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INSTITUTE Avortement au Burkina Faso • Au Burkina Faso, l'avortement est auto- risé par la loi pour protéger la santé de la femme enceinte, ainsi que dans lescasde viol, d'inceste, ou de grave malformation fœtale. • La connaissance du statut légal de l'avortement est faible: seulement un tiers des femmes burkinabè savent que l'avortement est autorisé dans certains cas. L'avortement pratiqué de façon illégale étant considéré comme un acte criminel, l'immense majorité desfemmes qui mettent un terme à leur grossesse- qu'elles aient pu le faire légalement ou pas- le font en secret, par peur des poursuites et pour éviter la stigmatisation sociale qui accompagne le recours à l'avortement. • La plupart des avortements clandestins se pratiquent dans des conditions risquées, qui mettent en danger la santé des femmes, et parfois leur vie. CARACTËRISTlQUES DES FEMMES AYANT RECOURS À l'AVORTEMENT • Lesfemmes burkinabè qui ont recours à l'avortement n'ont pas le profil-type des femmes en âge de procréer. Elles sont plus jeunes, mieux éduquées, plus susceptibles de vivre en ville, et d'être non mariées et sans enfant. • En2008, 65% des femmes qui avaient eu recours à l'avortement dans les deux années précédentes avaient entre 15 et 24 ans,ce qui concorde également avec le pourcentage de celles n'ayant pas d'enfants. Parcontre, parmi la totalité des femmes âgées de 15 à 49 ans,41% avaient entre 15 et 24 ans et uniquement 24% n'avaient pas d'enfant. • L'avortement se pratique de façon disproportionnée chez lesfemmes non mariées:sixfemmes sur 10qui ont avorté n'étaient pas mariées,alors qu'au total seulement deux femmes sur dix en âge de procréer n'étaient pas mariées en 2008. De plus, 27% des femm~s qui ont avorté avaient au moins atteint le cycle d'éducation secondaire;c'était lecaspour seulement 9% de la totalité des femmes en âge de procréer. INCIDENCE DE l'AVORTEMENT • En2012, environ 105000 avortements ont été pratiquésau BurkinaFaso;le taux d'avortement national était de 25 pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans. • Dans les zones rurales, le taux était légèrement inférieur (22 pour 1 000), et sensiblement supérieur dans les zones urbaines autres que Ouagadougou, la capitale (42 pour 1 000), où il était de 28 pour 1 000. PRATICIENS ET MËTHODES • En 2008, les praticiens les plus sollicités ont été les praticiens traditionnels: ils ont été à l'origine de 41% des avortements au Burkina Faso.Dans23% des cas, c'est la femme qui a mis fin à sa grossesseelle-même. • Lesavortements ont aussiété pratiqués pardessages-femmeset desmaïeuticiens (13%) et par des assistants de santé (12%).Cesassistantsont pu recevoirune formation basique, mais pas nécessaire ment en matière de techniques d'avorte ment sûr. • On estime à seulement 3% la propor- tion des femmes ayant eu recours à un février, 2014 médecin pour avorter. Les 7% restants ont sollicité d'autres types de praticiens et utilisé une autre méthode. • Les femmes pauvres des zones rurales s'exposent à un plus grand risque. Sept sur 10 ont recours à un praticien tradi tionnel ou mettent fin elLes-mêmes à leur grossesse. • Environ quatre femmes sur dix qui ont avorté ont utilisé une potion, ou de hautes dosesde médicaments, de produits caustiques comme de l'eau de javel ou de la lessive. • Au total, le recours à des méthodes d'avortement sûr reste très faible au Burkina Faso. Il est presque inexistant chez lesfemmes des zones rurales (97% d'avortements à risque). CONSËQUENCES DE l'AVORTEMENT À RISQUE • Au BurkinaFaso en 2008, environ 23 000 femmes ont été traitées pour complications tions liées à un avortement. On estime à 15 000 le nombre de femmes ayant connu des complications sévères n'ayant pas reçu lessoinsdont ellesavaient besoin. • On estime que presque six femmes sur dix ayant eu recours à un praticien traditionnel et la moitié de celles qui ont avorté elles - mêmes ont subi des com plications. Environ deux femmes sur dix qui ont eu recours à une sage femme, un maïeuticien ou un autre professionnel de santé ont subi des complications, et une femme sur dix ayant eu recours à un médecin.

Avortement au Burkina Faso · 2015. 10. 19. · INSTITUTE Avortement au Burkina Faso •Au BurkinaFaso,l'avortement estauto-risépar laloi pour protéger lasantéde la femme enceinte,ainsique

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Page 1: Avortement au Burkina Faso · 2015. 10. 19. · INSTITUTE Avortement au Burkina Faso •Au BurkinaFaso,l'avortement estauto-risépar laloi pour protéger lasantéde la femme enceinte,ainsique

INSTITUTE

Avortement au Burkina Faso

• Au Burkina Faso, l'avortement est auto-risé par la loi pour protéger la santé de lafemme enceinte, ainsi que dans lescasdeviol, d'inceste, ou de grave malformationfœtale.

