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FRÈRES MARISTES DE LA PROVINCE DU CANADA
Bulletin des archives FMS - Volume 3. #2 (Novembre 2012)
Beauceville : 111 ans de présence mariste
(1894-2005)
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Écrits des frères
Le billet du Frère Alex :
Lettre à maman (10ième anniversaire de décès)
Chère Maman,
Il y a dix ans que je ne t’ai pas écrit. Moi qui t’écrivais une fois le mois de 1931 à
1972 et tu me répondais toujours. Excepté les dernières fois : tes doigts ne
pouvaient plus tenir le stylo, mais ton cœur en avait envie.
Tu me diras, bien sûr : loin des yeux, loin du cœur! Seulement, on n’a pas
l’habitude d’écrire aux disparus. On compose une brève biographie, on parle
d’eux, on conserve des photos, des souvenirs, on évoque la vie quand ils étaient
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avec nous. Mais personne n’ose écrire. Aujourd’hui, et bien, je me décide! Ça fait
trop de fois que cette idée me trotte du cœur à la tête : je l’arrête au passage.
J’ai constamment sous les yeux deux de tes photos. L’une quand tu avais 20 ou
22 ans et l’autre lorsque tu en comptais 95. Je contemple la première et je t’aime
parce que je te trouve belle. Je t’aime encore davantage sur la seconde, parce que
sur celle-là, je trouve la mère que j’ai connue. Alors, j’essaie d’imaginer ta vie
entre ces deux extrêmes. Ce que tu as dû en préparer des repas, en changer des
couches, filer, tisser, ravauder des vêtements, laver la vaisselle, laver le linge,
laver les planchers. Comme tu as dû aussi en réciter des chapelets, en dire des
orémus! De 22 à 97 ans! Je sais que tu as souffert aussi, mais je ne te demande
pas si tu as versé des pleurs. J’ai longtemps cru qu’une maman c’était trop
courageux pour pleurer. C’est curieux, maintenant, je ne m’étonne plus de voir
pleurer les mères. Et je comprends Saint-Augustin qui dit : « Mieux vaut au cœur
humain pleurer et se consoler, que de cesser, en ne pleurant pas, d’être un vrai cœur
humain ». D’ailleurs, pourquoi le Christ a-t-il dit : « Bienheureux »? Qui a-t-il
déclarés bienheureux? Je devine aussi que tu savais rire…Ces plis au visage, ces
astérisques au coin des yeux, n’est-ce pas autant l’effet du rire que de l’usure?
Je vais maintenant te donner quelques nouvelles de la famille. Mais j’y pense, tu
les sais mieux que moi sans doute. Par exemple, que Léopold, Gérard, Rosette et
Baptiste sont partis. C’est notre langage. Nous ne savons pas du tout comment se
reconstituent les familles dans la maison du Père. On sait seulement qu’il y a
plusieurs demeures. Et il en faut, grand Dieu, pour loger la nuée de témoins.
Naturellement, le Maître ne permet à personne de divulguer le secret, et nous
devons continuer d’imaginer dans l’espérance et la naïveté. C’est la béatitude de
ceux qui croient sans avoir vu.
Ceux qui restent demeurent unis comme tu leur as demandé de faire, en les
quittant. Léon à communiqué ton message, le jour même. Moi, je n’étais pas avec
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eux et j’en fus très chagriné. J’ai trouvé un grand vide quand je suis revenu
quatre mois plus tard. Ça été et c’est encore mon sacrifice de ne pas être avec les
autres dans ces circonstances. Tu sais j’en ai manqué plusieurs et ce n’est peut-
être pas fini.
Les jeunes que tu as connus sont différents mais pas mauvais non plus. Ils
rencontrent des difficultés de taille. Ce n’est pas facile pour eux de rester fidèles,
surtout avec la tendance actuelle, on dirait qu’ils éprouvent moins le besoin du
ciel. Et ça nous inquiète. Ils sont affectueux et on les aime beaucoup comme ils
sont, en souhaitant qu’ils se tournent davantage vers les choses d’en haut; qu’ils
regardent le bon Dieu d’un œil plus grand. Dis Maman, est-ce bien comme cela
que nous devons faire?
Partout ou presque, où j’ai visité depuis septembre 1972, j’ai parlé de toi, de ta
façon de vivre, de prier, de nous élever. J’ai raconté la suprême question que tu
m’as posée un jour que tu voulais t’assurer que je priais. Les gens aiment
beaucoup cette histoire. Je te remercie de m’avoir dit ton idée franche et juste sur
la prière personnelle. Les théologiens et les directeurs spirituels n’auraient pas
mieux dit.
