Au nom du Père, du Fils et de Juliette

Auteur: Yves BILLOT billot.yves@neuf.fr

Comédie

Décors : Pièce de vie d’un bel appartement, avec une porte donnant sur des chambres

d’amis, une porte donnant sur une cuisine, une autre sur la chambre de Pierre et une

porte d’entrée.

Costume : Fin des années 2000, en ville.

Résumé

Afin de faire face à la concurrence, Pierre, souhaite transformer les locaux, attenants à

sa maison d’édition, que son oncle Adrien lui a légués. Mais une clause du testament

doit être respectée ! Pierre doit se marier ! Cela ne poserait pas de problème si sa

fiancée, Juliette n’avait découvert l’existence d’une maîtresse. Elle invite la jeune

femme chez elle et lui propose un marché !

Pierre : C’est le fiancé de Juliette.

Juliette : C’est la fiancée de Pierre.

Alice : C’est la maîtresse de Pierre.

Lucette : C’est la mère de Pierre, constatant que le couple de son fils bat de l’aile, elle

va mettre tout en œuvre pour sauver la situation.

Gilbert : Il travaille depuis de nombreuses années au service de Pierre.

Géraldine et Jocelyne : Evincées depuis que Pierre vit en couple avec Juliette, elles

n’ont qu’une idée, reconquérir Pierre. L’occasion se présente enfin, quand Juliette

apprend que Pierre a une maîtresse.

Antonio : C’est l’amoureux transit de Lucette.

Père HECTOR : Homme d’église, il vient constater, comme spécifié dans le testament

de son ami Adrien, que le comportement de Pierre est irréprochable.

Lucien : C’est le secrétaire du Père HECTOR.

Elise : Est une rencontre d’un soir.

Ludivine : Comédienne recrutée par le père HECTOR pour mettre Pierre dans

l’embarras.

Au nom

Du Père,

Du Fils

Et

De Juliette

ACTE I

(Scène vide, on sonne, Juliette sort de la chambre)

Juliette : Voilà ! Voilà ! (Elle ouvre, Alice entre) Bonjour Madame.

Alice : Bonjour Madame. Vous êtes Juliette, je présume ?

Juliette : Oui, et vous, Alice ?

Alice : Oui, finalement je me suis décidée à venir, heureuse de vous rencontrer !

Juliette : Moi aussi ! Je me suis finalement décidée à vous contacter ! Je vous remercie

de vous être déplacée. Asseyez-vous, vous désirez prendre un café ?

Alice : Non, merci.

Juliette : Un thé peut-être ?

Alice : Non plus ! (Visiblement tendue) Vous comprenez, je ne tiens pas à ce que

Pierre me trouve ici !

Juliette : Je comprends, (Souriant) Je n’y tiens pas non plus ! Mais vous ne risquez

rien, si je vous ai demandé de venir ce matin, c’est parce qu’il est partit à Strasbourg

pour la journée, avec Gilbert et il ne rentrera que ce soir tard, nous avons toute la

journée pour faire connaissance et pour discuter de notre affaire.

Alice : Je connais déjà beaucoup de choses vous concernant !

Juliette : (Riant) A moi, il ne me parle pas du tout de vous !

Alice : (Riant) Et pour cause ! C’est rare qu’un homme parle de sa maîtresse à sa

future femme !

Juliette : Si je n’étais pas tombée sur ce bout de papier avec votre téléphone inscrit

dessus, cette rencontre n’aurait pas été possible !

Alice : Oui, mais maintenant, je suis là !

Juliette : Vous ne voulez vraiment pas prendre quelque chose ?

Alice : (Prenant la main de Juliette) Finalement, oui, je prendrais bien un café, cela va

me détendre !

Juliette : (Se levant) Parfait ! Après tout, nous allons devenir amies ! Je l’espère ! (Elle

sort et va dans la cuisine en laissant la porte ouverte)

Alice : J’avoue que j’ai eu du mal à me décider !

Juliette voix OFF : Vous décider à quoi ?

(Alice se lève et fait quelques pas)

Alice : D’accepter de vous rencontrer ! (Riant) J’avais peur que vous me receviez avec

un fusil de chasse !

(Juliette entre avec le plateau et les cafés)

Juliette : (Juliette pose le plateau sur la table basse) Ce n’est pas mon genre ! (Elle

donne une tasse à Alice) Par contre, le café est peut-être empoisonné !

(Alice regarde sa tasse inquiète)

Juliette : (Riant) Mais non, je plaisante ! Buvez sans crainte ! Si j’avais voulu vous faire

du mal, vous seriez déjà à l’hôpital !

Alice : Ah ce point-là ?

Juliette : Une femme amoureuse, défend toujours son terrain de chasse bec et ongles !

Alice : Visiblement, vous n’avez plus envie de vous battre ! Moi non plus, je n’ai plus

envie de me battre, cette situation et le mal qu’il vous fait me mettent trop mal à l’aise !

Juliette : Vous avez raison, nous avons beaucoup mieux à faire ! Alors, comme ça,

Pierre, vous a parlé de moi, comme d’une passade ?

Alice : Oui, comme je vous le disais au téléphone, pour lui, vous êtes un épisode

éphémère dans sa vie amoureuse ! C’est son expression !

Juliette : (Riant) Cet épisode éphémère risque de lui laisser des traces indélébiles !

Alice : C’est bien pour cela que je suis venue ! (Riant) Il faut vraiment lui donner une

leçon, qu’il n’oubliera jamais !

Juliette : (L’air mauvais) Il faut qu’il apprenne le sens du mot souffrir !

Alice : (L’air mauvais) Vous avez raison, nous pourrions l’enfermer dans une pièce et le

torturer !

Juliette : Inutile ! (Riant) Il risquerait de trouver ça agréable !

Alice : Vous avez une autre idée alors ?

Juliette : Oui, j’ai bien réfléchi et j’ai beaucoup mieux et beaucoup plus subtile ! (Elle

sort un bout de papier) Voici la liste des personnes qui sont dans la confidence !

Alice : (Regardant le papier) Ce sont toutes ses maîtresses ?

Juliette : (Regardant le papier et montrant du doigt) Oui, sauf elle !

Alice : (Riant) Ah oui, normal.

Juliette : (Regardant le papier et montrant du doigt) Et sauf lui, évidement !

Alice : (Riant) Oui, évidement !

