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bakchich N° 4 | 14 OCTOBRE 2009 | INFORMATIONS, ENQUÊTES ET MAUVAIS ESPRIT yade la gêne à colombes | P. 4 La secrétaire d’État aux Sports entre en mêlée dans la ville perdue par la droite. le Psg centre… commercial | P. 10 Les low cost, c’est du vol | P. 7 chronique littéraire Le coup d’épée de Rinaldi | P. 14 3:HIKNRG=[UV]U^:?a@a@a@o@k; T 03766 - 4 - F: 1,80 E Tapie, de la mafia US au foot niçois | P. 3 les meilleures infos du net Prime de survie à Orange, le Twitter de Ferrari… Une sélection d’articles réalisée par vendredi.info | P. 12 La presse people se ramollit | P. 9 Quand nicolas sarkozy môquet la résistance W alter, retour en résistance est un documentaire qui sort en salles le 4 novembre. Pour son réa- lisateur, Gilles Perret, il s’agit d’un film de combat qui se résume ainsi : « Résister peut- il se conjuguer au présent ? » Les caciques de l’UMP de Haute-Savoie n’ont pas appré- cié cette recherche du temps perdu, celui de l’humaniste solidarité d’après-guerre en terre montagnarde. Deux sé- quences les ont particulière- ment exaspérés. La première, une interview du régional de l’étape, Bernard Accoyer, pré- sident de l’Assemblée natio- nale, met en évidence la tra- hison des pseudo-héritiers du gaullisme. La seconde montre un Sarkozy affichant un hu- mour douteux au cimetière des Glières, le 18 mars 2008, en pleine commémoration. Meurtrier. Et le complot du silence de se mettre en place. Le 5 mars 2009, le président UMP du conseil régional de Haute- Savoie, Christian Monteil, écrit au réalisateur : « Ma po- sition de chef de l’exécutif dé- partemental sera arrêtée avec une très grande intransigeance dans la perspective de proposi- tions de collaborations ulté- rieures. » C’est clair. Bernard Accoyer, lui, a menacé Gilles Perret d’utiliser « tous les moyens qui sont en son pou- voir » pour l’empêcher d’utili- ser les images de l’interview qu’il lui a donnée. Enfin, les programmateurs qui ont osé diffuser le film en avant-pre- mière dans quelques salles savoyardes ont reçu leur lot de pressions amicales. Il faut dire que Gilles Perret place au centre de son docu- mentaire une vérité qui dé- range : la volonté de Nicolas Sarkozy de défaire, pierre après pierre, l’œuvre du Conseil National de la Résis- tance qui, en 1945, mit en place notre modèle social. Une volonté destructive plei- ne de paradoxes chez un Pré- sident qui entend imposer la lecture de la lettre de Guy Môquet dans les écoles. À quelques mètres du monu- ment des Glières, gardien de l’histoire d’un grand maquis, Gilles Perret montre un Pré- sident rigolard s’agitant de- vant les tombes de martyrs, un homme déconnant dans le cimetière des illusions. C’est vraiment mal de démontrer qu’en Sarkozy il y a assez peu de Jean Moulin ? Lundi 19 octobre, doit se tenir à Casablanca le procès de Taoufik Bouachrine, patron du journal marocain Akhbar Al Youm, et de notre caricaturiste Khalid Gueddar. Le ministère de l’Intérieur marocain a porté plainte pour « injure au drapeau national », après que Khalid a représenté le prince Moulay Ismaïl (le cousin du roi) devant le drapeau marocain. Pour ce « blasphème », le dessinateur risque une forte amende et même de la prison ferme. Il paye en fait la BD que Bakchich avait publiée l’année dernière, intitulée Mohammed VI, le roi qui ne voulait pas être roi. Une joyeuse blague qui a fortement déplu en haut lieu. En attendant, toute la rédaction apporte son soutien à Khalid Gueddar et à l’équipe d’Akhbar Al Youm Gare au Gueddar L’UMP s’est démenée pour censurer un documentaire qui embarrasse le Président.

Bakchich N°4

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Bakchich N°4

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bakchichN° 4 | 14 octobre 2009 | InformatIons, enquêtes et mauvaIs esprIt

yade la gêne à colombes | P. 4La secrétaire d’État aux Sports entre en mêlée dans la ville perdue par la droite.

le Psg centre… commercial | P. 10

Les low cost, c’est du vol | P. 7

chronique littéraire

Le coup d’épée de Rinaldi | P. 14

3:HIKNRG=[UV]U^:?a@a@a@o@k;T 03766 - 4 - F: 1,80 E

Tapie, de la mafia US au foot niçois | P. 3

les meilleures infos du net Prime de survie à Orange, le Twitter de Ferrari… Une sélection d’articles réalisée par vendredi.info | P. 12

La presse people se ramollit | P. 9

Quand nicolas sarkozy môquet la résistance

W alter, retour en résistance est un documentaire qui sort en salles

le 4 novembre. Pour son réa-lisateur, Gilles Perret, il s’agit d’un film de combat qui se résume ainsi : « Résister peut-il se conjuguer au présent ? » Les caciques de l’UMP de Haute-Savoie n’ont pas appré-cié cette recherche du temps perdu, celui de l’humaniste solidarité d’après-guerre en terre montagnarde. Deux sé-quences les ont particulière-ment exaspérés. La première, une interview du régional de l’étape, Bernard Accoyer, pré-

sident de l’Assemblée natio-nale, met en évidence la tra-hison des pseudo-héritiers du gaullisme. La seconde montre un Sarkozy affichant un hu-mour douteux au cimetière des Glières, le 18 mars 2008, en pleine commémoration. Meurtrier.Et le complot du silence de se mettre en place. Le 5 mars 2009, le président UMP du conseil régional de Haute- Savoie, Christian Monteil, écrit au réalisateur : « Ma po-sition de chef de l’exécutif dé-partemental sera arrêtée avec une très grande intransigeance dans la perspective de proposi-

tions de collaborations ulté-rieures. » C’est clair. Bernard Accoyer, lui, a menacé Gilles Perret d’utiliser « tous les moyens qui sont en son pou-voir » pour l’empêcher d’utili-ser les images de l’interview qu’il lui a donnée. Enfin, les programmateurs qui ont osé diffuser le film en avant-pre-mière dans quelques salles savoyardes ont reçu leur lot de pressions amicales. Il faut dire que Gilles Perret place au centre de son docu-mentaire une vérité qui dé-range : la volonté de Nicolas Sarkozy de défaire, pierre après pierre, l’œuvre du

Conseil National de la Résis-tance qui, en 1945, mit en place notre modèle social. Une volonté destructive plei-ne de paradoxes chez un Pré-sident qui entend imposer la lecture de la lettre de Guy Môquet dans les écoles. À quelques mètres du monu-ment des Glières, gardien de l’histoire d’un grand maquis, Gilles Perret montre un Pré-sident rigolard s’agitant de-vant les tombes de martyrs, un homme déconnant dans le cimetière des illusions. C’est vraiment mal de démontrer qu’en Sarkozy il y a assez peu de Jean Moulin ? ✹

Lundi 19 octobre, doit se tenir à Casablanca le procès de Taoufik Bouachrine, patron du journal marocain Akhbar Al Youm, et de notre caricaturiste Khalid Gueddar. Le ministère de l’Intérieur marocain a porté plainte pour « injure au drapeau national », après que Khalid a représenté le prince Moulay Ismaïl (le cousin du roi) devant le drapeau marocain. Pour ce « blasphème », le dessinateur risque une forte amende et même de la prison ferme. Il paye en fait la BD que Bakchich avait publiée l’année dernière, intitulée Mohammed VI, le roi qui ne voulait pas être roi. Une joyeuse blague qui a fortement déplu en haut lieu. En attendant, toute la rédaction apporte son soutien à Khalid Gueddar et à l’équipe d’Akhbar Al Youm ✹

Gare au Gueddar

L’UMP s’est démenée pour censurer un documentaire qui embarrasse le Président.

On ne vous cache rienQuand Bouygues construit, l’Élysée bétonneLes travaux en cours au nouveau siège de Bouygues Télé-com, à Issy-les-Moulineaux, ont suscité de sérieuses mises en garde de la Direction départementale de l’équipement (DDE). À la demande de l’Élysée, le maire de la ville et ancien ministre, André Santini, a choisi de délivrer au groupe un simple permis modificatif, bien moins contrai-gnant que le permis de construire nécessaire. Les taxes calculées sur le dépassement du « plafond légal de densité », qui limite la construction dans les zones déjà très occupées, ont également été revues à la baisse. Et d’aucuns osent dire que le Président n’est pas fidèle en amitié…

Cercle Concorde : l’avocat de Sarko s’installe à la tableLe dossier du Cercle Concorde, cercle de jeux parisien soupçonné de servir de blanchisseuse au milieu corso-mar-seillais, bouge encore. La preuve, Thierry Herzog, par ailleurs avocat de Nicolas Sarkozy, déboule dans le dos-sier pour défendre le « banquier suisse », François Rouge, éphémère propriétaire du cercle parisien et in-carcéré de longs mois à la prison des Baumettes. L’une des questions posées par cette affaire est la légèreté avec la-quelle le ministère de l’Intérieur, tenu à l’époque par un certain Sarkozy Nicolas, a accordé, à l’été 2005, toutes les autorisations d’ouverture à une bien drôle de faune.

RFI déménage, son patron aussiEn marge du plan social qui l’agite, Radio France Interna-tionale se prépare à un coûteux déménagement pour la fin 2010. Le bail qui lie la voix de la France à l’étranger à la Mondiale stipule que la station doit cracher au bassinet jusqu’à son échéance, soit 2017. Ce qui, selon les comptes sociaux de RFI, signifie débourser 10 millions d’euros. Sauf à trouver un repreneur pour son bail…Pour arranger le tout, le patron de l’Audiovisuel extérieur de la France – et donc de RFI –, Alain de Pouzilhac, met de l’ambiance dans la maison. Le 17 septembre, pour les 25 ans de TV5 Monde, il a confié que les salariés de RFI étaient « des cons » et les syndicats, « des soviétiques ». Depuis, l’amabilité circule sur le site de microblogging, Twitter. Et l’intersyndicale demande à Poupou de démen-tir ses propos ou de démissionner. Contacté à plusieurs reprises, l’intéressé reste sans… voix.

L’aubergine fait rêverPas moins de 2 845 candidats (pour 200 postes) se sont présentés le 5 octobre dernier au concours d’agent de sur-veillance de Paris organisé par le bureau du recrutement de la préfecture de police. Dans un communiqué, la préfecture se félicite « de l’attrait croissant d’une profession longtemps mal aimée ». En temps de crise, la contractuelle a la cote…

Les chefs gendarmes célèbrent leur messDans le cadre du regroupement police-gendarmerie, l’état-major des pandores s’est installé, début octobre, place Beauvau. Et les malheureux flics ont découvert que nos gendarmes se faisaient aménager deux grandes salles à manger avec de vastes cuisines attenantes : l’une pour le patron de la gendarmerie et l’autre pour ses collaborateurs. Comme si les militaires ne voulaient pas partager la gamelle avec les poulets gradés. Le rapprochement police-gendarmerie va être dur. Si le mess est fait, la messe n’est pas dite !

La Cour des comptes passe la tête à travers les barreaux

Grande première, la Cour des comptes a décidé de s’in-téresser à la gestion des barreaux, les ordres qui

régissent la profession d’avocat auprès d’un même tribunal. Les magistrats devraient

spécialement s’intéresser au magot du barreau de la capitale. Son compte Carpa, la « banque » des avocats, produit des intérêts estimés à 2 à 3 millions d’euros par an.

L’ami de Ségolène vit cachéCible de multiples attaques, André Hadjez, le compagnon de Ségolène

Royal, tente de se faire oublier. Ainsi, lundi 5 octobre, le garçon a joué l’homme

invisible à l’université participative et po-pulaire de Ségolène Royal, au Théâtre Dejazet,

à Paris. D’abord, en prenant soin de ne pas des-cendre de voiture avec Royal et BHL devant les journalistes qui les attendaient à leur arrivée. Ensuite, c’est dans une salle privée, à laquelle la presse n’avait pas accès, qu’il a attendu sa promise.

Rio-Paris, enfin des victimes bien aiguilléesLa surprise du « foudroiement » de l’avion de Rio passée, Air France commence à organiser sa défense. Un des directeurs de la compagnie vient d’adresser un courrier invitant les familles à adhérer à l’une des deux associations de victimes. Ô hasard, des deux associations, celle signalée par Air Fran-ce n’est pas la plus sévère à l’égard de notre champion du transport aérien ! Qui a dit, « famille, je vous hais ! »

Thales au régime Dassault…Bientôt la fin du suspense chez Thales. Le nouveau patron du groupe, Luc Vigneron, a prévu de présenter à ses troupes le nouvel organigramme de la boîte, le 11 décembre pro-chain. On saura s’il retouche sensiblement la composition, sachant que Dassault, le nouvel actionnaire industriel de référence, est féroce en matière de restructuration.

