16
S OMMAIRE I NTRODUCTION ............................................... 6 I SABELLE , LA L OUVE DE F RANCE ....................... 8 J EANNE I RE DE N APLES ..................................... 13 R OBERT III D ’É COSSE ...................................... 17 C HARLES VI LE B IEN -A IMÉ ............................... 20 I SABELLE DE P ORTUGAL ................................... 24 V LAD L’E MPALEUR .......................................... 28 J EANNE LA F OLLE DE C ASTILLE ......................... 32 H ENRI VIII D ’A NGLETERRE .............................. 36 I VAN IV LE T ERRIBLE ...................................... 41 E RIK XIV DE S UÈDE ........................................ 44 A NNE DE S AXE ............................................... 48 R ODOLPHE II DE H ABSBOURG ........................... 52 F ÉDOR I er DE R USSIE ....................................... 55 É LISABETH B ÁTHORY ....................................... 58 M USTAFA I ER DE T URQUIE ................................. 62 M ARIE LÉONORE DE B RANDEBOURG .................. 65 M URAD IV DE T URQUIE ................................... 68 I BRAHIM I ER DE T URQUIE .................................. 71 C HRISTINE DE S UÈDE ...................................... 74 L OUIS XIV .................................................... 78 C HARLES II D ’E SPAGNE ................................... 82 I VAN V DE R USSIE .......................................... 85 4

Atrocités et folies des Rois et Reines de l’histoire

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Atrocités et folies des Rois et Reines de l’histoire est une effroyable galerie de portraits, celle des souverains les plus déficients, les plus obsédés et les plus pervers de l’histoire de ces sept cents dernières années. Bookmark and Share

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S O M M A I R E

I N T RODUCT ION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

I S A B E L L E , L A LOUVE DE FRANCE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

J E ANNE I R E D E NAP L E S . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 3

ROBE RT I I I D ’ÉCO S S E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 7

CHAR L E S V I L E B I EN -A IMÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 0

I S A B E L L E DE PORTUGAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 4

VLAD L’EMPAL EUR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 8

J E ANNE LA FOLL E DE CA S T I L L E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 2

HENR I V I I I D ’ANGLE T E R R E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 6

I VAN IV LE TER R I B L E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 1

ER I K X IV DE SUÈDE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 4

ANNE DE SAXE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 8

RODOL PHE I I D E HAB S BOURG . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 2

FÉDOR I e r D E RU S S I E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 5

ÉL I S A B E TH BÁTHORY . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 8

MUS TA FA I E R D E TURQU I E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 2

MAR I E -É L ÉONORE DE BRANDEBOURG . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 5

MURAD IV DE TURQU I E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 8

I B R AH IM I E R D E TURQU I E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 1

CHR I S T I N E DE SUÈDE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 4

LOU I S X IV . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 8

CHAR L E S I I D ’E S PAGNE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 2

I VAN V DE RU S S I E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 5

4

J E AN -GA S TON DE MÉD I C I S . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 8

P I E R R E L E GRAND DE RU S S I E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 2

PH I L I P P E V D ’E S PAGNE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 7

F R ÉDÉ R I C -GU I L L AUME I E R D E PRU S S E . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 0 0

ANNE I R E D E RU S S I E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 0 3

MAR I A BAR BA RA DE PORTUGAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 0 6

FE RD INAND VI D ’E S PAGNE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 0 9

CATHER I N E LA GRANDE DE RU S S I E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 1 2

MAR I E I R E D E PORTUGAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 1 5

GEORGE I I I D ’ANGLE T E R R E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 1 8

I VAN VI DE RU S S I E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 2 2

I S A B E L L E DE BOUR BON -PARME . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 2 5

CHR I S T I AN V I I D E DANEMARK . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 2 8

MAR I E -ANTO IN E T T E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 3 2

CAROL I N E DE BRUN SW I CK . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 3 8

FE RD INAND I E R D ’AUT R I CHE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 4 2

