Balade à pied d’Aumont-Aubrac (Lozère) à Figeac (Lot)28/9/2011- 4/10/2011. (177,4 km. 46h30 de marche. 2515 m de dénivelé +)

Mercredi 28 septembre 2011Aumont Aubrac - Prinsuéjols 15,5 km. Très beau temps. 4h de marche.

Il fait très beau, c’est normal car nous avons anticipé notre départ en raison d’un bel anticyclone qui doit nous assurer une semaine de très beau temps. Nous sommes partis de Lyon en train à 6h34, et après deux heures d’attente à Clermont-Fd le car pour Mende nous a transporté jusqu’ici.Dès le départ nous sommes sur un très beau chemin sablonneux qui bientôt traverse une pinède puis des pâturages. Jacques me raconte qu’une de ses premières mission était justement de venir à Aumont-Aubrac représenter notre directeur dans le projet d’aménagement de la RN 9. La réunion se tenait à l’hôtel Prouhèze, juste en face de la gare, c’était en 1972. N’ayant à l’époque ni expérience, ni compétence, ce fût me dit il un grand moment de solitude. D’entrée, des graffitis annoncent la couleur,

Forte pensée d'un pèlerin (dans un passage sous A75!)Tout l’après-midi nous serpentons dans le même type de paysage. A 18h nous arrivons par une petite route à Prinsuéjols, il y a là quelques maisons mais c’est à peine un village. Nous sommes bien reçus au relais de Prinsuéjols, tenu par une dame blonde qui est la providence de tous les chiens de la région. C’est pourquoi, devinant sans doute où nous allions un chien nous a suivi pendant les deux derniers kilomètres. Nous sommes les seuls clients du gîte et du restaurant où nous apprécions un repas simple. Le gîte est dans l’ancien presbytère.

Jeudi 29 septembre 2011Prinsuéjols - Laguiole 34,4 km. Très beau temps. 8h30 de marche. 350 m de dénivelé +.Cette journée est une magnifique traversée du plateau de l’Aubrac. Nous commençons la journée par la rencontre d’un sympathique éleveur (en retraite) venu voir quelques bêtes. Il s’agit de vaches de race Aubrac croisée avec des Charolais, facile à reconnaître car plus claires de robe que l’Aubrac pure race. Malgré le sec, ce paysan n’a pas besoin de nourrir ses bêtes avec de la paille comme dans certaines

régions. Les plus belles bêtes partent toutes en Italie pour y être engraissées avant de finir en

escalopes...

Après une demi-heure de marche nous rejoignons le chemin de St Jacques de Compostelle et tout de suite nous rattrapons quelques pèlerins. D’abord un couple dont chaque membre tire une sorte de brancard ou de brouette sur laquelle sont posé le sac. Ces engins sont de fabrication maison. A notre avis la roue n’est pas assez grande mais bon !...Ensuite nous rattrapons une dame blonde dans un joli coin orné de gros blocs de granite, puis un couple de géants étrangers, sans doute allemands ou hollandais. Un peu avant midi nous sommes au centre de Nasbinals, capitale de l’Aubrac, et nous pique-niquons derrière l’église.Après avoir bu un café chez Bastide nous revoilà parti en direction du nord. En effet nous avons décidé de nous rendre à Laguiole par le chemin qui fait le tour des monts d’Aubrac.Le problème c’est que c’est encore à 20 km et qu’il est impossible de se loger en route.Nous passons donc à St Urcize (Cantal) puis nous rentrons peu après en Aveyron. Nous alignons les kilomètres à travers d’immenses pâturages, parsemés de troupeaux de bovins. Nous apercevons aussi quelques burons

.Vers 18h30 nous arrivons enfin à Laguiole et nous nous arrêtons au gîte (www . legitedelaguiole . com / ) situé au-dessus d’une librairie. C’est parfait nous sommes seuls et nous n’aurons même pas à partager les sanitaires avec d’autres pensionnaires. Nous faisons un repas aubracois à l’hôtel Aubrac.

Le plateau d'Aubrac

Vendredi 30 septembre 2011

Laguiole - abbaye de Bonneval. 21.4 Km. Très beau temps.6h de marche. 300 m de dénivelé+.

Le boeuf gras d'Aubrac à LaguioleBien renseignés par notre hôte de Laguiole nous décidons d'arrêter notre marche vers l’ouest en direction d’Entraygues et de redescendre au sud pour rattraper le chemin de St Jacques. La raison de ce choix est que les chemins en direction de l’ouest ne sont pas très bien orientés et que l’on aurait risqué de marcher beaucoup trop sur des routes goudronnées. Nous voilà donc parti au sud. Après quelques kilomètres parcourus dans les pâturages de l’Aubrac nous rejoignons les gorges boisées de la Flaujaguèse. Nous faisons beaucoup de détours et les pentes à gravir sont nombreuses dans ces grands bois inhabités où nous ne rencontrons pas âme qui vive. Nous pique-niquons au bord de la rivière, à 600m d’altitude, dans un endroit humide à hauteur de la passerelle installée par Mot’Aubrac.Peu avant Canto Messo nous découvrons l’abbaye de Bonneval ( Abbaye Notre - Dame de Bonneval - Wikipédia) qui se situe en face à peu près à la même altitude que nous.