… et Gaudin renonce au sienL’édile volubile de Marseille a définitivement renoncé au régime. Malgré ses soucis de déplacement et les conseils des médecins. Mais avec un argument de poids : « Si je maigris, les Marseillais vont croire que j’ai le cancer et vont s’affoler », argumente Jean-Claude Gaudin. Un tel dévouement, c’en est touchant... ✹

ÉChO

P ersonne, la semaine passée, pour rebondir sur notre dernier scoop : des détails sur le financement

– sans doute via la chambre de compen-sation Clearstream – de caisses noires qui impliquent un Président, un ancien pre-mier ministre, une ex-garde des Sceaux. Dans l’actu, non ? Ce ne sont pourtant pas les immenses journalistes ni les pres-tigieux avocats qui manquent en ce mo-ment au Palais de justice de Paris, où se juge l’affaire des faux listings.Les « cahiers secrets de Menayas », du nom de l’ancien directeur financier de la DCN Internationale, dans lesquels sont consignées ces révélations, méritent au moins l’attention portée aux carnets du « maître-espion » Rondot. Ils éclairent d’un jour singulier les rétrocommissions dans l’affaire des frégates de Taïwan construites par la DCN et Thales.« Le procès Clearstream est-il un rideau de fumée devant les frégates de Taïwan ? ». Face à cette question de l’équipe TV de Bakchich*, mercredi 7 au Palais, le conseil de Sarkozy, Me Thierry Herzog, a pris la fuite. Notre journal sous le nez, Me Metzner, avocat de Villepin, a refusé de commenter. Les rédactions ont été pru-dentes et frileuses, à l’exception du nou-velobs.com, d’Arrêt  sur  images et de Marianne2.fr. Un journaliste d’une chaîne hertzienne s’est fait rembarrer par sa hié-rarchie, sur l’air de « ça n’intéresse per-sonne ». « Vous comprenez bien pourquoi on ne peut pas en parler sur Europe 1 », nous a-t-on glissé dans les couloirs de la station de Lagardère. Plus pertinent, sans doute, de se faire l’écho, ce matin-là, de l’interview de Claude Guéant au Figaro ✹ LA RÉDACTION

Ca se passe comme ça à Monaco. Le prince sou-verain « for me » le

prince héritier, gère les inté-rêts de la lignée, vit à l’ombre d’une société des bains de mer dont jamais personne n’a pu toucher le fond. Et nul sur le Rocher n’a le courage de s’insurger.Ça se passe aussi comme ça dans la principauté des Hauts-de-Seine. Sans remonter aux calendes corses, il y eut le long règne Pasqua, si peu placé sous l’étendard de la transpa-rence. Puis, vint Sarkozy, roi-telet de Neuilly. Et toujours derrière le décor, le fantasti-que et fantaisiste couple Bal-kany, gardien d’une certaine étiquette ! « La politique, c’est comme  une  grande  surface, m’avait un jour expliqué dame Isabelle.  Une  fois  que  vous l’avez, normal que tout le mon-de passe à la caisse. »Sarkozy à l’Élysée, elle se se-rait bien vue tenir la caisse principale. Le clan préféra le passe muraille Devedjian. Sans prévenir, il sauta pour-tant le mur, décréta qu’il allait « nettoyer  les  écuries  d’Au-gias ». Son arrêt de mort était signé. Resterait-il, demain, ministre de la relance ou des bananes flambées, il n’y pour-rait rien. Le fils du prince sou-verain, Jean, 23 ans et déjà toutes ses dents, est à ses trousses, accroché aux jupes de la mère Isabelle. Conseiller général de Neuilly, président du groupe UMP du départe-ment et bientôt patron de l’éta-blissement public qui gère La Défense. Un budget de 1,3 mil-liard d’euros. Même la Cour des comptes a renoncé à com-prendre ce qu’il s’y passe, en raison de « graves et nombreu-ses anomalies ».Jean pourra se faire appeler président comme papa. On en pleurerait ! Morale de la fable : Papa va se refaire un trésor de guerre pour la campagne de 2012. La principauté est bien gardée. Devant les méfaits d’un prince qui ose tout, per-sonne à droite ne moufte. Peur sur les Hauts-de-Seine. Peur sur l’UMP. Désolation ✹

Neuilly soN père

DanIeL CaRTOn

La PReSSe manQue De RePRISe

(*) À voir sur www.bakchich.tv

2 | apéro cette semaine dans bakchich hebdo n° 0COuLISSeS eT COuPS TORDuS

BakChICh heBDO | MERCREDI 14 OCTOBRE 2009

relations Sorti de prison grâce à un contrat de travail avec la mafia new-yorkaise, l’ex-ministre de la Ville de François Mitterrand pourrait recroiser le Milieu s’il prend la tête de l’Olympique Gymnase Club de Nice.

Tapie et le foot niçois, une affaire de « famille »Le milieu de terrain de

l’Olympique Gymnase Club de Nice (dit « le Gym ») pourrait avoir

bientôt de la gueule. Avec le pro-cureur Montgolfier à gauche, le président Stellardo à droite et Bernard Tapie au centre, au ra-tissage. Rolland Courbis étant, sur le banc, l’indispensable conseiller sportif. Là, le Gym cesserait d’être un club ordinai-re. Encore faut-il que Nanard arrête son mouvement de balan-cier et se décide à prendre le contrôle du club. Les tractations traînent, même si, d’après ses amis qui sont si nombreux, « Bernard est toujours intéressé, ou du moins, il le dit ». Christian Estrosi, le motodidacte qui rè-gne sur le comté sous la chaleu-reuse houlette de Nicolas Sarko-zy, s ’enthousiasme de la nouvelle, bonne pour le sport et excellente pour l’éthique : « Je connais bien Bernard Tapie, je l’apprécie,  et  tout  le  monde connaît  son  talent. » Surtout Montgolfier, le procureur de Nice, qui chapeauta l’affaire OM-Valenciennes et qui, au tri-bunal, porte la robe rouge et noire, les couleurs de Nice. « Je serai très attentif  », a prévu le magistrat. Autant qu’un arbitre sur un rectangle vert.

en 1992, nanard s’agite pour faire libérer francis le belgeGilbert Stellardo, l’actuel prési-dent du Gym s’est piqué d’un regroupement familial, celui de la fratrie du sport méridional, et veut sortir Courbis de sa taule marseillaise, pour en faire son « conseiller sportif ». Un honnête homme condamné pour faux, usage de faux, abus de confiance dans l’affaire des transferts de l’OM et de la caisse noire de Tou-lon. Stellardo, ancien premier adjoint du maire Jacques Peyrat, après avoir été celui de Jacques Médecin, ce qui est une bonne école, partage les valeurs de Rol-land et aussi, avec lui, quelques viriles relations. Des garçons dis-crets navigants à la Brise de Mer, un café de Bastia qui a donné son nom à une très redoutable bande de voyous. Courbis, qui chante en solo à la prison des Baumettes, était si proche de Dominique Ru-tily, l’un des pontes du terrible

a en 1997, bernard tapie est embauché par Joe Polito pour travailler dans sa boîte de BTP de New York, Bridge Corp. Salaire mensuel : 12 000 dollars.

gang corse, qu’il a pris une balle perdue le soir où Dominique est mort d’un accident du travail, le 30 mars 1996.Stellardo, qui pourrait donc lais-ser sa place à Nanard, a long-temps soutenu, bien sûr en tant que membre du syndicat des hôteliers, la société Koema, im-portatrice du café Kimbo dans les Alpes-Maritimes. Déveine, des flics qui voient le mal par-tout, estiment que ce café est mouliné par la Brise. Serviable, Stellardo junior a aidé au lance-ment de ce pur arabica, « avant de s’en éloigner ». Est-il passé au Nespresso ?La question, si Nanard débar-que, est de savoir s’il apportera sa trousse à outils. En gros, la

fratrie des Barresi, ainsi que Marc Fratani, son ex-attaché parlementaire, surnommé par les grossiers du milieu « la fri-teuse ». Pour les Barresi, deux sont en cavale, le troisième est agent de joueur. Bernard doit pouvoir arranger ça. Avant les régionales de 1992, alors qu’ar-rivait la saison du collage d’affi-ches, il fit le siège d’un de ses amis du gouvernement pour ten-ter de sortir de prison Francis le Belge, le regretté patron des ban-dits du Sud.Le contact de gangsters ne fait pas peur au courageux ancien ministre de Mitterrand. En 1996, proche de la mise au frais à la Santé, Tapie a besoin d’un contrat de travail pour obtenir

une semi-liberté, un pied dehors le jour, un dans la taule la nuit. Pas dur, il a un bon avocat, Thierry Herzog, devenu depuis celui de Nicolas Sarkozy. Tapie décroche un contrat signé Joe Polito, le patron de Bridge Corp., une boîte de BTP de New York. Hélas, selon les passionnantes archives de la SEC, le gendarme de la Bourse américaine, Bridge Corp s’acoquine avec la mafia.Le 12 novembre 1997, un Proxy Statement émis par Bridge Corp.mentionne l’embauche de Ber-nard Tapie : « En décembre 1996, la compagnie a signé un accord de conseil avec Bernard Tapie… La compagnie est d’accord pour payer  une  rémunération  men-suelle  de  12 000 dollars. » Un

autre document de la SEC, pré-senté en septembre 2000 devant une commission de la Chambre des représentants, titre : « L’im-plication  du  crime  organisé  à Wall  Street ». La SEC y relate une opération du FBI où six ma-fieux sont inculpés pour une broutille de 40 millions de dol-lars. Au hit-parade, Joe Polito et son Bridge Corp., présenté com-me un associé de la « famille » Gambino, un des plus fameux clans mafieux de New York.Avec, à sa tête, un consultant aussi apprécié en Amérique, nul doute que le Gym, pourrait en-visager de jouer la Coupe inter-continentale ✹

JaCqueS-Marie BOurGeT eT xaVier MONNier

Filouteries | 3esprit sportif

bakchich hebdo | MerCredi 14 OCTOBre 2009

Le président de l’université de Toulon, Laroussi Oues-lati, mis en cause dans le cadre d’une enquête sur

un supposé trafic de diplômes au bénéfice d’étudiants chinois, fait de la résistance. Le rapport d’ins-pection – qu’a pu consulter Bak-chich – rendu cet été à Valérie Pécresse, la ministre de l’Ensei-gnement supérieur, est pourtant accablant. Si, pour l’instant, les faits de corruption n’ont pas été établis (certains étudiants auraient obtenu leurs diplômes moyennant finance), le rapport est sans ambi-guïté sur l’implication de Oueslati dans l’admission massive d’étu-diants chinois, et ce, quels que soient leur niveau et leur maîtrise du Français. Les enquêteurs mon-trent qu’il a ainsi pris la tête d’une commission de sélection des étu-diants étrangers, au mé-pris des statuts de l’uni-versité, qui n’aurait pas été très sélective… La ministre a demandé au recteur de l’Académie de Nice, Christian Nique, de saisir la section disci-plinaire pour étudier le cas de celui qui est aussi conseiller régional PRG. Coriace, Oueslati a sem-ble-t-il fait en sorte que cette section disciplinaire, élue par le conseil d’administration où il compte beaucoup d’amis, ne lui soit pas trop défavorable.

« Les pLacardisés commencent  à faire une beLLe équipe »Dans un courrier confidentiel du 11 septembre 2009, le recteur expli-que d’abord que « plusieurs irrégu-larités ont entaché la constitution de la section disciplinaire à laquel-le il a été procédé lors de la séance du  conseil  d’administration  du 25 mars 2008 », avant de demander sa recomposition. Une nouvelle section a donc été constituée le

21 septembre. Mais entre l’ancien-ne et la nouvelle mouture, une modification de taille est interve-nue : deux syndicalistes étudiants ont disparu de la liste ! Un commu-niqué des syndicats de l’établisse-ment dénonce aussitôt « une sec-tion disciplinaire sur mesure » et « demande au recteur ou à madame la ministre de saisir le conseil de discipline du Cneser [Conseil natio-nal de l’enseignement supérieur et de la recherche] qui, seul, peut sta-tuer en toute impartialité. » Depuis, sur le campus, tout le monde craint l’enterrement de première classe de cette section disciplinai-re composée d’amis du président. Un chargé de mission de l’univer-

sité qui souhaite conserver l’ano-nymat témoigne : « Les placardisés comme  moi  commencent  à  faire une belle équipe. » Le dernier en date, Gilles Martin, qui était di-recteur du service de la Valida-tion des acquis de l’expérience (VAE), mais aussi de la Validation des études supérieures (VES), au centre du processus d’admission des étudiants étrangers, a été dé-barqué sous prétexte qu’il n’assu-rait pas ses obligations statutai-res. « Gilles Martin est un témoin embarrassant, c’est pour cela qu’il a été limogé, même si Oueslati s’en défend. Je me souviens d’une fois 

où il s’était plaint des voyages fas-tueux organisés entre universités étrangères. Comme beaucoup de gens en profitent, peu en parlent. Dans certains pays, en Chine par exemple, ils sont reçus comme des ministres. Certains disent que c’est une véritable mafia. »

Les universités sont nombreuses à gonfLer Leurs effectifsDepuis des semaines, Oueslati multiplie les pressions sur les en-seignants ayant témoigné dans le rapport (voir notre document). Pour muscler sa contre-attaque, il s’est offert une double page dans Var Matin, le 14 septembre dernier, titrée : « Laroussi Oues-

lati, victime d’une ca-bale ? » Dans cette in-terview, il s’interroge : « Peut-être veut-on met-tre à mal une petite uni-versité  du  sud  de  la France ?  Ou  punir  un président atypique issu de  la diversité  (sic)  et acteur politique ? » Une défense un peu légère face aux charges qui s’accumulent. Comme le révélait Bakchich.info en mai dernier, l’université de Toulon est loin d’être la seule à avoir mis en place des systèmes d’admission

d’étudiants étrangers plus ou moins opaques pour gonfler leurs effectifs : Clermont1, Pau, La Ro-chelle, Poitiers… L’enjeu ? Affi-cher un effectif suffisamment important pour résister aux pres-sions du ministère, toujours tenté de fermer les petites facs. Mais ce n’est pas tout, la façon dont les partenariats ont été menés dans certains pays pour attirer des étu-diants laisse penser que des diplô-mes sont effectivement délivrés avec contreparties financières. Plusieurs enquêtes sont en cours ✹

jean-baptiste malet

A la fac de Toulon le président chine encore

tohu-bohu

t rop c’est trop. Le 24 septembre dernier, le conseil municipal de la ville de Colombes