Juliette : Vous m’avez apporté ce que je vous aie demandé ?

Alice : (Elle sort un soutien-gorge rouge de son sac) Oui, voilà !

Juliette : Je le reconnais ! Quel culot !

Alice : Je suis désolée Juliette ! Mais la dernière fois qu’il est venu chez moi, il me l’a

offert ! Je ne pouvais pas savoir qu’il vous appartenez !

Juliette : (Humant le soutien-gorge) Chanel ?

Alice : Oui, Numéro 5 ! Comme le vôtre !

Juliette : Oui, comme cela il ne risque pas de se faire coincer pour une histoire de

parfum !

Juliette : Nous pourrions nous tutoyer ?

Alice : Excellente idée Juliette, alors, ton plan ?

Juliette : Voilà comment les choses vont se passer ! (Elles se lèvent et bras dessous,

bras dessus, elles quittent la scène en murmurant scène sombre) L’effet de surprise est

important et nous devons être chrono dans toutes………

(Pierre regarde une revue, le téléphone sonne, Juliette va répondre, alors que Pierre se

lève pour décrocher)

Juliette : Allo !.....Allo !......Parlez !.....Qui est au bout du fil bon sang ?..... (Elle

raccroche énervée) C’est la troisième fois cet après-midi ! Encore une femme, qui aurait

certainement été plus bavarde si c’est toi qui avait répondu !

(Elle va se rassoir énervée, elle feuillette une revue)

Pierre : Allons, trésor, tu dis n’importe quoi !

Juliette : Un mois de tranquillité à vivre le parfait amour ! Un mois, c’est court ! Tu ne

changeras donc jamais ! Pourtant, je pensais avoir été irréprochable et je croyais bien…

(Pierre, s’approche de Juliette pour l’embrasser, elle se détourne)

Pierre : Que se passe-t-il, mon amour ?

Juliette : (Se levant et jetant la revue sur le canapé) Demande à celle qui vient de

téléphoner et qui n’a pas jugé bon dire le moindre mot !

Pierre : Tu te fais des idées ! (Riant) Et d’ailleurs, comment sais-tu que c’était une

femme si elle n’a pas dit un mot ?

Juliette : Tu vois, toi aussi tu dis « ELLE » !

Pierre : (Enervé) Parce que tu as dit « ELLE » en premier !

Juliette : (Enervée) Je suis persuadée que c’est une femme ! C’est le genre de chose

qu’une femme sent et si c’était une erreur, elle ou il aurait répondu, « pardonnez-moi, je

me suis trompé de numéro ! »

Pierre : Calmes-toi ! Tu te fais des idées ! Je suis certain que….

(Le téléphone sonne, Juliette et Pierre se regardent sans rien dire)

Juliette : (Enervée, montrant le téléphone) C’est elle ! C’est une femme !

Pierre : (Gêné) C’est peut-être une femme, mais pas dans le sens que tu l’entends !

Juliette : (S’approchant du téléphone) Alors, dans ce cas, réponds, moi, je prends

l’écouteur !

Pierre : (Paniqué) Mais enfin, Juliette, tu ne me fais pas confiance ?

Juliette : Tu veux vraiment que je te réponde ?

Pierre : Non ! Enfin, oui, je veux dire, c’est toi qui décroche et si personne ne répond, je

prendrais le combiné !

(Juliette décroche)

Juliette : Allo !..... (Criant) Allo !....Ah, c’est toi Gilbert ? Oui….il est là, je te le passe…..

Pierre : (Mettant la main sur le combiné) Tu vois bien que tu te fais des idées !

Juliette : (Elle donne le combiné à Pierre, confuse) Oui, c’était certainement une

erreur !

Pierre : Que se passe-t-il Gilbert ?......Oui, je sais que je n’ai pas signé la commande

du relieur, mais vu la qualité de son travail de la dernière fois, j’attends qu’il me fasse

une très bonne remise……demande lui de revoir son offre….c’est ça, nous en reparlons

demain, à 8h00. (Il raccroche) Tu veux bien me faire un café, mon amour ?

Juliette : (Penaude) Oui, avec plaisir trésor. Pardonnes-moi, pour cette scène de

jalousie, mais ces appels qui restent sans réponses me tourmentent !

Pierre : (Prenant Juliette dans ses bras) Allons, ne porte aucune attention à ces coups

de fils, tu sais bien qu’il n’y a que toi dans ma vie ! Allé, files me faire mon café !

Juliette : (Souriante) Tout de suite mon amour ! (Elle sort vers la cuisine)

Pierre : (Pierre se précipite sur le téléphone et compose un numéro) Allo !.... C’est toi

qui as essayé de me joindre il y a cinq minutes ?.....Tu es complètement folle de me

téléphoner chez moi !.............C’est Juliette qui a décroché !......Tu ne dois plus me

téléphoner ici ! Je te rappelle demain, du bureau. (Juliette entre discrètement sans que

Pierre s’en aperçoive) Tu m’aimes ? (Il raccroche)

Juliette : C’était qui au téléphone ?

Pierre : (Gêné) Euh ! Gilbert, il avait oublié de me dire quelque chose concernant…..

Juliette : (Posant sèchement le café sur la table) C’était Gilbert ? (Elle compose le

numéro du bureau)

Pierre : (Gêné) Mais que fais-tu ?

Juliette : Gilbert ? C’est Juliette, Tu m’aimes !

Pierre : (Voulant prendre le combiné) Mais enfin Juliette, tu es devenue folle ?

Juliette : (Gardant le combiné) Mais non, Gilbert, je sais bien que tu n’es pas amoureux

de moi, je voulais juste savoir pourquoi Pierre vient à l’instant de te demander si tu

l’aimais......C’est bien ce que je pensais ! (Elle raccroche, elle gifle Pierre et elle

disparaît, scène sombre)

(Pierre est assis dans le canapé, sa mère Lucette tourne autour de lui, visiblement elle

est très énervée)

Lucette : Tu es incorrigible ! Juliette était quelqu’un de bien, elle aurait été une épouse

et une belle-fille formidable !

Pierre : Je sais maman, mais il ne sait rien passé avec cette femme et je n’ai pas

l’intention d’aller plus loin avec elle….

Lucette : Idiot ! Tu es déjà allé trop loin !

Pierre : Je sais ! Mais….

