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ATHÉNÉE DE NAUCRATIS Des vases Le Livre XI des Deipnosophistes (1) [459] MON cher Timocrate, « Quel sera donc le début des discours que nous allons tenir?» pour me servir des termes du comique Céphisodore. Rassemblés de bonne heure, et même avec empressement, au sujet des vases à boire, nous étions tous assis, lorsqu'Ulpien entama la conversation, car personne n'avoit encore parlé. « Mes amis, les princes soupent assis chez Adraste; mais Polyide, sacrifiant sur le chemin, retient Pétée qui passait par-là, et le fait coucher sur l'herbe, puis rompant quelque branchage garni de ses feuilles, il lui en fait une table, sur laquelle il lui présente dé la victime qu'il venait de sacrifier. Autolycus était pareillement assis à table lorsqu'à son retour chez les riches habitants [460] d'Ithaque, la nourrice d'Ulysse le plaça sur lui, car on soupait alors assis. » « Il y trouva l'enfant de sa sœur nouvellement né. Euryclée le lui posa sur les genoux, comme il était assis, et finissait son souper.» D'ailleurs, la nourrice plaça l'enfant sur les genoux d'Autolycus, non à côté de ses genoux ; mais, mes amis, ne nous amusons pas; couchons-nous à l'instant sur les lits, afin que Plutarque boive à plein verre à la santé de tout

Athénée de Naucratis Livre Xi

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ATHÉNÉE DE NAUCRATISDes vasesLe Livre XI des Deipnosophistes(1) [459] MON cher Timocrate,« Quel sera donc le début des discours que nous allons tenir?»pour me servir des termes du comique Céphisodore. Rassemblés de bonne heure, et même avec empressement, au sujet des vases à boire, nous étions tous assis, lorsqu'Ulpien entama la conversation, car personne n'avoit encore parlé. « Mes amis, les princes soupent assis chez Adraste; mais Polyide, sacrifiant sur le chemin, retient Pétée qui passait par-là, et le fait coucher sur l'herbe, puis rompant quelque branchage garni de ses feuilles, il lui en fait une table, sur laquelle il lui présente dé la victime qu'il venait de sacrifier. Autolycus était pareillement assis à table lorsqu'à son retour chez les riches habitants [460] d'Ithaque, la nourrice d'Ulysse le plaça sur lui, car on soupait alors assis. »« Il y trouva l'enfant de sa sœur nouvellement né. Euryclée le lui posa sur les genoux, comme il était assis, et finissait son souper.»D'ailleurs, la nourrice plaça l'enfant sur les genoux d'Autolycus, non à côté de ses genoux ; mais, mes amis, ne nous amusons pas; couchons-nous à l'instant sur les lits, afin que Plutarque boive à plein verre à la santé de tout le monde, après nous avoir dit sur les vases à boire [460b] ce qu'il nous en promet.

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ATHNE DE NAUCRATIS

ATHNE DE NAUCRATIS

Des vases

Le Livre XI des Deipnosophistes

(1) [459] MON cher Timocrate,

Quel sera donc le dbut des discours que nous allons tenir?

pour me servir des termes du comique Cphisodore. Rassembls de bonne heure, et mme avec empressement, au sujet des vases boire, nous tions tous assis, lorsqu'Ulpien entama la conversation, car personne n'avoit encore parl.

Mes amis, les princes soupent assis chez Adraste; mais Polyide, sacrifiant sur le chemin, retient Pte qui passait par-l, et le fait coucher sur l'herbe, puis rompant quelque branchage garni de ses feuilles, il lui en fait une table, sur laquelle il lui prsente d la victime qu'il venait de sacrifier. Autolycus tait pareillement assis table lorsqu' son retour chez les riches habitants [460] d'Ithaque, la nourrice d'Ulysse le plaa sur lui, car on soupait alors assis.

Il y trouva l'enfant de sa sur nouvellement n. Eurycle le lui posa sur les genoux, comme il tait assis, et finissait son souper.

D'ailleurs, la nourrice plaa l'enfant sur les genoux d'Autolycus, non ct de ses genoux ; mais, mes amis, ne nous amusons pas; couchons-nous l'instant sur les lits, afin que Plutarque boive plein verre la sant de tout le monde, aprs nous avoir dit sur les vases boire [460b] ce qu'il nous en promet.

(2) Plutarque prit alors la parole, et dit :

Je sais que c'est Simonide, le pote d'Amorgos, qui, le premier, s'est servi du mot poteeria - , pour des vases boire.

Voici ce qu'il dit, dans ses iambes:

Les vases boire (poteeria) dont on se sert table l'ont fait prir.

L'auteur de l'Alcmonide emploie aussi le mot poteeria dans ce passage :

Il fit tendre les cadavres de ceux qui avoient t tus, sur un large lit de gazon, et mit leur tte des feuillages verts, des vases boire (poteeria- ) et des couronnes.

Or, ce mot est pris de l'action mme de boire, de mme que le mot expooma, dont les Attiques se servent pour dsigner un vase boire, soit de l'eau, soit du vin.

[460c] Aristophane dit, dans ses Chevaliers:

Lorsqu'il aura saisi de son bec crochu ce stupide dragon (hmatopote) buveur de sang.

Il dit dans la mme pice :

Bacchis se servait mme souvent du poteerion.

Phrcrate dit, dans sa Tyrannie:

Elle seule vaut mieux que mille poteerion.

On lit dans Anacron :

Je suis devenu (oinopotes) buveur de vin.

[460d] On lit mme dans Homre un verbe form de ce mot:

ne, que sont devenues les menaces que tu faisais en prsence des chefs Troyens, le verre la main ? oinopotazoon.

Sapho crit, au liv. 2 de ses Posies:

Belle Iphis il y avait une quantit innombrable de poteerion.

Alce dit :

Aprs avoir bu (ek poteerioon), la plupart s'assirent ct de Dinomne.

Mais on adore en Achae Crs poteeriophore - , dans le territoire de la ville d'Anthe, comme le rapporte Autocrate, dans le liv. 2 de ses Relations de 'Achae.

CHAP. II .

(3) Mais il y a ici une question que vous ne pouvez viter d'examiner avant de faire le dnombrement des vases boire (poteerioon ) dont ce buffet (kylikeion) est rempli. Quant au buffet, on l'appelle aussi skeuotheekee, ou armoire vases (mais d'autres emploient le mot kylikeion). Aristophane crit, dans ses Laboureurs:

[460e] Il est tendu au devant comme le rideau d'un buffet : kylikeion.

On trouve aussi ce mot dans le Mlitot d'Alexandride, et dans la Lda d'Eubule, o il parle ainsi :

Il brisa, tous ensemble, les vases boire qui taient dans le buffet (kjlikeioo - ), comme s'il venait d'offrir des libations.

Le mme crit, dans sa Psaltrie:

C'est lui qui nous a invent les buffets : kylikeia -

Et dans sa Smle, ou Bacchus :

Il y avait dans le buffet un mercure de pierre bien proprement entretenu, uniquement par ostentation.

[460f] Cratinus, le second, dit, dans son Chiron:

Je reviens de chez les ennemis la maison, aprs nombre d'annes; je retrouve a peine mes parents, les gens de ma tribu, ceux de ma bourgade, et je parviens me faire inscrire dans le registre public (kylikeion) : enfin, Jupiter est encore le dieu tutlaire de ma maison, celui de ma tribu ; et je paie les impots que je dois.

(4) [461] Mais pour revenir la question qu'il s'agit d'examiner, voyons donc si les anciens buvaient dans de grands vases : poteeriois.

Dicarque de Messne, disciple d'Aristote, dit, dans ce qu'il a crit au sujet d'Alce, que les anciens ne se servaient que de petits vases (poteeriois), et qu'ils buvaient leur vin beaucoup dtremp; mais, si je m'en souviens bien, Chamlon d'Hracle dit, dans son Trait de l'Ivresse :

Il n'est pas tonnant que les gens puissants et riches prfrent la dbauche du vin tout. Ne connaissant pas de plaisir plus honnte, ni plus facile prendre, c'est avec raison qu'ils ont sur-le-champ recours au vin. [461b] Voil pourquoi les grands vases sont devenus particuliers aux gens puissants ; mais cet usage n'est pas ancien, et ce ne sont pas les Grecs qui l'ont imagin ; mais on sait qu'il est nouvellement venu des Barbares. En effet, ceux-ci, privs de toute ducation, s'abandonnent sans discrtion au vin, et veulent des mets aussi recherchs que varis ; mais aucun lieu de la Grce, aucun tableau, aucun monument ancien ne nous apprend que l'on et fait autrefois un grand vase boire, poteerion, si ce n'est lors des temps hroques, car ce n'est qu'au hros qu'on donnait le rhyton ; ce qui semble prsenter une difficult quelques-uns : moins qu'on ne dise qu'on les a reprsents avec le rhyton, pour dsigner leur apparition subite et imprvue : [461c] en effet, l'antiquit supposait ces demi-dieux violents, prts frapper, la nuit surtout plus que le jour. Comme on a voulu attribuer ces faits violents leur ivresse, on les a reprsents buvants avec ces grands vases ; et pour moi, je pense que c'est avec raison qu'on a nomm puits d'argent tout grand vase boire ; poteerion.

Mais ces dtails de Camlon me semblent montrer qu'il ignorait que le cissybion, [461d] dans lequel Ulysse prsente boire au cyclope Polyphme, n'tait pas un petit vaisseau, car un homme de cette taille n'aurait pas t abattu par le vin, pour l'avoir vid trois fois : il y avait donc alors de grands vases boire; moins qu'on n'attribue cette ivresse la force du vin, dont Homre parle, il est vrai; ou ce que le cyclope qui vivait en grande partie de lait n'tait pas accoutum l'autre boisson. Peut-tre aussi, en le supposant grand, tait-ce un de ces vases des Barbares, enlev parmi les dpouilles des Ciconiens.

Mais que dirons-nous donc du vase de Nestor, qu'un jeune homme pouvait peine lever, tandis que Nestor, quoique dj trs g, le levait sans peine? [461e] Or, Plutarque va nous dire quelque chose sur ce vase. (Il est donc temps de nous coucher sur les lits. Ds qu'ils furent couchs) .

(5) Mais, Messieurs, dit Plutarque, pour parler avec Pratinas, pote de Phlionte, si je vais vous parler de vases, kylikoon,

Ce n'est pas qu'en homme insidieux je cherche me procurer un champ bien labour, ni que je dsire un gobelet, hyphos,

Ni que je sois un de ces (kylikranes) Cylicranes, que le comique Ermippus badine dans ses Iambes, en ces termes :

Chemin faisant, je vins dans le pays montueux des Cylicranes : j'y vis donc Hracle, qui certes est une trs belle ville.

Or, ces Cylicranes sont les Hraclotes qui habitent au pied du mont ta. [461f] Selon Nicandre de Thyatire, ils furent ainsi nomms d'un certain Kylix, Lydien, un de ceux qui accompagnrent Hercule dans ses expditions. Skythinus de Tos en parle ainsi dans son ouvrage intitul Histoire :

Hercule, ayant pris Eurytus et son fils, les tua, parce qu'ils exigeaient des tributs des Eubens ; [462] il pilla et ravagea les Cylicranes, et btit dans leur pays la ville d'Hracle, qu'on appela aussi Trachinie.

Polmon, dans le premier . de l'ouvrage qu'il ddie Ade et Antigone, rapporte qu'entre les habitants d'Hracle, situe au pied du mont ta et au-dessous de Trachinie, il y avait les Cylicranes qui taient venus de Lydie avec Hercule, et les Athamanes qui ont eu jusqu' ce jour leurs quartiers dans cette ville; mais que les Hraclotes, ne les ayant admis que comme des trangers, ne leur donnrent aucune part au gouvernement. Quant aux Cylicranes, ils eurent ce nom, parce qu'ils avaient la forme d'un gobelet, kylix, trace par des incisions sur l'paule.

(6) Je sais aussi que quelques Lydiens Nomades [462b] ne possdent rien qu'un calice, ou gobelet, kylix, un sabre et une cruche l'eau. Ils ont pour maisons des loges portatives formes de tiges d'Anthericum, et elles n'ont d'tendue que ce qu'il leur en faut pour donner de l'ombre. Ces Nomades les portent partout o ils vont.