(Hauts-de-Seine), à gauche depuis les municipales de mars 2008, s’est encore embrasé. Deux suspen-sions de séances et des militants UMP surexcités qui crient à la dé-mission du maire adjoint, Alexis Bachelay.La raison ? Une remarque mala-droite du jeune homme qui, en pleine polémique sur les propos racistes de Brice Hortefeux sur les Arabes, écrit à une amie sur Face-book : « Le syndrome de Stockholm existe aussi en politique. À Colom-bes, nous avons le même avec l’iné-narrable Rachid, des jeunes pop’, caution de toute la clique UMP qui l’utilise, mais ne lui fera jamais vraiment confiance. Et pour cause, ils sont d’accord avec Hortefeux. » Évidemment, Rachid Chaker, le chef des jeunes UMP de Colombes en question, s’est empressé de crier au racisme…

pendant un an, eLLe a séché  Les conseiLs municipauxPour Alexis Bachelay, c’est Rama Yade, conseillère municipale d’op-position à Colombes, qui est à l’origine de cette polémique « des-tinée à déstabiliser la gauche ».« Pfff, pas le temps ! J’étais entre le Touquet pour les journées parle-mentaires de l’UMP et Washing-ton », riposte la secrétaire d’État aux Sports. Avant de planter une banderille dans le dos de la majo-rité locale : « À  l’extérieur  du conseil municipal,  il y avait des communistes et des verts qui mani-festaient contre le système de vidéo-surveillance. »Rien à faire. Au goût du maire PS de Colombes, Philippe Sarre, la

pilule Rama Yade qui, après avoir consciencieusement séché les conseils municipaux pendant un an, revient en force, ne passe pas. Florilège : « Elle est ministre, mais pas au niveau du débat munici-pal. » « Elle médiatise des anecdotes de caniveau sur la sécurité »… Pour une fois, la secrétaire d’État ne crie ni au racisme anti-black ni au machisme. « Vous ne me pren-drez jamais en flagrant délit d’in-compétence sur un dossier », cla-que-t-elle.Plus gênant pour Rama Yade, son come-back poussif à la vie politi-que locale fait grincer des dents jusque dans son camp. Le maire PS raconte avec délectation com-ment le directeur de cabinet de Patrick Devedjian a téléphoné pour indiquer que le président du Conseil général des Hauts-de-Sei-ne n’assistera pas à une réunion publique UMP organisée par dame Rama, sur l’avenir du stade Yves du Manoir. « Il a même précisé que Monsieur Devedjian ne déléguera  personne. »Le président du groupe UMP de Colombes, Lionel Rainfray, y va aussi de son petit poison : « On nous a conseillé de la prendre sur notre liste municipale, mais ça n’a pas eu d’effet positif  sur l’élection. » Et d’ajouter : « Elle se met au cou-rant progressivement de la vie lo-cale,  mais  n’a  pas  encore  cette connaissance qui s’acquiert avec l’antériorité. » Lionel Rainfray précise quand même qu’il ne par-tage pas l’analyse de la gauche sur Rama Yade. On respire… ✹

Catherine GraCiet

rama Yade troubLe La paix à coLombes

mandarins laroussi Oueslati utilise tous les moyens pour que l’enquête discipli-naire qui le vise, dans le cadre d’un éventuel trafic de diplômes, tourne court.

Retrouvez « rama yade s’effeuille en librérie » sur www.bakchich.info

le témoignage accablant d’une enseignante«Lorsque le président a commencé à avoir des informations concernant l’éventuel trafic de diplômes, il m’a précisé qu’il était le seul à pouvoir prédire mon avenir au sein de l’université et que j’avais d’ailleurs « son accord moral » pour un futur recrutement une fois la thèse soutenue. Depuis que le président sait que j’ai rencontré la police judiciaire au sujet de l’enquête sur un éventuel trafic de diplômes, il n’hésite pas à me mettre en garde au sujet de mon avenir au sein de l’université. Il mentionne le fait que je suis contractuelle, que je ferais mieux de me faire oublier et de terminer ma thèse. Il m’a plusieurs fois reproché de ne pas être venue le rencontrer tout de suite après mon interrogatoire pour lui dire exactement ce que j’avais dit à la PJ.»

a Dans ce document extrait du rapport d’enquête remis à Valérie pécresse, nathalie hector, maître de conférence à l’université de toulon, témoigne des pressions qu’elle a subies de la part de son président.

4 | Filouteriesaffaires d’état

bakchich hebdo | merCreDi 14 OCtObre 2009

Business park

L es usines, c’est son truc. La semaine dernière, Sarkozy était à nouveau en déplace-

ment dans l’usine Smart de Ham-bach et Bruno, mon beauf ’, n’était pas peu fier d’avoir un Président aussi volontaire. Adieu les délocalisations, les fleurons de l’industrie qui passent sous pavillon étranger. La France, grande puissance industrielle, est de retour ! Tu sais, Bruno, que derrière cet-te soudaine passion, on trouve la plume, et parfois le cerveau du Président, Henri Guaino. « Cela faisait des années que nous avions perdu notre centre de gravité, on osait  à  peine  prononcer  le  mot d’industrie. Cela va devenir très à la mode », pronostiquait celui-ci, début septembre, devant les pa-trons du Medef. Et le conseiller de Nicolas Sarkozy de recycler tranquillement les discours que la CGT tient depuis des décen-nies, alors que l’organisation était jusque-là désignée comme totalement ringarde. D’ailleurs, en annonçant la tenue « avant la fin de l’année », « d’états généraux de l’industrie », Sarkozy a publi-quement souligné qu’il avait pi-qué là une « très bonne idée du secrétaire général de la CGT ». Ce qui confirme encore, s’il en était besoin, les liens de plus en plus étroits qui existent entre Ber-nard Thibault et Sarko.« Bon, mais au fait, il a fait quoi concrètement pour les usines ? », me demande Bruno. Écartons, pour être charitable, les grandes déclarations aussi péremptoires que sans lendemain sur le sauve-tage du site d’ArcelorMittal de Gandrange. Création d’un fonds stratégique d’investissement doté, à terme, de 20 milliards d’euros, plan d’aide aux PME, mais aussi prime à la casse et six milliards injectés dans l’industrie automo-bile… On ne peut pas dire que Sarkozy ait vraiment chômé.

Sauf que, derrière cet apparent activisme, les spécialistes doutent qu’il y ait vraiment une vision. Dans un rapport rendu à Sarkozy par le conseil d’orientation du FSI (Fonds stratégique d’investisse-ment), présenté comme l’arme anticrise de notre industrie, les membres ne cachent pas leur dé-pit et n’hésitent pas à parler au contraire « d’abandon de la poli-tique industrielle ». Bigre. « Il est vrai que son bilan est pour l’ins-tant un peu léger. » Il n’a, jusqu’à présent, investi que dans vingt-trois dossiers, reconnaît Jean-Christophe Le Duigou, membre du conseil. Le Ciri (comité inter-ministériel de restructuration industriel), sous doté, n’a, quant à lui, aidé qu’une trentaine d’en-treprises en 2009. Un peu court en plein séisme économique.

Enfin, la nomination de Christian Estrosi au ministère de l’Indus-trie, au plus fort de la crise, a pu surprendre. Un haut fonctionnai-re de Bercy, approché pour faire partie de son cabinet, raconte que, comme d’autres spécialistes de l’industrie, il a décliné l’offre : « Il n’était pas question pour nous de travailler avec un ministre qui, dès son arrivée, a déclaré : “L’industrie, je n’y connais rien, mais je vais m’y mettre.” » En bon élève du Prési-dent, Estrosi s’est pour l’instant surtout attelé aux dossiers média-tiques, comme celui de Molex. Pas de quoi parler de nouvelle donne industrielle ✹

lucie delaporte

Le voLontarisme industrieL expLiqué à mon Beauf’

coup de com’

L ’écologie est-elle soluble dans l’eau des marchands de flotte ? On peut se le demander, après

la signature en grande pompe, début octobre, d’un partenariat de trois ans entre Suez-Lyonnaise des Eaux et France Nature Envi-ronnement (FNE), l’une des fédé-rations d’associations piliers des discussions du Grenelle de l’envi-ronnement. Du bla-bla très for-maté délivré de conserve, on re-tient que le numéro deux français de l’eau et le lobby écolo s’aiment, et qu’ils vont agir ensemble pour défendre l’eau potable avec un tas d’actions à la source.Mais qui paie quoi ? Très pudique, le roboratif communiqué de pres-se occulte la question financière, mais la vérité sort toujours du puits. « Nous versons 180 000 euros par an pendant trois ans à FNE pour  ce  partenariat », indique Suez. La belle affaire ! Simple coïn-cidence, alors que certaines agglo-mérations (Rouen, Paris, etc.) ont retiré la gestion de leur flotte au privé – les associations de consom-mateurs comme UFC accusent Veolia, Suez et la Saur de faire flamber le prix de l’eau du robi-net –, Suez s’achète un label très écologiquement correct. Et bien moins coûteux qu’une véritable campagne de communication.« La remise en cause de la gestion déléguée de l’eau est un phénomène médiatique. Notre chiffre d’affaires dans l’eau continue de progresser, assure un ponte de Suez. Ce type d’alliance est novateur et va nous permettre de nous développer en-core, but de toute entreprise. » FNE va les y aider, le pacte visant no-tamment « à informer et à sensibi-liser les citoyens, les collectivités sur les enjeux en matière de gestion 

de l’eau ». Avec en toile de fond, ce message plus ou moins sublimi-nal : pour préserver cette belle ressource naturelle, rien de mieux que la confier à des professionnels de la profession… Sébastien Genest, président de FNE, admet que cet accord a pro-voqué un débat interne, mais « nous ne pensons pas être instrumentali-sés. Il s’agit de prolonger l’esprit du Grenelle, qui a permis aux entrepri-ses et aux mouvements écologistes de mieux se comprendre ».

Et d’apporter un peu de beurre dans les épinards. Le budget an-nuel de 2,3 millions d’euros de FNE, qui fédère 3 000 associations de terrain, peut impressionner, « mais ce n’est rien par rapport à celui de Greenpeace France et du WWF [respectivement, 9 et 12 mil-lions d’euros, Ndlr] », souligne une observatrice.Or, la très active fédération – pro-che du cabinet d’avocats de Co-rinne Lepage – a de gros besoins, notamment pour financer ses nombreuses actions en justice destinées à défendre l’environne-ment. Les agriculteurs et chas-seurs qui n’aiment pas les loups en savent quelque chose. Cher-cher des noises à ceux qui prati-quent la nature depuis des siècles et fricoter avec des multinationa-les, voilà une évolution qui ne coulait pas de source… ✹

émile borne

suez s’achète pas cher un LaBeL vert

tunisie : saLe temps pour Le président Ben aLi

le régime déclinant du président tunisien ben ali prend des coups en librairie avec la paru-tion de deux ouvrages ravageurs : La régente de Carthage, (éd. la découverte), commis par deux trublions de

Bakchich, nicolas beau et catherine Graciet, et Le jour où j’ai réalisé que la Tunisie n’était plus un pays de liberté. ce dernier est le courageux témoi-gnage doublé de propositions politi-ques pour une tunisie démocratique de mohamed bouebdelli qui, avec son épouse, dirige des établissements scolaires, dont le fameux lycée pasteur de tunis. le tout dans un contexte intérieur tendu : une élection prési-dentielle prévue pour le 25 octobre, qui ne passionne pas les foules tant le résultat est couru d’avance, ainsi qu’une mystérieuse absence de près de trois semaines du président ben ali – on le dit en petite forme – des écrans de télévision. entre-temps, le gouver-nement tunisien a chargé le cabinet anglais opinion leader d’effectuer une étude sur la façon dont les leaders d’opinion européens perçoivent la tu-nisie d’aujourd’hui. il n’est jamais trop tard pour évoluer… ✹

h1n1, Le vrai scenario catastrophe

« Nous sommes totalement dans le flou sur l’ampleur de la pandémie », reconnaît un fonctionnaire du minis-tère de la Santé. dans la meilleure des hypothèses, si l’on peut dire, un million de grippés seulement seraient touchés par le virus H1n1. mais au pire, trente millions seraient atteints et quelque 20 000 personnes n’y survivraient pas. chaque année, la grippe fait trois à quatre mille morts. rien qui doive affoler les populations, constate notre fonctionnaire, compte tenu des vaccins disponibles et des précautions prises.le scénario catastrophe dont on s’in-quiète, y compris chez Sanofi, est ailleurs. dans un éventuel télescopage entre le virus H1n1 et le virus saison-nier habituel qui, pour l’instant, est dominé par le nouveau venu et se fait tout petit. mais si les deux venaient à se croiser dans ce que les scientifiques appellent « un réassortiment viral » malencontreux, la catastrophe ne se-rait pas loin : le virus serait meurtrier et le vaccin mettrait « au moins qua-tre mois » pour être mis au point, ad-met-on à Sanofi. n’oubliez pas, chers lecteurs, de vous vacciner contre la grippe ordinaire ✹

vite fait

Le numéro 2 français de l’eau verse 180 000 euros par an à l’association france nature environnement.

