ai déjà évoquée maintes fois au travers de mes notes ou de mes prises de parole.

J'en compte quatre principales, quatre

types : 1. colère contre la politique de M. Sarkozy,

contre sa tendance « bling-bling », celle-ci étant ressentie comme « l'arrogance des puissants », principalement confondus avec «les riches » ;

2. colères sociales contre les délocalisations, les fermetures d'usines, la disparition des écoles et des services publics dans les campagnes, contre ce qui apparaît pour les Français comme des conséquences, voire des aspects mêmes de la mondialisation « libérale », avec tous les drames sociaux que cela engendre... ;

3. colère contre les « fausses promesses» de l'Union européenne, de sa monnaie unique qui devait protéger de la crise et ne semble avoir fait que l'aggraver en condamnant les moins aisés des Européens à une austérité si mal vécue alors que la Société de consommation nous enjoint, par la séduction publicitaire, à « consommer toujours plus pour être » (sic !)... ;

4. colère contre le « déni » politicien et européen du vote « non » des Français (et des Néerlandais) au référendum sur le Traité constitutionnel européen de 2005 : « à quoi bon voter, puisque cela ne sert à rien ? », entend-on souvent désormais dans de

nombreuses discussions politiques, formelles ou non...

La colère contre l'Union européenne a pris une coloration très vive dans les pays du sud de

l'Europe... Les Français pourraient bien suivre cette fronde des citoyens grecs ou espagnols...

Il y a aussi un autre sentiment qui court

dans de larges parts de l'Opinion publique, celui d'une «campagne pour rien», d'un «circus politicus » pas vraiment crédible car les médias étrangers, relayés par quelques journaux hexagonaux, nous annoncent que, pendant le temps de cette campagne, l'Union européenne s'impatiente (les réformes structurelles ne vont pas assez vite, selon la Commission européenne...), et que c'est elle, l'Allemagne ou les Marchés qui vont vraiment décider, au-delà de l'expression populaire des deux dimanches d'élection présidentielle.

Certains en concluent qu'il ne sert à rien

de voter ni de militer puisque le vrai coeur de l'action politique et de la décision sociale se trouve hors de France, et que le résultat des urnes risque de ne pas peser lourd face aux exigences bruxelloises ou aux traités européens, règle d'or budgétaire et autres règles d'un métal moins noble...

En même temps que ce sentiment

d'impuissance et une certaine déception des Français devant l'apparente incapacité des politiques à pouvoir contrebalancer les décisions prises à Bruxelles, à Berlin-Francfort ou par les Marchés, il y a dans notre pays une demande forte de politique par les Français, comme un écho à la fameuse formule du général de Gaulle : « la politique de la France ne se décide pas à la Corbeille », complétée par cette autre citation plaçant le politique en maître souverain : « l'intendance suivra ! ».

Et les programmes présidentiels,

justement ? En fait, malgré leur apparente déconnection des réalités pour certains ou leur volontarisme sans moyens pour d'autres, tout n'est pas à jeter ou à rejeter, loin de là, mais

(et c'est le malheur de la division et du principe de la disputation présidentielle...)

les idées intéressantes se trouvent dispersées dans les différents programmes (les idées néfastes aussi, d'ailleurs...), et, du coup, perdent une grande part de leur visibilité comme de leur crédibilité...

Pourtant, les idées de la maîtrise de notre destin national selon M. Dupont-Aignan, d'un plus grand soin apporté à la gestion des matières premières de Mme Joly, d'une meilleure prise en compte du travail ou d'une plus grande justice sociale (idées qui apparaissent « transversales » et dont on peut retrouver des éléments dans quasiment tous les programmes...), etc. sont des idées qu'il conviendrait d'harmoniser pour les pratiquer à la tête de l'Etat.

Cela étant, il faut bien reconnaître que

les idées les plus intéressantes et les plus prometteuses pour l'avenir de notre pays n'ont guère été développées dans cette campagne, dans laquelle on a trop peu parlé de la ruralité, de l'aménagement du territoire, mais aussi de l'environnement (la faute aux « Verts », d'ailleurs...), de la francophonie, de l'enseignement et des programmes scolaires (des questions pas forcément négligeables, non ?), etc. Les absences sont parfois tout aussi révélatrices que les discours eux-mêmes...

Voici la suite de la conférence

prononcée jeudi 19 avril à Rennes, devant quelques auditeurs venus à l'invitation de l'Action Royaliste Rennaise, dans le cadre sympathique d'un grand café de la place de... la République !

2. Pendant ce temps, la crise continue...

La campagne présidentielle française

n'évoque que fort peu la crise qui frappe

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actuellement la zone euro et qui, en fait, constitue sans doute cette « grande transition » entre les pays anciennement industrialisés et les puissances « émergées » du Sud que j'ai déjà évoquée à de nombreuses reprises. Pas plus que les principaux candidats n'évoquent la crise environnementale ni les risques sur les matières premières que font peser les exigences de la société de consommation et les appétits des grandes puissances industrielles...

Le réveil risque d'être douloureux après le

6 mai, et avant même que les élections législatives de juin prochain ne donnent une majorité (ou pas, d'ailleurs...) au président élu.

1. Les marchés, les investisseurs

pourraient bien mener une sorte de « 3ème tour » financier, si l'on suit leurs multiples déclarations dans la presse économique et celle des économistes eux-mêmes. Leurs craintes de l'arrivée de la Gauche à la présidence et sur des mesures fiscales peu accommodantes à leur égard sont-elles valorisées pour intimider les électeurs ou les candidats eux-mêmes ? En somme, les marchés, imités par les agences de notation (ou l'inverse, d'ailleurs...) font-ils du chantage à la France ou y a-t-il un vrai problème pour la France ?

En fait, il y a un peu de tout dans la

situation actuelle : autant on ne peut pas méconnaître que les agences de notation et les investisseurs sont d'abord motivés par des raisons financières qui ne sont pas forcément philanthropiques, autant il faut bien constater que l'endettement public de la France se

conjugue aussi avec la difficulté à réduire les dépenses tout en assurant des prestations et des services de qualité pour la population. De ce fait, la journée du 10 mai risque d'être déterminante et instructive pour la suite, puisque c'est ce jour que la France doit tendre la sébile sur les marchés pour trouver de l'argent nécessaire à son fonctionnement, et que c'est ce jour que l'on mesurera vraiment la pression des investisseurs (des spéculateurs, parfois...) et la réaction des marchés... Une augmentation significative des taux d'intérêt appliqués à la dette française serait un signal fort désagréable et risquerait de limiter un peu plus les marges de manoeuvre du nouveau gouvernement, quel qu'il soit...

La question qui se pose désormais et qui

se posera encore plus dans les mois qui viennent, c'est de savoir si la France devient la « coriphérie » de la zone euro et, plus généralement, de l'Europe : ce terme, lancé par UBS il y a quelques semaines, signifierait que notre pays, désormais, n'est plus vraiment au coeur de l'Union sans pour autant en être à la périphérie, en fait qu'elle est à la fois l'un et l'autre... Le coeur si elle devient une « annexe de l'Allemagne », ce qui n'est guère enthousiasmant ; la périphérie à l'image des pays de l'Europe méditerranéenne, si elle se lance dans des dépenses supplémentaires, ce qui n'est pas plus exaltant... Le mieux serait d'éviter ce dilemme en se créant, peut-être, un modèle alternatif dont les marchés, pour l'heure, ne voient guère, il est vrai, l'intérêt pour eux...

2. Les plans sociaux, la pression

multiforme de la mondialisation, la désindustrialisation... Voici des éléments qui vont se signaler encore plus fortement après l'élection, ce que soulignent de nombreux observateurs de l'activité économique et que ne cachent même pas les directions des grandes entreprises, particulièrement multinationales, peu attentives aux souhaits (voire aux consignes...) des ministres et des hommes politiques désireux de maintenir un maximum d'activités industrielles sur notre territoire... Ainsi, le groupe automobile PSA ne cache pas son intention d'annoncer, après le 6 mai, un plan de redéploiement industriel qu'il

faut comprendre comme un vaste plan social aboutissant, au nom de la compétitivité, à la fermeture de plusieurs usines en France dont, peut-être, celle d'Aulnay-sous-bois, ou celle, à moyenne échéance, de Rennes-La Janais... En somme, le nombre de chômeurs risque bien, dans le deuxième semestre 2012, de faire un bond significatif et la désindustrialisation de s'accélérer encore un peu plus...

