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Bataille-Rapport d'Étonnement ANDES Constance Bataille

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Constance Bataille (Majeure PIM)

Rapport d’étonnement

Semaine d’immersion :

 ANDES (Association Nationale de Développement des Epiceries

Solidaires)

I. Compte-rendu de la semaine d’immersion

1. Visite du siège social

Nous avons commencé par nous rendre rue Domrémy, dans le 13ème arrondissementde Paris où se situe le siège social de l’Association. L’accueil a été très chaleureux etnous avons pu échanger avec toutes les personnes présentes ce jour là. Nous avonsrencontré notamment Guillaume Bapst, le directeur, Gauthier Hauchart, leresponsable de l’Insertion par l’Activité Economique, Romuald Corlou, directeur RH,Claire Salomon et Véronique Blanchot, responsables du développement et del’animation réseau, Morgane David, chargée de l’adhésion des épiceries solidairesau réseau et de l’approvisionnement, et enfin Axelle Monier, chargée du projet detransformation des fruits et légumes.Toutes ces personnes nous ont expliqué l’organisation et le fonctionnement del’association, elle nous ont parlé de leur travail, de façon très concrète, et nous ontpermis de bien comprendre les missions et l’état d’esprit de l’équipe et du réseau ANDES.J’ai vraiment été touchée par leur dévouement et leur implication dans la rencontre etl’échange que nous avons eus avec chacune d’entre elles.

Nous avons eu un entretien assez long avec Guillaume Bapst, le fondateur duréseau ANDES, un homme très charismatique et motivé par son travail. Sa bonnehumeur et son énergie dans la création sont presque contagieuses... Il nous aexpliqué son parcours ainsi que ses objectifs et les principes et la philosophie de son

action. J’ai vraiment été très contente de partager sur les valeurs qui sont lesfondements de son association.

2. Visite du site du Potager de Marianne à Rungis

Nous nous sommes ensuite rendues sur le M.I.N. de Rungis pour la visite de l’AtelierChantier d’Insertion (ACI), le Potager de Marianne. L’association récupère lesinvendus du M.I.N., les produits sont alors triés par les 16 salariés en insertion.Chaque jour ce sont 5 tonnes de fruits et légumes qui sont distribués vers lesépiceries d’Ile de France.

Nous avons rencontré Arnaud Langlais, le responsable du site, qui nous a réservé unaccueil très chaleureux et nous a consacré du temps pour nous expliquer son travail

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et les problématiques liées aux chantiers d’insertion. Nous avons également puéchanger avec Emilie Croguennec, accompagnatrice socioprofessionnelle de l’ACI et Abdel Belhattab, encadrant technique de l’ACI. Ils nous ont permis de comprendrequel accompagnement était proposé aux salariés pour un retour vers l’emploi et lasignification de leur engagement au quotidien.

Nous avons eu la chance de participer à une livraison d’épiceries solidaires. Noussommes partis avec une personne en insertion pendant une demi-journée. Pour moice moment passé dans le camion sur la route et dans les bouchons a été uneexpérience très forte. J’ai en effet eu la chance de partir en livraison avec Isabelle,une jeune femme en insertion chez ANDES depuis septembre 2009 et pour qui cenouvel emploi après trois années passées chez elle est une vraie chance. J’ai pupartager sur son expérience passée et les difficultés qu’elle a du surmonter pour« s’en sortir ». Aujourd’hui, Isabelle effectue son travail avec beaucoup de sérieux etde motivation, elle est extrêmement consciencieuse et a un vrai désir de bien faireafin de pouvoir ensuite retrouver un travail dans une entreprise classique.

3. Visite d’une épicerie solidaire : Solépi

L’épicerie de Chevilly-Larue a été créée en décembre 2009 avec l’aide de la mairiequi a mis à disposition des locaux situés au cœur du centre commercial de la villeaprès avoir réalisé de gros travaux et remis à neuf les locaux. Nous avons étéimpressionnées par le parfait état de l’épicerie et les moyens mis en œuvre pour quecelle-ci ressemble un maximum à une épicerie classique. Une superbe cuisineparfaitement équipée permet aux familles de venir régulièrement pour des atelierscuisine et des moments de partage et de convivialité.

 Après la visite de l’épicerie nous avons eu un échange passionnant avec MarieBigot, la responsable de l’épicerie. Elle nous a expliqué très concrètement son travailet les différentes aspects et problématiques de l’épicerie. Cette discussion a permitde traduire en pratique ce que nous avions entendu au siège social surl’organisation des épiceries solidaires et les éléments qui fondent la charte duréseau.

