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sommaire Intro Edito p.1 Be-linked p.1 Zoom événement p.2 Nouvelles des cinq continents p.3 & 4 Zoom sur une region : Asie Repères p.5 Flash partenariats p.6 Interviews Ethique sur l’Etiquette p.7 & 8 Community Business p.9 ISD partners p.10 & 11 GHRE p.12 INDP p.13 & 14 Flash secteur huile de palme p.15 Pour aller plus loin p.16 Agenda p.16 Quoi de neuf chez Be-linked ? p.17 NEWSLETTER n°2 juin 2009 EDITO QUAND LES ONG MONTENT AU CRÉNEAU Ces deux derniers mois ont été jalonnés de nombreuses actualités liées à la relation ONG/Entreprise en France. Deux d’entre elles ont retenu notre attention. Au même titre que les entreprises, notées par des observateurs extérieurs, un certain nombre de projets ont vu le jour ces derniers mois pour proposer d’évaluer les associations et les ONG : IDEAS, NGOSCAN, certification AFNOR, ESSEC... Parmi eux, le baromètre de transparence de la Fondation Prometheus. A l’origine du débat, une question d’un sénateur du Nord (UMP) au Ministre des Affaires Etrangères et Européennes, proposant la création d’un label «société civile», sur la base des résultats de ce baromètre. Avant d’aborder le débat, il est important de rappeler que le nombre de contrôles que subissent les ONG est déjà important, même s’ils sont mal connus du grand public (hormis peut être le Comité de la Charte). On peut citer notamment la Cour des Comptes, les dispositifs d’évaluation comme le F3E, l’Union Européenne lorsqu’elle attribue des aides etc. La réaction officielle de Coordination Sud, appuyée par la Conférence Permanente des Coordinations Associatives (CPCA), au baromètre Prométhéus, nous semble très importante. Elle est significative de la capacité des ONG à se positionner et à défendre leurs points de vue de façon organisée, et sur la base d’une argumentation solide. Cette actualité est passée quasiment inaperçue mais préfigure sans aucun doute les prémices de débats de plus en plus nombreux dans les années à venir, entre le monde associatif et le monde des entreprises, sur les questions de transparence et de légitimité. Le grand public se positionne également sur la question en jugeant (d’après le sondage WWF/IFOP paru fin avril) à 68% utile le rôle de dénonciation des mauvaises pratiques des entreprises par les ONG et en plébiscitant à 78% les partenariats ONG/entreprises. La capacité du WWF à se remettre en question et à ouvrir le débat sur des enjeux forts pour son financement et son positionnement est notable. Avec du recul, on peut analyser ces deux actualités comme des initiatives démontrant que les ONG ne restent plus passives, et que la relation aux entreprises est devenue un point de débat, un levier d’action stratégique, qu’il s’agisse de défendre des positions, occuper le champ du débat politique ou renforcer sa propre connaissance du sujet pour continuer à être crédible et faire avancer la prise en compte des questions sociétales et environnementales par les entreprises. En vous souhaitant une bonne lecture Jérôme Auriac, Directeur Général de Be-linked Business & Community Intelligence QUELQUES MOTS SUR BE-LINKED / BUSINESS & COMMUNITY INTELLIGENCE Les entreprises sont souvent démunies face à l’ampleur et la difficulté de décrypter le mouvement associatif dans le monde. Se croisent aujourd’hui les enjeux de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE), de Responsabilité du Secteur Associatif (RSA), d’influence, de réputation, la mutation du mécénat vers de nouveaux modèles économiques intégrant les savoirs faire des ONG. Notre mission : intégrer les relations avec la société civile au cœur de la stratégie de l’entreprise, en vue de créer de la valeur, durablement.

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Be-linked Business & Community Intelligence a le plaisir de vous offrir le second numéro de B&C Brief, la lettre d\'information professionnelle sur les relations entre les entreprises et les Organisations de la Société Civile. Diffusée tous les deux mois, B&C Brief vous donne les clefs pour décrypter et analyser les enjeux de la relation ONG/ entreprises sous un angle transversal et international.Interviews d\'acteurs de terrain, partage d\'expériences et vision de la relation ONG/entreprise, ce mois-ci, en plus de nos rubriques habituelles, notre « Zoom Région » s\'intéresse à l\'Asie. 5 leaders de la distribution mondiale épinglés par une ONG sur la thématique des droits des travailleurs dans le secteur du textile en Asie. Un entretien avec un activiste birman reconnu, qui expose sa vision de la société civile en Birmanie et des relations avec les entreprises.La responsabilité sociale des entreprises en Chine est-elle en marche ? Une association professionnelle basée à Hong Kong nous donne son point de vue. Dans les hauts plateaux tibétains, un entrepreneur social nous montre comment faire le lien entre éleveurs nomades, enjeux environnementaux et développement. Une ONG indienne de développement exprime sa vision des relations ONG/entreprise et son engagement pour prouver que « l\'économie n\'est pas le domaine exclusif des entreprises ».A partir du 3ème numéro en septembre, B&C Brief deviendra payante (2 numéros gratuits + 6 numéro par an = 300 euros HT pour les entreprises / 150 euros HT pour les associations, chercheurs et étudiants). Abonnez-vous dès à présent / Détails des tarifs et des modalités de souscription dans le formulaire joint à ce mail et sur notre site Internet www.be-linked.netDear English-speaking readers,Be-linked Business & Community Intelligence has the pleasure to share with you the second issue of B&C Brief, the professional newsletter on private sector/NGO relationships (in French). We are happy to announce that the English version of B&C Brief will be available as of September 2009. If you are interested in receiving the 1st English issue for free, please send us an email at [email protected]

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Page 1: Belinked Newsletter2

sommaireIntro

Edito p.1 Be-linked p.1

Zoom événement p.2

Nouvelles des cinq continentsp.3 & 4

Zoom sur une region : AsieRepères p.5

Flash partenariats p.6

Interviews

Ethique sur l’Etiquette p.7 & 8Community Business p.9ISD partners p.10 & 11

GHRE p.12INDP p.13 & 14

Flash secteur huile de palme p.15

Pour aller plus loinp.16

Agendap.16

Quoi de neuf chez Be-linked ?p.17

NEWSLETTERn°2 juin 2009

EDITO QUAND LES ONG MONTENT AU CRÉNEAU

Ces deux derniers mois ont été jalonnés de nombreuses actualités liées à la relation ONG/Entreprise en France. Deux d’entre elles ont retenu notre attention.

Au même titre que les entreprises, notées par des observateurs extérieurs, un certain nombre de projets ont vu le jour ces derniers mois pour proposer d’évaluer les associations et les ONG : IDEAS, NGOSCAN, certification AFNOR, ESSEC... Parmi eux, le baromètre de transparence de la Fondation Prometheus. A l’origine du débat, une question d’un sénateur du Nord (UMP) au Ministre des Affaires Etrangères et Européennes, proposant la création d’un label «société civile», sur la base des résultats de ce baromètre. Avant d’aborder le débat, il est important de rappeler que le nombre de contrôles que subissent les ONG est déjà important, même s’ils sont mal connus du grand public (hormis peut être le Comité de la Charte). On peut citer notamment la Cour des Comptes, les dispositifs d’évaluation comme le F3E, l’Union Européenne lorsqu’elle attribue des aides etc. La réaction officielle de Coordination Sud, appuyée par la Conférence Permanente des Coordinations Associatives (CPCA), au baromètre Prométhéus, nous semble très importante. Elle est significative de la capacité des ONG à se positionner et à défendre leurs points de vue de façon organisée, et sur la base d’une argumentation solide. Cette actualité est passée quasiment inaperçue mais préfigure sans aucun doute les prémices de débats de plus en plus nombreux dans les années à venir, entre le monde associatif et le monde des entreprises, sur les questions de transparence et de légitimité.

Le grand public se positionne également sur la question en jugeant (d’après le sondage WWF/IFOP paru fin avril) à 68% utile le rôle de dénonciation des mauvaises pratiques des entreprises par les ONG et en plébiscitant à 78% les partenariats ONG/entreprises. La capacité du WWF à se remettre en question et à ouvrir le débat sur des enjeux forts pour son financement et son positionnement est notable.

Avec du recul, on peut analyser ces deux actualités comme des initiatives démontrant que les ONG ne restent plus passives, et que la relation aux entreprises est devenue un point de débat, un levier d’action stratégique, qu’il s’agisse de défendre des positions, occuper le champ du débat politique ou renforcer sa propre connaissance du sujet pour continuer à être crédible et faire avancer la prise en compte des questions sociétales et environnementales par les entreprises.

En vous souhaitant une bonne lecture Jérôme Auriac, Directeur Général de Be-linked Business & Community Intelligence

QUELQUES MOTS SUR BE-LINKED / BUSINESS & COMMUNITY INTELLIGENCELes entreprises sont souvent démunies face à l’ampleur et la difficulté de décrypter le mouvement associatif dans le monde. Se croisent aujourd’hui les enjeux de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE), de Responsabilité du Secteur Associatif (RSA), d’influence, de réputation, la mutation du mécénat vers de nouveaux modèles économiques intégrant les savoirs faire des ONG.

