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ATTRACTIVITÉ TERRITORIALE ET STRATÉGIES DE LOCALISATION DES FIRMES : LE TERRITOIRE CORSE PEUT-IL DEVENIR UN NOUVEL ÉDEN ? Christophe Storaï 1 Cappeddem, iut de Corté La citadelle 20250 Corté [email protected] Résumé : La notion de globalisation, largement galvaudée dans la littérature économique, a engendré simultanément de nouvelles pratiques de gestion organisationnelle des firmes multinationales et une recrudescence des formes de l’intégration économique régionale. L'objet de cette contribution consiste à analyser, à travers le prisme de l'économie globale, la prise en compte de l'environnement territorial dans la stratégie des firmes. D’une part, les spécificités de la régionalisation dans la globalisation semblent résulter moins d'un processus institutionnel ou d'accords politiques inter-gouvernementaux que du rôle catalyseur des firmes multinationales; et d’autre part, l'attractivité des territoires reposant sur une série d'avantages de localisation revêt une importance d'autant plus fondamentale que les firmes retiennent, comme territoires d'accueil de leurs investissements, uniquement ceux qui renforcent leur compétitivité. Dans l’économie globale, la flexibilité accrue des processus potentiels de délocalisation/relocalisation des activités remodèle ainsi sensiblement l'analyse des interactions entre les éléments du triptyque IDE-firmes multinationales-territoires d'accueil. C’est à la lumière de ces considérations que sera envisagée l’hypothèse selon laquelle le territoire corse pourrait devenir un nouvel éden en matière d’attractivité des IDE. 1 NDLR : Directeur de l’IUT de Corse

Attractivité territoriale et stratégies de localisation des firmes : le

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Attractivit territoriale et stratgies de localisation des firmes : le territoire corse peut-il devenir un nouvel den

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Attractivit territoriale et stratgies de localisation des firmes: le territoire corse peut-il devenir un nouvel den ?Christophe Stora

Cappeddem, iut de Cort

La citadelle

20250 Cort

[email protected]: La notion de globalisation, largement galvaude dans la littrature conomique, a engendr simultanment de nouvelles pratiques de gestion organisationnelle des firmes multinationales et une recrudescence des formes de lintgration conomique rgionale. L'objet de cette contribution consiste analyser, travers le prisme de l'conomie globale, la prise en compte de l'environnement territorial dans la stratgie des firmes. Dune part, les spcificits de la rgionalisation dans la globalisation semblent rsulter moins d'un processus institutionnel ou d'accords politiques inter-gouvernementaux que du rle catalyseur des firmes multinationales; et dautre part, l'attractivit des territoires reposant sur une srie d'avantages de localisation revt une importance d'autant plus fondamentale que les firmes retiennent, comme territoires d'accueil de leurs investissements, uniquement ceux qui renforcent leur comptitivit. Dans lconomie globale, la flexibilit accrue des processus potentiels de dlocalisation/relocalisation des activits remodle ainsi sensiblement l'analyse des interactions entre les lments du triptyque IDE-firmes multinationales-territoires d'accueil. Cest la lumire de ces considrations que sera envisage lhypothse selon laquelle le territoire corse pourrait devenir un nouvel den en matire dattractivit des IDE.

Mots-cl: Globalisation - rgionalisation - attractivit territoriale - stratgies dinvestissement des firmes multinationalesSummary: The concept of globalisation generated new practices of organisational management of the multinational firms. The object of this contribution consists in analyzing, through the prism of the total economy, the taking into account of the territorial environment in the strategy of the firms.

Attractivit territoriale et stratgies de localisation des firmes: le territoire corse peut-il devenir un nouvel den ?

Introduction

La notion de globalisation, largement galvaude dans la littrature conomique, reoit de multiples dfinitions trs souvent confuses pour interprter la nouvelle tendance de la mondialisation qui se dveloppe partir des annes 1980. A l'origine, ce concept a t rpandu dans l'analyse conomique internationale par les travaux de Levitt (1983), Porter (1986) et Doz (1986) concernant la gestion de l'organisation des firmes multinationales. Il caractrise les nouvelles conditions de la concurrence internationale au sein des divers marchs, dans lesquels les rivalits s'exercent dans une perspective globale au sens o les positions concurrentielles sur les marchs solvables sont fortement interdpendantes et se dterminent rciproquement.

La multiplication des publications sur ce sujet a confr au terme de globalisation un caractre simultanment gnrique et ambigu. En effet, ce phnomne de globalisation semble s'appliquer aussi bien l'environnement concurrentiel dans lequel les firmes oprent (globalisation d'un march, d'un secteur, d'un produit) qu'aux diverses modalits comportementales tablies par les entreprises dans ce contexte (globalisation des stratgies). Il est clair que les deux dimensions sont minemment lies, nanmoins il serait rducteur d'apprhender la globalisation simplement comme une nouvelle tape de l'internationalisation sans considrer l'interaction de deux paramtres. Le premier concerne l'accroissement de la mobilisation internationale des ressources: des facteurs de production nationaux et jusque-l relativement immobiles, en dpit de l'existence de firmes multinationales, deviennent plus mobiles. Le second a trait l'ampleur mondiale que prend le jeu concurrentiel, caractrise notamment par l'intgration fonctionnelle d'activits gographiquement disperses au sein des firmes multinationales.

L'objet de cette contribution consiste analyser, travers le prisme de l'conomie globale, la prise en compte de l'environnement territorial dans la stratgie des firmes. Nous procderons en trois tapes. La premire sera centre sur la dynamique des nouvelles configurations rgionales qui prside la spcificit de l'intgration conomique rgionale issue de la globalisation. La nouvelle perception du territoire qui en rsulte marque une rupture avec la conception de l'espace conomique relative la logique de l'conomie multinationale (Michalet, 1999a). La seconde sera consacre l'analyse des interactions entre les composantes du tripode IDE-firmes multinationales-territoires d'accueil. Il clair que tout de projet de localisation industrielle ncessite d'apprhender l'articulation entre le global et le local. Pour dsigner l'mergence simultane de la globalisation et de proccupations de dveloppement l'chelle locale en raction ce phnomne global, un concept nouveau est apparu au dbut des annes 1990: la glocalisation (Mair, 1991). Ce nologisme a conduit accorder une place particulire au territoire, dfini comme un espace enracin et appropri possdant des proprits que d'autres n'ont pas et qui ne peuvent gure s'exporter. Le territoire n'est plus un simple support de facteurs de localisation, mais un acteur possdant des modes de rgulation et d'organisation spcifiques (Savy et Veltz, 1995) que les firmes multinationales intgrent dans leurs stratgies d'IDE. A la lumire de ces considrations, la troisime tape sattachera considrer lhypothse selon laquelle le territoire corse pourrait devenir un nouvel den en matire dattractivit des IDE.

