186
DEPARTEMENT DE SANTE COMMUNAUTAIRE Bsnmr.lATlomiutSANTfpuniottDlfluÉmc hôpital du haut-richelieu "S 1 " AUX UTILISATEURS(TRICES), Le présent docu.me.nt, a été préparé dans le but d'accompagné*, et de compléter, la session de forma- tion sur le retrait prevent'if et les risques profes- sionnels, de la travailleuse enceinte ou nourrice, donnée le 15 avn.ll 1983, au fl.S.C. - H.H.R. Cette session, organisée en collaboration pan. les services de périnatalité et de santé au travail, était destinée particulièrement aux chargée* de cours périnatals de la région. Cette session vivait à informer les participants les) des droits et recours de la travailleuse enceinte ou nourrice, concernant le retrait préventif. Elle vi- sait aussi & donner des informations pertinentes sur les risques professionnels de cette clientèle, dans différents secteurs d'activités. De plus, cette ses- sion avait pour but de faire connaître aux partici- pants les), une grille descriptive des risques pro- fessionnels possiblement rencontrés par les travail- leuses, afin qu 1 ils{elles} soient en mesure d'aider ces travailleuses, à déterminer elles-mêmes les ris- ques inhérents à leur propre milieu de travail. Nous vous donnerons avec plaisir tout renseigne- ment complémentaire i n'hésitez donc pas à communiquer avec nous. wA PW m LVV/ld 1983 03 14 Lise V. Vurocher, pour les services de périnatalité et de santé au travail. ontntal 920, boulevard du séminaire, tél. (514) - 348-6101, saint-jean, qué., J3A 1B7

AUX UTILISATEURS(TRICES),

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D E P A R T E M E N T D E S A N T E C O M M U N A U T A I R E B s n m r . l A T l o m i u t S A N T f p u n i o t t D l f l u É m c

hôpital du haut-richelieu " S 1 "

AUX U T I L I S A T E U R S ( T R I C E S ) ,

Le présent docu.me.nt, a été préparé dans le but d'accompagné*, et de compléter, la session de forma-tion sur le retrait prevent'if et les risques profes-sionnels, de la travailleuse enceinte ou nourrice, donnée le 15 avn.ll 1983, au fl.S.C. - H.H.R.

Cette session, organisée en collaboration pan. les services de périnatalité et de santé au travail, était destinée particulièrement aux chargée* de cours périnatals de la région.

Cette session vivait à informer les participants les) des droits et recours de la travailleuse enceinte ou nourrice, concernant le retrait préventif. Elle vi-sait aussi & donner des informations pertinentes sur les risques professionnels de cette clientèle, dans différents secteurs d'activités. De plus, cette ses-sion avait pour but de faire connaître aux partici-pants les), une grille descriptive des risques pro-fessionnels possiblement rencontrés par les travail-leuses, afin qu1ils{elles} soient en mesure d'aider ces travailleuses, à déterminer elles-mêmes les ris-ques inhérents à leur propre milieu de travail.

Nous vous donnerons avec plaisir tout renseigne-ment complémentaire i n'hésitez donc pas à communiquer avec nous.

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P W

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LVV/ld

1983 03 14

Lise V. Vurocher, pour les services de périnatalité et de santé au travail.

ontntal

920, boulevard du séminaire, tél. (514) - 348-6101, saint-jean, qué., J3A 1B7

FORMATION EW COURS D'EMPLOI

SERl/ICE VE PERIWATALITE

D . S . C . HAUT-RJCHEL1EU

RETRAIT PREl/EWTIF ET

RISQUES PROFESSIONNELS POUR LA TRAVAILLEUSE EWCEINTE OU ALLAITANTE

Î •

Al/RIL 19BS

OBJECTIFS VE LA SESSION

A la fin de la session, les participant* { es ) :

- seront Informés ( es ) sur les droits et recours de la travailleuse enceinte ou allaitante en vue d'un retrait préventif [Loi 7 7 ) ;

\

- auront acquis les) des connaissances pertinen-tes reliée* aux risque* professionnel* de la travailleuse enceinte ou allaitante dans dif-férents secteurs d*activités;

- pourront assister les travailleuses enceintes ou allaitantes â déterminer les risques Inhé-rents â leur milieu de travail et ce, à l'aide de la grille d* évaluation des risques profes-sionnels distribuée aux rencontres prénatales.

Les textes qui suivent ont pour but d'expliquer les principaux facteurs pouvant Influencer le déroulement et l'Issue de la grossesse chez une travailleuse enceinte exposée dans son milieu de travail à certains risques nocifs. Ve plus, quelques explications sur les effets des condi-tions de travail de la mère sur l'enfant allai-té sont également jointes.

thèmes: - MATERNITE 1/S T R A V A I L "

- RISQUES VS ENFANT A NAITRE

- TRAVAIL VS GROSSESSE

- TRAVAIL VS ALLAITEMENT

Tiré â part de: "Les Conditions de travail et la santé de: la travailleuse en-ceinte, de l'enfant à naître et de V enfant allaité" Commission de la santé et de la sécurité du travail du Québec. Document-guide 19 BZ

I

I

I

CHAPITRE II

LA MATERNITE ET LES CONDITIONS DE TRAVAIL

2.1 L'état de la question

Il faut maintenant s'arrêter à l'étude des conditions de travail qui présentent une menace pour la santé de la travailleuse enceinte, pour celle du foetus ou pour celle dè l'enfant allaité. Pour ce faire, nous dresserons l'inventaire des risques chimiques, physiques, biolo-giques et ergonomiques encourus. par la travailleuse dans le Québec d'aujourd'hui.

S'il est actuellement malaisé de définir avec précision des critères de retrait préventif pour la travailleuse enceinte, c'est qu'il s'agit d'un problème vaste, complexe, peu étudié jusqu'ici et. dont il est difficile de faire l'analyse pour les trois raisons suivantes:

2.1.1 Difficulté dans l'appréciation de l'influence des conditions de travail des parents sur la santé du foetus

Le statut socio-économique de la famille, l'occupation du père et de la mère, la nutrition, le tabagisme, l'alcoolisme, l'usage des médica-ments, les radiations ionisantes, les toxiques industriels et ména-gers, les agressions biologiques (virus ou bactéries...), l'exposition au froid, à la chaleur, â l'humidité; aux vibrations, les postures de travail sont autant de facteurs environnementaux qui, s'ajoutant à des facteurs biologiques comme les atteintes génétiques, les maladies ac-quises et les complications de la grossesse, peuvent constituer pour le foetus autant de causes de malformations congénitales, de prématurité,

«

d'avortements spontanés, de déficit pondéral, et plus tard de cancer (1, 2) (tableau 4).

/24

TABLEAU A LES FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX ET BIOLOGIQUES

ET LES EFFETS SUR FOETUS

%

FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX

- Statut socio-économique - Agresseurs biologiques (virus, - Occupation bactéries, etc.) - Etat nutrltionnel - Exposition au froid, à la cha-- Tabagisme, alcoolisme, usage leur, à l'humidité, aux vibra-

de médicaments tions - Radiations ionisantes - Postures de travail - Exposition aux toxiques

industriels et ménagers i

FACTEURS BIOLOGIQUES

Père Mère

Anomalies génétiques Anomalies génétiques acquises acquises Maladies acquises

Complications de la grossesse

EFFETS SUR LE FOETUS

Malformations congénitales Avorteraents spontanés (anatomlques et physiologiques) Prématurité Mortalité périnatale Petit poids pour l'âge de Cancer (manifestation gestation tardive)

>

125

L'action délétère de ces divers agents chimiques, physiques, biologi-ques et ergonomiques peut s'exercer à chacune des diverses étapes de la reproduction et intervenir tout à la fois dans la spermatogénèse, l'ovogénèse, la migration des spermatozoïdes ou de l'ovule, la nida-tloh, la croissance foetale, 1*accouchement et l'allaitement. Toute-fois, le problème réside en ceci qu'il est impossible dans l'état ac-tuel des connaissances de pondérer l'influence respective de chacun de ces facteurs, non plus que d'en évaluer l'influence lorsqu'il 6'ajoute à un kutre^#

2.1*2 Déficience dans nos connaissances actuelles en toxicologie

L'état des connaissances en toxicologie industrielle de même que l'en-semble des observations cliniques et épidémiologiques relatives aux effets des quelque 100 000 produits chimiques utilisés dans l'indus-trie, selon l'inventaire de NIOSH*, sont encore trop sommaires pour qu'on puisse en tirer des conclusions quant à leur influence sur le système reproducteur de l'homme ou de la femme. Il est d'ailleurs à propos de rappeler ici que la découverte de la maladie de Minamata (causée par une exposition au mercure organique) a résulté d'une suite d'observations empiriques* Les découvertes que les prochaines années nous réservent en ëpidémiologie et en toxicologie permettront sans doute de préciser les risques chimiques inhérents à diverses occupa-tions et ce sera autant d'acquis dans l'évaluation globale du risque de chacune d'elles (5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15).

2.1.3 Absence de normes foeto-maternelles

Sauf pour les radiations ionisantes, le plomb et les gaz anesthési-ques, il n'y a pas de normes proposées ou reconnues en santé au tra-vail quant â la sécurité foe£o-maternelle.

26

Les seules normes qui existent ne protègent que la santé du travail-leur de sexe masculin. En effet, mis à part les pays de l'Est qui ont leurs propres normes, les pays occidentaux reconnaissent généralement les normes de l'Amerlcan Conference of Governmental Industrial Hygie-nists (A.C.G.I.H.)• Ces normes sont dites "Threshold Limit Value" (TLV) et définissent les concentrations moyennes permlsslbles de pro-duits toxiques qu'un travailleur peut absorber sans dommage pendant toute-une vie professionnelle de AO heures par semaine, 8 heures par jour, par inhalation de l'air ambiant dans son milieu de tra-vail* Or, ces normes ne prévoient pas qu'un produit chimique puisse être absorbé autrement que par Inhalation et ne sont formulées qu'en fonction d'un sujet masculin de 70kg. C'est dire qu'elles ne sont pas nécessairement applicables à la travailleuse enceinte, plus vulnérable à certaines expositions, par exemple par accélération de son rythme respiratoire, non plus qu'à l'enfant 1 naître, particuliè-rement dans le premier trimestre de sa vie foetale, période où se pro-duisent la différenciation et la multiplication des cellules et où les dommages causés sont irréversibles. On connaît d'ailleurs l'extrême perméabilité de la barrière placentaire et le risque que les substan-ces absorbées par la mère ne se retrouvent chez l'enfant. Il y a donc tout un système de normes spécifiques à la sécurité foeto-maternelle qu'il faudrait établir avant d'aller plus loin17.

2.2 La tératogénèse

L'enfant à naître peut être l'objet de sérieuses agressions physiques, chimiques ou biologiques durant sa vie foetale; selon le type d'at-teinte, on parlera de tératogénèse, de mutagénèse et de carclnogénèse.

La tératogénèse consiste dans la formation et le développement in utéro d'anomalies aboutissant à des malformations ou à des monstruo-

27

sites, lesquelles ne sont pas nécessairement spectaculaires. Ces ano-malies, qu'elles soient ultra-structurelles, moléculaires, biochimi-ques ou fonctionnelles sont donc acquises après la fécondation et pro-viennent par exemple d'une dysfonction métabolique chez la mère, d'une déficiencë alimentaire, d'une infection, d'une hypoxie, de radiations ionisantes, de l'absorption de substances chimiques ou même de fac-teurs mécaniques tels que des vibrations.

Théoriquement l'embryon est sujet aux modifications tératogènes dès le moment où l'ovule est fécondé. Mais la période la plus critique se situe au moment de l'organogénèse, soit entre la 2ème et la 8ême se-maine de la vie utérine. C'est une période de croissance et de multi-plication cellulaire rapide et selon le jour où l'embryon est sujet â l'influence d'un facteur nocif, l'organe en développement pourra être touché, par exemple, le système nerveux central entre le 13ème et le 25ème jour, les membres entre le 24ème et le 35ème jour, le coeur.en-tre le 20ème et le AOème jour, la gravité des dommages résultant comme toujours de la nature de l'exposition, de son intensité et de sa du-rée. A la phase embryonnaire succédera, au Aème mois, la phase foeta-le, pendant laquelle les organes se structureront et la croissance cellulaire se poursuivra - anomalies comprises - jusqu'à la naissance. Bref, plus tôt se fait l'agression, plus graves seront les lésions, la période la plus sensible aux tératogènes se situant au tout début de la grossesse, alors que bien des femmes ne savent pas encore qu'elles sont enceintes (figurés 1, 2, 3).

Il faut également savoir qu'en tératologie:

a) Un même agent tératogène peut causer des malformations différentes.

b) Des agents tératogènes différents peuvent causer la même malforma-

tion.

28

c) Il est parfois difficile de distinguer une anomalie héréditaire d'une anomalie d'origine tératogène*

d) L'agent tératogène atteint l'embryon à un moment précis de son dé-* veloppement.

e) Chaque embryon réagit à l'agent tératogène selon la sensibilité gé-

nétiqué qui lui est propre*

f) Un agent tératogène peut très bien ne pas causer d'anomalie du tout si l'exposition est insuffisante; trop forte, elle conduira à la mort foetale18.

/ 29

FIGURE 1 LA FORMATION DES ORGANES ET L'AGE DU FOETUS DE O A 60 JOURS

FIGURE 2 LA FORMATION DES ORGANES ET L'AGE DU FOETUS DE 15 JOURS À 40 JOURS

FIGURE 3 LA FORMATION DES ORGANES ET L'AGE DU FOETUS DE 2 MOIS A 8 MOIS

Mol»

SOURCE: WILSON, J.G. Environment and Birth Defects, New-York, Acade-mic Press, 1973.

/30

2.3 La mutagénèse

L e 8 gènes constituent les éléments d'information dirigeant le fonc-tionnement cellulaire. Composés d'acide désoxyribonucléique (A D.N.), chacune de ses séquences code une protéine spécifiée qui remplit une fonction précise. La mutagénèse résulte d'un changeant (station) au niveau de ce matériel génétique et entraîne un dérèglement ou une abo-lition de la fonction concernée.

Les mutations sont irréversibles et sont transmises * la lignée cellu-

laire lors de la duplication de l'A.D.N..

Nos connaissances sur les substances mutagènes ont progressé considé-rablement depuis la mise au point par Bruce Ames des micro-essais

Cette technique utilisant la bactérie S a l m o r ^ ^ ^ P * ™ " en quelques âours et * peu de frais, de mettre en évidence les pro-priétés mutagènes de produits chimiques. D'autres tests in vitro com-m e "1'Inductest" et le "Mutatest Lambda» augmentent la validité cette méthode. Cette technique permet d'appliquer aux mammifères les connaissances acquises sur la mutagénèse.

On divise les cellules humaines en cellules germinales ou reproduc-trices et en cellules somatiques ou cellules du corps (toutes les au-tres)/ Selon l'âge et le type de cellule-cible, les mutations obser-

vees sont fort variables5.

1) Mutation des cellules germinales:

E l l e peut avoir des conséquences sur les générations futures. 0,

peut observer lés anomalies suivantes:

- une baisse de la fertilité;

/41

- des avorteraents spontanés; - des désordres génétiques; - des malformations congénitales-

2) Mutation des cellules somatiques: «

Chez l'adulte, elle peut conduire i la mort cellulaire et contri-buer ainsi au vieillissement des tissus ou encore induire un pro-

cessus cancéreux-

Par contre, si la mutation se produit chez l'embryon, elle peut con-duire à des malformations congénitales. L'agent mutagène est alors tératogène. Il est essentiel cependant de retenir qu'un agent mutagè-ne n'est pas toujours tératogène ni même c a n c é r i g è n e * . Il y a envi-ron 25 000 substances chimiques industrielles qui ont démontré des ca-ractéristiques mutagêniques2^.

2.4 La carcinogénèse

Certains agents physiques ou chimiques produisent des cancers, c'est-à-dire des tumeurs envahissant les tissus voisins, et, par la voie sanguine ou lymphatique, capables d'aller former des métastases dans les tissus ou organes éloignés de la tumeur d'origine.

Tout cancer provient d'une cellule "transformée", non repérée comme maligne par les systèmes de défense du corps humain. Cette cellule va se multiplier de façon anarchique et donner naissance à une tumeur dont la structure cellulaire ne respectera plus les règles d'homogé-néité des tissus sains. En fait, la cellule cancéreuse est le fruit

. i

d'une mutation»

Mutagénèse et carcinogénèse sont donc reliées étroitement. On peut

/ 42

dire que tous les cancérigènes sont mutagènes, mais 1*inverse n'est pas vrai. Il faut cependant nuancer cette affirmation; en effet, cer-tains cancérigènes se sont avérés négatifs aux tests de mutagènes. Il arrive alors que la substance originale ne soit pas cancérigène, mais que ce soit son métabolite, c'est-à-dire la substance absorbée et transformée dans 1'organisme en général au niveau du foie, qui s'avère nocive. L'élimination des toxiques par le foie est une activité nor-male, mais il peut arriver que ce mécanisme produise l'effet inverse, rendant biologiquement actives des substances peu ou pas actives.

Le tableau 9 présente la liste des cancérigènes connus. Le tableau 10 présente les agents chimiques ou physiques à la fois 'tératogènes et cancérigènes.

/ 43

TABLEAU 10 SUBSTANCES A LA FOIS CANCÉRIGÈNES ET TÊRATOGÈNES

SUBSTANCES SITES DU CANCER EFFETS TERATOGENES

alcool bouche, larynx, oesophage

cerveau, figure

diphenylhydantoin ganglions lymphatiques cerveau, figure, ongles (hypoplasie)

radiations ionisantes

variés cerveau, croissance

androgenes foie masculinisatlon des : organes génitaux ex-ternes de la femme

diéthylstilbestrol col utérin ou vagin col utérin ou vagin

SOURCE: MILLER, R.W. Relationship between Human Teratogens and Car-cinogens, T. Natl- Cancer Institute, 3, (March, 1977), pages 471-474.

48

2.5 La carcinogénèse transplacental™

Des études rétrospectives ont permis d'établir qu'il y avait un lien entre l'adénocarcinome du vagin chez les filles de 14 â 22 ans et le diethylstelbest roi (D.E.S.) un oestrogène synthétique, admlnist ré à leur mère pendant la grossesse25. Rice a démontré que plusieurs espèces animales sont sensibles à des substances cancérogènes durant

2 ft leur développement foetal »

27 Le tableau ci-dessous, tiré de Hemminki*' indique les études établissant un lien entre certains facteurs de risque et le cancer chez l'enfant.

TABLEAU 11 FACTEURS DE RISQUE ET CANCER CHEZ L'ÇNFANT

Facteurs Source

rayons-x Munoz 1976 infections virales Munoz 1976 histoires d1avortements Gibson et al., 1968 stilbestrol Herbst et al., 1971 travail avec les gaz anesthésiques IARC, 1973 pesticides chlorés Infante et al., 1978 enfant vivant sur la ferme Gold et al., 1979 enfant mongol Miller, 1976 père exposé à certains hydrocarbures Fabia et Damthuy, 1974

SOURCE: HEMMINSKI, K. et al. Transplacental Carcinogens and Muta-gens: Childhood Cancer, Malformations and Abortions as Risk Indications, Int. Arch occup. Env. Health, 47, (1, 1980).

49

CHAPITRE III

INVENTAIRE DES PRINCIPAUX RISQUES POUR L'ENFANT A NAITRE

En abordant ce chapitre, II faut se rappeler qu'il n'existe pas de normes précises pour la santé foeto-maternelle, sauf dans le cas des gaz anesthéslques, du plomb et des radiations Ionisantes*

Ces renseignements dont nous disposons sont le fruit d'expériences animales et d'observations humaines* Il faudra voir à faire périodi-quement une inlse à jour des informations données dans ce chapitre*

3*1 Les risques chimiques

3*1*1 Les gaz anesthéslques

Au Québec, c'est probablement d'abord au sein du personnel des salles d'opération et des cabinets de dentistes, oû les femmes sont nombreu-ses, que se posera le problème du retrait préventif des travailleuses enceintes* Les études pertinentes prêtent encore à discussion, nais le risque apparaît réel*

Des recherches effectuées sur des embryons de poulet avalent d'ores et déjà prouvé les effets tératogènes du protoxyde d'azote, de l'halo-thane et du cyclopropiane (1, 2), effets qui'ont été ensuite confirmés par des études sur d'autres mammifères, dont le rat (3, 4, 5). Sous l'effet de l'halothane, le foetus du rat présente en effet des attein-tes ultra-structurales du système nerveux^ et le foetus de souris, des fissures palatines (7, 8);

/53

De là, il est apparu opportun de faire des recherches épidémiologiques rétrospectives, sur la fertilité, la prématurité et les avortements spontanés chez le personnel des salles d'opérations et leurs enfants.

Cohen a ainsi pu démontrer que les infirmières étalent plus sujettes aux avortements spontanés' et Corbett, qu'elles avalent plus d'en-fants malformês*® ou présentant à la naissance un déficit pondé-r a l H .

Une étude britannique a par la suite démontré que les anesthésistes féminins étaient également plus sujettes aux avortements spontanés et qu'elles avaient aussi plus d'enfants prématurés porteurs d'anomalies

12 ou présentant un déficit pondéral à la naissance . Quant . aux en-fants des anesthésistes masculins, Ils semblaient, eux aussi, avoir des problèmes, comparés -par exemple à ceux des pédiatres1, »

Toujours en Grande-Bretagne, une autre étude menée cette fois auprès de quelque 7 000 médecins a révélé que le taux d'avortements spontanés était plus élevé chez eux qu'ailleurs, soit de 18% lorsque- la mère avait été exposée aux anesthésiques pendant le premier trimestre de sa grossesse, soit de 11,1% lorsque c'était le père, contre 10,9% lors-qu'aucun des deux n'avait été exposé* Dans le cas de populations pai-rées quant à l'âge de la mère, l'usage de la cigarette et l'ordre de naissance des enfants, il est apparu que l'écart s'accroissait encore: ainsi, 14,9% des femmes exposées aux gaz anesthésiques avaient des avortements, contre 5 , 5 % chez un groupe contrôle n o n - e x p o s é * * .

En revanche, une étude finlandaise plus récente n'a pas révélé de taux d'avortement significatlvement différent chez des femmes pédiatres et des épouses de pédiatres d'une part, et chez des femmes anesthésistes et des épouses d'anesthésistes d'autre part15.

/ 54

Enfin, une étude américaine relative aux problèmes de santé des den-tistes a révélé dans ses résultats prêllmlnatres que leurs épouses, lorsqu'ils étalent fortement exposés aux gaa. anesthéslques, présen-taient un taux d'avortement signlficatlvement plus élevé^^.

Le résultat de ces études reste controversé (17, 18) car la méthodolo-gie des études êpidémiologiques est souvent sujette â caution1®. Par exemple, la relation de cause â effet entre la présence de certai-nes substances chimiques dans l'air ambiant des salles d'opération, d'une part, et les anomalies qui en découleraient, d'autre part, n'est pas toujours nette. Les données sur les concentrations de produits chimiques dans l'air ambiant des milieux de travail sont peu nombreu-ses» Il n'y a finalement que 1'incidence plus élevée des avortements spontanés qui semble assez bien établie (20, 21).

En dépit de ce qui précède, l'exposition profenaionnelle aux gaz anes-théslques est apparue comme un risque suffisamment sérieux pour que NIOSH suggère l'observation de normes plus strictes en milieu hospita-lier, ce qui supposé notamment la récupération des gaz22, afin d'obtenir une concentration de gaz anesthéslques ne dépassant pas 2

23 ppm Dans les pays scandinaves, des normes fixant les concen-trations permlsslbles moyennes (TLV) sont déjà en vigueur, soit de 1 ppm pour l'halothane et de 25 ppm pour le protoxyde d'azote21; ces normes pourraient servir de guide au Québec, en attendant que la Com-mission de la santé et de la sécurité du travail se prononce sur cette question. Le personnel des salles d'opération et des cabinets de den-tistes étant mieux informé de ses risques proEessslonnels et se prê-tant plus volontiers aux enquêtes en cours, l O H chercheurs disposeront bientôt d'important es quantités de nouvelles données relatives à ces problèmes, ce qui en facilitera d'autant leur solution.