Notre mission : intégrer les relations avec la société civile au cœur de la stratégie de l’entreprise, en vue de créer de la valeur, durablement.

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Cette rubrique est destinée à illustrer la thématique des

relations ONG/entreprises par des expériences, des initiatives

innovantes que nous avons repérées dans différentes

régions du monde.

Newsletter Be-linked n°2 - page 2

Retour sur la rencontre organisée par Novethic et Be-linked sur le thème « Impact du mécénat au social business », le 19 Mai 2009

La rencontre Novethic-Be-linked a permis de regrouper autant d’ONG (50) que d’entreprises (52) et de débattre sur la question de la possibilité de mesure de l’impact social.

Si l’on a pu voir au cours des discussions que les approches méthodologiques et stratégiques divergeaient selon les secteurs/entreprises ou enjeux des ONG de terrain, en revanche le constat d’une nécessité d’aborder cette question de l’impact social/sociétal a été unanime.

Améliorer l’efficacité ou réorienter les stratégies de philanthropie, développer des modèles économiques innovants ou justifier d’une utilisation efficiente des fonds publics : HSBC, DANONE et Agrisud International nous ont montré très concrètement à quel point la question de la valeur sociétale des actions menées devenait un élément clé des pratiques de management et de développement des projets. S’il faut encore rester modeste sur la question de l’évaluation de l’impact sociétal à proprement parler (qui fait l’objet de débats dans le monde entier*, notamment parce que les méthodologies appliquées ou inventées sont encore trop neuves), on peut tirer un certain nombre d’enseignements des témoignages sur les modalités de mise en œuvre et de suivi des initiatives et de leur impact. Notamment, que la conjugaison de savoir faire associatifs et managériaux (au sens de l’entreprise) est incontournable pour réussir une collaboration, renforçant ainsi la nécessité de créer une base commune d’outils de dialogue et de management des projets.

Lire à ce sujet l’article du Monde publié le 4 juin dernier « l’entreprise solidaire : un modèle anti-crise » qui revient notamment sur cette rencontre sur www.be-linked.net

NOUVELLES DES CINQ CONTINENTS

ZOOM EVENEMENT – IMPACT DU MECENAT AU SOCIAL BUSINESS

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La compagnie pétrolière Shell, accusée de com-plicité avec l’ex-junte du colonel Sani Abacha dans l’élimination de l’écrivain et militant écolo-giste nigérian Ken Saro-Wiwa en 1995 ainsi que de 8 autres dirigeants du Mouvement pour la sur-vie du peuple Ogoni (Mosop), a accepté, le 8 juin dernier, de payer la somme de 15,5 millions de dollars (112 millions d’euros) pour régler le litige

devant la justice américaine. Shell s’évite ainsi un procès. Le Mosop avait dénoncé à l’époque les dégâts environnementaux causés par l’exploitation pétro-lière dans le delta du Niger ainsi que l’absence de partage des recettes avec les populations locales et avait réussi à interrompre les activités de Shell.

La fondation AVINA travaille depuis 2 ans à un pro-gramme commun intitulé « Nouvelles Alliances » avec New York University pour faciliter les interactions entre pouvoirs publics, ONG et entreprises.Elle a lancé en 2008 un prix qui récompense 10 pro-jets de partenariats remarquables, et s’inscrit dans

les Objectifs du Millénaire pour le Développement.Si le programme fait la part belle à la mise en avant de projets, on attend impatiemment les publications et résultats du suivi desdits projets en matière d’im-pact et de bonnes pratiques réplicables. A suivre…

Oxfam France - Agir ici, en partenariat avec le CCFD*-Terre Solidaire viennent de lancer la campagne « Hold-up international », qui prône une réforme du cadre juridique européen pour réguler l’activité des multinationales dans les pays en développement.Selon les 2 ONG, en l’absence de règles internatio-nales, certaines entreprises commettent au sud des abus « inacceptables ». Pas moins de 125 milliards d’euros s’échapperaient chaque année des cais-ses des pays en développement vers des paradis

fiscaux, une somme qui permettrait largement de fi-nancer des services publics de santé et d’éducation pour tous. Une pétition adressée à Nicolas Sarkozy est en ligne, ainsi qu’une déclaration d’engagement déclinée en 5 propositions et soutenue par une vingtaine de can-didats aux élections européennes.

*Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement

Après le succès de sa campagne contre le groupe Citygroup, Rainforest Action Network (RAN) continue à dénoncer les logiques d’investissement des ban-ques sur le problème du réchauffement climatique.Ce sont cette fois les investissements réalisés dans le domaine de l’énergie fossile du char-bon, énergie particulièrement polluante, qui sont la cible de l’ONG et plus précisément, la Bank of America, la Citi et la Royale Banque du Canada,

qui sont considérées selon la RAN comme les banques leaders de ce type d’investissements.Leur campagne incite les clients de ces ban-ques à clôturer leurs comptes et à se tourner vers d’autres banques plus responsables. Un ensemble d’outils, comme par exemple des lettres types à envoyer par les clients, est mis à disposition sur le site Internet de la RAN.

Cemex, 3e producteur mondial de matériaux de construction et Ashoka, association mondiale d’en-trepreneurs sociaux, ont accompagné plusieurs di-zaines de milliers de familles à faibles revenus à se construire une maison décente à un prix abordable au Mexique.Cette initiative, intitulée « Patrimonio Hoy » (patri-moine aujourd’hui), est considérée comme une des

initiatives les plus abouties pour offrir une solution de logement aux populations défavorisées (programme d’épargne et de crédit, garantie des prix durant deux ans, services d’aide à la construction…). Les finalités du projet sont à la fois économiques (accéder à de nouveaux clients jusqu’ici inaccessi-bles) et sociales (améliorer les conditions de vie de ces familles).

AMERIQUE DU NORDSHELL (NIGERIA)

AMERIQUE DU SUDFONDATION AVINA

EUROPE/RUSSIECCFD/ OXFAM

RAIN FOREST ACTION NETWORK / SECTEUR BANCAIRE

CEMEX / ASHOKA

USAhttp://ran.org

BRÉSILwww.avina.net

MEXIQUEwww.cemexmexico.co

France www.oxfamfrance.org

USAwww.mosop.org

NOUVELLES DES CINQ CONTINENTS

page 3 - Newsletter Be-linked n°2

Page 4: Belinked Newsletter2

NOUVELLES DES CINQ CONTINENTS : SUITE

Sofala Investment LDA, entreprise privée dirigée par un entrepreneur social Allan Schwartz aide, avec le Centre du Commerce International (CCI), les com-munautés pauvres des forêts menacées de dispa-rition de la province de Sofala au Mozambique à développer et exporter de façon durable des bijoux en bois et lance des programmes de reforestation à petite échelle.

Pour faire face à l’épidémie du VIH/SIDA qui sévit dans ces communautés, un partenariat a été initié avec l’ONG locale Formation internationale pour les orphelins et leur survie (TIOS), qui offre désormais aux communautés une formation sur le VIH/SIDA axée sur la prévention, le traitement et les soins à domicile.

L’institution de crédit créée par Mohammed Yunus, la Grameen Bank, et le géant allemand leader mondial de l’industrie chimique, BASF, s’associent pour créer une entreprise sociale au Bangladesh. Cette joint-venture, qui a comme ambition de deve-nir un « social business », est destinée à améliorer la santé des populations bangladaises en rendant accessible 2 produits commercialisés par BASF : des moustiquaires, pour lutter contre le paludisme et des sachets de compléments alimentaires pour

combattre la malnutrition, qui touche plusieurs mil-lions d’enfants dans le pays. BASF, qui débloque la somme de 200 000 euros de capital, mettra à disposition 100 000 filets an-ti-moustiques ainsi qu’un million de sachets de vi-tamines. Des micro-crédits seront proposés par la Grameen Bank à ses clients pour l’achat de vitami-nes, ainsi que des contrats de leasing pour les filets anti-moustiques.

Lafarge, leader mondial des matériaux de construc-tion, et Care, association de solidarité internationale, viennent de conclure un nouveau partenariat sur 3 ans, qui fait suite à un 1er accord de 5 ans, portant principalement sur le thème de la lutte contre le VIH /Sida en Afrique.Ce partenariat prolonge l’engagement dans le do-maine de la santé du groupe et prévoit 3 nouveaux programmes plus orientés sur la contribution écono-mique et sociale : diffusion du savoir faire en matière

de lutte contre le VIH et le paludisme dans d’autres pays, développement d’un outil d’évaluation de l’im-pact social et économique sur les communautés des actions réalisées par Lafarge, lancement d’un pro-gramme à destination des populations pauvres dans les pays émergents afin d’accéder à un habitat de meilleure qualité, avec un projet pilote qui démarre déjà en Indonésie.