1. globalisation et nouvelles formes de rgionalisation

Les dcennies 1980 et 1990, qui ont vu natre puis se dvelopper l'conomie globale, ont t marques par une recrudescence des formes de l'intgration conomique rgionale. Une premire variante de la rgionalisation repose sur un modle analytique traditionnel prsent au dbut des annes 1950 par J. Viner et approfondi ensuite par B. Balassa.Celui-ci a servi de rfrence au projet de construction de la Communaut conomique europenne, tel qu'il apparat avec la signature du trait de Rome, puis approfondi par l'adoption de l'Acte Unique et dfinitivement finalis, la suite du trait de Maastricht, en Union europenne. Cette forme d'intgration rgionale a suscit d'autres expriences en matire d'union conomique comme l'illustre la cration du Mercosur en Amrique Latine.

1.1 Les spcificits de la rgionalisation dans la globalisation

Sans entrer dans une analyse approfondie des squences proposes par Viner et Balassa, il est ncessaire de prciser que le concept d'intgration conomique, partir de la formation de zones de libre-change puis d'unions douanires, est exclusivement centr sur l'intensification des flux d'changes de biens et des services induite par la suppression des droits de douane entre les partenaires des accords. Cette approche a, semble-t-il, perdu une partie sensible de sa porte analytique pour rendre compte des spcificits de la rgionalisation dans la globalisation.

D'une part, en ne considrant que les changes, la thorie des unions douanires se situe dans le cadre paradigmatique de l'conomie inter-nationale, ce qui exclut de son champ analytique la dimension propre aux nouvelles formes de l'intgration rgionale axe sur les flux d'investissements directs et de capitaux de mme que sur les rseaux internaliss de filiales de firmes multinationales; d'autre part, une des conditions pralables et fondamentales la russite de l'union douanire est l'homognit du niveau de dveloppement des partenaires. Or, l'largissement potentiel de l'Union europenne de nouveaux partenaires notamment les pays d'Europe centrale et orientale (peco), comme la vocation de l'Alna s'largir d'autres nations sud-amricaines constituent l'archtype d'une intgration conomique faisant abstraction de la condition d'homognit conomique et institutionnelle des futurs pays membres.

Il faut galement souligner une tendance grandissante l'intgration rgionale qui rsulte moins d'un processus institutionnel ou d'accords politiques inter-gouvernementaux que du rle catalyseur des firmes multinationales. De ce point de vue, l'exemple de l'Apec alliant les pays de l'Asean et les deux grandes nations industrielles du Pacifique, les Etats-Unis et le Japon, est symptomatique d'une rgionalisation fonde sur l'intensification des flux commerciaux et d'investissements directs entre les conomies rsultant des rseaux d'changes entre les filiales des firmes multinationales japonaises et nord-amricaines. Il semble donc que les stratgies des firmes faonnent spcifiquement l'intgration rgionale dans le cadre de la globalisation. Dans ce contexte, l'attractivit des territoires reposant sur une srie d'avantages de localisation revt une importance d'autant plus fondamentale que les firmes retiennent, comme territoires d'accueil de leurs investissements, uniquement ceux qui renforcent leur comptitivit.

1.2 Attractivit territoriale et stratgie globale des firmes multinationales

La globalisation a introduit de nouvelles rgles du jeu, la fois dans les stratgies d'investissement des firmes multinationales et dans la concurrence aigu s'exerant entre les territoires potentiellement attracteurs des implantations des entreprises. Depuis le milieu des annes 1980, les politiques de libralisation des activits conomiques gnralises une grande majorit des pays, indpendamment de leur niveau de dveloppement, la monte des mcanismes de march et de l'initiative prive relativement aux interventions des Etats et des entreprises publiques ont profondment remodel l'attitude des autorits gouvernementales l'gard des investissements trangers.

Une logique d'attraction des IDE s'est largement substitue aux politiques tatiques de restriction-rglementation des implantations des firmes trangres (Andreff, 1999). Dsormais, ce sont les choix stratgiques de localisation des firmes multinationales qui prfigurent la ralisation des retombes macroconomiques inhrentes aux investissements trangers dans un territoire d'accueil. En exacerbant la concurrence entre les firmes, la globalisation a galement engendr une nouvelle logique comportementale des acteurs concerns par cette nouvelle dynamique conomique. Les firmes multinationales dveloppent des stratgies directement mondiales et arbitrent entre les localisations de plusieurs territoires d'accueil potentiels.

En d'autres termes, la comptition inter-territoriale implique que l'attractivit d'un espace gographique ne peut tre conue sans prendre en compte les finalits des implantations l'tranger des entreprises. Dans la logique de la globalisation, la dialectique de l'attractivit repose invitablement sur une interaction entre des intrts micro et macroconomiques, d'o l'indispensable convergence entre les stratgies des firmes et les politiques conomiques gouvernementales.

Traditionnellement, l'analyse conomique retient une trilogie propre aux comportements stratgiques des entreprises en matire d'IDE:

- une stratgie primaire ou d'accs aux ressources naturelles du sol et du sous-sol;

- une stratgie horizontale ou de march;

- une stratgie verticale ou de minimisation des cots.