Il y a aussi dans l'Illyrie un lieu renomm, que l'on appelle Cylices, o l'on dit qu'est le tombeau de Cadmus et d'Harmonie, selon le rapport de Phylarque, liv. 22 de ses Histoires.

Polmon, parlant du Morychus de Syracuse, rapporte ceci :

A l'extrmit de l'le, du ct du temple d'Olympie, [462c] hors des murs, il y a un foyer. On met la voile en partant de cet endroit l, aprs avoir rempli un gobelet, kylix, et l'on avance en mer jusqu' ce qu'on ne voie plus le bouclier qui est sur le haut du temple de Minerve : l'on jette alors ce gobelet de terre cuite dans la mer, aprs y avoir mis des fleurs, des rayons de miel, de l'encens vierge, et autres aromates avec cela.

CHAP. III.

Mais je m'aperois que la joie commence rgner votre table, comme parle le pote Xnophane de Colophon.

Dj le sol de la salle est propre, chacun a les mains bien nettes, [462d] les gobelets, kyliIkes, sont rincs : tous les convives ont leurs couronnes sur la tte. L'un prsente dans une coupe un parfum d'une odeur exquise : le cratre est l rempli de la source de la joie. Un autre tient le vin tout prt, et dit qu'il ne le quittera pas sans y faire raison ; c'est un vin dlicat qui parfume par son bouquet tous les pots. Au milieu de tout ceci, l'encens flatte l'odorat par les missions de sa vapeur naturelle; il y a de l'eau frache, d'une saveur agrable et pure; [462e] des pains d'une couleur dore sont sous la main; la table riante est charge de fromage et de miel pur : l'autel qui est au milieu mme de la salle, est par de fleurs de tous cts. La musique et les chants retentissent dans toute la maison ; mais il faut que des gens sages commencent par clbrer les louanges de la divinit, et ne fassent entendre alors que des paroles saintes et de bon augure. Ils doivent demander, en faisant des libations, [462f] de pouvoir toujours se maintenir dans les termes de la justice ; d'ailleurs cela est plus facileque d'tre injuste. Ce n'est pas un crime que chacun boive autant de vin qu'il peut en prendre, pour s'en retourner chez lui sans tre accompagn d'un serviteur, lorsqu'il n'est pas trop g; mais louons l'homme qui en buvant communique des choses dignes d'tre retenues, et celui qui fait sentir le prix de la vertu. Laissons-l ces combats des Titans et des gants, de mme que ces rixes sanguinaires des anciens Centaures, autres inepties, dont on ne tire aucun avantage ; [463] mais usons toujours de cette prvoyance dont les suites sont si heureuses.

(8) Le charmant Anacron dit dans une de ses pices :

Je n'aime pas celui qui, buvant larges rasades ct d'un cratre, parle de querelles et de funestes guerres; mais celui qui, entremlant les aimables faveurs des Muses et de Vnus, me rappelle aux charmes de la joie.

Ion de Chio crit :

[463b] Salut notre roi, notre pre et notre sauveur. Que des serviteurs chansons nous mlent le vin dans des aiguires d'argent : qu'avec ce pot d'or un autre fasse couler de ses mains le vin sur le sol de l'appartement. Faisons avec puret de cur des libations Hercule, Alcmne, Procls, aux descendants de Perse, en commenant par Jupiter. [463c] Buvons, jasons: que le chant ne cesse de la nuit. , que quelqu'un danse, et qu'il prlude de plein gr la joie; je veux dire celui qui est destine la charmante pouse, et qu'il boive plus largement que les autres !

Les Sept Sages se rassemblement aussi pour boire; car, dit Thophraste, dans son Trait de l'Ivresse, le vin gaie l'humeur morose de la vieillesse.

(9) Ainsi qu'aucun homme sens ne nous porte envie, nous qui sommes runis pour ces conversations bachiques: il aurait tort assurment ; car pour parler avec les Tarentins d'Alexis, nous ne faisons injure personne du voisinage.

... mais ne sais-tu pas [463d] que ce qu'on appelle vivre n'est qu'un terme adouci, par manire de parler, et sous lequel on flatte le malheureux sort de l'homme ? au reste, qu'on dise que j'ai bien ou mal jug, je ne rpondrai rien. Pour moi, aprs avoir bien rflchi, je me suis convaincu que tout tait absolument folie chez les hommes. Dans cette vie, nous sommes toujours comme hors de notre patrie. Nous sortons, pour ainsi dire, de la mort et des tnbres, pour nous rendre une assemble gnrale, et nous y amuser en jouissant de la lumire qui nous claire; [463e] de sorte que celui qui a le plus ri et bu davantage, jouissant d'ailleurs plus que tout autre des plaisirs de Vnus, pendant le temps qu'il lui est permis de le faire, et qui a eu meilleure part au festin de cette assemble ; celui-l, dis-je, s'en retourne avec le plus de plaisir son vrai domicile.

La belle Sapho disait aussi :

Viens, Vnus; verse un mlange de nectar dans ces gobelets (kylikessi) au milieu de ces festins, pour ces amis, pour les miens et les tiens.

(10) Il faut ajouter ces dtails qu'il y avait diffrentes manires de boire, particulires certaines villes, comme le montre Critias. Voici ce qu'il dit en parlant de la rpublique de Lacdmone :

L'habitant de Thase [463f] et celui de Chio le boivent dans de grands gobelets (kylikoon) en passant le vase droite; celui de l'Attique le prsente de mme, mais on y boit dans de petits gobelets. Quant celui de la Thessalie, il porte la sant dans de grands vases (ekpoomata) qui il lui plat ; mais chez les Lacdmoniens chacun boit du vase qui est ct de lui, et c'est un esclave qui lui verse boire autant qu'il en veut.

Anaxandride rappelle ainsi, dans ses Campagnards, l'usage de boire en prsentant toujours le vase droite.

[464] A. De quelle manire tes-vous maintenant disposs boire ? parlez. B. Quoi ! de quelle manire nous voulons boire? eh ! de celle qu'il vous plaira. A. Voulez-vous donc, papa, dire celui qui va boire de prsenter le vase droite. B. Dire qu'il le prsente droite ? eh ! autant vaut-il parler un mort.

(11) Quant aux vases boire, bannissons d'ici ceux de terre cuite ; car Ctsias rapporte que ceux qui sont disgracis du roi chez les Perses ne se servent que de ces terres cuites.

Chrile, le pote pique, dit :

[464b] Je tiens un morceau bien prcieux ! c'est le dbris d'un gobelet tout bris dans le naufrage de plusieurs convives que le souffle de Bacchus a jets, comme il arrive souvent,surlactede l'injure.

Je sais cependant que les vases boire de terre cuite () plaisent assez souvent; tels sont Ceux qu'on nous apporte de Coptos, car ils sont faits d'une terre cuite, ptrie avec des aromates. Aristote dit, dans son Trait de l'Ivresse:

Les petites marmites () qu'on appelle rhodiaques, ou de Rhodes, se servent dans des dbauches de vin, tant pour l'agrment que parce qu'tant chauffes elles donnent au vin qu'on y boit une qualit moins enivrante. On les forme en faisant bouillir ensemble dans l'eau, de la myrrhe, du schoenanthe, et le vin qu'on en verse enivre moins.

Il dit dans un autre endroit :

Les chytrides de Rhodes se font, en mettant cuire ensemble de la myrrhe, du jonc (ou la fleur du jonc) odorant, du safran, du baume, de l'amomon, de la cannelle, [464d] de sorte que le vin qu'on en verse et qu'on boit calme non seulement l'ivresse, il assoupit mme les feux de l'amour.

(12) Mais nous ne devons pas boire en insenss, en considrant ce grand nombre de vases, o l'art brille autant que la varit en est charmante. Quant je dis insenss, je me rappelle ce que Chrysippe dit de la Folie, dans l'introduction de son Trait des choses bonnes ou mauvaises :

Nombre de personnes appliquent ce nom bien des choses. C'est ainsi qu'on entend dire gyncomanie, fol amour pour les femmes, ortygomanie, fol amour pour les cailles; quelques-uns appellent mme doxamanes ceux qui sont avides de gloire, [464e] comme ils donnent le nom de philogynes aux gyncomanes, et celui de philornithes aux ornithomanes, ou amateurs passionns d'oiseaux. En effet, ces mots signifient la mme chose; de sorte que ce ne serait pas improprement qu'on nommerait ainsi les autres choses. Assurment., les mots philopsos et opsophagos prsentent la mme ide qu'opsomane, ou avide de poisson, et philoinos la mme qu'oinomane passionn pour le vin, et ainsi d'autres semblables; en effet, il y a donc vraiment de la folie dans ces gens-l, puisqu'ils errent emports par leur folle passion, et s'cartent si loin de la vrit.

(13) Pour nous, imitons ce qui se fait Athnes, et buvons petits verres en entendant ces bouffons, ces baladins, et autres gens de semblables talents. Or, voici ce qu'en dit Philochore :

Les Athniens n'assistrent d'abord aux spectacles des jeux bachiques, qu'aprs avoir dn et bu, et ils les regardaient ayant une couronne sur la tte. Pendant toute la scne, on leur versait du vin s'ils en avoient besoin ; on leur apportait aussi des friandises gruger. Lorsque les churs entraient on leur prsentait boire, et aprs le spectacle on leur en versait encore leur sortie. Phrcrate le comique, dit-il, assure que jusqu' son temps on n'assistait pas au spectacle jeun.

[465] Mais Phandme rapporte que les Athniens tirent du vin doux leurs tonneaux, et le portent au temple de Bacchus qui est aux Limnes, o ils le prsentent au dieu et boivent sa sant ; que c'est de cet usage que Bacchus fut appel Limnen, le vin doux y ayant t pour lors ml la premire fois avec de l'eau ; et si l'on a nomm les sources d'eau nymphes et nourrices de Bacchus, c'est parce que l'eau mle avec le vin en augmentera quantit. Ainsi, joyeux de ce mlange, les Athniens chantrent Bacchus, dansrent en churs, le clbrrent en l'appelant Euanthes, Dithyrambe, Baccheutes, et Bromios.

[465b] Thophraste dit aussi, dans son Trait de l'Ivresse, que les Nymphes sont vraiment les nourrices de Bacchus. En effet, la taille de la vigne lui fait rpandre beaucoup d'eau ; d'ailleurs, elle pleure aussi naturellement .

C'est conformment ces ides qu'Euripide appelle un des chevaux du soleil

L'tops du vin qui aime les fleurs : celui qui fait mrir sur les ceps le raisin qu'on vendange en automne : c'est pourquoi les mortels appellent le vin thops.

Ulysse prsenta aussi, dans Homre,

Du vin rouge qui rjouit le cur, en remplissant [465c] une coupe (depas), et y mla de l'eau dans la proportion de vingt un : une odeur agrable se rpandait du cratre.

Timothe dit, dans son Cyclope :

Il versa (dans le cratre) plein une coupe (de lierre) d'une ambroisie noire, spumeuse et ptillante, ensuite vingt coupes d'eau, et il mla ainsi la nymphe (l'eau ) avec ce vin qui venait de couler du raisin.

(14) Je sais qu'il y a des gens amis des Banquets, et qui sont moins fiers de leurs richesses que des vases nombreux d'or et d'argent qu'ils possdent. On peut compter parmi eux ce Pythas Arcadien, natif de Phigalie.[465d] Il ordonna mme, en mourant, ses parents de faire mettre sur son tombeau:

Ce monument est celui de Pythas, honnte homme et prudent, qui possda un nombre infini de gobelets, d'or, d'argent et de brillant electre, et mme plus qu'aucun mortel n'en possda avant lui.

C'est ce que rapporte Armodius de Lpre dans son ouvrage sur les usages et coutumes des Phigaliens.

[465e] Mais voici ce que Xnophon dit, liv. 8 de sa Cyropdie, en parlant des Perses :

Et s'ils ont beaucoup de vases boire (ekpoomata, ils s'en font un sujet d'ostentation, ne rougissant mme pas de les avoir eus par des voies manifestement injustes ; car l'injustice et l'amour d'un vil gain sont extrmes chez eux.

