Fabrice Colin est écrivain et directeur éditorial des éditions Super 8 (Sonatine). Auteur de nombreux romans de fantasy, de SF et de polars, il fut quatre fois lauréat du Grand prix de l’Imaginaire. Passionné et très fi n connaisseur, il s’empare brillamment de notre désir de belles histoires, et de notre envie de croire que l’incroyable puisse être vrai.

Fabrice Colin est écrivain et directeur éditorial des éditions Super 8 (Sonatine). Auteur de nombreux romans de fantasy, de SF et de polars, il fut quatre fois lauréat du Grand prix de l’Imaginaire. Passionné et très fi n connaisseur, il s’empare brillamment de notre désir de belles histoires, et de notre envie de croire que l’incroyable puisse être vrai.

40 histoires vraies qui font vaciller

la raison

FABRICE COLIN

978-2-7467-4178-2

18,50 €Conception graphique : Raphaëlle Faguer © AutrementImprimé et relié en France. Fa

bric

e C

olin

Il est minuit et demie en ce 20 mai 1981 à Palavas-les-Flots. Quatre jeunes gens âgés de 17 à 25 ans « voient » disparaître

l’auto-stoppeuse assise sur la banquette arrière de leur R5. Ce n’est ni une rumeur, ni l’avatar d’une légende.

Personne n’a pu mettre en évidence la moindre supercherie – ni les enquêteurs du service de police en charge de l’affaire,

ni les psychologues qui ont interrogé les protagonistes.

Les mystères, apparitions et autres événements surnaturels survenus en France aux XXe et XXIe siècles consignés dans le présent ouvrage ont fait l’objet d’enquêtes

minutieuses : croisement des sources, contact direct avec certains témoins, reconstitution des faits.

Tous demeurent inexpliqués à ce jour.

ATLAS DE LA FRANCE M

YSTERIEUSE

CV-AtlasFranceMysterieuse.indd 1 14/04/2015 16:18

L’éditeur remercie Marianne Toussaint pour son aide précieuse et Frédéric Miotto.

© Éditions Autrement, Paris, 2015.Couverture : Raphaëlle FaguerConception graphique : Raphaëlle FaguerRéalisation graphique : Mélie GiusianoPhotogravure : QuatcoulISBN : 978-2746-7-4178-2Dépôt légal : mai 2015

fabrice colin

Éditions Autrement

fabrice colin

Éditions Autrement

40 histoires vraies qui font vaciller

la raison

Sommaire

IntroductIon p. 7

Fantomes, monstres & apparitions Fantômes sur le bord de la route, lutins malicieux, monstres insaisissables : existent-ils vraiment ou les a-t-on rêvés ?

La Dame blanche de Palavas p. 12La bête des Vosges p. 15Le chat fantôme de Combourg p. 18Les fantômes des Catacombes p. 21La galipote p. 24Les farfadets de Berbiguier p. 27Le spectre du parc Montsouris p. 30Où sont passés les lutins ? p. 33

Les lieux hantesMaisons, abbayes, ruines : ces lieux où la présence du surnaturel se manifeste devant témoins – surtout à la nuit tombée

Le gentil curé d’Incarville p. 38Mortemer et les fantômes opportuns p. 41So British ! – les souvenirs du Trianon p. 44Le château de Fougeret p. 47La maison hantée de Vailhauquès p. 50Tout le monde aime Lucie p. 53La cité d’Ys engloutie p. 56Camp du Struthof p. 59

etranges rencontresSoucoupes volantes, phénomènes inexpliqués, contacts avec des êtres venus d’ailleurs : des portes ouvertes sur une autre réalité…

Les visiteurs de Cussac p. 64L’invasion de novembre 1990 p. 67L’ovni de Valensole p. 70Roland de Jouvenel, celui qui parle du ciel p. 73L’étrange concert - Jean Romier p. 76Les envoûtés de Moselle p. 79La résurgence templière d’Arginy p. 82La Vierge de l’Île-Bouchard p. 85

Les tresors cachesQuand le mystère et l’ histoire de France s’entrelacent…Trésors mythiques et jamais trouvés encore : sont-ils des légendes ?

