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Renée Joyal Avec la collaboration de JeanTrépanier septentrion Marcel TRAHAN En quête de justice et de fraternité Extrait de la publication

Avec la collaboration de JeanTrépanier Marcel TRAHAN… · Enfin, je remercie mon collègue Jean Trépanier, avec qui ce projet de biographie a été en bonne partie amorcé et mis

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Renée JoyalAvec la collaboration de Jean Trépanier

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MarcelT R AHANEn quête de justice et de fraternité

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Marcel Trahan, à l’époque où il était coroner (1963).

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Les éditions du Septentrion remercient le Conseil des Arts du Canada et la Sociétéde développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) pour le soutienaccordé à leur programme d’édition, ainsi que le gouvernement du Québec pourson Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres. Nous reconnaissonségalement l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Pro-gramme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nosactivités d’édition.

Couverture : Marcel Trahan en 1963

Toutes les photographies ont été aimablement fournies par la famille Trahan.

Révision : Solange DeschênesCorrection d’épreuves : Sophie ImbeaultMise en pages et maquette de la couverture : Folio Infographie

Si vous désirez être tenu au courant des publicationsdes ÉDITIONS DU SEPTENTRION

vous pouvez nous écrire au1300, av. Maguire, Sillery (Québec) G1T 1Z3

ou par télécopieur (418) 527-4978ou consulter notre catalogue sur Internet :

www.septentrion.qc.ca

© Les éditions du Septentrion, 2005 Diffusion au Canada :1300, av. Maguire Diffusion DimediaSillery (Québec) G1T 1Z3 539, boul. Lebeauwww.septentrion.qc.ca Saint-Laurent (Québec)

H4N 1S2

Dépôt légal – 1er trimestre 2005 Ventes en Europe :Bibliothèque nationale du Québec Distribution du Nouveau Mondeisbn 2-89448-407-0 30, rue Gay-Lussac

75005 ParisFrance

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Avant-propos

Cette biographie est le fruit de la rencontre dedeux volontés : d’abord celle de Marcel Trahan

de « laisser quelques traces » de son engagementhumain à l’égard des membres très vulnérables de lasociété que sont les jeunes en difficulté, contrevenantsmineurs, enfants maltraités, abandonnés ou négligés ;ensuite celle de Jean Trépanier et de moi-même derecueillir ce témoignage irremplaçable. Personnalitéforte et attachante, Marcel Trahan fut non seulementun témoin lucide et éclairé de transformations socialesmajeures dans le domaine de l’enfance et de la famille,mais encore ses fonctions et le sens qu’il leur donnaitl’ont amené à jouer un rôle de premier plan au cœurde ces changements, particulièrement au cours desannées 1940 et 1950. Il a participé activement auxdébats alors en cours et fait en sorte que l’organisationjudiciaire et la mise en œuvre des lois relatives àl’enfance délinquante ou en danger tiennent comptede cette évolution.

Marcel Trahan a profondément cru en la réédu-cation et il a voulu que le juge y occupe une placecentrale. Devenu lui-même magistrat, il a mis enpratique cette vision d’un juge des mineurs investi

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d’une mission. Ce livre fait état des profondes racinesspirituelles et religieuses de sa pensée et de son action,qui lui viennent de la formation reçue dans sa famille,à l’école et au collège. C’est également au milieu dessiens qu’il a forgé cette curiosité et cette rigueur quiferont de lui un homme d’action remarquable toutautant qu’un passionné de recherche et de réflexion.D’ailleurs les deux aspects de son activité s’alimen-teront constamment l’un à l’autre.

Si Marcel Trahan reste discret, voire pudique,quant à certains aspects de sa vie privée où la souf-france et la perte le disputent à l’espérance et à la joie,il faut y voir la marque d’une époque où il n’était pasde bon ton, surtout pour un homme, d’étaler sessentiments, ses émotions. Cette réserve n’empêchecependant pas l’homme de se porter à la rencontre del’autre, de « son prochain », et de lui faire entendre desparoles de paix, d’espoir et de rédemption. Les textessacrés ne sont jamais loin, non plus que la poésie et lethéâtre, où il puise une grande part de son inspiration.