Retrouvez nos vidéos sur Métaleurope et Continental sur www.bakchich.tv

« L’industrie, je n’y connais rien, mais je vais m’y mettre. » christian estrosi, ministre de l’industrie.

Filouteries | 5fLotte et hauts fourneaux

Bakchich heBdo | mercredi 14 octobre 2009

La présentation du budget a relancé la rumeur de la démission de François Fillon. N’ayant guère été

associé à sa préparation, il a dé-couvert l’ampleur des dégâts début septembre. Obligé d’annoncer à la presse qu’il s’agit d’un budget de reprise, à la fois axé sur les entre-prises et les préoccupations écolo-giques, il a dû entériner une situa-tion qui le heurte de plus en plus. Non seulement il ne compte pas pour grand-chose, mais en plus, le résultat lui paraît calamiteux. Ne pas réduire davantage le déficit est une sorte de provocation vis-à-vis de nos partenaires européens. En outre, personne ne sait quel sort sera réservé au grand emprunt. Le plan de relance devait coûter 26 milliards d’euros en 2009. Comme en 2010, 4 milliards seu-lement seront consacrés à la re-

lance en question, on devait pou-voir espérer, mécaniquement, une économie de 22 milliards. Celle-ci a bien été enregistrée, mais en pratique, rien de plus. Aucun effort, donc : les promes-ses de dépenses se multiplient alors que les recettes de l’État ne couvrent plus que la moitié des dépenses publiques. Les spécia-listes clament que l’on n’a jamais vu cela en temps de paix… Mais à l’Élysée, on ne s’inquiète pas. D’autant moins qu’on peut se flatter de ce que les économistes qui se veulent en cour, dans leur souci de flagornerie, en rajoutent en proclamant que nous sommes en guerre… Contre la crise !Demain, nous serons en guerre contre la pollution, après-demain contre le manque d’imagination et ainsi de suite. En revanche, il est clair que nous ne serons ja-

mais en guerre contre la gabegie. Fillon a eu un mot définitif pour montrer son exaspération. Il a déclaré que Sarkozy, sous l’in-fluence des ministres d’ouverture et de Carla, et aveuglé par l’insou-ciance de son entourage sur la dette publique, était devenu socia-liste...

Les marchés sont comme FiLLon, iLs commencent à douterSeul domaine où Bercy et Mati-gnon ont obtenu gain de cause : la réduction des effectifs. Après avoir surtout concerné l’armée, cette réduction porte maintenant sur tous les ministères, y compris l’Éducation et l’Intérieur. Bercy s’est montré d’autant plus insis-tant que les départs à la retraite sont nombreux : ils correspondent aux embauches du début des an-nées 70, quand Pompidou espérait

contenir le chômage naissant par l’inflation et l’emploi public. Après, il y eut les années creuses de la période Barre avant que les glorieuses années de la relance Mitterrand ne redonnent un peu d’air budgétaire. Sur le plan fiscal, Bercy et Mati-gnon ont rusé. Ainsi, l’Élysée était disposé à abandonner les privilè-ges fiscaux de l’assurance-vie. Le rentier qui en bénéficie est une espèce à marginaliser pour les keynésiens que sont Henri Guaino, le conseiller spécial, ou Jean-Paul Fitoussi, visiteur du soir et prési-dent de l’OFCE. Mais l’assurance-vie étant un formidable réservoir d’épargne, supprimer ses avanta-ges fiscaux risquerait de tarir une des sources de financement de l’État. Résultat, après des allers-retours confus entre Bercy, Mati-gnon et l’Élysée, ne sera taxée que la part de l’assurance-vie sous-crite en actions. La décision finale est venue du constat que, même si le Trésor n’a aucun mal à placer sa dette, il doit la rémunérer à un taux de 3,6 %, contre 3,3 % pour les Allemands. Et surtout, 3,45 % pour les Anglais, dont les bien-pensants nous disent qu’ils sont en banqueroute. En fait, les « mar-chés » sont comme Fillon, ils com-mencent à douter. Or, si Sarkozy peut se défaire de Fillon, pour ce qui est des sacro-saints marchés, c’est une autre affaire… ✹

aLLô paris, ici new york

L’éventualité de la candi-dature à la présidentiel-le de 2012 du général David Petraeus, chef

d’état-major des armées améri-caines en Irak et en Afghanistan et longtemps présenté comme un « génie » par George W. Bush, il-lustre à sa façon le dilemme auquel Barack Obama est confronté. Si le Président accède aux demandes des généraux, qui réclament l’envoi de 40 000 sol-dats supplémentaires en Afgha-nistan, il assistera à la scission du parti démocrate. À l’inverse, s’il refuse de céder aux militai-res, il offre sur un plateau d’ar-gent aux républicains leur slo-gan pour 2012 : « Obama a perdu l’Afghanistan ! »Les militaires en veulent au Président car il tarde à accroî-tre les troupes sur le terrain

d’un conflit de plus en plus im-populaire auprès des Améri-cains, comme le montrent les sondages. Ils ont ainsi orchestré une « fuite » dans les médias du rapport du général McChrystal, commandant des armées en Afghanistan, qui demande ces 40 000 soldats supplémentaires. Puis, McChrystal lui-même a pris la parole publiquement pour déclarer que la guerre était perdue si sa demande n’était pas satisfaite.

La nébuLeuse aL-Qaïda s’est, depuis Longtemps, disperséeComme partout, l’armée améri-caine est pourtant censée jouer la « Grande Muette »… Le der-nier haut gradé à avoir violé le principe inscrit dans la Consti-tution du contrôle civil sur l’ar-mée et à avoir porté sur la place

publique son désaccord avec la Maison Blanche était le général Douglas MacArthur. C’était il y a un demi-siècle, pendant la guerre de Corée. MacArthur voulait que les États-Unis en-trent en guerre contre la Chine communiste. Le président Tru-man l’avait limogé. Mais Obama-le-timoré n’a pas le cran d’en faire de même avec le général McChrystal. Les mé-dias rapportent qu’il cherche actuellement une solution « in-termédiaire ». Mais envoyer ne serait-ce que 10 000 ou 20 000 sol-dats supplémentaires n’a pas de sens pour un conflit qui a perdu sa raison d’être.La guerre en Afghanistan a été lancée en 2001, après les atten-tats du 11 septembre, pour délo-ger Al-Qaïda. C’était une mau-vaise idée qui revenait à peu

près à frapper un nid de guêpes avec une batte de base-ball. Et les hommes de la nébuleuse ter-roriste se sont vite dispersés ailleurs. Récemment, le conseil-ler d’Obama à la sécurité natio-nale, le général James Logan Jones, déclarait qu’Al-Qaïda comptait « moins de cent mem-bres dans le pays », n’avait « pas de  bases  et  pas  la  capacité  de lancer une attaque contre nous ou nos alliés ».

Faut-iL prendre parti dans un combat entre narcotraFiQuantsEn Afghanistan, dans la guerre civile qui oppose les talibans au gouvernement corrompu du voleur d’élections Hamid Kar-zaï, le carburant est, des deux côtés, l’héroïne, dont le trafic représente 80 % de l’économie du pays. Mais l’armée américaine ne peut pas éradiquer la culture du pavot. Pas plus qu’un envahis-seur étranger ne pourrait forcer les Français à abandonner la viticulture. Dans ce contexte, pourquoi faudrait-il continuer à prendre parti dans une guerre civile entre narcotrafiquants ? Puisque Barack Obama est un politicien opportuniste, prions cette fois qu’il écoute les sonda-ges et mette fin à une guerre où une « victoire » américaine est illusoire ✹

CAISSES vIDES ET COUPE PLEINE

big bizness

matthieu adeniL

Professeur éconoclaste d’une grande école de commerce.

L’US ARMy PASSE À L’OFFENSIvE

doug ireLand

Ancien chroniqueur pour le Village Voice et Libération, ce vétéran du journalisme collabore à The Nation et Vanity Fair.

e st dit « tabou », de nos jours, ce dont on parle à tire-larigot. L’inceste ? On en fait un pro-

blème de société chez Delarue ou une autofiction pour illettrés. Le sexe ? Les magazines pour dames vantent la sodomie entre la re-cette du chou farci et les collec-tions automne-hiver, et un cente-naire auvergnat célèbre en prose chuintante la gérontophilie des Anglaises. Au fait, les Auvergnats, un ministre peut dire que s’il y en a beaucoup, bonjour les dégâts, pas de tabou, c’est rigolo. L’ar-gent ? vive le Fouquet’s ! La pédo-philie ? Trois cents émissions par an et un procès de temps en temps. Soit beaucoup plus que les accidents du travail, sauf ceux de France Télécom, qui bousculent le tabou du suicide.

certains s’imaginent Que pour être dans Le vent, iL Faut en Faire Un tabou qui a bien valdingué, c’est le pipi-caca : on a vu véroni-que Sanson chantant sur scène une impérieuse envie de péter et de chier, peut-être inspirée par Copé, qui, un peu gêné, mais obs-cène tout de même, s’exhibait près du piano. Le mot « chiant » est en-tré dans le langage parlementaire comme le croc de boucher dans le discours présidentiel. Même au JT, sur Arte ou chez FOG, on dit « merde » et « con ». Et dans Secret Story (que sponsorisent un déodo-rant et des capotes, c’est dire l’élé-gance…), on lâche des caisses plus souvent qu’on ne cite Camus. Hé-las ! Certains s’imaginent que pour être dans le vent, il faut en faire : voilà où conduit le fayotage.La nudité ? Banalisée d’été en été, de film en film, de calendrier en calendrier, on nous en rebat les oreilles, puisqu’elle sert désor-mais, bite et foufoune au vent, à militer pour une cause noble, l’in-terdiction des corridas, la protec-tion des phoques, que sais-je ? Pour dénoncer le réchauffement clima-tique. Ah, ces sujets dénudés agi-tant leurs attributs dans des vi-gnes de pinot bourguignon, ça nous change de l’ours polaire ago-nisant sur son glaçon ! Mais à force de s’adresser aux yeux plutôt qu’à la pensée, le message le plus juste se noie dans le spectacle : même s’il faut montrer son cul pour atti-rer les caméras, on se croit origi-nal, et on est exhibitionniste. Reste la religion. Certes, La vie de  Brian a bien fait rire, sauf dans les pays où l’on ne descend pas du singe, mais de la croix, et l’on peut soutenir sans aller en taule que Jésus fricotait avec Ma-deleine. Mais il serait maladroit de rappeler que la troisième épouse d’un autre prophète avait, selon les hadiths, quatre ans de moins que la jeunette de Polans-ki : cherchez le tabou… ✹

jacques gaillard

mot pour mot

6 | Gamberge(d) ébats

bakchich hebdo | mercredi 14 octobre 2009

Manip Les compagnies à bas prix ne sont plus du tout ce qu’elles étaient. L’écart entre les tarifs d’appel qu’elles proposent et ceux que l’on paie au final ne cesse de se creuser. Taxes, frais divers plus ou moins imposés et cachés font exploser la facture. À ce jeu, Ryanair excelle.

Les low cost, c’est du vol «P remiers à cliquer, pre-

miers servis. » C’est le principe appliqué par les sociétés rei-

nes du « pas cher » qui prolifè-rent dans le transport aérien. Mais obtenir les tarifs promo-tionnels proposés sur les sites de ces compagnies relève de l’impos-sible. Prix d’appels quasi introu-vables, taxes et frais cachés sont les deux mamelles du low cost pour gonfler la facture.Rendez-vous donc sur le site de Ryanair, l’un des acteurs histori-ques du secteur. La compagnie irlandaise vous propose de voya-ger dans toute l’Europe pour le prix de quatre tickets de bus : 6 euros ! Oubliez la grisaille : di-rection Venise, Barcelone, Milan, Rome, Porto ou Pise. Ryanair an-nonce un million de places bra-dées, pendant trois jours, pour une période de vols qui s’étend jusqu’au 27 mars. Souris en main, nous avons si-mulé plusieurs trajets pour un couple avec un bébé. Première remarque : depuis des années, Ryanair (abus de Guinness ?) s’obstine à faire croire que Paris et Beauvais c’est blanc bonnet et bonnet blanc, alors qu’il vous faudra partir de l’Oise pour un Paris-Barcelone (notez que c’est mieux que de décoller de Perpi-gnan). Même chose à l’atterris-sage, qui se déroulera sur l’aéro-port secondaire de Gérone, situé à 90 km de Barcelone ! Patience, ce n’est pas terminé. Des frais « annexes » s’ajoutent subrepticement à votre facture. Outre les taxes d’aéroport, Rya-nair ponctionne au passage 10 euros par personne et par tra-jet au titre des frais d’enregistre-ment, 5 euros également pour les « frais d’administration de paie-ment », (carte bancaire), y com-pris si le trajet de toute la famille a été payé avec une seule et même transaction ! Bref, nous nous re-trouvons avec un aller-retour à… 258,98 euros. Vous emmenez une poussette ? Dix euros. Trois bagages ? Quarante-cinq euros. Vous de-mandez à monter en priorité pour être assis côte à côte ? Neuf euros. La facture pour un service banal s’élève maintenant à 322,98 euros. Soit neuf fois les 36 euros annoncés (trois vols à 6 euros multipliés par deux pour l’aller-retour). Attention, encore faut-il penser à imprimer vos billets. Faute de quoi – c’est la dernière trou-vaille de notre irlandais qui, elle, commence à faire des re-

mous –, il faudra régler à l’aéro-port 40 euros par personne et par trajet (soit 240 euros, si, si).Changement de destination : les canaux de Venise. O sole mio. La facture vous arrive comme une tête de gondole dans les dents : 483,76 euros, soit treize fois les 36 euros espérés. En modulant les dates, nous avons tout de même trouvé un billet à 55,90 euros par personne. Alors, les billets à 6 euros ttc ? C’est où et pour qui ? En fouillant bien, Bakchich, qui n’est pas un sot, a déniché un aller-retour Paris-Oslo avec départ un jeudi matin de novembre et retour le mardi soir suivant, pour 12 euros.C’est là que le bât blesse. Quel est, dans le stock de la compa-

gnie low cost, le quota de places à bas prix ? Ryanair n’a pas vou-lu nous répondre. Il y a quelques années, en Alle-magne, suite à la plainte d’une association de consommateurs, la justice avait placé ce genre de compagnies « sous surveillance publicitaire ». Pour éviter d’être attaquées pour « publicité men-songère », elles devaient vendre, au minimum, 10 % de leurs pla-ces au plus bas prix. Mais le tri-bunal de Hanovre n’a pas pu jouer les gendarmes jusqu’au bout car, miracle, l’association a retiré sa plainte ! Sous la contrainte de la Commission européenne, Ryanair a tout de même adouci ses méthodes agres-sives, passant de l’illégalité à la déloyauté : les taxes d’aéroport sont désormais affichées plus tôt dans la navigation sur le site et on peut plus facilement se débar-rasser de l’assurance annulation, qui était évidemment toujours précochée. Cependant, une cu-rieuse mention en rouge apparaît encore : « Frais de gestion non in-clus (le cas échéant). » C’est quoi « le cas échéant » ?

