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S i des phénomènes plus ou moins intenses ont réguliè- rement gravité autour de l’ar- chipel, la Nouvelle-Calédonie n’a pas connu d’évènement cyclonique ma- jeur depuis 2015. Finalement, depuis 2003 et Érica, Cook est le premier cy- clone à impacter la quasi-totalité du territoire. Cook s’est par ailleurs formé et développé dans notre zone de vigilance météo, rendant encore plus complexe les prévisions d’in- tensité et de trajectoire. C’est donc la première fois que le système d’alerte issu de l’arrêté du 24 novem- bre 2014 a été appliqué dans sa tota- lité. Exit donc les anciennes alertes de couleurs qui succédaient aux vi- gilances météo également de cou- leurs, entrainant beaucoup de confu- sion. Grâce à une très bonne fiabilité des prévisions de trajectoire de la part des services de Météo France, les phases de pré-alerte et d’alerte 1 n’ont pas posé de difficulté. Les phases d’alerte 2 ont sans doute sus- cité plus débats chez les calédoniens puisqu’elles ont fait l’objet de modi- fication pour prendre en compte l’ac- célération du phénomène. Pour au- tant, avec une annonce d’alerte 2 dès le dimanche soir et la marge de sé- curité de 6 heures prévue par le dis- positif ORSEC, le passage en alerte 2, même avancé d’une à quatre heure en fonction de la zone, restait quand même correctement anticipé. La phase de sauvegarde, quant à elle, consistait à permettre aux ser- vices de secours ou techniques de remettre en état les différents ré- seaux. Si la reprise d’activité est per- mise durant cette phase, elle doit se faire dans le discernement : les em- ployeurs ne doivent pas imposer à tout prix le retour des salariés dont l’activité n’est pas essentielle au ré- tablissement de la situation normale. Inutile ainsi de faire prendre des risques aux calédoniens quand les routes ne sont pas encore totalement sécurisées. L e détachement de Koné rétablit la circula- tion sur la Koné-Tiwaka le 10 avril, sur Poin- dimié le 11 avril, sur Canala puis Kouaoua le 13 avril. L'hélicoptère de la sécurité civile ache- mine l'aide d’urgence aux tribus d’Ouassé et de Gio (Canala) dès le 11 avril. Un 3 e véhicule d’in- tervention est engagé depuis Nouméa le 12 avril sur Canala, durement touchée. Deux autres convois logistiques de denrées et d’équipements de première nécessité arrivent au SIVM Centre- Est les 13 et 14 avril. La reconnaissance du Col d'Amieu le 12 avril a permis d'évaluer les dégâts : les missions consis- tent à tronçonner les arbres entravant les axes routiers et à sécuriser les zones où persiste un risque électrique du fait de la présence au sol de câbles arrachés dont certains encore sous tension. Afin de palier la mise hors service du captage de Moindah (Poya), un camion-citerne de grande capacité et un véhicule d’intervention de la DSCGR acheminent le 12 avril 15 000 litres d’eau potable. Un dispositif de potabilisation (5 000 litres/heure) sera mis en œuvre par la Croix-Rouge et l’UISC dès le demain afin de cou- vrir les besoins de la population dans l’attente du rétablissement du réseau. Au total, les 40 SPV de l’UISC engagés ont mené 18 missions diverses : reconnaissance et éva- luation, rétablissement des axes routiers, sup- port logistiques aux opérateurs des réseaux ou encore soutien aux populations. Dans le dispositif ORSEC, la gestion des différentes phases d’alerte est primordiale. Il faut trouver l’équilibre subtil entre la protection des populations, qui est l’objectif principal, et la fluidité des axes de circulation, la prise en compte des activités économiques et scolaires et le développement du phénomène cyclonique. 10 SPV et 2 véhicules d’intervention étaient pré positionnés au poste de commandement opérationnel de Koné. 2 cadres de l’UISC ont égale- ment été dépêchés à l’Île des Pins en renforcement du dispositif communal. L e cyclone Cook laissera durablement son empreinte en Nouvelle-Calédonie. Même si le bilan humain est modeste, une personne décédée, c’est déjà trop et nos pensées vont vers les familles endeuillées. Les calédoniens ont cependant bien compris les différentes phases d’alerte et bien appliqué les consignes de sécurité. C’est sans doute ce qui a permis d’éviter un bilan humain plus lourd. Le bilan matériel est important : on recense 270 habitations touchées dont certaines sont complétement détruites et des dégâts importants sur la voirie, les réseaux électriques et d’eau ainsi que sur les bâtiments publics. L’heure est désormais à la reconstruction et les maires ont fort à faire. Cook a donc impacté l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie, nécessitant l’activation successive des différents niveaux d’alerte. On s’étonnera encore de ceux qui ne veulent pas les comprendre, qui bravent les éléments sur les plages de Lifou ou de la Côte Blanche, ou encore de ces employeurs qui ne libérèrent leurs employés qu’au moment du passage en alerte 2. A chacun de prendre ses responsabilités. Pour la DSCGR comme pour les services de secours des communes, les forces de l’ordre, les services publics, les associations de sécurité civile, Cook a été un grand moment de mobilisation. L’occasion de montrer aux calédoniens que tous étaient présents sur l’ensemble du territoire pour porter secours ou rétablir la situation au plus vite. La DSCGR est intervenue sur Poindimié, Poya, Canala, Kouaoua et au Mont Dore, pour soutenir les services communaux et les pompiers. C’est dans ce type de coups durs que l’on voit que la solidarité n’est pas qu’un vain mot. xw Eric Backes Le MOT du directeur INTERVENTION Engagement de l'Unité d’Intervention de la Sécurité Civile sur les 3 provinces écurité Civile Lettre d’information INF S S Avril 2017 Retour sur la gestion de l’alerte