Il n'est pas dans notre intention d'approfondir la distinction formelle entre ces trois finalits de dcisions d'investissement, mais prcisment d'expliciter les choix de localisation des firmes dans le cadre de l'conomie globale. De manire gnrale, la stratgie d'accs aux ressources naturelles est assimile la recherche d'approvisionnements inexistants dans le pays d'origine, ou de meilleure qualit et/ou de moindre cot l'tranger. La stratgie de march vise produire d'une part, pour le territoire d'implantation, une gamme de biens qui reproduit intgralement ou partiellement celle de la maison-mre en fonction des caractristiques locales de la demande; et d'autre part, elle concerne des pays de niveau de dveloppement quivalent (les investissements considrs sont ici de type NordNord, croiss et intrabranches, d'o la qualification de stratgie horizontale). A l'inverse, la stratgie verticale rpond un objectif de rationalisation de la production et gnre des flux d'investissement de sens Nord-Sud dtermins par les divergences de niveau de dveloppement des nations partenaires, ce qui confre aux vagues d'investissement un caractre simultanment unilatral et intersectoriel.

Cette distinction conventionnelle entre les variantes comportementales des firmes en matire de stratgies d'IDE est sans doute valide dans la ralit jusqu'au milieu des annes 1980; toutefois, les faits styliss propres la globalisation rendent cet archtype sinon caduc du moins non systmatique. En effet, selon une enqute mene en 1997 par le Foreign Investment Advisory Service (FIAS) relative aux IDE raliss dans les pays de l' asean, les peco et les pays de pourtour mditerranen (ppm), il semble que fondamentalement les firmes suivent des stratgies transversales qui combinent, de faon alternative ou simultane, la recherche de sources d'approvisionnement fructueuses avec les avantages d'un march dynamique de grande taille et la minimisation des cots de production. Comme le prcise W. Andreff: "les stratgies globales, apparues dans certaines FMN depuis une quinzaine d'annes, ont plusieurs caractristiques, la premire d'entre elles tant prcisment que la FMN joue systmatiquement sur les trois stratgies, en fonction () de ses contraintes microconomiques propres () de l'tat des marchs nationaux et mondiaux, et des localisations avantageuses qui se prsentent elle, sinon tout instant, du moins au moment de chaque dcision stratgique."(Andreff, 1999,p. 402).

Dans l'conomie globale, les firmes multinationales sont simultanment plus slectives dans les choix de localisation de leurs activits financires, commerciales ou productives, et plus crdibles dans la capacit dterritorialiser leurs investissements et leurs implantations. La flexibilit accrue des processus potentiels de dlocalisation/relocalisation des activits remodle ainsi sensiblement l'analyse des interactions entre les lments du triptyque IDE-firmes multinationales-territoires d'accueil.

2. IDE-firmes multinationales-territoires d'accueil: une interaction complexe dans la globalisation

Tout en oprant une rupture pistmologique forte avec les fondements thoriques traditionnels de la spcialisation internationale, la globalisation rhabilite un concept typiquement smithien en matire d'change international: celui de l'avantage absolu. En effet, pour tre retenus comme lieux d'implantation des IDE, les territoires doivent rpondre favorablement et intgralement un certain nombre d'avantages de localisation requis par les firmes multinationales. En d'autres termes, plus les offres des territoires et les demandes des firmes seront en adquation, moins les IDE seront volatiles. La dialectique attractivit des territoires/comptitivit des firmes repose sur une vision dynamique de cet adage.

2.1 Avantages comptitifs des firmes et avantages absolus des territoires

Les avantages comptitifs chers M. Porter peuvent provenir de deux sources: celles qui rduisent les cots de production (innovations technologiques ou cots des facteurs de production) et celles qui permettent la diffrenciation des produits (marques, publicit, concurrence monopolistique). Dans l'conomie globale, la comptitivit des firmes s'analyse comme la prdisposition de ces dernires conqurir des parts du march mondial dans un contexte concurrentiel typiquement oligopolistique largement propice une interdpendance globale entre les acteurs d'un mme secteur d'activits (Chesnais, 1994). De ce point de vue, la coexistence des concepts de firme-rseau et de rseau de firmes gnre des firmes multinationales de type global (Guilhon, 1998), qui organisent verticalement leurs implantations et leurs filiales trangres en une chane internationalement intgre (Savary, 1993) et s'intgrent elles-mmes dans des rseaux d'alliance avec d'autres firmes multinationales. Ces alliances stratgiques, nouvelles formes d'investissement international typiques de deux dernires dcennies du XX me sicle, ont engendr des comportements de coopration/concurrence -dans un environnement ou les frontires des secteurs, des groupes, et des firmes sont mouvantes- illustratifs de la thorie des jeux stratgiques (Combe et Mucchielli, 2001).

Les avantages absolus de localisation implmentent l'attractivit des territoires susceptibles de rpondre aux besoins et aux attentes des investisseurs potentiels. Tout espace gographique dsireux d'attirer des IDE se doit de mettre en place une politique conomique multidimensionnelle mme de susciter ces avantages absolus de territorialisation. Bien videmment, la dynamique de l'attractivit se doit d'tre conue progressivement selon un archtype organisationnel permettant, au pralable, de lisser un cadre macroconomique et institutionnel favorable la qualit de l'environnement des entreprises. Les investisseurs s'efforant de rduire l'incertitude et les cots de transaction relatifs leurs projets de localisation, il est prpondrant, pour un territoire, de privilgier une logique liminaire de pr-requis prfigurant la crdibilit de toute stratgie de promotion des investissements. En adoptant une stratgie globale, les firmes multinationales mettent, d'une part, les territoires potentiels d'accueil en situation de concurrence accrue; et d'autre part, elles acquirent un pouvoir d'mancipation l'gard de l'espace gographique et conomique de localisation.