Ulysse prononce des imprcations contre ses fils cause de ses vases boire (ekpoomata), comme le dit l'auteur de la Thbade cyclique, o l'on voit qu'ils lui avoient servi ces vases contre son gr. Voici ce qu'il dit :

[465f] Mais Polynice aux cheveux blonds, ce divin hros, dressa d'abord la table pour Ulysse : elle tait d'argent, et venait de Cadmus soumis aux ordres des dieux. Aprs cela il remplit une belle coupe d'or, d'un charmant vin; mais Ulysse, s'apercevant qu'on lui servait les vases respectables qui venaient de son aeul, en fut extrmement fch : [466] prononant aussitt des imprcations terribles contre ses deux fils (il fut entendu de la desse rinnys), il souhaita qu'ils se disputassent son hritage paternel (son patrimoine), et qu'ils fussent toujours en guerre, et les armes la main, l'un contre l'autre.

(15) Caecilius le rhteur, natif de Calacte, rapporte, dans son ouvrage sur l'Histoire, qu'Agathocle, roi de Sicile, montrant ses amis ses vases (ekpoomata) d'or, leur dit : Ces vases boire ont t faits des vases de terre que je modelais autrefois.

On voit aussi, dans les Larisses de Sophocle, [466b] qu'Acrise avait beaucoup de vases boire, ekpoomata, comme le dit ce tragique.

Acrise fait publier tous les trangers qu'il donnera des jeux gymniques, o il exposera, pour prix des vainqueurs, des chaudires de cuivre battu, des plats creux en placage d'or, et des vases boire (ekpoomata) entirement d'argent, au nombre de deux fois soixante.

Posidonius nous apprend, liv. 26 de ses Histoires, que Lysimaque le Babylonien, ayant invit souper Himre, tyran de Babylone et de Sleucie, lui et trois cents autres personnes, donna [466c] chacun des convives, lorsqu'on eut desservi, un vase boire (ekpooma) pesant quatre mines, et qu'aprs avoir fait les libations d'usage, il leur porta la sant tous, et leur donna les vases boire (poteeria) pour les emporter.

Anticlide d'Athnes, liv. 16 des Retours, parlant d'un nomm Gras qui, avec d'autres rois, envoya sur une flotte une colonie Lesbos, rapporte ce qui suit :

Il leur dcouvrit un oracle qui leur ordonnait de jeter la mer, pendant leur navigation, une jeune fille, qu'ils offriraient Neptune; mais, ajoute-t-il, quelques habitants de Mthymne parlent ainsi de cette jeune fille jete la mer: - Un des chefs, qui l'aimait, nomm Enallus, plongea aussitt dans l'intention de sauver la jeune fille; l'un et l'autre, absorbs par les flots, disparurent. Or, quelque temps aprs que Mthymne eut t peuple, Enallus s'y prsenta, et fit connatre comment ils avoient t sauvs ; ajoutant que la jeune fille habitait alors avec les Nrides; que quant lui, il menait patre les chevaux de Neptune ; [781] mais qu'un flot s'tant lev, il l'avait suivi en s'y plongeant, et qu'il tait ainsi sorti des eaux ayant la main une petite coupe ronde fort ancienne, dont les anses taient brises, et sur le contour de laquelle il tait crit en onze lettres d'or, grecques, Dios Sooteeros, de Jupiter-Sauveur, qu'en outre, l'or en tait si clatant, que le leur compar [781c] avec celui-la ne diffrait pas du cuivre, ou mme que ce n'tait pas autre chose.

CHAP. IV.

Extrait de ce chapitre, conserv dans l'pitom d'Hoeschelius et dans celui de Jean Lvinius, tel que Casaubon l'a fait imprimer, chapitre IV de ses notes, sans le traduire.

(16) On regardait autrefois comme un trs grand honneur de possder des vases boire (ekpoomatoon}. Achille avait aussi un vase d'un travail admirable, et qu'il conservait prcieusement. Aucun autre que lui n'y buvait, et il ne s'en servait pour faire des libations aucune divinit qu' Jupiter. Priam, qui rachte le corps de son fils Hector, au prix de tout ce qu'il avait de plus prcieux, offre Achille une coupe (depas) d'une rare beaut. Jupiter, qui prend la figure d'Amphitryon, donne aussi Alcmne un vase boire (poteerion) pour prix de la conception d'Hercule.

[781d] Alcmne reoit le vase d'or, et le contemple aussitt avec admiration.

Stsichore dit qu'Hercule traverse l'Ocan dans son vase boire (poteerioo) ; qu'il s'en servit mme pour le franchir et aller enlever les bufs de Gryon. Nous connaissons aussi par l'histoire le vase boire (poteerion) de l'arcadien Bathycls, qui le laissa pour prsent celui qui fut appel le sage par excellence entre les Sept de la Grce; mais nombre de potiers de terre font le vase de Nestor, car plusieurs crivains en ont donn des dtails.

En effet, les dieux aiment le poteerion ;aussi se saluent-ils les uns les autres dans des vases (depaessi) d'or.

Il faut, dit-on, se comporter avec modration l'gard du vin, non en dbauch, et ne pas boire grands coups selon l'usage des Thraces. On doit, au contraire, savoir allier la raison au vin, comme le moyen de se conserver en sant.

(17) [781e] Les anciens dbauchs se plaisaient beaucoup voir des traits historiques gravs sur leurs vases. Cimon et Athnocls se sont surtout distingus dans cet art de graver.

Les anciens se servaient aussi de vases o il y avait des pierreries incrustes.

Mnandre fait mme quelque part mention de vases gravs en relief Antiphane en parle aussi :

Les autres couvrent, avec l'cume d'un vin trs vieux, la coupe plaque en or ; ils la vident sans cesse en la faisant circuler toute pleine parmi eux, et la montrent renverse [781f] sans dessus dessous.

Nicomachus dit quelqu'un:

Ouvrier en or, puisse-tu dorer ma coupe !

Philippide crit :

Mon cher Trophime ! si tu avais vu les vases, tout en or, qu'on avait fait exprs ; oui, par le ciel, c'tait quelque chose de magnifique ! pour moi, je fus extasi en les voyant. Il y avait des cratres et des barils d'argent plus grands que moi.

Parmnion envoyant Alexandre une lettre dans laquelle il rsume le dtail des dpouilles qu'on avait faites sur les Perses, lui dit :

[782] Il y a en vases d'or soixante-treize talents, et douze mines pesant de vases d'or boire ; en vases boire enrichis de pierreries, 56 talents babyloniens, et 84 mines pesant.

(18) Il tait d'usage chez les anciens de verser d'abord l'eau dans le vase boire, et aprs l'eau le vin. Xnophane dit ce sujet :

Si tu verses boire, ne mets pas d'abord le vin dans le calice ou gobelet (kyliki) ; mais premirement l'eau, et le vin par dessus.

Anacron dit aussi :

Valet, donne de l'eau, donne du vin; donne-nous ensuite des couronnes de fleurs, afin que je ne lutte pas contre l'amour.

Hsiode avait dit avant lui :

Verse d'abord trois parties d'eau de source claire et courante, puis mets-y une quatrime partie de vin.

On lit dans Thophraste :

Chez les Grecs, [782b] on mlait anciennement le vin tout autrement que de nos jours ; en effet, on ne versait pas l'eau sur le vin, mais le vin sur l'eau, afin d'user d'une boisson bien dtrempe, de sorte qu'aprs en avoir bu, on ft moins avide de ce qui pouvait rester, et l'on en employait la plus grande partie au jeu du cottabe.

(19) Les graveurs en relief les plus renomms furent Athnocls, Crats, Stratonicus, Myrmcide de Milet, Callicrate Lacdmonien, et Mys dont nous connaissons une tasse d'Hercule, et sur laquelle on voyait grav le sac de Troie, avec cette inscription :

Parrhasius a fait le dessin; Mys l'a grav. Je reprsente la haute IIium que les Grecs prirent ......

(20) [782d] En Crte, ceux que l'on aime sont trs considrs. C'est qui y enlvera plutt qu'un autre des enfants mles; c'est mme un dshonneur pour un beau garon de n'tre pas aim. On y appelle ceux qu'on a ainsi enlevs. On leur donne une robe, un buf et un vase boire, poteerion. Ils portent mme cette robe dans un ge plus avanc, afin de montrer qu'ils ont mrit de la considration.

(21) ... mais vois les hommes lorsqu'ils ont un verre de vin; alors ils sont riches, ils font de grands gains, ils gagnent leurs procs, ils sont au comble de la flicit, ils offrent tous les services leurs amis.

En effet, le vin pris en partie de plaisir semble donner plus d'tendue l'me, la nourrir, l'lever; il chauffe, anime l'esprit, suggre de nouvelles rflexions, et comme dit Pindare,

C'est alors que les soucis fatigants de l'homme abandonnent le cur ; nous voguons tous au gr de l'illusion qui nous trompe, dans un ocan de richesses. Celui qui n'a rien se trouve dans une opulente fortune, et les riches s'imaginent l'tre encore davantage.

Il ajoute ensuite :

Vaincus par des traits de vigne, ils ont d'un autre ct l'me plus grande, plus leve.

(22) ANKYLEE

L'ankyle est un vase boire () dont on se sert au jeu du cottabe. Cratinus a dit:

C'est la mort mme que de boire du vin lorsqu'il y a de l'eau : qu'il y ait tout au plus autant de l'un que de l'autre. Buvant deux conges de vin pur, elle lance, de sa main flchie, les latages au Priape de Corinthe, en prononant le nom de celui pour qui elle joue.

Bachylide dit :

Tendant son bras d'albtre lorsqu'elle lance le latage pour la jeunesse, de sa main qu'elle avait flchie.

Ceci nous fait comprendre ce qu'Eschyle entendait par cottabes ankyletes.

On a aussi dit des traits ankyletes ou courbes, demi-courbes; mais l'expression ap'antylees vient de ce qu'on inflchissait la main droite; mais si le vase ou gobelet a t nomm ankylee, c'est parce qu'on inflchissait la main droite en lanant le cottabe, car les anciens taient extrmement attentifs lancer le cottabe avec grce et dextrit. Plusieurs mettaient plus de gloire cela qu' bien lancer un javelot. La dnomination est donc venue de la position que l'on donnait la main pour lancer, avec grce, le vin dans le plateau du cottabe. Or, on pratiquait des salles exprs pour ce jeu.

AIAKIS.

On trouve dans Timachidas le mot aakis, pour dsigner certain gobelet.

AKATOS.

L'akatos tait un vase boire de la forme d'une gondole. Epicrate en parle :

Laisse de ct ces petits akates (gobelets} j prends-en de plus grands; mets-moi cette vieille en fagot prs de la hune; tends toute cette nouvelle, et fais-lui bien prendre le vent ; donne un mouvement libre et prompt la rame. Lche tous les cbles, et laisse jouer les pieds l'aise.

(783) AOOTON.

L'aooton tait chez les Cypriotes un vase boire, selon Pamphile, et comme l'explique Philtas, un vase sans anses.

AROKLON.

L'aroklon est une coupe, dans Nicandre de Colophon.

ALEISON.

Aleison et depas sont l'un et l'autre le nom d'une mme coupe.

Homre dit de Pisistrate dans l'Odysse :

Il versa du vin dans une coupe d'or, depa.

Et plus loin ? en parlant de Tlmaque:

C'est pourquoi je te donnerai un aleison d'or.

Il dit encore ailleurs :

Il donna Tlmaque un beau depas.

Or, Asclpiade de Myrle fait cette rflexion :

Il me semble que le depas tait analogue au vase qu'on appelle phialee, ou coupe, car on s'en sert pour faire des libations. (783b) C'est dans ce sens qu'Homre appelle depas le vase avec lequel Achille faisait des libations Jupiter seul. On l'appelle depas, ou parce qu'on le prsente tous (pasi) ceux qui veulent faire des libations, ou qui veulent boire ; ou parce qu'il prsente deux ouvertures, ce qui doit s'entendre des anses. On l'appelle aleison, soit parce que ce vase est trs lisse (leion) ou poli; soit parce qu'on y runit (alizetai) de la liqueur en certaine quantit; mais qu'il ait eu deux anses, c'est ce qui est manifeste par ce passage.

Il tait prs de prendre ce bel aleison d'or deux anses.