Avril 2017 Retour sur la gestion de l’alerte · l edi ma nch o r tg é - ... tent à tronçonner les arbres entravant les axes routiers et à sécuriser les zones où persiste un

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Page 1: Avril 2017 Retour sur la gestion de l’alerte · l edi ma nch o r tg é - ... tent à tronçonner les arbres entravant les axes routiers et à sécuriser les zones où persiste un

S i des phénomènes plus oumoins intenses ont réguliè-rement gravité autour de l’ar-

chipel, la Nouvelle-Calédonie n’a pasconnu d’évènement cyclonique ma-jeur depuis 2015. Finalement, depuis2003 et Érica, Cook est le premier cy-clone à impacter la quasi-totalité duterritoire. Cook s’est par ailleursformé et développé dans notre zonede vigilance météo, rendant encoreplus complexe les prévisions d’in-tensité et de trajectoire. C’est doncla première fois que le systèmed’alerte issu de l’arrêté du 24 novem-bre 2014 a été appliqué dans sa tota-lité. Exit donc les anciennes alertesde couleurs qui succédaient aux vi-gilances météo également de cou-leurs, entrainant beaucoup de confu-sion. Grâce à une très bonne fiabilité desprévisions de trajectoire de la partdes services de Météo France, lesphases de pré-alerte et d’alerte 1n’ont pas posé de difficulté. Lesphases d’alerte 2 ont sans doute sus-cité plus débats chez les calédonienspuisqu’elles ont fait l’objet de modi-

fication pour prendre en compte l’ac-célération du phénomène. Pour au-tant, avec une annonce d’alerte 2 dèsle dimanche soir et la marge de sé-curité de 6 heures prévue par le dis-positif ORSEC, le passage en alerte2, même avancé d’une à quatreheure en fonction de la zone, restaitquand même correctement anticipé. La phase de sauvegarde, quant àelle, consistait à permettre aux ser-vices de secours ou techniques de

remettre en état les différents ré-seaux. Si la reprise d’activité est per-mise durant cette phase, elle doit sefaire dans le discernement : les em-ployeurs ne doivent pas imposer àtout prix le retour des salariés dontl’activité n’est pas essentielle au ré-tablissement de la situation normale.Inutile ainsi de faire prendre desrisques aux calédoniens quand lesroutes ne sont pas encore totalementsécurisées.

Le détachement de Koné rétablit la circula-tion sur la Koné-Tiwaka le 10 avril, sur Poin-dimié le 11 avril, sur Canala puis Kouaoua

le 13 avril. L'hélicoptère de la sécurité civile ache-mine l'aide d’urgence aux tribus d’Ouassé et deGio (Canala) dès le 11 avril. Un 3e véhicule d’in-tervention est engagé depuis Nouméa le 12 avrilsur Canala, durement touchée. Deux autresconvois logistiques de denrées et d’équipementsde première nécessité arrivent au SIVM Centre-Est les 13 et 14 avril. La reconnaissance du Col d'Amieu le 12 avril a