Lucette : Je sais ! Je sais ! Tu ne sais dire que ça ! En fait tu ne sais rien ! Tu m’avais

promis que tu mènerais une vie de famille normale ! Avec une épouse attentionnée et

fidèle comme Juliette….

Pierre : Mais maman….

Lucette : Silence, je n’ai pas terminé ! Je croyais que tu m’avais demandé de venir

pour m’annoncer que toi et Juliette vous alliez enfin vous marier et tu m’annonces

qu’elle est partie et à cause de toi en plus ! Et d’abord, c’est qui cette bonne femme?

Pierre : (Enervé) Une femme ! Sans importance !

Lucette : Encore heureux !

Pierre : Oui, elle ne compte pas pour moi ! D’ailleurs, je te répète qu’il ne sait rien

passé !

Lucette : Pour l’instant !

Pierre : (Souriant) Oui, pour l’instant !

Lucette : Ce n’est pas le moment de plaisanter ! Tu sais pourtant ce que représente ce

mariage ?

Pierre : Oui, les formalités administratives, le maire, le banquet, le voyage de…

Lucette : Pas que ça !

Pierre : Oui, après il y a les enfants !

Lucette : (Moqueuse) Au pas ou ça va ! Je ne suis pas prête d’être grand-mère ?

Pierre : Je ne vois pas !

Lucette : Ta maison d’édition !

Pierre : Quoi ? Ma maison d’édition se porte bien !

Lucette : Pour l’instant ! Si tu ne t’agrandis pas, elle se fera manger par la

concurrence !

Pierre : (Se lève énervé) C’est vrai que la concurrence est rude, mais admettons ! Que

vient faire mon mariage dans tout ça ?

Lucette : (Elle s’assoit et lui fait signe) Viens t’assoir ! (Pierre s’assoit, elle sort un

document d’une enveloppe) Tu sais, que l’oncle Adrien t’a cédé les appartements qui

se trouvent à côté de tes bureaux ?

Pierre : Oui, nous en avons déjà parlé, j’ai le projet de les aménager et agrandir les

bureaux !

Lucette : Beau projet ! Mais il y a un HIC !

Pierre : Je ne vois pas où il y a un HIC ! Il suffit que je lance les travaux et dans

quelques semaines l’agence aura doublé de volume ! Je vais organiser tout ça avec

Gilbert et dès demain je prendrais rendez-vous avec le cabinet d’architectes !

Lucette : Impossible ! Tu n’as pas bien lu le testament d’Adrien !

Pierre : Moi tu sais, les formalités administratives ce n’est pas ma tasse de thé !

Lucette : Tu ferais mieux de t’y mettre !

Pierre : Au thé !

Lucette : Non ! A la lecture de ce testament ! Tu oublies une clause importante !

Pierre : Laquelle ?

Lucette : Adrien était chrétien et pratiquant jusqu’au bout des ongles, tu es son héritier

direct et ses dernières volontés sont que tu dois être marié, prouver que tu même une

vraie vie de famille et que tu te comportes en bon chrétien !

Pierre : C’est quoi une vie de famille en bon chrétien ?

Lucette : Tout le contraire de ce que tu mènes !

Pierre : A ce point ?

Lucette : Oui ! A ce point ! Même pire !

Pierre : Que dois-je faire maman ?

Lucette : Te marier !

Pierre : Avec qui ?

Lucette : Avec Juliette ! Imbécile !

Pierre : Mais elle est partie !

Lucette : Récupères la, et vite ! Epouses-la et mène une vie irréprochable ! Ca ne sera

pas facile !

Pierre : De mener une vie irréprochable ? Ou de la récupérer ?

Lucette : Les deux ! D’autant que pour valider cette clause, il faudra que tu supportes

HECTOR !

Pierre : HECTOR ?

Lucette : Il a été désigné par Adrien ! Il sera sur ton dos, jusqu’au mariage ! Pour

vérifier que tu respectes les dernières volontés de ton oncle ! Et c’est seulement à cette

condition, que le notaire validera l’héritage et que tu pourras agrandir tes bureaux !

Pierre : Ce HECTOR, va venir vivre ici ? Et combien de temps ?

Lucette : Autant de temps qu’il le jugera bon ! Et crois-moi ce ne sera pas une

sinécure !

Pierre : Pourquoi ?

Lucette : C’est un prêtre ! Et un vrai de vrai !

Pierre : Un prêtre ? Mais pourquoi un prêtre ?

Lucette : Tu sais à qui appartiennent les bâtiments qui sont de l’autre côté des locaux

de ton oncle ?

Pierre : Non !

Lucette : A l’évêché ! Si tu n’arrives pas à convaincre le père HECTOR, les bâtiments

seront donnés à l’église !

Pierre : Que vont ils en faire ?

Lucette : Des cellules !

Pierre : Une prison ?

Lucette : Mais non ! C’est pour loger des bonnes sœurs ! C’est comme cela qu’on

appelle une chambre de religieuse !

Pierre : Les pauvres !

Lucette : Pauvres ou pas ! Si l’évêché récupère ces locaux, tu peux dire adieux à

l’agrandissement de ta maison d’édition ! Alors, tu n’as qu’une solution ! Le mariage !

Pierre : Et si je refuse ? Je peux très bien mener une vie de bon chrétien sans me

marier !

Lucette : (Sort un courrier du notaire et le montre à Pierre) C’est écrit là ! Noir sur blanc

marié à l’église, sinon….

Pierre : Sinon ?

Lucette : Les bâtiments seront donnés, pour 1 euro symbolique à l’évêché ! Alors

pendant que tu récupères Juliette, je vais avertir le notaire pour qu’il prévienne le Père

HECTOR.

(Scène sombre)

(Scène éclairée, c’est le matin, le téléphone sonne plusieurs fois, Pierre arrive sur

scène en robe de chambre, il décroche)

Pierre : Allo !.... Oui, c’est bien moi…… (Elise entre sur scène en nuisette) Ah, bonjour

mon père……Oui…..c’est ça…..vous arriverez dans la journée…..demain, ce n’est pas

mieux ?.......Non, aujourd’hui ! Comme vous voudrez ! A plus tard mon père (Il

raccroche)

Elise : (Souriant) Tu dis VOUS à ton père ?

Pierre : Non ! Mon père est décédé depuis longtemps, c’était le père HECTOR !

