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Attachez Vos Ceintures... Décollage Immédiat - Isabelle Tronquet

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meilleurs histoires à bord d'un avion racontées par une hotesse de l'air

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  • Isabelle Tronchet

    Attachez vos ceinturesdcollage immdiat !

  • Les ditions de lOpportun16, rue Dupetit-Thouars

    75003 PARISwww.editionsopportun.com

    diteur : Stphane ChabenatMarketing ditorial : Sylvie Pina GeudinSuivi ditorial : Clotilde Alaguillaume et

    Servanne Morin (pour ldition lectronique)Couverture : MaGwen Creative Management

    ISBN : 978-2-36075-394-9

    Cette uvre est protge par le droit dauteur et strictement rserve lusage priv du client. Toute reproduction oudiffusion au profit de tiers, titre gratuit ou onreux, de tout ou partie de cette uvre, est strictement interdite et constitue

    une contrefaon prvue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Proprit Intellectuelle. Lditeur se rserve ledroit de poursuivre toute atteinte ses droits de proprit intellectuelle devant les juridictions civiles ou pnales.

    Ce document numrique a t ralis par Pinkart Ltd

  • mes collgues, qui font de ce mtier le plus bel endroit de la Terre !

  • PrfaceQuel mtier ! Je suis htesse de lair (je le prcise pour les trois ou quatre, assis au fond

    entre le radiateur et la fentre, qui nauraient pas bien compris encore), et a en fait rverplus dune (une poigne de garons galement, je vous assure !). Toutes petites, lorsquelon demande aux jeunes filles ce quelles souhaitent faire lorsquelles seront grandes, ellesrpondent tantt matresse, tantt vtrinaire, ou bien encore princesse (une professionqui a de lavenir !), chanteuse ou htesse de lair ! Cest incontestablement dans le top 5 desprofessions les plus convoites par nos enfants !

    Du rve, certain(e)s passent la ralit Et l, je pense que soit cest une vritablervlation, soit la descente et le retour la ralit sont rudes ! Ce mtier nest pas fait pournimporte qui. Il faut en effet supporter de ne plus jamais faire les choses comme tout lemonde Pas de courses le samedi ni de mnage le dimanche. En gnral, ces jours-l,cest travail ou piscine, ou magasins ou resto entre collgues Il mest arriv une fois deme retrouver chez Ika et le magasin tait bond. Jai mis un temps fou comprendre quenous tions dimanche ! Oui, dhabitude, cest plutt les jours de semaine que jai de libres.Comprenez aussi quavoir ses week-ends est rare ! Ne parlons mme pas des jours fris,a ne fait pas partie de notre vocabulaire !

    Parfois, on sloigne de ses amis, qui finissent par se lasser de toujours sentendrerpondre, aprs vous avoir propos un dner ou une sortie, que vous ntes pas l, ou quevous tes trop fatigue Avant Facebook, on faisait un tri monumental dans sesconnaissances en quelques mois ! Maintenant, on arrive mieux garder le contact avec cesrseaux sociaux En plus, nous pouvons montrer nos photos descale en train de bronzerau bord de la piscine, un mojito la main, une pdicure magnifique 5 aux pieds, alorsquen France il fait 3 C !

    Souvent, nous sommes contre-sens des embouteillages sur la route Le matin, lorsquela plupart vont travailler, nous rentrons chez nous. Si nous ne sommes pas encore parents,nous dormons pour rcuprer de la nuit blanche debout et en lair. Si nous sommesparents, la journe de retour de vol est interminable ! Tenir veille est presque uncombat ! En gnral, je flanche la mi-journe, et mendors bien malgr moi Ne passasseoir, ne pas se poser, sinon, coma assur ! Ou alors, attendre la sieste du fiston ! Lesoir, nous allons travailler, vous allez vous coucher. Les voisins vous ont vue toute lajourne, ils croient que vous ne faites rien Mais ils nimaginent pas les 14 heures quivous attendent !

  • Oui, nos journes de travail, si elles reviennent moins souvent, durent un peu plus que 8heures Elles peuvent stirer presque indfiniment, 10, 12, 14 heures, et parfois mmeplus, beaucoup plus ! Et au petit matin, au moment de servir le petit djeuner nos clients,on se sent parfois si mal intrieurement, quon se demande si on va continuer exercer cemtier ! Cest souvent ce moment-l quon nous demande comment on fait pour treaussi fraches ! ! ! Heu Oui, quelquefois, cest dur, vraiment !

    Mais en compensation, nous visitons le monde entier, nous parcourons la plante quatre,cinq, voire six fois par mois, sans relche, toute lanne ! Les destinations o nous nousrendons vous font rver, nous aussi, presque toujours ! Beyrouth, Lagos, Port Harcourt,Caracas, o nous sommes escortes par des hommes arms pour assurer notre protection.Rassurant, certes, mme si nous prfrons les destinations o nous navons pas besoindtre rassures ! Les pays en guerre, des catastrophes en tout genre

    Les guerres, les insectes, les maladies, mais aussi les accidents Les accidents de voiture,sur la route, par peur de manquer un vol, ou au retour, trop fatigues pour garder les yeuxouverts aprs une longue nuit blanche Et dautres sortes daccidents, plus spectaculaires,plus mdiatiques Ces collgues disparus sont dans nos curs et dans nos ttes Nousy pensons trs souvent. leurs familles aussi

    Malgr tout a, anne aprs anne, nous continuons faire notre mtier avec amour, avecpassion. Nous lavons dans la peau ! Nous chouchoutons nos passagers, leur donnonsbeaucoup de nous-mmes. Nous ne sommes satisfaites que lorsquils sortent de lavion lesourire aux lvres, contents dtre en vacances, reposs. Cest ce qui nous fait continuer, etqui nous redonne lenvie de donner ! Et pourtant, parfois, ils mettent la barre trs haut.Devant certaines situations, nous ne savons pas trop comment ragir, quelques passagerssemblent samuser mettre nos nerfs rude preuve ! Des disputes, des drames, du sexe,de la peur, du rire, des larmes, du rve, chaque vol est un concentr dhumanit, lemeilleur, le pire, et grce mes passagers, jai limpression parfois davoir vcu cent vies !

    Malgr tout, je ne pourrais exercer un autre mtier que celui dhtesse de lair, il est siriche ! Jaime ce mtier et jaime le faire bien Et je ne suis pas la seule !Isabelle Tronquet, du blog Flying-Mama

  • Triple casquetteIl y a quelques annes, Stphane, un steward, apprend que sur son vol il aura le plaisir

    daccueillir lami dun de ses amis. Nous aimons bien personnaliser les contacts avec laclientle, et lorsquil sagit dune personne quun collgue nous recommande, nousredoublons defforts pour lui faire passer un bon vol. La corporation des navigants est unegrande famille, et ds que nous en avons loccasion, un sourire, un brin de conversation,un oreiller, une couverture supplmentaire ou mme une bouteille deau sont autant degestes notre porte pour en renforcer les liens.

    Stphane sapproche donc de lami de son ami en cabine, ayant retrouv son nom et sonnumro de sige sur la liste des passagers, et se prsente lui. Lhomme est ravi, ilschangent quelques bribes de conversation bientt coupes par le dcollage et lobligationpour le steward de regagner son poste. Il lui dit quil reviendra le voir pendant le vol, dsquil aura un peu plus de temps devant lui.

    Un peu plus tard, le reste de lquipage ayant t mis au courant, il emprunte la veste duchef de cabine, qui possde de jolis galons argents, symbole de sa fonction bord. Lesteward, ainsi trs lgrement dguis, retourne voir le passager quil a accueilli un peuplus tt. Il se prsente lui comme le chef de cabine du vol. Le passager hausse les sourcilset commence se demander sil ne rve pas. Mais devant le srieux du chef de cabine , ilse dit simplement quil y a une trs forte ressemblance avec le steward qui la salu plustt ! Il en est trs surpris et essaye de nen rien laisser paratre, et discute quelques minutesavec lhomme qui se trouve en face de lui.

    Quelques dizaines de minutes plus tard, Stphane, nouveau vtu de sa propre veste,retourne senqurir du confort de ce passager spcial. Celui-ci lui confie quil lui trouveune ressemblance extraordinaire avec le chef de cabine du vol ! Le steward dit quil na rienremarqu, mais que cest possible. Il lui propose de venir visiter le cockpit, dans un instant,car les pilotes se restaurent pour le moment.

    Lorsque les pilotes ont termin leur repas, le steward revt la casquette et la veste auxquatre galons dors du commandant de bord, et sinstalle sa place, dans le cockpit, gauche. Le commandant de bord sclipse momentanment. Lorsque le passager,accompagn par une htesse, se retrouve dans le cockpit, il reste bouche be devant lecommandant de bord. Il balbutie quelques formules de politesse, et cherche le regard desautres membres dquipage, les suppliant en silence de lui affirmer quil nest pas en trainde perdre la raison !

  • Cest compltement secou quil retourne son sige. Heureusement, Stphane dcidealors de ne pas laisser la supercherie durer plus longtemps. Il lui explique quil a tvictime dune farce, et ils rient ensemble, de bon cur.

  • Tout le monde peut se tromperSur Paris-Casablanca, arriv au-dessus de Madrid, le commandant fait uneannonce : Madame, Monsieur, Madrid sur la gauche. Un homme se lve,met son manteau, prend son sac dos, vient au galley* et me dit, jai vuquon tait Madrid, je peux descendre ?

    *Nous utilisons souvent ce terme dans notre travail et pour cause : le galley est rserv aumembre dquipage.

  • DpressionCe vol est une destination de vacances, et on le sent bien. Cuba est trs prise, lavion est

    plein, des couples, des familles, et mme un groupe de personnes ges adorables, toutheureuses de dcouvrir bientt lle. Une bonne humeur rgne bord et lquipage senrjouit ! Un bon vol suivi dune belle escale pour recharger les batteries, nous nendemandons pas plus !

    Le service se droule sans accroc, tout le monde a lair satisfait du repas. Il ne reste plusqu terminer le rangement de loffice et ce sera le moment du repos. Cest ce momentquun jeune homme se prsente Claire, une htesse de lquipage, la taille ceinte dunecouverture de lavion, visiblement nu en dessous. Lhtesse imagine quun verre sestrenvers, mais non, il la dtrompe aussitt, il sest urin dessus. Il souhaite obtenir unpantalon de rechange.

    Nayant pas ce genre de dotation bord des avions, Claire essaye de le lui expliquer, maisle jeune homme snerve cependant rapidement. Il regagne son sige furieux, pieds nus,toujours envelopp dans sa couverture. Quelques instants plus tard, lhtesse entend degrands cris provenant de la cabine. Elle passe le rideau et dcouvre un spectacle effarant :le passager, debout sur son sige, tire sauvagement les cheveux de sa compagne et luiprofre des insultes en hurlant !

    Accompagne de ses collgues, lhtesse parvient sparer le couple avant quun dramene se produise. Tout autour, les gens sont paniqus. Le groupe de personnes ges est sousle choc, et ne se remet pas du vocabulaire utilis par cet homme lencontre de sa femme. Vous vous rendez compte, il la traite de S.A.L.O.P.E ! pellent-ils, incapables derpter le mot voix haute !