Le double trésor de Bonifacio p. 90Le tableau perdu de David p. 93Les trésors de Mandrin p. 96Abbaye de Jumièges p. 99Les Templiers de Gisors p. 102Les os de Jeanne d’Arc p. 105La chartreuse de Meyriat p. 108Le trésor de Rennes-le-Château p. 111

Les celebrites du surnaturelVrais miraculés ou faux mystiques, magiciens et sorciers, chercheurs du paranormal… Il est probable que vous n’ayez jamais entendu parler de ces super-héros de l’ombre

Marthe Robin, la presque-sainte p. 116L’homme qui en savait tant p. 119Iron Man made in France p. 122Sitarane le sorcier p. 124Le peintre des esprits p. 128Alexis Didier, l’ouvrier-médium p. 131René Guénon p. 134Les ténors de l’Institut métapsychique p. 137

sources et crédIts p. 141

7

12

est l’une des histoires de fan-tômes les plus célèbres de France et, de par sa discrète perfection,

l’une des plus intrigantes : personne, à ce jour, n’a réussi à mettre en évidence la moindre supercherie.Nous sommes le mercredi 20 mai 1981 à Palavas-les-Flots et il est près de 0 h 30. Ils sont quatre, âgés de 17 à 25 ans. Après un verre ou deux, ils se promènent un peu sur les quais et décident de rentrer à Montpellier. La voiture est une vieille R5. Les garçons montent devant, les filles à l’arrière. Au carrefour des Quatre-Canaux, le conducteur remarque une silhouette sur le bord de la route. Une femme. La R5 s’arrête. L’auto-stoppeuse, âgée d’une cinquantaine d’années, porte un imperméable blanc et un foulard assorti. La voiture étant une deux-portes, le passager avant descend pour faire monter l’inconnue entre les deux

filles. La R5 repart. La nouvelle venue, dont les témoins peineront par la suite à décrire la physionomie, n’est pas très causante. Soudain, et alors qu’elle n’avait jusqu’à présent pas prononcé un mot (même pas un « merci », apparem-ment – et après, on prétend que les jeunes ne sont pas polis), la dame s’écrie par deux fois : « Attention au virage ! » Secoué, le conducteur prend l’avertis-sement en compte et négocie parfaite-ment sa courbe. Dans la foulée, il entend hurler à l’arrière. Les filles sont terrifiées. L’auto-stoppeuse a disparu ! Alors, précisons-le, que la voiture rou-lait à 90 km/h et que les vitres étaient fermées.Les quatre passagers sont choqués ; on le serait à moins. Sitôt arrivés à Montpellier, et au lieu de regagner leur cité universitaire, ils se rendent direc-tement au commissariat pour raconter leur histoire. Les policiers se rendent

La Dame blanche de Palavas

C�

12

•Palavas-les-Flots

5 km

14

atlas de la france mystérieuse

sur place : rien. Ils prennent les dépo-sitions des jeunes séparément. Les quatre versions concordent au détail près.Première remarque : la trame corres-pond en tout point au « scénario » de Dame blanche habituel. Des récits similaires, en effet, on en retrouve par-tout dans le monde et notamment en France, dans le Calvados, l’Isère ou la Haute-Vienne. Rien ne manque : l’heure tardive, le croisement, la passa-gère pâle et mutique, l’accident évité.Deuxième observation : les quatre jeunes n’étaient ni ivres ni férus de

paranormal, et n’étaient pas connus des services de police. Par la suite, ils fui-ront toute exposition médiatique. Un psychologue, qui s’entretient avec chacun d’eux, croit en la véracité de leurs témoignages. Une version parfai-tement homogène, ficelée comme une dissertation de premier de la classe sur le thème « réel et imaginaire ».L’histoire ne dit pas ce que sont devenus ces jeunes gens, ni s’ils ont eu leurs partiels.

« Le conducteur remarque une silhouette sur le bord de la route. Une femme.

La R5 s’arrête. L’auto-stoppeuse, âgée

d’une cinquantaine d’années, porte un imperméable blanc

et un foulard assorti. »

