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Chers amis et bienfaiteurs, L e culte de saint Mayeul, de nos jours bien oublié, a revêtu une grande importance au Moyen Âge. Son développement a été consi- dérable et a très vite débordé le réseau des monas- tères clunisiens. « Le saint, dit Pierre le Vénérable, grand par sa vie et par ses miracles, ainsi que le savent presque toutes les populaons des Gaules, s’imposa comme une personnalité tout à fait remarquable aussi longtemps qu’il vécut et plus encore après sa mort. Il s’est illustré par cee grâce des miracles depuis déjà cent soixante-deux ans, c’est-à-dire depuis sa mort, au point que, après la sainte Mère de Dieu, il n’a son pa- reil pour de telles œuvres en aucun des saints de toute notre Europe. » Né vers 910, ce provençal de Valensole, venu parfaire ses études à Lyon, avait choisi d’abord le cler - gé séculier. Archidiacre de l’évêque de Mâcon, il fut bientôt conquis par la séducon de Cluny, à laquelle l’évêque même n’échappait pas, et y fit profession en 943. Le bienheureux Aimard le disngua entre tous, et, très âgé, c’est entre les mains du moine Mayeul, jeune encore, qu’il résigna sa charge en 948. L’una- nimité des témoignages démontre qu’il émanait de toute sa personne un indicible rayonnement dont la source cachée était son union à Dieu. Au dire de saint Odilon qui se fit son biographe, « c’était une joie de le voir : son visage angélique, son regard serein, chaque mouvement, chaque geste ou acon de son corps res- pirait la dignité ». Ses biographes diront que le mof de sa ve- nue à Cluny avait été « le désir de la solitude et de la paix » : « Sonder du regard tout ce qui est paisible et tranquille ». C’est qu’il voulait être vraiment et en- èrement moine, c’est-à-dire simple, unifié en Dieu : « Devenu tout ener moine, il parvint au sommet de la conduite monasque ». On comprend ainsi que la solitude lui ait été chère. Élu abbé, il fait rebâr un er - mitage, où il pût, « dans le secret et la tranquillité, se consacrer avec plus d’aenon au service divin par des prières prolongées ». Les chroniqueurs de Cluny nous apprennent encore que « seul ou en voyage, où qu’il fût, chaque jour, il se ménageait un lieu caché où, séparé des hommes, il s’unissait à Dieu de plus près… Loin du monde afin d’être toujours proche de Dieu, voulant rester caché, il cherchait l’ombre, pour y de- meurer avec Jésus ». Cee atude de prière est le se- cret de la paix qui émane de lui : « il règle tout paem- ment, avec tranquillité d’âme ». « Cet homme était toujours égal à lui-même. » BELLAIGUE Lettre aux Amis & Bienfaiteurs n° 20 - Décembre 2013

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Chers amis et bienfaiteurs,

Le culte de saint Mayeul, de nos jours bien oublié, a revêtu une grande importance au Moyen Âge. Son développement a été consi-

dérable et a très vite débordé le réseau des monas-tères clunisiens. « Le saint, dit Pierre le Vénérable, grand par sa vie et par ses miracles, ainsi que le savent presque toutes les populations des Gaules, s’imposa comme une personnalité tout à fait remarquable aussi longtemps qu’il vécut et plus encore après sa mort. Il s’est illustré par cette grâce des miracles depuis déjà cent soixante-deux ans, c’est-à-dire depuis sa mort, au point que, après la sainte Mère de Dieu, il n’a son pa-reil pour de telles œuvres en aucun des saints de toute notre Europe. »

Né vers 910, ce provençal de Valensole, venu parfaire ses études à Lyon, avait choisi d’abord le cler-gé séculier. Archidiacre de l’évêque de Mâcon, il fut bientôt conquis par la séduction de Cluny, à laquelle l’évêque même n’échappait pas, et y fit profession en 943. Le bienheureux Aimard le distingua entre tous, et, très âgé, c’est entre les mains du moine Mayeul, jeune encore, qu’il résigna sa charge en 948. L’una-nimité des témoignages démontre qu’il émanait de

toute sa personne un indicible rayonnement dont la source cachée était son union à Dieu. Au dire de saint Odilon qui se fit son biographe, « c’était une joie de le voir : son visage angélique, son regard serein, chaque mouvement, chaque geste ou action de son corps res-pirait la dignité ».

