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Augustin d'Hippone 1 Augustin d'Hippone Saint Augustin Fête 28 août ; 15 juin pour les Églises d'Orient Serviteur de Dieu Vénérable Bienheureux Saint Augustin dHippone (latin : Aurelius Augustinus), ou Saint Augustin, né dans le municipe de Thagaste (actuelle Souk-Ahras, Algérie) le 13 novembre 354 et mort le 28 août 430 à Hippone (actuelle Annaba, Algérie) [1] , était un philosophe et théologien chrétien de lAntiquité tardive, évêque dHippone, et un écrivain latin romano-africain, né d'un père romano-africain (africain romanisé) citoyen romain [2] et d'une mère berbère non romanisée [3] , sainte Monique. Il est lun des quatre Pères de lÉglise latine (avec saint Ambroise, saint Jérôme et Grégoire Ier) et lun des 33 docteurs de lÉglise. Les catholiques le fêtent le 28 août, anniversaire de sa mort, alors que les orthodoxes le fêtent le 15 juin [4] . Son tombeau se trouve à Pavie. Après saint Paul, il est considéré comme le personnage le plus important dans létablissement et le développement du christianisme occidental [5] . Il a été également le penseur le plus lu au Moyen Âge. Augustin est le seul père de lÉglise dont les œuvres et la doctrine aient donné naissance à un système de pensée : laugustinisme. Son influence est marquée depuis le Haut Moyen Âge jusqu'à la plupart des théologiens chrétiens contemporains... Elle a influencé toute l'histoire de l'Église médiévale, puis alimenté les débats lors de la Réforme protestante, puis encore le jansénisme. Les débats suscités par l'interprétation de laugustinisme ont contribué aux conceptions modernes de la liberté et de la nature humaine. Biographie Lenfance et la jeunesse, de 354 à 383 Augustin narre sa jeunesse dans ses Confessions [6] . Lorsque naît Augustin, la ville de Thagaste (actuelle Souk-Ahras, Algérie) existe depuis environ 300 ans [7] . Ce n'est pas une colonie mais un municipe d'Afrique romaine depuis environ deux siècles qui appartient à la province de Numidie [8] . La ville de Thagaste est située à un peu plus de 90 km de la Méditerranée et à 600 mètres d'altitude. Le père d'Augustin, un citoyen romain païen du nom de Patricius, d'origine modeste, n'avait pas fait d'études. Son épouse, Monique était une chrétienne berbère [9] . Elle convertit son mari au christianisme à la fin de sa vie et ne cessa jamais d'espérer qu'Augustin rejoigne sa religion. Si ce dernier ne fut pas baptisé à la naissance, c'est parce que ce n'était pas encore l'usage de baptiser les enfants. Il était même courant au début de la chrétienté de baptiser sur le lit de mort [en effet, le baptême efface tous les péchés mais on ne peut être baptisé qu'une fois; plus tard l'usage du sacrement de pénitence (la confession) permettra de baptiser dès que possible en ayant recours à la confession en cas de péché]. Augustin avait un frère, Navigius, et une sœur, future supérieure du monastère d'Hippone. Leur langue maternelle est le numide (qu'il cite clairement dans son œuvre Les Confessions) [10] , mais sa culture est foncièrement latine [11] : élève doué mais indocile, il détestait lécole et craignait le châtiment de ses maîtres. La principale façon de s'élever socialement consistait en l'éducation, et le père d'Augustin amassa des économies pour que ses fils puissent bénéficier d'une éducation classique. Augustin se destinait au métier d'avocat. Il étudie dabord à Madaure avec des professeurs païens (actuelle M'daourouch, Algérie) à partir de lâge de quinze ans, où les études sont centrées sur léloquence et la mémoire, ce quil critiquera dans ses Confessions (livre I) [12] . Son père

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Augustin d'Hippone

Saint Augustin

Fête 28 août ; 15 juin pour les Églises d'Orient

Serviteur de Dieu • Vénérable • Bienheureux • Saint

Augustin d’Hippone (latin : Aurelius Augustinus), ou Saint Augustin, né dans le municipe de Thagaste (actuelleSouk-Ahras, Algérie) le 13 novembre 354 et mort le 28 août 430 à Hippone (actuelle Annaba, Algérie)[1] , était unphilosophe et théologien chrétien de l’Antiquité tardive, évêque d’Hippone, et un écrivain latin romano-africain, néd'un père romano-africain (africain romanisé) citoyen romain[2] et d'une mère berbère non romanisée [3] , sainteMonique.Il est l’un des quatre Pères de l’Église latine (avec saint Ambroise, saint Jérôme et Grégoire Ier) et l’un des 33docteurs de l’Église. Les catholiques le fêtent le 28 août, anniversaire de sa mort, alors que les orthodoxes le fêtent le15 juin[4] .Son tombeau se trouve à Pavie. Après saint Paul, il est considéré comme le personnage le plus important dansl’établissement et le développement du christianisme occidental[5] . Il a été également le penseur le plus lu au MoyenÂge.Augustin est le seul père de l’Église dont les œuvres et la doctrine aient donné naissance à un système de pensée :l’augustinisme. Son influence est marquée depuis le Haut Moyen Âge jusqu'à la plupart des théologiens chrétienscontemporains... Elle a influencé toute l'histoire de l'Église médiévale, puis alimenté les débats lors de la Réformeprotestante, puis encore le jansénisme. Les débats suscités par l'interprétation de l’augustinisme ont contribué auxconceptions modernes de la liberté et de la nature humaine.

Biographie

L’enfance et la jeunesse, de 354 à 383Augustin narre sa jeunesse dans ses Confessions[6] .Lorsque naît Augustin, la ville de Thagaste (actuelle Souk-Ahras, Algérie) existe depuis environ 300 ans[7] . Ce n'estpas une colonie mais un municipe d'Afrique romaine depuis environ deux siècles qui appartient à la province deNumidie [8] . La ville de Thagaste est située à un peu plus de 90 km de la Méditerranée et à 600 mètres d'altitude.Le père d'Augustin, un citoyen romain païen du nom de Patricius, d'origine modeste, n'avait pas fait d'études. Sonépouse, Monique était une chrétienne berbère[9] . Elle convertit son mari au christianisme à la fin de sa vie et necessa jamais d'espérer qu'Augustin rejoigne sa religion. Si ce dernier ne fut pas baptisé à la naissance, c'est parce quece n'était pas encore l'usage de baptiser les enfants. Il était même courant au début de la chrétienté de baptiser sur lelit de mort [en effet, le baptême efface tous les péchés mais on ne peut être baptisé qu'une fois; plus tard l'usage dusacrement de pénitence (la confession) permettra de baptiser dès que possible en ayant recours à la confession en casde péché].Augustin avait un frère, Navigius, et une sœur, future supérieure du monastère d'Hippone. Leur langue maternelle estle numide (qu'il cite clairement dans son œuvre Les Confessions)[10] , mais sa culture est foncièrement latine[11] :élève doué mais indocile, il détestait l’école et craignait le châtiment de ses maîtres.La principale façon de s'élever socialement consistait en l'éducation, et le père d'Augustin amassa des économies pour que ses fils puissent bénéficier d'une éducation classique. Augustin se destinait au métier d'avocat. Il étudie d’abord à Madaure avec des professeurs païens (actuelle M'daourouch, Algérie) à partir de l’âge de quinze ans, où les études sont centrées sur l’éloquence et la mémoire, ce qu’il critiquera dans ses Confessions (livre I)[12] . Son père

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manquant d'argent, il dut revenir à la maison familiale alors qu'il avait seize ans. À cette époque, il commet de menuslarcins avec des compagnons peu recommandables. Ainsi du célèbre vol des poires[13] commis non par besoin, maispar plaisir de la transgression.

« Arbor erat pirus in vicinia nostrae vineae pomis onusta nec forma nec sapore illecebrosis. Ad hancexcutiendam atque asportandam nequissimi adulescentuli perreximus nocte intempesta, quousque ludum depestilentiae more in areis produxeramus, et abstulimus inde onera ingentia non ad nostras epulas, sed velproicienda porcis, etiamsi aliquid inde comedimus, dum tamen fieret a nobis quod eo liberet, quo non liceret.

- Traduction : "Dans le voisinage de nos vignes était un poirier chargé de fruits qui n’avaient aucun attrait desaveur ou de beauté. Nous allâmes, une troupe de jeunes vauriens, secouer et dépouiller cet arbre, vers lemilieu de la nuit, ayant prolongé nos jeux jusqu’à cette heure, selon notre détestable habitude, et nous enrapportâmes de grandes charges, non pour en faire régal, si toutefois nous y goûtâmes, mais ne fût-ce que pourles jeter aux pourceaux : simple plaisir de faire ce qui était défendu." »

Alors qu'Augustin va sur ses dix-sept ans, son père réussit à épargner suffisamment pour qu'il puisse reprendre sesétudes à Carthage. Il raconte le climat d'extrême sensualité de cette ville d'Afrique du Nord (« la chaudière deshonteuses amours »), les plaisirs de l’amour et du théâtre :

« Veni Carthaginem, et circumstrepebat me undique sartago flagitiosorum amorum[14] .- Traduction : Je vins à Carthage où j'entendais bouillonner autour de moi la chaudière des amours infâmes. »

On notera, au passage, le latin flamboyant d'Augustin, dans le style apprécié des Romains d'Afrique. Les jeux demots et les chiasmes abondent, comme dans le passage très connu qui suit la phrase citée plus haut :

« Nondum amabam sed amare amabam et secretiore indigentia oderam me minus indigentem.

- Traduction : Je n’aimais pas encore, mais j’aimais aimer et par une indigence secrète, je m’en voulais den’être pas encore assez indigent. »

Cet aspect de sa vie, évoqué avec une certaine complaisance, fait l'objet d'un jugement sévère d'adulte à l'endroitd'une psychologie adolescente.