2.2. Attractivit, promotion des ide et souverainet des firmes en matire de localisation

L'attractivit d'une nation (ou d'une rgion) concerne fondamentalement la capacit d'un territoire (national ou rgional) attirer les investissements trangers et locaux. Pour tre ainsi retenu comme lieu de localisation virtuel, le territoire devra pralablement satisfaire des pr-conditions macroconomiques permettant l'investisseur d'valuer la rentabilit de son projet d'implantation et la confronter avec celle qu'il peut obtenir dans d'autres localisations possibles. Autrement dit, il est ncessaire qu'un ensemble cibl de variables soit suffisamment lisible pour pouvoir analyser l'environnement gnral des affaires. Parmi les informations requises, celles ayant trait la soutenabilit d'un rgime conomique et politique stable, de mme que celles prcisant les modalits du climat des investissements semblent les plus prises. Toutefois, ces considrations sont loin d'tre exhaustives, comme le prcise C. A. Michalet: "ils (les investisseurs) privilgient les pays qui suivent une politique conomique librale, favorable l'conomie de march, ouverte sur l'extrieur car ils craignent que les dcisions discrtionnaires des gouvernements et de leurs administrations. L'existence de programmes de privatisation constitue un signal positif, non seulement parce qu'ils ouvrent des opportunits d'investissement, mais aussi, parce qu'ils manifestent clairement une orientation politique favorable l'initiative prive." (Michalet, 1999b, pp.392-393).Une fois tablies ces conditions pr-requises, le territoire s'efforcera de promouvoir l'existence de facteurs dterminants susceptibles de crdibiliser son attractivit.

2.2.1. L'attractivit: une notion pluridimensionnelle

Il est possible de reprer plusieurs dimensions indispensables l'attractivit territoriale qui refltent les priorits incompressibles des investisseurs potentiels dans l'optique d'une implantation durable. En premier lieu, l'avantage de localisation relatif la taille du march et ses perspectives de croissance anticipe revt une importance majeure pour les firmes. Ce constat de la primaut du march, mis en exergue par l'enqute prcite du FIAS, suscite quelques commentaires additionnels. En effet, la globalisation a gnr un cadre conceptuel inhrent au march bien diffrent de la configuration analytique marchande typique du paradigme de l'conomie multi-nationale. Les firmes globales conoivent des stratgies en rfrence non plus un march multi-domestique, mais une zone marchande intgre dans un processus de rgionalisation. La forte attractivit de certains pays de l'asean (la Thalande et la Malaisie), en confirmant la logique stratgique transversale des IDE globaux, est parfaitement caractristique de cette nouvelle tendance conceptuelle de l'organisation de la production et des changes dans la globalisation. L'optimisation de la production dlocalise est envisage dans un espace gographique largi dans l'optique de tirer profit des diffrents potentiels nationaux en termes d'offre (cots) et de demande (Fabry et Maximin,1997)

En second lieu, eu gard au degr croissant de sophistication des technologies incorpores dans les procds de production utilises par les firmes multinationales, la disponibilit d'une main d'uvre qualifie associe l'existence d'un tissu industriel local performant constituent un autre dterminant fondamental de l'attractivit d'un territoire d'accueil des IDE. C'est prcisment la qualit du capital humain (bon niveau d'exprience et de formation initiale des ingnieurs, des cadres et autres techniciens suprieurs ) qui confre un avantage comparatif indniable aux peco en matire d'attraction des investisseurs trangers (Andreff,1997; Drouet, 1999).

Enfin, dans la perspective accrue des spcificits de l'organisation globale des firmes, l'efficience des rseaux d'infrastructures informationnelles et communicationnelles (tlcommunications et systme des transports) revt une importance cruciale. L'espace internalis de la firme repose sur une circulation "en flux tendus" des capitaux, des informations, des produits et des hommes entre les filiales implantes dans une grande diversit de nations. Cette dimension de la gestion des firmes multinationales est d'autant plus fondamentale, qu' la fin de la dcennie 1990, la part des changes internationaux intra-firme dans le commerce mondial global avoisinait le pourcentage de 40% (ONU, 1999). En dfinitive, l'attractivit d'un territoire recoupe sensiblement l'ide de diamant de l'avantage national selon Porter (Porter, 1990, p.72). Il est clair que la capacit de polarisation des IDE d'un espace gographique dtermin est largement dpendante de sa propension satisfaire les diffrents aspects de la stratgie globale des firmes (ibid, pp.607-613).

2.2.2 La dynamique de promotion des IDE

Toutefois, la dynamique d'attractivit d'une nation n'est pas un deus ex machina; elle est volutive et se construit par des politiques publiques de promotion des investissements trangers. La construction et/ou la valorisation des avantages de localisation repose sur quatre paramtres essentiels: les services allous aux investisseurs, la promotion cible de ces investisseurs, le systme d'incitations financires et l'image du territoire (Michalet, 1999a). Il entre moins dans notre dmarche d'expliciter exhaustivement ces champs d'action essentiels que d'en saisir la logique globale afin de promouvoir une trame gnrale d'attractivit territoriale prenne.

L'conomie globale a gnr un processus mondial de libralisation des initiatives d'accueil de l'IDE (UNCTAD, 1994); paralllement, une tendance la surenchre, mene par les Etats, quant aux avantages institutionnels, fiscaux et financiers fournis aux investisseurs trangers a t notoirement observe. Cette conception qui conduit considrer les incitations comme la panace en matire d'attraction des investissements est largement inefficiente. D'une part, une grande majorit des tudes empiriques consacres ce sujet montre manifestement que la prsence d'un systme d'incitation n'est qu'au mieux un dterminant subalterne influenant la dcision d'investir l'tranger (UNCTAD, 1995); et d'autre part, une firme multinationale tend privilgier l'valuation de la rentabilit conomique et non financire d'un projet de localisation. Ce faisant, l'existence d'exonrations fiscales et autres aides financires est ngligeable pour l'investisseur, puisque sa dure effective (traditionnellement 3 5ans) est fondamentalement plus courte que la temporalit prsage de l'apprciation de l'implantation (gnralement le moyen-long terme).