Ses biographes diront que le motif de sa ve-nue à Cluny avait été « le désir de la solitude et de la paix » : « Sonder du regard tout ce qui est paisible et tranquille ». C’est qu’il voulait être vraiment et en-tièrement moine, c’est-à-dire simple, unifié en Dieu : « Devenu tout entier moine, il parvint au sommet de la conduite monastique ». On comprend ainsi que la solitude lui ait été chère. Élu abbé, il fait rebâtir un er-mitage, où il pût, « dans le secret et la tranquillité, se consacrer avec plus d’attention au service divin par des prières prolongées ». Les chroniqueurs de Cluny nous apprennent encore que « seul ou en voyage, où qu’il fût, chaque jour, il se ménageait un lieu caché où, séparé des hommes, il s’unissait à Dieu de plus près… Loin du monde afin d’être toujours proche de Dieu, voulant rester caché, il cherchait l’ombre, pour y de-meurer avec Jésus ». Cette attitude de prière est le se-cret de la paix qui émane de lui : « il règle tout patiem-ment, avec tranquillité d’âme ». « Cet homme était toujours égal à lui-même. »

BELLAIGUELettre aux Amis & Bienfaiteurs n° 20 - Décembre 2013

Le moine Nagold nous apprend que son pro-gramme était de vivre du Christ et d’en faire vivre autrui : « Goûter le Christ, parler du Christ, laisser de côté les choses terrestres, soupirer vers les éter-nelles ». Mayeul est un abbé qui instruit et qui en-seigne, qui a quelque chose à dire sur le Christ ; ce n’est pas seulement un chef qui administre et qui gouverne, c’est un père et un maître, il a une doc-trine, il forme et il guide ses moines. « C’est pour ap-porter la lumière à une multitude, dit saint Odilon, que l’éternelle Lumière des lumières l’envoie, tel un astre tout resplendis-sant, se lever parmi les hommes. »

Très moine, très solitaire, il était en même temps très humain. Animé de « l’amour de l’ordre mo-nastique », il s’efforçait de maintenir dans son monastère cette unanimité clunisienne dont l’exemple venait de la communauté des Apôtres. « Bien que ses moines fussent de diffé-rentes nations, ils étaient unis par l’esprit, de telle façon qu’en eux s’ac-complissait ce qu’on lit de l’Église naissante, aux Actes des Apôtres : Il y avait en eux un seul cœur, une seule âme. » Parfois « il s’asseyait par-mi ses frères pour s’entretenir avec eux ». Ceux de ses fils qui étaient las, il les consolait avec bonté. « Aux autres il insinuait de goûter, par le zèle d’une méditation assidue, com-bien le Seigneur est doux. » Il savait rester moine parmi les moines : « Ce bon père emplissait de joie ces bons fils : il restait avec eux comme l’un d’eux, il donna en tout l’exemple d’une humilité invincible ».

Enfin, sa charité s’exerçait en-vers tous : « Avec ceux qui sont proclamés bienheu-reux parce qu’ils pleurent, il désirait pleurer sur les né-gligences et les peines de ses fils et du monde entier, afin de parvenir à l’éternelle consolation avec tous les siens ». Personne ne fait rien seul dans l’ordre du salut ; saint Mayeul avait un sens aussi vif de la com-munion des saints que de la solitude : il s’était retiré au désert pour le profit de tous. De cette sorte il fai-sait participer l’Église entière au fruit de sa contem-plation. Car il priait « pour son salut et pour celui du monde entier… Se sacrifiant entièrement sur l’autel de la contemplation et pratiquant une lourde mortifi-cation quotidienne il devenait une victime agréable à

Dieu… Et par la foi, comme le font les saints, il acquit au Seigneur les peuples de nombreuses nations ». La vie monastique comporte un sacrifice, mais qui est efficace pour le monde entier.