« Je feignais d’avoir fait ce que je n’avais pas fait, pour n’être pas jugé d’autant plus méprisable que j’étais plusinnocent et tenu pour d’autant plus vil que j’étais plus chaste[15] . »

Il connaît très jeune la femme avec laquelle il vivra pendant quatorze ans et de laquelle il aura un fils, Adéodat, dontil fait son interlocuteur dans le dialogue Du maître. C'était une pratique courante à l'époque, de prendre uneconcubine. Si l'on ne sait pratiquement rien sur la concubine d'Augustin, pas même son nom, on peut penser qu'elleétait chrétienne par le choix du nom de leur fils, signifiant Don de Dieu. Il rencontre à Carthage des missionnairesmanichéens, vraisemblablement perses : matérialistes, ils ont une approche littérale de la Bible. Celle-ci ne luisemblait pas avoir beaucoup de sens, et le manichéisme permet alors de répondre à ses attentes. Il rejoint ainsi cettesociété alors illégale et fonctionnant en un groupe fermé. Le manichéisme lui permet d'éliminer certains remordspour les mauvaises actions commises, dans la perspective qu'ils ne sont pas le fait de l'homme lui-même. Augustin sefait alors prosélyte de ce culte séduisant, et organise des débats dans les rues de Carthage, où il ridiculise leschrétiens. De retour à la maison, sa mère est choquée par sa nouvelle foi et refuse de le recevoir.Augustin vise alors le professorat de rhétorique. Parmi les autres événements qui vont jouer un rôle important danssa vie, on peut citer la lecture de l'Hortensius de Cicéron, qui suscite en lui un profond désir de sagesse et celle desÉcritures, dont il juge le style plutôt grossier en comparaison de celui des auteurs latins. Il retourne à Thagaste en375 et y enseigne la grammaire. À la suite d’un prix de poésie, il devint familier du proconsul de Carthage,Vindicius, qui, s’apercevant de la passion d’Augustin pour l’astrologie, parvient à l’en détourner en lui faisant voirque le succès de quelques prédictions n’est que le fruit du hasard :

« Puisqu’il arrive souvent, disait Vindicius, qu’en ouvrant à l’aventure le livre d’un poète avec l’intention d’y trouver quelque lumière dont on a besoin, on tombe sur tel vers qui s’accorde merveilleusement avec ce que l’on y cherche, bien qu’en le composant ce poète eût, sans doute, tout autre chose dans l’esprit, il ne faut pas

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s’étonner si, poussé par quelque instinct secret qui le maîtrise et sans même savoir ce qui se passe en lui, parpur hasard enfin et non par sa propre science, les réponses d’un homme s’accordent quelquefois avec lesactions et les aventures d’un autre homme qui vient l’interroger. » — Les Confessions, Livre IV, Chap. 3.

Il écrit sa première œuvre, une œuvre d’esthétique, De Bono et Apto, aujourd'hui perdue, en 380. C'est aussi à cemoment qu'il commence à avoir des doutes envers les Manichéens, dont il trouve la doctrine simpliste. Il rencontrel'évêque manichéen Faustus (dit 'le lacet du diable'). Faustus admet, bien qu'il soit censé être très savant, êtreincompétent dans le domaine de l'astronomie. Décidément cette secte ne lui apportera pas la Vérité puisque sonreprésentant, après avoir écrit tant de choses à propos du ciel, des étoiles et des éclipses, confesse son ignorance en lamatière. Augustin quitte à ce moment Carthage pour Rome, l'imagerie hagiographique a fixé la scène de sa mère enpleurs sur les docks.

De Rome à Milan : la conversion d’Augustin

saint Augustin, portrait le plus ancien connu (du VIe s.)

À Rome, où il est professeur de rhétorique, Augustin fréquenteles académiciens pour qui la vérité est inconnaissable.

En 384, il gagne Milan envoyé par le sénateur QuintusAurélius Symmaque dont il est le protégé[16] .

« On demanda de Milan au préfet de Rome un maître derhétorique pour cette ville, qui s’engageait même à faireles frais du voyage, et je sollicitai cet emploi par desamis infatués de toutes les erreurs manichéennes, dont, àleur insu comme au mien, mon départ allait me délivrer.Un sujet proposé fit goûter mon éloquence au préfetSymmaque, qui m’envoya. -Les Confessions, Livre V, ch.13, 23[17] »

À Milan, il se retrouve au cœur d'une société fréquentée par lespoètes et les philosophes, particulièrement des platoniciens. Samère finit par l’y rejoindre. Il y rencontre Ambroise de Milan,l'évêque chrétien de la ville dont il suivit les homélies avecassiduité. À cette époque, influencé par les discoursd’Ambroise, il décide de rompre avec le manichéisme, « necroyant pas devoir, en pleine crise de doute, me maintenir dansune secte au-dessus de laquelle je plaçais déjà un certainnombre de philosophes ». Ambroise lui montre en particulierune lecture alternative de la Bible, non pas littérale, maissymbolique. Il envisage de se marier : une riche union pourlaquelle il doit encore attendre deux ans, la jeune fille n'ayant

pas encore l'âge. Pour rendre possible ce mariage, il renvoie sa concubine avec laquelle il vivait depuis quinze ans.Certaines thèses proposent que sa mère a joué un rôle dans le renvoi de sa concubine. Augustin ne pouvant patienter,prend alors une nouvelle maîtresse.

C’est à ce moment qu’Augustin, tourmenté par le problème du mal, se convertit au christianisme en août 386, donc tardivement puisqu’il a presque 32 ans (mais en fait il s’agit d’une religion qu'il connaît pratiquement depuis toujours). Il dit lui-même dans ses Confessions qu’il l'a tétée avec le lait maternel. En fait, la conversion d'Augustin est moins une conversion au christianisme qu'une conversion au paulinisme. Sa découverte des épîtres de saint Paul lui fait voir tout à fait différemment non seulement le christianisme qu'il connaissait, mais aussi le judaïsme. Il est remarquable qu'à une date aussi tardive que la moitié du IVe siècle, on puisse connaître le christianisme sans

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connaître Paul. Nous pouvons donc supposer qu'à Carthage, grande cité de l'Empire, la communauté chrétienneignorait saint Paul.Dans le chapitre XII du livre VIII des Confessions, il relate les circonstances qui l'ont poussé à abandonnerl'enseignement pour la vie monastique. Pour résumer : une voix l'aurait incité à prendre le livre de l' Apôtre Paul,l'ouvrir au hasard et lire le premier passage venu, faisant ainsi de la bibliomancie. Il lut alors : Point de ripailles ni debeuveries ; point de stupre ni de débauches ; point de querelles ni de jalousies. Mais revêtez-vous du SeigneurJésus-Christ et ne vous faites pas les pourvoyeurs de la chair dans ses convoitises.(Romains 13:13-14) . Toutefois lefait de devenir chrétien ne lui fait pas envisager d'être prêtre.Description de la conversion (chapitre XII, livre VIII, Confessions)

« Ainsi, disais-je, et je pleurais dans l'extrême amertume de mon cœur broyé. Et voici que j’entends une voixvenue de la maison voisine, celle d'un garçon ou d'une fille, je ne sais qui, sur un air de chanson disait etrépétait à plusieurs reprises : « Prends, lis ! Prends, lis ! » Et aussitôt, changeant de visage, je me mis àréfléchir intensément, en me demandant si dans un jeu une telle ritournelle était habituellement en usage chezles enfants. Mais, il ne me revenait pas de l’avoir entendue quelque part. Et, refoulant l’assaut de mes larmes,je me levai, ne voyant d’autre interprétation à cet ordre divin que l’injonction d’ouvrir le livre et de lire lepremier chapitre sur lequel je tomberais.Je venais, en effet, d'apprendre qu'Antoine avait tiré de la lecture de l'Évangile pendant laquelle il était survenupar hasard un avertissement personnel comme si c'était pour lui qu’était dit ce qu’on lisait : « Va, vends tout ceque tu possèdes, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans les cieux. Viens, suis-moi », et qu’un tel oraclel'avait aussitôt converti à Toi.Je me hâtai donc de revenir à l'endroit où Alypius était assis ; car c’est là que j’avais posé le livre de l'Apôtrequand je m'étais levé. Je le saisis, je l'ouvris, et je lus en silence le premier chapitre sur lequel tombèrent mesyeux : « Point de ripailles ni de beuveries ; point de coucheries ni de débauches ; point de querelles ni dejalousies. Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ et ne vous faites pas les pourvoyeurs de la chair dans sesconvoitises.Je ne voulus pas en lire davantage : je n’en avais plus besoin. Ce verset à peine achevé, à l’instant même serépandit dans mon cœur une lumière apaisante et toutes les ténèbres du doute se dissipèrent. »

Le 22 avril 2007, au cours d'une visite pastorale à Pavie, le pape Benoît XVI a prononcé une homélie dans laquelle ildécrit les trois étapes du cheminement de conversion de saint Augustin :

« Dans son livre des Confessions, Augustin a décrit de façon émouvante le chemin de sa conversion, qui avecle baptême conféré par l'évêque Ambroise dans la cathédrale de Milan, atteignit son but. Qui lit LesConfessions peut partager le chemin qu'Augustin eut à parcourir en un long combat intérieur, avant finalementde recevoir, durant la nuit de Pâques 387, à la fontaine baptismale, le sacrement qui marquait le grand tournantde sa vie. En suivant attentivement le cours de la vie de saint Augustin, on peut voir que la conversion ne futpas l'événement d'un moment isolé, mais bien tout un cheminement. Et on peut voir qu'aux fonts baptismauxce cheminement n'était pas encore terminé[18] . »

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De la conversion à l’épiscopat

Saint Augustin et sainte Monique (1846), par AryScheffer.

Après sa conversion, Augustin abandonne le métier de rhéteur. L’un deses amis mit à sa disposition une villa à Cassiciacum près de Milan. Ilpartagea ce séjour avec sa mère, son fils Adéodat, son frère Navigius,et quelques-uns de ses amis. Ils discutaient philosophie, et c’est de ceséjour que datent le Contre les Académiciens, De l’ordre, le Traité dela vie bienheureuse, les Soliloques, et des lettres.