55

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Les gaz anesthésiques

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/58

3*1*2 Les métaux lourds

C De nombreux travaux ont été consacrés e f f e t 8 t ë r a t o g è n e 8 defl mé-taux lourds. Leurs conclusions, toutefois, n'ont généralement pas été confirmées de sorte que nous ne disposons finalement de données utili-sables que pour le plomb, le mercure, le cadmium et le sélénium.

3*1*2*1 Le plomb

Le plomb est le plus souvent considéré comme un agent mutagêne dont l'action toxique peut s'exercer sur le système reproducteur de l'homme ou de la femme, sur le foetus et même sur le nouveau-né lorsqu'il est allaité au sein. Il est en outre prouvé q u e i e p l o m b a d e 8 e f f e t 8 t0_ xlques sur les gamètes mâles et femelles G t réduit ainsi la fertilité. Chez l'homme par exemple, il altère la production du sperme et réduit la motilité des spermatozoïdes (1, 2).. Ces effets foeto-toxiques ont

. par ailleurs été observés chez plusieurs espèces animales (3, 4, 5, 6, Ç 7, 8, 9, 10); chez l'homme on sait qu'il traverse la barrière placen-

taire dès la 12e semaine de gestation". F i n a l e m e n t > l e s l n t o x l_ cations saturnines seraient responsables de nombreux cas de prêmaturl-té, d'avortements spontanés, de rupture des membranes avant terme et de détérioration du système nerveux chez le nouveau-né, ce qui expli-querait peut-être en partie, le syndrome de l'enfant hyperactlf. (12, 13, 14, 15, 16, 17). Afin de protéger le foetus d'une travailleuse enceinte, l'Organisation mondiale de la santé recommande que la plom-bëmie ne devrait jamais dépasser 30 mcg/100ml.'

3.1.2.2. Le mercure

Le mercure produit également des effets tératogènes mais il faut d'abord distinguer le mercure organique du mercure inorganique. " Nos

/ 59

connaissances sur les effets du mercure organique, dont le méthyl-mer-cure, proviennent de Mlnnamata, au Japon* De6 mères qui avalent con-sommé du poisson contaminé ne présentaient quant à elles que peu ou pas de symptômes; elles ont pourtant donné naissance à des enfants présentant tout & la fois un retard mental et un syndrome de paralysie cérébrale: c'est la maladie de Mlnnamata (19, 20). Des incidents du même genre ont été signalés en Iraq oïl des mères avalent absorbé du pain contaminé et intoxiqué l'enfant qu'elles allaitaient par le lait maternel21.

On dispose de peu de données sur les propriétés tératogènes du mercure inorganique, dont l'oxyde de mercure* On sait cependant qu'il passe la barrière placentaire et se concentre dans certains organes du foe-tus (21, 21a).

3.1.2.3 Le cadmium et le sélénium

On a associé l'exposition au cadmium et au sélénium d des taux plus élevés de mortinalssances et de malformations congénitales chez l'hom-me (22, 23, 24) mais les données en cause sont cependant trop parcel-laires pour qu'on puisse en tirer des conclusions sûres.

/60

BIBLIOGRAPHIE

Les métaux lourds

Le plomb

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/64

3*1.3 Les solvants organiques

On a abordé l'étude des propriétés têratogènes des solvants organiques de deux façons:

1) par des études épldémlologlques rétrospectives de l'Incidence des malformations congénitales chez des travailleuses exposées à di-vers solvants en comparaison avec l'incidence des malformations chez un groupe témoin;

et

2) P a r 1'étude systématique des propriétés toxicologlques de chaque solvant ou de chaque classe.de solvant; on se retrouve alors avec des centaines de produits, ce qui alourdit considérablement les protocoles de recherche.

La première approche a suscité peu de travaux. Les études épidémlolo-giques rétrospectives supposent en effet l'accès â un fichier ou re-gistre des malformations congénitales dans lequel on a Inscrit l'occu-pation des parents ou du moins celle de la mère. Peu de pays en pos-sèdent: seule la Finlande a constitué un tel registre depuis 1963.

A partir de ce registre, le Finlandais Holmberg et son équipe1 Gnt interviewé les mères' d'enfants présentant des anomalies du système nerveux central pour déceler une exposition antérieure aux solvants organiques. Dans certains cas, on a du procéder à une visite des mi-lieux de travail pour préciser la nature de l'exposition.

On a comparé les mères des enfants porteurs de malformations du systè-me nerveux central à des témoins: les enfants nés de mères exposées sont atteints d'anomalies en plus grand nombre que ceux des mères-té-moins non-exposées.

/65

L e même auteur, lors d'une recherche subséquente a vérifie l'occupa tion des parents telle qu'inscrite dans le registre pour voir s il ar-rivait aux mêmes conclusions*. Il en a conclu que les renseigne-ments recueillis d'une façon conventionnelle ne permettaient pas de déceler de lien entre les malformations et une exposition profession-

nelle.

Deux faits importants sont a retenir de ces études:

! les industries où travaillent les mires de ces enfants malformés correspondent aux industries où l'on retrouve une proportion impor-tante de la main-d'oeuvre féminine du Québec soit:

- le cuir - le textile - les plastiques - le caoutchouc - l'imprimerie - les laboratoires - les services hospitaliers _ l a finition des produits métalliques

2. si on désire établir au Québec un registre des malformations con-génitales dans le but d'identifier les agents tératogènes en milieu de travail, il semble bien que l'occupation des parents soit insuffisan-te. Il faudrait obtenir une histoire des emplois actuels et anté-rieurs des parents avec l'identification des risques spécifiques à

chaque poste de travail.

L a deuxième approche toxicologique nous renseigne sur la.nocivité de

certains solvants organiques. Passons-les en revue.

66

3.1.3.1 Le benzène

Les aberrations chromosomiques et les leucémies des travailleurs expo-sés au benzène témoignent des propriétés mutagènes et cancérigènes du benzène (3-4-5-6). Certains auteurs ont décrit des effets têratogènes g chez l'animal? mal6 ces données n'ont pas été confirmées .

Par des recherches sur des humains et sur des animaux, on étudie ce-pendant l'hypothèse suivante: il est possible que l'action nocive du benzène sur le matériel génétique ne s'exerce pas è la première géné-ration mais sur les générations subséquentes.

3.1.3.2 Le têtrachloroéthylène (perchloroéthylène)

Des recherches ont démontré une incidence plus marquée d'avortements spontanés et de malformations congénitales chez le rat et la souris exposés au têtrachloroéthylène^ ainsi qu'une augmentation de l'inci-dence des malformations congénitales et d'avortements spontanés chez les travailleuses des blanchisseries (10, 11). Ces observations asso-ciées à la découverte d'effets cancérigènes probables ont freiné le remplacement du trichloroêthylène par le perchloroéthylène. On attend les résultats d'autres études avant de.confirmer ces données.

3.1.3.3. Le méthylchloroforme

Le caractère tératogène de ce produit soulève actuellement une contro-verse. Les études sont encore trop limitées pour nous permettre d'en tirer des conclusions*

67

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Les solvants organiques

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/ 69

3.1.A L'Industrie des plastiques et du caoutchouc

Nous avons groupé dans ce chapitre un certain nombre de produits que l'on retrouve aux différentes étapes de production et de dégradation dans l'Industrie des plastiques et du caoutchouc. Ils présentent des risques connus pour le système reproducteur de l'homme et de la femme. Hemmlnki rapporte notamment une incidence plus élevée d'avortements spontanés chez les travailleuses de cette industrie, surtout chez cel-les affectées â la production du styrène et de la rayonne (disulfure de carbone)1.

3.1.4.1 Le chlorure de vinyle

En 1976, une étude menée auprès des épouses des travailleurs exposés au monomère de chlorure de vinyle (MCV), lors d'opérations de polymé-risation, a révélé une Incidence accrue des avortements spontanés par rapport â un groupe-contrôle (épouses de travailleurs de l'industrie du caoutchouc)2.

Au Québec, Gilles Thériault a aussi soulevé l'hypothèse du caractère tératogène du MCV dans son étude de la région de ShawiniganJ.

A ce jour, on n'a pu démontrer d'effets tératogènes attribuables au MCV. Plusieurs auteurs ont observé des altérations chromosomiques chez les travailleurs exposés au MCV, mais la signification réelle de ces études est encore l'objet de controverse (4, 5).

Ainsi, des expériences réalisées chez la souris en 1976 infirment ces données: même après des expositions à des concentrations de 30,000 PPM de MCV, les cellules reproductrices sont restées Intactes.

70

n faut • a d m e t t r e que les effets cancérigènes du MCV (angiosarcoma du foie) ont entraîné une réduction draconienne des concentrations permi-f 0 ° n l'air ambiant. Nous ne pouvons cependant pas savoir si cette 6 6 8 de prévention sera suffisante pour entraîner la disparition mesure ae iH

d'un risque de mutagénèse ou de tératogénèse.

3.1.4.2. Le chloroprène

L hl roprène utilisé dans l'industrie du caoutchouc synthétique est polymérisé et devient le néoprène. Il possède des propriétés mutagè-

aussi importantes que le monochldrure de vinyle'. On observe un taux anormalement élevé d'avortements spontanés chez les épouses des t r a v a i l l e u r s exposés au chloroprêne. Chez les travailleurs, on rap-orte une diminution du nombre et de la motllité des spermatozoïdes. Il faudra attendre d'autres recherches pour confirmer ces données.

3.1.4.3 Le styrène

On connaît les propriétés mutagènes du styrène et de l'un de ses méta-bolites intermédiaires, l'oxyde de styrène sur des milieux de culture ( 8 9 10). On soupçonne ces agents d'avoir causé des lésions du sys-tème n e r v e u x central chez des enfants nés de mères travaillant dans

l'industrie des plastiques11.

3.1.4.4 l'Épichlorhydrine

On r e c o n n u t les propriétés mutagènes de 1'épichlorhydrine dans des milieux do culture sans qu'on observe pour autant des effets térato-lènes12 Cependant, l'alpha et l'épichlorhydrine sont capables de ^ < fertilité chez l'animal (13, 14). L'épichlorhydrine, comme

réduire i» ^ d'autres .^oxydes, se lie directement aux acides nucléiques par un

lien cov;ilent virtuellement irréversible.

/71

Cette propriété physico-chimique déjà identifiée pour certains agents cancérigènes, fait déjà craindre des dommages sérieux au matériel gé-nétique humain allant même jusqu'à la carclnogénèse*

Les données s'accumulent actuellement sur les produits de la même fa-mille; une attitude préventive est fortement justifiée de même que la surveillance des travailleurs et travailleuses exposés.

3.1*4*5 Le bisulfure de carbone

Le bisulfure de carbone employé dans l'Industrie des textiles artifi-ciels possède des effets tératogènes* On les a mis en évidence chez le rat15 et on a observé une augmentation de la mortlnaissance et une diminution de la fertilité chez le rat et la souris*

Chez l'homme, le bisulfure de carbone produit aussi des effets sur les fonctions testlculalres et ovariennes (15, 16). Il faudra d'autres études pour confirmer ces observations, mais l'importance de l'indus-trie textile au Québec et l'importance de la maln-d'oeuvre féminine qu'on y retrouve nous invite à une attitude prudente et vigilante*

72

BIBLIOGRAPHIE

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/75

3.1.5. Les asphyxiants

La croissance de l'embryon et du foetus dépend des éléments nutritifs fournis par la circulation placentaire. Elle représente 85% de la circulation utérine. Un de ces éléments, l'oxygène, est essentiel. La mère exposée de façon répétitive à un agent toxique qui réduit le taux d'oxygénation de ses tissus et des tissus de l'enfant risque de donner naissance è un enfant dont le développement sera compromis; il pourra en résulter des déficits anatomo-physiologiques ou un retard de croissance. On appelle donc asphyxiants les substances qui entraînent une déficience en oxygène. D'une part, on connaît les asphyxiants, simples qui diminuent la pression partielle d'oxygène dans l'air am-biant. D'autre part, on parlera d'asphyxiants chimiques pour les pro-duits qui interviennent avec la mécanique respiratoire: ils compren-nent le monoxyde de carbone, les agents méthémoglobinisants et les composés volatilsl.

On connaît l'exemple du monoxyde de carbone (CO), cette substance ayant environ 200 fois plus d'affinité pour l'hémoglobine que pour l'oxygène. En présence du monoxyde de carbone, l'hémoglobine se transforme en carboxyhémoglobine et perd ainsi sa capacité de trans-porter l'oxygène dans l'organisme.

Des expériences animales montrent que l'exposition même légère au mo-noxyde de carbone pendant la grossesse affecte lé développement du foetus: les nouveaux-nés sont de poids inférieur à ceux des contrôles. Plusieurs auteurs croient d'ailleurs que c'est le monoxyde de carbone de la fumée de cigarette qui explique le poids inférieur des enfants dont les mères ont fumé. (2, 3, 4)

On trouve dans plusieurs milieux de travail des taux de monoxyde de carbone donnant des taux de carboxyhémoglobine équivalents ou supé-rieurs à ceux des fumeurs5.

/76

De la même façon, d'autres substances entraînent la production de sul-phémogloblne ou de méthémogloblne compromettant l'oxygénation: on peut retenir entre autres les nitrites, l'aniline (soupçonnée d'action.can-cérigène au niveau de la vessie et des uretères), le dinitrophénol, l'hydrogène sulfuré, etc.

Beaucoup de recherches s'Imposent encore dans ce domaine.

m

3.1*6 Les pesticides

De nombreuses études ont été réalisées chez diverses espèces animales dans le but d'évaluer le6 effets de ces produits sur le système de re-production. Ces études n'avaient pas pour objectif d'évaluer le ris-que pour la santé humaine de la manipulation de tels produits, mais plutôt de vérifier l'Innocuité pour les espèces non visées de l'usage de ces produits pour le contrôle des insectes et autres espèces anima-les nuisibles. Les doses utilisées, les voies d'administration, la durée d'exposition, les espèces choisies sont autant de facteurs qui nous empêchent de tirer des conclusions utiles. De façon générale, ces substances aux doses étudiées chez l'animal, produiraient un ta-bleau clinique d'intoxication chez l'humain.

Certains solvants du pétrole (kérosène, méthanol, distlllats du pétro-le, xylène, toluène) entrent dans la fabrication de plusieurs pestici-des. Les effets de ces solvants dont nous avons déjà parlé s'ajoutent donc à leur toxicité1*

3*1.6.1 Les insecticides

Plusieurs données existent sur les effets des insecticides chez l'être humain, mais peu d'études rapportent leurs effets sur le foetus. Pair-mi les grandes classes d'insecticides, deux principales retiennent no-tre attention £ cause de l'importance de leur utilisation: les orga-nochlorés et les organophosphorés.

L'Agence américaine de protection de 1'environnement (E.P.A.) a res-treint l'utilisation de 5 pesticides, dont A sont des insecticides or-gano-chlorés (heptachlor, chlordane,~D.D.T. et Mirex); ces insectici-des pourraient provoquer de la stérilité et des malformations congénl-tales^.

/79

Naruba3 a rapporté parmi d'autres troubles observés plus rarement mais imputables à un empoisonnement antérieur aux organo-phosphorés, des malformations et un retard de croissance chez le foetus, et possi-blement des morts foetales.

A partir des résultats de plusieurs recherches animales sur le pouvoir tératogène de certains pesticides, N.I.O.S.H.4 considère que les in-secticides organo-chlorés suivants pourraient présenter un problème chez lf humain: aldrin, dieldrin et endrin.

3.1.6*2 Les herbicides et autres pesticides

Selon N.I.O.S.H., le 2, 4, 5-T (acide 2, 4, 5 trichlorophênoxyacêti-que) serait tératogène*. Cependant, une étude épidémiologique ef-fectuée en Arkansas n'a pu établir une relation causale entre l'utili-sation du 2, 4, 5-T et l'apparition de becs-de-lièvre et de fissures palatines chez l'humain5. Les auteurs recommandent cependant de faire d'autres études avant de conclure â l'innocuité du 2, 4, 5-T. On soupçonne cependant que les dioxines présentes à l'état de traces dans les herbicides, soient responsables de cet effet tératogêne et d'une augmentation du taux d'avortements spontanés (2-6). Divers or-ganismes américains poursuivent actuellement des étùdes sur les effets de l'utilisation massive de "l'Agent Orange" - un mélange de 2, 4, 5-T et de 2, 4-D (acide 2, 4-dichlorophénoxyacétique) - au Vietnam et en Oregon, et sur les conséquences de l'accident de Seveso en Italie - oû

-une dioxine (la 2, 3, 7, 8-Tétrachlorodibenzo_ paradioxine ou^TCDD) s'était répandue dans l'atmosphère (2, 6). Parmi les observations préliminaires faites à Sveso et aux alentours, on ne rapporte pas d'augmentation de l'incidence des avortements spontanés et l'analyse des produits de conception (34 avortements thérapeutiques) n'a pas dé-montré de risques de développement anormal chez les foetus7.

/100

Un numatlcide, le D.B.C.P. (X, 2-dibromo 3-chloropropane) a été asso-cié à un certain taux de stérilité chez des travailleurs masculins**. L'utilisation de ce pesticide a été restreinte aux Etats-Unis par l ' E . P . A . 2

A notre connaissance, aucune enquête sur les pesticides n'a réuni, â ce jour, un nombre suffisant de femmes pour évaluer leur exposition professionnelle et domestique. Malgré le fait que l'emploi de pesti-cides remonte à plusieurs siècles, il reste encore énormément de re-cherches et d'études à faire.

/ 81

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6. GUNBY, Phil. "Plenty of Fuel for the Agent Orange dispute", J^ Am. Med. Assoc., 242, (7, 1979), pages 593-597.

7. HOMBERGER, E. et al. "The Seveso Accident: Its Nature, Extent and Consequences", Ann. Occup. Hyg., 22, (4, 1979), pages 327-370.

8- WH0RT0N, D. et coll. "Infertility in male pesticide workers", Lancet, 2, (1977), pages 1259-1261.

/82

c

c

3.2 Les risques physiques

A la différence des observations parcellaires accumulées & propos des effets des produits chimiques sur le devenir de la grossesse, l'étude des effets des agents physiques est plus fructueuse* On a lnclu les travailleuses dans les protocoles de recherche et des recommandations précises en sont découlées.

3*2.1 Les radiations ionisantes

On appelle radiation ionisante, la radiation capable de transférer suffisamment d'énergie aux atomes du milieu qu'elle traverse pour y déplacer un électron orbitalre, transformant alors l'atome, électri-quement neutre au départ, en une particule chargée, l'ion.

Les radiations ionisantes qui intéressent les intervenants en médecine du travail sont les suivantes:

- les radiations électromagnétiques (entre autres, les rayons-x) - les rayons gamma - les particules alpha - les particules bêta - les neutrons

Ces rayonnements dangereux proviennent de sources naturelles ou arti-ficielles1.

Le tableau suivant en Indique la provenance et la quantité.

/83

TABLEAU 12 RADIATION TOTALE REÇUE PAR UN

INDIVIDU RESIDANT AUX ETATS-UNIS

SOURCE MILLE REMS*/AN

SOURCES NATURELLES

A - Externe 1. Radiation terrestre

(terre, édifices) 2. Radiation cosmique

44 40

B - Interne 1* K^® des tissus humains 2. Autres sources

16 2

TOTAL DES SOURCES NATURELLES 102

SOURCES ARTIFICIELLES

A - Médicales 1. Radiologie diagnostique 2. Radiation thérapeutique

72**

B - Retombées radioactives 4

C - Expositions professionnelles (production d'énergie nucléaire) 0,8

D - Sources diverses (téléviseurs, cadrans lumineux, etc») 2

TOTAL DES SOURCES ARTIFICIELLES 80

GRAND TOTAL 182

SOURCE: Advisory Committee on the Biological Effects of Ioni-zing Radiations. The effects on Populations of Ex-posures to Low Level of Ionizing Radiation, Washing-ton, D.C., National Academy of Sciences, 1972.

* Rem Roentgen Equivalent Man. ** La plus importante de ces sources.

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Depuis 30 ans, les organismes internationaux et nationaux fixent régu-lièrement les normes de radioprotection. On établit â 5 rems par an-née la dose maximale admissible (DMA) pour un adulte exposé par son travail et â 0,5 rems par année la dose pour l'adulte non exposé pro-fessionnellement1 •

Effets biologiques

Les radiations ionisantes produisent deux types d'effets biologiques: a) des effets directs; bris de molécules intracellulaires importantes

comme l'A.D.N.; b) des effets indirects: initiation de réactions chimiques intracellu-

laires, en chaîne, causant des dommages à long terme.

Ces effets se traduisent par des aberrations chromosomiques (mutagè-nes), par la mort cellulaire (effet aigu), par des transformations ma-lignes (cancérogènèse) ou par une réparation cellulaire.

Ces effets dépendent en outre de la source de radiation, de la dose émise et reçue, du temps d'exposition ainsi que de l'organe touché. On parlera alors de radiosensibilité: "la radiosensibilité d'un tissu étant directement proportionnelle â sa-capacité reproductrice et in-versement proportionnelle à son degré de différentiation"1 d'oÛ la fragilité évidente de l'embryon et du foetus, qui sont essentiellement en activité de multiplication et de differentiation cellulaire.

Chez l'adulte les tissus les plus vulnérables sont en ordre décrois-sant:

- les lymphocytes - les granulocytes - les cellules basales des gonades, de la moelle osseuse, de la peau

et du tube digestif

/85

- les cellules alvéolaires pulmonaires - les voles biliaires - les cellules des tubes rénaux - les cellules endotbéllales - les cellules collagènes - les muscles - le tissu nerveux - le tissu osseux

Des études épidémiologiques ont démontré, hors de tout doute, l'effet cancérigène des radiations ionisantes. On a pu observer chez les populations soumises aux bombardements atomiques ou & des traitements médicaux intenses ou répétés, des taux plus élevés de leucémie, de cancer de la peau, de la thyroïde, du sein, des os et des poumons^.

Effets sur l'embryon et le foetus

Il est très Important de se rappeler le caractère de radio-sensibilité de l'embryon et du foetus. Selon la dose de radiation reçue et l'éta-pe de développement, les atteintes seront différentes.

/86

Phase de préimplantation Mort cellulaire

D e 4 à 11 semaines anomalies du système nerveux central; microcêphalie

De 12 â 1 9 semaines microcêphalie; retard de croissance; retard mental

20 semaines et plus atteintes discrètes de l'hématopolèse; atteintes discrètes de la peau. N.B.: ici le risque est present

si I*exposition est aiguë et dépasse 50 rad.

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„, F .os aprt. exposition, 1 • 0b,«rv.tl0„ ta « f - t . i.p.~l.

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/87

mens radlologIques obstétricaux auraient pu causer 5% des cancers de l'enfant*

On a aussi soulevé la possibilité d'effets tératogènes reliés à l'ex-position professionnelle aux radiations: les recherches n'ont pu con-firmer cette hypohèse* Il faut cependant convenir que de fortes doses nocives pour la mère pourraient Indirectement affecter la survie de l'embryon ou du foetus* De toute façon, l'effet à long terme de l'ex-position à de faibles doses de radiations ionisantes est l'objet de controverses en médecine nucléaire (3, 9).

Ce qu'il faut retenir de ceci, c'est que les enfants des femmes expo-sées pendant leur travail aux radiations ionisantes courent les mêmes risques que ceux des femmes irradiées à des fins diagnostiques^.

Normes de radioprotectlon pour la travailleuse enceinte

Depuis 1971, la National Council on Radiation Protection and Measure-ment (NCRP) des Etats-Unis a établi à 1,5 rems la dose d'irradiation permise pour la. mère pendant toute la grossesse, ce qui entraînerait une irradiation de 0,5 rem pour l'enfant à naître* On justifie cette différence par l'absorption d'une partie des radiations par le corps de la mère* Cette recommandation a été maintenue lors de la revision de 1977 à la lumière des données accumulées sur les effets tératogènes ou cancérigènes des radiations: rien ne justifiait une augmentation ou une diminution de la norme •

La recommandation implique que les femmes qui pourraient devenir en-ceintes ne devraient plus être exposées à une irradiation comparable à celle des femmes ne désirant plus d'enfant ou à celle des hommes* Ce-ci vaut particulièrement pour les milieux où une exposition supérieure à 0,5 rem peut survenir en une courte période* Mais le Conseil n'a

/88

ïlfcflgrtSirir f>n~fïtir

C

C

pas voulu émettre de recommandations plus précises pour limiter le L a i l des femmes en âge d'avoir des enfants, â cause des nombreux facteurs impliqués: durée et quantité de l'exposition, déclaration obligatoire ou volontaire de la grossesse 1 l'employeur, précocité du

diagnostic de grossesse.

