14
Techmques ec Sources Oocumencalfes Ateliers de céramique non tournée en Provence qccidentale à la fin de l'Age du Fer 1- Les études sur les céramiques antiques les plus modestes n'ont jamais beaucoup attiré les cher- cheurs. La plupart des publications fournissent des catalogues de formes. commentées plus ou moins rigoureusement. Il est vrai que ces récipients sou- vent liés à l'activité culina1re ou au stockage des denrées. sont frustes et par là même n'apportent auJOurd'hui à l'archéologue que peu_ qui so1ent facilement exploitables. Ce qu1 est vra1 pour les céram1ques communes tournées l'est encore davantage pour les fabrications n'utilisant pas cette même technique de montage. Dans le Midi méditerranéen ces poteries <gros - sières> ne sont pub li ées avec attention que si elles ne sont pas exhumées en contexte avec de nom- breuses céramiques tourn ées. surtout d'origine méditerranéenne. Les chercheurs sont demeurés très longtemps fermés à l'idée de tenter des investiga- t1ons minutieuses sur de tels documents. Entre autres raisons. celle qui nous paraît être la plus déterminante dans ce refus (bien souvent inavoué) est directement liée à la croyance en la non-circula- tion commerciale de la presque totalité de ces réci- pients : des idées et les schémas peuvent être véhi - culés. les céramiqu es sont fa ites su r place>. Le travail en trep ri s par l'un de nous (P.A.) voici quelques années su r l'ensemble des çéramiques non tournées de la période finale de l'Age du Fer (lie - 1er s. av. J.-C .) essentiellement dans les départements des Bouches-du-Rhône et de Vau- cluse ( 1) est bien entendu donné comme objectif d'inventorier les formes. de comprendre le dynamis- me de leur évolution mais aussi d'essayer de les sai- sir dans leur fréquence relative. Nous entendons par là non seulement l'analyse des rapports des formes non tournées entre elles avec l'observation des modifications de ces proportions dans le temps et dans l'espace. mais également l'évaluation de leur importance parmi tous les récipients en usage dans les activités domestiques (2). Nous avons aussi es - sayé de recueillir qu el ques indices sur les usages possibles des différentes formes. Les résultats de cette enquête nous ont obligé à modifier sensiblement les points de vue que nous avions sur ces fabrications céramiques en amorçant notre recherche. Le concept de céramique modelée qu1 prévalait alors était tr ès monolithe par le simple fait que l'on ne pouvait guère saisir les divers aspects de ces productions non tournées. Aujourd'- hui l'inventaire de la quasi-totalité des documents provenant des foui ll es. sondages et même ramassa- ges de su rface da ns deux départements nous permet de parler désormais des et non plus de la céramique non tournée. P. ARCELIN et M. PICON Nous ne comptons pas présenter dans cette courte note l'intégra li té des résultats obtenus. Ils feront l'objet d'un ouvrage particulier (3). Nous dési- rons nous arrêter su r des ensembles de céramiques nettement dissociables des autres fabrications non tournées. La convergence des arguments archéolo- giques et technologiques nous ont amené en effet à individualiser deux groupements d'ateliers qui vont commercialiser (indirectement sans doute) leur production autour d'eux mais aussi à plus longue d1stance. Si l'essentiel de la vaisselle culinaire est encore modelée localement (4) dans bien des habitats. el le ne l'est pl us exclusivement et elle participe doréna- vant activement aux échanges rég ionaux (5) . Pour mener à bien cette étude et en particulier pour caractériser les productions artisanales. nous avons favorisé trois directions de recherche : - la compréhension des techniques de façonna- . ge des récipients depuis la préparation ou le choix du matériau argileux jusqu'aux finitions de surface et à la décoration. sans oublier les modes de cuisson. Grâce à cette démarche technologique. nous avons pu comprendre les habitudes des potiers et nous assurer plus précisément de la réa lité de ces ate- liers: - l'appréhension morphologique globale des dif- férentes formes en nous appuyant sur des rapports métriques simples. exprimés Bien des corrélations avec certaines observations technologiques répétitives nous sont apparues perti- nentes: - enfin les analyses sur les constituants fonda- mentaux des pâtes. les recherches des gisements argileux su r le terrain ou encore les tests dilatométri- ques ont apporté de nombreuses indications sur la préparation des matériaux plastiqu es. leurs prove- nances probables ou leurs degrés de cuisson. Cette partie de la recherche a été conduite par l' un de nous (M.P.). Nous présenterons Sl:l .ccessiverAsru jes deux groupes d'ateliers. les causes proba6rës de leur apparition. leur périO'de de productivité et leur champ d'activité économique. Nous insisterons spé- cialement sur les technologies mises en oeuvre en évitant de trop nous attarder sur les détails des types produits ou sur les modalités de leur distribu- tion. Mais auparavant. il est intéressant d'observer le résultat d'un premier essai de classification portant sur un échantillon de plus de 120 exemplaires des différentes catégories de céramiques étudiées ici (fig. 1 0). La classification fa it inte rvenir huit consti- tuants principaux de la céramique (K. Mg .. Ca. M n. Al. Fe. Si et Ti) : elle a été réa lisée par analyse de

Ateliers de céramique non tournée en Provence … · me de leur évolution mais aussi d'essayer de les sai ... hui l'inventaire de la quasi-totalité des documents ... ques précises)

  • Upload
    vananh

  • View
    214

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Techmques ec Sources Oocumencalfes

Ateliers de céramique non tournée en Provence qccidentale à la fin de l'Age du Fer

1- Les études sur les céramiques antiques les plus modestes n'ont jamais beaucoup attiré les cher­cheurs. La plupart des publications fournissent des catalogues de formes. commentées plus ou moins rigoureusement. Il est vrai que ces récipients sou­vent liés à l'activité culina1re ou au stockage des denrées. sont frustes et par là même n'apportent auJOurd'hui à l'archéologue que peu_ d'indic~s qui so1ent facilement exploitables. Ce qu1 est vra1 pour les céram1ques communes tournées l'est encore davantage pour les fabrications n'utilisant pas cette même technique de montage.

Dans le Midi méd iterranéen ces poteries <gros­sières> ne sont publiées avec attention que si elles ne sont pas exhumées en contexte avec de nom­breuses céramiques tournées. surtout d'origine méditerranéenne. Les chercheurs sont demeurés très longtemps fermés à l'idée de tenter des investiga­t1ons minutieuses sur de tels documents. Entre autres raisons. celle qui nous paraît être la plus déterminante dans ce refus (bien souvent inavoué) est directement liée à la croyance en la non-circula­tion commerciale de la presque totalité de ces réci­pients : des idées et les schémas peuvent être véhi ­culés. les céramiques sont fa ites sur place>.

Le travail entrepris par l'un de nous (P.A.) voici quelques années sur l'ensemble des çéramiques non tournées de la période finale de l'Age du Fer (lie - 1er s. av. J.-C.) essentiellement dans les départements des Bouches-du-Rhône et de Vau­cluse ( 1) s· est bien entendu donné comme objectif d'inventorier les formes. de comprendre le dynamis­me de leur évolution mais aussi d 'essayer de les sai­sir dans leur fréquence relative. Nous entendons par là non seulement l'analyse des rapports des formes non tournées entre elles avec l'observation des modifications de ces proportions dans le temps et dans l'espace. mais également l'évaluation de leur importance parmi tous les récipients en usage dans les activités domestiques (2). Nous avons aussi es­sayé de recueillir quelques indices sur les usages possibles des différentes formes.

Les résultats de cette enquête nous ont obligé à modifier sensiblement les points de vue que nous avions sur ces fabrications céramiques en amorçant notre recherche. Le concept de céramique modelée qu1 prévalait alors était très monolithe par le simple fait que l'on ne pouvait guère saisir les divers aspects de ces productions non tournées. Aujourd'­hui l'inventaire de la quasi-totalité des documents provenant des fouilles. sondages et même ramassa­ges de surface dans deux départements nous permet de parler désormais des et non plus de la céramique non tournée.

P. ARCELIN et M. PICON

Nous ne comptons pas présenter dans cette courte note l'intégralité des résultats obtenus. Ils feront l'objet d'un ouvrage particulier (3). Nous dési­rons nous arrêter sur des ensembles de céramiques nettement dissociables des autres fabrications non tournées. La convergence des arguments archéolo­giques et technologiques nous ont amené en effet à individualiser deux groupements d'ateliers qui vont commercialiser (indirectement sans doute) leur production autour d'eux mais aussi à plus longue d1stance.

Si l'essentiel de la vaisselle culinaire est encore modelée localement (4) dans bien des habitats. elle ne l'est plus exclusivement et elle participe doréna­vant activement aux échanges régionaux (5).

Pour mener à bien cette étude et en particulier pour caractériser les productions artisanales. nous avons favorisé trois directions de recherche :

- la compréhension des techniques de façonna-. ge des récipients depuis la préparation ou le choix du matériau argileux jusqu'aux finitions de surface et à la décoration. sans oublier les modes de cuisson. Grâce à cette démarche technologique. nous avons pu comprendre les habitudes des potiers et nous assurer plus précisément de la réa lité de ces ate­liers:

- l'appréhension morphologique globale des dif­férentes formes en nous appuyant sur des rapports métriques simples. exprimés s~atistiquement. Bien des corrélations avec certaines observations technologiques répétitives nous sont apparues perti­nentes:

- enfin les analyses sur les constituants fonda­mentaux des pâtes. les recherches des gisements argileux sur le terrain ou encore les tests dilatométri­ques ont apporté de nombreuses indications sur la préparation des matériaux plastiques. leurs prove­nances probables ou leurs degrés de cuisson. Cette partie de la recherche a été conduite par l'un de nous (M.P.).