AFRIQUESOFALA INVESTMENT LDA

ASIEGRAMEEN BANK / BASF

EUROPE/RUSSIELAFARGE / CARE

Pour lutter contre la fracture numérique Nord/Sud dans le secteur des NTIC, Microsoft a développé un programme dit de « citoyenneté » dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, dont le Sé-négal, pour aider les communautés à avoir accès et à utiliser ces nouvelles technologies. Outils de trans-mission des connaissances, les NTIC peuvent aussi constituer des leviers puissants en terme de déve-

loppement.En partenariat avec plusieurs ONG locales, le pro-gramme s’adresse à la fois aux enseignants, élèves et adultes à travers des modules de formation, des programmes d’e-learning dans les écoles... Microsoft finance également plusieurs projets d’ONG locales en lien avec les NTIC.

SÉNÉGAL - MICROSOFT

Pour lutter contre la fracture numérique Nord/Sud dans le secteur des NTIC, Microsoft a développé un programme dit de « citoyenneté » dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, dont le Sé-négal, pour aider les communautés à avoir accès et à utiliser ces nouvelles technologies. Outils de trans-mission des connaissances, les NTIC peuvent aussi constituer des leviers puissants en terme de déve-loppement.En partenariat avec plusieurs ONG locales, le pro-gramme s’adresse à la fois aux enseignants, élèves

et adultes à travers des modules de formation, des programmes d’e-learning dans les écoles... Microsoft finance également plusieurs projets d’ONG locales en lien avec les NTIC.

SÉNÉGAL - MICROSOFT

Pour lutter contre la fracture numérique Nord/Sud, Microsoft a développé un programme dit de « citoyenneté » dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, dont le Sénégal, pour aider les communautés à avoir accès et à utiliser ces nouvelles technologies. Outils de transmission des connaissances, les NTIC peuvent aussi constituer des leviers puissants en terme de développement.

En partenariat avec plusieurs ONG locales, le pro-gramme s’adresse à la fois aux enseignants, élèves et adultes à travers des modules de formation, des programmes d’e-learning dans les écoles... Microsoft finance également plusieurs projets d’ONG locales en lien avec les NTIC.

MICROSOFT

La mini-automobile, Nano, lancée en mars dernier par le groupe Tata en Inde et vendue pour la somme record de 1 500 euros, suscite une vaste polémique au sein de l’ONG Greenpeace.A Dhamra, en Inde, Tata construit un port gigantes-que qui menacerait selon l’ONG des centaines de milliers de tortues olivâtres qui viennent pondre leurs œufs chaque année. Greenpeace a lancé une cam-pagne offensive contre Tata pour demander l’arrêt de la construction du port qui aurait déjà été suivie par plus de 100 000 personnes dans le monde.

Intitulée « Ne laissez pas Tata anéantir les tortues », l’ONG a notamment incité le public à inonder les lignes téléphoniques du groupe en suivant une pro-cédure établie, et des activistes ont bloqué le siège du groupe en Inde. Tata prévoit également de décli-ner son approche « bottom of the pyramid » dans le secteur du logement, avec la construction de 1 000 appartements près de Mumbai, vendus entre 7 000 et 13 000 dollars l’unité.

GREENPEACE VERSUS TATA

France www.carefrance.org

MOZAMBIQUE

BANGLADESH www.basf.com

INDE www.greenpeace.org

SÉNÉGALwww.sn.resafad.org www.microsoft.com

Newsletter Be-linked n°2 - page 4

Page 5: Belinked Newsletter2

ZOOM SUR UNE REGION : ASIEL’Asie a été témoin d’une croissante économique forte ces dernières années, avec une moyenne de 6% par an. Les pays à revenus moyens (middle income countries – MICs) sont au premier plan de cette croissance. Les investissements les plus importants dans la région concernent les secteurs énergie, transport, agriculture, et urbain.Néanmoins, la croissance ne s’est pas traduite en une réduction de la pauvreté, et la région abrite encore 620 millions de pauvres. Même si dans un certain nombre de pays, la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) connaît des progrès non négligeables, il est clair qu’ils ne seront pas atteints en 2015. Les problèmes liés aux inégalités croissantes, à l’exclusion sociale et aux discriminations, en particulier envers les populations marginalisées et fragilisées, sont toujours présents et continuent à entraver le développement économique et social de la région.

Nos recommandations de lecture « La fabrique des femmes – du village à l’usine, deux jeunes chinois racontent »de Leslie Chang, éditions Belfond

Rapport de la Banque Asiatique de Développement 2009www.asia-studies.com

Civil Society and Political Change in Asiawww.sup.org/

Shaping Globalization: Civil Society, Cultural Power and Threefolding, by Nicanor Perlaswww.globenet3.org/

Rapport Cash! du Collectif de l’Ethique sur l’Etiquette www.ethique-sur-etiquette.org

Rapports du PNUD Opportunités et perspectives du microcrédit en Indewww2.undprcc.lk

Tackling corruption, transforming liveshttp://hdr.undp.org

A future within reach 2008 (ONU/ADB) www.mdgasiapacific.org

Liens utilesGrassroots Voiceswww.grassrootsvoices.net

Asian Development Bank on NGOswww.adb.org/NGOs

Development Asiahttp://development.asia

Grameen Bank www.grameen-info.org/

Centre de Recherches pour le Développement Inter-national (Mondialisation et Asie du Sud-Est)www.idrc.ca/

REPÈRES Chiffres clés

L’Asie compte près de 3,5 milliards d’habitants (dont 1,3 milliards en Chine, 1, 1 milliard en Inde, 226 mil-lions en Indonésie et 159 millions au Bangladesh)

37% de la population mondiale se trouvent aujourd’hui en Chine et en Inde. En 2028, la popu-lation indienne devrait surpasser celle de la Chine

La majorité des grandes mégalopoles mondiales se trouvent en Asie, et principalement en Inde

L’espérance de vie est de 64 ans en Asie du Sud et de 72 ans en Asie de l’Est et du Pacifique

Asie du Sud La mortalité infantile est de 500 pour 1000, un des taux les plus forts de tous les pays en voie de déve-loppement

71 millions de personnes vivent dans un pays tou-ché par un conflit.

66% : c’est le taux d’augmentation de l’urbanisation d’ici 2025 – soit près de 500 millions de personnes qui rejoindront les villes

Entre 2 et 3,5 millions de personnes sont atteintes du VIH sida

Asie de l’Est et du Pacifique 90% des enfants sont scolarisés.Les consommations d’énergie ont doublé entre 1990 et 2007 pour atteindre 2,4 milliards de tonnes de pétrole, soit 20% de la production mondiale.

Près de 42% des Indonésiens vivent avec 1 à 2 $ par jour.

70% des forêts tropicales auraient été détruites en Indonésie en 50 ans

159 millions de chinois ont plus de 60 ans, soit 12% de la population du pays

Source : Banque Mondiale 2007

OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE EN ASIE

Bien que l’Objectif 1 « Combattre l’extrême pauvreté et la faim », est

en passe d’être atteint (entre 1990 et 2004, la proportion de population

vivant en dessous du seuil de 1$ a chuté de 31 à 17%), il est à noter

que ces progrès sont très inégalement répartis parmi les pays de la région, dont certains connaissent une aug-

mentation dramatique des inégalités.

www.mdgmonitor.org www.whiteband.org

http://asiapacific.endpoverty2015.org www.mdg-sa.net

www.mdgasiapacific.org www.adb.org

Chiffres clés, repères, points de vue d’experts et d’acteurs de

terrain confrontés à la relation ONG/entreprise dans leurs

régions du monde. Focus sur l’Asie pour ce 2e numéro.

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FLASH PARTENARIATSZOOM SUR UNE REGION : ASIE

CAMBODGE : AGRISUD/ACCORAu Cambodge, Accor travaille avec Agrisud depuis 2004 pour soutenir la production maraîchère de pe-tites exploitations familiales dans la région de Siem Reap. 10% de leur production de fruits et légumes destinée aux touristes sont achetés par le Sofitel Royal Angkor. Ce partenariat concerne plus de 750 personnes et permet à des exploitants de diversifier leur production et leurs débouchés. Accor va trans-poser cette démarche à Phnom Penh, où le Groupe ouvre prochainement un Sofitel. Un projet pilote a été lancé dans la Province de Kandal visant à déve-lopper des activités diverses, telles que l’élevage de porcs et de volailles et la culture de champignons.

www.accor.com

INDONÉSIE : UNILEVER/OXFAMUnilever et Oxfam ont publié un rapport commun sur l’étude des liens entre création de richesse et réduc-tion de la pauvreté en Indonésie. Dans ce rapport, premier du genre à être aussi fouillé et rendu pu-blic, les deux organisations dressent le bilan complet des impacts économiques et sociétaux de la multi-nationale. Toute la chaîne de création de valeur est étudiée, des enjeux macro jusqu’aux impacts micro économiques. On y apprend notamment que près de 300 000 personnes sont directement concer-nées par la chaîne de création de valeur d’Unilever (pour 3 000 employés directs et 4 000 indirects) sur place. Et dans le même temps, que la participa-tion à la chaîne de création de valeur telle que créée par Unilever en Indonésie ne signifie pas forcément amélioration des conditions de vie.