Les œuvres de Cassiciacum

Dans le Contre les Académiciens, œuvre qui se compose de deux livreset qui met en scène les élèves d’Augustin défendant le pour et le contre,Augustin s’attache à réfuter les thèses de la Nouvelle Académie, écoleplatonicienne dont le chef fut Arcésilas. Pour ces philosophes, l’hommene peut connaître la vérité et le sage est celui qui suspend sonjugement. Augustin pose les questions de savoir si nous sommesobligés de connaître la vérité, et si la possibilité d’être heureux sans laconnaître nous dispenserait de la chercher. Or, puisque la vie heureuseest « la vie conforme à ce qu’il y a de meilleur et de plus parfait dansl’homme » on ne saurait être heureux, comme le soutient Cicéron, dans un état de recherche qui n’aboutit pas. Direque nous sommes impuissants à découvrir la vérité, c’est dire que les facultés qui nous rendent supérieurs auxanimaux sont inutiles. Augustin passe en revue les philosophies hellénistiques, puis expose la thèse de Platon àpropos des deux mondes, l’un intelligible et vrai et qui se dérobe aux sens, l’autre qui n’est que vraisemblable etcopie le premier. Or, c’est selon lui du monde divin que descend la lumière qui éclaire l’âme, et tout ce qui est bonimite les régions supérieures. Augustin indique que les Nouveaux Académiciens ont caché cette vérité, pour lasoustraire aux attaques de leurs adversaires, et ont feint de soutenir un scepticisme dogmatique (cette thèse d’histoirede la philosophie a été longtemps discutée et il semble qu'elle soit finalement fausse, si l’on en croit Victor Brochard,dans Les Sceptiques grecs). Mais c’est en fin de compte Dieu qui nous permet, dans notre quête de la vérité, decontempler les réalités célestes, car la raison humaine est trop faible ; la pensée d’Augustin est donc une synthèse deplatonisme et de christianisme :

« De quelque manière que je possède la sagesse, je vois que je ne la connais pas encore. Cependant, n’étantencore qu’à ma trente-troisième année, je ne dois pas désespérer de l’acquérir un jour ; aussi suis-je résolu dem’appliquer à la chercher par un mépris général de tout ce que les hommes regardent ici-bas comme des biens.J’avoue que les raisons des Académiciens m’effrayaient beaucoup dans cette entreprise; mais je me suis, ce mesemble, assez armé contre elles par cette discussion. Il n’est douteux pour personne que deux motifs nousdéterminent dans nos connaissances : l’autorité et la raison. Pour moi, je suis persuadé qu’on ne doit, en aucunemanière, s’écarter de l’autorité de Jésus-Christ, car je n’en trouve pas de plus puissante. Quant aux choses qu’onpeut examiner par la subtilité de la raison (car, du caractère dont je suis, je désire avec impatience ne pas croireseulement la vérité, mais l’apercevoir par l’intelligence), j’espère trouver chez les platoniciens beaucoupd’idées qui ne seront point opposées à nos saints mystères. »

Augustin rédige également les deux livres du traité De l’ordre, où il aborde la question de l’ordre immuable de l’univers, dont le caractère harmonieux nous échappe si nous n’en contemplons pas l’ensemble ; ceux qui restent près de la multiplicité des choses ont l’esprit borné et ne voient partout que confusion et horrible hasard. Ainsi nous étonnons-nous du désordre qui semble violer l’ordre des choses, mais une chose absolument contre l’ordre est impossible, car tout a une raison de son accomplissement et rien ne peut exister en dehors de l’ordre, dans la mesure, où pour exister, une chose doit tendre vers l’unité. Notre raison est également une telle aspiration à l’unité et au repos

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de la vérité immuable. C’est pour Augustin un axiome que plus une chose a d’unité, plus elle est invincible : or, lapermanence et l’unité de la raison témoignent de sa constance absolue par comparaison aux choses de ce monde, etmontrent en conséquence l’immortalité de l’âme ; la citation suivante l’illustre, et montre l’influence de la penséed’Augustin sur Descartes :

« Si donc la raison est immortelle (et moi qui discerne et lie toutes ces choses, c’est moi qui suis la raison), jeconclus que ce qui en moi est appelé mortel n’est pas moi. Or si l’âme n’est pas la raison, et que cependant,usant de ma raison, je puisse devenir meilleur, l’âme est donc immortelle. Lorsqu’elle se sera renduesuffisamment belle, elle osera se présenter devant Dieu, la source d’où le vrai découle, le père de la vérité. »

Pourtant, malgré l’ordre et l’unité, le mal existe, et semble difficile à concilier avec l’ordre divin universel et la toutepuissance de Dieu.À partir du 13 novembre 386, jour de son anniversaire, Augustin commence avec ses amis une discussion sur labéatitude qui donna lieu au traité de la Vie bienheureuse, où il explique que la béatitude ici-bas consiste dans laparfaite connaissance de Dieu : les hommes sont sur une mer et cherchent la vérité qu’ils rencontrent dans le port dela philosophie, s’ils ne se laissent entraîner par la vanité.Enfin, le dernier ouvrage d’Augustin datant de cette époque sont les Soliloques, où Augustin discute avec lui-même :

« Je les écrivis selon mon goût et mon amour, pour trouver la vérité sur les choses que je souhaitais le plus deconnaître, m’interrogeant moi-même et me répondant, comme si nous fussions deux, la Raison et moi, quoiqueje fusse seul : de là le nom de Soliloques donné à cet ouvrage. (Rétractations) »

Dans cette œuvre, la raison y est considérée comme l'œil de l’âme qui doit se purifier des choses sensibles par lesvertus chrétiennes que sont la foi, la charité et l’espérance, pour s’élever aux vérités intelligibles ; ce platonisme estévidemment d’abord d’inspiration chrétienne, puisque le soleil platonicien est Dieu, dont la lumière permet lacontemplation intellectuelle et morale : « Mon Dieu, faites que je vous connaisse et que je me connaisse ! »Et on reconnaît un célèbre philosophe dans la citation suivante :

« La raison : Mais toi qui veux te connaître, sais-tu si tu existes?Augustin : Je le sais.La raison : D’où le sais-tu ?Augustin : Je l’ignore.La raison : As-tu conscience de toi comme d’un être simple ou composé ?Augustin : Je l’ignore.La raison : Sais-tu si tu es mis en mouvement ?Augustin : Je l’ignore.La raison : Sais-tu si tu penses ?Augustin : Je le sais.La raison : Il est donc vrai que tu penses ?Augustin: Cela est vrai. »

Augustin fait donc résider la certitude dans l’évidence intime de notre pensée, qui se distingue du témoignage dessens, et il définit la vérité comme ce qui est, toute vérité ayant son existence éternelle et immuable en Dieu :

« Qui est assez aveugle d’esprit pour ne pas reconnaître que les figures géométriques habitent au sein de lavérité elle-même ? »

La certitude qu’atteint notre raison témoigne ainsi que cette dernière participe de l’éternité de la vérité, et que notreâme est immortelle. Cette argumentation fut reprise par Augustin quand il fut de retour à Milan, dans le Traité del’immortalité de l’âme, et plus tard dans La Cité de Dieu, livre XI, 26, il dit :

« En cette triple assurance, je ne redoute aucun des arguments des académiciens me disant : Quoi! et si tu te trompais ? Car si je me trompe, je suis. Qui n’existe pas, certes ne peut pas non plus se tromper ; par suite, si je me trompe, c’est que je suis. Du moment donc que je suis si je me trompe, comment me tromper en croyant

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que je suis, quand il est certain que je suis si je me trompe. Puisque donc j’existais en me trompant, même si jeme trompais, sans aucun doute, je ne me trompe pas en ce que je sais que j’existe. De même en disant: Je saisque je me connais, je ne me trompe pas non plus, car c’est de la même manière que je connais mon existence etque je sais aussi que je me connais. »

Le baptême d’Augustin

Le baptême d'Augustin par Ambroise de Milan, toile deBenozzo Gozzoli, XVe siècle.

Le séjour d’Augustin à Cassiciacum avait duré du 23 août 386jusqu’au 23 mars 387. Augustin revint ensuite à Milan et seprépara au baptême en lisant Isaïe sur les conseils d’Ambroise.C’est pendant ce temps qu’il écrivit le Traité sur l’immortalitéde l’âme évoqué plus haut, et d’autres ouvrages qui furentperdus de son vivant à ce qu’il semble.

Il fut baptisé par Ambroise, évêque de Milan, dans la nuit du 24au 25 avril 387 :

« Combien j’étais ému ! Que de larmes s’échappaient demes yeux, lorsque j’entendais retentir dans votre église lechœur mélodieux des hymnes et des cantiques qu’elleélève sans cesse vers vous ! Tandis que ces célestesparoles pénétraient dans mes oreilles, votre vérité entraitpar elles doucement dans mon cœur; l’ardeur de ma piétésemblait en devenir plus vive; mes larmes coulaienttoujours, et j’éprouvais du plaisir à les répandre.(Confessions, livre 9) »

Mort de sa mère, Monique

Augustin part de Milan pour rentrer à Thagaste vers le moisd'août 387, avec sa mère, Adéodat et ses amis. Mais, peu aprèsleur arrivée à Ostie, d’où ils doivent embarquer pour l’Afrique,Monique tombe malade et meurt après neuf jours de maladie.Augustin nous rapporte le dernier entretien qu’il eut avec samère :

« À peu de distance de ce jour où ma mère devait sortir de cette vie, jour que vous connaissiez, mais que nousignorions, il était arrivé, par un effet de vos vues secrètes, comme je le crois, qu’elle et moi, nous noustrouvions seuls appuyés à une fenêtre, donnant sur le jardin de la maison qui était notre demeure à Ostie, àl’embouchure du Tibre, et dans laquelle, séparés de la foule, après la fatigue d’un long voyage, nous nousreposions en vue de la traversée : nous parlions donc là seuls, avec une douceur ineffable ; oubliant le passé,occupés de l’avenir, nous cherchions entre nous, auprès de cette vérité qui est vous-même, quelle devait êtrel’éternelle vie des saints, que l'œil n’a point vue, que l’oreille n’a point entendue, et qui n’est jamais montéedans le cœur de l’homme. Nous ouvrions la bouche du cœur pour recevoir les célestes eaux de cette fontaine devie qui est en vous, afin qu’en étant inondés selon notre mesure, nous comprissions de quelque manière uneaussi grande chose. (...) Tel était notre entretien ; et si la forme et les paroles n’étaient pas les mêmes, vous savez, Seigneur, que cejour-là, durant ce discours, le monde et tous ses plaisirs nous paraissaient bien vils. Alors ma mère dit : « Monfils, pour ce qui me regarde, plus rien ne me charme en cette vie. J’ignore ce que je dois faire encore ici, et

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pourquoi j’y suis, après que mon espérance de ce siècle a été accomplie. Il n’y avait qu’une seule chose pourlaquelle je désirasse rester un peu dans cette vie, c’était de te voir chrétien catholique avant de mourir. MonDieu m’a accordé cela au-delà de mes vœux; je te vois son serviteur, non content d’avoir méprisé les terrestresfélicités ; que fais-je donc ici ? »

— Confessions, livre 9, § 10Après la mort de sa mère, Augustin décide de se rendre à Rome. On ignore les raisons de cette décision. Il y reste unan avant de revenir en Afrique pendant l’été 388.