    La femme se remet peu peu du choc quelle vient de vivre, et avoue que soncompagnon est sous antidpresseurs, et quil a pris de lalcool dans lavion. Cela faitquelques mois quils sont ensemble, et il lui est arriv plusieurs fois de la frapper. Cest ladpression qui le fait agir comme a, mais il peut tre tellement adorable, et il sexcuseaprs. Dans sa situation, et pour offrir ses enfants un beau-pre, elle lui pardonnetoujours.

    Affecte par ces insultes quelle ne comprend pas, Claire se prend de tendresse pour cettepauvre jeune femme. Elle essaye pendant des heures de lui faire comprendre quelle nepeut pas continuer comme cela, que la dpression nexcuse pas la violence physique, etquavec le temps elle aura srement loccasion davoir peur pour ses enfants. Claire est trs

  • surprise, elle avait lide quune femme qui tenait ce genre de discours ntait pasquelquun dune grande intelligence et, en face delle, la jeune femme se rvle brillante,dlicate, dune bonne situation sociale

    Pendant ce temps, ses collgues masculins ont toutes les peines du monde matriser leconjoint. Il court en cabine, essaye douvrir les portes de lavion, bouscule les autrespassagers, insulte copieusement toute personne le regardant ! Les personnes ges qui setrouvent non loin prennent vraiment peur quand il se met uriner sur son fauteuil. Lacabine entire saffole, ce vol nest dcidment pas de tout repos pour mes collgues. Entreles plaintes de passagers, les personnes ges qui sont trs choques, et cet hommeincontrlable, ils ont fort faire ! Heureusement quaucun autre incident nest dploreren dehors de cette histoire, ils nauraient peut-tre pas eu lnergie ncessaire pour y faireface !

    Pendant ce temps, Claire, lhtesse, discute toujours avec la compagne du forcendpressif et, force de dialogue, elle parvient lui faire admettre que son couple estdangereux pour elle et pour ses enfants. Ensemble, elles dcident mme quune fois Cuba, la jeune femme reprendra lavion dans lautre sens sans risquer de passer plus detemps avec cette horrible personne.

    Aprs latterrissage, tandis quelle est prise en main par lescale afin dorganiser sonretour, son ex-compagnon passe devant elle en dbarquant de lavion. Elle lui expliquequelle ne passera pas les vacances avec lui. Fidle lui mme, il lui rpond : Quest-ceque a peut me foutre, connasse ! Cette phrase aura au moins eu le mrite de fairesenvoler les derniers scrupules qui lui restaient.

  • La vrit sort de la bouchedes enfants

    Tu as choisi ce que tu voulais manger, mon grand ? Oui madame, je voudrais un hamburger avec des frites, sil vous plat.

  • Beyonc PNC* aux portes, armement des toboggans, vrification de la porte oppose. Une

    jeune fille se lve et court jusqu lhtesse, et gesticulant dexcitation, demande : Elle esto, Beyonc ?, quelle porte ? Je nai pas bien compris votre annonce ! En effet, elle napas trs bien compris lannonce

    *PNC : personnel navigant commercial.

  • GalochesUne toute jeune femme dune vingtaine dannes sinstalle au bar et demande des

    boissons alcoolises lquipage. Au bout de plusieurs verres arrive un homme dge mr,prt converser avec elle. Rapidement, la conversation les rapproche, ils deviennenttactiles et semblent jouer et se chercher Batrice, une htesse, essaye de prvenir lajeune femme qu bord des avions une quantit dalcool identique celle quelle alhabitude de consommer sans soucis peut avoir un impact beaucoup plus fort sur soncorps. Mais cest dj trop tard, elle ne lcoute pas vraiment.

    Lhomme se rapproche delle et leurs doigts se cherchent pendant quelques instants. Puisils commencent se caresser les bras, et subitement, leurs bouches se collent, leurs languessentremlent. Ils sont compltement ivres et lquipage a du mal temprer leurs ardeurs.Lambiance sest vraiment rchauffe et les htesses, ne parvenant pas grer cettesituation, essayent tant bien que mal de continuer servir des boissons et des sandwichsaux personnes qui nosent plus trop sapprocher du bar.

    Peu peu, la fatigue les gagne enfin, ils se sparent et chacun retourne son sige.Batrice et le reste de lquipage sont soulags, car il est clair que lhomme abusait de ltatdbrit avanc de la demoiselle. Lhomme tire le rideau pour retourner son sige.Horrifie, une des htesses constate quil est assis juste derrire le bar, au tout premierrang, ct de son pouse ! Celle-ci dort, heureusement, et na rien vu, mais ma collgue afroid dans le dos en imaginant que la femme se soit rveille au pire moment et quelle lesait surpris mlangeant leurs salives !

    la fin du vol, la jeune femme se rveillant, Batrice lui demande comment elle se sent.Celle-ci, visiblement trs honteuse, lui rtorque quelle ne voit pas du tout de quoi elleparle. Elle la remercie de bien vouloir la laisser tranquille. Pour lui rafrachir la mmoire etquelle mesure limportance de moins boire bord, Batrice lui indique de la main lepartenaire de son jeu amoureux de la nuit carquillant les yeux comme des billes, lademoiselle senfonce subitement dans son sige, remet ses couteurs et regarde le sol,pouvante par lge de lhomme quelle a laiss la toucher de la sorte ! Lhtesse parieintrieurement quelle ne boira plus une goutte dalcool bord dun avion !

  • La vrit sort de la bouchedes enfants

    Un petit garon de 6 ans, les oreilles en train de dcompresser en descentesur Chicago : Papa, pourquoi jentends voix basse ?

  • PerscutionPerdre pied, pter les plombs Cela arrive. Mais bord dun avion, cela peut prendre de

    drles de proportions. Enferm dans un grand tube de mtal, il ny a pas dendroit osisoler pour rcuprer, o que lon se trouve on reste en contact avec les autres passagers.Cela exacerbe le mal-tre, les pathologies sous-jacentes. Le manque de sommeil, un sjourfatigant, lalcool et lavion, tout cela peut amener facilement quelquun la crise !

    De retour de Saint-Martin, une passagre interpelle une htesse qui passe dans lalleprs de son sige. Elle semble vraiment interloque, surprise, nerve mme, parce que surlcran de tlvision, l, sous ses yeux qui ne comprennent pas, en trs grosses lettres, ellevoit son nom ! Pourquoi son nom est-il marqu sur cet cran ? Comment connaissent-ilsseulement son nom ? Quel est leur but ? Pourquoi la poursuivent-ils ?

    La passagre est dans un tat de stress intense et Amlie, qui regarde pourtant latlvision avec attention, ne comprend pas tout de suite. Elle ne voit rien dautre quelcran daccueil standard, celui o lon fait son choix de film, musique, dessins anims,jeux ou autres La passagre snerve de plus en plus et le ton de sa voix monte dans lesaigus. Elle crie presque tant elle est hystrique ! Amlie comprend enfin que le souci de ladame relve de la psychiatrie et que cela risque de poser de graves problmes

    La passagre pleure, veut sortir de lavion, essaye douvrir les portes. Les autres collguessont appels au secours pour essayer de la matriser, car en se dbattant elle a frapp assezfort plusieurs de ses voisins. Ils parviennent lisoler et essayent de la calmer en lui parlanttout doucement. La passagre continue de pleurer, se sentant perscute et incomprise.Alert par les cris, un homme voyageant en business passe le rideau de sparation descabines ce moment-l et, jetant un rapide coup dil la scne, demande ce quil sepasse.

    Amlie et ses collgues essayent de se dbarrasser rapidement de cet inopportun curieux,il ny a rien de plus nervant que ces gens qui ne peuvent sempcher dassouvir leurvoyeurisme ! Comprenant la mprise, lhomme prcise rapidement quil connat cettepassagre, celle qui est en pleine crise de dlire. Elle est en fait une de ses employes. Ilpropose donc son aide pour essayer de la calmer. Ils passent le reste du vol ensemble, et,en effet, sa prsence a un effet immdiat. La femme est subitement docile, calme, presquesereine mme !

    Les htesses, observant la scne de loin, ne peuvent que spculer sur les raisons de cettesoudaine crise. Constatant le changement de comportement de la passagre, elles se disent

  • que son patron a une grande influence sur elle, et plus mme, comme une proximit, unecertaine complicit. Quelque chose de mystrieux et mme un peu effrayant, en tout cas

  • Tout le monde peut se tromperUn passager vient me voir et me dit : Il nest vraiment pas bon, votre spraybuccal ! Je lui rponds : Quel spray buccal, monsieur ? Nous nen avons pas bord. Mais si, celui des toilettes, mademoiselle ! Mais monsieur, cest un spray dsinfectant et non pas un spray buccal !

  • Agatha Christie and CoLe vol sest plutt bien pass, les passagers ont pu prendre du repos dans toutes les

    classes et en business, personne ne sest mme rveill pour aller aux toilettes, cest unsigne ! Le service du petit djeuner est en cours quand une femme de business vienttrouver une htesse, affole. En voulant organiser ses affaires pour latterrissage, elle sestaperue quil lui manquait plusieurs choses, elle est certaine de ne pas faire erreur, ses deuxtlphones portables ont disparu, son argent liquide, sa carte de crdit et sa ceinture LouisVuitton. Trs contrarie, elle veut absolument que lquipage fasse quelque chose, car levoleur est toujours dans lavion, par la force des choses !

    Chlo est trs ennuye : cest une situation incongrue et dlicate. Comment procder ?Lquipage na videmment pas le droit de fouiller les passagers, seule la police peutdcider dintervenir dans ce sens selon la loi. Aprs discussion avec le commandant debord, il est dcid de faire une annonce en cabine afin de prvenir les passagers quun vol at commis bord, et que la police est attendue larrive de lavion. Ils comptent sur lestress engendr par cette annonce pour que le voleur se dnonce naturellement.

    Une passagre voyageant en classe conomique se prsente Chlo, elle sest renducompte que sa carte de crdit a galement disparu ! La situation se corse, il y a bien unvoleur bord. Une personne peut faire erreur, mais pas deux ! Imaginant le retard quelintervention de la police va engendrer larrive, quelques passagers commencent snerver. Il y a une tension palpable, chacun regardant son voisin en imaginant quil estlauteur des faits

    Une autre passagre de la classe conomique vient confier une htesse quelle a desrieux doutes concernant un passager. Elle ne dort jamais bord des avions et a puobserver un comportement trange de la part dun jeune homme. En effet, lhtesse quielle fait part de ses doutes plonge dans ses souvenirs et se souvient quil se promenaitbeaucoup pendant le vol. Il avait achet des produits en cash dans les ventes bordgalement.

    la suite de lannonce du commandant de bord concernant larrive de la police dslatterrissage, ce jeune homme devient de plus en plus nerveux. Chlo et sa collgueprofitent du fait quil se lve pour aller aux toilettes pour jeter un il dans la pochette deson sige, l o se trouvent les magazines. Elles ont la surprise de dcouvrir plusieurspices de tlphones portables ! Malgr cela, le commandant de bord juge les souponsinsuffisants et prfre laisser la police mener lenqute. Nanmoins, il partage la

  • dcouverte des htesses avec les agents de police ds louverture de la porte, au sol.