Nous présenterons Sl:l.ccessiverAsru jes deux groupes d'ateliers. les causes proba6rës de leur apparition. leur périO'de de productivité et leur champ d'activité économique. Nous insisterons spé­cialement sur les technologies mises en œuvre en évitant de trop nous attarder sur les détails des types produits ou sur les modalités de leur distribu­tion. Mais auparavant. il est intéressant d'observer le résultat d'un premier essai de classification portant sur un échantillon de plus de 120 exemplaires des différentes catégories de céramiques étudiées ici (fig. 1 0). La classi fication fa it intervenir huit consti­tuants principaux de la céramique (K. Mg .. Ca. Mn. Al. Fe. Si et Ti) : elle a été réalisée par analyse de

116 P. ARCELIN. M. PICON

.. .--.: 1 ~ ·· ~ · • ( ..

Figure 1 : Exemples de productions des Ateliers de la région de Marseille (numéro 1 à 4 : formes 1 : numéros 5 et 6 : formes 3).

grappes en affinité moyenne pondérée. Le dendre­gramme obtenu confirme qu'on a bien affaire à deux ensembles distincts qui correspondent exactement aux deux ateliers. ou groupes d'ateliers. définis à partir de l'étude archéologique. et notamment des données typologiques et technologiques. Il justifie donc entièrement la présentation successive de ces ensembles que nous serons conduit à rattacher l'un à la région de Marseil le et l'autre à celle des Alpilles.

On peut noter encore sur la partie droite du den­drogramme la présence d'une dizaine d'exemplaires qui sont en position marginale par rapport aux deux ensembles précédents : ils ont des caractéristiques particulières que J'on précisera plus loin. On remar­quera enfin que le groupe des Alpilles est plus hété­rogène que celui de Marseille. comportant différents sous-groupes qu'il sera nécessaire d'examiner.

Il LES ATELIERS DE LA RÉGION DE MARSEILLE

2. 1. - Leur activité 2. 1. 1. - Les productions. Elles se répartissent en sept ensembles de for­

mes qui peuvent comporter plusieurs groupes et variantes (la numérotation des ensembles. des for­mes et de leurs variantes est celle employée dans notre travail général) (6}. En réalité, ces ateliers ont essentiellement fabriqué trois des ensembles :

- les formes 4 (50 à 60% de la production) (fig. 2. numéros 9 à 1 2) ;

- les formes 1 (20 à 25%) (fig. 1 et 2. numéros 1 à 4 et 7 ; fig. 5. numéro 19) ;

- les formes 5 ( 15 à 20%) (fig. 2. numéro 13).

) ( ~------ci----~

Figure 2 : Exemples de productions des Ateliers de la région de Marseille (numéro 7 : forme 1 : numéro 8: forme 2: numéro 9 à 12 : formes 4 : numéro 13 : forme 5).

Les quatre autres ensembles réunis représentent moins de 15% des vases ( 7).

On remarque d'emblée que les formes. comme les traitements de surfaces ou la décoration puisent leur inspiration tant dans les traditions céramiques autochtones que dans des modèles tournés méditer­ranéens. Ainsi les formes des ensembles 2. 4. 5. 6 et partiellement 8 copient presque trait pour trait des jattes ou des vases fermés gréco-italiques. Ce qui est frappant c'est que pour la première fois dans le Sud-Est. des céramiques non tournées comprennent plus de 70%d'exempla ires qui s'inspirent fidèlement de prototypes tournés étrangers.

Compte-tenu de la durée de J'activité relative­ment longue de ces ateliers. on peut s~ demander si ces productions n'ont pas évolué typologiquement comme dans leurs fréquences respectives ? D'après les éléments actuellement en notre possession (il faut souligner le manque de données archéologi­ques précises). ces modifications paraissent fa ibles.

2.1 .2.- La diffusion La nature des documents archéologiques sur les­

quels nous avons souv~t été ame.~ à travail ler ne facilite par la mise en place d'une c'artbgraphie de répartition qui tiendrait compte des fréquences de ces productions par rapport aux autres catégories de céramiques. Contentons-nous d'une simple carte de présence (fig. 4}. Que constatons-nous? Tout d'abord une distribution dense sur la région située au Nord de Marseille. pratiquement alentour de l'étang de Berre. Le restant de la répartition concer­ne : le delta rhodanien d'une part (Fos. Saint-Gilles­du-Gard. Arles et Les Baux). les côtes de Provence d'autre part (Le Mont-Garou. La Courtine. Le Brusc­Tauroeis. les îles des Embiez. La Garde. Hyères-0/bia, I'Acapte. l'île Sainte-Marguerite. Antibes et

ATELIERS DE CÉRAMIQUE NON TOURNÉE EN PROVENCE OCCIDENTALE À LA FIN DE L'ÂGE DU FER 117

1 14 •

e..;Ci ____ , :....__::;;;:: .... l ~=-/ 15

16

17

18

Figure 3: Exemples de productions des Ateliers de la région de Marseille (numéro 14 : forme 4: numéro 15 : forme 6: numéro 16 à 18 : formes 8).

Nice). Rien n'interdit de penser que quelques exem­plaires aient pu circuler aussi le long des côtes lan­guedociennes (8).

Si l'on essaye malgré tout d'estimer les fréquen­ces de l'ensemble des productions de ces ateliers dans les habitats. on constate qu'elles sont maxima­les dans la région Aix-Marsei lle (9) et plus réduites pour la zone ouest de l'étang de Berre. Dans les gi­sements côtiers nous ne possédons aucune statisti ­que par manque de publications Mais les fragments de ces catégories de vases peuvent se chiffrer par centaines à Marseille ou à 0/bia. Il existe donc un véritable courant d'exportation maritime, d'une part vers la basse va llée du Rhône (Espeyran, Fos. Arles) et d'autre part vers les côtes provença les. Une inter­rogation reste aujourd'hui sans réponse archéologi­que : ce ·commerce maritime coïncide-t-i l vraiment avec les débuts de la phase de productivité des ate­liers comme nous le pensons logiquement ?

En examinant maintenant les répartitions de fré­quence de chacun des ensembles de formes. on remarque cette fois-ci que les modes de distribution terrestre et maritime sont différents. Les habitats indigènes présentent en majorité des formes de tra­dition autochtone (formes 1. 3 et 8 : en moyenne 50 à 55%). Les formes 1 à elles seules représentent de 28 à 36% des exemplaires. Tout au contraire les gisements côtiers n'ont que peu de formes qui ne soient pas inspirées de céramiques tournées d'origi­ne méditerranéenne : en moyenne 5% ( 1 0) . Les choix sont évidents et ne relèvent pas du hasard (11). Nous y reviendrons.

2. 7.3.- La phase de productivité Si l'on place l'abandon de sites comme Entre­

mont. le Baou-Roux ou La Tête de l'Ost à Mimet vers 125 av. J. -C., il faut alors admettre que ces ateliers étaient déjà en pleine activité ( 12). Par recoupe­ments avec d'autres gisements plus anciens. nous plaçons le début des fabrications vers le milieu du Ile siècle. Elles paraissent se poursuivre sans discon­tinuité jusqu'au milieu du 1er siècle av. n.è. ( 13). Les habitats de La Cloche aux Pennes-Mirabeau ( 14). ou du Castellas à Rognac ( 15). sont pour cette époque de précieux jalons. 2.2. - Leur technologie

2.2.1.- Les observations systématiques. les interprétations logiques tempérées par des compa­raisons ethno-archéologiques. les résultats des analyses opérées en laboratoire nous permettent de compendre les techniques de fabrication de ces récipients. Si certains aspects ne nous paraissent plus désormais poser de problèmes majeurs il n'en va pas de même pour d'autres qui demeurent plus conjecturaux.

Deux remarques nous paraissent fondamentales pour bien comprendre la généalogie de ces produc­tions :

- les techniques de base employées pour la pré­paration du matériau argileux. pour façonner, finir. décorer et cuire les vases sont sans conteste issues des habitudes autochtones préexistantes ;

- ce qui les distingue des autres récipients céra ­miques non tournés contemporains. c'est l'existence de détails morphologiques précis ou de finitions pré­férentielles. voire de tonalités dominantes qui leur sont propres. La préparation du matériau plastique est éga lement très particulière. Bien souvent plu­sieurs de ces caractères se retrouvent conjointe­ment sur un même vase. Malgré des variations glo­bales dans les proportions ou dans les techniques de montage. résultats de l'activité de nombreux potiers, il se dégage un véritable <air de parenté>.

Cette production de céramiques <en série> va entraîner un décalage dans les choix technologiques par rapport à ceux des céramiques domestiques ré­gionales : cela apparaîtra à tous les stades de l'éla­boration des vases. Il en résultera surtout une plus grande légèreté grâce à des parois peu épaisses et parfois un peu plus de régularité. Qualité apparente et productivité accrue par une sélection des techni ­ques les plus appropriées sont les traits qui se déga­gent de l'ensemble de la production.

Les emprunts morphologiques à des modèles étrangers paraissent pénétrer plus facilement dans ce milieu spécialisé que dans les autres structures sociales. plus conservatrices. La dualité entre les tra ­ditions et l'introduction de schémas nouveaux, sensible dans toutes les productions méridionales depuis le Ille siècle. prenct. ici une ré§onnance parti-culière. ··.- ""':l": -~

2.2.2. Le matériau..,p!astique L'aspect visuel des pâtes de plus de 90% des

vases est caractérisé par la présence de très nom­breuses et fines particules. blanches. opaques et à angles vifs. Contrairement à la très grande majorité des céramiques de l'Âge du Fer où ces particules sont constituées par de la calcite broyée. il s'agit ici d'un mélange de dolomite et de calcite fortement magnésienne. C'est ce que montrent conjointement les examens par diffraction X et l'analyse chimique de ces particu les. L'emploi comme dégraissant de la ca lcite magnésienne et de la dolomite est le même

118 P. ARCELIN. M . PICON

=----=-======= =--------=

: · . · .. ... ,• .·····.·

..... ·

.. ....

