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Beaux-arts Vevey trace l’infini du geste de Hodler Montée sans prêts extérieurs et à peine huit mois après avoir reçu un important legs de dessins, l’exposition du Musée Jenisch trave rse l’ensemble de l’œuvre du symboliste Florence Millioud Henriques N e cherchez pas sa signa- ture, ses feuilles n’en por- tent presque jamais. Fer- dinand Hodler ne dessi- nait pas pour vendre mais pour dompter les mouve- ments d’une même silhouette. Ses possi- bles torsions. Ses multiples inclinaisons. Crayon en main, le peintre a fait du pa- pier un terrain de gymnastique formelle, un champ d’investigation pour toucher à la juste harmonie, le lieu où son œil s’exerçait à perdre sa subjectivité. Mais les différentes annotations sur ses dessins exposés dès demain au Musée Jenisch ne sont pas de lui, ce sont les interventions d’un collectionneur tout sauf contempla- tif… Atypique, Rudolf Schindler voulait comprendre Hodler, quitte à faire dispa- raître des repentirs pour retrouver l’état originel. Il a classé, daté, recoupé en s’im- mergeant dans l’œuvre pour suivre l’évo- lution d’un motif et vivre dans l’intimité du geste. Intuitif, il a émis des avis au- jourd’hui attestés par les historiens d’art. Fasciné, il a su monter en autodidacte une collection «muséale» à partir de choix opérés presque exclusivement dans les cartables de l’artiste. Mais Rudolf Schindler, c’est aussi ce passeur qui a fait entrer l’institution veveysanne dans le top trois des fonds les plus riches en des- sins de Hodler. Le Kunsthaus de Zurich en possède 1500, le Musée d’art et d’histoire de Genève 700 et le Musée Jenisch 648 depuis son legs d’octobre 2014. Huit mois plus tard, 160 d’entre eux dessinent «L’infini du geste, Ferdinand Hodler dans la collection Rudolf Schind- ler». Une prouesse! Mais pourquoi si vite? «Secrètement, nous espérions que notre généreux donateur assisterait au vernis- sage, nous voulions lui démontrer notre ferme intention de partager ses trésors avec le public, souffle la directrice, Julie Enckell Julliard. Le destin en a décidé autrement, il est parti en février, avant ses 101 ans.» Reste ce fonds privilégiant le dessin laboratoire des fragilités à la belle feuille, reste ce corpus d’œuvres quasi inédit. L’institution va pouvoir lui faire tenir divers discours sur Hodler, mais pour une première revue de ses points forts, elle a choisi d’en faire l’œuvre d’un collectionneur hors norme. «Rudolf Schindler a eu mille vies en une, résume Emmanuelle Neukomm, cocommissaire. Il était à la fois artiste, prof de dessin, directeur de l’école d’arts visuels Berne- Bienne, mais aussi ce collectionneur qui n’en a jamais assez. Ses premiers achats datent de 1955 alors qu’il monte une ex- position Hodler et apprend que sa veuve est toujours vivante. Elle lui ouvrira l’ate- lier du peintre. C’est l’élément déclen- cheur, c’est de là que vient le noyau de la collection.» Avant de s’achever sur le dernier souf- fle de sa maîtresse Valentine Godé-Darel, retenu par un trait de plus en plus synthé- tique, l’itinéraire veveysan y puise toute sa variété thématique et chronologique. Des paysages du jeune Bernois qui devait séduire le touriste pour vivre aux exerci- ces de l’élève de Barthélemy Menn arrivé sans le sou à Genève. Des études prépara- toires pour les magistrales commandes officielles – La retraite de Marignan, Le départ des étudiants allemands – aux es- quisses du symboliste pour Le jour, La floraison. Le tout vit, sans aucun prêt ex- térieur, en parfaite autarcie au cœur du processus créatif du génie bernois. «Une sorte de tronc à plusieurs branches, image la cocommissaire genevoise Caro- line Guignard. A partir d’un même réper- toire formel qu’il module à l’infini et en parallèle, l’artiste finalisera souvent deux compositions différentes. Il y a à la fois les rythmes de travail et cette esthétique du rythme que la collection Rudolf Schindler nous fait vivre de l’intérieur.» Vevey, Musée Jenisch Du je 25 juin au di 4 oct, ma-di (10 h-18 h) Rens.: 021 925 35 20 www.museejenisch.ch Mais encore… 660 Le nombre total d’œuvres de Hodler – dont 11 tableaux et 1 buste qui s’ajoutent aux 648 dessins – rentrées en 2014 dans les collections veveysannes grâce au legs du Bernois Rudolf Schindler. «Dans la vie d’un musée, une donation de ce gabarit est extrêmement rare, souligne sa directrice, Julie Enckell Julliard. C’est la donation la plus importante jamais reçue par le Musée Jenisch, inauguré comme une coquille vide en 1897. Ce legs a permis de renforcer l’identité d’un musée tourné vers l’œuvre papier et doté de 35 000 estampes et de 7000 dessins.» Hodler et Vevey Né à Berne en 1853, consacré par Zurich avec une première grande rétrospective en 1917, et mort à Genève en 1918, Hodler avait souhaité que «ses» trois villes héritent de son œuvre. Mais la présence à Vevey, désormais, d’un important fonds n’a rien d’incongru. «Les résonances sont même nombreuses, relève Julie Enckell Julliard. S’il a été sensible au fait que Courbet a séjourné dans la région, on le suit dès ses dessins en 1889 de la Fête des Vignerons, dans ses vues du Léman et jusque dans sa série accompagnant dans la mort sa maîtresse Valentine Godé-Darel, dont nous possédons maintenant de très belles feuilles.» 1899-1900 Rudolf Schindler assurait que «Le jour» (112 x 65 cm) appartenait à une version primitive de l’huile conservée à Berne. Une étude récente l’atteste. 1898-1899 Etude de figure pour «Le jour», au crayon de graphite, plume, lavis d’encre noire (29,5 x 19,6 cm). La version à l’huile «Le jour I» est conservée au Kunstmuseum à Berne. Ferdinand Hodler peint cette étude pour «Femme joyeuse» vers 1911. Rudolf Schindler effacera une couche de peinture sur la main gauche pour retrouver l’état originel. CLAUDE BORNAND «Rudolf Schindler se voyait en collectionneur de Hodler qui n’en a jamais assez» Emmanuelle Neukomm Cocommissaire