CHAR LOTT E DE BELG IQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 4 6

LOU I S I I D E BAV I È R E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 5 0

ANNEXE I : LES MONARQUES FOUS PAR NATIONALITÉ . . 1 5 3

ANNEXE I I : L E S L I GNÉE S ROYAL E S . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 5 5

5

I N T R O D U C T I O N

Il n’y a pas plus épouvantable que les aristocrates. Depuis sept

cents ans, les cours et les palais royaux ont grouillé de dirigeants

qui, abrités derrière leur couronne, étaient, au mieux, excen-

triques ou déficients mentaux et, au pire, des monstres psycho-

pathes coupables des actes les plus atroces.

6

I N T RODUCT ION

Certains ont massacré, détruit, torturé et assassiné tout au long de

leur règne sanglant et impitoyable. Une poignée ont repoussé les li-

mites de la dépravation humaine.

La prolifération d’alliances consanguines parmi les familles royales,

comme le montre l’annexe II, engendra une tragique descendance

de nigauds et d’imbéciles hideusement déformés auxquels on

confiait des pouvoirs qui les dépassaient. Les souverains vraiment

dérangés de cet inventaire un peu spécial ont tous une chose en

commun : ils ne cherchaient pas à « sauver les apparences ».

Ce livre examine et fouille la vie et la tête de quarante des plus

controversés, dévoyés et déplorables souverains européens de ces

sept derniers siècles. Il offre un aperçu révélateur des actes scanda-

leux, capricieux et infâmes commis par les dirigeants les plus

étranges que le monde ait jamais connus. De la duchesse qui se bai-

gnait dans le sang des vierges et du prince qui empalait pour le plai-

sir des dizaines de milliers de personnes jusqu’au roi qui s’entourait

de soldats de grande taille et à l’impératrice qui coupait les langues.

Les souverains fous de l’histoire demeurent aujourd’hui encore

un rappel inquiétant de l’alliance funeste entre l’irrationnel et le

pouvoir absolu.

7

I S A B E L L E , L A L O U V E

D E F R A N C E(v. 1295-1358)

Isabelle naquit dans la famille royale française et épousa le roi

d’Angleterre. Son règne aurait pu être remarquable, mais l’ho-

mosexualité de son mari, une instabilité mentale croissante et

un manque de jugement alimentèrent sa rage et son ambition consi-

dérables, et scellèrent le destin de tous ceux qui croisèrent sa route.

Elle est entrée dans l’histoire comme étant une personne sans cœur

et impitoyable, si assoiffée de pouvoir et de vengeance qu’elle com-

mit un régicide qui lui valut le titre de « Louve de France ».

UUnn bbeell aammoouurr

Isabelle était la fille du roi de France et, dès l’enfance, fut élevée

dans l’optique d’un mariage politiquement opportun et d’une vie à

l’étranger. Elle fut fiancée dès l’âge de 7 ans au prince Édouard

d’Angleterre, de dix ans son aîné, et, à son douzième anniversaire,

le pape pressait depuis déjà quelques années les familles pour scel-

ler leur union.

8

} }

I S A B E L L E , L A LOUVE DE FRANCE

9

I S A B E L L E , L A LOUVE DE FRANCE

Quand Isabelle et son nouveau mari arrivèrent sur le sol anglais, ils

furent accueillis par l’amant de celui-ci, Piers Gaveston, qui portait

les bijoux hors de prix que le père d’Isabelle avait offert à Édouard

comme cadeau de mariage. Ce fut un moment décisif dans sa rela-

tion avec son mari et, sans surprise, elle prit tout de suite Gaveston

en aversion.

Édouard et Gaveston étaient amants depuis l’adolescence. Après

son couronnement, Édouard II ouvrit grand les caisses à Gaveston

et se montra aux petits soins pour lui, excluant de fait la reine. Isa-

belle était de plus en plus abattue et envoyait en France des lettres

déchirantes dans lesquelles elle désespérait de son mariage et se plai-

gnait du lit conjugal vide.