    Un policier se dirige vers le passager en question, et commence fouiller ses effets. Ilretrouve bien sr les morceaux des deux tlphones portables de la passagre spolie, maisni cash, ni cartes de crdit. Le jeune homme nie tout en bloque, hurle quon les a placs l son insu. Le policier lui demande de le suivre, ce quil ne veut pas et il se dbat. Lefonctionnaire demande du renfort et le passager est matris. Au sol, ses vtements sesoulvent, et sur son jean on peut voir clairement la ceinture Louis Vuitton qui maintientson pantalon. Incapable dexpliquer comment on aurait pu lui mettre cette ceinture sansquil sen rende compte, le jeune homme comprend quil est pris en flagrant dlit.

    Les autres passagers peuvent enfin sortir de lavion, la femme qui a t vole en businessaccompagne les policiers pour dposer plainte et quils saisissent sa dposition. Quant lapetite dame de classe conomique, qui avait soutenu avoir une carte de crdit en moinsaussi, que tout le monde avait oublie, elle glisse discrtement loreille de Chlo quellesexcuse, mais quen fait, cest son mari qui avait la carte dans son portefeuille

  • PrimipareLquipage a une formation en secourisme trs complte. Tous les ans, nous revoyons les

    gestes principaux que nous avons parfois effectuer bord. Il peut se passer toute unecarrire sans que lon ait besoin de les utiliser, mais cela arrive tout de mme davoir ranimer une personne. Je lai moi mme dj fait, et cest, en plus dtre angoissant, assezprouvant : nous ne sommes pas mdecins et nous ne sommes jamais srs davoir bien fait,surtout quand lissue nest pas des plus heureuses

    Marianne, une chef de cabine dpche sur un vol dune compagnie portugaise enreprsentation commerciale avait dj bien assez faire bord sans penser un seul instantque ce vol allait changer sa vie. Des journalistes curieux bord, un quipage neconnaissant pas le service quelle venait leur prsenter, et des clients qui, eux, taient justel pour voyager dans les meilleures conditions.

    peu prs au-dessus de Casablanca, mi-vol environ, une passagre africaine vientconfier Marianne, la seule de lquipage parler franais comme elle, quelle a de fortesdouleurs dans le ventre. La chef de cabine commence linterroger, et finit parcomprendre, au bout dun long moment, que la dame est enceinte de sept mois et demi.Cela ne se voit presque pas, elle est un peu forte et, assise son sige, cache sous les pansde tissus colors de son habit traditionnel, cela ne pouvait se comprendre immdiatement.

    Afin de pouvoir mieux lexaminer, elle lui demande de bien vouloir se lever, et de lasuivre jusqu loffice. Lorsque la femme se met debout, Marianne se rend compte aveceffroi que son sige est compltement tremp. Jeune maman, elle sait immdiatement quelaccouchement est imminent, la femme, primipare, a perdu les eaux, elle est en traindaccoucher ! Le hic, cest que la formation pour assister quelquun lors dunaccouchement est vraiment lgre. La chef de cabine fait le tour de lquipage, maispersonne ne se sent plus laise quelle, toute jeune maman.

    Un appel mdecin est effectu, et Marianne comprend sa chance lorsque se prsente lechef du service de nonatologie de lhpital de Dakar. Quel soulagement ! Le destin faitparfois bien les choses, au moins le docteur connat-il le sujet, mme si, bord, il ny aaucun moyen technique disposition en cas de soucis graves. Mme si le bb qui est entrain de natre est prmatur, cela rassure tout de mme Marianne.

    Lquipage installe quelques couvertures sur le sol de loffice, allonge la femme quivisiblement souffre normment, et lorsque le mdecin soulve la jupe aprs avoir enfildes gants mdicaux, lhtesse a un choc, la tte est presque dehors ! En vingt minutes, le

  • bb est sorti, la jeune maman na pas cri, elle est reste trs digne jusqu la fin. Lhtessecoupe elle-mme le cordon, avec un soupir de soulagement, car le bb, une petite fille, napas pleur tout de suite. Maintenant elle respire, et mme si les tests ne sont pas des plusrassurants, il ny a pas durgence mdicale, pas de ranimation !

    Lorsque le Samu arrive bord de lavion aprs latterrissage, il flicite lquipage pourson excellent travail, et lhtesse fond en larmes, toutes ces motions et ce stress intense semanifestant soudainement Marianne gardera trs longtemps contact avec la jeunemaman et sa petite fille, attaches lune lautre par un lien quelles seules peuventcomprendre.

  • La vrit sort de la bouchedes enfants

    Quest-ce que tu bois, mon petit ? Heu, ben, un Coca. Un Coca sil.... sil... ? Heu... sil y en a ?

  • Pas de chocolatEn pleine nuit, la cabine est calme. Peu remplie, quasiment tout le monde dort. Dong !

    Lappel pax* retentit. Le passager qui mappelle souhaite de laide pour incliner son sige.Je lui explique que cest tout simple et quil suffit dappuyer sur le bouton qui se trouvesur laccoudoir. Et l, il me regarde dun air dsespr et me tend ses deux bras dpourvusde mains.

    *Pax : terme employ pour dsigner un passager.

  • Tout le monde peut se tromper Dites voir, auriez-vous dautres bonbons car ils sont dgueulasses ! Jertorque : Des bonbons ? Mais monsieur, il ny en a pas bord ! Ben si, yen a ! Vos bonbons orange ! Mais monsieur, ce sont des boules Quis !

  • Premire classeLe passager britannique dun certain ge, trs classe, qui voyage en premire a un souci, il

    ne peut remettre la main sur sa pipe. Il a d la faire tomber au cours du vol, en sortant desdocuments de son sac cabine. Et lheure de se prparer pour latterrissage, il ne laretrouve plus. Comme il y tient beaucoup, il se permet de demander laide de Sophie,lhtesse qui sest occupe de lui. Elle a certainement roul sous son sige, et son ge ne luipermet pas de se pencher, il a perdu la souplesse de sa jeunesse, son grand regret.

    Heureusement pour lui, Sophie est prte lui rendre ce service, elle a t aux petits soinsavec lui pendant tout le vol, et semble vraiment comprendre son dsarroi. Elle nhsitedonc pas se mettre prs du sol, lampe de poche la main, pour tenter de retrouver lapipe de Monsieur. Elle glisse une de ses mains sous le sige et, ttons, dans cette positioninconfortable, explore les recoins cachs du fauteuil.

    Sophie se contorsionne, le sige est imposant et il est trs difficile de voir quelque choseen dessous ! Tout coup, elle sent du bout des doigts un objet non mtallique. Dunongle, quelle porte long, elle parvient faire revenir lobjet vers elle, en le faisantlgrement pivoter. La tte colle au fauteuil, le bras tendu son maximum, elle pousse unsoupir de soulagement lorsquelle se saisit enfin de la pipe, car cest bien elle, elle areconnu la forme immdiatement !

    Le passager anglais est vraiment ravi, sans Sophie, il sait bien quil naurait pas puretrouver sa pipe prfre. Le vol est dj termin, il a tout juste le temps de sasseoir etdattacher sa ceinture avant latterrissage ! Il na pas encore eu le temps de remercierchaleureusement Sophie, mais profite de son passage par la business o elle estpositionne pour le dbarquement afin de lui glisser en franais un : Mademoiselle, mercipour la pipe ! Voyant lhtesse rougir jusquaux oreilles, un passager de business dit son ami et voisin de sige : Tu vois, je te lavais dit que ctait mieux en premire ! ...

  • La vrit sort de la bouchedes enfants

    Les avions par terre, ils sont trs gros, et quand ils senvolent ils deviennenttout minus.

  • ParticularitLors du briefing avant de monter dans lavion, en dehors des contraintes techniques,

    physiques et commerciales du vol que lon sapprte effectuer, les chefs de cabine nousfont galement part des particularits de notre clientle. On nous annonce le nombredenfants, de bbs, de repas spciaux commands, et les passagers avec assistance. Cestainsi que, ce jour-l, lhtesse apprend quun passager aveugle est enregistr.

    Nous sommes aux petits soins avec nos passagers particularits, et a fortiori envers unepersonne mal ou non voyante, car sa scurit tant en jeu, il nous faut lui expliquer lesconsignes de scurit, voire lui apporter le carton spcial rdig en braille. Nous faisonsnotre maximum pour quelle puisse conserver son autonomie.

    Lorsque Clia voit entrer une dame avec une canne, elle nose pas aller au-devant dellepour lui proposer les consignes de scurit en braille, et lui apporter son aide pour sediriger dans lavion. Elle est toute nouvelle dans ce mtier, et nest pas certaine de savoirtrouver les mots justes. Elle demande au steward qui se trouve prs delle si cela nelennuie pas dy aller, elle observera sa faon de faire et sera plus mme daccueillirdautres passagers mobilit rduite plus tard.

    Quelques minutes plus tard, le steward revient prs delle, le visage tout rouge, et explosede rire ! Quand il a propos la passagre les consignes en braille, elle lui a rponduquelle avait dj bien assez de son problme la jambe, et quelle navait pas besoin quonlui rajoute un handicap ! Eh oui, une canne nest pas forcment lattribut principal etexclusif dune personne non voyante !

  • SalsaNous nous envolons pour la Colombie, il est encore tt dans la journe et lquipage et

    moi faisons connaissance. Le service dbute, je travaille larrire de lavion. Nous sommesassez enthousiastes, tout se passe bien, les passagers ont envie de profiter du vol pour sereposer, cest mme assez calme. Le repas termin, nous rangeons notre matriel. Un desstewards travaillant en premire vient nous aider et lorsquune partie de nos collguessinstalle pour manger, nous commenons discuter.

    Il est trs content daller en Colombie, et aimerait sortir en escale, car il commence apprendre danser la salsa. Jadore aussi cette danse, je lui raconte quavant de devenirhtesse javais des amis danseurs professionnels de salsa, et que javais pass de longs mois sortir avec eux presque tous les soirs, apprenant cette danse sensuelle et populaire ! Ducoup, javais de bonnes bases, et jtais trs enthousiaste lide daller danser aussi !

    Il repart, trs content de men avoir parl, passer sa garde en premire classe. Quelquesdizaines de minutes plus tard, il mappelle par linterphone. Il est trs surpris, nous avonsun chanteur de salsa trs connu bord ! Personne na laiss filtrer linformation, nous nousdemandons si le reste de lquipage la reconnu. Le steward, grand fan, a pu discuter aveclui de sa passion naissante pour la danse, il est plus que ravi !

    Jaurais aim avoir le temps daller discuter un peu avec lui, mais la charge de travail enclasse co est trop lourde, je ne peux pas mabsenter. Plus tard, je vais me reposer montour, et le service du dner commence trs vite aprs mon rveil. La descente est enfinannonce par le commandant de bord, il nous faut tout ranger, nous ne sommes pas enavance. Quelques minutes plus tard, nous entendons une annonce du cockpit.

    Il nous est impossible datterrir Bogota, o un norme orage svit tout prs delaroport. La limitation en carburant du fait de la longueur du vol nous contraint de nousdrouter sur Cali. Nous nous y posons et attendons que lorage sloigne de la capitalecolombienne. Le steward de premire mappelle nouveau linterphone, il me demandede venir lavant de lavion. Lorsque jarrive, je vois ce chanteur que jadore ct de moncollgue. Je suis ravie, je vais avoir tout mon temps pour lui parler !