Retour en Afrique

Revenu en Afrique, après cinq années d’absence, il vit en communauté non loin de Thagaste avec ses amis et sesdisciples. Il s’engage alors dans la défense de l’Église, en rédigeant les Mœurs de l’Église catholique, les Mœurs desmanichéens, où il compare le comportement des chrétiens et des manichéens, et De la Grandeur de l’âme, qu’il avaitcommencé de composer à Rome. Il se donne pour tâche de guérir d’abord par la raison les manichéens qui, selon leschrétiens, insultent les Écritures. La raison nous permet de nous rendre meilleurs en suivant la vertu, qui, seule, nousporte vers une réalité hors de nous, qui est Dieu, le souverain bien. Mais la raison est impuissante à comprendre lanature des réalités divines, et elle a besoin de l’autorité de la parole de Dieu, de l’Ancien et du Nouveau Testamentque les manichéens rejettent sur de nombreux points :

« Je pourrais, selon la médiocrité de mes lumières et de mes forces, discuter en détail toutes les paroles que jeviens de rapporter, et vous exposer ici ce que Dieu m’a fait la grâce d’apprendre des merveilles qu’ellesrenferment, merveilles dont l’expression demeure souvent au-dessus de la faiblesse du langage. Mais il fautbien s’en garder, tant que vous serez en disposition d’aboyer contre les divins livres. L’Évangile nous défend deprésenter les choses saintes aux chiens. Ne vous offensez pas si je vous parle ainsi : j’aboyais autrefoismoi-même ; j’ai été de ces chiens dont parle l’Évangile. »

La visite des monastères romains lui donne l’idée de transformer la maison familiale en monastère : le Jardin (en391), à l’imitation du Jardin d’Épicure. C’est à cette époque que meurt son fils Adéodat, vers l’âge de 17 ans.

Augustin évêque

Tombe à la Basilique San Pietro in Ciel d'Oro àPavie.

Les évêques étaient à cette époque choisis par les fidèles ; Augustin neconvoitait pas cette fonction et évitait d'aller dans une ville n'ayant pasdéjà un évêque, de peur de le devenir. Finalement, un évêque déclara àsa congrégation qu'il fallait un nouvel évêque, et Augustin présent neput s'y échapper. Ainsi, après avoir été prêtre puis coadjuteur deValère, il devint évêque d'Hippone, dans la province romained’Afrique. En 399, les temples païens sont fermés. À cette occasion, ilrédige la Catéchèse des Débutants. En 395, il entame une querellethéologique avec Jérôme, traducteur de la Vulgate à partir de la Biblehébraïque. Il considérait que rien n’avait pu échapper aux Septante. Iln’en voyait donc pas l’utilité. Il est vrai qu’Augustin était piètrehelléniste et pas hébraïsant du tout ; en fait de Bible, il ne connaissaitque la Vetus Africana, dont les spécialistes s’accordent à dire qu’ellen’est pas un modèle de fidélité. Il ne pouvait se rendre compte que lesSeptante n’avaient pas seulement traduit mais aussi complété etcontinué la Bible Hébraïque. Une autre querelle l’opposa à l’érudit deBethléem concernant le commentaire de l’Épître aux Galates, sur lepassage de la réprimande à Pierre attablé avec les Gentils. Il meurt lorsdu siège de Genséric chef des troupes Vandales en 430.

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Il a rédigé deux règles importantes :• une pour le monastère de Thagaste ;• une pour le clergé (séculier) d’Hippone.La règle des chanoines de saint Augustin a été inspirée à Césaire d'Arles par cette dernière.

Doctrine

Ses sources• Cicéron ;• La Bible, la Tradition de l'Église, notamment saint Cyprien de Carthage et saint Ambroise de Milan ;• Le manichéisme ;• Platon via Cicéron (Augustin n'a jamais lu en partie ou en totalité le texte grec des Dialogues de Platon) ;• Le néoplatonisme de Plotin et de Porphyre.

Concepts fondamentauxLes concepts fondamentaux de la réflexion de saint Augustin sont les suivants :• La foi, adhésion de l’âme nous faisant saisir les principes premiers et nous mettant en possession de la vérité (la

foi, si elle précède l’intelligence, n’est pas de nature à ruiner la raison) ; la foi est une croyance en quelque chosed’invisible, et Augustin répond à ceux qui affirment que l’on ne peut croire en ce qui ne tombe pas sous les sens(extérieurs ou sens interne) que nous croyons toujours à certaines choses que nous ne percevons pas, telle que, parexemple, la bienveillance d’un ami. L’esprit humain ne peut donc se passer de foi, à moins de vivre comme unebête (De la foi aux choses qu’on ne voit pas, §1). La foi aux choses invisibles n’est donc pas en elle-mêmeirrationnelle, mais fait partie, d’une manière raisonnable et nécessaire, de la vie humaine :

« Or, croire qu’on n’est pas aimé parce qu’on ne voit pas l’amour, ne pas rendre affection pour affection parcequ’on s’en croit dispensé, ce n’est pas là un acte de sagesse, mais une réserve odieuse ; et si nous ne croyonspas à ce que nous ne voyons pas, si nous nions les volontés des hommes, parce qu’elles échappent à nos yeux,il en résultera un tel trouble dans la société que tout sera renversé de fond en comble. »

• L’Amour, qui consiste à désirer quelque chose pour elle-même. Augustin distingue l’amour de soi et l’amour deDieu. Seul l’amour de Dieu est un amour authentique et juste car il n’altère pas notre être mais au contrairel’augmente. L’amour est charité et s’oppose à la concupiscence. C’est un mouvement de l’âme vers ce qu’elledésire, et en ce sens, l’appétit naturel de l’âme est l’amour qui l’entraîne vers Dieu (idée que reprendront plus tardThomas d'Aquin, et à la limite Baruch Spinoza dans les limites de la définition particulière que ce dernier établirade « Dieu »). Voir aussi entéléchie.

• Le libre arbitre et la grâce. La liberté est pour Augustin correspondance entre la volonté humaine et la volontédivine ; elle n’est donc pas un choix, mais une sorte de nécessité à se conformer à l’ordre divin. Il existe toutefoisdeux sortes de liberté : la liberté parfaite qui précède la chute où l’homme est libre entièrement, parce qu’il fait delui-même le bien, qu’il est ce bien qu’il réalise ; une liberté imparfaite, après la chute, qui témoigne de lacorruption de la nature humaine, autrement dit de la mauvaise utilisation de sa volonté. Quand l’homme est bonmalgré tout, ce n’est pas de son fait, mais par la grâce de Dieu. Quand il est sauvé, ce n'est pas par ses actes maispar la seule grâce de Dieu (Sola gratia).

• La Raison, conçue comme faculté discursive, n’entrant pas en conflit avec la foi, mais la complétant : il faut, eneffet, comprendre pour croire ;

• La Mémoire, source de l’identité personnelle, est une faculté de la pensée, conscience des temps passé, présent et à venir. Cette faculté permet l’intelligence et la volonté. C’est par la mémoire que l’âme se rappelle d’elle-même et reprend possession d’elle-même. Quand l’âme se cherche elle-même, après s’être perdue par concupiscence, elle

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se retrouve par la mémoire, qui est alors un mouvement de l’être vers Dieu.• La notion de devenir historique explicitement formulée dans :

• Le supersessionisme (ou théologie de la substitution), exprimé à l’encontre du judaïsme• Le fait que, par l’Incarnation, Dieu soit intervenu dans le cours naturel du monde est un événement

fondamental qui donne son sens à la cité des hommes et à son devenir vers la Cité de Dieu. Voir Le temps etl'Histoire dans la cité de Dieu [19]

• Il est une des principales sources de la doctrine du Péché originel et de l’exclusivisme, du mépris du monde et dedoctrines "culpabilisant" l’exercice humain de la sexualité. D’aucuns lui attribuent aussi :• L’origine de la misogynie dans les religions d’autorité issues du christianisme• Une responsabilité dans l'antijudaïsme chrétien.

• La guerre juste, improprement nommée guerre sainte, comme le montre ce passage de la Lettre 185 d'Augustin àBoniface, préfet militaire en charge de la répression des donatistes:

« Les martyrs sont ceux dont le Seigneur a dit : "Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice "(Matthieu V, 10) Ce ne sont donc pas ceux qui souffrent persécution pour l'iniquité et pour la division impie del'unité chrétienne qui sont véritablement martyrs, mais ceux qui sont persécutés pour la justice. Agar aussi asouffert persécution de la part de Sara (Genèse, XVI, 6). Celle qui persécutait était sainte, celle qui étaitpersécutée ne l'était pas. (...) Si nous examinons même plus attentivement la chose, on verra que c'était plutôtAgar qui, par son orgueil, persécutait Sara que Sara ne persécutait Agar en la punissant (...) Si nous voulonsdonc être dans le vrai, disons que la persécution exercée par les impies contre l'Église du Christ est injuste,tandis qu'il y a justice dans la persécution infligée aux impies par l'Église de Jésus-Christ. (...) L'Églisepersécute pour retirer de l'erreur, les impies pour y précipiter. Enfin, l'Église persécute ses ennemis et lespoursuit jusqu'à ce qu'elle les ait atteints et défaits dans leur orgueil et leur vanité, afin de les faire jouir dubienfait de la vérité, les impies persécutent en rendant le mal pour le bien, et tandis que nous n'avons en vueque leur salut éternel, eux cherchent à nous enlever notre portion de bonheur sur la terre. Ils respirent tellementle meurtre qu'ils s'ôtent la vie à eux-mêmes, quand ils ne peuvent l'ôter aux autres. L'Église, dans sa charité,travaille à les délivrer de la perdition pour les préserver de la mort; eux, dans leur rage, cherchent tous lesmoyens de nous faire périr, et pour assouvir leur besoin de cruauté, ils se tuent eux-mêmes, comme pour nepas perdre le droit qu'ils croient avoir de tuer les hommes. »

Saint Augustin par le concept de guerre juste entend répondre aux persécutions que subit l'Église, par une guerrecontre les impies, afin de leur ôter les « armes du mensonge » et de défaire leur « orgueil et leur vanité ». Il n'est pasquestion que l'Église mette à mort qui que ce soit puisque Augustin a "toujours et de toutes ses forces repoussé lapeine de mort pour les hérétiques". Saint Augustin ne prêche ni croisade ni guerre sainte, il expose simplement unevision politique selon laquelle lorsque l'Église est menacée, il est normal que l'État se fasse garant de sa protection ;de même il est favorable à la guerre lorsque celle-ci permet d'obtenir la paix. Notons néanmoins qu'une conversionforcée des impies est considérée comme juste étant donné qu'il s'agit de les faire entrer dans la "Cité de Dieu". Dèslors, une guerre sainte ou une croisade, sans être directement incitée, reste cautionnée par l'église. « Il y a justice dansla persécution infligée aux impies par l’Église de Jésus-Christ » (Augustin d’Hippone, Lettre 185 à Boniface).