Surtout il désirait le Ciel et le faisait désirer : « Parce qu’il fut tendu assidûment dans le désir du Ciel, il mérita la grâce de la contemplation divine ». « Il enseignait à aller vers la cité permanente, la cé-leste Jérusalem. » A la fin de sa vie, « soit dans le monastère, soit dans l’une des cellules des environs,

il recevait les frères, les conseillait. Mais plus souvent encore, loin de tous, il s’unissait à Dieu seul ». Cette alternance de prière et de rayonne-ment spirituel avait été l’occupation de toute son existence de moine. Il pouvait maintenant, libéré des sou-cis de l’administration, s’y adonner exclusivement, dans le désir de la paix qui suivrait, dans la patrie, son pèlerinage terrestre : « Il était arrivé à la pureté du moine. Étant passé de Jéricho à Jérusalem, de cette terre obscure et misérable au pays de la lumière et de la paix, il avait fait une ascension pleine de joie ». Il mourut en 994 à Souvigny.

Le secret de saint Mayeul, des grands abbés de sa lignée, et de Cluny en ses deux premiers siècles, est dans cette ferveur tranquille et continue, dans cette alliance de la vigueur et de la paix. Expliquer le prestige de Cluny, soit par la longé-vité de ses abbés, soit par leur habi-leté politique, soit encore par l’appui des papes et des princes, c’est res-treindre à des facteurs secondaires et humains une œuvre essentielle-

ment spirituelle. Car la source véritable du rayon-nement d’un monastère n’est autre que la sainteté de ses moines. Puissions-nous, aidés par vos prières, marcher fidèlement sur les traces de nos saints pères.

Fr. Placide, o.s.b.,Prieur

Saint OdilOn : SermOn pOur la nativité du Seigneur

Puisque nous célébrons le très saint jour de la Nativité du Seigneur, il nous convient, frères bien-aimés, de diriger le regard de notre âme

vers sa divine éternité et éternelle divinité, issue de Dieu le Père, inimitable, inexprimable. à présent qu’elle naît dans le temps, les êtres célestes et les êtres terrestres exultent tout spécialement, cela est sûr, d’une irrésistible jubilation spirituelle. Si nous disons que les êtres célestes et les êtres terrestres exultent à l’avènement de leur Créateur, ce n’est pas sans raison ; car à l’origine, nous le savons, Dieu a fait deux espèces de créatures pour le connaître et le louer : l’angélique et l’humaine. Com-parées à leur Au-teur, ces créatures ne sont rien, bien sûr, mais elles sur-passent de beau-coup les autres en dignité et en féli-cité, car elles ont reçu de lui en par-tage le privilège de le louer et de le connaître. Quant à tout le système de l’univers, il loue Dieu non par soi-même mais à travers nous : en le considérant, nous nous émerveillons de sa beau-té, de la sagesse de son Artisan ; nous voyons tout ce qui est créé, et cela nous emporte vers l’admira-tion du Créateur. Mais nous, nous sommes devenus, par le don de sa grâce, les associés des anges, pour le connaître et le louer ensemble ; puisque le Christ Seigneur est né, chantons, avec les anges : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et sur la terre paix aux hommes de bonne volonté, et disons, avec le Pro-phète : Venez, exultons devant le Seigneur, jubilons devant Dieu notre salut (Psaume XCIV, 1).

En effet, c’est pour contempler son Créateur que l’homme avait été créé, de sorte que, sans cesse, il pût le voir en le cherchant, et le chercher en le voyant, et demeurât ainsi indéfectible, dans cet acte d’amour sans cesse répété. De fait, lorsque l’humaine condition céda aux suggestions de l’ange apostat, elle perdit en notre premier père la lumière

des réalités invisibles, se déversa toute entière dans l’amour des choses visibles. Alors, frappée de cécité, elle s’éloigna d’autant plus de la contemplation inté-rieure, qu’elle s’était éparpillée et défigurée au-de-hors. Si elle avait voulu observer le commandement du Créateur, sa chair serait devenue spirituelle, mais parce qu’elle abandonna son Auteur, son esprit de-vint charnel. Qu’est-il alors arrivé ? En dehors des objets qu’il peut atteindre, en les tâtant, pour ainsi dire, des yeux du corps, l’esprit ne sait rien ; il porte