Au risque d'engendrer des dpenses publiques irrversibles, toute politique d'attractivit territoriale doit, semble-t-il, s'vertuer conjuguer les critres propres la crdibilit et la lisibilit du climat d'investissement local. En d'autres termes, les agences de promotion des investissements (API) ont dvelopper des techniques de construction de l'attractivit d'un territoire qui relvent d'une dmarche typique de marketing. A cet gard, il serait judicieux de distinguer la nature des services allous aux investisseurs, en dissociant notamment les phases pralable et postrieure l'investissement. En effet, mme si l'objectif cibl de ces services concerne la minimisation des cots de transaction dans la recherche d'une localisation optimale pour les implantations des firmes, il n'en demeure pas moins que cette distinction temporelle est essentielle plusieurs titres. D'abord, une part croissante des IDE est constitue par l'extension d'infrastructures existantes finances particulirement par des rinvestissements locaux des bnfices nationaux ou par emprunts rgionaux.De plus, si les API ont un rle primordial d'interface entre les investisseurs potentiels et l'administration (notamment en fournissant simultanment les informations normalises sur l'conomie et la lgislation du territoire d'accueil de mme que les renseignements spcifiques relatifs des domaines d'activits prcis facilitant la prise de dcision), elles doivent galement sonder les firmes trangres dj installes propos de leur niveau de satisfaction et de leurs futurs projets. Enfin, cette double dmarche permet non seulement de synthtiser les avantages de localisation de l'espace gographique considr, mais galement elle confre aux API une fonction de conseil en amnagement de l'environnement des entreprises dans l'optique sous-jacente de renforcement de l'attractivit du territoire.

La promotion de l'image de ce dernier sera ainsi largement argumente et apparatra d'autant plus crdible que les pouvoirs publics auront bien pris soin de remplir les conditions pr-requises et ncessaires toute politique visant faonner l'attractivit territoriale.2.2.3 La souverainet des firmes en matire de localisation

La libralisation des politiques conomiques en matire d'attraction des IDE a manifestement modifi les rapports qu'entretiennent les firmes multinationales avec la gographie conomique des territoires de localisation. Si jusqu'au milieu des annes 1980, les variantes comportementales des firmes, eu gard la nature (primaire, horizontale ou verticale)de la stratgie de dlocalisation adopte, taient trs sensibles aux politiques tatiques plutt restrictives dans l'accueil des IDE; il semble que "les firmes globales peuvent tre considres comme disposant priori, d'une libert presque totale de choix des lieux d'implantation des activits" (Rainelli,1999,p.74). Outre le fait que les entreprises acquirent, en recourant frquemment la commutation (dlocalisation, relocalisation) de leurs units de production au niveau mondial, un pouvoir d'mancipation vis vis des espaces gographiques et conomiques d'implantation; le recours massif aux diverses modalits d'alliances stratgiques (Combe et Mucchielli, 2001) attribue aux firmes une capacit neutraliser l'importance de la variable localisation des investissements l'tranger. D'ailleurs, cette dernire thmatique associe celles des conomies d'agglomration a inspir, au dbut des annes 1990, la naissance d'un nouveau courant analytique qualifi de gographie conomique (Krugman, 1991).

En dfinitive, la globalisation a gnr une tendance croissante la conception de stratgies impulsant progressivement les potentialits de dterritorialisation des firmes multinationales en desserrant le lien entre les IDE et les territoires d'accueil. Ces faits styliss ont d'ailleurs profondment remodel la dialectique fonde sur le pouvoir de ngociation entre les firmes multinationales globales et les pouvoirs publics locaux. S'il apparat assez clairement que celles-ci ont acquis une capacit flexibiliser l'attitude des autorits tatiques ayant force de loi sur un espace gographique donn, il ne faut pas pour autant conclure la dsutude de la thorie du pouvoir de ngociation au regard de la vague de libralisation et de promotion des IDE engage depuis le milieu des annes 80 et soutenue par les organisations internationales (Combe et Mucchielli, 1998). En effet, les restrictions juridiques aux IDE n'ont plus cours de nos jours dans les nations occidentales, tandis que les pays du Sud ont notoirement assoupli leur lgislation; mais il n'en demeure pas moins que les mesures juridiques ne rendent pas totalement compte du phnomne des obstacles aux IDE: bon nombre de pays (en Europe, en Asie comme en Amrique de Nord) ayant maintenu de facto des cueils aux investissements directs (normes de contenu local, protection des droits de proprit intellectuelle) relevant des Trade Related Investment Measures (ou TRIMs). De ce point de vue, la thorie du pouvoir de ngociation apprhende justement ces restrictions comme le rsultat d'un compromis entre les prfrences des firmes multinationales et celles des territoires htes.

A la lumire de ces considrations, il reste considrer lhypothse selon laquelle le territoire corse pourrait devenir un nouvel espace de polarisation des IDE dans la rgion euro-mditerrannne.

3. Quelle attractivit pour le territoire corse dans lespace euro-mditerrannen?

Le territoire corse prsente un certain nombre de spcificits gographiques, historiques, institutionnelles et fiscales quil convient dvoquer au pralable de toute perspective analytique relative son attractivit.

3.1. La contextualisation du territoire corse

Situe au centre du golfe de Gnes, au cur mme de larc mditerranen dfini par lUnion europenne, lIle de Beaut a t rige en collectivit territoriale de la rpublique franaise par la loi du 13 mai 1991. La Corse est ainsi dote dun statut particulier qui lui confre des comptences et des pouvoirs spcifiques concernant:

- le dveloppement conomique, la fiscalit, lagriculture, la fort, le tourisme, lhabitat, lnergie, les transports, lducation, lenseignement superieur, la recherche, la formation professionnelle, les constructios solaires et universitaires et lamnagement du terrtoire;

- la protection de lenvironnement, le dveloppement local;

- le dveloppement de la langue et de la culture corses;

- la diffusion artistique et culturelle, lenseignement artisitique;

- la conservation des monuments historiques nappartenant pas lEtat.

En outre, la Collectivit Territoriale de Corse (C.T.C.) dispose dune comptence particulire avec le transfert de la voirie nationale dans son patrimoine (construction, amnagement, entretien et gestion de la voirie classe nationale) et se substitue lEtat pour la dfinition des grandes orientations et les modalits dorganisation des transports maritimes et ariens entre lle et toute destination de la France continentale. Enfin, la C.T.C. est charge de llaboration de deux documents essentiels:

- le Plan de dveloppement, qui dtemine les objectifs moyen et long terme du dveloppement conomique, social et culturel de lle, auquel sont associs deux outils de programmation financire: le Contrat de Plan Etat-Rgion (CPER) et le document unique de programmation (DOCUP) permettant la mise en uvre complmntaire des crdits europens;

- le Schma damnagement qui dfinit les orientations fondamentales en matire damnagement de lespace, de protection et de mise en valeur du territoire insulaire.