« On ne cherche pas la paix pour faire la guerre, mais on fait la guerre pour obtenir la paix. Sois donc pacifiqueen combattant, afin de conduire ceux que tu connais au bienfait de la paix, en remportant sur eux la victoire »

[Lettre 189]• La propriété privée. Le Nouveau Testament est presque muet sur la question mais alors que les chrétiens mettaient

en commun leurs biens, saint Augustin défend par le dogme la propriété privée: il soutient que le péché originel achangé la nature de l'homme ce qui rend la propriété collective impossible. Cette dernière fut en conséquencecondamnée comme hérétique.

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Le problème du tempsAugustin reste connu comme auteur de la fameuse boutade « Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne me ledemande, je le sais; mais si on me le demande et que je veuille l’expliquer, je ne le sais plus » (Confessions).Également célèbre pour la citation suivante : “Ce qui autorise à penser que le temps est, c’est qu’il tend à n’être plus.”Mais il cherche tout de même à défricher ce mystère. Il admet avec les philosophes que pour l’homme « Il y a troistemps, le présent du passé, le présent du futur et le présent du présent », mais se refuse à considérer que Dieu puisseêtre, comme l’homme, « prisonnier du temps », et en particulier impuissant à connaître l’avenir. Il estime quel’ensemble des instants de l’univers doit être, pour ce dernier, « omnia simul » : tout est présent à la fois, simultané,sans succession, éternel.Le chapitre 11 des Confessions indique clairement que pour Augustin Dieu a tiré du néant de concert la matièrecomme le temps : comment en effet définir quoi que ce soit qui ressemble au temps en l'absence de matière ?

Le problème du malSaint Augustin, pour préciser sa théorie démontrant l'étendue actuelle du mal en ce monde et dans les créatures,réunira de façon indissociable le péché originel à la concupiscence de la chair : "ce mouvement honteux qui solliciteles organes...[et qui] par de secrètes attaques s'empare de tout le corps... Envahit tout l'homme, soulevant à la fois lespassions de son âme et les instincts de sa chair" (Cité de Dieu, XIV, 15, 16), le désir au caractère instinctif etpassionné de l'attraction des sexes. Le péché originel, selon lui, n'a donc pas seulement « altéré » la nature humainedans son essence, il l'a défiguré. A présent l'homme, reçoit à sa naissance une nature mauvaise ; la prévarication, depar son étendue, sa profondeur et sa force, procède dès lors de manière constitutive de la nature que possèdentactuellement les hommes, nature incontestablement marquée par le mal.Une phrase de La Cité de Dieu résume la position d'Augustin sur la question de Dieu, de ses créatures, et du choix dumal par celles-ci :

« Dieu n'aurait pas créé un seul des anges - que dis-je, un seul des hommes ! - dont il avait prévu qu'ils seraientméchants, s'il n'avait su aussi bien à quel usage des bons il pouvait les faire servir, et comment il pouvait par làrehausser la suite des siècles par des sortes d'antithèses, comme on le fait pour un très beau poème. (XI, 18) »

Péché originelLa notion de péché originel surgit chez Augustin dans son traité consacré au libre arbitre. La question principale est :comment affirmer un Dieu bon et juste face au malheur du monde - en particulier face à la mort des enfants ? Pourexpliquer ce fait scandaleux, Augustin se réfère à la faute originelle. Il confère au péché originel un rôle déterminantet majeur, et affirme que la faute d'Adam est d'autant plus grave et inacceptable qu'il avait reçu en Eden une grâceparticulière le rendant pleinement libre et responsable de ses actes, mais surtout capable de résister à la tentation etau mal ce qui n'est plus le cas à présent. Dieu a donc placé les hommes, en salaire du péché, en punition de la faute,sous la loi de la mort ; la désobéissance d'Adam étant imputée à tous les hommes : "Par un seul homme le péché estentré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la mort s'est étendue sur tous les hommes, parce que tous ontpéché..." (Romains 5,12), si bien que tous sont aujourd'hui par nature "enfants de colère" (Ephésiens 2,3). Dès lors,même les petits enfants, qui n'ont pas pu pécher au sens moral du terme évidemment, sont également sur le plangénérique, nés dans l'iniquité et conçus dans le péché (Psaume 51,7).De la sorte, pour saint Augustin, chaque être humain est foncièrement à l'état de nature pécheur. C'est pour cela que le baptême est indispensable dès le commencement de la vie[20] : un enfant mort-né, non baptisé, sera destiné aux limbes (état situé entre les enfers et le paradis duquel la souffrance est cependant absente, concept créé par saint Augustin). De ce fait, seule une personne baptisée peut espérer la rédemption, car le baptême marque l'adhésion à la foi chrétienne mais également l'acceptation par l'homme qu'il est pécheur, et par là le passage de son état naturel corrompu à la vie surnaturelle. Saint Augustin reprend les idées de saint Paul sur ce point, et d'ailleurs si le principe

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de l'esclavage ne fut pas remis en question dans l' Empire romain chrétien, saint Augustin considéra que les hommesétaient de toute façon moralement esclaves envers Dieu, en Adam à cause de leurs péchés.

Relations avec le judaïsmeAugustin d'Hippone a développé la doctrine de la théologie de la substitution, selon laquelle le christianismeremplace le judaïsme comme seule vraie religion. Il suivait en cela la doctrine du christianisme, formulée par Justinde Naplouse, Tertullien et Jean Chrysostome, notamment.À la suite de Justin de Naplouse et de Méliton de Sardes, entre autres, Augustin considérait les Juifs comme les «assassins du Christ », et donc de Dieu. C'est sous son influence et sous celle de Jean Chrysostome que se propagea ladoctrine du « peuple déicide », doctrine officiellement abandonnée par le catholicisme lors du concile de Trente,quelque mille ans plus tard. Les violentes accusations d'Augustin, citées lors des Impropères, furent historiquementl'un des plus puissants vecteurs de l'antijudaïsme et de l'antisémitisme[21] .Augustin écrit notamment dans son Commentaire du psaume 63 :

« Que les Juifs ne viennent pas dire : "Ce n'est pas nous qui avons mis le Christ à mort." Car s'ils l'ont livré autribunal de Pilate, c'est pour paraître innocents de sa mort. [...] Mais pensaient-ils tromper le Juge souverainqui était Dieu ? Ce que Pilate a fait, dans la mesure où il l'a fait, l'a rendu pour une part leur complice. Mais sion le compare à eux, il est beaucoup moins coupable. […] Si c'est Pilate qui a prononcé la sentence et donnél'ordre de le crucifier, si c'est lui qui en quelque sorte l'a tué, vous aussi, Juifs, vous l'avez mis à mort. […]Lorsque vous avez crié : " En croix ! En croix ! " »

Toutefois, ce « peuple déicide » ne doit pas être assassiné, selon Augustin, car les Juifs sont à la fois les « témoins »de l'ancienne religion et l'objet d'une humiliation due à leur crime : dispersés depuis la Crucifixion et la destructiondu Temple de Jérusalem (événements quasiment contemporains), ils constituent la preuve vivante du châtimentdivin. Ils n'ont donc pas à être tués puisque leur rabaissement témoigne de ce crime[22] . Cette doctrine est connuesous le nom de « peuple témoin ».

« Si donc ce peuple n’a pas été détruit jusqu’à entière extinction, mais dispersé sur toute la surface de la terre,c’est pour nous être utile, en répandant les pages où les prophètes annoncent le bienfait que nous avons reçu, etqui sert à affermir la foi chez les infidèles. (...) Ils ne sont donc pas tués, en ce sens qu’ils n’ont pas oublié lesÉcritures qu’on lisait et qu’on entendait lire chez eux. Si en effet ils oubliaient tout à fait les saintes Écritures,qu’ils ne comprennent pas du reste, ils seraient mis à mort d’après le rite judaïque même ; parce que, neconnaissant plus la loi ni les prophètes, ils nous deviendraient inutiles. Ils n’ont donc pas été exterminés, maisdispersés ; afin que n’ayant pas la foi qui pourrait les sauver, ils nous fussent du moins utiles par leurssouvenirs. Nos ennemis par le cœur, ils sont par leurs livres, nos soutiens et nos témoins[23] . »

Par ailleurs, Augustin s'opposa vivement à saint Jérôme lorsque celui-ci traduisit en latin l'ensemble de la Bible, sousle nom de « Vulgate ». Jérôme avait coutume de demander conseil à des rabbins pour l'interprétation de certainstermes du Tanakh lors de sa traduction, afin de rester le plus fidèle possible à la « vérité hébraïque », ce qu'Augustinlui reprocha.