. · ·.

.. ....

0

. .... ... ···· .. ..... ··

km::::

Figure 4 : Carte de diffusion des céramiques des Ateliers de la région de Marseil le (les ronds indiquent les habitats indigènes ; les ronds étoi­lés. les colonies ou comptoirs de Marseille; la zone cerclée. l'aire probable où situer ces ateliers).

que celui de la calcite. mais ces constituants ont une signification géochimique différente. Celle-ci fourni­ra des indications utiles pour préciser l'origine de ces fabrications.

La dimension des particules est le plus souvent de 0.1 à 0.5 mm. leur densité est élevée, de 500 à 1000 par cm2. La technique de préparation du maté­riau est la même que celle de la plupart des fabrica­tions domestiques du l ie siècle. Mais le soin apporté à la régularité et à la f inesse du broyage du dégrais­sant est ici proportionnel à la minceur des parois.

La composition chimique moyenne et les écarts­types correspondants. pour 35 exemplaires de ce groupe. sont les suivants :

K20 = 0.97 + 0.20 Al

20

3= 21.6 + 1.7

MgO = 6.2 + 1,7 Fe20 3= 6.7 + 0,6

CaO = 19,1 + 3.2 iO 2 = 44.7 + 2.0

MnO = 0.025 + 0.009 Ti0 2 = 0.7 1 + 0,05

L'argile de base. dont l'observation microscopi­que IT)Ontre qu'elle contient peu d'inclusions non plastiques a nécessai rement une composition diffé­rente. Sa détermination sur trois exemplaires a four­ni des résultats très semblables dont la moyenne est la suivante : K20 1.4 MgO = 0.5

28,0 8.5

CaO MnO

0,9 0.037

59.8 = 0,92

Il s'agit d'une kaolonite ferrugineuse. ce qui constituera une observation utile pour préciser l'ori-gine de ces fabrications. .

Il existe un certain nombre de pièces (5 à 10% des cas) où la pâte n·a pas été dégraissée. L'argile n'a pas la même origine. plus grossière et de com­position différente. Il s'agit d'ex·empla ires qui s.ont situés en position margina le à la partie droite du dendrogramme de la figure 1 O. Ces exemplaires qui paraissent bien faire partie stylistiquement des pro­ductions des ateliers sont difficilement interpréta­bles : ils peuvent simplément repr'ê~l')ter le résultat de tâtonnements iQitiaux ou au contraire d'essais réalisés pour tenter d'échapper au broyage de la cal­cite. et aux inconvénients dûs à la présence de cette dernière lors de la cuisson.

2.2.3. Le montage Nous n'avons jamais remarqué de traces de tour­

nage ni de régularisation à la tournette rapide (sur pivot) . La finesse des parois qui est de rigueur. l'ob­servation des lignes de fractures préférentielles paraissent suggérer l'utilisation de colombins aplatis et étirés un peu en forme de bande. Cette technique offre l'avantage de pouvoir obtenir rapidement des parois fines et de réduire le temps de montage. Dans

ATEUERS DE CÉRAMIQUE NON TOURNÉE EN PROVENCE OCCIDENTALE À LA FIN DE L'ÂGE OU FER 119

toutes les opérations. la raclette dentée vient com­pléter l'action de la main.

Arrêtons-nous simplement sur quelques aspects particuliers observés :

- le façonnage des formes 4 et 5 a contraint les potiers à faire des fonds de récipients arrondis. Par­mi les solutions possibles. il nous semble que c'est celle de l'enfoncement et du martelage qui a été re­tenue;

- sur la plupart des formes. surtout celles dont la morphologie générale relève d'influences méditerra­néennes. on constate une soumission complète du potier à son modèle jusque dans les détails (par exemple l'aspect anguleux des raccords des diffé­rentes parties du récipients) ;

- malgré la volonté de rapidité dans l'élabora­tion des vases. nous devons aussi constater qu'il subsiste un souci réel de qualité et de solidité (par exemple dans la technique du collage des pieds).

224. Les finitions. la décoration Les traitements de surface des vases utilisent

toutes les techniques employées sur les autres céra­miques non tournées. Mais le choix et la prééminen­ce de chaque mode ne sont plus les mêmes. La ten­dance des potiers est ici de favoriser au maximum le lissage fin. bien souvent après engobage (fig. 5. numéro 20) . Il en est ainsi pour presque toutes le~ formes 4 et 5. Il semble qu' il y ait conjonction de deux facteurs : le gain de temps (par rapport au polissage) et la recherche d'un aspect <mat> rappe­lant les prototypes tournés. Le polissage va cepen­dant subsister surtout sur les formes de tradition autochtone (formes 1 ou 8). de même que le lissage rugueux et le peignage sur les panses.

Cette tendance à l'économie de temps se retrou­ve dans le système décoratif. Seuls les vases de l'ensemble 1 peuvent être décorés par incision à l'épaulement d'une ligne brisée mais le plus souvent ondulée. et partiellement effacée par le lissage ulté­rieur ( 16) (fig. 5. numéro 19).

2.2.5.- La cuisson Nous ne connaissons aucune découverte de fos­

se de cuisson. de four à sole. ni même de rebuts en

Figure 5 : Aspects des productions des Ateliers de la région de Marseille. Numéro 19 : forme 1 décorée: numéro 20. a : lissage externe sur engobe: numéro 20. b : aspect tntérieur du même frag · ment lissé sans rajout d'un engobe.

rapport avec ces ateliers. On ne peut qu'émettre des hypothèses étayées seulement par les observations statistiques effectuées sur environ 200 fragments de vases différents.

Que remarquons-nous ? - Tout d'abord. hormis quelques exceptions. le

dégraissant broyé ne s'est pas décomposé. Cela in­dique que les températures de cuisson atteintes sont faibles et peut-être de courte durée. Elles ne doivent pas vraiment dépasser 600 à 650°C. seuil de trans­formation de la calcite. ce que confirment les exa­mens dilatométriques.

- Il est tout aussi net que le mode de cuisson le plus fréquent est réducteur jusqu'à la post-cuisson : 75% des pâtes et des surfaces sont grises et même dans 91% des cas les surfaces au moins demeurent grises. ce qui indiquerait que la post-cuisson est volontairement réductrice ( 17).

- Les <coups de feu> ne sont pas fréquents . Les colorations sont plutôt régulières ( 18).

Quelles sont donc les techniques employées ? Il est tout à fait possible d'obtenir ces résultats par une cuisson soignée en meule ou en fosse ( 19). Ce­pendant l'existence d'engobes blanchâtres impli­quent parfois une décarburation en fin de post-cuis­son par apport d'oxygène. Mais il peut être aussi involontaire.

Il n'est donc pas facile ce trancher entre une cuisson traditionnelle en meule et l'usage de fours rustiques à sole (20). En tout cas la technique la plus primitive s'avérerait suffisante. 2.3. - Leur nature

2.3.7.- Structuration L'analyse des productions et des technologies

mises en œuvre ont montré un certa in décalage existant entre ces céramiques et le reste des fabrica­tions non tournées régionales. Si les filiations sont encore très évidentes au Ile siècle. la dichotomie est plus nette ultérieurement. Cette évolution se faisant

Figure 6 : Aspects des productions des Ateliers de la région des Alpilles. Numéro 21 à 24 . formes 1 appartenanl à quatre des séries les plus reproduites.

120 P. ARCELIN. M. PICON

dans le sens d'une amélioration technique nous avons déjà admis qu'elle impliquait l'existence d'ate­liers spécialisés. L'importance et l'étendue de la dif-' fusion durant trois au quatre générations de potiers entraînent forcément leur plura lité. Les nombreuses variantes dans le façonnage sont là pour le confir­mer. La question qui se pose alors est de savoir si ces artisans étaient regroupés en un même lieu ou dispersés dans plusieurs terroirs d'une région déterminée qu'i l reste à délimiter. Il nous paraît diffi­ci le. faute de vestiges sur le terrain. d'être catégori­que pour l'une ou l'autre solution. Cependant deux arguments para issent déterminants :

- tout d'abord. les analyses de pâtes montrent une assez grande homogénéité des compositions. Il existerait donc une ou plusieurs veines argileuses exploitées préférentiellement. Certes quelques céra ­miques ont des pâtes un peu différentes. Sans pouvoir les intégrer dans le groupe principal. elles n'apparaissent cependant pas très éloignées: - -ensuite. l'unité technologique et morphologique qui n'évolue que légèrement durant la période de productivité est diffici lement concevable entre des potiers ne travaillant pas en relation permanente. Il y a un incontestable phénomène de <mimétisme> entre les fabrications.

Nous aurions plutôt tendance à préférer l'hypo­thèse du regroupement de la majorité des ateliers peut-être même sous la forme d'un village de potiers. Une telle structure offre en outre l'avantage de faciliter les choix de fréquence des formes à rer:-roduire. puis leur diffusion. Nous avons senti en effet le faible degré de liberté laissé aux potiers : les trois formes 4.1 et 5 forment 85% de la production. Ce faciès est différent de ceux résultant des habitu ­des de façonnage et des besoins domestiques indi­gènes.

Il suggère une supervisation politique de la pro­duction qui soit relativement contraignante et res­trictive.