Le pote y joint aussi l'pithte d'ampikypellon, voulant indiquer seulement qu'il tait tout amphikyrton ; mais Silnus entend par ce mot que ce vase tait sans anses. D'autres, prenant amphi dans le sens de peri, disent que ce mot l indique que ce vase tait fait de manire qu'on pouvait y boire de tous cts. Parthnius l'entend de la courbure

qu'on avait donne aux anses ; le mot kyphos ayant, selon lui, le mme sens que kyrtos ou courbe; (783c) mais Anicte dit que kypellos dsigne la phialee, ou coupe; que le nom amphikypellon a le sens d'hyperphialon, hypereephanon et kalon, c'est--dire, magnifique, pompeux, et beau; moins, ajoute-t-il, qu'on ne prenne le mot aleison de a privatif et leos, c'est--dire, non lisse, non poli, vu l'embellissement trs vari qui en rendait la surface rude au toucher.

Pisandre dit qu'Hercule donna un aleison Tlamon pour prix de la valeur qu'il avait montre dans son Expdition contre la ville de Troie.

(25) Il y avait des vases qu'on nommait les uns corne d'Amalthe, les autres eniautos.

(783d) AMPHOOTIS.

L'amphootis est selon Philtas un vase de bois dont les campagnards se servent pour traire le lait, et mme pour boire.

AMYSTIS.

Amystis dsigne proprement la boisson que l'on prend tout d'un trait, et sans rejoindre les lvres. On donne aussi ce nom aux vases avec lesquels on peut boire l'aise ; et l'on emploie l'expression exemystise, dans le sens de boire sans reprendre haleine; comme on le voit dans Platon le comique :

Dbouchant une urne brillante de liqueur qui parfumait l'odorat, il en versa sur-le-champ dans le ventre creux d'un gobelet ; ensuite il l'agita et la but pure, sans mme reprendre haleine, exemystise.

(783e) L'amystis de voit se boire tandis qu'un autre chantait quelques vers dans un intervalle dtermin; ce qui ne laissait que trs peu de temps, comme on le voit dans Ameipsias :

A. Joue-moi un air de flte ; et toi, chante : moi, je vais boire, pendant que tu joueras de ta flte. B. donc, prends l'amystis. D. L'homme n mortel n'a pas besoin de tant de choses ; il suffit qu'il aime et qu'il mange. A. Oh ! tu te contentes de trop peu.

(26) ANTIGONIS. SELEUKOS. PRUSIS.

L'antigonis avait pris son nom du roi Antigonus, comme le seleucos du roi Seleucus, et la prusis du roi Prusias.

(783f) ANAPHAIA.

Ce mot dsignait chez les Crtois un vase boire chaud, ou de l'eau chaude.

ARYBALLOS.

C'est un vase boire, large par le bas, et qui se rtrcit par le haut, comme des bourses qu'on ferme en tirant les cordons. La ressemblance a aussi fait donner ces bourses le nom d'aryballes. Aristophane en parle dans ses Chevaliers.

Te rpandre sur la tte de l'ambroisie avec un aryballe.

Mais l'aryballe ne diffre pas beaucoup de l'arystique, et l'on peut le prendre d'aryoo, je puise, et balloo, je jette ou rpands. On appelle aussi arystis une aiguire; comme on le voit dans Sophocle:

Coquine que tu es, puissent les dieux t'abmer ! (784) toi qui, ayant ainsi les arystis ta disposition, t'es si bien rgale avec !

Il y a aussi en Ionie une ville nomme Arystis.

ARGYRIS.

L'argyris est un vase boire fait non seulement d'argent.... Anaxilas dit :

Et boire dans des argyris d'or.

(27) BATIAKION.

Les mots batiakion, labronios, tragelaphos, pristis sont des noms de vases boire. La batiakee est une coupe de Perse. Parmi les lettres qu'Alexandre crivit aux Satrapes de l'Asie, il y en a une o l'on trouve ce qui suit :

Trois batiaques d'argent dor, cent soixante-seize condys d'argent, et trente-deux autres en placage d'argent; une tisigite d'argent, trente-deux cuillers d'argent dor; une tablette d'argent serrer les lgumes; un pot servir le vin en argent, travaill et vari la faon des Barbares, vingt-neuf autres petits vases boire de diffrentes formes, d'autres petits vases boire, tels que des rhytes, des baties et des lykurgos en or plaqu; des thymiatres et des assiettes.

BEESSA.

La besse est chez les Alexandrins un vase boire plus large par le bas, et qui se rtrcit par le haut.

(28) BAUKALIS.

La baucalis est aussi un vase d'Alexandrie, comme on le voit dans Sopatre le pote parodique.

La baukalis quatre cercles.

Le mme dit ailleurs :

Il est agrable de boire le matin, dans une baucalis, de l'eau o l'on a dlay du miel, lorsqu'on est tourment par la soif extrme qui rsulte de la crapule.

(784c) Or, ajoute-t-il, les Alexandrins travaillent le verre de manire qu'ils lui font prendre toutes les formes qu'ils veulent pour en faire diffrents vases, imitant ainsi la forme des vases de terre qu'ils se procurent de toutes les contres. Lorsque Cassandre fonda la ville de Cassandrie, Lysippe, le sculpteur, le voyant, dit-on, fort avide de vaine gloire, et jaloux de produire quelque poterie d'une nouvelle invention, cause des vins de Mends qu'on tirait en quantit de cette ville ; Lysippe, dis-je, lui prsenta nombre de poteries de formes diffrentes; et prenant quelque chose de chacune il lui en fit un vase d'une figure qui lui fut particulire.

(29) [784d] BIKOS.

Xnophon dit, liv. I de son Anabase, que Cyrus envoya des bikos vides demi. Or, le bikos est un vase boire analogue la coupe que nous appelons phialee, selon Pollux de Parium.

BOMBYLIOS,ou Biberon.

Le bombylios tait un thricle de Rhodes. Socrate donne ainsi quelque ide de la forme de ce vase :

Les uns seront dlivrs ou guris en buvant dans une coupe (phialees) autant qu'ils voudront; les autres en recevant ce qui tombera goutte goutte du bombylios. On donne aussi ce nom un animal.

BROMIADES.

Ce mot dsigne un vase boire (ekpooma) semblable aux scyphes les plus allongs.

(30) GRAMMATIKON.

C'tait un vase quelconque sur le contour duquel on avait grav des lettres, ou une inscription. Alexis dit ce sujet :

Je vais d'abord t'exposer la forme extrieure de ce vase boire : il tait rond, trs petit, antique, ayant les anses fort endommages. Il y avait, tout autour, des lettres qui formaient cette inscription : BIOS SOOTEEROS: de Jupiter-Sauveur.

CHAP. V.

Nous avons vu Capoue en Campanie un semblable vase boire, portant des lettres graves ; il tait d'argent, et consacr Diane. On l'avait form sur la description qu'Homre fait de celui de Nestor. On y voyait mme les vers en lettres d'or incrustes, comme si c'et t celui de ce hros.

Ache le pote tragique fait ainsi parler des Satyres, dans son Omphale, au sujet d'un vase sur lequel il y avait des lettres.

[466f] Ce scyphus ( gobelet) d'un dieu m'invite depuis longtemps, me montrant les lettres d, i, la troisime est un o, ensuite je vois n: ct suit y. S et o m'annoncent qu'ils ne doivent pas s'absenter de l'autre extrmit.

On voit qu'il manque u aprs o dernire lettre indique, parce que les anciens, qui employaient o dans sa valeur naturelle, [467] s'en servaient aussi lorsqu'ils avaient crire la diphtongue ou. Ils employaient de mme u seul lorsqu'ils en prononaient le son particulier, et lorsqu'il se trouvait suivi de la lettre i, qui y tait suppose jointe. Voil donc pourquoi les Satyres, qui parlent dans le passage prcdent, indiquent le nom Dionysou, en mettant un o pour la dernire syllabe, et prouvant ainsi qu'il faut supposer u aprs o, afin de complter le mot Dionysou.

Quant la lettre s, que les Satyres nomment san dans ce passage, les Doriens l'nonaient ainsi, et ils en ont suivi l'usage. Les musiciens, comme Aristoxne le rpte plusieurs fois, vitaient mme la lettre s ou le sigma, parce que c'est une lettre dure, et dont le sifflement ne s'accorde pas avec l'accompagnement de la flte. Ils y joignaient le plus qu'ils pouvaient le son de [467b] la lettre r, parce qu'il se lie plus facilement dans les articulations. C'est pourquoi les chevaux marqus d'un sigma taient pour eux des chevaux samphoras. Aristophane dit dans ses Nues :

Tu n'en mangeras pas, ni toi, ni ton cheval de trait, ni ton Samphoras .

Pindare dit:

Jadis on proscrivait le chant qui n'avait pas un caractre mle, et le san (s) tait en consquence banni de la bouche.

Eubule parle aussi, dans sa Jeune Fille, du vase portant des lettres sous le mme nom de grammatikon, qu'on lui donnait.

[467c] Je hais ce vase boire portant des lettres (grammatikon) ; mon fils est parti ayant une semblable petite coupe.

Or, on fait nombre d'autres vases semblables celui-l.

(31) GYALAI .

Philtas dit, dans ses Ataktes, ou Dissolus, que les Mgariens appellent gyalai les vases boire, poteeria . Parthnius crit, dans son Trait des Mots qu'on prend des historiens :

La gyale est une espce de vase boire, comme l'crit Marsyas dans ce passage.

Lorsque le roi entre dans la ville, le prtre d'Hercule va au-devant de lui, tenant certaine gyale pleine de vin ; alors le roi la prend et fait des libations.

(32) [467d] DEINOS, ou DEINIAS.

Ce mot est aussi un nom de vase boire. Denys de Sinope, faisant le dtail des vases boire (poteerioon ) dans sa Conservatrice, parle de celui-ci en ces termes :

A. Femme, combien n'y a-t-il pas d'espces de beaux thricles! B. Oui, il y en a de deux cotyles, de trois, et le grand deinos qui tient une mtrte : le cymbium (gondole), les scyphes (gobelets}, les rhytes (faits en forme de corne). A. Ma foi, cette vieille ne voit que des vases boire, et pas autre chose.

Clanthe le philosophe dit, dans son Trait du Transport des dnominations, [467e] que le thricle et le deinias ont eu leur nom de leurs inventeurs. Seleucus, crivant que le deinos est une espce de vase boire, cite ce passage de la Mde de Strattis :

Sais-tu, Cron, quoi ton crne ressemble ? pour moi je le sais ; c'est un deinos perc vers le bas.

Archdicus, introduisant sur la scne, dans son Diamartanonte, un serviteur qui parle de filles de joie, lui fait dire :

J'amenai ces jours derniers Nicostrate, cette grivoise au nez si crochu, et qu'on a surnomme Scotodine, parce qu'elle vola autrefois [467f] un deinos dans l'obscurit (skotoo ). B. Quoi, un deinos ! mais cela est affreux ! (deinon).

Le mot deinos dsigne aussi une espce de danse, comme le montre Apollophane dans ce passage de sa Daulis :

Cette deinos est bien deinos, pnible ; de mme que le calathisque.

Tlsille l'Argienne appelle aussi deinos l'aire d'une grange. Les Cyrniens donnent mme ce nom un bassin dans lequel on se lave les pieds, comme le rapporte Philtas dans ses Attiques.

(33) [468] DEPASTRON.

Silne et Clitarque, dans leurs Gloses, disent que l'on nomme les vases boire depastra chez les Clitoriens; mais voici ce qu'en dit Antimaque de Colophon dans sa Thbade :

(Ils excutrent ) ponctuellement tout ce qu'Adraste leur avait ordonn de faire. Ils versrent de l'eau dedans, et du miel vierge, les mlant attentivement dans un cratre d'argent. Aussitt ils prsentrent, la main, des coupes (depastra) chacun des princes grecs qui taient manger ; ensuite ils en versrent dans une aiguire d'or, pour faire les libations.

[468b] Il dit ailleurs :

Que l'on prsente aux autres un cratre tout d'argent, ou des (depastra) coupes d'or, qui sont en rserve chez moi.

Plus loin il ajoute :

Et des depastres d'or, et une petite clbes pleine de miel, qui lui sera plus avantageux.

(34) [468c] DAKTYLOOTON.

C'est ainsi qu'Ion appelle un vase boire dans son Agamemnon.

Mais il remportera un prix digne de la course ; c'est un vase boire, dactylote, et qui n'a pas t atteint du feu. C'est le grand prix de la course que propose Plias, et l'ouvrage de Castor.