    Mais il semblerait que mon collgue a dautres projets pour moi. Il mexplique quil ademand la star colombienne de lui donner une leon de salsa, et que, pour a, il a faitappel moi, sachant que je dansais galement ! Me voil Cali, en train de danser la salsadans les bras de Yuri Buenaventura, en uniforme, sur mon lieu de travail ! Cest surralisteet merveilleux la fois ! Il danse tellement bien ! Nous plaisantons car sa destination finale

  • est Cali, ville dont il est originaire. Seulement, nayant pas de droit de trafic sur cetteescale, nous ne pouvons pas dbarquer des passagers, le chanteur devra tout de mme aller Bogota, puis reprendre un autre vol intrieur pour revenir l o nous sommes en cemoment !

    Lorsque nous dcollons pour Bogota, je suis aux anges et me dis que jai vcu l un desmoments les plus dlicieux de ma carrire. Les passagers dbarqus Bogota, nous sortons notre tour et retrouvons nos bagages dans laroport. Yuri Buenaventura se rapprochede nous et nous annonce que, finalement, il nira pas Cali ce soir. Il a beaucoup aim lesmoments passs dans lavion avec nous et invite tout lquipage au restaurant. Noussommes enchants et vraiment trs flatts ! Le repas au restaurant est magique, il nousraconte plusieurs anecdotes, nous parle beaucoup de lavion et de notre compagnie quilapprcie tant. Et la soire me semble ne plus vouloir se terminer, nous prolongeons leplaisir dtre ensemble toute la nuit, et dansons des heures durant, lui et moi, dans des barsou des botes de salsa. Je noublierai jamais ces instants magiques en Colombie !

  • " Tu es tout le temps en grve ou en vacances ! " Regard ddaigneux, doigtaccusateur...

    Lorsque je ne suis pas en grve, ce qui mest arriv en effet deux outrois fois en 17 ans, je suis en vacances ! En effet, comme tout le monde enFrance, jai 5 semaines de congs pays Eh oui, lorsque je navais pas unloyer exorbitant et un enfant nourrir, je partais chaque fois vers descontres lointaines et exotiques Mais lorsque je dis que la semaineprochaine je vais Cancun, mme si a peut faire rver, cest un vrai travail,avec un gros effort physique, du dcalage horaire, des nuits blanches

    Les cliches ont parfoisla vie dure

  • Chaises musicalesFatigu par la semaine de travail intense quil vient de vivre et par lheure tardive du

    dcollage de ce vol retour, lhomme est irritable. Il voyage seul et espre se reposer avantde rentrer enfin en France. Il avance dans lavion, carte dembarquement en main, et rangaprs rang, cherche son sige. Il a demand tre assis derrire la cloison, l o il ny a pasdautre sige devant lui, il naime pas la sensation de confinement que cela lui procure.Lorsquil arrive son numro de sige, il commence snerver

    Il veut tre tranquille cette nuit, il ne va jamais pouvoir dormir avec cette famille assise ct de lui ! Un bb, presque un nouveau-n, qui risque de vagir des heures durant. Unjeune garon qui a lair davoir envie descalader tous les siges alors quil est depuislongtemps lheure de dormir pour lui Une maman qui na pas lair de bien les grerSon sang ne fait quun tour, il veut changer de place Il le demande lhtesse, lui faisantcomprendre que si elle ne lui trouve pas dautre sige plus au calme, elle na qu linstalleren business. Dailleurs, avant, il y voyageait, en business

    Julie, lhtesse, reste calme et courtoise, pourtant elle se fait littralement agresser par cemonsieur tellement exigeant. Elle fait son possible pour le contenter et dcouvre enfin cequelle cherchait. Un sige libre, sans enfant proximit, le rve de ce monsieur, unevingtaine de rangs derrire lui. Psychologiquement, il a du mal encaisser le fait dallerencore plus au fond de lavion, comme si les siges taient encore moins confortables. Ilavait lhabitude dtre tellement plus en avant de lavion ! Mais il finit par accepter :voyager ct de cette petite boule humaine hurlante langoisse compltement

    Install ct dun autre homme, il se dtend enfin. Pas de cri, pas de sige secou, pasde jouet qui atterrit sur sa tablette Vient lheure du repas, et aprs avoir apprci unecoupe de champagne, il choisit le plat de ptes, celui de poulet, il la dj mang il y a deuxsemaines. Son voisin ne veut pas de son plat chaud, il extirpe de son sac une barquette enaluminium et demande Julie de lui rchauffer. Lhtesse ouvre la barquette et rprime unhaut-le-cur ! Des pattes de poulet, cet homme assis ct de lui mange des pattes devolaille ! Notre passager est vraiment cur, et ne peut plus rien avaler.

    Le plateau enfin dbarrass, lhomme baisse son dossier de sige, tend sa couverture surlui, ajuste son coussin. Il va enfin pouvoir dormir, il est vraiment extnu ! Il met sonmasque de nuit sur ses yeux, et se tourne lgrement. Le sommeil commence lenvahirmais quelque chose le retient dy plonger compltement. Ses narines protestent, une odeurpestilentielle lentoure tout coup ! Il va vomir, cest horrible ! Il soulve son masque et

  • voit son voisin qui vient denlever ses chaussures et se masse les pieds Dpit et tout fait rveill maintenant, il se lve et va sen plaindre lhtesse qui la aid trouver unnouveau sige. Aprs tout, cest son boulot elle ! En se rendant loffice des PNC, ilpasse devant la famille quil a fuie un peu plus tt. Tous trois dorment poings ferms, ilregrette presque son choix.

    Julie, prenant son courage deux mains, demande au voisin de bien vouloir remettre seschaussures. Il ne comprend pas, ne parlant ni franais ni anglais, et cest en le mimantquelle arrive le faire se rechausser ! Les passagers assis autour semblent revivre, ctaitvraiment irrespirable ! Julie se dit, satisfaite, que la leon a d tre comprise par sonpassager mcontent : elle la vu regarder son premier sige avec un air de regret. On saittoujours ce quon perd, mais parfois il vaut mieux sabstenir de changer de sige !

  • La vrit sort de la bouchedes enfants

    Est-ce que les pilotes font attention au pre Nol, le soir de Nol ?

  • AlphaJe travaillais compltement larrire de lavion et je ne lai pas su tout de suite. Parfois,

    jaimerais que ce genre dinformation fasse tout le tour de lavion beaucoup plus vite, parceque sur un vol aussi court (mme pas six heures), en perdre trois confine dans lignorancela plus totale est vraiment dommage ! Heureusement quun de mes collgues a vendu lamche et que jai appris avant quil ne soit trop tard quune personne que jadore depuis silongtemps tait bord !

    Jen ai vu passer des stars bord, des sympas, des simples, des ddaigneuses, deshautaines Mais ce chanteur mythique, qui aurait pu prfrer dormir tranquillement pourcette nuit en vol, a t dune gentillesse et dune gnrosit incroyable ! Alpha Blondy, quetout le monde connat mme sans tre forcment fan, est un homme qui distribue delamour chaque parole

    Je pensais le voir, et peut-tre avoir la chance dtre prise en photo avec lui afin de garderune trace et un souvenir mu de cette magnifique rencontre, mais lorsque je suis arrive aupont suprieur du Boeing 747, je ne mattendais pas du tout a ! Tout lquipage oupresque tait runi autour du grand homme, et il sapprtait chanter ! Au dbut timide etimpressionne, je me suis vite jointe au cercle.

    Je suis arrive juste temps pour ne pas en perdre une goutte, et le concert priv, le bufcomme on dit, auquel jai assist ma bouleverse. Ses chansons les plus connues, nous lesavons reprises avec lui, oubliant tout ce qui nous entourait. Plus de clients, de passagers,de chef ni davion. Jai perdu la notion du temps, mais je pense que nous avons passpresque une heure ainsi, peut-tre plus mme, autour de lui, sourire et prendre cesondes positives. Le chef de cabine principal est arriv tout la fin et nous a srieusementdisputs pour ne pas avoir laiss de collgues dans le reste de lavion. Il nous a ensuitedemand pourquoi nous ne lavions pas appel plus tt !

    Un des stewards avait pris des photos, nous promettant tous de nous les faire parvenir.Mais comme bien souvent, cest rest une promesse vaine, les vols senchanant grandevitesse, il a certainement oubli, je ne lui en veux pas ! Et puis jai eu la joie immensedavoir nouveau Alpha Blondy bord trs rcemment. Je sautais littralement de joie. Ilna pas chant, mais ses paroles de paix et damour sont restes graves dans mon cur...

  • JalousieElle se dit que les clichs ont la vie dure lorsquelle se rend compte quun des pilotes

    craque pour elle. Les pilotes qui ont des aventures avec des htesses de lair, il parat quea arrive tout le temps ! En faisant ce mtier, on se rend vite compte que a nest pasvraiment le cas Et a narrivera pas cette fois non plus, a nest pas rciproque et elleessaye dtre assez claire pour quil cesse toute tentative dapproche. Les hommes ontsouvent du mal savoir si nous sommes disponibles pour eux, et l, en loccurrence, antait pas du tout envisageable !

    Le vol se droule normalement, pas dincident majeur dclarer. Nathalie est tranquille,la porte du cockpit doit rester ferme, et parfois, cest une chance, surtout dans cescirconstances ! Elle est bien occupe en cabine et na de toute faon plus trop le temps dypenser. Le service principal se termine, cela a t trs long, et elle prend enfin son repas.Elle est de premire garde et a donc attendu que les collgues de premier repos serestaurent pour sinstaller son tour.

    Enfin un moment de dtente pour reprendre des forces et affronter le reste du vol ! Lerepas est vite aval, il lui faut remettre le bar en tat. Un passager vient lui demander uncaf. Cest un des hommes les plus sduisants quil lui ait t donn de servir en businessclasse, et a nest pas pour lui dplaire ! Lhomme a de la conversation, simple, intelligentet beau comme un dieu, le cocktail est merveilleusement enivrant

    La conversation se poursuit autour du caf et cest dcidment trs agrable. Ils seracontent leur sjour lavant de lavion, devant la porte du poste repos des pilotes, quand,tout coup, la consigne Attachez vos ceintures sallume. Lavion ne fait aucunmouvement, et mme si le chef de cabine a effectu lannonce correspondante, neressentant pas le moindre tressautement, Nathalie ne se presse pas de renvoyer le belhomme son sige, elle aimerait en profiter encore un peu !

    Elle est compltement sous le charme et continue de deviser avec lui. Quelques minutesplus tard, la sonnerie de linterphone retentit. Cest le cockpit : Tu vas finir par le faireasseoir, ce con ? ! ! ! ... Le pilote, voyant sa proie en pleine conversation avec unconcurrent dans les camras de surveillance des abords du cockpit, avait allum lesconsignes pour se dbarrasser de ce passager un peu trop encombrant !

  • ImbibParmi les destinations que ma compagnie arienne dessert, certaines dtiennent le record

    des passagers ivres bord. Cest le cas de la rpublique Dominicaine et de Cuba. En fin devol, cela peut prendre de grosses proportions, et nous mettons tout en uvre pour quechacun passe un voyage agrable. Cela nous demande beaucoup dnergie et ces vols sontsouvent bien plus puisants que les autres !