Au début, elle supporta bien son fardeau. Mais pas les évêques et les

barons, si irrités par les charges financières que leur coûtaient les

amours du roi qu’ils levèrent une armée et passèrent à l’attaque.

Édouard s’enfuit avec Gaveston et Isabelle enceinte vers l’Écosse

où il espérait trouver refuge, mais ce ne fut pas le cas. Alors que les

armées ennemies approchaient, Édouard, terrifié, s’enfuit avec son

amant, abandonnant Isabelle. Cette trahison impardonnable in-

fluencera, par la suite, tous les actes d’Isabelle, même après la mort

de Gaveston en 1312.

UUnn aammaanntt eett uunn ccoommpplloott

Isabelle trouva finalement refuge en France chez son frère, le roi

Charles IV. Elle tomba follement amoureuse d’un Gallois, Roger

10

I S A B E L L E , L A LOUVE DE FRANCE

Mortimer. Ensemble, ils levèrent une armée, empruntèrent des na-

vires de guerre et partirent affronter Édouard, ralliant des partisans

en cours de route. Victorieuse et impitoyable, Isabelle ordonna

l’exécution de tous les alliés du roi ainsi que la torture, à savoir le dé-

membrement et la castration, pour tous ceux qu’elle accusait de so-

domie avec son mari.

Isabelle humilia Édouard en l’obligeant à abdiquer en public et ré-

pandit la nouvelle qu’il n’était plus en mesure de régner à cause de

ses déficiences mentales. Elle le fit ensuite incarcérer sans plus de cé-

rémonie.

Elle espérait se débarrasser définitivement de la menace que repré-

sentait le roi déchu et essaya de hâter sa mort par la famine et la tor-

ture. Comme précaution supplémentaire, elle le plaça dans une

cellule située au-dessus de la morgue du château, lui faisant ainsi

respirer l’odeur infecte des cadavres en décomposition. Mais

Édouard se montra plus résistant que prévu et, huit mois plus tard,

il était toujours en vie.

RReeggiicciiddee

Plus longtemps il vivrait, plus grand était le risque de voir une armée

se lever en son nom et Isabelle s’impatientait. Dans un élan qui de-

vait lui assurer l’infamie éternelle, elle ordonna à quinze hommes

d’aller dans sa cellule au cœur de la nuit et de procéder à son exé-

cution. On fit entrer dans l’anus du roi une broche chauffée au

rouge et il mourut ainsi dans d’horribles souffrances.

1 1

I S A B E L L E , L A LOUVE DE FRANCE

EEmmpprriissoonnnneemmeenntt eett ddeeggeenneerreesscceennccee mmeennttaallee

Après une courte période de régence, le fils d’Isabelle fut couronné

roi à peine en eût-il l’âge. Édouard III n’oublia et ne pardonna ja-

mais à sa mère le meurtre de son père. Il fit exécuter Mortimer et

incarcérer Isabelle au château de Norfolk, avec l’ordre qu’elle

ne réapparaisse jamais plus en public. Les inventaires, montrent

qu’Édouard III s’assura que sa mère vivait dans un certain confort,

mais il resta ferme sur les conditions de son emprisonnement. Elle

devait même faire vingt kilomètres aller-retour par des tunnels sou-

terrains pour aller prier à la chapelle.

Son incarcération dura près de trente ans. Du fait d’un tel isole-

ment, elle devint de plus en plus déséquilibrée. La perte de son titre

et de son amant ainsi qu’une conscience tourmentée contribuèrent

à ruiner sa santé mentale. La légende raconte que, dans les dernières

années de sa vie, elle errait la nuit dans les remparts du château, gé-

missant et hurlant comme une louve folle.