Elise : (Riant et moqueuse) Un curé ? Remarque, c’est normal, avec la vie que tu

mènes tu dois avoir une tonne de pêcher à te faire confesser ! Demandes-lui qu’il te

fasse un forfait à raison d’une heure par jour pendant dix ans !

Pierre : (Enervé) Ecoute Elise, ne plaisantes pas ! Je te rappelle qu’à cause de ton

coup de fil, Juliette est partie !

Elise : (Tendre, prenant Pierre dans ses bras et l’embrassant) Dis-donc, cette nuit, tu

ne semblais pas te plaindre de son absence !

Pierre : (Enervé) Il ne s’est rien passé cette nuit !

Elise : (Triste) C’est vrai et c’est bien dommage !

Pierre : (Enervé) Désolé, mais je n’avais pas la tête à ça !

Elise : Et ce matin, tu as la tête à ça ?

Pierre : Toujours pas ! Et j’ai beaucoup de choses à régler, alors je vais te demander

de partir !

Elise : Et nous nous revoyons quand ?

Pierre : Je ne sais pas !

Elise : J’ai quand même le temps de prendre un café ? Et de te faire un câlin ?

Pierre : Oui pour le café ! Non, pour le reste !

Elise : (Moqueuse elle l’embrasse) Nous verrons ça après le café mon doudou ! (Elle

va dans la cuisine, le téléphone sonne)

Pierre : Allo !....Juliette ?.....Merci de me rappeler ! Tu as lu mon message ?...... Tu

acceptes ?........ Tu hésites !....Tu n’as pas pris ta décision ! Je comprends, mais je ne

peux pas t’expliquer de quoi il s’agit par téléphone.......Viens, s’il te plait, nous pourrons

en discuter tranquillement ?........Tu n’es pas certaine de venir ! Je comprends, je ne

bouge pas ! J’espère que tu accepteras ! (Il raccroche et il sort vers sa chambre)

(On sonne, au moment où Elise, passe devant la porte avec sa tasse de café, elle

ouvre et file dans la chambre de Pierre, tranquillement sans rien dire. Père HECTOR

porte une petite valise, il voit Elise entrer dans la chambre de Pierre et Pierre en sortir)

Pierre : Monsieur ?

Père HECTOR : Vous êtes Pierre ?

Pierre : Oui, c’est bien moi !

Père HECTOR : Je suis le père HECTOR.

Pierre : Mais vous êtes déjà là ?

Père HECTOR : Oui, je vous ai téléphoné de la cabine du coin de la rue.

Pierre : (Gêné en regardant vers sa chambre, avec la crainte qu’Elise sorte) Je ne vous

attendez pas de sitôt Monsieur.

Père HECTOR : Mon père !

Pierre : Oui, mon père ! Prenez place, souhaitez-vous un café ? Père HECTOR ?

Père HECTOR : Oui ! Mon père, ça suffira !

Pierre : (Etonné) Moi, c’est mon fils ! Mon père !

Père HECTOR : Oui, je sais mon fils ! Mais moi ce n’est pas Père HECTOR ! C’est mon

père tout court !

Pierre : Je n’ai rien compris ! Un café quand même ?

Père HECTOR : Grand-mère ?

Pierre : Non, ma grand-mère est morte depuis longtemps !

Père HECTOR : Je veux dire, avez-vous du café « grand-mère » !

Pierre : Ah, oui, je dois avoir ça !

(Pierre va dans la cuisine)

Elise voix OFF : Tu viens doudou ?

(Père Hector se lève et s’approche discrètement de la porte de la chambre de Pierre et

met son oreille contre la porte)

Elise voix OFF : (D’une voix coquine) Où est mon doudou ?

(Le père HECTOR revient s’assoir, Pierre revient avec le café)

Père HECTOR : C’est vous doudou ?

Pierre : Doudou ?

Elise voix OFF : Doudou !

Père HECTOR : (Montrant la chambre) Oui ! Doudou !

Pierre : (Se dépêchant de poser le café, sur la table) Non ! Je reviens !

(Père HECTOR met du sucre dans sa tasse, quand Pierre revient avec une peluche et

en tirant Elise par la main, à moitié habillée)

Pierre : Mon père ! Voici Elise, justement elle partait !

Père HECTOR : (Voyant et montrant la peluche) Ma fille, vous avez visiblement

retrouvé votre doudou !

Elise : (Mettant la main sur l’épaule de Pierre et langoureuse) Oui, il est là !

Pierre : (Collant le doudou dans les bras d’Elise) C’est lui doudou, il faut partir, votre

père passe vous prendre devant l’immeuble dans une minute !

Elise : Mon père ?

Pierre : (Poussant Elise vers la sortie) Oui, vous savez bien, votre père !

Elise : (Voulant rire) Ah oui ! Mon père, évidement ! (En sortant) Msieur le curé !

Père HECTOR : (Montrant la chambre de Pierre) C’est votre chambre ?

Pierre : Oui !

Père HECTOR : Expliquez-vous mon fils ! (Il sort son calepin et gribouille dessus)

Pourquoi, cette jeune personne, qui me semble quelque peu écervelée est rentrée dans

cette chambre dans une tenue des plus incorrectes ?

Pierre : Je lui ai prêté mon lit, moi, j’ai dormi sur le divan, C’est une pauvre âme en

détresse, pour tout vous dire, son mari l’a bat ! Alors, elle m’a demandé de l’héberger

pour une nuit !

Père HECTOR : Quelle horreur ! Cet homme devrait aller en prison !

Pierre : Le problème, c’est qu’elle n’ose pas porter plainte, vous comprenez, elle a trop

peur des représailles !

Père HECTOR : Je comprends, pauvre femme ! C’est bien mon fils ! La charité est une

grande qualité ! Et vous savez qu’il est important, dans le cadre de ma visite, que vous

me prouviez que votre vie de chrétien est irréprochable ! Telles étaient les volontés de

votre oncle Adrien ! (Faisant le signe de croix) Paix est son âme !

Pierre : Pour vous aussi !

Père HECTOR : (Vexé) Mais ma vie au service de Dieu est irréprochable !

Pierre : Je n’en doute pas, je voulais dire que pour respecter les dernières volontés de

l’oncle Adrien, vous attachez une grande importance à votre mission !

Père HECTOR : Tout juste ! Votre fiancée n’est pas là ?