Les recommandations du Conseil visent la protection de l'enfant à naî-tre en tant que sujet exposé involontairement aux radiations, du fait

du travail de sa mère, pendant la grossesse .

Oe façon plus générale, on recommande une lecture mensuelle du dosimè-tre individuel. Si la dose limite de 1.5 rem est atteinte, il faudra cesser l'exposition. tes doses reçues » des fins diagnostiques de-vront être ajoutées au calcul pour déterminer l'exposition totale.

3.2.2 Les vibrations

Plusieurs études scientifiques démontrent que les vibrations de moins de 20 Hz affectant le corps entier chez l'homme ou chez l'animal, peu-vent occasionner des dommages importants au niveau de certains orga-nes: hémorragie et oedème pulmonaire (1. 2. 3, 4 ) , atteinte du système

cardio-vasculaireS et du système nerveux central .

Romanov^ . démontré que des cultures de cellules musculaires ^ i -t r o sont détruites lorsque exposées » des vibrations de 10 » 50 Hz du-~ t 30 minutes et PekrovsUaya a rapporté une diminution de 1 activité mitotique au niveau de cellules de moélle osseuse de rats adultes ex-

posés®.

Bantle* a soumis des souris enceintes à des vibrations de basse fré-quence (20 Hz) et a observé une augmentation significative de nou-veaux-nés de petit poids, porteurs d'anomalies céphaliques.

/89

3.2.3 Le bruit

On ne connaît pas les effets du bruit sur la grossesse. Bien que le son soit transmis par le liquide amniotique, il n'entraînerait aucun effet nocif chez le foetus. La norme en vigueur au Québec est de 90 dB, mais plusieurs audiologistes recommandent que cette norme soit abaissée à 80 dB afin de protéger un plus grand nombre de travail-leurs, dont la femme enceinte (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9).

Par contre, des recherches toutes récentes auprès de femmes vivant à proximité d'aéroports, laissent croire que le bruit des avions entraî-nerait une diminution du poids des bébés à la naissance10.

3.2.4 Les écrans cathodiques

Suite aux demandes répétées de plusieurs syndicats, NIOSH a effectué une étude préliminaire sur les risques reliés à l'utilisation des ê-crans cathodiques. On sait que beaucoup de femmes travaillent à ces postes.

Depuis 1975, les mesures sur le niveau de radiations ionisantes et non-ionisantes n'ont pu mettre de risques en évidence: en aucun cas, les normes en vigueur n'ont été dépassées1.

3.2.5 Les ultrasons

Les ultrasons sont des ondes de haute fréquence, soit de 20,000 Hz et plus. C'est davantage en tant que mères que des travailleuses y sont exposées puisqu'on les utilise à des fins diagnostiques si l'on soup-çonne une complication de la grossesse.

Des demandes fréquentes sur les risques possibles de cette exposition nous incite à faire la mise au point suivante.

/90

En février 1981, le sous-comité de médecine périnatale de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada déclarait, en s'appuyant sur un rapport d'experts de l'Amerlcan Institute of Ultrasound and Me-dicine1:

"Dans la bande Inférieure des fréquences exprimées en mégahertz, de 0,5 à 10 MHz, on n'a pu confirmer (à ce jour) des effets biologiques significatifs sur des mam-mifères exposés à des intensités inférieures à 100 mW/cm2. De plus, pour des durées d'exposition infé-rieures à 500 secondes et supérieures à 1 seconde, on n'a pu démontrer de tels effets même à de hautes in-tensités, lorsque le produit de l'intensité et de l'ex-position est inférieur à 50 joules/cm2".*

D'après un document récent de la Corporation professionnelle des méde-A

cins du Québec* et de l'avis de nos consultants, des recherches s'imposent cependant afin d'affirmer, hors de tout doute, que ces pro-cédures sont inoffensives*

* Notre traduction

/91

BIBLIOGRAPHIE

Les radiations Ionisantes

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2. HUNT, Vilma. Work and the Health of Women, Boca Raton, C.R.C.

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3. Ibid, pages 71-73.

4. CONGRES ANNUEL DE L'AMERICAN COLLEGE OF NUCLEAR MEDICINE tenu à Montreal en mal 1980.

5. NATIONAL COUNCIL ON RADIATION PROTECTION AND MEASUREMENTS. "Re-view of NCRP Radiation Dose Limit for Embryo and Foetus In Occupationally Exposed Women", Report n°53, Washington, 1977.

6. HUNT, Vilma. Work and the Health of Women, Boca Raton, C.R.C. Press, 1979, page 63.

/ 92

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2. CORPORATION PROFESSIONNELLE DES MÉDECINS DU QUÉBEC. L'échographle, Montréal, 1981.

/ 95

3-3 Les risques biologiques

Les agents biologiques (bactéries, virus et autres micro-organismes) sont très répandus et quoique non spécifiques au milieu de travail, ils constituent néammoins un risque professionnel pour les femmes en-ceintes travaillant particulièrement en milieu hospitalier, dans cer-tains laboratoires de recherche, auprès des enfants, dans les cabinets de dentistes et les cliniques vétérinaires-

Effets

La susceptibilité aux infections ne semble pas accrue pendant la gros-sesse à l'exception des voies respiratoires supérieures. Par contre, l'infection acquise est cependant plus grave et peut se compliquer en-tre autre de pneumonie avec un taux de mortinaissance de 30%. De plus, la prise de médicaments risque d'entraîner des effets nocifs chez le foetus (1, 2).

D'autre part, certains micro-organismes (virus de la rubéole, Herpes simplex, cytomegalo-virus, syphilis, etc...) traversent la barrière placentaire et, selon le stade de développement foetal, on assiste à un avortement, une anomalie, une infection congénitale ou une morti-naissance^.

Recommandations

Les experts de NIOSH croient qu'il est imprudent de laisser travailler une femme enceinte dans une unité de maladies infectieuses ou dans un laboratoire de microbiologie*.

De plus, dans les établissements qui accueillent des enfants prématu-rés ou porteurs de malformation, il y a risque pour les travailleuses

/96

enceintes parce que ces enfants excrètent souvent des virus.

Les c o n t a c t s avec d e s porteurs de l'antigène australien. ^ de l'hépatite, devraient être limités; cela s'applique entre autres aux patients cancéreux, immuno-supprimés*. De toute évidence, on récorn-

a i aux travailleuses exposées aux agents microbiens. a P ^ rigoureuse des techniques d'asepsie. On recommande aussi d'affecter ces travailleuses aux cas non infectés.

Enfin, selon les protocoles établis, on doit offrir la vaccination an-tirubêolique aux travailleuses qui désirent avoir des enfants et qui sont employées dans des milieux â risque, soit les hôpitaux. les eco-

les et les garderies.

/97

BIBLIOGRAPHIE

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/98

>

I

CHAPITRE IV

LES CONDITIONS DE TRAVAIL ET LA GROSSESSE

Dans l'application du retrait préventif, on sait déjà que plusieurs demandes sont faites pour des raisons ergonomiques.

Malheureusement, comme pour les autres risques, il n'y a pas de normes précises, la plupart des données sur la physiologie des femmes exer-çant une activité physique nous venant d'études réalisées chez des athlètes.

Pour ce qui est des femmes enceintes, on admet que les changements physiologiques de la grossesse permettent aux femmes de continuer les activités exercées avant et qu'il faille tenir compte de la fatigue causée par le gain pondéral dans les dernières semaines. Mais les études physiologiques sont parcellaires, réalisées en laboratoire et ne rendent pas compte des conditions réelles de travail où plusieurs facteurs interviennent, ni de la double tâche que la plupart des fem-mes exercent•

Il est donc difficile pour l'instant d'établir des critères exprimés en termes de consommation d'oxygène et de kilocalories pour ajouter à l'information sur la capacité de travail des femmes enceintes exposées à des contraintes ergonomiques.

Il n'est pas sûr d'ailleurs qu'on puisse vraiment valider une fiche ou un indice qui rendent compte de tant de facteurs, du moins dans l'im-médiat • Il y donc place pour une évaluation individuelle des cas.

/1944

A noter cependant une enquête française1 réalisée auprès de 3,500 femmes qui a permis de mettre en évidence des facteurs du milieu de travail reliés à la prématurité:

- catégories professionnelles: ouvrières spécialisées, personnel de services, employées de commerce, personnel de services médicaux;

- durée hebdomadaire de travail égale ou supérieure à AO heures pen-dant toute la grossesse;

- accumulation des charges de fatigue professionnelle (posture, machi-nes, charge physique et mentale, environnement).

j »

A.l Grossesse normale

Toute femme doit s'adapter, lors de la grossesse, à des changements physiologiques importants^ Ils peuvent entraver son travail, la ren-dre plus vulnérable à certains risques et favoriser conséquemment les complications de la grossesse.

Une analyse de son poste de travail, notamment au niveau de l'identi-fication des risques reliés à son environnement ambiant (bruit, cha-i leur, éclairage, radiations, toxiques métalliques, solvants, etc.), à l'exécution de sa tâche (horaires, cadences de travail, postures, manutention d'objets...) et à l'état des lieux (surfaces glissantes, encombrement...) nous permettra d'établir si ce poste est toujours adapté è celle-ci, malgré les changements physiologiques de la gros-sesse. S'il ne l'est pas il faudra, soit modifier le poste de travail en conséquence, soit la retirer et l'affecter à un autre poste ne com-portant pas une telle exposition et qu'elle est raisonnablement en mesure d'accomplir.

/100

Passons maintenant en revue la physiologie de la grossesse et les principaux risques professionnels qui peuvent en découler*

4.1.1 Le système digestif

La fréquence des nausées et des vomissements du premier trimestre peut perturber les activités habituelles de la travailleuse. La somnolence et les vertiges, augmentés si elle recourt aux anti-nauséeux, dlmi-nuent 6on attention, sa vitesse de réaction et sa capacité d'efforts physiques soutenus. Ces symptômes sont cependant passagers.

4.1.2 Le système urlnalre

Les mictions fréquentes et impérieuses entravent la continuité du tra-vail et amènent parfois les femmes à réduire leur apport hydrique; ce-ci compromet l'hypervolémie physiologique de la grossesse, le débit et. la filtration rénale, augmentant ainsi les risques d'infection urinai-re.

A la fin du premier trimestre, la filtration glomérulaire augmente de 50% et le débit plasmatique s'accroît de 25 à 50%. Une surveillance spéciale s1 impose donc dans le cas d'exposition à des produits indus-triels néphrotoxiques•

/

4.1.3 Le système locomoteur

Sous l'effet du gain pondéral-, on observe une accentuation de la xy-phose dorsale et de la lordose lombaire: ceci augmente la fatigue lors de la station debout prolongée.

/100

Avec la compression de la veine cave inférieure par l'utérus, on as-siste à une augmentation progressive de la stase veineuse responsable des oedèmes, des crampes, des sensations de lourdeur aux jambes, des hémorroïdes et des varices (environ 50% des grossesses). Le piétine-ment et la chaleur, cause de vasodilatation, accentuent ce phénomène*

' Sous l'effet de la progestérone et de la croissance de l'utérus, les ligaments rachidiens et pelviens se relâchent. Cë changement, associé aux modifications de la courbure vertébrale, provoque un phénomène douloureux et une augmentation du risque de chute* En milieu de tra-vail, l'étude détaillée des postures utilisées au niveau du poste s'impose pour évaluer les risques .pertinents.

De façon générale, le gain pondéral, environ 11 kg à la fin du troi-sième trimestre, représente une surcharge pour l'appareil cardio-vas-culalre et locomoteur*

4.1.4 Le système cardio-yasculalre

L'augmentation du volume sanguin s'amorce au premier trimestre et at-teint son maximum, de 30 à 40% du volume initial, â la 32ième semaine. Le volume plasmatique en est principalement responsable. Quant aux globules rouges, ils augmentent seulement de 30%: c'est 1'anémie phy-siologique de la grossesse ou anémie dilutionnelle. On s'attendrait à un changement de viscosité mais on n'a pu le démontrer.

\

En conséquence de cette hémodilution, le débit cardiaque s'accroit de 30 â 35% et le rythme cardiaque s'accélère de 15 â 20 pulsations à la minute.

/100

On assiste aussi à une chute de la pression diastolique de 10 à 15 mm Hg et à une baissé de la résistance vasculalre périphérique sous 1'effet du court-circuit créé par la circulation placentaire. La pression systollque peut se maintenir ou s'abaisser. .

On évalue l'augmentation de la charge cardio-vasculaire pendant la grossesse à 30 à 60% de la charge habituelle*

Des recherches effectuées jusqu'à présent sur la physiologie des tra-vailleuses enceintes, on peut retenir les conclusions suivantes:

- on doit éviter la station debout ou assise prolongée car 11 est dif-ficile de s'y adapter;

- les changements physiologiques de posture augmentent le travail car-diaque s'ils nécessitent un déplacement important des masses muscu-laires;

- les efforts musculaires importants augmentent la dépense énergétique déjà accrue par le maintien de la posture ou les changements de po-sition;

- des efforts physiques trop importants produisent une réduction du débit utéro-placentaire, ce qui expliquerait certains cas de préma-turité ou de retard de croissance intra-utérin .

Ces conclusionss sont d'ordre général et des recherches s'imposent afin d'évaluer de façon précise la capacité de travail à laquelle une travailleuse enceinte peut être soumise sans compromettre sa 6anté ou celle de l'enfant à naître.

/100

4.1.5 Le système respiratoire

On assiste d'une part à des modifications anatomiques, telles l'apla-tissement des côtes et l'élévation du diaphragme. D'autre part» on observe des modifications fonctionnelles qui rendent compte aussi de 1'hyperventilation présente tout au cours de la grossesse et dont on ne saurait sous-estimer l'Importance pour la travailleuse.

Voici la liste de ces modifications fonctionnëlles:

- augmentation légère de la fréquence respiratoire;

- augmentation du volume courant (40% à terme) et de la ventilation associée â une chute de la PCO2;

- diminution de 20% du volume résiduel et de la capacité résiduelle fonctionnelle san6 altération de la capacité vitale;

- ces changements entraînent une augmentation de la ventilation alvéo-laire de 65%, d'où une meilleure oxygénation.

L'adaptation de la femme enceinte â l'effort musculaire s'accomplit généralement assez bien mais un exercice statique intense provoque une augmentation de 1'hyperventilation et une chute de la PCO2 avec un tableau clinique d'alcalose respiratoire: étourdissement et vasocons-triction réflexe mais aussi diminution du débit utéro-placentaire. Selon les conditions de travail, elle s'expose aussi à une dette en oxygène qui progresse au cours de la grossesse. Dans le cas d'un ef-fort statique, cette dette est attribuable à une obstruction de la circulation sanguine du muscle; par contre, dan6 l'effort dynamique, surtout s1 il est rythmé, l'irrigation se fait bien mais la quantité d'oxygène amenée peut être insuffisante pour l'effort requis.

/100

Cette hyperventilation permet l'inhalation accélérée des produits to-xiques, gaz, et particules en suspension; dès lors, on peut s'attendre à une modification de la fonction pulmonaire ou de la diffusion alvéo-laire et prévoir une diminution de l'oxygénation.

Dès le début de la grossesse, la dilatation capillaire du tractus res-piratoire provoque une légère congestion des muqueuses augmentant la susceptibilité de la travailleuse aux infections des voles respiratoi-res. Tout facteur irritant ou allergisant stimulera cette congestion.

On se rappellera en effet, le triste sort des 96 travailleuses de la Nouv el1e-Ang1et e rre qui moururent de pneumonite secondaire à 1 *exposi-tion au béryllium: 64 d'entre elles étalent enceintes^.

4.1.6 La sensibilité du système hématopolétlque

L'effet des substances chimiques sur le système hématopoiétique est avant tout d'interférer avec la capacité qu'a le sang de transporter l'oxygène.

Ainsi, le plomb et le benzène provoquent de l'anémie en diminuant le nombre de globules rouges circulant. Le monoxyde de carbone, le chlo-rure. de méthylène et de cyanure d'hydrogène interfèrent avec la capa-cité de captation de l'oxygène de l'hémoglobine. L'arsine, le stibine et le nitro-benzène sont des agents hémolysants. Plusieurs composés .a.?otês (* n l l i n e» nitrobenzène et trinitroluène) transforment l'hémo-, globine en méthémoglobine tant chez la mère que chez son nouveau-né.

Nous considérons que l'exposition de ia travailleuse enceinte à ces contaminants est contre-iiidiquée.

/100

TABLEAU 13 GROSSESSE NORMALE*

Signes et symptômes Trimestre " ^ ^ ^ ^ ^ i rimestre Effets et recommandations

A) Généraux

1 • nausées et vomis-• sements

2. gonflement et tension mammaire

3• somnolence et fatigue

4. étourdîssements, syncope

5. oedème des membres inférieurs et varices

rayalgie èt maux de dos

7. modification de la posture

8. pollakiurie

9. constipation et hémorroïdes

1er surtout Evaluation individuelle**

Evaluation

1er et 3ièmJ Evaluation

2 et 31ème

2 et 3ième

2 et 31ème

2 et 3ième surtout

3e surtout

2 et 31ème

Eviter le travail debout prolongé et la chaleur

Eviter le travail debout prolongé, support pour les jambes

Evaluation et correction de la posture

Danger de chute: éviter échelles, escabeaux, etc.

Accessibilité des toilettes

Recommander des sièges çousslnés

ques et l e s recommandationstelle, que I e/° s s e s s e' l e s ris-Américain des Obstétriciens et t n t J Z l T 0 ^ p a r l e Collège

** On entend par "Evaluation individuel 1 A" h - , santé de la travailleuse et d f i l , l'évaluation de l'état de risques associés à s o T P o S t e de travail ^ , M '

/100

TABLEAU 13 (suite) GROSSESSE NORMALE

Signes et symptômes Trimestre Effets et recommandations

B) Système cardio-vasculalre

1.

2.

volume sanguin

débit cardiaque

2 et 3ième surtout

Eviter:

- le travail debout prolongé;

3. rythme cardiaque - les changements fré-quents de posture;

4. ta dlastolique - les efforts muscu-laires intenses;

5. pression veineuse périphérique

- le travail à la chaleur.

C) Système respi-ratoire

1. hyperventilation \

1er et 2e et 3ième surtout

- risque d'intoxication par inhalation accrue de substances volatiles et de particules en suspension

- <»

- éviter l'exposition à des facteurs qui chan-gent la fonction pul-monaire ou la capacité de diffusion alvéolaire'

2. dyspnée 2 et 3ième surtout

Eviter les efforts muscu-laires intenses

3. congestion des voies respira-toires

1er, 2e et 3ième surtout

Selon le cas, protéger contre les agents irri-tants ou allergisants.

TABLEAU 13 (suite et fin) GROSSESSE NORMALE

Signes et symptômes Trimestre Effets et recommandations

D) Système hémato-polétique

1. anémie 1. Risque accru d'in-toxication par les sub-stances suivantes: - plomb - benzène

2. interférence avec la capacité de l'02 Par l'hé-moglobine

en tout temps Monoxyde de carbone Chlorure de méthylène Cyanure d'hydrogène

3. hémolyse Arslne Stibine Nltro-benzène

A. méthémoglobinémie Composés azotés:

Aniline Nltrobenzène TNT

Evaluation individuelle de chaque cas en fonc-tion des données médico-environnementales recueuillles»

SOURCE: AMERICAN COLLEGE OF OBSTETRICIANS AND GYNAECOLOGISTS. Guide lines on Pregnancy . and Work, NIOSH Publ., n° 78, (1977), page 118*

/100

4.2 Grossesse à risques élevés

A la lumière de la physiologie de la grossesse normale et des risques ergonomiques, chimiques, physiques et biologiques déjà entrevus, on comprendra que la travailleuse dont les antécédents obstétricaux ou médicaux indiquent des risques pour sa grossesse mérite une attention toute spéciale. Au Québec, il existe dans les grands centres hospita-liers, un réseau de cliniques de grossesses à risques élevés (GARE) capables de fournir des soins spécialisés â toutes les femmes concer-nées. En collaboration avec les intervenants en santé au travail des départements de santé communautaire, on pourra y évaluer les risques encourus et l'application du retrait préventif.

Le tableau 14 illustre certains types de recommandations selon les complications de la grossesse faites par le Collège américain des obs-tétriciens et gynécologues^.

/100

TABLEAU 14 GROSSESSE A RISQUES £LEVÉS

Pathologies Recommandations

A* Système reproducteur

1. Menace d1avortement Eviter tout travail pénible Inhabituel

2. Incompétence du col Contre-indications:

1. Soulever des poids lourds 2. Charge inhabituelle 3. Rotations répétées 4. Interruptions de rythme

respiratoire 5. Retenir sa respiration 6. Valsalva

3. Anomalie utérine •

Incidence: - Avortements spontanés - Prématurité - Mauvaise présentation - Grossesse difficile

Eviter toute activité phy-sique pénible Prévoir des périodes de repos

4. Incompatibilité Rh Pas de travail pénible le jour de l'amniocentèse

5. HTA (Hypertension) Travail léger pendant les deux (2) premiers trimes-tres; 3ème trimestre: repos

6. Diabète avec dé l'acti-vité psychomotrice

Evaluation'selon les classes de White et évaluation Indi-viduelle. Danger relatif à la sécurité. Evaluation pé-riodique

7. Retard de croissance Eviter tout travail pénible

8. Grossesse gémellaire 1. Eviter tout travail pénible

2. Retrait recommandé au 6ième mois

/ H I

TABLEAU 14 (suite) GROSSESSE A RISQUES ÉLEVÉS

Pathologies Recommandations

B. Système cardio-vasculalre

1. Cardiopathie rhumatismale Sténose mitrale

Evaluation individuelle*

2. Cardiopathie congénitale Mineure Syndrome de Marfaq Hyertension pulmonaire

Evaluation individuelle Grossesse contre-indiquée: Arrêt de travail

3. Arythmies aggravées par le travail

Evaluation individuelle*

4. HTA/maladie rénale avec répercussions systémiques (rétinopathie 1)

Travail sous surveillance médicale

Si HTA est contrôlée Pyélonéphrite

Peut travailler Hospitalisation et retour . au travail selon l'évalua-tion Individuelle

5. Maladies hématologiques Anémie Aggravation par les subs-

tances hémato-toxiques

Si la capacité de trans-port d'02 est diminuée

Limiter l'effort physique

* On entend par "Evaluation individuelle" l'évaluation de l'état de santé de la travailleuse et du foetus de même que l'évaluation des risques associés à son poste de travail.

/100

TABLEAU 14 (suite) GROSSESSE A RISQUES ELEVES

Pathologies Recommandations

C* Système pulmonaire

1. Infection des voles respi-ratoires algues

Evaluation individuelle La femme enceinte est plus incommodée* Sa récupéra-tion est plus longue

2* Allergie Habituellement pas de problème

Evaluer l'environnement de travail pour les allergies

3. Asthme. Congestion et travail respiratoire déjà accrus par la grossesse

Repos en case de crise* Contrôle médical et évalua-tion individuelle

4. Pneuraoconiose Evaluation individuelle

5. Tuberculose Forme active: arrêt de tra-vail* Avec chimiothérapie, peut cçntinuer à travailler, selon l'évaluation indi-viduelle

6. Pneumonie Repos et traitement. Retour au travail selon l'évalua-tion individuelle

7. Bêrylliose Pas d'exposition au béryl-lium* Evaluation indivi-duelle

/I13

TÀBbEAU 14 (suite et fin) GROSSESSE A RISQUES ÉLEVÉS

Pathologies RecommandâtIons

D. Système musculo-squelettique

1. Problème orthopédique pré-existant

Assurer un support pros-thétique adéquat. Evalua-tion individuelle

E. Système neurologique

1. Convulsions Avec contrôle médical effi-cace, affecter la travail-leuse à un poste où elle ne risque pas de se blesser ou de blesser-les autres

2. Racine nerveuse ou nerf périphérique Sciatalgie

Evaluation individuelle

Selon évaluation indivi-duelle: éviter de porter des poids ou d'en lever

Brachialgle Selon évaluation indi-viduelle: éviter de lever les bras ou de les laisser pendre

Syndrome du tunnel carpien Important: évaluer si la sécurité de la travailleuse dépend de sa dextérité manuelle

SOURCE: AMERICAN COLLEGE OF OBSTETRICIANS AND GYNAECOLOGISTS. "Gui-delines on Pregnancy and Work", NIOSH Publ., n° 78, (1977), page 118.