De plus, au delà du monde industriel, la

fonction publique est elle-même menacée, à court terme sans doute, d'une dégradation certaine, en nombre d'emplois comme en niveau de salaires, pour la raison fort simple que les partenaires européens de la France mais surtout la Commission européenne, par la voix de son commissaire Olli Rehn, ne cessent de réclamer une réduction des dépenses publiques pour diminuer l'endettement de l'Etat français. Les fonctionnaires constituant un « public captif», ils peuvent ainsi constituer une véritable variable d'ajustement par le blocage des salaires (déjà en cours pour deux ans), voire une diminution programmée et plus ou moins forte selon les cas de leurs revenus, donc de leur charge pour l'Etat...

Cette situation particulière et peu

satisfaisante pour les salariés du privé comme du public (et il serait dans ce cas peu crédible de les opposer les uns aux autres, car « le bain est le même »...) pourrait bien, au bout de quelques mois, réveiller une contestation sociale similaire à celles qui agitent nos voisins hispaniques ou nos cousins hellènes, sans que, pour autant, les comptes publics, piégés par un système absurde de « spirale infernale », ne se redressent, sans doute parce que, déjà, l'argent est désormais « ailleurs »...

Jean-Philippe Chauvin

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Une élection faite et des problèmes déjà là... « Ite missa est » : la grand-messe électorale est dite, et c’est

donc M. Hollande qui est le malheureux élu… Je dis bien malheureux car il arrive au plus mauvais moment possible et à la tête d’un Etat qui a, depuis quelques années déjà, renoncé à certains instruments du politique, laissant bien trop libres les féodalités économiques et les institutions européennes, celles-ci et celles-là trop heureuses d’en profiter… Ce qui se passe aujourd’hui en Europe et en particulier en zone euro marque la Grande Transition que j’évoque fréquemment et qui se fait, en large part, au détriment de nos vieilles et anciennes (à défaut de l’être encore) nations industrialisées, qui semblent incapables de sortir de la logique absurde d’une mondialisation devenue folle et de celle, non moins dangereuse, de la société de consommation et de distraction qui pousse à s’endetter toujours plus pour répondre à l’addiction consumériste de nos sociétés elles-mêmes…

Le nouveau président aura-t-il la force de « restaurer l’Etat » et, au-

delà, le politique ? Au regard des institutions républicaines actuelles d’une part, et des pressions des puissances financières et économiques d’autre part, j’en doute ! Je ne mets pas en cause la volonté et la bonne foi de M. Hollande, qui seront plus tard discutées lorsque les grandes échéances arriveront, mais bien plutôt les capacités mêmes de la République qui n’est plus celle, même si elle en porte le même numéro, de son fondateur, le général de Gaulle.

L'Allemagne dit "non" à M. Hollande :

un premier défi pour le nouveau président.

Les premières difficultés seront sans doute avec le partenaire allemand, peu enclin à céder sur ses positions rigoristes, et avec les institutions européennes qui en appellent déjà au « sens de la responsabilité » de M. Hollande pour accélérer les réformes dites « structurelles », c’est-à-dire le démantèlement d’un droit social français jugé trop protecteur et pas assez libéral ; mais il faudra aussi compter sur des Marchés qui voudront impressionner le nouveau président et lui signifier qu’ils sont, en définitive, les « maîtres du jeu » et que, sans eux, rien n’est possible. Quant aux multinationales qui attendaient la fin de la présidentielle pour annoncer, au fil des mois qui viennent, de nouveaux plans sociaux, elles pourraient mettre leurs projets rapidement à exécution, au risque de provoquer l’ire du nouveau pouvoir mais, peut-être aussi, de montrer la faiblesse d’un Etat prisonnier de règles de libre-échange que Bruxelles mais aussi l’OMC sont chargés de garantir…

La République s’est liée les mains en abandonnant, au fil des ans,

sa souveraineté politique à des institutions qui n’en étaient pas au sens politique mais beaucoup plus au sens administratif : des carcans, en somme, dont il est difficile de s’extraire légalement aujourd’hui…

Il ne faut pas se réjouir des difficultés de l’Etat à faire face à ces

problèmes économiques comme institutionnels, mais il convient de rappeler que la remise en force, nécessaire, de l’Etat face aux groupes de pressions et aux défis de la mondialisation, passe par une nouvelle mutation institutionnelle qui inscrive le politique dans la durée, dans le temps long des générations successives et non plus dans les atermoiements d’une action gouvernementale limitée par le calendrier électoral et bridée par des forces économiques émancipées de leurs devoirs sociaux depuis trop longtemps.

Les faiblesses congénitales de la République, aggravées par la

course d’un temps qui l’a usée prématurément, sont aussi des occasions de réflexion pour ceux qui veulent refaire un Etat politique solide et durable, socialement juste et économiquement équilibré : sans doute cela pourra-t-il aussi ouvrir un chemin, étroit mais qu’il conviendra d’élargir peu à peu, à la possibilité monarchique qui est, d’abord, celle d’une Monarchie du possible mais aussi de la volonté et de l’action, qui ne sont rien sans la durée et l’unité, ces éléments de définition de la Monarchie elle-même…

Jean-Philippe Chauvin

De l’actuelle dictature de l’opinion…

Il n’est pas un de nos actuels politiciens qui, usant de la candeur et de la verve que n’auraient guère renié les antiques sophistes, s’évertue à démontrer l’ineptie profonde des trop nombreux sondages de notre temps, dès lors que l’idée qu’ils défendent se trouve affaiblit ou pire, donnée perdante. Diatribes souvent pitoyables et peu crédibles car une fois élus, ces mêmes politiciens n’auront de cesse de regarder avec la juvénile fébrilité de l’adolescent boutonneux ces sondages, ajustant leur politique et leurs décisions sur l’opinion majoritaire, cette doxa vulgus qu’exécrait Platon pour sa volatilité et sa fragilité.

L’objectif quasi-affiché de cet « ajustement » politique est évident : ramener le maximum de voix, user encore et toujours de manipulations démagogiques pour s’assurer une majorité relative d’électeurs et donc, conserver le poste et ses privilèges. L’exemple présidentiel est à ce propos édifiant : depuis le véritable commencement des instituts de sondages au début des années 1970, chaque président de la

république a décidé de fixer sa politique non plus sur le Bien Commun, non plus sur un réel programme politique, mais sur les résultats des sondages et sur l’idée qu’ils avaient de « l’opinion publique ». Si les récents quinquennats (Sarkozy, Chirac) pullulent littéralement d’exemples, force est de constater cette constance chez leurs prédécesseurs : par exemple, la Loi de 1973 sur l’avortement fit écho à un « sondage » manipulateur de l’Institut SOFRES où une majorité des françaises interrogées « aideraient une amie en cas de grossesse non désirée, dans des conditions matérielles, sociales ou psychologiques très mauvaises ». Entre l’entraide à une amie et l’avortement de l’enfant à naître, il n’y a qu’un pas que de nombreux malthusiens s’étaient empressés de franchir…

Or, ce changement complet de ligne directrice politique, cette « dictature de l’opinion », revêt aujourd’hui un caractère particulièrement dangereux pour notre pays : parce qu’elle est intrinsèquement volatile

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et manipulable au niveau national, l’opinion publique n’est à l’évidence pas garante de la vérité. Loin de l’utopique «volonté générale éclairée» décrite par Rousseau dans son livre Le Contrat Social, la majorité est aujourd’hui, à l’heure où le pouvoir médiatique est à son paroxysme, un ensemble malléable et informe, incapable de poser une réelle pensée objective et intelligible.