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ExclusivismeLes attaques d’Augustin contre les Manichéens sont omniprésentes dans l'œuvre du « père de la grâce ». Plusieurs deses traités y sont entièrement consacrés, et les allusions au manichéisme sont partout dans les autres traités, sermons,lettres, écrits divers ; naturellement aussi dans ses œuvres majeures que sont Les Confessions et La Cité de Dieu.Elles y sont aussi, bien évidemment, dans le De vera religione.Une partie importante de l'œuvre d’Augustin combat les hérésies. L’Église triomphante utilise ce terme pour désignercertaines tendances du christianisme naissant qui n’ont pas prévalu et s'écartent de la foi telle que définie parl'autorité ecclésiastique (notamment les Conciles). Augustin combat Mani lui-même qui se disait disciple du Christ,même si le manichéisme est fort éloigné de l’Évangile. Il combat les donatistes et les pélagiens, dont la doctrine estchrétienne. Ces derniers ont une approche plus intransigeante : en particulier, les donatistes réfutent l'ensemble desactions (tels que des mariages) faites par des prêtres qu'ils estiment souillés. Pour Augustin, le prêtre n'est qu'uninstrument de Dieu et ne salit en rien les actes s'il est lui-même sali. Les donatistes tentèrent à plusieurs reprises detuer Augustin.Augustin est parfois partisan de la contrainte contre les hérétiques :

« La force de la coutume était une chaîne qu’ils n’auraient jamais rompue, s’ils n’avaient été frappés de laterreur des puissances séculières et si cette terreur salutaire n’avait appliqué leur esprit à la considération de lavérité. »

Voire de la persécution quand il écrit au préfet militaire en charge de la répression des donatistes :« La persécution exercée par les impies contre l’Église du Christ est injuste, tandis qu’il y a justice dans lapersécution infligée aux impies par l’Église de Jésus-Christ.(...) L’Église persécute par amour ; les impies parcruauté.(...) Enfin l’Église persécute ses ennemis, et ne cesse point de les poursuivre qu’elle ne les ait atteints etdéfaits, c’est-à-dire, qu’elle ne leur ait fait mettre bas les armes du mensonge, et qu’elle ne les ait établis dans lavérité ; eux au contraire nous rendent le mal pour le bien, et au lieu que ce n’est que pour leur procurer la vieéternelle que nous travaillons, ils cherchent à nous ôter la vie temporelle ; ils ne respirent que meurtre et quecarnage ; et cela va même à un tel excès que quand ils ne peuvent assouvir leur fureur en ôtant la vie auxautres, ils se l’ôtent à eux-mêmes. (Augustin d’Hippone, Lettre 185 à Boniface »

Influence sur l’histoire de la philosophiePour le Moyen Âge, voir saint Bonaventure et l'article augustinisme.Pour le XVIIe siècle, voir en particulier : Descartes, Blaise Pascal, Malebranche, Leibniz.Le nombre de lecteurs de saint Augustin est innombrable : c'est un auteur majeur. Au XXe siècle, p.ex. Albert Camusa rédigé un DEA sur saint Augustin.La thèse de Hannah Arendt fut consacrée à "L'Amour chez Augustin".

Une erreur d’appréciation augustinienne ? Le peuplement des antipodesAugustin reste connu pour son refus d’admettre la théorie des antipodes ou plus précisément le peuplement desantipodes.Voici en quels termes il s'exprime :« Quant à leur fabuleuse opinion qu'il y a des antipodes, c'est-à-dire des hommes dont les pieds sont opposés aux nôtres et qui habitent cette partie de la terre où le soleil se lève quand il se couche pour nous, il n'y a aucune raison d'y croire. Aussi ne l'avancent-ils sur le rapport d'aucun témoignage historique, mais sur des conjectures et des raisonnements, parce que, disent-ils, la terre étant ronde, est suspendue entre les deux côtés de la voûte céleste, la partie qui est sous nos pieds, placée dans les mêmes conditions de température, ne peut pas être sans habitants. Mais quand on montrerait que la terre est ronde, il ne s'ensuivrait pas que la partie qui nous est opposée ne fût point

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couverte d'eau. D'ailleurs, ne le serait-elle pas, quelle nécessité qu'elle fût habitée, puisque, d'un côté, l'Écriture nepeut mentir, et que, de l'autre, il y a trop d'absurdité à dire que des hommes aient traversé l'immensité de l'Océanpour y implanter un rameau détaché de la famille du premier homme». (Cité de Dieu, livre XVI, 9)Le problème pour Augustin est le peuplement des antipodes. Il refuse, car "l'Écriture ne peut mentir", que lesantipodes soient peuplées par des hommes d'une autre souche, le polygénisme. Par ailleurs, pour lui, comme pour sescontemporains, une zone infranchissable interdit d'atteindre les antipodes. Comment donc les descendants de Noéauraient pu traverser "l'immensité de l'Océan" pour aller peupler cette autre partie du Monde? En expliquant qu'ilvaut mieux faire confiance aux hommes de foi pour les questions de dogme et à Aristote (donc à son idée de Terresphérique) pour les questions concernant la nature, Thomas d'Aquin désavouera diplomatiquement Augustin sur cepoint précis quelques siècles plus tard.

Points de vue et jugements

L'Église catholiqueAugustin est dit saint Augustin, évêque d’Hippone. Son influence sur la théologie de l’Église catholique estprimordiale. L'augustinisme a imprégné tout le Moyen Âge et inspiré la plupart des débats et systèmes de penséeultérieurs.Considéré comme un des Pères de l’Église, il a également toujours été compté parmi les Docteurs de l’Église.

L'Église orthodoxeSaint Augustin d'Hippone et Jérôme de Stridon sont fêtés ensemble le 15 juin dans l'Église orthodoxe. Cette fête estsecondaire, le 15 juin est en effet le jour du saint prophète Amos et de saint Guy dans l'ensemble des Églisesorthodoxes. Il semble donc que cette mémoire ne soit mentionnée que localement, en Roumanie par exemple.Les Roumains ont tendance à orner les églises de fresques d’auteurs latins comme les Grecs de leurs philosophespaïens (Platon, Socrate, Héraclite, à cause de l’usage qu’ils firent du terme logos).• Place in the Orthodox Church: A Corrective [24] [en]• point de vue copte [25] [en]

Commentaires

Pierre Bayle

« L'engagement où est l'église romaine de respecter le système de saint Augustin la jette dans un embarras quitient beaucoup du ridicule. Il est si manifeste à tout homme qui examine les choses sans préjugé et avec leslumières nécessaires, que la doctrine de saint Augustin et celle de Jansénius, évêque d'Ypres, sont une seule etmême doctrine, qu'on ne peut voir sans indignation que la cour de Rome se soit vantée d'avoir condamnéeJansénius, et d'avoir néanmoins conservé à saint Augustin toute sa gloire. Ce sont deux choses tout-à-faitincompatibles. Bien plus, le concile de Trente, en condamnant la doctrine de Calvin sur le franc arbitre, anécessairement condamné celle de saint Augustin, car il n'y a point de calviniste qui ait nié, ou qui ait pu nierle concours de la volonté humaine et la liberté de notre âme au sens que saint Augustin a donné aux mots deconcours et de coopération et de liberté.Il n'y a point de calviniste qui ne reconnaisse le franc arbitre, et son usage dans la conversion, si l'on entend cemot selon les idées de saint Augustin. Ceux que le concile de Trente a condamnés ne rejettent le franc arbitrequ'en tant qu'il signifie la liberté d'indifférence. Les thomistes le rejettent aussi sous cette notion, et ne laissentpas de passer pour très-catholiques. Voici une autre scène de comédie. La prédétermination physique desthomistes, la nécessité de saint Augustin, celle des jansénistes , et les uns et les autres prétendent qu'on lescalomnie, quand on les accuse d'enseigner la même doctrine que Calvin. S'il était permis à l'homme de juger

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des pensées de son prochain, on serait fort tenté de dire que les docteurs sont ici de grands comédiens, et qu'ilsn'ignorent pas que le concile de Trente n'a condamné qu'une chimère, qui n'était jamais montée dans l'espritdes calvinistes, ou qu'il a condamné saint Augustin et la prédétermination physique; de sorte que, quand on sevante d'avoir la foi de saint Augustin et de n'avoir jamais varié dans la doctrine , on ne le fait que pour garderle decorum, et pour éviter la dissipation du système qu'un aveu de la vérité produit nécessairement. Il y a desgens pour qui c'est un grand bonheur que le peuple ne se soucie point de se faire rendre compte sur la doctrine,et qu'il n'en soit même pas capable. Il se mutinerait plus souvent contre les docteurs, que contre les maltotiers."Si vous ne connaissez pas, leur dirait-on, que vous nous trompez, votre stupidité mérite qu'on vous envoielabourer la terre; et, si vous le connaissez, votre méchanceté mérite qu'on vous mette entre quatre murailles, aupain et à l'eau. Mais on n'a rien à craindre : les peuples ne demandent qu'à être menés selon le train accoutumé;et, s'ils en demandaient davantage, ils ne seraient pas capable d'entrer en discussion : leurs affaires ne leur ontpas permis d'acquérir une si grande capacité. »Pierre Bayle, Dictionnaire historique et critique, (1698), article « Augustin »

Isaac de Beausobre

« Pour moi, que le ciel a préservé de l’Esprit de l’Église, qui ne connais point de plus grand bien que la libertéde penser, de plus douce occupation que la recherche de la Vérité, ni de plus grand plaisir quer celui de latrouver et de la dire, pour moi, dis-je, j’ai étudié l’histoire de l’Église avec le moins de préjugé qu’il m’a étépossible. Et comme l’histoire des sectes en fait une partie très considérable, dès que j’eus ôté le bandeau dupréjugé, je m’aperçus bientôt qu’il n’y en avait point de plus falsifiée et je regardai ces fausses histoires d’unœil bien différent de celui dont on a coutume de les regarder. Comme j’aime beaucoup, par la grâce de Dieu, lareligion de notre Sauveur et que je donne toute mon attention à la confirmer, les extravagances, lesimpudicités, les abominations que l’on a attribué à quantité de sociétés qui invoquaient le nom de Jésus-Christ,me parurent autant d’outrages que l’on faisait au christianisme. Je ne pus lire sans indignation ces histoiresévidemment fabuleuses des anciennes sectes, que l’on charge à l’envi d’erreurs monstrueuses et de cérémoniesinfâmes. Tout cela est l’ouvrage d’un zèle indiscret, d’une impudente crédulité, très souvent de la précipitationet du mal entendu. (...) Commençons par une réflexion commune mais malheureusement trop véritable. Detous temps, les sectes rivales se sont mutuellement accusées de mystères profanes ou ridicules. Les païens enont accusé les Juifs ; les Juifs en accusèrent les Chrétiens et publièrent partout que les incestes d'Œdipe et lesfestins de Thyeste étaient leurs cérémonies sacrées. Les Chrétiens rejetèrent ces crimes sur les Gnostiques.Nous les connaissons par Plotin qui les a combattus. Ce philosophe sévère et régulier ne leur reproche aucunede ces crimes. Il les taxe seulement d’orgueil et remarque que leur maxime générale était qu’il fallait regarder àDieu et à l’imiter (...)Quoi qu’il en soit, c’était l’ancien et constant usage de toutes les sectes de se calomnier mutuellement ; lesGrecs le font à l’égard des Latins, les Latins à l’égard des Grecs et les Grecs et les Latins à l’égard descommunautés orientales. On sait ce que l’on a publié contre les Vaudois et les Albigeois et au commencementdu XVIe siècle contre les Luthériens et les Réformés. Si l’Église romaine était venue à bout de les extirper dèsleur naissance, ils passeraient aujourd’hui pour les plus infâmes hérétiques, d’où je conclus qu’il ne faut pasajouter foi légèrement à ce que quelques-uns des Pères nous disent des Mystères des Manichéens. L’accusationla plus commune et la plus ancienne est qu’ils usaient de magie. On la trouve dans les Actes d’Archelaüs. Laraison l’a fait tomber, je vais faire tomber celle de l’obscénité, encore plus incroyable que l’autre.Je ne répèterai pas ce que Cyrille et saint Augustin nous disent de l’Eucharistie manichéenne... (Isaac deBeausobre, Histoire de Manichée et du Manichéisme, Amsterdam, 1739) »

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BibliographieOpera omnia Latina [26] sur le site http:/ / www. augustinus. it/ latino/Oeuvres complètes en français [27] sur le site http:/ / www. abbaye-saint-benoit. ch/ saints/ augustin/Oeuvres, édition sous la direction de Lucien Jerphagnon, Gallimard, coll. "Pléiade"• tome I : Les confessions - Dialogues philosophiques, 1568 p.• t. II : La Cité de Dieu, 1344 p.• t. III : Philosophie -Catéchèse - Polémique, 1472 p.