De ce point de vue, eu gard aux handicaps lis linsularit et une situation notoire de retard de dveloppement, la Corse relve dune zone europenne dobjectif 1 et bnficie, ce titre, des fonds structurels communautaires tout en jouissant de deux dispositifs spcifiques: un systme fiscal et une zone franche. Il entre moins dans notre analyse den dessiner les contours et den prciser les modalits que den apprcier limpact sur le dveloppement conomique insulaire et sur lattractivit du territoire corse.

Il convient nanmoins de souligner que les particularits fiscales de la Corse trouvent leur origine dans des textes qui datent du Consulat et du Premier Empire: les arrts Miot du 10.6.1801 et larticle16 du dcret imprial du 24.04.1811. Depuis, le lgislateur et la jurisprudence ont confirm et amplifi cette spcificit. La loi n94-1131 du 27.12.1994, portant statut fiscal de la Corse, a maintenu les dispositions antrieures et en a dict de nouvelles destines favoriser les entreprises, en complment de la loi dorientation et damnagement du territoire. Parmi les mesures les plus caractristiques, citons les diverses exonrations financires relatives :

- limpt sur les socits, concernant -sur une priode de 8 ans- les entreprises cres en Corse aprs le 1.1.1988 et avant le 1.1.1999, dans les secteurs de lindustrie, de lhtellerie, du BTP et de lartisanat;

- la taxe professionnelle: suppression des parts perues au profit des dpartements et de la rgion, abattement de 25% sur la part destine aux communes.

Cest dans un contexte dactivit conomique exsangue et dans le droit fil du statut fiscal de 1994 que la Corse fut rige en zone franche, pour une priode de 5 ans, compter du 1er janvier 1997. Cette mesure, au spectre trs large et original, combine aux dispositifs existants sest matrialise notamment par lexonration de bnfices, de taxe professionnelle et de rductions de cotisations sociales.

Pour un cot annuel oscillant autour de 67,5 millions deuros (environ 450 millions de francs), la zone franche insulaire a gnr des rsultats conomiques assez contrasts. En effet, si cette dernire a pu constituer une vritable manne doxygne pour les entreprises locales soucieuses de reconstituer leurs fonds propres ralentissant notablement le cycle de dpts de bilans; en revanche, force est de constater quelle na pas exerc leffet dattraction potentiel vers les investisseurs continentaux. Daucuns prdisaient a priori linefficience de la zone franche parce que celle-ci procdait dune volont unilatrale du chef du gouvernement franais (A. Jupp) sans consultation des lus corses. Quen sera-t-il de la loi relative la Corse, adopte le 18 dcembre 2001, instituant en particulier de nouvelles mesures fiscales et sociales en faveur de linvestissement (article 48), ainsi quun Programme Exceptionnel dInvestissement (PEI) (article 53)?

3.2. Une politique publique dattractivit territoriale en qute de fondement

Fruit dune longue concertation programme entre le gouvernement franais dirig par L. Jospin et les lus territoriaux insulaires, la loi relative la Corse est entre rcemment dans les faits. Au travers de cette circonstance exceptionnelle, un PEI a t adopt, pour une dure de 15 ans, afin daider la Corse surmonter les handicaps naturels que constituent son relief et son insularit, et pour rsorber son dficit structurel en matire dquipements et de services collectifs. Les modalits de mise en oeuvre de ce dispositif exceptionnel ont fait lobjet dune convention conclue entre lEtat et la C.T.C., en coordination avec les objectifs du CPER et ceux de la programmation des fonds structurels europens. Le cot total du PEI (1,98 milliard d euros: environ 13 milliards de francs) sera financ par lEtat hauteur de 70%.

Il appartient dsormais aux lus dterminer les objectifs de ce programme, oprer des choix pertinents en matire de dveloppement, apprcier judicieusement les besoins insulaires prioritaires tout en anticipant les volutions de la Corse long terme.

Deux principaux dangers guettent la mise en place de ce PEI: il serait dommageable dune part, de raisonner dans une logique de saupoudrage des fonds obtenus; et dautre part, de considrer ces derniers comme un complment au CPER et au DOCUP, sur des oprations dj cibles.

Bien au contraire, apparaissant comme un lieu privilgi du dialogue et des ngociations entre la Corse et lEtat, le PEI doit constituer lossature dune politique publique dattractivit du territoire corse. En dautres termes, comment faonner, au sein dune zone conomique euro-mditrrannenne en pleine expansion, limage dun espace gographique insulaire susceptible de devenir un authentique lieu de polarisation des IDE, un vritable den pour les firmes?

Pour susciter une dcision dinvestir, une politique publique ne doit pas se limiter des mesures discrtionnaires favorisant limplantation spcifique dun type particulier dentreprises, mais doit plutt chercher crer des conditions gnrales favorables (infrastructures matrielle et immatrielle) centres sur les comptences des acteurs oprant sur le territoire, sans ngliger les dynamiques productives mergeant des capacits dorganisation, dinnovation et de coopration.

Il semble fondamentalement moins important dattirer, aveuglement, des investisseurs trangers, que de crer un contexte pour que ceux-ci se sdentarisent grce aux cooprations tablies avec lentreprenariat local. Aussi, la construction de partenariats entre capitaux extrieurs et capitaux locaux, la promotion du dynamisme des entreprises insulaires font partie intgrante dune politique publique contextuelle ou environnementale dattractivit territoriale.

Cest dans cette optique quil convient de concevoir les nouvelles mesures fiscales et sociales en faveur de linvestissement prvues par la loi relative la Corse. Le panel dincitations, prenant le relais de la zone franche, institue jusquau 31 dcembre 2012un plan daides fiscales, susceptible dencourager linvestissement dans les entreprises et donc la cration dactivits et demplois dans les secteurs prioritaires de lconomie insulaire. Une logique de projet par opposition une prcdente dynamique de guichet devrait donc stimuler le dveloppement conomique corse.