La présente biographie relate, dans l’ordre chrono-logique, les grandes étapes de la vie de Marcel Trahan,de son enfance à Nicolet à ses premiers pas dans laprofession d’avocat, de son premier séjour à la Courdes jeunes délinquants comme conseiller juridique,puis greffier, à sa nomination comme juge à la Courde bien-être social, après un détour forcé, mais plei-nement assumé, par le bureau des coroners. Elle setermine sur les mal nommées « années de retraite »,puisque Marcel Trahan y poursuit une activité intenseet très diverse. Compte tenu du propos et du formatde ce livre, le lecteur n’y trouvera pas une histoire dela Cour des jeunes délinquants — devenue par la suite

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Cour de bien-être social, puis Tribunal de la jeunesseet finalement Chambre de la jeunesse de la Cour duQuébec —, non plus qu’une étude détaillée des loisqui ont régi le secteur de l’enfance et de la jeunesse aufil du temps. Afin de mieux cerner la pensée et l’actionde Marcel Trahan, nous y avons néanmoins inséré denombreux éléments de mise en contexte, renvoyant àdiverses publications le lecteur désireux d’en savoirdavantage sur la question.

Nous tenons à remercier Marcel Trahan de nousavoir reçus chez lui avec son enthousiasme proverbial,malgré une santé déclinante, de nous avoir accordé delongues entrevues et de nous avoir ouvert ses archives.Nous rendons aussi hommage à son épouse, ÉmélieBourbonnière, décédée le 21 août 2004, qui nous aaccueillis chez elle avec sa grâce habituelle et qui aaccepté de répondre à nos questions. Les entrevuesproprement dites ont eu lieu au cours de l’année 2001-2002 ; au nombre de dix, elles ont été enregistrées surruban magnétique, puis retranscrites verbatim. Par lasuite, nous sommes constamment demeurés en com-munication avec Marcel Trahan, qui a toujours acceptéde bon gré d’expliquer ou de préciser certainesinformations.

L’honorable Anne-Marie Trahan et maître Domi-nique Trahan ont accepté avec empressement de nousparler de leurs parents et de leur vie familiale : qu’ilssoient assurés de toute notre reconnaissance. Plusieurscollègues et collaborateurs de Marcel Trahan ont bienvoulu nous accorder des entrevues ou nous fournirdiverses informations. Nous remercions vivement pourleur disponibilité mesdames Marie-Andrée Bertrand,Louise Gagné, Louisiane Gauthier et Diane Racicot,

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messieurs Gilles Gendreau, Euclide Laliberté et Jean-Marie Carette, maître Pierre Valois, ainsi que leshonorables Albert Gobeil, Paul Grégoire, OscarD’Amours et Omer Boudreau. L’honorable AndréFauteux, collègue et ami de longue date de MarcelTrahan, avait également accepté de nous recevoir. Lamaladie l’a empêché de le faire. Peu avant son décès,survenu au début de l’année 2004, il avait exprimé sesregrets de ne pouvoir nous parler de son vieil amiMarcel Trahan. Nous gardons de lui un souveniradmiratif et ému.

Des dizaines de personnes qui ont côtoyé MarcelTrahan à un moment ou l’autre de son cheminementprofessionnel ont tenu à nous faire part de leur estimeà son endroit. Son dévouement, sa simplicité et saclairvoyance, à titre aussi bien d’homme engagé socia-lement que de juge d’enfants, font l’unanimité. Ilaurait été intéressant de rencontrer chacune de cespersonnes afin d’en savoir encore davantage sur MarcelTrahan. Nous remercions messieurs André Dunant etHorst Schueler-Springorum, anciens juges d’enfantset membres européens de l’Association internationaledes magistrats de l’enfance et de la famille, pour lestémoignages qu’ils nous ont fait parvenir. Nous espé-rons, compte tenu des limites de cet ouvrage, avoirprésenté les traits essentiels de l’homme remarquablequ’est Marcel Trahan.

Enfin, je remercie mon collègue Jean Trépanier,avec qui ce projet de biographie a été en bonne partieamorcé et mis en marche. C’est ensemble que nous enavons élaboré les grandes lignes, mené les entrevuesauprès de Marcel Trahan et consulté ses archives. JeanTrépanier a également effectué un premier travail de

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recomposition des transcriptions d’entrevues se rap-portant aux fonctions exercées par Marcel Trahan à laCour. Ses nombreuses obligations et activités de toutessortes ne lui ont malheureusement pas permis de pour-suivre plus avant. Je lui suis aussi reconnaissante dusoutien éclairé qu’il a continué de m’apporter par lasuite. J’assume toutefois l’entière responsabilité desinformations, interprétations et réflexions contenuesdans ce livre.