    Emmanuelle a bien conscience de tout cela lorsquelle revient de La Havane. Le vol allera t prouvant, plusieurs groupes de clients ayant apport leur propre alcool, il a vite tdifficile den garder le contrle. Les bouteilles ont t subtilises comme le veut larglementation, et le calme est revenu avant latterrissage, au prix de toute leur nergie !Heureusement que lquipage a pu prendre 24 heures de repos avant de senvoler pour leretour !

    Ce nouveau vol semble plus calme, mais cest sans doute grce cet horaire tardif. Lespassagers cherchent surtout dormir, les dbordements sont de moindre importance.Fatigu aussi par la nuit blanche, lquipage lutte contre lendormissement, mais le volarrive son terme et aucun incident nest dplorer !

    Au moment de servir le petit djeuner, Emmanuelle jette un il en cabine et voitplusieurs passagers sagiter au fond de lavion. Plusieurs se bouchent mme le nez, ils ontlair profondment dgots ! Elle se rapproche de la zone concerne et lodeur qui luiassaille les narines ne lui laisse aucun doute possible. Partant la recherche de la personnequi a vomi, elle trouve sans peine un grand jeune homme compltement imbib dalcoolqui sest vomi dessus pendant son sommeil

    Lodeur est insoutenable et si elle ne veut pas que dautres vomissent aussi, il lui fauttrouver une solution. Elle se dit quelle va saupoudrer du caf en poudre sur la flaque devomi. Cela camoufle extrmement bien les odeurs, mme les plus nausabondes ! Enattendant, elle confie au fautif alcoolis un flacon de dsinfectant et lui demande depulvriser le sol avec. Lorsquelle revient dans la cabine arme de ses sachets de caf, ellevoit le jeune homme, dont les capacits intellectuelles semblent neutralises par lalcool, entrain de se pulvriser le dsinfectant dans la bouche !

  • Tout le monde peut se tromperUn passager me demande une fentre plutt quun couloir. Le vol est complet, monsieur, mais pourquoi prfrez-vous le hublot ? Parce que je voudrais prendre lair pendant le vol !

  • Sous couvertureIls ne se connaissaient pas il y a quelques heures, mais ils se sont immdiatement plu.

    Assis ct lun de lautre, ils se sont dit que le hasard avait bien fait les choses, et aprsstre racont leurs vies, ils se sont rapprochs physiquement. De petits baisers timides,puis de longues embrassades langoureuses. Lalcool aidant, latmosphre se rchauffeconsidrablement.

    Tout leur nouvelle histoire, malgr la joie de laventure, ils pensent sisoler des autrespassagers en coinant une couverture dans le coffre bagages au-dessus de leurs ttes.Dans ce cocon dintimit, ils sont protgs des regards indiscrets et leurs caresses se fontplus inquisitrices. Leurs corps se rpondent, lexcitation est son comble !

    Ils vont bientt faire partie du fameux club des dix mille, ce club que toutes lespersonnes qui ont consomm du sexe bord dun avion ont rejoint sans le savoir.Plusieurs htesses ont vite repr leur petit mange et, malgr la couverture, lesespionnent en riant. Elles sont surprises que cela se passe aussi vite, mais amuses par lasituation ! Aprs tout, si personne nest gn autour, et que rien ne se voit de lextrieur,elles ne voient pas o est le mal !

    Quand Bernard, le chef de cabine principal, fait le tour de lavion pour voir si son quipene manque de rien, il aperoit de loin cette fameuse couverture. Il nest pas au courant dece qui se trame en dessous, bien labri des regards et machinalement, pour remettre delordre dans sa cabine, arrache dun coup sec la couverture qui pendait devant ses yeux.

    Il les surprend dans une des positions du Kamasutra que permettent les fauteuils delavion, et le couple, emport par la passion, ne saperoit de rien avant de longues minuteset ne semble pas dstabilis le moins du monde ! Fascin par le spectacle quil nesattendait pas du tout voir, Bernard essaye bien maladroitement de remettre lacouverture, et retourne son poste, comme frapp de stupeur !

  • La vrit sort de la bouchedes enfants

    En prenant lavion pour une destination soleil, lenfant qui voyage seul me dit: Mince ! Jai oubli ma crme polaire !

  • DtendusLes voyages rapprochent les gens. Cette maxime bien connue se vrifie souvent bord : il

    nest pas rare que, pour passer le temps, ou par rel plaisir dchanger, de parfaits inconnuspartagent des conversations enflammes autour dun verre au bar. Des personnes que toutoppose se retrouvent au mme endroit, prisonnires pendant quelques heures du moyende transport quelles ont choisi, et parfois ont loccasion de se rendre compte quelles seressemblent plus quelles ne le pensaient

    Lorsque deux trangers sont assis cte cte, cest le mme principe, avec cetteproximit physique impose quon svertue essayer doublier pendant quelques heures.Autant la mettre profit pour rendre le temps plus agrable. En classe affaires ce jour-l,le hasard a plutt bien fait les choses et lhomme et la femme qui se retrouvent assis cte cte trouvent plutt facilement des sujets de conversation.

    Ils devisent gaiement depuis le dbut du vol. Pendant le repas, Virginie leur htesse leursert plusieurs verres de vin, se faisant complice du passager qui visiblement espredtendre un peu plus sa jolie voisine ! Lalcool coule flots et, la fin du service, lhtesseva se reposer sans plus y penser. Vient lheure de servir le petit djeuner. Quelques heuresont pass et Virginie, ouvrant le rideau pour se glisser en cabine, aperoit les deuxinconnus en train de sembrasser goulment !

    Lorsquelle arrive leur niveau et quelle espre leur proposer le choix de plat chaud, ellecarquille les yeux, choque de voir lhomme, sans aucune pudeur, mettre la main dans laculotte de la femme ! Le steward qui travaille dans la mme alle que lhtesse se penchedoucement vers les passagers et leur demande, sil est possible, par gard pour les autrespassagers qui les entourent, de se faire un peu plus discrets Le passager, souriant pleines dents, visiblement fier de lui, rtorque que si le steward veut de la discrtion, ilferait mieux dteindre la lumire !

  • " Ah, tu as de la chance toi, tu ne payes pas lavion ! " Soupir de jalousie,moue boudeuse...

    Il parat galement que les htesses de lair ne payent pas lavion. Pourtravailler, cest sr ! Quoique jaie des collgues qui vivent en province etpayent leurs billets davion pour rejoindre les aroports parisiens, commecertains prennent le mtro. En revanche, lorsque nous avons la chance departir en vacances, laddition peut tre plutt sale ! Les prix ont mmetellement augment pour le personnel, quil faut rflchir deux fois avant dechoisir un htel, pour compenser. Remarquez, les htesses de lair sontmaries avec des pilotes, alors elles peuvent !

    Les cliches ont parfoisla vie dure

  • Jardin denfantsLembarquement pour ce vol destination de Fort-de-France est presque termin. Les

    passagers sont pour la plupart souriants et heureux dchapper pour quelque temps lagrisaille parisienne. Lquipage est galement assez dtendu, les vols pour les Antilles sedroulent souvent dans une ambiance bon enfant !

    Les passagers disent bonjour, ce qui est un premier signe. Ils sinstallent en riant,sympathisent avec leurs voisins, et retrouvent mme des connaissances en avanant danslavion ! Cest vraiment une clientle agrable et sympathique, plutt facile satisfaire, etds lembarquement le ton est lanc !

    Une passagre arrive la porte de lavion avec son enfant : Albane lui indique ladirection de son sige, mais aussitt la femme lui demande o se trouve le jardin denfants.Lhtesse a peur de mal comprendre, et lui fait rpter. La dame demande bien o elle doitdposer son enfant pour la garderie ! Cest la premire fois dans sa carrire quon demandeune chose pareille lhtesse qui en reste bouche be pendant quelques secondes.

    Lorsquelle retrouve ses esprits, Albane explique cette passagre quil ny a pas ce genrede prestation dans un avion. Cette dernire, rellement surprise, essaye demmagasinerlinformation, et pour tre sre de bien comprendre, essaye de reformuler ainsi sa pense lhtesse : Vous voulez dire que je dois men occuper pendant huit heures ? Lhtessene sait pas quoi rpondre, elle est sans voix !

  • Tout le monde peut se tromperUn passager, qui semble connatre lavion mieux que les navigants : Ben pure, ils font de la bonne cam maintenant, Seat, des bons sigesdavion, ah oui ! Les siges davion de seat ? Vous parlez bien de la marque de voiture S-at ? Et l il snerve : Ben oui, vous voyez bien, l quoi, cest marquSEAT !

  • Lamuseur publicEmbarquement du soir sur un vol retour de La Runion. Arrive un groupe de jeune

    retraits en voyage organis, avec comme toujours dans un groupe son amuseur public .Il sapproche de moi lair conqurant et clame bien fort : Vous savez quoi,mademoiselle ? Jai une certitude ce soir : vous et moi allons passer la nuit ensemble !

  • Panier pleinLe passager premire classe a prpar une liste dune trentaine de produits quil souhaite

    acqurir dans les ventes bord. Cest une trs grosse vente, et Estelle se plie en quatre afinde parvenir trouver tous les items de la liste. Nous avons bord des ventes spcifiquespour la business et la premire classe, et dautres pour la classe conomique. Les deuxcontiennent la mme chose ou presque et les produits ne sont souvent quen un seulexemplaire.

    Estelle commence alors un vritable parcours du combattant pour tout trouver, sefaufilant entre ses collgues qui sont en plein service du repas (on ne fait pas attendre unpassager de premire classe !), ouvrant les ventes de larrire pendant que dans le galley soncollgue essaie de prparer le matriel pour le dbarrassage. Cest son Koh Lanta du jour,elle a limpression de vivre lpreuve des poteaux !

    Ouvrant un des sacs Longchamp commands, elle y installe tous les articles quelle a putrouver. Tout y est, mis part deux produits de beaut, sans doute en rupture de stock.Lorsquelle retrouve son passager premire classe, elle lui prcise quil manque donc deslments de sa liste. Il se saisit du sac sans mme regarder dedans, et demande combiense monte sa note. Il sort plusieurs billets dune mallette pleine de dollars. Il va payer cash.Il se ravise et dit prfrer payer en euros, et sort alors du coffre bagages une deuximemallette, remplie deuros cette fois.

    Le souci, cest qu bord nous navons pas de fond de caisse, et Estelle espre quil auralappoint car ce serait dommage de rater une vente pareille, et retrouver les emplacementsde chacun des produits ne lui dit rien du tout. Elle commence avoir un peu chaud, lestress remonte dun cran. On naime pas ne pas russir satisfaire un client, a fortiori unclient de premire classe.

    Finalement, elle commence respirer, elle na que 2,50 lui rendre, elle se dit quil nevoudra pas la monnaie et que cette partie de son travail sera enfin termine ! Mais non,Estelle se trompe, il la veut, sa monnaie, il insiste, il simpatiente. Elle se retrouve obligede faire le tour de tout lquipage pour tenter de trouver la monnaie exige Le scandaleest vit, mais de peu, alors que lhomme na jamais vrifi le contenu de son sac !

  • La vrit sort de la bouchedes enfants

    Est-ce que quand on fait pipi dans lavion, a tombe sur les gens qui sontdans la rue ?