uniquement sa pensée sur ce qu’il entraîne en son sens intérieur par le biais des images corporelles. En ces objets, il se dilate et se mire tout en-tier, et du même coup, devenu épais, il s’éloigne de la fi-nesse qui donne l’intelligence des réalités du dedans. Et puisqu’il est inca-pable, désormais, de se hisser vers les hauteurs, et qu’il a perdu sa beauté cé-

leste, il gît là, déchu de sa forme, et il s’y plaît. Mais le Dieu tout-puissant, qui avait créé l’homme à son image, ne voulut pas qu’il pérît pour jamais dans sa difformité ; il envoya son Fils, qui alla jusqu’à se mon-trer parmi les hommes, plus beau dans sa forme que les enfants des hommes : ainsi, ce même homme qu’il avait merveilleusement formé par la puissance de sa divinité, il le reformerait par la présence de son humanité ; il le transformerait pour le faire pas-ser d’une forme informe à une forme bien formée. Le Seigneur assuma la forme de l’esclave pour nous réconcilier avec Dieu le Père. Il voulut apparaître vi-sible en notre chair, afin que nous puissions, sous sa conduite, retourner à l’amour des choses invisibles.

ô le signe de grande tendresse ! ô le mys-tère ineffable de la divine miséricorde ! Le Dieu tout-puissant décida de racheter l’homme, et à cet homme qu’il voulait racheter, il alla jusqu’à se mon-trer corporellement ; il suivit lui-même, si l’on peut dire, son fugitif à la trace, pour se faire le lieu de cet

homme qu’il avait perdu, et ainsi le racheter. En ef-fet, s’il n’était pas permis de donner au Créateur le nom de lieu, le Psalmiste n’aurait pas pu adresser cette louange à Dieu : Les fils de vos serviteurs au-ront ici leur demeure. (Psaume, CI, 29) Le terme ici n’est approprié que pour désigner un lieu. Et de fait, notre Créateur est le lieu de toutes choses, tout en n’appartenant pas lui-même à un lieu ; et c’est pour-quoi, lors de sa venue dans le monde, il n’eut point de lieu qui lui fût propre sur la terre, comme il l’a dit lui-même : Le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête (Matthieu, VIII, 20) ; et l’évangéliste Luc (II, 7) rapporte qu’il fut couché dans une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place à l’hôtellerie pour sa mère toute pure.

Qui vit jamais chose pa-reille ? Qui jamais ouït chose semblable ? En cette humanité assumée, il n’y avait pas moins d’humilité qu’il n’y avait, en la majesté divine, de sublimité. Qu’il est sublime en ce qui est de lui ! qu’il est humble en ce qui est de nous ! Couché dans la crèche, il trônait dans le ciel ; re-posant dans le sein de sa mère, il siégeait à la droite de son Père. Alors qu’il était, avant le temps, l’Unique de Dieu le Père, il devint, dans le temps, fils de la Vierge. Sans perdre ce qu’il était, il de-vint ce qu’il n’était pas. Il se ren-dit participant de notre mortali-té, pour nous rendre participants de sa vie. Aujourd’hui est accom-plie cette prédiction du prophète Isaïe : Il sortira un rejeton de la tige de Jessé, et une fleur s’élève-ra de sa racine (XI, 1). Et encore, plus explicitement : Voici qu’une vierge concevra et enfantera un fils (VII, 14). Le même prophète, encore : Un petit enfant nous est né, un fils nous a été donné (IX, 6). Il est né : que cela est doux ! Il est donné : que cela est salutaire ! Tu entends : le Christ t’est né, réjouis-toi ! Tu entends : le Christ t’est donné, réjouis-toi bien davantage !

Seulement, entre le Père et Celui qui est né, entre le Donateur et Celui qui est donné, tu ne dois jamais en venir à croire qu’il existe une quelconque différence quant à la nature divine. Le Père et Celui qui est né, le Donateur et Celui qui est donné sont, selon l’essence de la divinité, d’une seule substance.