R. J.

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chapitre 1

Enfance, jeunesse,premiers pas dans la vie adulte

1914-1943

Une enfance choyée…

Marcel Trahan voit le jour à Nicolet le 27 mars 19141.Il est le benjamin d’une famille de sept enfants. Sesparents, Arthur Trahan, né à Nicolet en 1877, etJoséphine Dufresne, née à Saint-Pierre-les-Becquets en1875, sont instruits et font partie de la « bonnesociété ». Après avoir fait ses études classiques auséminaire de Nicolet, son père devient clerc2 dans un

1. La Première Guerre mondiale débutera à l’été 1914. Nicoletest alors une petite ville de quelques milliers d’habitants, fondéeen partie par des descendants d’Acadiens réfugiés au Québec etétablis dans la seigneurie de Nicolet à la suite du « Grand Déran-gement » ; l’économie locale est fondée sur l’industrie laitière, lamenuiserie-ébénisterie, la lunetterie, le textile et le vêtement :Joseph-Elzéar Bellemare, Histoire de Nicolet, 1669-1924, Artha-baska, L’Imprimerie d’Arthabaska, 1924.2. Le Barreau du Québec a été fondé en 1849. À partir de cettedate, c’est lui qui détermine les conditions d’admission à la pro-fession. Antérieurement, les avocats étaient nommés par

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bureau d’avocats de Trois-Rivières ; c’est ainsi qu’iltermine ses études de droit et devient avocat. Sa mèreavait étudié chez les sœurs de l’Assomption dans sonvillage natal. Au moment de la naissance de Marcel, lafamille habite sur la rue Plessis. En 1920, elle emmé-nage sur la rue Brassard.

Il s’agit d’un milieu familial où la vie spirituelleoccupe une place importante. Il est d’ailleurs intéres-

Les parents de Marcel Trahan, Joséphine Dufresneet Arthur Trahan (circa 1920).

commission du gouverneur. Jusqu’en 1937, il était possible dedevenir avocat sans passer par une faculté de droit. Si l’on optaitpour la cléricature, il fallait travailler régulièrement comme clercdans un cabinet d’avocats pendant quelques années et, par lasuite, réussir les examens du Barreau. La cléricature comme moyend’accès à la profession a revécu pendant une brève période, de1944 à 1947, année où elle a été définitivement abolie : Le Journaldu Barreau, vol. 31, no 19, 15 novembre 1999, en ligne.

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sant de savoir qu’après sa classe de rhétorique le pèrede Marcel Trahan avait fait un bref séjour au noviciatdes pères Dominicains et que sa mère, une fois sesétudes terminées, était entrée chez les sœurs Grises.

Après sa sortie de communauté, elle avait ren-contré Arthur Trahan, et il y avait eu coup de foudreréciproque ! Des sept enfants Trahan, l’un, Raymond,décède en bas âge. Les autres, Thérèse, Madeleine,Paul, Bernard, Jacques et Marcel, feront des études.

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— Quelle était l’ambiance dans votre famille ?— C’était sympathique, chaleureux et la bonne

entente régnait, malgré le fait que mon père ait étépassablement absent de la maison en raison de ses obli-gations professionnelles de député à Québec, de 1911 à19173, et à Ottawa, de 1917 à 19234.

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Il semble que Marcel ait été un enfant assezremuant : d’ailleurs, à un certain moment, sa mèreavait suggéré qu’il soit mis en pension dans un éta-blissement d’enseignement rapproché du lieu de travailde son père, afin que celui-ci puisse le suivre de plusprès. Finalement, les choses s’étant « replacées », l’en-fant put rester avec sa famille à Nicolet.

3. Le gouvernement libéral de Lomer Gouin dirige alors laprovince.4. Entre 1917 et 1921, la fédération canadienne est dirigée parles gouvernements d’union de Robert L. Borden, puis d’ArthurL. Meighen. En 1921, les libéraux reprennent le pouvoir sous ladirection de William L. Mackenzie King.