permis d'évaluer les dégâts : les missions consis-tent à tronçonner les arbres entravant les axesroutiers et à sécuriser les zones où persiste unrisque électrique du fait de la présence au solde câbles arrachés dont certains encore soustension. Afin de palier la mise hors service ducaptage de Moindah (Poya), un camion-citernede grande capacité et un véhicule d’interventionde la DSCGR acheminent le 12 avril 15 000 litresd’eau potable. Un dispositif de potabilisation(5 000 litres/heure) sera mis en œuvre par laCroix-Rouge et l’UISC dès le demain afin de cou-vrir les besoins de la population dans l’attentedu rétablissement du réseau. Au total, les 40 SPV de l’UISC engagés ont mené18 missions diverses : reconnaissance et éva-luation, rétablissement des axes routiers, sup-port logistiques aux opérateurs des réseaux ouencore soutien aux populations.

Dans le dispositif ORSEC, la gestion des différentes phases d’alerte est primordiale. Il faut trouver l’équilibre subtil entre la protection des populations, qui est l’objectif principal, et la fluidité des axes de circulation, la prise en compte des activités économiques et scolaires et le développement du phénomène cyclonique.

10 SPV et 2 véhicules d’interventionétaient pré positionnés au poste decommandement opérationnel deKoné. 2 cadres de l’UISC ont égale-ment été dépêchés à l’Île des Pins enrenforcement du dispositif communal.

Le cyclone Cook laissera durablement sonempreinte en Nouvelle-Calédonie. Même

si le bilan humain est modeste, une personnedécédée, c’est déjà trop et nos pensées vontvers les familles endeuillées. Lescalédoniens ont cependant bien compris lesdifférentes phases d’alerte et bien appliquéles consignes de sécurité. C’est sans doutece qui a permis d’éviter un bilan humain pluslourd. Le bilan matériel est important : on recense 270 habitations touchées dontcertaines sont complétement détruites et desdégâts importants sur la voirie, les réseauxélectriques et d’eau ainsi que sur lesbâtiments publics. L’heure est désormais à lareconstruction et les maires ont fort à faire.Cook a donc impacté l’ensemble de laNouvelle-Calédonie, nécessitant l’activationsuccessive des différents niveaux d’alerte.On s’étonnera encore de ceux qui ne veulentpas les comprendre, qui bravent les élémentssur les plages de Lifou ou de la Côte Blanche,ou encore de ces employeurs qui nelibérèrent leurs employés qu’au moment du passage en alerte 2. A chacun de prendreses responsabilités.Pour la DSCGR comme pour les services desecours des communes, les forces de l’ordre,les services publics, les associations desécurité civile, Cook a été un grand momentde mobilisation. L’occasion de montrer auxcalédoniens que tous étaient présents surl’ensemble du territoire pour porter secoursou rétablir la situation au plus vite. La DSCGRest intervenue sur Poindimié, Poya, Canala,Kouaoua et au Mont Dore, pour soutenir les services communaux et les pompiers. C’est dans ce type de coups durs que l’on voit que la solidarité n’est pas qu’un vain mot. xw

Eric Backes

Le MOT du directeur

INTERVENTION

Engagement de l'Unité d’Intervention de la Sécurité Civile sur les 3 provinces

écuritéCivile

Lettre d’informationINF SS

Avril 2017

Retour sur la gestion de l’alerte

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Les associations agréées de sécurité civile répondent toujours présentes !

Le CHIFFRE du mois

270C’est le nombre

d’habitations endommagéessur les 3 provinces par lepassage du cyclone COOK.

Comment s'estorganisé le centreopérationnel dugouvernement (COG 988) pendantcette semaine degestion de crise ? Activé en “veilleopérationnelle” depuisle 8 avril, le COG estprogressivement monté en puissance. Le10 avril, il est activé en configuration“inter-service”, avec des représentants dela DASS, de la DITTT, de la DIMENC, desFANC et des forces de l'ordre. Cetteinteropérabilité est une réelle plus-valuecar elle améliore la circulation del'information et permet d'anticiperrapidement sur une réponse opérationnelleadaptée.

Quelle est la principale difficulté en matière de coordination ?L’enjeu est d'apporter une réponseopérationnelle adaptée et en adéquationavec les besoins. Pour cela, une remontéed'information fiable et précise estprimordiale, car elle conditionne la naturedes actions à mener. Ce qui est le plusdifficile pendant ce type de crise demeurela période d’attente pendant le passage du phénomène où nous ne disposons pasencore d’information sur les dégâts qu'il a pu engendrer.