Celui qui est donné est aussi grand que Celui qui l’a donné ; de même, tel est Celui qui est engendré, tel Celui qui l’a engendré. Celui qui engendre n’est pas venu en premier dans le temps, l’Engendré n’est pas inférieur à Celui qui l’engendre. On croit et professe également que la même nature, puissance et majes-té appartient au Saint-Esprit, qui est descendu, lors de la conception du Verbe de Dieu, dans le sein de la très sainte Marie toujours vierge, dont le monde entier célèbre aujourd’hui l’enfantement ; enfante-ment qui n’a pas son pareil, car cet événement si considérable, ce mystère si divin, ce sacrement tel-

lement ineffable a fait non seu-lement exulter les justes sur la terre, mais encore bondir de joie, au plus haut des cieux, les mi-nistres de la Divinité souveraine.

Quant à nous, quoique pei-nant sous le poids de nos propres dérèglements, hâtons-nous de nous présenter devant lui pour cé-lébrer ses louanges, et chantons sur les instruments des cantiques à sa gloire (Psaume XCIV, 2). As-sistons-le avec humilité et dévo-tion, pour que lui-même nous assiste de sa tendresse et miséri-corde, et ainsi pourrons-nous dire en toute assurance : oui, il nous est présent, celui qui, comme il est dit, nous est né et donné. N’en doutons pas : le Seigneur nous sera présent, et c’est lui aussi qui se trouve tout entier en tous lieux selon sa nature divine. En effet, lui qui a toujours l’être selon sa substance illimitée, il ne peut se faire qu’il ne nous soit pas présent, à nous qui le servons, ainsi qu’il l’a dit à ses disciples : Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consomma-

tion des siècles (Matthieu, XXVIII, 20). S’il a promis à ceux qui croient en lui d’être avec eux tous les jours, à plus forte raison nous sera-t-il présent le jour de sa naissance, si nous sommes plus empressés à nous acquitter des devoirs de notre service ! Celui qui dit par la bouche de Salomon : Je suis sorti de la bouche du Très-Haut, engendré avant toute créature, et en-core ; Le Seigneur m’a possédé au commencement de ses voies, avant qu’il créât aucune chose, j’étais dès lors, j’ai été établi dès l’éternité (Proverbes, VIII, 22-23) ; celui qui dit par la bouche d’Isaïe : Je rem-plis le ciel et la terre (Jérémie, XXIII, 24), c’est lui qui,

aujourd’hui, par l’économie d’un merveilleux mys-tère, se laisse déposer dans une crèche. Celui que Salomon nous montre existant éternellement avant tous les siècles, Isaïe nous affirme qu’il n’est absent d’aucun lieu. Lui qui est toujours et partout, ne peut pas être absent de nous. J’ai eu l’audace de dire : il ne peut pas. C’est par puissance qu’il ne le peut pas. Une telle impuissance est toute-puissance ; cette impossibilité est souveraine possibilité !

Si l’on veut savoir à quel point les anciens pro-phètes sont véridiques et dignes de foi lorsqu’ils attestent l’éternité et la présence illimitée que le Christ possède comme Dieu, voilà cette céleste trompette battue au marteau (Psaume XC-VII, 7) qui retentit puis-samment : Jésus-Christ, dit-elle , était hier, il est aujourd’hui, et il sera le même dans tous les siècles (Hébreux, XIII, 8). Et ailleurs, en citant Da-vid à l’appui : Tu seras toujours le même, et tes années ne finiront point (ibid., I, 12 ; Psaume CI, 28). Et le Sauveur lui-même dit aux Juifs dans l’Évangile : Avant qu’Abraham fût, je suis (Jean VIII, 58). Mais comme, dans l’éterni-té, il a toujours eu l’être avec Dieu le Père, avant Abraham et, à dire vrai, avant toute créature, il a voulu néanmoins, dans le temps, naître de la race d’Abraham. Car c’est à Abraham que Dieu le Père a dit : En ta race, toutes les nations de la terre seront bénies (Genèse, XXII, 18). Le saint patriarche David a lui aussi mérité l’insigne privilège d’entendre cette promesse, quand Dieu le Père, lui révélant les se-crets et les mystères de sa sagesse (Psaume L, 7), lui dit : J’établirai sur ton trône le fruit de ton ventre (Psaume CXXXIII, 11 ; II Rois VII, 12). C’est cela même qu’affirme le prophète Jérémie : Voici que des jours viennent où je ferai sortir de David un germe juste (XXXIII, 15). Le prophète Isaïe considérait la magni-ficence de ce germe très glorieux, la sublimité et l’excellence de ce très doux fruit, et il disait : En ce temps-là, le germe du Seigneur sera dans la magni-ficence et dans la gloire ; le fruit de la terre sera éle-vé en honneur (IV, 2). Quant à ces deux patriarches qui ont reçu, de préférence à tous les autres, la pro-