Alexis de Tocqueville, remarquable chantre de la démocratie, concevait déjà à l’époque de la rédaction de son œuvre les risques d’une « toute-puissance démocratique », ce qu’il nomma «Tyrannie de la majorité ». Face à ce danger, Tocqueville écrivait :

«La toute-puissance me semble en soi une chose mauvaise et dangereuse. Son exercice me parait au-dessus des forces de l'homme, quel qu'il soit […]. Ce que je reproche le plus au gouvernement démocratique, tel qu'on l'a organisé aux Etats-Unis, ce n'est pas […] sa faiblesse, mais au contraire sa force irrésistible. Et ce qui me répugne le plus en Amérique, ce n'est pas l'extrême liberté qui y règne, c'est le peu de garantie qu'on y trouve contre la tyrannie.

Mais la majorité elle-même n’est pas toute-puissante. Au-dessus d’elle, dans le monde moral, se trouvent l’humanité, la justice et la raison ; dans le monde politique, les droits acquis. La majorité reconnaît ces deux barrières, et s’il lui arrive de les franchir, c’est qu’elle a des passions, comme chaque homme, et que, semblable à eux, elle peut faire le mal en discernant le bien »

Ces barrières, la reformation intellectuelle et sociale d’un bicentenaire républicain aura suffit à en

venir à bout. La morale et la raison, le bon sens et le Droit naturel semblent aujourd’hui relégués aux oubliettes de la politique, comme l’affligeante campagne présidentielle a pu malheureusement le montrer. Demain, l’actuel président socialiste fera adopter les lois consacrant le mariage et l’adoption par les homosexuels (prévus pour Août 2012), l’euthanasie et le renforcement du droit à l’avortement, bafouant ainsi toute notion de Droit Naturel, de raison et de morale en basant sa politique sur cette «opinion publique» si volatile et fragile…

Demain, la crise économique appellera les gouvernements européens à bien plus de courage politique et de décisions économiques probablement impopulaires. Il est dès lors évident que les gesticulations politiques qui eurent cours pendant le dernier quinquennat ne pourront dès lors plus faire illusion : le gouvernement français sera appelé à poser de réelles mesures d’austérité et à réformer complètement son système politique et économique. Mais ces réformes ne verront certainement pas le jour, surtout sous une présidence socialiste : l’actuelle « dictature de l’opinion » aura évidemment raison du courage politique et du bon sens qu’appellerait pourtant la fonction gouvernementale…

Augustin DEBACKER

http://franceroyale.e-monsite.com/

« Le socialisme est plus facile que la civilisation. Il ne faut pas s'étonner si tant de gens veulent en être.

Une fois le carnage achevé, vivre comme le socialisme l'indique est chose, pendant quelques jours, très facile. Elle consiste à consommer ce que les siècles ont recueilli : tout le monde est bon pour cela.

Le socialisme est d'autant plus dangereux qu'il ne demande ni effort, ni raison, ni doctrine ; qu'il répond à nos appétits, à notre envie, à notre orgueil, à notre rage. Il suffit que le christianisme se retire de l'horizon, pour que la raison humaine, jusque-là soutenue, retombe dans le socialisme. Dés que le soleil disparaît, le serein redescend sur la terre. »

Antoine Blanc de Saint Bonnet

http://www.madine-france.com/

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Les abus de la fiscalité républicaine :

Je vous recommande vivement un intéressant article sur les abus de la fiscalité, écrit par Thierry Afsrchrift, Professeur de droit fiscal en Belgique et qui est aussi avocat à Genève. Un homme intelligent et sympathique, et lucide aussi.

Il montre que le rôle de l'impôt est double, à la fois économique et politique.

Son rôle économique (officiel) est de permettre à l'Etat de faire face aux dépenses publiques; par exemple la TVA.

Son rôle politique (inavouable mais tout aussi important d'après l'auteur, sinon plus encore), est de soumettre les citoyens à l'arbitraire de l'Etat et surtout de punir les opposants politiques. Suivant les époques, ce seront les vaincus, les protestants, les juifs, les "ci-devants", les bourgeois, les "ennemis de classe", etc.. L'exemple de cet impôt est l'ISF. Un tel impôt n'a pas à être rentable, il a pour fonction d'humilier, de spolier, de ruiner, de chasser...

On constate qu'actuellement le programme de François Hollande s'inscrit exactement dans cette seconde tendance. En vertu du programme "d'inversion des valeurs" qui est typique de la pensée socialiste et révolutionnaire (cf. notamment le mariage homosexuel et le droit de vote aux étrangers), on estime que les français doivent désormais être punis. L'heure est venue de les punir enfin, le corps social de la France étant suffisamment mûr et amolli.

Les impôts el les charges seront donc massivement augmentés, la crise financière en fournissant le prétexte idéal. Quant aux bourgeois, ils seront doublement punis, car on mettra en place des taux confiscatoires. Ils devront désormais vivoter avec 15% de leurs revenus, cesseront ainsi d'être riches, ce qui permettra de les prolétariser et de les faire disparaître en tant que bourgeois. On évitera ainsi la déportation, les camps de concentration et tous les inconvénients et soucis que cela entraîne....

En revanche, les minables, les pauvres et surtout les immigrés dont le nombre est illimité seront soutenus et gratifiés. Pour les socialistes révolutionnaires, ils sont non seulement une "chance pour la France", mais aussi l'avenir de la France.

En réalité, ils sont surtout une chance pour les oligarques socialistes qui pourront s'appuyer sur eux et établir leur dictature. Et c'est là que l'article est également intéressant, car il montre qu'à la base de l'impôt politique, il y a toujours le clientélisme et la manipulation. La corruption aussi : on prend à la minorité qui produit pour donner à la majorité qui ne fait rien et elle aime ça ! L'élection de dimanche permettra de s'en assurer.

Tout cela n'a rien d'une vision paranoïaque et apocalyptique, digne des témoins de Jéhovah. Même si elle constitue un raccourci terrifiant

et même incroyable, elle n'est en réalité qu'une analyse psycho-sociale pertinente, loin des schémas éculés véhiculés par la "grosse presse" qui oscille toujours entre complicité et stupidité.

Certes on rétorquera que le pire n'est jamais certain et que François Hollande, à supposer qu'il soit élu, n'appliquera pas ce programme, ou en tout cas pas complètement, Possible en effet. En politique comme en médecine, il y a des rémissions. Le processus décrit prendra tu temps, il ne se déroulera pas en quelques mois...

Mais la tendance est claire, aveuglante même et s'inscrit parfaitement dans le schéma d'Aschrift. Depuis un demi-siècle nous assistons à la destruction progressive de la France, par étapes successives et parfaitement cohérentes.

Rétorquer que le socialisme conduit à l'impasse économique est un argument de petit bourgeois borné qui ne comprend rien aux phénomènes historiques. Le socialisme révolutionnaire n'a pas pour objectif véritable d'enrichir la nation, mais au contraire de la dissoudre ! Il repose sur deux piliers fondamentaux : l'ambition d'aventuriers prêts à tout et la jalousie des masses.

A nous maintenant d'agir tous pour faire échec à cette mort programmée.

Olivier Tournafond

PS : Thierry Afscjrift, "Jusqu'où peut-on taxer les riches ?"; Institut Constant de

Rebecque, Lausanne 2012.

www.sortirdunucleaire.org

www.stopaugazdeschiste07.org

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J’ai vécu dans votre futur...

Il est étonnant qu'après avoir enterré un monstre, l'URSS, on en construise un autre tout semblable, l'Union Européenne.

Qu'est-ce, au juste, que l'Union Européenne ? Nous le saurons peut-être en examinant sa version soviétique. L'URSS était gouvernée par quinze personnes non-élues qui se cooptaient mutuellement et n'avaient à répondre à personne.

L'Union Européenne est gouvernée par deux douzaines de gens cooptés qui se réunissent à huis clos, ne répondent à personne et ne sont pas limogeables.