Au regard de cette expérience, que peut-on améliorer? Malgré le professionnalisme des différentsintervenants, nous devons encoreaméliorer la gestion de la communicationinterne de notre centre opérationnel ainsique la remontée des informations enprovenance du terrain. Nous sommes enperpétuelle évolution, avec commeprincipale motivation l’envie de fairemieux la prochaine fois, d’être toujoursplus efficace.

Lt Alexandre Rossignolcadre d'astreinte pendant le cyclone et responsable de la coordination.

3 QUESTIONS AU...

U ne fois le cyclone COOK passé, les opé-rations de reconnaissance et d’évaluationmontrent clairement que ce sont les

zones de Thio, Canala et Kouaoua d’une part, etde Poya, d’autre part, qui nécessitent un soutienrapide aux populations.La zone Centre-Est est durement touchée : denombreuses habitations sont endommagées, lesprincipaux axes de circulations sont bloquées,l’électricité et le téléphone sont coupé. Dès le 11avril, une première aide d’urgence est acheminéepar l’hélicoptère de la sécurité civile aux tribusd’Ouassé et de Gio (Canala). Deux convois logis-tiques de denrées et d’équipements de premièrenécessité, à destination du SIVM Centre-Est, sui-vront les 13 et 14 avril. Au total, la Croix-Rouge etle Secours Catholique auront fourni 6 m3 de vê-tements, 140 matelas, 60 couvertures, 150 kits dereconstruction, 150 kits d’hygiène et 150 kits de

cuisine dans des délais très brefs.A Poya, outre les axes routiers bloqués, la princi-pale difficulté réside dans le manque d’eau pota-ble : le captage de Moindah qui alimente près de900 personnes est hors-service. Dans un premiertemps, deux véhicules de la DSCGR acheminent15 000 litres d’eau potable. Un dispositif de pota-bilisation de l’eau doté d’une capacité de produc-tion de 5 000 litres/heure est rapidement mis enœuvre par la Croix-Rouge française de Nouvelle-Calédonie dès le 13 avril, couvrant ainsi les be-soins de la population dans l’attente du rétablis-sement complet du réseau. 5 bénévoles de laCroix-Rouge ont été engagés afin de produire etde distribuer de l'eau potable aux populations dePoya.L’occasion de souligner l’apport indispensable desassociations agréées de sécurité civile dans la ré-ponse opérationnelle de sécurité civile.

SOUTIEN AUX POPULATIONS

Cette fois encore, la Croix-Rouge et le Secours

Catholique se sont mobilisés à l’appel

de la DSCGR qui les aengagés en soutien des populations touchéespar le cyclone COOK.

Le lundi 10 avril à la pre-mière heure, toutes les cel-lules du COG 988 sont

donc armées. Les officiers deliaison de la gendarmerie, de lapolice nationale et des FANCprennent place aux cotés de laDIMENC et de la DITTT encharge du risque industriel etdes infrastructures. Dans uneautre pièce, la DASS, la Croix-Rouge et un cadre de la DSCGR

animent la cellule de soutienaux populations. Tous ces ac-teurs doivent trouver leur placedans des locaux un peu exiguset s’installer le plus confortable-ment possible car la nuit seralongue et éprouvante.Dans la pièce centrale, le Lt Rossignol, cadre de laDSCGR, assure la coordinationdes cellules et le traitement desinformations qui lui sont re-montées. L’activité des cellulesest rythmée par les points de si-tuation réguliers qui sont réali-sés de manière à produire deséléments d’aide à la décisionpour les autorités et les com-

muniqués à destination de lapresse et des acteurs institu-tionnels. Une véritable ruche dans la-quelle chacun sait ce qu’il àfaire et où l’ensemble des ac-teurs collabore dans une séré-nité remarquable malgré lesenjeux. Un infarctus au Mont-Dore à évacuer en pleine alerteou une femme sur le point d’ac-coucher, une famille prison-nière de la montée des eaux àsecourir, des quartiers à éva-cuer sont autant d’exemple desujets à traiter dans l’urgenceen coordonnant les services deterrain.

Le centre opérationnelde gestion de crise du gouvernement estactivé régulièrement, la plupart du temps en“veille opérationnelle”ou en “activationrestreinte”, mobilisantun nombre réduitd’intervenants. Pour COOK en revanche,et dès le passage d’unepartie du territoire enalerte 1, la configuration“gestion de crise” a été activée comme le prévoit le dispositifORSEC “cyclone”.

COORDINATION

Le COG en mode "gestion de crise"

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