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Dans cette trajectoire, inaugure par Hegel lorsqu'il parle de la
rage de disparatre et de l'art engag
dsormais dans le processus de sa propre disparition, une ligne
directe relie Baudelaire Andy
Warholsous le signe de la marchandise absolue . Dans cette
grande opposition entre le concept de
lure d'art et la socit moderne industrielle, c'est en e!!et
"audelaire qui inente d'emble lasolution radicale. # la menace que
!ait peser sur l'art la socit marchande, ulgaire, capitaliste
et
publicitaire, $ cette objectiation toute nouelle en termes de
aleur marchande, "audelaire oppose
d'emble, non pas une d!ense du statut traditionnel de lure
d'art, mais une objectiation absolue.%uisque la aleur esthtique
risque d'&tre aline par la marchandise, il ne !aut pas se
d!endre contre
l'alination, il !aut aller plus loin dans l'alination et la
combattre par ses propres armes. l !aut suire
les oies ine(orables de l'indi!!rence et de l'quialence
marchandes et !aire de lure d'art unemarchandise absolue. )on!ront
au d!i moderne de la marchandise, l'art ne doit pas chercher son
salut
dans une dngation critique *car alors il n'est que l'art pour
l'art, c'est+$+dire le miroir drisoire et
impuissant du capitalisme et de la !atalit de la marchandise,
mais en renchrissant sur l'abstraction!ormelle et !tichise de la
marchandise, sur la !erie de la aleur d'change- deenant plus
marchandise que la marchandise. %lus loin encore de le aleur
d'usage, mais chappant mme la
valeur d'changeen la radicalisant.
'objet absolu est celui dont la aleur est nulle, la qualit
indi!!rente, mais qui chappe $ l'alinationobjectie en ce qu'il se
!ait plus objet que l'objet-ce qui lui donne une qualit !atale. *)e
dpassement
de la aleur d'change, cette destruction de la marchandise par sa
aleur m&me, est isible dans
l'e(acerbation du march de la peinture /la spculation insense
sur les ures d'art est une parodie dumarch, une drision en soi de
la aleur marchande, toute loi de l'quialence est brise, et on
se
retroue dans un domaine qui n'est plus du tout celui de la
aleur, mais du phantasme de la valeur
absolue, dans l'e(tase de la aleur. 0t ceci est alable non
seulement sur le plan conomique- sur leplan esthtique aussi, nous
sommes dans l'e(tase de la aleur, c'est+$+dire au point o1 toutes
les aleurs
esthtiques *les st2les, les mani3res, l'abstraction ou la
!iguration, le no ou le rtro etc. sont
simultanment et potentiellement ma(imales, o1 toutes peuent d'un
seul coup, par e!!et spcial, !igurer
au hit parade, sans qu'il soit possible de les comparer ou de
ressusciter quelque jugement de
valeur. 4ous sommes dans la jungle des objets+!tiches, et
l'objet+!tiche, comme on sait, n'a aucune
aleur en soi, ou plut5t il a tellement de aleur qu'il ne peut
plus s'changer.
)'est $ ce point que nous en sommes dans l'art actuel, et c'est
$ cette ironie suprieure que isait"audelaire pour lure d'art / une
marchandise suprieurement ironique, parce que ne signi!iant
plus
rien, plus arbitraire encore et irrationnelle que la
marchandise, donc circulant plus ite encore et
prenant d'autant plus de aleur qu'elle perd de son sens et de sa
r!rence. # la limite, "audelaire n'taitpas loin d'assimiler lure
d'art $ la mode elle+m&me sous le signe triomphant de la
modernit. a
mode comme ultra+marchandise, comme assomption sublime de la
marchandise, et donc comme
parodie radicale et comme dngation radicale de cette
marchandise...6i la !orme marchandise brisel'idalit antrieure de
l'objet *sa beaut, son authenticit, et m&me sa !onctionnalit,
alors il ne !aut
pas tenter de la ressusciter en niant l'essence !ormelle de la
marchandise, il !aut au contraire-et l$ est
toute la stratgie de la modernit, ce qui constitue pour
"audelaire la sduction pererse et aentureuse
du monde moderne- pousser jusqu'$ l'absolu cette partition de la
aleur. %as de dialectique entre lesdeu(, la s2nth3se est une
solution molle, la dialectique est une solution nostalgique. 6eule
solution
radicale et moderne / potentialiser ce qu'il 2 a de noueau,
d'original, d'inattendu, de gnial dans la
marchandise, $ saoir l'indi!!rence !ormelle $ l'utilit et $ la
aleur, la prminence donne $ lacirculation sans rsere. 7oil$ ce que
doit &tre lure d'art / elle doit prendre tous les caract3res
de
choc, d'tranget, de surprise, d'inquitude, de liquidit, oire
d'autodestruction, d'instantanit et
d'irralit qui sont ceu( de la marchandise.0(ponentialiser
l'inhumanit de la aleur d'change dans une sorte de jouissance
e(tatique, mais aussi
d'ironie sur les oies indi!!rentes de l'alination. )'est
pourquoi dans la logique !erique+ironique *et
non dialectique de "audelaire, lure d'art rejoint absolument la
mode, la publicit, la !erie du
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code -ure d'art blouissante de nalit, de mobilit, d'e!!ets
irr!rentiels, d'alas et de ertige-,
objet pur d'une mereilleuse commutabilit, puisque, les causes
a2ant disparu, tous les e!!ets sont
irtuellement quialents.