On pourrait dire que l'UE a un parlement élu. L'URSS aussi avait une espèce de parlement, le Soviet Suprême. Nous avalisons sans discussion les décisions du Politburo tout comme le Parlement Européen, où le temps de parole de chaque groupe est rationné, et souvent se limite à une minute par intervenant.

A l'UE, il y a des centaines de milliers d'eurocrates avec leurs émoluments énormes, leur personnel, leurs larbins, leurs bonus, leurs privilèges, leur immunité judiciaire à vie, simplement transférés d'un poste à un autre quoi qu'ils fassent, bien ou mal. N'est-ce pas l'URSS tout crachée ?

L'URSS fut créée par la contrainte, très souvent avec occupation armée. On est en train de créer l'UE, pas par la force armée, non, mais par la contrainte et la terreur économique.

Pour continuer d'exister, l'URSS s'est étendue toujours plus loin. Dès qu'elle a cessé de s'étendre, elle a commencé à s'écrouler. Je soupçonne qu'il en sera de même pour l'UE. On nous avait dit que le but de l'URSS était de créer une nouvelle entité historique, le Peuple

Soviétique. Il fallait oublier nos nationalités, nos traditions et nos coutumes.

Même chose avec l'UE, semble-t-il. Ils ne veulent pas que vous soyez anglais ou français. Ils veulent faire de vous tous une nouvelle entité, des Européens, réprimer vos sentiments nationaux et vous forcer à vivre en communauté multinationale. 73 ans de ce système en URSS se sont soldés par plus de conflits ethniques que nulle part ailleurs au monde.

Un des buts grandioses de l'URSS était de détruire les états-nations. C'est exactement ce que nous voyons en Europe aujourd'hui. Bruxelles a l'intention de phagocyter les états-nations pour qu'ils cessent d'exister. Le système soviétique était corrompu du haut jusqu'en bas. C'est la même chose pour l'UE. Les activités antidémocratiques que nous voyions en URSS fleurissent en Union Européenne.

Ceux qui s'y opposent ou les dénoncent sont bâillonnés ou punis. Rien n'a changé. En URSS nous avions le goulag. Je crois qu'on l'a aussi dans l'UE. Un goulag intellectuel, nommé "politiquement correct". Essayez de dire ce que vous pensez sur des questions de race ou de sexualité, et si vos opinions ne sont pas les bonnes, vous serez ostracisé. C'est le commencement du goulag. C'est le commencement de la perte de votre liberté. En URSS on pensait que seul un état fédéral éviterait la guerre. On vous raconte exactement la même chose dans l'UE.

Bref, c'est la même idéologie dans les deux systèmes. L'UE est le vieux modèle soviétique habillé à l'occidentale. Mais, comme l'URSS, l'Union Européenne porte en elle les germes de sa propre perte.

Hélas quand elle s'écroulera, car elle s'écroulera, elle laissera derrière elle une immense destruction et de gigantesques problèmes économiques et éthniques. L'ancien système soviétique était irréformable. De même l'Union Européenne. Mais il y a une alternative à être gouvernés par deux douzaines de ronds-de-cuir à Bruxelles : L'indépendance.

Vous n'êtes pas forcés d'accepter ce qu'ils vous réservent. On ne vous a jamais demandé si vous vouliez vous joindre à eux.

J'ai vécu dans votre futur, et ça n'a pas marché.

Vladimir Boukovsk

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La civilisation d’Ancien Régime et ses bienfaits :

L’harmonie de la société traditionnelle face aux horreurs du capitalisme libéral :

« Dieu établit les rois comme ses ministres et règne par eux sur les peuples.

C'est pour cela que nous avons vu que le trône royal n'est pas le trône d'un homme, mais le trône de Dieu même.

Le modèle pour le gouvernement monarchique est l'autorité paternelle, se trouve donc dans la nature même.

Les rois de France se font sacrer à Reims, ce qui donne ä leur pouvoir un caractère religieux. »

Bossuet, La politique tirée de l'Ecriture Sainte, 1679, Extrait du livre III.

Sous l’Ancien Régime les ‘‘deux tiers des

enfants ne mouraient pas en bas âge, beaucoup, grâce à l’Eglise, savaient lire et écrire, et tous ne vivaient pas dans la crasse et l’absence de soins”

Il faut se garder de caricaturer l’Ancien

Régime, comme on le fait trop souvent, qui fut le cadre de vie de nos ancêtres pendant des siècles, et donc représente un élément respectable de notre patrimoine, avant que la terrible Révolution Française ne vienne détruire un ordre fondé sur la religion, la fidélité à l'égard des devoirs et les liens entre les générations, temps où les hommes n’étaient pas encore asservis aux durs impératifs de l’argent roi et de la société libérale, et où les quarante heures et les congés payés, obtenus lors des grèves 1936, auraient été regardés comme une épouvantable régression sociale auprès d’un peuple qui vivait au rythme lent des saisons et des nombreuses célébrations religieuses. C’est pourquoi il faut nécessairement sur ces sujets, se libérer rapidement des clichés distillés par les manuels d’histoire de la IIIe République !

La société de l’Ancien Régime, où,

contrairement à ce qu’on a pu lire récemment, les ‘‘deux tiers des enfants ne mouraient pas en bas âge, où beaucoup, grâce à l’Eglise, savaient lire et écrire, et où tous ne vivaient pas dans la crasse et l’absence de soins”, semble à peu près aussi exotique à nos contemporains que celle de l’Antiquité classique ou de l’Amérique précolombienne. Il convient donc d’en finir avec une vision figée par les trois siècles qui nous en séparent, et la lecture idéologique du passé de la France qui a stérilisé les recherches des historiens. Heureusement, il n’en va plus ainsi de nos jours, où de nombreux travaux d’érudition ont

fait bouger les choses, et ont montré que les conditions existentielles étaient bien plus douces que ce que la propagande républicaine n’a eu de cesse d’imposer aux esprits, nous faisant découvrir une société qui avait évidemment ses imperfections et ses limites comme tout système humain, mais néanmoins participait d’un ordre général de vie plutôt harmonieux et équilibré [1].

Louis XVI, que les révolutionnaires traînèrent

dans la boue, signa tous les recours en grâce et promulgua l'édit de tolérance du 17 novembre 1787 accordant l'état civil et un statut aux protestants.

En effet, cet ordre, car s’en était un, était

placé sous l’influence bénéfique de l’Église catholique tant décriée de nos jours, mais qui exerçait son ministère et rayonnait par son influence morale sur l’ensemble des populations, Église qui, comme l’écrit Alexis de Tocqueville :

« n'avait rien de plus attaquable chez nous qu'ailleurs ; les vices et les abus qu'on y avait mêlés étaient au contraire moindres que dans la plupart des pays catholiques ; elle était infiniment plus tolérante qu'elle ne l'avait été jusque-là et qu'elle ne l'était encore chez d'autres peuples ».

A notre époque où une majorité de

français ne pratique plus de religion, il est difficile d’imaginer la société de jadis, totalement immergée dans la Foi. Que ce soit dans la vie quotidienne, ponctuée par les sonneries de cloches, les offices et fêtes religieux, ou dans les évènements marquants de l’existence (baptême, mariage, sépulture). Pour les chrétiens d'alors la vie sur terre n’était qu’un passage vers la vie éternelle et, pour mériter le Ciel, il fallait mettre un frein à ses mauvais instincts et racheter ses fautes.