Toute une série d'interrogations se rapportant à l'organisation interne des ateliers demeurent dans l'immédiat sans réponses certaines. Ainsi faut-il envisager de vastes regroupements d'ouvriers dans quelques ateliers ou bien un grand nombre d'arti ­sans indépendants? Les variations dans le façonna­ge et les finit ions nous inciteraient plutôt à préférer la seconde hypothèse. Mais alors ces artisans travaillent-ils librement (peut-être même selon un rythme saisonnier) ? Y -a-t-il des esclaves ? Quelles étaient les cadences de production ? etc. Une seule chose est claire c'est que les potiers n'ont pas été déplacés géographiquement : ils ont appris leur technique initiale dans les bourgades voisines.

2.3.2. - .Localisation Les données de terrain étant inexistantes. c'est la

convergence logique d'une' série d'indices qui peut permettre de délimiter une région de forte probabili­té. Nous sommes enclins. au plan archéologique. à la situer sur le versant nord de la Chaîne de l'Étoile à quelques kilomètres au Nord-Est de Marseille. et pour être plus précis. sans doute sur les communes de Simiane-Collongue. de Mimet ou de Saint­Savournin. C'est en effet dans cette aire géographi­que que l'on trouve le plus de liens avec les façonna­ges domestiques aussi bien dans les formes que dans les matériaux. surtout pour la phase initia le des productions (21 ). De plus cette région boisée est une source abondante de combustible nécessaire à la cuisson.

28

Figure 7 : Exemples de productions des Ateliers de la région des Alpilles (numéro 25 : forme 1 caractéristiques de la phase 1 : numéro 26 à 30 : formes 1 de la phase 2).

31

?~-

~. 33

32

35 ..

.,~ 'tr==YO'f-.-::.·~;;~-: ::-::-::-::-::-::-: ::~1 =:.=:.=:.=:.=:.=:.=:.=:.=:.=:.=:.:. -r

38

>

· .. - /·:i & + •.•

Figure 8 : Exemples de productions des Atel iers de la région des Alpilles (numéro 31 : forme 1 : numéro 32 : forme 3: numéro 33 à 35 : fo rme 4 : numéro 36 : forme 5: numéro 37 : forme 8 : numéros 38 et 39 : forme 7).

ATELIERS DE CÉRAMIQUE NON TOURNÉE EN PROVENCE OCCIDENTALE À LA FIN DE L'ÂGE DU FER 121

L'étude de la pate et des dégraissants fournit également des précisions intéres~antes sur la locali­sation des ateliers. Des kaolonttes ferrugmeuses ayant des compositions semblables à celles qui ont été déterminées sur les séries de la région de Marseille se rencontrent en effet souvent dans les gisements régionaux d'argiles associées aux bauxi­tes. De tels gisements sont bien développés dans la partie est de la zone précédemment délimitée. sur la Montagne de Regagnas. un peu à l'Est à Saint­Savournin. notamment. Mais on ne saurait exclure a priori que des poches résiduelles d'argiles çfe ce type aient pu exister dans la Chaîne de l'Etoile. Quant au dégraissant. ses caractéristiques forte­ment magnésiennes évoquent les filons qes grandes séries dolomitiques de la Chaîne de l'Etoile. mais éga lement ceux des séries dolomitiques de la Montagne de Regagnas.

Ainsi. les données archéologiques et les données fournies par le laboratoire sembleraient en bon accord. Seules des prospections. rendues difficiles par le caractère localisé des gisements d'argiles. pourraient à présent permettre de délimiter plus pré­cisément les zones de production.

2.4. - Leur rate et leur signification L'organisation de tels ateliers n'apparaît pas com­

me un phénomène spontané de la part des popula­tions. Il est clair que les directives de production viennent des principaux utilisateurs. Mais qui sont­ils ? Les analyses de répartition dans les sites côtiers et de l'intérieur sont parlantes. Il y a des acquéreurs dans les habitats indigènes. c'est incontestable. Ils absorbent même une bonne partie de la production et choisissent beaucoup de formes traditionnelles. Or. compte-tenu des choix du répertoire morpholo­gique. cet axe d'écoulement tout en étant économi­quement réel n'en est pas moins secondaire. P'ail­leurs seuls les sites proches de la Chaîne de l'Etoile et de Marseille para issent bien fournis. Par contre les types et la fréquence des formes produites se com­prennent mieux par rapport aux exportations vers Marseille qui doit à son tour les répercuter en partie vers ses comptoirs provençaux ou ses points de débarquement. Il y aurait donc eu structuration d'ateliers pour alimenter en premier lieu Marseille et ses comptoirs en céramique commune culinaire (22) . Les potiers viennent des villages indigènes voi­sins et vont travailler selon une technologie de base tout à fait traditionnelle.

Faute d'études dans les cités d'obédience mar­seillaise. nous ne pouvons connaître l'importance réelle de la fréquence des céramiques culinaires autochtones usitées antérieurement. Mais quelles qu'en soient les ra1sons. il est cla1r qu'une demande accrue se fait sentir vers le milieu du lie siècle. C'est précisément à la même époque que . l'h~gémonie marseillaise accentue son empnse terntonale sur la rive gauche du Rhône (au moins jusqu'aux Alpilles) (23) et le long des côtes provençales (création de nouveaux comptoirs) (24) . Dans la chora de Marseil­le où se situent les ateliers. des restructurations so­ciales et économiques (regroupement des habitats ; nouveaux rapports à la terre) apparaissent assez nettement. Rien n'interdit de penser que ces ateliers ont été créés à la demande. plus ou moins pressan­te. des marseillais. Nous serions alors en présence d'une forme d'exploitation typiquement coloniale qui disparaîtra après la chute de la cité marchande en 49/ 48.

Ill - LES ATELIERS DE LA RÉGION DES ALPILLES

3. 1. - Leur acwité 3. 1. 1. - Les productions Elles sont variées dans leurs formes et diversi­

fiées dans leur typolog1e. Nous avons ainsi indivi­dualisé neuf ensembles de formes ( 1 à 5 et 7 à 1 0 de notre classification générale) . L'analyse a porté sur quelques 2000 vases ou fragments différents. Outre des groupes de formes et leurs variantes. nous avons pu cerner à l'intérieur de certains d'entre eux des lots de céramiques parfois importants qui par l'ensemble de leurs caractères peuvent être considérés comme issus des mains de potiers tra­vaillant dans un même atelier. Nous les appelons des séries. Ainsi les productions sont ventilées en 45 groupes. séries ou variantes.

Les neuf ensembles de formes ne sont pas façon­nés dans les mêmes proportions. Deux d'entre eux rassemblent 83.2% des exemplaires connus :

- les formes 1 (64.4%). Elles se subdivisent en 6 groupes et 12 séries (fig. 7 et 8. numéros 25 à 31 ; fig. 6. numéros 21 à 24) :

- les formes 4 ( 18.8%) : 6 groupes et 4 séries (fig. 8. numéros 33 à 35).

La forme 1 0 n'existe qu'en un seul exemplaire : la forme 9 pour 0.4% et toutes les autres oscillent entre 2.8 et 3.8% (fig. 8. numéros 32. 36 à 39). Ajoutons à cet inventaire. pour être complet. que certains ate­liers façonnent des dolia. des supports de vases. des chenets animaliers et des plaques lisses ou à décors estampés (25).

Les potiers modèlent donc des types de formes assez diversifiés mais il est vrai qu'ils ne sont pas tous contemporains ; les données archéologiques plus nombreuses au 1er siècle qu'elles ne l'étaient auparavant. nous permettent de saisir en partie l'évolution des productions dans le temps. Les tradi­tions morphologiques de façonnage et les apports méditerranéens. essentiellement ita liques. partici­pent à l'élaboration des formes du répertoire. Parfois ces deux sources d'inspiration peuvent se confondre et donner naissance à un type original : par exemple la plus reproduite des formes 4 (fig. 8. numéros 33 et 34 (26) . Mais au delà de cet amalgame d'influen­ces. ce sont sans conteste les habitudes morpholo­giques et technologiques indigènes qui caractérisent le faciès général de l'ensemble de la production : plus de 70% des formes appartiennent au registre de l'Âge du Fer bas-rhodanien. Les finitions et 1~ décoration relèvent également des mêmes tradi­tions.

3. 1.2.- La diffus1on Si nous analysons un~simple cart.eJje présence

(fig. 9) nous obseNons l'existence de '5'9·points de découvertes. groupés .. pour 51 d'entre eux dans les deux départements des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse. surtout entre le Nord de l'étang de Berre et dans la partie méridionale du Vaucluse. Cepen­dant cette diffusion atteint aussi Marseille (et sa région) vers le Sud. Elle paraît s'amoindrir dès le Nord du Vaucluse (Vaison. puis Vienne en Isère). Aucune découverte n'est signalée à ce jour sur la rive droite du Rhône ainsi que dans les départe­ments du Va r et des Alpes-de-Haute-Provence.

122 P. ARCELIN. M . PICON

Il existe aussi 7 points le long des côtes proven­ca les. Quatre d'entre eux se rapportent à la vaisselle de bord de navires et quelques fragments ont été. recueill is dans les fouilles d'Oibia. de Fréjus et de l'île Sainte-Marguerite

Les mêmes problèmes de fréquence relative par rapport aux autres céramiques se posent pour la plu­part des gisements comme dans le cas des ateliers précédents. Mais il est clair cependant que le maxi ­mum de fragments est concentré vers le centre de cette nébuleuse de points. autour de la Chaîne des Alpilles. Ainsi ces productions sont représentées par plusieurs centaines d'exempla ires à Cavai llon. Glanum ou Orgon. Il n'en est pas de même dans le matériel issu des fouilles de Marseille. Nous sommes donc en présence d'ateliers qui diffusent la plupart de leurs produits dans les habitats situés au­tour des Alpi lles. puis. secondairement. le long des axes de circulation vers Marseille et le Vaucluse.