ls peuent &tre nuls aussi, nous le saons bien, mais c'est $
lure d'art de !tichiser cette nullit, cettedisparition, et d'en
tirer des e!!ets e(traordinaires. 8orme nouelle de sduction / ce
n'est plus celle de
la matrise des e!!ets conentionnels, celle de la matrise de
l'illusion et de l'ordre esthtique, c'est
plut5t celle du ertige de l'obscnit-mais qui dira o1 est la
di!!rence 9 a marchandise ulgaire negn3re qu'un uniers de la
production-et Dieu sait si cet uniers est mlancolique : -lee $
la
puissance de marchandise absolue, elle produit des e!!ets de
sduction.
'objet d'art, noueau !tiche triomphant *et non triste !tiche
alin:, doit traailler $ dconstruire delui+m&me son aura
traditionnelle, son autorit et sa puissance d'illusion pour
resplendir dans l'obscnit
pure de la marchandise. l doit s'anantir comme objet !amilier et
deenir monstrueusement tranger.
;ais cette tranget n'est plus l'inquitante tranget de l'objet
re!oul ou alin, cet objet ne brille pasd'une hantise ou d'une
dpossession secr3te, il brille d'une ritable sduction enue
d'ailleurs, il brille
d'aoir e(cd sa propre !orme en objet pur, en nement pur.
)ette perspectie, issue che< "audelaire du spectacle de la
trans!iguration de la marchandise dans
l'0(position =nierselle de >?@@, est suprieure en bien des
points $ celle de Aalter "enjamin. Dansl'Beure d'art $ l'3re de sa
reproductibilit technique, celui+ci tire de la dperdition de l'aura
et de
l'authenticit de l'objet $ l'3re de la reproduction une
dtermination dsesprment politique *c'est+$+
dire politiquement dsespre ourant sur une modernit mlancolique,
alors que le parti de"audelaire, in!iniment plus moderne *mais
peut+&tre pouait+on &tre ritablement moderne au CCe
si3cle, est celui de l'e(ploration de nouelles !ormes de
sduction lies au( objets purs, au(
nements purs, $ cette passion moderne qu'est la
!ascination."re!, il 2 a, pour reprendre l'e(pression de "enjamin,
une aura du simulacre, une aura de la
simulation-tout comme il 2 aait pour lui une aura de
l'authenticit, de l'original. 6i j'osais, je dirais
qu'il 2 a une simulation authentique, et une simulation
inauthentique. )ela peut sembler parado(al
dans les termes, mais c'est rai / il 2 a une raie simulation et
une !ausse simulation. uandAarhol peint ses 6oupes )ampbell dans
les annes EF, c'est un coup d'clat de la simulation, et de tout
l'art moderne / d'un seul coup, l'objet+marchandise, le
signe+marchandise se troue ironiquement
sacralis-ce qui est bien le seul rituel qui nous reste, le
rituel de la transparence. ;ais quand il peintles 6oup "o(es en ?E,
il n'est plus dans l'clat, il est dans le strot2pe de la
simulation. 0n E@, il
s'attaquait au concept d'originalit d'une !aGon originale. 0n
E@, c'est tout le traumatisme esthtique de
l'irruption de la marchandise dans l'art qui est traite d'une
!aGon $ la !ois asctique et ironique*l'asctisme de la marchandise,
son c5t $ la !ois puritain et !erique+nigmatique comme disait
;ar(
-et qui simpli!ie d'un seul coup la pratique artistique. a
gnialit de la marchandise, le malin gnie
de la marchandise suscite une nouelle gnialit de l'art-le gnie
de la simulation. l n'en reste plusrien en ?E, o1 c'est tout
simplement le gnie publicitaire qui ient illustrer une nouelle
phase de la
marchandise. )'est de noueau l'art o!!iciel qui ient esthtiser
la marchandise, et on retombe dans cette
esthtisation sentimentale que stigmatisait "audelaire. 7ous me
dire< / c'est d'une ironie encore
suprieure que de re!aire la m&me chose ingt ans apr3s. e ne
crois pas. e crois au gnie de lasimulation, je ne crois pas $ son
!ant5me. 4i $ son cadare, m&me en stro. e sais que dans
quelques
si3cles, il n'2 aura aucune di!!rence entre une ritable illa
pompienne et le muse %aul Iett2 $
;alibu, ni aucune di!!rence entre la Jolution !ranGaise et sa
commmoration ol2mpique $ os#ngeles en >K?K, mais nousions encore
de cette di!!rence et tirons notre nergie de cette di!!rence.