Executive summarywww.unilever.com

INDE : IKEA/UNICEFIKEA et l’UNICEF ont développé dès 2000, un 1er partenariat avec le Gouvernement indien pour lutter contre le travail des enfants dans la région de pro-duction des tapis dans près de 500 villages de la région de l’Uttar Pradesh oriental et financé à travers une vaste opération internationale de produits-par-tage. IKEA a annoncé en février dernier qu’elle ren-forçait son appui en offrant 48 millions de dollars aux programmes de l’UNICEF en Inde. IKEA devient donc la plus importante entreprise partenaire d’IKEA avec plus de 180 millions de dollars sur la période 2000-2015. Le partenariat s’est maintenant diversi-fié sur d’autres thématiques comme la santé, l’édu-cation et la protection des enfants et des femmes.

www.unicef.org

BANGLADESH : CARE/BATAL’ONG de solidarité internationale Care et le groupe de chaussures Bata travaillent ensemble depuis 2005 au Bangladesh pour mettre en place des filières de vente économiquement viables des produits de la marque en zone rurale, permettant à des centaines de femmes de sortir de l’extrême pauvreté et de gagner un salaire médian national. 1 500 femmes formées par Care distribuent les produits Bata en porte à porte en zone rurale. Un système de platefor-mes relai, permet également de gérer les différents aspects du programme. Les intérêts stratégiques pour Bata dans ce projet sont à la fois d’introduire des produits dans des zones difficilement accessi-bles et à faible pouvoir d’achat, tandis qu’il permet à Care de créer des opportunités d’emploi et d’amé-liorer les revenus de ces femmes.

www.carefrance.org

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VIOLATIONS DES DROITS DES TRAVAILLEURS DU SECTEUR TEXTILE EN ASIE : 5 ENSEIGNES DE LA DISTRIBUTION MONDIALE EPINGLÉESMme Maïté Errecart, Présidente du Collectif de l’Ethique sur l’Etiquette. A l’occasion de la sortie récente du rapport « CASH! Pratiques d’approvisionnement de la grande distribution et conditions de travail dans l’industrie de l’habillement », la présidente du Collectif nous parle des enseignements de ce rapport et de leur travail en direction des entreprises pour faire évoluer les droits humains au travail.

Quelles sont les spécificités de votre collectif, ses missions, ses actions ?Structuré en association et branche française du réseau international « clean clothes campaign », le Collectif regroupe une vingtaine d’associations, de collectivités territoriales et de consommateurs, de syndicats et représente un réseau de plus de 2 millions de personnes. Notre mission est de défen-dre les droits humains au travail. Nous travaillons plus particulièrement sur les produits textiles. Nous sommes donc sur du commerce éthique et pas seu-lement du commerce équitable. Nous menons 2 types d’actions. Un travail tout d’abord d’éducation populaire et d’information citoyenne comme ce rap-port qui est une façon de faire connaître la situation réelle des travailleurs dans les pays concernés et d’utiliser les voix de la presse. Un travail de lobbying ensuite en direction des acteurs qui sont suscepti-bles de pouvoir intervenir plus directement pour dé-velopper ces droits humains au travail. Evidemment, on pense aux pouvoirs publics. Mais je dirais que notre cible principale ces dernières années, ce sont plutôt les entreprises. Parce que nous considérons qu’elles sont aussi acteurs de responsabilité sociale et qu’il est donc important de les stimuler et de les amener vers des voies de progrès du point de vue des droits humains au travail. Nous avons mené plus d’une dizaine de campagnes, comme notre bataille pour faire adopter par les distributeurs, des codes de conduite pour leurs achats. D’autres campagnes, plus circonscrites, se sont portées sur les jouets, ou sur le matériel sportif comme l’année dernière, où nous avons interpellé le Comité International Olym-pique dans le cadre des JO pour que les produits siglés Jeux Olympiques soient produits dans des conditions socialement responsables, ce qui n’était pas le cas.

Comment travaillez-vous avec les entreprises ? Nous agissons via des campagnes d’opinion et nous allons au devant des professionnels pour discuter avec eux des progrès qu’ils sont susceptibles de faire. Mais nous n’excluons pas de pouvoir dénoncer des comportements qui ne sont pas satisfaisants. Nous relayons par ailleurs les appels urgents de peu-ples solidaires qui portent sur des violations notoires de droits humains dans les pays du Sud et nous es-sayons d’influer sur l’entreprise européenne qui est en lien avec les faits précités pour que des mesures correctives soient mises en place. Certains de nos membres participent aussi aux travaux de norma-lisation comme pour la norme ISO 26 000. C’est une autre piste pour faire pression sur l’ensemble du secteur. Quels sont les objectifs majeurs du rapport CASH! et ses principaux enseignements?Nous avons pris 5 grands distributeurs* qui sont des surpuissances, compte tenu des volumes d’achat qu’ils représentent et de leur impact sur les consom-mations nationales. Nous avons voulu décrypter ce qui se passe réellement dans les conditions d’ap-provisionnement qu’ils imposent...Et l’on retrouve dans la fabrication de toute une série de produits des conditions d’emplois tout à fait inacceptables : horaires de travail supérieurs à 70h et pouvant aller jusqu’à 90h par semaine, heures supplémentaires non payées, conditions de sécurité au travail non res-pectées, pas de liberté de négociation, salaires ab-solument indécents (c’est-à-dire que les travailleurs ne gagnent pas un salaire leur permettant de cou-vrir leurs besoins de base)… La liste est longue. Ce sont les (jeunes) femmes qui supportent l’essentiel de ces conditions de travail, puisque les travailleurs de ces usines sont des travailleuses. Loin de sortir les femmes de la pauvreté, les grands distributeurs en tirent profit. Le message est à la fois destiné aux consommateurs afin de les alerter, et aux distribu-teurs afin qu’ils prennent leurs responsabilités.

INTERVIEW

“ A taille de géant, responsabilités de géant”

ZOOM SUR UNE REGION : ASIE

Mme Maïté Errecart, Présidente du Collectif de l’Ethique sur l’Etiquette

page 7 - Newsletter Be-linked n°2

Plus d’infos www.ethique-sur-etiquette.org

* Les 5 grands distributeurs : Wallmart, Carrefour, Tesco, Aldi et Lidl

Enquête menée en 2008 auprès de 440 travailleurs de 30 usines basées en Thaïlande, Bangladesh, en Inde et au Sri Lanka fournissant ces 5 enseignes

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INTERVIEWsuite

ZOOM SUR UNE REGION : ASIEVous écrivez dans le rapport, « A taille de géant, responsabilité de géant »… ?Oui, absolument. Il y a des responsabilités de géant et elles le sont aussi par les méthodes employées. Quand vous avez des groupes comme Carrefour, Wallmart et d’autres, qui utilisent des méthodes avec par exemple les enchères inversées, c’est évi-dent qu’il y a un impact sur les conditions de pro-duction. Flux tendus, choix des collections au dernier moment, réapprovisionnement toujours plus rapide, il faut savoir que derrière, ce sont des travailleurs qui se retrouvent avec des horaires de travail déments. Vous parlez dans le rapport d’exigences contradic-toires de la part des distributeurs ?Une grande partie des fournisseurs ne respectent pas les codes de conduite que les grandes firmes prétendent imposer. Ils sont schizophrènes : ils dé-clarent sélectionner des fournisseurs qui s’engagent à respecter des codes de conduite, et de l’autre côté, ils imposent des conditions et mettent une pression qui sont telles, que le respect de ces codes de conduite n’est tout simplement pas possible. Que demandez-vous en priorité à ces grands dis-tributeurs, quels sont les axes d’amélioration pos-sibles ? Nous leur demandons actuellement des informa-tions sur leurs pratiques d’achat, sur les évolutions qui ont pu être menées ces dernières années et de leur impact sur les conditions d’emploi chez les ap-provisionneurs. Il est clair que nous avons un cer-tain nombre d’idées sur les progrès qu’ils pourraient

encore faire et je pense que d’ici la fin de l’année, nous allons pouvoir les préciser et ensuite engager les ac-tions. Nous voulons leur faire part de notre exigence dans une approche constructive. Il faut à un moment donné qu’ils puissent faire des choix, et qu’ils s’engagent plus ré-solument dans le cadre de la responsabilité sociale des entreprises. Ils sont en train de le faire dans le domaine de l’environnement, parce qu’ils sentent bien que l’opi-nion publique est sensible

et représente peut-être un nouveau marché. Nous aimerions bien que leur prise de conscience en ma-tière de droits humains soit aussi développée. Nous sommes conscients que ce sont des évolutions qui ne se font pas en un jour, mais nous sommes à un moment où les entreprises peuvent s’engager plus fortement au titre des droits humains et implique qu’ils modifient certains comportements et s’enga-gent dans des actions collectives. Certains aspects, comme la liberté d’association, relèvent des Etats. Mais il y en a d’autres, qui relèvent des fournisseurs eux-mêmes et il est clair que les grands distributeurs aussi ont leur responsabilité. Dans les contacts que nous avons déjà et les informations qui nous remon-tent, on voit bien que certains ont déjà engagé des évolutions et d’autres moins. Il faut qu’ils évoluent dans leurs pratiques d’achat pour que les conditions de travail puissent évoluer. Un exemple ? Ils ont des contrats avec les fournisseurs. Sur les délais de livraison qu’ils imposent, avec l’idée qui est bien repris dans le rapport, d’avoir des délais très courts et des pénalités extrêmement fortes en cas de retard, s’ils modifiaient déjà ces clauses, je pense que cela améliorerait les conditions de travail et d’emploi dans les pays fournisseurs. Quelles ont été les réactions de ces distributeurs suite à la publication de votre rapport ? Nous avons contacté plusieurs enseignes et leur fé-dération pour leur demander de nous clarifier leurs pratiques. Nous n’avons pas eu pour le moment de réponses satisfaisantes. Aussi, tout en restant dans le dialogue, nous avons prévu d’engager fin 2009, une campagne pour réclamer aux enseignes françai-ses de la grande distribution des mesures qui ga-rantissent le respect des droits fondamentaux des travailleurs et le droit à vivre décemment de leur travail.