Epigne entend le mot dactylote d'un vase boire qui a deux oreilles, et dans lesquelles on peut insinuer les doigts de chaque ct. D'autres entendent par ce nom un vase qui a dans son contour des figures qui sont comme des doigts, ou des figures en relief semblables celles des vases boire de Sidon. Enfin, d'autres veulent que ce soit un vase dont la surface est totalement lisse. L'auteur a dit non atteint du feu, selon l'expression d'Homre, qui dit:

[468d] Il dposa un chaudron apyre.

C'est--dire, qui n'avait pas t, ou qui n'allait pas sur le feu : ou c'est un vase destin mettre de l'eau froide, ou fait pour boire de l'eau froide. Quelques-uns l'entendent d'une corne mme. En effet, on dit que les bufs du pays des Molosses ont des cornes extrmement grandes et grosses. Thopompe raconte comment on en prpare des vases boire, et l'on peut en conclure avec vraisemblance que Plias en avait un semblable. Or, Iolcos, o le prix de ce jeu fut propos par Plias, est proche de la Molossie.

Mais Didyme, qui commente cette pice, dit qu'il vaut mieux avouer qu'Ion a mal entendu ce vers d'Homre :

Il assigna pour prix, au cinquime, une phiale deux anses qui n'allait pas au feu (apyrooton).

[468e] Car il a pens qu'il s'agissait l d'un vase boire (ekpooma); mais c'est un vase trs large, analogue un chaudron, et propre recevoir de l'eau froide. Ce vase tait dactylote, en ce qu'il prsentait intrieurement des cannelures dans son contour, dans lesquelles ceux qui prenaient le vase pour boire mettaient les doigts. Mais quelques-uns donnent le nom de phialee apyrootos, une corne faite pour boire, car elle est apyre, ou faite sans employer le feu. Il n'y aurait cependant pas d'erreur dire que la phialee tait un vase boire, ekpooma. Philmon, dans ses Noms, ou Gloses Attiques, crivant d'abord kalpis, selon l'ordre des mots de son ouvrage, ajoute pour explication :

C'est un vase boire (ekpooma) dactylote, et ayant deux anses, une de chaque ct, dans lesquelles on peut insinuer les doigts ; d'autres veulent que ce soit un vase qui a circulairement des formes de doigts.

(35) ELEPHAS.

C'est ainsi qu'on appelait certain vase boire, comme le dit Damoxne dans sa pice intitule, celui qui s'afflige lui-mme (Authoo pent onti) :

A. Si ce vase ne te suffit pas, voici un esclave qui vient apporter l'lphant. B. Bons dieux ! qu'est-ce donc que cela? A. Un rhythos [469] a deux sources. B. De quelle grandeur ? A. Il tient deux conges ; c'est un ouvrage d'Alcon. C'est avec ce vase qu'il me porta autrefois la sant avec plaisir, tant Cypsles.

Epinicus fait aussi mention de ce vase boire dans ses Supposes. Je citerai son tmoignage quand je parlerai du rhytos.

(36) EPHEEBOS.

Philmon d'Athnes dit, dans ses Noms, ou Gloses Attiques, qu'on appelle ainsi le vase boire nomm autrement embasikoiton. Stphanus le comique en parle dans ce passage de son Philolacon: ami de Lacdmone:

[469b] A. Le roi lui porta une bourgade pour sant. B. Voil une sant bien nouvelle ! Que lui est-il arriv de ce verre de vin ? A. Certaine bourgade situe prs de Thuria. Quant moi, Sosie, je n'ai de passion que pour les vases de Rhodes, et les phbes, quoique peu maniables.

(37) HEEDYPOTIDES.

Selon Lynce de Samos, les Rhodiens imaginrent ces vases boire pour les opposer aux thrides des Athniens, qui firent ces vases de cette forme, et trs pesants ; ainsi uniquement pour les riches. Les Rhodiens, au contraire, firent leurs hedypotides trs lgres, afin que les gens peu aiss pussent s'en procurer pour l'appareil. [469c] pigne fait mention des hedypotides dans ce passage de son Hrone :

Des rfrigrants, des gondoles, un cyathe, quatre rhytes, trois hedypotides, une passoire d'argent.

Smus dit, liv. 5 de sa Dliade, qu'on vo}yait suspendue dans le temple de Dlos, une hdypotide d'or qui avait appartenu Echenique, femme de cette le. Il en fait encore mention liv. 8. Cratinus le jeune dit:

Douze hedjpotides de chez Archephon.

(38) HEERAKLEION.

Pisandre crit, liv. 2 de son Hracle, que ce vase tait une tasse (depas) dans laquelle [469d] Hercule passa la mer, et qu'elle avait appartenu au Soleil, mais qu'Hercule l'avait eue ensuite de l'Ocan. Les potes et les historiens n'auraient-ils pas imagin par badinage de faire naviguer Hercule dans un vase boire, de ce que ce hros aimait les plus grands de ces vases? Mais Panyasis dit, liv. I de son Hracle, que ce fut de Nre qu'Hercule reut la tasse du soleil, et qu'il s'en servit pour passer par mer rythie. Nous avons dj dit qu'Hercule tait un des grands buveurs. [469e] Stsichore nous apprend, dans le passage suivant, que le soleil tait port au couchant dans un vase boire :

Le Soleil, fils d'Hyperion, s'embarqua dans une coupe d'or, pour traverser l'Ocan, et arriver dans les retraites obscures de la nuit vers sa mre, sa jeune pouse et ses chers enfants. [469f] Aussitt ce fils de Jupiter s'enfona dans un sombre bocage de lauriers.

Antimaque parle ainsi de cette tasse :

L'illustre Erythie faisait partir ce moment le Soleil dans une coupe trs commode.

Eschyle dit aussi dans ses Hliades :

L, au couchant, est la coupe (depas) de ton pre, faite par Vulcain, et dans laquelle, traversant le vaste espace des flots qui s'lvent en montagnes, il poursuit sa course rapide, et arrive ici en fuyant le milieu des tnbres de la nuit si dsire des mortels et trane par des chevaux noirs..

(39) Mimnerme dit, dans ses Nains, que le Soleil se rend en dormant vers l'Orient, dans un lit d'or, [470] que Vulcain lui a fait exprs pour cet usage, et indique, quoique indirectement, la cavit de la tasse o il repose :

La fatigue est tous les jours le sort du Soleil, et il n'a jamais aucun repos, non plus que ses coursiers, depuis l'instant o l'Aurore aux doigts de roses, quittant l'Ocan s'lve sous la vote du ciel; [470b] car aussitt un lit profond, de l'or le plus brillant, qui fait l'objet de ses dsirs, et forg de la main de Vulcain, le transporte au-del de l'Ocan. Il vole sur la surface de l'onde, et, dans le sein du sommeil, il passe rapidement du chur des Hesprides en thiopie, o s'arrtent son char rapide et ses chevaux, jusqu' ce que l'aurore, mre du crpuscule, arrive. L, le fils d'Hyprion monte sur un autre char.

Thoclyte dit, liv. 2 des Heures, que le Soleil traverse la mer [470c] dans une chaudire ; mais l'auteur de la Titanomachie l'avait dit avant lui. Phrcyde, aprs avoir parl de l'Ocan, ajoute :

Mais Hercule, tendant son arc contre lui, prt lcher la flche, le Soleil lui ordonne d'arrter; Hercule intimid arrte, et le Soleil, pour rcompense, lui donne la tasse d'or, qui le porte lui et ses chevaux, lorsque franchissant l'Ocan, pendant la nuit, il se rend vers l'aurore o il se lve. Aussitt Hercule part dans cette tasse [470d] pour rythie ; mais l'Ocan, dont il fait la premire fois l'preuve, lui paraissant soulever les flots pour en battre la tasse, Hercule s'apprte dcocher ses flches ; aussitt l'Ocan, craignant son courroux, ordonne aux flots de se calmer.

CHAP. VI.

(40) EETHANION.

Voici ce qu'Hellanicus crit, dans ses gyptiaqes:

Il y a dans les salles manger des gyptiens une jatte de cuivre, un cyathe de cuivre et un Ethanion de cuivre.

HEEMITOMOS.

Pamphile dit, dans ses Gloses, que c'est un vase boire (ekpooma ) qui a eu son nom de sa figure chez les Attiques.

(41) [470e] THEERIKLEIOS.

C'est un calice () rtrci sur les cts, assez profond, ayant de courtes anses, comme le calice ordinaire. Ne serait-ce pas dans un thricle qu'Alexis fait boire Hercule, lorsqu'il dit, dans son Hsione :

Devenu plus traitable, quoique avec peine, il demanda une kylee, puis la prenant, il la vida plusieurs fois de suite jusqu' la dernire goutte; de sorte qu'on peut dire, selon le proverbe, cet homme est vraiment une outre, un sac.

Thophraste montre clairement que le thricle [470f] est un calice, en disant dans son Histoire des Plantes au suje du trbinthe :

On en fait des calices thricles ; de sorte que personne ne peut les distinguer de ceux de terre. Ce fut, selon lui, Thricls, potier de terre, natif de Corinthe, qui imagina cette espce de calice, qui en porta le nom. Il tait contemporain d'Aristophane le comique.

Thopompe fait aussi mention de ce calice dans sa Nme :

A. Viens ici, fidle enfant de Thricls : charmante figure! quel nom te donnerons-nous ? [471] Oui, tu es le miroir mme de la nature. Lorsqu'on te sert tout plein, je ne dsire plus autre chose. Quant toi, vieille Tholyte, je t'abhorre! TH. Eh! mon cher! pourquoi m'appelles-tu vieille ! A. Comment veux-tu que je t'appelles? TH. Comment? Viens vers moi, Tholyte ! viens vers la jeune compagne de ton esclavage ! voil comme on parle honntement. a ! verse boire. A. Mais tu veux me tenter ? TH. Oui: A. A quel dessein ! TH. Je veux te porter une sant dlicieuse. A. Est-ce aprs avoir bu autant qu'il te plaira ? ou me donnes-tu boire d'abord ?

[471b] Clanthe parle aussi du thricle dans son Trait du Transport des Noms :

Il en est ainsi de toutes ces inventions et autres semblables, telles que le thricle, le deinias, l'iphicratis, qui indiquaient ceux qui en ont t les inventeurs; ce qui subsiste encore actuellement; et s'il y a des inventions qui ne rappellent pas les auteurs, c'est que le nom aura t un peu trop chang : mais, comme dit le proverbe, il ne faut pas croire le premier venu.

D'autres disent que le thricle a t ainsi nomm des peaux des btes sauvages (theerioon) qu'on y figurait. [471c] Pamphile d'Alexandrie croit que ce nom vient de theeras klonein, poursuivre, presser des btes sauvages, parce que Bacchus rpandait du vin avec cette espce de vase sur les animaux.

(42) Antiphane fait aussi mention de ce vase dans ses Semblables :

Lorsqu'on eut soup (car je veux lier ici ce qui se fit dans l'intervalle) et qu'on vit paratre le thricle de Jupiter-Sauveur, instrument rempli de liqueur cumante et dlicieuse de Lesbos. Chacun le prit de la main droite, pour boire la sant de ce dieu.

Eubule crit, dans son Dolon:

Moi ! je n'ai jamais rinc un vase ! [471d] eh ! j'ai rendu cette tasse plus pure que Thricls ne rendait ses calices brillants lorsqu'ils taient neufs.

Et dans ses Joueurs de ds :

Dj ils prenaient un de ces thricles d'une grande capacit, dont l'cume montant par dessus les bords se rpandait sur les mains des buveurs, et leur faisait mener grand bruit. C'tait un vase noir, tourn en perfection, qui comme une source jaillissait rapidement : rinc avec soin, il jetait au loin un reflet brillant de sa surface, sur laquelle [471e] un lierre se rpandait de tous cts.

Ararus, ou Eubule, en parle ainsi dans son Campylion :

O terre potier ! Thricls te modela un jour en dilatant le fond de tes flancs creux. Sans doute qu'il connaissait bien le naturel des femmes, car elles n'aiment pas boire dans de petits vases.

Alexis dit, dans son Chevalier:

Et un calice de Thricls, dont le bord tait couronn d'or; car ce n'tait pas un de ces vases communs.

On lit dans son Epaque ( ou Hippisque) :

Il avala du vin pur, plein un thricle trs large, [471f] et de la plus grande taille.

(43) Time nomme le calice, thricle, dans ce passage du liv. 28 de ses Histoires :

Certain Polixne, un de ceux qui furent dputs parla ville de Taormine, revint ayant reu de Nicomde, entre autres prsents, un calice thricle.