  • LgendesLorsque jai demand mes collgues de me raconter des anecdotes, il en est une qui est

    revenue sans cesse. Diffrentes versions, mais un point commun toutes : je ne peux ycroire ! Ne layant moi-mme pas vcue, je reste plus que surprise que cela puisse arriver,et mme si je crois lhonntet de mes contacts htesses et stewards, chef de cabine etchef de cabine principal, cest tellement incroyable que pour moi cest impossible. Et puisje me dis que, l-haut, avec un peu trop dalcool, une mauvaise vue, une norme envie,peut-tre que

    Sur un Boeing 747, ce gros avion, il y a quatre toilettes tout au fond de la cabine, et juste ct, un vestiaire pour mes collgues et moi ainsi que notre poste repos. Une passagremche sest trompe de porte. Elle a apparemment confondu le placard avec les toilettes.La personne qui me la confi a surpris, en faisant son tour de scurit rglementaire, ladame, pantalon baiss, visiblement trs son aise !

    Avant les trash compactors (compacteurs de dchets) qui quipent maintenant nos galleyssur ma compagnie, nous avions de grosses poubelles marron pour recueillir les dchets duvol, gobelets en plastique, emballages de sandwichs, etc. Les collgues passent leur garde saffairer pour remettre des boissons et des glaons dans les bars, ranger et nettoyer lesplans de travail, prparer le deuxime service. Une vieille femme, habille en costumetraditionnel de son pays, belle robe bariole, dentelles et tissus chatoyants, se tient dans legalley. Elle adresse un grand sourire aux membres dquipages prsents, et lorsque leshtesses lui demandent si elle a besoin de quelque chose, elle dit que non, que tout vabien. Lorsquune forte odeur nausabonde leur parvient aux narines, ils comprennentenfin que la dame stait soulage dans une poubelle, sous leurs yeux, le sourire aux lvres !

    Il y a quelques mois, sur un retour de Santiago du Chili Paris, un passager vient voir unsteward en milieu du vol et le prvient, avec le sourire, quil a cru voir quelquun entrerdans notre poste repos Le steward se prcipite, la situation pourrait vraiment treurgente. Il ouvre la porte du poste, et constate quen effet celle-ci est ouverte (alors quilfaut une cl pour la dverrouiller ! Sur la premire marche, il voit, bahi, une vieille femmeaccroupie en train de remonter son pantalon Il tente de lui demander ce quelle faisait,mais la passagre ne parle quespagnol, et pas lui Pendant quelle retourne son sigelair de rien, lui constate que les escaliers sont tremps, et quen dessous, les vestes de sescollgues endormis ont t touches par lattentat !

    Au milieu dun vol, au moment du service un passager demande lhtesse o se trouve

  • la douche car il aimerait se soulager... Lhtesse lui indique dune main la direction prendre en lui prcisant que les toilettes se trouvent derrire le rideau. Le passager tire lerideau, passe derrire, et avant que celui-ci ne se rabatte, elle a le temps de voir lhommeretirer son pantalon et saccroupir.

    Une autre collgue a galement eu la surprise, avant latterrissage, en ouvrant la porte duposte repos pour vrifier que la trappe tait bien ferme, de trouver une jolie surprise, uncadeau laiss par une personne quelle ne retrouvera jamais et pour cause ! Quelquun avaitdpos un chapelet de crottes juste derrire la porte, lendroit de la trappe o se trouve lapoigne ! Lhtesse a t dispense de vrifier sa bonne fermeture !

    Les envies sont-elles ce point pressantes quon nattende pas dtre certain dtre dansdes toilettes ? Ou lavion est-il un endroit tellement trange pour certains que le moinstrange est de se soulager derrire un rideau, dans une poubelle ou sur les marches dunescalier Voler peut tre perturbant !

  • CitronnierElle ne sait pas comment, elle ne se le rappelle plus, mais dans ses bras, Aurlie tient un

    joli citronnier ! Un petit pot, de la terre, et cette jolie plante panouie entre les mains,lhtesse salue et accueille ses passagers du jour. Lun dentre eux a d lui demander degarder le pot le temps de ranger ses autres bagages dans les coffres ! Cest prcieux, uncitronnier, a aurait t dommage de le renverser !

    Les personnes qui passent devant elle sourient un peu plus que dhabitude, elle aussi : croire que cest un citronnier magique ! Lun dentre eux lui glisse une belle plante ! ense rendant son sige, elle lui rpond quon lui a confie, quil sagit dun citronnier, etquelle est bien daccord, il est magnifique ! Le passager se retourne, et, dans un sourirecomplice : Je ne parlais pas du truc vert ! Il se permet mme un clin dil !

    Le rouge toujours aux joues, Aurlie, lorsquelle excute le service des boissons, arrivantau niveau de son passager narquois, lui glisse : Que puis-je vous offrir, monsieur ? Sarponse ne se fait pas attendre : Vous ! ... Lhtesse se dit que, dcidment, le choix desmots a son importance dans ce mtier !

  • Ouverture de porteLune des diffrences principales entre le long-courrier et le moyen-courrier (lEurope),

    cest le temps de vol, videmment. La rapidit avec laquelle tout se passe sur les vols courtspeut entraner des situations incongrues, voire dangereuses. Quand sur long-courrier unpassager commence avoir beaucoup trop bu, si nous ne nous en sommes pas renducompte assez tt, il peut dormir et cuver quelques heures avant de sortir de lavion. Surmoyen-courrier, pour tre compltement ivre, soit il faut que le passager ait bu avant demonter dans lavion, soit il boit une telle quantit dalcool que la descente peut tre svre.

    Cest sur un vol moyen-courrier, en pleine croisire, quun passager fortement alcoolissemble perdre pied avec la ralit. Il se met parler trs fort, hurle des chosesincomprhensibles. Les passagers autour commencent avoir peur de lui, et lquipagesen aperoit. Lhomme snerve de plus en plus, on voit quil nest plus du tout matre delui-mme, quil a perdu le contrle et nest plus en possession de ses moyens !

    Tout coup, il se lve dun bond et hurle pleins poumons que lavion est arriv, quilfaut sortir maintenant ! Il se dirige vers la porte et commence vouloir tirer sur la poignepour louvrir. Cest un geste parmi les plus dstabilisants bord, et qui provoque uneterreur immdiate. On imagine des ranges de siges aspires lextrieur, comme dans lesfilms, avec des passagers hurlant assis dessus, prisonniers de leurs ceintures ! videmment,il nest pas possible, avec la pressurisation de lavion, douvrir les portes en croisire.

    Nanmoins, il va falloir matriser ce forcen qui met, par son comportementincontrlable, le bon droulement du vol en pril. Malheureusement, lquipage du journest constitu que de femmes de petit gabarit de surcrot. Elles rclament laide despassagers autour, mais personne ne bouge. Il en est mme un qui va rpondre quil nestpas l pour a ! Tous tournent la tte, senfoncent dans leurs siges, se concentrent surleurs journaux. Mme ceux dans les yeux desquels on pouvait lire la terreur la plus absolueprfrent ne pas simpliquer

    Heureusement, la patience, la persvrance et la psychologie de lquipage commencent payer et le passager se calme peu peu. Une des htesses se dit quen le faisant parler elledsamorcera compltement cette situation presque incontrlable. Vous devez traverserdes vnements bien tristes dans votre vie pour en arriver l, lui dit-elle Cest une peinede cur, peut-tre ? La jeune femme fait preuve de toute lempathie dont elle disposepour essayer dadoucir le reste du vol pour tout le monde.

    Le passager, la gorge remplie de sanglots lempchant presque de parler, lui rpond en

  • gmissant : Oui, elle elle est partie Sa voix est comme touffe par lmotion.Lhtesse, sentant quelle est sur la bonne voie, continue : Ne vous mettez pas dans untat pareil, elle va peut-tre revenir, vous savez ! Le passager la regarde avec de grandsyeux incrdules et lui rpond : Je ne crois pas, elle est morte ! ...

  • CaviarLhomme na pas lhabitude de voyager, mais il a de largent et sest offert la premire

    classe. Il dcouvre une ambiance quil ne connat pas encore, celle de lavion, et ne se sentpas trs laise. Mais pour aller de Duba Hambourg, cest tout de mme le moyen leplus rapide. Alors, il essaye de se dtendre et de profiter du service qui lui est offert. Ilaimerait que a aille plus vite, il comprend que dans un avion cest un peu diffrent de cedont il a lhabitude.

    Passablement nerv, il attend son entre, il a trs faim, les horaires ne correspondent pas son rythme physiologique, et cela linsupporte. Cependant, il admire la table que luidresse lhtesse sur sa tablette. Il y a deux choix dentre, soupe ou caviar. Lhommechoisit le second. Lhtesse lui propose les accompagnements : ciboulette, crme frache,oignons, citron et autres condiments. Tout cela est trs apptissant, mais il refuse lesboules noires, qui le dgotent leur seule vue !

    Lassiette est dresse avec tous les accompagnements, selon ses dsirs, sans les horriblesboulettes sombres et luisantes. Il choisit de prendre du vin blanc pour accompagner sonentre, et lhtesse lui prsente la bouteille de chardonnay australien millsime 1999. Noussommes en 2005, le vin est maturit. Mais lhomme, en voyant ltiquette du vin quon luipropose, explose de rage et demande parler au plus vite au chef de cabine principal

    Confuse, lhtesse sempresse daller le chercher, ne sachant comment elle a pu fcher ce point son client. Le chef de cabine principal se baisse, se mettant au niveau du passager,afin de recueillir ses dolances, et celui-ci laisse clater sa colre : Monsieur, permettez-moi de vous dire que jai trouv infme votre caviar, mais l nous atteignons dessommets Comment osez-vous, en premire classe tout de mme, servir du vinprim ?

  • Les lumiresUne nuit, entre Orly et La Runion, un passager expert de laronautique, voyageant

    dans un groupe de personnes ges, explique le voyage ses amis. Faisant preuve debeaucoup drudition, il interroge le steward sur ce que lon voit par le hublot, pourappuyer ce quil vient dexpliquer. Monsieur le steward, cest bien le-phare-d-Alexandrie-dont-la-lumire-guide-les-navires quon voit gauche ? Et le steward, jetantun il au travers du hublot de lui rpondre : Ah non, monsieur, pas exactement, cest lephare de bout daile que vous voyez l !

  • Tout le monde peut se tromperAu push back* un passager se lve, furax : Javais demand tre dans lesens de la marche !!!

    *Lavion nayant pas de marche arrire, un engin de piste est charg de le repousser, reculons, dupoint de stationnement, cest ce quon appelle le push back .

  • Ctait critDe mon poste dembarquement, je lai vu arriver. Silhouette terriblement amaigrie, il

    avanait lentement, comme si le temps navait plus de prise sur lui Son regard taitpresque vide, ses yeux semblaient voir un ailleurs, une autre dimension, un endroit dontnous ignorons lexistence Jai eu des frissons en le regardant, et je nai pu mempcherde penser quil semblait presque parti, que son corps ne le rattachait presque plus notreralit.

    Les joues terriblement creuses, il avait le visage que lon voit dans certains magazinesparlant de la famine en Afrique. Mais je le sentais plutt atteint dune maladie incurable, jepensais au sida, japprendrais plus tard que ctait un cancer. Il ne semblait pas souffrir,mais qui ressent la douleur alors quil nest plus tout fait dans son corps ? Javais de lapeine en voyant les ravages que peut faire ce genre de maladie.