Palavas-les-Flots (Hérault, 34)

atlas de la france mystérieuse

40 41

atlas de la france mystérieuse

Mortemer et les fantomes opportuns

Ouvrez un guide consacré aux phé-nomènes dits « surnaturels ». La plupart du temps, vous serez sur-

pris par la candeur du propos et l’ab-sence de preuves. Ce qui n’empêche pas journaux et chaînes de télévision d’en tirer moult reportages plus ou moins sérieux.En matière de légende autogénérée, le cas de l’abbaye de Mortemer fait figure de modèle. Fondée en 1134 par le roi Henri Ier d’Angleterre entre Lyons-la-Forêt et Lisors dans l’Eure, nichée dans un parc charmant, l’abbaye abrite des bâtiments d’origine datant des XIIe et XIIIe siècles. Hélas réduits à l’état de ruines, ces édifices sont néanmoins classés monuments historiques. Seul le grand logis, une bâtisse du XVIIe siècle, est encore en bon état. Il abrite aujourd’hui un musée.Considérée comme « l’abbaye la plus hantée de France », Mortemer aurait été

purifiée en 1921 par un exorciste dont on cherche toujours le nom. À la lecture de l’historique supposé des lieux, on comprend pourquoi. Sont notamment évoqués : le meurtre accidentel – oups ! – d’une garache (pécheresse transformée en animal lors d’une nuit de pleine lune) par un métayer (son propre époux, dit-on), l’apparition d’une Dame blanche (la fille d’un roi d’Angleterre qui aurait été enfermée sur place et reviendrait hanter les ruines) ou encore la présence remarquée, dans la forêt voisine, de quatre moines autre-fois gardiens des lieux. Sur un plan strictement historique, nous sommes désolés de devoir affirmer que ces deux dernières légendes reposent sur des faits tronqués voire, dans le cas de la pre-mière histoire, jamais avérés. Avant 1985, on ne trouve nulle part la trace de ces histoires. 1985 ? Tiens… c’est justement la date de la création du

Portrait de l'abbé fantôme datant de 1945. Gilbert Delamarre

42

musée des légendes et fantômes dans les sous-sols de l’abbaye avant la paru-tion, un an plus tard, d’un opuscule spécifiquement consacré à ces faits mys-térieux et titré Les Légendes de Mortemer.Dans les années 1990, une journaliste du nom de Muriel Motte prétend avoir photographié à plusieurs reprises un spectre hantant nuitamment les ruines. Renseignement pris (une équipe de chasseurs de fantôme savoyarde est tout de même allée enquêter sur les lieux), il ne s’agissait que du cliché flouté des restes du transept de l’abbatiale éclairés par un projecteur.Reste, selon la présidente de l’associa-tion chargée de la sauvegarde des lieux, que d’autres phénomènes surnaturels continuent bel et bien d’avoir lieu à

Abbaye de Mortemer, Lisors, (Eure, 27)

Mortemer. Lignes téléphoniques brouil-lées, inexplicables baisses de tension, existence d’une « chambre rouge » dans laquelle, selon certains témoins, il serait impossible de dormir… Fantômes un jour, fantômes toujours ? « Si ces phé-nomènes existaient, déclare la gar-dienne en interview, je n’en serais pas plus étonnée que cela. »

Vue générale des ruines de l’abbaye de Mortemer. Lithographie JOLY (1825).

42

Abbaye de Mortemer, Lisors, (Eure, 27)

•Lisors

5 km

56

Les plus belles légendes sont plu-rielles ; de cette floraison nous vient parfois la conviction d’un

substrat primal prouvant leur authen-ticité. Si l’histoire de la cité d’Ys, jadis orgueilleuse, aujourd’hui engloutie par les eaux, ne possède aucune origine identifiée, on sait que les versions les plus anciennes datent d’après la chris-tianisation de la Bretagne, chaque auteur s’appropriant au fil des siècles l’histoire à grand renfort de « tradition populaire ». L’interprétation la plus connue, due à Charles Guyot, et qui rattache l’histoire à la mythologie nor-dique, ne remonte bizarrement qu’à 1926. Dans les versions antérieures, la ville est submergée à cause des péchés commis par ses habitants. La première mention de la princesse Dahut, fille lascive du roi Gradlon piégée par le diable et transformée en sirène, apparaît en 1636 dans un ouvrage d’Albert le

Grand. Le lecteur désireux d’en savoir plus se référera à la très abondante documentation littéraire, folklorique et symboliste consacrée à l’histoire de la cité d’Ys (certains érudits vont jusqu’à livrer une interprétation psychanaly-tique de la légende et assimilent la cité engloutie à la part celtique refoulée de la culture bretonne) avant, peut-être, de considérer cette question essentielle : et si Ys avait réellement existé ? Pour Jean Balcou, auteur du Légendaire breton, « aucun breton ne remet son existence en doute ». L’écrivain du XIXe

siècle Émile Souvestre cite, quant à lui, cette rumeur persistante selon laquelle la ville reposerait dans les profondeurs de la baie de Douarnenez, et qui situe la partie encore visible de ses ruines sur l’île Tristan. De fait, un ancien pro-priétaire de cette dernière y aurait découvert les vestiges d’habitations gauloises, « ainsi que des monnaies