/100

CHAPPITRE V

Effete des conditions de travail sur l'enfant allaité: ét'at de la question

Le nouveau-né possède un système enzymatique immature qui le rend plus vulnérable à l'action des agresseurs chimiques- Ce système, responsa-ble de la détoxlcation ne deviendra efficace qu'entre le 15ième et le 60ième jour après la naissance.

Bien que le lait maternel soit l'aliment de premier choix pour le nourrisson, c'est aussi pour l'organisme maternel une voie d'excrétion au même titre que la sueur ou l'urine. Très souvent, sans danger pour la mère, les produits chimiques auxquels elle s'expose durant sa gros-sesse peuvent se retrouver à différentes concentrations et sous diffé-rentes formes métaboliques dans son lait. Une intoxication aiguë ou chronique menace alors l'enfant (1 à 10).

Peu de recherches ont exploré le milieu industriel et ses produits pour leurs répercussions sur l'allaitement maternel. On connaît mieux la toxicité des médicaments et de certains polluants environnementaux. Ainsi, on connaît l'excrétion préférentielle des pesticides organo-chlorés, de certains métaux lourds et de certains médicaments dans le lait maternel (tableau 16)(11, 12).

/ U 5

TABLEAU 15 SUBSTANCES RETROUVÉES DANS LE LAIT MATERNEL

Pesticides Métaux Solvants Médicaments Autres

DDT, DDE Mercure organique

Mêtabolltes du styrène

Barbituriques sulfamides

B1phenyls polychlorês

Plomb Toluène Sel de llthluir Biphenyls polybroraês

Dleldrine Molybdène Tetrachloro-éthylène

Narcotiques H ex achl oro-benzène

Epoxyde d'Hepta-chlore

Fer Halothane

Ethanol

Ergotamine

Hypoglycémiant Aspirine Antibiotiques Diazepan

SOURCE: GIACCIA, G.P. "Drugs and Pollutants in Breast milk", Clinics in peri- natology, VOL. 6, n° 1, (1979), page 187.

/116

Vous tkouveKez cl-joint des textes énumëJiant et expliquant les psilnclpaux filsques qui pe.uve.nt etKe Kenconthts au sein de. certains postes de travail dans quelques secteurs particuliers où. peuvent se retrouver des travailleuses enceintes ou allaitante* :

- SECTEUR TEXTILE

- SECTEUR BONNETERIE ET HABILLEMENT

- SECTEUR COIFFURE

- SECTEUR BUANDERIE

- SECTEUR NETTOYAGE A SEC

- SECTEUR TRAVAIL VE BUREAU ET ECRAN CATHODIQUE.

Tire à part de: "Les risques pro jesslonnels poux. les &enîmes enceintes" Document préparé. pour session de formation donnée du Ministère des A6 ialn.es Sociales, avril-mal 19S2.

f

S E C T E U R T E X T I L E

54»

Chagitre_2 .

2.0 - EFFETS-DES AGRESSEURS SUR IA SANTE DE LA FEMME ENCEINTE ET DU FOETUS

Dans ce chapitre nous traiterons des effets des agresseurs, identifiés précédemment, sur la santé de la femme et sur son système de reproduction. Ces agresseurs seront regroupés par famille. Il ne faut pas .perdre de vue que bien que notre préoccupation majeure soit axée sur la femme enceinte, il n'en demeure pas moins que le système de repro-duction de l'homme peut être, lui aussi, affecté par certaines conditions de travail.

Famille

physique

Agresseurs

bruit

humidité et chaleur vibration

ergonomique Postures: station debout station assise station courbée

poids

autres poussières résidus de colorants et d'apprêts

55.

2.1 - LES AGRESSEURS PHYSIQUES

2.1.1 - Le bruit * . •

Il y a peu d'études sur les effets du bruit sur le processus de reproduction; de plus ces quelques études sont contro- . versées. Cependant, étant donné que le bruit est un des principaux agresseurs dans le secteur du textile, nous avons jugé à propos de relater les principales études citées par Vilma Hunt (1979) .

Nous présentons d'abord les résultats d'études animales sur la fertilité et la reproduction, suivis d'études humaines sur les effets du bruit sur la santé de la femme et plus particulièrement sur son système de reproduction.

Etudes animales sur les effets du bruit

Les chercheurs qui ont expérimenté l'effet des stimuli auditifs sur la fertilité et la reproduction des rats ont noté les observations suivantes:

- des irrégularités sur l'oestrus du rat (ARWAY, A.); - une baisse de la fertilité (SINGH, K.B.); - une vulnérabilité plus grande au début de la gestation (SINGH, K.B.) ; - des malformations, tin retard dans la conception, et enfin, une augmen-

tation des morts-nés et de la mortalité néo-natale (GEBER) .

Etudes humaines sur les effets du bruit sur la santé des femmes -

KALICINSKI et autres ont effectué une étude auprès de femmes qui ont travaillé, de nombreuses années, dans tin milieu de travail bruyant. Ils ont observé chez ces travailleuses que l'hyper-tension ainsi que les signes d'ischémie augmentent en fonction des années d'exposition.

56.

Il est bien connu que le système cardio-vasculaire réagit au bruit par des vasoconstrictions et des fluctuations de la pression artérielle. Ces modifications physiologiques en réaction à une exposition de seulement 70 DB ont été observées par ANTICAGLIA.

Par ailleurs, quelques données ont démontré que la natalité est moins élevéei chez les travailleurs exposés au bruit.

CAROSI ET CALABRO ont fouillé cette question. Ils ont étudié des époux travaillant dans deux industries bruyantes. L'une est une usine de textile; l'autre est une fabrique. Presque seulement des femmes ont été sélectionnées dans le groupe textile et exclusivement des hommes dans lé groupe fabriqué".

Lé nombre des descendants de ces familles ont été comparés avec les familles où aucun des deux époux n'était exposé au bruit. Il s'avère que les familles du groupe textile accusent un nombre inférieur d'enfants de 5% par rapport au groupe contrôle. Le bruit semble être le seul facteur responsable de cette baisse de natalité.

Plusieurs études ont vérifié si une réaction pouvait être observée chez le foetus suite à une stimulation intrautérine. Ces études ont permis de constater une réaction d'autant plus prononcée à la fin de la grossesse.

L'étude la plus complète à ce sujet est celle qui a été menée par Grimwade et autres. . Ils ont observé la réaction des foetus suite à une stimulation intrautérine par le son et la vibration. Cette étude appuie les dire qu'un foetus répond à ces stimuli par des mouvements accrus et un rythme cardiaque accéléré.

57.

Suite à cette recherche, les chercheurs ont affirmé que le son à haute fréquence dans 1' environnement extérieur ne contribue pas significativement à la présence de son dans l'utérus.. Autrement dit, plus la fréquence est élevée, plus le son est atténué par la barrière maternelle.

Cependant, une exposition à des stimuli de basse fréquence (dans un métro, près d'un avion, ou dans un lieu industriel où il existe de haut taux de bruit), qui sont constants dans l'environ-nement peuvent avoir un effet négatif sur la grossesse.

ANDO et HATTORI ont étudié la prévalence des bébés à petit poids dàns une population vivant près d'un aéroport international. D'après leur étude, le niveau de HPL (protéine secrétée par le placenta) chez les femmes enceintes était significativement. plus bas dans cette population, que dans une population similaire. De plus, les bébés de petit poids étaient également plus nombreux.

D'autres études japonaises-rapportées par WELCH, sur l'histoire reproductive de familles vivant près d'un aéroport ont démontré une augmentation de naissances prématurées dans ces familles.

D'autres recherches devront être effectuées afin d'explorer davantage ces quelques avenues. Cependant, il y a suffisamment d'information pour susciter des inquiétudes quant aux effets négatifs du bruit sur le système de reproduction.

En terminant, j'aimerais ajouter une information importante. Le son étant composé de vibrations audibles, les études portant sur les vibrations peuvent fournir de l'information sur les effets du bruit sur le processus de reproduction qui ne sont pas initiés par les chemins auditifs.

58.

En effet, une étude menée par GLOWACKI a démontré gué les vibrations ont un effet négatif sur l'appareil de reproduction féminin. Toutefois, ce sont les vibrations de basse fréquence qui sont les plus malsaines parce qu'elles peuvent conduire à une résonance des-organes internes.

Aussi, VILMA HUNT recommande, de s'interroger sur les caractéristiques des vibrations lorsque l'on soupçonne, dans un milieu de travail, l'effet nocif du bruit.

59.

2.1.2 - Chaleur et humidité

Pendant la grossesse, le volume sanguin augmente, ce qui fait gonfler les veines de la partie inférieure du corps (vaso-dilatation). Du sang additionnel est en effet nécessaire afin de maintenir un apport régulier de sang et d'oxygène aux différents organes de la femme L'augmentation progressive du poids de l'utérus vient de son coté entraver la circulation par la pression qu'il exerce (STELLMAN, 1977).

Or, la chaleur et l'humidité amplifient la vasodi-latation observée chez la femme enceinte lorsque dans un milieu de travail il fait chaud et humide. Le corps afin de maintenir sa température interne normale réagit en accélérant le rythme cardiaque et la circulation sanguine. (DÀUM, STELLMAN, 1979). Ce mécanisme de défense, de l'augmentation de la circulation sanguine résulte l'augmentation du volume du sang dans les membres inférieurs, a pour effet d'amplifier le gonflement des veines dans le bas du corps et la difficulté du retour du sang au coeur.

Ces modifications peuvent provoquer l'enflure des jambes et les varices. (BOURRET, MEHL, 1966).

D'autre part "lorsque la chaleur et l'humidité sont excessives la sensation de malaise peut provoquer des étourdissements et aller jusqu'à ï'évanouissement" (syncope)"! (FUVEl,' 1981, p.30)

60.

2.1.3 - Vibrations

i

Les vibrations observées dans l'industrie du textile sont des vibrations du corps entier. Les autres caractéristiques de ces vibrations.sont inconnues. En effet, aucune étude, à notre connaissance, n'a analysé les vibrations que l'on retrouve dans ces industries.

Les seules études portant sur les effets des vibrations du corps entier sur la grossesse concernent les vibrations émises par les engins de transport ou de ferme. Quelques-unes stipulent qu'elles provo-queraient des méno- metrorragies, des avortements et des accouchements prématurés. (FUVEL 1981, p. 29). Une étude russe a constaté en plus des deux (2) derniers problèmes mentionnés précédemment, des changements structurels graves du placenta et du chorion (membranes entourant le foetus) chez 57,7% des travailleuses exposées aux vibrations. De plus -les bébés ont un poids inférieur à celui prévu. (RINOVA, G.M. et al., 1978).

Par ailleurs, la seule norme officielle utilisée par la plupart des pays (norme édictée par l'International Standard Orga-nization) est basée sur des principes autres que ceux permettant d'éviter des problèmes reliés à la grossesse (GRIFFIN, 1978) . Or, il devient urgent d'effectuer des recherches visant à mettre en rapport les caractéristiques .des vibrations avec les effets sur le système de ' reproduction afin d'édicter une norme sécuritaire.

61.

2.2 - FACTEURS ERGONOMIQUES

2.2.1 - Postures

Les postures qui ont été observées dans l'industrie du textile sont la station debout, assise et la station courbée.

a) Station debout

Le maintien de la station debout entraîne une dépense énergétique de 5 à 12% de plus que celle exigée par la station assise. Cette dépense énergétique qui vise à mintenir le centre de gravité dans

i

une position assurant le bon équilibre du corps est principalement denandée à la musculature des membres inférieurs et du bassin. Par ailléurs, le retour au coeur du sang veineux est contrarié par les effets de la pesanteur. (BOURRET, MEHL, 1966).

Aussi, la station debout sans possibilité de mobi-lité est susceptible, selon HEISS (cité par BOURRET et MEHL 196S), de . favoriser les varices, le stase veineuse dans le bassin, les hémorroïdes, et les dysménorrhées. VIGDORTSCHIK (cité par BOURRET et MEHL 1966) a noté que la fréquence des varices chez les femmes atteignait 27,3% chez celles qui travaillent exclusivement debout contre 23,9% chez celles qui étaient amenées à cè déplacer au cours de "ses taches/

En plus, ESTRYN, N. et autres (cité par,FUVEL, 1981) ont observé chez les travailleuses du secteur hospitalier une augmentation de la fréquence des contractions utérines et une plus grande susceptibilité à la survenue de l'hypertension.

62

Pour ce gui est des effets sur la santé du futur enfant l'enquête de l'Inserm de 1976, portant sur un échantillon de 4 685 accouchements, a mis en évidence que la prématurité est plus élevée chez les femmes qui travaillent debout.

b) Station assise

En ce qui concerne la station assise prolongée, elle favorise l'apparition de varices au niveau des membres inférieurs (BOURRET, 1966; FUVEL,1981) .

c) Station courbée

"La. station courbée en plus d'etre inconfortable notamment, le dernier trimestre de la grossesse, requiert une dépense énergétique supplémentaire.

Sur le plan musculo-squelettique cette position peut être tenue responsable du développement de la lombalgie (maux de dos) .

2.2.2 - Poids

Certaines fonctions nécessitent un effort physique notamment, la manutention de poids, élevés. Compte tenu du fait que l'effort physique varie selon le matériel employé ainsi que sa qualité, les postes de travail où les femmes ont à effectuer de la manipulation de poids doivent être examinés cas par cas.

2.2.3 - Résidus de colorants et d'apprêts

Les tissus qui ont été teints et auxquels on a ajouté des apprêts peuvent, lorsqu'ils arrivent au département de l'inspection-ourlage et de. l'emballage, être encore mouillés partiel-lement. Or, les employées qui manipulent des tissus imbibés de colorants et d'apprêts peuvent contacter des dermatites (maladie de la peau) de contact allergique et des dermatites d'irritation.

65.

2.3 - AUTRES TYPES D'AGRESSEURS - "

2.3.1 - Poussières

Certaines poussières sont responsables du dévelop-pement de maladies pulmonaires. Il s'agit des poussières de coton, de chanvre et' de lin (les deux (2) dernières fibres sont peu employées au Québec) dans le cas de la byssinose (maladie du poumon brun) et des poussières de fibres synthétiques dans le cas de maladie pulmo-naire chronique.

A ce sujet, l'on doit porter une attention spéciale aux femmes enceintes qui, à cause de leur état d'hyperventilation sont plus vulnérables aux problèmes des voies respiratoires supérieures.

a) Fibres de coton

La plupart des cas de byssinose ont été observés chez les travailleurs (ses) affecté(e)s au département du cardage notamment aux opérations de l'ouvraison, du battage et du cardage. (MASSE, 1978) . Cependant, quelques cas ont été diagnostiqués parmi les travailleurs (ses) affecté .(e) s aux phases de transformation: le filage, le bobinage et le tissage. (QUINN, 1973).

b) Fib res syn thé tiques

Plusieurs études ont démontré les effets nocifs suite à une exposition aux poussières de fibres synthétiques. Les conclusions d'une de ces études menée par PIMENTEL, Cortez et autres rapportent une variété de changements au niveau pulmonaire chez sept (7) travailleurs du textile. Les changements observés varient d'une incapacité partielle à respirer au développement d'une maladie pulmonaire chronique (cité par HRICKO, 1976).

66. Chagitre_3

3.0 - ORGANISATION DU TRAVAIL

' Nous nous limiterons, dans ce chapitre, aux aspects suivants de l'organisation du travail:

cadence . taches monotones et répétitives surveillance travail au rendement . horaire de travail

et à leur effet sur la santé de la femme et sur son système de reproduction.

67.

3.1 - CADENCE, TACHES MONOTONES ET REPETITIVES, SURVEILLANCE ET TRAVAIL AU RENDEMENT '

Ces conditions de travail, auxquelles sont soumises les travailleuses du textile, sont considérées par plusieurs auteurs, comme étant des sources de stress.

Bien que les effets du stress sur la pathologie humaine soient bien connus on ne peut en dire autant des répercussions sur la grossesse. (FUVEL,.. 1981).

68.

3.2 - Horaires de travail

Dans le secteur du textile il existe trois (3) types d'horaire • Le premier type consiste à travailler, par équipes fixes, soit de jour, de soir, ou de nuit. Ce type d'horaire comptabilise qua-rante (40) heure s de travail par semaine (5 jours) a raison de 8 heures par jour

Le second type appelé le travail posté implique un changement d'horaire périodique-du jour, au soir au quart de nuit. Dans la plupart des cas les employé(e)s travaillent une semaine éinq (5) jours de jour, "cinq (5) jours de soir et enfin cinq (5) jours de nuit. Mais il existe aussi une autre variante laquelle est établie sur 4 semaines. Celle-ci consiste à travailler 2 jours de soir, 2 jours de nuit, 2 jours de 7 heures A.M. à 3 heures (de jour), la 7® journée étant un jour de congé. Cette semaine totalise 48 heures de travail, la deuxième semaine les employé (e) s travaillent de jour; la 3e c®.e soir; et enfin la 4 e de nuit. Ces trois (3) semaines comptabilisent chacune quarante (40) heures de travail.

Et, enfin le, 3e type, moins utilisé, est appelé la semaine comprimée. Celui-ci consiste à travailler quatre (4) jours par semaine à raison dë 10 heures par jour.

Travail posté et travail de nuit

Le travail posté tout comme le travail de nuit augmentent les désagréments physiologiques de la grossesse notamment au niveau de la perte quantitative et qualitative du sommeil (GIANNESINI, cité par BOURRET, MEHL, 1966). Or, il en résulte de la fatigue et de 1'inconfort.

69.

Sur le plan, de la reproduction le travail posté à une très mauvaise influence. En effet, BUTAREWICZ (1973) a constaté que les horaires rotatifs (3 x 8) augmentent la taux de prématurité. De la meme façon on se pose des questions sur lès effets du travail de nuit meme si ceux-ci n'ont pas été étudiés. (FUVEL, 1981).

La semaine comprimée

Il n'y a pas d'étude portant sur les répercussions de la semaine comprimée sur le foetus et la future mère. Cependant, l'on peut dès lors présumer que la semaine de quarante (40) heures en quatre (4) jours est une source de fatigue additionnelle pour la femme enceinte.

70.

3.3 - Résume d'une epquête sur les effets de conditions de travail combinées sur le système de reproduction de la femme enceinte

Il n'y a qu'une enquête, à notre connaissance, qui met en évidence l'effet sur le système de reproduction de conditions de travail en interaction.

Cette enquête a été réalisée auprès de toutes les femmes venant d'accoucher dans deux (2) maternités (LYON et HAGUENAU). Celle-ci a mis en évidence la survenue prématurée de l'accouchement en rapport avec certaines conditions de travail.

Les indices qui ont été étudiés par Nicole Mamelle (1980) sont:

Description de la tache (postures, travail sur machines, charges physique et mentale).

- Environnement de travail (étages, éclairage, chaleur, bruit, manipulation -de produits toxiques).

- Horaires de travail (40 heures et plus par semaine pendant toute la grossesse).

RESULTATS- DE L'ENQUETE

Durée hebdomadaire du travail et prématuré

Il existe une relation linéaire significative entre le taux de prématurité et la durée hebdomadaire du travail.

71.

- "2,6% des naissances sont prématurées lorsque la femme travaille à temps partiel;

- 5,5% lorsque la durée du travail est de 40 heures.

- 10,7% entre 40 et 45 heures.

- et 12/3% au-delà de 45 heures."

Fatigue et prématurité

"Le taux de naissances prématurées est sensible ' à l'augmentation "de la fatigue professionnelle, en particulier avec l'indice posture, l'indice machine, les charges physiques et mentales, et l'indice environnement. Il existe une augmentation de la prématurité en liaison avec le cumul des sources de fatigue."

L'enquête montre en effet que:

"30% des fèmmes. qui n'ont aucun indice de fatigue élevé et travaillent dans les meilleures conditions possibles, ont vin taux de prématurité de 4.5%.

^ 15% qui ont" un seul indice élevé (le plus souvent des postures ou un environnement préjudiciable) ontun taux de prématurité de 6%.

la moitié des femmes cumulent deux ou trois voire quatre ou cinq sources de fatigue concomitantes et les taux de prématurité atteignent 9,4% pour deux ou trois sources de fatigue simultanées.

- Et 14,3% lorsque quatre ou cinq causes s'ajoutent les unes aux autres."

72.

, Fatigue, durée hebdomadaire du travail et prématurlté

"Cependant la durée hebdomadaire du travail n'a pas à elle seule une incidence capitale, si elle ne s'acconpagne pas d'une fatigue importante. Par contre, si deux ou trois sources de fatigue s'accumulent, une durée hebdomadaire supérieure à 40 heures entraîne un taux de prématurité de 12%, tandis que l'accumulation de 4 ou 5 sources de fatigue pendant plus de 40 heures par semaine conduit à un taux de prématurité de .20%."

73.

4/0 - Conclusion

Comme vous avez pu le constater tout au long de la monographie le secteur du textile est très complexe que ce soit en terme de processus industriel, de postes de travail ou encore de risques. En effet, l'âge de la machinerie, la grosseur des bobines, l'aménagement des lieux sont autant de facteurs responsables de modi-fications au niveau des taches, des caractéristiques des agresseurs (intensité, etc...), etc... C'est pourquoi une étude exhaustive sur les conditions de travail du textile ne peut être exercée. D'autre part, l'effet des agresseurs sur la santé varie que l'on soit exposé à un agresseur isolé ou encore a plusieurs à la fois. Ainsi donc, toute demande provenant d'une travailleuse enceinte devrait faire l'objet d'une évaluation individuelle.

U S I N E S DE F I L A G E E T DE T I S S A G E

1 - DEPARTEMENT DU CARDAGE:

EFFILOCHER, NETTOYER, rEîANGER, PEIGNER, ETIRER, PARALLEL ISER,

REGULARISER

OPERATIONS POSTE DE TRAVAIL AGRESSEURS

OWRAISON BEAUCOUP D'HUMIDITE

BAnAGE CHALEUR

CARDAGE BEAUCOUP EE POUSSIERES

PEIGMAGE VIBRATION

ETIRAGE ~~ " " " BRUIT

BAMBROCHAGE PREPOSE AU STATION DEBOUT BAMBRDCHAGE

2 - DEPARTEf-efT DU FILAGE:

ETIRER, TORDRE, ENROULER,

OPERATIONS

FILAGE DE CHAINE

FILAGE A "FIBRES

LIBERES"

RENVIMGE

POSTESPE TRAVAIL

FILEUSE

LEVEUSE DE BOBINES

CHANGEUSE DE CURSEURS

FILEUSE

RENVIDEUSE

AGRESSEURS

BEAUCOUP D'Hlf'iIDITE

CHALEUR

EEAt'COl'F EE POUSSIERES

VIBRATION

BRiJIT

STATION DEBOUT

3 - DEPARTEMENT DU BOBINAGE ET DE L'OURDISSAGE

ENROULER, REUNIR PLUSIEURS FROMAGES SUR TOUTE LA LARGEUR D'UNE

ENSOUPLE-D'OURDISSAGE

OPERATIONS. POSTES DE TRAVAIL AGRESSEURS

BOBINAGE PREPOSEE AU BOBINAGE BEAUCOUP D'HUMIDITE

OURDISSAGE- PREPOSE A L'OURDISSOIR CHALEUR ENSOUPLE

BEAUCOUP DE POUSSIERES

BRUIT

VIBRATION

STATION DEBOUT

4 - DEPARTEMENT D'ENCOLLAGE ET DE RENTRAGE (RENDRE LES FILS PLUS

RESISTANTS^ ~i^0ÊLi^£NT LES FILS SUR UNE ËNSÔOPLE

M m m n n m

OPERATIONS

ENCOLLAGE

RENTRAGE

POSTES DE TRAVAIL

PREPOSEE AU RENTRAGE

(PASSEUSE EN LAPES)

AGRESSEURS

BEAUCOUP D'HUMIDITE

CHALEUR

POUSSIERES

VIBRATION

BRUIT

STATION ASSISE

5 - DEPARTEMENT DU TISSAGE: PRODUIRE UN TISSU

OPERATION

TISSAGE

POSTES DE TRAVAIL

TISSERANDE

BARILLEUSE

RATTACHEUSE DE BRINS

AGRESSEUR

BEAUCOUP D'HUMIDITE

CHALEUR

BEAUCOUP DE POUSSIERES

VIBRATION

BRUIT

STATION DEBOUT

DEPARTMENT DE L' INSPECTION: DECELER, ENLEVER OU CORRIGER LES

TÂCHES DÉFAUTS D̂U FILAGE OU DU TISSAGE

POSTES DE PAVA IL

PREPOSE A L'INSPECTION

AGRESSEURS

BEAUCOUP D HUMIDITE

CHALEUR POUSSIERES

VIERATION

BRUIT

STATION DEBOUT-AVEC PEU DE MOBIL

7 - DEPARTEMENT DE L! INSPECTION-OURLAGE ET DE L! EMBALLAGE

POSTES DE TRAVAIL

COUPEÙSE DE DRAPS

PREPOSE A LA FACHINE A

COUDRE (OURER E S DRAPS)

PLIEUSE DE DRAPS

PREPOSEE A L' EMBAl JlAGE

AGRESSEURS

POUSSIERES

BRUIT

STATION DEBOUT

STATION ASSISE

VIBRATION (PREPOSEE A LA

mCHINE A COUDE SEULEMENT)

S E C T E U R

B O N N E T E R I E

E T

H A B I L L E M E N T

RISQUES A LA SANTE ET A LA SECURITE

Dans cette part ie nous décrirons les risques 3 la santé et 3 la sécurité des t ravai l leurs en insistant particulièrement sur les dangers auxquels sont exposés la femme enceinte et/ou son enfant,

6.1 Risques physiques:

6.1.1 La température:

Les a te l ie rs de confection de vêtement et de bonneterie sont souvent situés dans de vieux édifices oû le contrSle de la tempéra-ture pose de sérieux problêmes: les t ravai l leurs se plaignent du f ro id en hiver et de la chaleur en été. D'autres ate l iers sont surchauffés toute l'année. La chaleur dégagée par les presses éle-ve la température de l'ensemble de l ' a t e l i e r , puisque rares sont les manufactures oû le pressage s'effectue dans une pièce séparée. L'hu midité qui accompagne l 'é lévat ion de la température aggrave le phéno mène de contrainte thermique.