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— Étiez-vous réprimandé à l’occasion ?— Oui, mais je ne me rappelle pas l’avoir été sévère-

ment. Ma mère utilisait la voie de la persuasion. Monpère, de son côté, était plutôt rigoriste, mais il était com-préhensif et facile d’accès. Il m’est arrivé d’être puni,mais il s’agissait de punitions bénignes : privation de des-sert, coucher hâtif… Durant les repas, qui se prenaient enfamille, on échangeait librement sur différents sujets.

— Parlez-nous un peu de vos frères et sœurs. Quesont-ils devenus ?

— Ma sœur Madeleine était une intellectuelle ; aprèsses études, elle est demeurée à la maison familiale, où,en plus d’assumer sa large part des tâches domestiques,elle vaquait à diverses activités : tiers-ordre dominicain,Société d’études et de conférences, œuvres de charité ;elle a pris soin de mon père durant sa vieillesse. Mesfrères Paul et Jacques devinrent avocats. Bernard se fitdominicain et fut missionnaire au Japon de 1938 à 1981.Quant à ma sœur Thérèse, elle avait entrepris des étudesclassiques au collège Marguerite-Bourgeoys, mais elle dutles interrompre pour venir soutenir ma mère, tombéegravement malade. Après le décès de celle-ci, elle entrachez les sœurs de l’Assomption, sous le nom de sœurSainte-Marie. Elle termina alors ses études classiques etdevint plus tard maîtresse des études pour l’ensembledes couvents de sa communauté.

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Marcel Trahan commence ses études primaireschez les sœurs de l’Assomption, dont l’école était alorssituée non loin du séminaire de Nicolet, dans unimmeuble antérieurement occupé par les frères des

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Écoles chrétiennes5. Au moment où Marcel Trahanfréquente cette école, il y a encore un service denavette fluviale entre Nicolet et Trois-Rivières. L’em-barcadère est d’ailleurs situé au bas de la descente quisépare l’école des sœurs de l’Assomption de la rivièreNicolet. Lors du terrible glissement de terrain quiemporte une partie de la ville en 19556, cet immeubleest en partie épargné grâce à la proximité du pontTrahan7, construit à la demande d’Arthur Trahan, pèrede Marcel, alors député à Québec. Ce pont avait étéconçu spécialement — les piliers étaient « à pattesd’éléphants » — pour reposer sur la terre glaise, parti-culièrement abondante à cet endroit. Bien que le pontet l’école aient relativement bien résisté au glissementde terrain, l’un et l’autre furent reconstruits après lesévénements.

…marquée par une perte immense

Mais Marcel ne fréquente l’école des sœurs del’Assomption que durant trois années. Il a le chagrin

5. Le poète Louis Fréchette avait eu son bureau dans ce mêmeimmeuble.6. Ce tragique événement survient le 12 novembre 1955. Troispersonnes perdent la vie. L’évêché, l’académie commerciale etquelques maisons sont détruites. La cathédrale doit être démolieet reconstruite.7. Ainsi désigné en l’honneur d’Arthur Trahan, père de MarcelTrahan, qui obtint le permis et l’octroi gouvernemental nécessairesà la construction du pont alors qu’il était député à Québec. ArthurTrahan a également été à l’origine de l’établissement d’un districtjudiciaire à Nicolet en 1915 : Joseph-Elzéar Bellemare, op. cit.,note 1, p. 301 et 350.

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de perdre sa mère à l’âge de neuf ans. Cet événementva changer le cours de sa vie. À cette perte immenses’ajoute alors un déplacement considérable : Marcel estmis en pension à Montréal, au Jardin de l’enfance duMile End, chez les sœurs de la Providence ; il est leseul enfant de son groupe à n’être pas originaire de larégion de Montréal. Son père connaît bien la supé-rieure de cet établissement, sœur Saint-Étienne, avecqui il avait fréquenté l’école primaire à Saint-Grégoirede Nicolet. Le dimanche, on lui permet d’aller lire aubureau de la sœur supérieure. Lorsque son père,devenu juge à la Cour supérieure du Québec en 1923,siège à Montréal, il l’envoie chercher par son « crieur-huissier » qui le ramène à l’hôtel Viger, où ArthurTrahan a l’habitude de résider. Le père et le fils passentalors quelques heures ensemble. Ces visites ont lieutoutes les deux ou trois semaines. Le jeune Marcel nerentre à la maison familiale de Nicolet que pour laToussaint, Noël, Pâques et les grandes vacances.