Beaux-arts Vevey trace l'infini · Mercredi 24 juin 2015 | 24 heures Contrôle qualité 24 heures | Mercredi 24 juin 2015 VC3 Cultur e & Socit Culture Socit Gastro Cin Conso Sortir

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Vevey trace l’infini du geste de Hodler Montée sans prêts extérieurs et à peine huit mois après avoir reçu un important legs de dessins, l’exposition du Musée Jenisch trave rse l’ensemble de l’œuvre du symbolisteFlorence Millioud Henriques

Ne cherchez pas sa signa-ture, ses feuilles n’en por-tent presque jamais. Fer-dinand Hodler ne dessi-nait pas pour vendre maispour dompter les mouve-

ments d’une même silhouette. Ses possi-bles torsions. Ses multiples inclinaisons.Crayon en main, le peintre a fait du pa-pier un terrain de gymnastique formelle,un champ d’investigation pour toucher àla juste harmonie, le lieu où son œils’exerçait à perdre sa subjectivité. Maisles différentes annotations sur ses dessinsexposés dès demain au Musée Jenisch nesont pas de lui, ce sont les interventionsd’un collectionneur tout sauf contempla-tif…

Atypique, Rudolf Schindler voulaitcomprendre Hodler, quitte à faire dispa-raître des repentirs pour retrouver l’étatoriginel. Il a classé, daté, recoupé en s’im-mergeant dans l’œuvre pour suivre l’évo-lution d’un motif et vivre dans l’intimitédu geste. Intuitif, il a émis des avis au-jourd’hui attestés par les historiens d’art.Fasciné, il a su monter en autodidacteune collection «muséale» à partir dechoix opérés presque exclusivement dans les cartables de l’artiste. Mais RudolfSchindler, c’est aussi ce passeur qui a faitentrer l’institution veveysanne dans letop trois des fonds les plus riches en des-sins de Hodler. Le Kunsthaus de Zurich enpossède 1500, le Musée d’art et d’histoirede Genève 700 et le Musée Jenisch 648depuis son legs d’octobre 2014.