Les effets de la chaleur sur les t ravai l leurs résultent de t ro is facteurs principaux:

1. la température de l ' a i r et sa vitesse de déplacement;

2. le niveau d 'ac t i v i té physique;

3. l 'habi l lement.

L'ambiance thermique devrait donc var ier avec le niveau d'ac-t i v i t é physique. Hors on constate~que7~dans"lB~ma3orité~des"a^te^— l i e r s , la température est quasi uniforme. L ' inconfort thermique

33

sera donc plus marqué aux postes de coupe» de confection et de pressage.

Sur le plan physio logiqueje travai l à la chaleur entraîne une surcharge au niveau du système cardio-vasculaire. Cette sur-charge est d'autant plus nuisible que 1' individu est porteur d'une condition physiologique qui augmente le t ravai l cardiaque (grossessç) ou d'une condition pathologique qui diminue la tolérance â l ' e f f o r t (exemple: insuffisance coronarienne). Dans le même sens, certaines conditions de t ravai l associées potentialisent l ' e f f e t de la chaleur sur la fonction cardiaque (exemple: posture debout),

La gravité des signes et symptômes engendrés par le t rava i l a la chaleur est fonction du degré d'adaptation de l ' i n d i v i d u . Parmi les effets observés, on note: de la lassitude qui peut a l l e r jusqu'à la syncope, des douleurs abdominales, des maux de tête, de l 'apathie,des d i f f i cu l tés de concentration, des vomissements, des problêmes de sécheresse de la peau et de dermatite. De plus, les t ravai l leurs se sentent plus i r r i t a b l e s , et sont plus sujets â fa i re des erreurs et â avoir des accidents. Toutes ces manifestations ont une répercussion directe sur le rendement.

La femme enceinte est plus sensible â la chaleur et d l 'humi-d i té , car e l le doit dissiper la chaleur corporelle de son foetus en

" plus de cel le qui résulte de l 'é lévat ion de son propre métabolisme.

Lë f ro id représente également un facteur de risque pour la travai l leuse enceinte, car i l augmente la suscept ibi l i té aux infec-t ions. Bien que la femme enceinte ne soit pas plus sujette aux in -fect ions, celles qu 'e l le acquiert pendant la grossesse sont souvent plus v irulentes. Les microorganismes peuvent agir sur le foetus

én passant la barrière placentaire ou infecter la mère. Cel le -c i sera plus incommodée, par exemple, par une infection des voies res-p i rato i res supérieures relativement modérée et bénéficiera d'une période de récupération plus longue. De plus, les infections cons-t i tuent une menace parce qu'el les accroissent la charge physiolo-gique de la mère et que les médicaments requis pour le traitement peuvent exercer des effets néfastes sur le foetus. Enfin rappelons que l e taux de mortalité foetale, lorsque la mère souffre de pneu-monie, approche 30 p.100.

Compte tenu des effets décrits ci-dessus, i l apparaît primordial que les normes qui régissent le t ravai l en ambiance thermique chaude ou froide soient respectées ( c f . annexe 1). Entre-temps le re t ra i t préventif de la travai l leuse enceinte peut être appliqué.

6.1.2 Le bru i t :

En général, le niveau de brui t présent dans les atel iers de confection de vêtements est infér ieur à la norme actuelle de 90 dbA ( c f . annexe 2). L'encombrement des l ieux (par les piles de vêtements et les rouleaux de t issus) entraîne une absorption par t ie l le des ondes et un abaissement du niveau sonore ambiant. La principale source de brui t demeure le fonctionnement des ma-chines individuel les. Le niveau sonore dépendra de t ro is (3) facteurs: l 'ancienneté des machines, leur vitesse et la qualité .de leur entretien.

35

Par contre, dans le secteur de la bonneterie et par t i -culièrement dans le département du tr icotage, la norme peut facilement être atteinte ou dépassée. Cependant, très peu de femmes occupent ces postes. Par a i l l eu rs , certaines machines (â a i r comprimé) ut i l isées pour l'assemblage ou la f i n i t i o n sont bruyantes et ce sont des femmes qui les opèrent.

A l 'heure actuel le, la recherche n'a pas mis en év i -dence d 'e f fets nocifs du bruit sur le foetus, même si le son est transmis par le l iquide amniotique. Cependant i l est re-connu que lé t rava i l en environnement bruyant, malgré le res-pect de la norme, constitue une source de stress, de fatigue et d'ennui, en même temps qu ' i l gêne la communication entre les individus. L 'e f fe t du brui t est d'autant plus stressant que le t ravai l est minutieux et exige une cadence élevée, comme c 'est le cas dans l ' i ndust r ie de la bonneterie et de l 'habi l lement. Enfin l'accroissement du risque d'accident et 1' apparition progressive de la surdité professionnelle sont des effets connus.

6.1.3 L 'éclairage:

Compte tenu du degré de précision requis pour confection-ner un vêtement, l 'éc la i rage général et local doit être adéquat tant en intensité qu'en qualité ( i . e . év i ter les ombrages et les éblouissements)(cf. annexe 3). Si tel n'est pas le cas, si le plan de t ravai l est mal éclairé, i l s'ensuit une fatigue visuelle qui peut engendrer un travai l de moins bonne qualité et accroître le danger d'accidents.

Au fur et fl mesure que la journée avance et que la fatigué v isuel le augmente, l'employé doit se rapprocher de son plan de t r a -v a i l , ce qui entraîne une posture inconfortable. La travai l leuse enceinte pourra sou f f r i r davantage de cet inconfort S cause des modifications engendrées par sa grossesse au niveau dorso-lom-baire et pelvien.

6.1.4 Les v ibrat ions:

Les machines et instruments u t i l i sés dans l ' i ndus t r i e de la bonneterie et du vêtement émettent deux types de vibrations: 1. des vibrations transmises au corps entier (de basse fréquence) 2. des vibrations transmises aux membres supérieurs (de moyenne et haute fréquences).

6.1.4.1 Les vibrations transmises au corps ent ier :

Ce sont les vibrations qui spnt transmises par les pieds ou le siège lorsque le t rava i l leur est debout ou assis sur une surface qui vibre tel un plancher (exemple: dans les ate l iers de confection de vêtements, le plancher peut v ibrer lorsque l'ensemble des machines â coudre fonctionnent). Ce phénomène peut entraîner: de la fatigue, de 1'Inconfort vo i r même dans les cas extrêmes, des symptômes identiques â ceux du mal des transports. A long terme, les t ravai l leurs exposés â des vibrations au corps entier se plaindront de maux de dos. Des signes d 'ostéo-arthr i te des membres inférieurs ont été également rapportés (inflammation, douleur et gonflement des ' a r t i cu la t ions) .

Les résultats des études menées jusqu'à présent sur les vibrations de basse fréquence et leurs effets chez le foetus, sont fragmentaires. Chez l 'animal , l 'exposi t ion de souris enceintes, à des vibrations de basse fréquence, entraîne un taux significativement plus élevé de souriceaux de pet i t poids, porteur d'anomalies céphaliques. Chez l ' h u - , main, des changements morphologiques du placenta et du chorion ont été rapportés chez des femmes enceintes t ravai l lant dans un environnement soumis à des vibrat ions. Ces travailleuses au-raient eu également un taux plus élevé d'avortements spontanés, de prématurés et de bébés de pet i t poids. La plupart des recher-ches effectuées dans ce domaine ont porté sur des femmes enceintes conduisant, des véhicules lourds (exemple: tracteurs). D ' a i l -leurs plusieurs pays d'Europe ont des règlements interdisant aux travailleuses enceintes de conduire des véhicules lourds. Quel danger représente le type de vibrations rencontré dans le secteur bonneterie-vêtement? nul ne le sa i t . Cependant i l est permis d'émettre un doute quand â l ' i nocu i té de cet agent sur le foetus. Une recherche spécifique s'impose.

6.1.4.2 Les vibrations transmises aux membres supérieurs:

Les coupeurs, presseurs, opérateurs de machine â coudre et perçeurs de boutonnières peuvent être soumis â des vibrations au niveau des membres supérieurs. Des problèmes d'ostéo-arthr i te des mains, des poignets et des coudes peuvent se développer â la longue. Des sensations d'engourdissements et de picottements du bout des doigts (par compression des vaisseaux sanguins ou des nerfs) peuvent apparaître. Ces symptômes seront ressentis sur-tout lorsque le t rava i l leur u t i l i s e un instrument qui transmet des vibrations et qu ' i l y associe une pression: soit au moment de la coupe avec un instrument électrique soit au moment de

de l'assemblage & la machine à coudre,pour fa i re passer l e

t issu sous le pied dé biche.

6.1.5 Les poussières:

Contrairement fi l ' i ndust r ie du t e x t i l e oû les procédés indus-t r i e l s engendrent la formation de fines poussières pouvant donner naissance â des maladies pulmonaires (pneumoconioses), la t a i l l e des poussières émises par la manipulation des t issus, dans l ' i ndus t r i e de l 'habil lement et de la bonneterie, est beaucoup plus grande et provoque principalement de l ' i r r i t a t i o n au niveau des yeux et des voies respiratoires supérieures ( rh in i te , s inusi te) . De plus, les f ibres natuelles (coton, ju te , laine et soié) tout comme les f ibres synthétiques (rayonne, nylon, orlon et terylène) peuvent causer de l'asthme et des rhinites allergiques. En e f f e t , ces pathologies ont été rapportées chez les t ravai l leurs du t e x t i l e .

La travai l leuse enceinte pourra être plus incommodée par ces substances i r r i t à t i v e s et allergisantes â cause de la congestion des muqueuses respiratoires qui accompagne la grossesse. Une attention part icu l ière sera apportée à la travai l leuse enceinte asthmatique compte tenu des dangers que représente, pour le foetus, une mauvaise oxygénation du sang maternel.

Enfin des dermatites d'hypersensibi l i té ont été rapportées chez des t ravai l leurs exposés â des f ibres synthétiques (exemple: le nylon).

Tableau 10

Agresseurs physiques rencontrés dans l ' i n d u s t r i e de la bonneterie et de l 'habil lement et leurs effets sur la santé.

Agent agresseur Effets sur la santé des t ravai l leurs Effets sur la santé de la travai l leuse enceinte et/ou de son enfant.

1. La température 1.1 La chaleur

humide • lassitude«»syncope . douleurs abdominales . maux de têtes . apathie , d i f f i cu l tés de concentration . vomissements . sécheresse de la peau . dermatites . i r r i t a b i l i t é . trisque d'accidents

. sens ib i l i té accrue aux effets de la chaleur.

1.2 Le f ro id . danger de contracter une infection • danger accru pour la mère. . pour le foetus: danger d 'at te inte par

les micro-organismes. . danger d 'ef fèts néfastes des médicaments. . danger de mortalité foetale.

2. Le bru i t . surdité . stress . i r isque d'accidents

. aucun ef fe t connu chez le foetus.

3. L 'éclairage . fatigue visuel le . postures anormales: maux de dos et

autres douleurs musculaires »

• inconfort accru au niveau dorso-lombaire et pelvien.

u> VO

Tableau 10 (suite)

Agent agresseur Effets sur la santé des travai l leurs Effets sur la santé de la travai l leuse enceinte et/ou de son enfant.

4. Les v ibrat ions. i

4.1 Au corps ent ier .

. fatigue

. mal des transports

. maux de dos

. ostéo-arthrite des membres inférieurs.

r avortements spontanés, j enfants prématurés. L bébés de pet i t poids, ^ t a u x plus élevés chez les femmes enceintes

conduisant des véhicules lourds.

4.2 Aux membres supérieurs

. ostéo-arthrite mains, ' poignets,

coudes. . picottements du bout

engourdissements des doigts

. pas d 'ef fets additionnels connus.

«

5. Les poussières . i r r i t a t i o n yeux • i r r i t a t i o n voies respiratoires

supérieures ( rh in i te ,s inus i te ) . asthme et rh in i te allergiques . dermatites d'hypersensibi l i té

. la femme enceinte sera plus incommodée par les substances i r r i tantes et a l l e r -gisantes.

. danger pour la travai l leuse enceinte asthmatique et son enfant.

6.2 Risques chimiques:

Le t rava i l dans l ' i ndus t r i e de l 'habillement et de la bonne-ter ie expose le t rava i l leur 3 dif férents toxiques de nature chimique, que ce soi t au poste de pressage oû, sous 1 'e f fet de la chaleur des gaz toxiques peuvent se dégager, ou â la f i n i t i o n lorsque les vête-ments sont détachés â l ' a ide de solvants.

L 'exposit ion aux agents chimiques se fera le plus souvent par . inhalat ion ou contact cutané. Les modifications physiologiques de la

grossesse, au niveau du système respirato i re , se traduisent par une augmentation dç la vent i lat ion alvéolaire entraînant une meilleure oxygénation mais aussi une plus grande dif fusion des toxiques chimi-ques.

Le tableau 11 présente les principaux produits chimiques u t i l i sés et leurs effets sur la santé. Des informations supplémen-taires pourront être obtenues dans la monographie sur le secteur manufacturier du t e x t i l e et sur les banchisseries et établissements de nettoyage 3 sec et de pressage.

Peu de recherches ont été fai tes jusqu'à maintenant pour étudier les effets de l 'expos i t ion de la mère et de son enfant â des produits chimiques^ C'est'pourquoi : i l apparaît prudent d 'év i ter que la travai l leuse enceinte so i t exposée à des produits qu 'e l le peut absorber. Dans le même sens, la contamination du l a i t mater-nel par différentes substances chimiques n'a pas f a i t l ' o b j e t de nom-breuses études. Toute exposition & des contaminants de nature chimi-que, dans le milieu de t r a v a i l , pendant la période d'allaitement, devrait être évaluée soigneusement.

m •

Tableau 11

Principaux produits chimiques u t i l i sés dans l ' i ndus t r i e de la'bonneterie et de l 'habil lement et leurs effets sur la santé.

Substance U t i l i t é Poste(s) concerné(s) Effets sur la santé

1. Teintures de benzidine et de bêta-naphtyla-mine

2. Chloroprene

• teintures.

»*

. vaporisé sur les bor-dures des vêtements pour éviter 1 'échif -fement.

. tous les t ravai l leurs qui touchent des tissus teints avec ces produits.

• pressage.

t

• absorption cutanée. • cancérigène de la vessie.

A i g u s : « i r r i t a t i o n des muqueuses respi-rato i res , dépression du .système nerveux central pouvant a l l e r jusqu'à l ' a r r ê t respiratoire.

•Changements dégénératifs sévères d'organes vitaux chez l'animal ( fo ie , reins).

Chroniques: «peut produire: dermatite. conjonct iv i te, atteinte de la cornée, anémie, perte de cheveux temporaire, i r r i -t a b i l i t é .

• cancérigène suspect. • lésions pulmonaires à fortes

concentrations.

Tableau '.•« (suite)

Substance U t i l i t é Poste(s) concerné(s) «

Effets sur la santé

3. Formaldéhyde. . imperméabilisation des tissus.

f

• pressage. Aigus: . i r r i t a t i o n des yeux, du nez. de la gorge et de la peau.

. étourdissements et perte de conscience.

Chroniques: . cancérigène des voies respiratoires.

; crises asthmatiformes. . dermatites chroniques.

4. Si l icone. . vaporisé pour imper-méabiliser les t i s -sus ou pour faire g l isser les fers sur

• le t issu.

• pressage. . peut contenir dès gaz propulseurs dangereux (fréon, et autres hydro-carbures).

5. Styrène. . vaporisé sur les bordures pour empê-cher d'échiffement.

• pressage. . i r r i t a t i o n de la peau et des yeux. . 1eucopénie rëversible. . â une forte concentration: nausée,

vomissement, asthénie, anorexie, dépression du SNC.

6. Fumées de nylon.

. confection de bas. . f i n i t i o n (procédé par lequel on coupe le bas.â 1'aide d'un f i l de fer chauffé).

. les effets de l ' inha la t ion de fumées de nylon ne sont pas connus.

Tableau 11 (suite)

Substance U t i l i t é Poste(s) concerné(s) Effets sur la santé

7. Détachants ( t r i ch lo ro et perchloro-éthylône).

. vaporisés pour enlever les tâches.

i

. f i n i t i o n . . effets principaux au niveau du système nerveux central et périphé-rique, hépatique et rénal.

. solvants organiques: têratogênës au niveau du système nerveux central.

8. Colles. «

. chapellerie, fourrure.

. leur nature et leur compo-s i t i on peuvent varier.

. d étudier.

9. Pesticides: 3 groupes pr in -cipaux: - halogénés

(aldr in,DDT. . )

, contrôle des rongeurs et insectes. •

Halogénés: . contact prolongé ou grande quantité:

nervosité, convulsions» tremblements, mort.

. i r r i t a t i o n de la peau, rash. - organophos-

phorés (phosdrin, d iaz inon. . . )

- dithiocarba-mates (baygon, py-r o l a n . . . )

».

;

! i

Organophosphorés: • inhalation ou absorption cutanée

peut mimer rhume. . exposition plus marquée peut provoquer:

vomissement, étourdissement, tremble-ments, convulsions.

• exposition chronique: étourdissement plus marqué, t inn i tus , i r r i t a b i l i t é , dépression.

Dithiocarbamates: • i r r i t an ts de la peau, bouche, du nez

et de la gorge. . effets s*organophosphorés mais moins

asphyxiants. . transmission dans le l a i t maternel.

6.3 Risques ergonomiques:

La discussion des risques ergonomiques sera fa i te à travers l 'analyse des charges physique et mentale auxquelles sont soumis les t ravai l leurs de la bonneterie et du vêtement. Le tableau 12 résume les effets de ces agents agresseurs sur la santé.

6.3.1 Charge physique:

L'annexe IV présente les principes essentiels à l 'analyse de la charge physique de t r a v a i l . Ces principes seront appliqués, i c i , à l 'étude de quelques postes occupés par les t ravai l leurs de la bon-neterie et du vêtement. Nous vous proposons de prendre connaissance de l'annexe IV avant de poursuivre la lecture de ce texte.

6.3.1.1 Le t ravai l statique.

En général, la nature du t ravai l effectué dans l e secteur manufacturier de la bonneterie et du vêtement exige le maintien d'une posture dé t r a v a i l : posture assise prolongée (opérateur de machi-ne ) , posture debout prolongée (coupeur, presseur, repasseur. . . ) . Ces postures, s i e l les sont maintenues longtemps, et sans périodes de repos suff isantes, peuvent constituer une charge de t ravai l statique impor-tante et entraîner le développement de problêmes musculo-squelettiques, vasculaires, respiratoires et d igest i fs déjà mentionnés dans l'annexe IV. La femme enceinte est plus vulnérable aux effets de ces postures pro-longées: insuffisance veineuse, thrombophlébites, lombalgies e t c . . .

L'examen at tent i f de deux postes de t r a v a i l , l ' u n en position assise (poste de couturière) et l ' au t re en position debout (poste de repasseuse), mettra en évidence les relations entre la posture

46

de t rava i l et l 'organisat ion de l'espace de t r a v a i l .

Le t rava i l de couturière exige une attention visuel le élevée, une grande précision des gestes et une bonne coordination entre les yeux, les mains et les pieds (contrôle des pédales). Ces facteurs assurent un travai l de qualité exécuté avec la plus grande vitesse possible. L'organisation de l'espace de travai l ne per-mettra pas toujours â l 'ouvr ière d'accomplir cette tâche sans sa-c r i f i e r , en part ie , son confort postural. Én e f f e t , les coutu-r ières se plaignent souvent de douleurs â l'ensemble du dos, aux épaules et aux jambes parce qu'elles n'ont pas pu, entre autres, ajuster la hauteur de la table, du siège, des pédales au poste qu'el les occupent. Les défauts posturaux les plus sou-vent remarqués lors d'études ergonomiques de ce poste sont: l ' i nc l i na i son de la partie supérieure du corps par inclinaison du buste ent ier et par exagération des courbures vertébrales; l 'ang le entre le tronc et les cuisses infér ieur â 90° qui oc-casionne une modification importante de la courbure et un ac-croissement des contraintes discales.

L ' inc l inaison du buste a plusieurs causes:

1° A f in de s'assurer une vision adéquate des détails, ' l ' o u -vr ière aura tendance à se rapprocher de l 'ouvrage, en courbant le tronc.

2° L 'éclairage étant souvent insuff isant, la distance o e i l -tâche sera diminuée". ~ — —

3° La recherche de la performance maximale entraînera

également un rapprochement puisqu' i l que la.distance oei l - tâche est aussi cadence de t r a v a i l .

a été démontré fonction de la

4° Certaines opératrices approvisionnent leur machine â par t i r d'un l o t de pièces disposé sur les genoux; cette méthode leur permet d'obtenir des temps de cycle plus courts. Mais cela conduit â reculer le siège pour disposer de l'espace nécessaire entre le buste et la table.

5° Les postes ne sont pratiquement pas réglables (tables, pédales, chaises).

6° I l est fréquent de trouver sous la table de t ravai l des d isposi t i fs mécaniques qui gênent, ou empêchent une bonne disposition des jambes. Ceci contribue 3 éloigner la travai l leuse de son plan de t r a v a i l .

Trois exigences du t ravai l de couturière déterminent la posture adoptée:

1° Bien vo i r , i . e . S la fo is placer les yeux S une d is -tance convenable de l ' endro i t oû s'effectue la couture et les placer de t e l l e sorte que rien ne vienne gêner le regard. La position de 1 'a igu i l l e d'une part, et la position des yeux d'autre part, déterminent la manière de sat isfa i re les exigences visuèTTesï

2° Avoir une grande l iber té de mouvement des bras et des mains pour guider le t i ssu , i . e . avoir les coudes au. niveau du plan de t r a v a i l . La hauteur du plan de t r a -va i l et du siège détermine la manière de sat is fa i re les exigences de l iber té de mouvement des membres su-périeurs.

3° Manoeuvrer les deux pédales de commande en permanence, i . e . avoir les pieds sur les pédales: la hauteur et l'emplacement des pédales dans le plan antéro-postérieur déterminent les conditions de manoeuvre de ce l l es - c i .