Du point de vue économique, le

système seigneurial, hérité du Haut Moyen Age, était basé sur une répartition des tâches entre celui qui assurait la sécurité le seigneur, et ceux qui produisaient les richesses, paysans, artisans, etc. En revanche, ce qu’on ignore, c’est qu’il existait de très nombreux contre pouvoirs reconnus comme les Parlements, les Etats provinciaux, les coutumes, qui permettaient un équilibre qui s’avéra durable et sage, évitant les régime des opinions, sans oublier que Louis XVI, ce "tyran" comme le fit remarquer Patrick Ferner que les révolutionnaires traînaient dans la boue, a, en dix-neuf ans de règne, signé tous les recours en grâce qu'on lui soumettait, de sorte qu'aucun condamné à mort ne fut renvoyé à l'échafaud, supprima l'usage de la torture dans les interrogatoires et celui des

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corvées et promulgua l'édit de tolérance du 17 novembre 1787 accordant l'état civil et un statut aux protestants. »

De la sorte, issus des idées républicaines,

le socialisme marxiste et le libéralisme sont les deux face d’une même médaille matérialiste et athée qui fonde toute sa pensée sur une vision purement économique du monde et des hommes. Le libéralisme comme le socialisme manifestent un optimisme humaniste fallacieux, puisque la société n’évolue pas vers la réalisation du Royaume céleste, qui serait une éthique de la perfection humaine, mais est en prise avec des forces négatives qui tendent à un asservissement toujours plus important de l’esprit de l’homme. Comme le dira fort justement le cardinal Billot : « les principes du libéralisme et du socialisme sont absurdes, contre nature et chimériques » Ainsi que le rappelle nos amis du Christ-Roi : « Le libéralisme assujettit les peuples aux forces du marché, il gère la société sans aucune préoccupation religieuse, sociale, nationale et familiale, [les livrant] à la croissance continue de la production, il est une machine infernale condamnant la morale comme anti-économique. Exemple : le travail dominical. Bientôt, à quand le retour du travail des enfants ? Quant à la gauche "socialiste" elle oppose à ce matérialisme des gouvernements qui développent la confiscation des activités politiques, économiques, éducatrices et sociales entre les mains d'une administration pléthorique, paralysante et parasite dont les militants mercenaires collaborateurs fournissent le personnel. »

Les ouvriers de Caterpillar, qui survivent

grâce aux antidépresseurs, nourris de TF1 et du journal du hard de Canal+, gavés de football, pourris par une nourriture malsaine et irradiée achetée à Carrefour, sont beaucoup plus aliénés que leurs parents et grands-parents !

Sous l’Ancien Régime, si la vie était

parfois dure pour beaucoup de gens, car les rares sources d’énergie extérieures, les moulins et les animaux ou la production de richesses, reposaient uniquement sur le travail des hommes, néanmoins des réseaux de solidarité existaient et il n’y avait absolument pas de barrière étanche entre les catégories. Le paysan et l’artisan habile ou le commerçant entreprenant pouvaient s’enrichir et même acheter des seigneuries, voire pour certains, au bout de plusieurs générations, accéder à la noblesse. Ainsi la plupart des gens avaient certes peu de biens, mais les faisaient durer et s’entre aidaient à l’inverse de notre société contemporaine, que l’on considère comme plus riche mais qui est infiniment plus égoïste.

Par ailleurs, de cette « société d’ordres » - et en aucun cas de classes ! comme l’explique Michel Vergé-Franceschi [2] qui a passé plus de trente ans à étudier la question, doit être observée sous un triple prisme : celui de la tradition (avec ses charges de grand veneur, grand louvetier, grand fauconnier, etc.) ; celui de l’innovation (avec par exemple ses chirurgiens, ses ingénieurs, ses officiers de marine), enfin celui de l’ouverture, car, sous Louis XIV, et contrairement aux idées reçues, un fils de pêcheur illettré pouvait devenir officier général (Jean Bart), le descendant de

simples artisans champenois ministre (Colbert), et le rejeton de grenetiers au grenier à sel chanceliers de France et gardes des Sceaux (les d’Aligre père et fils). Pour reposer sur des fondements radicalement différents de ceux que nous connaissons, la société française d’Ancien Régime a ainsi été une société ouverte, capable de faire progresser dans l’échelle sociale les plus méritants.

Enfin, et du point de vue des conditions de

vie, on sait peu, par exemple, que la seule industrie chimique signalée par Delamare avant la Révolution est celle des feux d’artifices, dont les établissements devaient, depuis la fin du XVIe siècle, être éloignés des villes pour des raisons de sécurité. Ce fut la première industrie dénoncée comme dangereuse. Et c’est à la faveur de la Révolution et du libéralisme déréglementé envoyant les femmes et les enfants dans les bagnes industriels, y compris la nuit, que l’industrie chimique polluante bientôt s’implanta en France. Ce seront d’abord les nitrières qui produiront du salpêtre et de l’acide nitrique. Ce seront surtout ensuite les soudières, qui produiront de la soude, puis de multiples produits chimiques extrêmement

toxiques. Si l’eau de Javel, cette dissolution de soude inventée par Berthollet, n’est plus fabriquée à Paris sur le quai de Javel, en revanche de nombreuses soudières de cette époque ont défini l’implantation d’industries chimiques qui sont toujours en activité, et dont les nuisances seront signalées dès la première moitié du XIXe siècle et vont considérablement aggraver les conditions de santé publique, et donc la mortalité des populations.

Saint Vincent de Paul fut l’un des plus

grands représentants de l’action sociale chrétienne en France au XVIIe siècle,

fondateur des Lazaristes en 1625, puis les Filles de la Charité en 1634.

La Doctrine sociale de l’Eglise, [3] qui

prendra fait et cause pour une population enchaînée à des conditions de travail inacceptables, continue donc toujours à s’élever logiquement contre les horreurs du libéralisme moderne, non par des injonctions tirées d’encycliques vieilles de plus de cent ans, mais par des analyses fondées sur l’observation des faits actuels, comme l’a déclaré Benoît XVI récemment dans son discours aux Invalides parlant des biens matériels et de l’argent comme « des idoles à fuir, des mirages de la pensée ! »

C’est pourquoi, c’est parler dans le vide,

comme d’habitude, selon des mécanismes structurels de sociologue, sachant très bien ce qu’est l’existence effective d’amis, de parents, de voisins, mais préférant se masquer les faits pour ne pas entamer les dogmes de leur idéologie libérale, attitude coranique et musulmane s’il en est,

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www.sacr.fr

manifestant une incapacité à jauger le monde avec une autre mesure que celle de critères matériels, et surtout regardant la promotion consumériste de l’individu uniquement comme un progrès, alors qu’elle possède un risque majeur, comme a pu le dire Dufour, à savoir que « L’individualisme issu des Lumières s’est entre-temps retourné en son avatar postmoderne : le « troupeau schizoïde « égo-grégaire », qui, en plus de ses tares, est aussi consumériste, procédurier, ignorant et fier de l’être, constituant par là même une grave menace pour la poursuite du procès civilisateur. L’effondrement de la transcendance au 18ème siècle ayant aussitôt fait place à une nouvelle religion, celle du Marché, qui enclencha un processus de désintégration et d’aliénation de l’homme » [4], que de ne pas vouloir admettre, comme le font les partisans du libéralisme, que l’aliénation des hommes de notre temps est directement liée à l’amélioration relative de leur niveau de

vie qui, si elle a produit une certaine abondance fragile des besoins immédiats, en a créé des milliers d’autres purement factices, proprement illusoires et inutiles, et a surtout détruit toute trace de religion transformant leur vie en une morne tristesse lassante et déprimante, pour tout dire « déréalisante », virtuelle et mortifère, constatant toute leur incapacité, dans le contexte matériel qui est le leur, à donner, un sens à leurs existences, et leur impossibilité, faute d’une société dévorée par l’argent et la perte radicale du sacré, de mettre leur confort matériel au service des valeurs familiales, de la charité bien ordonnée, et du salut de leur âme.

Ceci explique donc pourquoi aujourd’hui,

effectivement, les ouvriers de Caterpillar, et des autres secteurs de l’économie devenue folle, dénués de tout sens existentiel, qui survivent grâce aux antidépresseurs, nourris de TF1 et du journal du hard de

Canal+, gavés de football, pourris par une nourriture malsaine et irradiée achetée à Carrefour, sont beaucoup plus aliénés que leurs parents et grands-parents qui bénéficiaient de 80 jours chômés avant la Révolution française sans compter les fêtes locales, qui avaient un mode de vie non soumis aux cadences infernales, entourés de leurs femmes et leurs enfants, baignant dans un environnement ponctué par les cérémonies de l’Eglise et orienté vers la vie de l’âme, mourrant au terme de leurs jours, heureux de rejoindre le Ciel en paix avec leur cœur.