Conclusion

La dynamique de la globalisation a gnr de profondes volutions structurelles modifiant ostensiblement la nature des firmes multinationales, la conception de l'Etat et la configuration des territoires. La notion d'attractivit territoriale revt une importance d'autant plus majeure qu'elle reste naturellement cible sur la problmatique du dveloppement local (Pecqueur, 2000). L'amnagement et le dveloppement durable du territoire suscitent un processus d'adaptation aux perspectives de l'conomie globale. Comme l'a soulign la Datar, "la comptition mondiale impose la solidarit locale source d'conomies externes. La comptition internationale renforce la vocation conomique des bassins d'emplois qui se spcialisent progressivement dans des secteurs et des filires: l'Italie, l'Allemagne, le Danemark, ou les Etats-Unis ont ouvert la voie avec les districts industriels et les systmes productifs locaux, dont la Silicon Valley est l'exemple emblmatique. Crons en France des "territoires-entreprises". Cette profession de foi, au-del de son rle de slogan, renvoie intuitivement un questionnement centr sur le concept d'offre d'implantation.

Le marketing territorial mobilise une diversit d'acteurs (mairies, conseils gnraux, conseils rgionaux, agences de dveloppement) susceptibles de contribuer l'laboration de l'offre, pour un projet de localisation d'une firme (Texier, 1999). La coordination des contributions des diffrents "offreurs" devient trs vite problmatique en raison de l'absence d'un protagoniste particulier du territoire, comptent dans l'organisation collective de l'ensemble des caractristiques de l'offre d'implantation et capable d'impulser une approche globale de la notion d'attractivit territoriale. En d'autres termes, la distinction entre le choix du site et celui du territoire de localisation doit s'inscrire dans une dmarche de rflexion d'ensemble de marketing territorial dans laquelle les autorits publiques, en charge du dveloppement conomique local, oeuvreront mettre en place une structure lgitime et coordonnatrice des diverses initiatives des acteurs (ibid, pp.1025-1027).

Comme nous l'avons prcdemment soulign, le choix de localisation des IDE est moins dtermin par les cots daccs aux facteurs de production, les subventions et autres avantages fiscaux que par les capacits existantes, pralablement, dans le systme productif dans lequel il est envisag de simplanter (capacits directes de production, mais galement qualit spcifique de lenvironnement). En conomie ouverte, les dterminants des IDE rsultent, en dernire analyse, de lexistence pralable de comportements locaux favorables la production complexe et lvolution rapide, autant qu lesprit dentreprise classique: lensemble de ces caractristiques dynamiques pouvant tre agrg sous le concept de comptences. Une politique publique dattractivit territoriale ne peut donc plus se limiter une srie daides gnriques apportes aveuglement tout investisseur tranger susceptible de simplanter localement. Bien au contraire, celle-ci doit envisager de construire et de promouvoir des avantages spcifiques pour le territoire: savoir, faonner un environnement dot de rgles incitatives et favorables la coopration, la formation continue et aux flux dinformation diversifis accessibles tous.

Ds lors, il appartient aux lus insulaires dorienter la Corse sur la voie dun amnagement territorial harmonieux et dinciter ses acteurs professionnels (structures de formation et entreprises) une dmarche qualit. Gageons que cette proposition ne relve pas dun vu pieux.Bibliographieandreff w. (1996a), Les multinationales globales, La Dcouverte, Paris.

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NDLR: Directeur de lIUT de Corse

Notons que la globalisation, qui merge galement dans la sphre financire, s'accompagne d'une forme d'hgmonie des conceptions no-librales en matire d'attraction des investissements directs trangers (IDE) (Andreff, 1999)

La globalisation a galement engendr un changement dans l'organisation des secteurs productifs nationaux. Aux structures de types "secteurs-filires" strictement nationaux se sont substitus des systmes complexes d'oprateurs industriels en totale interaction, pour lesquels les frontires nationales n'ont plus gure de sens, et dans lesquels les positions des acteurs sont irrmdiablement interdpendantes.

Dans ses travaux relatifs l'attraction des IDE, C.A. Michalet considre trois logiques conomiques eu gard la coexistence des modalits prdominantes de la mondialisation: changes internationaux des biens et services, flux d'IDE et circulation des capitaux."La logique de l'conomie inter-nationale a pour objet d'expliquer les changes de biens et services entre les Etats-Nations. Sa position dominante dans l'analyse de la mondialisation s'est tendue sur une priode allant des dbuts du capitalisme, jusqu'au milieu des annes 1960." (Michalet, 1999a, p.19)."La nouvelle figure dominante de la mondialisation, l'conomie multi-nationale, merge partir du dbut des annes 1960. Elle va privilgier la dimension des flux d'investissement direct l'tranger et la mobilit des activits productives des firmes d'un territoire l'autre." (ibid, p. 24)"La logique de l'conomie globale comme nouvelle configuration de la mondialisation s'impose partir du dbut des annes quatre-vingts. Elle s'accompagne gnralement de la rduction des mesures protectionnistes et de l'adoption de modles de dveloppement fonds sur la promotion des exportations qui liminent ceux qui donnaient la priorit la substitution aux importations. Elle est aussi renforce par le renouveau de l'intgration rgionale." (Ibid, p.32).

Cf. J. Viner (1950) et B. Balassa (1961).

Au sens de Michalet, Cf. supra note 3.

La condition de similarit du dveloppement des conomies partenaires reposant sur l'hypothse, largement vrifie dans la ralit, que les changes multilatraux entre les pays sont d'autant plus intenses que les carts dans les revenus par tte sont faibles.

Comme le note Michalet, La dialectique a chang: "Avec la globalisation, les firmes mettent dsormais les territoires en concurrence les uns avec les autres en fonction de leur recherche de comptitivit maximale, alors que dans la multinationalisation, c'taient les gouvernements et les administrations qui slectionnaient les "bons" projets d'investissement proposs par les firmes, en fonction de leurs priorits moyen-long terme."(Michalet, 1999b, p.387).

Elles sont d'ailleurs qualifies de "multinationales globales" (Andreff, 1996a).

De nombreuses publications facilement accessibles ont t consacres cet effet, Cf. par exemple, Michalet (1998), Mucchielli (1998), Markusen (1995).