• La connaissance du statut légal del'avortement est faible: seulement untiers des femmes burkinabè savent quel'avortement est autorisé dans certainscas. L'avortement pratiqué de façonillégale étant considéré comme un actecriminel, l'immense majorité des femmesqui mettent un terme à leur grossesse-qu'elles aient pu le faire légalement oupas- le font en secret, par peur despoursuites et pour éviter la stigmatisationsociale qui accompagne le recours àl'avortement.

• Laplupart des avortements clandestinsse pratiquent dans des conditionsrisquées, qui mettent en danger la santédes femmes, et parfois leur vie.

CARACTËRISTlQUES DES FEMMESAYANT RECOURS À l'AVORTEMENT• Lesfemmes burkinabè qui ont recoursà l'avortement n'ont pas le profil-typedes femmes en âge de procréer. Ellessont plus jeunes, mieux éduquées, plussusceptibles de vivre en ville, et d'êtrenon mariées et sans enfant.

• En2008, 65% des femmes qui avaienteu recours à l'avortement dans les deuxannées précédentes avaient entre 15 et24 ans,ce qui concorde également avecle pourcentage de celles n'ayant pasd'enfants. Parcontre, parmi la totalitédes femmes âgées de 15 à 49 ans,41%avaient entre 15et 24 anset uniquement24% n'avaient pas d'enfant.

• L'avortement se pratique de façondisproportionnée chez lesfemmes nonmariées:sixfemmessur 10qui ont avortén'étaient pasmariées,alors qu'au totalseulement deux femmes sur dix en âgede procréer n'étaient pas mariées en2008.De plus, 27%des femm~s qui ontavorté avaient au moins atteint le cycled'éducation secondaire;c'était lecaspourseulement 9% de la totalité des femmesen âge de procréer.

INCIDENCE DE l'AVORTEMENT• En2012, environ 105000 avortementsont été pratiquésau BurkinaFaso;le tauxd'avortement national était de 25 pour1000 femmes âgées de 15 à 49 ans.

• Dans les zones rurales, le taux étaitlégèrement inférieur (22 pour 1000), etsensiblement supérieur dans les zonesurbaines autres que Ouagadougou, lacapitale (42 pour 1 000), où il était de28 pour 1000.

PRATICIENS ET MËTHODES• En2008, lespraticiens les plus sollicitésont été les praticiens traditionnels:ils ont été à l'origine de 41% desavortements au Burkina Faso.Dans23%descas, c'est la femmequi a mis fin à sagrossesseelle-même.

• Lesavortementsont aussiété pratiquéspardessages-femmeset desmaïeuticiens(13%) et par des assistants de santé(12%).Cesassistantsont pu recevoir uneformation basique, mais pas nécessairement en matière de techniques d'avortement sûr.

• On estime à seulement 3% la propor-tion des femmes ayant eu recours à un

février, 2014

médecin pour avorter. Les 7% restantsont sollicité d'autres types de praticienset utilisé une autre méthode.

• Les femmes pauvres des zones ruraless'exposent à un plus grand risque. Septsur 10 ont recours à un praticien traditionnel ou mettent fin elLes-mêmesà leurgrossesse.

• Environ quatre femmes sur dix quiont avorté ont utilisé une potion, ou dehautes dosesde médicaments,de produitscaustiques comme de l'eau de javelou de la lessive.

• Au total, le recours à des méthodesd'avortement sûr reste très faible auBurkina Faso. Il est presque inexistantchez lesfemmes des zones rurales (97%d'avortements à risque).

CONSËQUENCES DE l'AVORTEMENTÀ RISQUE• Au BurkinaFasoen 2008, environ 23000

femmes ont été traitées pour complicationstions liées à un avortement. On estime à15000 le nombre de femmes ayant connudescomplications sévères n'ayant pas reçulessoinsdont ellesavaient besoin.

• On estime que presque six femmessur dix ayant eu recours à un praticientraditionnel et la moitié de celles qui ontavorté elles - mêmes ont subi des complications. Environ deux femmes sur dixqui ont eu recours à une sage femme, unmaïeuticien ou un autre professionnelde santé ont subi des complications, etune femme sur dix ayant eu recours à unmédecin.

Page 2: Avortement au Burkina Faso · 2015. 10. 19. · INSTITUTE Avortement au Burkina Faso •Au BurkinaFaso,l'avortement estauto-risépar laloi pour protéger lasantéde la femme enceinte,ainsique

Besoins non satisfaits en contraceptionLesbesoinsnonsatisfaitsrestentélevésaussibienchezlesfemmesmariéesquenonmariées

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1998-1999

• Total • Mariées

2924

20

2003 2010Femmes 15-49

Non mariées et sexuellement actives

• A l'échelle nationale, presquequatre femmes sur dix quiconnaissent des complicationsliées à l'avortement ne re-çoivent pas les soins dont ellesont besoin. C'est d'autant plusvrai pour les femmes pauvresvivant à la campagne, et moinschez les femmes plus favoriséesdes villes, ce qui signifie queles soins post-avortement sontplus accessibles dans les zonesurbaines, pour les femmes quiont les moyens de s'en acquitter.