Adaeus, parlant de la Disposition, pense que le thricle est le mme vase que le carchesium ; mais Callixne montre clairement, [472] dans son Histoire d'Alexandrie, que ce vase tait diffrent :

Dans cette pompe, les uns portaient des thricles, les autres des carchesium.

Je dirai plus loin ce qu'tait le carchesium.

Il y avait aussi un cratre qu'on appelait thricle. Alexis en parle dans son Cycnus.

Au milieu tait un cratre thricle, plein d'un nectar blanc trs vieux, et couvert d'cume. Je le pris, le vidai, le nettoyai jusqu' le rendre bien brillant ; puis le posant solidement sur sa base, j'y arrangeai des branches de lierre portant son fruit, [472b] dont je le couronnai.

Mnandre a fait le mot thricle fminin, en grec, dans sa Femme enthousiaste:

A demi-ivre, il avala la thricle .

Et dans son Mnagyrte, ou Prestigiateur :

Lui portant la sant avec une thericle de trois cotyles.

Dioxippe dit, dans son Phylargyre, ou qui aime l'argent :

A. J'ai actuellement besoin de la grande thricle. B. Je sais cela. A. Et des rhodiaques ; car c'est dans ces sortes de vases que j'ai coutume de boire avec plaisir, et largement.

Polmon, parlant de la citadelle d'Athnes, a dit theerikleia au neutre pluriel :

[472c] Noptolme y consacra, ou suspendit des thricles d'or dont le pied tait de bois.

(44) Apollodore de Gla, dans ses Philadelphes, ou son Apocartcroon, fait de suite mention de tapis, de vases d'argent, de thricles orns de reliefs, et d'autres vases boire trs riches.

Aristophane crit, dans sa pice intitule Philonide:

C'est pourquoi notre matre me prsenta dernirement, pour rcompense de mes services, le large ventre d'un de ces thricles, bien tourn, tout couvert de l'cume d'un vin dlicieux [472d] ml avec gale quantit d'eau : or, je ne doute pas que c'est parce qu'il avait bien reconnu ma fidlit. Enfin, m'ayant bienfait boire, il me dclara femme libre.

Thophile n'a pas oubli ce vase dans sa Botienne :

Mais il mle, comment crois-tu? on ne peut mieux, certes, un de ces calices thricles de terre, contenant quatre cotyles, et la liqueur s'y couvre d'cume en bouillonnant. Non, par la terre! jamais Autocls n'a appuy son bras avec tant de grce sur l'articulation de l'paule.

[472e] Et dans ses Prtides :

Il apporte dans la salle un calice thricle contenant plus de sept cotyles, pour porter la sant de la bonne fortune.

ISTHMON, ou ISTHMION.

Pamphile rapporte, dans son ouvrage sur les Noms, qu'on appelle isthmon certain vase boire

(45) KADOS.

Simmias dsigne ainsi un vase boire, en rapportant ce passage d'Anacron :

J'ai dn en rompant une crote d'itrion, et j'ai bu un cade de vin.

pigne dit, dans son Mneemation, ou petit Monument spulcral :

A. Des cratres, des cades, [472f] des holces, des krounia, il y a aussi des kronnianes : mais qu'est-il besoin de vous dtailler tout ? vous le verrez de vos propres yeux. B. Mais ne dis-tu pas que Pixodare, le fils du roi, est arriv ?..

On lit dans les pigrammes d'Hdyle :

[473] Buvons, car le vin nous suggrera peut-tre quelques vers nouveaux, dlicats, coulants comme le miel. C donc, qu'on m'arrose de cades de Chio, et dis : Hdyle, livre-toi la joie; je n'aime pas vivre en vain, c'est--dire, sans bien boire.

Et dans une autre :

Pasisocls boit jusqu' la nuit, et depuis la nuit jusqu' l'aurore, en vidant quatre cades ; ensuite il s'en va prcipitamment o ses pas le conduisent ; mais en buvant, il surpasse le pote de Sicile par le charme de ses vers et la force de l'expression. [473b] Les grces y brillent avec clat ; ainsi, mon cher Pasisocls crit et boit.

Clitarque dit, dans ses Gloses, que les Ioniens appellent cade certain petit vase de terre. Hrodote parle de cade de vin de palmier, dans sa troisime Muse.

(46) KADISKOS.

Philmon crit, dans l'ouvrage cit prcdemment, que ce mot dsigne un vase boire. [473c] C'est selon Anticlide un vase dans lequel on place les statues de Jupiter Ctsien, comme il l'crit dans son Exgtique :

Voil donc comment il faut poser sur la base les statues de Jupiter Ctsien. Fermant le couvercle d'un cadisque neuf deux anses que l'on entoure de bandelettes de laine blanche, on fera pendre de l'paule droite et du front (de la statue) quelque toffe ou bande couleur de safran, telle qu'on la trouvera, et l'on versera de l'ambroisie. Or, par ambroisie il faut entendre ici de l'eau pure, de l'huile, et toutes sortes de fruits, que l'on y mle (emballetai ) aussi.

Straton le comique fait mention du cadisque dans sa Lemnomde ; voici ses termes :

(La sant) de Mercure, que les uns boivent en versant le vin du prochydion, et d'autres du cadisque ., en le mlant avec gale quantit d'eau.

(47) [473d] KANTHAROS.

Ce mot est aussi employ pour dsigner un vaisseau avec lequel on navigue. Ameipsias montre que le canthare tait un vase boire lorsqu'il dit, dans ses Joueurs au Cottabe :

La mre apporte des saucires et des canthares.

Alexis dit,dans son Cratevas, en parlant d'un homme qui buvait dans une taverne :

Ensuite j'aperois certain Hermasque qui renversait le canthare de ces gens-l : prs de l taient ses tapis et son panier.

[473e] Eubule, dans son Pamphile, parle plusieurs fois du canthare :

Mais moi, comme il se trou voit en face de la maison une nouvelle et grande taverne, j'y attendis la nourrice de la jeune fille, aprs avoir dit au tavernier de me donner un conge de vin d'une obole, et de me servir ct un grand canthare.

Il dit dans un autre passage :

Il y a dj du temps que ce canthare demeure vide et sec.

[473f] Et ailleurs :

A. Mais elle, prenant en mme temps le canthare, elle le fit disparatre . De quelle grandeur pensez-vous qu'il tait, Arsias ? AR. Fort grand ; et elle a mis ce canthare sec si promptement.

Voici ce que dit Xnarque dans son Priape :

, valet, verse-moi dans ce vase d'argent, dans ce vase profond ; [474] allons, dis-je, verse dans ce canthare.

Et ailleurs :

, valet, verse; verse, dis-je, par Jupiter ! dans ce canthare.

Epigne crit, dans son Hrone :

Ha ! malheureux que je suis ! les potiers ne font plus de ces grands canthares : ce ne sont plus que de petits vases, bien polis, il est vrai ; mais qu'ils semblent ne faire que pour les avaler plutt que le vin.

(48) Sosicrates dit, dans ses Philadelphes :

Un vent lger, qui frisait la surface de l'onde, amena doucement et joliment la canthare de la fille de Sciron, sans qu'il ft besoin [474b] de toucher au cordage qui fixait la voile.

Phrynicus parle du canthare dans ses Comastes:

Ensuite Chrestrate, qui vit si rgulirement en faisant chez lui des vases de terre, gmissait (de voir avaler) cent canthares de vin par jour.

Nicostrate crit, dans son Calomniateur : Diaboloo :

A. Mais, est-ce un vaisseau vingt bancs de rameurs, ou un cygne, ou un canthare? car si je vous demande cela, c'est parce que c'est moi qui ai soin de tout. B. C'est absolument un cygne-canthare, pot compos de l'un et de l'autre.

Mnandre crit, dans son Nauclre :

A. O Straton ! voici enfin [474c] Thophile qui nous est arriv aprs avoir franchi la mer ge. Quel avantage * pour moi de t'amener le premier ce fils sain et sauf, et en outre ce canthare dor. STR. Quel canthare entends-tu ? A. Eh ! le vaisseau.

Peu aprs il dit :

Le navire, me dis-tu, est arriv bon port ? B. Oui, ce navire, le mien; celui, dis-je, qu'a construit Callicls, et dont le nomm Euphranor de Thurie est le pilote.

Polmon, dans son ouvrage sur les Peintres, ddi Antigonus, dit [474d] qu'Hippe fit en pierre, aux noces de Pirithos, un pot verser le vin et un kypellon, dont il recouvrit les bords en or ; mais que quant aux lits, il les fit de sapin, sans pieds, et les orna de tapis de divers dessins, etc. Les vases boire taient des canthares. Au plancher suprieur tait suspendu une lampe dont la lumire se rpandait en se divisant selon certain nombre de becs.

Philtaire dit, dans son Achille, que ce vase boire fut nomm canthare du nom du potier qui l'inventa.

A. Pele. B. Mais Pele c'est le nom d'un potier, [474e] d'un pauvre malheureux faiseur de lampes de terre, et non, par Jupiter ! celui d'un roi.

Antiphane a crit, dans sa Botienne, que

Le cantharus est aussi un ornement de femme.

(49) KARCHEESION.

Callixne de Rhodes nous apprend, dans ce qu'il a crit sur Alexandrie, que le carchesium est un vase allong, un peu resserr vers son milieu, ayant des anses qui s'tendent jusqu' son fond. [474f] Ce vase un peu long a peut-tre eu son nom de sa longueur. Or, il est fort ancien, puisque Jupiter ayant joui d'Alcmne lui en donna un pour prix de cette jouissance, comme le rapportent Phrcyde, liv. 2, et Hrodore d'Hracle. Asclpiade de Myrle dit qu'on l'a ainsi nomm de certaine partie de la mture des navires, car la partie infrieure du mt se nomme le talon ; c'est celle qui tombe dans le leenos ; la partie prs du milieu se nommait tracheelos, le cou, et l'on appelait carchesium celle qui approchait de l'extrmit suprieure. [475] C'est ce point qu'tait garrotte l'antenne ou vergue qui se plongeait avec un peu d'inclinaison de l'un et l'autre ct du mt. Au-dessus tait ce qu'on appelle communment le thoorakion, tout quadrangulaire, except ses parties suprieure et infrieure, car ces deux parties saillent un peu en ligne droite. Au-dessus du thoorakion s'lve en diminuant de grosseur la partie du mt que l'on appelle eelakatee, ou la quenouille. Sapho parle aussi des carchesium :

Ils tenaient tous des carchesium, et ils firent des libations, souhaitant tout le bonheur possible au gendre.

Sophocle crit, dans sa Tyroo :

Qu'il y avait au milieu une table couverte de mets et de carchesium.

[475b] Ajoutant :

Que des dragons s'tant approchs de la table se jetrent sur les mets et les carchesium.

En effet, il tait d'usage chez les anciens de servir sur les tables des vases o le vin tait dj ml avec l'eau, comme le fait Homre.

Quant au carchesium, il a eu son nom des asprits miliaires, et l'on dit karcheesion pour kercheesion, changeant a en e. C'est aussi relativement l'ide de ces asprits qu'Homre donne ceux qui sont abattus par la soif l'pithte de karchaleoi, pres, desschs.

Charon de Lampsaque rapporte, dans son Trait des Limites, qu'on gardait encore de son temps [475c] Lacdmone la coupe (le carchesium) que Jupiter donna Alcmne, lorsqu'il se travestit en Amphitryon.

KALPION.

Le kalpion est une espce de vase boire d'rythre, selon Pamphile; je pense que c'est le mme que le scaphion, ou petite gondole.

(50) KELEBEE.

Anacron rappelle ce vase boire.

a, valet, donne-moi une clbe, afin que je porte la sant, et sans reprendre haleine ; ainsi, mle dix cyathes d'eau avec cinq de vin.

On est incertain sur l'espce de ce vase, ou si tout vase boire ne se pourrait pas nommer clbe, [475d] comme form de cheoo, je verse, et de loibee, liqueur que l'on verse, ou de leibein, verser. Or, on employait ce dernier mot particulirement pour tout fluide quelconque, et c'est aussi de l qu'on a pris le mot lebees, chaudron, marmite, grand plat. Selon Clitarque et Silne, clbe est le nom par lequel les oliens dsignent un vase boire; mais selon Pamphile, c'est le vase boire l'eau chaude qu'on appelle clbe. Nicandre de Colophon dit, dans ses Gloses, que l'on appelle ainsi un vaisseau de berger destin mettre du miel ; et il se fonde sur ce qu'Antimaque, natif de la mme ville, crit, liv. 5 de sa Thbade :

Que les hrauts prsentent aux dieux une outre remplie [475e] de vin trs rouge.