Pierre : Non ! Juliette ne devrait plus tarder….Enfin j’espère !

Père HECTOR : Vous espérez ?

Pierre : Je veux dire, qu’avec cette circulation, elle risque d’avoir du retard ! Elle est

allée passer quelques jours chez sa tante qui est souffrante !

Père HECTOR : Elle aussi fait preuve de charité ?

Pierre : Oui !

Père HECTOR : C’est bien ! Pouvez-vous me montrer notre chambre ?

Pierre : NOTRE chambre ?

Père HECTOR : Oui ! Nous serons deux, j’attends Lucien !

Pierre : Un père aussi ?

Père HECTOR : Non, mon secrétaire, il n’a pas encore prononcé ses vœux, mais j’ai

bon espoir, c’est un jeune très prometteur !

Pierre : Bien, suivez-moi mon père ! (Ils sortent)

(Alice, sonne)

Pierre voix OFF : Voilà ! (Pierre revient et ouvre, Alice entre)

Alice : (Elle l’embrasse) Mon amour ! J’ai appris que ta femme t’avait quitté !

Pierre : Comment l’as-tu appris ?

Alice : Peu importe ! Je n’ai pas pu résister ! Il fallait que je vienne !

Pierre : (Voulant la mettre dehors) Alice, tu ne peux pas rester ici !

Alice : (Forçant le passage) Pourquoi ? Elle est partie, ou elle n’est pas partie !

Pierre : Elle est partie, mais ce n’est pas le moment, il ne faut pas que tu restes là !

Alice : Pourquoi ?

Père HECTOR : (En entrant sans voir Alice) Mon fils, auriez-vous des linges de

toilette ? (Voyant Alice) Pardonnez-moi ! (Prenant la main d’Alice) Vous devez-être

Juliette ! J’étais impatient de vous rencontrer !

Alice : (Faisant une courbette) Oui, je suis Juliette ! La future femme de Pierre, et vous

êtes ?

(Pierre se précipite dans un placard pour prendre des serviettes)

Père HECTOR : Je suis le père HECTOR ! Et je…

Pierre : (Il lui colle les serviettes dans les bras) Suis pressé de prendre ma douche ! (Il

pousse Le père HECTOR dans sa chambre et furieux) Pourquoi as-tu dis que tu étais

Juliette !

Alice : (Moqueuse) Visiblement, ce curé attend Juliette avec impatience ! Et comme

elle est partie, tu risques d’avoir besoin d’une Juliette rapidement !

Pierre : Oui, ce n’est pas faux !

Alice : Et pourquoi ?

Pierre : Pourquoi elle est partie ?

Alice : (Moqueuse) Inutile de répondre à ça, je me doute bien pourquoi elle est partie !

Elle a dû apprendre notre liaison !

Pierre : Non !

Alice : (Moqueuse) Une autre liaison alors ?

Pierre : Oui ! Un coup de fil malheureux !

Alice : (Prenant Pierre dans ses bras) Peu importe ! Je t’aime, je suis ta Juliette à

présent ! Alors pourquoi dois-tu présenter Juliette à ce curé ? Et d’abord, que fait-il ici ?

Pierre : Cela ne te regarde pas ! Et Juliette ne me laissera pas tomber ! Elle va revenir.

Alice : (Moqueuse) Pas certain !

Pierre : Et si elle revient ?

Alice : (Tirant Pierre par le bras) Tu la mettras dehors ! Viens m’expliquer pourquoi le

curé tient tant à rencontrer ton ex Juliette ! (Ils sortent)

(Juliette entre, elle se précipite sur le canapé pour y cacher le soutien-gorge rouge sous

un coussin et retourne près de la porte, le Père HECTOR entre)

Père HECTOR : Bonjour Mon enfant.

Juliette : Bonjour……..

Père HECTOR : (Le père HECTOR s’approche d’elle et lui tend sa main) Je suis le

père HECTOR….

Juliette : Rien de grave j’espère !

Père HECTOR : Etre serviteur de Dieu n’a rien de grave !

Juliette : Je veux dire, que vous n’êtes pas venu chez Pierre pour quelque chose de

grave ! (Faisant le signe de croix)

Père HECTOR : (Riant) Non ! Pas d’extrême onction à donner, rassurez-vous, je suis

venu passer quelques jours ici pour une affaire très importante qui concerne Pierre et

Juliette ! Cette Juliette est vraiment charmante, petite femme discrète blonde !

Juliette : Elle est arrivée ?

Père HECTOR : (Riant) Oui ! Je n’ai pas encore eu le temps de faire sa connaissance

(Riant) A cause d’une histoire de serviette de toilette ! Vous ne vous êtes pas présenté

mon enfant.

Juliette : (Prenant la main du père HECTOR et faisant une courbette respectueuse) Je

suis Alice.

Père HECTOR : Vous êtes certainement une amie de la famille ?

Juliette : (Prenant un air gêné) Oui, même plus !

Père HECTOR : Peut-être même de la famille ?

Juliette : Oui, c’est ça, de la famille !

Père HECTOR : (Détaillant Juliette) Je suis très physionomiste et je suis certain que

vous êtes la sœur de Pierre ?

Juliette : Oui, c’est ça, je suis sa petite sœur.

Père HECTOR : (Montrant le divan) Venez-vous assoir, vous allez me parler de votre

frère.

Juliette : Avec plaisir mon père !

Père HECTOR : (Le père HECTOR s’assoit sur le soutien-gorge qu’il montre au public)

C’est quoi ça ?

Juliette : (Juliette prend le soutien-gorge et le regarde) Certainement à Juliette !

Père HECTOR : Quelle horreur ! Mais c’est un sous-vêtement de femme !

Juliette : Oui, certainement les traces d’une soirée mouvementée !

Père HECTOR : (Sortant son calepin) Mais cela veut dire que Pierre et Juliette ont……

Juliette : Je n’en sais rien mon père ! Je n’ai pas tenue la chandelle !

Père HECTOR : Il y avait une panne d’électricité ?

Juliette : (Riant) Non ! C’est une expression pour dire que dans certaines situations,

disons, intimes et délicates, plus de deux personnes cela devient gênant ! Si vous

voyez ce que je veux dire !

Père HECTOR : Non, je ne vois pas !