Abbaye de de Bonneval

Après une descente raide et une remontée qui l’est tout autant nous nous présentons au magasin de l’abbaye avec l’intention de faire le plein d’eau. Jacques demande s’il est possible de passer la nuit ici. C’est possible et une soeur âgée nous conduit à l’étage chacun dans une cellule ultra dépouillée, dont les principaux ornement sont un crucifix et une image de la vierge. Il y a toutefois une petite table et même un fauteuil ce qui me permet d’écrire presque confortablement.Nous pouvons prendre une douche et nous pourrons manger quand à 18h35 la cloche sonnera dans la cour. Nous mangeons au réfectoire avec 3 autres personnes, un repas que les soeurs ont préparé et maintenu au chaud dans une armoire chauffante.

Samedi 1 octobre 2011Abbaye de Bonneval - Estaing. 20,1 km. Très beau temps. 5h30 de marche,150 m de dénivelé +.

Après un petit déjeuner à base de chocolat (fabriqué par les soeurs de Bonneval) nous sommes sur le chemin avant 8h. Nous commençons par suivre le chemin de croix de l’abbaye. Le sentier serpente à travers des prés puis un joli sous bois. Bientôt nous descendons au niveau de la rivière que nous longeons assez longtemps sur un large chemin qui nous conduit jusqu’au village médiéval de Flaujac , village fortifié du XIIIème siècle. Nous avons changé de pays, ici les vaches sont plutôt de race limousine et les pierres des maisons sont couleur lie-de-vin. Nous rejoignons les bords du Lot et nous sommes presque aussitôt à Espalion. Le temps de boire un café et d’acheter une paire de chaussettes nous voilà repartis. Le GR65 nous fait passer devant la chapelle St Pierre de Bassuéjouls où une de mes nièces s’est mariée en 2000. Nous grimpons dans le clocher fortifié pour voir la chapelle haute.Une pente raide nous mène ensuite sur une sorte de causse très sec, fréquenté par les brebis. Il fait vraiment chaud et après la redescente dans la plaine nous sommes contents de pouvoir nous abriter du soleil sous le porche de l’ église de Tredou pour pique-niquer.

Estaing

Nous arrivons à Estaing par les bords du Lot et nous obtenons la clé du gîte communal qui est en fait une ancienne chapelle. Nous pensons que la ville vit largement du passage des pèlerins, le soir à l’auberge Saint Fleuret, je dénombre 18 pèlerins sur 26 clients ! Il est facile de les identifier en regardant les pieds des convives. La plupart sont soit en pantoufles, soit ont les pieds couverts de mercurochrome et de pansements. Le chemin de St Jacques est un chemin de douleurs pour beaucoup....Nous faisons un très bon repas arrosé d’un vin rouge (VDQS d’Estaing) très honnête.

Dimanche 2 octobre 2011Estaing - Sénergues 29 km. Très beau temps. 6h30 de marche. 500m de dénivelé +.

Nous quittons la “chapelle” de bonne heure, vers 7h15. Après un bon café nous traversons le pont pour prendre le GR6 (c’est en fait une variante du GR65) qui dès le départ monte rapidement par un beau et surtout très ancien chemin. Les traces des charrois sont très visibles

Traces inscrites dans le rocher ,

inscrites dans le rocher qui sert de socle au chemin. Il aura fallu des milliers de passages de lourds convois pour obtenir de telles traces.Le chemin passe le plus souvent sur les crêtes et parfois à flanc de coteau. Malgré un relief accidenté le chemin à “l’intelligence” de ne pas prendre tous les vallons de travers. Vers 11h30 une marcheuse nous rejoint à Campuac alors que nous étions arrêtés pour un grignotage de 11h, en plaisantant je dis à Jacques que le fait est assez rare (se faire rejoindre par des marcheurs) pour être signalé dans mon compte-rendu.Une heure plus tard, cette marcheuse à qui nous avions cédée notre place nous rattrape à nouveau. Comme nous étions en train de pique-niquer elle nous rejoint et nous faisons pique-nique commun. Dans la conversation nous évoquons divers voyages et en particulier l’Afrique qu’elle nous dit bien connaître. En parlant du Sahel je lui dis que je n’irai plus parce que ce serait prendre le risque de se retrouver otage. A notre grande stupeur elle nous déclare avec émotion qu’elle est restée otage 5 mois et demi d’Al-Queda au Maghreb. Capturée à Arlit en septembre 2010, elle a été libérée en février mais son mari Daniel, géologue au BRGM, est encore aux mains des ravisseurs.Nous repartons avec cette marcheuse exceptionnelle, d’un pas très vif nous allons jusqu’à Espeyrac où elle compte s’arrêter pour la nuit mais le gîte communal est fermé et elle continue avec nous d'un pas plus raisonnable jusqu’à Sénergues où une belle maison (Le gîte de Sénos , un ancien couvent) avec terrasse nous accueille pour la nuit.Le soir il n y a pas de demi-pension car nous sommes dimanche et avec Françoise et deux berrichons qui nous ont rejoint nous faisons un petit casse-croûte commun. Il y a une belle vue sur la vallée où la nuit tombe.