Cette opposition didactique entre les IDE horizontaux et verticaux renvoie la distinction dsormais acadmique entre les filiales-relais et les filiales-ateliers chre M. Delapierre et C.A. Michalet (Delapierre et Michalet, 1976): les premires illustrant les caractristiques de la spcialisation internationale intrabranche fonde sur les marchs imparfaits, alors que les secondes gnrent une localisation des IDE centre sur la diffrenciation des dotations en facteurs dans la tradition de la spcialisation inter-sectorielle propre la thorie heckscher- ohlinienne du commerce international.

Cf. Michalet (1997), le FIAS est un dpartement conjoint de la Banque Mondiale et de la Socit Financire Internationale qui a men une tude concernant les flux d'IDE raliss par une centaine de multinationales nord-amricaines, japonaises et europennes dans plusieurs secteurs d'activits (chimie, lectronique, matriel lectrique, tlcommunications, textile-confection, construction automobile, htellerie,..).

Cf. Les modles thoriques ricardien et heckscher-olhinien de l'change international.

Cf. M. Porter (1988)

Notons que, compte tenu du caractre pluridimensionnel de la globalisation, la mise en uvre d'une politique d'attractivit territoriale se voudra uniforme l'gard de la nationalit des investisseurs: la discrimination entre les firmes locales et trangres devenant insignifiante dans le contexte de l'conomie globale.

Andreff considre que "certaines firmes deviennent compltement footloose ("libres comme l'air") en matire de localisation" (Andreff, 1999, p.407).

Cette vraisemblance des paramtres fondamentaux de l'attractivit du territoire augurera de sa capacit figurer, selon l'expression emprunte C.A. Michalet, sur " la short list" des investisseurs.

La rgionalisation regroupe des Etats-Nations dans des ensembles politiques ou conomiques plus ou moins fdrs. Plus prcisment, "l'intgration rgionale lie des pays gographiquement proches entre lesquels les relations conomiques tendent s'affranchir des frontires politiques pour favoriser la formation de marchs intgrs" (Siron, 2000, p.3)

Bien videmment, la globalisation n'a pas condamn l'existence de nombreux secteurs productifs intensifs en main d'uvre peu qualifie (la chaussure, les jouets). Toutefois dans ces derniers, la thorie clectique, chre Dunning, nous enseigne que les dlocalisations s'effectuent sous formes de ventes de licence et/ou d'accord de sous-traitance (Dunning, 1988).

Le lecteur intress par un dveloppement exhaustif des techniques de promotion des investissements trangers pourra se rfrer aux travaux de C.A. Michalet, cf. (Michalet,1999a, chapitre3).

Il s'agit d'un processus incluant la suppression des mesures discriminatoires l'gard de l'IDE qui distordent le march, l'attnuation ou l'limination des restrictions, ainsi que des incitations spciales l'IDE par les gouvernements, l'tablissement de rgles favorables de traitement et de protection des filiales trangres.

Ces mouvements d'investissements sans transfert international de capitaux conduisent penser que les flux d'IDE dpassent, dans tous les pays, les statistiques issues des balances des paiements.

Cf. supra, point I.2

Cette ralit plaait les firmes multinationales dans un rapport de dpendance vis vis des lieux d'implantation gographique dtermins (Andreff,1996b)

En tant lorigine de travaux spcifiques appliqus aux implantations ltranger des firmes multinationales, ce nouveau courant analytique impulse un renouveau de lanalyse conjointe de lconomie rgionale et internationale.

Littralement, les mesures concernant les investissements qui influencent le commerce international.

La Corse est dote dune superficie de 8681 km2 et dploie ses 1047 km de cotes sur 183 km de long et 84 km de large.

Le F.E.O.G.A. pour lagriculture, le F.E.D.E.R. pour le dveloppement conomique et le F.S.E. pour la formation.

Le lecteur intress par la teneur du statut fiscal et de la zone franche relatifs la Corse peut se rfrer la note de synthse sur le systme fiscal de la Corse disponible sur le site Eurisles Corse:http://www.eurisles.com/fiscalit/fiscalit/corse/fisc.htm.

Plus prcisment, les entreprises ont bnfici dune exonration dimpts sur les bnfices (dans la limite de 400 000 francs par priode de 12 mois), de taxe professionnelle (dans la limite de 3 millions de francs de base nette); tandis quau plan social, les cotisations patronales de scurit sociales ont fait lobjet -pour les salaris du secteur priv employs en Corse- dune ristourne de 1500 francs linairement dgressive de 1 2 fois le SMIC.

Le lecteur soucieux de connatre la teneur de cette loi pourra se rfrer au texte adopt n 751 petite loi ASSEMBLEE NATIONALE Constitution du 4 Octobre 1958 Onzime Lgislature SESSION ORDINAIRE de 2001-2002 18 dcembre 2001 Projet de loi relatif la Corse (Texte dfinitif).

Les grands axes du PEI devraient concerner les thmes de dveloppement suivants (en pourcentage des fonds allous au titre du PEI):

- modernisation des infrastructures routires, ferroviaires et portuaires (64%);

- amlioration des quipements collectifs lis leau, lassainissement et llimination des dchets (14,5%);

- amlioration des services collectifs et affirmation du rle de lien social, de la culture et du sport (10%);

- dveloppement des formations professionnalisantes, ancrage et ouverture de lUniversit (4%);

- organisation de la production agricole en filire (1,5%)

- dveloppement dune logique de projet, de territoires de projet, valorisation des atouts exceptionnels en matire environnementale et nergtique, ouverture de la Corse sur lexterieur (2% rpartir).

Plus prcisment, il sagit dune part, dun crdit dimpt, applicable aux investissements raliss compter du 1er janvier 2002, comprenant un taux major de 20 % du prix de revient des investissements dans les secteurs prioritaires pour le dveloppement de lle (htellerie, restauration activits de loisirs, les nouvelles technologies, lnergie, lindustrie, lagriculture, la transformation et la commercialisation des produits agricoles, les services de conseil et dingnierie) et un taux de 10% pour les autres activits; et dautre part, dune exonration totale de la part communale de la taxe professionnelle durant 5 ans.

Bulletin de la Datar, n165, mars 1999.