Juliette : (Se levant) Je vais vous laisser, j’ai des tas de choses à faire ! Nous parlerons

de Pierre une autre fois (Jetant le soutien-gorge au Père HECTOR) Pièce à conviction !

Enfin je veux dire, souvenir ! Au plaisir mon père ! (Elle sort)

(Alice et Pierre reviennent sur scène, Le père HECTOR cache le soutien-gorge dans

son dos et se lève)

Père HECTOR : (Mettant sa main sur la joue d’Alice, comme si c’était une petite fille)

Alors, mon enfant, c’est vous que Pierre a choisi pour fonder une famille sous le regard

(Joignant les mains avec le soutien-gorge et levant les yeux au ciel) bienveillant de

notre seigneur ?

Alice : Oui, mon seigneur ! Euh oui mon père. (Prenant le soutien-gorge, toute

contente) Mais je le reconnais !

Pierre : (Prenant le soutien-gorge) Où avez-vous trouvé ça mon père ?

Père HECTOR : Sur le canapé ! C’est le vôtre ?

Pierre : (Donnant le soutien-gorge à Alice) Je ne porte pas ce genre de truc !

Père HECTOR : Je m’adressais à votre fiancée !

Alice : Oui, enfin non, c’est à Alice !

Pierre : A Alice ?

Père HECTOR : Votre sœur vient de me dire qu’il vous appartenait !

Pierre : Ma sœur ?

Père HECTOR : Oui ! Votre sœur, Alice, elle sort d’ici, elle m’a parlé de chandelle, qu’à

plus de deux personnes cela devenait gênant, je n’ai rien compris !

Pierre : Ma sœur, chandelle, à trois ? Je ne comprends rien !

Père HECTOR : J’ose espérer mes enfants (Montrant le soutien-gorge d’un air

dédaigneux) Que cet objet a atterrit sur ce canapé par erreur !

Pierre : Certainement mon père ! De plus, je ne vois pas comment il aurait atterrit ici,

nous ne dormons pas dans la même chambre avec Juliette, n’est-ce pas bébé ?

Alice : Ah oui ! Jurée, crachée ! Pas dans la même chambre ! Et encore moins dans le

même lit !

Père HECTOR : Et qu’il n’est pas non plus, annonciateur d’une soirée aux chandelles

tout ça à cause d’une panne d’électricité !

Alice : Oh là là ! J’ai mal à la tête moi !

Pierre : (Prenant le soutien-gorge) Soyez sans crainte mon Père, il a dû simplement

tomber de la corbeille à linges !

Père HECTOR : Vous savez combien il est important pour moi de constater que vous

deux, allez former un couple heureux et menant une vie de chrétiens irréprochables ?

Alice : Oui, Pierre, m’a expliqué ! (Joignant les mains et levant les yeux au ciel) Nous

serons irréprochables !

Père HECTOR : (Gribouillant sur son calepin) Dans ce cas oublions cet épisode.

Alice : (Sortant vers la chambre d’amis) C’est ça, oublions, je vais d’ailleurs le remettre

à sa place et en profiter pour prendre une douche. (Elle sort)

(Juliette entre)

Pierre : Juliette….Alice….Enfin te voilà !

Père HECTOR : Vous ne m’aviez pas dit que vous aviez une sœur ?

Pierre : Oui, effectivement ! (Mauvais à Juliette) Désolé d’avoir oublié !

Juliette : (Narquoise) Juliette est arrivée ?

Pierre : (D’un ton sec) Oui !

Juliette : Où est-elle ? J’ai des tas de choses à lui dire !

Pierre : (D’un ton sec) Pas maintenant ! Elle prend une douche !

(Elise entre)

Elise : Ah Pierre ! Mon père n’est pas là, comment je rentre chez moi, maintenant ?

Juliette : (Se mettant devant Elise) Qui êtes-vous ?

Elise : (Voulant rire) Ben, Elise, je suis la fille de mon père !

Juliette : (Regardant le père HECTOR) C’est votre fille ?

Père HECTOR : Grand Dieu non ! C’est la fille de son père à elle !

Juliette : (Regardant Elise) Je n’ai rien compris ! Mais que faîtes-vous là ?

Elise : (Enervée) Je vous dis que mon père devait venir me chercher, (Moqueuse)

enfin, d’après Pierre !

Juliette : Mais vous avez passé la nuit avec Pierre ?

Elise : Oui !

Pierre : NON !

Juliette : (Enervée) Oui ou non ?

Père HECTOR : Oui ! Mais soyez sans crainte mon enfant, dans un élan de bonté et de

charité, (Montrant Elise) à la demande de son père enfin de son papa, votre frère, a

hébergé cette jeune fille en détresse !

Elise : Tu ne m’avais pas dit que tu avais une frangine ?

Pierre : (Tirant Elise par le bras) Désolé, je viens de l’apprendre !

Juliette : (Tirant Pierre en avant-scène) Tu fais dans la charité maintenant ?

Elise : J’en ai assez d’attendre mon père sur le trottoir ! (Montrant sa jupe courte)

Certains passants m’ont même pris pour…. (Elle se met à pleurer)

Père HECTOR : (Prenant Elise dans ses bras) Ne dites rien mon enfant, nous avons

compris, très peu d’hommes sont vertueux ! (S’adressant à Pierre) Vous êtes d’accord

avec moi mon fils ?

Pierre : Oui, complètement !

Juliette : (Tirant Pierre en avant-scène) Comment peux-tu être d’accord avec lui, tu ne

connais même pas le sens de ce mot !

Elise : (Enervée) Bon ! Je fais quoi moi ?

(On sonne, Pierre va ouvrir, c’est Gilbert qui entre avec un dossier)

Pierre : Bonjour Gilbert ! Tu es en retard !

Gilbert : Bonjour Pierre ! (Il fait la bise à Juliette) Bonjour Juliette ! Monsieur, en

retard ?

Pierre : Je te présente le père HECTOR.

Gilbert : Bonjour !

Père HECTOR : Bonjour !

Gilbert : (En aparté à Juliette) Que vient faire un curé ici ? Et d’abord, je ne suis pas en

retard, il ne savait même pas que je passais ! J’étais juste venu lui apporter un dossier

urgent, je n’y comprends rien !

Juliette : (Faisant les gestes de la brasse) J’avoue que moi aussi, je nage la brasse

coulée !