La cite d'Ys engloutie

•Cité d’Ys

56

•Cité d’Ys

Cité d’Ys, entre la pointe du Raz et la pointe du Van (Finistère, 29)

2 km

atlas de la france mystérIeuse

gauloises et un très grand nombre de monnaies romaines ». L’ethnologue Paul Sébillot, pour sa part, soutient que la baie « n’a pas toujours eu sa configu-ration actuelle » et mentionne l’exis-tence d’un dolmen découvert pendant les grandes marées.Autre hypothèse : celle évoquant la baie des Trépassés, située entre la pointe du Raz et la pointe du Van. Les vestiges du camp fortifié surplombant les lieux laissent en effet penser qu’il aurait pu surveiller une ville. Un récent blogueur n’a pas hésité à extrapoler. « On pourrait

donc imaginer un cordon dunaire important situé à quelques centaines de mètres du littoral actuel, écrit-il, cordon qui, à la faveur d’une période de trans-gression marine au IVe siècle, aurait été mis à mal sous l’effet d’une tempête plus forte que les autres, anéantissant village et activités économiques. »Par temps calme, paraît-il, on entend sonner au large les cloches des églises d’Ys. Entre les flèches de la cathédrale de Quimper, la statue équestre du roi Gradlon attend patiemment l’heure de la résurrection.

59

« L’ histoire de la cité d ’Ys, jadis orgueilleuse, aujourd’ hui engloutie par les eaux, ne possède

aucune origine identif iée. »

La ville d'Ys, in Jacques le Poucet et Klapp la Cigogne au pays de Françoise, par Antonin Fraysse (1948).

atlas de la france mystérIeuse

79

Freyming-Merlebach, repère de sor-cières ? Dans un article du Républicain Lorrain daté de 2012,

une dame âgée, dont la jeune nièce, habitante de la commune, est morte en 1948 d’une maladie inconnue, le déclare sans ambages : « Le malheur de ma sœur, c’est d’être venue s’installer dans une maison maudite. »L’affaire remonte au début du siècle : expulsé de son logement par les Houillères du bassin de Lorraine, un couple de sorciers jette un sort sur l’ha-bitation. Apparemment, ils tirent l’es-sentiel de leurs pouvoirs du Septième Livre de Moïse, un manuscrit, concède la vieille dame, que personne « n’a jamais vraiment vu ». (Nda : quelques libraires en ligne en proposent aujourd’hui des versions plus ou moins fantaisistes.) Plusieurs drames se suc-cèdent alors. En 1910, le plancher de la chambre à coucher s’effondre,

envoyant l’occupant ad patres ; en 1926, une femme meurt en couches avec son nouveau-né. En 1939, un mineur et sa petite fille décèdent à leur tour. Dépêché sur les lieux, un moine capucin exorcise la maison en récitant des prières en latin. Les deux sorciers décèdent peu après. Mission accomplie ?Impossible de ne pas lier cette histoire à l’affaire Ludmila Stuladx, survenue dans la foulée, en 1949. Accusée de sorcellerie, une malheureuse Polonaise manque se faire lyncher par les habi-tants du cru : elle aussi aurait lu le Septième Livre de Moïse – un ouvrage, rappelle un occultiste, qui « promet la protection de Satan à tous ceux qui le lisent ou le possèdent ».Les journaux locaux s’emparent de l’af-faire. Chaque soir, expliquent-ils, les Merlebachois crucifient la sorcière en effigie. Un certain Jean Schober, désen-voûteur de son état, est appelé à la

Les envoutes de Moselle

80

atlas de la france mystérieuse

rescousse. Se prétendant « maître des sorciers » (sic), fils et petit-fils de gué-risseurs, ce Lumpendoktor un brin faustien reçoit ses visiteurs dans une luxueuse villa de Lauterbach, au cœur de la Forêt Noire. Il facture ses ren-dez-vous 1 000 francs et préconise une multitude de traitements répulsifs censés éloigner les mauvais esprits. Les plaignants, notamment, sont encou-ragés à disposer des chiffons un peu partout chez eux afin de couper la route des sorts. En dernier recours, et parce que rien ne vaut les vieilles méthodes, Schober leur conseille de jeter des pierres sur la maison de la sorcière. Trop sympa ! Ludmila disparaît, mais le Mal s’étend aux villages voisins.Sur les conseils d’un curé local, l’un des envoûtés a alors l’idée d’éventrer les oreillers de la maison maudite. À l’in-térieur, de petites boules de plumes étrangement agrégées en forme d’étoiles, de poupées ou d’oiseaux. Les imaginations s’enf lamment – et chacun de découvrir à son tour que ses oreillers ont été « ensorcelés ».