Hadrien

http://www.la-question.net

Notes : [1] S. Leroux, L'Ancien Régime et la Révolution de la morale naturelle à la morale

républicaine (1750-1799). Paris I, 11.01.1992. On apprend dans cet ouvrage qu’en 1789, le royaume de France est le pays le plus peuplé d'Europe avec 28 millions d'habitants. La population se concentre dans le quart nord-ouest essentiellement, près du littoral du fait d'un important développement du commerce au cours du XVIIIºs, et dans la région lyonnaise. La population est à 80% rurale, malgré la poussée urbaine qui marque tout le XVIIIºs. En effet, les villes ont vu leur population augmenter de 45% ; désormais, le royaume de France possède 4.5 millions de citadins. Entre 1740 et 1789, le taux de mortalité est passé de 40 à 35,5/1000. Cette baisse est due pour l'essentiel à une chute de la mortalité adulte (moins de guerre, moins d'épidémie, moins de mauvaises récoltes). L'accroissement naturel au XVIIIe siècle est donc important. Mieux nourrie, mieux protégée contre les maladies, la population est plus robuste et peut mieux mettre en valeur les sols, permettant ainsi le progrès économique. Les paysans possèdent une culture orale très vivante. Les classes moyennes sont constituées par les artisans et les petits commerçants. Leur travail s'organise dans le cadre des corporations qui regroupent les gens travaillant dans un même corps de métier. En 1789, le royaume de France compte 22 à 23 millions de ruraux qui représentent 85% de la population totale (petite noblesse, bas clergé, artisans et bourgeoisie rurale inclus). Les paysans représentent à eux seuls 65% de la population, soit plus ou moins 16 millions d'habitants. 95% de ces paysans sont libres. Le cadre de la vie quotidienne du paysan au XVIIIºs c'est avant tout sa famille, une famille patriarcale ou toutes les familles d'un village font partie de la communauté villageoise qui se confond avec la paroisse, l'unité de base de la vie religieuse. La vie du village (rotation des cultures, entretien des chemins, nomination du maître d'école, du garde-champêtre, du collecteur d'impôts...) est règlementée par des assemblées de village dominées par les notables ruraux, élus comme "consuls" pour un an. Le cadre de vie du paysan est donc constitué par sa famille, sa communauté villageoise, sa paroisse et sa seigneurie. Il ignore complètement les limites des circonscriptions administratives (gouvernement, intendance), judiciaires (baillages et sénéchaussées), fiscales (les généralités qui se divisaient en "pays d'élections" administrés par des élus, et en "pays d'Etats" administrés par des représentants des trois états et en "pays d'imposition", territoires conquis au XVIIIºs. et

qui conservaient leur système fiscal). L'augmentation de la production agricole a pratiquement fait disparaître les famines. L'amélioration du réseau routier a permis un meilleur ravitaillement. Le faible nombre de guerres et d'épidémies, en comparaison avec les siècles précédents, a permis la croissance démographique. Enfin, du fait d'un plus grand nombre d'écoles rurales, l'analphabétisme est en voie d’être résorbé.

[2] Michel Vergé-Franceschi, La Société française au XVIIe siècle, Fayard, 2006, et

Nouvelle vision de l’Ancien Régime : tradition, innovation et ouverture : complexité et grandeur de la société du XVII ème siècle.

[3] D.R., Dufour, Le divin marché. La révolution culturelle libérale, éd. Denoël, 2007. [4] La « Doctrine sociale de l’Eglise, n’est pas une invention du XIXe siècle. Elle est

inscrite au cœur même de l’Evangile et des premiers temps de l’Eglise. Pourquoi ? Car dès les premiers temps du christianisme, l’amour du prochain a été considéré comme l’un des principaux messages de la Révélation. C’est ainsi que la charité est considérée comme l’une des trois vertus théologales, et même la plus élevée des trois selon saint Paul comme le rappellera Benoît XVI dans son encyclique “Deus Caritas est”. Ce qui a des conséquences directes et concrètes sur le plan économique, à savoir que l’on ne peut séparer sous aucun prétexte la morale du domaine de l’argent et de l’activité monétaire et financière. Si les grandes encycliques des derniers papes : Rerum Novarum, Mater et Magistra, Populorum progressio, Laborem Exercens, Sollicitudo rei socialis et Centesimus Annus ont toutes abordé la doctrine sociale de l’Église car elle est fondamentale sur le plan théologique, n’oublions pas qu’un des plus grands représentants de l’action sociale chrétienne en France, fut saint Vincent de Paul au XVIIe siècle qui, non pour répondre aux questions posées par le socialisme ou le marxisme ! mais, comme toujours dans l’esprit chrétien, à la situation des populations, après avoir aidé dès son plus jeune âge les plus démunis, fonda les Lazaristes en 1625, puis les Filles de la Charité en 1634.

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Analyse d’une décadence :

Un fait demeure d’ailleurs frappant : c’est que les plus lucides observateurs de la société du XIXè siècle ne se sont pas contenté d’incriminer le virus révolutionnaire, sans souligner l’incroyable lâcheté ou sottise des « bien-pensants ». Qu’on lise Drumont, Péguy, Léon Bloy ou Bernanos et l’on voit que leurs verges s’en vont frapper certaines « autorités sociales » défaillantes, douillettement abritées dans leur confort ou leurs préjugés, ou leurs routines, et qui n’ont point su peser de toute leur puissance, au moment opportun, sur le plateau de la balance où mouraient, en combattant, des héros que personne ne soutenait dans leur effort de réaction. «Quelle déplorable armée il nous faut conduire ! » écrit Montalembert à Veuillot, au milieu du XIXe siècle, en parlant des catholiques de l’époque.

Si au XXè siècle la France qui fut naguère la nation la plus

puissante et la plus enviée de toute l’Europe, si cette France s’est effondrée brusquement, après deux guerres, en laissant apparaître la désorganisation des familles, le pourrissement des classes dirigeantes, l’absence des personnalités et des chefs, et surtout la veulerie universellement répandue, la ruée vers l’Etat socialiste distributeur de prébendes et d’assurances confortables sur toutes les difficultés de la vie, l’effroi devant les responsabilités, l’esprit de fonctionnarisation envahissant tout, comme au temps où il jetait bas l’Empire de Rome, reine de l’Occident, ce cataclysme est évidemment dû aux doctrines que la Révolution de 1789 avait fait triompher ; mais nous devons chercher sans ménagements à savoir si ce triomphe de 1789 n’aurait pu être jugulé, jusqu’à rester l’une de ces erreurs sanglantes mais

passagère dont l’histoire est remplie et qui n’eurent pas de prolongements ...

[...] Les penseurs réactionnaires savaient bien que cette destruction de

l’homme avait été réalisée par l’oubli préliminaire des grandes lois dont Bossuet disait déjà « qu’on ne pouvait y toucher sans ébranler tous les fondements de la terre », et qu’un lecteur de Frédéric Le Play, en 1875, appelait ces «lois sociales, vieilles comme le monde, aussi certaines et aussi fixes que celles qui régissent les étoiles ». Les penseurs réactionnaires savaient cela ... mais ils ont mal démontré la valeur de leur résistance au monde qu’ils critiquaient ! Nous verrons que, le plus souvent, ils n’aperçurent pas l’ampleur du changement qui s’opérait autour d’eux. Protégés par les cadres encore puissants de la société ancienne, ils n’étaient pas directement blessés dans leur vie quotidienne par l’assaut du monde nouveau. Depuis les émigrés de la Révolution qui attendaient chaque année, pour le printemps suivant, le retour de l’ordre ancien, jusqu’aux contemporains du comte de Chambord qui, en 1875, bâtirent de leurs mains la constitution de la IIIe République, en pensant qu’elle serait toute prête pour le retour de leur roi, les réactionnaires crurent trop souvent lutter contre des obstacles éphémères, contre des adversaires passagers, contre des destructions sans lendemain ; ils crurent se trouver placés dans une guerre aux limites prochaines, qui leur permettrait donc de refuser le plus souvent le combat, de s’en tenir éloignés par dégoût et par mépris.