Plus d’infos www.ethique-sur-etiquette.org

La réponse des distributeurs cités www.business-humanrights.org

Quelques initiatives sectorielles et multipartites dans la distribution

Ethical trading initiative www.ethicaltrade.org/

Initiative Clause sociale www.ics-asso.org/

International

Secretariat

Clean Clothes CampaignCampagne Vêtements Propres

Ethique sur l’Etiquette

CASH !

Pratiques d’approvisionnement de la

Grande distribution et

Conditions de travail dans l’industrie de l’habillement

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Plus d’infos www.communitybusiness.org

ZOOM SUR UNE REGION : ASIE

LA RESPONSABILITE SOCIALE DES ENTREPRISES EN CHINE EN MARCHE ?Mme Shalini Mahtani, Directrice générale et fondatrice de l’association professionnelle Community Business à Hong Kong en Chine. Community Business est une association professionnelle chinoise basée à Hong Kong (HK). Sa mission : accompagner les entreprises dans leur démarche de responsabilité sociale et les inciter à améliorer leur impact sur les communautés, à travers 4 domaines d’actions principaux : stratégie RSE, Corporate country investment, diversité et inclusion, équilibre entre vie professionnelle et personnelle.

Comment qualifieriez-vous l’état du secteur asso-ciatif dans votre région ?Tout d’abord, il est important de préciser que la situa-tion de la société civile à Hong Kong, bien qu’étant située en Chine, est très différente du reste du pays, pour des raisons principalement historiques avec la domination des anglais à HK jusqu’en 1997, qui a influencé sa composition. Vivante et dynamique, no-tre société civile se compose de 2 types d’acteurs. On trouve d’un côté les ONG officiellement « enre-gistrées » par les autorités et de l’autre, les groupes communautaires. Rien qu’à HK, on recense plus de 3 300 associations caritatives et bien plus encore de « societies » (clubs/groupements d’intérêt)! On ob-serve depuis une quinzaine d’années, une montée en puissance de la société civile sur des nouveaux sujets - comme la démocratie, l’environnement, la gouvernance… - alors que les domaines d’interven-tion étaient traditionnellement et quasi exclusive-ment tournés vers des missions caritatives. La question des relations ONG/entreprises est-elle selon vous d’actualité dans votre région et pour votre structure en particulier ? Oui, c’est un sujet crucial et qui est au cœur de notre action au quotidien, la mission de Community Busi-ness étant justement de rapprocher la société civile et le secteur privé. Nous avons choisi de privilégier comme approche, la prise de conscience progres-sive pour sensibiliser le secteur privé à ses impacts sur la société civile, sur des sujets comme par exem-ple la discrimination, l’égalité de traitement pour les homosexuels dans le travail… Notre association est d’ailleurs financée à 100% par le secteur privé. Un rapprochement entre ONG/entreprise pourrait-il être un outil efficace de développement dans votre région ? Si oui, quels en seraient les freins ?Absolument ! La situation de la société civile ici est très différente de celle qui existe en France, où elle représente les opinions du peuple, donne son avis et a les moyens, et surtout la possibilité, d’influencer la politique. Nous ne sommes pas ici dans un sys-tème démocratique et c’est pourquoi le rapproche-ment ONG/entreprises dans ce contexte particulier,

constitue un outil de développement encore plus puissant et efficace. Le Gouvernement est très aligné sur le secteur privé. Nous utilisons donc le secteur privé comme catalyseur pour servir les intérêts de la société civile et avoir un impact sur le Gouverne-ment. Je distinguerais trois obstacles majeurs à ce rapprochement. Premièrement, les ONG n’apprécient pas de manière générale le secteur privé, qu’elles voient uniquement comme une « vache à lait » et donc en totale op-position avec la notion même de développement prônée par les ONG. Deuxièmement, le secteur privé perçoit trop souvent les ONG comme des structures non professionnelles et dirigées par des amateurs. Enfin, les ONG et le secteur privé ont des manières de travailler et de communiquer complètement diffé-rentes. Je suis d’ailleurs intimement convaincue que les ONG qui réussiront le mieux dans les années à venir seront celles qui savent aussi parler le même langage que le business. Pourriez-vous nous citer deux exemples innovants et impactants de rapprochement entre ONG et entreprises ?Je citerai 2 exemples au sein de notre association. Le programme « ENGAGE » a débuté en 2008 et souhaite réunir le secteur privé et les acteurs de la société civile afin de générer ensemble un impact positif sur la société, en mobilisant les salariés de ces entreprises partenaires sur des projets commu-nautaires locaux. Il rassemble 70 salariés volontai-res mis à disposition par une vingtaine d’entreprises multinationales présentes ici, une association com-munautaire et plus de 60 adolescents défavorisés. A travers l’organisation de rencontres au sein de ces entreprises, de système de tutorat avec des étudiants volontaires d’universités partenaires, l’idée, c’est de montrer à ces jeunes que des opportunités existent en terme d’emploi et d’éducation et qu’ils peuvent s’en sortir.En partenariat avec 8 ONG et 2 agences gouverne-mentales spécialisées, nous avons également mené un programme de sensibilisation au handicap à tra-vers l’organisation d’un séminaire sur le thème du handicap et de l’emploi qui a réuni plus de 200 par-ticipants issus du secteur privé. Alors que 10% de la population est handicapée à HK, il est pourtant très rare de rencontrer des personnes handicapées dans le milieu professionnel. Même si les entreprises ne sont pas encore prêtes à employer des personnes handicapées, nous voulons les inciter petit à petit à développer des contacts et des liens avec ce public et leur faire part de notre propre expérience : nos fleurs par exemple proviennent d’un atelier commu-nautaire employant uniquement des personnes han-dicapées, comme notre personnel de nettoyage.

INTERVIEW

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“ Nous utilisons le secteur privé comme catalyseur pour servir les intérêts de la société civile et avoir un impact sur le gouvernement”

Mme Shalini Mathani - Directrice Générale et Fondatrice de Community Business

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INTERVIEWZOOM SUR UNE REGION : ASIE

VERS UN AUTRE MODÈLE DE L’ENTREPRISE ?Jean-Marc Guesne, Directeur général d’ISD partners a conçu un modèle d’entreprise innovant, destiné à redynamiser l’économie des hauts plateaux tibétains et des éleveurs nomades, grâce à la revalorisation de leurs produits (laine de yack, lait) et le développement de nouveaux marchés tout en ayant un impact positif sur l’environnement de cette zone, fortement dégradée.

Quelle a été la genèse du projet ?Initialement, quand nous nous sommes lancés sur le projet en 2006, c’était un projet de relance de l’économie des plateaux tibétains. Nous partions d’un constat : une population d’éleveurs nomades de yacks et de moutons et qui pour diverses raisons économiques, se retrouvait dans une situation de pauvreté alarmante. Au départ, c’était essentielle-ment un projet socio-économique avec une idée forte : moderniser l’élevage, en valoriser les produits, en développer de nouveaux et également créer de l’emploi. Qu’est-ce-qui a motivé ensuite votre choix du modèle de l’entreprise privée pour atteindre ces objectifs socio-économiques ?Quel modèle choisir ? C’était pour nous une vraie question ! Nous nous sommes rapidement fait la ré-flexion que nous arrivions dans un nouveau pays, la Chine, avec ses codes et modes de fonctionnements spécifiques. Par rapport au projet que nous voulions réaliser, la société privée était la forme qui corres-pondait le mieux : en effet la Chine est une éco-nomie régulée, où il est très difficile de développer des activités économiques lorsqu’on est une ONG, alors qu’une entreprise privée est perçue comme plus crédible, comme un partenaire. Quand on parle de créer de l’emploi durable et des activités à forte valeur ajoutée, il est clair que le meilleur outil pour travailler, c’est l’entreprise.