1 2

J E A N N E I R E D E N A P L E S(1326-1382)

Jeanne était une fougueuse jeune femme têtue qui affirma sa vo-

lonté sur les souverains européens et la papauté. Aucune insti-

tution, que ce soit la politique, la loi ou l’Église, ne pouvait

résister à son ambition. Bien que son caractère intraitable ne cor-

responde pas à la définition moderne de la folie, c’était une per-

sonne hors norme, à la fois puissante et redoutable : des qualités

rares pour une femme de son époque.

DDeess ddeebbuuttss rraappiiddeess

Jeanne était la petite fille du roi de Naples. À 7 ans, elle fut fiancée

à son cousin André de Hongrie, âgé de 6 ans. À 16 ans, elle hérita

du trône à la mort de son grand-père mais fut furieuse de découvrir

que, par testament, celui-ci avait désigné André pour régner sur

Naples conjointement avec elle. Elle fit tant de scandale que le pape

envoya un cardinal pour enquêter. Son influence fut telle que le car-

dinal annula le testament et qu’elle fut couronnée Jeanne Ire de

Naples.

1 3

} }

J E ANNE I R E D E NAP L E S

1 4

J E ANNE I R E D E NAP L E S

MMaarriiaaggee ssaannss aavveenniirr

Jeanne ne se contenta pas d’arracher la souveraineté à son cousin et

de provoquer la colère de sa belle-famille hongroise : elle fut soup-

çonnée d’avoir, par deux fois, attenté à la vie d’André. La première

tentative, simulée en accident de chasse, fut contrecarrée. La se-

conde réussit : alors qu’il était dans ses appartements du château

d’Aversa, André fut appelé au-dehors pour une affaire urgente et,

alors qu’il se hâtait pour s’y rendre, il fut assailli par un inconnu,

étranglé avec une corde et jeté par la fenêtre.

Le refus persistant de Jeanne d’enquêter sur la mort d’André éveilla

les soupçons. Le Vatican mena des investigations, mais elle ne fut ja-

mais blanchie. Elle vécut alors dans la peur permanente de repré-

sailles hongroises.

UUnn œœiill ssuurr llee pprrooffiitt

Jeanne essaya de conserver une apparence pieuse face à la réproba-

tion croissante du pape et de la population. Pourtant, elle ouvrit un

bordel en Avignon qu’elle appela « l’Abbaye ». Il était conçu à

l’image d’un monastère ou d’un couvent : les femmes devaient se

rendre quotidiennement aux services religieux et ne travaillaient pas

le dimanche ni à Pâques. La clientèle était strictement chrétienne et

aristocratique et rejoignait les femmes dans leurs chambres au cloî-

tre. Mais on ne pouvait pas cacher le fait que de l’argent changeait

de main en échange de faveurs sexuelles. Jeanne pouvait présenter

15

J E ANNE I R E D E NAP L E S

l’établissement comme noble, chrétien et respectable, ce n’en était

pas moins une maison de passe.

MMaallhheeuurreeuussee eenn aammoouurr eett eenn aaffffaaiirreess

Jeanne se remaria trois fois après la mort d’André et fut deux fois

veuve. Elle continuait à craindre les Hongrois bien qu’elle fût rela-

tivement à l’abri en France.

Quand une dispute papale provoqua le schisme vers la fin des an-

nées 1370 et l’étrange coexistence d’un pape et d’un antipape,

Jeanne soutint ce dernier et perdit. Elle fut donc dans une position

inconfortable pour avoir provoqué la colère de la puissante dynas-

tie hongroise et du Vatican.

UUnnee ffiinn mmiissee rraabbllee

Jeanne s’était faite trop d’ennemis tout au long de son règne pour

qu’il puisse bien se terminer. Après la résolution du schisme papal,

Urbain VI, le pape victorieux, la destitua de son trône de Naples en

faveur du plus compréhensif et malléable Charles III. Contrainte

de rendre sa couronne, Jeanne fut emprisonnée, misérable et dé-

faite. Elle fut étranglée dans sa cellule en 1382.