Quelle est l'intensité de ce commerce ? A Glanum. dans la seconde moitié du 1er siècle av. n.è.. cette catégorie de céramiques nous paraît composer au moins les 9/10e de la vaisselle culinai­re non tournée : cette proportion est encore plus éle­vée parmi le matériel des puits-dépotoirs de Cavail­lon (27) . A Rognac. vers 50-20 av. n.è .. c'est 45% de la vaiselle non tournée (28) et dans toute petite agglomération rurale de La Baume au Beaucet 19.3% (29) .

PRÎVA$ 0

....

\ ·.··· ·.

Sans parler des épaves. les quelques exemplaires connus dans les habitats côtiers sont trop peu nom­breux pour constitue'r l'aboutissement d'un véritable commerce (30) .

Les cartes de répartition de chacun des groupes et séries montrent qu'en réalité seuls quelques types de formes ont vraiment circulé en quantité apprécia­ble ; nous trouvons logiquement les modèles les plus produits dont les formes composent d'ailleurs par­tout la base de la vaisselle culinaire (formes 1 et 4 avec quelques exemples de 3). Les trois-quarts des groupes et séries n'ont pratiquê.ment pas été commercialisés hors de la région immédiatement alentour des Alpilles. Le vrai courant de diffusion à plus grande distance ne débute d'ailleurs en fait qu'avec la seconde phase des ateliers.

3. 1.3. - Les phases d'activité Des données archéologiques relativement nom­

breuses nous permettent. par recoupements. de cer­ner la période d'activi té de ces ateliers.

Les premières manifestations d'une production encore balbutiante apparaissent dans le deuxième quart du 1er s. av. n.è. Les toutes premières tentati ­ves pourraient se placer vers 80 - 70. Après une période de grande intensité la production s'éteindra aux alentours du changement d'ère ou durant la pre­mière décennie suivante.

·.

; ...

: .. .··· ···.· ..... ·

···· . ..

.. ··· ··

·····

0

· ........... ·· ·· . ....

km:::

Figure 9 : Carte de diffusion des céramiques des Atel iers de la région des Alpilles (les trtangfes indiquent les épaves : la zone cerclée. l'aire probable où situer les ateliers) . .

ATELIERS DE CÉRAMIQUE NON TOURNÉE EN PROVENCE OCCIDENTALE À LA FIN DE L'ÂGE DU FER 123

Ces fabrications qui s'étalent sur environ trois quarts de siècle ne reflètent pas une activité linéa ire au sein des ateliers. Nous la subdiviserons plutôt en deux phases principales :

phase 7 : les formes produites et leur qualité montrent que nous avons affaire à des potiers spé­cialisés mais travaillant de tacon encore peu systé­matique à l'instar des ateliers de la région de Marseille. Production et commercia lisation demeu­rent encore modestes et limitées à la seule région des Alpilles. à l'exception toutefois de quelques exemplaires de forme 1 qui commencent à être ré­pandus en faible quantité vers Marseille et dans le Vaucluse.

phase 2: vers le milieu et sans doute même au tout début du troisième quart du siècle. de nouveaux ateliers se font jour qui semblent découler technolo­giquement des premiers mais qui vont désormais systématiser la reproduction des formes en séries morphologiquement cohérentes. L'organisation et la finalité de ces ateliers visent maintenant une produc­tion massive destinée à un marché plus important et plus large. Dans la seconde moitié du siècle. d'au­tres se développeront et créeront de nouvelles variantes de forme. L'apogée de ces officines se si­tue dans le denier tiers du siècle. tiers du siècle. 3.2. - Leur technologie

3.2. 7. - Le matériau Les observations que nous avions pu faire à l'aide

d'une loupe binoculaire durant notre étude nous avaient fait penser à la probabilité d'une homogénéi ­té des matériaux argileux utilisés par l'ensemble des productions. Ce caractère est même le principa l trait d'union entre des céramiques morphologiquement différentes. Pour être précis. nous avions séparé ces pâtes en deux groupes visuellement distincts qui ont été qualifiés de ?§tes 1 et 2. Il s'agissait pour nous de deux aspects d'un même faciès argileux ; leur dissemblance résidant avant tout dans les dimen­sions et les fréquences des mêmes particules non plast iques.

On constate que presque tous les vases de la phase 1 des ateliers sont façonnés avec une des argiles ; si les potiers de la phase 2 continuent à exploiter le même affleurement argileux. les produc­tions les plus récentes paraissent utiliser de préfé­rence l'autre aspect. Quelle que soit la variante du matériau plastique. elle ne sera jamais dégra issée. L'argile est choisie suffisamment impure pour autori ­ser un façonnage direct. qui raccourcit ainsi le temps de préparation. Mais en cela les officines ne font pas preuve d'innovation ; elles poursuivent sim­plement les pratiques en usage dans les façonnages domestiques durant tout le 1er siècle av. n.è. autour de la Chaîne des Alpilles.

L'observation microscopique et l'analyse chimi ­que confirment l'existence de deux types de pâte qui conservent cependant une certaine unité due à des caractéristiques chimiques et minéra logiques voisi ­nes. résultant semble-t-il de leur appartenance à un même type de gisement d'argile.

La p§te 1 qui est d'un emploi presque exclusif durant la première phase des ateliers se caractérise par la présence. sur un fond à dominante rouge. d'un dégraissant souvent de taille importante. affectant principalement 3 aspects de couleur : blanc. gris et rouge. Les particules d'une dimension supérieure au mm sont généralement au nombre de 5 à 1 0 par cm2 : quelques-unes atteignent parfois des dimen­sions de 3 à 4 mm. Il s'agit. pour les particules blan-

ches et grises. de calcaires passant fréquemment à des roches ferrugineuses . . ~oire à des encroûte­ments d'oxyde de fer donnant les particules rouges. On notera que l'examen microscopique de la pâte montre la présence des mêmes éléments jusqu'à des tailles très faibles. associés à de nombreux grains de quartz. généralement très fins . La morpho­logie de l'ensemble du dégraissant suggère qu'on a bien affaire à un dégraissant naturel. ce que l'exa­men des argiles locales a définitivement confirmé.

Les compositions des céramiques faites avec la pâte 1 sont assez dispersées ; elles correspondent au sous-groupe situé à l'extrémité gauche du groupe des Alpi lles sur le dendrogramme de la figure 1 O. et à la dizaine d'exemplaires qui sont en position margina le. à l'extrémité droite du même groupe. Parmi ces derniers exemplaires. quelques-uns cor­respondent à des céramiques épaisses. et ont un dégraissant ajouté sous forme de ca lci te broyée.

La composition chimique moyenne et les écarts­types correspondants. pour 42 exemplaires de céra ­miques faites avec la pâte 1. sont les suivants :

K20 0.26 + 0.29 MgO 0.29 + 0.26 CaO 24.2 + 6.7 MnO 0,010 + 0.007 Al

20

3 20.4 + 2.4 Fe

20

3 5.0 + 1.2 Si0

2 48.4 + 5.9 Ti02 1.42 + 0.17

Si l'on met à part le dégraissant. principalement calcaire. il s'agit manifestement d'une kaolinite ferru ­gineuse. ce qui constituera un point de départ utile pour déterminer l'origine de ces fabrications.

La p§te 2. dont l'emploi se développe au cours de la seconde phase des ateliers (et caractérise ceux dont la production semble la plus forte). se distingue de la précédente par une diminution marquée du nombre des particules ayant une dimension supé­rieure au mm. Leur nombre varie d'ailleurs beaucoup d'une pièce à l'autre. Elles ne sont pas d'une nature très différente de celle des particules de la pâte 1. avec toutefois un développement de particules de teinte rosée. assez fréquentes. Mais c'est l'abondan­ce du. quartz microscopique qui semble constituer ici la différence majeure entre les deux pâte,s. Ajoutons que la morphologie de l'ensemble du dégraissant jointe à la variabilité considérable de sa granulomé­trie. ne laisse aucun doute sur son caractère naturel.

La composition chimique moyenne et les écarts­types correspondants, pour 36 exemplaires de céra­miques faites avec la pâte 2. sont les suivants :

KzC 0.~ + 0.0.7....,..._ >. _ .. MgO 0.24 + 0.19

" CaO 10.8 + 3.9 MnO 0.008 + 0.006 Al203 16.6 + 1.9 Fe203 4.7 + 0.5 Si02 65.9 + 4.5 Ti02 1.61 + 0.14

Si l'on met à part le dégraissant. silicieux et cal­caire. il s'agit encore d'une kaolinite ferrugineuse. peu différente de la précédente ·

124 P. ARCELIN. M . PICON

3.2.2. - Le montage Aucun de ces ateliers n'a utilisé le tour pour éla­

borer ses céramiques. La régularité de certaines· ouvertures est pariois trompeuse: elle pourrait indi­quer tout au plus l'emploi d'une tournette sur pivot pour les finitions de quelques séries de vases.

La minceur des parois est un impératif pour les productions les plus soignées comme pour les séries répétitives sans cependant toujours atteindre les finesses observées sur les vases des précédents ateliers . La moyenne des épaisseurs est ici un peu plus forte :elle l'est encore davantage pour les caté­gories de vases utilitaires les plus grossiers et en général pour les groupes aux formes peu reprodui­tes. On ne peut donc pas parler de prouesses techni­ques particulières et les densités des vases demeu­rent proches de celles de bien des fabrications domestiques contemporaines régionales.