Huit mois plus tard, 160 d’entre euxdessinent «L’infini du geste, FerdinandHodler dans la collection Rudolf Schind-ler». Une prouesse! Mais pourquoi si vite?«Secrètement, nous espérions que notregénéreux donateur assisterait au vernis-sage, nous voulions lui démontrer notreferme intention de partager ses trésorsavec le public, souffle la directrice, JulieEnckell Julliard. Le destin en a décidéautrement, il est parti en février, avantses 101 ans.» Reste ce fonds privilégiant ledessin laboratoire des fragilités à la bellefeuille, reste ce corpus d’œuvres quasiinédit. L’institution va pouvoir lui fairetenir divers discours sur Hodler, mais

pour une première revue de ses pointsforts, elle a choisi d’en faire l’œuvre d’uncollectionneur hors norme. «Rudolf Schindler a eu mille vies en une, résumeEmmanuelle Neukomm, cocommissaire.Il était à la fois artiste, prof de dessin,directeur de l’école d’arts visuels Berne-Bienne, mais aussi ce collectionneur quin’en a jamais assez. Ses premiers achatsdatent de 1955 alors qu’il monte une ex-position Hodler et apprend que sa veuveest toujours vivante. Elle lui ouvrira l’ate-lier du peintre. C’est l’élément déclen-cheur, c’est de là que vient le noyau de lacollection.»

Avant de s’achever sur le dernier souf-fle de sa maîtresse Valentine Godé-Darel,retenu par un trait de plus en plus synthé-tique, l’itinéraire veveysan y puise toutesa variété thématique et chronologique.Des paysages du jeune Bernois qui devaitséduire le touriste pour vivre aux exerci-

ces de l’élève de Barthélemy Menn arrivésans le sou à Genève. Des études prépara-toires pour les magistrales commandesofficielles – La retraite de Marignan, Ledépart des étudiants allemands – aux es-quisses du symboliste pour Le jour, Lafloraison. Le tout vit, sans aucun prêt ex-térieur, en parfaite autarcie au cœur duprocessus créatif du génie bernois. «Unesorte de tronc à plusieurs branches,image la cocommissaire genevoise Caro-line Guignard. A partir d’un même réper-toire formel qu’il module à l’infini et enparallèle, l’artiste finalisera souvent deuxcompositions différentes. Il y a à la fois lesrythmes de travail et cette esthétique durythme que la collection Rudolf Schindlernous fait vivre de l’intérieur.»

Vevey, Musée JenischDu je 25 juin au di 4 oct, ma-di (10 h-18 h)Rens.: 021 925 35 20www.museejenisch.ch

ExportationLa fin du taux plancher face à l’euro, décidée par la BNS en janvier, a semé un vent de panique au début de l’année. Cinq mois plus tard, les esprits sont plus sereins

Janvier 2015. La décision prise par la Ban-que nationale suisse (BNS) de mettre finau taux plancher qui permettait de conte-nir l’envolée du franc suisse face à l’eurofait trembler la planète financière. Et dé-clenche une soupe à la grimace dans lesmilieux culturels, aussi: l’activité de nom-breux musées, théâtres et compagnies dedanse (institutionnels ou privés) dépendplus ou moins de l’étranger, où s’expor-tent des créations suisses parfois directe-ment coproduites avec des institutionseuropéennes. Avec une chute de 20% ducours de change, les contrats négociésavant la décision de la BNS sont tout à coup devenus beaucoup moins intéres-sants. Les bénéfices ou la valeur des ca-chets se sont effondrés.

Le Théâtre de Vidy estimait à500 000 fr. les pertes potentielles. Le Bé-jart Ballet Lausanne (BBL) ou l’EnsembleVocal de Lausanne (EVL) craignaient devoir le périmètre de leurs tournées se ré-duire. Cinq mois plus tard, une aide despouvoirs publics reste attendue avec forcepar ces acteurs culturels afin de contrerl’euro durablement faible et, surtout, unesituation économique tendue dans unecommunauté européenne qui coupe allè-grement dans les budgets publics. Mais lediable est descendu de la muraille. Tourd’horizon de quelques institutions.

Du côté du Musée de la photographiede l’Elysée, qui fait tourner en moyenne20 expositions chaque année à l’étranger,la décision de la BNS a eu peu d’impact.«En tant que musée étatique dont le but premier est de faire rayonner l’art et l’ins-titution, nous n’avons pas hésité à adapternos prix afin de rester compétitifs», ob-serve la nouvelle directrice, TatyanaFranck, qui rappelle que le marché euro-péen n’est qu’un petit segment à l’échellemondiale où rayonne le musée.