Instruments de travail• Augustinus-Lexikon. Vol. 1, Aaron-Conuersio / hrsg. Cornelius Mayer [et alii]. Basel ; Stuttgart : Schwabe, 1994.

lx-1294 S. (ISBN 3-7965-0964-9).• Augustinus-Lexikon. Vol. 2, Cor-Femina / hrsg. Cornelius Mayer [et alii]. Basel ; Stuttgart : Schwabe, 2002.

lxiv-1280 S. (ISBN 3-7965-1929-6).

Œuvres• 83 Questions• Contre les Académiciens• Contre Adimantus• Contre un adversaire de la Loi et des Prophètes• Immortalité de l’Âme• De la Grandeur de l’Âme• Âme et son Origine• Des deux Âmes• Doctrine des Ariens• Contre la Doctrine des Ariens• Avantages de la Viduité• Du Baptême contre les Donatistes• Unité du Baptême• Du Cantique Nouveau• Traité du Catéchisme• Discours au Peuple de l’Église deCésarée• Chant Populaire contre les Donatistes• La Cité de Dieu• Du Combat Chrétien• Les Confessions• De la Continence• De la Correction et la Grâce• Contre Cresconius - Manichéen• Des Devoirs à rendre aux Morts• De la Discipline Chrétienne• De la Divination des Démons• De la Trinité (15 livres)• Doctrine Chrétienne• Avertissement aux Donatistes• Résumé d’une Conférence avec les Donatistes• Traité de l’Espérance, Foi et Charité

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• De l’Esprit et de la Lettre• L’accord entre les Évangiles• Questions sur les Évangiles• Traité sur l’Évangile de saint Jean - 124 traités• 17 Questions sur l’Évangile de saint Matthieu• Contre Fauste, manichéen• Conférence avec le manichéen Félix• Foi aux choses qu’on ne voit pas (De la)• Foi et Œuvres (De la Foi et des Œuvres)• Foi et Symbole (De la Foi et du Symbole)• Fortunat (Conférence avec)• Gaudentius (Réfutation de la Doctrine de)• Grâce de Jésus-Christ et Péché Originel• Genèse - commentaire contre les Manichéens• Genèse - commentaire au sens littéral• Genèse - autre commentaire sur le début de la Genèse• Grâce et du Livre Arbitre (Traité de la)• Heptateuque (Locutions sur l')• Hérésies (Des)• Job - Annotations sur le livre de Job• Juifs (Contre les)• Julien (Contre - pélagien)• Julien (Contre la 2e Réponse de - pélagien)• Lettres• Lettre Fondamentale (Réfutation de l' - épître manichéenne)• Lettre aux Galates (Commentaire de)• Lettre aux Romains - explication de propositions• Libre Arbitre (Traité du)• Maître (Du)• Mariage (Les Biens du)• Mariage et Concupiscence• Maximin (Conférence avec)• Mensonge (Du)• Mensonge (Contre le)• Mérite, Rémission des Péchés, Baptême des Petits Enfants• Miroir Sacré (Le)• Mœurs de l’Église catholique et des Mœurs de Manichéens (Des)• Traité de la Musique, dit aussi De Musica.• Nature du Bien (De la)• Nature et de la Grâce (De la)• Ordre (De l')• Orose (à Orose sur les Priscillianistes et les Origénistes)• Patience (De la)• Parménien (Réfutation d’un écrit de)• Parthes (saint Jean) (Epitre aux)• Pélage (Actes du Procès de)• Perfection de la Justice de l’homme (De la)

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• Persévérance (Du Don de la)• Pétilien (Contre les lettres de)• Prédestination des saints• Psaumes (Discours sur les)• Règle de saint Augustin (La)• Rétractations (Les)• Ruine de Rome (La)• Rusticianus (Sur le sous-diacre)• Secundinus - Réfutation par Augustin• Sermons Détachés• Sermons sur l’Ancien Testament• Sermons sur l’évangile de saint Matthieu• Sermons sur l’évangile de saint Marc• Sermons sur l’évangile de saint Luc• Sermons sur l’évangile de saint Jean• Sermons sur les Actes des Apôtres• Sermons sur divers passages de l’Écriture sainte• Sermons pour les Solennités et Sermons Panégyriques• Sermons Inédits (201 sermons)• Sermon sur la Montagne (Explication du)• Soliloques (Les) - Connaissance de Dieu et de l’âme humaine• Symbole (Du)• Travail des Moines (Du)• Unité de l'Église (Traité de l' - Contre les Donatistes)• Utilité de la Foi• Utilité du Jeûne• Vie Bienheureuse (De la)• Vraie Religion (De la)

Règle de saint AugustinLe patronage spirituel de Saint Augustin est à l'origine d'un ordre de chanoines réguliers connus sous le nom dechanoines de saint Augustin. De nombreuses congrégations ont été fondées à partir du XIIème siècle. C'est un Ordrede religieux non cloîtrés, proches de la vie séculière, qui s'occupent d'enseignement, de missions sacerdotales oud'aide aux paroisses. La règle de saint Augustin régit encore actuellement de nombreux Ordres ou congrégationsreligieuses. L'histoire et l'origine du texte est encore discutée (G. Bardy l'avait attribuée à Césaire d'Arles dansl'Encycolopédie Catholicisme par exemple), mais sa proximité avec la spiritualité augustinienne ne fait plus aucundoute[28] .

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Œuvres complètes en traductionLes œuvres complètes de saint Augustin ont été publiées deux fois en traduction française dans la deuxième moitiédu XIXe siècle. On trouve ainsi :• L'édition "Guérin", dirigée par Poujoulat et Raulx, Bar-le-Duc, 1864-1873, 17 volumes. Cette traduction peut être

consultée, pour usage personnel, sur : < http:/ / www. abbaye-saint-benoit. ch/ saints/ augustin/ >• L'édition "Vivès", dirigée par Péronne, Ecalle, Vincent, Charpentier et Barreau, Paris, 1869-1878, 34 volumes,

édition bilingue.Il est particulièrement difficile et onéreux de trouver aujourd'hui ces deux éditions dans le commerce. Une nouvelleédition bilingue complète, la "Bibliothèque augustinienne", est en cours de parution, mais depuis 1936... On y trouveles textes capitaux, à l'exception des sermons et de la totalité de l'œuvre oratoire qui demeurent indisponibles. Onnotera à cet effet la récente réimpression aux Éditions du Cerf de la traduction Poujoulat des Enarrationes inPsalmos :• Saint Augustin, Discours sur les Psaumes, Préface de Jean-Louis Chrétien. Avant-propos de Maxence Caron,

Paris, Le Cerf, 2007.

Études• Bible de tous les temps. Tome 3, Saint Augustin et la Bible ; sous la direction d'Anne-Marie la Bonnardière. Paris

: Beauchesne, 1986. 462p. (ISBN 2-7010-1190-X).• Paix et guerre selon saint Augustin. Paris : Migne, 2010 (éd. Pierre-Yves Fux, coll. "Les Pères dans la foi, 101").

212 p. (ISBN 978-2-908587-62-3).• Antoni (Gérald), La prière chez Saint Augustin : d’une philologie du langage à la théologie du Verbe. Paris :

Vrin, 1997. (Philologie et Mercure). 233p. (ISBN 2-7116-1315-1).• Hannah Arendt, Le concept d'amour chez saint Augustin• Balmary (Marie), Abel ou la traversée de l'Eden. Paris, Grasset.• Cambronne (Patrice), Le Je comme Voix dans les Confessions de saint Augustin,1996 Archives de Trait• Gaston Boissier, La Fin du Paganisme. Étude sur les dernières luttes religieuses en Occident au quatrième siècle.

2 volumes. Paris, Hachette, 1891.• Brown (Peter), La Vie de saint Augustin. Paris, Seuil, 2001. (Collection Points-Histoire ; 287). (ISBN 2-02-038617-8).• Maxence Caron, Saint Augustin. La Trinité, Paris, Ellipses, 2004.• Maxence Caron, (sous la direction de), Saint Augustin, avec deux textes inédits de Joseph Ratzinger/Benoît XVI,

une oeuvre de saint Augustin, et les contributions de Gerald Antoni, Emmanuel Bermon, Isabelle Bochet,Anne-Isabelle Bouton-Touboulic, Maxence Caron, Patrice Cambronne, Jean-Louis Chrétien, Natalie Depraz,Dominique Doucet, Thierry-Dominique Humbrecht, Hélène Machefert, Goulven Madec, Cyrille Michon,Augustin Pic, Philippe Sellier, Kristell Trego, Marie-Anne Vannier ; Paris, Editions du Cerf, Les Cahiersd'Histoire de la Philosophie, 2009.

• Jean-Louis Chrétien, Saint Augustin et les actes de parole, Paris, PUF, 2002.• Jean-Louis Chrétien, Saint Augustin et les actes de parole, Paris, PUF, 2002.• Allan D. Fitzgerald (dir.), Encyclopédie saint Augustin : La Méditerranée et l'Europe, IVe-XXIe siècle, préf. de

Serge Lancel, éd. fr. dir. par Marie-Anne Vannier, Éditions du Cerf, 2005 (ISBN 2-20407-339-3)

• Paula Fredriksen, Augustine and the Jews, Doubleday, 2006.• Étienne Gilson, Introduction à l'étude de Saint Augustin, 2e éd., 4e réimp. Paris : J. Vrin, 1987. (Études de

philosophie médiévale ; 11). 378p. (ISBN 2-7116-2027-1).• Jolivet (Régis), Saint Augustin et le néo-platonisme chrétien• Serge Lancel, Saint Augustin, Paris, Fayard, 1999.• Goulven Madec, Petites études augustiniennes. Paris : Institut d'études augustiniennes, 1994. (Collection des

études augustiniennes. Série Antiquité ; 142). 388p. (ISBN 2-85121-142-0).