Le principe du montage fait appel à la technique du colombin aplati que nous avions déjà signalée précédemment. Nous avons pu en observer les tra­ces sur les parois internes des formes 1 qui ne sont pas retouchées ultérieurement. en particulier sur les exemplaires les plus récents. Le façonnage dans son ensemble et surtout celui des séries les plus repro­duites va évoluer régulièrement vers plus de stan­dardisation et de régularité. A l'apogée de la produc­tion. cette similitude frappante des vases entre eux ne relève pas en premier lieu d'une quelconque volonté esthétique. Elle n'est avant tout que la consé­quence de la mise en place d'une organisation normalisée du travail au moins dans les principaux ateliers. Cette répétitivité systématique des gestes du façonnage donne tout à fait l'impression qu'il y régnait un aménagement de l'activité proche de celui que l'on peut observer dans des officines uti li­sant la technique du tournage.

Prenons l'exemple de la forme 1. Durant la première phase. c'est déjà le type le plus soigné dans son montage comme dans ses finitions. Il exis­te aussi. sans aucun doute. des impératifs que doit respecter le potier (dimensions pour la contenance du récipient. etc.). Il est donc en partie soumis à des contraintes précises. mais il lui reste à l'évidence une certaine latitude pour l'achèvement de certains détails morphologiques comme pour le style des finitions de surface ou de décoration. Puis. avec les débuts de la seconde phase. de nouveaux ateliers vont aménager le façonnage et les finitions non seu­lement pour permettre une accélération de la pro­ductivité mais aussi pour être en mesure de mieux respecter certaines normes métriques destinées à facil iter l'empilage des vases pendant le séchage. la cuisson et le transport ultérieur. ou bien à assurer la précision de la contenance. comme semblent l'indi­quer les nombres d'unités volumétriques gravés sur quelques formes 1. ·

En définitive ce qui est caractéristique de ces for­mes reproduites en séries. c'est l'esprit véritable­ment répétitif des étapes du montage. puis des détails de finition ou de décoration. Les vases de la série ont bien plus qu'un air de parenté entre eux :ils paraissent sortir des mains d'un petit nombre de potiers qui auraient travaillé durant une ou plusieurs générations au sein d'un même atelier.

3.2.3. - Les finitions. la décoration Nous avions noté l'attachement des potiers aux

formes d'origine autochtone. Les finitions des surfa­ces qui utilisent normalement l'éventail des quatre traitements de base. favorisent aussi les usages traditionnels dans la basse vallée du Rhône à l'Age

du Fer. Ainsi la technique du polissage est toujours présente sur 71% des vases produits. Ce n'est. bien entendu. qu'une moyenne èâr dans le temps le choix préférentiel de tel ou tel mode de finition. comme d'ailleurs sa qualité. vont évoluer dans les façonna ­ges en séries.

Pour reprendre l'exemple de la forme 1. on constate que le style. durant la première phase de l'existence des ateliers. est identique à celui de n'im­porte quelle céramique soignée de la région. Le col. est minutieusement poli. la panse peignée en tous sens (fig. 7. numéro 25) . A partir de la deuxième phase une évolution se fera par étapes. différemment selon les séries. vers un abandon total du polissage pour certaines d'entre elles au profit d'un lissage fin et vers une horizontalisation du peignage sans doute due à l'apparition de l'usage de la tournette (fig. 6. numéros 21 à 23: fig. 7. numéros 26 à 29) .

Modifications de style et transformations des fini­tions sont liées avant toute chose à des impératifs techniques de rapidité inhérents à l'accélération de la production.

Le système décoratif est très discret. On l'observe sous la forme d'une rangée d'impressions sur l'épau­lement et sur les anses de certaines séries de forme 1 ou bien sur les lèvres d'un groupe de forme 4.

Là aussi le potier perpétue surtout des habitudes. Son sens de l'innovation se limitera par exemple à disposer les impressions par groupes alternés au lieu d'être régulièrement parallèles (fig. 7. numéro 27) . Il utilise pour ce faire l'instrument denté qui lui sert au peignage des parois. Le style décoratif évoluera d'une série à ~autre jusqu'à disparaître sur les productions les plus récentes (fig. 7. numéros 26. 28 et 29) .

3.2.4. La cuisson L'observation des conséquences de la cuisson

sur les céramiques nous offre une possibilité de comprendre la ou les techniques utilisées par les officines. Que constatons -nous ? D'abord. que 72 à 95% des vases. selon les groupes ou les séries. ont des pâtes rubéfiées. Ensuite. que pour 80% d'entre eux. il y a eu un enfumage en fin de post-cuisson. c'est-à-dire que la surface est brun-sombre. grise ou noir. Si l'on définissait un vase-type de ces ateliers. il serait à pâte rougeâtre et à surface brune ou grise. Une telle schématisation gommerait cependant l'as­pect de quelques séries récentes qui ont en majorité des pâtes et des surfaces franchement rubérifiées (fig. 6. numéro 22 ; fig. 7. numéros ·26 à 28) .

L'aspect sombre épidermique résulte d'un acte volontaire qui doit trouver ses motivations dans le respect spontané (ou par intérêt commercial ?) des habitudes ancestrales : les céramiques non tournées qui étaient cuites en meule ont toujours eu le plus souvent des teintes sombres. Est-ce que cet enfu­mage rapide (presque inexistant parfois) tient désor­mais au fait technique :<je l 'uti lisati~dy four à sole et à flamme nue ? Cet usage permettrait en tous cas d'expliquer la régularité des cuissons. et notamment le phénomène de post-cuisson systématiquement oxydante. Un élément archéologique paraît nous donner raison : la découverte de deux fragments de sole de four à Orgon. au centre de la zone où la pro­babilité de localisation des ateliers est maximale. L'analyse de l'une des soles (MOD 50) donne un résultat qui s'intègre d'ailleurs parfaitement dans un des groupes argi leux des productions (cf. fig. 1 0).

Les températures de cuisson restent compara­bles à celles des productions de la région de Marseille. comprises entre 600 et 650°C. ainsi qu'en

ATELIERS DE CËRAMIOUE NON TOURNËE EN PROVENCE OCCIDENTALE À LA FIN DE L'ÂGE DU FER · 125

témoignent conjointement l'absence de transfo_rma­tion des particules calcaires et les examens dllato­métriques. Cette température. relativeme~t b~ss~ pour un four à sole. s'explique par la nécess1té d évi­ter la transformation des inclusions calcaires en chaux dont la recarbonatation risquerait de faire éclater la céramique. 3.3. - Leur nature

3.3. 7. - Structuration A travers les considérations qui précèdent nous

avons déjà entrevu quelques aspects des formes possibles de l'organisation des structures de pro­duction.

La première phase (en gros le second quart du 1er siècle) nous paraît être celle de la mise en place des ateliers sans doute d'ailleurs peu nombreux. Les fabrications semblent limitées en quantité et desti ­nées à une aire géographiquement réduite couvrant le Centre et l'Est des Alpilles. Cependant la forme 1. la plus modelée. commence à _être diffusée ho_rs de cette région. La qualité régulière des céram1ques exprime déjà un artisanat spécialisé. organisé - et apparemment librement - par des po~iers d'extr~c­tion locale. Les formes de la céram1que culina1re produite et la technologie employée sont totalement enracinées dans le fond culturel autochtone du 1er siècle.

Entre 50 et 40 av. n.è. la production s'amplifie tout en se modifiant rapidement. Il apparaît sur le marché des séries différentes de vases reproduits systématiquement sur de mêmes schémas. Elles ne sont pas toutes contemporaines et leurs apparitions s'échelonnent sur un demi -siècle. Cette normalisa­tion poussée d'une bonne partie de la production nous a déjà fait penser à la réalité d'officines organi­sées comme pour une fabrication plus rapide au tour.

Qui dit <série> n'exclut pas une pluralité des potiers mais alors formés et dirigés au sein d'une même équipe. La multiplicité de telles séries carac­térisées par des normes propres. parfois très diffé­rentes. implique à son tour l'existence de plusieurs ateliers. Il faut cependant en limiter le nombre car quelques séries de vases ont de fortes chances de provenir des mains d'un seul et même groupe de potiers (31 ).

La taille et le personnel de ces nouveaux ateliers ont dû s'accroître par rapport à ceux des équipes de la première phase que nous imaginons alors assez modestes. L'organisation interne paraît très structu­rée et sans doute plus hiérarchisée. De même cette évolution implique désormais obligatoirement la pré­sence d'ouvriers et d'apprentis pour les diverses opérations de manutentions nécessit~~s par le ryth­me élevé de la production et la répétitiOn organ1sée des étapes du montage. La technique de la cuisson en four à sole implique aussi une main-d'oeuvre spé­cialisée capable d'abord de le construire. puis de l'entretenir et même de diriger la conduite du feu.

En ce qui concerne la commercialisation des pro­ductions. aucun argument nous incite à croire que les potiers y participaient activement.

3.3.2. - Localisation Nous avons noté à plusieurs reprises la concen­

tration du maximum de types de vases dans le secteur Est de la Chaîne des Alpilles (Glanum. Cavaillon. Orgon) . Certains ne sont d'ailleurs connus que dans cette région. De son côté l'analyse des pâtes suggère que les kaolinites ferrugineuses (à dégraissant calcair~. plus ou f!!Oins siliceux) qui ont ét~ utilisées pourra1ent provemr des format1ons arg1-

leuses assoc1ées aux bauxites. De tels gisements sont bien représentés sur le-flanc nQEd des Alpilles où une première prospection a permis de recueillir des échantillons d'argile qui ont les mêmes inclu­sions et les mêmes compositions que les cérami­ques de la pâte 1. Les prélèvements. effectués à quelques kilomètres à l'Ouest d'Orgon .. semblent donc un élément de localisation incontestable pour ce type de pâte. Pour la pâte 2 la situation est moins évidente puisqu'aucun des exemplaires d'argile recueillis en prospection n'en reproduit exactement la composition. La prospection a permis toutefois de constater que des variations considérables. très supérieures à celles qui existent entre pâte 1 et pâte 2. se rencontrent lorsqu'on passe d'un point à un autre à l'intérieur de ces gisements. C'est dire qu'on ne saurait tirer argument de la différence de compo­sition des deux types de pâte pour en déduire que les ateliers correspondants ont des localisations elles-mêmes différentes. Une prospection d'argiles plus détaillée devrait permettre de lever cette incer­titude.