Ah, brave mère, comment pourrions-nous t’oublier? Tes paroles, tes exemples,
tes attitudes continuent de nous instruire et de nous guider. Et je pense, aussi,
ton crédit auprès du Père céleste, auprès de la Mère du Perpétuel Secours.
Continue de nous accompagner sur le bout de route qu’il nous reste à parcourir
ici-bas. Elle ne saurait être longue maintenant : nous sommes tous des vieux. Je
cours sur mes 65 et Léon frôle les 80; les autres sont entre. Chemin court sans
aucun doute, mais peut-être rude étape que cette dernière. La vigueur physique
nous lâche. Nous aurons besoin de force morale, d’ardeur spirituelle pour nous
exercer à faire le passage. Vous pouvez faire quelque chose pour nous de ce côté,
vous qui avez réussi le test. Nous comptons sur votre secours. Toi, Maman, tu
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sais bien que le rôle des mères ne se borne pas à engendrer, mais se termine
seulement quand la famille sera reformée dans les demeures du Père.
Je ne t’ai pas parlé de moi. Ça, je n’aime pas le faire, parce que je crains toujours
de me tromper sur moi-même, tant que je ne serai pas confirmé en grâce. Je te dis
seulement que je suis en bonne santé, que je vis heureux, et que je suis
reconnaissant au seigneur de ce qu’il m’a donné par sa mère, par mes parents,
par l’église et par ma congrégation. Et je tâche que tu sois fière de moi.
Je ne me suis pas informé de toi. Je connais ta réponse : « L’œil de l’homme n’a
pas vu, son oreille n’a pas entendu, son imagination ne peut soupçonner ce que
Dieu à préparé pour ceux qui l’aiment (Cor.1,9). » Mes enfants retenez : le ciel en
est le prix! Et chantez-le, bonté divine! Ce n’est pas pour rien que je vous ai
appris à chanter!
Maman, j’aurais encore beaucoup à dire, mais l’heure avance. Le postillon
passera bientôt prendre mon enveloppe… Le reste, la prochaine fois.
Saluez bien affectueusement Papa et les autres. Dites-leur qu’on ne les oublie
pas. Nous avons tous hâte de vous revoir. Quelqu’un de la famille sera-t-il à
l’accueil pour nous indiquer la demeure des Pâquet, Ouellet, Tremblay, Charest,
Santerre, Chenelle, Ross, Morin, Rioux? Moi, je devrai sans doute rejoindre la
demeure des Maristes…mais ça, c’est une autre affaire qui nous paraît
compliquée, à nous, les humains, alors qu’elle doit être extrêmement simple.
L’important, c’est d’y parvenir : chargez-vous, vous autres, de nous rappeler
cela.
Je termine en t’assurant que je demeure uni dans le souvenir, l’affection et la
prière.
Alex
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Les documents d’archives, témoins de notre
histoire
La déclaration d’indépendance du Bas-Canada
(28 février 1838)
La déclaration d’indépendance du Bas-Canada est un document d’archives peu
connu et pourtant il demeure une source incontournable pour bien comprendre
les idéologies des révoltes de 1838. Il faut savoir que les défaites des patriotes
dans les villages de Saint-Charles, Saint-Eustache et Saint-Benoît eurent comme
conséquence de repousser les dirigeants patriotes vers la frontière américaine.
Papineau, O’Callaghan, Desmary, Davignon, Côté, Rodier, Mailhot, Gagnon,
Duvernay et Robert Nelson s’installèrent dans les villes frontalières de
Plattsburg, Champlain, Rouse’s Point et Derby. Ils publièrent une gazette
nommée Canadian Patriot pour rallier encore plus de sympathisants. Leur
popularité ne cessait de croître et les amena à rencontrer le président des États-
Unis de l’époque; Martin Van Buren. Celui-ci refusa de collaborer en raison du
contexte économique précaire et affirma sa neutralité. Mais bien plus que cela, le
président ne pouvait compromettre l’avenir du pays, en déclenchant des
hostilités avec l’Angleterre. Suite à l’échec Papineau fila vers le sud mais Robert
Nelson profita de cette situation pour prendre les rennes du mouvement rebelle
et le radicaliser. Nelson réussi à enrôler quelques citoyens et se muni d’un
arsenal qu’il obtint à Elisabethtown dans l’état de New York. Il rédigea alors
une déclaration d’indépendance pour rallier des troupes. C’était certainement un
des objectifs qu’il poursuivait lorsqu’il proclamera la déclaration au nord de la
frontière le 28 février 1838. Nous ignorons si Robert Nelson fut le seul à rédiger
la déclaration d’indépendance car il est le seul signataire. Le 28 février 1838,
Nelson lu la déclaration à Caldwell’s Manor (aujourd’hui Clarenceville).