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— Quel souvenir gardez-vous du Jardin de l’enfancedu Mile End ?

— Je me suis assez bien acclimaté à ce régime de viefort différent de celui que j’avais connu dans ma tendreenfance. Les sœurs prenaient bien soin de nous et nousfaisions des progrès rapides. Les titulaires étaientcompétentes et faisaient preuve de beaucoup d’autorité.Au tableau était affichée une chaloupe, avec à son bordtous les élèves. Si on se comportait mal, on sortait de lachaloupe. J’ai beaucoup cultivé ma mémoire pendant cettepériode de ma vie. Durant la Semaine sainte, on apprenaitpar cœur l’Évangile de la Passion. Monseigneur Perrier,

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alors curé de la paroisse Saint-Enfant-Jésus, nous visitait àcette occasion et nous demandait d’en réciter des pas-sages. On mémorisait également beaucoup de poèmes,dont Le Pater du mourant, par l’abbé De la Porte. Je mesouviens d’une pièce de théâtre, La Goutte de sang, danslaquelle j’ai joué à l’âge de dix ans.

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L’établissement qu’il fréquente est une école pri-vée, ce qui n’en fait toutefois pas un séjour de luxe.On y trouve en tout quatre baignoires pour cent vingtpensionnaires : chacun d’eux ne prend son bain qu’unefois par semaine. Les élèves portent l’uniforme et lacasquette. Plusieurs écoliers qu’il côtoie alors occupe-ront par la suite des postes de responsabilité. Il lessuivra dans leur carrière, comme, par exemple, ledocteur Jean-Paul Cholette ou maître Bernard Nantel.

Deux ans après la mort de sa mère, son père vientle visiter chez les sœurs de la Providence en compagnied’une dame originaire de Hull, Diane Leduc, qu’il luiprésente comme sa future épouse.

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— Comment avez-vous réagi ?— J’ai trouvé cela curieux. Mes sœurs aînées auraient

préféré que mon père demeure veuf, mais les choses sesont arrangées, les relations étaient correctes et je mesentais encore chez moi durant mes vacances à la maisonfamiliale8. Ma sœur Madeleine continuera d’ailleurs àjouer un rôle primordial dans le fonctionnement de cettemaison.

8. Après le remariage de son père, un demi-frère, Gilles, quideviendra lui aussi avocat, s’ajoute à la famille de Marcel Trahan.

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Au cours classique,un élève studieux et « dégourdi »…

C’est en 1926 qu’il entreprend son « cours classique »comme « quart pensionnaire » au séminaire de Nicolet :il passe la nuit dans l’établissement, mais prend tousses repas, y compris le petit déjeuner, à la maison. Dèsl’année suivante, une épidémie de fièvre typhoïde quis’y déclare emporte quatre élèves. Marcel est atteint,mais parvient à se rétablir après avoir passé quelquesmois chez les sœurs Grises, qui le recueillent et lesoignent, particulièrement sœur Gélinas, qui l’entourede beaucoup d’attentions.

La famille d’Arthur Trahan. De gauche à droite : au premier rang,Arthur Trahan, Thérèse (sœur Sainte-Marie), Diane Leduc-Trahan

(seconde épouse d’Arthur Trahan) et Gilles ; au deuxième rang,Paul, Marcel, Madeleine, Jacques et Bernard (1928).

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La Loi sur la protectionde la jeunesse de 1977 151La Loi sur les jeunes contrevenants 153Les droits des jeunes 156

Activités internationales et bénévolat 159Le Congrès de 1978 de l’Association

internationale des magistrats de la jeunesse 163Une présence continue dans le milieu 166

chapitre 5La retraite, 1984… 171Un engagement de quatre décennies

hautement célébré 171Une retraite… pour faire bien des choses ! 177

La vie de famille 177Les Trahan d’Amérique 179Boscoville 181Autres engagements 184

Quelques vieux amis 187Renoncer à sa maison 188

Écrits de Marcel Trahan 191

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composé en adobe garamond corps 11,5selon une maquette réalisée par josée lalancette

et achevé d’imprimer en février 2005sur les presses de agmv-marquis

à cap-saint-ignace, québecpour le compte de denis vaugeois

éditeur à l’enseigne du septentrion

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