Les plumes des cocons, soutient Louis Pauwels, proviennent du cou des pou-lets, et leurs assemblages évoquent des rituels anciens venus d’Afrique, de l’An-tiquité ou autres.Le professeur Perrin, de l’Académie de médecine de Nancy, est chargé d’étu-dier ces singulières formations. « Impossible de reproduire dans les conditions testées », affirme-t-il. À Paris, l’un de ses collègues avoue son impuissance : « Quant à la formation de la rosace, je ne peux rien vous dire. » L’envoûtement cesse peu de temps après. Ludmila, qui est partie habiter ailleurs, a échappé de peu à la curée. Elle mourra en avril 1970 sans avoir été réhabilitée… et sans que le mystère de Merlebach ait été pleinement élucidé.

Freyming-Merlebach (Moselle, 57)

80

atlas de la france mystérieuse

•Freyming- Merlebach

2 km

122

Iron Man made in France

Psychokinésie : faculté « métapsy-chique », dont la réalité reste à prouver, d’agir sur la matière par

l’esprit. Né en 1942 à Loches, Jean-Pierre Girard reste, en France, le dépo-sitaire supposé le plus connu de ce pouvoir. Dans son livre Agir sur la matière, il explique que des facultés paranormales lui sont venues après qu’il a été frappé par la foudre à l’âge de 7 ans. À 8 ou 9 ans, raconte-t-il, il pou-vait deviner le nombre de billes cachées dans les poches de ses camarades de classe ou répondre à son instituteur avant que celui-ci ait formulé sa ques-tion.À 17 ans, feuilletant un ouvrage médical volumineux, Girard se rend compte que chaque page tournée reste gravée dans son esprit, comme si le livre était ouvert sous ses yeux. C’est au milieu des années 1970, toutefois, que ses pouvoirs de psychokinésie se manifestent pour

la première fois. Parallèlement à une carrière dans l’industrie pharmaceu-tique, il réalise ses premières démons-trations devant des comités parfois composés de personnalités du show-biz (Philippe Bouvard, Léon Zitrone, Michèle Morgan, etc.). Par la suite, le journaliste François de Closets l’encou-rage à délaisser les « démonstrations de salon » et à soumettre ses facultés à une expertise scientifique en laboratoire. Jean-Pierre accepte. Dès lors, de mul-tiples expériences se succèdent. En cherchant sur le Net, vous trouverez sans peine quelques vidéos intéres-santes. On y voit Girard tordre des barres de métal en agitant les doigts sous l’œil médusé d’observateurs plus ou moins acquis à sa cause. Jean-Jacques Trillat, président de l’Académie des sciences, constitue l’un de ses ardents supporters (dixit Girard lui-même). Le professeur Charles Crussard, directeur

122

•Loches

2 km

124

atlas de la france mystérieuse

scientifique de Péchiney, affirme quant à lui que des tests concluants ont été menés au Centre technique de l’alumi-nium. Girard aurait-il convaincu tout le monde ? Pas complètement. Une cohorte de scientifiques tatillons réfute la validité de la plupart de ses expé-riences, mettant en lumière leurs mau-vaises conditions de réalisation. Les très sérieuses revues New Scientist et La Recherche, de leur côté, estiment que Jean-Pierre Girard n’a jamais réussi à produire de résultats convaincants en conditions contrôlées. Quelques que-relles, menaces et procès ajournés plus tard (précisons tout de même que Girard a déclaré avoir été contacté par la CIA et le KGB), il semble que le

soufflé soit retombé. Girard, qui se pré-sente désormais comme un spécialiste en « thérapie quantique cellulaire », ne tord plus de barres à la télé mais orga-nise des stages : 180 le week-end. Quel homme !

Loches (Indre-et-Loire, 37)

« …il explique que des facultés paranormales lui sont venues après qu’ il a été frappé

par la foudre à l ’ âge de 7 ans. »