messe très explicite de l’avènement du Sauveur, ils ont, à juste titre, mérité une place de choix, la première, dans la description de la généalogie du Seigneur selon l’évangéliste Matthieu, dont voici l’exorde : Livre de la généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham (I, 1). à ces paroles sacrées de l’évangéliste s’accordent aussi bien les oracles des prophètes que les paroles des apôtres.

Que le Médiateur entre Dieu et les hommes soit né de la descendance d’Abraham selon la chair, le prophète Isaïe a tenu à le préciser sans aucune ambiguïté, en disant en lieu et place de Dieu le Père :

Mais toi, Israël, mon ser-viteur, toi Jacob, que j’ai choisi, race d’Abraham mon ami, dans lequel je vous ai pris en main (XLI, 8-9). Et le Prédica-teur insigne écrit pour sa part dans l’épître aux Hébreux : Il a pris la cause en main, non pas des anges, mais de la race d’Abraham (Hé-breux, II, 16). Qu’il soit né de la descendance de David, le même insigne Docteur le dit au dé-but de sa lettre aux Ro-mains : Paul, esclave de Jésus-Christ, apôtre de par l’appel divin, choisi et destiné pour annon-cer l’évangile de Dieu, qu’il avait promis aupa-

ravant par ses prophètes dans les écritures saintes relatives à son Fils, qui lui est né selon la chair, de la race de David (Romains, I, 1-3). Et à Timothée, il écrit : Souviens-toi que le Seigneur Jésus est ressus-cité d’entre les morts , lui qui est de la race de David, selon mon évangile (I Timothée, II, 8). Tous ceux qui, dans l’Évangile, libérés des ténèbres de l’ignorance et éclairés de la lumière de la foi, ont appelé le Fils de Dieu fils de David (Matthieu, IX, 27 et XX, 30), ont mérité de recevoir, non seulement la lumière du corps, mais celle de l’esprit. C’est ce que veut le Sei-gneur Jésus : qu’on l’appelle de ce nom, car il sait qu’il n’en est pas d’autre par lequel le monde puisse être sauvé. Aussi, frères bien-aimés, pour mériter d’être sauvés par celui qui est le Sauveur, disons, nous tous, disons chacun : Seigneur, Fils de David, ayez pitié de nous. Amen.

Abbatiale : Le chantier de l’abside est enfin terminé après quelques péripéties et contretemps divers qui ex-

pliquent la date tardive de son achèvement. Vous trouverez dans cette lettre quelques photos de notre sanctuaire restauré ; c’est un magnifique travail qu’ont réalisé les différents corps de métier. Cette restau-ration du pavement, de la crédence, des anciennes baies et des marches se fond dans ce qui existait déjà, au point de laisser croire que tout cela est d’origine ! Notre sanctuaire a retrouvé ainsi toute sa beauté et toute sa dignité pour la sainte liturgie, grâce à votre générosité.

Ce chantier nous a aussi beaucoup appris sur la manière de parer aux imprévus et difficultés inhé-rents à des travaux de restauration spécialisés. Parmi les péripéties de chantier, nous avons dû faire face à la défaillance du fabricant de nos tomettes. Il a fallu trouver, en moins d’un mois, un nouveau fabricant capable de réaliser la copie parfaite de nos carreaux cisterciens du XIIème siècle et cela avec un délai de fa-brication très court. La nouvelle entreprise a su relever le défi, à notre plus grande consolation.