Les exigences de la tâche (précision et v i t es -se d'exécution) et la r i g i d i t é des dimensions du plan de t ravai l ne permettent pas aux ouvrières « grandes » ou « petites » d'occuper ces postes de couture â moins de fa i re des compromis entre le confort postural de certains segments corporels et les exigences de rendement du t ra -v a i l . En e f fe t , le plan de t ravai l et les pédales sont â hauteur pratiquement f i xe d'un poste â l ' a u t r e ; la seule poss ib i l i té de réglage est l imitée â la hauteur du siège.

Si les ouvrières de petite t a i l l e augmentent la hauteur de leur siège, el les mettent leurs membres supérieurs dans une position plus confortable que si leur siège est bas; mais, el les doivent a lors, pour atteindre les pédales, i n c l i -ner leurs cuisses, ce qui entraîne une compression de la face postérieure de ce segment de membre, et une d i f f i c u l t é de c i r -

culation sanguine dans le membre infér ieur d i f f ic i lement tolérable; l 'amplitude des mouvements des membres inférieurs est également l imitée. Si el les abaissent trop leur siège les membres inférieurs peuvent adopter une posit ion plus tolérable mais les mouvements des membres supérieurs sont l imités et les exigences de rapidité et de précision du t ravai l ne peuvent être respectées qu'au prix d'un incon-f o r t manifeste.

Si les ouvrières de grande t a i l l e abaissent leur siège, el les ont une position des cuisses et des jambes assez inconfortable (fermeture de l 'ang le de là jambe sur la cuisse, et du pied sur la jambe), et le poids de leur corps n'est plus soutenu que par la partie postérieure des cuisses (les cuisses décollent du plan du siège). Si e l les élèvent le plan de leur siège, leurs membres supérieurs se trouvent dans une posit ion plus tolérable, mais el les doivent inc l iner fortement le buste en avant pour mettre leurs yeux â une distance relativement f i x e de leur tâche, af in de leur permettre une v is ion précise des détai ls nécessaire â l 'exécution du t r a v a i l ; l ' i n c l i n a i -son du buste n'est obtenue que par une contraction élevée des muscles postérieurs de la colonne vertébrale; cette posit ion déséquilibrée du buste et la contraction des muscles posturaux sont a l ' o r i g i n e de douleurs et de déformations vertébrales ainsi que de fatigue musculaire.

Donc la charge physique du t ravai l de couturière résulte de la contraction statique des muscles posturaux. Les couturières adoptent une posture déséquilibrée \Ters l 'avant de

toute la partie supérieure du corps qui empêche,en général, l ' u t i l i s a t i o n du dossier; une posture r i g i d i f i é e , i . e . maintenue déséquilibrée et immobile par une contraction élevée des muscles posturaux; une posture maintenue im-mobile pendant toute la durée de là journée de t r a v a i l , les variations au cours des heures se faisant d ' a i l l e u r s , en général, dans le sens.d'une plus grande accentuation de l ' i nc l ina i son vers l 'avant .

La femme enceinte, surtout lors des derniers mois de la grossesse, vo i t intervenir en plus un autre fac-teur l imitant dans la posture: le changement de configura-t ion de son corps.

L a repasseuse, quant â e l l e , exécute son t ra -va i l en position debout, le corps prés de la table af in de pouvoir manipuler son fe r avec précision; en appliquant la pression nécessaire. Ceci exige, par contre, une f lex ion dorsale et cervicale marquée pour contrôler visuellement le t r a v a i l . Cette position défavorable est aggravée par une rotat ion et une inclinaison latérale du rachis lombaire qui amorcent les mouvements du fer sur la table. De plus, les tables ne sont généralement pas ajustables en hauteur et le sol n'est pas recouvert d'un matériel matelassé. Les pé-dales sont souvent éloignées de l 'endro i t oû s'accomplit la majorité du t ravai l de repassage, ce qui augmente la rotation et l ' i n c l i n a i s o n du rachis dorso-lombaire. Lorsque le vê-tement est repassé, la travail leuse doit le placer sur un c intre et l 'accrocher sur une barre de rangement dont la hauteur nécessite le soulèvement du vêtement au-dessus du plan des épaules, ce qui entraîne un e f for t musculaire sta-tique important de la ceinture scapulaire avec développement

éventuel de bursite de l 'épaule.

L ' u t i l i s a t i o n d 'out i ls mal dessinés ou mal adap-tés pourra engendrer différents symptômes. Ainsi le coupeur qui u t i l i se ra une coupeuse électrique émettant des vibrations importantes pourra présenter un phénomène de Raynaud; la cou-peuse qui u t i l i se ra des ciseaux dessinés pour une main d'hom-me devra ten i r ceux-ci avec plus de force, ce qui pourra com-presser les tissus mous du pouce, de l ' i n d e x , de la paume de la main et provoquer des paresthésies. Si les ciseaux sont d i f f i c i l e s d ouvr i r , e l le pourra même développer une forme de ténosynôvite dénommée « doigt-gachette » ou « t r igger f i n -ger » .

6.3.1.2 Le t ravai l dynamique

Le t ravai l de nature dynamique s'effectue plutôt au niveau des postes de coupe-matelassage, de pressage, d'embal-lage-expéditiôn. La chaleur qui règne souvent au poste de pres-sage augmente la dépense énergétique fournie par le t rava i l l eu r .

Aux postes de confection, les t ravai l leurs peuvent avoir â transporter des lots de vêtements pesant jusqu'à 25 Kg plusieurs fo is par jour , lors de l'approvisionnement de maté-r i e l à coudre. Ceci peut représenter un ef for t physique â ne pas négliger lors de l 'analyse des conditions de travai l d'une femme enceinte, â ses derniers mois de grossesse.

Le poste de matelassage, déjà décr i t dans la section sur Tes procédés industriels est l'exemple parfai t d'un t ravai l musculaire général puisque de grands groupes musculaires participent 3 la tSche. L'étude de la fréquence cardiaque des t ravai l leurs 3 ces postes, par le caractère variable des pulsations ainsi que leur valeur élevée, révèle des courbes semblables 3 celles de l ' i n d u s t r i e lourde.

D'autres postes, notamment au niveau du pressage sur des formes ou de certaines opérations de f i n i t i o n , se distinguent par des mouvements rapides et répét i t i f s loca-l isés 3 un segment de membre. A ce moment, la l imi te entre le t rava i l de nature statique et dynamique est d i f f i c i l e 3 f a i r e . Des problèmes musculo-squelettiques peuvent se dé-velopper suite 3 des gestes répétés, surtout s ' i l s ne res-pectent pas les plans naturels de travai l des muscles, des tendons et des ar t icu lat ions: tendinites, bursites, epicon-d y l i t e s , e t c . . . .

6.3.2 Charge mentale • — — 1 * * « *

Plusieurs facteurs, dans l ' i ndust r ie de la bonneterie et du vêtement, concourent 3 augmenter la charge mentale 3 laquelle les t ravai l leurs de ce secteur sont soumis.

D'abord le type de t ravai l effectué représente une charge sensori-motrice puisqu' i l demande minutie, rapidi té, précision, con-centration, coordination et dextérité (surtout au niveau du poste d'opérateur de machine.iâ coudre). Cependant, i l s 'ag i t d'un t ravai l monotone; la parcel l isat ion des tSches a entraîné une dichotomie entre la conception et l 'exécution ce qui enlève toute part de

c réa t i v i té , de participation aux décisions, et ce qui , souvent ne permet pas l ' i d e n t i f i c a t i o n du produit f i n a l , source de satisfac-t ion dans le t rava i l accompli. De plus, la polyvalence au niveau des postes occupés n'est guère encouragéé; en e f f e t , pour at te in-dre une cadence assurant un salaire décent, dans le cas d'un t ra -va i l payé au rendement, i l faut acquérir une.rapidité de mouvements qui ne peut être garantie que par l 'occupation d'un poste f i x e . Les chances de promotion dans ce milieu sont minces.

La charge d'ambiance ( i . e . bru i t excessif , l ' éc la i rage ina-déquat, la température trop é levée. . . ) ajoute au stress vécu par les ' t rava i l leurs . Ce type de travai l extrêmement rationnalisé (étude des temps et mesures pour calculer le temps précis alloué â Chaque opéra-t ion) reste très sensible au moindre incident et ne permet aucune auto-régulation de la part de l'employé; bien souvent, ce dernier n'est pas maître de déterminer lui-même ses périodes de repos.

La rémunération à la pièce, qui est très répandue .dans ce sec-teur d ' a c t i v i t é , place le rendement au premier plan des préoccupations ouvrières. Ceci constitue une source de stress permanente chez les t rava i l lëurs . De manière générale, le t rava i l est supervisé de très près par le ( l a ) contremaître(esse) qui doit assurer un niveau de pro-duction optimum; cette supervision peut a l l e r jusqu'à accorder ou non à.l 'employé un temps d'arrêt pour a l l e r aux t o i l e t t e s .

Les relations de travai l peuvent donc être assez tendues, l ' i n -timidation et le harcèlement sexuel auprès desifemmes frétant pas choses inhabituelles. Ainsi les ouvrières les plus j o l i es doivent, à l 'occasion serv i r de mannequin pour présenter les vêtements à des acheteurs éventuel

Du favoritisme de la part de la supervision a l 'égard de certains t ravai l leurs peut causer des conf l i ts entre les employés. Considé-rant la forte concentration de la main-d'oeuvre immigrante, la sé-grégation ethnique peut affecter certains t rava i l leurs . I l existe encore dans ce milieu une discrimination â l 'égard des femmes concer-nant l 'obtent ion ou la rémunération de certains postes (par exemple, le poste de coupe mieux payé et occupé en majorité par des hommes).

Les femmes sont soumises au phénomène de la double tâche: t ravai l a l ' a t e l i e r le jour , act iv i tés ménagères et parentales le so i r . Le moindre souci extra-professionnel peut perturber, dans certains cas, la productivité des t ravai l leurs avec toute l ' i n s é -curité qui en découlera.

L'ensemble de ces facteurs contribuent donc au développement d'une fatigue chronique chez ces t rava i l leurs , qui peut mener â long terme a un viei l l issement précoce, a une usure prématurée. Le stress vécu par ces employés peut également se manifester par divers symptô-mes tels des céphalées, des étourdissements, des douleurs épigastriques e t c . . .

On sait que la fatigue professionnelle, exprimée sous forme d'u indice-composé (prenant en l igne de compte, entre autres, la posture, les charges physique et mentale ainsi que l'environnement) est en re-lat ion avec l'augmentation de la prématurité chez les enfants des fem-mes expérimentant cette fat igue. Et indépendamment des effets sur l ' en fant, la fatigue mentale engendrée par le travai l impose a la femme enceinte un surcroî t de fatigue qui inf lue sur son bien-être général durant la grossesse.

Tableau 10

Les risques ergonomiques rencontrés dans l ' i ndus t r i e de la bonneterie et de l 'habil lement et leurs effets sur la santé. .

Agent agresseur Effet sur la santé du t rava i l leur Effet sur la santé de la femme enceinte et/ou de son enfant

1. CHARGE PHYSIQUE . a) Travai l statique

. posture debout prolongée

> »

. posture assise prolongée

- douleurs et oedème des membres inférieurs ( t par la chaleur).

- varices avec ou sans ulcéra-tions secondaires de la peau.

- thrombophlébites. - lombalgies.

- compression des muscles fes-siers et de la cuisse avec paresthésies.

- affaiblissement des muscles abdominaux.

- si f lex ion marquée du dos, gê-ne respiratoire et troubles d igest i fs .

- fatigue dorso-lombaire et déformation cyphotique dorsale; hernie discale â long terme (7)

- compression de la veine cave inférieure par utérus gra-vide augmente les risques de développer de l ' insuff isance veineuse.

- développement antérieur de l 'utérus nécessite une con-tract ion plus importante des muscles lombaires af in de conserver l ' é q u i l i b r e .

- problèmes posturaux et c i rculatoires augmentés par le changement de conforma-t ion de la femme enceinte.

Tab1i!^Sl2 (suite)

Agent agresseur Effet sur la santé du t rava i l leur Effet sur la santé de la femme enceinte et/ou de son enfant

. Autres postures anormales (suite à une mauvaise orga-nisation de l'espace de t rava i l ou suite à l ' u t i l i -sation d 'out i ls mal dessi-nés ou mal adaptés).

b) Travai l dynamique

. soulèvement ou transport de charges,

. déplacement sans charges.

. autres efforts musculaires local isés.

- problèmes musculo-squelettiques divers: tendinites, bursites, epicondylites, lombalgies, etc.

- compression d'artères, de nerfs ou de veines avec le dévelop-pement de symptômes neuro-c i rcu lato i res .

- fatigue générale aiguë et/ou chronique.

- problèmes musculo-squelettiques lombalgies, cervicalgies, myal-gies diverses, tendinites, epicondylites, e t c . . .

- idem

i 2.. CHARGE'MENTALE

? •

. charge sensori-motrice importante augmentée par la charge d'ambiance.

, parcel l isat ion et monotonie de la tâche.

. absence de créat iv i té dans le t r a v a i l .

. rémunération basée, en tout ou en part ie, sur le ren-dement.

- Fatique mentale et stress accompagnés . de différentes manifestations psycho-somatiques.

- détérioration du bien-être général de la femme enceinte.

- la fatigue professionnelle (mesurée par un indice com-posé: posture, charges physique et mentale) éprouvée par les fenmes enceintes peut se traduire par une élévatior du taux de prématurlté de leurs enfants.

I

Tableau 12 (suite)

Agent agresseur Effet sur la santé du t rava i l leur Effets sur la santé de la femme enceinte et/ou de son enfant

. relations de travai l ten-dues: supervision serrée du t r a v a i l ; absence de pauses volontaires; favorit isme; discriminatior

. féminine et raciale; har-cèlement sexuel.

. double tâche de travai l pour la femme.

-Fat igue mentale et stress accompagnés de différentes manifestations psycho-somatiques.

%

4 Risques mécaniques:

6.4.1 Organisation physique des l ieux de t rava i l :

Les atel iers de bonneterie-vêtement, surtout l o rsqu ' i l s sont situés dans de vieux édi f ices, présentent souvent des pro-blèmes au niveau de l 'organisat ion physique des l ieux de t r a v a i l : entassement du personnel et de la machinerie, encombrement des allées rendant d i f f i c i les , le transport de la marchandise et les déplacements des t rava i l leurs , plancher gl issant suite au mau-vais nettoyage des poussières de t issu , entreposage inadéquat. Ceci peut donc entraîner des risques de co l l i s ions , chutes et rendre d i f f i c i l e l 'évacuation des locaux en cas de feu.

6.4.2 Equipement défectueux:

L'équipement électrique, surtout l o rsqu ' i l est vieux, peut être non sécuritaire ( f i lage électrique mal iso lé , mauvais d ispos i t i fs de

mise 3 terre de la machinerie électr ique, e t c . . . ) et être la source de brûlures suite â un choc électrique. La machinerie mal entretenue (

courrois mal ajustées, par éxemple) peut chauffer et prendre en feu avec des risques de brûlures et/ou de contusions pour les t ravai l leurs occupant ce poste. 6.4.3 Equipement dangereux:

Les travai l leurs ont â manipuler des instruments dangereux, du moins s ' i l s ne sont pas dotés de d ispos i t i fs de sécurité (cou-peuse électr ique, presse â vapeur, a i g u i l l e de machine â coudre, e t c . . . ) . Des accidents peuvent donc se produire et entraîner des coupures, des brûlures, des piqûres, des amputations e t c . . .

La femme enceinte est exposée également d ces risques mé-caniques et peut être plus sujette aux chutes, et A d'autres ac-cidents surtout en f i n de grossesse, alors que son centre de gra-v i té est nettement déplacé vers l 'avant , que ses muscles rachidiens et pelviens sont relâchés, modifiant ainsi son équi l ibre, et que son a g i l i t é générale peut être diminuée. La baisse de vigilance rencontrée lors des premiers mois de la grossese peut également prédisposée la femme enceinte â certains accidents lors de la ma-nipulation de machinerie dangereuse. Le tableau 13 résume les pr in-cipaux éléments d retenir au niveau des risques mécaniques.

, : ^ v Tableau aj

/

Les risques ep^roiSÉquës rencontrés dans l ' i n d u s t r i e de la bonneterie et de l 'habil lement et leurs effets sur la santé. ; ' ~ 1

Agent agresseur Effets sur la santé du t rava i l leur Effets sur la santé de la femme enceinte et/ou de son enfant

. ORGANISATION PHYSIQUE DES LIEUX - encombrement des allées. - plancher glissant. - entassement du personnel

et de la machinerie.

• chutes. • col l is ions.

-femme enceinte plus suscep-t i b le aux chutes: déplace-ment de son centre de gravité, relâchement de sa musculature rachidienne et pelvienne.

. EQUIPEMENT DEFECTUEUX - équipement électrique

défectueux. - machinerie mal entretenue.

!

• brûlures. • contusions. . lacérations.

. EQUIPEMENT DANGEREUX - absence de disposi t i fs

sécuritaire sur les..ma-chines â coudre, les presses, les coupures, e t c . . .

• coupures. • amputations.

• brûlures. . piqûres.

- a u premier trimestre de la grossesse, baisse de la v i g i -lance qui peut augmenter la suscept ib i l i té aux accidents.

S E C T E U R C O I F F U R E

9

Risques d ' a t t e i n t e à la santé

1) Les dermat i tes

Deux types de dermat i tes sont rencontrées dans un salon de c o i f -

f u r e : les dermat i tes de contact a l l e r g i q u e et la dermat i te

d ' i r r i t a t i o n . La dermat i te d ' i r r i t a t i o n est rencontrée sur tout

chez les a p p r e n t i - c o i f f e u r s . L ' a p p r é n t î - c o i f f e u r f a i t tous les

lavages des cheveux et appl ique les shampooings. Le contact f r é -

quent dés mains dans l ' eau assèchent la peau. Les mains deviennent

rouges , rugueuses e t . f i s s u r é e s . La peau a i n s i endommagée f a v o r i -

se la p é n é t r a t i o n de substances i r r i t a n t e s t e l l e s que les peroxydes,

les ac ides t h i o q l y c o l i q u e s et les a l c a l i s des shampooings. La

p ress ion exercée par les ex t rémi tés des d o i g t s en massant le c u i r

chevelu lèse aussi la peau et f a v o r i s e la p é n é t r a t i o n de substances

i r r i t a n t e s .

Les lés ions se l o c a l i s e n t sur tout dans les p l i s i n t e r d i g i t a u x , aux

espaces i n t e r d i g î t a u x , aux surfaces dorsa les des d o i g t s et des e x -

t r é m i t é s .

La p l u p a r t des p rodu i ts u t i l i s é s dans un salon de c o i f f u r e peuvent

causer des dermat i tes a l l e r g i q u e s . Les c o l o r a n t s , les parfums, le

t h i o g l y c o l a t e d'ammonium, le p e r s u l f a t e d'ammonium, l e . n i c k e l

des instruments de t r a v a i l et le caoutchouc synthét ique sont les

. / I 0

p r i n c i p a l e s substances s e n s i b i l i s a n t e s .

Les mains présente a l o r s aux zones en contact avec les a l l e r -

gènes des l é s i o n s érythémateuses, oedémateuses, papuleuses,

v é s i c u l a î r e s et p r u r i g i n e u s e s .

2) Les a t t e i n t e s au système r e s p i r a t o i r e .

Quelques cas d'asthme occupat ionnel ont été d é c r i t chez les

c o i f f e u s e s . Les substances en cause é t a i e n t les p e r s u l f a t e s

de potass ium, l 'henné et la s é r i c î n e . Le p e r s u l f a t e de p o t a s -

sium et l ' henné se ret rouvent dans les déco lo ran ts . La s é r i c î -

ne es t une p r o t é i n e provenant de la so ie qu'on rencontre dans

les p r o d u i t s c a p i l l a i r e s .

Les laques capt1 l a i res vapor isées â l ' a i d e d 'une bombe aéroso l

sont des ï r r î t a n s des vo ies r e s p i r a t o i r e s supér ieures . Les

f i x a t e u r s inh ibent le t ranspor t c i l î a î r e du mucus dans l a t r a -

chée et d im inuera ien t a i n s i les mécanismes de défense des vo ies

r e s p î r a t o i r e s supér ieu res .

Quelques chercheurs pensent que la rés ine des laques c a p i l l a i r e s

vapor isée en bombe aerosot se déposent dans les poumons et p r o -

voque un é t a t qu 'on appe l le thésaurïsmose. 2k cas seulement,

ont é té s i g n a l é . Les 2k cas f a i s a i e n t un usage i n t e n s i f de l a -

ques c a p i l l a i r e s . Cependant, on n f a jamais pu i s o l é de r é s i n e

dans les t i s s u s pulmonaires granulomàteux. C e t t e maladie se

mani feste par de la f i è v r e , de la t o u x t de l a dyspnée, une

a t t e i n t e des t e s t s de f o n c t i o n r e s p i r a t o i r e e t des i n f i l t r a -

t i o n s d i f f u s e s â la rad îoqraph le pulmonaire . Les symptômes

d i s p a r a i s s e n t progressivement après l a cessa t ion de l ' e x p o s i -

t ion.

3) Le rayonnement: les in f ra rouges et les u l t r a v i o l e t s .

De p lus en p l u s , les salons de c o i f f u r e ont à leur d i s p o s i -

t i o n des lampes à in f rarouges pour sécher les cheveux. Le

rayonnement in f ra rouge peut c réer des b rû lu res cutanées,

des v a s o d i l a t a t i o n s permanentes des c a p i l l a i r e s cutanés, des

ca ta rac tes et des b rû lu res r é t i n i e n n e s . C ' e s t sur tout la

chaleur émise oar ces lampes qui incommode le plus les

c o i f f e u s e s .

Quelques salons mettent à la d i s p o s i t i o n de leur c l i e n t è l e

ces cabines de bronzage. Les rayonnements u l t r a v i o l e t s émis

par ces cabines de bronzage peuvent b r û l e r la peau, e r f t r a î -

ner des lés ions de l ' o e i l , p rodu i re des m o d i f i c a t i o n s a c t i -

niques et a c c r o î t r e le r isque de cancer de la peau.

A) La mutaqénèse des te in tu res .

Douze c o l o r a n t s des t e i n t u r e s se sont avérés mutagènes aux

t e s t s d'Ames. Ces co lo rants son t : 2,J( -d iaminoanIso1e»

n l t ro -o -pheny lèned lamlne , 2 n i t r o - p - p h e n y l è n e d l a m l n e , 2 , 5 "

d i a m i n o a n î s o l e , 2 - a m î n o - 5 - n î t r o p h e n o l , m-phenylènediamîne, o -

phenylènediaminè, 2-amîno-*uni t ropheno l , 2.5~dî amî noto luène,

p -pheny lèned i amînè, 2,5~d i ami noto luène, 2,5*tJ ï ami noan i s o l e .

Les 3 d e r n i e r s sont t rès mutagènes une f o i s mélangés avec de

l ' e a u oxyqéhée.

Aucune étude épidemîologlque a v é r i f i é s i e f fec t i vement ces

t e i n t u r e s é t a i e n t mutagènes chez l'homme.

5) La cancérogénèse des t e i n t u r e s .

D 'après le p r i n c i p e que 85 % des substances mutagènes aux

t e s t s d'Ames s 'avè ren t cancérigène chez l ' humain , p l u s i e u r s

études expér imentales et épîdémïologïques ont été f a i t e s pour

v é r i f i e r la cancérogénèse des co lo ran ts u t i l i s é s dans les t e i n -

tures des cheveux. Une seule étude animale a conf i rmé que le

2-4 d iamînoaniso le é t a i t cancérigène à f o r t e s doses chez les

r a t s et les s o u r i s . Le 2-k d ïamînoaniso le est u t i l i s é dans les

t e i n t u r e s à une concent ra t ion v a r i a n t de 0.05 % à .2 %.

13

Les m u l t i p l e s études épldémlologiques f a i t e s dans d i f f é r e n t s

pays chez les u t i l i s a t r i c e s des t e i n t u r e s e t chez les c o i f f e u r s

a r r i v e n t â des conc lus ions c o n t r a d i c t o i r e s . La p l u p a r t de ces

études ne t iennent pas compte des causes associées à un typç

de cancer . Par exemple, on d o i t t e n i r compte du tabagisme dans

le cancer du poumon. Dans les études épidémiologiques chez

les c o i f f e u r s , on ne t i e n t pas compte du port des gants de

caoutchouc l o r s de l ' a p p l i c a t i o n des t e i n t u r e s . Ceci est un

o u b l i important s i on cons idère que seulement un pourcent des

c o l o r a n t s des t e i n t u r e s sont absorbés par le c u i r c h e v e l u .