II. Analyse des points marquants

1. La nourriture, un « prétexte » pour l’action sociale

Le premier élément qui m’a marqué pendant la semaine est le discours récurrent desmembres de l’association considérant la nourriture comme un moyen de redonnerconfiance à des personnes en difficulté et non une fin en soi. Les familles clientesdes épiceries solidaires consacrent une grande part de leur budget à la nourriture, leréseau ANDES les aide concrètement à réduire des dépenses mais l’objectif del’association est beaucoup plus ambitieux. Les objectifs sont, parmi d’autres,d’assurer un suivi social des foyers, de leur permettre de surmonter une périodedifficile, de trouver un endroit accueillant où ils puissent parler librement de leurs

problèmes et créer du lien social.

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Tout est organisé et pensé de façon à ce que les clients des épiceries solidairespuissent reprendre confiance en eux et en l’avenir. L’ « estime de soi » est uneexpression que j’ai souvent entendue au cours de nos échanges. Par exemple, lavolonté de garantir des produits de qualité est très présente. Les fruits et légumessont triés de façon très rigoureuse afin de proposer des produits de qualité. Et les

épiceries solidaires insistent pour avoir de bons produits. Chez Solépi, Marie nous aexpliqué qu’elle veillait toujours à avoir quelques produits de marques pour que lesclients se sentent valorisés et qu’éventuellement ils aient le choix lors de leursachats. Jamais le client ne doit se considérer comme un client de second rang. Dansle même sens, les épiceries solidaires sont équipées de caisses qui permettent auxclients de payer leurs produits (la contribution varie entre 10 et 30% du prix réel duproduit).De même, sur le site de Rungis, les salariés en insertion bénéficient de conditions detravail tout à fait comparables à celles d’une entreprise classique. L’association tientparticulièrement à la qualité dans toutes les actions qu’elle entreprend et il y a dontun fort investissement dans les outils mis à disposition. Par exemple, lorsqu’Axelle

nous a parlé du projet de transformation des fruits et légumes, elle a vraiment insistésur le fait que les machines devaient être très performantes et permettre un travail dehaut niveau. Rien n’est laissé au hasard ou ne doit être fait de façon artisanale.

Pour moi, Guillaume Bapst résumait parfaitement son état d’esprit en disant qu’ilvoulait « faire du beau » !

2. L’accompagnement des personnes en réinsertion : une chance pour« s’en sortir »

L’ « atelier chantier d’insertion » (ACI) de Rungis a été créé en avril 2008. La créationd’un chantier d’insertion et la livraison de tous les réseaux d’aide alimentaire (passeulement celles du réseau ANDES) était une condition de la Direction Générale del’Action Sociale (DGAS) lors de l’appel d’offre.Le Potager de Marianne est conçu comme une passerelle pour les salariés afin qu’ilspuissent (ré-)intégrer le monde du travail classique rapidement. Cependant, laparticularité de cet ACI est de considérer l’accompagnement social et moral dessalariés comme la priorité. L’essentiel est de redonner confiance à des personnesqui ont souvent été cassées par des épreuves. Finalement peu importe que leschiffres de « sortie positive » soient bons ou pas, le principal est de permettre à la

personne de faire des progrès et d’avancer.D’ailleurs, dans la phase de recrutement, seule la motivation est un réel critère, ainsique la capacité à s’intégrer à l’équipe. L’équipe des encadrants est prête à accueillirtous types de profils et tous niveaux, la motivation vaut plus que le CV (55% despersonnes entrant n’ont pas travaillé depuis deux ans), le but n’étant pas forcémentd’avoir des bons résultats mais d’avancer avec chaque personne à son niveau. Lecritère qualitatif est beaucoup plus important que le critère quantitatif. Parfois, unesortie dite « négative » ne l’est pas forcément au regard des progrès réalisés par lesalarié sur le plan personnel, psychologique, social ou au niveau de sescompétences. Inversement il arrive qu’une personne trouve un CDI mais « rechute »deux mois après…

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La politique est de prendre « des personnes à qui on peut apporter quelque chose »selon Arnaud, j’ai relevé cette phrase qui m’a parue incroyable de la part d’unrecruteur !