    Pendant le vol, son pouse, assise prs de lui, sen occupait comme une mre aurait pu lefaire. Littralement, elle le nourrissait de petits pots de compote de pommes que nous luiavions fournis. Bouche aprs bouche, cuillre aprs cuillre, je voyais lespoir renatredans ses yeux elle. Lespoir de mener bien ce tout dernier voyage. Je le sentais, tout lemonde le savait au premier coup dil, il nen avait plus que pour quelques jours

    Ce vol retour de San Francisco se droule sans encombre, nous sommes, lquipage etmoi-mme, pleins dempathie pour la femme qui traverse plusieurs continents pourramener son mari mourir dans son pays. Encore une escale en France et elle y sera, ellepourra enfin souffler, la famille laidera traverser le reste. Les roues de lavion touchent lesol, nous y sommes, presque de retour chez nous dj.

    Les passagers sortent un un, et le couple attend patiemment lassistance qui est prvuepour eux. Une chaise roulante a t commande pour leur faciliter la correspondance Roissy. Nous aidons la femme descendre son sac du coffre bagages, et lorsquelle estprte, lhomme se lve, afin de la suivre. Une fois dans lalle, il scroule sur le sol.

    Nous faisons au plus vite, nous sommes forms pour a. Un steward, ancien pompierprofessionnel, nous est dune aide prcieuse. Le dfibrillateur est install comme on nousla appris, nous avons tous les ans une formation aux premiers secours trs bien faite. Lamachine nous dit quil est dconseill de choquer, et quil faut commencer masser. Lepompier sinstalle au massage cardiaque, jai branch la bouteille doxygne sur le ballon etmets la tte de lhomme entre mes genoux. Il masse, jinsuffle, il masse, jinsuffle.

  • Et un et deux et trois et quatre et cinq et six et sept et huit et neuf et dix et onze etdouze et treize et quatorze et quinze souffle, souffle et un et deux et trois et quatre etcinq et six et sept et huit et neuf et dix et onze et douze et treize et quatorze et quinzesouffle, souffle et un et deux et trois et quatre et cinq et six et sept et huit et neuf et dixet onze et douze et treize et quatorze et quinze souffle, souffle et un et deux et troiset quatre et cinq et six et sept et huit et neuf et dix et onze et douze et treize et quatorze etquinze bip bip bip bip bip

    La machine, le DSA fait un autre bilan. Le chef de cabine principal panique, il essaye dele dbrancher, il pense quil ne fonctionne pas. Nous lenvoyons voir au cockpit pourquoiles secours sont si longs, cela va loccuper. Nous transpirons, nous ne faiblissons pas Etun et deux et trois et quatre et cinq et six et sept et huit et neuf et dix et onze et douze ettreize et quatorze et quinze souffle, souffle Je suis trs surprise, je vois de la buetout coup dans le masque de lhomme, il respire, il respire ! Nous faisons un bilan,toujours pas de pouls, il est impossible quil ait pu respirer Je ne comprends plus rien,mais nous reprenons, encore et encore et un et deux et trois et quatre et cinq et six etsept et huit et neuf et dix et onze et douze et treize et quatorze et quinze souffle,souffle et un et deux et trois et quatre et cinq et six et sept et huit et neuf et dix et onzeet douze et treize et quatorze et quinze souffle, souffle

    Une heure dj que nous le massons, nous ne pouvons pas arrter, nous nen avons ni ledroit, ni lenvie. Les secours arrivent enfin, nous nous loignons pour les laisser travailler,nous sommes puiss et dans un tat second. Je maperois que lpouse est assise sur unsige, toute seule, le dos bien droit, les yeux dans le vague. Nous entendons lquipemdicale prononcer les mots que nous ne souhaitions pas entendre Cest fini, on nepeut plus rien faire ...

    Jai envie de pleurer mais je massieds prs de la femme dont la tristesse est indicible Jene sais que lui dire, mais je sens quil faut que quelquun lui offre une paule, un motgentil, un peu dhumanit Jai une grosse boule dans la gorge, je ne suis pas forme pourrconforter les survivants, moi ! Je maccroche ce que je peux, vois quelle a une main deFatma autour du cou. Je me dis quelle doit tre croyante, et mme si je ne connais pasgrand-chose sa religion, je lui parle de l o est son mari maintenant.

    Il ne souffre plus, il a laiss la maladie derrire lui. Il est heureux davoir enfin abandonnce corps et toutes ces souffrances. Je lui tiens la main, lui caresse le dos, doucement. Ellepleure en silence quand la police arrive. Je prends conscience quelle va devoir seconfronter la bureaucratie franaise, quelle nest pas arme pour a, et cherche delempathie dans le regard de ces deux hommes venus la chercher. Ils ont lair

  • profondment attrists pour elle. Je lui explique en quelques mots que les heures quiviennent seront un peu difficiles, elle na pas de visa pour la France, mais elle va treaccompagne pour a.

    Avant quelle ne parte avec son escorte, elle me serre fort la main. Elle ne peut plusparler, mais me fait un sourire dsarmant et dun geste de la main, partant de sa bouchevers moi, elle me remercie. Lorsquelle tourne le dos et savance dans la passerelle, leslarmes coulent dj sur mes joues, je tremble, jai froid, jai 5 ans, je suis perdue...

  • " Mais les stewards, ils sont tous gays, non ? " Air effray, un pas en arrire...

    Mes collgues stewards, non, ils ne regardent pas les htesses de lairavec autant davidit que les pilotes, bien sr, ils sont gays ! Alors a, a a dtre invent par une htesse de lair plus cochonne que les autres quitrompait son mari avec un stew ! Il y a des homos, chez les filles aussi,mais comme partout, non ? Javoue que je ne fais pas attention la sexualitdes gens, a les regarde

    Les cliches ont parfoisla vie dure

  • ExtractionLes fameux appels htesse, ceux qui amusent tant les enfants, cause de leur

    pictogramme en forme de bonhomme, sont aussi trs utiles la personne coince touteseule ct hublot, qui meurt de soif mais qui ne peut pas rveiller le couple endormi ct. Impossible de les enjamber non plus, lespace est beaucoup trop exigu ! Le regard dupassager lorsque nous arrivons avec sa boisson tant rve est souvent reconnaissant, il alimpression quon lui sauve la vie Mais parfois, le bouton dappel sert rellement sauver la vie de quelquun

    Durant un vol de nuit, les passagers nen peuvent plus, ils sont extnus et sendormentassez rapidement aprs le service du repas, parfois mme pendant. Nous faisons au plusvite pour privilgier leur repos. Nous ne sommes pas particulirement en forme non plus,travailler la nuit est assez difficile physiologiquement, la pressurisation et lair sec de lacabine naident pas du tout nous rebooster. En plein milieu du vol, plusieurs personnesse sont rveilles, elles sont debout au fond de lavion, juste devant le galley, notre office.

    Personne ne sen rend compte, mais ces quelques personnes sont relativement bruyanteset nous empchent de passer facilement pour vrifier si tout va bien en cabine. Entre deuxdemandes de caf et trois demandes de sandwichs, nous tentons daccder aux toilettesdont nous avons la responsabilit, lhtesse et moi. Dailleurs, elle est en train de rechargerle papier toilette et les essuie-mains des toilettes de droite. Quant moi, je viens de mebrler la peau de la main, en servant un caf. Avec la fatigue, jai continu faire coulerleau brlante alors que le gobelet tait dj rempli

    Dune oreille, je perois le son discret de lappel htesse. Jessaye de me faufiler jusquauterminal qui nous permet de savoir do vient lappel. Heureusement, a nest pas loin,parce quenjamber tous ces passagers endormis au risque de me cogner sur eux, de glisserou de les rveiller nest pas ce que je prfre ! Le son redouble, se fait pressant. Jai unmauvais pressentiment, une impression furtive, je sens que, cette fois, ce nest pas pourrien, ce nest pas un coude appuy au mauvais endroit, ce nest pas une dame qui cherchele bouton de la lumire, ce nest pas un enfant qui cherche occuper ses mains

    Le suspense est de trs courte dure, lappel provient des tout derniers rangs de siges delavion. Dune voix assez ferme, jinvite toutes les personnes debout, qui mempchent depasser, se pousser rapidement et regagner leurs siges immdiatement, en passant parlautre alle. En une dizaine de secondes jai le champ libre, ceux qui ont travaill avec moisavent que, malgr une apparence assez discrte, je sais me faire obir lorsquil le faut Je

  • me prcipite vers le sige que mindique le panneau de contrle mon niveau, et, lorsquejarrive son niveau, une femme, que je devine vite terrorise, me dit dune toute petitevoix panique que son mari ne lui rpond plus, alors quil ne dormait pas. Son mari asemble-t-il fait un malaise. Je fais prvenir mes collgues et me prcipite pour lui porterassistance. La cabine est plonge dans le noir et lhomme est inconscient.

    Assis sur son sige, la tte penche sur le ct, en effet, il ne rpond ni sa femme ni moi lorsque je lui serre les mains pour valuer son tat de conscience. Je lui parle fort dansloreille et lui demande de serrer ma main. Il ne se passe rien, il ne mentend pas. Moncerveau mordonne de dplacer lhomme immdiatement pour lallonger sur le sol dugalley arrire, o jaurai plus de place pour une ventuelle ranimation. Il nest pasenvisageable de le faire en le laissant sur son sige, il y a trop de mtal et trop de contactsavec dautres personnes pour pouvoir utiliser le dfibrillateur en cas de besoin.

    Je suis en mode automatique, le stress a cet effet-l sur moi. Ma formation revient augalop dans ma tte et guide mes gestes. En premier lieu, il faut imprativement que jesoulve lhomme. Il doit bien fait 90 voire 100 kg, mais je sais comment lextraire de sonsige. Je suis forme pour a. Je glisse un bras dans son dos, lui croise les bras etcommence le soulever. Jy mets toutes mes forces, je sais que sa survie peut dpendre dela rapidit de mes mouvements.

    Je ne comprends pas, je ne soulve lhomme que sur 10 centimtres, impossible delextraire totalement. Je recommence en poussant sur mes cuisses. Rien, il ne bouge pasplus. Jai limpression de produire une force surhumaine, et quand jessaye une troisimefois, jentends une faible voix masculine qui me dit : Mademoiselle, a va beaucoupmieux, merci darrter dessayer de me soulever, jai ma ceinture !

  • FermireLors de lembarquement, lhtesse charge de laccueil la porte se retrouve en plein

    vent. De vritables bourrasques sengouffrent entre la passerelle et la porte o elle se tient.Ses cheveux, quelle porte au carr, semmlent en virevoltant. La seule solution quelletrouve afin de conserver un semblant dallure pour la suite de sa journe de travail est denouer sur ses cheveux le foulard de soie duniforme, aux couleurs de sa compagnie. FaonGrace Kelly, elle salue et indique les siges ses passagers du jour, quand un homme luienvoie : Je ne savais pas quils embauchaient des fermires, dans votre compagniearienne ! Et elle, sans se laisser impressionner, de lui rtorquer : Oui monsieur, depuisque nous transportons des bufs !

  • ConcidenceUne dame dun certain ge revient dun plerinage Rome. Elle a pass un excellent

    sjour et regarde par le hublot avec nostalgie le paysage dfiler en contrebas. Lesmontagnes enneiges sont superbes, on a limpression de presque pouvoir les toucher !Quel spectacle incroyable ! Cest divin, pense-t-elle Elle se demande quelle rgion elleest en train de survoler exactement, et pose la question au steward qui passe prs delle ce moment-l.