Pourquoi les éleveurs nomades tibétains n’arri-vent-ils plus à vivre de leur activité ? Sur les hauts plateaux tibétains, le problème majeur que rencontrent les éleveurs est la dégradation alar-mante, et complexe à résoudre, de l’environnement. Aujourd’hui, vous avez une surpopulation animale très importante avec 2 à 4 fois trop d’animaux, ce qui entraîne des sévères dégradations sur les zones de pâture et les hauts plateaux. Vous avez des éle-veurs, qui vivaient pourtant avant en harmonie avec l’écosystème, qui ont été contraints pour différentes raisons économiques et parce qu’ils ont suivi des politiques agricoles, d’augmenter de manière très importante leur cheptel. En augmentant leur nombre d’animaux, ils ont impacté très fortement l’environ-nement. En impactant fortement l’environnement, les animaux n’ont plus suffisamment à manger et n’ayant plus assez à manger, leur productivité en laine, en viande et en lait, a chuté. Les éleveurs ont donc besoin de plus en plus d’animaux pour pou-voir vivre de la même manière qu’avant avec moins d’animaux, etc. Il est très compliqué de sortir de ce cycle. Quelle a été votre stratégie pour résoudre cette équation complexe ? Attaquer le problème, et le dire, c’est-à-dire réduire le nombre d’animaux pour réduire le surpâturage sur deux axes. Tout d’abord, un travail sur les grands éle-vages en créant de nouveaux produits et marchés essentiellement sur le lait, et ensuite relancer l’éco-nomie laitière pour que la collecte puisse doubler ou tripler le revenu des éleveurs, tout en divisant le nombre d’animaux par 2 à 3. De l’autre côté, on a mis en place tout un programme de création d’em-plois, à travers la mise en place d’ateliers de textile de la laine de yack à la main sur les zones dans les villages des éleveurs, et qui emploient au total plus de 70 personnes formées produisant des textiles de luxe (accessoires comme des écharpes, tissus, plaids) pour le marché français. Mais seuls 15% de la laine collecté des yack sont utilisés pour la filière de laine de luxe… Exactement. Et ces 85% restants, qu’on appelle « du déchet industriel de laine de yack » n’étaient jusqu’à présent pas du tout valorisés. Nous avons aussi dé-veloppé avec ces « déchets » un autre produit d’iso-lation thermique naturelle. La filière est donc exploi-tée à 100%.

“Mon 1er indicateur en tant que dirigeant

d’entreprise est la création d’emplois. Viennent ensuite la

réduction de l’impact sur l’environnement (…)

puis le profit”

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Jean-Marc Guesne, Directeur général d’ISD partners

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ZOOM SUR UNE REGION : ASIEINTERVIEWsuitePourquoi avoir monté en parallèle l’ONG Zama qui

regroupe des éleveurs tibétains ? Nous avons monté en 2007 une ONG, Zama, qui regroupe 1500 éleveurs tibétains et a pour vocation de se transformer petit à petit en coopérative agri-cole. C’est vraiment notre interface avec les éleveurs, population difficile d’accès, ce qui nous permet d’établir la confiance avec ces derniers. Nous inves-tissons beaucoup dans l’ONG, qui porte tout le projet de développement agricole. L’atelier que nous avons construit appartient par exemple à la communauté. Quels sont vos partenaires ?Nous avons des partenaires gouvernementaux. L’objectif est que notre projet soit reconnu comme un pilote national pour résoudre les problèmes socio-économiques et environnementaux de cette zone. Partenaires scientifiques et techniques sont par ailleurs essentiels pour faire le pont entre coo-pération technique et scientifique européenne et chinoise. Enfin, nous montons des partenariats in-dustriels et financiers avec des acteurs majeurs du marché. Le but est de développer chaque activité (lait, laine, isolation) avec un partenaire qui sait faire (commercialisation, distribution etc.). Typiquement pour l’isolation, nous sommes en train de monter un partenariat avec un leader mondial pour développer le produit. En quoi votre modèle d’entreprises est différent du modèle traditionnel ?Il est différent pour la simple et bonne raison que mon 1er indicateur en tant que dirigeant d’entre-prise, c’est la création d’emplois. Viennent ensuite la réduction de l’impact sur l’environnement lié au surpâturage puis le profit. Nous avons une véritable approche business, mais l’ensemble des profits que nous réalisons est systématiquement réinvesti pour développer de nouvelles activités. Un peu comme un moteur qui s’autofinance.

Vous parlez de modèle pilote, l’objectif est-il en-suite la réplication ? Oui, nous voulons développer un modèle pilote et une fois qu’il fonctionnera et sera bien en place, le dupliquer dans tous les hauts plateaux avec nos par-tenaires. Nous sommes également sollicités auprès de différents gouvernements en dehors de la Chine qui nous demandent de réfléchir avec eux à une duplication de ce modèle. Je pense que c’est une vraie réponse, pas simplement au contexte des éle-veurs du Nord-Ouest de la Chine, mais pour tous les éleveurs des zones de montagne des pays en voie de développement. Pour beaucoup de gens, on peut voir ça comme une aberration économique, mais il y a d’énormes opportunités de développement : écotourisme, plantes médicinales, d’autres sous-produits avec le lait, la laine…

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Plus d’infos

Site d’ISD Partners en cours de construction Projet textile laine de yack

www.norlha.net [email protected]

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ZOOM SUR UNE REGION : ASIEINTERVIEW

Plus d’infos www.ghre.org

Et aussi

www.maetaoclinic.org

UNE SOCIETE CIVILE BIRMANE SOUS PRESSIONM. Htoo Shit, activiste birman reconnu, lutte depuis plus de 20 ans pour la défense des droits humains en Birmanie. Il est le directeur général fondateur de l’ONG Grassroots Human Rights Education and Development (GHRE) et fut primé pour son action par Ashoka* en 2008. Basée dans la province de Phang-Nga en Thaïlande, GHRE axe son action sur la promotion de l’éducation, des droits humains et pour de meilleures conditions de travail des Birmans. En Thaïlande, près de 3,5 sur les 4 millions de travailleurs migrants sont originaires de Birmanie et sont confrontés à de multiples difficultés économiques et sociales.

Comment qualifieriez-vous l’état du secteur associatif en Birmanie ?Complexe et peu visible. Régi par une dictature mi-litaire depuis plus de 40 ans, il est extrêmement difficile pour les acteurs associatifs de travailler à l’intérieur du pays. Il existe de nombreuses ONG « enregistrées », c’est-à-dire autorisées par les autorités à exercer leurs missions. On trouve aussi des structures que nous appelons « social welfare group », d’ordre religieux majoritairement et qui œu-vrent dans le domaine de l’éducation et du dévelop-pement avec un fort ancrage local. La société civile birmane, en dehors de ces organi-sations officielles religieuses mais qui ne sont pas « dangereuses » je dirais pour le système en place, est complètement alignée avec la junte birmane. Nous les appelons les GONGO (gouvernemental or-ganisations non-governemental organisations). Elles prétendent être des ONG, alors qu’elles sont là en réalité pour appliquer la politique de la junte. On re-trouve d’ailleurs étonnamment souvent à leur tête, des femmes de général, etc. En fait, la majorité des ONG birmanes opèrent non pas en Birmanie, où il est quasi impossible de travailler, mais à l’extérieur du pays, et principalement de Thaïlande, comme c’est le cas pour notre ONG GHRE. Proche géogra-phiquement, la Thaïlande regroupe plusieurs millions de réfugiés birmans qui ont fui la Birmanie. Ces ONG agissent dans des domaine très différents : aide aux réfugiés, l’empowerment des femmes, l’éducation, les droits humains, la reconnaissance légale, ou en-core la santé. Comment GHRE travaille-t-elle avec la Birmanie sans être basée sur place ?Nous établissons en toute clandestinité des réseaux avec des intermédiaires birmans. Nous organisons par exemple à la frontière des sessions de forma-tions aux droits humains pour des birmans vivant à l’intérieur du pays. Nous leur transmettons des CD

de formation afin qu’ils soient relayés ensuite dans les réseaux. Nous finançons leurs activités. Dans ce contexte, les relations ONG/entreprises sont-elles possibles en Birmanie ?Les relations ONG/entreprises ne sont pas du tout développées en Birmanie. Les entreprises travaillent en lien avec le Gouvernement et elles ont peur de perdre leur contrat. Les entreprises qui sont instal-lées ici n’ont pas d’autre choix pour continuer à avoir leur droit d’exercer, que de rester strictement dans la lignée de la junte militaire. Elles ne peuvent donc pas établir de liens avec la société civile, sous peine de voir remis en cause leur « licence to operate ». Même dans un cas extrême comme le cyclone Nar-gis en 2008, la junte a refusé l’aide des organisa-tions internationales, mais aussi des entreprises. Les ONG comme la nôtre, qui sont basées en dehors de Birmanie, sont majoritairement financées par des organisations internationales ou des ONG de déve-loppement et de solidarité internationale, comme le Comité Catholique contre la Faim et pour le Dévelop-pement (CCFD), qui est un de nos soutiens le plus fidèle et conséquent pour notre association. Au sein de GHRE, travaillez-vous avec les entreprises ?De manière générale, je dirais que le rapprochement ONG/entreprises en Thaïlande se limite encore très souvent au mécénat. Nous (GHRE) avons encore peu de soutien de la part d’entreprises privées. C’est dommage, car nous aurions pourtant besoin de leur aide et ce type de rapprochement pourrait être un outil efficace pour notre travail. Mais nous ne sa-vons pas toujours comment faire pour établir des contacts avec les entreprises. Nous avons clairement un manque de compétence à ce niveau. La venue récemment dans notre équipe d’une recrue anglaise a permis un début de sensibilisation sur la thémati-que, mais nous avons clairement besoin de renfor-cer nos capacités dans ce domaine. Nous sommes aussi très localement implantés et il n’est pas évi-dent d’agir au niveau national, nécessaire pour ce type de rapprochement, avec des entreprises privées nationales ou internationales.