Le concurrent direct de Ryanair, l’anglais Easyjet, est beaucoup plus prudent dans sa communica-tion : sur son site on nous propose un Paris-Berlin « à partir de 23,99 euros ». Pour notre week-end à Venise à trois, les tarifs, bien que transparents, seront loin de ceux de nos rêves : de 577,96 à 688,94 euros. En revanche, on at-territ vraiment à l’aéroport de Venise Marco Polo et, si possible, pas dans l’eau, et non à Trevise, comme avec Ryanair, dont la spé-cialité est d’exploiter les aéroports secondaires, en faisant financer une partie de ses frais par les sub-ventions régionales. Malgré tout, nous sommes en-core loin des tarifs proposés par Air France : 967,15 euros. Notre magnifique compagnie que le monde entier nous envie a donc contre-attaqué en proposant, chaque jour, 15 000 places au prix bas sur l’ancien réseau d’Air In-ter. Mais que veut dire « un tarif bas » chez Air France ? ✹

FRançois nénin

Vous n’avez pas imprimé votre billet chez vous ? Et hop, 40 euros à payer en plus à l’aéroport.

À bord, tout est payant« Cette compagnie est certainement la compagnie la plus rentable du mon-de », analyse un concurrent de Ryanair. À bord, rien n’est gratuit. Le bouillon-nant Michael o’Leary, président de la société, envisageait même récemment de faire payer les toilettes (il discute aussi avec Boeing pour créer des places debout). « Ryanair, c’est aussi un choc culturel pour les pilotes, qui sont surpris de devoir acheter  leur uniforme, de payer leur café et d’apporter leur propre nourriture », nous explique un com-mandant de bord. Mais ce qui est moins drôle, c’est que la compagnie irlandaise s’est mis en tête, à l’aide

d’un nouveau logiciel, de réaliser des économies sur le carburant, partant du principe qu’un emport minimum al-lège l’avion et lui fait donc moins consommer. « Cette  pratique  peut s’avérer dangereuse, s’inquiète notre pilote, car nous  sommes obligés de nous poser coûte que coûte sur l’aéro-port de destination, y compris en cas de mauvaise visibilité ou de météo très défavorable. » Résultat, Ryanair s’est fait épingler par l’administration irlan-daise après plusieurs remises de gaz très « limites ». Le règlement de la compagnie ne dit pas si les toboggans d’évacuation sont payants ✹ F. n.

a Pour réaliser des économies de carburant, Ryanair s’accommode de certaines règles de sécurité.

décollage

Au bazar de la conso | 7Bakchich heBdo | MERcREdi 14 ocToBRE 2009

D ans la nuit de jeudi à ven-dredi 2 octobre, une mo-tion visant à condamner

l’attentat dont a été victime no-tre correspondant en Corse, En-rico Porsia, le 26 août dernier, a été examinée devant l’assem-blée de Corse. Tous les groupes, à l’exception des communistes, se sont abstenus. La motion aurait dû, logiquement, être adoptée : les quatre conseillers ter ritoriaux communistes constituant une majorité face au front des abstentionnistes. Un front large, qui embrasse aussi bien le PRG que les natio-nalistes modérés, et même les « immodérés »… Mais qu’à cela ne tienne. Le groupe UMP a crié au scandale et a imposé que le scrutin soit invalidé. Ainsi, lors d’un deuxième vote, ses troupes ont, cette fois, voté contre la motion.

La pLupart Des synDicats n’ont pas soutenu notre journaListeL’assemblée de Corse ne condamnera pas un attentat contre un journaliste. La majo-rité UMP l’a voulu ainsi. L’es-time, la solidarité et la sympa-thie ne sont visiblement pas les qualités premières qui viennent à l’esprit aux troupes de Camille de Rocca Serra, député UMP de la Corse-du-Sud, président de l’assemblée de Corse, lorsqu’on évoque la presse… Surtout, si

elle s’intéresse de près aux af-faires locales ! Quant à l’opposi-tion, le PC mis a part, tout le monde regardait ailleurs. « Il est tout à fait choquant que les syndicats de journalistes, à l’exception de la CGT, aient opté pour  le  silence,  donnant  ainsi l’impression d’approuver l’atten-tat dont a été victime Porsia », soulignait récemment l’écrivain Gabriel-Xavier Culioli, dans le Journal de la Corse. Imperturbable, l’auteur insiste : « Émile Zuccarelli, dont les com-muniqués inondent la presse au moindre plasticage, s’est aussi tu. C’est indigne d’un homme qui se  réclame  en  permanence  des principes  démocratiques,  par-don, républicains. Même mutis-me du côté de  l’UMP, qui aura grand mal demain à protester quand certains de ses élus seront victimes de pareilles méthodes. Silence assourdissant du côté de l’extrême gauche locale, qui se contente d’un insipide communi-qué de cinq lignes… La plupart des “taiseux” ont été pris à partie par Porsia et cha-cun d’entre eux a dû se dire “bien fait pour lui”. C’est triste, mais c’est  ainsi.  Mais  c’est  surtout dangereux. Car ce silence assour-dissant est un signe de compli-cité objective adressé aux plas-tiqueurs,  les  renforçant  dans leur perversité. » ✹

la rédaction

expLosif

Marianne Miné par une arMée Mexicaine ?la société des rédacteurs de Marianne (SrM) est fébrile à l’approche de la pro-chaine assemblée générale. En effet, explique son bureau dans une récente note, l’hebdo ressemblerait à une armée mexicaine. « Le journal compte actuelle-ment 1 directeur, 1 directeur de la rédaction et 6 directeurs adjoints », auxquels s’ajou-tent « 1 conseiller éditorial, 9 rédacteurs en chef, 1 directeur artistique, 3 chefs de service, 1 coordinateur ». Soit 23 person-nes pour encadrer les 22 personnes figu-rant officiellement dans l’ours ! c’est d’ailleurs pour recadrer tout cela que le directeur de l’hebdomadaire, Maurice Szafran, est allé recruter Bernard Guetta, l’éditorialiste de France inter, pour effec-tuer un audit du journal. Une mission qui enchante modérément laurent neumann, l’actuel directeur de la rédaction… ✹

rectificatifdans Bakchich numéro 2, nous écrivions, nous laissant même aller à quelques railleries, que Marc-olivier Fogiel avait interviewé Michel Serrault sur la mort de sa fille. las ! il n’en est rien. toutes nos excuses à l’animateur. Pour punition, l’auteur de l’article devra écouter la ma-tinale d’Europe 1 tous les jours jusqu’à ce que MoF revienne à la télé ✹

vite fait

f acebook en chiffres, ça file le tournis : 300 millions de mem-bres, 1 million de nouveaux

messages par jour, plus de 2 mil-liards de photos et 14 millions de vidéos téléchargées chaque mois… Et ce n’est pas le minot, fondateur du réseau social, Mark Zuckerberg, qui va s’en plaindre. Sa société est aujourd’hui valori-sée à 10 milliards de dollars. Il n’empêche. Outre les multiples polémiques sur le respect de la vie privée et la revente de certai-nes données aux annonceurs, le leader incontesté des réseaux sociaux n’est pas à l’abri d’un dérapage. Ainsi, comme le montre le dessin ci-dessus, les contrôles de sécu-rité, appelés « captcha » (ces codes que l’on vous demande de taper pour vérifier que vous n’êtes pas un robot) recèlent de jolies perles. Par exemple, au moment de s’ins-crire sur le site, un internaute s’est récemment vu demander de taper « mentally  pederast ». En français dans le texte : « mentale-ment pédéraste ». Charmant.Cela vous choque ? Vous voulez une explication ? Ce serait inté-ressant car ce dérapage n’est,

semble-t-il, pas isolé. Le site bri-tannique Poorhouse a rapporté l’existence d’un message tout aussi délicat : « rape now ». Litté-ralement, « viole  maintenant ». Une charmante injonction que Bakchich vous déconseille de sui-vre. Sollicité, le service de presse de Facebook n’a toujours pas ré-pondu à nos interrogations. On a même essayé de le « poker », mais sans succès.

Le site ne peut pas contrôLer ses coDes De sécuritéPour Christophe Gauthier, jour-naliste à l’Ordinateur individuel, « ces associations de mots ne sont en fait que le  fruit du hasard et Facebook n’a pas de contrôle des-sus. » La mise en œuvre de cette procédure de contrôle, explique-t-il, est sous-traitée à la société Recaptcha, rachetée récemment par Google. Ces mots sont générés de façon aléatoire à partir des scans d’archives de journaux ou de livres anciens. Une manière pour eux de protéger les sites contre des hackers, une manière pour l’internaute de tomber sur des captchas décapants ✹

SiMon PiEl

Maux De passe De facebookperLes

Veinards, Bakchich vous en met décidé-ment plein la vue ! chaque semaine, rendez-vous sur www.bakchich.tv pour une enquête vidéo fouillée, des sujets d’actualité caustiques, un microtrottoir impertinent, des zappings vidéo qui exhument le meilleur du web. Et bien sûr, l’édito politique filmé de Jean-Fran-çois Probst.

les vidéos de la semaine :• Enquête : « l’étrange affaire de la scientologie. »• Mitterrand-Polanski : « Probst sexe-prime. »• Micro-trottoir : « les révélations de députés que vous pourriez lire. »• À venir : « la 9e édition du festival documentaire résonances. » ✹

en direct de

a La connexion au réseau social peut réserver quelques surprises.

attentat De L’uMp corse contre La presse qui gêne

MotionDemande d’examen prioritaire Considérant que le 26 août dernier le véhicule du journaliste Enrico PORSIA a été détruit par un engin explosif;Considérant qu’un tel acte est inacceptable et que l’intimidation ne peut être considé-rée comme élément du débat démocratique;Considérant que l’explosion a eu lieu à quelques mètres de l’habitation où se trou-vaient sa famille et ses enfants endormis.L’Assemblée de Corse :- condamne cet attentat- réaffirme son attachement à la liberté et au pluralisme de la presse- exprime sa solidarité à Mr PORSIA et à sa famille.

a la motion condamnant un attentat visant un journaliste a été… refusée.

îLes et pirates

8 | Au bazar des médias bakchich hebDo | MErcrEdi 14 octoBrE 2009

LIFTING La presse people s’assagit. Pour éviter de coûteux procès et attirer le lecteur, elle se rabat sur les demi- vedettes de la téléréalité. Et les logiciels de retouche photo tournent à plein pour gommer les vilains défauts.