    Jeune homme, pouvez-vous me dire ce que nous survolons sil vous plat ? Mais avantque Cdric ait le temps douvrir la bouche pour lui rpondre, le commandant de bord faitune annonce : Madame, monsieur, ici votre commandant de bord, quelques informationssur notre vol : nous volons actuellement une altitude de 33 000 pieds et nous survolonsactuellement le nord des Alpes italiennes, plus prcisment la rgion des lacs. Je voussouhaite une excellente croisire.

    La vieille dame est abasourdie, et met quelques secondes bafouiller : Mais comment lecommandant de bord savait-il que je vous posais la question ? Cdric est interloqu parsa question, il ne sait que rpondre, presque mal laise ! Sa collgue, plus ancienne dans lacompagnie arienne, a plus de repartie et lui rpond immdiatement : Vous voyez,madame, dans chaque haut-parleur il y a un petit micro, et par souci de satisfaire notreclientle, le commandant coute toutes nos conversations. Vous avez pos une question,eh bien il vous rpond ! La passagre marque un temps darrt, surprise, se lve, puisdirigeant sa bouche vers le haut-parleur sexclame : Merci, commandant !

  • Le bon choixSur un vol Orly-Nice, lhtesse sert un monsieur dun certain ge trs lgant et lui

    demande en lui montrant les deux choix de gteaux, soit sal soit sucr, ce qui le tente. Ce quoi le passager rpond que ce ne sont pas les biscuits qui sont tentants

  • votre tour !Philippe jette un coup dil sa cabine avant daller fermer les coffres bagages encore

    ouverts avant que lavion ne commence rouler. Il aperoit une valise pose l, en pleinmilieu de lalle. Le passager assis ct, son propritaire semble-t-il, la laisse dans lepassage, et ne sen proccupe plus. Avant quil ait le temps de remonter la cabine jusqului, il voit sa collgue, une toute jeune femme, petite, adorable et dynamique, le sourirecommunicatif, arriver au niveau de la valise.

    Philippe est curieux et reste assez proche pour couter la conversation, quil pressentassez drle ! Lhtesse explique que, pour pouvoir partir, il faut imprativement que tousles bagages soient rangs, et que le monsieur doit maintenant mettre sa valise dans lecoffre. coutez, faites pas chier, je ny arrive pas ! Lhtesse, sans se dpartir de sonsourire, lui rtorque : Mais si regardez, si vous cartez les manteaux, cela rentreraparfaitement ! ... Et le passager mal aimable et trs impoli de lui rpondre : Puisque jevous ai dit que je ny arrivais pas, foutez-moi la paix !

    Sans se laisser impressionner, la collgue carte les manteaux, prend la valise du passager,et la range parfaitement dans le coffre bagages ! Tout en regardant le passagerrcalcitrant et odieux bien droit dans les yeux, parlant fort pour que tout le mondeentende, elle reprend la valise et la dpose aux pieds de son propritaire : Voil,monsieur, moi, jy suis arrive. vous maintenant !

  • Petite culotteLhtesse qui travaille au fond de lavion appelle Sonia, sa chef de cabine. Elle vient de

    terminer le service et se retrouve face une situation quelle ne peut grer. Elle ne sensent pas capable. La chef saura certainement mieux prendre les choses en main, ellecompte beaucoup sur elle ce moment prcis... Elle essaye de lui expliquer ce qui se passevia linterphone, mais elle rit tellement que cela est impossible !

    Intrigue par cette trange conversation, et comprenant malgr tout quon a besoin deson exprience pour rsoudre un problme avec une passagre, Sonia se rend larrire delavion, o se trouve sa collgue, toute rouge, qui suggre la passagre en question de luiexpliquer elle-mme les faits ! Sentant quelque chose de pas banal se profiler, elle luidemande de la suivre dans le galley pour lui raconter ce qui la tracasse.

    Elle comprend trs vite quelle a bien fait de se mettre lcart des oreilles indiscrtes,parce que, apparemment, la femme a un souci de culotte. Elle narrive pas la retirer etsemble lgrement panique ! Elle lui rvle sentir quelque chose qui bloque, qui lenempche La culotte ne veut pas descendre, elle est attache elle ! Sonia sent que lajeune femme est compltement dsempare, elle ne peut vraiment pas la laisser comme a !

    Voyant que la passagre nosera jamais demander de laide aux personnes quilaccompagnent, prfrant perdre sa dignit et se faire assister par le personnel de bord,elle lui propose de fermer le rideau de loffice, de demander lautre htesse dempcherqui que ce soit de passer le rideau, et va chercher des gants en latex dans la trousse pharmacie. Elle demande la jeune femme de sallonger sur la couverture quelle disposesur le sol, et dcarter les jambes aprs avoir t son pantalon.

    Aprs un examen attentif de lentrejambe de la dame, elle aperoit une petite boule depeau de presque un centimtre de diamtre, coince dans la dentelle de la culotte. Avec lefrottement, on dirait quelle a grossi, et cest certainement ce qui lempche de retirer sonsous-vtement La seule solution qui lui vient lesprit : dcouper la dentelle laide desciseaux bouts ronds disponibles dans la trousse pharmacie. Ses doigts tremblent unpeu, elle a peur de rater la dentelle et de blesser la dame

    Lopration ne prend que quelques secondes, et cest compltement soulage etdsolidarise de son sous-vtement que la passagre se rend aux toilettes, enfin ! Durant lereste du vol, ni Sonia ni lhtesse de larrire nauront le plaisir de recroiser le regard de lademoiselle. Celle-ci, remplie de honte sur son sige, regarde le sol avec application. Cest peine si elle osera dire au revoir en sortant de lavion, la pauvre...

  • Eau gazeuseLorsque lon voyage en classe affaires et que lon nest pas l pour travailler, on a envie de

    profiter du moment, de dcouvrir le service, de discuter avec lhtesse. On regarde lemenu propos, puis on feuillette le magazine offert par la compagnie. On choisit dans satte plusieurs produits dans le catalogue des ventes bord et on regarde un film sur lcranindividuel. Lorsque arrive le moment du repas, on savoure les mets disposs sur satablette.

    Le couple dge mr vient de terminer son entre, ctait vraiment dlicieux. Le pain taitpeut-tre un peu trop mou, mais la petite salade, les crevettes, cette sauce dlicate taient tomber ! Stphanie dessert lentre, enlve les assiettes puis propose le choix pour le platprincipal. Ils se sont mis daccord en dcouvrant le menu : le mari prendra la volaille etson pouse le poisson. De cette faon, ils pourront goter plusieurs plats et changer leursavis !

    Stphanie prsente les plats, trs apptissants, et les installe sur le plateau. Elle proposemaintenant les boissons pour accompagner les plats. Monsieur se laisse tenter par un verrede ce dlicieux bordeaux quil a dj pu apprcier avec son entre, mais Madame a peurdtre un peu sole. Elle prfre un verre deau gazeuse. Avant de se saisir de la bouteilledeau, lhtesse demande au mari sil en veut un verre galement.

    Ce dernier rigole en lui expliquant que, comme dit toujours son fils, leau, cest pour unusage externe seulement ! Tout en riant des bons mots de son passager, Stphaniedcapsule la bouteille deau gazeuse, et, lair pressuris de la cabine ayant fait son petiteffet, asperge compltement le pauvre homme ! Confuse et essayant de reprendre sesesprits aprs sa grande maladresse, elle sexcuse : Monsieur, je suis sincrement dsole,mais vous maviez demand de leau en usage externe, voil qui est fait !

  • Dong ! Dong ! Dong !Nous sommes formes et entranes reconnatre de faon auditive diffrents sons dans

    un avion. Il y a le fameux appel htesse , en forme de bonhomme, accessible depuis lesige, puis lappel toilettes, ou encore les alarmes de dpressurisation, de feu, de panne deventilation. Bien sr, tous ces sons nont pas le mme impact sur notre stress, lappelhtesse du sige tant le plus faible, lalarme incendie la plus importante !

    Ds le dong entendu, notre rflexe premier est de lever les yeux sur la barrette lumineuseprsente toutes les portes, daspect diffrent suivant les types davion. Un systme decouleur nous permet alors, visuellement, didentifier plus prcisment la gravit delalarme. Bleu pour les appels htesse, rouge pour les appels interphone, orange pour lesappels toilettes, tout ce qui clignote faisant partie des urgences.

    Lappel toilettes est un peu particulier, puisquen toute logique personne ne nousdemande de verre deau ou dinformation sur les correspondances depuis cet endroit.Nous considrons donc demble quil sagit dun problme de sant dun passager. Biensr, il y a souvent des erreurs, un bb sur sa table langer que a amuse, une personnequi cherche la chasse deau Mais quand mme, nous faisons au plus vite lorsque cela seproduit.

    Dong ! Ah voil, Sybille constate le premier appel toilettes du vol. Le temps de trouverde laquelle il sagit, elle frappe la porte, un homme lui rpond que tout va bien. Dong !Son collgue Fabien qui entend lappel se prcipite toutes affaires cessantes, il toque laporte pour savoir si tout va bien, une femme lui rpond que cest une erreur ! Dong ! Cettefois lhtesse et son collgue lvent les yeux ensemble, et constatant quil sagit toujoursdes mmes toilettes, dcident de sy rendre tous les deux.

    Dong ! Le temps quils arrivent sur les lieux, lappel retentit encore une fois, puis uneautre fois alors quils sont devant la porte. Aprs avoir une nouvelle fois frapp la porte,nentendant aucune rponse provenant de lintrieur, dun commun accord, ils dcidentdouvrir la porte depuis lextrieur, suspectant un problme de scurit plus importantquil ny parat Cest du srieux, le cockpit est prvenu par interphone, les collgues sontappels pour renfort.

    Cest ainsi que quatre PNC, arms dextincteurs, dun pied de biche et de cagoules deprotection respiratoire, se retrouvent devant les toilettes lorsque la porte est ouverte deforce. Le spectacle qui soffre eux est bien diffrent de celui auquel ils sattendaient : unejeune femme est assise sur la table langer, et un homme est debout face elle, dos aux

  • PNC, le pantalon baiss jusquaux chevilles. La passagre se met rire et tapote lpaule deson ami afin quil prenne conscience quils ne sont plus seuls ! Lorsque celui-ci se retourne,il est pris de panique et se retire immdiatement de sa partenaire, semmlant les piedsdans son pantalon en tentant de se rhabiller !

  • InsparablesDes clients farfelus, des clients fatigus, des clients heureux, des clients satisfaits, des

    clients exigeants, des clients aigris, des clients blass, des clients adorables, je pense quenseize ans jai d rencontrer peu prs tous les types de clientle possibles et imaginables.Enfin jen tais presque convaincue, jusqu ce quune de mes collgues me raconte unepetite histoire Et toutes mes convictions furent pulvrises en un instant !

    Ma collgue Christelle est son poste pour lembarquement de son vol, laccueil laporte dentre de lavion. Bonjour monsieur, bonjour madame ! Cest un momentimportant parce quil nous permet de sonder lambiance du vol venir, en fonction de lapersonnalit des gens que nous transportons et surtout de leur tat desprit ! Une petitephrase humoristiqu