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Affiche de la tournée du Chat Noir, Steinlen Dossier pédagogique « Autour de Steinlen : la bohème et les arts à Paris » Du 17 mai au 21 septembre 2014 Autour de son fonds d’œuvres de Steinlen, riche de plus de 170 œuvres, et récemment enrichi de dix dessins (portraits de Colette, Paul Verlaine, Monet et Renoir, Raoul Ponchon, Suzanne Valadon), le Musée de Vernon a souhaité se pencher sur l’entourage artistique de l’artiste d’origine suisse. Durant ses années de formation à Montmartre, au cabaret du Chat noir, Steinlen est amené à rencontrer un grand nombre d’artistes qui deviendront, pour certains, des intimes. Des peintres, des écrivains, des poètes, tels que Toulouse-Lautrec, Jean-Louis Forain, Paul Verlaine, Emile Zola, Suzanne Valadon, se lient avec Steinlen qui les représente dans de nombreux dessins. Au travers de l’illustration de livres, de la création d’affiches originales ou de simples croquis à l’encre ou au crayon bleu, sa « marque de fabrique », Steinlen construit une œuvre à la fois engagée dans la création artistique de son temps et dans des causes sociales qui lui sont chères. C’est son travail, et celui de ses contemporains comme dessinateurs, illustrateurs dans la presse ou affichistes qui sont mis en lumière dans cette exposition. Théophile-Alexandre Steinlen : Né en 1859 à Lausanne au sein d’une famille allemande, Steinlen montre un goût précoce pour le dessin. Il part pour la France et s’installe à Montmartre en 1881 avec sa compagne Emilie Mey où il rencontrera le dessinateur Adolphe Willette qui l’introduira au cabaret du Chat noir fondé par Rodolphe Salis. A la demande de celui-ci, il crée l’affiche du cabaret montrant une imposante silhouette de chat noir dans une composition japonisante, image qui est toujours associée à la riche vie artistique de la butte Montmartre du début du XXème siècle. Son œuvre très riche est marquée par plusieurs thématiques qui lui sont chères : l’engagement social pour les démunis que l’on retrouve dans ses illustrations de livres ou ses affiches publicitaires mais aussi la bohème montmartroise de cette époque. D’autres thèmes, tels que les chats, ou ses dessins de guerre, bien que nombreux ne sont pas montrés dans l’exposition. Son regard sensible et plein d’acuité sur son époque et ses contemporains s’est attaché à saisir des instantanés de vie. Ses œuvres, si elles comportent un aspect documentaire et historique indéniable, sont aussi et surtout la marque d’un artiste pluriel, attentif aux bouleversements et aux recherches artistiques de son temps.

Autour de Steilen : la bohème et les arts à Paris

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Page 1: Autour de Steilen : la bohème et les arts à Paris

Affiche de la tournée du Chat Noir, Steinlen

Dossier pédagogique

« Autour de Steinlen : la bohème et les arts à Paris »

Du 17 mai au 21 septembre 2014

Autour de son fonds d’œuvres de Steinlen, riche de plus de 170 œuvres, et récemment enrichi de dix dessins (portraits de Colette, Paul Verlaine, Monet et Renoir, Raoul Ponchon, Suzanne Valadon), le Musée de Vernon a souhaité se pencher sur l’entourage artistique de l’artiste d’origine suisse. Durant ses années de formation à Montmartre, au cabaret du Chat noir, Steinlen est amené à rencontrer un grand nombre d’artistes qui deviendront, pour certains, des intimes. Des peintres, des écrivains, des poètes, tels que Toulouse-Lautrec, Jean-Louis Forain, Paul Verlaine, Emile Zola, Suzanne Valadon, se lient avec Steinlen qui les représente dans de nombreux dessins. Au travers de l’illustration de livres, de la création d’affiches originales ou de simples croquis à l’encre ou au crayon bleu, sa « marque de fabrique », Steinlen construit une œuvre à la fois engagée dans la création artistique de son temps et dans des causes sociales qui lui sont chères. C’est son travail, et celui de ses contemporains comme dessinateurs, illustrateurs dans la presse ou affichistes qui sont mis en lumière dans cette exposition.