Pierre : (Tirant énergiquement Elise par le bras) Voilà Elise ! Votre père m’a téléphoné,

il a eu un empêchement, c’est votre frère qui est venu vous chercher ! (Il pousse Elise

dans les bras de Gilbert)

Elise : (Voulant rire) Je ne savais pas que j’avais un frère ! Pas mal du tout d’ailleurs !

Gilbert : Ma sœur ?

Juliette : Sa sœur ?

Pierre : (Poussant Gilbert et Elise vers la sortie) Mais oui, tu sais bien, Elise ta petite

sœur (Au Père HECTOR) Quel plaisantin celui-là !

Elise : (Prenant Pierre par le bras) Je veux bien jouer la comédie, à condition que tu

acceptes de me revoir ! Sinon, je dis tout ce que nous avons fait la nuit dernière !

Pierre : Mais nous n’avons rien fait !

Elise : Justement !

Pierre : OK, j’accepte !

Elise : (Riant, se jetant dans les bras de Gilbert) Comment vas-tu frérot ?

Gilbert : Bien ! Bien ! (Voulant rire) Petite sœur !

Pierre : (Poussant Gilbert et Elise dehors) Et passez le bonjour à ce bon Alfred !

Gilbert et Elise : Alfred ?

Pierre : Ben oui ! Ton père, enfin votre père !

Gilbert : Ah oui, papa ! (Voulant rire) Tu viens petite sœur ? (Ils sortent, Pierre referme

la porte, soulagé)

Père HECTOR : Cette jeune fille, me semble vraiment très perturbée !

Juliette : Vous croyez ?

Père HECTOR : Oui ! Et il me semble que son père ne prend pas beaucoup soin d’elle.

Juliette : (Pinçant Pierre) Heureusement qu’il reste des âmes charitables, pour

héberger toute une nuit ce genre de jeune brebis égarée ! N’est-ce pas Pierre ?

Père HECTOR : (Souriant) Vous avez raison ma fille ! Enfin, cette jeune personne étant

étrangère à l’affaire qui nous concerne, je n’en tiendrai pas compte dans le jugement de

valeur que je dois porter sur ce foyer (Il sort un petit calepin sur lequel il gribouille

quelques mots) et je ne retiendrai dans tout ça que votre acte charitable. Je vais faire

un tour dans le quartier, pour méditer !

Pierre : (Intéressé) Vous écrivez vos mémoires ?

Père HECTOR : (Souriant, et mettant le doigt contre sa tempe) Pas besoin, tout est là-

dedans ! (Il sort)

Juliette : Tu vas m’expliquer ? Cette jeune fille a passé la nuit avec toi ? Et cette

histoire de père, de frère, de sœur, de jugement de valeur, de curé, de….

Pierre : STOP ! Une chose à la fois ! D’ailleurs, tu n’as pas à me faire la morale !

(Moqueur) Je te rappelle que tu n’es que ma sœur !

Juliette : Ta sœur ?

Pierre : Je dis n’importe quoi !

Juliette : Dis-donc ! D’où elle sort cette Juliette ?

Pierre : C’est une amie ! Tu n’étais pas là, il me fallait une Juliette de toute urgence !

Juliette : Une amie ? Mon œil ! Revenons à nos moutons ! Cette fille a-t-elle passé la

nuit avec toi ? Oui ? Ou Non ?

Pierre : Mais non, Alice vient d’arriver !

Juliette : (Enervée) Je parle de la sœur de Gilbert !

Pierre : La sœur de Gilbert ?

Juliette : (Enervée) Oui ! La fille d’Alfred !

Pierre : Ah, Elise ?

Juliette : (Enervée) Oui, Elise ! Alors ? Elle a passé la nuit avec toi ?

Pierre : OUI ! Mais il ne s’est rien passé !

Juliette : Tu me prends vraiment pour une imbécile ! Pour ne pas dire autre chose !

J’espère que ta Juliette sera à la hauteur ! A partir de maintenant, tu n’as plus de sœur !

(Elle va dans la chambre de Pierre en pleurant)

Pierre : Attends Juliette !

(Lucette entre)

Lucette : Alors mon grand, Juliette est revenue ? Et le père HECTOR est arrivé ?

Pierre : Oui, le curé est arrivé et les deux Juliette aussi, mais la vraie est sur le départ !

Enfin, ma fausse sœur ! L’autre fausse Juliette, enfin la vraie Alice prend une douche !

Lucette : (S’écroulant sur le canapé) Je vais m’assoir deux minutes moi !

Pierre : Je recommence ! Alice a débarqué….

Lucette : Alice ? Une ex ?

Pierre : Oui, elle est arrivée avant Juliette et comme je ne savais pas si Juliette

viendrait m’aider à convaincre le Père HECTOR, Alice s’est fait passer pour elle !

Lucette : Pour qui ?

Pierre : Ben pour Juliette ! Tâche de suivre maman !

Lucette : Et entre temps, la vraie Juliette est arrivée !

Pierre : Tout juste ! Et elle s’est présentée au Père HECTOR comme ma sœur !

Lucette : J’ai toujours rêvée d’avoir une fille !

Pierre : Maman, c’est pour de faux !

Lucette : Que vas-tu faire ?

Pierre : Je n’en sais rien, la seule chose dont je suis certain, c’est que je ne veux pas

perdre Juliette !

Lucette : Laquelle ?

Pierre : La vraie !

Lucette : Mets la fausse dehors !

Pierre : Trop tard, le père HECTOR croit que c’est la vraie !

(Juliette revient)

Juliette : Bonjour Lucette et adieu !

Lucette : Déjà ?

Juliette : Oui, déjà !

Lucette : Pourquoi ?

Juliette : Demandez à votre fils ce qu’il a fait avec cette Elise!

Lucette : Elise ? C’est qui celle-là ?

Pierre : Une brebis !

Lucette : Ne me dit pas que toi et cette brebis vous avez passé la nuit ensemble !

Pierre : Oui, mais Juliette était partie et j’étais célibataire après tout ! Et je précise qu’il

ne s’est rien passé avec cette Elise !

Juliette : (S’effondrant sur le canapé) C’est désespérant !

Lucette : (S’effondrant à son tour sur le canapé) C’est le mot, désespérant ! Où est le

père HECTOR ?

Pierre : Il est parti faire un tour dans le quartier, pour méditer !

Lucette : Il est prêtre ou éditeur ?