Nous avons lancé un concours de maîtres-verriers pour choisir nos futurs vitraux. Une fois le choix effectué, on commencera à poser les vitraux de l’abside dès 2014. Ainsi le sanctuaire de notre abbatiale sera entièrement restauré. Le reste des vitraux sera posé en 2015.

Ce chantier à peine terminé, nous commençons les préparatifs de la 2ème tranche de travaux qui concernera la restauration des corniches et contreforts du mur nord, restauration nécessaire avant la ré-fection de la toiture. C’est un petit chantier, mais l’inclinaison du mur nord le rend techniquement très dif-ficile. Cette restauration devrait débuter au printemps 2014 et s’achever en automne.

Extensions : Nos architectes nous ont remis en juillet dernier l’Avant-Projet Sommaire qui nous donne déjà une

idée plus précise des futures constructions. Les contours des extensions prennent forme ainsi que les devis !

Suite à la remise de ce document, nous avons eu une nouvelle réunion avec l’Inspection Générale des Monuments Historiques le 30 août dernier, à Clermont-Ferrand. Au cours de cette réunion, le principe des extensions, en particulier pour l’aile ouest qui faisait difficulté, a été confirmé. Mais les inspecteurs nous ont demandé de retravailler l’agencement des futurs bâtiments et leur unité avec les anciens, ce qui entraîne un léger retard pour la mise en route de nos travaux de construction.

Pendant cette réunion nous avons aussi pu régler l’important et difficile problème des fouilles ar-chéologiques. L’emplacement des bâtiments futurs étant dans le périmètre proche de l’église, classée « Monument historique », nous devons obligatoirement procéder à des fouilles ou à des sondages avant toute construction. Heureusement, grâce à la bonne volonté du service de l’archéologie, nous avons pu trouver une solution rapide et économique. Les fouilles devraient débuter dans le courant du mois de dé-

reStauratiOn de l’abbatiale — extenSiOnS

ChrOnique du mOnaStère

11 juin : Pendant que la communauté met sous enveloppe le dernier bulletin, nos ouvriers mettent en place l’autel majeur.

27 juin : Quelques frères se rendent à Ecône pour l ’anniversaire du sacre des évêques de la FSSPX. Le lendemain, ils assistent à l’or-dination sacer-dotale du père Benoît.

29 juin : Notre nouveau père célèbre sa pre-mière messe au Carmel Marie-Reine-des-Anges, en-touré de sa famille et de quelques amis et oblats. La première messe solennelle au monastère a lieu le jour suivant. Le prédicateur développe un parallèle entre notre Père saint Benoît et Mgr Lefebvre qui ont tous les deux posé comme fondement de leur enseigne-ment la doctrine du Christ-Roi.

1er juillet : Monsieur l’abbé Denis Quigley s’ar-rête au monastère avec quelques séminaristes pour célébrer, lui aussi, une première messe.

8 juillet : Arrivée du père Bruno Schaeffer. Son état de santé s’aggravant, son séjour, d’abord provi-soire, deviendra assez rapidement définitif. Le 11 juil-let, il prêche son dernier sermon, pour la fête de la Translation de notre Père saint Benoît.

22 juillet : En la fête de sainte Marie-Madeleine, la communauté a la joie de compter un nouveau no-vice en la personne du frère Mayeul, ancien fidèle de la chapelle de Montluçon : un voisin !

6 août : Cérémonie intime et émouvante : après

avoir vécu de longues années selon l’esprit bénédictin, tout en exerçant un apostolat très varié, le père Bruno Schaeffer a la grâce d’émettre ses vœux monastiques in articulo mortis.

9 août : A trois heures du matin, le père rend son âme à Dieu, entouré de la prière de tous les frères présents autour de lui. Les funérailles seront célébrées par M. l’abbé de Cacqueray le 13 août, devant de nom-breux prêtres et amis.