Là où il aurait fallu des chevaliers du XIIe siècle, bardés de leur

bouclier sans fêlure, brandissant leur épée aux côtés de leur croix, pour forcer le nouveau monde barbare à tenir compte de leur présence salvatrice, il n’y eut souvent que des privilégiés nostalgiques, des doctrinaires hautains, des traditionalistes momifiés ou aigris, des «prophètes du passé» reclus dans l’immobilisme et surtout d’incorrigibles discoureurs, de ces hommes dont Drumont devait dire un jour « qu’ils croyaient avoir agi quand ils avaient parlé ».

Marie-Madeleine Martin

Extrait de : "Les doctrines sociales en France et l'évolution de la société française"

Que reste-t-il aujourd’hui de tout cela ? Comment a-t-on fait, du peuple le plus laborieux de la terre, et peut-être du seul peuple laborieux de la terre, du seul peuple peut-être qui aimait le travail pour le travail, et pour l’honneur, et pour travailler, ce peuple de saboteurs, comment a-t-on pu en faire ce peuple qui sur un chantier met toute son étude à ne pas en fiche un coup.

Ce sera dans l’histoire une des plus grandes victoires, et sans doute la seule, de la démagogie bourgeoise intellectuelle. Mais il faut avouer qu’elle compte. Cette victoire.

Charles Péguy

L’argent

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Un nouveau contrat des peuples et pays de France :

Devant la décomposition de notre pays sous l’effet de l’européisme et de l’économie mondialiste, peut-on élaborer un nouveau contrat des peuples et pays de France, établir de nouvelles règles pour continuer à vivre ensemble ?

Le terme de contrat peut prêter à

équivoque, car Rousseau l’a employé pour remplacer une société organique par des rapports d’individus à individus, isolés de leurs corps naturels.

Contrat, dit le Robert, signifie convention

par laquelle les parties s’obligent ; il a pour synonyme : pacte. On parle d’un contrat de mariage, d’un contrat de société ou de travail. Pour évoquer l’acte fondateur de la France, on parle de « pacte de Reims » que Clovis scella avec Saint-Remi. A l’opposé, Faust fait changer son âme à Méphisto par un pacte avec le diable.

On peut donc parler d’un contrat de

peuples. La forme et le contenu importent plus que le mot. L’Alliance Sociale tente de réexaminer ce contrat initial pour l’actualiser en appliquant le principe de subsidiarité, règle maîtresse de toute organisation sociale. A savoir : ... de même qu’on ne peut enlever aux particuliers pour les transférer à la communauté les attributions dont ils sont capables de s’acquitter de leur propre initiative et par leurs propres moyens, ainsi ce serait commettre une injustice, en même temps que troubler d’une manière dommageable l’ordre social que de retirer aux groupements d’ordre inférieur pour les confier à une collectivité plus vaste ... les fonctions qu’ils sont en mesure de

remplir eux-mêmes. (Pie XI 1931) Cette référence nous différencie des souverainistes nationaux, qui marqués par la pensée révolutionnaire, tendent au centralisme jacobin. Jean de VIGUERIE (Les Deux Patries) et Jean Madiran (Les Deux Démocraties) ont bien développé les deux conceptions sociales : la conception organique qui harmonise les différents états, et la conception égalitaire, réduite à l’individu où «un homme égale une voix ».

Le problème consiste à délimiter les

espaces de libertés, les souverainetés de ces « états », et au sommet le domaine propre de la souveraineté de l’Etat, qui doit assurer le bien commun.

On attribue généralement l’échec des deux

tentatives de restauration (Louis XVIII et Charles X) au maintien d’une institution parlementaire fondée sur la loi du nombre et du système des partis, issus de la souveraineté du peuple, alors que dans la fonction royale le pouvoir du souverain est d’une autre nature. L’expression « Roi des Français » qu’ils adoptèrent exprime un autre concept que « Roi de France », autrement dit « Roi des Peuples de France ».

La coexistence de deux institutions

opposées, l’une centralisatrice, l’autre décentralisatrice, constituait me contradiction radicale. En cassant les institutions représentant des corps intermédiaires, des familles, des métiers, des provinces... au profit d’une addition d’individus, on transformait les Etats Généraux, où étaient représentés des « états », en Assemblée ne représentant que des individus.

Jean Paul BRANCOURT, au « Colloque

96 sur la Nation » a bien montré le glissement d’une conception à l’autre : « Dès le XVIème siècle, le terme d’état « status » s’applique aur groupes sociaux, alors que l’Etat est désigné sous le terme de « res publica ». Le rôle de l’Etat est d’assurer les libertés des états, en un mot garder la coutume. C’est la conception traditionnelle et chrétienne de la politique. ... Ce furent les protestants (Calvin) qui élaborèrent une doctrine justifiant la conception autocratique. Ils cherchèrent une entité indépendante de toute référence religieuse. Ce fut la notion de souveraineté appartenant au peuple (au singulier) et

déléguée au Roi pour administrer l’Etat. Le peuple pouvait reprendre cette souveraineté s’il le jugeait bon. Le mot Etat au sens moderne était apparu. »

Théodore de Bèze fut le premier à

définir la structure idéale selon lui, du corps politique. Le fondement du gouvernement est un contrat par lequel le souverain et le peuple s’obligent réciproquement. A partir du XVIIIème siècle le mot nation remplace le mot Etat.

Les clameurs révolutionnaires : « Vive

la nation, vive le Roi » associées, puis la constitution de 1791 achevèrent de dissocier le corps politique. Cette nation-là était de nature subversive.

« Le principe de toute souveraineté

réside essentiellement dans la nation, nul corps, nul individu ne peut exercer d’activité qui n’en émane expressément »

Déclaration des Droits de l’Homme 1789, art.3

« La souveraineté est indivisible ; elle

appartient à la nation ; aucune section du peuple, ni aucun individu, ne peut s’en attribuer l’exercice ».

Art.1 de la Constitution 3.9.91 Dès lors, tout mandat impératif est nul

(art. 27 de la Constitution de 1958) car il suppose la reconnaissance de groupes autonomes intermédiaires.

La Subsidiarité La subsidiarité implique nécessairement

la notion de corps intermédiaire entre l’individu et l’Etat. Pas de subsidiarité sans corps intermédiaire. C’est le fondement de toute société organique. Ces corps, emboîtés les uns dans les autres, sont complémentaires.

Ce point nous sépare des libéraux. Ils y

voient un frein à la liberté individuelle, seul moteur pour eux, de l’économie.

Pourquoi chaque métier, chaque état

doit-il disposer de libertés ? Parce que chacun possède la compétence pour gérer les problèmes qu’ils connaissent. Ils ont l’autorité pour le faire. Le plombier a l’autorité en son métier, en raison de sa

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compétence pour installer l’eau chaude. Les plombiers ensemble ont l’autorité pour gérer leurs problèmes économiques et sociaux. D’où l’enchaînement des mots clefs : COMPETENCE = AUTORITE = POUVOIR = LIBERTE.

La compétence donne l’autorité et le

pouvoir. Avoir le pouvoir, c’est avoir la liberté. L’autorité ne s’oppose pas à la liberté.