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Toujours en est-il que c’est de là qu’il proclama la république devant plus de 800
hommes. Une stratégie d’ensemble avait été élaborée par Nelson et ses
principaux lieutenants. Après avoir lancé une offensive sur la frontière
américaine, en accord avec l’armée de William Lyon Mackenzie, les patriotes
devaient procéder à des attaques simultanées contre Beauharnois, Châteauguay,
Laprairie, Saint-Jean, Chambly, Boucherville et Sorel. Nelson pour sa part devait
emprunter le Richelieu capturer St-Jean et se diriger vers Montréal. Montréal,
Trois-Rivières et Québec devaient ensuite être successivement attaquées. On
espérait entre temps que les Frères chasseurs des villes se révolteraient de
l’intérieur mais ce plan ne se réalisa pas. À Montréal, les autorités réagirent
rapidement, arrêtant plusieurs chefs de file. En plus, la goélette américaine
transportant des armes et des munitions fut intercepté par des volontaires
canadiens. Le 5 mars 1838, plus de 400 patriotes se dirigèrent vers Rouse’s point
en vue d’obtenir des armes qu’on y avait cachées. Les autorités américaines les
avaient confisquées. À leur retour, les patriotes furent battus par des miliciens
canadiens. L’opération tournait à l’échec total. La même année, les 9 et 10
novembre, les patriotes attaquèrent les miliciens à Odelltown. Les Frères
chasseurs perdirent alors 50 hommes et Nelson avait fui avant la fin du combat.
Les années suivantes, face à la répression au Bas-Canada et à l’opposition ferme
du gouvernement américain, les patriotes décidèrent de modifier leurs tactiques.
Ils choisirent d’exploiter et de provoquer des incidents frontaliers en espérant un
conflit entre les deux pays. La « guerre » de l’Aroostook leur fournit une lueur
d’espoir mais Londres et Washington réglèrent leurs différends en 1842 par le
traité de Webster-Ashburton. Ruiné et couvert de dettes, l’instigateur de la
déclaration d’indépendance du Bas-Canada décida d’aller vivre en Californie
pour tenter sa chance lors de la ruée vers l’or. Il acquit une bonne fortune et
pratiqua sa profession de médecin dans l’ouest jusqu’en 1863. Il s’établit ensuite
à New-York en société avec son fils, né à Montréal en 1837. Celui-ci rédigea de
nombreux articles de médecine destiné aux étudiants.
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QUESTION QUIZ
Quel était le surnom du Frère Priscillianus? C’était « Big boy »! En effet, celui
avait un physique de type herculéen!
En ce qui concerne ce bulletin voici la question…
Qui a œuvré au collège de Beauceville à titre de « Coach » des équipes de
hockey ?
Un indice : ce Frère haut en couleur était d’un naturel jovial et aimait bien
« griller » des cigarettes !
mot de l’archiviste
Les statistiques de recherches en date du 25 octobre 2012 atteignent le nombre de
121 requêtes de la part de chercheurs et de corporations diverses. C’est un
excellent résultat et nous en sommes très satisfaits! Les recherches sont variées et
très intéressantes : historique des établissements, obtention de résultats scolaires,
demandes de photographies anciennes, généalogie, biographies et j’en passe. Les
chercheurs sont très heureux de constater que le service est rapide à répondre à
leurs demandes. Plus de 90% des requêtes sont effectuées par correspondance
sur internet. En ce qui a trait aux chercheurs qui doivent faire de longues
recherches, ils doivent par conséquent se rendre au service des archives. Notre
collaboration est notable comme par exemple dans la publication du volume sur
l’école St-Pierre de Montréal où nous avons contribué à diffuser nos archives
photographiques pour cet ouvrage. Un autre projet est en cours avec la société
historique de Charlevoix. Nous collaborerons avec les membres de la société
historique au début de l’année 2013.
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Références et sources
Archives FMS du Canada :
Fonds Collège de Beauceville, SSS- IBE X3106 / SSS- LQC X3308
Pâquet, Alexis. Le billet d’Alex : Lettre à Maman. Bulletin mariste (Province d’Iberville), Septembre 1982. P. 27-28.
Sources Externes
Dictionnaire biographique du Canada en ligne-Robert Nelson
Les patriotes de 1837 à 1838. Évènement : La déclaration d’indépendance du Bas-Canada
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Sommaire du bulletin
Beauceville : 111 ans de présence Mariste : Survol historique, Pages 1 à 53
Écrits des Frères : Le billet du Frère Alex : Lettre à maman (10ième anniversaire de décès) Pages 54-57
Les documents d’archives, témoins de notre histoire : La déclaration d’indépendance du Bas-Canada, Pages 58-60
Question Quiz, Page 61
Mot de l’archiviste, Page 61