*Ashoka, organisation internationale à but non lucratif et indépendante a pour objectif de contribuer à la structuration et au développement du secteur de l’Entrepreneuriat Social au niveau mondial. Son programme phare consiste à sélectionner et soutenir des Entrepreneurs Sociaux innovants afin de leur permettre de démultiplier leur impact sur la société.

“La société civile birmane opère de

l’extérieur du pays, principalement

depuis la Thaïlande”

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M. Htoo Shit, directeur général fondateur de GHRE

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ZOOM SUR UNE REGION : ASIEINTERVIEWL’ECONOMIE N’EST PAS LE DOMAINE

EXCLUSIF DES ENTREPRISESM. Augustin Brutus Jaykumar, fondateur et directeur général de l’ONG INDP (Intercultural Network for Development and Peace) en Inde.INDP conduit depuis 10 ans des projets au bénéfice des populations les plus démunies et marginalisées d’Inde, en axant ses interventions de soutien sur l’éducation et la culture. Elle a notamment développé pour les femmes vivant en dessous du seuil de pauvreté, une structure de micro-crédit.

Quelle est votre approche du développement en tant qu’ONG ?Pour nous, le développement est holistique, que ce soit des entités, des individus, ou des entreprises ; elles ont toutes en commun l’équilibre et la recher-che de cohésion entre les 5 éléments suivants : politique (gestion des affaires), économique, social, culturel et spirituel (qui n’a pour nous rien à voir avec la religion : c’est la recherche de sens et de valeurs). Pour moi, il est hors de question de faire de l’écono-mie sans une éthique, sans une morale, sans une valeur. Arrêtons les cloisonnements, du type « les en-treprises font du financier et sont sérieuses, et puis, vous, les gentilles ONG, faites l’hôpital de secours », car c’est faux. Regardez, par exemple, tous les pro-jets de micro-crédits et micro-entreprises. Les ONG jouent aussi un rôle économique. L’économie n’est pas le domaine exclusif des entreprises. Comment qualifieriez-vous l’état du secteur associatif en Inde ? En dépit de tout ce qui arrive, l’Inde est une réelle démocratie, qui se joue, se construit, se défait. La so-ciété civile joue un grand rôle, même si on ne la cite pas dans toutes ses grandes réalisations. Informelle, structurée, organisée en réseau, elle est très diverse et le mouvement grandit et se développe. Constituée autant d’intellectuels que « d’analphabètes, qui ont d’autres savoirs », elle est garante de valeurs qui ap-partiennent non seulement à l’Inde mais à l’huma-nité : partage, bon sens, respect de la nature. Valeurs qu’aujourd’hui on découvre avec le développement durable, alors qu’elles existaient déjà dans la culture des peuples qu’on a déclaré « sous-développées ». Quelle est la forme principale de la relation ONG/entreprise en Inde aujourd’hui ? La relation ONG/entreprise a encore principalement aujourd’hui en Inde la forme de mécénat. Mais cette relation s’ouvre de plus en plus sur la question de développement durable. Dans la forme, cela reste donc encore très caritatif. En plus de leur modèle

économique, certaines entreprises mènent une ac-tion sociale en aidant les hospices, les enfants, etc. Nous pensons qu’une autre forme d’action est né-cessaire : pourquoi, par exemple, dans une entrepri-se fabriquant des chaussures en cuir et embauchant des femmes issues de milieux défavorisés et déten-trices de savoirs-faire, n’y aurait-il pas une politique salariale correcte ? Et, sur un même lieu, le mariage de l’économie et du social ? Un rapprochement ONG/entreprise pourrait-il être un outil efficace de développement ? Si oui, quels en seraient les freins ?Les entreprises participent à la construction d’un pays aussi, donc si on peut travailler avec elles, pour-quoi pas. Mais à certaines conditions : tout d’abord, l’indépendance et la liberté de chacun des parte-naires, l’honnêteté et la confiance mutuelle. Le frein majeur, réside dans la non prise en compte par l’en-treprise de l’éthique, de valeurs et de l’aspect social. L’intégration de ces 3 dimensions clé par l’entreprise peut permettre de dépasser ce frein, et de réaliser des expériences bénéfiques pour les deux parties. On commence à sortir du mécénat, mais ces nou-velles relations sont parfois faussées dès le départ quand l’objectif est en réalité « comment détourner pour faire du profit et se servir de l’ONG pour gagner de l’argent, ne pas payer de taxes…» Il faut un intérêt partagé, même dans le cas où certaines ONG sont faibles ou en manque de ressources ou de capacités et peut-être plus faciles à instrumentaliser. Pourriez-vous nous donner un exemple de cette instrumentalisation des ONG que vous évoquez ? Nous avons été contactés il y a un an par une en-treprise indienne sur la question du crédit carbone. Il nous est rapidement apparu qu’en arrière plan, le schéma était « comment s’appuyer sur ces ONG pour générer de nouveaux revenus, et faire passer la collaboration pour du développement durable.» Nous avons joué la transparence, posé des ques-tions, exigé des conditions et décidé finalement de sortir de cette relation car nous nous sommes sentis manipulés. C’est dommage, car il y a pourtant des opportunités de s’appuyer sur les ONG pour faire des choses réussies.

M. Augustin Brutus Jaykumar, fondateur et directeur général de l’ONG INDP (Intercultural Network for Development and Peace) en Inde

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“ Arrêtons les cloisonnements, du type «les entreprises font du financier et sont sérieuses, et puis, vous, les gentilles ONG, faites l’hôpital de secours», car c’est faux”

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ZOOM SUR UNE REGION : ASIEINTERVIEW

suitePourriez-vous nous citer justement un exemple de rapprochement ONG/entreprise « réussi » ? Dans notre recherche de protection de l’environ-nement et de recyclage des déchets, nous avons monté un projet, dans la région de Pondichéry sur la collecte du plastique et du verre. Nous avons déve-loppé un partenariat tripartite entreprise/ONG/Etat. INDP a formé un groupe d’une vingtaine de femmes, les a aidées à créer cette activité de collecte de plastique et de verre, a approché l’Etat, négocié avec l’entreprise, etc. Au final, l’Etat assure son concours et appui sur un plan légal, l’entreprise indienne de collecte de verre Thai a été d’accord pour collecter le verre selon une rotation précise, le peser et payer les femmes sur place. La collecte a été rationnalisée, et le circuit optimisé. Vous parlez d’une « étude de cas » pour ce projet, c’est-à-dire ? Nous nous sommes servis de ce modèle pour in-téresser des privés, comme le Bureau International du Recyclage, pour travailler avec le Conseil Régional de Poitou-Charentes, le Conseil Général des Côtes d’Armor et bien d’autres entités… L’un des objectifs d’INDP, ce n’est pas la quantité, mais la mise en place des modèles permettant de dire « comment avec ces modèles cohérents en inspirer d’autres et étendre leur portée ». Ce ne sont pas ces 20 fem-mes et quelques kilos de verres qui vont changer le monde. Mais si le projet peut être repris par l’Etat, par des municipalités en France, des privés, le chan-gement est possible, peut se faire sur une grande échelle et rapidement. Nous proposons donc de réa-liser une sorte d’étude de cas, car nous savons que

l’expérience fonctionne et qu’elle peut être partagée. Nous accueillons dans ce contexte des élus, des poli-tiques indiens et étrangers, des privés, des journalis-tes…

Mme Béatrice Lecerf, présidente de la branche Française INDP en France La branche française d’INDP Inde est une association, loi 1901, qui réalise un travail de conscientisation, de formation aux partenariats, de diffusion d’outils pédagogiques, dont la collection d’ouvrages Interculture (disponible à la boutique Association de Talents à Paris), de collecte de fonds et intervient en qualité d’interface permanente entre l’Inde et les partenaires français.

Vous venez de signer récemment un accord avec la fondation d’entreprise Hermès, sur quel projet porte-t-il ? Oui, nous venons de signer un accord avec la fon-dation d’entreprise Hermès qui va soutenir finan-cièrement pendant 2 ans un projet d’INDP en Inde accompagné par notre branche française dans la région de Tamil Nadu. Le projet en lien avec les po-pulations et le conseil du village vise à réhabiliter un terrain de 5 ha et de le transformer en jardin bota-nique qui permettra de créer de l’emploi et des res-sources pour une centaine de personnes dalits* dé-favorisées et de faire vivre ce savoir-faire traditionnel en Inde. Grâce à ce soutien, elles auront les moyens de remettre ces terres en situation de fertilité active, planter les plantes aromatiques qui deviendront en-suite des sources de revenus dans leur exploitation (plantes médicinales…). *Les intouchables, ou parias, forment, en Inde, un groupe d’individus exclu du système des castes régissant la so-ciété indienne (stricto sensu, ils sont même considérés comme à proprement parler hors caste).