16

17

R O B E R T I I I D ’ É C O S S E(v. 1340-1406)

Par contraste avec les autres monarques fous, il n’y avait rien

de despotique chez Robert III d’Écosse. C’était un homme

doux et timide, fragilisé mentalement et physiquement après

un accident de cheval. Dans son égarement, il abandonna deux

de ses fils : l’un à une mort lente dans un donjon et l’autre, âgé de

11 ans, sur une île rocailleuse d’Écosse.

UUnnee nnaaiissssaannccee ddee mmaauuvvaaiiss aauugguurree

Les premières années de Robert ne se passèrent pas sous les bons

auspices qu’un futur roi pourrait espérer. Ses parents avaient des

liens familiaux si étroits qu’ils durent demander une dispense pa-

pale pour légitimer leur mariage et à l’époque, Robert avait déjà

10 ans. Les choses ne s’améliorèrent pas vraiment. Quand il monta

sur le trône, il était âgé de 50 ans et déjà paralysé. Il avait une si fai-

ble estime de lui-même qu’il n’assuma même pas de porter son pro-

pre prénom comme titre royal : il trouvait que son nom de baptême,

} }

ROBE RT I I I D ’ÉCO S S E

Jean, lui avait porté malchance dans le passé et choisit alors le nom

de son père, Robert II.

LLee cchhaaooss

Robert III s’enfonça dans la dé-

pression. Il se retira de plus en plus

de la vie publique, abandonnant

tout semblant de gouvernance pour

finir par vivre reclus.

Incapable de s’affirmer en affichant

le minimum de détermination néces-

saire à un roi d’Écosse (à une époque

où la tension grandissait entre les

Highlands et les Lowlands), Robert

fut heureux de confier le pouvoir à

son frère, le comte de Fife, qui deviendra

le duc d’Albany. Il ne montra aucune résistance lorsque son frère an-

nonça que le roi Robert III n’était plus capable de gouverner.

Avant de mourir, sa femme persuada Robert de donner un duché à

leur aîné, David, qui fut fait duc de Rothesay. David était irréfléchi

et impétueux, en conséquence de quoi il n’eut jamais de succès ni

de grand soutien. Albany fit arrêter et emprisonner David dans les

donjons du château d’Albany. Le fils de Robert y fut littéralement

abandonné et mourut de faim.

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Jacques Ier d’Écosse

ROBE RT I I I D ’ÉCO S S E

UUnnee illee ssaannccttuuaaiirree ppoouurr ssoonn ffiillss

La mort de David ébranla quelque peu le roi veuf et apeuré. Crai-

gnant que son autre fils, Jacques, connaisse un sort similaire, il l’ex-

pédia en France. Mais avant que Jacques puisse prendre le bateau,

les hommes d’Albany attaquèrent pour capturer le prince et Robert

ordonna que son fils soit mis en sécurité. Le sanctuaire vint sous la

forme d’un îlot rocailleux et venteux battu par les flots, connu sous

le nom de Bass Rock, où Jacques fut effectivement abandonné pen-

dant plus d’un mois, sans abri ni espoir de sauvetage.

Quand il fut finalement pris à bord d’un navire marchand en route

pour la France, le prince malchanceux fut capturé par les pirates et

emprisonné par le roi d’Angleterre à la tour de Londres où il se lan-

guit pendant dix-huit années.

LLaa ffiinn

La capture de Jacques fut le choc de trop pour un Robert défail-

lant. Profondément angoissé et écrasé par le fardeau de son règne

désastreux, il laissa la dépression l’emporter. Il refusa de boire et de

manger, ce qui hâta son déclin. Avant de mourir, Robert déclara qu’il

ne méritait pas d’être enterré aux côtés des autres rois d’Écosse et

demanda à reposer dans un tas de fumier. En outre, il voulut l’épi-

taphe suivante : « Ici repose le pire des rois et le plus malheureux

des hommes. »

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