On n’achève plus les starsTout fout le camp ! Même

la presse people n’est plus ce qu’elle était. C’est la crise et, là aussi,

la tendance est à l’économie. Les publications judiciaires coûtent cher et défigurent les couvertu-res, notamment celles de Voici. « On s’est assagi avec  le  temps, mais on est toujours aussi mor-dants », assure un chef de rubri-que. Les photographes ne sont plus les héros de cette presse-là. « Ce qui est vrai pour Voici ne vaut pas  pour  Closer. Nous  sommes plus jeunes et nous sommes lea-ders. Depuis le début on cherche à capter le plus de lectrices possibles, on ne cherche à être ni gentils ni méchants, c’est du cas par cas. Et ça marche », explique Laurence Pieau, la directrice de la rédac-tion de Closer.Faire ami-ami avec les stars ou les demi-peoples de la téléréalité ra-meute en tout cas les lecteurs. Ainsi, la vague Secret Story a re-donné de l’espoir à des rédactions moroses. Même les plus sages, comme celle de Gala, s’y intéres-sent. Jean-Claude Elfassi, le pho-tographe qui a sous contrat la plupart des participants de l’émis-sion, est un garçon heureux. Pour interviewer Romain, Angie et leurs petits camarades, le passage devant son objectif est obligatoire. Dans la bataille qui oppose les ti-tres people, c’est Voici qui annonce le premier le mariage de Angie et

Romain. Mais Closer, qui, lui, a zappé les services d’Elfassi, ripos-te. Et avance que cette histoire d’amour est bidon ! Grande inter-rogation métaphysique. Le coup de foudre de Romain aurait-il pu surgir après qu’il a vu Angie sous sa douche sur TF1 ? Le sexe a ses raisons que la raison ignore. Cette tendance floue qui laisse croire aux gentils lecteurs qu’on

piège les stars, qu’on les photogra-phie à leur insu et qu’on dévoile des secrets qu’elles ne découvri-ront qu’en kiosques n’est pas vrai-ment une entourloupe récente. Ces mises en scène ont déjà été racon-tées par des vétérans de la presse people, comme Jacques Colin, l’an-cien directeur de la rédaction de Voici, qui explique l’art et la ma-nière de cette vérité-fiction dans

Voilà ! 1663 jours dans les coulisses de Voici (éditions Ramsay).La nouveauté, c’est que, Photos-hop aidant, on retouche les cli-chés pour présenter les peoples sous leur meilleur profil. Un pé-ché véniel, quand on se souvient qu’Étienne Mougeotte dans son Figaro a carrément effacé la trop chic bagouze de Rachida Dati.

PaTrIck BrueL « se veNd mIeux » avec uN veNTre PLaTChez les peoples, on suit la doctrine de Paris Match : on efface les rides et disgracieux bourrelets, comme le magazine l’a fait pour Nicolas Sarkozy, un peu trop bien en chair, à l’été 2007. Le 1er août, Voici a dé-lesté d’une petite bouée naissante sa plus belle prise de l’été, Patrick Bruel. Laurence Ferrari et son nouvel époux, le violoniste Renaud Capuçon, en vacances, ont eu droit à la même faveur. Il faut croire que les photos du chanteur ont été prises contre son gré, puisqu’il demande mainte-nant des dommages et intérêts. Question existentielle : on se de-mande ce que cherche Voici en recréant un nouveau Bruel. « C’est un mythe pour midinettes, il se vend mieux avec son ancienne image de play-boy  pour  lycéennes », tente Jean-Pierre Agastin, un ancien agent retiré du show-business et qui a lancé la carrière de Pa-triiick. Limpide ✹

FRANCESCA GASSE

BruITs de La vILLe

Les GrouPIes de cesare BaTTIsTI s’acTIveNT au BrésIL

BaIN de… FLoTTe Pour Le PrésIdeNT Turc à ParIsLa saison de la Turquie en France se veut particulièrement fraîche. Décidée du temps de Chirac, la manifestation est ostensiblement boycottée par Sarko et ses boys, dont on connaît l’hostilité à l’en-trée d’Ankara dans l’UE. Les ma-lotrus ont même séché le dîner offert par l’Ifri (Institut français des relations internationales), mercredi 7 octobre, en l’honneur d’Abdullah Gül, le président turc, descendu au Ritz pour l’occasion. Peu avant le dîner, Gül et sa fem-me (voilée) ont voulu se faire pho-tographier devant une tour Eiffel aux couleurs de la république tur-que. Au moment, hélas, où le dé-luge s’est abattu sur la capitale et l’a noyée sous des trombes d’eau. « On a craint un moment que sa voiture  soit  emportée  par  les eaux », rapporte un membre du dispositif exceptionnel de sécu-rité. Et le président turc d’en être quitte pour un bain…

L’aBBé LesourT N’eNTeNd vraImeNT rIeN aux LIvresPour sa 32e édition, La 25e heure du Livre, le célèbre salon du Mans (qui s’est tenu du 9 au 11 octobre), espérait un coup de maître. Des lectures au sein de la cathédrale Saint-Julien. Des textes de Pelle-tier du Mans, Bernanos, Claudel et Camus devaient être déclamés par des comédiens locaux. Las ! L’abbé Christophe Lesourt, res-ponsable des lieux, a fait la fine bouche devant des écrits sans doute pas assez catholiques. Un comble quand on sait que cet hom-me d’église passe pour un mondain incorrigible. Résultat : pas de lec-ture et repli général sur une très belle chapelle XVIIe mais d’une contenance de seulement 300 pla-ces. Dire que certains se plaignent de ne plus remplir les églises…

aLexaNdre adLer PreNd ses aIsesLe SNJ (Syndicat national des journalistes) peste contre Alexan-dre Adler. Ce chroniqueur profes-sionnel qui intervient dans une émission sur France Culture a, en effet, pris l’habitude de prendre la parole à l’antenne à partir de son portable. Adler y gagne du temps, mais l’auditeur hérite, lui, des cou-pures provoquées par les tunnels, voire par des carillons d’aéroport. Au siège de la station, on s’inquiè-te d’une telle dérive sonore. Certes, Louis XIV commentait l’actualité assis sur une chaise percée... ✹

a deux clics de souris suffisent à délester les célébrités de leurs bouées.

Le PIPoLe de La semaINe

embastillé au Brésil, Cesare Battisti sera-t-il extradé vers l’Italie ? En 1993, l’ancien activiste d’extrême

gauche devenu écrivain a été condamné par contumace à la perpétuité pour qua-tre assassinats dont il se dit innocent. Après avoir voté une première fois en faveur de son extradition (cinq voix pour et quatre contre), la Cour suprême du Brésil doit prochainement réexaminer son cas dans un contexte politique déli-cat : cette vénérable institution est un nid à opposants au Président Lula da Silva, dont le gouvernement a accordé l’asile politique à Battisti en janvier 2009. Depuis, un magistrat de la Cour est dé-cédé, et Lula lui a nommé un remplaçant a priori peu favorable à l’extradition de l’ex-activiste. Au grand soulagement de ses défenseurs dont fait partie l’écrivain, Fred Vargas. La romancière française s’est mise au portugais pour aider son ami et, accompagnée de sa sœur jumelle, porte actuellement le combat à Brasilia pour mobiliser l’intelligentsia locale.

En décembre 2008, Fred Vargas a d’ailleurs rencontré Nicolas Sarkozy, avant qu’il s’envole fêter Noël au Brésil avec Carla. Si cette dernière a nié à la télé ita-lienne agir en sous-main en faveur de Battisti, sa sœur, l’actrice Valéria Bruni Tedeschi, déclarait sur Europe 1 en octo-bre 2008 : « C’est quelqu’un qui n’a plus d’idées terroristes. Je ne vois pas pourquoi il doit être en prison. » La police brési-lienne non plus, visiblement. Les policiers français ont participé à l’arrestation de Battisti sur une plage de Rio de Janeiro, en mars 2007. Ils espéraient prendre l’oiseau la main dans le sac en train de recevoir de l’ar-gent d’une femme venue l’aider. Mais les Brésiliens ont mis un point d’hon-neur à arrêter la donzelle avant qu’elle ne sorte du bois. Puis annulé à la der-nière minute une conférence de presse au cours de laquelle ils auraient pu avoir à servir la soupe à la France, comme à l’Italie. Et toc ! ✹

CAThERINE GRACIET

raGoTs eT Gauchos

Au bazar des pipoles | 9BakchIch heBdo | MERCREDI 14 oCToBRE 2009

Ce n’est pas parce que Sé-bastien Bazin parade chaque soir de match dans la tribune officielle

du Parc des Princes, parfois avec Super Sarko, qu’il est un amateur de foot. Certains pensent encore que cet homme au profil de gen-dre idéal a acheté le PSG via Co-lony Capital – un fonds américain crée par Thomas Barrack, un an-cien de l’administration Reagan, dont il est le patron pour l’Euro-pe –, pour pouvoir en faire un grand club européen. Ce qui fait bien marrer la France du foot. Et lui aussi, probablement. S’il a monté cette opération, c’est avant tout pour transformer le stade de la porte d’Auteuil en un gigantes-que centre commercial et de conférences. Un emplacement de rêve dans le XVIe arrondissement, et plusieurs dizaines de milliers de mètres carrés à aménager. On imagine déjà la cash-machine. Mais voilà. La mairie de Paris a

fait savoir qu’elle souhaitait d’abord lancer un appel d’offres pour la rénovation du Parc. Bazin devra attendre, et ses actionnaires avec lui.Mais, comme tout bon manager le sait, il faut toujours avoir plu-sieurs fers au feu. Et Bazin est un bon manager. « J´ai rémunéré les capitaux confiés à notre fonds à un taux supérieur à 20 % », déclarait ce charmant garçon aux journa-listes en 2005. Pour maintenir sa moyenne, le sieur Bazin a multi-plié les prises de participation, notamment dans le groupe hôte-lier Accor et dans Carrefour, deux enseignes qui pourraient parfaite-ment s’inscrire dans le projet de centre commercial géant au Parc.Colony est entré au capital d’Accor en 2004 avec un projet simple : lui faire vendre les murs de ses hôtels pour dégager du cash et gonfler les dividendes versés aux actionnai-res. Mis sous pression, son p-dg, Gilles Pélisson, a accepté de ven-

dre les murs de ses 158 hôtels For-mule 1 pour 252 millions d’euros. Une coquette somme, mais Accor va devoir maintenant payer un loyer. Pas glop pour la rentabilité de l’entreprise. Et Bazin ne comp-te pas s’arrêter à la ligne médiane. Accor possède aussi une activité de chèques de toutes sortes (res-taurants, cadeaux…) pour les en-treprises. Un business juteux qui représente 13 % de son chiffre d’af-faires et a généré près de 20 % du résultat brut d’exploitation de 2,29 milliards d’euros en 2008. Le patron de Colony Europe réclame une cession de cette branche via une mise en Bourse, histoire de faire remonter le cours d’Accor.

Le raid de Bazin sur Carrefour Lui Coûte très CherLe dossier Carrefour est tout aussi emblématique de la gestion Bazin. Celui-ci a convaincu Bernard Ar-nault, un autre grand humaniste qui possède notamment LVMH, de partir à l’assaut de ce groupe. En-trés au capital du distributeur au printemps 2007, ils en ont rapide-ment pris 13 % avec une idée sim-ple : transférer les murs des supers et hypermarchés du groupe dans une structure ad hoc qui serait cotée en Bourse. À l’époque, des analystes assuraient que l’immo-bilier de Carrefour valait autant que l’entreprise, soit 40 milliards d’euros. Mais la crise est passée par là et Bazin et Arnault sont, comme on dit, collés. L’immobilier a chuté et surtout les titres qu’ils avaient achetés environ 55 euros sont tombés à 30. Une perte poten-tielle de plusieurs centaines de millions d’euros. Agaçant. En tout cas bien davantage qu’un carton encaissé par le PSG ✹

jean-roque fellet

PSG : au Parc, on centre… commercial

a(r)gent

L ’OM attaque les soldes avec un peu d’avance. Sur le ter-rain, où s’enchaînent les dé-

faites et des prestations très moyennes, mais aussi en coulis-ses, où le club solde son passif avec son ancien président, Pape Diouf. Débarqué de son poste de président du directoire de la SASP (Société anonyme de sport profes-sionnel), en mai dernier, le volu-bile Sénégalais a continué de tou-cher son confortable salaire : 50 000 euros par mois encaissés durant tout l’été dans la plus grande légalité, son contrat en tant que salarié de l’OM n’étant pas encore résilié. Depuis, d’intenses tractations se sont engagées entre un Pape re-monté et l’entourage de Robert Louis-Dreyfus (RLD), feu le pro-priétaire du club. Avec, en maître d’œuvre, le légataire de RLD, Xa-vier Boucobza. Le tout dans la plus grande discrétion. Habitué aux grandes envolées, Diouf n’a guère pipé depuis cinq mois. Mais ça devrait changer très vite.Selon les informations glanées dans l’entourage du club, début octobre, les négociations ont enfin abouti. Avec un accord sur le montant de l’indemnité de l’an-cien président compris « entre un et cinq millions d’euros », estime un spécialiste de l’OM. Vraisem-blablement, trois.De quoi voir venir et Pape buller. Mais un léger incident est venu modifier un peu la donne et brouiller l’horizon de Diouf : une perquisition au siège du club mar-seillais, lundi 5 octobre, conduite par la brigade financière locale. Agissant dans le cadre d’une en-quête préliminaire, les flics ont emporté tous les documents liés à l’arrivée et au départ de l’inter-national Franck Ribéry, qui a joué

au Stade Vélodrome entre 2005 et 2007. Des transferts qui avaient été conclus à l’époque sous le haut patronage de Pape Diouf. Mais depuis des mois, Bruno Hei-derscheid, l’ancien agent de Ri-béry, accuse l’ex-président de l’OM d’avoir, avec son ancien bras droit, Julien Fournier, produit des faux. Tant pour recruter le joueur que pour éviter de payer la com-mission de son agent. Frustrant. D’autant que le tribunal arbitral du sport a condamné Bruno Hei-derscheid à verser 400 000 euros à Ribéry sur la foi de documents que l’agent déclare « faux ».

Cette agitation autour d’un joueur phare de l’équipe trico-lore a réveillé la Fédération française de football (FFF). Dé-posée en mai 2008, objet d’une enquête préliminaire depuis no-vembre, la plainte d’Heiders-cheid n’a été prise au sérieux par la FFF qu’à l’été dernier. Le 30 juin, son président, Jean-Pierre Escalettes, s’est même fendu d’une lettre recensant tous les courriers et les faits évoqués par Heiderscheid, en pointant leur gravité… Résultat, en atten-dant d’y voir plus clair, l’OM pourrait être tenté de geler les indemnités de son ancien prési-dent. De quoi réveiller les foudres de Pape ✹

xavier monnier

L’oM soLde ses CoMptes

Le montant de l’indemnité de départ de pape diouf pourrait atteindre 3 millions d’euros.