Newsletter Be-linked n°2 - page 14

Plus d’infos www.indp-india.org

Mme Béatrice Lecerf, présidente de la branche Française INDP en France

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ZOOM SUR UNE REGION : ASIEFLASH SECTEURL’EXEMPLE DE LA TABLE RONDE SUR L’HUILE DE PALME

DURABLE (RSPO) / INDONESIELa table ronde pour l’huile de palme durable, RSPO (Round Table for Sustainable Palm Oil) réunit secteur privé et ONG pour promouvoir l’huile de palme responsable en Indonésie.Texte réalisé à partir d’extraits de l’interview de Mme Desi Kusumadewi, coordinatrice indonésienne de RSPO, par Be-linked.

Principaux impacts de l’huile de palme sur l’environnement La culture de l’huile de palme entraîne une défores-tation massive des forêts tropicales, en particulier en Malaisie, et surtout en Indonésie qui couvre à elle seule 80% de la production mondiale d’huile de palme. Le pays aurait perdu plus de 70% de ses forêts tropicales en 50 ans, en grande partie en raison de la déforestation massive qu’a entraîné le développement de la filière. Elle pourrait même se-lon certaines ONG, disparaître dans 30 ans si rien n’est fait. En dehors de ces propriétés nutritionnelles, les autres utilisations de l’huile de palme (industrie cosmétique, chimique…) ont été à maintes reprises dénoncées par de nombreuses ONG. Selon le WWF, la production totale d’huile de palme est estimée à 38 millions de tonnes en 2006 et serait présente dans 1 produit de consommation sur 10 vendu en Europe. RSPO : nature et composition RSPO est une plateforme mise en place en 2004, qui réunit les différents acteurs du secteur de l’huile de palme tout au long de la chaîne de production : producteurs d’huile de palme, fabricants de biens de consommation, commerçants individuels, ban-ques, investisseurs et organisations non gouverne-mentales (ONG) sociales et environnementalistes. D’une coopérative informelle entre quelques entre-prises, l’initiative compte aujourd’hui plus de 340 membres. Le siège est basé en Malaisie avec une délégation à Jakarta en Indonésie. Objectif/ApprocheDévelopper et introduire des critères pour une huile de palme durable (global standards). Ces standards sont destinés à promouvoir l’amélioration continue des pratiques actuelles et non pas à faire disparaitre l’industrie. Les acteurs sont volontairement « variés et différents ».

Méthode de travail au sein de RSPO « Dialogue, communication et confiance ». « Pour pouvoir bien travailler ensemble avec des acteurs aussi différents, il est aussi essentiel d’in-clure dans le groupe des acteurs dont l’expertise et les intérêts sont pertinents avec les enjeux et que le groupe soit facilité par de bons acteurs neutres qui les comprennent aussi. Il faut veiller à ce que chaque groupe d’acteurs n’essaie pas de passer en force, mais travaille ensemble aux solutions et à la résolution des conflits en gardant toujours en tête l’objectif commun. » Rôle des ONG au sein de la plateforme « Les ONG apportent leur expertise aux producteurs d’huile de palme concernant les standards et cri-tères (P&C), dans le domaine de l’évaluation par exemple du management et du contrôle de la High Conservation Value (HCV). »« Les ONG environnementalistes peuvent par exem-ple accompagner et former les producteurs d’huile de palme à réaliser ces HCV sur le terrain. » Le groupe de travail indonésien HCV-RSPO « Etabli en juillet 2008, il regroupe des représen-tants d’ONG, du secteur privé, des gouvernements et des universitaires pour travailler ensemble sur des directives pour le management et le contrôle/suivi des HCV, dans et autour de la plantation d’huile de palme. » Position RSPO : les ONG sont-elles légitimes pour certifier les plantations d’huile de palme ?« La certification des plantations d’huile de palme sur la base des standards RSPO P&C peut unique-ment être effectuée par un organisme de certifica-tion tiers approuvé par RSPO. Néanmoins, avant et pendant le processus d’audit, des dispositions de consultations publiques et interviews avec les par-ties prenantes sont prévues, ce qui permet aux ONG de partager leurs commentaires et opinions sur la plantation auditée. Toute information ou plainte va-lable déposée par l’ONG contre la plantation devra être considérée par les organes de certification indé-pendants et traitée par la société. »

Plus d’infos www.rspo.org Quelques positions sur l’huile de palme

Les amis de la Terre www.amisdelaterre.org

Pétition WWF www.protegelaforet.com

Greenpeace www.greenpeace.org

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4e congrès du RIODD (réseau international de recherche sur les organisation et développement durable), « Responsabilité sociale et environnemen-tale des Entreprises : une nouvelle régulation des entreprises ? » :25 au 27 juin, Lille (France)http://clerse.univ-lille1.fr

Social Entrepreneurship: Reaching for Impact – 4e Conférence INSEAD d’Entrepreneuriat Social : 26 juin, Paris (France)www.insead.edu/facultyresearch

Proactive Stakeholder Engagement Conference (CSR/ORSE/Business society) :2 juillet, Bruxelles (Belgique) http://www.businessandsociety.be/

Global Ethics Forum :2 & 3 juillet, Genève (Suisse)Avec la présence confirmée de Muhammed Yunus www.globalethicsforum.org

Colloque CPCA/Crédit Coopératif, « Associations et entreprises : je t’aime moi non plus ? » :6 juillet, Paris (France) www.cpca.asso.fr/

Non-profits and Business: moving from Handouts to partnerships : 29 juillet, Université de Toronto (Canada)http://my.socialactions.com/

Le Boston Consulting Group et la Fondation Schwab for Social Entrepreneurship lancent la 3e édition du Prix de l’Entrepreneur Social de l’Année en France, afin de permettre à un entrepreneur inno-vant au service de la société de se développer. Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 31 août 2009 via www.bcg.fr

JUIN

JUILLET

AOÛT

CA VIENT DE SORTIR…

NGOs and corporations: conflicts and collaborations, Michael Yaziji (IMD, Lausanne) et Jonathan Doh (Villanova University, Pennsylvania), Cambridge University Press, 2009A lire sur www.cup.es/catalogueLes ONG dans la régulation de l’économie mondiale, Lys Vitral, L’Harmattan, 2009

ET AUSSI :

Transparence des ONG : pour qui sonne le glas ?, Jérôme Auriac www.youphil.com

Etude IFOP/WWF le jugement des français sur les partenariats ONG/entreprises www.ifop.com/europe/sondages

World economic Forum wants more Business / NGO partnerships www.ethicalcorp.com/

POUR ALLER PLUS LOIN

AGENDA

Newsletter Be-linked n°2 - page 16

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BE-OURSDirecteur de la publication : Jérôme Auriac Rédaction : Aurélie Boukobza, Eva Pulcinelli

Création graphique : www.damiencazeils.com

Publication Société civile et nouvelles technologies

La souscription pour l’étude sur « Les enjeux de responsabilité sociale des entreprises (RSE) dans le secteur des NTIC et sur ses relations avec les ONG » - réalisée par Be-linked en partenariat avec PriceWaterHouseCoopers - est ouverte. Plus d’une vingtaine d’acteurs ont été déjà été interviewés, associations, entreprises et entrepreneurs innovants. L’étude paraitra en septembre 2009.

Contactez-nous pour plus d’information 01 48 03 92 38 / [email protected]

Nouveaux partenariats

Reciprocity : Basé en Afrique du Sud, le cabinet de conseil Reciprocity aide les entreprises à concilier in-térêt économique et impact social sur des couches de population à très bas revenus. Pour permettre de mieux comprendre les besoins de ces populations, Reciprocity propose une palette large de services al-lant jusqu’à l’approche ethno-graphique et l’immersion de cadres de l’entreprise dans la population ciblée.

Alliadev : AlliaDev est un cabinet de conseil spé-cialisé dans le domaine de la coopération interna-tionale et du développement durable auprès des collectivités territoriales. AlliaDev appuie également les initiatives autour des thématiques liées à la so-lidarité internationale (coopération décentralisée, commerce équitable, tourisme solidaire) et intervient particulièrement dans les espaces francophones et méditerranéens pour promouvoir les partenariats Nord-Sud et Sud-Sud dans une perspective de co-déve-loppement durable.

Be-linked en ligne : un site enrichi, et bilingue

Venez découvrir la nouvelle version du site de Be-linked www.be-linked.net qui s’étoffe de nouvelles rubriques et d’informations et que nous allons conti-nuer à enrichir. Une version anglaise du site est dé-sormais disponible.

Vos projets méritent qu’on s’y intéresse !

Vous êtes engagé dans un projet dont la particularité est la création de valeur par le biais d’un partena-riat ONG/entreprise innovant ?Ecrivez-nous, et votre projet aura peut-être l’occasion d’être mentionné dans une de nos prochaines news-letters et/ou de faire l’objet d’un cas pratique.

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