Ces premiers résultats sont complétés par les découvertes faites à Orgon. principalement dans le vallon dit <Sous-le-Fort>. L'analyse des céramiques d'un dépotoir partiellement fouillé nous a convaincu qu'il s'agissait de refus de défournement. Le. groupe . des formes 1 de la première phase est_. maJonta1re. mais les séries plus réçentes - et même trè.s récen­tes - de la seconde période y figurent. D'autre part parmi ces dépôts et un ·peu partout en surface ont été ramassés des plaques lisses. ou à décors estam­pés. des chenets et d.es fragments de dolia ainsi que les deux éléments· de sole de four déjà signalés. Avec d'autres arguments que nous ne développe­rons pas ici (32). nous pensons pouvoir situer dans ce vallon. magnifiquement ouvert au carrefo~r de deux axes de circulat ion importants. une part1e au moins des ateliers de la première èt de la seconde phase d'activité. Nous serions en présence d'une véritable agglomérat)on d'officines de. potiers et nous pourrions même envisager de vo1r dans les vestiges d'un village contemporain repéré dans un vallon voisin leurs structures d'habitat. 3.4. - Leur r~le et leur signification

Les céramiques communes produites par les ate­liers des Alpilles étaient destinées à une clientèle de la région alentour de la Chaîne. puis par un phéno­mène de diffusion les exportations se sont dévelop­pées à plus longue distance parfois même de façon très importante. D'autres régions par contre restent totalement en dehors de cette distribution : c'est le cas de la rive droite du Rhône. Cette expansion terri­toriale et quantitative est bien entendu intimement liée à celle de l'activité des officines.

Dans un premier temps un ou plusieurs ateliers assez réduits sont créés par des indigènes selon tou­tes probabilités à Orgon. Les formes qt7jfs.taçonnent sont.déjà en usage parmi les populations locales. N~ peut-on alors légitimement se demander pourquoi des potiers décident-ils spontanément de façonner des vases culinaires que toute famille confectionnait traditionnellement ? On peut bien sûr invoquer l'exemple parmi les populations indigènes des productions artisanales méridionales. Mais outre le fait qu'elles ne sont pas distribuées dans les Alpilles (33). ce n'est là qu'un argument de portée secondai­re. Nous croyons plutôt qu'est apparu à ce moment là un <Créneau> économique à prendre. qu'il y avait une demande à satisfaire. Nous avons vu comment se dessine l'évolution de cet artisanat tout de suite après le milieu du siècle : la multiplication des

126 P ARCELIN. M PICON

Groupe des Alpilles

ateliers. l'augmentation du volume de leur produc­tio~ totale et la nécessité pour eux de l'organiser rattonnellement.

De qui provient cette demande ? Dans la seconde moitié du siècle. ce sont sans conteste les milieux urbains comme Glanum. Cavaillon et peut-être même Avignon ou Arles qui absorbent une part im­portante de cette vaisselle. Cependant. et dès la for­mation de cet artisanat. la diffusion se fait aussi dans les habitats ruraux de toutes importances autour des Alpilles. puis ultérieurement bien au delà. Rappelons-nous la fréquence de cette catégorie de vaisselle qui est presque exclusive dans les centres urbanisés et qui peut atteindre 20 à 50% de la vais­selle culinaire dans des milieux ruraux. C'est énorme!

Une autre question nous paraît complémentaire : pourquoi ces besoins sont-ils devenus si pressants en quelques décennies? Tout d'abord une remar­que :ce n'est pas à notre avis l'effet du hasard si ces ateliers sont apparus là précisément de préférence à un autre secteur du Sud-Est. Cette zone immédiate­ment au Nord de la Chaîne des Alpilles semble être politiquement et économiquement prospère dans la première moitié du 1er siècle av. n.è. Elle se situe au contact de la chora de Marseille et des rictles plai­nes des Cavares. C'est aussi une région suffisam­ment liée aux intérêts des marseillais pour que soient créées des relations d'ordre fédéral entre la cité phocéenne et quelques. grandes agglomérations (34). Les émissions monétaires montrent d'ailleurs l'importance d'Avenio. de Cabellio ou de Glanon.

Les ateliers d'Orgon répondent initialement à des besoins d'une ou plusieurs de ces agglomérations. Une telle demande est alors rendue possible par les modifications dans les rapports sociaux qui appa ­raissent à cette époque avec en particulier le glisse­ment vers une économie monétaire et une accéléra­tion du développement des centres urbains (ou proto­urbains) et ce dès avant le milieu du siècle (35).

L'implantation romaine. la création de colonies de droit romain. la confirmation mora le et juridique par César (ou quelques années plus tard) des agglo­mérations précédentes par une attribution du droit latin (36) vont encore amplifier dans la région les transformations sociales (urbanisation. bouleverse-

Groupe de Marseille

ment dans les structures rurales et dans les rapports à la terre. etc.). Dès 50 - 40. la production des ate­liers reflète bien cette relative rupture d'avec la menta lité t rès autarcique des modes de vie anté­rieurs ainsi que les nouveaux besoins qui se font jour dans une économie plus ouverte.

Vers la fin du règne d'Auguste les ateliers dispa­raîtront. concurrencés puis remplacés par des grou­pes d'officines de céramique commune tournée.

IV En guise de conclusion nous voudrions nous

poser deux questions. Ces deux ensembles d'ate­liers répondent l'un et l'autre à des besoins en céra ­mique culina ire avant tout de centres urbains. Est-il possible de les considérer comme des tentatives successives et découlant l'une de l'autre ? Les ate­liers de la C~aîne de l'Étoile paraissent correspondre à une création voulue par Marseille pour son propre usage et celui de ses comptoirs. Le fait que les potiers marseillais ne se soient pas risqués à tourner d.es céramiques de cuisine peut s'interpréter de plu­steurs mantères : pesanteur des habitudes : impossi­bilité technique liée à la nature des argiles emplo­yées pour la vaisselle de table. etc. Bref. Marseille préfère utiliser les services de potiers indigènes ruraux. L'impact régiona l de cette production est limité géographiquement et peut-être même cette diffusion terrestre constatée. hormis pour quelques sites voisins des ateliers. date-t-elle surtout de la première moitié du leç,. siècle: ll .~faut chercher d{lns cette organisation aucune rêp-ônse à une demande réelle du -milieu autochtone. Il subit plutôt éventuellement les effets d'une création qui lui est extérieure.

Nous avons vu que le problème des ateliers des Alpilles est absolument différent. Les besoins décou­lent des transformations internes des sociétés indi­gènes. Les productions répondent à une demande des populations urbaines et rura les.

L'un et l'autre groupe d'ateliers reflètent donc deux moments très différents dans l'histoire des sociétés indigènes et de leurs rapports avec le reste du monde méditerranéen.

ATELIERS DE C~RAMIOUE NON TOURNÊE EN PROVENCE OCCIDENTALE À LA FIN DE L'ÂGE DU FER . 127

Se pose enfin la question de la technique du modelage. Pourquoi ces potiers n'ont-ils pas utilisé le tour qui théoriquement aurait pu multiplier leur productivité par 5'à 8? Pour l'un et l'autre groupe on peut tenter de répondre par deux remarques :

- il n'y a jamais eu de céramiques culinaires tournées en Provence avant l'époque augustéenne (hormis quelques rares importations italiques). Il n'y avait donc pas de traditions dans ce domaine. Or. pour un potier indigène habitué à modeler au colom­bin. une reconversion technologique n'est pas si facile qu'on le pense. L'apprentissage du tour est long:

- même dans l'hypothèse où le potier aurait fait cet effort. il lui faut. pour que sa nouvelle technique soit rentable. l'aide d'ouvriers ou d'apprentis. Or rien ne prouve pour les ateliers de Marseille et les premiers d'Orgon que ces potiers travaillaient avec de la main-d'œuvre. il n'en va plus de même. c'est vrai. dès la seconde phase des officines récentes. mais les habitudes et les rythmes de travail étaient déjà partiellement acquis. Des essais d'utilisation du tour ont eu lieu non loin d'Orgon (ateliers des Baux) (37) mais l'appréhension de cet instrument et de ses contraintes était encore trop rudimentaire. Ce fut un essai sans lendemain. Mais dès que des potiers maîtriseront la technique du tournage de cette caté· gorie de vases. les ateliers d'Orgon n'auront plus lieu d'exister.

NOTES

Patnce Arcehn : L.A.P.M.O .. L.A 164. 5 avenue Pasteur 13100 A1x-en.Provence

Maunce P1con Laborato1re de céramolog1e. Ma1son de l'Orient. U.R A 3. 1 rue Rauhn 69365 Lyon Cede)( 2.

( 1) Dans le cadre d'une thèse de Ille cycle : La ct1ram1que modelée au /er s1ècle av. J -C. dans les Bouches-du­Rh6ne. Al)(·en-Provence. 1979. dactylographiée. 2 vol. Cette recherche initiale a été complétée et remaniée.