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• Goulven Madec, Saint Augustin et la philosophie. Notes critiques. Paris : Institut d'études augustiniennes, 1996.(Collection des études augustiniennes. Série Antiquité ; 149). 166p. (ISBN 2-85121-163-3).

• Goulven Madec, Introduction aux "Révisions" et à la lecture des œuvres de saint Augustin. Paris : Institut d'étudesaugustiniennes, 1996. (Collection des études augustiniennes. Série Antiquité ; 150). 172p. (ISBN 2-85121-162-5).

• Goulven Madec, Chez Augustin. Paris : Institut d'études augustiniennes, 1998. (Collection des étudesaugustiniennes. Série Antiquité ; 160). 95p. (ISBN 2-85121-174-9).

• Goulven Madec, Lectures augustiniennes. Paris : Institut d'études augustiniennes, 2002. (Collection des étudesaugustiniennes. Série Antiquité ; 168). 388p. (ISBN 2-85121-192-7).

• Jean-Luc Marion, Au lieu de soi. L'approche de saint Augustin - PUF 2008• Henri-Irénée Marrou, Saint Augustin et la fin de la culture antique [1937], Paris, De Boccard, 1983.• Henri-Irénée Marrou, Saint Augustin et l'augustinisme, Paris, Le Seuil, 1955.• Mayet (Virginie), Saint Augustin et la superstition dans les livres I à X de la Cité de Dieu consacrés à la critique

du paganisme - Mémoire de maîtrise de philosophie [29].• Erich Przywara, s.j., Augustin : Passions et destins de l'Occident, Cerf, 1987• Uta Ranke-Heinemann, Des eunuques pour le royaume des Cieux : L'Eglise catholique et la sexualité,collection «

Pluriel », Robert Laffont, 1990• Bertrand Vergely, Saint Augustin ou la Découverte de l'homme intérieur. – Toulouse : Milan, coll. « Les

essentiels Milan » n° 256, 2005. – 63 p., 18 cm. – (ISBN 2-7459-1324-7).• René Pottier, Saint Augustin le Berbère, Les Publications techniques et artistiques, Paris, 1945, (réédition :

Fernand Lanore, 2006) (ISBN 2851572822)

• Joseph Ratzinger, Volk und Haus Gottes in Augustins Lehre von der Kirche. EOS Verlag ST. Ottilien, 1992(1951). XXXIV-331 pages. (ISBN 3-88096-207-3). Peuple et Maison de Dieu dans l'enseignement d'Augustin surl'Église, thèse de maîtrise du futur pape Benoît XVI.

• Nacéra Benseddik, «La pratique médicale en Afrique au temps d'Augustin», Atti del VI Convegno di Studio,Africa Romana Sassari 1988 [1989], p.663-682.

• Nacéra Benseddik, Thagaste-Souk Ahras, ville natale de saint Augustin, Ed. Inas, Alger, 2005.

Études sur les sources néoplatoniciennes d'Augustin

• P. Alfaric, L'évolution intellectuelle de saint Augustin. Tome 1 : "Du manichéisme au néoplatonisme". Paris,1918. (Seul le volume 1 est paru).

• Pierre Courcelle, Les Lettres grecques en Occident, de Macrobe à Cassiodore. Paris, éditions de Boccard, 1948.• Paul Henry, Plotin et l'Occident. Louvain, 1934.• Pierre Hadot, Porphyre et Victorinus. Paris, Études Augustiniennes, 1969 (2 volumes).• Henri-Irénée Marrou, Augustin et la fin de la culture antique. Paris, éditions de Boccard, 1964.

Références[1] « Berbère, né en 354 à Tagaste, en Africa, il mourra évêque d'Hippone en 430, alors que les Vandales assiègent la ville », Fernand Braudel,

Grammaire des civilisations (1963), Flammarion, 2008, chap. II-Christianisme, humanisme, pensée scientifique, p. 453[2] "Son nom de famille Aurélius suggère que ses aïeux ont été naturalisés, avec toute la masse des provinciaux, par la fameuse constitution de

Caracalla en 212", Henri-Irénée Marrou, Saint-Augustin et l'augustinisme (1955), Seuil, 2003, p.16[3] (a) Étienne Gilson, Le philosophe et la théologie (1960), Vrin, 2005, p.175 (b) Henri-Irénée Marrou, Crise de notre temps et réflexion

chrétienne de 1930 à 1975, Beauchesne, 1978, p.177 (c) Claude Lepelley, Saint Augustin et le rayonnement de sa pensée dans Histoire du Christianisme, Seuil, 2007. p.122 (d) Serge Lancel, Saint-Augustin, Fayard, 1999, p.20 (e) Gilbert Meynier, L'Algérie des origines, La Découverte, 2007, p.73 (f) Grand Larousse encyclopédique, Librairie Larousse, 1960, t.1, p.144 (g) Encyclopedia Americana, Scholastic Library Publishing, 2005, v.3, article "Berbères", p.569 (h) Guy Bedouelle, L'Histoire de l'Eglise, Rouergues, 2004, p.34 (i) Louis Chevalier, Le problème démographique nord-africain (1947), Puf, 1947, p. 194 (j) André Berthier, L'Algérie et son passé (1951), Picard, 1951, p. 105 (k) Gabriel Camps, Les Berbères : mémoire et identité, Errance, 1987, p. 124 (l) Charles Nicolle, Biologie de l'invention (1932), F. Alcan, 1932, p. 25 (m) Pierre Montagnon, Histoire de l'Algérie, Pygmalion, 1998, p. 44 (n) Nacéra Benseddik, Thagaste, Souk Ahras, Patrie de saint Augustin, Inas, 2004, p.  25 (o) Norman Cantor, The Civilization of the Middle Ages, Harper Perennial, 1994, p. 74 (p) François Mauriac, Bloc-notes, 1952-1957, Flammarion, 1958, p.  320 (q) Michel Winock, La République se meurt, Seuil, 1978, p. 34 (r) Fernand Braudel,

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Grammaire des civilisations (1963), Flammarion, 2008, p. 453[4] Nominis : Saint Augustin (http:/ / nominis. cef. fr/ contenus/ saint/ 1751/ Saint-Augustin. html)[5] Jacques Le Goff, L’Europe est-elle née au Moyen Âge, p. 28, Seuil, 2003, (ISBN 9782020563413)[6] La source de cet article pour la partie biographique est Histoire de saint Augustin (http:/ / www. abbaye-saint-benoit. ch/ saints/ augustin/

histoire/ index. htm), Poujoulat, 1864, ainsi que Peter Brown, La vie de saint Augustin. (Paris, Seuil/Points-Sagesse, 2001).[7] P. Alfaric, L'évolution intellectuelle de saint Augustin, Paris, 1918[8] « Thagaste était depuis environ deux siècles un municipe », Serge Lancel, Saint Augustin, Paris, Fayard, 1999, p.18[9] "Monnica est le diminutif de Monna, un nom indigène lui-même bien attesté qui est aussi celui d'une divinité locale dont le culte est

mentionné sur une inscription de Thignica, dans la vallée de la Medjerda" (Serge Lancel, Saint-Augustin, p. 20, Fayard, 1999).[10] Augustin se définit lui-même comme un écrivain punique. Mais il n'est pas sûr qu'il ait connu les dialectes africains locaux. Sur cette

question difficile, voir Chr. Courtois, "Saint Augustin et le problème de la survivance punique", Revue Africaine, 94, 1950, p. 239-282.[11] Il est à remarquer qu'Augustin aura beaucoup de mal avec la langue grecque, qu'il ne maîtrisera jamais. Ce qui fut pour lui un handicap,

notamment pour l'accès aux ouvrages philosophiques et théologiques. Sur cette question de la maîtrise du grec par Augustin, voir l'analysenuancée de H.-I. Marrou, Saint Augustin et la fin de la culture antique, chapitre 2, pages 27 et suivantes.

[12] Sur le type d'éducation reçue par Augustin et la mémorisation des auteurs latins, au temps d'Augustin, on se reportera à : Henri-IrénéeMarrou. Saint Augustin et la fin de la culture antique. Éditions de Boccard. Paris, 1958 (1983). L'ouvrage de Peter Brown, La vie de saintAugustin contient des références utiles et des détails précis sur ce genre d'éducation. Voir la bibliographie.

[13] Confessions, Livre II, chapitre 4[14] Augustin. Les Confessions, livre III, 1. Édition de la Bibliothèque Augustinienne.[15] Augustin. Les Confessions. Livre III[16] Sur le sénateur Symmaque, voir G. Boissier, La fin du paganisme. Paris, 1896, 2 volumes. Le second volume contient des développements

sur Symmaque.[17] Sur les liens d'Augustin avec le sénateur Symmaque, voir Peter Brown, Vie de saint Augustin. Points/Histoire, page 89, sq. et H.-I. Marrou,

Saint Augustin et la fin de la culture antique, Chapitre 1, page 3.[18] Texte original en italien dans l'Osservatore Romano des 23-24 avril 2007[19] http:/ / www. assomption. org/ Ressources/ ItinerairesAugustiniens/ IA23/ TpsEtHistoire. html[20] On se rappellera que l'Empereur Constantin s'était fait baptiser sur son lit de mort[21] Cf. Jules Isaac, Genèse de l'antisémitisme et Jésus et Israël. Jules Isaac prononce plusieurs fois le mot d'« efficacité » à ce propos.[22] Cf. Jules Isaac, L'Enseignement du mépris.[23] De la foi aux choses qu’on ne voit pas, § 6.[24] http:/ / orthodoxinfo. com/ inquirers/ bless_aug. htm[25] http:/ / www. stgeorge. bc. ca/ Saints/ Display. cfm?SaintID=7[26] http:/ / www. augustinus. it/ latino/[27] http:/ / www. abbaye-saint-benoit. ch/ saints/ augustin/[28] voir par exemple l'étude systématique de Luc Verheijen, La Règle de Saint Augustin. I. Tradition manuscrite, et II. Recherches historiques",

Paris, Etudes Augustiniennes, 1967.[29] http:/ / www. geocities. com/ Athens/ Oracle/ 3099/ SASupers. htm

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