Un pourcent correspond approximativement à AO mg de c o l o r a n t s

par t e i n t u r e .

6) Les r i sques ergonomiques

Les journées t rès achalandées empêchent pratiquement les c o i f -

feuses de s ' a s s o i r . Considérant que les c o i f f e u s e s f o n t p lus

de quarante heures par semaine et que les journées achalandées

correspondent bien souvent à des d i x ou douze heures de t r a v a i l ,

le f a i t d ' ê t r e en s t a t i o n debout constante exp l ique une bonne

p a r t i e de leur f a t i g u e .

r

De p l u s , les c o i f f e u s e s doivent exécuter leur t r a v a i l dans une

p o s i t i o n i n c o n f o r t a b l e . Les chaises ne sont pas a j u s t a b l e s â

une hauteur permettant de t r a v a i l l e r bras au dessous du p l a n

des é o a u l e s . Le t r o n c est souvent f l é c h i l o r s q u ' e l l e c o i f f e .

Lors de 1 ' a o o l î c a t l o n des shampooings» la c o i f f e u s e d o i t ê t r e

en f l e x i o n d o r s a l e e t l a t é r a l e du t r o n c .

Un s é c h o i r à maîn lourd es t d ' a u t a n t p lus p é n i b l e que la hau-

teur de l a maîn Dar raDnort au o lan de l ' A n a u l e es t p lus é l e -

v é e . L ' e s t h é t i c i e n n e d o i t t r a v a i l l e r aussi en f l e x i o n d o r s a l e .

Par c o n t r e , l ' e s t h é t i c i e n n e exécute son t r a v a i l en p o s i t i o n

a s s i s e .

Ces mauvaises Dosturès engendrent une dépense é n e r g î t i q u e p lus

i m p o r t a n t e e t des m y a l q î e s . La s t a t i o n debout constante peut

engendrer de l ' i n s u f f i s a n c e ve ineuse qui se mani fes te par des

v a r i c e s e t de l 'oedème des jambes.

Aux c o n t r a i n t e s des postures s ' a j o u t e n t l e s t r e s s c réé par les

e x i q e n c e s de l a c l i e n t è l e . L ' e r r e u r ne l e u r est par permise .

7) Les r i s q u e s pour le femme ence in te ou le f o e t u s .

Les r î q u e s à l a santé de la femme ence in te ou du f o e t u s sont

s u r t o u t d ' o r d r e erqonomiaues. Les changements p h y s i o l o g i q u e s

15

du d e r n i e r t r i m e s t r e dé la grossesse rendent t r è s pén ib le le

t r a v a i l des c o i f f e u s e s et des e s t h é t i c i e n n e s . La s t a t i o n de-

bout constante des journées t r è s achalandées pendant p lus de

h u i t heures et les m u l t i p l e s f l e x i o n s d o r s a l e s e t l a t é r a l e s du

t ronc acc ro i ssen t l ' i n s u f f i s a n c e ve ineuse , l a dépense énergé-

t i q u e e t les douleurs lombaires dé jà accrues par la grossesse.

L ' e x i g u V t é de 11 espace ent re les lavabos peut empêcher une

c o i f f e u s e enceinte de f a i r e des'shampooings.

Les p r o d u i t s u t i l i s é s ne semblent pas n o c i f s pour le foe tus .

La c o i f f e u s e n ! a pratiquement pas de contact d i r e c t avec les

c o l o r a n t s mutagènes des t e i n t u r e s . Les c o l o r a n t s sont des substan-

ces t r è s s e n s i b i l i s a n t e s qui nécess i ten t l e por t de gants en

caoutchouc. L ' a b s o r p t i o n cutanée des c o l o r a n t s mutagènes des

t e i n t u r e s est donc t rès l i m i t é e .

L ' i n h a l a t i o n fréquente des so lvants organiques peut c réer des

malformations du système nerveux c e n t r a l . Les v e r n i s à ongles

peuvent c o n t e n i r des so lvants organ iques . Une étude d é t a i l l é e

des so lvants u t i l i s é s e t leur c o n c e n t r a t i o n dans les d î f f é - "

rentes marqués de commerce devra ient f o u r n i r p lus d ' i n f o r m a t i o n s

sur le r i sque poss ib le de tératogénèse des v e r n i s à ong les .

.../16

CCA \c rv» (U.

S E C T E U R B U A N D E R I E

\

Les r i sques encourus par les t r a v a i l l e u s e s de ce secteur sont de

d i v e r s o r d r e s :

Risques phys iques : B r û l u r e s , chutes (sur faces g l i s s a n t e s )

E l e c t r o c u t i o n , pouss iè re (imprégnant les vêtements)

Risques ch imiques: Savons + g r a i s s e s , so l vants ( imprégnant les vêtements)

Détergents

Adoucisseurs d 'eau

Agent de blanchiement

N e u t r a l i s a n t

Ammoniaque

31

Risques b i o l o g i q u e s : Agents i n f e c t i e u x ( b a c t é r i e s , v i r u s ,

champignons, p a r a s i t e s ) .

Risques ergonomiques: Cont ra in tes thermiques (cha leur e t humid i té )

S t a t i o n debout prolongée

Por t de charge

Risques phys iques :

a) Les presses-repasseuses causent p a r f o i s d ' impor tantes b r û l u r e s

aux mains. Pour l a t r a v a i l l e u s e ence inte le r i sque d ' a c c i d e n t

augmente au f u r et 3 mesure de sa grossesse lorsque son cent re

de g r a v i t é se déplace avec la c ro issance u t é r i n e .

b) Les f e r s â repasser , suspendus ou posés sur un s o c l e , sont r e s -

ponsables de b r û l u r e s , mais aussi d ' é l e c t r o c u t i o n ( f i l a g e à dé -

c o u v e r t , v é t u s t é des a p p a r e i l s , e t c . . . ) . On u t i l i s e cependant

presque pas l e f e r à repasser dans les grandes buander ies .

c ) I c i , I l es t bon de rappeler que des épouses et des buandiers

ont é té respect ivement exposés â des poussières d 'amiante e t

de s i l i c e ëh manipulant des vêtements de t r a v a i l l e u r s . Dans

le cas dé Pamlante on a ret rouvé des patho log ies r e l i é e s â

c e t t e e x p o s i t i o n .

32.

Les t r a v a i l l e u r s et t r a v a i l l e u s e s des buanderies et des en t repr i se s

de nettoyage â sec sont rarement informés de la nature des produ i t s

qui contaminent les vêtements de t r a v a i l venant des d i f f é r e n t s mi -

l i eux I n d u s t r i e l s . 11 y a pourtant l à un r i sque bien réel (Hrt'cko,

1976). La nouvel le l é g i s l a t i o n leur permettra d ' e x i g e r de leur em-

ployeur et des c l i e n t s du m i l i e u I ndus t r ie l qu'on le s Informe sur Ta

nature de ces p r o d u i t s .

Risques chimiques:

Les p rodu i t s de lavage peuvent causer des dermites de contact de

type l r r î t a t i f ou a l l e r g i q u e . La t r a v a i l l e u s e enceinte y e s t exr

posée comme ses c o l l è g u e s .

Risques b i o l o g i q u e s :

On évoque toujours la présence de ces r i sques l o r squ 'on étudie le s

cond i t i on s de t r a v a i l dans les buanderies, p lus p a r t i c u l i è r e m e n t - —

l o r s q u ' i l s ' a g i t des buanderies d ' h S p i t a l .

Ces dernièresà cause des exigences p a r t i c u l i è r e s pour la s t é r i l i t é

ou du f a i t de la contamination des t i s s u s ont f a i t l ' o b j e t d 'études

s p é c i a l e s , mais pas toujours en ce qui a t r a i t à la santé des per-

sonnes qui y t r a v a i l l e n t . On s ' e s t davantage préoccupé du comptage

des bac tér ie s dans l ' a i r ambiant et sur les t i s s u s .

( L i t s k y , 1971 ; McNei l , 1964; N icho les , 1970; Taub, 1971)

33.

Tous les auteurs consul tés s igna lent l ' e x i s t e n c e du r isque d ' i n -

f e c t i o n l o r s de la manipulat ion de t i ssus contaminés, mais ce r i s -

que est rarement documenté et ne c o n s t i t u e r a i t pas un problème Im-

por tant de santé pub l ique. (N icho les , 1970; Las t , 1980)

^ Cv» 115*1. fl^CjttftAn

On c i t e le cas de buandiers ayant a t t rapé la v a r i o l e en manipulant

des vêtements s o u i l l é s provenant de voyageurs vaccinés (N icho les ,

1970). Une étude toute récente de la Commission des accidents de

t r a v a i l de la C a l i f o r n i e rapporte, chez des buandiers, k cas de d e r -

mite p r o f e s s i o n n e l l e a t t r i b u é e à des agents b io log iques et ce la

pendant une année. ( C a l i f o r n i a Department o f I n d u s t r i a l R e l a t i o n s ,

1982). •

Ces données concordent avec des renseignements que nous avons o b t e -

nus sur la s i t u a t i o n au Québec. On a u r a i t rapporté, I l y a e n v i -

ron 12 ans, un cas de salmonellose chez un buandier d ' h ô p i t a l ( 1 ) .

Donc, r i e n de spéc i f ique pour l a femme enceinte sinon lo rs d'une

dermat i te , le r isque d 'un trai tement qui pour ra i t ê t r e n o c i f pour

l ' e n f a n t ( s t é r o i d e s , a n t i b i o t i q u e s ) ou le .risque d'une i n f e c t i o n

systëmique pouvant compromettre sa santé et c e l l e de l ' e n f a n t .

1. Communication-personnel le de soeur Angelina Duguay, chef de la buanderie de l 'Hôte l Dieu de Montréal de 1957 à 1979; consu l -tante auprès de d i f f é ren t s comités mandatés pour la créat ion des buanderies communautaires.

Depuis 1978t les Consei ls régionaux des serv ices sociaux et de

santé favor isent le regroupement des buanderies d ' h ô p i t a l à cause

des coûts de remplacement de l 'équipement . Dans les régions de

Québec et de H u l l , presque tous les serv ices sont c e n t r a l i s é s et

l a Buanderie Centra le de Montréal dessert 11 c l i e n t s avec un vo-

lume de 20 m i l l i o n s de l i v r e s par année. On a s s i s t e a i n s i au dé-

placement de la populat ion exposée.

De toute façon, i l faut tou jours expédier les t i ssus ou les vê te -

ments contaminés dans des sacs bien i d e n t i f i é s et procéder S un •

premier lavage avant le t r i a g e . I l e x i s t e des sacs en matière

synthét ique qui fondent lo rs du lavage et qui é l iminent a i n s i une

première manipulat ion, mais leur coût semble ê t r e p r o h i b i t i f s i on

deva i t les u t i l i s e r pour toute la p rov ince .

Risques ergonomiques:

La t r a v a i l l e u s e enceinte est par t i cu l iè rement exposée à ces r i sques .

Comme nous en avons f a i t mention lo rs de la revue sur les r isques

ergonomiques et la grossesse, i l est évident que les cont ra in tes

thermiques accentuées chez nous en été (chaleur et humidité des l a -

veuses-sécheuses, ca landres, presses- repasseuses) , la s t a t i o n debout

pro longée, le por t de charge et le r isque de chute (surface g l i s -

sante ) peuvent s ' a v é r e r dangereux pour l a t r a v a i l l e u s e enceinte.

Ce n ' e s t que l ' é t u d e p a r t i c u l i è r e de chaque cas qui permettra d'en

préc î ser 11 importance.

E f f e t des c o n d i t i o n s de t r a v a i l sur la g rossesse :

Nous savons peu de chose sur les t rava l1 leuses des buander ies . En

1895» P inard o b s e r v a i t que les b lanchisseuses qu i t r a v a i l l a i e n t de-

bout presque constamment avaient des bébés de p e t i t poids (Bourret

e t c o l 1 . v 1964). En 1958, McDonald dans.une enquête p rospec t i ve

a observé que les t r a v a i l l e u s e s des buanderies ava ient p lus d ' e n -

fants mal formés que les autres femmes, s o i t 4/27 ou \S% a l o r s que

l e taux de malformations graves observé l o r s de son étude é t a i t de

1.5%. E l l e a auss i noté que 20% des mères ayant des bébés mal f o r -

més deva ient sou lever ou pousser des charges assez lourdes , tandis

que seulement 8% des mères avec des bébés normaux d é c r i v a i e n t de

t e l l e s c o n d i t i o n s de t r a v a i l (McDonald, 1958). Encore une f o i s ,

comme dans 1 'enquête .dé jà c i t é e de N. Mamelle ( v o i r document d ' I n -

t r o d u c t i o n ) , i l s ' a g i t d 'une éva lua t ion s u b j e c t i v e de la t r a v a i l -

l euse .

36.

CONCLUSION -

Les buanderies et les e n t r e p r i s e s de nettoyage â sec sont des m i l i e u x

de t r a v a i l qui présentent des r isques profess ionnels c e r t a i n s .

Ces r isques proviennent sur tout de la manipulat ion et de l ' i n h a l a t i o n

de ces p rodu i ts tox iques d i v e r s (chimiques, b io log iques ) et des con-

t r a i n t e s thermiques dues par t i cu l îè rement à la chaleur et à l ' h u m i d i t é .

Pour une bonne p a r t , ces r isques sont a t t r i buab les 5 des machines t rop

v i e i l l e s ou défectueuses, â une v e n t i l a t i o n i n s u f f i s a n t e en m i l i e u de

t r a v a i l et au manque de connaissance, chez l 'employeur et l 'employé ,

des dangers du mét ie r .

Ces dangers sont p lus rée ls pour la femme enceinte du f a i t que ce r ta ins

so lvants pourra ient a v o i r des e f f e t s tératogènes. De même les cont ra ins

tes thermiques et la s t a t i o n debout prolongée peuvent se révé le r plus

nocives pour e l l e -

Dans quelques-O.S. C . , on ré f . l éch ï t actuellement â la me i l l eu re façon de

p a l l i e r ces r i s q u e s ; ce p o u r r a i t ê t re une campagne d ' i n f o r m a t i o n et une

l é g i s l a t i o n appropr iée .

S E C T E U R

N E T T O Y A G E A S E C

LES RISQUES CHIMIQUES

L'ESSENCE MINERALE ( Varso l )

L 'essence minéra le , communément appelée " V a r s o l " en Amérique

du Nord ( en ang la is : Stoddart s o l v e n t , mineral s p i r i t ) , est

un mélange d 'hydrocarbures a l ipha t iques ( 85 % ) et d ' h y d r o -

carbures aromatiques ( 15 % ) . La p ropor t i on des composés peut

v a r i e r selon le f a b r i q u a n t , maïs la part des hydrocarbures a r o -

matiques aura i t .ac tue l lement tendance â d iminuer .

Le v a r s o l est de moins en moins u t i l i s é dans le nettoyage à sec

parce q u ' i l est faci lement inflammable et parce q u ' i l a l t è r e

c e r t a i n s p last iques et ce r ta ins caoutchoucs.

T o x i c i t é générale

C ' e s t une substance légèrement narcot ique . E l l e I r r i t e les yeux

les muqueuses et les vo ies resp i rato i res .* E l l e d issout les g r a l

ses cutanées et provoque des dermïtes ï r r i t a t î v e s . En cas d ' e x -

p o s i t i o n chronique, e l l e se révè le toxique pour le f o i e , les

r e i n s , e t la moelle ( O . S . H . A . , 1978 ) .

8

E f f e t s embryotoxiques

Une étude f i n l a n d a i s e a mis â j o u r des malformations du s y s -

tème nerveux c e n t r a l ( hydrocéphal ie , anencépha1 l e , myélocèle )

chez des enfants nés de mères exposées à d i v e r s so lvants o r -

ganiques dont le va rso l ( Holmberg, 1979 ) . M p o u r r a i t donc

a v o i r en out re des e f f e t s tératogènes. Ce n ' e s t donc pas l ' i n -

nocente substance que l ' o n c r o î t . Les normes d ' e x p o s i t i o n sont

d ' a i l l e u r s éloquentes:

TLV/PPM TLV mg/m3 Concentrat ion admis s î b l e maximale.

OSHA 500 ppm 2950 1800 mg/m* (15 minutes)

*

NIOSH 350

LE TETRACHL0R0ETHYLENE ( Perchloroéthy lène )

Le t é t r a c h l o r o é t h y l è n e * est un solvant de la f a m i l l e des hydro

carbures halogénés dont la formule chimique est la su ivante :

/ c = c \ Cl Cl

* Pour a l l é g e r le t e x t e , nous écr i rons TCE.

C ' e s t actuel lement le so lvant le plus u t i l i s é dans l e nettoyage

à sec. I l a remplacé le t é t r a c h l o r u r e de carbone et le t r l c h l o

roéthy lène parce que cancérigènes. Son Innocu i té est t o u t e f o i s

remise en cause s u i t e à une étude, du Nat ional Cancer I n s t i t u t e

montrant que le cancer h é p a t o c e l l u l a i r e est p ïus f réquent chez

les sour i s exposées au TCE. Le N10SH à d ' a i l l e u r s émis l ' o -

p i n i o n q u ' i l f a l l a i t le considérer comme cancérigène ( NIOSH,

1978 ) .

1

Pour le nettoyage â sec, on emploie du TCE re la t i vement pur en-

core q u ' i l contienne généralement des s t a b i l i s a n t s ; des amines

ou des mélanges d'époxydes et d ' e s t e r s , qui seront également t

tox iques comme les s t a b i l i sants du t r i ch1oroéthy 1ène ( I KEDA ,

1980 ; ETN, 1980 ; V o i r annexe 1)

10.

Normes d ' e x p o s i t i o n

Les normes d ' e x p o s i t i o n sont v a r i a b l e s (T )

TLV/PPM TLV mg/m3

E ta ts -Un is (OSHA)

E t a t s - U n i s (NIOSH) (3)

Tchécoslovaquie

Japon (2)

Suède

Royaume Uni

RFA

RDA

URSS

100

50

50

100

50

3-45

678

250

200

300

CONCENTRATION ADMISE MAXIMALE

200

100(15 min

10mg/m^

1. IARC, 1979 2. IKEDA, "1980 3. Occupational Diseases, U . S . , 0HEW, Washington, 1977, P - 213-14

T o x i c i t é générale

De manière généra le , le TCE I r r i t e les muqueuses du nez, de la

gorge , e t provoque des larmoiements et des b rû lu res de l ' ô e î H .

I l pertube le système nerveux cent ra l et provoque des nausées,

des vomissements, des céphalées, des lenteurs de réac t ion et des

états semblables à l ' é t a t d ' é b r î é t é . Inhalé sous une forme con-

centrée sur une courte période, - i l a des effets anesthésiques et

d ' a u t r e s e f f e t s i n d é s i r a b l e s . A i n s i une expos i t i on cont inue à

plus de 200 ppm ( v o i r les normes d ' e x p o s i t i o n ) ent ra îne des

nausées, des vomissements, des céphalées, des é ta ts de f a t i g u e ,

11

de la confusion mentale et une vue t r o u b l e . Or cet te concentra-

t i o n de 200 ppm ne correspond qu 'à 1 E v a p o r a t i o n de 4 onces de

so lvant dans une pièce de 20 X 20 X 10 pieds sans aéra t ion (D0Wt

1974).

Le TCE provoque des a f f e c t i o n cutanées, notamment de l ' é r y thème,

des sensations de brû lures e t p a r f o i s des phlyctènes. Comme

tous les so lvants organiques» i l assèche la peau qui peut en-

s u i t e se c raque le r , f a v o r i s a n t l ' i n f e c t i o n par su i te d'une

rupture de la b a r r i è r e cutanée. Les s u j e t s qui ont déjà des

a f f e c t i o n s dermatologiques sont naturel lement plus vu lnérab les .

pans les cas d ' e x p o s i t i o n chronique» on a observé des n é v r i t e s

pér iphér iques , des hépat i tes tox iques et des a t t e i n t e s d iverses

au f o i e , au r e i n et â la ra te ( B a s e l t , 1980).

Dans les cas d ' i n g e s t i o n a c c i d e n t e l l e » on a observé des i r -

r î t a t i o n s d u t r a c t u s d i g e s t i f qui se t r a d u i s a i e n t par des nausées

des vomissements» des d iar rhées et du sang dans les s e l l e s .

On a également observé, chez des su je ts exposés au TCE

1. deux cas de polycythémîe v r a i e ( père et f i l s ) (Ratnof f et c o l l . , 1980 ) .

• 1

2. un cas d ' e x t r a s y s t o l e s v e n t r i c u l a î r e s ( Abedin et c o l l . , 1980 ) .

3. un cas de col laqénose semblable à c e l l e qu 'entra îne l ' e x -pos i t i on au monochlorure de v iny le ( Sparrow, 1977 ) .

h. un cas d'oédème aigu du poumon ( Pa te l , 1977 ) .

5. et quelques décès consécut i fs à des expos i t ions Importantes ( Levine et c o l l . , 1981 ) .

Métabolisme

En m i l i e u I n d u s t r i e l , c ' e s t généralement par I n h a l a t i o n et dans

une moindre mesure par v o l e per -cutanée que s 'absorbe le TCE.

On*connaît encore mal son métabolisme, c ' e s t - à - d i r e l 'ensemble

des m o d i f i c a t i o n s physiques, et c ' e s t de là que p rov ien t la d i f -

f i c u l t é de f i x e r de jus tes normes d ' e x p o s i t i o n . D ' a i l l e u r s ,

les expér iences r e l a t i v e s â ces quest ions de métabolisme n 'on t

généralement été conduites que sur des animaux ou sur des g rou -

pes de moins de 25 s u j e t s . Les hypothèses reposent donc sur des

j échan t i l l on s r e s t r e i n t s .

Nous savons néanmoins que le taux de TCE que l ' o n re t rouve dans

le sang est p ropor t ionne l à c e l u i de l ' a i r ambiant et à l ' I n -

t e n s i t é de l ' e f f o r t physique déployé par le s u j e t . Lorsqu 'aug-

mente l ' e f f o r t physique, la quant i té de TCE Inhalé augmente

pa ra l l è lement . La chose n ' e s t pas I n d i f f é r e n t e , puisque la g r o s -

sesse s'accompagne d'une augmentation phys io log ique du rythme

r e s p i r a t o i r e .

Une f o i s absorbé, le TCE est é l iminé par les poumons dans une

p r o p o r t i o n de fiO % et avant même d ' ê t r e métabo l isé . Et comme,

d 'une p a r t , les poumons n 'é l im inent dans les kO heures qui s u i -

vent l ' e x p o s i t i o n , qu 'env i ron 25 % de la dose absorbée, et qu'on

13.

évalue d ' au t re part la demie-vie du TCE à quelque 72 heures,

l ' a b s o r p t i o n quotidienne répétée, comme c ' e s t le cas au t r a -

v a î l , produit des e f f e t s cumula t i f s . ( Hake et Stewart, 1977 )

On pense que. les vo les d ' é l im ina t i on pulmonaire se trouvant

a l o r s saturées, lé s autres vo les surtout les re ins et le f o î e

sera ient mises à contr ibut ion dans unë proportion p lus impor-

tante, mais on n 'en s a i t encore peu de chose. .

Le pr inc ipa l métabol i te u r i na î re est l ' a c i d e t r î c h l o r o a c é t l -

que, mais M représente moins dé 3 % d'une dose absorbée pen*

dànt 67 heures.

L o r s q u ' i l a r r i v e au f o i e , on pense que le TCE est oxydé et

q u ' i l forme un oxîrane dont la formule chimique est la s u i -

vante:

y V cffeXi cju^jtjLitrjcM.t c f X Cl ~ ^

et qui pourra i t réag i r selon quatre voies pos s ib le s

1 - réact ion a v e c ' l e s macromolécules c e l l u l a i r e s ( dont les acl des aminés de 1'ADN ) .

2 - conjugaison avec le g l u t a t h l o n ( d é t o x i c a t i o n )

3" hydro l yse et formation de d î o î

réaménagement et formation d 'a ldéhyde .