Pierre : (Mettant son doigt contre sa tempe) Réfléchir si tu préfères !

Lucette : (Prenant Juliette par le bras) Juliette, allons dans la chambre, je vais vous

tout vous expliquer et pourquoi il est important que vous teniez quelques jours le rôle de

ma future belle-fille !

Juliette : Et l’autre Juliette ?

Lucette : Nous allons y réfléchir !

Juliette : Si j’accepte de vous écouter, c’est bien pour vous faire plaisir ! (Regardant

Pierre, menaçante) Quand à toi, nous avons un compte à régler ! (Elles sortent dans la

chambre d’amis)

(On sonne, Pierre va ouvrir, Lucien entre avec son sac)

Lucien : Monsieur.

Pierre : Monsieur !

Lucien : Le père HECTOR est arrivé ?

Pierre : Oui, vous êtes Lucien, le futur curé ?

Lucien : Frère, futur frère, enfin, je n’ai pas encore prononcé mes vœux ! Où est le

Père HECTOR ?

Pierre : Il est ressorti, il fait un tour dans le quartier pour…

Lucien : Méditer, je sais, il a toujours voulu écrire un livre !

Pierre : Je vais vous montrer votre chambre.

Lucien : Merci, ensuite, j’irai à sa rencontre.

Pierre : Pour méditer avec lui ?

Lucien : Non, non, Juste pour prendre le frais.

(Ils sortent vers les chambres, Antonio entre)

Antonio : Lucette ! Tu es là ?

(Lucette entre)

Lucette : (Paniquée) Que fais-tu là ? Je t’avais dit de m’attendre dans la voiture.

Antonio : (Voulant prendre Lucette dans ses bras) J’en avais assez d’attendre ! Je ne

peux pas vivre sans toi plus de dix minutes ! (Regardant sa montre) Et là, ça fait dix

minutes et trente secondes ! (Ils tombent dans les bras l’un de l’autre, quand Pierre

entre)

Pierre : Maman ?!

Lucette : (Repoussant Antonio) Mon fils, je te présente, Antonio, un ami, c’est lui qui

m’a accompagné chez toi !

Antonio : Monsieur.

Pierre : Mais quand je suis rentré, vous étiez dans les bras l’un de l’autre !

Lucette : Oui, je le consolai, Antonio vient de……. perdre sa femme !

Antonio : (Discrètement à Lucette) Simone n’est pas morte, elle est à Bourges, chez sa

sœur !

Lucette : (Donnant un coup de coude à Antonio) Imbécile ! Je te dis que ta femme

Marianne est morte il y a deux jours !

Antonio : Ah oui, ma pauvre Ariane (Il se met à pleurer)

Pierre : Marianne ou Ariane ?

Lucette : (Donnant un coup de coude à Antonio) Marianne ! Mais, il a toujours appelé

sa femme par son deuxième prénom !

Antonio : Oui, ma pauvre Marianne (Il se met à pleurer de plus belle)

Lucette : Vas m’attendre dans la voiture, j’arrive.

(Antonio sort)

Pierre : Pauvre homme, il a l’air d’avoir beaucoup de peine ! Il devait être très

amoureux d’elle !

Lucette : De qui ?

Pierre : Et bien de sa femme Marianne ou Ariane !

Lucette : Marianne, Ariane, Jerricane ! Ce n’est plus important, puisqu’elle est morte !

Mais c’est vrai qu’ils étaient très amoureux !

Pierre : Et Juliette ?

Lucette : Juliette aussi doit être encore amoureuse de toi !

Pierre : Non, je veux dire, as-tu réussi à la convaincre ?

Lucette : Oui, mais cela n’a pas été simple, tu as intérêt à te tenir à carreau !

Pierre : Enfin une bonne nouvelle ! Et pour la fausse Juliette ? Alice !

Lucette : Nous l’avons mise dans la confidence, elle va continuer à tenir son rôle !

Quand le père HECTOR sera convaincu et validera votre mariage, elle retournera d’où

elle vient ! Et tu pourras te marier avec Juliette !

Pierre : Laquelle ?

Lucette : La vraie !

Pierre : Mais j’ai peur que la fausse, ne laisse pas sa place comme ça ! Elle est très

amoureuse !

Lucette : (En colère) Dis-donc ! Tu veux sauver ta maison d’édition et reconquérir

Juliette oui, où non ?

Pierre : Oui, tu as raison, Juliette est plus importante que tout ! Même plus importante

que la maison d’édition !

Lucette : Bon, et ne t’inquiète pas nous réussirons à sauver les deux !

Pierre : Je ne sais pas comment je ferais si tu n’étais pas là !

Lucette : (Riant) Rien ! Car si je n’étais pas là, tu ne serais pas là non plus ! Je me

sauve, je vais consoler ce pauvre Antonio ! (Elle sort)

(Juliette entre)

Pierre : Comment te remercier Juliette ?

Juliette : En m’adressant le moins possible la parole ! Et plus vite cette mascarade

sera terminée, plus vite je serai repartie ! Et à mon avis, ça ne va pas tarder !

Pierre : Pourquoi dis-tu ça ?

Juliette : Enfin, Pierre, le curé a passé cinq minutes ici et déjà il a vu une greluche en

mini-jupe sortir de ta chambre, nous n’arriverons jamais à lui faire croire que nous

formons un couple parfait (Joignant ses mains et levant les yeux au ciel) aux yeux de

Dieu !

Pierre : Il a pourtant cru à mon acte de charité !

Juliette : Pendant combien de temps ? Et je te parie qu’il va y avoir encore des jeunes

brebis égarées qui vont se pointer !

Pierre : Possible !

Juliette : (Furieuse) Comment ça possible ?

Pierre : Je veux dire, je n’espère pas !

Juliette : (Se levant et faisant quelques pas pour réfléchir) Il faut trouver un argument

de poids !

Pierre : De poids ?

Juliette : Inventons une cousine à toi, qui serait religieuse !

Pierre : Mais je n’en ai pas !

Juliette : (Moqueuse) Sachant que je suis partie et que la place est libre, il y a bien une

de tes ex qui va se pointer !

Pierre : Il y a des chances !

Juliette : (Moqueuse) Dis-donc, à peine deux jours en célibataire, tu ne perds pas de

temps ! La première qui se pointe sera une bonne sœur, sinon, je l’étripe et toi avec !