Théophile-Alexandre Steinlen : Né en 1859 à Lausanne au sein d’une famille allemande, Steinlen montre un goût précoce pour le dessin. Il part pour la France et s’installe à Montmartre en 1881 avec sa compagne Emilie Mey où il rencontrera le dessinateur Adolphe Willette qui l’introduira au cabaret du Chat noir fondé par Rodolphe Salis. A la demande de celui-ci, il crée l’affiche du cabaret montrant une imposante silhouette de chat noir dans une composition japonisante, image qui est toujours associée à la riche vie artistique de la butte Montmartre du début du XXème siècle. Son œuvre très riche est marquée par plusieurs thématiques qui lui sont chères : l’engagement social pour les démunis que l’on retrouve dans ses illustrations de livres ou ses affiches publicitaires mais aussi la bohème montmartroise de cette époque. D’autres thèmes, tels que les chats, ou ses dessins de guerre, bien que nombreux ne sont pas montrés dans l’exposition. Son regard sensible et plein d’acuité sur son époque et ses contemporains s’est attaché à saisir des instantanés de vie. Ses œuvres, si elles comportent un aspect documentaire et historique indéniable, sont aussi et surtout la marque d’un artiste pluriel, attentif aux bouleversements et aux recherches artistiques de son temps.

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Steinlen revenant du Gil Blas, Steinlen

Salle 1 : La vie à Montmartre

« A Montmertre… »

Vers la fin des années 1860, dans le Bas-Montmartre, les cafés de Pigalle devinrent les rendez-vous des peintres impressionnistes et de leurs amis écrivains, tels Emile Zola, Joris-Karl Huysmans ou Edmond Duranty. Les uns se réunissaient au Rat-mort, les autres au café Guerbois ou à la Nouvelle-Athènes. Au cours des années 1880 et 1890, la bohème de la Butte fréquenta l’Elysée Montmartre et le Moulin de la Galette, ainsi que le Chat Noir et le Mirliton.

Salle 2 : Steinlen et la presse

La loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse fut un véritable appel d’air, notamment pour les revues qui publiaient des caricatures ou portraits-charge. La nouvelle loi permit aussi de libérer l’affichage des contraintes imposées jusque-là par les municipalités. Les écrivains publiaient alors leurs textes dans des revues sous la forme de feuilletons. Les sorties des ouvrages étaient annoncées par de grandes affiches créées par les artistes illustrateurs tels que Steinlen, Chéret… Steinlen participa en tant qu’illustrateur à de très nombreux titres de presse : dont La Gazette du Chat noir, Le Mirliton, le Rire… Au début des années 1890, l’affiche artistique et publicitaire se répandit. Jules Chéret inventa l’affiche publicitaire moderne vers 1870, de grand format et à grand tirage. Surnommé le « Watteau des murs » par Edouard Manet, Chéret

travailla pour des patrons des grands spectacles parisiens, des industriels et des commerçants. Aux côtés de Jules Chéret, Eugène Grasset, suisse originaire de Lausanne, apporta à l’affiche le style Art nouveau.

Affiche du Moulin Rouge, Jules Chéret

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Portrait de Jehan Rictus, Steinlen

Salle 3 : Steinlen et la littérature

La lecture de L’Assommoir d’Emile Zola, paru en 1877, impressionna durablement Steinlen. L’engagement de son œuvre auprès des plus modestes et des plus fragiles dut sans doute beaucoup à cette lecture faite très jeune. Lié à de nombreux écrivains, romanciers, auteurs dramatiques et poètes qu’il rencontra à Montmartre, Steinlen fut sollicité pour favoriser le lancement de livres, d’abord publiés sous forme de feuilletons dans la presse quotidienne. Il concevait une affiche pour la publicité puis l’illustration d’un livre quand celui-ci était publié. Il commença par des auteurs peu célèbres, puis Aristide Bruant lui demanda d’illustrer ses chansons et ses poèmes, notamment Dans la rue en 1889. Tout au long de sa carrière, Steinlen illustra les auteurs les plus connus de son temps : Les soliloques du pauvre de Jehan Rictus, L’affaire Crainquebille d’Anatole France, Le vagabond de Guy de Maupassant, La chanson des gueux de Jean Richepin. Devenant proches de ces écrivains, Steinlen en a également réalisé de nombreux portraits.

Salle 4 : Chansons, musique et spectacles

Musique !