Jean-Paul II dans Centesimus Agnus et

Laborem Exercens dit bien : « Le caractère social de l’homme se réalise dans divers groupes sociaux intermédiaires qui ont leur autonomie propre.... Une des voies pour parvenir à cet objectif pourrait être d’associer le travail à la propriété du capital et de donner vie à une série de corps intermédiaires à finalités économiques, sociales et culturelles ; ces corps jouiraient d’une autonomie effective ... L’Eglise défend les différentes organisations sociales et les notions, réalités qui jouissent toutes d’un domaine propre d’autonomie et de souveraineté... »

PROUDHON l’a exprimé autrement

(Carnets III 1848/1950) « Souveraineté du peuple partout et toujours. Souveraineté de l’homme pour tout ce qui est et qui peut être de l’individu. Souveraineté de la commune pour toutes les choses de la commune. Souveraineté des pères et mères pour tout ce qui est de la famille. Souveraineté du producteur pour tout ce qui est du travail, du commerce et de l’industrie ... La grande majorité des républicains même démocrates, même socialistes, n’entendent point ainsi la souveraineté ... les uns, et je suis du nombre, demandent la sincérité des institutions démocratiques c’est à dire la distribution à l’infini de la souveraineté. »

Cette notion de décentralisation s’exprime

encore mieux dans la formule lapidaire : Le peuple en ses états, le prince en son conseil.

Concept d’autonomie et d’intégration Le principe de subsidiarité énonce une

règle d’ordre général. En pratique on se trouve confronté à deux

tendances : une aspiration à l’autonomie, qui tire vers le bas le règlement des problèmes et une aspiration vers l’intégration, qu’exigent la vie sociale et la poursuite du bien commun pour vivre ensemble.

Le concept d’autonomie affirme la

reconnaissance de l’autre, soit l’existence de deux unités. De ce fait il impose des limites et des relations avec l’autre. Le concept d’intégration impose un réseau de relations

mutuelles. La subsidiarité est un système dialectique où l’autonomie se réalise par son contraire : l’intégration. D’où un va-et-vient permanent entre les deux concepts, pour définir à quel niveau doit se réaliser un projet.

L’exemple allemand L’Allemagne en a fait une application

assez réussie. Voici ce qu’en dit K. M. Miebach (Le

Fédéralisme en R.F.A.) : « Le fédéralisme allemand est indissociable du Principe de Subsidiarité auquel se référait déjà implicitement la constitution de l’Empire allemand de l871. Il est d’ailleurs toujours présent dans le loi fondamentale de Bonn de 1949 ». Les articles 30 & 72 y font implicitement référence : « à la compétence originaire de l’Etat membre n’est substituée la compétence supérieure de l’Etat que si la nécessité en a été expressément constatée»

Cette loi fondamentale possède un autre

article clé : l’article 201 F « La République fédérale est un état fédéral, démocratique et social. Le pouvoir législatif est lié par l’ordre constitutionnel. Les pouvoirs exécutifs et judiciaires sont liés par la loi et le droit »

Les cinq principes d’Etat, garants du

peuple allemand qui font la spécificité du fédéralisme allemand sont :

- L’Etat de droit : il distingue la loi et le

droit, ce qui entraîne un droit de résistance et a permis l’instauration de « l’économie sociale de marché »,

- L’Etat républicain - L’Etat démocratique - L’Etat fédéral - L’Etat social [1] Il existe un jeu juridique permanent entre

ces cinq concepts. A propos de l’Etat social, il est intéressant

d’observer : L’Etat doit tout mettre en œuvre pour établir un équilibre entre les besoins sociaux et économiques. « L’Economie Sociale de Marché » constitue une synthèse originale entre ces deux termes apparemment contradictoires.

L’économie de marché assure la pleine

satisfaction des besoins matériels grâce à un réseau d’institutions (associations, syndicats, fondations...) Elles encourage l’initiative et reconnaît la liberté d’entreprendre, mais assure la protection et l’aide aux plus faibles.

L’économie sociale - opposée au

libéralisme de marché- consiste pour l’Etat à

protéger les plus faibles et à contrôler la concurrence. L’Etat assure la nécessaire solidarité en aidant les individus et les groupes qui s’auto-organisent à cette fin. Il a l’obligation d’intervenir pour suppléer à une défaillance. L’individu et le groupe doivent se prendre en charge. L’Etat intervient juste assez pour pallier à une insuffisance transitoire et remettre en selle. Il disparaît dès qu’ils sont capables d’agir seuls. Le social allemand n’est pas un simple acte de répartition de richesse.

Les trois modes d’application du

fédéralisme subsidiaire : • Première forme : les décisions

proviennent du centre qui dispose de l’autonomie du pouvoir. L’Etat fédéral a des pouvoirs renforcés par rapport aux états fédérés.

• Deuxième forme : le pouvoir

légitime provient des Etats fédérés qui transfèrent ou reprennent une partie de leurs pouvoirs. Chaque état a une identité concrète autonome.

• Troisième forme : ni l’Etat fédéral, ni

aucun des états fédérés n’exercent une plénitude de pouvoir ou une prééminence. En cas de conflit, il n’y a pas de primauté de compétence. Le Fédéralisme allemand synthétise ces trois âmes de fédéralisme.

Maastricht Par comparaison, examinons comment

s’applique dans la construction européenne le Principe de Subsidiarité.

Tout repose sur l’article 3B, qui fait

ressortir une primauté de l’Union Européenne où l’échelon supérieur gouverne ( lére forme). Certes, la rédaction précise que l’action de la communauté ne doit pas excéder ce qui est nécessaire pour atteindre les objectifs. Pratiquement tout se ramène à un rapport de force et à la volonté et l’intention des hommes.

Or un examen des documents peu

connus qui ont présenté le traité de Maastricht aux parlementaires européens, indique qu’ils ont été trompés sur les intentions des rédacteurs. Car à maintes reprises, il y est fait état d’une application dans le 2ème forme. D’abord dans « la communication de 92 ». Exemples : « c’est aux institutions communautaires... de prouver la nécessité de légiférer et d’agir au niveau communautaire ... » (les critères d’application) « doivent contribuer à assurer le citoyen que les décisions seront prises le plus près possible de lui » « La communauté ne doit intervenir que si

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et dans la mesure ... où les objectifs ne peuvent être réalisés de manière suffisante par les Etats membres.

Théoriquement la règle est la compétence

nationale ; l’exception, la compétence communautaire.

Pratiquement, faute d’une définition des

sphères de compétence, on assiste à une accentuation de la prééminence communautaire sur les états membres.

On retrouve les mêmes considérations

dans le «Protocole du Traité d’Amsterdam». Exemples : « (La subsidiarité) permet d’étendre l’action de la Communauté dans les limites de ces compétences, lorsque les circonstances l’exigent, et in versement de la limiter et d’y mettre fin lorsqu’elle ne se justifie plus ... » « ... la Communauté ne légifère que dans la mesure nécessaire ... il convient de donner la préférence à des

directives plutôt qu’à des règlements ...(il faut) laisser une marge de décision aussi grande que possible au plan national... veiller au respect des pratiques nationales... la Commission devrait ... motiver la pertinence de chacune de ses propositions au regard du principe de subsidiarité... » Le dernier article 13 de ce protocole est symptomatique des difficultés d’application : « Le respect du Principe de Subsidiarité fait l’objet d’un réexamen ... »

Ainsi l’application du Principe de

Subsidiarité n’est pas aussi simple que le formule son énoncé. Cela dépend beaucoup des hommes, de leurs intentions, de leur philosophie sociale centralisatrice ou décentralisatrice et des cas concrets à résoudre.

Terminons par deux cas peu connus en

France.

Sait-on que l’Alsace depuis 1914, jouit d’un statut spécifique qui lui octroie des domaines d’autonomie ? Un autre cas est celui de Wallis et Futuna, où la République Française a accordé depuis 1959 un statut particulier à une monarchie élective avec son droit coutumier, ses écoles, sa fête nationale...

La décentralisation de l’Etat totalitaire

doit d’abord entrer dans les têtes avant de s’inscrire dans les faits.

Benjamin Guillemaind

www.alliance-sociale.org [1] Ces réflexions ont été extraites de

“Principe de Subsidiarité - Esquisse pour le citoyen européen" Monti-Mansouri. Edit Associat. Gédéon DFCE

www.sauvonslesabeilles.com

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