Conversion Sébastien Bazin, propriétaire du club de foot parisien, goûte plus la gestion immobilière que le ballon rond. il veut entourer son stade de caisses enregistreuses.

CoCoriCo

L a France a, depuis 15 ans, conquis le monde. Et ce, sur le terrain sportif. Triple cham-

pionne du monde (1995, 2001, 2009), championne d’Europe (2006), championne olympique en titre (2008) et, pour la deuxième fois consécutive, un joueur français (le gardien Thierry Omeyer, après l’arrière Nikola Karabatic) est sa-cré meilleur joueur de la planète. C’est la 3e fois en six ans que le coq français, chantant les pieds dans la bouse, fait cocorico.

Évidemment, il n’est pas question de football, dont l’équipe de Fran-ce tremble avant d’affronter les Îles Féroé. Ni de rugby ; la meil-leure prestation du XV tricolore depuis 10 ans a été d’envoyer son coach au gouvernement Sarkozy. Mais d’un sport né aux confins de la Scandinavie, le Thorball, de-venu Handball en Allemagne. De-puis 15 ans, l’Hexagone produit les plus beaux joueurs et offre le plus grand palmarès à un sport collectif français. Un sport où la

simulation demeure difficile, compte tenu de la taille du terrain et des corps à corps constants. Où les envolées spectaculaires et les buts s’accumulent. Et donc les titres. Mais qui ne bénéficie ni de sponsors, ni de retransmissions télé, réservées au câble… Royalement, le journal L’Équipe du 10 octobre accorde une demi-page à la consécration internatio-nale d’un Français. D’aucuns pourront crier au chauvinisme des médias français… ✹ x. m.

La presse pas très handBaLLée

CraMpons et portefeuiLLes

10 | Au bazar du sport BakChiCh heBdo | mercredi 14 octoBre 2009

Retrouvez les vraies raisons du départ de Diouf sur www.bakchich.info

solidarité

Bédérésistance | 11Bakchich heBdo | mercredi 14 octobre 2009

Les « crimes » de Khalid Gueddar

liBerté d’eXPressioN Le caricaturiste, collaborateur de Bakchich, a été arrêté le 29 septembre à casablanca. motif d’inculpation : « Injure au dra-peau. » Un prétexte destiné à faire taire l’auteur, jugé insultant à l’égard de mohammed Vi. en publiant ses dessins, nous lui redonnons de la voix.

28 avril 2007, le Président tunisien, ben Ali, se prépare à accueillir Nicolas Sarkozy.

6 septembre 2007, des élections législatives très transparentes au maroc.

11 décembre 2007, mouammar Kadhafi est royalement reçu en France par Nicolas Sarkozy.

10 juin 2008, VGe assure que, dès 1977, omar bongo soutenait Jacques chirac.

15 juin 2009, mahmoud Ahmadinejad est élu Président de la république islamique d’iran pour la deuxième fois.

26 février 2008, Abdelaziz bouteflika annonce qu’il lorgne un troisième mandat.

coup d’épée

Sur l’un des sommets de la carrière, on fut même le premier assistant du ré-dacteur en chef adjoint

coiffant les pages « culturelles ». À ce poste, on centralisait la co-pie des collaborateurs, non sans le désagrément, parfois, de conve-nir du talent d’autrui, et l’on re-lançait les retardataires qui étaient en général les plus aptes à l’emploi des mots.M. Ezine appartenait à la catégorie et, pour obtenir un sursis de vingt-quatre heures, avançait des argu-ments divers. Tantôt sa grand-mère était à l’agonie – elle poussa l’obligeance jusqu’à mourir deux fois pour la commodité de son descendant. Tantôt la rou-geole clouait au lit toute sa famille, si un épouvantable accident de la circulation sur le périphérique ne ren-dait pas impossible l’accès de la capitale, M. Ezine ha-bitant la campagne dont l’air vivifiait son style. Un jour il raconta que, tra-vaillant comme à l’accoutu-mée à une table dans son jardin, en raison d’une ab-sence momentanée – il avait

couru répondre au téléphone –, une vache qui broutait l’herbe du champ voisin avait passé son mu-fle par-dessus la haie et avalé tous ses feuillets, sa déclaration d’impôts comprise. Que lui ré-pondre ? On attendrait encore un peu l’article qui charmerait le lecteur, mais qui renforcerait en-core la réputation de fantaisie attachée à M. Ezine.

Connaît-on bien ceux que l’on connaît de longue date, surtout dans une salle de rédaction où une cordialité de vestiaire mas-que les sentiments ? Il jouait bien la comédie de la désinvolture, Jean-Louis qui, jusqu’alors, avec une rare économie, n’avait signé que deux romans… Chaque indi-vidu porte en lui une blessure secrète : elle découle, coule et

suppure depuis. Ici [Les taiseux, de Jean-Louis Ezine, Éd. Galli-mard] quelqu’un de talent s’est décidé à débrider la plaie. Il a af-fronté la vérité de ses origines et cette vérité le déshabille comme la foudre le fait avec le berger, en même temps qu’elle lui imprime sur l’épaule la photo d’un incon-nu. Ou la fleur de lys de Milady. Ezine est le patronyme d’un père

d’adoption qui était un complet abruti. La mère dont les gens bien louaient les services – à tous les sens du verbe – n’avait qu’à moi-tié avoué, avant que l’eau d’un canal ne se referme sur le corps de cette dépres-sive aux mains déformées par les travaux – admirable portrait… Elle en avait juste assez révélé pour que la vie du fils ne fut plus que la recherche d’un fantôme qui ne gagne guère à s’in-carner : un banal séducteur à moustache qui, telle la dame du dictionnaire, se-mait à tous les vents. Des enfants, il en avait partout, tant et si bien qu’à son en-terrement, deux veuves se présentèrent au curé, cha-cune de bonne foi, si l’on

ose dire à propos d’une église. Double, triple, voire quadruple existence du dénommé Robert, que l’auteur reconstitue avec une patience d’enquêteur disposant de faibles indices, sans jamais se départir de l’ironie sous-jacente dans ses papiers, et peut-être par instants se l’applique-t-il trop fort à lui-même lorsque, pour s’éloi-gner du drame, il ressemble au pêcheur qui, avec sa gaffe, écarte sa barque de la rive.Ce sont aujourd’hui, papiers de famille, ultime convocation de-vant le tribunal dont les juge-ments ne sont jamais exécutés si, en revanche, toutes les peines sont réservées aux survivants.

Dehors, le brouillard du pays d’Auge qui suscite des formes propices aux rêves nervaliens et à la noyade. À l’intérieur, dans le domestique, selon la formule du XVIIe siècle, un silence favorable à l’éclosion des chimères. Ezine en établit la liste sur un ton qui le rapproche de Blondin, s’il faut à tout prix lui trouver un géni-teur digne de lui. On savait déjà que la Normandie est la région la plus riche qui soit en écri-vains. On sait désormais que même les vaches, Salers ou Cha-rolaises, s’y nourrissent de belles lettres ✹

Notre Père, qui êtes odieux Angelo rinAldiLe plus iconoclaste de nos académiciens nous livre sa lecture des Taiseux. Avec minutie, l’auteur y raconte la recherche de son père inconnu, « un fantôme qui ne gagne guère à s’incarner ».

AbdicAtion

i l existe encore des journalis-tes qui prêchent la pénitence pour leur profession. Bénis

soient-ils. Philippe Merlant et Luc Chatel, publieurs de vérités à La Vie et Témoignage Chrétien, îlots de li-berté préservés par Dieu, sont les ultimes spécimens d’un métier oublié que l’on nom-mait « journalisme ». Leur ouvrage, Médias. La faillite d’un contre-pouvoir (Éd. Fayard), sent le Coca chaud et le café froid de ces sal-les de rédaction où se blottissent les petits soldats d’une presse réconfortante, donc peu dérangeante. Les deux auteurs du bouquin dénon-cent le glissement progressif d’un journalisme debout vers un

journalisme assis et qui finira, si rien ne l’arrête, couché. Que dire de l’investigation, cette « fouille des recoins », et de « l’exploration des marges » ? Apparemment, « il

ne s’y passe rien », puis-que la presse ne relève plus, ou presque, que les petits clapotis du « reflet superficiel de la société ».Le livre est une ethno-graphie limpide du journalisme de notre temps. Comment les faits divers conti-nuent-ils de faire di-version des vrais dra-mes, comment les journalistes s’enfer-ment dans une vision du monde qu’ i ls

croient « naturelle », comment le spectaculaire et la fascination pour « les gagnants du pouvoir »

invitent à la passivité plus qu’à l’engagement. Enfin, comment la « rivalité mimétique » entre journaux, condamne le lectorat à ce que « le monde reflété dans les colonnes ou sur les ondes ne soit plus le leur ». Ce qui expli-que la rupture entre le public et le journal.À trop se regarder dans le mi-roir, la presse écrite en oublie-rait presque que cette glace peut devenir mouroir. L’introspection des dérives du système médiati-que a valeur d’extrême-onction : « C’est la confession et non le prê-tre qui donne l’absolution », di-sait Wilde. Philippe Merlant et Luc Chatel donnent des solu-tions pour que la presse se re-dresse, au propre comme au fi-guré. Bakchich fait partie des recettes élues dans ce livre ! Deo gracias ✹

louis cabanes

Médias. La faillite d’un contre-pouvoir, de Philippe Merlant et Luc Chatel, Éd. Fayard, 326 pages, 19 euros.

MédiAs M’en toMbent...

Les taiseux, de Jean-Louis Ezine, éditions Gallimard, 16,90 euros.

Jean-louis ezine a affronté la vérité de ses origines et cette vérité le déshabille comme la foudre le fait avec le berger.

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effeuillAges

�4 | Un peu de culture bAkchich hebdo | MeRcReDi 14 octobRe 2009

on s’fait une toile ?

La peur au cinéma, c’est un truc sérieux.- Absolument. Te plonger dans un climat d’inquié-

tante étrangeté, te faire vibrer, frissonner avec des artifices pure-ment cinématographiques, ce n’est pas à la portée du premier venu.- J’ai l’impression que les nou-veaux films d’horreur cherchent moins à faire peur qu’à te trans-former en voyeur sadique.- C’est vrai qu’ils sont étranges ces films de « torture porn », ces séries B qui déclinent les images des sévices de la prison d’Abou Ghraib ou de la décapitation du journaliste Daniel Pearl.- Comme Hostel par exemple ?- Hostel est passionnant à plus d’un titre, notamment parce qu’il ques-tionne les règles du genre. Mais il y en a d’autres, beaucoup moins fréquentables, comme Saw, Capti-vity, The Butcher ou Martyrs. On est dans l’exploitation pure et sim-ple, une succession de tortures à la tenaille rouillée. On regarde ça comme on regarde les accidents de voitures : hypnotisés et révulsés à la fois. Mais le plus choquant, c’est la nullité crasse de la plupart de ces produits, mal écrits, réalisés avec les pieds et « interprétés » par des bimbos trépanées.

- Ca fait peur ?- Pas vraiment, ça écœure plutôt. Je me souviens de la projection du premier Hostel, plus aucun critique ne regardait l’écran lors des scènes hardgore ! Pour Go-dard, quand on va au cinéma, on lève la tête. Mais avec des trucs comme Saw ou Hostel, on regar-de ses pompes…- Mais des films qui font peur, il y en a encore ?

- Le Petit Nicolas fout vraiment les jetons.- Arrête. Et la suite de The Des-cent ?- Ouiiiiii…- Raconte !- Le film débute quelques heures après la fin du premier volet. Après une virée dans une grotte peuplée de bébêtes gloutonnes, Sarah, la seule survivante des six apprenties spéléologues, se re-

trouve clouée sur un lit d’hôpital, quasi amnésique. Pour lui faire retrouver ses petites copines et ses esprits, un flic l’embarque pour un petit tour de manège dans la grotte-de-l’enfer-qui-tue.- Et ça gicle ?- Oui. Comme le premier, un dé-calque souterrain d’Alien, The Descent 2 joue sur nos peurs pri-males. La claustrophobie, la peur de ne plus pouvoir avancer, le noir total, le vide, le dégoût du suin-tant ou de la pourriture… Avec, cette fois encore, une orientation très gore. À la manière d’un Lucio Fulci, le sang coule à gros bouillons, on arrache les artères carotides, perce les tempes à la chignole, écrase les crânes…- Beurk. À t’écouter, on est en plein « torture porn ».- Le film s’apparente à un « survi-val » des années 70, genre La Col-line a des yeux. On est dans l’ac-tion, le suspense haute tension, le grand Guignol avec de brusques

éjaculations d’ultraviolence. Pas dans la contemplation de tortures plus ou moins sadiques.- C’est aussi fort que le premier ?- Non, et ce, pour trois raisons. C’est moins une suite qu’un re-make et les scénaristes, pas gênés de faire revenir des personnages morts dans le premier, dupliquent les meilleures scènes de l’original. Bref, du cinéma copier-coller.

il manque une chose importante : un metteur en scèneDe plus, nos scribouillards ont oublié la grande idée au cœur du premier opus, à savoir celle du retour à la nature. Comme dans Délivrance, The Descent nous mon-trait des personnages déterminés à rester en vie jusqu’au bout et qui revenaient très vite à l’état sauvage. Le retour à la nature, c’est surtout le retour à la nature profonde de l’homme (ou de la femme) : la barbarie. Il manque également un metteur en scène ! Ancien monteur, Jon Harris ar-rive à faire illusion, mais il plante lamentablement une série de mor-ceaux de bravoure, notamment un passage en équilibre au-dessus d’un précipice, tourné avec trois rochers en papier crépon.- Bon, je fais quoi, je visionne pour la 23e fois La Féline de Jac-ques Tourneur ?- Tu aimes les monstres tapis dans l’ombre, les filles qui rampent dans des orifices étroits et humides ? - Hum, tu m’excites là.- C’est fait exprès. Et puis il y a l’obscurité totale, le hors-champ… Y aurait-il quelque chose de plus fort que le hors-champ ? ✹

zappette

The DescenT 2 : un niveau en Dessousmarc godinun groupe aux prises avec une meute de bébêtes dans une grotte sombre et humide. La suite de The Descent joue toujours sur nos peurs primales. Barbare, et pas très original.