Au Théâtre de Vidy, l’envolée du francsuisse a eu «impact certain sur les recettesliées aux apports des coproducteurs euro-péens et sur les contrats de vente destournées de la saison en cours et de laprochaine», explique le directeur, Vin-cent Baudriller. Pour la saison 2014-2015la perte se monte à 300 000 fr. Avec leséconomies qui ont pu être réalisées sur lesachats de spectacles européens, elle a étéfinalement ramenée à 150 000 fr. «A pluslong terme, les choses restent tout demême compliquées. Les spectacles suis-ses restent plus chers qu’auparavant et lescoproductions sont de plus en plus diffici-les à monter.»

Pour éponger les pertes, le Théâtre deVidy devrait pouvoir compter sur le sou-tien du fonds d’aide aux tournées prévu

Les institutions culturelles passent entreles gouttes de la tempête du franc fort

par la Ville de Lausanne, un fonds dontl’usage devrait à terme être élargi à d’autres usagers tels que le BBL ou l’EVL.Pour ces deux institutions, les dégâts ontégalement pu être limités depuis les crain-tes de janvier. Grâce à une activité qui nese limite pas au périmètre européen – ainsi qu’à des aides d’urgence octroyéespar les autorités en ce qui concerne l’EVL–, la voilure des tournées a pu être mainte-nue l’an prochain. Une situation positivequi ne préfigure toutefois rien de la suitedes opérations, assurent tous les concer-nés. Gérald Cordonier

«Les spectacles suisses restent plus chers qu’auparavant et les coproductions sont de plus en plus difficiles à monter»Vincent Baudriller Directeur du Théâtre de Vidy

MusiquePersonnalité discrète, le chef d’orchestre russe, choisi par les musiciens de la Philharmonie, ne faisait pas partie des favoris

Le début de l’été réserve bien des surprises. Lundi, en conférence depresse, la Fondation de la Philhar-monie de Berlin a annoncé la no-mination de Kirill Petrenko à la têtede l’orchestre pour succéder à Si-mon Rate, qui s’en ira en 2018. Il aété choisi dimanche, lors d’une réunion secrète des musiciens.

Le chef d’orchestre russe n’ajusqu’ici dirigé que trois fois la Phil-harmonie; il n’était clairement pas

dans la liste des favoris, et pourtantc’est lui qui a remporté une large majorité des votes. Surprise en-core: on ne s’attendait pas à une nomination si rapide, après l’échec

d’un premier «conclave» des musi-ciens en mai, qui n’avait pas réussià départager les deux candidats principaux, l’Allemand Christian Thielemann et le Letton AndrisNelsons.

Mais qui est ce Petrenko? Le

faux réflexe est de penser à VassilyPetrenko, autre chef russe en posteà Liverpool, et auteur d’une flat-teuse discographie. Rien de telchez Kirill Petrenko, qui a mené sacarrière dans la fosse d’opéra au Komische Oper de Berlin et, depuis2013, à l’Opéra de Munich.

Son acte héroïque le plus grandest certainement sa prestation trèsapplaudie dans le Ring de Wagnerà Bayreuth en 2013. A première vue, ce chef né à Omsk en 1972 ne brille pas par sa présence médiati-que. Il est, paraît-il, d’une extrêmetimidité. Tout l’inverse du flam-boyant et séducteur Simon Rattle.Le journal allemand Die Welt l’a surnommé «le plus inconnu des célèbres chefs d’orchestre du

Avec Kirill Petrenko, Berlin parie sur l’exigenceLittératureSa chambrette restaurée est rouverte à Charleville- Mézières, mais Rimbaud résiste au culte engendré par ses mystères

Arthur Rimbaud (1854-1891) a passésa vie à déserter Charleville-Méziè-res, qu’il jugeait «supérieurement idiote entre les petites villes de pro-vince». Mais les autorités locales nelui en veulent pas. Musée Rimbaud,Maison des Ailleurs, parcours Rim-baud célèbrent le culte du poète aux semelles de vent. S’il fugua de sa cité natale à 16 ans, il ne cessera de revenir sur les lieux. Sa maison,restaurée depuis 18 mois, sera rou-

Le poète aux semelles de vent laisse sa maison aux dévotsmonde», car il refuse toute inter-view depuis des années. Selon lui,«cela n’en vaut pas la peine et ça prend du temps».