Lundi 3 octobre 2011Sénergues- Conques -Decazeville. 30 km. Très beau temps. 8h30 de marche. 715 m de dénivelé +

Vers 8h30 nous partons en direction de Conques, le principal “joyau” situé sur notre itinéraire. Effectivement deux heures plus tard nous arrivons pas une descente très raide aux premières maisons du village. Nous savourons un café bio (et hors de prix !) pour nous remettre. L’office du Tourisme n’a pratiquement pas d’information sur le GR65 en direction de Figeac, il est impossible de consulter une carte un peu précise, je peux juste récupérer quelques adresses d’hôtels et de gîtes sans indication précise de leur localisation, ce qui intéresse pourtant au premier chef les marcheurs que nous sommes.Après un tour dans l’église St Foy et un aperçu du cloître nous retrouvons notre marcheuse qui s’arrête à Conques et repartira à Aumont-Aubrac par la Malle Postale (société qui transporte les bagages et même les pèlerins).

Conques (Aveyron)

Dès la sortie de Conques il faut gravir une colline par une forte pente. depuis une chapelle le chemin offre une belle perspective sur Conques. Peu après le sommet le GR se divise, nous laissons la variante sur notre gauche pour aller en direction de Prayssac. Assez rapidement nous trouvons que le chemin fait beaucoup de détours et effectivement la variante quoique qu’empruntant beaucoup de routes goudronnées était plus courte. Ceci nous sera confirmé par un jeune canadien rencontré à l’étape le soir même. La fin de l’étape consiste en une longue descente de 7 km sur Decazeville. Le gîte des volets bleus est agréable même si nous devons laisser nos sacs à dos à l’extérieur en raison de la lutte contre les punaises de lit, qui sont un vrai leitmotiv dans la plupart des hébergements que nous avons fréquentés. Le tenancier du gîte nous indique le restaurant Foulquier pas trop loin et assez correct.

Mardi 4 octobre 2011Decazeville - Figeac. 27 km. Très beau temps. 7h30 de marche. 200 m de dénivelé+

Dès le départ nous remontons par un chemin pentu qui nous amène à St Roch. Peu après il faut redescendre à travers un bois jusqu’au niveau du Lot, le traverser et entrer dans Linvinhac-le-haut qui comme son nom ne l’indique pas est situé au plus bas. Cette localité, pourtant assez importante (1300h) n’a l’eau potable que depuis 1953 ! Après le village il faut évidemment remonter sur les collines pour sortir de la vallée, nous atteignons un puech (sommet) 175 m plus haut, puis le chemin suit heureusement les crètes jusqu’à Montredon. Nous faisons une longue halte près de l’église de St Félix. La suite du parcours assez aisée, descend en pente régulière jusqu’à Figeac, citée natale de Champollion. Nous sommes déjà passés par là mais nos souvenirs sont assez flous sauf en ce qui concerne la reproduction de la fameuse “Pierre de Rosette”. Figeac possède un quartier ancien très important. Nous dormons à l’hôtel St Jacques près de la gare

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Mercredi 5 octobreRetour en train via Aurillac, Arvant; Clermont Fd et Lyon.

ConclusionNous avons fait preuve d’un bel opportunisme en faisant confiance à la météo qui annonçait une belle semaine. On peut même dire que nous avons souffert un peu de la chaleur l’après-midi dans les coteaux bien exposés. Ceci dit, le matin c’était un régal de marcher dans la fraîcheur. Indéniablement dans les tronçons appartenant au chemin de St Jacques il est bien plus facile de trouver le gîte et le couvert que sur un itinéraire autre. On peut même dire que le chemin du pèlerinage est une opportunité pour les

Reproduction de la pierre de Rosette à Figeac (Lot)

régions traversées, avec un budget de 40 € par jour pour chacun des 10 000 pèlerins annuel c’est une manne de 20 000€ par kilomètre de chemin qui irrigue ces régions.

Toujours plus loin vers l'Ouest !