Dès l’origine des cabarets de Montmartre, la musique et les spectacles sont indissociables de la simple activité de café. La variété des profils de musiciens qui se pressent au Chat Noir montre la vogue des chansonniers qui popularisent l’emploi de l’argot, tout en jouant à malmener les spectateurs. Des musiciens aussi variés qu’Erik Satie, Claude Debussy, Piotr Tchaïkovski, Aristide Bruant ont un jour fréquenté le cabaret du Chat Noir, particulièrement pour assister à des spectacles du théâtre d’ombres d’Henri Rivière, souvent accompagnés au piano par Charles de Sivry, le beau-frère de Verlaine. C’est d’ailleurs au cabaret du Chat noir qu’Erik Satie et Claude Debussy sympathisèrent. Même si l’esprit populaire des chansonniers régnait en maître au Chat noir, des pièces contemporaines furent également adaptées à la scène, comme par exemple La Tentation de Saint-Antoine de Gustave Flaubert accompagnée de la musique de Wagner interprétée au piano. Steinlen illustra les recueils des chansonniers de son temps parmi lesquels Les chansons de Montmartre et les Chansons du Quartier latin de Paul Delmet en 1899, ainsi qu’Aristide Bruant, Maurice Boukay…

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Animation pédagogique autour de l’exposition

Pour venir visiter l’exposition avec votre classe, deux possibilités s’offrent à vous : visite libre ou visite guidée.

Pour réserver, il faut choisir une de ces formules de visites puis contacter le secrétariat du musée afin de fixer un horaire de visite : 02.32.21.28.09 Pour les demandes pédagogiques particulières, vous pouvez vous adressé à Marie Guérin, chargée de la médiation culturelle, à [email protected].

Visite libre

Découvrez l’exposition avec votre classe le temps d’une visite dans le monde artistique du Paris de 1900, à la découverte des artistes montmartrois : Steinlen, Chéret, Bruant, Richepin…

Afin de vous guider dans votre parcours, un questionnaire pour les élèves est disponible à la demande. Celui-ci reprend les différentes thématiques exploitées dans l’exposition et permettra d’attirer l’attention des élèves sur quelques points clés.

Questionnaire disponible selon le niveau des élèves (cycle 3/collège/lycée) ; il est à demander au service des publics à [email protected]

Visite guidée

La visite s’attache à faire découvrir le milieu artistique montmartrois ainsi que les principaux artistes qui ont représenté cette époque. Les œuvres présentées constituent un témoignage direct et interdisciplinaire de cette époque, à la fois historique et artistique :

- Découverte de Steinlen, artiste pluridisciplinaire et emblématique de cette époque

- Pratiques artistiques liées aux arts graphiques : portraits, affiches, illustrations,…

- Contexte social et historique de Paris en 1900

Page 5: Autour de Steilen : la bohème et les arts à Paris

Pour approfondir en classe

BIBLIOGRAPHIE

Théophile-Alexandre Steinlen et ses amis, Sophie Fourny-Dargère, Musée de Vernon, 1996.

Steinlen, l’œil de la rue, Philippe Kaenel, Musée cantonnal des Beaux-Arts, Lausanne, éditions des cinq continents, 2008.

Steinlen affichiste. Catalogue raisonné, Réjane Bargiel, Christophe Zagrodzki, éditions du Grand-Pont-Jean-Pierre Laubscher, 1986.

Steinlen et l’époque 1900, Musées d’art et d’histoire de Genève, 1999.

Bohèmes, sous la direction de Sylvain Amic, RMN-Grand Palais, 2012.

Autour du Chat Noir, Arts et plaisirs à Montmartre 1880-1910, Musée de Montmartre, Skira Flammarion, 2012.

Le cabaret du Chat Noir à Montmartre (1881-1897), Mariel Oberthür, éditions Slatkine, Genève, 2007.

La collection Lamberty au musée de Vernon, Sophie Fourny-Dargère, La revue du Louvre et des Musées de France, n°6, 1990.

FILMOGRAPHIE

L’imaginaire lié à cette époque est encore fort de nos jours, de nombreux ouvrages ou films ont tiré leur inspiration des personnages atypiques.

Crainquebille, Jacques Feyder, 1922

La Bohème, film muet de King Vidor avec Lillian Gish et John Gilbert, 1926

Mimi, Gertrude Lawrence, 1935

La Vie de bohème, Marcel L'Herbier, 1945

Moulin-Rouge, John Huston, 1952

French cancan, Jean Renoir, 1954

Messieurs les ronds-de-cuir, Henri Diamant-Berger, 1959

La Vie de bohème, Aki Kaurismäki, 1990

Lautrec, Roger Planchon, 1997