Et dans un autre passage :

Mais prenant un cetebeion amphithte plein de miel, le meilleur qu'il y et.

Il dit encore ailleurs :

Des coupes (depastra), un celebeion plein de miel, auquel on n'avait pas encore touch, et le meilleur qu'il et.

Il est donc vident qu'il met ici celebeion pour un vase quelconque, puisqu'il a nomm auparavant des vases boire sous le nom de depastra, ou grandes coupes.

Thocrite de Syracuse crit, dans sa Pharmaceutrie :

Couronne la clbe de la plus fine laine de brebis.

[475f] Euphorion dit aussi :

Soit que tu aies puis de l'eau dans quelque fleuve avec une clbe.

Anacron dit :

Une servante, tenant une clbe de trois cyathes, verse un vin dlicieux.

Denys, le mince, expliquant le pome lyrique que Thodoridas a fait sur l'amour, dit que le mot clbe se met, ou se prend pour dsigner un vase droit, comme le prusias et le thricle.

(51) [476] KERAS.

On rapporte que les premiers hommes burent dans des cornes (kerasi) de bufs, et que c'est de cet usage qu'on a reprsent Bacchus avec des cornes, et que plusieurs potes l'ont nomm Taureau. On le voit Cyzique sous la forme du taureau.

Pour prouver qu'on buvait autrefois dans des cornes, il suffit d'observer qu'en parlant de mler le vin avec de l'eau, on dit kerasai de keras, et le vase dans lequel on mle le vin, se nomme krateer, mot form de keras, comme si l'on disait kerateer, pour indiquer que la boisson se verse dans une corne. [476b] L'art de prparer les cornes boire subsiste mme encore actuellement: or, quelques-uns les appellent rhytes, et nombre de potes nous reprsentent les anciens, buvants dans des cornes. Pindare, parlant des centaures, dit:

Lorsque ces animaux eurent connu la force indomptable de ce vin dlicieux, l'instant ils jetrent le lait de dessus les tables, et buvant sans discrtion dans des cornes d'argent ils perdirent la raison.

Xnophon racontant, liv. 7 de son Anabase, le repas qui fut donn chez Seuths, y parle ainsi de ces cornes :

[476c] Lorsque Xnophon et ceux qui raccompagnaient furent entrs chez Seuths on s'embrassa rciproquement, et l'on se prsenta des cornes pleines de vin, selon l'usage des Thraces.

Le mme parlant des Paphlagoniens, liv. 6, dit :

S'tant couchs sur des lits d'herbes, ils souprent, et burent dans des vases de cornes.

Eschyle, dans ses Perrhbes, nous les reprsente ainsi, se servant de cornes au lieu de vases.

Des embouchures d'or ajoutes des cornes d'argent faites au marteau.

Sophocle dit aussi dans sa Pandore :

Et quand il aura bu plein la corne d'or, [476d] elle serrera ce vieillard dans ses bras dlicats.

Ermippe crit, dans ses Parques :

Sais-tu ce que je voudrais que tu fisses? ne me donne pas prsent ce (calice); mais verse-moi boire encore une seule fois dans cette corne.

L'orateur Lycurgue dit, dans son discours contre Dmade, que le roi Philippe portait la sant dans des cornes ceux pour qui il avait de l'amiti.

Thopompe nous apprend, dans sa seconde Philippique, que les bufs de Ponie, ayant de grandes cornes, capables de tenir trois et quatre conges, les rois de cette contre en font faire des vases boire, [476e] dont on recouvre les bords en or, ou en argent.

On lit dans le souper que dcrit Philoxne de Cythre :

Ils burent un vin tel que le nectar, dans des vases d'or, faits l'imitation de la partie la plus large de grandes cornes.

Les Athniens faisaient aussi des cornes d'argent, avec lesquelles ils buvaient; c'est ce que l'on trouve crit dans les Dnombrements des choses vendues publiquement par autorit de justice ; comme on le voit sur la colonne leve dans la citadelle parmi les effets qu'elle indique :

Une corne, vase boire, d'argent et contourne.

(52) KERNOS.

Il y a aussi le kernos, vase de terre qui contient plusieurs petits cotyles qui y sont agglutins : [476f] il y a dans ces cotyles des pavots blancs, du froment, de l'orge, des pois, de la gesse, des cicerolles, des lentilles ; celui qui portait ce vase pouvait manger de tout cela, comme s'il et port le vu, selon ce que dit Ammonius, liv. 3 des autels et des sacrifices.

(53) KISSYBION.

Le cissybion est un vase boire qui n'a qu'une anse. Noptolme de Parion dit, . 3 de ses Gloses, que ce mot dsigne un vase fait de lierre dans l'Andromde d'Euripide.

[477] .... les bergers accoururent tous en foule, apportant, les uns un scyphus de lierre plein de lait, pour se refaire de la fatigue; les autres, de la liqueur charmante de la vigne.

Or, ajoute-t-il, c'est du cissybion qu'il est parl au sujet de cette assemble rustique laquelle un vase de bois convient particulirement.

Selon Clitarque, les oliens donnent au scyphus le nom de cissybion. Marsyas dit que ce nom appartient au kypellon, qui est un vase de bois ; Eumolpe, que c'est une espce de vase qu'on fit peut-tre d'abord de bois de lierre ; [477b] mais Nicandre de Colophon crit, . i, de ses Etoliques :

Lorsqu'on fait les sacrifices de Jupiter Didymen, on offre les libations avec des feuilles de lierre (kissou), et c'est de l que les anciens vases boire ont t nomms cissybion.

Homre en parle aussi:

Tenant aux mains un cissybion de vin rouge.

Asclpiade de Myrle remarque qu'aucune personne, mme d'un tat mdiocre, ne se servait de scyphus, ni de cissybion dans les villes ; ces vases taient ceux des porchers, des ptres et des campagnards. [477c] Voil pourquoi le pote en donne un Polyphme et un Eume.

Il semble que Callimaque s'est tromp dans l'application qu'il fait des noms de vases, en disant d'un tranger qui logeait ordinairement chez lui, mais avec qui il se trouvait manger chez Polis Athnien :

En effet, il refusa de boire pure une amystis tout d'un trait ; il aima mieux un petit cissybion : mais moi,voici ce que je lui dis lorsque Valeison tait prsent la troisime fois la ronde.

En disant que l'aleison est le mme que le cissybion, il n'emploie plus les mots dans leur vritable sens.

[477d] On prsumerait avec vraisemblance que le cissybion fut d'abord un vase de lierre fait par des bergers. D'autres en prennent l'tymologie de cheistai dans le sens de contenir ; comme Homre a dit :

Ce seuil nous contiendra bien nous deux (cheisetai).

La retraite du serpent, et qui contient cet animal se nomme aussi cheiee. On a mme dit cheetion, pour dsigner le cornet qui contient les ds jouer, Denys de Samos crit, dans son Cycle historique, [477e] que le cissybion d'Homre est le mme que le cymbion. Voici ses termes :

Et Ulysse, lui voyant faire ces choses, remplit de vin un cymbion qu'il lui donne boire.

(54) KIBOORION.

Hgsandre de Delphes rapporte ceci :

Le pote Euphorion soupait un jour chez un des membres du Prytane; celui-ci lui montrant quelques ciboires qui paraissaient faits avec beaucoup d'art, et d'un grand prix, comme on n'avait pas pargn le vin, Euphorion, qui se trouvait ivre, prit un de ces ciboires, et pissa dedans.

Selon Didyme, le ciborion est une espce de vase boire, [477f] et peut-tre mme de ceux qu'on appelle scyphion, parce qu'ils sont rtrcis par le bas comme les ciboires de la fve d'gypte.

(55) KONDY.

C'est un vase boire asiatique. Mnandre dit, dans son Flatteur, qu'il contient dix cotyles.

Et dans la Cappadoce, Struthia! j'ai un condy d'or tout plein.

Hipparque crit, dans ses Anasoozomenes, ou Sauvs du danger:

A. Tu fais attention ce soldat! mais pourquoi? car de l'argent je suis sr qu'il n'en a pas. B. Eh bien ! il a un petit tapis charmant, de diverses couleurs, o l'on voit des figures de Perses et des gryphons terribles, tels que ceux de la Perse. [478] A. Peste soit de toi ! coquin que tu es ! B. Mais il y a aussi un condy, un rfrigrant, une gondole (cymbion).

Nicomaque crit, . 1, de son ouvrage sur les Ftes de l'gypte, que le condy est un vase de Perse.

A son origine, il tait form comme le globe cleste d'o, dit Ermippe l'astrologue, les dieux manifestent leurs merveilles, et envoient sur terre les principes de sa fertilit, et voil pourquoi on s'en sert dans les libations.

Pancrate dit, . i, de sa Conchoreeide:

Mais lui ayant vers du nectar d'un condy d'argent, [478b] il tourna ses pas pour aller dans un pays tranger.

KONOONIOS.

Istrus, disciple de Callimaque, . i, de son ouvrage sur la Ville de Ptolmas d'gypte, dit :

Une couple de calices de Conon, et une couple de thricles ayant un couvercle d'or.

(56) KOTYLOS, le cotyle.

Les cotyles sont des vases boire qui n'ont qu'une anse, et dont Alce fait mention. Diodore, dans ses remarques sur Lycophron, dit que ce vase boire (ekpooma est trs commun Sicyone, et semblable un bassin profond dont on se sert pour se laver ; que d'ailleurs on en voit et l avec une anse. Ion de Chio rappelle ce vase en disant :

Un cotyle plein de vin.

Ermippe crit, [478c] dans ses Dieux :

Il apporta d'abord un cotyle, comme le gage des voisins.

Platon dit, dans son Jupiter irrit :

Il apporte un cotyle.

Aristophane, dans ses Babyloniens, Eubule dans son Ulysse, ou les Panoptes, en font mention ; celui-ci dit:

Mais le prtre Euegore, debout au milieu d'eux, et magnifiquement vtu, fit les libations en versant le vin avec un cotyle.

Selon Pamphile, le cotyle est une espce de vase, mais particulier Bacchus. Polmon dit, en parlant de la toison de Jupiter :

[478d] Aprs cela, il fait les crmonies sacres de l'initiation, tire le cotyle de son tui, et distribue une portion chacun de ceux qui ont port le kernos, vase de terre qui contient dans sa capacit plusieurs petits cotyles agglutins, et dans lesquels il y a des jets de plantes, des pavots blancs, du froment, de l'orge, des pois, de la gesse, des ciceroles, des lentilles, des fves, de l'peautre, de l'avoine, un petit cabas de figues sches, du miel, de l'huile, du vin, du lait, de la laine de brebis non lave, et celui qui a port cela, y a part comme s'il et port le van.

(57) KOTYLEE, la kotyle.

Aristophane parle de la cotyle, dans son Cocale:

D'autres vieilles femmes, cdant la passion imprieuse qui les portait vers un bon vin rouge de Thase, s'en abreuvrent largement le corps, en vidant l'aise de grandes cotyles de terre. .

[478e] Silne, Clitarque et Znodote ont parl de ce vase (Homre a dit) :

Le sang coulait, le ramasser par cotyle, tout autour du cadavre.

On a dit aussi :

Il se passe bien des choses entre la cotyle et le bout des lvres.

Selon Simariste, c'est un vase boire blanc . Diodore dit que

le pote (Homre) a dit la cotyle pour ce que d'autres appellent le cotyle.

Un morceau de pain et une cotyle.

Or, la cotyle n'est pas ce qu'on appelle ordinairement calice, parce qu'elle n'a pas deux anses, et c'est une espce de vase boire dont la forme est analogue celle d'un vase profond destin se laver. En outre, ce peut tre [478f] ce que quelques toliens et quelques Ioniens appellent un cotyle, vase semblable ceux dont il a t parl, et qui a une anse.

Crats, dans ses Jeux, et Ermippe dans ses Dieux, ont fait mention de la cotyle. Les Athniens donnent ce nom une sorte de mesure. Thucydide dit ce sujet :

On leur donna chacun par jour une cotyle d'eau pendant huit mois, et deux cotyles de farine.