(2) Les céramiques non tournées sont tOUJOurs très représen­tées dans les hab1tats mdigènes JUSque sous le règne d'Auguste. A titre md1cat1f leurs fréquences. variables selon la nature du site et ses pénodes d'occupation. se Situent entre 40 et 80% de l'ensemble des céram1ques fmes Les proportions plus fa1bles sont rares.

(3) Actuellement en cours de rédaction (Les céram1ques communes non tournées de Provence occidentale (lie -fer s1ècle av. n.è.)

(4) En employant l'adverbe localement. nous ne tenons pas forcément à hmner l'a~re poSSible de fabncat1on de certams vases au sne même où 1ls ont été découverts. Rien n'Interdit bien au contra~re de penser à une produc­tion semi-artisanale. même occasionnelle. Nous sous­entendons s1mplement qu'il n'est pas possible auJourd' • hUI de prouver que de telles potenes soient l'oeuvre d'ar­tiSans professionnels et qu'elles a1ent été diffusées b1en au delà d'un habitat et de son terro~r. Cependant il conv1endra1t de développer les recherches sur la compo­SitiOn des argiles et sur la nature des particules non plasti­ques Par ce b1a1s Il seran peut-être poss1ble d'entrevoir des C1rculat1ons à moyenne diStance. Nous avons pu fa 1re quelques observauons dans ce sens ma1s elles demeurent encore trop rares et anecdot1ques pour être générali­sables

(5) Nous ignorons encore. par manque d'Informations. SI de tels ateliers régionau)( ont e)(ISté en Provence occidentale ou dans la seule rég1on de Marse1lle avant le milleu du lie s1ècle.

(6) Nous avons regroupé les formes non tournées de Proven­ce occidentale dans des Ensembles. Chacun d'eux rapproche des types de formes qui. par leur morphologie générale et leur tra1tement de surfaces. ont toutes les chances d'avoir eu des usages très parallèles. Une telle classifiCation uent compte des filiations observées dans la rég1on depuis le début de l'Âge du Fer Elle permet en outre de conserver un langage s1mple et cohérent.

(7)

(B)

(9)

(10)

(11)

(12)

(13)

(14)

(15)

(16)

(17)

(1B)

(19)

(20)

(21)

(22)

(23)

(24)

(25)

Ils comprennent des formes 8 (7 à 9%1 {f1g. 3. numéros 16 à 18). 2 (2.4%1 (fig 2 ouméro 8) 3 (2.4%1 (fig. 1. numéros 5 et 6) et 6 (0. 7%1 (f1g 3. numéro 15) .. Des recherches dans ce sens à Lattes ou à Agde nous paraissent s'imposer. Par exemple. les productiOns des ateliers représentent 20% au moins du maténel non tourné antérieur à 125/ 120 av. n.è. dans l'habitat du Baou-Roux à Bouc-Bel -Air (B. du Rh.) . Des fréquences comparables doivent s'obser­ver à Mimet (Tête de l'Ost). aux Pennes-Mirabeau (La Cloche) ou à Aix (Entremont). Calculé sur le maténel de La Bourse à Marse111e. de Saint· Bla1se. de Fos et d'Arles (son environ 200 vases d1ffé· rents) . Les conclus1ons des études en cours à Olb1a vont dans le même sens (rense1gnements a1mablement com­muniQués par M Bats) Même si l'on tient compte de la morpholog1e des formes 1 plus diffiCilement transportables par mer. on constate que les formes 8 (ouvertes) ne sont pas m1eux représen· tées alors que les formes 5. globulaires. sont. elles. b1en distribuées le long des cOtes. Le matériel du Baou·Roux (que nous avons pu totalement étudier) montre que toutes les formes principales sont déjà façonnées dès le début de la production des ateliers (voir ci-dessus note 9). Autant que nous pu1ssions en JUger malgré le manque de séquences strat1graph1ques commues emre la fin du lie Siècle et le milleu du 1er Siècle av. n.è. La phase Il de cet habnat est à placer dans la prem1ère mo1t1é du 1er s1ècle. Elle s'achève par une destruction bru· tale autour de 50 av. n.è. Vo1r le pomt sur les données chronologiques dans : P Arcehn et L Chabot. Les céram1· ques à verms n01r du village préromam de La Cloche. commune des Pennes-M.rabeau (B du Rh. France) (fouil· les 1967 - 1979). dans ME F.R (A.). 92. 1980. p. 109 - 197. L. Chabot. Le caste llas de Rognac et l'étang de Berre à l'époque préromaine. dans Rev. Ec. Lig .. XXXIV, 1968 (Hommage à F. Beno1t. Il. 1972). p. 151 -215. A une seule exception près : le bord de forme 4 (groupe 1) (f1g. 3. numéro 14) décoré sur la lèvre d'impressions fusi· formes faites au peigne. Nous écartons 1c1 volonta~rement les aspects de surface blanchâtre (dans 6 à 7% des cas) qu1 ne concernent que l'engobe de kaohn raJouté Il faut bien entendu ne pas ten~r compte des p1èces mam· lestement éclatées dans les foyers domestiques ou dans l'mcendie d'un habitat. Il ex1ste quelques rares exemples de fosse ou d'a~re dP. cUisson aux VIe et IVe s1ècle dans la basse vallée du RhOne. On se reportera à M. Py. Un four de po11er du VIe SièCle av. J.-C. à Bezouce (Gard). dans Doc. Archeo Ménd .. 2. 1979. p. 53 - 60 : et à Ch. Arce lin. Une fosse de cu1sson du IVe Siècle av. J.·C. à Beaumes-de-Venise (Vau­cluse). dans Doc. Archeo Mer1d .. 2. 1979. p. 119 · 129. On connait des fours à sole dans le Gard : M. Py, L'oppl· dum des Castels à Nages (Gard) (foUilles 195B • 1974). XXXVe suppl. à Galha. 197B. p. 121 à 123. Des analyses réalisées sur des céramiques locales et sur un petit four domestique modelé sur place (Tète de l'Ost. Ba ou-Roux et g1sement du col Sa1nte-Anne) montrent une forte parenté des compOSitiOns avec le matéhau plasuque uuhsé par ces ateliers On se reportera à P. Arcehn. La céram1que modelée au 1er s1ècle .... o.c .. 1. p. 193 - 195 . J.·P. Tennev1n. Le Baou-Roux. opp1dum celto-llgure. A1x. 1972: A. Roth-Congés. L'oppidum de la Teste de I'Oste à M1met : premiers sondaÇ~es strat1graphiques (1978 -1979. dans Bull. Archéo. Prov .. 5-6. 19BO. p. 92 · 112 : P. Arcelin et Ch. Arcelin·Pradelle. Le gisement du Col Sa1nte· Anne à Simiane-Collongue (B. du Rh.) :le matériel de l'Âge du Fer. dans Bull. Archéo. Prov. 9. 1982. p. 1 9-50. On se reportera à P. ArcEjlm. La céramiQ~,.modelée au 1er s1ècle .... o.c .. p. 1 B2 -1 BS: pour le détail tle-rargumenta-

• uon. Rappelons slmQiement que les ateliers marsetlla1s ne para1ssent 1ama1s avo.r tourné de céram1ques communes cuhna~res.

M Clavel. Marseille grecque. Ed Laffitte. M~rseille. 1977. p. 85 · 87 : et en dermer heu. P. A~cehn. Evolution des rapports sociaux aux lie et 1er Siècle av. n.è. dans la basse vallée du RhOne. Actes de la Table Ronde de Besançon rArchéologœ et rapports SOCiaux en Gaule!. 1981. à pa­raître.

Fr. Brien. Les documents et collections archéolog1ques relatifs au site de Tauroeis-Tauroentum (Le Brusc. Var). thèse de Ille cycle. Aix-en-Provence. 1982. dactylogra · ph1ée. 1 vol. E)(ception faite pour les dol1a. ces dernières fabrications paraissent hm1tées à des usages locaux : elles ne sont pratiquement pas diffusées

128 P. ARCELIN. M. PICON

(26)

(27)

(28)

(29)

(30)

(31)

Oui représente à elle seule 51.7% de cet ensemble de formes. A. Dumoulin. Les puits et les fosses de l.a colline Saint­Jacques de Cavaillon (Vaucluse}. dans Ga/lia. XXIII. 1965. p. 1 ·85. L. Chabot. Le castellas de Rognac .... I.e. : les statistiques sur le matériel non tourné résultent d'une étude person­nelle. P. et Ch. Arcelin. R. Caillet. Un dépotoir préromain au lieu­dit La Baume (le Beaucet. Vaucluse) 1 · ttude archéolo­gique. dans Doc. Archéo. Mérid .. 1. 1978. p. 132 · 135. De l'ordre de quelques unités dans chacun des grsements précédemment Cités. C'est sans aucun doute le cas pour certaines formes 1 et 4.

(32) Se reporter à P. Arcelin. La céramique modelée au 1er siècle .... o.c .. p. 337 · 339.

(33) A l'exception d'un seul fragment découvert aux Baux-de­Provence.

(34) On se reportera à Chr. Goudineau. Sur un mot de Cicéron ou Avignon et le domaine de Marsei lle. dans L'lzalie préromame et la Rome républicaine. Mél. offerts à J. Heurgon. 1. B.EF.R . 27. 1976. p. 325-332.

(35) Cette première moitié du 1er siècle doit être !a période du développement architectural. de Glanum.

(36) Chr. Goudineau. La romanisation des institutions en Transalpine. dans Cah. Lig. Préh. ez Archéo .. 24. 1975. p. 26 . 34.

(37) P. Arcehn. Recherches archéologiques au col de La Vayè· de. Les Baux de Provence (8. du Rh.). dans Doc. Archéo. Mérid . 4. 1981. p. 104-106.