20 au 24 août : Notre père Prieur se rend en visite au monastère de Reichenstein (Allemagne), accompa-gné du père Bernard. C’est l’occasion de faire un tour complet de la propriété, et surtout de visiter le chan-tier. La rénovation et l’aménagement des bâtiments existants sont bien avancés ; quant à la construction du cloître, les choses se précisent sur le papier.

1er au 9 septembre : Le père Jean-Dominique O.P. nous prêche la retraite de communauté en nous fai-sant méditer sur notre devise : Pax.

14 septembre : Les travaux d’été s’achèvent. Cette an-née, le principal pro-jet était la réfection des allées du cloître qui étaient envahies par l’herbe. Les cellules du verger aussi ont été achevées. Il y en a huit maintenant ! Une der-nière équipe de frères a été chargée de faire les finitions de deux pièces dans la mai-son Saint-Paulin aux Gouttes.

cembre, et se poursuivre durant les premiers mois de 2014. Ensuite, pourront commencer les sondages géotechniques, qui auront pour but de vérifier la qualité du terrain et la nature des fondations de nos fu-turs bâtiments. La phase de terrassement, en 2014, suivra ces sondages et la construction de la 1ère aile est prévue pour 2014/2015.

Enfin, nous ne voulons pas terminer cette petite chronique sans vous remercier et vous exprimer notre gratitude pour la grande générosité dont vous avez fait preuve suite à notre dernier bulletin. Nous y voyons un signe de la bienveillance de Dieu sur notre œuvre. Dans un monde qui s’enfonce dans l’aposta-sie et l’immoralité, votre générosité nous permet de restaurer et de construire une maison digne de Dieu. Que cette œuvre, commencée sous le regard de la Mère de Dieu, soit un signe d’espérance pour toutes les âmes de bonne volonté.

Monastère NOTRE-DAME DE BELLAIGUE Téléphone : [00 33] (0)4 73 52 33 26F – 63330 VIRLET / FRANCE Télécopieur : [00 33] (0)4 73 52 02 69

HONORAIRES DE MESSES :Une messe : 17€ ; une neuvaine : 170€ ; un trentain : 680€.

N.B. : pour les neuvaines et les trentains, veuillez nous consulter avant d’envoyer les honoraires.

Pour nous aider :Chèques à l’ordre de : ASSOCIATION SAINT BENOÎTReçu fiscal sur demande (à joindre au chèque)

Pour les particuliers :66 % du montant est déductible de l’impôt sur le revenu, dans la limite de 20 % du revenu imposable.Déductions fiscales sur l’ISF : jusqu’à 75 % du montant du don (nous consulter pour les modalités pra-tiques).

Pour les entreprises :60 % du montant est déductible de l’impôt sur le revenu et de l’im-pôt sur les sociétés, dans la limite de 5 % du chiffre d’affaire.

Références bancaires Banque Guichet Numéro de compte CléLA BANQUE POSTALE 20041 – 01003 – 0650 198U 024 – 35Centre de 63900 CLERMONT

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27 septembre : Notre père Matthieu part pour le Müllerhof afin de prêcher une récollection aux élèves des sœurs dominicaines. En rentrant, il passe par l’école de Marlieux où il fait une conférence sur la vie monastique aux garçons.

5 octobre : La fête du père Prieur est aussi celle de toute la communauté. La joie est au rendez-vous lors des représentations théâtrales de l’après-midi. Le chant de l’Ubi caritas vient très à propos pour clore cette petite fête de famille.

18 novembre : Ce dimanche est marqué par l’inauguration du sanctuaire dont la rénovation est enfin achevée. La bénédiction solennelle de la croix précède la messe conventuelle. Dans le sermon, notre père Prieur explique le symbolisme de l’autel, repré-sentant le Christ, et surmonté de la croix pour nous rappeler que l’autel est le lieu où le Christ renouvelle son sacrifice chaque jour. En fin d’après-midi, les fi-

dèles sont nombreux à profiter de la visite guidée du sanctuaire avec le R. P. Prieur. C’est l’occasion pour eux d’admirer de plus près le travail effectué.

Crédit photographique : p. 1 et 6 Claude PALLUAU