uand #nd2 Aarhol soutient cette e(igence radicale de deenir une
machine absolue, plus
machinique encore que la machine, puisqu'il ise $ la
reproduction automatique, machinale, d'objetsdj$ machiniques, dj$
!abriqus *que ce soit une bote de soupe ou un isage de star il est
dans le
droit !il de la marchandise absolue de "audelaire, il ne !ait
qu'e(cuter jusqu'$ la per!ection la ision de
"audelaire qui est en m&me temps le destin de l'art moderne,
m&me lorsqu'il s'en d!end / raliser
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jusqu'au bout, c'est+$+dire jusqu'$ la dngation de soi+m&me,
l'e(tase ngatie de la aleur, qui est
aussi l'e(tase ngatie de la reprsentation. 0t quand "audelaire
dit que la ocation de l'artiste moderne
est de donner $ la marchandise un statut hroique alors que la
bourgeoisie ne russit $ lui donner dans
la publicit qu'une e(pression sentimentale-oulant dire par l$
que l'hroisme ne consistait pas du tout$ resacraliser l'art et la
aleur contre la marchandise, ce qui est en e!!et sentimental, et
qui alimente
encore partout aujourd'hui notre cration artistique, mais $
sacraliser la marchandise comme
marchandise, il !ait de Aarhol le hros, ou l'anti+hros, de l'art
moderne, dans la mesure o1 celui+cipousse le plus loin dans les
oies rituelles de la disparition de l'art, de toute sentimentalit
de l'art,
pousse le plus loin le rituel de la transparence ngatie de
l'art, et l'indi!!rence radicale de l'art $ sa
propre authenticit. e hros moderne n'est pas plus celui du
sublime de l'art, il est celui de l'ironieobjectie du monde de la
marchandise, que l'art incarne par l'ironie objectie de sa propre
disparition.
;ais cette disparition n'est pas ngatie, ni dpressie, pas plus
que la marchandise. )'est, dans l'esprit
de "audelaire, un objet d'enthousiasme, il 2 a une !erie moderne
de la marchandise, et il 2 a une !erieparall3le de la disparition
de l'art. ;ais bien sLr, il s'agit de saoir disparatre. Moute la
disparition de
l'art, donc sa modernit, est dans l'art de la disparition. 0t
toute la di!!rence entre l'art pompier,
triomphaliste, du CCe et du CCe, l'art o!!iciel, l'art pour
l'art etc. *qui ne connat d'ailleurs pas de
!ronti3re et qui peut aller du !igurati! $ l'abstrait et $ toute
autre catgorie, cet art n justement autemps de "audelaire, et qu'il
dtestait tellement-et qui est loin d'&tre mort, puisqu'on le
rhabilite
aujourd'hui triomphalement dans les muses internationau(-toute
la di!!rence entre cet art et l'autre
est dans cette abngation secr3te-l'abngation est une ertu
hroique-dans ce choi( presqueinolontaire, presque inconscient, par
l'art authentique, de sa propre disparition.
'art o!!iciel ne eut pas disparatre. l ne joue pas sa propre
disparition. 0t il a disparu pour cela m&me
de nos esprits pendant un si3cle. 6a rapparition triomphale
aujourd'hui, $ l'3re post+moderne, signi!ieque la grande aenture
moderne de la disparition de l'art est termine.
)he< Aarhol, ce choi( se joue consciemment, presque trop
consciemment, trop c2niquement, mais ce
n'en est pas moins un choi( hroique.