Les qualités de Kirill Petrenkosont exclusivement musicales. Onle dit perfectionniste, travailleur, etcapable de «transfigurer une salle au moment du concert». Contactépar le délégué des musiciens, le contrebassiste Peter Riegelbauer, le jeune chef a accepté l’offre et répondu simplement: «J’embrassetout l’orchestre.» En nommant unRusse comme 7e chef de son his-toire, Berlin fait un choix politique-ment et artistiquement courageux,symbole d’une nouvelle ère peut-être moins axée sur le divertisse-ment. Matthieu Chenal Respirer l’air que respira Rimbaud à Charleville-Mézières.

Repéré pour vous

Yoki le doudou aux mille vies

Un doudou qui vit toutes sortes d’aventures. Non pas avec un, mais diffé-rents enfants. Tel est le concept de la récente sé-rie d’albums Yoki, à dé-couvrir dès 3 ans. Mas-cotte de la classe, l’atta-chant lapin passe chaque week-endchez un élève différent. La peluchese voit ainsi conviée à un anniver-saire ou au musée, découvre la merou... finit chez le médecin. Le taquinYoki s’attire immédiatement la sym-pathie par sa mignonne bouille et ses bêtises, et permet aux petits d’appréhender toutes sortes de si-tuations. Les dessins pleins d’hu-

mour intègrent une foulede détails de l’environne-ment quotidien. Une décoau goût du jour vient enoutre rafraîchir des situa-tions déjà rencontréesdans d’autres livres pourcette tranche d’âge. Pour

ajouter à la jubilation du trait et descouleurs, tous les personnages de cet univers empruntent le physiqued’un animal. Le tout crée un mondeà la fois familier et propice à la rêve-rie. Caroline Rieder

Yoki le doudouOlivier LatykEd. Actes Sud Junior

Magali NoëlCarnet noir Magali Noël, comé-dienne française qui avait tourné avec Fellini et interprète espiègle de la célèbre chanson de Boris Vian Fais-moi mal Johnny, est décédée hier dans son sommeil, à l’âge de 83 ans. Outre ses rôles dans La Dolce Vita ou Amarcord, elle avait joué dans de nombreux films français dont Razzia sur la chnouf, Les grandes manœuvres et Elena et les hommes. AFP

Dernière noteAccident James Horner, le compositeur oscarisé de la musique de grands succès hollywoodiens commeTitanic, Apollo 13, Braveheart ou encore Avatar, s’est tué lundi dans l’accident de son avion personnel, à Santa Barbara. Il avait 61 ans. ATS

verte dimanche 27 juin. Malgré l’ab-sence criarde d’objets de culte, unefoule de fétichistes est attendue.

Avec une ironie sarcastique,c’est cette communauté, qui va d’Allen Ginsberg, jadis, à Patti Smith, que l’expert Jean-Michel Djian fustige dans Les Rimbaldolâ-tres. Soucieux de rétablir l’héritage,l’essayiste s’en prend à «la Rimbal-die», patrie d’«intrigants à la petite semaine», le plus souvent indigne du géant. «Faut-il rappeler que legénie d’Arthur aura d’abord étéd’avoir fabriqué une langue neuveet invicible quand celle de sescontemporains était déjà véroléepar les prêtres et les bigots, moisiedans son corset grammatical?» Lepamphlet, passionnant, cerne

cette puissance obscure, intergé-nérationnelle, éternelle. Qu’ilévoque Guillaume Depardieu, tra-gique fantôme du desperado, leliseur Luchini, qui avoue «ne riencomprendre aux Illuminations»mais s’en voit possédé, ou Denisde Rougemont, qui assimile lepoète à Goethe, Djian persifle. Rimbaud voyage déjà ailleurs. Cécile Lecoultre

Les RimbaldolâtresJean-Michel DjianEd. Grasset,126 p.www.charleville-mezieres.fr

En deux mots

Mais encore…

660Le nombre total d’œuvres de Hodler – dont 11 tableaux et 1 buste qui s’ajoutent aux 648 dessins – rentrées en 2014 dans les collections veveysannes grâce au legs du Bernois Rudolf Schindler. «Dans la vie d’un musée, une donation de ce gabarit est extrêmement rare, souligne sa directrice, Julie Enckell Julliard. C’est la donation la plus importante jamais reçue par le Musée Jenisch, inauguré comme une coquille vide en 1897. Ce legs a permis de renforcer l’identité d’un musée tourné vers l’œuvre papier et doté de 35 000 estampes et de 7000 dessins.»