Aristophane dit, dans son Proagon :

Mais lui, ayant achet trois chnix de farine o il manquait une cotyle ; il dduisit vingt (oboles) du paiement.

[479] Selon Apollodore, c'est une sorte de vase boire lev et vid. Or, les anciens appelaient cotyle toute chose creuse; c'est ainsi que le creux de la main tait pour eux une cotyle, et qu'ils disaient, d'un sang qui coulait abondamment, kotylerrhyton, c'est--dire qu'on peut ramasser de chaque cotyle, ou de chaque main. Il y a aussi un jeu qu'on appelle encotyle, ou dans la cotyle, et dans lequel les vaincus faisant un creux de leurs deux mains, reoivent les genoux des vainqueurs, et les portent ainsi.

Diodore, dans ses Gloses Italiques, et Hraclite, comme le dit Pamphile, nous apprennent que la cotyle a aussi le nom d'hmine, et il cite ce passage d'picharme :

[479b] Et boire le double d'eau tide, savoir, deux hmines.

Sophron dit :

Mon fils, renverse l'hmine.

Phrcrate a employ le mot kotyliskee dans sa Corianne :

Mais la cotyliskee, point du tout.

Aristophane se sert de kotyliskion dans ses Acharnes:

Un kotyliskion brch.

On appelle aussi cotylee, la cavit de l'ischion, o s'insre l'os de la cuisse. On a en outre transport le sens de ce mot aux epiphyses, ou dcrtions qui se voient aux bras des polyps, et on les a nomms cotyledons. Eschyle a donn le nom de cotyles aux cymbales dans ses Hedons, en disant :

Il fait retentir l'air de ses cotyles d'airain.

[479c] Marsias dit que l'os qui est dans l'ischion se nomme aleison, et calice.

Le cratrisque, ou petit cratre de Bacchus, se nomme aussi cotyliscos, de mme que les vases dont se servent les candidats, selon Nicandre de Thyatire, qui cite ce passage des Nues d'Aristophane :

Je ne couronnerai pas non plus le cotylisque,

Mais Simmias interprte la cotyle par le mot aleison.

(58) KOTTABIS.

Harmodius de Lpre, parlant des usages des Phigaliens, s'exprime comme il suit, au sujet des soupers de leur contre :

Lorsqu'on a consacr ces choses dans une cottabis de terre, on en donne boire un peu chacun, et celui qui le prsente dit : Soupez bien .

[479d] Hgsandre de Delphes dit, dans ses Commentaires (dont le commencement est : Dans le meilleur gouvernement, etc. )

Ce qu'on appelle cottabe a t introduit dans les festins l'imitation de ce qui se pratiquait en Sicile, selon le rapport de Dicarque. On conut ensuite une si grande passion pour cet exercice, qu'on proposa aux festins des prix qui en portrent le nom ; ds lors on fit des calices qu'on crut le mieux appropris la chose, et on les appela cottabides. Outre cela, on btit des salles rondes, [479e] afin que le cottabe, tant plac au centre, tous les joueurs pussent disputer le prix une gale distance, et de semblables places, car on s'appliquait non seulement frapper au but, on voulait encore que tout ft fait avec grces. En effet, il fallait d'abord s'appuyer sur le coude gauche, et faisant un mouvement circulaire de la droite lancer le latax avec souplesse. C'est ainsi qu'on appela la liqueur qui tombait du vase ; de sorte que nombre de personnes mettaient plus de gloire bien jouer au cottabe, qu' bien lancer un javelot.

(59) [479f] KRATANION.

Les anciens n'auraient-ils pas nomm cratanion le vase boire que nous appelons kranion. Polmon. ou l'auteur quelconque de l'ouvrage intitul l'HeIladique, parlant du temple que les Mtapontins avoient Olympie, crit ce qui suit :

Il y a cent trente-deux phiales d'argent, deux pots d'argent verser le vin, un apothysanion d'argent, trois phiales dores. [480] Quant au temple des Byzantins, il y a un Triton de bois de cyprs, qui tient un cratanion d'argent, une chane d'argent, deux carcheses d'argent, un pot d'argent verser le vin, et deux cornes; mais dans l'ancien temple de Junon, il y a trente phiales d'argent, deux cratanions d'argent, une bassine d'argent, un apothysanion d'or, un cratre d'or, offrande des Cyrnens, et un plat d'argent.

KROYNEIA.

Epigne en fait mention, dans son Petit Spulcre :

Des cratres, des cades, des holces, des krouneia, mais ce sont des krouniai.

[480b] KYATHIS.

La cyathis est un vase dont la cavit est arrondie. Sophron crit dans le mime, intitul les Femmes :

Lesquelles, dit-on, se sont rendu favorable la desse ; mais l'on a cach par dessous, dans une cyatide, un alexipharmaque broy.

(60) KYLIX.

Phrcrate dit, dans son Doulodidascale, ou Valet-Matre :

Maintenant rince ce calice, pour donner boire, en y ajoutant ce qui a coul par la passoire.

Or, les calices sont des vases de terre, et qui ont t appels kylix en grec, du mot kylioo, je tourne, parce qu'on les forme sur la roue, et c'est de kylix qu'on a fait kylikeion, buffet serrer les calices ou vases boire ; mme ceux d'argent. On en a encore form le verbe kylikeegorein pour dire disserter sur les calices.

[480c] Mais les Athniens ont donn le nom de kylikis la bote des mdecins, parce qu'elle est faite au tour. Les calices Attiques et les Argiens ont t fort renomms. Pindare fait mention des Attiques dans ce passage :

Thrasibule! je t'envoie, pour dessert, cette provision de chansons aimables. Ce sera un surcrot de douceur, tant pour les convives que pour la liqueur de Bacchus, et un nouvel aiguillon en faveur des calices d'Athnes.

Mais les calices Argiens semblent avoir t d'une forme diffrente de ceux de l'Attique; car ils se terminaient en pointe leurs bords, [480d] comme le dit Simonide d'Amorgos :

Mais ce calice est phoxicheilos, ou lev en. pointe, tels que sont ceux qu'on appelle ambix.

C'est pourquoi on leur a donn l'pithte de phoxos, pointu avec certain arrondissement, comme Homre le dit de Thersite.

Il tait pkoxos, pointu par la tte.

Or, on a dit phoxos dans le sens de pros ta phaee oxys horoomenos, c'est--dire, qui parat pointu la lumire.

(61) On fait des calices de diffrentes formes, mme Naucrate, patrie d'Athne, [480e] un de nos convives. Ils ont l'apparence des phiales, ne sont pas faits la roue, mais comme models au doigt. Le fond en est large, et l'on y voit quatre anses. Il y a beaucoup de potiers de terre (kerameis) Naucrate, et c'est d'eux que l'on a nomm cramique l'embouchure du Nil, voisine de cette ville. Du reste, leurs vases sont recouverts d'une couleur qui les ferait prendre pour de l'argent.

On vante aussi les calices de Chio, dont Ermippus fait mention dans ses Soldats :

Mais un calice de Chio est suspendu en haut des chevilles.

[480f] Glaucon dit, dans ses Gloses, que les Cypriotes donnent le nom de calice la cotyle. Hipponax nomme ces vases-ci dans ses Synonymes : L'aleison, le pooteerion, le kypellon, l'amphootis, le scyphus, le calice, le cothon, le carchse, la phiale.

Ache d'rtrie, dans son Alcmon, a fait de kylix le mot kylichnis :

Apporte ici, et bien vite, du vin rouge seulement, un cratre pour tout le monde, et chacun sa kylichnis., ou son calice.

Alce dit:

[481] Buvons; pourquoi attendons-nous les lumires? un jour est sitt pass ! , qu'on serve dans de grands calices (kylichais) ensuite tu les varieras ; car le fils de Smle et de Jupiter a donn le vin aux hommes, pour faire oublier les chagrins; verse, mle un et deux, mais tout plein.

Le mme dit, dans son dixime:

Ses latages volent des kylichnes de Tos.

Indiquant par-l que ces. vases de Tos taient prfrs.

CHAP. IX.

(62) Phrcrate crit, dans sa Corianne :

A. Car je reviens du bain toute cuite, ayant en outre la gorge dessche : donne donc boire ; ma salive se colle la bouche, par nos deux divinits ! [481b] B. Prenez, madame, cette kjlichne. A. Point du tout; elle est trop petite. Toute ma bile s'agite (en la voyant) depuis que j'y ai pris une mdecine. Verse-moi donc dans ma plus grande.

En effet, les femmes aimaient les grands vases, comme l'indique Phrcrate dans ce passage de sa Tyrannie :

Ensuite on fit pour les hommes des vases de terre fond large, n'ayant presque pas de bords sur ce fond seul, et qui ne contenaient [481c] pas mme la quantit d'une conque ; enfin, ils taient tels que ces tasses goter le vin ; mais les femmes disent qu'il leur faut des calices semblables aux barques qui amnent le vin, ronds, minces, ventrus par le milieu, et ce n'est pas sans dessein, car elles veulent toujours tre prtes d'avance ; [481d] de sorte qu'elles puissent boire beaucoup de vin sans qu'il paroisse entrer en compte. Mais leur reprochons-nous de boire beaucoup? aussitt elles se rpandent en injure, protestent avec serment qu'elles ne boivent qu'une mesure. J'en conviens ; mais cette seule mesure en vaut mille.

(63) CYMBIA.

Selon Simariste, ce sont des vases boire, petits et creux. Dorothe dit que c'est une sorte de vases boire (poteerioon) profonds, n'ayant pas le fond plat, ni des anses. Ptolme, fils d'Aristonius, leur donne une forme courbe. Selon Nicandre de Thyatire, Thopompe a ainsi nomm, dans son Mde, le vase boire qui n'a pas d'anses.

On lit dans le Spectre de Philmon :

Puisque Rhode vous a vers sur la tte [481e] un cymbion de vin pur.

Mais Denys de Samos liv. 6 de son Cycle, pense que le cymbion est le mme vase que le cissybion, car il dit :

Ulysse, ayant rempli de vin pur un cymbion, le donna au cyclope ; mais le vase (cissybion) qu'Homre lui fait donner n'est pas petit, car Polyphme, qui tait d'une si haute stature, n'aurait pas t enivr si promptement pour avoir vid trois fois ce vase.

Dmosthne rappelle le cymbion dans son Discours contre Midias, disant qu'il avait sa suite des rhytes et des cymbions. Il en fait encore mention dans le discours contre Everges et Mnsibule.

[481f] Selon Didyme le grammairien, le cymbion tait un vase boire, de forme allonge, troit, semblable un navire. Anaxandride dit, dans ses Campagnards :

A. Sans doute que ce sont ces grands vases que vous avez vids, ces cymbia, dis-je, de vin pur qui vous ont caus cette stupeur. B. Au moins nous ont-ils fort branl le cerveau.

Alexis crit, dans son Chevalier:

A. Il y avait aussi de ces cymbions [482] o l'on voyait des figures de jeunes filles. B. Ah ! malheureuse ! juste ciel que de maux !

(64) Mais ratosthne donne le cymbion pour un vase analogue au cyathe dans son ptre au Lacdmonien Agetor. Voici le passage :

Eux-mmes sont tonns, et ne savent comment lui, qui n'avait mme pas un cyathe en sa possession, mais seulement un cymbion, a pu acqurir une phiale. Pour moi, il me semble qu'il s'tait fourni de l'un, afin de s'en servir comme les autres hommes, et de l'autre pour rendre ses hommages aux dieux. On ne se servait pas alors de cyathe, ni de cotyle. [482b] On prsentait aux divinits un cratre, non d'argent, ni enrichi de pierreries, mais fait de la terre du promontoire Colias. Toutes les fois qu'ils l'avoient rempli en faisant des libations aux dieux avec la phiale, ils se versaient l'un aprs l'autre le vin qu'on venait de mler, en puisant avec le cymbion, comme on le pratique encore chez nous dans les repas communs qu'on appelle phdities, mais s'ils voulaient boire davantage, on mettait auprs d'eux les vases appels cotyles, qui sont de la plus belle forme, et trs commodes pour boire. Or, ceux-ci taient faits de la mme terre.

Mais lorsqu'Ephippe dit, dans ses phbes:

Chaermo