V iol sur mineur et pédophilie étaient cette semaine les deux mamelles de l’audimat. Dans Ce

soir ou jamais, émission de salut public, l’exemplaire Gisèle Halimi stoppe le TGV de la sympathie, celle des artistes, ex-primée à Polanski. L’avocate nous ra-mène au dossier : viol, sodomie, drogue, le tout sur une gamine de 13 ans. Avant ce rappel à la décence, l’unanime ta-page fait autour de Polanski était éton-nant. Ah ! Quelle grande famille que ces artistes, jolis oiseaux qui pondent leurs œufs sur le malheur des autres. Viol au-dessus d’un nid de coucous ? Le plus sidérant est la pétition signée par nos amis de la culture et du divertisse-ment, ils évoquent « une affaire de mœurs ». Mœurs pas drôles. Viol à Los Angeles : Oui. Viol au Darfour : pas bien. L’argumentation est d’ajouter, « la victime ne souhaite plus la poursuite de son agres-seur ». Mais qui sait que la jeune femme, contre de l’argent, a signé un papier se-lon lequel elle abandonne les poursuites ?

Polanski a « plaidé coupable », tout en refusant d’assumer le prix du marché : la prison. Et s’est mis en cavale.Sur la chaîne 13ème Rue, Karl Zéro, qui, depuis l’affaire des supposées orgies de Toulouse, continue néanmoins de l’ouvrir, s’est braqué sur l’Ordre du Temple Solaire (OTS). Le bien nommé Zéro secouait un vieux marronnier dans l’espoir de relier l’OTS aux assassinats de Henri IV et Ken-nedy. Interviews de dingos, de grapho-manes obsédés, des sottises anciennes bricolées en neuf. Cette inutile résurgen-ce nous a rappelé le sort fait à Michel Tabachnik, chef d’orchestre si doué.

abuser d’une gamine de 13 ans sous le ciel de californie, c’est « fun »Pour le plaisir de tenir un procès spec-tacle, un juge de Grenoble a naguère décidé que le musicien avait à voir avec les suicides du Temple Solaire. Cette accusation sans fondement va flinguer onze ans de la vie du maestro. Qui, d’une relaxe l’autre, répondant

fidèlement aux convo-cations des tribunaux, va sortir de là rincé, mais debout et inno-cent. Ici, pas de péti-tion, pas de solidarité, pas d’indignation du magma artistique. Violer une gamine de 13 ans sous le ciel de Californie est une pul-sion fun. Se réunir avec une cape sur le dos et des bougies allumées pour « mé-diter »… Voilà le vrai crime.Le retour au réel est venu, hélas, de la demoiselle Le Pen, dans les Mots Croisés de France 2. Une Marine de guerre, pour la cause du FN, flingue un Frédéric Mitterrand qui a tout fait pour. Elle le tue en direct avec ses propres mots, extraits d’un livre de confession où le ministre décrit son

plaisir à sauter des éphèbes tarifés en Thaïlande. Voilà Frédéric averti, à contretemps ? Jadis, on nous deman-dait d’avoir tort avec Sartre plutôt que raison avec Aron. Temps bénis. Aujourd’hui, il nous faut avoir raison... un peu tout seuls ✹ J-M. b.

The Descent : Part 2, de Jon Harris, avec Shauna MacDonald, Natalie Mendoza, Krysten Cummings. En salles le 14 octobre.

Directeurs de la rédaction : Nicolas beau, Xavier Monnier • Conseiller éditorial : Jac-ques-Marie bourget • Chroniqueurs : Angelo Rinaldi, Matthieu Adenil, Daniel Carton, Jac-ques Gaillard, Marc Godin, Doug Ireland, Eric Laurent • Rédacteurs en chef édition : Eric Walther, Cyril Da • Maquette : Rampazzo et associés (conception), Émilie Parrod • Secré-taire de rédaction : Sarah Zegel • Rédaction : Monsieur b., Sacha bignon, Émile borne, Louis Cabanes, Gaëlle Corvest, Éric de Saint-Léger, Lucie Delaporte, Marion Gay, Catherine Graciet, Eric Laffitte (rubrique people), An-thony Lesme, Laurent Macabies, Simon Piel, Enrico Porsia, bertrand Rothé (rubrique conso), Grégory Salomonovitch, Anaëlle Ve-rzaux• Dessinateurs : baroug, Ray Clid, Kha-lid, Kerleroux, Mor, Morvandiau, Nardo, Oliv’, Pakman, PieR Gajewski • Directeur de la publication : Xavier Monnier.Groupe bakchich, SAS au capital de 51 430 euros • Siège social : 121 rue de Charonne 75011 Paris.

CPPAP : en cours • ISSN : en cours • Dépôt légal : à parution • Impression : Print France Offset

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Viol au-dessus d’un nid de coucous

technicolor

Un peu de culture | �5bakchich hebdo | MERCREDI 14 OCTObRE 2009

VERSEAU, 20 JANVIER - 18 FÉVRIERAlors là, vous bouillez, Nicolas Sarkozy ! Le Nobel de la paix attribué à Barack Obama, ça

vous donne envie de casser la baraque ! Vous n’aviez pas ménagé vos efforts pour l’obtenir en Géorgie et, en neuf mois, l’Américain vous l’a piqué. L’éloignement de Mercure n’est pas fait pour vous aider dans les prochains jours. Pour vous calmer, trottez rue de la Paix.

POISSONS, 19 FÉVRIER - 20 MARSRisque d’un mal de dos persis-tant, François Fillon. Vous pre-nez quotidiennement acte

qu’il vous sera difficile de rester à Matignon jusqu’à la fin du quinquennat. Le week-end passé au Vatican peut générer un miracle. Reste aussi à exprimer vos souhaits.

BÉLIER, 21 MARS - 21 AVRILPériode calme pour vous, Xa-vier Bertrand, à la tête de l’UMP. Saturne vous laisse tranquille. Préférez un fruit aux

barres céréales avant les meetings.

TAUREAU, 21 AVRIL - 20 MAIGrosse pression à venir, Brice Hortefeux. Nicolas Sarkozy compte axer sa politique,

d’ici à 2012, sur les questions d’immigra-tion, de sécurité, et de fiscalité. Vous avez du pain sur la planche, d’autant plus que vos collègues Éric Besson et Éric Woerth ont bien retenu la leçon pour placer leurs pions. Courrez camarade, ou l’avenir sera derrière vous.

GÉMEAUX, 21 MAI - 21 JUINGrâce à Saturne, qui est en plomb, vous avez obtenu, François Bayrou, une interview dans Le Monde. Vous y avez

déclaré : « J’essaie d’être l’accoucheur d’un espoir crédible pour le pays. » Bains salés pour œdème des chevilles.

CANCER, 22 JUIN - 22 JUILLETEn alimentant la polémique Mitterrand, Benoît Hamon, vous avez créé l’émoi au sein

du PS. Une manière, pour certains fourbes, de plus globalement vous critiquer, vous. Profitez de la tempête pour aller au cinéma (pas Le Petit Nicolas). Retour au calme prévu dans les prochaines heures.

LION, 23 JUILLET - 22 AOÛTDécidément, le zodiaque est contre vous, Frédéric Mit-terrand. Après le soutien ap-porté à Roman Polanski et la

polémique sur vos écrits, vous voilà à nou-veau mis en cause. Cette fois-ci, à La Réu-nion, où vous vous étiez porté, avant de devenir ministre, témoin de moralité. Vous aurez besoin de faire le point sur votre situa-tion professionnelle. Sommeil perturbé.

VIERGE, 23 AOÛT -22 SEPTEMBREVous avez dit non, Ségolène Royal, à votre copine Martine Aubry, qui souhaitait votre en-

trée au bureau national du PS. Décidément, la communication paraît brouillée entre vous. Pensez à vérifier que votre téléphone est branché ou vous risquez l’isolement.

BALANCE, 23 SEPTEMBRE - 22 OCTOBREVous accrocher ou pas ; il n’y a que vous qui puissiez décider, Frédéric Lefebvre. L’arrivée

d’Uranus ne peut pas vous faire de mal. Elle devrait même favoriser votre créativité. Évi-tez les aliments trop salés.

SCORPION, 23 OCTOBRE - 21 NOVEMBREVous voilà à mi-parcours du procès Clearstream, Domini-que de Villepin. Mars le lutteur

est au plus près de votre signe et vous en profitez. Pensez à surveiller votre tension.

SAGITTAIRE, 22 NOVEMBRE -20 DÉCEMBRELa cure de fer vous a fait du bien, Rachida Dati. Vous avez récupéré des forces et engran-

gé deux bonnes nouvelles « politiques » en moins d’une semaine. Après avoir été invi-tée par Nicolas Sarkozy à l’accompagner au Kazakhstan, vous avez fait votre entrée au musée Grévin. Cette médiatisation n’est pas pour vous déplaire. Risque de perturbations à prévoir du côté du Conseil d’État et du Parlement européen.

CAPRICORNE, 21 DÉCEMBRE - 19 JANVIERVous avez renoncé, Roselyne Bachelot, à conduire la liste UMP pour les régionales dans

les Pays-de-la-Loire. Une décision qui ne vous attire pas que des sympathies à droite. Vous n’en avez cure. Pour vous, le plus important était de rester ministre. Un brochet au beur-re blanc à prévoir cette semaine ✹

L’hOROSCOPE D’ELISABETh FEISSIERPLANèTES POLITIqUES

COUP DE BOULE

BhL PLONGE LE PS DANS UN COMA ROyAL

L es lecteurs de polars le savent bien, curieux de l’effet produit, le tueur

revient toujours sur le lieu de son crime. Mardi 6 octobre, c’est ce qu’a fait l’un des grands as-sassins de la gauche, Bernard-Henri Lévy, en venant constater ce qu’il reste du grand cadavre renversé du parti socialiste ; à Paris, au théâtre Dejazet, char-mante salle de la République, où le courant de Ségolène Royal te-nait meeting. Aux côtés de la Madone, notre équarrisseur pour tous, qui a osé « romanquêter » sur la mort de Daniel Pearl, a exprimé son désir d’avenir : « Voir une gau-che remodelée au-delà des appa-reils qui la corsètent… » Autre-ment dit, finir de noyer le vieux bébé socialiste dans l’eau du bain libéral, et même dans l’eau bénite du divin Bayrou. Cette fois, BHL sera certain que le cadavre, peut-être encore un poil marxiste, ne bougera plus jamais.

Autoproclamé, il y a trente ans, « nouveau philosophe », c’est sous la dictée de François Furet que le plus beau décolleté de Paris, et ses amis, ont découvert que toute révolution conduisait à la barba-rie. Donc, que notre société issue de 1789 était totalitaire. Que les Droits de l’Homme, d’urgence, nous imposaient de rester bien sages en votant Mitterrand, dans sa version Fabius. Des valeurs sûres comme on dit en Bourse. Voilà l’origine du crime perpétré au ralenti. Et Michel Foucault, phare longue portée de la gauche, afin de mieux vendre ses livres, appuyait la démarche crimino-gène de la jeune bande à BHL. Désormais, le parti communiste disqualifié et l’extrême gauche prise dans ses chimères, la vraie politique n’était plus dans la lutte des classes mais dans le hip-hop des concerts de SOS Ra-cisme ou dans des parties de houla hoop avec Soljenitsyne. Une musique déjà Royal ✹

jACqUES-MARiE BOURGEt

COUP DE GRIFFE

COUP DE COUDE

NOBÉLITUDE

D ès qu’un Américain est nobélisé, et il y en a eu de nombreux, vous, Gau-

lois, vous vous offusquez et vous êtes jaloux. Pour le grand hon-neur rendu à Barack Obama, soyez beaux joueurs. Vous dites que c’est un peu tôt, comme si Obama prétendait à la présidence de l’EPAD… Nous, Africains, rien que pour les deux discours de Philadelphie et du Caire, considérons que le Prix Nobel lui revient autant

qu’en son temps à Sadate, notre Président égyptien. Certes, après ce prix, le patron des États-Unis va devoir agir en-core plus pour la paix : puisse-t-il d’urgence rendre une visite per-sonnelle en Birmanie à Madame l’autre Prix Nobel. Alors, Ségo-lène Royal qui, elle, ne le trouve pas naïf, dira qu’Obama est le champion de la nobélitude, sur-tout s’il règle enfin le sort de la Palestine ✹

S.A.R. LE PRiNCE POKOU

BON SANG

Culture | �FRANCE

�6 | Ben la DerChAUD, ChAUD, ChAUD

bakchich