Hodler et VeveyNé à Berne en 1853, consacré par Zurich avec une première grande rétrospective en 1917,et mort à Genève en 1918, Hodler avait souhaité que «ses» trois villes héritent de son œuvre. Mais la présence à Vevey, désormais, d’un important fonds n’a rien d’incongru. «Les résonances sont même nombreuses, relève Julie Enckell Julliard. S’il a été sensible au fait que Courbet a séjourné dans la région, on le suit dès ses dessins en 1889 de la Fête des Vignerons, dans ses vues du Léman et jusque dans sa série accompagnant dans la mort sa maîtresse Valentine Godé-Darel, dont nous possédons maintenant de très belles feuilles.»

1899-1900 Rudolf Schindler assurait que «Le jour» (112 x 65 cm) appartenait à une version primitive de l’huile conservée à Berne. Une étude récente l’atteste.

1898-1899 Etude de figure pour «Le jour», au crayon de graphite, plume, lavis d’encre noire (29,5 x 19,6 cm). La version à l’huile «Le jour I» est conservée au Kunstmuseum à Berne.

U Bilan de saison Le Théâtre de Vidy vient de boucler sa première saison entièrement imaginée par son nouveau directeur. Tous les compteurs n’ont pas encore été arrêtés, mais Vincent Baudriller a accepté d’éclairer quelques chiffres déjà en circulation. Sur l’ensemble de l’année civile 2014 – à cheval sur deux saisons et, donc, deux directions, dont l’interim assuré par les collaborateurs de feu René Gonzalez –, le théâtre lausannois a vu sa fréquentation baisser de 17 000 billets, avec 57 000 spectateurs enregistrés contre 74 000 l’année précédente, 77 000 en 2012 et 96 300 en 2011. Une chute qui ne préfigure en rien le taux deremplissage global: la saison 2014-2015 s’aligne dans la moyenne des précédentes, avec une occupation de 77% de la jauge totale, contre 79% en 2012-2013 et 77% la saison 2013-2014.

Des chiffres plus qu’encourageantspour Vincent Baudriller. «Vidy est un grand théâtre de création qui a un rayonnement international. Ce théâtre a une place spécifique dans le paysage culturel, en tant que carrefour entre le public et des créateurs important de la scène nationale et européenne. Mon travail consiste à permettre cette rencontre, mais ce positionnement a un coût. Pour permettre de défendre une offre de qualité, le choix a donc été fait de réduire le nombre de spectacles program-més.» Au final, le nombre total de représentations est ainsi passé de 544 pour l’année civile 2012 ou 497 pour 2013 à 355 en 2014, avec 19 specta-cles contre 26. Une voilure nettement réduite par rapport aux saisons précédentes, qui voyaient régulièrement l’ensemble des salles à disposition occupées, avec parfois jusqu’à trois premières un même soir. «Je viens de préparer ma deuxième saison et je cherche encore le point d’équilibre

précis entre le nombre de spectacles proposés et la jauge des salles», observe le directeur.

Du côté des invitations, aussi, des ajustements sont attendus. Dès son arrivée, Vincent Baudriller avait annoncé vouloir redresser la barre d’unepolitique très généreuse en la matière. Sur ce point, le Français reconnaît qu’il a été trop pressé: l’an dernier, 20% des places ont été gracieusement occupées contre 22%, quatre ans plus tôt par exemple. «Cela prendra plus de temps qu’imaginé, reconnaît-il, surtout en pleine transition esthétique. Ma grande bataille consiste à élargir le profil des spectateurs et à séduire les nouveaux susceptibles de rejoindre le cercle des fidèles. Ce travail passe inévitablement par un effort sur le plan de la promotion et des offres d’initiation.»

Vidy maintient son cap

Ferdinand Hodler peint cette étude pour «Femme joyeuse» vers 1911. Rudolf

Schindler effaceraune couche de peinturesur la main gauche pour retrouver l’état originel.

CLAUDE BORNAND

«Rudolf Schindler se voyait en collectionneur de Hodler qui n’en a jamais assez»Emmanuelle Neukomm Cocommissaire

KirillPetrenkoChef d’orchestre

Vincent Baudriller

GÉRALD

BOSSHARD