On pense que c ' e s t par la première v o i e que s ' e x e r c e r a i t l ' a c t i o n

cancérigène des so lvants halogénés ( Henschler , 1977 ) . M y au-

r a i t une m o d i f i c a t i o n du code génét ique de la c e l l u l e , donc muta-

t i o n , mutation le plus souvent dommageable et r e p r o d u c t i b l e .

Cependant, la molécule de TCE se trouvant symétriquement compo-

sée, on pense q u ' e l l e s e r a i t chimiquement p lus s tab le et de là

moins tox ique que ses analogues, notamment le t r i c h l o r o é t h y l è n e et

le ch lo ru re de v i n y l e . Mais ce ne sont là pour l ' I n s t a n t que des

hypothèses.

Les e f f e t s toxiques du TCE donnent à r é f l é c h i r et encore ne les

connai t -on qu 'à la s u i t e d 'études sur des su je ts mascul ins. Ce

p o u r r a i t ê t r e p i r e chez la femme, et notamment chez la femme en-

ce in te dont le système hormonal est t rès a c t i f et dont on ne s a i t

pas s i les mécanismes hab i tue ls de d é t o x ï c a t î o n sont a c t i v é s ou

i nh ibés .

Quant A l 'embryon et*plus tard au f o e t u s , i l semble comme pour la

mère autant exposé au TCE qu 'à ses métabo l î tes . Outre que son

système enzymatïque est peu développé, i l est vu lnérab le à l ' a c -

t i o n des mutagènes et d 'autant plus sens ib le aux tox iques que

la b a r r i è r e p lacen ta i re est perméable.

15.

M faut e n f i n s i g n a l e r I c i l ' é t u d e de F l l s e r (1980) qui montre que

les m é t a b o l î t e s du TCE causent de l ' acétonémîe chez le r a t . Une pa

r e ï î l e acétonémle chez la femme ence inte a u r a i t des e f f e t s tox iques

sur les neurones du bébé.

E f f e t s mutagènes

Les e f f e t s mutagènes du TCE ont été é tud iés chez la s o u r i s , chez

l'homme sur des lymphocytes du sang, de même qu'en l a b o r a t o i r e ,

sur c e r t a i n e s souches de b a c t é r i e s . V o i c i , sous forme de t a -

b leau, te r é s u l t a t de ces recherches, qui n ' o n t é t a b l i le carac -

tè re mutagène du TCE que dans un seul cas :

AUTEURS MILIEUX CARACTERE MUTAGENE

CERNA et KYPENOVA, 1977 Salmonella typhîmurî

GREIM et c o l l . , 1975 ~ - Escher ich ia c o l î

BARTSCH e t c o i l • » 1979 Salmonella typhîmurium

CERNA et KYPENG VA, 1977 1977 Sour is ( c e l l u l e de moël le osseuse)

IKEDA, 1980 LymP.hocytes ( 1 0 t r a -v a i l l e u r s exposés à 100 ppm). rf^w^ouM,

E f f e t s cancérigènes

I l n ' e s t pas c e r t a i n , dans l ' é t a t ac tue l des connaissances, que

le TCE a i t des e f f e t s cancér igènes. Cependant des observat ions

r é a l i s é e s sur des animaux et sur des hommes donnent à r é f l é c h i r .

Etudes expér imentales

A i n s i , on a observé une Incidence marquée de cancers hépato-

c e l l u l a i r e s chez les sour i s mâles et femel les exposées per os à

de f o r t e s doses de TCE ( NCI , 1977 ) . . M s ' a g i s s a i t cependant

d 'une race de sour i s génétiquement sens ib les aux hépatomes et à

qui on a v a i t admin is t ré du TCE en dose de h â 10 f o i s supér ieures

â c e l l e s qui r é s u l t e n t d 'une e x p o s i t i o n moyenne de 100 ppm pen-

dant 8 heures par j o u r . D 'aut res études r é a l i s é e s sur le ra t

c e t t e f o i s , on montré q u ' i l n ' y ava i t pas d 'augmentat ion s ï g n î -

c a t l v e du nombre des cancers en fonc t ion de l ' e x p o s i t i o n au

TCE. (NCI , 1977; Rampy, 1977; T h e i s s ; 1977 ) , mais e l l e s ont

été c r i t i q u é e s ( IARC, 1979. ) . " ' — -

Etudes chez l'homme

Des études épîdémiologiques ont également été conduites sur des

groupes de t r a v a i l l e u r s exposés au TCE et les r é s u l t a t s p r é l i m i -

n a i r e ont é té p u b l i é s . La première étude por te sur les causes

de décès des employés des buanderies e t des a t e l i e r s de n e t t o y a -

ge à sec ( B l a î r e t c o l l f 1979 ) - Les auteurs ont d é p o u i l l é les

c e r t i f i c a t s de décès de 330 t r a v a i l l e u r s e t t r a v a i l l e u s e s dont

279 n ' a v a i e n t Jamais t r a v a i l l é que dans l e net toyage à sec . I l s

.ont e n s u i t e comparé les causes de leur décès avec c e l l e s de la

popu la t i on des E t a t s - U n i s pour conc lure que les cancers é t a i e n t

p lus f réquents chez les n e t t o y e u r s , en m a j o r i t é des nettoyeuses

d ' a i l l e u r s , pu isqu 'on y comptait 205 femmes pour 125 hommes.

Les cancers de poumon e t du co l de l ' u t é r u s pouvaient s ' e x p l i q u e r

par la pauvreté de leur m i l i e u socio-économique, mais non pas les

cancers du f o i e e t les leucémies qui r e s t e n t sans j u s t i f i c a t i o n

ép ldémlo log lques . L ' e x p o s i t i o n au TCE a c c o î t r a i t donc les r isques

de cancers , à moins que ce ne s o i t l ' e x p o s i t i o n au benzène u t i l i s é

dans l e pré -détachage, e t dont l ' a c t i o n leucémogène est connue.

Dans une seconde étude fondée sur les mêmes méthodes, B l a i r a

é t u d î é les causes de décès chez les o u v r i e r s employés à 1 ' é l e c -

t rop lacage e t au po l i ssage des métaux. Ces o u v r i e r s sont expo-

sés à des oxydes m é t a l l i q u e s , à des ac ides , à des bases et à d i -

ve rs so lvants organiques dont l e t - r ï c h l o r o é t h y l è n e et l e TCE

Enquête f a î t e , I l s ' e s t révé lé chez eux un p lus grand nombre

de cancer de l 'oesophage et du f o i e ( B l a î r , 1980 ) . En revan-

che, on ignore s i les autres agresseurs chimiques auxquels ces

t r a v a i l l e u r s sont exposés n ' a u r a i e n t pas également joué un r ô l e .

18.

E f f e t s tératogènes

Nous disposons I c i des études de Scwetz, d ' E l o v a a r a e t de Nelson,

condu i te dans l e premier cas sur des r a t s e t des s o u r i s , dans l e

second cas sur des embryons de p o u l e t , et dans le t r o i s i è m e cas sur

des ra tes e t l e u r s r a t o n s . Les r é s u l t a t s de ces études, qu 'on a

résumées dans l e tableau qui s u i t , sont p a r t l c u l î è r e m e n t I n t é -

ressantes :

EFFETS TERATOGENS OU TCE

DATE AUTEURS SUJETS RESULTATS

1975 Schwotz et col 1. Rats et s o u r i s / 300 ppm

Absence d 'anomal (e riais pourcentage é levé de r é s o r p t i o n f o e t a l e .

1979 Elovaara e t c o l 1. Embryon de pou let 25 f i g /oeuf

Anomalies dans 9 .8 % des cas se ma-n i f e s t a n t par l ' e x t é r i o r i s a t i o n des v i s c è r e s , des a t t e i n t e s aux yeux et au s q u e l e t t e .

1980 NeIson et col I . Rates et ra tons/ 100 ppm

Rates/ 900 ppm

Absence d1 anoma 11 es

D iminut ion d ' a p p é t i t et de po ids chez la r a t e .

Ratons Absence d 'anomal ies s q u e l e t t l q u e s chez l e . r a t o n . Po ids du r a t o n I n -f é r i e u r de 20 % à c e l u i des con -t r ô l e s dès la 3e» 4e et 5e semaines de v i e .

Chez les ra tons exposés du 7e au 13e j o u r de g e s t a t i o n , des t e s t s ont r é v é l é une moindre h a b i l e t é dans les a c t l v i t é s n e u r o - m u s c u l a l r e s . Chez les ratons exposés du 14e au 20e j o u r de g e s t a t i o n , des t e s t s de comportement ont r é v é l é p a r f o i s une p lus grande h a b i l e t é dans les a c t i v i t é s n e u r o - m u s c u l a i r e s . u>

Diminut ion de l ' a c é t y l c h o l ine et de m ? V la dopaml ne chez 1 es ratons nouveaux* nés et ceux âgés de 21 J o u r s .

20.

E f f e t chez l ' e n f a n t a l l a i t é

Chez l ' e n f a n t a l l a i t é , on a s igna lé le cas , unique d ' a i l l e u r s ,

d 'une p e t i t e f i l l e de 6 semaines, a t t e i n t e d 'un I c t è r e cho los ta -

t î q u e . Enauête f a î t e , sa mère a l l a i t régul ièrement v i s i t e r sur

les l i e u x de t r a v a i l son m a r i . . . employé dans une e n t r e p r i s e de

nettoyage â sec (Bagne l l , 1977). I l f u t a l o r s démontré que le

l a i t de la mère contenait du TCE à une concentrat ion 3 f o l s su-

pé r ieu re à c e l l e qu'on r e t r o u v a i t dans son sang, conséquence sans

doute du caractère l i p p p h ï l e du so lvant - L 'en fant deva i t ê t r e

d 'au tant p lus vu lnérable qu 'à cet 3ge le système enzymatïque est

peu développé. Heureusement, I l n ' y a eu de séquel le n i pour la

mère, ni pour l ' e n f a n t .

21

LES FLUOROCARBONES

Les f luorocarbones ont été mis au point par l a N . A . S . A . e t sont au

Québec d ' u t i l i s a t i o n récente dans le nettoyage à sec. On u t i l i s e

le f réon 11 ou C C l j F et le f réon 113 ou C 2 " C I j F^ (Wunder l i ch ) .

Connus sous le nom de f réons , les f luorocarbones ont cet i n t é r ê t de

n e t t o y e r les p las t iques sans les dégrader. Des études qu i ont été

r é a l i s é e s à leur s u j e t , i l ressor t q u ' i l s sont re la t i vement s é c u r i -

t a i r e s , encore q u ' i l s a ient un e f f e t narcot ique à de f o r t e s concen-

t r a t i o n s et causent des arythmies cardiaques. I l s sont aussi légè -

rement I r r i t a n t s pour la peau et les muqueuses.

Le f réon I I s ' e s t révé lé tératogône chez le l ap in et l a sour i s

( C . S . S . T . , 1982). Le r isque semble cependant minime du f a i t q u ' i l s

sont généralement u t i l i s é s dans des machines â c i r c u i t fermé et que

la manipulat ion ne pourra se produire qu'au moment de l ' e n t r e t i e n

de l ' a p p a r e i l ou.dë la récupérat ion du p r o d u i t .

Normes d ' e x p o s i t i o n (1)

TLV/PPM

Fréon I I 1 000 5 600

Fréon 113 1 000 7 600

(1) Occupational Diseases, U . S . , Dhew, Washington, 1977, p.20**.

22.

RISQUES ERGONOMIQUES

Outre les risques chimiques dont nous avons f a i t plus haut l ' I n -

v e n t a i r e , la t r a v a i l l e u s e enceinte employée dans le nettoyage

encourt des r isques ergonomiques r e l i é s au por t de charges, â la

s t a t i o n debout, e t aux c o n t r a i n t e s thermiques.

En t ranspor tant en vrac des vêtements lourds la t r a v a i l l e u s e

ence in te , dont l ' é q u i l i b r e est déjà moins assuré par le poids

supplémentaire de son bébé, r isque en out re de heurter des obsta -

c les et d ' e f f e c t u e r des chutes de g r a v i t é v a r i a b l e . L ; u t i l î s a - •

t î o n du c h a r i o t peut minimiser les r i sques , encore q u ' i l f a i l l e

le pousser.

La s t a t i o n debout prolongée est également facteur de r isque en ce

q u ' e l l e peut générer un oedème des membres i n f é r i e u r s e t des lom-

b a l g i e s .

La c o n t r a i n t e thermi.quer part icul ièrement" reliée au poste de r e -

passeuse favo r i se la v a s o d i l a t a t i o n et la sudation qui font bais*

ser la tension a r t é r i e l l e , dé jà moins élevée chez la femme en-

c e i n t e , et e l l e augmente également le rythme cardiaque, déjà ac -

c é l é r é , d 'où le r isque accru d 'étourd issements , de faux mouvements

de chutes.

23.

I l faut a i n s i , l o r squ 'on évalue un poste r e l i é â des c o n t r a i n t e s

thermiques, t e n i r compte des quatre facteurs su i van ts :

1. la température de l ' a i r ambiant

2. le degré d 'humid i té r e l a t i v e . d e l ' a i r

3. la fréquence et la r a p i d i t é des mouvements d ' a i r

la température s u p e r f i c i e l l e des surfaces en contact

avec le corps du t r a v a i l l e u r ou â sa p r o x i m i t é . [f^tAy**

C ' e s t en f o n c t i o n de ces quatre facteurs qu 'on pourra déterminer

les zones de c o n f o r t dans l e s q u e l l e s devront p r i o r i t a i r e m e n t ê t r e

postées les t r a v a i l l e u s e s ence in tes . La c l i m a t i s a t i o n l oca le ou

p a r t i e l l e de la zone de t r a v a i l ( c r é a t i o n de m i c r o c l i m a t s ) , l ' u t i -

l i s a t i o n de v e n t i l a t e u r s de même que le por t de vêtements de

coton peu a jus tés qui absorbent la sueur et d i f f u s e n t la chaleur du

corps permettent de rédu i re la f a t i g u e , la morosité ou l ' i n s t a b i l i -

té observées chez les t r a v a i l l e u r s en ambiance chaude. ( V o i r tableau

sur les zones de c o n f o r t à l 'annexe 2 ) .

POSTE DE REPASSEUSE: * - — - — -

Nous disposons d 'une étude f rança ise sur le poste de repasseuse dans

les en t rep r i ses de nettoyage à sec oû l ' o n u t i l i s a i t le fe r ou la

presse. (Davezies et c o l l . , 1979). De façon généra le , i l ressor t que

s i la charge thermique n ' a t t e i n t jamais les l i m i t e s dangereuses, e l l e

ne se s i tue cependant jamais dans les zones de c o n f o r t .

24.

Dans la m a j o r i t é des cas une pér iode d 'accl imatement est nécessa i re

sur une semaine. De plus I I faut condamner les postes dans des l o -

caux ex igus e t mal v e n t i l é s : c ' e s t là que l ' o n a observé les con-

d i t i o n s les p lus p é n i b l e s .

S E C T E U R

T R A V A I L D E B U R E A U

E T

E C R A N C A T H O D I Q U E

59. d

4. Les risques du t rava i l de bureau et la femme enceinte

Dans le secteur

des emplois de bureau, la var iété des occupations nous suggère une

évaluation de cas indiv iduel le . Nous tenterons donc de mettre

en lumière les cr i tères que devrait comporter une t e l l e évaluation

et nous élaborerons quelques recommandations quant aux u t i l i s a t r i c e s

d'écran cathodique. Auparavant, voyons ce que nous suggère la

l i t t é ra tu re â cet égard.

4.1 L'importance d'une évaluation globale

Dans un a r t i c l e récent, Mamelle et c o l l . rendaient compte

d'une étude sur la prématurité et la fatigue vécue pendant la

grossesse. A i n s i , la fatigue proviendrait de plusieurs sources,

à savoir la profession, les charges famil iales et les déplacements.

.../60

60.

Selon que la somme de ces t ro is indices est élevée ou non, l ' i ssue

de la grossesse peut être influencée.

Parmi les éléments qui contribuent â la fatigue professionnelle,

les auteurs notent la posture, la charge physique, la fatigue due

aii t rava i l avec une machine, la charge mentale et l'environnement.

En quantif iant ces éléments, i l s en arr ivent â déterminer des catégo-

r ies professionnelles plus 3 risques que les autres. Cependant, les

auteurs soulignent également que la charge de t ravai l professionnel

n'est pas la seule â intervenir dans l ' é t i o l o g i e de la prématurité.

•Comme T o n démontré d'autres études également, le risque de prématurité

n'est pas nécessairement plus élevé chez les femmes ayant une

a c t i v i t é professionnelle rémunérée pendant la grossesse. D'après

l 'étude de Mamelle, les employées de bureau constituent, avec les

i n s t i t u t r i c e s , un groupe de moindre risque. I l semble également

que le nombre d'heures travai l lées par semaine exerce une influence

importante sur la prématurité dans toutes les catégories professionnelles

Par a i l l e u r s , les indices posture et charges physiques in ter -

agissent plus fortement avec le risque obstétrical en faveur de

la prématurité, que d'autres indices (charge mentale et environnement)

qui eux influencent davantage les femmes sans risques. I l y aurait

donc l ieu de porter une attention part icul ière aux f a c t e u r s ergonomiques,

particulièrement s i la travai l leuse est déjà â risque, mais i l ne

faudrait pas négliger non plus les risques rel iés à l'environnement

physique et les risques psycho-sociaux.

. . . /61

61. 4.1.1 les risques l iés a l1environnement physique

Comme nous l'avons déjà souligné, l'environnement physique

de la travai l leuse de bureau peut comporter des risques r e l a t i f s â

des ac t i v i tés industr iel les se déroulant â proximité. I l est donc

important de connaître de quel secteur d 'ac t i v i té économique relève

l 'ent repr ise et même dans quel département se trouve la t ravai l leuse.

Par exemple, une secrétaire peut t rava i l l e r dans une maison d'en-

seignement et avoir son bureau attenant à un laboratoire ou de

multiples produits chimiques sont u t i l i s é s .

Si l'employée de bureau t rava i l le dans un édi f ice à bureaux

conventionnel, certains risques peuvent tout de même être présents:

monoxyde de carbone, ozone ou d'autres gaz résultant d'une mauvaise

vent i la t ion . La chaleur peut également devenir gênante, part icu-

lièrement en f i n de grossesse, s i de nombreuses machines sont ut i l isées

au même endroit .

4.1.2 les risques ergonomiques

Certains emplois de bureau obligent la travai l leuse à adopter

la posit ion debout pour des périodes prolongées comme, par exemple,

la préposée aux photocopies, â la réception des commandes. Cependant,

beaucoup d'autres emplois astreignent les travail leuses à la

station assise prolongée. Ces deux situations sont â év i te r , par-

ticulièrement au cours des 2ième et 3ième trimestres. Certaines

fonctions (commis aux archives, par exemple) peuvent comporter

le transport de charges (dossiers, --bottes de papier, de cartes),

./62

62.

des risques de chute (encombrement ou escabeau) ou encore, des

déplacements importants de masse musculaire (posit ion f léchie pour

le classement). Ce sont autant de risques ergonomiques q u ' i l faut

prendre en considération particulièrement en f i n de grossesse.

I l est également important de s'assurer que la travai l leuse

peut avoir accès aux to i le t tes lorsqu'el le en a besoin, surtout pour

les 1er et 3ième trimestres.

4.1.3 les risques psycho-sociaux

La fatigue professionnelle peut compromettre la santé de la

travai l leuse enceinte et plusieurs éléments d'ordre psycho-social

sont susceptibles d 'y contribuer. La durée dè la semaine de travai l >

particulièrement si la travai l leuse f a i t des heures supplémentaires,

"en est un exemple. D'autre part, la charge de t rava i l mental doit

également être prise en considération. D'après Mamelle, (1981), la

r é p é t i t i v i t é des gestes, l ' a t tent ion requise par le t r a v a i l , les

stimuli agressifs, l'absence de pauses, d'échanges interpersonnels

sont autant de facteurs constituants de la charge mentale.

4.1.4 le t rava i l de nuit

Les tâches mentales demandées durant le t ravai l de nuit sont

beaucoup plus épuisantes que les tâches manuelles, à cause de la

d i f f i c u l t é d'en récupérer par le sommeil du jour . On sai t aussi "

que dans un bureau, le t rava i l ( jour ou nuit) est la somme d'un

ensemble de tâches perceptives et mentales caractéristiques des

emplois féminins.

./62

63.

D'après le Bureau International du T r a v a i l , le t rava i l de

nuit est contre-indiqué pour la travai l leuse enceinte:

" ( . . . ) Une grande partie de la réglementation part icul ière au t rava i l des femmes a pour ob ject i f pr incipal de protéger leur fonction de reproduction, et le premier souci du lég is -lateur a souvent été de protéger la maternité. En l imitant strictement la durée du t ravai l des femmes, en leur épargnant les fatigues du t ravai l nocturne, en interdisant les efforts exagérés tels que le portage de fardeaux trop pesants, ou une exposition â des risques d ' intox icat ion par des substances nocives, le législateur a voulu, en f a i t , préserver la fonction maternelle et v e i l l e r au bien-être des générations futures. " '

Cependant, i l est important d'évaluer également l ' impact que peut

avoir l ' a f fec ta t ion de la travail leuse â un poste de jour , comme

conséquence^ une demande de re t ra i t prévent i f . Beaucoup de femmes • Vf I # •

t rava i l lent <ië nuit de façon a pouvoir garder elle-même leurs enfants

pendant le jour .

4 ' 2 Recommandations pour les u t i l i sa t r i ces d'écran cathodique

Les cr i tères d'évaluation des risques pour le t rava i l de bureau

en général s'appliquent aussi aux postes devant écran cathodique.

Cependant, certaines part icular i tés sont â considérer quand on se

penche sur la pertinence ou non d'une demande de changement de poste

ou de re t ra i t préventif pour ces travai l leuses. L 'exposit ion aux

radiations ne semble pas j u s t i f i e r au stade actuel des connaissances,

une t e l l e demande. Par contre, i l faut prendre en considération

l ' inquiétude profonde de certaines opératrices enceintes, inquiétude

d 'a i l l eurs compréhensible a la suite de nombreux ar t ic les de journaux

1 BIT, Médec.ne du t r a v a i l . Protection de la maternité et santé de la iami_ne, série Sécurité, hygiène et médecine du t r a v a i l , no 29 Genève, 1975, p.5. '

. . . /64

64. faisant état de fausses couches, prématurité, malformations

congénitales chez des u t i l i sa t r i ces d'écran. En Ontario, le

b i l l 169, déjà approuvé en première lecture, recommande un

changement de poste immédiat 3 la demande des u t i l i sa t r i ces enceintes

ou qui pensent l ' ê t r e . Au Québec, certaines entreprises ont déjà

adopté une att i tude s imi la i re .

D'autre part, certaines études montrent un l ien é t ro i t entre le

stress et la prématurité. Connaissant la tension nerveuse engendrée

par certains types de tâches devant un terminal, cette question »

mérite qu'on s ' y arrête. Quelques cr i tères devraient être pris en

considération:

1- temps quotidien d ' u t i l i s a t i o n : I l est connu que les signes de

fatigue physique et nerveuse de même que les problèmes posturaux

s ' ins ta l len t surtout après quatre heures d ' u t i l i s a t i o n de l 'écran.

I l serait donc conseil lé de penser à un aménagement du temps, pour

les femmes enceintes, qui respecterait cette durée maximale quoti-

dienne d ' u t i l i s a t i o n de quatre heures. El les seraient alors mutées

à un autre t ravai l pour le reste de la journée.

2 - Pauses: A l ' i n t é r i e u r des quatre heures par jour de travai l â

l 'écran, l ' u t i l i s a t r i c e devrait bénéficier de périodes de pause —

pour lu i permettre de se détendre, de marcher, d ' a l l e r â la salle

de bain (surtout pendant le 1er trimestre de la grossesse). A t i t r e

d'exemple, mentionnons qu'en certains endroits, les pauses sont de

10 minutes par heure, en d'autres, de 15 minutes par heure et demie

ou par deux heures.

.. ./65

65.

3, type de tache: I l est évident qu'un travai l monotone,

répétitif, effectué sous pression et sous surveillance étro i te

augmente encore la tension nerveuse et la fatigue. Le genre de

t ravai l demandé â l 'opératr ice d'écran cathodique devrait aussi

entrer en l igne de compte dans l 'évaluation du changement de poste

ou du re t ra i t préventif.

./62