L’accompagnement est très personnalisé en fonction des difficultés des personnes

mais tout est fait pour permettre à la personne de se sentir soutenue, aidée etencouragée dans son travail. L’accompagnatrice socioprofessionnelle Emilierencontre les salariés en insertion au minimum une fois par semaine afin de pouvoirsuivre le projet professionnel des personnes. La TRE (Technique à la Recherched’Emploi), les bilans de compétence, les simulations d’entretiens d’embauche et lesateliers informatiques sont les moyens pour elle de suivre les progrès des personnesqu’elle encadre.Il est intéressant de voir que l’accent est mis sur la motivation et l’investissementpersonnel des personnes. Un projet professionnel doit être étudié et suivi pourpréparer la sortie de l’association et l’accompagnatrice est un soutien dans lesdémarches. Il est parfois difficile pour les personnes de se mettre dans en situation

de créer quelque chose quand elles ont connu une situation d’échec.L’équipe encadrant doit trouver un équilibre entre les sanctions et l’aide. Il faut queles salariés soient en confiance et se sentent bien dans leur travail, dansl’association, mais il ne faut pas non plus qu’elles s’habituent trop au rythme et à latolérance de l’ACI car le retour vers l’emploi classique peut être violent. Arnaud nousexpliquait ainsi toute la difficulté d’équilibrer les encouragements et l’aide d’une partet le contrôle et la fermeté d’autre part.Pour Arnaud, trois éléments sont essentiels pour travailler avec des salariés eninsertion : éviter toutes les formes d’injustice, être irréprochable et montrer l’exemple,respecter les personnes.Le statut de salarié en insertion est parfois difficile à supporter par les salariés. Si les ACI sont une chance pour les personnes éloignées de l’emploi, celles-ci ne viventpas toujours bien le fait d’être considéré en échec.

III. Enseignements de la semaine

1. La liberté des bénéficiaires

Lors de cette semaine, j’ai compris que l’aide sociale ne peut se faire sans l’entièreliberté des bénéficiaires. C’est un aspect essentiel chez ANDES. Les foyersbénéficiant de l’aide des épiceries solidaires sont considérés comme des « vrais »

clients.Par exemple Marie nous a expliqué qu’elle veillait à avoir du Coca-cola, du chocolatdans son épicerie car elle ne veut pas obliger les bénéficiaires à avoir une hygiènealimentaire parfaite. Au contraire, elle considère que cela permet aux familles d’avoirune consommation comparable à la société qui les entoure et donc leur permet degarder une vraie dignité. En revanche, Marie organise de nombreux ateliers cuisinepour apprendre aux familles à consommer des fruits et légumes. C’est plus uneincitation et une aide dans les pratiques car les mères de famille ne savent pastoujours comment cuisiner les fruits et légumes.L’association veille à ce que les clients gardent leur dignité et essaie de limiterl’assistanat. Les familles doivent participer à la vie de la structure en payant unecotisation annuelle et paient leurs produits au moment de l’enlèvement.

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En aucun cas le message que l’association veut transmettre ne saurait être une« éducation » des populations. Au contraire, la liberté est vraiment laissée auxbénéficiaires et les messages sont transmis de manière indirecte.

2. La difficulté de mesurer l’impact social

Le travail social qui est réalisé à la fois dans les épiceries solidaires et sur le chantierd’insertion est très difficile à mesurer. Arnaud nous a raconté que les rencontresavec la Direction du Travail au sujet des taux de sorties positives se passent bien carla personne chargée du Potager de Marianne est consciente de l’impact social duchantier. Elle appuie et encourage le travail qui y est fait même si le taux de sortiepositive est assez faible.Il est très difficile de mesurer l’impact social que peuvent avoir ces structures carchaque personne ou chaque foyer bénéficiaire des aides aura des retombéesdifférentes en fonction du contexte, de la situation de départ, des liens sociaux qui se

sont créés. Finalement j’ai trouvé que tout le travail social qui est réalisé estlargement basé sur les relations humaines. Il n’y a pas vraiment de schéma gagnant,ou de règle à suivre pour améliorer des situations, le travail se fait vraiment au caspar cas. J’ai beaucoup aimé à ce sujet la discussion / débat que nous avons eu avecMarie chez Solépi. Nous avons abordé le problème de la formation des employésdes épiceries solidaires ainsi que des bénévoles. L’accueil, la chaleur, la convivialitésont des éléments essentiels pour le réseau, ils font d’ailleurs partie de la charte.Cependant, sur le terrain, les rapports humains ne sont pas toujours évidents.Comment s’assurer que l’équipe encadrante de chaque épicerie solidaire ait uncomportement adapté et exemplaire avec chaque client ? Cela n’est pas facile et letravail des bénévoles pour le réseau ne facilite pas les rapports. Le comportement àadopter face aux clients change selon les convictions de chacun. De la charité àl’encadrement de personnes à travers un projet, les approches sont très différenteset génèrent parfois des sources d’incompréhension.

Finalement la création de liens sociaux, élément fondateur du réseau ANDES, est uncritère de réussite très difficile à mesurer. Il faut passer du temps sur le terrain pourapprocher l’impact de l’association.

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Merci beaucoup de nous avoir permis de vivre cette expérience hors du commun etinédite dans le cadre de cours à HEC !