• La proportion des décès ma-ternels consécutifs à un avorte-ment à risque n'est pas évaluéeau Burkina Faso. Cependant,

. la moyenne en Afrique sub-saharienne s'élève à environ undécès maternel sur sept.

LES BESOINS NON SATIS-FAITS EN PLANIFICATIONFAMILIALE RESTENT ËLEVËS• Chaque année au BurkinaFaso, un tiers des grossessesnesont pas désirées - soit ellesn'interviennent pas au momentsouhaité, soit elles ne sont passouhaitées du tout-et un tiersde ces grossesses non désiréesseterminent par un avortement.

• Nombreuses sont les femmesqui courent un risque de grossessenon désirée. En2010, unefemme burkinabè sur cinq enâge de procréer avait un besoinnon satisfait en contraception-c'est-à-dire elle voulait éviterune grossesse mais n'utilisaitpas de méthode de contracep-tion moderne ou traditionnelle.

• Les besoins non satisfaitssont élevés chez les femmesmariées: un quart d'entre ellesne veulent pas d'enfant dans lefutur proche ou ne veulent plusd'enfant du tout, et n'utilisentpas de méthode de contracep-tion. Ce pourcentage a très peuévolué depuis 1999 .

• Parmi les femmes non mariéeset sexuellement actives, les be-soins non satisfaits sont encoreplus importants- 37% en 2003et 38% en 2010.

• De manière générale, leniveau d'utilisation de mé-thodes contraceptives est trèsbas: en 2010, seulement 16%des femmes mariées en âge deprocréerutilisaient une méthodecontraceptive,quelle qu'elle soit.

• En 2010, la prévalence del'utilisation de la contraceptionmoderne ou traditionnelle chezles femmes mariées habitant enville était trois fois plus élevéeque chez les femmes mariéeshabitant en zone rurale (34%contre 11%). Parmi les femmesayant été scolarisées pendantsept ans ou plus, la prévalenceétait presque quatre fois plusforte que chez les femmes avecun niveau d'étude inférieur(50% contre 13%).

• Ces disparités saisissantesdans l'utilisation de lacontraception suggèrent quela pauvreté, un faible niveaud'éducation et un mauvaisaccèsaux services dans les zonesrurales sont des freins à lacapacité d'une femme à obtenirdesinformations sur la planifi-cation familiale et avoir accèsaux services correspondants.

IMPLICATIONS EN TERMESDE POLITIQUES• Lesprogrammes de planifica-tion familiale doivent s'étendreet être promus à travers lesservices de santé primaires; lafourniture de conseils en ma -tière de planification familiale etde méthodes de contraceptiondoit devenir systématique lorsde soins post-avortement.

• Le coût des services de plani-fication familiale représente unobstacle. Réduire ce coût per-mettrait probablement un tauxde contraception plus élevé.

• Etant donné le fait que lesfemmes qui avortent sont defaçon disproportionnée plutôtjeunes et non mariées, uneattention spéciale doit leur êtreaccordée: il s'agit de leur four-nir des services de planificationfamiliale qui soient accessibleset ne véhiculent aucun juge-ment négatif.

• Au Burkina Faso,sept femmessur dix en âge de procréer

n'ont jamais été scolarisées. Ilest improbable que le taux decontraception augmente de fa-çon substantielle sans un effortnational concerté pour amélio-rer l'éducation des femmes.

• Pour réduire l'incidence desproblèmes sévères et des décèsconsécutifs à des complicationsliées à un avortement, l'accèsà des services et des soinspost-avortement de qualité doitêtre amélioré, et les servicessubventionnés doivent être pluscomplets, afin de permettre auxfemmes pauvres de recevoir lessoins dont elles ont besoin.

• Des efforts . coordonnés dela part du gouvernement etdes ONG seront égalementnécessaires pour sensibiliser lapopulation à la loi nationale surl'avortement, et pour s'assurerque les femmes burkinabèpuissent accéder à des servicesd'avortement sûr dans les casprévus par la loi.

Les données de cette ficheproviennent de Bankole A et al,Grossessenon désirée et avorte-ment provoqué au Burkina Faso:causeset conséquences,NewYork:Guttmacher Institute, 2013. Cetteficheet lamonographiesurlaquelleelle s'appuieont été financées parle ministère hollandaisdesAffairesétrangèreset laWilliam and FloraHewlett Foundation.

GUTTMACH'eRINSTITUTE

2014